Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Patrimoine

J.O. de Paris: le spectacle de la fin des temps, et celui de la honte pour la France

050d4aa3f1dec875057d743540c30464-1721313688.jpg

J.O. de Paris: le spectacle de la fin des temps, et celui de la honte pour la France

Pierre-Emile Blairon

L'Âge de fer

Comme à l'accoutumée, le Prince de ce monde, Satan, dont beaucoup ne perçoivent pas la réalité, et ses suppôts (qui, eux, s'en réclament ouvertement), ne cachent rien de leurs intentions ténébreuses, mais les humains, confortablement installés dans leur déni, n'en veulent rien savoir.

Pd1CzOG8h0zv6md6xYbdMOWnHfON34nEuu6MgFrvR_GPCz21iHdsaugejTvU58QxdQdO6e_fcdJtBT1GLKDYBdnRltObriOM98JtMAB4SIji1hSFah0f_t1tptshiYYo.jpg

Le clou (sic) de ce spectacle préparé pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 fut la chevauchée du cavalier de l'Apocalypse monté sur un cheval de fer (le fer, métal symbolique du dernier âge de notre cycle, le Kali-Yuga), galopant dans les eaux souillées du Styx, le fleuve des Enfers, la Seine en l'occurrence.

Dans le Nouveau testament, ce cavalier est accompagné de trois de ses semblables qui ont pour mission de représenter, en guise d'avertissement au monde, le début de la fin des temps, "la bête de l'événement", dont parlait Macron sur le ton du secret avec son petit sourire narquois.

« Et je regardai, et je vis paraître un cheval de couleur pâle ; et celui qui était monté dessus se nommait la Mort, et l’Enfer le suivait ; et le pouvoir leur fut donné sur la quatrième partie de la terre, pour faire mourir les hommes par l’épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre. » (Apocalypse 6, 1-8)

aya-nakamura-aux-jo-de-paris-2024-le-chef-de-la-garde-republicaine-raconte-les-coulisses-de-leur-duo-detonnant.jpg

Quelques épisodes de ce spectacle abject

La chanteuse (?) Gna gna Kacamura a pris 700.000 euros pour transformer la garde républicaine en danseuses transgenres.

Céline Dion, qui était à l'article de la mort, s'est réveillée brusquement sur son lit d'agonie quand elle a entendu le chiffre de 2 millions d'euros pour pousser une chansonnette ; du coup, elle a troqué ce lit de misère pour celui, plus accueillant, du Royal-Monceau, un palace 5 étoiles parisien. Cette brusque guérison tient du miracle !

La scène de la Cène a travesti, c'est le cas de le dire, en ignominie malsaine et vulgaire un symbole de la religion chrétienne : c'est un blasphème.

Lors du lever de drapeau et de l’hymne des Jeux olympiques, on nous montre une représentation à peine adoucie - une tête de bœuf - du dieu carthaginois Moloch-Baal considéré comme un démon dans la Bible, sans doute à cause des sacrifices qu’il réclamait.

jeux-olympiques-paris-680x383.jpg

Les barbares de la pseudo-Révolution "française" (en réalité, quelques racailles avinées manipulées par les bourgeois d’alors : exactement comme aujourd’hui) ont à nouveau triomphé en décapitant une fois de plus la reine Marie-Antoinette ; ce faisant, c'est la France à qui ils ont coupé la tête sous les yeux de milliards de téléspectateurs faisant comprendre au monde entier que les Français qui approuvaient ces agissements n'avaient rien à envier à leurs homologues islamistes.

Tout au long de ces J.O., le Système mondialo-sataniste, représenté en France par le gouvernement et la majorité des politiciens en place, s'est acharné jusque dans les moindres détails à humilier chaque parcelle de notre sol, chaque pierre de notre patrimoine ; mais aussi à couvrir de honte chaque Français qui a réussi à rester digne, lucide et fier de ses racines immémoriales et de son pays ; ces dissidents ont eu beaucoup de courage en s'ingéniant, au prix de mille difficultés, à passer à travers l'énorme machine de propagande mise en place depuis des dizaines d'années mais qui a révélé toute sa nocivité et sa puissance avec l'apparition des contraintes pseudo-sanitaires en 2020.

8c8a276d92e14c4a80b240b36cc58c4d.jpg

Prochaine étape : la dictature

Paris, à l'occasion de ces "Jeux", a été quadrillé, contrôlé et barricadé par des milliers de barrières et de forces de police venues du monde entier qui nous donnent un petit aperçu du destin tragique de la France et des Français dans les prochaines années. Ce fut, encore une fois, un test de résistance des populations à la soumission.

Cette édition des J.O. à Paris a révélé à quel point la France était la cible de cette secte pédo-sataniste et à quel point notre pays, autrefois le phare du monde - et pour cette raison même - avait été rendu vulnérable par ses dirigeants eux-mêmes qui ont tout fait pour le détruire [1].

Il est vraisemblable que la prochaine étape consistera à mettre en place le régime totalitaire mondial dont rêvent les Schwab, Soros, Gates et autres ploutocrates et transhumanistes, pour réduire les populations à l’état d’esclaves ou de robots (ou les réduire tout court), avec l'aide de leurs laquais locaux partout dans le monde, surtout en Europe, (von der La Hyène) et surtout en France (Macron), la France étant devenu le talon d'Achille, mais aussi la première et la dernière citadelle à défendre, autour de laquelle doivent se regrouper les résistants, en tête Français et Européens, ceux qui ont conservé un statut d'humain digne de ce nom, au milieu de cette marée de zombies hédonistes qui ne rêvent que de s'abîmer dans des fêtes sordides et des jeux malsains.

Résistance !

Seul, un petit groupe réussira à se tenir debout au milieu des ruines, comme l'ont fait en d'autres temps, les Spartiates des Thermopyles, les Francs, les Burgondes et les Aquitains de Charles Martel à la bataille de Poitiers, les légionnaires de Camerone ou les paras de Dien-Bien-Phu; juste pour l'honneur ? Non, pour préparer le nouveau monde quand celui-ci, dans lequel nous survivons, rendra son dernier soupir.

Pierre-Emile Blairon

Note:

[1]. Voir mon article : La France, laboratoire de la secte mondialiste du 3 octobre 2023

Lire la suite

dimanche, 28 juillet 2024 | Lien permanent

Parution du numéro 69 de War Raok

tWE69bnail.jpg

Parution du numéro 69 de War Raok

EDITORIAL

La personnalité historique du peuple 

Communauté ethnique, communauté nationale, communauté d’âmes collectives...

Padrig Montauzier

Origine, permanence de la singularité, projection dans un avenir, telles sont les préoccupations légitimes de toute  communauté ethnique. Et nous, Bretons, qui sommes-nous ? Comment nous définissons-nous dans l’instant et dans la durée ? Nous répondons que nous sommes les membres d’un peuple : le peuple breton. Arrêtons-nous maintenant aux grandes déterminations qui définissent un peuple et le maintiennent dans sa personnalité différenciée, qui sont aussi ce par quoi la société politique internationale doit le reconnaître et le respecter.

Le peuple breton n’est pas une simple population, un agrégat d’individus assemblés par les hasards d’une contrainte politique, les lois d’un marché économique, les liens d’un contrat d’individus, les intérêts matériels transitoires d’une classe ou d’une famille. Il ne se saisit pas dans le moment mais ne se conçoit que dans la double perspective d’un passé et d’un avenir étroitement solidaires et propres à la communauté nationale. Le peuple breton est donc une entité organique qui unit en une communauté les ancêtres, les vivants et les futurs héritiers d’un groupe humain caractérisé par la convergence de traits culturels, historiques et territoriaux, d’une ethnie, ethnie qui est un fait de nature et de culture qui s’étayent et se nourrissent mutuellement.

Plus généralement, l’appartenance à un peuple est d’ailleurs ce qui spécifie en premier lieu un homme et le constitue comme humain, par-delà l’accomplissement des fonctions biologiques. A l’opposé des doctrines marxistes et libérales qui ramènent le peuple à une masse socio-économique, notre vision des peuples voit en eux les constituants premiers de l’espèce humaine. Ses caractères culturels et ethniques définissent ainsi le groupe national. Quant à la nation, elle n’est pas seulement une volonté de vivre ensemble. Elle ne se réduit pas à un contrat entre sociétaires anonymes, simple addition d’individus sans autre dénominateur commun que les clauses limitées de leur calcul. C’est la communauté de l’héritage culturel, répondant à un patrimoine génétique et territorial relativement stable, capable de résister aux vicissitudes de l’histoire.

Concernant la conscience nationale, expression récente, elle est relative à des réalités qui ont souvent varié en fonction des dominantes philosophiques. Le peuple lui, quel que soit son degré de conscience, reste un élément permanent de la vie, bien au-delà du politique. Aujourd’hui la conscience que les peuples ont d’eux-mêmes s’exprime par la réappropriation d’un héritage culturel et son actualisation volontaire.

L’histoire, en particulier, est une forme indispensable de la réalisation nationale. Elle n’est rien d’autre que la conscience du destin d’un peuple dans le temps et l’espace. Elle est ce qui doit être conservé et régénéré pour que nos peuples échappent à la disparition qui les menace. Là est l’enjeu de la « guerre des peuples » contre un système mondial d’arasement qui tente aujourd’hui de figer l’histoire dans une culture planétaire inerte.

La langue, par sa force contraignante, surtout si elle est menacée, façonne l’être collectif du peuple et permet l’expression d’un mode particulier de pensée et d’appropriation du monde. Il est évident qu’elle est un facteur objectif primordial et nécessaire mais non suffisant de l’appartenance nationale.

Mais pour que le peuple se perçoive comme tel et redevienne acteur de son propre destin, il faut que ses caractères objectifs, fussent-ils affaiblis, deviennent les fondements de son vouloir-vivre communautaire, seul capable de transformer la constatation passive de l’existence du peuple en une véritable volonté d’action. Le devenir d’un peuple, de nouveau éveillé, s’inscrit en effet dans le champ de l’expérience historique où se déploient ses possibilités d’action et où s’élaborent les grands mythes nationaux qui constituent sa mémoire.

Nous voilà bien éloignés du « droit à la différence », slogan d’un certain misérabilisme revendicatif, vieille lune, brumes romantiques où s’égarent les régionalistes et leur folklore aseptisé, mais véritable artifice verbal pour éviter de poser les vraies questions, celles de l’appartenance, de la caractérisation et de la réalisation ethno-culturelle d’un peuple particulier dans une civilisation donnée.

Pour conclure, en faisant de nouveau entendre la voix de nos peuples, nous recréerons le sens de leur destinée. 

Padrig MONTAUZIER

42a5361bb601f44a8ae9a65359dd22db.jpg

SOMMAIRE

WAR RAOK N°69

Buhezegezh vreizh page 2

Editorial page 3

Buan ha Buan page 4

Agriculture :

À problèmes bretons, solutions bretonnes page 8

Environnement :

Du dogmatisme climatique à l’effondrement énergétique page 12

L’après Europe Peut-on encore soigner l’âme post-européenne ? Page 14

b1e95d73339bb177f41b1e68d0de4ec2.jpg

Terre de Celtie :

Les Gallois : une nation qui refuse de mourir page 16

Hent an Dazont:

Votre cahier de 2 pages en breton page 21

b66ab61ac421c437a1917d8e264a5b26.jpg

Mythologie celtique :

Le corbeau et les Celtes page 23

Ethnologie :

Défendre son identité n’est pas un crime ! Page 24

jacques-cartier-1.jpg

Grandes figures :

Jacques Cartier, navigateur et explorateur breton page 26

Histoire de Bretagne :

La succession d’Alain Fergent page 29

Culture bretonne :

Le Théâtre Populaire breton page 32

3278e0333063aabc818a23e3b255e4b7.jpg

Nature :

Le cerf, grand ruminant, roi des forêts… page 35

Lip-e-bav :

L’araignée de mer page 37

Keleier ar Vro :

Tro Breiz 2024 page 38

Bretagne sacrée :

Gargouilles et chimères en Bretagne page 39.

Lire la suite

mardi, 16 avril 2024 | Lien permanent

Royaume-Uni mondial

Screenshot-2019-09-27-at-09.29.15.png

Royaume-Uni mondial

par Georges FELTIN-TRACOL

Il faut se méfier des souverainistes. Sous couvert de défendre la souveraineté nationale, la plupart prône, sur le plan intérieur, l’assimilation et donc l’indifférenciation des populations, qu’elles soient autochtones ou immigrées. D’autres contestent, sur le plan extérieur, la politogenèse européenne et souhaitent contourner les projets continentaux en inscrivant leur État dans des processus délétères d’intégration planétaire.

Les cas les plus flagrants se trouvent en Grande-Bretagne. Maints Brexiters, à l’instar de l’ancien premier ministre Boris Johnson, revendiquent une « Global Britain », comprendre une Grande-Bretagne ouverte aussi bien au Commonwealth qu’aux flux déments de la mondialisation sans s’apercevoir que la société britannique elle-même se mondialise en profondeur. Le phénomène atteint toutes les strates sociales, y compris et d’abord la famille royale.

markle-harry-wedding-file-gty-ml-210331_1617198653356_hpMain_16x9_1600.jpg

Elle s’ouvre en effet à cette « diversité » avec le mariage du prince Henry dit « Harry » avec l’actrice afro-américaine Meghan Markle en 2018. Leur fils aîné Archie naît à Londres en 2019 au contraire de sa sœur cadette Lilibet native de Santa Barbara en Californie aux États-Unis en 2021. La réplique de Meghan aux manigances de la « Firme Windsor » est redoutable. Leur fille est par conséquent citoyenne étatsunienne. Au moment de la succession de son grand-père, le roi Charles III, le fisc étatsunien pourra en toute légalité se pencher sur l’immense patrimoine privé du souverain.

L’ouverture britannique à la diversité devient un critère majeur dans la vie politique du Royaume-Uni. Si Benjamin Disraeli (1804 – 1881) offrit à la reine Victoria le titre d’impératrice des Indes, il pensa surtout à transférer la capitale de l’Empire mondial britannique de Londres en Inde. Son vœu se réalise en partie avec l’arrivée en octobre 2022 d’un hindouiste à la tête du gouvernement de Sa Très Gracieuse Majesté. Rishi Sunak prête serment sur les textes sacrés de l’hindouisme. Une première ! Toutefois, si Anthony Blair s’est converti au catholicisme après avoir été premier ministre de 1997 à 2007, son épouse Cherie appartenait déjà au catholicisme. Quant à Boris Johnson, il a été le premier catholique depuis le schisme anglican au XVIe siècle à occuper le 10, Downing Street. Par ailleurs, l’épouse du Prime Minister, Akshata Murty, ne détient pas la citoyenneté britannique. Plus anecdotique, la fille de la cinquième fortune de l’Inde a dû expliquer son exemption fiscale.

sadiq-khan-696x580.jpg

D’origine pakistanaise, le travailliste Sadiq Aman Khan (photo) est le maire de la métropole de Londres depuis 2016. À l’aune de ces personnalités, Sadiq Khan  apparaît en précurseur. Certes, malgré l’intermède Johnson entre 2008 et 2016, l’actuel maire a bénéficié du gouvernement municipal londonien de Ken Livingstone dit « Ken le Rouge » (2000 - 2008). Cet ancien trotskyste contribua à la formulation d’un islamo-gauchisme anglophone qui imprègne dorénavant de façon durable la vie politique outre-Manche.

