dimanche, 07 septembre 2025
Ombres chinoises
Ombres chinoises
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/ombre-cinesi-2/
De la dernière réunion de l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai) se projettent de nombreuses et grandes ombres.
Pour la plupart, ce sont des ombres chinoises.
Xi Jinping a pris la parole. Et il a parlé longuement, contrairement à ses habitudes.
Un discours programmatique, qui trace l’avenir de l’OCS et, en même temps, révèle entre les lignes le projet d’expansion chinois.
Car Xi apparaît extrêmement déterminé. Il déclare que la Chine, le géant chinois, entend investir, et investir massivement, dans les pays en développement membres ou proches de l’OCS.
Une aide à 360°. Qui représente la réponse chinoise aux politiques mises en place par Washington et les Européens à l’égard du soi-disant Tiers-Monde.
Des politiques qui, soyons clairs, ont toujours été fondamentalement prédatrices.
Visant à dépouiller ces pays de leurs richesses naturelles. Exploitant à la fois une politique culturelle dirigée vers leurs classes dirigeantes, et favorisant la corruption systématique de celles-ci.
L’Afrique en a payé, et en paie encore, les conséquences. Et ce n’est qu’un exemple, certes macroscopique, parmi tant d’autres que l’on pourrait tirer d’Amérique latine et d’Asie.
Attention toutefois à ne pas se méprendre. À ne pas commettre l’erreur simpliste de voir la Chine comme la « bonne » puissance et l’Occident comme le choeur des « méchants ».
Une erreur exactement symétrique à l’autre, seulement en apparence opposée. Celle qui voudrait faire de l’Occident un phare de civilisation, et des autres, tous les autres, des barbares primitifs.
Le discours de Xi Jinping est un discours qui prélude à une action parfaitement politique.
Pékin est conscient de la façon dont les classes dirigeantes du Tiers-Monde sont, fondamentalement, inféodées à la culture occidentale.
Culture qui continue d’occuper une primauté incontestable. Étant la base, le fondement, à partir duquel partent les classes dirigeantes de ces pays. Souvent, sinon toujours, formées aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
Un lien toujours exploité avec une extrême habilité par le néocolonialisme occidental.
Et la classe dirigeante de Pékin est parfaitement consciente de ne pas être compétitive sur ce terrain.
La culture millénaire chinoise n’est en effet ni transférable ni consommable comme la culture de masse produite par la machine anglo-américaine.
Pour donner un exemple, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, les bandes dessinées américaines sont répandues. Souvent adaptées aux nouveaux contextes pour pénétrer plus profondément dans ces différentes cultures et les inféoder.
Ainsi, Spider-Man, l’Homme-Araignée, est devenu, pour l’Inde, un garçon bengali qui reçoit ses pouvoirs de la Déesse Araignée.
Un respect formel d’une tradition différente, utile cependant pour véhiculer le modèle globaliste.
Ce n’est qu’un exemple, parmi tant d’autres, et d’ailleurs déjà ancien de plusieurs décennies. Mais il sert à démontrer le net avantage de la culture occidentale sur ses concurrentes potentielles.
À Pékin, ils en sont bien conscients. C’est pourquoi ils misent sur autre chose. Pas sur la culture de masse, mais sur le développement économique. Sur l’expansion d’une zone de bien-être croissante, pilotée et guidée par la Chine.
Parce que la conviction des mandarins de Pékin est que la domination américaine sera progressivement brisée par le développement économique du reste du monde.
Et c’est là-dessus qu’ils misent. Le discours de Xi Jinping en est le clair exemple.
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Directive de Douguine: "Trump contribue à la formation d’un monde multipolaire, même contre sa volonté"
Directive de Douguine: "Trump contribue à la formation d’un monde multipolaire, même contre sa volonté"
Alexandre Douguine
Après son accession au pouvoir, Trump aurait pu accepter la nouvelle réalité du monde et tenter de reconquérir une bonne position dominante pour les États-Unis dans un système devenu multipolaire. Au lieu de cela, Trump a choisi la voie de l’agression, et ce sont précisément ses actions — attaques contre la Chine, introduction de droits de douane élevés contre l’Inde, pression sur le Brésil et menaces contre les pays du BRICS, ainsi que la poursuite de l’agression américaine contre la Russie en Ukraine — qui accélèrent la création d’un monde multipolaire, a souligné le directeur de l’Institut Tsargrad, le philosophe Alexandre Douguine :
"Trump ne fait pas cela volontairement, mais sous la contrainte. En tentant de faire échouer la multipolarité et de préserver l’hégémonie américaine, il accélère en réalité sa consolidation".
