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mercredi, 25 juin 2025

L'Iran est la clé de l'équilibre multipolaire au Moyen-Orient

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L'Iran est la clé de l'équilibre multipolaire au Moyen-Orient

par Stefano Vernole

Source : Strategic Culture & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/l-iran-e-la-chiav...

Comme signalé il y a quelques semaines, la D.I.A. américaine avait pris l'Iran pour cible. En résumé, les raisons en étaient les suivantes: l'Iran possède une capacité de représailles directes et pas seulement par procuration via l'Axe de la Résistance au Moyen-Orient ; l'Iran développe d'importantes capacités en matière de missiles et de drones ; l'Iran a des ambitions nucléaires, même s'il est encore loin de pouvoir développer une bombe atomique. Sur ce dernier point, Donald Trump (idole des "altermondialistes malins") a sèchement contredit le chef des services secrets américains, Tulsi Gabbard, en déclarant : « Je me fiche de ce qu'elle a dit. Je pense qu'ils étaient très près d'en avoir une ».

En réalité, dans le rapport de l'agence de renseignement de Washington, ce sont les motivations géopolitiques qui semblaient prévaloir. La coopération de l'Iran avec la Russie, la Chine et la Corée du Nord méritait, du point de vue américain, un durcissement des sanctions économiques, étant donné que la mise en service du corridor ferroviaire entre Téhéran et Pékin permettait de transporter le pétrole en 15 jours au lieu de 40 et de contourner le détroit de Malacca, qui risquait d'être fermé en cas de conflit pour Taïwan.

Ce n'est pas un hasard si les analystes militaires chinois ont immédiatement porté leur attention sur l'agression d'Israël contre l'Iran et en ont tiré des conclusions peu encourageantes: une profonde infiltration des services secrets sionistes dans la chaîne de commandement iranienne suivie de lourdes pertes militaires (celles subies par les Houthis au Yémen ne sont même pas comparables) ; une défense antiaérienne iranienne inefficace ; un manque de vigilance et de préparation dû à une certaine indolence des dirigeants iraniens ; l'échec de la politique de dissuasion iranienne ; crise totale de la tentative de réforme économique lancée par Raisi, puis brisée à la fois par la mort de l'ancien président iranien (difficile aujourd'hui de penser à un accident) et par l'instabilité régionale provoquée par Israël avec la chute d'Assad, l'attaque contre le Liban et le génocide des Palestiniens [1].

Bien sûr, la Chine, la Russie, la Turquie et les pays du golfe Persique, en premier lieu l'Arabie saoudite, ont sévèrement condamné l'attaque militaire israélienne et souhaiteraient sauver le gouvernement de Téhéran du « changement de régime » évoqué par Londres, Washington et Tel-Aviv. La Grande-Bretagne a mis ses bases militaires à la disposition de l'armée de l'air israélienne, transformant ainsi le territoire britannique en une zone de préparation directe pour les opérations contre l'Iran, fournissant à Tel-Aviv non seulement des bases aériennes, mais aussi ses services de renseignement. Elon Musk a activé le système satellitaire Starlink au-dessus de l'Iran, conférant à la coalition occidentale un avantage crucial en matière de communication et de navigation des données, tandis que le porte-avions américain Nimitz, en provenance de la mer de Chine méridionale, se dirige vers le golfe Persique. L'Occident dans son ensemble, avec le communiqué du G7, a fourni une légitimation formelle et « morale » au renversement du gouvernement iranien actuel.

La modalité de l'agression militaire israélienne est identique, tant sur le plan technique (lancement de drones à l'intérieur du pays) que politique (alors que l'Iran était en pourparlers avec les États-Unis), à celle de l'attaque ukrainienne contre les sites nucléaires et les bases russes il y a quelques semaines: la main est manifestement la même.

Pour la Russie, dont l'accord de partenariat stratégique avec l'Iran a été approuvé par Vladimir Poutine lui-même le 21 avril dernier, mais par Téhéran il y a seulement quelques jours, une défaite des ayatollahs serait un désastre géopolitique bien plus grave que la chute d'Assad en Syrie. L'Iran joue un rôle essentiel dans l'équilibre des pouvoirs au Moyen-Orient et est un allié indispensable dans la résistance à la domination mondiale occidentale; en particulier, l'équilibre stratégique dans la mer Caspienne serait rompu et les intérêts de Moscou dans le secteur énergétique seraient menacés au profit des États-Unis qui veulent exporter leur gaz naturel liquéfié.

De plus, un effondrement de l'Iran signifierait: l'effondrement du système d'alliances régionales de Moscou; la domination totale de l'Occident dans la région; l'isolement de la Russie et de ses principaux partenaires. La perte de l'Iran, membre des BRICS, deviendrait une catastrophe géopolitique pour le multipolarisme et confirmerait la capacité de l'Occident à résoudre par la force toutes ses contradictions géopolitiques. La vision à long terme esquissée par Brzezinski dans les années 1990 et par les néoconservateurs américains après le 11 septembre 2001 se réaliserait alors presque définitivement.

De son côté, Benjamin Netanyahu écarterait tout risque d'être remis en cause pour ses crimes évidents, devenant le symbole de la victoire atlantiste au Moyen-Orient.

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La Chine, qui a également conclu un accord de partenariat stratégique avec l'Iran et qui dépend fortement du pétrole iranien (environ 90% du pétrole transitant par le détroit d'Ormuz est destiné à Pékin), ne peut se permettre de perdre un partenaire indispensable à ses ambitions géopolitiques.

Que peut-il se passer maintenant ? Si la tentative de médiation diplomatique des pays d'Eurasie et des États voisins échoue, comme cela semble désormais évident, l'escalade devient inévitable.

Les États-Unis, la Grande-Bretagne et Israël, avec le plein consentement de leurs vassaux européens, recherchent des acteurs locaux capables de remplacer Khamenei et de conduire l'Iran vers une rupture avec Moscou et Pékin. Si les dirigeants actuels de Téhéran perçoivent le danger d'un renversement qui pourrait se produire si les États-Unis entrent directement en scène avec leurs forces armées, ils n'auront d'autre solution que d'augmenter le prix du conflit en dépassant toutes les « lignes rouges ». Mobiliser l'Axe de la Résistance, fermer le détroit d'Ormuz au passage des navires (avec le consentement de Pékin, désormais résigné à une guerre totale dans la région) et changer l'inertie de la bataille par une intervention terrestre depuis le Liban, la Syrie et l'Irak, sont les seules cartes dont elle dispose, compte tenu de la domination totale du ciel par Israël.

Plusieurs inconnues subsistent. Certes, la Chine n'interviendrait pas directement (tout comme la Russie engagée en Ukraine), mais elle pourrait aider l'Iran en lui fournissant du matériel militaire et en poussant le Pakistan à entrer en scène (le ministre pakistanais de la Défense a non seulement manifesté sa solidarité immédiate avec Téhéran, mais s'est également déclaré prêt à attaquer Israël en cas d'intervention militaire américaine contre l'Iran). Islamabad, seule puissance nucléaire islamique, apporterait une aide indispensable et pourrait également inciter l'Égypte et la Turquie (dont les dirigeants restent dans le collimateur de Tel-Aviv et le seront de toute façon dans un avenir pas trop lointain) à intensifier leur pression contre Israël. Reste à savoir si cet effet domino complexe n'impliquerait pas également d'autres acteurs mondiaux, à commencer par l'Inde, en quête de revanche après l'échec subi dans la bataille aérienne qui a suivi la crise du Cachemire.

La Troisième Guerre mondiale, évoquée ces dernières heures par Steve Bannon et Tucker Carlson, est-elle peut-être plus proche que nous ne l'imaginons ?

NOTE:

[1] Wang Shichun, "L'Iran sera-t-il la deuxième Syrie d'Assad?", guancha.cn, 14 juin 2025. L'analyste militaire chinois souligne également un conflit interne à l'appareil iranien entre la position du Guide suprême Khamenei, la ligne médiane de Pezeshkian qui attribue une grande partie de la corruption du pays aux Gardiens de la révolution et celle des libéraux qui souhaiteraient privatiser totalement l'économie.

Téhéran ne cède pas, Israël mise sur les États-Unis: premier bilan de la guerre entre Israël et l'Iran

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Téhéran ne cède pas, Israël mise sur les États-Unis: premier bilan de la guerre entre Israël et l'Iran

Andrea Muratore

Bron: https://it.insideover.com/guerra/teheran-non-crolla-israele-punta-sugli-usa-un-primo-bilancio-della-guerra-israele-iran.html  

Après plus d'une semaine, la guerre entre Israël et l'Iran présente des scénarios stratégiques de toute première importance qui sont encore en cours de consolidation, mais dont l'analyse permet de se frayer un chemin à travers un flot de propagande extrêmement visqueux et de comprendre comment le conflit le plus problématique de l'histoire récente du Moyen-Orient pourrait évoluer et façonner la région.

Récit contre réalité, la guerre d'Israël contre l'Iran

Comme toute guerre, celle entre Tel-Aviv et Téhéran est faite de récits autant que de faits. Des récits qui s'avèrent souvent fallacieux à l'épreuve des faits concrets et qui doivent être présentés comme tels. Nous le constatons dans l'attitude des acteurs sur le terrain, directement ou indirectement impliqués dans la guerre, qui a fortement changé au cours des journées où ce conflit s'est développé.

La première tendance, double, est la prémisse nécessaire à tout le reste. Nous constatons en effet que la justification israélienne d'une guerre préventive visant à empêcher Téhéran d'accéder rapidement à une forme de dissuasion nucléaire s'est avérée insuffisante pour expliquer la réelle volonté de Tel Aviv d'entrer en guerre, justifiée en réalité par la tentative d'affaiblir et de saper les fondements du régime iranien.

Après le bombardement de Be'er Sheva jeudi, le ministre de la Défense de Benjamin Netanyahu, Israel Katz, l'a clairement indiqué en désignant l'ayatollah Ali Khamenei comme une cible militaire légitime. Au cours de ces mêmes jours, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, a rejeté l'hypothèse selon laquelle, malgré les critiques de l'organe de Vienne pour avoir violé ses obligations en matière de prolifération, l'Iran accélérerait réellement la possibilité de se doter de la bombe par excellence.

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Le régime ne s'effondre pas

Deuxièmement, nous constatons que malgré les coups très durs subis et l'éclaircissement continu des rangs supérieurs des forces armées, l'appareil du pouvoir iranien ne s'est pas effondré. L'architecture dite "baroque", qui pose la structure fondée sur le rôle du Guide suprême et des Gardiens de la révolution sur le gouvernement proprement dit et sur les forces armées traditionnelles, s'est révélée plus souple que prévu.

En particulier, le discours de Netanyahu, repris par de nombreux représentants des camps libéral et conservateur en Europe et aux États-Unis, selon lequel la libération de l'Iran du système de pouvoir actuel serait le résultat des raids de Tel-Aviv, ne s'est pas concrétisé. Indépendamment du jugement global sur le système de la République islamique et sur le Guide suprême, on constate qu'un régime en difficulté sur de nombreux fronts, de l'économie en crise aux questions sociales pressantes, n'a à ce jour aucune alternative crédible dans la société iranienne, que l'idée d'exporter un système démocratique à coups de bombes, une vieille tentation qui refait surface, semble pour le moins fallacieuse et que la ligne de réponse à Israël sur le terrain n'a pas provoqué de protestations ou de soulèvements.

Khamenei refuse la reddition, le système iranien ne s'effondre pas

À cet égard, le discours prononcé jeudi par Khamenei, dans lequel il a rejeté toute hypothèse de « reddition » du pays, comme l'avait demandé le président américain Donald Trump, a eu une importance politique considérable, dictant une ligne de conduite et mettant au défi les éventuels opposants de se manifester: aucun conflit ne semble avoir émergé dans l'architecture pourtant difficilement pénétrable du régime iranien.

Tout bien considéré, l'Iran subit les durs coups de l'offensive aérienne et balistique israélienne et tente de riposter avec une dissuasion balistique bien plus réduite, mais qui ne semble pas inexistante, loin de là. À ce jour, en substance, l'attaque de Tel-Aviv n'a pas encore provoqué le démantèlement total du nucléaire, n'a pas, jusqu'à présent, comme le confirme également le Jerusalem Post, ouvert de fissures irréparables dans le régime et n'a pas, troisième point de la confrontation entre le récit et la réalité, convaincu les États-Unis d'entrer en guerre pour porter un coup décisif à Téhéran, en évitant toute solution diplomatique.

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Le dilemme américain et l'heure de la diplomatie

Trump a été sollicité de toutes parts: plusieurs faucons du Parti républicain, menés par les sénateurs Ted Cruz et Lindsey Graham, poussent à s'engager aux côtés d'Israël, et le général Michael Erik Kurilla, à la tête du Commandement central (Centcom) chargé des opérations au Moyen-Orient, semble partager cet avis.

Dans le même temps, on note la froide réticence de l'aile proche du vice-président J. D. Vance et des figures politiques, commentateurs et faiseurs d'opinion proches du monde "Maga", comme le présentateur Tucker Carlson. Mais jeudi, The Donald a déclaré vouloir donner une nouvelle place à la diplomatie, ouvrant une fenêtre de deux semaines pour d'éventuelles rencontres diplomatiques avec les dirigeants de Téhéran.

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La « résurrection » de Shamakhani

À ce sujet, certaines informations intéressantes méritent d'être soulignées: tout d'abord, après que Trump ait ouvert cette fenêtre, l'Iran a annoncé que l'amiral Ali Shamakhani, haut conseiller de Khamenei et figure centrale de la diplomatie atomique avec Washington, était vivant et se remettait des blessures subies le 13 juin lors des attaques israéliennes qui ont déclenché la guerre. À propos de récits: Shamakhani avait été déclaré mort sur la base des communiqués militaires israéliens qui annonçaient son élimination.

Tel Aviv pensait avoir tué l'habile négociateur qui, jusqu'à il y a un mois, présentait des demandes pour le moins modérées dans ses discussions avec Washington: ouverture à l'abandon de l'uranium hautement enrichi, négociations directes et continues avec les États-Unis, politique permanente visant la désescalade. La nouvelle de la survie de Shamakhani ouvre la possibilité de recréer l'axe avec le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi au nom de la désescalade. Hier, les premières discussions ont eu lieu à Genève avec les diplomates de l'E3, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni.

À propos de changement de discours: l'Europe, qui n'est pas intervenue dans les négociations entamées en avril par les États-Unis et l'Iran et qui, au début de la guerre, avait largement épousé le discours israélien et les raids, adopte désormais une approche plus inquiète, ouverte aux négociations et au cessez-le-feu. La volonté prématurée de venir en aide au (présumé) vainqueur a atteint son apogée lors du G7, lorsque le chancelier Friedrich Merz a déclaré qu'Israël « faisait le sale boulot pour nous tous ». La situation s'est avérée, comme dirait Giulio Andreotti, « un peu plus complexe ». Et le discours, éternel fléau de la politique internationale, a cédé la place au pragmatisme et à un plus grand réalisme. Ce qui, dans les affaires internationales, devrait toujours être bienvenu.

Téhéran ne cède pas, Israël mise sur les États-Unis: premier bilan de la guerre entre Israël et l'Iran

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Téhéran ne cède pas, Israël mise sur les États-Unis: premier bilan de la guerre entre Israël et l'Iran

Andrea Muratore

Bron: https://it.insideover.com/guerra/teheran-non-crolla-israele-punta-sugli-usa-un-primo-bilancio-della-guerra-israele-iran.html  

Après plus d'une semaine, la guerre entre Israël et l'Iran présente des scénarios stratégiques de toute première importance qui sont encore en cours de consolidation, mais dont l'analyse permet de se frayer un chemin à travers un flot de propagande extrêmement visqueux et de comprendre comment le conflit le plus problématique de l'histoire récente du Moyen-Orient pourrait évoluer et façonner la région.

Récit contre réalité, la guerre d'Israël contre l'Iran

Comme toute guerre, celle entre Tel-Aviv et Téhéran est faite de récits autant que de faits. Des récits qui s'avèrent souvent fallacieux à l'épreuve des faits concrets et qui doivent être présentés comme tels. Nous le constatons dans l'attitude des acteurs sur le terrain, directement ou indirectement impliqués dans la guerre, qui a fortement changé au cours des journées où ce conflit s'est développé.

La première tendance, double, est la prémisse nécessaire à tout le reste. Nous constatons en effet que la justification israélienne d'une guerre préventive visant à empêcher Téhéran d'accéder rapidement à une forme de dissuasion nucléaire s'est avérée insuffisante pour expliquer la réelle volonté de Tel Aviv d'entrer en guerre, justifiée en réalité par la tentative d'affaiblir et de saper les fondements du régime iranien.