10c49fa_5858483-01-06.jpg

Outre une visibilité accrue tant dans les ministères britanniques que dans le cabinet-fantôme travailliste de Keir Starmer, force est de relever l’accélération de cette tendance. Successeur de la « Dame d’Écosse » Nicola Sturgeon (2014 – 2023), Humza Yousaf (photo)est devenu l’an dernier le chef des indépendantistes du SNP (Parti national écossais fortement wokiste) et donc le premier premier ministre écossais  d’origine indo-pakistanaise. Ce musulman dont l’épouse, Nadia Maged El-Nakla, a un père palestinien, a occupé diverses fonctions ministérielles (secrétaire à la Justice, puis à la Santé) marquées par des atteintes fréquentes et répétées aux libertés publiques. Le First Minister a ainsi une fâcheuse propension à promulguer des lois si liberticides qu’elles rendent les lois Pleven et Gayssot presque supportables… Qu’il dirige le SNP confirme que, souvent, le souverainisme sans arrière-plan spirituel, ethnique et culturel solide va à l’encontre des identités populaires, enracinées et vernaculaires.

_116139873_gettyimages-1230122354.jpg

Récemment, en mars 2024, le premier ministre du gouvernement semi-autonome du Pays de Galles, Mark Drakeford, a démissionné. Les élus travaillistes gallois se tournèrent alors vers Vaughan Gething (photo). Originaire de Zambie, il naît à Lusaka. La médiacratie a célébré cette désignation qui lui permet d’être le premier Noir à diriger un gouvernement local en Europe. En réalité, comme pour Barack Obama, Vaughan Gething est un métis, son père étant Gallois. 

Il faut enfin ajouter à ce tableau pittoresque en ethnicité composite que Michelle O'Neill, du Sinn Fein, co-dirige après une suspension politique de deux ans environ l’Irlande du Nord avec l’unioniste orangiste Emma Little-Pengelly. Michelle O'Neill cumule pour sa part deux premières : être la première femme et la première républicaine à gouverner l’Ulster.

1200px-Enoch_Powell_6_Allan_Warren.jpg

En mettant de côté la spécificité de l’Irlande du Nord, les exemples de Rishi Sunak, de Humza Yousaf, de Vaughan Gething et de Sadiq Khan démontrent autant la défaite posthume que la justesse d’analyse d’un visionnaire. Enoch Powell a perdu une évidente carrière politique prestigieuse qui l’aurait très certainement conduit au poste de premier ministre à la place de Margaret Thatcher en 1979 s’il n’avait pas prononcé son discours d’avril 1968 avertissant des conséquences de l’immigration de peuplement. Il s’opposait aussi au nom de l’unité nationale britannique à toute dévolution accordée à l’Écosse, au Pays de Galles et à l’Irlande du Nord. Difficile cependant de s’abstraire de la réalité de quatre nations qu’on retrouve régulièrement dans les équipes de football et de rugby. Le petit peuple brexiter d’origine albo-européenne ne supportait plus en 2016 la pesante bureaucratie pseudo-européenne. Il se retrouve désormais victime d’une submersion multiraciale inouïe. Pourrait-il espérer dans les héritiers immédiats de Charles III ?

En 2011, le prince Guillaume dit « William » - qui ne parle pas le français - épouse Catherine Middleton dont le grand-père aurait été un mineur gallois. Les Middleton sont pourtant liés aux milieux aristocratiques dès le début du XXe siècle. Ce mariage aurait en tout cas ravi Benjamin Disraeli. Ce conservateur favorable au chartisme œuvrait à l’entente entre l’aristocratie et les classes populaires, principalement ouvrières, contre la bourgeoisie triomphante et les classes moyennes montantes. L’alliance matrimoniale entre un héritier apparenté aux principales dynasties européennes et une femme issue d’une famille enrichie pourrait devenir l’ultime point d’appui politique de leur fils aîné George quand celui-ci régnera peut-être sur un Royaume-Uni wokisé, mosaïque ethnique, sur-individualisé et ultra-consumériste.

En attendant, la patrie du roi Arthur semble avoir définitivement pris le Grand Large du remplacement démographique.  

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 112, mise en ligne le 23 avril 2024 sur Radio Méridien Zéro.

Lire la suite

dimanche, 28 avril 2024 | Lien permanent

L'homoncule des Britanniques au Kosovo et dans la ”Grande Albanie”

kosovo-albanie-drapeau-carte-idee-cadeau-cool-t-shirt-homme.jpg

L'homoncule des Britanniques au Kosovo et dans la "Grande Albanie"

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/article/britanskiy-gomunkul-v-kosovo-i-velikaya-albaniya

La semaine dernière, deux événements radicalement opposés ont eu lieu en Serbie. En Serbie même, le 25ème anniversaire de l'opération à laquelle ont participé des parachutistes russes pour s'emparer de l'aérodrome de Slatina à Pristina, ce que l'on a appelé la "Marche sur Pristina", a été célébré de manière dispersée. Cet événement a aussi été largement couvert par la presse russe.

Mais dans la partie non contrôlée par Belgrade, connue sous le nom de république autoproclamée du Kosovo, on a honteusement gardé le silence sur cet événement. En revanche, ils ont célébré avec faste l'entrée des troupes de l'OTAN sur le territoire (ces mêmes troupes n'ont d'ailleurs pas pu empêcher une colonne de véhicules blindés russes de pénétrer sur l'aérodrome).

i4_spb.jpg

De nombreux invités étrangers sont également arrivés à Pristina. Parmi eux, l'ancien Premier ministre britannique et criminel de guerre Tony Blair, en perte de vitesse depuis des années, s'est prononcé en faveur des séparatistes.

L'ancien président américain Bill Clinton a souligné dans un de ses messages sur X qu'"il y a 25 ans, les États-Unis ont mené une campagne aérienne alliée sous l'égide de l'OTAN, laquelle a réussi à chasser les forces serbes, mettant fin à une décennie de répression et à une campagne brutale de nettoyage ethnique et mettant ainsi un terme à la guerre au Kosovo. Aujourd'hui, je rends grâce pour ces 25 années de paix au Kosovo".

Notez la manipulation sans principe des faits concernant une décennie de répression qui n'a jamais eu lieu. Bien entendu, il n'a rien dit du soutien apporté par les services de renseignement américains aux terroristes de l'Armée de libération du Kosovo.

Le président du Kosovo, Vjosa Osmani, s'adressant à une réunion solennelle de l'Assemblée du Kosovo, le même jour, a déclaré que lorsque les troupes de l'OTAN sont entrées sur le territoire du Kosovo, elles n'étaient pas seulement composées de soldats, mais aussi de sauveurs. "Lorsque les soldats de la paix ont foulé la terre du Kosovo sanglant, écrasé et détruit, les larmes, les cris et les fleurs se sont transformés en étreintes pour accueillir les soldats de l'OTAN, ils ont créé une symphonie d'émotions de liberté". En ce jour, "nous nous souviendrons de la résistance obstinée du président Ibrahim Rugova pour conserver la liberté, l'indépendance et la démocratie, ainsi que des alliances solides qu'il a construites".

Une image positive de l'OTAN est plus que jamais nécessaire pour soutenir l'ancien discours sur le maintien de la paix, ce qui explique pourquoi de nombreux médias occidentaux se sont activement emparés des événements d'il y a 25 ans. En outre, c'est l'occasion d'une nouvelle diabolisation de la Serbie et des Serbes, ce que l'Occident fait méticuleusement et régulièrement.

Il est révélateur que la veille, Osmani se soit rendu aux États-Unis pour s'exprimer à l'ONU et qu'il ait utilisé un passeport serbe pour ce faire. Ce fait a été porté à l'attention du président serbe Aleksandar Vucic. Un tel acte n'est pas aussi poétique qu'un discours pathétique devant le parlement d'un pseudo-État séparatiste, mais témoigne d'une hypocrisie typique.

En ce qui concerne les alliances susmentionnées, il est révélateur que même l'ONU jette de l'huile sur le feu du séparatisme en encourageant le développement d'"institutions" au Kosovo. Ainsi, le site web du programme de développement de cette organisation marque le 25ème anniversaire de la célébration de sa présence au Kosovo. Non pas au Kosovo-Metohija, comme cette région est officiellement désignée dans la Constitution de la Serbie, mais spécifiquement au Kosovo. Et il n'y a pas un mot sur cette page à propos de ce qui a été fait contre les Serbes qui vivent maintenant dans un environnement hostile, ainsi que de la préservation du patrimoine culturel de la région (un certain nombre d'églises et de monastères y sont officiellement protégés par l'UNESCO).

albin-kurti-i-prere-kosova-nuk-e-pranon-asociacionin-e-komunave-serbe-si-kusht-per-anetaresim-ne-kie.jpg

Mais le personnage le plus odieux du monde politique albanais est aujourd'hui le "chef du gouvernement" du Kosovo, Albin Kurti (photo). Lors d'une cérémonie à Pristina, il a déclaré que le 12 juin "suscite de nombreuses émotions chez le peuple du Kosovo, les principales étant le soulagement, la joie et l'espoir". Trois jours auparavant, il avait déclaré que "nous avons un problème avec Belgrade, qui n'a pas pris ses distances avec Milosevic dans le passé ou avec Poutine dans le présent". Il s'agissait de son évaluation d'une réunion entre les dirigeants de la Serbie et de la Republika Srpska en Bosnie-Herzégovine, au cours de laquelle ils ont adopté une déclaration commune considérant le Kosovo comme une partie intégrante de la Serbie.

Toutefois, il existe une différence significative entre les précédents dirigeants de la province sécessionniste et l'actuel. Kurti est issu des services de renseignement britanniques, qui l'ont nourri dès ses années d'études. Pendant le conflit de 1999, Kurti était l'un des dirigeants de l'union des étudiants de l'université de Pristina et s'est tenu à l'écart du conflit armé. Il a toutefois été l'assistant politique du célèbre idéologue séparatiste albanais Adem Demaci, qualifié de dissident en Occident et même comparé à Nelson Mandela.

Kurti a passé environ deux ans et demi dans une prison yougoslave pour séparatisme, mais a été gracié par Vojislav Kostunica sous la pression des pays occidentaux.

Par ailleurs, l'épouse de Kurti, Rita Augestad Knudsen, est norvégienne et travaille dans la recherche sur la défense et la sécurité (ce qui rappelle les précédents où il y avait également procuration donnée par les puissances anglo-saxonnes aux épouses des anciens présidents de Géorgie et d'Ukraine, Mikhaïl Saakashvili et Viktor Iouchtchenko).

Il est révélateur que, dès le Kosovo sécessionniste, Kurti ait eu des problèmes répétés avec le pouvoir, ce qui suggère une lutte entre factions, entre différentes forces - respectivement les États-Unis et la Grande-Bretagne - qui se profilent derrière lui. Après son accession au poste de premier ministre en 2020, ses ambitions ont déjà été extrapolées à l'Albanie voisine, où un mouvement a été spécifiquement enregistré sous son égide. C'est pourquoi le premier ministre albanais Edi Rama n'a même pas interagi avec Albin Kurti lors de sa visite protocolaire au Kosovo.

Bien que la personnalité d'Albin Kurti soit dénoncée par ses opposants comme celle de l'homme politique le plus autoritaire, le plus corrompu, le plus inculte et le plus antidémocratique, sa popularité demeure assez élevée.

Après tout, les Albanais, non seulement en Albanie mais aussi sur le territoire de la Serbie, de la Macédoine et du Monténégro, se considèrent comme un tout, indépendamment de leur religion, de leur statut social et de leurs opinions politiques. Ce projet ethno-nationaliste est connu sous le nom de "Grande Albanie", et l'élection de M. Kurti au poste de "premier ministre" du Kosovo a déjà été considérée comme le signe d'une nouvelle escalade des conflits avec les voisins et d'un endoctrinement plus sévère.

Apparemment, c'est vers cela que les choses se dirigent maintenant. La réticence de Kurti à résoudre la question des municipalités serbes de quelque manière que ce soit et sa création délibérée de nouveaux problèmes pour les Serbes du Kosovo et de Metohija en sont la preuve.

Lire la suite

lundi, 01 juillet 2024 | Lien permanent

Gentile toujours actuel. Quatre-vingts ans après sa mort tragique 

ob_c1189e_giovanni-gentile.jpg

Gentile toujours actuel. Quatre-vingts ans après sa mort tragique 

par Pierfranco Bruni

Source: https://www.destra.it/home/attualita-di-gentile-a-ottantanni-dalla-tragica-morte/

Quatre-vingts ans se sont écoulés depuis l'assassinat de Giovanni Gentile. Le philosophe qui fut ministre de l'éducation et qui a porté l'humanisme au centre de l'existence. La politique n'est pas une simple pensée. Ce n'est pas seulement une idée. C'est une valeur. En tant que telle, anthropologiquement, elle place au centre la dimension d'un humanisme de la culture, dans lequel le concept de Raison n'a de sens que s'il interagit avec la vision historique de la Tradition.

Je parle de la Tradition, qui compte constamment avec une Mémoire qui interagit avec l'Identité non pas d'un pays, mais d'une Nation. Attention: Nation et nationalisme sont deux termes complètement différents, voire divergents. La Nation est l'héritage d'une civilisation philosophique et ontologique. Un sens et un signifiant qui pourraient également être considérés comme une voie phénoménologique au-delà de Hegel lui-même. Et il est certain que dans la politique tout court, il y a des philosophies qui dialoguent avec une culture qui a une voie métaphysique ou la métaphysique comme principe directeur.

4082687-gf.jpg

Nous reparlerons de Giovanni Gentile. Au-delà de la pensée unique et dans le cadre d'un humanisme puisé chez Vico qui place l'homme et la spiritualité au centre, dans lequel l'homme n'est pas seulement Raison mais patrimoine religieux. Et en tant que telles, les "raisons" historiques sont éloignées de l'économie matérialisée en tant que "chose" ou en tant que praxis. La signification du terme "chose" n'a jamais été expliquée. Il ne fait pas partie intégrante de la philosophie historique dite idéaliste, et encore moins d'une philosophie métaphysique au-delà de la modernité. Dans une dimension de la pensée contemporaine, Gentile reste un point de référence. Il est le philosophe ! Le philosophe de l'immanence. Giovanni Gentile est né à Castelvetrano le 30 mai 1875 et est mort assassiné à Florence le 15 avril 1944.

