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Du maoïsme au national-populisme

Pasteur Jean-Pierre BLANCHARD :

Du Maoïsme au National Populisme [03/06/2002]

Allocution du Pasteur Blanchard au Colloque de l'antenne d'Ile-de-France d'UR, Paris, 6 avril 2002

 

Il était de tradition dans les familles populaires de considérer que les enfants qui n'étaient pas spontanément "doués" pour les études, devaient travailler en usine. Il n'y avait là rien de péjoratif, à cette époque le vieux mythe de gauche (au sens Sorélien du terme) de la classe ouvrière avec sa dignité, son sens du devoir, sa droiture, sa moralité, opposée à la décadence bourgeoise a engendré des générations de militants ouvriers à la vie exemplaire. Mon père, sorti de son statut d'ouvrier agricole en raison de la précarité et de l'irrégularité des revenus ( les jours d'intempérie ne permettant pas de travailler la vigne, étaient rémunérés à moitié, ce qui représentait déjà un progrès énorme, car avant guerre ils n'étaient pas payés du tout !) Pour échapper à une vie médiocre, il suivit le même parcours qu'un nombre impressionnant de personnes du midi à cette époque qui partirent pour rejoindre les emplois fonctionnarisés de la SNCF, la poste, la police, la gendarmerie afin de connaître des conditions matérielles différentes et de " mieux vivre ", mais au prix de quel renoncement : mon père ne pouvait écouter la chanson de Ferrat " La montagne" et surtout le passage où il est dit " Ils quittent un à un le pays pour aller gagner leur vie ….ils seront flics ou fonctionnaires en attendant que l'heure de la retraite sonne "sans avoir une larme à l'œil. Il entra donc dans la gendarmerie où il restera durant toute sa carrière simple gendarme.

 

Peut être lié au fait que mon père, en sa qualité de gendarme mobile fut soumis à de multiples mutations et déplacements, ma scolarité fut très perturbée, et c'est avec beaucoup de peine que je réussis à décrocher mon certificat d'études à l'âge de 14 ans. Pour fêter cet " exploit " mon père m'offrit un verre au café et me dit : " Maintenant que tu es plus diplômé que moi, tu es bon pour l'apprentissage ou l'usine ". Je choisis la première proposition et je rentrai comme garçon de restaurant au " Grand Balcon " à Mazamet, mais cela ne dura pas et comme la majorité du milieu ouvrier mazamétain je me retrouvai dans le délainage. C'est là que Mai 68 me prit, bouleversant ma vie. Jusque là j'avais une vie rangée, l'éducation stricte que j'avais reçue ne m'aurait jamais laissé entrevoir, sans ces circonstances, la possibilité de me rebeller contre l'autorité parentale et contre les systèmes en place.

Mon père voyant que je lui échappais pensa que je ne suivais pas un bon chemin et que je n'arriverais à rien, il fit pression pour que je m'engage dans l'armée, ce qui fut une catastrophe ! Je fus de retour à Mazamet à la fin de l'année 1969, plus révolté que je ne l'étais au départ, j'allais vivre dans une communauté qui reproduisait le mode de vie hippie californien dans le village de Calmont, proche de Mazamet, tombant dans la marginalité. Je m'enfuis pour errer à travers l'Europe pour assister au festival de l'île de Wight où j'eus la chance de voir, Hendrix, les Doors, Dylan et à partir de là j'ai écumé tous les rassemblements musicaux et alternatifs de France et d'Europe.

 

Mon flirt avec les trotskistes

 

Mon point d'attache était la région de Mazamet mais je passais la moitié de mon temps sur les routes, dans notre communauté les débats politiques fusaient, nous connaissions les communistes mais notre sympathie allait vers l'ultra gauche. Nous rencontrâmes à Castres le responsable de la Ligue Communiste (L.C.). du sec­teur, et nous commençâmes à fréquenter les colloques, séminaires, tant régionaux que nationaux. On ne rentrait pas facilement à la ligue communiste, il fallait être formé, devenir un vrai " bolchevik ", un vrai révo­lu­tionnaire pour être accepté comme membre. J'ai souvenir d'avoir assisté à la toute première fête de Lutte Ou­vrière à Prailles, et quelques années plus tard d'avoir rencontré et dialogué avec ceux qui venaient de créer le journal Mao "Libération". Les années 1970 furent celles où Sartre rallia bruyamment le Maoïsme. Mon flirt avec les Trotskistes s'étiolait, leur dogmatisme, l'attitude haineuse et sectaire des petits chefs me révulsaient, pour nous " ils étaient pires que les Stal ".

 

Je me renseignai auprès de la gauche prolétarienne à Paris qui me mît en contact avec un groupe de Toulouse, du jour au lendemain je devins un renégat pour les trotskistes. Ma chance fut de tomber sur l'aile spontex (spontanésite ) proche des situ (situationnistes) du mouvement Mao, pour qui la révolution était un " happening " permanent, la révolution culturelle étant conçue comme une libération. L'aile spontex était très mal vue des doctrinaires parisiens de la gauche prolétarienne., mais cela n'entamait en rien notre sens festif et notre goût pour les canulars. Je me revois avec le groupe de Toulouse aller saluer les Mao stal (staliniens) qui avaient un stand à la fête de lutte ouvrière, où pour nous amuser et provoquer le service d'ordre Trotskiste, nous vendions les œuvres du petit père des Peuples, et c'était à celui qui criait le plus fort pour vanter ses mérites !

 

C'est tout naturellement que je me retrouvai dans l'aventure de Lutte Occitane dont une des composantes essentielles lors de sa constitution étaient les Mao de Montpellier et de Toulouse. Je fus partie prenante de toutes les grandes manifestations de l'époque : Le Larzac, Béziers, Montpellier, les festivals occitans de Montségur et du plateau des Mille Vaches. Je faisais partie de ces très nombreux jeunes qui suivaient tout ce qui se passait sans être réellement militant, mais mon engagement était si fort qu'il ne passa pas inaperçu., à tel point qu'un jour arriva à la gendarmerie de Mazamet un message signalant qu'un certain Jean-Pierre Blanchard faisait partie des activistes extrémistes de gauche les plus dangereux, mon père fut inquiété par sa hiérarchie.

 

Le désenchantement de la fin des années 70

 

La fin des années 1970 furent celle du désenchantement : Le mouvement occitaniste se trouvait dans une impasse, se radicalisant en devenant " vollem viure al païs ", il se transformait en une minorité incapable de prendre en compte les aspirations réelles du peuple d'Oc, s'enfermant dans une logique groupusculaire sectaire, de moins en moins nombreux leurs membres étaient convaincus de détenir la vérité. Quant à l'extrême gauche, les hommes sortis de ses rangs démontraient que, contrairement aux déclarations de Sartre, le Marxisme n'était pas la science insurpassable, mais bel et bien une métaphysique, une religion sécularisée. Mais pour moi le choc révélateur fut la lecture du livre d'André Glucksman : " La cuisinière et le mangeur d'homme " qui m'amena à une douloureuse autocritique et à une remise en cause de mes visions politiques. La grande et glorieuse révolution bolchevik ne s'avérait être en fait qu'un coup de mains d'activistes sans scrupules qui se drapaient dans l'imagerie des journées d'octobre.

 

Le choc fut tellement violent que je renonçais immédiatement à toute activité politique et ce, pendant des années, désabusé, ne croyant plus à rien. Mais à la lueur d'un contre choc, l'enseignement reçu à l'Ecole de formation des Educateurs, j'investis alors un nouveau champ. Je le raconte dans la préface de " Aux sources du National Populisme ".Alors que j'assistais lors de ma formation d'éducateur à un séminaire sur l'économie dispensé par un brillant économiste qui présentait les différents systèmes en vigueur, il démonta en pièce le premier jour le système libéral, j'attendis avec impatience le lendemain pour qu'il m'apporte enfin une réponse alternative à cette question, hélas, trois fois hélas, il ressorti l'ancienne cantilène de l'ultra gauche et des situationnistes : si les bolcheviks avaient préféré les soviets à l'électricité la révolution n'aurait pas été dévoyée. Connaissant par cœur ce type d'argument fallacieux et ayant fait ma révision définitive du marxisme, j'en arrivai par ce travail de remise en question à la conviction fondamentale que je n'avais pas changé, que je restais, comme dans ma jeunesse, toujours contre le système, la bourgeoisie et le capital, j'étais un révolutionnaire. Ce thème était hélas associé au sein de la gauche et de l'ultra gauche au postulat égalitaire et internationaliste. Je m'aperçus qu'en enlevant ces deux éléments centraux je pouvais garder le reste et comme beaucoup d'anti-conformistes des années 30 je cheminais vers la seule réponse véritablement alternative : le National Populisme.

 

Le déclic se produisit un peu par hasard, un peu par chance, beaucoup par quête, lors d'un inter cours alors que je m'étais rendu sur les quais de Seine, j'y découvris les " Idées à l'endroit " de Alain de Benoist, ce fut le début d'une construction intellectuelle qui m'a conduit au Front National, à la création de l'Entraide Nationale et à la rédaction d'ouvrages. Pour le reste : ma formation théologique et mon ministère, c'est une autre histoire qui n'a rien à voir avec notre propos.

 

Jean-Pierre BLANCHARD.

http://www.unite-radicale.com/Archives_actu/article_actu030602_2.htm

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vendredi, 07 septembre 2007 | Lien permanent

Halte à l'immigration des Renault marocaines

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Halte à l'immigration des Renault marocaines

Que font Eric Besson et Claude Guéant pour nous protéger?

Marc Rousset
Ex: http://www.metamag.fr/

Alors que la production automobile de Renault recule dans l’hexagone, l’usine géante de Melloussa, au Maroc, dans la zone franche du port de Tanger, commence à produire des voitures  "low-cost" sous la marque Dacia avec une capacité de 340 000 véhicules par an. Le site a pour vocation d’exporter 85% de la production vers le vieux continent. Cette usine marocaine vient s’ajouter au site roumain de Pitesti, qui produit 813 000 voitures par an. Renault et les équipementiers de la région de Tanger pourraient créer 40 000 emplois !

Le salaire net mensuel d’un ouvrier marocain est de 250€/mois, contre 446€ en Roumanie. Le coût salarial horaire d’un ouvrier dans les usines Renault est de 30€/heure en France, 8 €/heure en Turquie, 6 €/heure en Roumanie et, surprise, 4,5 €/heure au Maroc, à deux jours de bateau des côtes françaises!