Après le bombardement de Be'er Sheva jeudi, le ministre de la Défense de Benjamin Netanyahu, Israel Katz, l'a clairement indiqué en désignant l'ayatollah Ali Khamenei comme une cible militaire légitime. Au cours de ces mêmes jours, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, a rejeté l'hypothèse selon laquelle, malgré les critiques de l'organe de Vienne pour avoir violé ses obligations en matière de prolifération, l'Iran accélérerait réellement la possibilité de se doter de la bombe par excellence.

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Le régime ne s'effondre pas

Deuxièmement, nous constatons que malgré les coups très durs subis et l'éclaircissement continu des rangs supérieurs des forces armées, l'appareil du pouvoir iranien ne s'est pas effondré. L'architecture dite "baroque", qui pose la structure fondée sur le rôle du Guide suprême et des Gardiens de la révolution sur le gouvernement proprement dit et sur les forces armées traditionnelles, s'est révélée plus souple que prévu.

En particulier, le discours de Netanyahu, repris par de nombreux représentants des camps libéral et conservateur en Europe et aux États-Unis, selon lequel la libération de l'Iran du système de pouvoir actuel serait le résultat des raids de Tel-Aviv, ne s'est pas concrétisé. Indépendamment du jugement global sur le système de la République islamique et sur le Guide suprême, on constate qu'un régime en difficulté sur de nombreux fronts, de l'économie en crise aux questions sociales pressantes, n'a à ce jour aucune alternative crédible dans la société iranienne, que l'idée d'exporter un système démocratique à coups de bombes, une vieille tentation qui refait surface, semble pour le moins fallacieuse et que la ligne de réponse à Israël sur le terrain n'a pas provoqué de protestations ou de soulèvements.

Khamenei refuse la reddition, le système iranien ne s'effondre pas

À cet égard, le discours prononcé jeudi par Khamenei, dans lequel il a rejeté toute hypothèse de « reddition » du pays, comme l'avait demandé le président américain Donald Trump, a eu une importance politique considérable, dictant une ligne de conduite et mettant au défi les éventuels opposants de se manifester: aucun conflit ne semble avoir émergé dans l'architecture pourtant difficilement pénétrable du régime iranien.

Tout bien considéré, l'Iran subit les durs coups de l'offensive aérienne et balistique israélienne et tente de riposter avec une dissuasion balistique bien plus réduite, mais qui ne semble pas inexistante, loin de là. À ce jour, en substance, l'attaque de Tel-Aviv n'a pas encore provoqué le démantèlement total du nucléaire, n'a pas, jusqu'à présent, comme le confirme également le Jerusalem Post, ouvert de fissures irréparables dans le régime et n'a pas, troisième point de la confrontation entre le récit et la réalité, convaincu les États-Unis d'entrer en guerre pour porter un coup décisif à Téhéran, en évitant toute solution diplomatique.

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Le dilemme américain et l'heure de la diplomatie

Trump a été sollicité de toutes parts: plusieurs faucons du Parti républicain, menés par les sénateurs Ted Cruz et Lindsey Graham, poussent à s'engager aux côtés d'Israël, et le général Michael Erik Kurilla, à la tête du Commandement central (Centcom) chargé des opérations au Moyen-Orient, semble partager cet avis.

Dans le même temps, on note la froide réticence de l'aile proche du vice-président J. D. Vance et des figures politiques, commentateurs et faiseurs d'opinion proches du monde "Maga", comme le présentateur Tucker Carlson. Mais jeudi, The Donald a déclaré vouloir donner une nouvelle place à la diplomatie, ouvrant une fenêtre de deux semaines pour d'éventuelles rencontres diplomatiques avec les dirigeants de Téhéran.

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La « résurrection » de Shamakhani

À ce sujet, certaines informations intéressantes méritent d'être soulignées: tout d'abord, après que Trump ait ouvert cette fenêtre, l'Iran a annoncé que l'amiral Ali Shamakhani, haut conseiller de Khamenei et figure centrale de la diplomatie atomique avec Washington, était vivant et se remettait des blessures subies le 13 juin lors des attaques israéliennes qui ont déclenché la guerre. À propos de récits: Shamakhani avait été déclaré mort sur la base des communiqués militaires israéliens qui annonçaient son élimination.

Tel Aviv pensait avoir tué l'habile négociateur qui, jusqu'à il y a un mois, présentait des demandes pour le moins modérées dans ses discussions avec Washington: ouverture à l'abandon de l'uranium hautement enrichi, négociations directes et continues avec les États-Unis, politique permanente visant la désescalade. La nouvelle de la survie de Shamakhani ouvre la possibilité de recréer l'axe avec le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi au nom de la désescalade. Hier, les premières discussions ont eu lieu à Genève avec les diplomates de l'E3, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni.

À propos de changement de discours: l'Europe, qui n'est pas intervenue dans les négociations entamées en avril par les États-Unis et l'Iran et qui, au début de la guerre, avait largement épousé le discours israélien et les raids, adopte désormais une approche plus inquiète, ouverte aux négociations et au cessez-le-feu. La volonté prématurée de venir en aide au (présumé) vainqueur a atteint son apogée lors du G7, lorsque le chancelier Friedrich Merz a déclaré qu'Israël « faisait le sale boulot pour nous tous ». La situation s'est avérée, comme dirait Giulio Andreotti, « un peu plus complexe ». Et le discours, éternel fléau de la politique internationale, a cédé la place au pragmatisme et à un plus grand réalisme. Ce qui, dans les affaires internationales, devrait toujours être bienvenu.

vendredi, 20 juin 2025

La rigueur d'une politique de retenue : pourquoi la Chine n’interviendra pas

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La rigueur d'une politique de retenue : pourquoi la Chine n’interviendra pas

Source: https://dissident.one/de-brutaliteit-van-terughoudendheid...

Une question qui m’est posée à plusieurs reprises – récemment en lien avec Gaza ou l’Iran – est la suivante : pourquoi la Chine n’intervient-elle pas ? Ou, si elle ne participe pas directement sur le plan militaire, pourquoi ne cesse-t-elle pas au moins le commerce avec Israël ou ne soutient-elle pas l’Iran avec en fournissant des armes pour son autodéfense ?

Honnêtement, je n’ai pas de réponses simples, écrit Arnaud Bertrand. Et je mentirais si je prétendais en avoir. La règle de base est: quiconque affirme avoir une compréhension de la pensée stratégique des dirigeants chinois est un hâbleur. Ces stratégistes chinois ne lâchent rien – littéralement personne en dehors de leur cercle intérieur ne sait ce qu’ils pensent. Donc, toute personne dans les médias occidentaux citant des sources anonymes prétendument proches des délibérations secrètes qui se tiennent à Pékin diffuse probablement des absurdités. Même des employés de haut rang de Xinhua, l’agence de presse officielle de la Chine et porte-voix du Parti communiste, n’ont pas un accès privilégié aux délibérations de la direction du parti. Il est totalement exclu que des journalistes occidentaux en aient.

Ce que nous pouvons toutefois savoir – et cela pourrait être découvert par quiconque fait un peu de recherche – c’est l’histoire de la Chine et ce que le pays a lui-même rendu public au sujet de sa politique étrangère. Quiconque s’y intéresse sérieusement trouvera des réponses étonnamment claires.

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Historiquement, la Chine a été impliquée dans précisément cinq conflits armés internationaux depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale: la guerre de Corée (1950-1953), dans laquelle elle a combattu aux côtés de la Corée du Nord contre les États-Unis ; la guerre du Vietnam, où 300.000 soldats chinois ont soutenu le Nord-Vietnam ; la guerre de la frontière avec l’Inde en 1962, provoquée par des incursions indiennes dans des zones contestées comme l'Aksai Chin ; des conflits militaires avec l’Union soviétique à la fin des années 1960, par exemple lors de l’incident de l'Oussouri ; et la courte mais sanglante guerre contre le Vietnam en 1979, suite à l’invasion vietnamienne du Cambodge.

D’autres événements, comme la crise à Taïwan, l’invasion du Tibet en 1950-1951 ou les récents incidents frontaliers dans la vallée de Galwan avec l’Inde, sont considérés selon le droit international comme des différends internes ou locaux, et non comme des interventions militaires.

Le modèle est clair: la Chine n’intervient militairement que lorsque sa propre intégrité territoriale ou sa sécurité est menacée. Dans son histoire millénaire, elle n’a jamais mené d’intervention militaire en dehors de son environnement immédiat – surtout pas dans des conflits qui ne touchent pas directement à sa sécurité. Il est extrêmement improbable qu’un dirigeant chinois rompe ce schéma profondément ancré dans l’histoire.

Il est également intéressant de noter que deux des cinq guerres menées par la Chine l'ont été contre les États-Unis – et qu’elle a gagné dans les deux cas, malgré le fait qu’à l’époque, elle était encore l’un des pays les plus pauvres du monde. Un souvenir qui pourrait ne pas déplaire aux faucons chinois à Washington.

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Cela nous amène aux principes. Au cœur de la politique étrangère chinoise se trouve un principe de stricte non-ingérence dans les affaires intérieures des autres États. Même lorsqu’il y a un agresseur évident, la Chine refuse toute ingérence, car cela violerait la souveraineté – même si moralement, elle prend le parti de la victime. Ce qui est souvent perçu comme un cynisme pragmatique dans la politique occidentale, est, dans la vision de la Chine, l’expression d’un principe cohérent : les principes s’appliquent, même quand cela ne leur profite pas.

La question qui se pose est dès lors la suivante: respectez-vous la souveraineté d’un pays uniquement si vous êtes d’accord avec sa politique? Ou même si vous n’êtes pas d’accord? La Chine tente la dernière option. Elle maintient sa souveraineté, même si cela est difficile – par exemple dans le cas d’Israël ou de l’Iran.

Ce comportement crée une paradoxe: en n’intervenant pas, la Chine facilite la tâche aux autres États pour le faire à leur tour. Pourtant, la Chine croit que les principes prévalent par la crédibilité et l’exemplarité – pas par la force ou la contrainte. Une intervention sélective ferait de la Chine une nouvelle puissance hégémonique qui violerait à volonté les règles.

La Chine veut projeter une image d’un ordre mondial dans lequel un État peut exercer son influence sans recourir à la puissance militaire. Le modèle occidental – selon la contre-image chinoise – repose sur la violence, l’hypocrisie et les doubles standards. L’alternative chinoise: respecter les principes, faire preuve de patience et de retenue. L’objectif est la crédibilité à long terme, pas le gain à court terme.

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La Chine rejette également toute politique de blocs. Le président Xi Jinping a répété à plusieurs reprises la condamnation de la pensée qui régentait le monde pendant la Guerre froide, avec l'établissement de zones d’influence et de la confrontation. Une aide militaire à l’Iran ou à Gaza placerait immédiatement la Chine dans un bloc anti-américain – exactement selon la logique bipolaire qu’elle veut éviter. Cela minerait non seulement la quête chinoise d’un ordre mondial multipolaire, mais aussi sa crédibilité en tant que puissance non-hégémonique – surtout dans le Sud, où elle est vue comme une alternative à la domination occidentale.

Une parabole historique de 288 av. J.-C. illustre la pensée stratégique de la Chine: deux royaumes chinois rivaux, Qin et Qi, se sont tous deux proclamés détenteurs de l'impérialité chinoise. Cependant, l’État le plus bienveillant, Qi, a perdu son avantage moral à cause de cette démarche – et a finalement été détruit par Qin. La leçon à retenir: celui qui agit en tant que co-hégémon perd son statut spécial.

Le multilatéralisme est également un principe central de la politique étrangère chinoise. La Chine vise à une véritable organisation multilatérale soutenue par l’ONU. Elle n’interviendra pas unilatéralement, même si le système est bloqué. Quiconque ignore le système de l’ONU détruit toute autorité qu’il pourrait utiliser pour le défendre.

Stratégiquement, la Chine évite également l’expansion excessive, qui a jadis conduit l’Union soviétique à sa chute et affaibli les États-Unis aujourd’hui. Plutôt que de gaspiller des ressources dans des interventions lointaines, la Chine se concentre sur le développement national – un modèle réussi qu’elle souhaite préserver. Des aventures militaires au Moyen-Orient donneraient aussi aux États-Unis des munitions pour lutter contre la présence chinoise en Asie de l’Est et autour de Taïwan – ce qui nuirait à Pékin.

La réunification avec Taïwan, objectif stratégique supérieur de la Chine, exige une image de stabilité et de supériorité – pas celle d’un hégémon agressif. Quiconque s’engage militairement partout dans le monde perd cette image.

En résumé : que ce soit d’un point de vue historique, principiel ou stratégique, tout milite en faveur de la non-intervention de la Chine. Cela irait à l’encontre de son identité politique, compromettrait sa crédibilité et mettrait en danger ses objectifs stratégiques. Reste à voir si cette approche sera plus efficace à long terme que les démonstrations de puissance occidentales. Mais c’est une alternative réaliste à un système qui se termine trop souvent par la violence, l’intervention et l’hypocrisie.

Et aussi douloureux que cela soit de voir l’inaction face à des tragédies humaines comme celle de Gaza, la tentative de la Chine de modeler un rôle différent en tant que grande puissance mérite au moins du respect. Peut-être même de l’admiration – pour la cohérence radicale et le courage de résister à la spirale de la violence.

12:30 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, chine, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La politique étrangère des États-Unis est-elle hors du contrôle de Trump ?

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La politique étrangère des États-Unis est-elle hors du contrôle de Trump ?

par Davide Malacaria

Source: https://www.piccolenote.it/mondo/la-politica-estera-usa-e...

« Voici la réalité de ce qui est en jeu, de ce que nous affrontons aujourd’hui, car pendant que nous sommes ici, plus que jamais, nous sommes tout proches de l’annihilation nucléaire, tandis que les guerres de l’élite politique alimentent imprudemment la peur et la tension entre les puissances nucléaires. » C’est ainsi que Tulsi Gabbard s’est exprimée dans une vidéo inhabituelle, publiée sur YouTube après sa visite à Hiroshima, où elle appelle les peuples à faire entendre leur voix pour arrêter cette dérive.

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Gabbard sait de quoi elle parle, puisqu’elle dirige le renseignement national américain et a accès aux informations les plus confidentielles des agences fédérales. Ce n’est pas une plaisanterie de mauvais goût, mais la réalité dramatique, qui s’est encore accentuée après l’attaque contre les bombardiers stratégiques russes la semaine dernière.

Cette attaque cache des arrière-plans inquiétants, au-delà des motifs évoqués que j'ai évoqués dans une note précédente, à savoir faire échouer le processus de paix d’Istanbul prévu pour le lendemain, et déclencher une réaction russe pour amorcer un conflit direct avec l’Occident.

Alastair Crooke en parle dans un article publié sur le site du Ron Paul Institute, où il décrit ces arrière-plans. La première, qui découle du fait que les Ukrainiens ne pouvaient pas mener une opération aussi sophistiquée en solitaire, est que c’est l’Amérique qui a coordonné l’opération, évidemment en collaboration avec la Grande-Bretagne (Londres dirige également l’Union européenne, en tirant les ficelles des marionnettes placées au sommet de l’UE et de l’Allemagne).

Le Silence des Ours

Ce contrôle extérieur de l’attaque est évident, mais Crooke explique que peut-être Trump a donné son feu vert en croyant à ce que lui ont rapporté ses conseillers, selon lesquels la Russie était proche de l’effondrement, et qu’en augmentant la pression — par des attaques stratégiques visant à dégrader le moral russe — Moscou serait contrainte de céder.

Dans ce cas, Trump aurait été victime du manque de réalisme de ses conseillers, perdus dans leurs rêveries et incapables de comprendre la véritable force économique et militaire de la Russie. Crooke ne le précise pas explicitement, mais en citant un tweet de Trump — « Des choses terribles, si ce n’était pas moi, des choses VRAIMENT TERRIBLES arriveraient à la Russie » — il est clair que, si cette approbation existait, elle aurait été limitée.