Parmi ses œuvres, je ne citerai que la suivante : "La réforme de la dialectique hégélienne", "La philosophie de la guerre", "Théorie générale de l'esprit comme acte pur", "Les fondements de la philosophie du droit", "Système de logique comme théorie de la connaissance", "Guerre et foi", "Après la victoire", "Discours sur la religion", "Le modernisme et les rapports entre religion et philosophie", "Fragments de l'histoire de la philosophie", "La philosophie de l'art", "Introduction à la philosophie", "Genèse et structure de la société", (publié deux ans après son assassinat).

9782296016569.jpg

Les exercices du plat philosophique "justicialiste" n'appartiennent pas à la Tradition de la culture philosophique humaniste qui trouve chez Marsile Ficin et Vico, précisément, le chemin fondateur entre l'intelligence, la recherche et la créativité. Le justicialisme en philosophie est la leçon d'un Robespierre qui a utilisé les Lumières comme le mensonge d'une saison "éclairée". Fiction et massacre. La tradition, c'est la culture. La culture philosophique consiste à renouveler la tradition de la pensée dans le temps de l'être et du temps. C'est un processus qui, à l'ère moderne, naît des valeurs et non de l'idéologie. Nous sommes dans Gentile et au-delà du Stoïcisme.

Le philosophe n'est pas celui qui exprime une idéologie. Il est l'idée dans la pensée. Que cela vous plaise ou non, les cours et les recours de Vico à Gentile sont des processus qui s'inscrivent dans l'humanisme des peuples. La Tradition est une civilisation qui a trouvé précisément en Giovanni Gentile (le philosophe le plus important du vingtième siècle), ce point de référence qui a fait entrer dans les processus de la Pensée elle-même l'Homme avec son héritage, son identité, ses appartenances.

9782296078437r.jpg

Je reste cependant convaincu que Tradition ne signifie pas conservation. Il s'agit là encore d'un fait anthropologique. Je ne suis pas un conservateur en termes politiques. Je suis un traditionaliste qui lit dans la révolution l'innovation constante de la Tradition métaphysique. L'homme et la civilisation ont trouvé dans la Renaissance le prolongement de l'Humanisme. La philosophie de Gentile est une tradition métaphysique et, à partir de cette dimension, la culture est l'expression réelle de modèles dialectiques qui renvoient à un lexique qui utilise la valeur supplémentaire qu'est la Liberté dans la connaissance.

237888590.jpg

Parler de démocratie est subjectif et non objectif. C'est un mot élastique. Vous l'élastifiez à votre guise. Populaire et démocratique restent deux termes qui tendent un miroir aux hommes réellement libres. Mais la liberté, c'est beaucoup plus. Elle est bien plus que cela. Gentile, c'est la culture de la liberté, ou plutôt la Pensée dans la culture de la liberté de l'homme en tant qu'Être de l'humanisme. Le reste n'est que rhétorique ancienne d'un idéologisme qui n'a d'autre élément que la démagogie. Gentile est dans le sens du métaphysicien qui va au-delà de l'histoire pour définir la pensée comme un processus humain.

Lire la suite

samedi, 06 avril 2024 | Lien permanent

La Russie et l'importance du corridor de transport international Nord-Sud

uninstc.jpg

La Russie et l'importance du corridor de transport international Nord-Sud

Simon Westwood

Source: https://journal-neo.su/2024/08/14/russia-and-the-importance-of-the-north-south-international-transport-corridor/

La Russie et ses habitants sont bénis par la providence ; l'immensité du paysage et l'abondance de toutes sortes de ressources naturelles sont aujourd'hui et ont toujours été une source de puissance et de prestige pour la Russie. L'histoire révèle que l'immensité du paysage ne fournit pas seulement des ressources, mais qu'elle constitue également une grande source de défense naturelle de la Russie contre les agresseurs. Toutefois, outre ces bienfaits naturels, les voisins belliqueux de la Russie ont toujours essayé de contenir l'ascension de la Russie vers le progrès et la prospérité.

La Russie et son voisinage

À l'heure actuelle, les voisins de la Russie s'efforcent de contenir les échanges commerciaux de Moscou et sa connectivité avec le Sud. Si nous regardons la carte, nous constaterons que l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) empiète constamment sur les frontières de la Russie. Saint-Pétersbourg n'est qu'à quelques kilomètres de l'OTAN. La mer Baltique est envahie par la présence navale et aérienne de l'OTAN et de ses Alliés. Les systèmes de surveillance de l'OTAN suivent de très près les navires militaires et civils russes dans la mer Baltique, et les avions des systèmes aéroportés de détection et de contrôle (AWACS) brouillent les communications civiles de la Russie. En outre, la mer du Nord est à nouveau un point névralgique des forces alliées et de l'OTAN désireuses d'entraver le commerce maritime de la Russie. Les forces alliées et de l'OTAN créent constamment des problèmes pour les navires russes et violent les normes et valeurs internationales établies.

De même, les forces alliées et de l'OTAN créent des problèmes pour le commerce maritime russe en mer Celtique. Il convient de rappeler ici que les forces de l'OTAN et des Alliés ont une présence formidable en mer Méditerranée, en mer Rouge et en mer d'Arabie.

La présence des Alliés et de l'OTAN en mer Baltique, en mer du Nord, en mer Celtique, en mer Méditerranée, en mer Rouge et en mer d'Arabie revêt une grande importance stratégique. Ces masses d'eau contiennent des routes commerciales internationales très importantes et, aux yeux du droit international et de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS), ces eaux sont le patrimoine collectif et partagé de tous les êtres humains, sans aucune discrimination.

Corridor de transport international nord-sud

En violant de manière aussi flagrante le droit international et la convention des Nations unies sur le droit de la mer, l'OTAN fait en sorte que la Russie est devenue pleinement consciente de la nécessité de protéger ses intérêts nationaux et de contourner les défis posés par les forces alliées et les forces de l'Alliance atlantique. Le corridor international de transport nord-sud (INSTC) est une alternative possible pour éviter la confrontation et la belligérance avec l'Occident. L'INSTC part de Moscou, atteint Volgograd et, de là, emprunte deux itinéraires. La première passe par la mer Caspienne et la seconde par la voie terrestre, d'Astrakhan à Bakou, en Azerbaïdjan. De là, il a l'intention d'entrer en Iran et de relier Bandar Abbas et le port de Chabahar. L'itinéraire vise ensuite à relier ces deux ports maritimes au port maritime indien de Mumbai.

L'INSTC a été initialement signé entre la Russie, l'Iran et l'Inde en 2001 pour développer la route. L'objectif était d'acheminer des marchandises entre la Russie, le Caucase, l'Asie centrale, l'Europe et l'Asie du Sud par bateau, par chemin de fer et par voie terrestre. Le projet INSTC comprend l'Azerbaïdjan, l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, Oman, le Tadjikistan, la Turquie et l'Ukraine.

L'INSTC et le CPEC

Le corridor international de transport Nord-Sud (INSTC) réduit de moitié la distance qui sépare les pays du Sud de la planète et les délais d'expédition seront ramenés à 15 jours, contre 45 auparavant. Le charbon russe pourrait ainsi atteindre l'Inde et, ce faisant, l'Iran pourrait gagner des milliards de dollars en frais de transit et d'expédition. En outre, le charbon russe et d'autres hydrocarbures pourraient également être transportés vers la Chine en utilisant les mêmes lignes maritimes. Si le Pakistan parvenait à un accord avec les Iraniens, les produits russes pourraient atteindre la Chine en empruntant le corridor économique Chine-Pakistan (CPEC) ; cependant, apparemment, aucune discussion de ce type n'a eu lieu entre le Pakistan, la Chine et l'Iran. Les sanctions occidentales à l'encontre de l'Iran pourraient peut-être entraver l'accord susmentionné. Quoi qu'il en soit, avec ou sans CPEC, les industries ferroviaires et maritimes iraniennes pourraient bénéficier momentanément de l'INSTC.

Conclusions

En d'autres termes, l'INSTC est une option en or pour le Sud mondial afin d'améliorer la connectivité régionale et même extrarégionale. L'OTAN et les forces alliées doivent comprendre que la Russie est une grande puissance et qu'elle a tout à fait le droit de préserver ses intérêts nationaux. L'entrave et l'endiguement de la Russie ne fonctionneront pas. Le Sud mondial assoiffé d'énergie a besoin des ressources naturelles russes, et l'INSTC est l'occasion idéale de nourrir le Sud mondial.

La Russie crée d'autres options stratégiques pour toutes les nations du monde et, avec ses partenaires mondiaux, ce rêve pourrait devenir réalité. L'INSTC est une grande initiative stratégique qui a le potentiel de changer la vie des pays du Sud. De telles initiatives devraient être appréciées et adoptées pour le plus grand bien de toutes les nations.

Simon Westwood - est étudiant en master à la Dublin City University (DCU), Irlande. Il est également assistant de recherche au département d'histoire de la DCU, exclusivement pour « New Eastern Outlook »

Lire la suite

dimanche, 18 août 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

L'escroquerie monétaire mondiale

L’escroquerie monétaire mondiale

Par Eberhard Hamer (N.B. : cet article date de 2005)

La manipulation actuelle des systèmes de la monnaie et des changes constitue le scandale le plus important et aux conséquences les plus marquées de notre époque. Pour la première fois, l’escroquerie monétaire atteint des dimensions mondiales, car elle a lieu sur toute la planète, elle ne peut plus être contrôlée, arrêtée ou empêchée par aucun gouvernement et elle a même lieu de manière formellement légale, conformément à des lois nationales désuètes.

Toutefois, il est certain que l’escroquerie monétaire, comme toute autre escroquerie, ne peut pas enrichir à long terme les malfaiteurs par l’appauvrissement de leurs victimes, puisque l’on ne peut abuser d’aucun système monétaire libéral à long terme.

Selon la théorie financière, la monnaie est un moyen d’échange légalisé, qui conserve de surplus sa valeur. C’est pourquoi elle était jadis un monopole de l’État (droit de battre monnaie). Les pièces d’or, d’argent et de cuivre qui circulaient comme monnaie étaient battues par l’État. Celui-ci garantissait aussi la pureté du métal et le poids des monnaies, de sorte que l’on savait à tout moment, dans le pays comme à l’étranger, quelle était la valeur de chaque pièce. Ainsi, les pièces de monnaie étaient simultanément moyen d’échange et valeur durable.

• Mais pour battre monnaie, l’État doit avoir de l’or et de l’argent. Il était donc important qu’il disposât de mines d’argent, par exemple (Rammelsberg près Goslar), ce qui lui permettait de battre des monnaies supplémentaires en argent. Inversement, les citoyens savaient que l’État ne pouvait battre monnaie que dans la mesure où il disposait des métaux précieux correspondants. L’approvisionnement en métaux précieux était donc la base de la monnaie de métal précieux en circulation (monnaie d’or en circulation).

De la monnaie réelle à la monnaie fiduciaire

Cependant, des princes ont toujours tenté de se procurer davantage de monnaie qu’ils n’avaient de métal précieux, en réduisant la part des métaux précieux dans l’alliage des pièces. Il en est résulté que les marchands et bourgeois ont cédé la mauvaise monnaie, mais gardé la bonne jusqu’au moment où, tous étant au courant, il a fallu refondre la mauvaise monnaie. Des pièces d’or ont circulé jusqu’à la Première Guerre mondiale.

• Une monnaie d’or en circulation a, cependant, l’inconvénient que l’augmentation de l’or n’atteint pas la croissance économique, de sorte qu’un manque d’or déflationniste peut empêcher une forte croissance économique. C’est pourquoi de nombreux États sont passés à une monnaie d’or indirecte : ils disposaient d’un trésor d’or d’un certain montant en or, à partir duquel ont été émis des billets de banque qu’il était plus aisé de transporter, de compter et de détenir en grande quantité. Leur valeur résultait de la faculté de présenter à tout moment les billets à la banque centrale et de les y échanger contre la quantité correspondante d’or ou d’argent (billets convertibles en métal précieux). De cette manière, l’État pouvait émettre davantage de monnaie fiduciaire qu’il ne possédait de métal précieux, peu de détenteurs de monnaie insistant d’habitude sur l’échange de billets en or. Normalement, un volume de moins de 10% d’or suffisait à un volume de billets de 90%.

• Le système fonctionnait dans le monde entier. En effet, des pays dépourvus d’or garantissaient aux détenteurs de leurs billets un cours fixe de change, par rapport aux monnaies convertibles en or. Tant que cette garantie de change existait, les bourgeois étaient certains de pouvoir échanger – à vrai dire, par le biais d’un double échange (étalon de change-or) – leur monnaie fiduciaire contre des pièces de métal précieux et avaient ainsi, tout au moins, une garantie indirecte de la valeur de leur monnaie.

De la monnaie d’État à la monnaie privée

L’étape décisive menant à l’abandon de la monnaie d’État a été la fondation, en 1913, du Système fédéral de réserve des États-Unis. Bien que la constitution américaine ne prévoie que l’or et l’argent comme monnaies légales, un cartel fondé par des banques privées et dirigé par les deux grands groupes financiers, Rothschild et Rockefeller, a créé une banque centrale privée ayant droit d’émettre sa propre monnaie, devenue moyen légal de paiement et garantie, initialement, par le gouvernement des États-Unis. Après la Première Guerre mondiale, cette banque privée a racheté les réserves d’or mondiales. Il en est résulté que de nombreuses autres monnaies n’ont plus pu maintenir leur étalon-or et ont sombré dans la déflation (première crise économique mondiale).

• A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’instauration d’un nouvel étalon dollar-or a été donc décidée en 1944, à Bretton Woods. Pendant la guerre mondiale, les États-Unis ont exigé des belligérants le paiement d’armements en or. L’or de l’Allemagne a dû être remis comme butin. Ainsi, plus de 30000 tonnes d’or, venant du monde entier, se sont accumulées aux États-Unis, soit davantage que dans tous les autres pays réunis. Cet or a servi de couverture au dollar. Mais comme les banques centrales du monde détenaient une grande partie des dollars à titre de réserves monétaires, les États-Unis ont pu émettre davantage de monnaie que leur quantité d’or. L’étranger avait en effet besoin de dollars pour acheter les matières premières, traitées uniquement en cette monnaie. Outre l’or, le dollar est donc devenu, toujours davantage, une réserve monétaire des autres banques centrales. Le règne du dollar sur le monde avait commencé.

• En 1971, le président des États-Unis, Richard Nixon, a supprimé l’obligation de convertir le dollar en or (étalon dollar-or) et, simultanément, la responsabilité de l’État à propos du cours du dollar. Depuis lors, la devise américaine n’est plus couverte, ni par de l’or, ni par la garantie de l’État, mais demeure la monnaie privée libre du Système fédéral de réserve (la Fed). Le dollar et toutes les autres monnaies du monde ne conservent, par conséquent, plus de valeur, mais sont de simples moyens de paiement imprimés et légalisés.