C’est la raison pour laquelle le monospace « Lodgy 5 ou 7 places » (10 000€), fabriqué à Melloussa, sera deux fois moins cher que le Renault Grand Scenic (24 300€), assemblé à Douai. Il ne fait donc aucun doute qu’à terme , suite au rapport qualité/prix et en faisant abstraction de quelques gadgets marketing et des dénégations du Groupe Renault,  les consommateurs français, s’ils ne sont pas trop bêtes, achèteront des  Lodgy fabriquées au Maroc. En lieu et place des Grand Scenic fabriquées à Douai ! Bref, une délocalisation élégante supplémentaire, avec  les miracles et les mensonges de la pub et du marketing comme paravent.


Usine Renault à Tanger

Que faire ? Qui incriminer ? Certainement pas Carlos Ghosn et les dirigeants de Renault, qui font parfaitement leur travail ,avec les règles du jeu actuel. Ils doivent rendre compte à leurs actionnaires et affronter une concurrence terrible, la survie du Groupe  Renault étant même en jeu s’ils ne délocalisent pas.

Non, les responsables sont les citoyens, nous qui acceptons cette règle économique du jeu. Les principaux coupables sont nos hommes politiques incapables, gestionnaires à la petite semaine avec un mandat de 5 ans, subissant les pressions du MEDEF et des médias, à la solde des entreprises multinationales, et les clubs de réflexion, tout comme le lobby des affaires à Washington et à Bruxelles.

Mise en place d'une préférence communautaire

Les hommes politiques des démocraties occidentales ne sont pas des hommes d’Etat, mais des gagneurs d’élection. Ils ne s’intéressent en aucune façon aux intérêts  économiques à long terme de la France et de l’Europe. Ils attendent tout simplement la catastrophe du chômage structurel inacceptable et la révolte des citoyens pour réagir, comme cela a été le cas en Argentine et avec la crise des dettes souveraines.

Voilà ceux qui sont à l’origine du mal et nous injectent délibérément  car conforme à leurs intérêts  financiers, le virus, le venin destructeur malfaisant du libre-échange mondial! Celui-ci doit laisser sa place, d’une façon urgente, à un libre-échange strictement européen ! Il faut changer le modèle, sans attendre la disparition totale de notre industrie, mais en mettant en place des droits de douane au niveau européen, selon le principe de la préférence communautaire formulé par notre prix Nobel d'économie, Maurice Allais.

Même l’Allemagne ne réussira pas, à terme, à s’en sortir avec le libre-échange mondial. Elle résiste encore, car elle  n’a pas fait les mêmes bêtises que les autres pays européens mais, à terme, elle sera également  laminée par la montée en puissance de l’éducation et le trop bas coût de la main d’œuvre dans les  pays émergents. Aux Européens de savoir préserver les débouchés de leur marché domestique suffisamment grand pour assurer un minimum d’économies d’échelle! La « théorie des débouchés »  va très vite revenir à l’ordre du jour.

La théorie des avantages comparatifs est morte

La vieille théorie des «avantages comparatifs», de Ricardo, n’a plus grand-chose à voir avec la réalité. Pour la première fois dans l’histoire du monde, des Etats (la Chine, l’Inde et le Brésil) vont en effet posséder une population immense ainsi qu’une recherche et une technologie excellentes. L’égalisation par le haut des salaires, selon la théorie de Ricardo, n’ira nullement de soi, du fait de « l’armée de réserve » -rien qu’en Chine de 750 millions de ruraux, soit 58% de l’ensemble de la population- capable de mettre toute l’Europe et les Etats-Unis au chômage. 300 millions d’exclus vivent, selon la Banque asiatique du développement, dans l’Empire du milieu, avec moins d’un 1€ par jour. La Chine ne se classe qu’au 110e rang mondial du PIB par habitant.

Ce ne sont pas quelques succès épars européens mis en avant par les médias, dans la mode ou le luxe, qui doivent nous faire oublier le tsunami du déclin des industries traditionnelles en Europe: quasi disparition des groupes Boussac, DMC et de l’industrie textile dans le Nord de la France, de l’industrie de la chaussure à Romans, de l’industrie navale, des espadrilles basques... Les pays émergents produiront inéluctablement, de plus en plus et à bas coût, des biens et des services aussi performants qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Les délocalisations deviennent donc structurelles et non plus marginales !

Le problème de fond du déficit commercial de la France n’est pas lié au taux de change de l’euro, mais au coût du travail. Le coût horaire moyen de la main d’œuvre dans l’industrie manufacturière est de l’ordre de vingt dollars en Occident contre 1 dollar en Chine ! Un ouvrier en Chine travaille quatorze heures par jour, sept jours sur sept. 

Les mensonges du MEDEF et de Bruxelles

La mise en garde contre le protectionnisme avancée par les lobbys du MEDEF et des multinationales -25% des Français travailleraient pour l’exportation- est un mensonge d’Etat parfaitement réfuté par Gilles Ardinat dans le Monde Diplomatique de ce mois . Il y a une confusion délibérée entre valeur ajoutée et chiffre d’affaires des produits exportés. En vérité, 1 salarié français sur 14 vit pour l’exportation en France !

Dans un système de préférence communautaire, l’Europe produirait davantage de biens industriels et ce que perdraient les consommateurs européens dans un premier temps, en achetant plus cher les produits  anciennement « made in China », serait plus que compensé par les valeurs ajoutées industrielles supplémentaires créées en Europe. Ces dernières augmenteraient le PIB et le pouvoir d’achat, tout en créant des emplois stables et moins précaires, système que la CEE a connu et qui fonctionnait très bien. Alors, au lieu de s’en tenir au diktat idéologique de Bruxelles et au terrorisme intellectuel anglo-saxon, remettons en place le système de la préférence communautaire.


Il importe de faire la distinction entre marché domestique européen intérieur et marché d’exportation. Il faut, par une politique douanière de préférence communautaire, se fermer aux pays émergents qui détruisent les emplois européens avec des produits consommés sur le marché intérieur européen. Et refuser le dogme simpliste d'une délocalisation de la production physique de biens, même quand elle ne représente qu’une infime partie de la valeur. Les seuls investissements justifiés géopolitiquement le sont pour capter des parts du marché domestique chinois, des autres pays d’Asie et de tous les pays émergents.

Comment la réindustrialisation 

Les Européens ne peuvent se contenter d’une économie composée essentiellement de services. Seule façon de réagir: réduire d’une façon drastique fonctionnaires et dépenses publiques, diminuer la pression fiscale sur les entreprises et les particuliers, mettre en place une politique industrielle inexistante à l’échelle de l’Europe, développer la recherche et l’innovation, encourager les jeunes pousses, favoriser les entreprises moyennes et restaurer la préférence communautaire, avec des droits de douane plus élevés ou des quotas compensant les bas salaires des pays émergents !


 Selon Algérie-Focus.com l'usine Renault de Tanger
sera inaugurée en février 2012 en présence du patron
de Renault Carlos Ghosn et du Président français Nicolas Sarkozy


Il ne faut pas "acheter français", ce qui ne veut plus rien dire, mais acheter « fabriqué en France »,  en se méfiant des noms francisés et des usines tournevis ou d’assemblage, dont la valeur ajoutée industrielle viendrait, en fait, des pays émergents. Seule une politique de droits de douane défendra l’emploi du travailleur européen et combattra efficacement  d’une façon implacable le recours excessif aux sous-traitants  étrangers.

Tout cela est simple. Il ne manque que le courage. De changer le système. Mais sans tomber, pour autant, dans le Sylla du refus de l’effort, de l’innovation, du dépassement de soi, de l'ouverture au monde et d'une exportation équilibrée. L’introduction de la TVA sociale est une excellente décision, mais elle est totalement incapable de compenser les bas salaires de l’usine marocaine Renault de Mélissa et ne vaut que pour améliorer la compétitivité de la Maison France par rapport aux autres pays européens.

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mardi, 31 janvier 2012 | Lien permanent | Commentaires (1)

Préférences de structures européennes: circuit, travail et réciprocité

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1991

Préférences de structures européennes:

Circuit, travail et réciprocité

 

par Bernard NOTIN

 

Meunier2xxxccvv.jpgLe système économique dominant est actuelle­ment du type transnational: des groupes privés ont des stratégies mondiales. Ce type d'organi­sa­tion est renforcé depuis les années soixante par une conquête des esprits à travers les thèmes de propagande américains: culture de masse, droits de l'homme, etc…, et trouve un ap­pui au sein des bu­reaucraties publiques des Etats européens où se conjuguent sécurité de l'emploi et avantages de la richesse. Ce n'est toutefois qu'une modalité pos­sible d'organisation. Notre réflexion sur l'Em­pire suggère trois paradigmes alternatifs, dont l'ensemble forme système. Un paradigme politico-économique: le circuit euro­péen, moyen de puissance de l'Empire; un para­digme socio-économique: le travailleur, mobili­sateur de la tech­nique; un paradigme éthique: le service so­cial avec plus de réciprocité. Ces trois para­dig­mes favoriseraient l'émergence de structures eu­ro­péennes qui permettraient d'entretenir notre foyer de civilisation.

 

1 – Paradigme politico-économique

 

Le circuit européen a été abordé dans le numéro 45 de Nouvelle Ecole  consacré à l'économie. L'exis­tence d'une monnaie commune est l'hypo­thèse fondamentale, dont les chances de réali­sa­tion s'améliorent régulièrement. La monnaie per­met l'intégration des économies en éliminant les difficultés de changes et en don­nant naissan­ce à une masse financière d'un poids suffisant pour éliminer les effets de domi­nation du dollar. Les aménagements institu­tionnels ont leur im­por­tance. En particulier, le statut d'une banque centrale européenne condi­tionne l'indépendance des autorités monétaires par rapport aux autorités politiques. La fonction politique, dont nous de­vons aussi étudier les mo­dalités de repré­sen­ta­tion, se limite, dans le do­maine de l'économie, à favoriser l'émergence de l'innovation, et à éli­mi­ner les causes d'incertitudes par une infor­ma­tion de qualité. La constitution de banques de données est un en­jeu majeur en matière de cultu­re et d'information. L'idée générale est de li­mi­ter les conflits entre producteurs européens par une ac­tion communautaire en amont, sur l'in­dus­trie de l'information, mariage de l'infor­ma­tique, des télécommunications, de l'audiovisuel, de l'information de base dans ses dimensions mul­tiples dont les banques de données. L'allian­ce entre logique industrielle et fonde­ments cultu­rels est la question économique prin­cipale au ni­veau du politique.