La seconde hypothèse plus crédible, selon Crooke, est que « peut-être ses conseillers, involontairement ou délibérément, ont ‘trompé’ Trump et son programme de normalisation des relations avec la Russie ». L’initiative d’attaquer les bombardiers russes aurait été prise à l’insu du président, et justifiée par la suite sous le prétexte que « la CIA a simplement agi en fonction d’une vieille directive présidentielle autorisant des attaques en profondeur à l’intérieur du territoire russe. »

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Au-delà de nos considérations, selon Crooke, dans les deux cas, ce qui s’est passé signifie « une seule chose : que Trump n’a pas le contrôle. » Il l’éclaire davantage en expliquant qu’un objectif stratégique de l’attaque — qui a réussi et a prouvé qu’elle était « réalisable » — est que cela a « imposé à Trump la dure réalité de ne pas avoir le contrôle de la politique étrangère des États-Unis […]. Le Deep State collectif lui a fait comprendre cela. »

À ce propos, il cite le général Michael Flynn, qui explique : « L’État profond agit désormais en dehors du contrôle de la direction élue de notre nation… les hommes de l’État profond s’efforcent de provoquer la Russie pour ouvrir un affrontement à grande échelle avec l’Occident. »

L’alerte lancée par Gabbard, sous une forme si inhabituelle, semble confirmer les difficultés de Trump, qui aurait pu lui demander de prendre cette initiative surprenante.

Crooke explique aussi que l’attaque contre la Russie a exploité une vulnérabilité du Traité Salt-Start sur les armes nucléaires, en particulier l’article XII du traité START qui exige que les puissances signataires « exposent visiblement » tous les bombardiers lourds à l’intérieur de leur base aérienne. Ceci afin qu’ils puissent être surveillés par des satellites ennemis pour empêcher tout “premier coup” d’une des parties.

L’attaque contre les bombardiers russes fragilise donc un des piliers de l’accord sur la dissuasion nucléaire mutuelle, avec toutes les conséquences qui en découlent.

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Selon Crooke, la Russie préparerait une réaction différente de celles qu’elle a déjà menées, qui s’est traduite par une intensification des attaques conventionnelles en Ukraine, mais cela pourrait ne pas être le cas.

Il est évident que Trump, lors de l’appel apaisant avec Poutine, lui aurait demandé d’être patient, de répondre de manière mesurée pour ne pas le mettre entre les mains de ses ennemis (des ennemis extérieurs pour le tsar, des ennemis intérieurs pour le président américain).

Et, en même temps, il lui aurait assuré qu’il ferait tout pour éviter de telles initiatives. Il est probable que Poutine ait accepté, conscient des marges de manœuvre limitées de son interlocuteur et de la nécessité de ne pas le livrer aux ennemis communs.

Mais Trump doit agir rapidement pour changer les choses s’il veut prendre le contrôle d’un système géré par d’autres. Un petit, mais non négligeable, signal vient du nouveau programme de financement de la Défense élaboré par le Secrétaire de ce ministère, Pete Hegseth, l’un des rares hommes fidèles à Trump dans son administration (lui aussi a dû lutter pour être confirmé par le Congrès, tout comme Tulsi Gabbard).

Ce plan, développé par Hegseth, fait l’objet d’un article dans Responsible Statecraft, dont le titre est évocateur : « Le Secrétaire à la Défense déclare la guerre au complexe militaro-industriel. » En expliquant les coupes dans la défense, Hegseth a déclaré que certaines grandes industries de l’armement pourraient faire faillite en un ou deux ans. Le texte prévoit également une réduction de l’aide directe à Kiev…

Lobbying : la guerre contre le complexe militaro-industriel

En réalité, il ne s’agit pas d’un affrontement direct avec une des composantes du Deep State, et il ne semble pas, du moins pour le moment, que l’Ukraine reste totalement sans aide made in USA, mais cela signale une inversion de tendance qui inquiète beaucoup ces cercles, car ils ne supportent aucune limitation.

Il reste que le texte doit être approuvé par le Congrès, où de nombreux membres ont plus ou moins ouvertement des liens avec l’industrie militaire. L’approbation sera très difficile, et il est probable que le plan subisse des modifications pour le rendre moins désagréable, voire même plus acceptable pour ceux qui profitent des guerres faites par les États-Unis ( déclarées ou non).

jeudi, 19 juin 2025

Les voies de la guerre

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Les voies de la guerre

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/le-vie-della-guerra/

Une guerre peut nous sembler lointaine. Etre un conflit entre pays situés à des milliers de kilomètres de chez nous. Avec des cultures et des mentalités différentes des nôtres. Des réalités étrangères donc. Qui ne nous concerneraient pas.

Et pourtant, ce n’est pas le cas. Ou plutôt, ce n’est plus le cas, du moins pas autant qu’auparavant, même si dans le monde d’hier les choses étaient peut-être différentes. Mais, bien sûr, aujourd’hui, la connexion entre les différents pays, les réseaux d’intérêts, les alliances sont tels que même le conflit le plus éloigné et le plus petit peut constituer une menace générale.

Ou mieux, représenter un épisode d’un affrontement plus vaste. Global.

Et ce qui se passe actuellement entre Israël et l’Iran, n’est pas peu de choses. En soi, même pris isolément, cela représente le conflit entre la puissance la mieux armée et organisée de la région du Moyen-Orient, Israël, d'une part, et la puissance la plus peuplée, forte de ses chiffres et dotée d’une technologie compétitive, l’Iran, d'autre part. Et il y aurait déjà de quoi s’inquiéter. De beaucoup s'inquiéter.

Cependant, ce qui inquiète vraiment, ce sont les liens, les réseaux de soutien qui se profilent derrière les deux protagonistes. Des réseaux vastes, qui s’étendent bien au-delà des frontières du Grand Moyen-Orient. Des réseaux mondiaux.

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Israël bénéficie du soutien américain. Un soutien sans aucune exception. Et même si Netanyahu a agi de son propre chef, attaquant Téhéran sans presque en informer ses “amis”, Trump ne peut que le soutenir sans réserve. Bibi le savait bien, et il a agi en conséquence.

Au soutien américain, s’ajoute celui du Royaume-Uni, de la France, et, en substance, de toute l’Union européenne. Où certains peuvent s’opposer à l'une ou l’autre chose, condamner les positions de Netanyahu et l’accuser de crimes… mais ce ne sont que des déclarations de façade. La substance ne change pas. La Grande-Bretagne et l’UE soutiennent l’attaque d’Israël. Et cela, à Téhéran, ils le savent bien.

De l’autre côté, les amis de l’Iran. Qui ne sont pas les pays arabes, des poissons des mêmes eaux, qui déplorent la situation à voix haute, mais espèrent qu’Israël les libérera de la présence iranienne, qui leur est gênante. La Jordanie est plus explicite en ce domaine. Mais, en sous-main, ce sont surtout les pays arabes, en tête l’Arabie Saoudite, qui exercent l'influence la plus prépondérante.

Les vrais amis, ou plutôt les alliés des Iraniens, sont d’autres puissances. Le Pakistan, par exemple, qui s'est ouvertement déclaré comme tel. Qui envoie déjà des armements, peut-être même nucléaires, à Téhéran. Et se déclare prêt à intervenir avec son aviation.

Et derrière le Pakistan, il y a Pékin. Qui ne veut pas d’un changement de régime à Téhéran, qui soit provoqué par Israël et favorisé par Washington. Un changement de régime qui pourrait facilement nuire à l’économie chinoise. La Chine a besoin du gaz et du pétrole iraniens.

Ensuite, bien sûr, il y a la Russie. Moscou semble plus en retrait, surtout en raison de son engagement militaire en Ukraine, qui concentre ses ressources et son attention.

Cependant, le Kremlin est un allié étroit de Téhéran. Et il ne peut accepter un changement radical de direction, passant d’un gouvernement des ayatollahs à un autre, qui serait la “marionnette” d’Israël et des États-Unis. Que ce gouvernement soit géré par l’héritier du Shah ou soit sous la forme d'une quelconque république.

À l’heure actuelle, le front pro-iranien préférerait éviter la guerre. Cependant, Israël a lancé l'opération à tous points de vue. En mettant ses alliés, en premier lieu Washington, face à un fait accompli.

Il est difficile de trouver, maintenant, une solution diplomatique.

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La seule lueur d’espoir est la forte réaction de Téhéran à l’attaque israélienne. Qui a montré la perméabilité des défenses de Jérusalem, et semé la panique dans un pays peu habitué à subir de telles répercussions.

Ce à quoi semble se rattacher une initiative conjointe Moscou-Washington. La proposition de Poutine de faire de lui un médiateur dans le conflit Téhéran-Jérusalem.

Une proposition qui semble avoir trouvé l’approbation de Trump.

Une hypothèse, cependant, qui reste à vérifier. Vu l’attitude peu disposée de Netanyahu. Et, parallèlement, le fait qu'Ali Khamenei s’est, en substance, arrogé le rôle de commandant en chef. En écartant le gouvernement trop conciliant de Pezechkian.

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lundi, 16 juin 2025

Israël/Iran: Quels sont les intérêts de l'Allemagne et de l'Europe?

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Israël/Iran: Quels sont les intérêts de l'Allemagne et de l'Europe?

Quels sont les intérêts politiques et économiques allemands et européens dans le conflit Israël/Iran?

par Wolfgang Hübner 

Quelle: https://pi-news.net/2025/06/israel-iran-was-ist-das-deuts...

Si les équipes nationales de football d’Israël et d’Iran jouaient l’une contre l’autre, les spectateurs allemands pourraient sans problème manifester leur sympathie pour l’une ou l’autre équipe. Les intérêts allemands spécifique, au-delà de la gestion ordinaire du pays, ne seraient en rien affectés. La situation est tout autre si un conflit armé éclate entre ces deux États. Alors, en Allemagne, le conflit ne doit pas forcément être accompagné, du point de vue de l’observateur centre-européen qui, par la force des choses, est éloigné de la zone de grande turbulence, par une sympathie pour l’une ou l’autre partie; la problématique doit dès lors être abordée en posant une question bien précise: dans quelle mesure ce conflit touche-t-il les intérêts allemands (et/ou européens), quel est l’intérêt politique et économique allemand/européen dans ce conflit ?

C’est en tout cas la position et l’approche que devraient adopter les patriotes allemands/européens. Pour eux, la priorité doit demeurer la suivante: les guerres qui peuvent nuire à notre pays ne vont en principe jamais dans l’intérêt allemand/européen. L’attaque israélienne contre l’Iran, selon la version officielle qu'en donne l’administration Trump, sans encore apporter son soutien, comporte un fort potentiel de dommages et d’escalade, aussi pour l’Allemagne et pour les nations européennes. Non seulement cela entraînera des coûts énergétiques plus élevés pour tous les ménages et pour l'industrie, mais apportera aussi de nouveaux flux de réfugiés et des troubles internes venant de la minorité musulmane, entre Flensburg et Constance (entre Dunkerque et Brest-Litovsk, entre Copenhague et Palerme).

Indépendamment des deux gouvernements de Jérusalem et Téhéran, qui posent aujourd'hui problème, il est dans l’intérêt allemand/européen d’entretenir de bonnes relations à la fois avec Israël et avec l’Iran. Les relations particulières, historiquement dues, avec Israël n’imposent en aucune façon de soutenir des attaques et des raids contre d’autres États. L’Iran doit demeurer un interlocuteur à part entière de l’Allemagne et des autres Etats européens  qui doivent lui demander de ne pas propager leur volonté, autodestructrice en ultime instance, de détruire l’État juif. Mais nous ne pouvons pas non plus empêcher l’Iran de se défendre vigoureusement contre une attaque et de rendre coup pour coup.

C’est un signe d’immaturité politique et d’ignorance de ses propres intérêts nationaux que d'énoncer des déclarations unilatérales de sympathie et de soutien dans ce conflit actuel et de les diffuser, notamment par le biais de représentants de l’extrême droite extra-parlementaire ou du parti national-conservateur qu'est l’AfD. Quatre-vingts ans après la fin de la guerre, dans un monde qui évolue rapidement et de manière dramatique, ce ne doivent jamais être des motivations émotionnelles ou morales qui doivent prévaloir, mais l’intérêt national à long terme. Seuls les vrais patriotes doivent décider.

dimanche, 15 juin 2025

Israël-Iran: même dans une telle crise, l’Europe pusillanime sombre dans l'insignifiance

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Israël-Iran: même dans une telle crise, l’Europe pusillanime sombre dans l'insignifiance

Andrea Muratore

Source: https://it.insideover.com/guerra/israele-iran-anche-in-qu...

Des contributions à la désescalade ? Des négociations diplomatiques sérieuses ? Des activités effervescentes pour défendre ses intérêts ? Rien de tout cela. L’Europe s’arrête sur le conflit Iran-Israël, écrasée entre la crainte de démentir la position américaine et le réflexe conditionné de l’interventionnisme.

Il en résulte une position difficilement compréhensible : les mêmes pays qui, depuis plusieurs semaines, ont adopté des positions de plus en plus critiques contre Tel-Aviv en raison de l’escalade des bombardements sur Gaza et des privations imposées par Israël aux civils dans la Bande de Gaza, approuvent désormais, pour l'essentiel, les attaques unilatérales lancées par l’État hébreu contre l’Iran, auquel Washington accorde tacitement son blanc-seing. Ce qui est sans influence aucune sur les deux camps.

Une courte revue de déclarations aide à le comprendre. Emmanuel Macron, président français : « La France réaffirme le droit d’Israël à se défendre et à garantir sa sécurité. » Friedrich Merz, chancelier allemand : « L’objectif doit rester d’empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires. » Des paroles similaires des porte-paroles de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. En passant, David Lammy et Antonio Tajani, ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni et de l’Italie, ont invité à la modération… pour l’Iran !

Dire que ces déclarations ne signifient rien ne signifie pas forcément défendre le régime iranien, mais plutôt montrer un principe politique clair : l’Europe est totalement inaudible, insignifiante et prévisible dans ses déclarations. Simplement elle demeure une note marginale dans le monde des relations internationales.

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Il est paradoxal de voir Macron parler du droit à la défense d’Israël tout en étant promoteur de la reconnaissance par la France de la Palestine ; les appels européens à la modération et à la dénucléarisation de l’Iran restent inaudibles, tandis que des bombes tombent sur Natanz, Fordow, Ispahan et d’autres centres après qu'aucun pays européen n’a saisi l’aimant avancé par Abbas Aragchi (photo), ministre iranien des Affaires étrangères, qui, après le début des négociations avec les États-Unis sur le nucléaire en avril, a souligné la froideur diplomatique totale du Vieux Continent, en particulier des pays du groupe E3 (Allemagne, France, Royaume-Uni), signataires du Joint Comprehensive Plan of Action (Jcpoa), l’accord de 2015 négocié par Barack Obama et Hassan Rouhani, avec l’Union européenne, la Chine, la Russie et les États-Unis.

Aragchi, diplomate réservé et certainement pas extrémiste, demandait une audience aux diplomaties européennes: «ambassadeur ne porte pas préjudice». Elle ne lui a pas été accordée par les pays de l’E3, et il faut souligner que même l’unique État européen qui avait tenté de jouer le rôle de médiateur, l’Italie, s’est trouvée également dépourvue de toute marge de négociation.

Au moins, Giorgia Meloni a, dans une note du Palazzo Chigi, « réaffirmé le plein soutien aux négociations entre les États-Unis et l’Iran pour un accord sur le programme nucléaire iranien », mais il reste incertain que ces négociations, prévues pour demain en Oman, auront lieu comme prévu. Et la décision de Benjamin Netanyahu de tenir de nombreux pays européens, dont l’Italie, dans l’ignorance de l’imminence des raids montre la faible considération de son gouvernement pour des États amis de Tel-Aviv.

« Les gouvernements européens devraient intensifier la coordination avec l’administration Trump et les États du Conseil de coopération du Golfe pour préserver le canal diplomatique avec l’Iran, en maintenant à court terme un canal secondaire pour la résolution des conflits avec Téhéran », a déclaré à Euractiv Ellie Geranmayed du Conseil européen pour les relations étrangères (Ecfr). Une vision qui présuppose une Europe qui soit puissance de dialogue, mais qui aujourd’hui se heurte à une réalité beaucoup plus désolante, qui parle plutôt d’un Vieux Continent faible et pusillanime, dépourvu de capacité d’influence sur ses voisins, contraint à subir les événements dans chaque dossier: cela vaut pour Gaza, la crise en Libye, la mer Rouge et l'affrontement entre les États-Unis et les Houthi, cela vaut bien sûr pour la guerre en Ukraine et, apparemment, pour la guerre Iran-Israël.

Au final, peut-être que l’opinion de l’Europe est tout simplement insignifiante. Sur la scène mondiale, la position d’une Turquie, d’une Arabie Saoudite, d’une Inde et d’un Pakistan sur une crise comme celle qui s’est ouverte entre l’Iran et Israël a plus d’impact que celle de toute l’Europe, communautaire ou non. Nous sommes prévisibles, marginaux et périphériques. Et nous ne faisons rien pour inverser la tendance. Le déclin du rôle de l’Europe dans le monde en est la conséquence logique et inévitable.

jeudi, 12 juin 2025

L'accord sur les ressources naturelles a été classé secret par les États-Unis: les Ukrainiens ont-t-il été dupés?