• Si la loi peut obliger à accepter une monnaie non couverte comme moyen d’échange, il ne peut en faire de même comme moyen de conservation de la valeur. Dans ce cas, la confiance du détenteur de billets, [en le fait] que la valeur de sa monnaie est assurée à long terme, est nécessaire. A son tour, le cours à long terme – la confiance – d’une monnaie flexible, dépend uniquement de la rareté de cette monnaie, ou du volume de la masse monétaire. Le problème est que la masse des biens n’a que quadruplé durant les trente dernières années, alors que la masse monétaire s’est multipliée par quarante.

• Or, une augmentation de la masse monétaire implique toujours de l’inflation. Et l’inflation entraîne une dévalorisation de la monnaie. On a recouru à trois solutions pour résoudre ce problème :

Dès la fondation de la Banque fédérale d’Allemagne, la science financière allemande avait exigé l’établissement d’un «quatrième pouvoir» en faveur de l’institut d’émission, pour permettre à celui-ci de résister aux pressions visant à un excès de masse monétaire et, partant, de se fier au maintien de la valeur monétaire. En fait, la Banque fédérale était tenue, de par la loi, de préserver la valeur du mark (théorie de la monnaie neutre) et était indépendante de l’État dans une forte mesure. Dans ces conditions, le mark, monnaie la plus stable du monde, a été utilisé, toujours davantage, comme monnaie de réserve et monnaie de placement.

La plupart des autres États ont préféré une monnaie axée sur la quantité. Ils ont obligé leurs banques centrales à déterminer leurs masses monétaires d’après certains objectifs, tels la croissance économique ou le plein-emploi. La politique nationale a profité de cette évolution pour exercer son influence sur la banque centrale et sur la monnaie, ce qui a régulièrement entraîné une inflation de la masse monétaire (exemples : France, Italie, Espagne).

En revanche, la plupart des dictatures des pays en voie de développement, et la Fed, ont préféré une «monnaie quantitativement libre», c’est-à-dire une monnaie dont les excès, par la politique ou les propriétaires privés du Système de réserve, ne sont pas limités par la loi. Une «monnaie quantitativement libre» a toujours signifié «monnaie dont on peut abuser librement» et n’a jamais fonctionné à long terme.

Point essentiel, il ne faut pas sous-estimer les tensions auxquelles sont soumis les cours des changes, lorsque évoluent parallèlement des monnaies, tel le mark, dont les banques d’État émettrices préservent la valeur, et des monnaies de banques d’État assujetties, voire de banques privées, qui sont manipulées selon les objectifs de l’émetteur : comme la Banque fédérale d’Allemagne a maintenu la valeur du mark relativement stable et que celle d’autres monnaies importantes a diminué, toujours plus fortement, en raison de l’augmentation de la masse monétaire et de l’inflation, les détenteurs de monnaie se sont efforcés, tout naturellement, d’investir à long terme en monnaies fortes et d’éviter les monnaies faibles.

• Depuis lors, aucune monnaie du monde n’a plus quelque base de valeur que ce soit, la monnaie mondiale s’est détachée de toute valeur réelle, les billets sont imprimés sans arrêt et leur valeur diminue continuellement, en raison de leur augmentation constante. Si les gens croient toujours que le papier-monnaie qu’ils détiennent a une valeur fixe, cela résulte de manipulations habiles des changes, donnant l’illusion d’un rapport de valeurs. De fait, les changes sont manipulés par les groupes qui engendrent aussi l’augmentation de la masse monétaire.

• Pratiquement, le Système fédéral de réserve privé, guidé par la haute finance des États-Unis et appartenant à celle-ci, a atteint l’importance d’un système de monnaie mondiale :

Le dollar, monnaie privée de la Fed, domine déjà le monde, de par sa masse monétaire. Plus de 75% de la monnaie mondiale sont des dollars.

La haute finance des États-Unis a obligé aussi les marchés des matières premières, qu’elle contrôle, à ne vendre leurs produits qu’en dollars. Qui ne vend pas son pétrole contre des dollars sans valeur, est déclaré terroriste (Saddam).

Les banques centrales des autres pays ont été également forcées d’accepter des dollars comme réserves monétaires, dans des proportions croissantes (plus de 90% dans le cas de la Banque centrale européenne). La valeur des autres monnaies – tel l’euro – découle donc, à raison de plus de 90%, de billets en dollars sans valeur, ne reposant que sur la puissance et la volonté de la haute finance américaine.

Les banques centrales étrangères ont été amenées, avec ou sans douceur (Suisse), à céder ou à «prêter» leurs réserves d’or contre des dollars. Ainsi, l’or du monde s’est de nouveau concentré, comme avant la première crise économique mondiale, chez les propriétaires de la Fed, de sorte qu’un système de l’étalon-or ne pourrait être réinstauré que conformément à leur volonté et qu’ils feraient l’affaire du siècle, du simple fait d’une réforme monétaire entraînant une nouvelle fixation du prix de l’or (Greenspan : «peut-être jusqu’à 6000 dollars»).

La haute finance des États-Unis détermine donc, par l’intermédiaire de la Fed, qui lui appartient, la monnaie et les changes du monde entier. Le dollar est la monnaie privée de cette haute finance. Il n’est garanti par personne d’autre, mais est maltraité autant que faire se peut, accru et modelé en instrument de sa domination sur le monde et du vol de toutes les matières premières et valeurs réelles importantes.

• En augmentant sans scrupules la masse des dollars, la haute finance des États-Unis s’est procuré des liquidités illimitées, qui lui permettent d’acheter le monde entier. Par cette émission, l’État américain peut émettre davantage de dollars qu’il n’en reçoit (endettement débridé). Aussi bien la haute finance dominatrice des États-Unis, que le gouvernement qu’elle domine, profitent donc de l’augmentation de la masse monétaire. Par conséquent, le volume des dollars s’est accru toujours plus vite, ces dix dernières années.

• De même, les dettes de l’État ont augmenté considérablement envers l’étranger. Le gouvernement des États-Unis commande donc de plus en plus de biens réels à l’étranger, qu’il paie par des billets sans valeur – la forme moderne du tribut.

• Il faut attribuer à une mise en scène et à un chantage habiles, le fait que cet accroissement sans limite des dollars n’a pas entraîné depuis longtemps la chute de cette monnaie et le refus des clients de l’accepter : la haute finance et le gouvernement des États-Unis forcent économiquement et politiquement, depuis des années, les principales banques centrales du monde (Banque centrale européenne, Banque du Japon, Banque de Chine, etc.) à garder des dollars sans valeur, accumulés lors d’exportations ou d’achats de valeurs réelles, et à les détenir comme réserves de devises constituant soi-disant de la valeur. Cela signifie, pratiquement, que les banques centrales de Chine, du Japon et d’Europe accumulent en quantités toujours plus fortes, comme réserves monétaires prétendument de valeur, les dollars sans valeur leur parvenant à la suite des livraisons de biens de leurs ressortissants. La monnaie des États satellites est donc déjà garantie par des dollars, dont la valeur diminue toujours davantage ; elle a aussi perdu pratiquement sa valeur. Ainsi, toutes ces monnaies naviguent sur le même bateau de la dévaluation, les promoteurs de l’augmentation de la masse monétaire, à New York et Washington, ainsi que leurs aides, augmentant la masse monétaire dans les banques centrales des États satellites.

• Toutefois, le débiteur que sont les États-Unis décide, lui-même, dans quelle mesure il plumera finalement ses financiers, par une dévaluation officielle du dollar et se débarrassera de son endettement à leurs frais. L’étranger, qui détient 80% des dollars, subira surtout les effets de la dévaluation de cette monnaie. Le débiteur a toute latitude pour déterminer dans quelles proportions il dévaluera ses dettes et dépouillera ainsi ses créanciers.

• Cependant, la manipulation des cours fait croire au public que les monnaies, manipulées et accrues sans limite, ont toujours un cours solide.

• Si les détenteurs de monnaies savaient qu’ils n’ont au fond que du papier en mains, mais que tout dépend des manipulations, des abus, de la puissance et des objectifs de la haute finance des États-Unis, la vitesse de circulation de la monnaie augmenterait davantage, en raison du refus d’accepter la monnaie ; une fuite dans les valeurs réelles aurait lieu, il s’ensuivrait une inflation s’accélérant dramatiquement, voire galopant, la dévalorisation accomplie depuis longtemps des investissements en valeur nominale (papiers monétaires, obligations, fonds de placement, etc.) entraînerait un deuxième krach, la dévalorisation entraînerait la ruine du secteur financier, qui devrait faire face à des procès en dommages-intérêts, si bien qu’une réforme monétaire deviendrait inévitable.

Malgré une dévalorisation dramatique, l’illusion de la valeur de la monnaie est encore maintenue, artificiellement, par l’obligation de considérer les billets comme moyens de paiement légaux. Les profiteurs de ce système sont non seulement la haute finance des États-Unis qui, par sa Fed, place dans le monde des masses de dollars toujours plus considérables, mais aussi des banques centrales menant le même jeu, telles la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Japon. Les directions de ces instituts savent fort bien à quel point le dollar a perdu toute valeur, mais confortent toujours l’illusion du dollar moyen de paiement légal, se sont tues pour des raisons politiques et ont couvert leur propre monnaie par des réserves monétaires libellées en dollars sans valeur. Si une réforme monétaire avait lieu, la BCE notamment serait dépourvue de valeurs. La présence de l’or se limite, vraisemblablement, à une simple créance et ne consiste donc plus en or réel. La plupart du temps, il est prêté, prétendument en nature, à la Fed, qui le prête à son tour, si bien qu’il n’est plus saisissable en cas d’effondrement. Le système repose sur le fait qu’un abus n’est, ni discuté, ni ne fait l’objet d’une publication.

• Fait n°1 : Les masses monétaires mondiales ont été tellement accrues et ont une base si fragile (dollars, euros, yens, etc.), que les monnaies correspondantes n’exercent plus de véritable fonction de conservation de la valeur, si importante aux yeux du citoyen.

• Fait n°2 : Seules la manipulation et la tromperie, à propos d’une valeur de la monnaie qui n’existe plus, préservent artificiellement la fonction d’échange des monnaies.

• Fait n°3 : Le dollar, monnaie privée de la haute finance américaine, a rompu depuis longtemps tous ses liens avec une valeur réelle (l’or) ou avec une masse monétaire déterminée. Il a donc, non seulement, perdu sa fonction de conservation de la valeur, mais ne trompe plus le monde, à propos d’une valeur d’échange prétendue de la monnaie privée, dévalorisée par une augmentation sans limite, que par des manipulations de cours sur l’ensemble de la planète. Seules cette tromperie, et la puissance de la haute finance des États-Unis, alimentent encore une «confiance» artificielle dans le dollar. En revanche, si les participants au marché savaient qu’ils n’ont en main, avec la valeur nominale du billet, que la promesse sans valeur de particuliers dans lesquels ont ne peut depuis longtemps plus avoir confiance, qui abusent constamment de leur pouvoir de manipuler la valeur de la monnaie, cette confiance se serait effondrée depuis longtemps.

• Il en va des actions comme de la monnaie. La plupart de ces titres n’ont plus de substance et ne recèlent que de l’espoir. Celui qui a cru avoir beaucoup gagné lors de la hausse fulgurante des actions a appris, par le krach, que l’action ne comporte, outre la valeur du papier, que de l’espoir, mais que celui-ci peut disparaître facilement. Le gain ou la perte, dans le jeu de la Bourse, sont de simples espérances et non des valeurs réelles. Tel est aussi le cas de la monnaie. La seule valeur réelle est celle du papier. Le reste est une confiance dans des puissances financières mondiales corrompues, mais fortes.

La mainmise sur les valeurs réelles au moyen d’une monnaie-fiction

Si les participants au marché savaient que notre système monétaire repose finalement sur la monnaie privée qu’est le dollar, et que cette monnaie dépend uniquement des souhaits de manipulation et d’abus de l’oligarchie financière, ils perdraient confiance dans la monnaie, ne considéreraient plus celle-ci comme moyen de conservation de la valeur, mais tenteraient d’échapper à la dévalorisation constante de la monnaie en se réfugiant dans les valeurs réelles.

• Or telle est l’action de ceux qui, cachés derrière la Fed, procèdent à la plus forte augmentation de la masse monétaire de tous les temps. Depuis des décennies, ils achètent, avec une monnaie perdant de plus en plus de sa valeur, toutes les valeurs réelles qu’ils trouvent : stocks de matières premières, complexes industriels, immeubles et presque chaque société financière étrangère à peu près intacte, par une reprise amicale ou hostile, à presque n’importe quel prix. Non seulement la haute finance des États-Unis accumule les valeurs réelles mondiales, mais aussi l’État importe depuis des années, contre de la monnaie de papier au fond sans valeur, davantage de valeurs réelles du monde qu’il n’en peut payer et s’endette ainsi, sans limite, envers l’étranger – tant que les créanciers étrangers croient encore à la valeur du dollar ou peuvent être obligés, par chantage politique, de prendre comme réserves monétaires ces dollars pourris.

Monopoles formés grâce aux valeurs réelles

De cette manière, la haute finance qui se cache derrière la Fed a acquis, contre ses dollars pourris, grâce à une politique ciblée de valeurs réelles, des secteurs entiers du marché et a constitué ainsi des monopoles ou oligopoles, dans les domaines suivants : diamants, or, cuivre, zinc, uranium, télécommunications, presse et télévision, denrées alimentaires (Nestlé, Coca-Cola), de grandes parties de l’industrie de l’armement et de l’espace, etc.

• Actuellement, une tentative de monopole tente de contrôler le secteur de la génétique. Les animaux et plantes qui ont subi des manipulations génétiques sont stériles. Si l’on peut donc manipuler les gènes de toute une région, les paysans ne peuvent plus utiliser les céréales qu’ils ont récoltées et doivent acheter les semences d’une entreprise au prix qu’elle fixe.

Une autre monopolisation a lieu actuellement sur le marché du sucre : le marché du sucre de l’UE est régi de manière à préserver aux paysans leur production de sucre de betteraves, qui est d’une nécessité vitale pour nombre d’entre eux. Or, le sucre de betteraves est plus cher que le sucre de canne du cartel américain, qui croît sous les tropiques. Nestlé et Coca-Cola, qui appartiennent à la haute finance des États-Unis, exigent maintenant, de concert avec les scientifiques et politiciens qui en dépendent, une «libéralisation du marché du sucre» et la revendiquent dans les instances internationales (GATT, Mercosur). Dès que cette libéralisation sera imposée, le sucre de betteraves cher ne pourra plus se maintenir face au sucre de canne bon marché, la production européenne de sucre s’effondrera définitivement et le marché du sucre – tout d’abord bon marché, puis cher – sera inondé par le cartel du sucre de canne, contrôlé par la haute finance des États-Unis.