 

Le paradigme politico-économique intègre aussi une perspective spatiale. L'activité des régions est à vivifier au prix de politiques reposant sur la notion de territoire. La logique territoriale repose sur la structure sociale existante, sur les liens créés par l'histoire et l'expérience entre des in­dividus et des agents vivant dans le même es­pace. Elle suppose d'offrir des opportunités par la décentralisation sur des thèmes aussi divers que la culture, les transports, la formation, et de fon­der une souveraineté régionale dans certains sec­teurs: ceux qui intéressent directement les ca­ractéristiques des acteurs du territoire (âge, com­position familiale, etc.), et ceux qui contribuent à l'amélioration des performances économiques. Les actions de soutien à la technologie sont pos­sibles pour favoriser des spécialisations. Reste à étudier les questions de financement, vaste sujet sur lequel les analyes de M. Allais (prix Nobel) à propos de l'impôt sur le capital nous paraissent la voie à suivre.

 

II – Paradigme socio-économique

 

Le changement technique est une des forces im­por­tantes qui donne forme aux directions que prend le système économique. Le cadre socio-ins­titutionnel influence toujours (et parfois faci­lite ou retarde) les processus de changements techniques et sociaux. Le changement de mé­tho­des de production est guidé par plusieurs forces. Il y a les connaissances générales (biens pu­blics); les contributions des autres firmes (con­cur­rentes ou coopérantes); le savoir-faire propre de la firme. La progression technologique est cu­mulative: à chaque étape s'ajoute des con­nais­san­ces nouvelles, et d'autres sont retirées. An­ciennes et nouvelles techniques s'insèrent par­fois dans un dispositif original. En sorte que les technologies comprennent une partie spéci­fique (issue de l'expérience et de l'apprentissage) et une partie générale (acquise à l'extérieur de la fir­me).

 

Un axe de réflexion lié à la pratique française est la distinction, dans le domaine de la technique, en­tre le Noble et le Vil. La technique est noble en ce qu'elle renvoie à l'univers de la connaissance pure et désintéressée et de l'art. Cette pratique é­lè­ve l'homme au dessus du règne de la néces­sité. Cette distinction Noble/Vil a des effets sur le nom­bre et le statut des métiers. La valorisation de la compétence, quelle qu'elle soit, assure une pla­ce de l'homme technicien dans l'entreprise et dans un groupe plus large, celui de ses sem­bla­bles, dans la notion de métier. Le vil apparaît com­me ce qui doit être minimisé dans la préoc­cupation technicienne.

 

Le second axe du paradigme socio-économique est la dialectique entre l'utilitaire immédiat et l'inutile. La théorie est souvent inutile à court ter­me, mais innerve, de façon indirecte, l'en­sem­ble des réalisations techniques. L'articu­la­tion entre ces deux données est essen­tielle. Nous avons à apprendre des pratiques al­lemande ou japonaise. La connaissance théo­rique y est sou­mi­se à la pratique dans toute orga­nisation: les per­sonnes démarrent au plus bas de l'échelle a­fin de comprendre ce que chacun fait. Alors, el­les peuvent monter en responsabilité.

 

Le paradigme socio-économique demande beau­coup de formation. En amont, le système éducatif doit préparer toujours plus de généralistes éclai­rés et cultivés, terreau indispensable à une in­dustrie qui doit se nourrir d'intelligence perma­nente. Une formation régulière pour tout le per­sonnel des organisations est à généraliser.

 

III – Paradigme éthique:

le service social

 

L'éthique est spécifique, non autonome. Ce n'est pas une activité pour elle-même. Elle se greffe sur toutes les autres actions. L'éthique consiste en la manière dont nous utilisons les moyens des autres activités avec la volonté d'atteindre leur fin propre. C'est selon la manière négligée ou ri­goureuse dont le chercheur scientifique accom­plit son travail qu'il agira moralement ou non. Il en va ainsi pour l'entrepreneur, le pédagogue, l'homme politique, etc.

 

Nous proposons de définir le service social com­me la recherche de l'optimum social, c'est-à-dire l'engagement en direction du meilleur état du monde possible pour l'Europe, à partir de main­tenant.

 

Le service social suppose une compréhension d'ensemble de la question européenne et la sélec­tion de principes qui guident l'action. L'iden­ti­fi­ca­tion des grands champs de force qui rendent in­terdépendantes les différentes facettes de notre continent est obtenue par la notion de pouvoir, ou de puissance. Dans cette perspective, l'éthique du service social s'exerce dans quatre grands champs de force:

 

– Puissance politique: recherche de la cohésion in­terne à l'Europe.

– Puissance administrative: rendre cette cohé­ren­ce effective.

– Puissance économique: produire le maximum de richesses.

– Puissance des groupes d'intérêts: animer la vie collective.

 

Les interrelations entre ces quatre champs sont multiples, et il faut chercher, pour chaque pro­blème, la meilleure action en terme de finalité et d'applicabilité. Nous pouvons considérer l'ac­tion comme un art: celui de trouver à chaque épo­que et en chaque lieu, la meilleure harmonie en­tre ces quatre champs. En économie par exemple, la question soulevée par Serge-Christophe Kolm est à méditer: comment réduire la part du mar­ché (échanges) et du plan (transferts forcés), au pro­fit de plus de réciprocité (dons).

 

Bernard NOTIN.

(résumé d'une intervention à l'Université d'été du GRECE, août 1991).

 

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mercredi, 23 juin 2010 | Lien permanent

Entrevista com Guillaume Faye

Entrevista com Guillaume Faye

por François Delancourt
http://legio-victrix.blogspot.com/

warrior_girl.jpgJornalista, escritor, polemista, produtor de rádio, roteirista, Guillaume Faye foi um dos principais entusiastas da corrente conhecida como Nova Direita, movimento que abandonou em meados dos anos 80. Depois dirigiu a publicação mensal J'ai tout compris.

Na atualidade, enquanto continua sua carreira jornalística, analisa a situação e lança novos dardos ideológicos que correm o risco de acertar no alvo em todos os instantes.

- Français d'abord: Poderias dar-nos uma definição do "politicamente correto" e explicar como funciona?

- Guillaume Faye: O "politicamente correto" é, antes de nada, uma censura social do pensamento e da inguagem imposto nos Estados Unidos pelos meios liberais-radicais, os grupos feministas, homossexuais, e por certas minorias étnicas, com o fim de paralizar a expressão da direita republicana. Porém na França, o "politicamente correto", adquire um perfil mais severo que nos Estados Unidos, é uma velha história. Leva ao ostracismo aos que não seguem a linha e os discursos oficiais da ideologia hegemônica. Na universidade dos anos 60 e 70, o antimarxismo era politicamente incorreto e seus detratos diabolizados como "fascistas".

O "politicamente correto" é a condição sine qua non para ter acesso aos grandes meios de comunicação e não ser socialmente satanizado. É o "politicamente chip". Dizer "jovens rebeldes" ao invés de marroquinos amotinados. Falar de "incidentes" e não de saques. Evocar os "efeitos colaterais" das Forças Aéreas estadunidenses na Sérvia, porém evitar a todo custo o tema incorreto dos bombardeios dos bairros civis do norte de Belgrado. Dizer "fratura social", ao invés de pauperização e, acima de tudo, esforçar-se, se quer ser admitido para jantar no andar térreo da Casa Lipp, Boulevard Saint Germain, para deixar entender que detesta os "franchutes" (*gíria depreciativa para fazer referência aos franceses étnicos). Para ser politicamente correto, é necessário ser etnomasoquista, é indispensável.

- Qual é, então, o lugar dos que têm coisas para dizer e verdadeiras perguntas para fazer?

- Acima de tudo não é necessário que se auto-censurem e adociquem seus discursos. Para forçar a barreira do politicamente correto eu prego o pensamento radical; quer dizer, o pensamento verdadeiro e afirmativo, do qual falava Nietzsche em seu "Crepúsculo dos Ídolos". Frente ao sistema é necessário aparecer como um verdadeiro inimigo, e não como um falso amigo. Como escreveu Solzhenitsyn, somente sendo radical o discurso poderá desafiar a censura e alcançar o ouvido do povo.

- Por quê a extrema esquerda não representa uma alternativa?

- Porque suas idéias e seus homens, os do trotskismo internacionalista e cosmopolita, já estão no poder. Porque seu discurso social está obsoleto e centrado na imigração e na xenofobia, sem ter em conta a defesa e a proteção do verdadeiro povo francês.

- O que é que lhe permite afirmar que o livre-comércio cairá em breve?

- Minhas posições são as de Maurice Allais, prêmio Nobem de economia. O mundialismo livrecambista não é viável a médio prazo pois descuida das diferenças de fatores de produção entre as distintas zonas e suprime as regulações econômicas. É um semi-reboque com o motoristo adormecido. Agora bem, em uma auto-estrada, uma coisa é certa: sempre há uma curva em alguma parte.

Para ser breve, eu sou favorável à teoria da autarquia dos grandes espaços: um espaço europeu de economia de mercado, sem fiscalismo nem estatismo, porém operando contingentemente sobre as importações exteriores, sobre todos os fluxos, quer sejam financeiros, materiais ou humanos.

- Você pôs em evidência os perigos da ascenção do integrismo religioso, não crês que possa existir uma forma moderada de Islã?

- Não, o Islã laico e moderado não existe. O Islã é uma civilização teocrática em que a fé se confunde com a lei. Quando o Islã é majoritário sobre um território, os cristãos e os judeus passam a ter um status de inferioridade. O Islã não conhece nem a tolerância, nem a reciprocidade, nem a caridade para com o não-muçulmano, excluída a umma (comunidade dos crentes do Islã). A esse respeito a ingenuidade dos políticos e dos sacerdotes é anestesiante.

- Para você, a imigração não é uma invasão, mas sim uma colonização populacional. Não estamos diante de uma diferença puramente semântica?

- França, em sua história, sofreu invasões totais ou parciais por parte de alemães, ingleses, russos, etc. Ainda assim, continuou sendo ela mesma. Uma invasão tem caráter militar e a sorte das armas pode mudar. A imigração atual é uma colonização populacional, com frequência consciente e vivida como um revanche contra a civilização européia. Pretende-se ademais, definitiva. A colonização das maternidades, como assinalava o general Bibeard, é muito mais importante que a das fronteiras porosas.

- Regressemos, se quiseres, à política. Como explica os ataques que a Frente Nacional vem sofrendo desde quinze anos?