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L'accord sur les ressources naturelles a été classé secret par les États-Unis: les Ukrainiens ont-t-ils été dupés?

Washington/Kiev. Contrairement à ses intentions, le président américain Donald Trump n’a pas encore vraiment oeuvré à la paix en Ukraine. En revanche, Washington se sert largement des ressources de l’Ukraine – dans la mesure où elles ne se trouvent pas dans les zones contrôlées par la Russie. Un accord étendu, accordant de vastes droits d’exploitation à des entreprises américaines, a récemment été signé entre les deux pays.

Mais le gouvernement ukrainien a maintenant rendu deux contrats supplémentaires liés à l’accord sur les ressources naturelles secrets, et refuse aux députés de la Rada d’en prendre connaissance. C’est ce qu’a rapporté le parlementaire Jaroslaw Schelesnjak sur sa chaîne Telegram, en publiant la déclaration officielle du ministère de l’Économie.

Les documents, qui définissent les règles essentielles pour le fonctionnement d’un fonds commun, avaient été demandés par les représentants pour examen. Mais le ministère a rejeté cette demande, justifiant sa décision en disant qu’il s’agissait de « documents juridiques complexes » contenant « des dispositions concernant l’accès et la gestion d’informations qui constituent un secret commercial et doivent être traitées de manière confidentielle par les parties ». Schelesnjak a critiqué cette position et rappelé que le gouvernement avait initialement promis de rendre publics tous les détails de l’accord une fois signé.

Le 1er mai, le cabinet de Kiev avait déjà publié le texte principal de l’accord sur les ressources naturelles avec Washington. Ensuite, les médias et les politiciens ont vivement critiqué les conditions de l'accord. Ils accusent le gouvernement de Zelensky de céder ainsi une partie de la souveraineté économique du pays, car l'accord confère à long terme des privilèges aux États-Unis pour accéder aux ressources ukrainiennes – sans inclure les garanties de sécurité que Zelensky a demandées à plusieurs reprises. De plus, les députés ont déploré que seul la partie générale de l’accord ait été présentée, alors que les règles détaillées et cruciales sont consignées dans les annexes désormais classées secrètes.

Le refus du gouvernement de divulguer ces documents alimente le doute sur la transparence des accords et suggère que Kiev a fait des concessions plus importantes aux États-Unis que ce qui est officiellement connu (mü).

Source: Zu erst, juin 2025.

Erich Vad, ancien conseiller de Merkel: "La Russie atteint ses objectifs malgré les attaques ukrainiennes"

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Erich Vad, ancien conseiller de Merkel: "La Russie atteint ses objectifs malgré les attaques ukrainiennes"

Berlin. L’ex-général de la Bundeswehr, Erich Vad, ancien conseiller militaire de la chancelière Angela Merkel, évalue la situation actuelle dans le conflit en Ukraine de manière sobre : l’attaque ukrainienne contre des bases aériennes russes ne change rien au fait que la Russie poursuit ses objectifs stratégiques. Les combats parallèles aux négociations qui se poursuivent sur le front ne sont pas inhabituels, a souligné Vad dans une interview avec la Berliner Zeitung.

La plus récente opération secrète de l’Ukraine contre des bases de bombardiers russes Vad la compare à l’„Opération Kursk” : „Elle avait une grande valeur symbolique, mais peu d’importance militaire.” Bien que Kiev démontre ainsi la portée de ses armes, cela ne fait pas chanceler la Russie, ni ne modifie la situation sur le front, où les troupes russes „progressent lentement mais sûrement”. Vad suspecte un soutien occidental en renseignement et logistique, mais insiste : „La Russie conserve la supériorité militaire et travaille de manière cohérente à la pleine maîtrise du Donbass.”

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Concernant la discussion sur d’éventuelles livraisons de missiles „Taurus” allemands, Vad s’exprime clairement : „L’Allemagne ne devrait pas livrer ces missiles de croisière.” S’ils sont utilisés contre des cibles à haut risque comme le pont de Kertch ou des ministères à Moscou, cela pourrait signifier l’entrée en guerre de l’Allemagne. Les objectifs de négociation russes sont cependant transparents : en plus de sécuriser le Donbass et le pont terrestre vers la Crimée, Moscou exige la neutralité diplomatique de Kiev. Si l’Ukraine n’est pas prête à faire des compromis, une percée frontale de la Russie – ou même un „changement de régime” par des opérations secrètes – est à craindre.

Vad, qui se considère comme atlantiste, avait déjà averti en janvier 2023 dans „Emma” contre des attentes excessives concernant la livraison de chars. Une victoire ukrainienne est irréaliste, les négociations étant la seule issue. Sa critique de l’attitude dépourvue de stratégie de l’Occident a été renforcée par sa signature du „Manifeste pour la paix” d’Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht. Même maintenant, Vad maintient son avis : la Russie atteindra ses objectifs – avec ou sans négociations (mü)

dimanche, 08 juin 2025

« Poutine veut toute l'Ukraine »: Douguine décortique la déclaration de Trump

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« Poutine veut toute l'Ukraine »: Douguine décortique la déclaration de Trump

Alexandre Douguine

Ce que Trump a écrit dans son message et qui n'a pas été souvent cité chez nous, en Russie, contenait des mots importants : "Poutine veut toute l'Ukraine".

Mais il faut comprendre qu'il veut libérer toute l'Ukraine du régime naziste qui s'y est installé avec la complicité de l'Occident "anti-fasciste". C'est dans ce sens qu'il veut toute l'Ukraine. Pour qu'il ne reste aucune trace, aucune chance pour le groupe néonaziste, terroriste et extrémiste qui a illégalement pris le pouvoir sur le territoire de cette partie historique de notre espace culturel, géopolitique et politique unique. C'est donc notre affaire interne.

Trump souhaite sincèrement mettre fin à la guerre et, à mon avis, il n'y a là aucune fourberie ni mensonge. Mais il ne sait pas de quelle guerre il s'agit. Au début, il l'appelait « la guerre de Biden », maintenant il dit que c'est « la guerre de Biden, Zelensky et Poutine ». Mais surtout, il comprend que ce n'est pas sa guerre. Cependant, il y participe. De plus, divers cercles mondialistes et néoconservateurs le poussent à continuer de participer à cette guerre « qui n'est pas la sienne » et qui ne lui apportera rien d'autre que des problèmes.

C'est pourquoi il souhaite sincèrement mettre fin à cette guerre, mais ne sait pas comment s'y prendre. Et lorsqu'il se plonge dans l'analyse de ce problème, en essayant de comprendre qui se bat contre qui, pourquoi, quels sont les plans de chacun – au-delà de la propagande –, il découvre une image qui ne ressemble en rien aux sentiments et aux formes sous lesquels ce conflit lui est présenté en Occident. Il comprend que l'affaire est très sérieuse et qu'il existe effectivement des « lignes rouges » que nous, les Russes, ne franchirons jamais. L'Ukraine doit être libérée du régime naziste, elle doit devenir différente. Et tant qu'elle ne sera pas fondamentalement différente, la guerre ne prendra pas fin.

Mais Trump souhaite mettre fin à la guerre le plus rapidement possible et subit une pression énorme de toutes parts. En premier lieu, de la part des personnes qui le détestent. Macron, Starmer, les dirigeants canadiens (le nouveau Premier ministre élu Carney est aussi libéral que Trudeau), Merz, le Parti démocrate américain, tous les mondialistes, le « deep state » veulent que Trump participe à cette guerre, qu'il s'engage dans une escalade avec la Russie. Et ainsi les aider à porter un coup à leurs principaux adversaires: c'est-à-dire à Poutine et... à Trump lui-même.

Bien sûr, Trump ne peut pas ne pas comprendre cela. Mais il se retrouve entre le marteau et l'enclume. Il veut arrêter une guerre qu'il est actuellement impossible d'arrêter. Mais il n'est pas encore prêt à accepter nos conditions, car il n'est tout simplement pas encore « mûr », il n'a pas encore «compris». Et comme il est attaqué de toutes parts sur d'autres questions — les tarifs douaniers, la politique intérieure, le blocage de toutes ses décisions par la coterie des juges, qui s'est avérée être simplement le réseau de Soros — et qu'il voit qu'il ne réussit en rien sur aucun de ces fronts, il s'en prend à nous.

Au final, personne dans notre direction n'a particulièrement insisté sur cette déclaration désagréable, dure et peu diplomatique de Trump à l'égard de la Russie, la considérant comme une simple crise de nerfs. Oui, à première vue, il s'agissait bien d'une crise de nerfs. Mais en même temps, il comprend parfaitement que nous avons besoin de toute l'Ukraine, mais il n'est absolument pas prêt à nous céder toute l'Ukraine. Voilà le problème.

Mais le temps guérit tout. Je pense que le sommet prévu entre Trump et Poutine guérira beaucoup de choses. Et dans cette conversation privée, la question de l'Ukraine pourrait même passer d'une position centrale à une position périphérique. Nous avons des choses bien plus importantes à régler et des problématiques communes à résoudre. La Russie, les États-Unis et la Chine, trois États-civilisations, doivent répartir de manière définie leurs zones d'influence dans le nouveau monde multipolaire. C'est de cela, me semble-t-il, que Trump et Poutine doivent discuter. L'Ukraine n'est pas un sujet qui doit être sérieusement abordé à un tel niveau.

Je ne prêterais donc tout simplement pas attention à ces déclarations virulentes, comme le fait très judicieusement, sagement et efficacement notre président. Ne faisons pas tout un scandale à cause des propos lourdauds de Trump. Nous sommes une grande puissance qui connaît sa valeur, et les autres la connaîtront aussi.

Nous devons maintenant nous préparer à mener cet été une campagne militaire convaincante et efficace, en libérant autant de terres russes ancestrales que possible, tout en empêchant l'ennemi d'envahir notre territoire. Et si nous y parvenons, Trump commencera progressivement à nous traiter différemment. Mais pour commencer, nous avons besoin d'une victoire militaire: éclatante, réussie, puissante, à grande échelle. Et alors, le discours changera.

Quant aux menaces de Trump, nous avons déjà entendu cela à maintes reprises. De la part de Biden, de l'Union européenne. En fait, il veut dire qu'en cas de problème, la Russie pourrait subir une frappe nucléaire de la part des États-Unis. Mais l'Amérique peut aussi subir une frappe nucléaire de la part de la Russie. C'est donc un mauvais discours, et je ne voudrais pas que ces menaces continuent à être proférées. Ce n'est pas là un discours sérieux. Trump n'est pas là pour simplement suivre le pire scénario de la politique mondialiste de Biden, dictée par le « deep state ». Je pense qu'il faut clore ce sujet et ne pas y répondre.

Mais si vous voulez vraiment une escalade, eh bien, nous sommes prêts à tout, y compris à une escalade. Mais mieux vaut garder le silence.

Trump au Moyen-Orient

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Trump au Moyen-Orient

Abbès Tégrarine

La visite du président Donald Trump en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis du 13 au 16 mai a été sa première visite officielle depuis son investiture le 20 janvier 2025. Cette visite revêt sans aucun doute une importance particulière à plusieurs égards. Les médias arabes le qualifient d'historique, car il a précédé la visite du président américain chez les alliés traditionnels de son pays en Europe, chez ses voisins les plus proches ou chez son allié stratégique au Moyen-Orient, Israël. La première de ces conséquences concerne « l'importance économique et stratégique de ces pays pour les États-Unis », comme l'a souligné le représentant spécial adjoint des États-Unis au Moyen-Orient.

De plus, il ne faut pas négliger l'influence considérable des pays du Golfe Persique sur le marché mondial de l'énergie, sans oublier, bien sûr, les impératifs économiques urgents des États-Unis au niveau national et les événements géopolitiques mondiaux. Les États-Unis ont également commencé à compter sur le rôle croissant des trois États du Golfe Persique sur la scène internationale.

Bien que la tournée de Trump dans les pays du Golfe ait porté sur plusieurs questions économiques, politiques et stratégiques importantes pour les deux parties, les plus importantes étant le partenariat économique entre les pays du Golfe et les États-Unis, la politique énergétique, les négociations nucléaires entre les États-Unis et l'Iran, les accords de défense et les garanties de sécurité, la guerre à Gaza, le dossier syrien, les accords d'Abraham, la guerre en Ukraine, etc. Ces questions ont également été abordées lors du cinquième sommet entre les États-Unis et le Conseil de coopération du Golfe, qui s'est tenu le 14 mai à Riyad. Cela a donné un élan puissant au partenariat stratégique entre les deux parties :

L'importance du contexte économique international de la visite de Trump dans le Golfe Persique

Plusieurs facteurs façonnent le contexte international et déterminent la réalité économique mondiale qui coïncide avec la visite du président Trump dans la région du Golfe Persique, ce qui rend cette visite extrêmement importante. Le protectionnisme, qui a atteint des niveaux records, entraîne un affaiblissement correspondant des règles de la mondialisation et a des conséquences particulières sur la crise de la dette souveraine et le maintien des pressions inflationnistes dans le monde.

Les médias arabes ont concentré leur attention sur les accords économiques majeurs annoncés entre les pays du Golfe Persique et les États-Unis.

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Les accords saoudo-américains les plus importants :

Dans le cadre des plans plus larges d'investissement de l'Arabie saoudite à hauteur de 600 milliards de dollars dans la production, les produits et les services américains, annoncés en janvier 2025, les accords économiques les plus importants signés lors de la visite de Trump en Arabie saoudite, outre les accords militaires que nous présentons ci-dessous, sont les suivants :

- Nvidia a conclu un accord pour la fourniture de ses puces IA.

- AMD a conclu un partenariat similaire d'une valeur de 10 milliards de dollars avec une société saoudienne, et Amazon s'est engagé dans la « Zone d'intelligence artificielle » avec un plan d'une valeur de plus de 5 milliards de dollars.

- Google soutient un nouveau fonds d'intelligence artificielle de 100 millions de dollars, ainsi qu'un accord de 20 milliards de dollars avec la société américaine Supermicro.

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Les accords qataro-américains les plus importants :

Après que le Qatar a annoncé un engagement d'investissement de 1200 milliards de dollars, des accords d'une valeur totale de plus de 243,5 milliards de dollars ont été conclus lors de la visite de Trump au Qatar, à savoir:

    - Qatar Airways a signé un accord de 96 milliards de dollars pour l'achat de 210 avions auprès de Boeing, ce qui représente la plus grande commande d'avions à fuselage large de l'histoire et la plus grande commande de 787 de l'histoire.

    - L'Autorité de gestion des investissements du Qatar prévoit d'investir 500 milliards de dollars supplémentaires au cours de la prochaine décennie dans les secteurs de l'intelligence artificielle, des centres de données et de la santé aux États-Unis, conformément à son programme de relance aux États-Unis.

Accords entre les Émirats arabes unis et les États-Unis :

La société Emirates Global Aluminium, basée en Oklahoma, réalise un projet de construction d'une usine de production d'aluminium primaire d'une valeur de 4 milliards de dollars, en plus des investissements de la société et du Conseil économique des Émirats arabes unis Tawazun dans un projet de production de gallium afin de soutenir l'approvisionnement en métaux essentiels aux États-Unis.

Dans le domaine des technologies, la société américaine Qualcomm a annoncé son intention de contribuer au développement d'un nouveau « centre d'ingénierie mondial » à Abu Dhabi, axé sur l'intelligence artificielle et les centres de données.

Conséquences politiques et stratégiques de la visite de Trump dans le golfe Persique

Négociations nucléaires entre les États-Unis et l'Iran :

Les médias ont souvent rapporté que les États-Unis avaient présenté à l'Iran une proposition de nouvel accord nucléaire lors du quatrième cycle de négociations à Mascate (11 mai 2025).

À Doha (le 15 mai), le président Trump a annoncé que l'Iran avait globalement accepté les conditions de la proposition américaine et a annoncé la conclusion prochaine d'un accord.

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La guerre à Gaza :

Bien que le président Trump n'ait pas soulevé la question du déplacement des habitants de Gaza, auquel les États du CCG s'opposent fermement, ni celle de la création d'une administration américaine « temporaire » ou « transitoire » pour Gaza après la guerre lors du sommet entre les pays du Golfe et les États-Unis, il a réaffirmé, lors d'une réunion de travail à Doha le 15 mai, son souhait que les États-Unis « prennent le contrôle » du secteur de Gaza et le transforment en « zone libre ». Auparavant, Trump avait déclaré vouloir transformer Gaza en « Riviera du Moyen-Orient » en expulsant ses habitants. Cette question restera une pomme de discorde entre les États du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCEAG), qui soutiennent le plan arabe de reconstruction du secteur de Gaza sans déplacement de sa population, et les États-Unis.