• Le cas Primacom démontre par quelles méthodes la haute finance des États-Unis accapare des branches entières : cet exploitant de réseaux par câble a une situation très lucrative, mais est, depuis longtemps, dans le collimateur de la haute finance des États-Unis (monopolisation des télécommunications). Celle-ci s’est infiltrée, depuis longtemps, dans le management de Primacom, puis lui a accordé un prêt, à un taux d’intérêt dépassant 30%. Par conséquent, cette entreprise florissante a connu des difficultés et est devenue, aux yeux de la banque américaine, propre à une OPA très bon marché. Le jeu traverse actuellement sa dernière phase.

• L’émissaire de la haute finance américaine, Ron Sommer, a tenté de se livrer à un jeu analogue avec Deutsche Telekom. La haute finance des États-Unis accumule les sociétés du secteur des télécommunications, pour créer un monopole mondial. Pour ce faire, l’émissaire Sommer lui a acheté une petite entreprise du secteur des télécommunications, à un prix (30 milliards de dollars) supérieur de trente fois à sa valeur, afin que cette haute finance puisse racheter Telekom avec son propre patrimoine. La deuxième étape consistait à rendre les actions Telekom si bon marché, que l’investisseur américain puisse les acheter à bas prix. Sur ce point, Ron Sommer a échoué. Toutefois, cet échec ne fera que retarder, sans les empêcher, les plans de reprise de la haute finance américaine. La privatisation et le rachat d’entreprises des télécommunications continuent, conformément aux plans dressés.

• Un jeu analogue se déroule sur le marché mondial de l’énergie. En Allemagne, EON et RWE y participent visiblement, la haute finance des États-Unis ayant déjà envoyé ses hommes de confiance dans les banques et managements décisifs pour les candidats à la reprise. En 20 ans, elle veut aussi monopoliser l’eau du monde, selon les indications de son représentant Brzezinski.

La réforme monétaire et les valeurs réelles

Une interprétation correcte des plans de la haute finance mondiale aboutit à la conclusion que la masse monétaire doit être accrue et dévalorisée, jusqu’à ce que toutes les valeurs réelles importantes du monde soient achetées et monopolisées. La haute finance sait bien que son accroissement de la masse monétaire ne saurait passer inaperçu et que, à un moment donné, la confiance en un dollar inflationniste disparaîtra. L’éclatement d’une crise de confiance fera de l’inflation encore contrôlée, une inflation galopante, qui aboutira forcément à une réforme monétaire.

• Or, il s’agit d’un avantage dont bénéficiera aussi bien la haute finance que les États-Unis :

Préalablement, la haute finance a acheté assez de valeurs réelles avec des dollars pourris, et ces valeurs réelles ne seront pas touchées par la réforme. La haute finance aura ainsi converti à temps de l’argent pourri en patrimoine de valeur. Comme elle a constitué des monopoles mondiaux dans de nombreux domaines, elle peut imposer des prélèvements à tout moment au monde, grâce à des prix de monopole. Les dominateurs du monde auront donc, comme revenu, non plus des impôts, mais des revenus de monopoles. Personne ne pourra empêcher la haute finance de relever de 10, 20 ou 30% les prix de l’or, des diamants, du cuivre, du zinc, de l’eau, des semences ou de l’énergie et d’imposer ainsi des prélèvements spéciaux à l’ensemble de la population mondiale. Il n’y a encore jamais eu de telle puissance financière dans le monde, ayant constitué un tel péril pour l’ensemble de la population.

Rusée, la haute finance des États-Unis a principalement déversé ses dollars pourris à l’étranger. Plus des trois quarts des dollars ne sont plus aux États-Unis, mais se trouvent dans les États créanciers de ce pays. En effet, les États-Unis se sont de plus en plus endettés envers l’étranger, ces dernières années. L’étranger a livré des produits et reçu, en échange, des dollars sans valeur. Toutes les banques centrales étrangères sont remplies de dollars pourris. Si ceux-ci sont subitement dévalués, plus des trois quarts du dommage toucheront les banques centrales, les banques, les États et les opérateurs hors des États-Unis. Les banques centrales européennes pourront alors regretter d’avoir échangé leur or contre des dollars pourris et d’avoir constitué de la monnaie formelle comme base (réserves monétaires) de leur propre monnaie, tels le yen et l’euro. Si le cours de la monnaie-clé, le dollar, s’effondre, celui des monnaies satellites subira le même sort, sa seule base étant un montant en dollars pourris. En d’autres termes : la réforme monétaire qui se prépare, déclenchera forcément une réforme de toutes les monnaies mondiales, dont le dollar pourri constitue encore la principale réserve monétaire.

Le fait que tout accroissement continuel d’une monnaie privée – le dollar – par le Système fédéral de réserve appartenant à la haute finance des États-Unis, doive forcément entraîner un pourrissement du dollar, une inflation de plus en plus forte et, finalement, une réforme monétaire, est une certitude fondamentale de la science financière, et même Greenspan et ses collaborateurs devraient en être conscients.

De la réforme monétaire à la monnaie mondiale

Imprudemment, Greenspan a indiqué dans un discours «qu’une correction fondamentale du dollar aurait lieu d’ici 2007 et que l’on pourrait fondre, à cette fin, le dollar et l’euro en euro-dollar, une nouvelle monnaie mondiale.» Cette vue est conforme aux besoins de la haute finance américaine, car l’abus du dollar ne peut se poursuivre que jusqu’en 2007, au pire. En effet, la confiance du monde dans cette monnaie privée, accrue sans trêve, perdant de plus en plus de sa valeur et maintenue artificiellement, devrait alors avoir disparu. Le dollar subira donc une transformation ces prochains temps. Si une fusion avec l’euro avait lieu, la haute finance des États-Unis atteindrait des objectifs importants :

Une nouvelle monnaie permettrait de dévaloriser les anciennes dettes monétaires et, partant, de spolier les créanciers détenant encore de cette monnaie. Si le nouvel euro-dollar vaut 20 anciens dollars ou 15 euros, les anciennes monnaies sont dévaluées en conséquence, les créanciers détenteurs d’ancienne monnaie spoliés, le jeu a profité aux émetteurs de monnaie privée.

L’État fédéral américain, surtout, se débarrasserait ainsi de ses dettes : l’endettement envers l’étranger, qui atteint actuellement 5200 milliards de dollars, ne se chiffrerait alors qu’à 2600 milliards d’euro-dollars, soit une dévaluation de 50%.

Les détenteurs d’anciens dollars seraient les principales victimes, les montants qu’ils détiennent étant dévalués de 50, voire de 90%. Les banques centrales de Chine, du Japon et d’Europe, qui détiennent d’importantes réserves monétaires en dollars, en pâtiraient particulièrement.

Toutefois, le but principal de la haute finance américaine est d’établir ainsi une monnaie mondiale, qu’elle contrôlerait. Sous un régime d’euro-dollars, le Système fédéral de réserve, appartenant à la haute finance des États-Unis, aurait forcément une majorité. Cette haute finance contrôlerait alors la majorité du système. A cette fin, la haute finance des États-Unis a choisi la BRI (Banque des règlements internationaux), une organisation privée dont elle a déjà acquis secrètement la majorité des parts. Si la BRI devenait la banque centrale émettant les euro-dollars, les mêmes propriétaires privés seraient, par hasard, les principaux propriétaires de la nouvelle banque centrale, qui étaient auparavant les propriétaires de la Fed. Ils pourraient jouer le jeu consistant à émettre de la monnaie à leur gré, à un niveau supérieur, qu’ils ont joué jusqu’à maintenant avec le Système fédéral de réserve – et bénéficier de surcroît de la diminution de leur endettement due à la réforme monétaire. L’augmentation de la masse monétaire mondiale qui a eu lieu jusqu’à maintenant, cette grande escroquerie monétaire, serait effacée par la réforme monétaire. Les vieux malfaiteurs bénéficieraient d’un nouveau système, d’une nouvelle monnaie, qui leur permettrait d’utiliser aux mêmes fins la monnaie mondiale euro-dollar, durant les 20 à 30 prochaines années.

Ce faisant, la haute finance des États-Unis aurait donc monopolisé, par escroquerie, les valeurs réelles mondiales – parmi lesquelles figurent des biens aussi essentiels que les semences, les denrées alimentaires, l’eau, l’énergie et les métaux, mais aurait aussi bâti, de nouveau, un monopole monétaire à sa disposition, qu’elle pourrait utiliser à son gré – une machine d’accroissement monétaire, tel l’âne aux ducats de la légende.

• Même la publication de ce système d’escroquerie ne provoquera pas de cris dans le monde. On parlera de «théorie du complot», d’«antiaméricanisme», voire d’«antisémitisme» (Rothschild), ou s’efforcera d’empêcher de telles publications, une partie essentielle des médias imprimés et électroniques mondiaux appartenant à la haute finance des États-Unis.

• Il est important que ceux qui pourraient subir des pertes, comprennent ce jeu. Celui qui possède un patrimoine financier, devrait donc écouter, ou plutôt lire.

• Les perdants du grand jeu de l’oligarchie financière sont les participants au marché mondial, qui accordent trop de confiance à la monnaie, qui croient toujours que celle-ci n’a pas une simple fonction d’échange, mais qu’elle sert encore de préservateur de la valeur. Les hommes n’ont visiblement pas tiré de leçon de la dévalorisation constante de la monnaie de ces 40 dernières années. Celle-ci s’accélérera ces prochaines années, avant la catastrophe finale, car elle sert uniquement aux manipulateurs. Celui qui attache donc de l’importance au maintien de la valeur à long terme de son patrimoine, ne peut pas continuer à avoir des placements en valeurs monétaires, en polices d’assurances, en obligations ou en espèces, il doit investir en valeurs réelles, comme la haute finance lui en donne l’exemple.

Objectif stratégique de l’escroquerie monétaire mondiale

Pour autant que l’on puisse en juger de l’extérieur, la haute finance des États-Unis a eu pour seul objectif initialement de contrôler la monnaie du pays et, partant, de manipuler le marché des États-Unis à son gré. La Fed privée servait à réaliser cet objectif. Lorsque le président Kennedy a proposé une loi visant à étatiser ce système financier privé, il est décédé subitement. Toute personne en contact avec les possibilités de monnaie privée, a perdu son patrimoine ou sa vie.

• Depuis lors, les objectifs stratégiques de la haute finance américaine ont dépassé le cadre national. Elle a pour but un système monétaire privé mondial, qu’elle a assuré par son dollar privé, imposé comme principale monnaie de réserve dans le monde entier, et qu’elle ne doit plus formaliser que par une monnaie mondiale, l’euro-dollar.

• Si nous voulons empêcher un deuxième abus du système monétaire mondial en faveur d’une haute finance privée et l’abus des masses monétaires, chaque monnaie doit être protégée contre tout abus public ou privé, contre toute manipulation déflationniste ou inflationniste.

• Ce but ne peut certainement pas être atteint, si l’on abandonne les changes à la haute finance privée. Celle-ci profitera toujours des possibilités d’abus, en spoliant et exploitant le monde par un accroissement de la masse monétaire.

• Cependant, l’expérience a montré aussi que la plupart des gouvernements abusent également de leur monnaie, s’ils peuvent influer sur la banque centrale et sa politique de la masse monétaire.

• Il convient donc d’empêcher les abus que les pouvoirs publics et la haute finance privée exercent sur les monnaies.

• Il est certain qu’une monnaie basée sur l’or ne peut pas être manipulée aussi facilement qu’une simple monnaie formelle. Toutefois, les problèmes d’une monnaie basée sur l’or découlent de la disponibilité de l’or, la haute finance ayant accaparé la plus grande partie des réserves d’or. Ainsi, elle redeviendrait gagnante et accapareuse de toute sorte de monnaie basée sur l’or.

• La seule solution est donc celle d’une monnaie formelle. Cependant, cette monnaie ne doit pas être librement, arbitrairement déterminable, mais doit être axée sur un objectif de monnaie neutre. La masse monétaire ne doit donc pas croître davantage que celle des biens. Le secteur monétaire ne doit plus exercer d’effets inflationnistes ou déflationnistes sur les monnaies et l’économie mondiale.

• Cet objectif ne peut être atteint que par des banques centrales strictement neutres et si indépendantes qu’elles constituent un «quatrième pouvoir», ne sont pas dans les mains de particuliers et ne peuvent pas être influencées par leurs gouvernements. Avant sa castration par la Banque centrale européenne, la Banque fédérale d’Allemagne était très proche de cette indépendance.

• La prochaine réforme monétaire offre une chance unique de dénoncer les coupables, leurs manipulations monétaires et leurs abus, ainsi que de susciter l’approbation générale d’un système de banques centrales sur lequel ni la haute finance, ni les gouvernements n’exerceraient d’influence. Il s’agit d’une chance exceptionnelle.

• La haute finance surtout, qui, par son organe la BRI, s’est déjà préparée à s’emparer du prochain système de banques centrales et de monnaies, pourrait empêcher la création d’un système indépendant. Il convient donc d’informer, d’expliquer à la population, à l’économie et aux politiciens, les dangers qu’une économie monopoliste fait courir, non seulement à la monnaie actuelle, mais aussi à un nouveau système monétaire.

Source : Horizons et débats, numéro 31, juin 2005

Lire la suite

mardi, 26 janvier 2010 | Lien permanent

Redécouvrez les contes de Grimm

Grimm.jpg

Redécouvrez les contes de Grimm

Ex: http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com

 
L’Allemagne célèbre cette année le 200ème anniversaire de la naissance de Jacob Grimm: juste hommage envers un homme dont l'oeuvre, indissociable de celle de son frère Wilhelm, a profondément marqué son temps. Car Jacob et Wilhelm Grimm n'ont pas seulement été les conteurs dont plusieurs générations d’enfants ont appris à connaître le nom. Jacob Grimm, qui, en novembre 1830, qualifiait le patriotisme de "sentiment divin" et qui, en 1846, participant à Francfort à un congrès de germanistes réunis sur le thèmeQu'est-ce qu'un peuple ?, disait : "Un peuple est la quintessence (Inbegriff) des hommes qui parlent la même langue", fut aussi, en même temps qu'un savant considéré aujourd'hui comme l'un des pères de la philologie moderne, l'un des auteurs du renouveau de la conscience nationale et populaire en Europe.

Le 1er fils de Philipp Wilhelm Grimm et Dorothea Zimmer étant mort en bas âge, Jacob et Wilhelm Grimm furent les aînés des 8 enfants de la fratrie subsistante. La famille remonte à un Johannes Grimm, qui fut maître de poste à Hanau vers 1650. C'est dans cette ville que Jacob naît le 4 janvier 1785, 13 mois avant Wilhelm. On est alors à la frontière de 2 mondes. En France, les signes avant-coureurs de la Révolution se multiplient. Le Times est fondé à Londres. En Prusse, fonctionne la 1ère machine à vapeur ; le Grand Frédéric règne à Sanssouci.