- Como dizia Jean Baudrillard em 1997, em Libération, se minha memória não me engana (o que serviu para ser satanizado pelo terrorismo intelectual de seus colegas), "a Frente Nacional é o único partido que faz política, ali onde outros fazem marketing eleitoral". Agora bem, o sistema detesta os que fazem política, e os que têm idéias ou projetos alternativos de sociedade. Por outro lado, a Frente Nacional parece-se a um médico que ousa dizer a seu paciente que este em câncer e que deveria ser operado. É sempre desagradável de ouvir e entender.

A acusação neutralizadora de "racismo" e "fascismo" (em outro momento lançada contra Raymond Aron, lá por 1968, porque não era nem stalinista, nem marxista) não é nem se quer postura séria para os que a proferem. São anátemas para-religiosos, excomunhões lançadas contra todo grupo constituído que conteste os dogmas oficiais da classe político-midiática-intelectual no poder.

- Se o entendo bem, os partidos do governo formariam uma sorte de partido único ao que poderíamos chamar também Frente republicana?

- Vivemos dentro de um regime totalitário ao estilo ocidental, mais sutil, porém aparentado com os regimes soviético ou iraniano. A maioria e a oposição oficiais não discutem mais do que pontos de doutrina secundários, porém seguem pertencendo à mesma ideologia, a única autorizada. Diferem um pouco sobre os meios, porém não sobre os fins. Dita "Frente republicana" (que na realidade usurpou escandalosamente este belo vocábulo romano de res publica, assim como o conceito grego de demokratia) inclui várias frentes. Sobre as opções gerais, estão todos de acordo. Na atualidade, e emprego para isso personagens de Hergé, o senhor Chirac se assemelha ao capitán Haddock, o comandante bêbado e sem poder à cargo do Karaboudjian que transporta o ópio, e o senhor Jospin ao teniente Allen, que é o verdadeiro chefe a bordo. Que chege logo Tintin!

- A Frente Nacional seria então a única novidade política depois de 50 anos...

- Isso são os historiadores do ano 2050 que dirão. Nós chegamos a um ponto em que, como tratei de explicar em meu ensaio L'archéofuturisme, vivemos uma convergência de catástrofes. Pela primeira vez desde a queda do Império Romano, nossa civilização está globalmente ameaçada (étnica, demográfica, cultural, ecológica, economicamente...). É o "caso de urgência", a Ernstfall da qual falava Carl Schmitt. Vivemos tempos e apostas mais cruciais, por exemplo, que a derrota de 1940. Trata-se de salvar um povo e uma civilização. Nesse sentido, a missão e a ambição de movimentos como este devem ser de ordem histórica mais do que política. Trata-se de "Grande Política" no sentido nietzscheano. Nesses tempos crepusculares, um movimento político não pode ter futuro se não se afirma como o único defensor de um projeto revolucionário, que se reivindica (como foi a genial tática de Charles de Gaulle em 1940) como o último recurso.

O essencial não está em ser uma "novidade política", o essencial é, em verdade, impôr-se como uma novidade "histórica".


Tradução por Raphael Machado

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jeudi, 25 novembre 2010 | Lien permanent

Qu'est-ce que la mondialisation?

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Qu'est-ce que la mondialisation?

 

L’économie mondiale résulte des centres mondiaux de pro­duction, de la propagande mondiale diffusée par des mé­diats très concentrés et des marchés financiers. La mon­dia­li­sa­tion, c’est la constitution de décisions écono­miques à l’é­chelle mondiale et dotées de moyens mondiaux.

 

Certains utilisent plus volontiers le terme de globalisation, pour désigner l’accroissement de la mobilité de tout ce qui est codifiable et se transporte indépendamment des hom­mes. Une firme globale procède ainsi : elle décompose la chaîne de production, qui va de la recherche-développe­ment d’un nouveau produit à sa distribution, en activités unitaires simples. Puis, elle localise les activités sédentaires (par exem­ple, un supermarché proche des consommateurs éven­tuels) et localise tout le reste dans les territoires qui offrent les meilleures conditions. Finalement, le commerce interna­tional est, pour plus de la moitié, un commerce entre diffé­rentes filiales de firmes globales. Cela crée partout chômage et désindustrialisation, accroît la puissance de quel­ques oli­garchies et utilise force propagan­de pour affir­mer que les pauvres sont responsables de leur pauvreté.

 

I - Les dogmes de l’occidentisme.

 

1 - Le dogme commun aux institutions internationales (OMC, FMI, OCDE) peut se résumer en quatre propositions :         

 

- L’accroissement du commerce international explique fondamentalement la croissance du PIB. Mais il n’y a aucune possibilité de prouver cela. On peut tout aussi valablement soutenir que c’est la croissance du PIB qui a suscité la croissance des exportations européennes (et françaises) ou bien que l’un et l’autre (croissance et exportations) ont crû en raison d’autres facteurs.

- La poursuite de ce développement peut dégager des “ gains colossaux “ mais on ne précise jamais les coûts.

- Le refus de la poursuite de la libéralisation des échanges entraînerait une situation catastrophique.

- Le meileur moyen de combattre le chômage en occident est de poursuivre la libéralisation mondiale des échanges.

 

2 - Le modèle globalitaire s’appuie sur la théorie des coûts comparés formulée en 1817 par Ricardo. Mais elle est erro­née sur un point essentiel : la structure des coûts com­parés ne reste pas invariable dans le temps, sauf pour les res­sources naturelles et les produits tropicaux.

 

3 - Les prix mondiaux sont des prix en $. Or, les taux de change sont flexibles. Donc les taux de change permettent d’égaliser dans les pays les prix des biens exprimés en dol­lar.

 

Les causes de la servilité des Européens face aux diktats US sont connues et sans originalité : déplaire aux factions US, c’est s’interdire toute carrière dans les organismes internationaux ou dans certaines affaires privées.

 

II - Le libre-échangisme responsable du chômage massif (1)

 

a) Le ralentissement de la croissance en Europe, la désindustrialisation et la montée d’un chômage massif ont la même cause : la rupture de 1974. A cette époque, l’entrée dans le marché commun, le 1° janvier 1973, de la Grande-Bretagne, a entraîné une orientation majeure de l’orga­nisa­tion de Bruxelles vers une politique de libre-échange mon­dia­liste. Au début de 1973, le système monétaire in­ter­na­tio­nal s’est disloqué et, à partir de Mars 1973, le système des taux de change flottants s’est établi. Le commerce in­ter­na­tio­nal et les taux de change correspondent à deux aspects in­dis­sociables qu’on ne peut considérer isolément. Si le chan­ge peut varier de 50% en quelques années, aucun calcul é­conomique n’est possible.

 

b) Le libre-échangisme crée partout une forte pression à la baisse des coûts. Partout on entend dire que le coût du tra­vail non qualifié est trop élevé. Mais personne ne dit de com­bien...Pour survivre, les entreprises délocalisent...Le chô­­­­ma­ge résulte de charges salariales globales trop élevées au regard de la productivité externe du travail (i.e. des tra­vail­leurs étrangers) au cours des changes.

 

c) Les effets de tout progrès technologique sont progressifs et continus. Ils ne peuvent générer du chômage massif. Le développement des machines à vapeur, des chemins de fer et de l’électricité n’a jamais été brutal. Il n’a jamais impliqué le sacrifice de générations entières. Le libre-échange détruit les investissements industriels dans les secteurs défavorisés et nécessite de nouvelles ressources pour effectuer de nou­veaux investissements.

 

III - Pour une Europe auto-centrée

 

L’objectif des USA, tant en matière agricole qu’industrielle, et dans les industries du divertissement, est d’accroître les exportations des firmes US et d’augmenter les importations européennes. Nombre d’importations transitent d’ailleurs par les USA et sont en réalité des importations de pays à bas salaires. Le libre-échangisme est une ruse. Il convient :

 

1 - Réformer le Système monétaire :

 

 - Organiser le contrôle monétaire des activités, avec sanc­tions des créditeurs et des débiteurs qui sont autant res­ponsables. En particulier, il convient de réduire massivement la titrisation (et d’interdire la défaisance) qui crée des parts de fonds communs à partir de prêts. Par cette astuce, une dette illiquide, non négociable, portée par une banque, don­ne naissance à des titres la représentant. La finance indi­recte se transforme en finance directe avec, comme pour la défaisance, l’objectif inadmissible d’étaler les pertes, de façon à ne pas déclarer la cessation de paiements et d’é­chap­per à la liquidation judiciaire qui découlerait de l’ap­pli­ca­tion des règles en vigueur. 

 

 - Créer des organismes de compensation des dettes et créances à côté des banques. Notamment, utiliser le mé­canisme des caisses de conversion. Un débiteur en dollar verse les intérêts de sa dette en monnaie locale. La caisse cré­dite en cette monnaie le créancier en dollar qui dispose d’un pouvoir d’achat avec lequel il acquiert des biens et services produits dans le pays. Ce mécanisme aide simulta­nément à relancer l’activité de la région et à embaucher.

 

- Créer une monnaie internationale commune à l’ensemble des pays ou nations qui délimitent leurs propres espaces monétaires. Elle fonctionne selon deux préceptes :

* La monnaie internationale est instituée d’emblée comme une monnaie de crédit, moyen exclusif de règlement des dettes extérieures qui naissent des échanges.

* La monnaie commune ne se substitue pas aux monnaies existantes. Elle est une monnaie de conversion émise par une banque mondiale ayant un département dans chaque zone monétaire.

 

2 - Instaurer des quotas d’importations par catégories de produits. Un pourcentage de 20% maximum d’importations serait autorisé, sauf pour les matières premières et les produits exotiques.

 

3 - Réformer les organisations mondiales.

 

L’OMC et le FMI doivent fusionner car commerce et taux de change sont deux aspects d’un même problème. L’OCDE serait réorientée vers la fourniture de statistiques fiables et fournirait des expertises en concurrence avec les organisa­tions de l’ONU.

 

Conclusion

 

Aucune civilisation n’a pu exister en l’absence des multiples fonctions économiques, notamment sans industrie, et en présence de plus de 10% de la population active alimentée par l’aide sociale. Or, ces tendances amorcées en 1974 ne s’inversent pas, au contraire. La désindustrialisation de l’Eu­ro­pe et le chômage massif  (y compris l’immigration in­ces­sante extra-européenne) ne peuvent être remplacés par des écoles d’hôtellerie pour créer des activités de tourisme. Cela est totalement niais. Le suicide de notre civilisation est pro­grammé dans ces tendances.

 

Frédéric VALENTIN.