Le dossier syrien :

La question de la réintégration de la Syrie sous la direction du président Ash-Sharaa dans le système régional et international, initiée par les États du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite, ainsi que la normalisation des relations américano-syriennes figuraient à l'ordre du jour de la visite de Trump à Riyad. La déclaration « très, très importante » que Trump avait promis de faire en Arabie saoudite était probablement liée à la levée des sanctions contre la Syrie et à sa rencontre avec le président syrien, à laquelle ont également participé le prince héritier d'Arabie saoudite et le président turc Recep Tayyip Erdogan (par vidéoconférence). Lors de sa rencontre avec Ash-Sharaa, Trump a promis de normaliser les relations de son pays avec la Syrie et a discuté avec lui d'un certain nombre de questions, notamment la lutte contre le « terrorisme ». Cela concerne en particulier l'EIIL, la question des combattants étrangers en Syrie (leur départ de Syrie), l'expulsion des membres de la résistance palestinienne et la sécurité des Kurdes. Selon l'agence de presse saoudienne, la déclaration du président Donald Trump sur la levée de toutes les sanctions contre la Syrie a surpris certains membres de son administration.

Guerre en Ukraine :

Lors de sa visite en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis, Trump a cherché à utiliser l'efficacité de la diplomatie du golfe Persique pour servir de médiateur dans la fin de la guerre russo-ukrainienne ou, au moins, faire preuve de bonne volonté pour convaincre les parties russe et ukrainienne de cesser le feu et de poursuivre les négociations directes afin de régler le conflit qui les oppose. Cela est particulièrement pertinent compte tenu des tentatives infructueuses des États-Unis pour obtenir un cessez-le-feu, sans parler de la fin de la guerre. Alors que le temps presse, Trump considère les pays du Golfe Persique, en particulier l'Arabie saoudite, comme un canal utile pour communiquer avec Moscou. L'Arabie saoudite a déjà mené des négociations secrètes entre les États-Unis et la Russie, renforçant ainsi sa position de médiateur neutre.

Influence chinoise :

Dans le cadre de la visite de Trump dans la région, les Américains ont cherché à faire pression sur les États du Golfe Persique, non seulement sur les Émirats arabes unis, le Qatar et l'Arabie saoudite, mais aussi sur les six États du Conseil de coopération des États arabes du Golfe Persique, afin qu'ils prennent leurs distances avec Pékin.

lundi, 02 juin 2025

SAFE – La sécurité de l’Europe à crédit?

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SAFE – La sécurité de l’Europe à crédit?

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/05/safe-europas-sicherheit-auf-p...

SAFE (Security and Defence Action for Europe) conduit non seulement à la militarisation de l’Europe, mais aussi à l’autonomisation et à l’autodestruction par une politique d’armement démesurée.

Avec force mise en scène, le fonds appelé SAFE (Security and Defence Action for Europe) a été adopté; il entrera en vigueur ce jeudi: 150 milliards d’euros pour l’achat commun d’armements par les États membres de l’UE. Bruxelles parle de « gain d’efficacité », « d’indépendance stratégique » et de « renforcement de l’industrie européenne ». À première vue, cela semble plausible: des projets communs doivent éviter des doublons, permettre d’obtenir de meilleurs prix et renforcer la cohésion politique.

Mais tout cela est, comme trop souvent, un bel emballage sans contenu réel. Les achats ne s'avèrent pas plus efficaces, mais plus lourds. Les prix ne baissent pas, ils sont négociés dans les coulisses bruxelloises. Et l’unité politique n’est pas l’objectif, mais la façade d’un développement qui menace le cœur même de toute démocratie: la souveraineté nationale en matière de guerre et de paix. SAFE n’est pas seulement une ligne budgétaire. C’est un changement de paradigme. L’UE crée ainsi une union de crédit militaire sans légitimité démocratique suffisante.

Dettes communes, responsabilité nationale

SAFE est financé par des prêts communs de l’UE. En pratique, cela signifie: l’Allemagne se porte garante avec sa solvabilité pour des projets sur lesquels elle n’a aucun contrôle. Le Bundestag n’est ni consulté ni doté de droits de contrôle. Les traités européens ne prévoient pas une telle construction. Il en résulte un no man’s land juridique entre le droit contractuel, le droit coutumier et l’opportunisme politique. La Cour constitutionnelle fédérale a clairement indiqué dans ses arrêts sur Maastricht (1993) et Lisbonne (2009): les compétences militaires essentielles ne peuvent être déléguées qu’avec l’accord du Bundestag et dans le respect du principe démocratique. SAFE contourne ces deux principes.

SAFE permet la participation d’entreprises ukrainiennes et britanniques. L’Ukraine n’est pas membre de l’UE, ne relève pas des mêmes règles, mais a accès à des projets valant des milliards. La Grande-Bretagne a quitté l’UE, ne paie pas, n’est en rien responsable – mais peut profiter de la manne. C’est comme si on quittait l’association tout en continuant à piller la caisse.

Autonomie apparente et impuissance structurelle

SAFE suggère une indépendance stratégique. En réalité, cela ne crée pas une identité de défense européenne, mais un instrument de subventions pour les grandes nations qui possèdent leur propre industrie d’armement. Les petits États paient, mais ont peu de chances de participer. Le nouveau militarisme européen n’est pas solidaire, mais hiérarchique.

Perte de contrôle historique: jamais dans l’histoire de l’intégration européenne n’a-t-on décidé de milliards en budgets militaires sans contrôle parlementaire, sans mandat populaire et sans débat public. Même à l’époque de la Guerre froide, les parlements nationaux étaient impliqués. SAFE marque la fin de cet ordre républicain.

SAFE – premier pilier d’un programme d’armement beaucoup plus vaste de l’UE

« ReArm Europe » est un programme d’une valeur de 800 milliards d’euros. SAFE prévoit à lui seul jusqu’à 150 milliards d’euros de crédits, liés à des plans nationaux et octroyés à des « conditions compétitives ». L’industrie technico-militaire de l’UE est ainsi délibérément renforcée. L’Ukraine est intégrée dès le départ – comme site de production, marché et avant-poste géopolitique.

L’objectif officiel : augmenter la capacité de production, garantir la disponibilité stratégique des systèmes d’armement, combler les lacunes en capacités. L’objectif officieux : préparer la guerre dans l’ombre. La ligne stratégique est claire – une guerre par procuration contre la Russie via le territoire ukrainien, combinée à une préparation insidieuse à une confrontation directe. SAFE introduit ainsi non seulement la militarisation de l’Europe, mais aussi l’autonomisation et l’autodestruction par une politique d’armement démesurée.

La sécurité ne dépend pas uniquement de la taille

Les partisans de SAFE soutiennent que l’Europe, en tant qu’ensemble d'États-nations, est trop faible pour faire face à la Chine, la Russie ou les États-Unis. Cet argument semble intuitivement logique – mais il est objectivement faux. La sécurité ne dépend pas de la taille, mais de la clarté stratégique, de la capacité de défense et de la souveraineté diplomatique.

Israël, la Suisse, Singapour, la Norvège – tous ces États montrent que même de petites puissances peuvent se défendre lorsqu’elles disposent d’une doctrine claire, d’une logistique fiable et d’alliances flexibles. Même en Europe, il existe des alternatives fonctionnelles: la coopération de défense nordique (NORDEFCO), des accords bilatéraux comme ceux entre la Grèce et Chypre, ou des formats trilatéraux. L’Europe n’a pas besoin d’un commandement central, mais d’une souveraineté connectée.

Une dénationalisation par porte dérobée

Ce qui se passe ici, ce n’est pas une réforme de la sécurité, mais une reconstruction du système: l’UE, en tant que projet politique, s’éloigne de plus en plus de ses citoyens, de ses États membres et de ses bases contractuelles. SAFE n’est qu’une pierre parmi d’autres puisqu'il y a déjà union de la dette, harmonisation fiscale, règlement migration, et, maintenant, on peut ajouter le transfert des compétences militaires. Le leitmotiv est toujours le même: une dénationalisation par porte dérobée, une intervention technocratique sans contre-pouvoir démocratique. Une politique de sécurité européenne responsable ne peut exister que dans les conditions suivantes:

    - Maintenir la souveraineté nationale – les dépenses de défense doivent rester dans les mains des Etats nationaux.

    - Les États peuvent coopérer, mais ne doivent pas être forcés à le faire.

    - Pas de mutualisation de la dette: celui qui commande doit aussi payer.

    - Ceux qui portent la responsabilité doivent être effectivement responsables.

    - Soutien industriel souverain: chaque État membre doit développer ses propres capacités de défense ou investir dans des clusters régionaux – mais pas dans des structures centralisées, démocratiquement incontrôlables.

SAFE n’est pas une expression de la force européenne, mais un symptôme d’aliénation institutionnelle. La sécurité ne peut pas être imposée, elle doit être ancrée: dans la nation, dans la responsabilité, dans le contrôle par le peuple. Ceux qui veulent réellement la sécurité pour l’Europe doivent parler avec les citoyens – et non décider à leur place. L’avenir de l’Europe ne se trouve pas dans le budget militaire bruxellois, mais dans le retour à ce qui a jadis rendu l’Europe forte: la diversité dans la responsabilité, la coopération dans la liberté, la défense dans l’autodétermination.

 

vendredi, 30 mai 2025

Les néoconservateurs sont l'outil des mondialistes pour contrôler partiellement Trump

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Les néoconservateurs sont l'outil des mondialistes pour contrôler partiellement Trump

Alexander Douguine

L'UE est un bastion des mondialistes, ceux qui ont déclenché la guerre en Ukraine pour infliger une défaite stratégique à la Russie. Ils sont les ennemis jurés du mouvement MAGA et de Trump. Ils forment une structure unifiée avec le Parti démocrate américain, qui fait partie de l'État profond international.

L'élite libérale de l'UE et des États-Unis se prend pour un gouvernement mondial. Leur objectif actuel est de forcer les États-Unis à continuer de combattre la Russie afin de nuire à la fois à Poutine et à Trump. Zelensky et son organisation terroriste internationale sont l'avant-garde de ce gouvernement mondial.

En Europe, l'État profond a établi une dictature directe, bafouant ouvertement ses propres normes démocratiques en ciblant les euro-trumpistes — l'AfD allemande, Marine Le Pen, Georgeascu, Simion — tous ceux à qui il peut nuire. Il n'a pas encore réussi à faire tomber Orbán, Fico, Meloni ou Vučić, mais il essaie.

La conversation entre Poutine et Trump aide Trump à mieux comprendre qui se bat réellement contre qui en Ukraine – et contre qui ailleurs dans le monde. C'est essentiel. Les néoconservateurs américains font partie de l'État profond mondialiste. Au cours du premier mandat de Trump, ils ont bloqué bon nombre de ses initiatives, presque toutes.

L'influence des néoconservateurs est beaucoup plus faible aujourd'hui, mais elle existe toujours, et ils poussent désespérément Trump vers la guerre avec la Russie, tentent d'apporter un réel soutien aux terroristes de Zelensky et visent à établir de nouvelles sanctions. Les néoconservateurs sont l'outil des mondialistes pour contrôler partiellement Trump.

La conversation entre Trump et Poutine est une étape cruciale pour clarifier la situation réelle, pour Trump. Poutine l'a déjà parfaitement compris et aide délicatement Trump à le comprendre également. Cela rend l'État profond furieux. Tel est aujourd'hui le tango des grandes puissances.

Que signifie la paix en Ukraine pour Trump ? Cela signifie que les États-Unis ne participent pas à cette guerre et éliminent la menace d'une escalade nucléaire. Et cela est facile à réaliser. Les États-Unis peuvent déclarer unilatéralement la paix et se retirer. L'escalade prendra fin. Oui, c'est aussi simple que cela.

 

jeudi, 29 mai 2025

Wang Yi rencontre le ministre danois des Affaires étrangères pour approfondir la confiance politique réciproque entre les deux pays

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Wang Yi rencontre le ministre danois des Affaires étrangères pour approfondir la confiance politique réciproque entre les deux pays

Article de Chen Qingqing (Global Times) - 19 mai 2025

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a reçu son homologue danois Lars Løkke Rasmussen à Pékin pour marquer le 75ème anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays. Les deux hommes ont réaffirmé leur engagement à renforcer la confiance politique, la coopération verte et la stabilité des relations bilatérales, et la Chine a réaffirmé sa position de soutien au Danemark sur la question du Groenland.

SOURCE : https://giuliochinappi.wordpress.com/2025/05/21/wang-yi-i...  

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a rencontré son homologue danois, Lars Løkke Rasmussen, lundi à Pékin. M. Wang a appelé à « approfondir la confiance politique et à promouvoir les liens » alors que les deux pays célèbrent le 75ème anniversaire de leurs relations diplomatiques, selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères.

Selon certains experts, la visite du ministre danois confirme la tradition de dialogue stratégique entre la Chine et le Danemark et envoie un signal fort de bonne volonté mutuelle, soulignant l'importance que les deux parties attachent aux relations bilatérales, en particulier en cette période cruciale du 75ème anniversaire.

Dans un contexte de turbulences et d'incertitudes croissantes à l'échelle mondiale, les deux nations ont exprimé leur volonté de renforcer la coopération, d'approfondir les liens et la confiance mutuelle dans divers domaines, afin d'apporter stabilité et certitude aux relations entre la Chine et le Danemark et, plus largement, aux relations entre la Chine et l'Union européenne.

Au cours de la réunion, M. Wang a rappelé que « les deux parties se sont toujours respectées mutuellement en se traitant sur un pied d'égalité », en construisant et en développant un partenariat stratégique global basé sur une « coopération mutuellement bénéfique, guidée par des initiatives vertes ». Il a exhorté à « maintenir l'esprit originel de l'établissement des relations diplomatiques » et à profiter de l'occasion du 75ème anniversaire pour « maintenir des échanges de haut niveau, renforcer la confiance politique mutuelle et promouvoir la poursuite du développement des relations ».

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Wang Yi a réitéré le respect total de la Chine pour la souveraineté et l'intégrité territoriale du Danemark dans la question du Groenland, exprimant l'espoir que Copenhague continue à soutenir la position légitime de Pékin sur les questions liées à sa souveraineté et à son intégrité territoriale.

Le ministre a fait référence aux assurances répétées de l'administration américaine selon lesquelles elle garantirait le contrôle de Washington sur le Groenland, considéré comme stratégique pour des raisons économiques et de défense, en ouvrant de nouvelles routes maritimes dans l'Arctique à mesure que la glace fond, comme l'a rapporté CBS News le 4 mai. Le Premier ministre du Groenland a réagi durement à ces menaces en déclarant en mars: "Nous ne sommes pas à vendre et nous ne pouvons pas être simplement vendus".

« La position chinoise exprime l'espoir que les deux parties aborderont de manière respectueuse et équitable leurs intérêts et préoccupations fondamentaux respectifs, afin d'approfondir la confiance et de promouvoir une coopération pratique dans divers domaines », a déclaré Dong Yifan, associé de recherche à l'Académie Belt and Road de l'Université de la langue et de la culture de Pékin, au Global Times.

Song Luzheng, chercheur à l'Institut chinois de l'université de Fudan et résidant en France, a souligné que la Chine et l'Europe ont longtemps entretenu un fort élan de coopération. Il a noté que les politiques tarifaires américaines à l'encontre de l'Europe ont en partie poussé les pays européens à renforcer leurs liens avec la Chine. Song a également souligné que la référence directe à la question du Groenland dans les discussions entre Wang Yi et Rasmussen impliquait implicitement les États-Unis, l'île étant devenue un point de friction entre Washington et Bruxelles.

Au second semestre, le Danemark prendra la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. « La Chine souhaite intensifier le dialogue et la coopération avec l'UE afin de promouvoir le développement stable des relations Chine-UE, et espère que le Danemark jouera un rôle positif dans ce sens », a déclaré M. Wang.

En tant que membre du Conseil européen, le Danemark « joue un rôle déterminant dans l'orientation de l'agenda de l'UE au cours des six prochains mois », a fait remarquer M. Dong, ajoutant que le renforcement du dialogue entre la Chine et le Danemark contribuerait, d'une part, à orienter la politique européenne à l'égard de Pékin de manière plus positive et rationnelle et, d'autre part, « démontrerait l'engagement de la Chine à développer les relations bilatérales et son soutien au Danemark dans son rôle proactif au sein de l'UE, tout en confirmant son soutien clair à l'intégration européenne ».