Juriste de son état, le père Grimm est nommé fonctionnaire à Steinau en 1791. La famille déménage avec lui pour s'installer dans la Hesse, région située à la frontière de la plaine du Nord et du fossé rhénan, qui fut occupée dès le VIIIe siècle par les Francs. Cinq ans plus tard, Philipp Wilhelm Grimm disparaît ; sa femme ne lui survivra que quelques années (le fils aîné se retrouvera chef de famille à 23 ans). Jacob et Wilhelm sont envoyés chez leur tante, à Kassel, où ils fréquentent le célèbre Lyceum Friedricianum.

Au printemps de 1802, Jacob Grimm s'inscrit à l'université de Marburg pour y faire des études de droit. Agé de 17 ans, c'est alors un adolescent grave, mélancolique, au caractère réservé, qui passe déjà pour un travailleur opiniâtre. À Marburg, il se lie rapidement avec le juriste Friedrich Carl von Savigny, le fondateur de l'école du droit historique, et cette relation va exercer sur lui une empreinte déterminante. En 1803, tandis que Savigny lui fait connaître la littérature médiévale, il entre aussi en contact avec Clemens Brentano et lit avec enthousiasme les Minnelieder aus dem schwäbischen Zeitalter de Ludwig Tieck.

En 1805, c'est l'expérience décisive. De février à septembre, Jacob Grimm accompagne Savigny à Paris - ville qu'il trouve bruyante et fort sale ! Par contre, à la Bibliothèque impériale, il découvre toute une série de manuscrits littéraires allemands du Moyen Age qui lui emplissent le cœur d'une singulière exaltation. À dater de ce jour, sa vocation est faite : il se consacrera à l'étude des monuments culturels du passé national. Tout l'y pousse, et d'abord la triste situation dans laquelle se trouve son pays.

La Prusse, en effet, depuis la défaite de Valmy (1792), connaît des jours sombres. En 1805, Jacob Grimm s'afflige de voir "l’Allemagne enserrée en des liens indignes, le pays natal bouleversé et son nom même anéanti". L'année suivante, ce sera la catastrophe. Inquiet de la formation de la Confédération du Rhin, Frédéric-Guillaume III s'allie à la Russie. Las ! En quelques mois, la coalition s'effondre. Après les défaites d'Iéna et d'Auerstedt, les troupes napoléoniennes occupent Berlin. En 1807, au traité de Tilsit, la Prusse, dépossédée de la moitié de son territoire, se voit en outre condamnée à payer des indemnités de guerre considérables. Brême, en 18l0, deviendra sous l'occupation française le chef-lieu du département des Bouches-du-Weser ! L'identité allemande, dès lors, est menacée.

Aussi bien, pour J. Grimm, l'étude de la littérature nationale n'est-elle pas qu’une simple démarche universitaire. C'est un acte de foi politique, qui participe d'une véritable réforme intellectuelle et morale. Celle-ci trouve son point d'appui dans la 1ère réaction romantique, centrée autour de l'école de Heidelberg qui, avec Arnim et Brentano, s'emploie notamment à définir les éléments constitutifs de la nationalité. "Ces écrivains, souligne Jacques Droz, ont admis qu'il ne pouvait pas y avoir de réveil du peuple si celui-ci ne prenait pas conscience qu'il recelait en son sein, s’il ne substituait pas à une culture réservée à une élite une culture véritablement populaire, si l’individu ne cherchait pas à se rattacher spirituellement à la nation tout entière" (Le romantisme politique en Allemagne, 1963, p. 23).

gr2.jpgÀ l'heure de l’éveil des nationalités, l'entreprise des frères Grimm vise donc à faire prendre conscience aux Allemands de la richesse du patrimoine culturel qui leur est commun et à leur montrer que ce patrimoine, qui représente "l’âme germanique" dans son essence, en même temps que la "conscience nationale courbée sous l'occupation", peut servir aussi de base à leur unité politique.

Dans ses Souvenirs, Grimm raconte dans quel esprit il entreprit à Paris ces études auxquelles il allait consacrer toute sa vie : "Je remarquai d’abord que presque tous mes efforts ou bien étaient consacrés à l’étude de notre langue ancienne, de notre poésie ancienne, de notre droit ancien, ou bien s’y rapportaient directement. Certains peuvent avoir considéré ou considèrent encore que ces études sont sans aucun profit ; pour moi, elles me sont apparues de tout temps comme une tâche noble, sérieuse, qui se rapporte de façon précise et forte à notre patrie commune et fortifie l’amour qu’on lui porte" (Kleinere Schriften, Berlin, 1864, vol. I, p. 64).


C’est dans la même intention qu'Achim von Arnim et C. Brentano collectent les vieilles poésies populaires. En septembre 1806, Arnim écrit à Brentano : "Celui qui oublie la détresse de la patrie sera oublié de Dieu en sa détresse". Quelques jours plus tard, à la veille de la bataille d'Iéna, il distribue aux soldats de Blücher des chants guerriers de sa composition. Parallèlement, il jette les bases de la théorie de l'État populaire (Volksstaat). Systématiquement, le groupe de Heidelberg s'emploie ainsi à mettre au jour les relations qui existent entre la culture populaire et les traditions historiques. Influencé par Schelling, Carl von Savigny oppose sa conception historique du droit aux tenants du jusnaturalisme [droit naturel]. Il affirme qu'aucune institution ne peut être imposée du dehors à une nation et que le droit civil est avant tout le produit d’une tradition spécifique mise en forme par la conscience populaire au cours de l'histoire. Le droit, dit-il, est comme la langue : "Il grandit avec le peuple, se développe et meurt avec lui lorsque celui-ci vient à perdre ses particularités profondes" (De la vocation de notre temps pour la législation et la science du droit).


Avec les romantiques, J. Grimm proteste lui aussi contre le rationalisme des Lumières. Il exalte le peuple contre la culture des "élites". Il célèbre l'excellence des institutions du passé. Revenu à Kassel, où Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, s’installe en 1807 au Château de Wilhelmshöhe (construit au pied d'une colline dominant la ville par le prince-électeur Guillaume Ier), il occupe avec son frère diverses fonctions dans l'administration et à la bibliothèque. À partir de 1808, ils collaborent tous 2 à la Zeitung für Einsiedler, où l'on retrouve les signatures de Brentano, Arnim, Josef Görres, etc. En 1813, ils lanceront leur propre publication, les Altdeutsche Wälder.


Le 1er livre de J. Grimm, Über den altdeutschen Meistergesang, paraît à Göttingen en 1811. Contestant les rapports établis habituellement entre la poésie raffinée du Moyen Age (Meistergesang) et le chant populaire (Minnegesang), l’auteur y défend l'idée que la "poésie naturelle" (Naturpoesie) est absolument supérieure à la "poésie artistique" (Kunstpoesie), tout comme la source jaillissante de l'âme populaire est supérieure aux œuvres des élites cultivées. La "poésie naturelle", disait déjà Herder, fait comprendre le sens de l'univers ; elle maintient vivant le lien entre l'homme et la nature. Étant l'expression même des croyances instinctives et des sentiments du peuple, elle apparaît dès que les hommes font advenir en eux à la présence ce qui les apparente au monde. La Kunstpoesie, au contraire, si belle qu'elle puisse être, est inévitablement affectée d’individualisme et d'artificialité. Au-delà de ses qualités mêmes, elle traduit une coupure "intellectuelle" qui est un germe de déclin (on retrouve ici l'idée que le raffinement équivaut déjà à une perte de puissance, à un début d'épuisement).


Contrairement à Görres, J. Grimm va jusqu'à éliminer toute activité particulière ou individuelle dans la production poétique populaire ! Celle-ci, selon lui, se manifestespontanément, de façon divine au sens propre. La vérité légendaire ou mythique, d'essence divine elle aussi, s'oppose de la même façon à la vérité historique humaine. De façon plus générale, tout ce qui se perd dans la nuit des temps, tout ce qui relève de l'ancestralité originelle, est divin. Résumant ses idées sur ce point, J. Grimm déclare vouloir montrer qu'"une grande poésie épique a vécu et régné sur toute la surface de la terre, puis a peu à peu été oubliée et abandonnée par les hommes, ou plutôt, car elle n'a pas été abandonnée tout à fait, comment les hommes s'y alimentent encore". Il ajoute : "De même que le paradis a été perdu, le jardin de l'ancienne poésie nous a été fermé". Et plus loin : "Je ne regarde pas le merveilleux comme une rêverie, une illusion, un mensonge, mais bien comme une vérité parfaitement divine ; si nous nous rapprochons de lui, il ne s'évanouit nullement à la façon d'un brouillard, mais prend toujours un caractère plus sacré et nous contraint à la prière. (...) C'est pourquoi l'épopée n'est pas simplement une histoire humaine, comme celle que nous écrivons maintenant, mais contient aussi une histoire divine, une mythologie". Cette thèse quelque peu extrême ne convainc pas Arnim, pas plus que Schlegel ou Görres, et moins encore Brentano. Des discussions passionnées s'ensuivent...


Dans les années qui suivent, les frères Grimm vont approfondir leur intuition en se penchant sur de grands textes littéraires. Ils travaillent d'abord sur la Chanson des Nibelungen, puis sur les chansons de geste, les vieux chants populaires écossais, les runes, l'Irminsul. Ils préparent aussi une nouvelle édition du Hildebrandslied et du Reinhard Fuchs, et s'attaquent à la traduction d'une partie de l'Edda. Wilhelm, de son côté, traduit les Altdänische Heldenlieder (Heidelberg, 1811), qu'il n'hésite pas à comparer aux poèmes homériques et qu'il oppose à la littérature des scaldes à la façon dont Jacob oppose Naturpoesie et Kunstpoesie. Les 2 frères, enfin, déploient une intense activité pour recueillir les contes populaires qui vont constituer la matière de leur ouvrage le plus fameux : les Contes de l’enfance et du foyer.


Le 1er volume de ces Contes (Kinder- und Hausmärchen) est publié à Noël 1812 par la Realschulbuchhandlung de Berlin. Les frères Grimm l'ont dédié à leur "chère Bettina", épouse d'Arnim et sœur de Brentano (la fille de Bettina épousera par la suite le fils de Wilhelm Grimm). Le volume suivant paraîtra en 1815. Un 3ème volume, contenant les variantes et les commentaires, sortira en 1822 à l’instigation du seul Wilhelm Grimm. Dès sa parution, l'ouvrage connaît le plus vif succès. Goethe le recommande à Mme de Stein comme un livre propre à "rendre les enfants heureux". Schlegel, Savigny, Arnim s'en déclarent enchantés. Seul C. Brentano reste réservé.


C'est en 1806, dès le retour de Jacob de Paris, que les 2 frères Grimm ont commencé leur collecte. La région dans laquelle ils vivent s'avérait d'ailleurs particulièrement propice à la réalisation de leur projet. Sur les chemins de la Hesse et de la Weser, dans le pays de Frau Holle, les "fées"  semblent avoir de tout temps trouvé refuge. Entre Hanau et Brême, Steinau et Fritzlar, Munden et Alsfeld, les légendes se sont cristallisées autour des forêts et des villages, des collines et des vallées. Aujourd'hui encore, dans les bois environnants, près des vieilles maisons à colombage, aux toits de tuile rouge et aux murs recouverts d'écailles de sapins, la trace des frères Grimm est partout (1).


La plupart des contes réunis par Jacob et Wilhelm Grimm ont été recueillis auprès de gens du peuple : paysans, artisans, servantes. Deux femmes ont à cet égard joué un rôle essentiel. Il s'agit d'abord d'une paysanne de Niederzwehrn, près de Kassel, à laquelle Wilhelm Grimm donne le nom de "Frau Viehmännin" et dont le nom exact était Dorothea Viehmann (2). L'autre femme était Marie Hassenpflug (1788-1856), épouse d'un haut fonctionnaire hessois installé à Kassel ; on estime que les frères Grimm recueillirent une cinquantaine de contes par son intermédiaire. Ces 2 femmes étaient d'origine huguenote. Par sa mère, Marie Hassenpflug descendait d'une famille protestante originaire du Dauphiné. En 1685, la révocation de l'édit de Nantes conduisit en effet quelque 4 000 huguenots français à s'installer en Hesse, dont 2 000 dans la ville de Kassel.


Cette ascendance huguenote des 2 principales "informatrices" des frères Grimm a conduit quelques auteurs modernes à gloser de façon insistante sur les "emprunts français" (Heinz Rölleke) auxquels les 2 frères auraient eu recours. Certains en ont conclu à "l'inauthenticité" des contes de Grimm, qui trouveraient leur véritable origine dans les récits littéraires de Charles Perrault ou de Marie-Catherine d'Aulnoy, beaucoup plus que dans l’authentique "tradition populaire" allemande. Cette thèse, poussée à l’extrême par l'Américain John M. Ellis (One Fairy Story, Too Many. The Brothers Grimm and Their Tales, Univ. of Chicago Press, 1983) qui va jusqu'à parler de "falsification" délibérée, est en fait inacceptable. Il suffit de lire lesContes de Grimm pour s'assurer que l'immense majorité de ceux-ci ne se retrouvent ni chez Perrault ni chez Mme d'Aulnoy. Les rares contes présents chez l'un et chez l'autre auteur (Hänsel et Gretel et le petit Poucet, Aschenputtel et Cendrillon, Dornröschen et la Belle au bois dormant, etc.) ne constituent d'ailleurs pas la preuve d'un "emprunt". Perrault ayant lui-même largement puisé dans le fonds populaire, il y a tout lieu de penser que les frères Grimm ont simplement recueilli une version parallèle d'un thème européen commun. Le fait, enfin, que certains contes de Grimm aient été directement recueillis en dialecte hessois ou bas-allemand et que, de surcroît, la majeure partie d'entre eux renvoient de toute évidence à un héritage religieux germanique, montre que les accusations de John M. Ellis sont parfaitement dénuées de fondement.


En fait, pour les frères Grimm, le conte populaire fait partie de plein droit de laNationalpoesie. Au même titre que le mythe, l'épopée, le Volkslied (chant populaire), il est une "révélation de Dieu" surgie spontanément dans l'âme humaine. Évoquant les contes, dont il dit que "leur existence seule suffit à les défendre", Wilhelm Grimm écrit : "Une chose qui a, d'une façon

Lire la suite

mercredi, 09 octobre 2013 | Lien permanent

Entretien avec M. Veneziani (1995): démocratie participative

marcello_veneziani.jpg

 

Archives de "Synergies Européennes" - 1995

Pour une nouvelle politique, une démocratie participative, communautaire et décisionniste

 

Entretien avec Marcello Veneziani

 

Q.: Dans votre dernier livre Sinistra e destra (= Gauche et droite), vous accusez le système majoritaire d'avoir enfoncé les partis dans le ”politicantisme”. Mais ce ”politicantisme” n'est-il pas plutôt dû à l'enlisement des idéologies, qui a permis le dialogue civil?