 

NOTE 1 : D’après M. ALLAIS : La mondialisation, la des­truction des emplois et de la croissance. Cl.Juglar, 1999.

 

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samedi, 27 octobre 2007 | Lien permanent

Libérer la parole par la liberté d’expression?

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Libérer la parole par la liberté d’expression?

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Prendre la parole était l’un des slogans de 68 et il m’est resté cher. A cette époque, il fallait prendre la parole comme sujet libre, autonome, indépendant. Ça me fascinait, j’allais me libérer et j’applaudissais la liberté d’expression. Je ne savais pas que le désir de liberté peut conduire dans le néant, le terrorisme, le désespoir. Je n’avais pas lu Dostoïevski, celui qui a inspiré Svetlana Alexievitch, cette année prix Nobel de la paix.

Ce désir de libérer la parole, comme on dit encore aujourd’hui, n’était pas vraiment  nouveau : c’était déjà celui de la psychanalyse avec un patient qui, au début, balbutie mais en vient progressivement à s’exprimer comme sujet et non comme le réceptacle des discours qui l’entourent, celui du père surtout. C’était si peu nouveau que déjà les prophètes de l’Ancien Testament s’efforçaient de prendre la parole indépendamment de tout ce qui enchainait Israël. La différence était que les prophètes s’appuyaient sur la parole d’un Autre, l’Eternel, et qu’eux, contrairement aux soixante-huitards, ne visaient pas à se poser comme sujets émancipés. Au contraire ! L’Eternel était tout-puissant et eux ne l’étaient pas. En outre, ils avouaient qu’ils comprenaient mal ce que le tout-puissant leur disait, « ses pensées n’étant pas leurs pensées » (Esaïe,  55 : 8).

Sommes-nous aujourd’hui, suite à mai 68, dans un monde où chacun prend la parole en son nom propre ? Poser la question, c’est y répondre. Les êtres que nous côtoyons sont souvent des perroquets, et nous aussi le sommes parfois. Ne répétons-nous pas quotidiennement un discours sur les droits de l’homme, la nécessaire émancipation de tel ou tel groupe opprimé, les processus de paix. Ce n’est pas nous qui parlons alors, mais ce qu’on appelait en Grèce antique la « doxa », et que nous appelons aujourd’hui le politiquement correct.

Se demander si c’est vraiment un individu libre qui parle est une question importante. On se l’est posée à Jérusalem. La parole des prophètes était-elle libre ? La réponse fut parfois négative, comme aujourd’hui elle l’est pour la plupart de nos contemporains. Pour eux, ce n’est d’ailleurs même pas une réponse, parce qu’ils sont en pilotage automatique contre toute religion. A Athènes, les choses se sont passées différemment. On a cherché une parole libre en songeant à Socrate. Mais il ne « prenait » pas la parole, il dialoguait.

Je ne crois pas que nous pourrons jamais développer une parole libre. En même temps, je suis convaincu qu’il faut s’efforcer de le faire. Position inconfortable mais dont je ne vois pas qu’on puisse lui échapper.

Ce qui me frappe beaucoup aujourd’hui est que ceux qui parlent dans l’espace public prétendent  toujours parler librement grâce à la liberté d’expression, mais qu’en réalité ils parlent au nom de quelqu’un ou quelque chose d’autre : la science, le progrès et surtout les faits, dont on nous dit qu’ils parlent d’eux-mêmes. Devant des faits, pas question de prendre la parole. On oublie qu’un fait doit être dit, doit passer par la parole, pour parvenir à la conscience. Il n’y a pas d’individus libres et autonomes devant des faits qui parlent d’eux-mêmes.

Tout se passe comme si nous n’arrivions pas à parler par nous-mêmes et que nous devions placer nos propos sous l’autorité de quelque « père », (pour parler en termes psychanalytiques ou théologiques). Parfois, pour nous faire entendre, nous nous réclamons d’une entité toute-puissante dans une vaine tentative d’imposer ces propos d’en-haut. C’est surtout une rationalité étroite qui, aujourd’hui, est devenue notre « père tout-puissant ». La soi-disant extrême droite et aussi la gauche extrême sont sévèrement tancés pour ne pas respecter les chiffres, les statistiques et donner dans des émotions, respectivement la peur et un enthousiasme délirant. Les gardiens de la rationalité n’ouvrent les portes du temple qu’à des individus lisses et corrects, les pharisiens de la modernité. Au côté des politiciens locaux qui aiment s’appuyer sur l’autorité indiscutable des chiffres, comme le parti libéral-radical en Suisse, il y a encore des pouvoirs supranationaux, des pères presque célestes. La cour européenne des droits de l’homme ou, tout récemment, l’OMS qui, sur la base d’impitoyables calculs nous a dit comment nous devons nous comporter devant notre assiette. Les risques de cancer sont plus élevés chez ceux qui mangent de la viande rouge d’où un commandement : « tu ne mangeras pas ou peu de viande rouge ». Le « père » a parlé. Des experts ou chercheurs de L’OMS récitent ce  commandement, mais sans prendre du tout la parole. Plus les propos s’adossent à un « père » terrestre et tout-puissant, moins ils proviennent d’un individu libre et autonome. Le père tout-puissant de la Bible fait horreur, mais pas l’OMS.

En nous débarrassant du père tout-puissant de la Bible, nous ne nous sommes pas libérés. Nous en avons seulement choisi un autre ou plusieurs autres. Saint Paul l’a senti qui restait perplexe devant la loi, allant même jusqu’à dire qu’elle conduisait à la mort. Effectivement, un individu dont le comportement et les propos sont calqués sur une loi devant laquelle il n’a rien à dire, ne peut exister, est mort, comme le savent bien les psychanalystes.

Seul le Christ me semble avoir parlé pleinement à partir de lui, de sa chair. Mais ce que je viens de dire est faux, puisqu’il déclare : « les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même » (Jean : 14).

Ce passage de Jean signale une voie de salut hors du dilemme stérile entre parler comme sujet libre ou « être parlé », conditionné, par divers « pères » terrestres qui courent les rues comme autant de petits diables vendant leur marchandise médiatique à la criée. De quoi s’agit-il ?

Dans nos misérables existences, n’avons-nous pas senti, parfois, que nous ne parlions pas à partir de nous-mêmes et que pourtant, nous étions miraculeusement libres ? Que nos paroles étaient transportées par un souffle venu d’ailleurs ? La manière dont nous nous sommes alors exprimés, ne révélait-elle pas que nos paroles ne provenaient pas de nous et que pourtant nous n’étions pas asservis à une parole morte comme l’est la parole médiatique aujourd’hui ? Conclusion : parler à partir de soi-même est peut-être un principe régulateur au sens de Kant (un objectif inatteignable), mais au fond, nous cherchons surtout à être portés par l’esprit plutôt que par les tristes ruminations de notre petit moi ou les glaciales déductions de notre intellect.

Depuis la « belle époque » (mai 68) des aspirations à une parole libre et autonome, la situation a basculé. A force de vouloir parler comme sujet libre, on en vient à se faire le porte-parole de préjugés ou d’idées toute faites. Pas seulement un porte-parole mais un esclave pavlovien. A force de se vouloir libre, on est tombé dans la servitude. Normal ! Le moi souverain à partir duquel on veut prendre la parole est une chimère, une coquille vide. Dès lors, pour continuer à dire quelque chose, il faut meubler ce vide avec des chiffres ou quelque autre entité toute-puissante et intimer à tout le monde de suivre sans broncher.

Des discours politiques nous sont ainsi assénés comme s’ils provenaient d’un Autre irréfutable, des commandements d’un « père » qu’on ne discute pas. Tandis que la notion de père céleste dans la Bible provoque aujourd’hui des ricanements, les esprits sont asservis à une toute-puissance de la science ou des faits, autrement plus tyrannique que le discours d’un leader charismatique.

A chacun de choisir son asservissement. Comme me l’a dit une fois un commentateur sur ce site, notre seule liberté est de choisir nos chaînes. Il y a des chaînes qui asservissent au point d’abrutir, d’autres non. A chacun de choisir.

Jan Marejko, 3 novembre 2015

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jeudi, 05 novembre 2015 | Lien permanent

Relecture du Grand Dieu Pan d'Arthur Machen

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Relecture du Grand Dieu Pan d'Arthur Machen

À propos de Arthur Machen, Le Grand Dieu Pan (traduction de Paul-Jean Toulet, préface d'Anne-Sophie Yoo, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2015).

Ex: http://www.juanasensio.com


panmachen.jpgC'est en 2013 que j'ai envoyé à Alexandrine Duhin, dirigeant la collection Mille et une nuits chez Fayard, un petit dossier exposant, en termes simples, percutants, bref, en novlangue publicitaire et en maigres éléments de langage comme il se doit, les excellentes raisons de publier à nouveaux frais l'un des meilleurs textes d'Arthur Machen, Le Peuple blanc, par ailleurs évoqué dans la Zone.
La réponse, attendue, quoique polie et relativement argumentée, ne tarda point : trop ceci (confidentiel, fantastique, etc.), pas assez cela (connu, vendeur, etc.). Du moins cette personne prit-elle le soin, et par les services postaux c'est dire, de me répondre, ce qui suffirait à lui faire gagner le Paradis des éditeurs, s'il en existe un ce dont je doute fort.


Voici quelques années aussi, je conseillai à Pierre-Guillaume de Roux, qui m'avait demandé de lui dénicher des textes écrits par des auteurs intéressants mais quelque peu oubliés ou injustement méconnus, français ou étrangers, susceptibles d'être publiés en France, de s'intéresser au grand Arthur Machen (parmi quelques autres noms comme celui de Lorentzatos). Je crois que Pierre-Guillaume de Roux me remercia, ce qui était la moindre des choses, et classa dans quelque recoin de son cerveau fort ordonné les différents noms que je lui avais suggérés, en se disant, sans doute : qui sait ?
Je constate en tout cas avec un grand plaisir que cet éditeur viscéral, dont je n'ai jamais compris l'intérêt pour le très piètre Richard Millet qu'il a bien trop publié, n'a pas dû totalement oublier nos échanges, puisque paraît dans sa maison une réédition du Grand Dieu Pan dans la superbe traduction qu'en donna Paul-Jean Toulet. Je ne lui en veux même pas de ne pas avoir, ne serait-ce que d'une ligne, exprimé sa gratitude au modeste passeur que je suis, puisque, après tout, c'est lui qui s'est déclaré scandalisé quand, me parlant de Robert Penn Warren, je lui affirmai que je ne savais rien de lui ! Je n'ai pour ma part jamais oublié, y compris publiquement et en caractères gras, quelle était ma dette à son égard.