Les deux ministres ont ensuite échangé leurs points de vue sur des questions internationales telles que la crise en Ukraine. Selon un rapport de l'AFP, M. Rasmussen a qualifié de « franche » la discussion avec M. Wang sur le conflit ukrainien.

lundi, 26 mai 2025

G7: les États-Unis ne qualifieront pas l'opération militaire russe d'"illégale"

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G7: les États-Unis ne qualifieront pas l'opération militaire russe d'"illégale"

Source: https://de.sott.net/article/36399-G7-USA-will-russische-M...

Selon un rapport médiatique, les États-Unis auraient exprimé leur opposition à la déclaration conjointe des ministres des Finances du G7 qui aurait désigné l'opération militaire russe en Ukraine comme "illégale". Le ministre fédéral allemand des Finances, Lars Klingbeil, s'était montré optimiste avant la réunion, espérant qu'un "message clair" serait envoyé en faveur d'un soutien accru à Kyiv.

Selon des médias, les États-Unis ont exprimé leur opposition lors de la rencontre des ministres des Finances du G7 à certaines formulations inscrites dans une déclaration commune qui obligeraient le groupe à soutenir davantage l'Ukraine. 

Selon le journaliste de Politico, Gregorio Sorgi, citant deux sources impliquées dans les négociations, Washington aurait opposé son veto à l'inclusion de promesses d'aide accrues en faveur de Kyiv dans le projet annoncé par le communiqué. 

Les représentants américains auraient également contesté la mention de l'opération militaire russe en Ukraine comme "illégale" dans la version finale du texte. 

La réunion des ministres des Finances et des gouverneurs de banques centrales du G7, à Banff (Canada), qui se poursuivait encore jeudi dernier, intervient au milieu de divergences croissantes concernant l'Ukraine et l'impact mondial des sanctions commerciales imposées par le gouvernement américain. 

Des représentants du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis assistent à cette rencontre. Le ministre ukrainien des Finances, Serhii Marchenko, est également présent. 

Pour Lars Klingbeil, c'est la première réunion internationale à laquelle il participe depuis sa prise de fonction en tant que ministre fédéral allemand des Finances. Avant la réunion, ce politicien, issu de la SPD socialiste, avait déclaré qu'il fallait envoyer un "message clair" depuis le Canada, affirmant que le G7 resterait fermement aux côtés de l'Ukraine. 

"Le soutien nécessaire à l'Ukraine sera donc un sujet central — y compris lors de la discussion avec le ministre ukrainien des Finances, à qui j'ai déjà parlé dès mon premier jour en fonction", a expliqué Klingbeil. 

Il s'est montré optimiste quant aux États-Unis et à l'aide promise à l'Ukraine: bien qu'il y ait régulièrement des déclarations venues de Washington qui alimentent les doutes de Kiev sur l'ampleur du soutien, "en fin de compte, cela a toujours fonctionné, les États-Unis étant aux côtés de l'Ukraine", a déclaré le ministre allemand. 

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Mais l'espoir de Klingbeil (photo) et des Européens pourrait bien vite être déçu si le rapport de Politico est exact. Il n'y avait en réalité aucune raison d'être optimiste, surtout après que le président américain Donald Trump, suite à son appel téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine lundi passé, a déclaré qu'il n'imposerait pas de nouvelles sanctions contre la Russie, "car il y a une chance" de progrès dans la résolution du conflit en Ukraine. 

Bruxelles a, quant à elle, adopté mardi son 17ème paquet de sanctions, lequel, pour la première fois, cible aussi des citoyens de l'UE, dont deux journalistes allemands. Trump a aussi déclaré que la Russie et l'Ukraine devaient négocier directement entre elles. 

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, avait affirmé, après l'appel Trump-Poutine, lors duquel le président américain a informé les dirigeants européens, dont le chancelier Friedrich Merz, du contenu de la conversation, que les États-Unis s'engageaient à renforcer les sanctions. 

Le journal Bild a parlé mercredi d'un "revers" pour Merz. Le chancelier "semblait compter sur Trump, qui était censé soutenir le plan en adressant un ultimatum à la Russie et en la menaçant de sanctions. Mais maintenant, Merz et d'autres dirigeants européens se retrouvent sans le président américain." Avec sa "virulente volte-face sur la Russie", Trump aurait "choqué" le chef de la CDU, selon le journal du groupe Springer. 

Si l'on en croit que Washington a empêché que l'opération militaire russe en Ukraine soit qualifiée d'"illégale" dans la déclaration du G7, Klingbeil, étant donné son optimisme précédent, serait probablement choqué, lui aussi, dès sa première apparition sur la scène internationale.

jeudi, 22 mai 2025

Gaza et Ukraine mettent en évidence l’inutilité de l’Italie et de l’Europe

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Gaza et Ukraine mettent en évidence l’inutilité de l’Italie et de l’Europe

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/gaza-e-ucraina-evidenziano-lirr...

L’inutilité de la politique étrangère européenne devient embarrassante. Les toxicos volontaires exigent la reddition de la Russie et l’abandon des territoires conquis. Et Poutine ne répond même pas par un rot, simplement parce qu’il n’est pas Napolitain. Les toxicos, alors, tentent de s’occuper du massacre en cours à Gaza. Ils demandent à Netanyahu de mettre fin au massacre des femmes et des enfants, mais le boucher répond en faisant tirer contre les envoyés de l’Union européenne. Y compris un Italien.

Et comment réagit l’Europe ? Comment réagit l’Italie ? En exprimant une protestation ferme dont personne ne se soucie. Pas une sanction, pas un boycott, aucune punition envers les criminels. Ils sont donc totalement insignifiants. Totalement au service des mêmes de toujours.

Netanyahu continue de massacrer femmes et enfants et Tajani exprime son désaccord. Déjà, mais en pratique ? En pratique, rien. Il ne se permet pas d’irriter Tel-Aviv. Il ne se permet pas d’irriter la sénatrice et la communauté. Pendant ce temps, Giorgia attend des ordres de Washington et Schlein doit déjà s’occuper des toilettes pour genrés fluides et de la citoyenneté à offrir à quiconque.

Et, en Italie, tout le monde accuse tout le monde de l’inutilité italienne dans le monde. La responsabilité de cette situation revient à tous ceux qui ont choisi d’être serviteurs.

Trump & Poutine: le rapprochement géopolitique - plus qu'une simple conversation téléphonique

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Trump & Poutine: le rapprochement géopolitique - plus qu'une simple conversation téléphonique

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/05/trump-putin-der-geopolitische...  

La conversation de lundi n'était pas un bavardage amical - il s'est agi de tâtonnements prudents entre deux réalistes qui savent que le nouvel ordre mondial ne se forge pas dans des think tanks, mais dans des alliances personnelles.

L'entretien téléphonique de plus de deux heures entre le président russe Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump lundi n'était pas un simple échange de politesse, mais l'expression d'une alliance tactique naissante - une alliance qui en dit plus sur les changements de pouvoir actuels dans l'ordre mondial que de nombreuses rencontres au sommet officielles.

Sur le papier, la position de Trump semble nettement supérieure: les Etats-Unis restent la puissance économique la plus forte, ne sont pas (encore) impliqués dans une guerre conventionnelle sur leur propre continent, et Trump - contrairement à Biden - a une marge de manœuvre pour se repositionner diplomatiquement. Il n'est pas lié contractuellement ou idéologiquement aux dirigeants ukrainiens. Il peut, s'il le souhaite, négocier la paix.

La situation de Poutine semble plus difficile: la marge de manœuvre géopolitique de la Russie est réduite, les sanctions de l'Occident font effet, la guerre en Ukraine exige des ressources. Mais cette considération est trop courte.

Car en réalité, deux hommes s'affrontent ici, unis par une caractéristique commune: ils ont plus d'ennemis au sein de leur propre « Occident civilisé » qu'à l'extérieur. Et c'est précisément cette constellation qui ouvre une fenêtre historique.

Un adversaire parmi des amis

Trump est sans doute le personnage le plus dangereux pour les élites mondialistes de l'Occident. Non pas parce qu'il courtise la Russie, mais parce qu'il remet en question toute la construction architecturale de leur pouvoir. A Davos, il est un corps étranger, à Bruxelles une menace, à Berlin un briseur de tabous. Et son retour à la Maison Blanche a été un choc pour tous ceux qui pensaient que l'ère de l'Etat-nation sur une base populaire précise était révolue.

Poutine, quant à lui, a appris à vivre avec la pression de la politique étrangère. Il connaît l'appareil qui tente de le diaboliser depuis des années. Mais à la différence de Trump, sa structure de pouvoir est stabilisée à l'intérieur. La position de Trump est plus fragile - non pas au niveau international, mais au sein même des systèmes occidentaux. Et cela le rend vulnérable. Mais aussi ouvert à d'autres possibles.

Une alliance par nécessité

Trump a besoin d'alliés qui ne font pas partie de l'establishment atlantiste. Poutine a besoin d'un interlocuteur à Washington qui ne soit pas dirigé par les fondations Soros et les lobbyistes du Pentagone. Les intérêts entre les deux hommes se recoupent. Pas idéologiquement, mais stratégiquement.

La guerre en Ukraine devient ici un catalyseur. Pour Poutine, elle est un moyen de sécuriser la frontière occidentale de la Russie, de déplacer les axes de pouvoir mondiaux. Pour Trump, l'Ukraine est la porte d'entrée pour libérer l'Europe de ses chaînes mondialistes. Sa stratégie : désescalade vers l'extérieur - déstabilisation des centres de pouvoir occidentaux à l'intérieur.

Le schéma géopolitique : qui contre qui ?

Trump a une relation compliquée avec la Chine, un respect prudent pour l'Inde et une compréhension tactique d'Israël et des pays arabes. Poutine, quant à lui, entretient une alliance étroite avec la Perse et la Chine, mais garde également des canaux ouverts avec le monde arabe et l'Inde. Leurs divergences respectives avec Erdogan ou Netanyahu ne sont pas insolubles - elles sont l'expression d'une profondeur stratégique.

Ce qui les unit : l'adversaire commun - le cartel atlantiste qui, sous le couvert de l'« ordre mondial libéral », s'est érigé en force supranationale au-dessus des Etats-nations.

Conclusion : plus qu'une conversation téléphonique

L'entretien de lundi n'était pas un bavardage amical - il s'est agi de tâtonnements prudents entre deux réalistes qui savent que le nouvel ordre mondial ne se forge pas dans des think tanks, mais dans des alliances personnelles. Trump et Poutine ne sont pas des alliés naturels - mais ils partagent une analyse, une nécessité et un objectif : la reconquête d'un pouvoir de création souverain contre un système qui s'est déclaré irremplaçable.

Pour les Européens - et en particulier pour l'Allemagne - cela signifie que si même Washington et Moscou forgent de nouvelles alliances au-delà des lignes idéologiques, il est grand temps de mettre au banc d'essai politique la récupération de la souveraineté des Etats nationaux sur l'UE.

Car le nouvel ordre mondial ne s'écrira pas à Bruxelles.

mercredi, 21 mai 2025

Alliance Poutine-Trump contre l'Union européenne - Douguine sur l'objectif principal de l'appel téléphonique des présidents

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Alliance Poutine-Trump contre l'Union européenne

Douguine sur l'objectif principal de l'appel téléphonique des présidents

Alexandre Douguine

Malgré notre récente offensive militaire, qui fut réussie, nous n'avons toujours pas atteint une supériorité évidente sur l'ennemi dans les opérations. Certes, tout l'Occident s'oppose à nous, ce qui explique bien sûr cette situation. Mais il n'en reste pas moins vrai que nous n'avons pas encore atteint ces positions de force qui nous permettraient de dire : ça y est, ça nous convient, c'est la victoire, ceci, c'est notre territoire et cela, c'est une zone tampon.

Et c'est à nos conditions que nous proposerions à l'ennemi de se rendre. Et à certains égards, nous pourrions même faire un compromis, si nous pouvions prendre certaines régions occidentales de l'Ukraine, que nous pourrions ensuite abandonner.

Mais aujourd'hui, à proprement parler, nous n'avons pas de conditions préalables pour engager de bons pourparlers de paix. Jusqu'à présent, ils ne peuvent pas nous mener à quelque chose de substantiel. Il n'y a pas lieu d'espérer que Trump lui-même nous offre ces résultats militaro-stratégiques sur un plateau d'argent. Cela dépasse le domaine du possible. Par conséquent, dans un avenir proche, toutes les conversations entre Poutine et Trump porteront sur autre chose de notre côté.

Trump veut mettre fin à cette guerre. Mais les conditions de cette fin des hostilités doivent être différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui. Et leur gage est notre victoire militaire sur le régime de Kiev et l'établissement d'un contrôle, en plus des quatre régions à libérer dans leur totalité, sur au moins 4 à 5 autres régions de l'ancienne Ukraine. En fait, c'est le seul moyen d'entamer de véritables pourparlers de paix. Mais on en est encore loin, et c'est pourquoi la guerre n'est pas finie pour nous, parce qu'il n'y a pas de vraie victoire, et qu'un cessez-le-feu dans ces conditions équivaut à reconnaître sa défaite. Et ça, ce serait fatal pour notre État.

Bien sûr, beaucoup de gens le comprennent parfaitement. Et en premier lieu Poutine. Cependant, Trump veut mettre fin à la guerre le plus rapidement possible sur des bases plus ou moins « neutres », selon lui. Mais pour nous, même de tels motifs « neutres » sont catégoriquement inacceptables. Même si nous apprécions la bonne volonté de Trump de mettre fin à la guerre. Bien sûr, nous n'avons pas le droit de l'ignorer, et il est très important que le président des États-Unis, contre qui nous avons combattu et combattons toujours en Ukraine, ait dit « ce n'est pas ma guerre », ce qui permet à beaucoup de choses d'avancer.

Oui, il est probablement très difficile de faire dire à Trump que la Russie n'a besoin que de la victoire. Mais notre président est un grand leader historique, alors j'espère qu'il pourra le faire d'une manière qui ne va pas dans le sens d'une confrontation directe avec Trump. Surtout lorsque nous parlons d'un ordre mondial complètement nouveau, ce qui est exactement ce qui peut et doit être discuté. Par conséquent, il est très important de transmettre à Trump l'idée la plus importante: ses ennemis sont nos ennemis, et vice versa. En fait, les forces qui ont déclenché une guerre contre nous en Ukraine sont les mêmes que celles qui ont déclenché une guerre contre Trump et ses partisans aux États-Unis.

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Cela dit, l'UE est aujourd'hui le dernier bastion des mondialistes en Europe. Et dans toutes les élections, qui e déroulent actuellement dans tous les États européens, elle lutte simultanément contre Poutine et Trump (un exemple est celui des récentes élections en Roumanie, où la victoire a été volée au souverainiste George Simion - non pas un candidat pro-russe, mais un candidat pro-Trump - au moyen de falsifications et d'autres manipulations).

Dans le même temps, les mondialistes, de manière extrêmement sournoise, comme ils le font toujours, veulent s'assurer que Trump continue à se battre pour eux en Ukraine contre la Russie. Ainsi, par ses mains, ils peuvent infliger une défaite stratégique à notre pays et pour que Trump lui-même, empêtré dans cette guerre qui ne peut être que fatale pour lui, affaiblisse sa position auprès de ses partisans et finisse par être renversé.

Je pense qu'il est très important que Trump prenne conscience de cet ensemble de faits. Et j'espère que Poutine pourra lui expliquer tout cela de manière claire et argumentée. Que les ennemis de la Russie sont les ennemis de Trump, et que les ennemis de Trump sont les ennemis de la Russie. En fait, ce rejet du mondialisme devrait être la base de nos nouvelles relations. Et peut-être même de notre nouvelle alliance.

mardi, 20 mai 2025

Alessandro Colombo: «Avec de telles élites, l’Occident s’effondrera»

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Alessandro Colombo: «Avec de telles élites, l’Occident s’effondrera»

L’interview au professeur de Relations internationales de la Statale : Irak 2002, effondrement 2008, horreurs en Palestine… De la Guerre froide aux crimes contre l’humanité

Propos recueillis par Claudio Mauri

Source: https://www.barbadillo.it/121062-alessandro-colombo-con-q...

Alessandro Colombo enseigne les Relations internationales à l’Université de Milan. Observateur de la crise de l’ordre mondial libéral, dans Le suicide de la paix (Cortina, 2025), il décrit l’effondrement de l’ordre international dirigé par l’Occident.

Professeur, sommes-nous arrivés à un point critique ?