 

MV: Je ne crois pas que le système majoritaire a en soi provoqué cette situation. Je crois en revanche que ce sont les sujets politiques qui ont interprété le système majoritaire de cette façon. Le “politicantisme” naît de la tentative de recentrer les instances de la gauche et de la droite, dans l'espoir d'obtenir un consensus, même dans le ventre modéré de notre paysage politique. Je crois que le “politicantisme” est un échec aujourd'hui, tant sur le plan projectuel (on ne peut plus formuler de projet réel) parce qu'on n'a plus d'idées, que sur le plan concret, parce qu'on est devenu incapable de gouverner. Nous avons débouché sur une phase où la politique reste suspendue entre les idées et les faits et se contente d'images et de paroles.

 

Q.: Quelles sont les perspectives actuelles de créer des idées réalistes et réalisables et de formuler des programmes réels?

 

MV: Je crois que de telles perspectives sont liées à la qualité des classes dirigeantes qui, en ce moment, me semble fort décadentes, ce qui implique, forcément, que les perspectives sont difficiles. Je crois que toutes les “agences civiles”, à commencer par les journaux, devraient se poser la question et proposer des hypothèses, ensuite et surtout, solliciter les forces politiques à présenter des programmes clairs et distincts qui ne sont pas de simples paroles et ne se fondent pas sur de simples slogans. Je pense que c'est sur cette base que l'on pourra attirer l'attention des électeurs sur les idées, même si nous sommes aujourd'hui dans un pays un peu démotivé à la suite de deux années d'espérance révolutionnaire où les concrétisations n'ont pas abouti.

 

Q.: Vous accusez la droite d'être hostile non seulement à la culture de gauche mais à toute forme de culture. Je ne comprends pas votre raisonnement car la droite, et vous-même, s'est donné pour modèle celui de l'intellectuel gramscien...

 

MV: C'est vrai. Mais ce n'est pas là toute la vérité. Il est vrai toutefois que nous avons, voici quelques années, identifier l'intellectuel à l'intellectuel organique de gauche, parce que la droite restait hostile à la libre pensée. La droite a cru que l'idéal de ses militants devait être de croire, d'obéir et de combattre, d'où l'idée que l'on puisse penser, émettre des objections, était incompatible avec cet idéal quiritaire. A travers mes multiples expériences personnelles, je puis effectivement témoigner du fait qu'il est difficile de concilier l'engagement absolu et la défense de sa propre liberté d'expression et son propre esprit critique. Je crois que c'est une tare de la droite de se méfier à ce point de la culture, ce qui, par ailleurs, ne rend pas justice à la richesse des références culturelles que pourrait avancer la droite: ces références mériteraient d'être bien plus amplement défendues et illustrées dans les cadres politiques actuels.

 

Q.: La gauche, écrivez-vous, projette vers l'avenir un modèle de société préconçu, tandis que la droite prend acte de la société telle qu'elle est. Donc, si la droite se met à son tour à formuler des projets futuristes de société, elle perd sa nature, ou est-il possible d'envisager une droite qui propose une nouvelle architecture sociale?

 

MV: La marque la plus profonde de la gauche, c'est la recherche d'un monde meilleur, d'un monde nouveau faisant abstraction des réalités histroriques, concrètes, faisant abstraction des traditions de tous les pays, de tous les peuples. L'idée de “pays normal” qu'envisagent de promouvoir ou de construire des hommes de gauche tels Bobbio, Foa, ou, plus récemment, D'Alema, est en fait une Italie imaginée, une Italie qui doit être faite et non pas une Italie qui est. Je crois effectivement que le trait fondamental de la gauche est cette propension à l'utopie, cette volonté d'avancer l'idée de libération comme émancipation de tous les liens et de toutes les traditions.

 

De l'autre côté, la culture de droite se fonde sur l'enracinement, sur le besoin d'enraciner ses propres expériences politiques ou sa propre existence dans une culture précise, non remise en cause, sur des valeurs civiles ou religieuses léguées. Tels sont à mon sens les grands principes qui divisent la gauche et la droite. Cependant, si on regarde les réalités politiques de plus près, on constatera que le paysage politique est si bouleversé qu'il est possible désormais de découvrir des gauches droitières et des droites gauchisantes, si bien que pour finir, gauches et droites s'acheminent vers l'annulation d'elles-mêmes et finissent par ne plus rien représenter du tout.

 

Q.: Quelles sont les formes politiques de la “Révolution Conservatrice” que vous avez théorisées?

 

MV: Je crois que la révolution conservatrice moderne est l'idée d'une démocratie participative, communautaire et décisionniste, c'est-à-dire d'une démocratie qui, institutionnellement, s'exprime à travers un pacte direct et fiduciaire, à travers un rapport direct entre gouvernants et gouvernés, à travers l'élection directe de l'exécutif mais qui aurait comme équivalent, précisément, ce populisme, que l'on définit toujours péjorativement, et qui devrait être le trait fondamental de la droite moderne, c'est-à-dire la capacité d'interpréter le tissu national et populaire d'un pays en termes modernes.

 

Q.: Vous écrivez aussi que l'ennemi naturel de la droite n'est pas la gauche mais le nihilisme des valeurs qui se profile derrière celle-ci. Ne pensez-vous pas que le libéralisme pur que la droite italienne a adopté sans restriction est une forme de soft-idéologie, donc de nihilisme?

 

MV: L'adoption de ce libéralisme pur procède d'une lacune: la droite politique n'a pas interprété les phénomènes politiques et civils à la lumière d'une tradition culturelle bien ancrée. Si elle accepte la logique bipolaire qui est une logique d'agrégation d'éléments divers, si elle accepte l'idée que le sujet politique Berlusconi représente la variante la plus importante de notre système politique, son discours devient compréhensible. Quand on ne fait pas la distinction entre la plan politique et le plan culturel, on risque de devenir le vecteur sain ou malsain d'une variante floue du nihilisme qui pourrait éventuellement prendre les traits d'un ultra-libéralisme ou d'un libéralisme; parce que le nihilisme, finalement, n'a pas a priori une connotation de droite ou de gauche en soi; son trait essentiel c'est de provoquer la dissolution des identités et de leurs significations, en empruntant le véhicule d'une culture de type progressiste pour déboucher sur une culture globale “modérée”. En bout de course, on vivra la coexistence de formes sociales, politiques et économiques de type capitaliste.

 

Q.: La patrie, les racines, les valeurs communautaires: comment peuvent-elles survivre à notre époque qui rapidement dépasse tout, brûle tout, annulle toutes les valeurs. Dans un tel contexte, faut-il construire ce que Domenico Fisichella a appelé le “droite néo-futuriste”?

 

MV: Justement, si l'on veut éviter la présence de ce “novisme” continuel, on doit construire des contre-poids solides. Ces contre-poids ne peuvent être que les racines qui permettent de gouverner la modernité. Celui qui croit que l'on doit accepter passivement la modernité devient en fait une victime de la modernité et cesse d'être un acteur politique et historique, devient un sujet passif. Je crois qu'il faudra bien vite redécouvrir ce fameux “modernisme réactionnaire”, qu'avait naguère définit un historien des idées américain, en soulignant la capacité de ce complexe idéologique à affronter efficacement la modernité, ses dégâts, mais aussi ses innovations positives. Ce “modernisme réactionnaire” s'est montré capable d'affronter son époque en se basant sur des anticorps solides; en effet, quand il n'y a pas d'anticorps, on ne peut plus affronter et maîtriser cette modernité: on la subit, tout simplement.

 

Q.: Vous nous signalez la présence d'un mal endémique de la politique italienne: l'extrémisme, qui trahit une absence historique de pensée modérée. Comment expliquez-vous ce phénomène?

 

MV: Je tiens à dire, d'abord, que je ne considère pas comme un mal en soi la présence, dans toute notre culture politique, d'une culture “immodérée”, c'est-à-dire rétive aux enfermements de la modération. Car le “modératisme” n'est rien d'autre que le déguisement d'une culture faite d'“arrangements”, de compromis au sens le plus vulgaire du terme. L'“immodératisme” peut donc souvent être positif. On ne peut juger une culture politique au taux de modération qu'elle porte en elle. Je préfère la juger à son taux de vérité, de dignité et de crédibilité. Je n'accorde aucune valeur axiologique au fait d'être modéré ou de ne pas l'être, mais je reste convaincu que l'extrémisme en soi reste, comme le disait Lénine, une “maladie infantile”.

 

Q.: Quels risques court-on de voir s'affirmer les dites “minorités illuminées” dans notre société?

 

MV: Le risque est de voir se créer une nouvelle forme de jacobinisme porté par une secte d'illuminés qui décrètera qui sera normal et qui ne le sera pas, qui valorisera ceux qui se mouvront correctement dans l'esprit du temps et qui condamnera ceux qui resteront incorrectement en opposition à cet esprit, qui appuira seulement ceux qui se placeront dans la logique du présent et du progrès. Tel est le plus grand danger qui nous guette et qui semble prendre forme dans certains cénacles de gauche. Cette volonté de contrôle et d'inquisition est née de la conviction que le peuple n'exprime que des consensus inadéquats dérivés de réflexes et d'instincts frustes, vulgaires, rétrogrades, brutaux et réactionnaires. Et de la conviction que seules les minorités éclairées peuvent stabiliser le pays dans un projet de modernité. Voilà une dérive condamnable, qui nous mènera à l'intolérance la plus rabique, à l'exemple du jacobinisme français. Il convient de dénoncer ce danger.

 

Q.: Nous allons voir. Mais le Mezzogiorno a connu un précédent, notamment la réaction du peuple face à la République Parthénopéenne de 1799, réprésentant le phénomène politique le plus “avancé” de son temps. Dans cette construction révolutionnaire, imitée de la France, le comportement de la minorité éclairée face au peuple confirme votre thèse...

 

MV: En observant cette révolution de 1799, je partage les positions de Vincenzo Cuoco qui affirmait que les révolutions importées, imposées de haut par des sectes éclairées sont surtout des révolutions qui ne durent jamais longtemps parce qu'elles ne s'ancrent pas solidement dans le peuple; ce sont des révolutions soudaines et éphémères, non des révolutions qui s'imbriquent dans les faits. Il me semble important de relier les racines organiques d'un peuple à sa culture et à sa manière de représenter ses humeurs, son art de vivre et ses intérêts matériels. A partir du moment où ce circuit de réciprocité s'interrompt, nous avons affaire à la folie jacobine, où la violence de la minorité éclairée s'exerce sur la majorité; dans une phase ultérieure, quand il y a scrutin, la majorité dégagée exerce alors son pouvoir sans ménagement et fait subir mille et une vexations aux minorités, ce que nous pouvons voir dans les variantes démagogiques des démocraties de masse. Signalons aussi la violence pédagogique exercée par les minorités actives sur la majorité.

 

Q.: Vous affirmez que la liberté n'est pas une valeur, mais la condition qui permet aux valeurs de s'affirmer. Votre affirmation ne pourrait-elle pas servir d'alibi aux liberticides pour mettre un terme à l'exercice de la démocratie sous prétexte que celle-ci ne laisse pas d'espace à l'expression de leurs propres valeurs minoritaires? Ils légitimeraient ainsi leur propre pouvoir de minorité éclairée, ce qui serait un processus totalement négatif, comme vous venez de l'indiquer.

 

MV: Je crois que la liberté court effectivement le danger de tomber entre les mains de ceux qui l'affirment par pure rhétorique, sans jamais définir ce que doit être la démocratie au concret. Je crois que la liberté est une condition de vie et non pas une valeur. La liberté est une condition pour l'exercice des valeurs, pour exprimer sa différence et sa personnalité: une condition indispensable. Si je retiens la liberté comme indispensable, je crois donner à la valeur liberté une importance fondamentale, sans laquelle il est impossible d'avoir une société civile avancée; je perçois un danger chez ceux qui utilisent le terme “liberté” ou “libéralisme” comme une simple étiquette et mettent dans cette coquille vide tous leurs fantasmes, toutes les fables auxquelles il croient.

 

Q.: Qu'y a-t-il au-delà de la droite et de la gauche?

 

MV: Je crois qu'on va redéfinir complètement la droite et la gauche et qu'on leur donnera peut-être de nouveaux noms. Personnellement, je ne me batterai pas pour ces vocables et je ne briserai aucune lance pour les restaurer. Si les prochaines représentations bipolaires se nomment encore gauche et droite, je les nommerai aussi ainsi, mais si elles se nomment autrement, je les nommerai autrement. Je cherche bien plutôt à préciser une opposition entre un type de culture libéral et un type de culture communautaire, en espérant que cette distinction sera de quelque utilité pour comprendre l'avenir.

 

Q.: Si vous deviez créer un parti sur base de vos réflexions comment le réaliseriez-vous? Quelles allures aurait le parti de Marcello Veneziani?

 

MV: Je vous dis tout de suite que je n'ai pas la moindre intention de créer un parti. Ceci dit, je pense que pour faire un parti qui représenterait les besoins et les malaises d'un peuple, il faudrait d'emblée le concevoir comme d'inspiration communautaire et décisionniste tout à la fois. Ce parti devrait aussi représenter les exigences diffuses d'un pouvoir influent, c'est-à-dire d'un pouvoir suffisamment fort et capable de satisfaire correctement, sans recours à la coercition, le besoin du pays en décisions claires et nettes. Et, en même temps, le besoin de le réamarrer aux racines communautaires, en sachant que l'unique légitimation qu'une force politique peut avoir est justement celle d'interpréter l'âme d'un pays selon un mode actuel, non anachronique. A partir du moment où la politique n'incarne plus l'âme d'un pays, on n'a plus besoin de politique, il suffit d'avoir des administrateurs et des technocrates qui assureront sans heurts leurs condominium. Ensuite, il me paraît nécessaire que la politique conserve ce zeste de passion civile sans lequelle elle n'a plus raison d'être.

 

Q.: Que pensez-vous de la droite actuelle? Vous avez eu des mots très durs à son égard.

 

MV: Il faut tenir compte du fait que le niveau de ces personnages de la droite, tant d'un point de vue humain que d'un point de vue stratégique et politique, est plutôt bas. En Italie existe une droite profonde mais je crois que la droite majoritaire l'a supprimée; par ailleurs, il existe une culture de droite qui a ses lettres de noblesse et qui s'est enraciné dans la paysage culturel italien. Au milieu de tout cela, nous avons des sujets politiques qui n'ont pas la moindre attention de les écouter. Je pense qu'aujourd'hui cette force de droitesans profil, sans profondeur ni culture, entre dans une phase de pure jactance où communient et la gauche et la droite, avant de participer sans vergogne aux structures du pouvoir. Elle mobilisent les foules sur les places publiques pour des motifs dépourvus de toute noblesse.

 

Q.: Existe-t-il une véritable culture de droite actuellement? Vous avez opéré des distinctions très nettes entre la droite politique et la droite culturelle.