Cette réédition du Grand Dieu Pan est soignée, cependant point dépourvue d'erreurs, même vénielles (1) et les très rares notes sont utiles. La couverture de Philippe Druillet est laide, à tout le moins sans aucun intérêt graphique, et pas franchement en rapport avec l'histoire que nous conte Machen, bien évidemment au coin du feu, par une nuit diaboliquement noire.


Ce qui est en revanche beaucoup moins utile, c'est la préface, pseudo-poétique et assez pompeuse dans sa multitude de références pas toutes pertinentes, d'Anne-Sophie Yoo qui choisit d'illustrer la seule thématique du regard, ce qui ne nous permet guère avouons-le, d'y voir clair : «Le Grand Dieu Pan, écrit-elle ainsi, demeure un récit tout en ombres et lumières, un Mystère si fermement dévolu à la religion du regard qui boit le calice de la lumière jusqu'à la lie qu'aucun voyeurisme ne parviendra jamais à expliquer aux yeux du critique contemporain – que n'épargne pourtant plus la moindre obscénité – le scandale qu'il suscita en son temps» (p. 12). Il ne suffit point, pour être poète ou plutôt jouer à l'être, de décliner les variations autour d'un même thème (en première de sa classe, Anne-Sophie Yoo nous rappellera utilement le nom de cette figure de style, un polyptote), ici celui du regard, et, pour être un honnête préfacier, il faut écouter la petite musique que fait l'auteur commenté avant de prétendre jouer sa propre partition.


De fait, bien moins que la thématique du regard ou de la vision, certes illustrée par Machen (cf. p. 130), c'est je crois celle de la fascination pour l'origine qui est intéressante, y compris, surtout à vrai dire, dans sa version démoniaque. Finalement, Arthur Machen affirme dans son magnifique conte une impossibilité ontologique, celle d'un retour aux sources qui serait opéré par des moyens faustiens, qu'il empêche de plusieurs façons, moins en insistant, de façon classique, sur l'impuissance du langage à proférer l'improférable, à rendre compte de ce que nous ne saurions voir ni entendre, qu'en matérialisant les conséquences d'une telle dévolution, le triomphe de la pourriture, du chaos. Anne-Sophie Yoo évoque, du reste, cette thématique, mais de façon superficielle (cf. pp. 13 et 25 de sa Préface).


Cette dévolution est admirablement figurée par la technique narrative de l'enchâssement (ou bien des «suites de boîtes chinoises», évoquées p. 70) déployée par Machen, une histoire en englobant une autre, les différents personnages constituant autant de relais qui nous permettent de nous approcher, du moins jusqu'à une certaine distance, de la source du Mal. Lovecraft, qui tant admira Machen, a lui aussi été sensible à la technique narrative de l'écrivain : «Mais le charme de l'histoire réside dans son récit. Personne ne pourrait décrire le suspense accumulé et l'horreur consommée dont regorge chaque paragraphe, sans suivre exactement l'ordre dans lequel Arthur Machen dispose ses sous-entendus et ses révélations» (2).


pan03861616_o.jpgNous approchons de la source de la corruption, une jeune femme appelée Hélène Vaughan, qui causera plusieurs suicides et brusques chutes d'hommes dans la folie mais, une fois encore, le thème du regard interdit compte moins que celui d'une entité chaotique (si je puis dire) et originelle, «quelque chose qui [n'est] ni l'homme ni la bête, ni la vie ni la mort, mais toutes choses mêlées, l'apparence mouvante de toutes choses» (pp. 44-5) qui constitue le soubassement infernal sur lequel l'ordre s'est érigé, comme la présence de vase, à la surface d'une rivière, indique son origine profonde (3).


C'est dans les toutes dernières lignes que nous sera révélé le spectacle de la dissolution de l'héroïne maléfique, qu'il faudrait sans doute rattacher aux théories de l'évolution de Darwin, bien sûr, ici, récapitulées, inversées, selon le grand mouvement décadent de l'à rebours : «La peau, la chair, les muscles et les os, et la ferme structure du corps humain, tout ce que j'avais jugé jusque-là aussi invétéré, aussi permanent que le diamant, commença de fondre et de se dissoudre. Je savais que des agents extérieurs pouvaient ramener un corps à ses éléments, mais j'eusse refusé de croire ce que je voyais maintenant, car il y avait là une force interne dont je ne savais rien et qui ordonnait la dissolution et la métamorphose» (pp. 136-7) et, immédiatement après : «Ici, se répéta devant moi tout l'effort dont l'homme est issu. Je vis la chose vaciller de sexe à sexe, se disjoindre et s'unifier à nouveau; je vis le corps revenir aux bêtes dont il procède, et ce qui était au sommet des êtres descendre jusqu'aux bas-fonds, jusqu'aux abîmes» (p. 137).


Finalement, Le Grand Dieu Pan d'Arthur Machen est une parabole sur la place, dans l'univers, qui est celle de l'homme, et sur la nécessité, absolue, de ne point désirer en sortir, aiguillonné par la tentation faustienne de vouloir connaître ce qui doit demeurer hors de notre portée. L'écrivain illustrera dans un autre de ces textes, admirable également, intitulé La Terreur, cette modestie que nous pourrions confondre avec un humanisme bien entendu. C'est à ce prix que nous pourrons nous prétendre les gardiens de la «maison de la vie» (p. 145), et empêcher que la Bête cherchant qui dévorer n'y pénètre et ne devienne l'hôte purulent de notre propre chair. Le Grand Dieu Pan, dans sa signification la plus profonde, est peut-être une apologie de la beauté du monde, de la tempérance, de la merveille que représente l'équilibre ou, mieux, l'harmonie des forces, de la lumière mais aussi, merveille quotidienne et insoupçonnable, de la chair qui, si elle devait servir aux expérimentations scientifiques les plus hasardeuses, pourrait devenir le sépulcre de l'horreur, dans une parodie d'incarnation, comme il s'en voit dans Sous le soleil de Satan que j'ai rapproché d'ailleurs du texte de Machen.
Mais c'est là un tout autre sujet d'études, certes passionnant.

Notes


(1) Comme dans les Repère bibliographiques, où il est affirmé que le recueil intitulé Le Peuple blanc comporte un texte intitulé Les Archers - Les Anges de Mons, mon exemplaire n'indiquant que le seul titre original (The Bowmen) soit Les Archers (p. 148). De même, page 147, c'est par erreur qu'est indiquée une Petite Bibliothèque des Ombres en lieu et place de la Petite Bibliothèque Ombres.
(2) H. P. Lovecraft, Épouvante et surnaturel en littérature (traduction de J. Bergier et F. Truchaud, Christian Bourgois, 1985), p. 143. Je constate que Pierre-Guillaume de Roux a réédité cet ouvrage, également présenté par Anne-Sophie Yoo. Suggérons-lui, cette fois-ci publiquement, de rééditer L'Apprenti sorcier de Hanns Heinz Ewers.
(3) Cf. p. 124 : «Si vous voyez de la vase à la surface d'une rivière, vous pouvez être certain qu'elle vient du fond; j'allai au fond" déclare ainsi un des personnages, qui ne peuvent qu'annoncer ceux que prononcera, avant d'explorer le labyrinthe souterrain des Aveugles, Fernando Vidal Olmos dans le deuxième tome de la trilogie romanesque de Sábato, intitulé Héros et Tombes.

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mardi, 19 mai 2015 | Lien permanent

Le Groupe État islamique en Ukraine

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Le Groupe État islamique en Ukraine: les États-Unis lâchent leurs « agents du chaos » en Eurasie

Auteur : Mahdi Darius Nazemroaya
Traduction Julie Lévesque
Ex: http://zejournal.mobi

Le soi-disant État islamique en Irak et en Syrie (EI) ou Daech est-il actif dans l’Ukraine post-Euromaïdan? On ne peut répondre exactement à cette question. Autrement dit, la réponse est à la fois oui et non.

Cela dit, qu’est-ce que Daech? Il s’agit d’un groupe peu structuré de milices, tout comme son prédécesseur Al-Qaïda. Son réseau comprend des groupes originaires du Caucase, lesquels se battent en Syrie et en Irak. Ceux-ci sont maintenant en Ukraine et l’utilise comme tremplin vers l’Europe.

Les Agents du chaos et la guerre pour l’Eurasie

Les conflits en Ukraine, en Syrie, en Irak, en Libye et au Yémen sont tous des fronts de la guerre multidimensionnelle menée par les États-Unis et leurs alliés. Cette guerre vise à encercler l’Eurasie et la Chine, l’Iran et la Russie sont les principaux objectifs.

Les États-Unis veulent également conquérir ces pays dans l’ordre suivant : d’abord l’Iran, suivi de la Russie et enfin la Chine comme dernière partie de l’ensemble que compose cette « Triple-Entente eurasienne ». Ce n’est pas une coïncidence si les conflits en Ukraine, en Syrie, en Irak, en Libye et au Yémen sont près des frontières de l’Iran et de la Russie, puisque Téhéran et Moscou sont les premiers objectifs à long terme de Washington.

Les conflits en Ukraine, en Syrie, en Irak, en Libye et au Yémen sont liés au même titre que les forces violentes, racistes, xénophobes et religieuses déchaînées pour agir comme « agents du chaos ». Ce n’est pas une simple coïncidence si le 10 septembre, 2014, Newsweek publiait un article titré « Des combattants volontaires nationalistes ukrainiens commettent des crimes de guerre rappelant l’États islamique ». Qu’elles le sachent ou non, ces forces déviantes, qu’il s’agisse des milices ultranationalistes Pravy Sektor en Ukraine ou des coupeurs de tête Al-Nosra et Daech, servent toutes un même maître. Ces agents du chaos créent différentes vagues de « chaos constructif » afin d’empêcher l’intégration eurasienne et un ordre mondial libre de diktats étasuniens.

Le « chaos constructif » déclenché en Eurasie finira par faire des ravages en Inde. Si New Delhi pense qu’on le laissera tranquille, il se trompe. Les mêmes agents du chaos le tourmenteront aussi. L’Inde constitue elle aussi une cible, tout comme la Chine, l’Iran et la Russie.

Étrange alliance entre Daech et les ultranationalistes ukrainiens

Que des liens ténus existent entre les divers agents du chaos ne devrait surprendre personne. Ces agents servent le même maître et ils ont les mêmes ennemis, dont l’un est la Fédération de Russie.