« Contrairement à ce qui est constamment suggéré, l’ordre libéral n’est pas en crise à cause de l’agression russe en Ukraine, encore moins sous les coups de la nouvelle administration Trump. La désintégration de l’ordre commence au milieu de la première décennie du 21ème siècle, lorsque les États-Unis et l’Europe n’ont pas encore de concurrents significatifs ».

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Pourquoi ?

«En raison de deux échecs: l’invasion de l’Irak en 2003, la crise économique et financière de 2008. Tous deux se sont pleinement développés de l’intérieur».

Les Occidentaux ne les perçoivent-ils pas comme tels ?

« Ces erreurs reflètent des défaillances, contradictions et amnésies profondément enracinées, dès le début, dans le triomphalisme de la culture politique qui a émergé à la fin du 20ème siècle. Ce sont toujours les mêmes élites politiques et intellectuelles qui gèrent les conséquences de la crise de l’ordre libéral, et qui ne se sont pas détournées de leurs prémisses, même face à des leçons très dures venues de la réalité. »

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Avec le 11 septembre 2001 et la « guerre au terrorisme », le droit de la guerre traditionnel est bouleversé.

« Nous le voyons dans la brutalité sans limites de la guerre en Palestine : l’accoutumance croissante à accepter des ‘dommages collatéraux’ dans la chasse (encore plus si elle réussit) aux terroristes réels ou présumés ; l’interprétation de plus en plus extensive de la notion de ‘double usage’, permettant de frapper tout type d’infrastructure civile accusée ou simplement soupçonnée d’un usage militaire ; la déformation même de la notion de proportionnalité, au point de transformer un principe conçu pour protéger les civils en un outil pour justifier la violence».

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Les catégories telles que « États parias » ou « terroristes » effacent la réciprocité entre États. Est-ce le point de non-retour ?

« C’est, dès le début, l’un des éléments de fragilité majeurs du Nouvel Ordre Mondial libéral. Ce dernier, d’un côté, s’est proclamé comme un ordre – le premier – véritablement cosmopolite ou ‘humanitaire’. Mais, de l’autre, il a dès le départ inclus un principe de discrimination très rigide, en faveur des démocraties libérales et de leurs alliés, sans prendre en compte – ou en tenant compte le moins possible – les préférences ou préoccupations des autres. Ces derniers, à la moindre occasion, l’ont remis en question».

La croissance chinoise: l’Occident sait-il la gérer?

« La croissance chinoise constitue un défi indéniable à l’hégémonie des États-Unis et de leurs alliés. Mais ce qui rend sa gestion plus difficile, c’est le fait que notre culture politique (pas seulement internationaliste) semble ne plus être capable de concevoir la compétition et le conflit. Dans les relations internationales, il y a toujours des challengers: ce qui est anormal, dans l’immédiat après-guerre froide, c’est la suprématie américaine».

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Les guerres hybrides, sans frontières ni règles, sont-elles la fin du modèle westphalien?

« Fondé sur la double centralité de l’Europe et de l’État, le modèle westphalien est en crise, probablement irréversible, depuis presque un siècle. La crise des règles de la guerre en est l’une des principales manifestations. Il faut garder à l’esprit que l’hybridation entre guerre et paix était déjà l’une des tendances les plus destructrices du 20ème siècle, du phénomène de la ‘guerre totale’ à celui de la ‘guerre froide’. »

Le vocabulaire des élites se militarise dangereusement…

« C’est dangereux sur le plan de la compréhension historique, car cela suggère des représentations grossièrement dualistes de la réalité politique intérieure et internationale, comme l'opposition entre démocraties et autocraties. Et c’est aussi dangereux pour la nature du débat public, car cela encourage la chasse habituelle aux ‘ennemis intérieurs’ et alimente, ainsi, des phénomènes déprimants de censure et d’autocensure».

lundi, 12 mai 2025

Continuité douteuse: la critique de la Russie reste à l’ordre du jour au ministère allemand des Affaires étrangères

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Continuité douteuse: la critique de la Russie reste à l’ordre du jour au ministère allemand des Affaires étrangères

Berlin. Annalena Baerbock (Verts) quitte ses fonctions, mais son héritage en matière de politique étrangère désastreuse demeure. En effet, la CDU a marqué des points indiscutables avec la nomination de Johann Wadephul comme futur ministre des Affaires étrangères et de Serap Güler comme future ministre d’État au ministère des Affaires étrangères. Les décisions quant au choix du personnel qui ont été prises par le futur chancelier Friedrich Merz garantissent ainsi la poursuite d’une ligne anti-russe néfaste.

Alors que les médias spéculaient initialement sur un éventuel retour de l’ancien candidat à la chancellerie Armin Laschet, c’est finalement l’expert en sécurité Wadephul qui a triomphé. Lors d’un entretien piégé qu'il avait accordé deux satiristes russes, il aurait prétendument confié à la fin de l'année 2024: « La Russie restera à jamais un ennemi pour nous. » La véritable surprise est toutefois la nomination de la politicienne de 44 ans, Serap Güler (photo, ci-dessous), qui, contrairement aux espoirs déçus de son protecteur Laschet, intégrera désormais le ministère des Affaires étrangères.

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Cette politicienne d’origine turque, qui se décrit elle-même comme une « experte CDU-OTAN », adopte une position claire dans la politique étrangère allemande à venir. Ses nombreuses déclarations sur X (anciennement Twitter) ne laissent aucun doute sur ses positions. Elle a ainsi demandé le 26 août 2022 de manière rhétorique: « Qu’est-ce qui ne va pas chez vous ? Où avez-vous vécu ces derniers mois, pour penser encore qu’on peut négocier la paix avec Poutine?». En janvier 2023, elle a mis en garde: «Le plus grand service que nous puissions rendre à Poutine, c’est de laisser tomber l’Ukraine». Et encore en mars 2025, elle critiquait le chancelier Scholz: «Si Scholz gouvernait en Finlande ou en Suède, ces pays ne seraient jamais entrés dans l’OTAN».

La position inflexible de Güler va au-delà de la simple critique. En mars 2023, elle déclarait au Münchner Merkur: « Nous sommes déjà en guerre hybride avec la Russie». Elle réclame la conscription pour les femmes et a mis en garde à plusieurs reprises contre des cyberattaques russes.

Cependant, la nouvelle ministre d’État n’est pas du tout vierge de positions controversées. Les médias ont évoqué ses contacts avec des nationalistes turcs et des lobbyistes azerbaïdjanais — accusations qu’elle a toujours réfutées.

Güler se montre également intransigeante sur d’autres questions de politique étrangère et affiche une détermination résolue face à la Russie. En décembre 2024, elle a appelé sur Deutschlandfunk à fermer les bases russes en Syrie: «Leur perte affaiblirait considérablement la Russie».

Avec la double direction Wadephul/Güler, la CDU envoie un message clair à Moscou: l’ère d’une politique russe profondément conflictuelle va se poursuivre (rk).

Le Pakistan et l'Inde vers un conflit. Cui prodest?

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Le Pakistan et l'Inde vers un conflit. Cui prodest?

par Stefano Vernole

(Vice-président, Centre d'études Eurasie et Méditerranée)

Source: https://www.cese-m.eu/cesem/2025/05/pakistan-e-india-vers... 

Le Pakistan affirme que l'Inde prépare une « attaque militaire imminente » et, si c'est le cas, la région de l'Asie du Sud plongerait dans la catastrophe.

SOURCE DE L'ARTICLE : https://strategic-culture.su/news/2025/05/05/pakistan-ind... 

Le prétexte officiel ? Une attaque sanglante à Pahalgam, au Cachemire, qui a tué 26 civils le 22 avril. Et s'il ne s'agissait que du dernier « casus belli » d'une stratégie atlantiste vieille de plusieurs décennies, destinée à attiser la ferveur nationaliste et à détourner l'attention de crises plus profondes?

L'avertissement du Pakistan est clair: toute agression indienne sera répoussée par la force. Les deux parties sont prises au piège d'une « guerre froide » régionale dans l'ombre d'un réalignement mondial. La Chine et la Russie sont des observateurs inquiets, qui appellent à la retenue et se proposent comme médiateurs. Et les États-Unis d'Amérique? Ils sourient en arrière-plan, avides d'instabilité pour maintenir l'Eurasie divisée et continuer à « gonfler » les profits du complexe militaro-industriel.

Le moment ne pourrait être plus suspect. Le dollar vacille. L'Occident s'enfonce dans le déclin moral et économique. Les BRICS+ apparaissent de plus en plus comme la seule alternative à l'indigne gouvernance mondiale nord-américaine. Que tout cela se termine par une escarmouche ou par une spirale plus large, il y a une certitude: lorsque l'ordre unipolaire vacille, le chaos devient monnaie courante et la guerre devient possible.

Lors d'un rassemblement public organisé à la hâte dans le Bihar, où des élections législatives auront lieu d'ici la fin de l'année, le Premier ministre indien Modi a porté la rhétorique guerrière à un nouveau niveau: «Aujourd'hui, depuis le sol du Bihar, je dis au monde entier: l'Inde identifiera, traquera et punira tous les terroristes et ceux qui les soutiennent. Nous les poursuivrons jusqu'au bout du monde». Il a ajouté: «Le châtiment sera important et sévère, ce à quoi ces terroristes ne songeraient même pas». Le ministre de la défense, Rajnath Singh, a déclaré : « Les responsables de tels actes recevront une réponse ferme dans un avenir proche. Nous ne punirons pas seulement les monstres qui ont perpétré cet acte de brutalité et de barbarie. Nous nous adresserons également à ceux qui se sont cachés derrière un rideau pour mener à bien cette conspiration. Les agresseurs et leurs maîtres seront pris pour cible». De même, le ministre de l'intérieur de l'Union, Amit Shah, a déclaré: «Les auteurs de cette lâche attaque terroriste ne seront pas épargnés. Et face à une nation qui les observe de près, ces mots sont plus qu'une promesse: ils sont un avertissement» (1).

La date de l'attentat de Pahalgam mérite d'être analysée de près. Il s'est produit alors que le Premier ministre Modi était en visite en Arabie saoudite, que le vice-président américain J. D. Vance était en Inde avec sa famille et juste avant que Donald Trump n'annonce une suspension des droits de douane à New Delhi. En outre, alors que les élections au Bihar sont prévues pour octobre-novembre 2025, de nombreux États clés comme l'Assam, le Kerala, le Tamil Nadu et le Bengale occidental devraient aller aux urnes en 2026. Sur le plan intérieur, les musulmans ont vivement protesté dans tout le pays contre la loi Waqf récemment adoptée, car elle est considérée comme une nouvelle loi anti-musulmane après la loi d'amendement sur la citoyenneté (CAA). Le gouvernement indien a été fortement incité à créer une distraction et à détourner l'attention du public. Après avoir accusé le Pakistan sans enquête appropriée et sans fournir de preuves, l'Inde a proclamé une série de mesures de rétorsion. Elle a notamment décidé de suspendre le traité sur les eaux de l'Indus, qui date de 1960, et a annoncé la fermeture du poste de contrôle intégré d'Attari. Il a été conseillé à tous ceux qui avaient franchi la frontière munis d'un visa valide de repasser par cette voie avant le 1er mai 2025. L'Inde a ajouté que les ressortissants pakistanais ne seront pas autorisés à entrer dans le pays avec des visas relevant du programme d'exemption de visa de l'ASACR (SVES) et que tous les visas délivrés aux ressortissants pakistanais sont considérés comme annulés, tandis que les ressortissants pakistanais qui se trouvent actuellement en Inde n'ont que 48 heures pour quitter le pays.

Les conseillers militaires, navals et aériens du haut-commissariat du Pakistan à New Delhi ont été déclarés « personae non gratae » et ont reçu un délai d'une semaine pour quitter l'Inde. New Delhi a également décidé de retirer ses conseillers de la défense, de la marine et de l'armée de l'air du haut-commissariat indien à Islamabad.

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En réponse, le Pakistan, à la suite de la réunion du comité de sécurité nationale, a rejeté la décision de l'Inde de « geler » le traité sur l'eau, soulignant qu'aucune clause de l'accord n'autorise sa suspension unilatérale. Le Pakistan a averti que tout détournement des eaux serait considéré comme un « acte de guerre » et a décidé de fermer son espace aérien à l'Inde. Alors que le Pakistan avait déjà bloqué le commerce bilatéral suite aux mesures illégales et unilatérales prises par l'Inde le 5 août 2019 concernant l'IIOJK (la région du Jammu-Cachemire), il vient d'annoncer la suspension de toutes les formes de commerce, y compris le commerce avec des pays tiers via le territoire pakistanais (2).

Le Pakistan a également demandé aux citoyens indiens de quitter le pays, à l'exception des Sikhs Yatri, et a indiqué qu'il se réservait le droit de suspendre les accords bilatéraux, y compris l'accord de Simla. Le Pakistan a ensuite exprimé sa ferme détermination à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale contre toute « mésaventure ». Ces derniers jours, les tensions bilatérales croissantes ont été accompagnées d'informations faisant état d'une escalade des échanges de tirs le long de la ligne de contrôle (Line of Control / LoC).

Selon Islamabad, ce n'est qu'une question de temps avant que le monde n'apprenne que cette attaque sur Pahalgam faisait également partie de la stratégie habituelle de déstabilisation par le biais d'une opération sous faux drapeau. Le Pakistan, qui est engagé dans une lutte résolue contre le terrorisme à partir de sa frontière occidentale, ne peut guère se permettre d'ouvrir un nouveau front à ses frontières orientales: les accusations indiennes semblent en effet dénuées de toute logique.

Le problème est qu'à moins qu'une enquête internationale neutre et indépendante ne soit menée sur l'incident - comme l'a immédiatement exigé Pékin - pour vérifier la responsabilité éventuelle de « tierces parties » dans l'attaque, New Delhi et Islamabad continueront d'échanger des accusations mutuelles, alimentant la rhétorique nationaliste et se dirigeant vers un conflit ouvert extrêmement dangereux, puisqu'il s'agit de deux puissances nucléaires. Des exercices de guerre de l'armée d'Islamabad sont actuellement en cours dans les régions de Sialkot, Narowal, Zafarwal et Shakargarh, à la frontière entre le Pakistan et l'Inde.

Il s'agit donc d'un test important pour la stratégie d'intégration eurasienne, puisque l'Inde et le Pakistan appartiennent tous deux à l'Organisation de coopération de Shanghai; en outre, Islamabad a depuis longtemps exprimé sa volonté de rejoindre les BRICS et de participer au Corridor international Nord-Sud, des initiatives auxquelles l'Inde participe déjà depuis des années.

NOTES:

(1) Mahwish Hafeez, Pahalgam Incident : Another False Flag Operation ?, ISSI, Islamabad, 29 avril 2025.

(2) Stefano Vernole, KASHMIR WITHOUT PEACE : A FOCUS ON INTERNATIONAL LAW, www.cese-m.eu, 7 février 2025.

dimanche, 11 mai 2025

Ces cent jours qui ont frappé le monde

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Ces cent jours qui ont frappé le monde

par Georges Feltin-Tracol

Investi 47e président des États-Unis d’Amérique le 20 janvier 2025, Donald Trump a atteint le centième jour de son mandat le 30 avril dernier. En dix décades, le locataire de la Maison Blanche a déjà bouleversé son pays, l’économie mondiale et les relations internationales. Dès le premier jour de sa présidence, il a signé vingt-six executive orders qui correspondraient en France à des ordonnances gouvernementales. Par comparaison, en 2021, Joe Biden en signa dès la fin de son investiture le 20 janvier 2021… neuf ! Cent jours plus tard, ce sont finalement cent quarante-trois décrets présidentiels qui ont été pris. Lors de son premier mandat en 2017, surpris par sa victoire face à Hillary Clinton et peu soutenu par les caciques proto-démocrates d’un parti républicain soumis aux injonctions de la gauche culturelle, Donald Trump n’avait signé que vingt-quatre décrets présidentiels en une centaine de jours.

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Ayant compris ses erreurs, ses négligences et ses maladresses, le nouveau président s’est tourné vers les laboratoires d’idées, dont The Heritage Foundation, grands pourvoyeurs d’agents administratifs fiables, compétents et loyaux. Il a accepté de « noyer le marais » en ouvrant en même temps plusieurs fronts, d’où cette impression recherchée de tournis incessant. La méthode est excellente. Dans son roman de politique-fiction, Le temps du phénix (2016), Bruno Mégret soutenait cette méthode afin de saper toute mobilisation hostile intense. Cette pratique devrait s’appliquer en 2027. En effet, plutôt qu’organiser, par exemple, une seule grande réforme sur les retraites susceptible de cristalliser les mécontentements, le gouvernement aurait tout intérêt à lancer en même temps plusieurs réformes (retraites, audio-visuel, temps de travail, code de la nationalité, fiscalité, etc.). Dès lors, soit l’opposition répliquerait à l’ensemble des projets avec le risque de se disperser et de s’amoindrir, soit elle ne se concentrerait que sur une seule réforme et permettrait l’adoption des autres.