 

MV: Je pense que la culture de droite existe surtout au niveau des racines; il existe en effet un grand patrimoine culturel de droite mais qui baigne dans l'indifférence la plus totale, auquel la caste politique manifeste de l'hostilité. Un patrimoine qui n'est finalement que peu de chose. Mais pourquoi? Il en subsiste peu de chose à l'état actif car la droite a subi l'hégémonie culturelle de la gauche, soit un pouvoir culturel qui exerçait la contrainte contre tous ceux qui osaient penser différemment. Face à cette terreur, elle a dû pratiquer le mimétisme ou se doter d'un corpus culturel complètement éloigné de la politique, où ses protagonistes vivaient mal leur frustration d'être marginalisés. Mais il faut dire aussi que la droite politique est incapable de penser une politique culturelle; en disant cela, je pense à ce que le communisme de Togliatti a été capable de faire à gauche; les droites qui ont essayé d'imiter cette stratégie payante, en fondant des maisons d'édition, des centres culturels, des revues et des journaux, ne sont pas arrivées à la cheville de leur modèle communiste. Je connais bien l'histoire des revues de droite: c'est une histoire perpétuelle d'homicides et de suicides culturels, causés par ceux qui ne toléraient pas les expressions non aliénées dans le monde de la droite.

(propos recueillis par Matteo Bua et Nino Reina; ex Parolibera, n°3/95; traduction française: Robert Steuckers).

Lire la suite

samedi, 18 octobre 2008 | Lien permanent

L'homme et son territoire enraciné

c816e4f1065f45615c7cde5b83a4e3a1.jpg

Jean-Yves LE GALLOU:

Pour une écologie humaine : l’homme et son territoire enraciné

http://www.polemia.com/contenu.php?cat_id=36&iddoc=1538

Les problèmes d’environnement sont réels. Chacun le ressent bien dans sa vie de tous les jours. Chacun peut ainsi observer la multitude des conflits locaux autour de la destination et de l’usage de l’espace.
Mais les idéologies dominantes abstraites et globalisantes ne permettent pas d’appréhender les problèmes concrets.
Notre environnement sensible, notre environnement palpable est pris en tenaille par l’écologie planétaire, d’un côté, la marchandisation du monde de l’autre.

• L’écologie planétaire

L’écologie planétaire est abstraite et globalisante. Elle s’intéresse à ce qu’elle appelle les « biens publics mondiaux » comme l’atmosphère terrestre. Elle est réductionniste et ramène quasiment tout à des données physico-chimiques : la production de CO2 et de gaz à effet de serre. Elle est totalitaire puisqu’elle nous bombarde constamment de messages de type « maoïste » : certes, il ne s’agit plus de construire le socialisme par « un grand bond en avant » mais de « sauver la planète » par de « petits gestes du quotidien ». La méthode est la même : le conditionnement des esprits et des comportements. C’est une nouvelle forme d’hygiénisme, négatrice des particularités et des paysages. Négatrice aussi des libertés.

• La marchandisation du monde

La marchandisation du monde n’est pas moins redoutable pour notre environnement. Elle vise à transformer en avantage marchand immédiat les biens rares de la nature vierge ou anthropisée, en oubliant que le paysage est d’abord un bien public territorial ; un bien public territorial car, de manière générale, un paysage est accessible à tous sans rivalité (la découverte du site par un individu n’empêche pas sa vision par un autre) et sans exclusion (sauf clôture et péage). Ainsi tout dans l’environnement urbain ou campagnard dans lequel nous vivons, tout dans l’espace littoral ou montagnard de notre pays n’est pas privatisable sans dommage ni appauvrissement collectif. Car cela revient trop souvent à détruire pour un avantage particulier et temporaire des sites qui sont le résultat d’une évolution naturelle millénaire ou d’une action humaine inscrite dans l’histoire. De même la multiplication d’infrastructures de transports qui font gagner du temps dans les déplacements (temps facile à valoriser) doit être mise en balance avec la destruction définitive des paysages et des milieux naturels qu’elle peut impliquer. Il n’y a pas que les collectivistes qui sont contre l’environnement, cela arrive aussi aux marchands !

Ceux qui en douteraient peuvent se plonger dans la lecture du « Fou d’Edenberg » : dans ce roman fleuve, prix Goncourt 1967, Samivel montre comment le développement économique et touristique de la montagne peut conduire à la destruction des équilibres naturels et culturels.
http://www.amazon.fr/fou-dedenberg-Samivel/dp/B0000DSN2H...

• L’écologie humaine

L’abstraction planétaire et l’abstraction marchande ne savent pas rendre compte d’une réalité essentielle de la vie : la relation de l’homme enraciné avec son territoire : territoire urbain, territoire naturel, territoire culturel et civilisationnel.

— L’homme enraciné et son territoire urbain —

Aujourd’hui plus de la moitié de la population mondiale vit en ville. Et c’est le cas de 75% des Français.
Pour des raisons idéologiques (la lutte contre les déplacements en automobile) une puissante tendance se fait jour pour « densifier la ville ». Ainsi le maire de Paris envisage-t-il la construction de tours d’habitation ; quant au Conseil régional d’Ile-de-France, il préconise, dans son schéma directeur, d’augmenter de 50% la mise en chantier de logements neufs… tout en diminuant de 50% la superficie des espaces constructibles.

Cet urbanisme politiquement correct se heurte à une réalité : le besoin de « confort spatial » des habitants : confort spatial individuel mais aussi collectif (espaces de déplacements, d’études, de loisirs, de détente) qui suppose, selon l’analyste Olivier Piron, de ne pas dépasser la densité de 40 habitants à l’hectare.
http://cfdu.arunpp.free.fr/UE.2006/atelier.1/Piron.Olivie...

En sachant que les « villes denses », Paris intra-muros par exemple, excluent de facto la majorité des familles, en tout cas d’origine française. Il faut donc clairement placer les décideurs politiques en face d’une réalité : il n’est pas possible de tolérer, voire d’encourager, la persistance de puissants courants migratoires tout en refusant l’urbanisation de terres agricoles ! De même qu’il n’est pas plausible de négliger l’impact des achats étrangers sur Paris, souvent spéculatifs, qui ont représenté, selon la Chambre des notaires, 8% des transactions en 2006.

— L’homme enraciné et son territoire naturel sauvage —

En France, 98% des espaces naturels sont anthropisés. Cette situation est le fruit d’une occupation méthodique et raisonnée de l’espace. Il ne reste donc plus que 2% d’espace naturel vraiment sauvage. Il s’agit souvent de lieux d’une grande beauté qu’il est donc légitime de conserver intacts.

C’est la raison pour laquelle, même s’il arrive au Mont Blanc d’être (relativement) encombré quelques jours par an, il ne serait pas raisonnable de le mettre aux enchères comme le proposent certains libéraux libertariens.

C’est aussi la raison pour laquelle la loi sur les parcs nationaux (1963), la loi montagne (1985), la loi littorale (1986) doivent être conservées et améliorées. Il ne s’agit pas là d’un interventionnisme étatique français mal placé mais de la simple prise en compte de l’existence des biens publics territoriaux : les pays anglo-saxons réputés les plus libéraux ont d’ailleurs édicté des règles protectrices bien avant nous : le parc de Yellowstone a été créé aux Etats-Unis en 1872 et les landes et montagnes britanniques sont, elles aussi, très protégées : s’ils revenaient parmi nous, les grands poètes romantiques anglais retrouveraient le charme du Lake District quasi inchangé ! Quant à la verte Erin, devenue un dragon économique européen, elle a choisi de limiter l’accès à ses comtés de l’Ouest, le Donegal et le Kerry, en maintenant à voie unique les routes qui conduisent à leurs collines et à leurs côtes pour en conserver la sauvage beauté.

La petite Suisse libérale et nationale protège, elle aussi, la splendeur de ses sites par des parcs et des réserves et la stricte limitation des emprises routières. De plus, elle veille à limiter l’appropriation de son espace par le capital mondial grâce à la Lex Koller qui réglemente l’acquisition des biens immobiliers par les résidents étrangers. Une coalition d’intérêts marchands cherche à obtenir l’abrogation de cette loi. Mais elle se heurtera à l’obstacle d’un référendum d’initiative populaire qui rassemblera les courants environnementalistes et patriotiques.

— L’homme enraciné et son territoire culturel et civilisationnel —

Le premier propriétaire foncier en France, c’est l’Etat, à travers un établissement public industriel et commercial (EPIC), l’Office national des forêts (ONF), qui détient 17.500 km2 et gère (avec les forêts communales qui lui sont concédées) 44.000 km2, soit près de 10% du territoire national.

Un libéral utopique pourrait, là aussi, être tenté de voir dans cette situation un reste de socialisme et se demander pourquoi l’Etat ne vend pas ces biens. Effectivement, une mise aux enchères ou une mise en bourse, voire l’acquisition par un fonds de pensions anglo-saxon, ne manquerait pas de produire des ressources importantes : de quoi payer une partie de la charge de la dette publique française ou financer des dépenses d’aide sociale croissantes ! Avec comme conséquence de liquider un patrimoine naturel et culturel patiemment constitué depuis la création de l’administration des eaux et forêts par Philippe le Bel : par un effort séculaire marqué par la politique volontariste de Louis XIV et de Colbert, et les grandes actions de reboisement du XIXe siècle.

L’ONF, qui gère ce patrimoine, n’a d’ailleurs pas qu’une mission commerciale (de production et de vente de bois), il a aussi une mission de protection des territoires contre les risques naturels, de sauvegarde d’habitats naturels (tourbières, pelouses alpines, dunes), de création de réserves naturelles et biologiques, d’accueil, enfin, de promeneurs, de randonneurs, de chasseurs, de cueilleurs.

La forêt n’est pas seulement un bien privé, c’est un bien public bénéficiant de manière non exclusive aux habitants vivant à sa périphérie ou à sa proximité. Elle est d’ailleurs souvent gérée de manière partenariale entre les forestiers, les élus et tous ceux qui la fréquentent pour la contemplation ou pour l’action. La forêt publique est d’ailleurs d’autant plus nécessaire que bien des propriétaires de bois privés, de prairies et de champs ont une conception abusive du droit de propriété les conduisant à supprimer illégalement les servitudes qui les frappent et à privatiser les chemins publics qui les maillent.

Au-delà de la forêt, c’est tout le paysage naturel humanisé qui doit faire l’objet d’un soin attentif. Car les moyens modernes permettent parfois de détruire en quelques heures l’effort patient des siècles.

Il faut à cet égard se méfier des modes :

  1. le remembrement a détruit des paysages humanisés par le beau labeur de nombreuses générations – le bocage vendéen, par exemple – sans bénéfice durable en termes de production agricole ;
  2. les agro-carburants pourraient aujourd’hui, au nom d’une hypothétique action contre l’effet de serre, contribuer à artificialiser davantage encore qu’il ne l’est le paysage rural, dont la beauté est liée à la diversité ;
  3. quant aux éoliennes, sous prétexte de produire, pourtant en faible quantité et à un prix exorbitant, une énergie réputée renouvelable mais souvent disponible à un moment inutile, elles risquent d’avoir un effet dévastateur sur le paysage.

— L’homme enraciné et son territoire politique —

Volens nolens, le discours écologique remet au premier plan la thématique de Malthus sur la distorsion entre l’évolution du nombre des hommes et celle des ressources. Même si elle ralentit, la croissance démographique mondiale, tout comme la croissance économique des pays émergents, est la cause principale des problèmes écologiques qui sont présentés comme gravissimes pour notre avenir.

Précisément, si l’on partage l’opinion qu’il y a un réchauffement du climat, que ce réchauffement est général, qu’il ne s’inscrit pas dans les cycles habituels de la terre mais qu’il a des causes anthropiques et qu’enfin ses conséquences sont potentiellement catastrophiques, alors il ne faut pas se contenter de promouvoir les éoliennes en France, et le « vélib » à Paris : il faut revendiquer un droit d’ingérence démographique sur l’Afrique et un droit d’ingérence économique sur l’Inde, la Chine et le Brésil.

Si cela ne paraît pas possible ou pas souhaitable, alors il ne faut pas se polariser, comme les médias nous y invitent, sur les seuls problèmes atmosphériques mais s’intéresser aux vraies raretés qui se manifestent dans d’autres domaines :

  1. la rareté de l’espace disponible pour chaque personne au regard de l’augmentation de la population ;
  2. la rareté des ressources en matières premières au regard des besoins de la production et de la consommation en biens et des services.

Il est exact – et les libéraux ont raison de le souligner – qu’il existe en économie de marché un remarquable mécanisme de régulation de la rareté : les prix. Néanmoins, la simple analyse de la réalité conduit à observer que les mécanismes régulateurs du marché sont doublement biaisés dans les économies modernes :

  1. par les politiques d’Etat-providence qui donnent des « droits à », des « droits aux logements » au cœur des villes denses et qui y subventionnent des logements sociaux ;
  2. par les politiques d’Etats souverains, qui s’assurent le contrôle des matières de leurs sols pour les uns, Iran, Venezuela, Russie, ou du sol des autres, s’agissant des Etats-Unis.

De ce point de vue-là, la situation de la France (et de l’Europe) apparaît doublement dégradée : petite péninsule du continent euro-asiatique, elle manque de matières premières et d’espace… et dans le même temps accueille une population sans cesse plus nombreuse venue de pays toujours moins denses qu’elles et souvent plus riches en matières premières. Certes, il n’est pas politiquement correct de le dire, mais l’immigration a un impact majeur sur l’environnement en France : laisser entrer chaque année en France 200.000 étrangers supplémentaires et, dans le même temps, prétendre lutter contre l’étalement urbain est profondément contradictoire.

Soyons clair : on a le droit d’être favorable à l’immigration mais alors il faut accepter l’étalement urbain ; on a le droit d’être hostile à l’étalement urbain mais alors il faut contrôler l’immigration. A moins, bien sûr, de vouloir cyniquement organiser la substitution d’une population par une autre.

• Terre et peuple, nature et culture, paysage et civilisation

Nous pensons pour notre part que nous sommes des héritiers : les héritiers d’une longue histoire et d’une grande culture. Nous pensons qu’il y a un rapport particulier entre nos paysages et notre civilisation, la civilisation européenne d’expression française ; nous pensons que nos sites et nos monuments sont des biens précieux qui font ce que nous sommes, qui sont parties intégrantes de notre identité ; nous pensons aussi que nos forêts et nos landes, nos prairies et nos marais, nos torrents et nos rivières méritent d’être protégés des folies collectivistes, marchandes ou technicistes ; nous pensons qu’il ne faut pas tout sacrifier au temps immédiat mais inscrire nos actions sur la terre de nos pères dans le temps immémorial.
Il est temps de réfléchir à une écologie enracinée, identitaire et localiste.

Jean-Yves Le Gallou
© Polémia
20/10/07

Lire la suite

vendredi, 16 novembre 2007 | Lien permanent

Page : 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22