C’est dans ce contexte que Marcin Mamon a signalé la connexion de Dasech avec l’Ukraine. Il explique même que certains combattants du Caucase sentent qu’ils ont une dette envers les Ukrainiens comme Alexander Muzychko.

Mamon est un cinéaste et documentariste polonais ayant produit un certain nombre de documentaires sur la Tchétchénie, comme The Smell of Paradise (L’Odeur du paradis, 2005) avec Mariusz Pilis, pour le programme Storyville de la British Broadcasting Corporation. Il est également ouvertement sympathique à la cause des séparatistes tchétchènes contre la Russie dans le Caucase du Nord.

Les voyages de Mamon en Afghanistan et son interaction avec les combattants séparatistes tchétchènes ont amené le cinéaste polonais à avoir des contacts avec Daech en Syrie et en Turquie. Cela l’a incroyablement conduit vers une nouvelle voie : l’Ukraine.

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« À ce moment là, je ne savais même pas qui j’allais rencontrer. Je savais seulement que Khalid, mon contact en Turquie avec l’État islamique, m’avait dit que ses “frères” étaient en Ukraine et que je pouvais leur faire confiance », écrit-il à propos de sa rencontre dans une « rue pleine de nids-de-poule à Kiev, à l’est du fleuve Dniepr, dans une zone connue sous le nom de « Rive gauche ». Dans un article précédent, Mamon explique que ces soi-disant « ”frères” sont des membres de l’EI et d’autres organisations islamiques clandestines, [présentes] sur tous les continents et dans presque tous les pays, y compris désormais en Ukraine ». Il explique également que « Khalid, qui utilise un pseudonyme, dirige une branche clandestine de l’État islamique à Istanbul. Il est venu de Syrie pour aider à contrôler le flot de volontaires qui arrivent en Turquie de partout dans le monde et veulent se joindre au djihad mondial. Il voulait alors me mettre en contact avec Ruslan, un “frère” luttant avec les musulmans en Ukraine ».

Les ultranationalistes ukrainiens comme Muzychko sont également devenus des « frères » et ont été acceptés dans ce réseau. Mamon explique que les combattants tchétchènes l’ont accepté « même s’il ne s’est’ jamais converti à l’islam » et que « Muzyczko et d’autres volontaires ukrainiens s’étaient joints aux combattants tchétchènes et avaient participé à la première guerre tchétchène contre la Russie, [où ils avaient] commandé un groupe d’Ukrainiens bénévoles appelé Viking, lesquels ont combattu sous les ordres du célèbre chef militant tchétchène Chamil Bassaïev ».

Pourquoi l’EI est-il au service de bataillons privés en Ukraine?

Que faut-il comprendre lorsque des séparatistes tchétchènes et le réseau transnational de « frères » liés à l’EI sont recrutés ou utilisés pour remplir les rangs des milices privées utilisées par des oligarques ukrainiens? C’est une question très importante qui démontre par ailleurs clairement comment ces éléments sont des agents du chaos.

Marcin Mamon a voyagé en Ukraine pour rencontrer le combattant tchétchène Isa Munaïev. Il explique ainsi ses antécédents : « Même avant son arrivée en Ukraine, Munaïev était bien connu. Il a lutté contre les forces russes dans les deux guerres de Tchétchénie. Dans la seconde, il était le commandant à Grozny. Après la prise de la capitale tchétchène par les forces russes entre 1999 et 2000, Munaïev et ses hommes se sont réfugiés dans les montagnes, d’où il a combattu jusqu’en 2005, lorsqu’il a été grièvement blessé et est allé suivre un traitement en Europe. Munaïev a vécu au Danemark jusqu’en 2014. Puis, la guerre a éclaté en Ukraine et il a décidé qu’il était temps de se battre à nouveau contre les Russes. »

Ce qui précède est un passage important, car il illustre la façon dont les États-Unis et l’UE ont soutenu les militants qui luttent contre la Russie. Aux États-Unis comme dans l’UE, le refuge que le Danemark a donné à Isa Munaïev n’est pas remis en cause, alors que l’appui allégué de Moscou aux soldats des Républiques populaires de Donetsk et Lougansk est considéré comme criminel. Pourquoi le deux poids deux mesures? Pourquoi est-il acceptable que les États-Unis, l’UE et l’OTAN soutiennent des mouvements séparatistes et des milices dans d’autres parties du monde, chose que l’on interdit aux autres pays qui sont critiqués lorsqu’ils font de même?

« Un homme plus âgé portant une veste en cuir m’a présenté à Munaïev. « Notre bon frère Khalid a recommandé cet homme, dit-il. (Khalid est aujourd’hui l’un des leaders les plus importants de l’État islamique. Khalid et Munaïev se sont connus durant les années passées à lutter ensemble en Tchétchénie) », explique Marcin Mamon sur les liens entre les séparatistes tchétchènes et Daech.

Munaïev est venu en Ukraine pour établir « un bataillon privé qui se multiplierait par la suite en plusieurs dizaines de bataillons privés qui ont surgi pour se battre aux côtés du gouvernement ukrainien et fonctionnent séparément de l’armée ». Sa milice, le bataillon Djokhar Doudaïev, porte le nom du président séparatiste de Tchétchénie.

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lundi, 11 mai 2015 | Lien permanent

Solitude du témoin, de Richard Millet

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Solitude du témoin, de Richard Millet

 
Francis Richard
Resp. Ressources humaines
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Richard Millet est un écrivain inlassable et inclassable.

Ne serait-ce qu'en 2014, il a publié six livres:

- Sibelius. Les cygnes et le silence, aux Éditions Gallimard

- Sous la nuée, aux Éditions Fata Morgana

- Chrétiens jusqu'à la mort, aux Éditions L'Orient des livres

- Lettres aux Norvégiens sur la littérature et les victimes, aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux

- Charlotte Salomon, précédé d'une Lettre à Luc Bondy, aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux

- Le corps politique de Gérard Depardieu, aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux

rm9782756106366.jpgRichard Millet est classé à l'extrême-droite par ceux qui ne l'ont pas lu et se permettent de le juger. C'est le "vieux mécanisme de la victime émissaire mais chargée des maux d'un ordre qu'elle a dérangé". Il est affublé par d'aucuns de l'étiquette imprécise et fantasmée de nazi ou de fasciste - ce qui n'est pas la même chose: "Quand le directeur d'un hebdomadaire de gauche me traite de néonazi, il faut entendre dans ce vocable, une tentative de meurtre, et avant tout la décomposition du langage journalistique, en France."

Ce classement sans cause, ces étiquettes, qui lui sont collées à la peau pour le détruire, lui ont valu d'être banni de la sphère médiatico-littéraire, de perdre son emploi d'éditeur (chez Gallimard), mais cela ne l'a pas empêché de continuer à écrire, comme on vient de le voir: "Ma position de banni est celle de l'outsider, en fin de compte un rôle comme un autre, à ceci près que je fais chaque jour l'épreuve de ce bannissement dans ma vie quotidienne, avec la nécessité de parler pour ne pas laisser triompher le parti dévot."

Solitude du témoin? Richard Millet s'avance au sein d'une grande solitude. Il ne s'agit pas de la solitude sociale à laquelle l'a contraint son bannissement, mais de "l'isolement qui tient à la position de celui qui voit et qui dit ce qu'il voit: le témoin, personnage insupportable en un temps d'inversion générale où, pour paraphraser une formule célèbre, le vrai est devenu un motif fictionnel du mensonge."

Ce qui le désole, c'est de vivre sous le régime de la fin, d'une fin qui n'en finit pas, parce que la mort est déniée (en tant que catholique, il n'attend pas la mort, mais la fin de la mort). Aussi traque-t-il cette oeuvre de mort: "Le mouvement perpétuel du mourir qu'on tente de nous fourguer sous le nom même de vie, de la même façon que c'est au nom même du vivant qu'on pratique l'avortement, l'eugénisme, l'euthanasie, de quoi témoignent les euphémistiques "interruption de grossesse" et "accompagnement de fin de vie"."

Ce qui le désole, c'est que la fin de l'histoire, "métastase du refus du passé", soit proclamée et voulue par le capitalisme mondialisé - que j'appellerais plutôt capitalisme de connivence avec les États - qui veut substituer aux nations le Marché - que j'appellerais plutôt mondialisme, c'est-à-dire contre-façon éhontée, régulée par les États, du marché des libéraux, où les individus échangent librement entre eux et respectent le principe de non-agression. Cette fin de l'histoire ne serait qu'"un fantasme qui se nourrit de la non-événementialité, c'est-à-dire du vertige d'une fin qui n'en finit pas".

Ce qui le désole, c' est que le Culturel, c'est-à-dire l'alliance du Divertissement et de la Propagande, remplace la culture générale, l'horizontalité la verticalité: "Par son déni de la dimension verticale de la tradition judéo-chrétienne, le Culturel est la conséquence d'Auschwitz, tout comme la vie moderne est, dans son ensemble, Péguy, Bloy, Bernanos, l'ont répété avec force, un refus de toute vie spirituelle, de la dimension surnaturelle de l'histoire."

Il précise: "Déculturation et déchristianisation vont de pair; et les zélotes du parti dévot, les sicaires du Nouvel Ordre Mondial, les thuriféraires du Bien universel sont les héritiers de ceux qui ont rendu possibles le génocide arménien, Auschwitz, le goulag, les Khmers rouges, le Rwanda, et tout ce qui est à venir sur le mode de l'inhumain, de l'amnésie, du reniement de soi que l'incantation démocratique rend acceptables comme abstractions éthiques (l'abstraction comme fatalité de la "masse", redéfinie en concept d'humanité)."

Ce qui le désole, c'est l'avènement de la guerre civile induite par l'idéologie du multiculturalisme (le refus des valeurs du pays d'accueil, manifestation du "vif souci de ne pas s'assimiler, tout en tirant des avantages nationaux", entraîne une coexistence forcée entre personnes de cultures tellement différentes qu'elles ne se mêlent pas et qu'elles sont facteur de guerre civile) et par l'islamisme, allié du capitalisme mondialisé ("la coalition américano-qataro-saoudienne tend à entourer le chiisme d'un cordon sanitaire").

Les premières victimes de cette guerre civile en cours sont les chrétiens d'Orient: "La fin des chrétiens orientaux sera le signe non seulement de notre honte mais aussi la fin de notre civilisation, laquelle est déjà moribonde. Les chrétiens d'Orient meurent silencieusement de ce que nous ne voulons plus être chrétiens."