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Par ses décrets et des sorties tonitruantes, Donald Trump tient ses promesses électorales. Quelle audace ! Pendant la campagne présidentielle, ne disait-il pas que les droits de douane fussent les plus beaux mots du vocabulaire ? Ne prévenait-il pas les pans de l’« État profond » qu’il effectuerait une purge draconienne sous la direction d’Elon Musk et du DOGE (Département de l’efficacité gouvernementale) ? Outre un accord qui expédie dans une prison de très haute sécurité au Salvador des migrants illégaux, des agents du FBI arrêtent en plein tribunal, le 25 avril, Hannah Dugan, juge élue au tribunal de circuit (l’équivalent d’une cour d’appel) du comté de Milwaukee dans le Wisconsin. Jubilons que d’autres juges, d’autres journalistes, d’autres universitaires connaissent eux aussi les menottes !

C’est en économie que le trumpisme en action a effectué le plus de changements. En augmentant considérablement les taxes douanières, puis en revenant sur ces tarifs prohibitifs, Donald Trump sait-il ce qu’il fait ? Oui ! Par la menace, il formule des exigences si hautes que ses interlocuteurs ouvrent aussitôt des négociations et recherchent le meilleur compromis commercial possible.

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Favorable à une Amérique du Nord autarcique, élargie au Canada et au Groenland, Donald Trump, bien que non interventionniste belliciste pour l’instant, encourage une hégémonie mondiale sans complexe. L’Amérique d’abord ne signifie pas l’Amérique seule et isolée ! S’il somme les membres de l’OTAN d’augmenter leurs efforts de réarmement, il les pousse à ne se fournir que chez des groupes étatsuniens, quitte à mettre en péril les industries de défense du Vieux Monde. En parallèle, Washington s’indigne des amendes infligées par l’Union dite européenne à Apple (500 millions d’euros) et à Meta (200 millions). Les États-Unis ne se privent pourtant pas de sanctionner maints entreprises européennes sous couvert de l’extraterritorialité de leur droit au moindre prétexte. Trump II témoigne d’une incontestable volonté prédatrice, y compris envers les fonds sous-marins riches en nodules polymétalliques. La signature récente d’un accord sur les terres rares avec l’Ukraine en est une preuve tangible.

Les formidables pressions de la part des « seigneurs de la Tech », Elon Musk en premier, expliquent aussi le revirement de Donald Trump sur les droits de douane. Si le mouvement MAGA prêche le protectionnisme de bon aloi, son aile high tech, en bon perroquet libertarien, continue à défendre le libre-échange, un libre-échange biaisé en faveur de l’Oncle Sam. C’est la seconde fois en cent jours, après la dispute autour des visas accordés aux ingénieurs étrangers nécessaires aux firmes du numérique, que de fortes dissensions opposent Musk à Steve Bannon. Deux tendances au moins s’affrontent pour disposer ensuite du monopole idéologique sur la nébuleuse MAGA.

La volte-face présidentielle sur les questions douanières montre en tout cas la forte intégration commerciale de l’aire occidentale américanomorphe, dont l'économie est fortement internationalisée. La Hongrie illibérale récuse tout protectionnisme strict. Par ses initiatives erratiques, Donald Trump a le mérite de montrer qu’il n’est pas simple de se libérer du dogme libre-échangiste, ni de la réalité induite par cette croyance pathogène. Circonstance aggravante, sa reculade se comprend à l’approche des élections de mi-mandat en novembre 2026. La médiasphère spécule déjà sur une victoire des démocrates à la Chambre des représentants, voire aussi au Sénat. Ce pari journalistique serait trompeur.

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En dressant de hautes barrières douanières qui stimulent l’inflation, Donald Trump espère inciter à la réindustrialisation des États-Unis avec des producteurs étatsuniens pour des consommateurs US. Preuve est faite qu’on ne peut pas rayer d’un simple trait de plume cinq décennies de libre-échangisme mondial. Une politique protectionniste nécessite de la durée incompatible avec les échéances électorales à venir. Sa réalisation effective signifierait la fin de l’opulence, la sortie du consumérisme effréné et la mise en place d’une décroissance planifiée tendant vers l’appauvrissement (et non la paupérisation) de la société. Un mode de vie pauvre, austère et frugale n’est guère l’idéal recherché aux temps de la démocratie massifiée et manipulée.

En cent jours, Donald Trump a réussi, après le plus formidable retour politique de l’histoire des États-Unis, à chambouler un monde qui perd à son corps défendant sa boussole américaine. Se dirige-t-on vers une multipolarité naissante, instable et partielle ? Difficile de l’affirmer nettement. La seconde présidence Trump parviendra-t-elle à enrayer le déclin des États-Unis ou bien va-t-elle au contraire l’amplifier ? L’occasion est toutefois propice pour que les Européens renouent enfin avec leur propre civilisation. 

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 155, mise en ligne le 6 mai 2025 sur Radio Méridien Zéro.

vendredi, 09 mai 2025

«Je donne l'Ukraine à Poutine et je fais taire tout le monde»: Douguine a répondu à la question de savoir pourquoi Trump fait marche arrière

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«Je donne l'Ukraine à Poutine et je fais taire tout le monde»: Douguine a répondu à la question de savoir pourquoi Trump fait marche arrière

Alexandre Douguine

Pour commencer, il convient de rappeler que la guerre n'a effectivement pas été déclenchée par Trump. Et elle n'a pas seulement été déclenchée par Trump lui-même, mais bien par ses ennemis immédiats et ses opposants idéologiques qui cherchent toujours à poursuivre cette guerre contre la Russie. Ses adversaires idéologiques actuels en Europe sont Starmer, Macron et Merz. Ses anciens adversaires américains - Biden, Blinken et Victoria Nuland - ont, eux, bel et bien déclenché la guerre.

Et si nous parlons de Trump non seulement en tant qu'homme politique, mais aussi en tant qu'idéologue du trumpisme, il doit aujourd'hui sauver non pas l'Ukraine, mais son propre projet MAGA (« Make America Great Again »). Et c'est très difficile, car les vestiges des systèmes mis en place par les fondamentalistes mondialistes tentent systématiquement de lui barrer la route. Ce sont eux qui cherchent à lancer une contre-attaque, à s'emparer de Trump, à supprimer sa volonté de changer les choses et à le forcer à participer à une guerre qui est essentiellement dirigée contre lui-même.

L'idée de sauver l'Ukraine alors qu'il n'est tout simplement plus possible de la sauver (d'autant plus que l'Ukraine elle-même, en tant que projet, n'est qu'une abstraction russophobe, chère aux mondialistes, qui s'est transformée en régime terroriste); c'est donc un faux objectif. Et si Trump est sérieux à ce sujet, ce seul fait le conduira déjà à des conséquences très fâcheuses. S'il tente de le mettre en pratique, ce qui est irréaliste, il sera entraîné dans une longue guerre sans fin, et en fait sa politique ne sera pas différente de celle de son prédécesseur: le marais engloutira Trump, et ce ne sera pas Trump qui drainera le marais.

Bien sûr, j'espère que les mots « sauver l'Ukraine » ne sont rien d'autre qu'une excuse. Une phrase qui ne veut rien dire en réalité, mais qui vise à apaiser ses ennemis. Si Trump essaie vraiment d'entrer dans une sorte de dialogue et de plaire à ceux qui sont ses principaux ennemis, les globalistes (et l'Ukraine est un projet des globalistes), alors il va clairement à l'encontre de sa propre logique.

Parallèlement, nous pouvons immédiatement constater que la cote de Trump aux États-Unis commence à baisser. Et cette cote ne doit pas être très élevée chez ses opposants ; elle y était déjà proche de zéro. Mais chez ses partisans, que Trump a beaucoup séduits à la veille de l'élection et après le premier défilé triomphal du trumpisme (MAGA), les premiers signes de déception commencent à apparaître.

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Ils ne sont pas encore aigus, pas encore critiques. Mais on ne peut s'empêcher de constater l'absence d'une politique cohérente d'arrestation et de jugement des élites libérales mondialistes. Le thème du Canada et du Groenland a disparu. On parle de moins en moins d'Elon Musk. DOGE existe-t-il encore ou non ? Les droits de douane annoncés ont-ils été reportés ? Et Trump ne commence-t-il pas à écouter Macron et Starmer, qui, dans la logique du trumpisme politique, sont ses ennemis, les ennemis de MAGA, au lieu de les écarter, comme la CIA est parfaitement capable de le faire ?

L'ensemble de ces éléments suggère que Trump commence à vaciller et à marquer une pause dans la progression triomphale de ses réformes. Jusqu'à présent, il ne s'agit pas de défaites stratégiques, mais seulement d'ajustements tactiques, mais ils sont aussi extrêmement douloureux. En effet, les mondialistes commencent à croire qu'ils ont réussi à orienter Trump sur la fausse voie du « sauvetage de l'Ukraine », c'est-à-dire de la guerre avec la Russie. Dans ce contexte, les États-Unis pourraient bien appliquer de nouvelles sanctions contre la Russie. Surtout après les écoeurants discours anti-russes des sénateurs républicains John Neely Kennedy et Lindsey Graham. Cette rhétorique est tout à fait inacceptable et incompatible avec l'idéologie cohérente de Trump.

En même temps, pour Trump lui-même, l'Ukraine, au fond, est absolument sans importance. Il pourrait éliminer et annuler ce projet, s'en retirer. Et ce serait la meilleure solution. La seule chose qui puisse apporter un plus, c'est la prise de conscience directe que l'Ukraine nous appartient. Donnez-la nous et c'est tout. Dire: je suis un homme politique fort, je fais ce que je veux. Je donne l'Ukraine à Poutine et tout le monde se taira.

Quant à nous, nous étions en guerre avec l'Amérique en Ukraine, et nous le sommes encore aujourd'hui. Nous sommes prêts à continuer, mais nous sommes aussi prêts à la paix, si l'Occident fait preuve de bonne volonté. Et nous n'avons pas perdu cette guerre, malgré le fait que l'Occident tout entier a armé jusqu'aux dents le régime terroriste, une bande d'extrémistes, de nazis et de maniaques meurtriers qui se font appeler « Ukrainiens ». Dans le même temps, Trump semble ignorer totalement que si l'Ukraine n'existait pas, la Russie de Poutine serait un pays neutre, voire amical, à ses yeux. Alors que Trump lui-même a déjà beaucoup d'adversaires sans nous.

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Mais si Trump favorise la guerre, il ne nous reste plus qu'à la poursuivre. Mais ce n'est pas un possédé du démon, c'est un réaliste, même s'il est aujourd'hui, je crois, dans la première impasse de son second mandat. En fait, il faut le reconnaître, Trump est pire pour les mondialistes que Poutine ou n'importe qui d'autre. C'est pourquoi ils cherchent maintenant, ayant compris que la résistance frontale est futile, à l'entraîner dans des processus qui seront suicidaires pour Trump lui-même. Un tel processus est l'idée de « sauver l'Ukraine », conçue pour amener Trump dans cette fosse septique de terroristes fous, avec lesquels toute interaction est toxique.

L'Ukraine est une bombe sale posée par les mondialistes sous les pieds de Trump. Et cette bombe sale fonctionne, empoisonne la politique, le perturbe. Trump lui-même pourrait vouloir conclure une trêve, mais il est tout simplement impossible de le faire avant la victoire russe. Par conséquent, un signal positif sera s'il admet que toute cette rhétorique sur le cessez-le-feu n'a pas fonctionné, s'il se dit "je n'ai pas commencé cette guerre, je suis désolé pour les Ukrainiens, mais faisons-le nous-mêmes, les gars". Vous là, les Slaves, les Russes, les Petits Russiens, occupez-vous de vous et de l'Europe, c'est votre affaire, pas la mienne. Moi, je m'occupe du Groenland et du Canada, de l'Amérique d'abord. Ce serait la solution la plus sensée.

Ce serait le MAGA. En attendant, tout cela n'est qu'un « micro-événement », quelque chose de très petit et de pathétique.

mercredi, 07 mai 2025

Seule au monde: comment l'UE se retrouve entre les puissances mondiales et perd de son influence

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Seule au monde: comment l'UE se retrouve entre les puissances mondiales et perd de son influence

Lothar Renz

Source: https://report24.news/allein-auf-weiter-flur-wie-die-eu-z...

Dans un monde de plus en plus marqué par les alliances stratégiques, la concurrence économique et les blocs de puissance géopolitiques, l'Union européenne se retrouve souvent seule. Les relations avec la Russie, la Chine et les Etats-Unis sont tendues - non pas dans une hostilité ouverte, mais dans une phase de méfiance, de réorientation et d'absence de véritable partenariat. Dans ce contexte, l'UE n'apparaît pas comme un médiateur ou une force autonome, mais de plus en plus comme un observateur de la politique étrangère - isolée, hésitante et divisée en son sein.

Russie : pas de rapprochement en vue, mais pas non plus de substitut au dialogue

L'attaque russe contre l'Ukraine a laissé une profonde césure dans les relations entre l'UE et la Russie. Depuis, les relations sont marquées par des sanctions, une distance politique et une rupture généralisée de la coopération économique. Pourtant, la Russie reste un acteur central de l'architecture de sécurité européenne. Même pendant la guerre froide, les liens économiques, par exemple dans le domaine de l'énergie, ont continué à fonctionner.

Aujourd'hui, la volonté politique d'ouvrir des perspectives à long terme fait souvent défaut. L'Europe mise sur le cloisonnement - mais comme les observateurs politiques internationaux l'ont souligné à plusieurs reprises, cela risque d'entraîner une perte d'influence à long terme, notamment dans des régions comme l'Europe de l'Est et l'Asie centrale, où la Russie reste active.

La Chine: entre intérêt économique et aliénation politique

Pour l'Europe, la Chine est à la fois un partenaire commercial important et un rival systémique. Selon un rapport d'Euronews Business, l'introduction par l'UE de droits de douane punitifs sur les véhicules électriques chinois était une réaction aux subventions massives accordées par le gouvernement chinois. Cela a suscité de vives critiques à Pékin - le conflit commercial est donc officiellement ouvert.

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Sur le plan politique, les relations ont encore été mises à mal par les déclarations de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock. Lors d'une visite à Pékin, elle a ouvertement qualifié la Chine de « concurrent systémique » et a critiqué son approche de Taïwan et sa proximité avec la Russie. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung avait alors commenté que cette rhétorique était certes cohérente, mais qu'elle ne laissait guère de place à un mouvement diplomatique.

Entre le souhait de conditions commerciales équitables et la nécessité de canaux diplomatiques, l'UE est aujourd'hui confrontée à un difficile exercice d'équilibre.

États-Unis : un partenariat étroit, mais des priorités différentes

Les relations avec les États-Unis restent étroites - mais elles sont devenues plus complexes. L'« Inflation Reduction Act », un énorme programme américain de subventions pour les technologies vertes, désavantage nettement les entreprises européennes sur le marché mondial. Comme l'a analysé entre autres le portail sectoriel Klean Industries, de nombreux pays de l'UE ont des difficultés à réagir avec des investissements publics comparables.

Des différences apparaissent également en matière de politique étrangère. Alors que Washington agit souvent avec plus de détermination sur les questions géopolitiques, l'UE manque souvent d'unité pour réagir avec une ligne claire. Cette asymétrie de rythme et de priorité a été reprise à plusieurs reprises dans des analyses du Süddeutsche Zeitung et du Monde : Les Etats-Unis agissent, l'Europe discute.

Conclusion: l'Europe - seule parmi les géants

Ce qui reste, c'est une Europe entre trois grandes puissances - toutes avec des stratégies claires et des intérêts nationaux. L'UE, en revanche, se débat avec elle-même. 

Pas de véritable alliance avec la Russie, une relation de plus en plus perturbée avec la Chine, et un partenariat transatlantique qui dépend plus du cours américain que de sa propre initiative : l'Europe est de plus en plus seule sur la scène mondiale. 

L'idée politique de l'Europe - en tant que médiateur, communauté de valeurs et contrepoids économique - perd de sa force de rayonnement si la puissance économique n'est pas traduite en capacité d'action politique.

Si l'Europe ne veut pas sombrer davantage dans l'insignifiance politique mondiale, elle doit apprendre à défendre ses intérêts avec force, mais aussi avec habileté stratégique. La clé réside dans l'unité - et dans le courage d'imprimer sa propre marque dans la politique mondiale.