Ce qui le désole, c'est que l'"oeuvre de mort se joue d'abord sur le terrain du langage". La langue française s'est, semble-t-il, "retournée contre elle-même au point d'inverser ses valeurs fondamentales, sémantiques et syntaxiques" - prélude à sa disparition -, son mouvement naturel d'évolution étant "confisqué par la Propagande, le Spectacle, le babélisme marchand, le sabir: l'absence de phrase comme dimension servile de "l'homme"". Exemple, qui n'est pas anecdotique, de cette mise en oeuvre de mort sur le terrain du langage:

""On s'est couchés": la grammaire contemporaine n'est que l'histoire d'une évacuation, j'allais dire d'une épuration, comme on le voit non seulement pour le subjonctif, le futur simple, les subordonnées, mais aussi pour le nous qui disparaît de l'oral pour s'absenter de l'écrit et imposer le solécisme cité en entrant. On est neutre et de la troisième personne du singulier, et ce pronom ne saurait donc gouverner le pluriel couchés."

Il précise: "Le fantasme d'une langue simplifiée va de pair avec un esprit abaissé ou esclave des maîtres du langage, en l'occurrence les publicitaires qui vont main dans la main avec les politiques, sous l'oeil bienveillant du capitalisme mondialisé dont on ne dira jamais assez qu'il a plus besoin d'un langage que d'une langue."

Tout ce qui désole Richard Millet, et dont il témoigne, fait-il de lui l'être haïssable, classé et étiqueté de méchante manière par les zélotes du parti dévot, comme il les appelle gentiment? J'en doute. Mais, ce dont je suis sûr, c'est que Richard Millet est un écrivain, un véritable écrivain, qui se tient dans la solitude de la langue et à l'écart du courant dominant:

"L'écrivain travaille [...] dans la démonétisation, la déprogrammation, la marge, tout ce que l'on peut résumer sous le nom de forêt." Sa forêt? "Ma forêt, c'est la langue et la singularité que celle-ci déploie dans un monde devenu sourd au grand bruissement forestier de la mémoire ou de l'invisible, du spirituel."

"C'est pour avoir montré le lien entre la fausse monnaie littéraire et le discours multiculturaliste" confie-t-il "que j'ai été détruit socialement, banni, réduit à prendre le chemin de la forêt, ou, plutôt, à me rendre compte moi-même comme sujet radical dans un mouvement où l'objectivation, l'universel sont infiniment menacés par un système qui entend me renvoyer à une forme de solipsisme ou d'enfermement narcissique, alors que je reste tourné vers le dehors, l'immense fraîcheur de l'aurore, avec cette chance qu'est devenue l'inappartenance sociale."

Francis Richard, 3 mai 2015

Solitude du témoin, Richard Millet, 180 pages, Éditions Léo Scheer

Publication commune Lesobservateurs.ch et Le blog de Francis Richard

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mardi, 12 mai 2015 | Lien permanent

Vers un crash économique mondial?

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Vers un crash économique mondial?

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Les économistes classiques distinguent deux niveaux de crise : la récession et la dépression, la première étant passagère (une grippe), la seconde étant plus grave (une pneumonie), comme la crise de 1929. Il existe un troisième niveau, jamais envisagé, à tort, par les économistes officiels : le crash, comparable à un cancer. Mortel. Le dernier en date eut lieu au début du Ve siècle avec l’effondrement de l’Empire romain d’Occident. Il aura fallu près de mille ans pour s’en remettre. Voici quels sont les facteurs de déclenchement possibles de l’ apocalypse économique.

  1. Un mécanisme spéculatif international fondé sur des robots numériques et déconnecté de l’économie réelle.  

Le spéculateur va du fonds de pension au petit épargnant en passant par les banques et autres institutions financières, avec aussi les fonds souverains et les important investisseurs privés. Les bourses ne dépendent plus des ordres concrets des détenteurs d’actions mais les ordres d’achats et de ventes, instantanés, sont définis par des algorithmes informatiques, simplement contrôlés, mais non décidés intelligemment, par des ”financiers” rivés à leurs écrans. Ce sont les milliers de robots interconnectés qui décident de vendre, d’acheter, d’emprunter, de prêter. De gigantesques flux d’argent, hors contrôle et totalement virtuels innervent la planète à une vitesse et avec une instantanéité phénoménales. Cela n’a aucun rapport avec l’économie réelle et peut créer des bulles explosives. Le terme d’ « économie de casino », créé par le prix Nobel d’économie Maurice Allais s’applique aujourd’hui bien plus que de son temps. 

  1. Un système bancaire international opaque et adepte de pratiques dangereuses.

Blanchiment d’argent sale, aide aux fraudes fiscales, prêts pourris… La prudence et l’honnêteté de beaucoup de banques (pas toutes évidemment !) dans tous les pays du monde peuvent être mises en cause. Il en va de même pour les compagnies d’assurance. Les banques des deux premières économies mondiales (États–Unis et Chine) sont particulièrement adeptes de créances douteuses et de pratiques risquées et opaques. L’absence de réorganisation du système bancaire international après l’alerte de 2008–2009 est inquiétante parce que le niveau des créances et d’opérations dangereuses ne cesse d’augmenter.

  1. Un endettement structurel de tous les acteurs économiques mondiaux, publics et privés.

La dette, comme un virus, est au cœur du fonctionnement de l’économie internationale : endettement croissant des États, des entreprises et des particuliers. Cette situation, jamais vue auparavant, est intenable à moyen terme. Si tout le monde emprunte plus qu’il ne peut rembourser, le système s’effondre. Parce que l’ensemble de l’économie mondiale dépense plus qu’il ne produit. Si l’État français est endetté à hauteur de presque 100% du PIB, en hausse constante, l’État chinois l’est à 230% du PIB contre 130% en 2008. Les chemins de fer chinois (China Railway Corp) sont endettés à hauteur de 557 milliards d’euros, plus que la Grèce (311 milliards) !

Pour l’instant, tout tourne mais ça ne durera pas. De plus, le vieillissement des populations occidentales, de la Chine et du Japon va considérablement alourdir la dette globale, du fait des dépenses de santé et de dépendance, si des économies drastiques ne sont pas accomplies par ailleurs par les États. (étude de S&P Global Ratings, mai 2016). L’éclatement de la bulle d’endettement mondial peut provoquer un ”effondrement systémique” : faute de pouvoir être remboursées, la plupart des institutions financières mondiales font faillite. Et entrainent dans leur chute une majorité des acteurs économiques qui sont totalement liés les uns aux autres. C’est le fameux effet domino.

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  1. Une Union européenne plombée par la France socialiste, homme malade de l’Europe

Contrairement à ce que prétendent certains (au FN, etc.), ce n’est pas l’UE, aussi imparfaite soit-elle, qui plombe l’économie française mais le système socio-économique français, d’inspiration marxiste, qui se plombe lui-même… et qui menace toute la zone Euro. Pour l’économiste Nicolas Baverez, la France risque l’ «  implosion » et peut entrainer dans sa chute la zone Euro, ce qui provoquerait une récession mondiale. « Le grand écart entre les deux principales économies de la zone euro (France et Allemagne) est insoutenable à terme ». Les dirigeants français ont toujours « refusé toute réforme d’un modèle économique et social suicidaire ». Si la droite revient au pouvoir en 2017, il est très peu probable qu’elle ait le courage d’accomplir un tournant majeur, en dépit des promesses de chevaux de retour candidats à la primaire. On les connaît…

De plus, indépendamment du cas français, l’UE est menacée de dislocation du fait d’autres causes structurelles : elle constitue un ensemble mal organisé, économiquement et financièrement mal géré, sans frontières, sans politique commerciale extérieure. La France entrainera d’autant plus facilement l’Europe dans son naufrage que cette dernière est déjà un navire qui prend l’eau.   

  1. Les migrations massives et le choc avec l’islam

Ces deux facteurs, qui menacent l’Europe (surtout) et l’Amérique du Nord, sont lourds de conséquences économiques. Une colonisation de peuplement par des populations en grande majorité musulmanes et globalement (qu’ils soient migrants récents ou nés ici) d’un niveau très inférieur aux populations autochtones en déclin démographique dramatique, va être la source d’énormes troubles. Ils s’ajouteront aux causes ethniques et démographiques d’un effondrement économique global et prendront probablement la forme d’une guerre civile, d’abord en France. Cette dernière sera un facteur d’accélération d’un crash économique qui affectera toute l’Europe et, par effet de dominos, le monde entier.     

Quelques signes avant–coureurs de l’effondrement

Tout d’abord le cours de l’or explose : +18% depuis le 1er janvier 2016. C’est une valeur refuge, un placement improductif. 1.290 tonnes d’or ont été négociées depuis cette date, soit 25% de plus qu’en 2015.Chiffre énorme. Le repli sur l’or est de très mauvais augure, il traduit un pessimisme profond, l’attente d’une catastrophe économique.

Ensuite, sur la côte Ouest américaine, paradis des start–up et de l’économie numérique, les investissements ont chuté de 25% au premier trimestre 2016. La Silicon Valley, temple et thermomètre de la ”nouvelle économie”, est en grande difficulté financière. C’est la première fois depuis sa création, voici trente ans. Enfin, les fonds financiers européens et américains ont, depuis quelques mois, retiré 90 milliards de dollars des marchés des actions pour les reporter sur… l’achat d’or. N’oublions pas non plus l’inquiétante récession du Brésil : un PIB en chute de 3,8% en 2015 et probablement autant en 2016 selon le FMI.

L’optimisme forcé, assez irrationnel, sur la ”nouvelle économie numérique”, avec le big data, la blockchain, l’impression 3D, le ”transhumanisme”, etc. qui préfigureraient une ”troisième révolution industrielle” et un nouveau paradigme (et paradis) économique mondial, relève probablement de l’utopie et de l’auto persuasion. Et de la croyance aux miracles.

Les conséquences d’un crash économique mondial

En Europe, un effondrement du niveau de vie d’environ 50% est parfaitement possible, avec le retour de nombreux pays à une économie de subsistance, à la suite d’un déclin géant de tous les échanges et investissements. Certains diront que tout cela sera positif en créant un terrible chaos qui remettra les pendules à l’heure et provoquera par contrecoup un effet révolutionnaire de renaissance.   

Un tel crash pourrait peut-être stopper et inverser les flux migratoires en Europe. On ne sait pas, nous verrons bien. On ne peut pas prévoir les conséquences exactes d’événements qui, eux pourtant, sont prévisibles. Il faut simplement se préparer au pire qui peut aussi être le meilleur.

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jeudi, 26 mai 2016 | Lien permanent

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