L’importance du processus en cours ne réside pas seulement dans la rencontre entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, rencontre qui symbolise à elle seule l’unité de deux grandes civilisations et puissances, mais aussi dans la présence lors du sommet de l’OCS du Premier ministre indien Narendra Modi, que Trump a profondément heurté par son comportement. À Pékin, lors du sommet de l’OCS, convergent en fait les trois pôles principaux du monde multipolaire: la Chine, la Russie et l’Inde.
Le destin de l’humanité dépendra de la capacité de ces trois pôles à parvenir à une compréhension mutuelle dans ces nouvelles conditions historiques, et non de ce que dit ou fait Trump. Sa mission est déjà accomplie dorénavant : il a poussé la Russie dans les bras de la Chine, et il y a aussi jeté son récent partenaire — l’Inde.
Ces trois grandes civilisations-États s’unissent maintenant. Leur potentiel combiné — économique, démographique, politique, géopolitique, en ressources et en capacités nucléaires — dépasse celui du monde occidental. Voilà la vraie multipolarité, elle était inattendue, mais elle est désormais la réalité.
L’Occident, qui voulait initialement bétonner un monde unipolaire avec l’OTAN pour pièce centrale, la calamiteuse Union européenne et son Israël idiot qui tente de faire valoir sa grandeur sur un petit coin du Moyen-Orient, se trouve face à un contrepoids eurasiatique de grande ampleur. Et personne n’y résistera. À cette nouvelle organisation multipolaire, incarnée par la Russie, la Chine et l’Inde, se joindra aussi le monde islamique — en premier lieu, les chiites d’Iran. Ceux qui hésitent perdront peu à peu toute pertinence, même au niveau régional. Trump voulait s’y opposer, mais il y a finalement contribué lui-même.
La prochaine visite de Vladimir Poutine en Chine, pour le sommet de l’OCS, n’est pas seulement une nouvelle rencontre avec Xi Jinping et Narendra Modi. La situation a changé. L’Occident n’a pas voulu accepter la multipolarité, ce qui signifie que cette multipolarité, désormais, « houspille » l’Occident dans les marges du monde et de l'histoire et le forcera à prendre sa place dans cette hiérarchie, qui ne sera plus en première ligne.
Trump a commencé avec le slogan « Rendons l’Amérique grande à nouveau », en promettant aussi la grandeur pour d’autres pays: faire en sorte qu'eux aussi puissent « redevenir grands ». Mais il n’a pas tenu cette mission, et il a basculé, et c'est navrant, dans une politique néoconservatrice, de mauvais aloi et de bas étage. En tentant de préserver l’hégémonie, il l’a en fait achevée et a transmis l’initiative aux trois pôles d'Eurasie.
Lors du sommet, se réunissent de véritables grandes puissances — la Russie, la Chine et l'Inde. Et c’est eux qui décideront du destin de l’humanité. Que cela plaise ou non, l’avenir appartient à Xi Jinping, à Modi et à Poutine. Ensemble, ils définiront la prochaine ère de l’humanité. Nous inscrivons dans cette nouvelle ère multipolaire nos propres visions. C’est là toute la signification de cette rencontre au sommet de l’OCS.
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vendredi, 05 septembre 2025
États-Unis et Chine: une concurrence, deux mondes
États-Unis et Chine: une concurrence, deux mondes
Derrière les stratégies des États se cachent des actions rationnelles. Cependant, contrairement à ce que prétend généralement la sagesse conventionnelle occidentale, la rationalité n'est pas universellement la même pour toutes les nations: les cultures conditionnent les mentalités et, par conséquent, les processus décisionnels.
Andrés Berazategui
Source: https://politicar.com.ar/contenido/1065/estados-unidos-y-...
La concurrence entre les États-Unis et la Chine met en évidence différentes manières de planifier des stratégies et d'agir. La pensée stratégique, étant quelque chose de complexe, révèle également que les contextes culturels qui sous-tendent les décisions des acteurs internationaux peuvent être très différents. En effet, la stratégie est planifiée en vue d'atteindre des objectifs à l'aide d'un ensemble de moyens utilisés de manière rationnelle. Or, la rationalité des acteurs, c'est-à-dire leur capacité à calculer et à évaluer de manière réfléchie l'utilisation des moyens permettant d'atteindre ces objectifs, n'est pas nécessairement la même chez tous, car les rationalités peuvent être conditionnées par des contextes culturels différents. Par exemple, l'immolation personnelle pour commettre un attentat peut être un moyen parfaitement rationnel pour un certain acteur, alors que pour un autre, c'est tout le contraire. Sans aller jusqu'à cet extrême, nous pensons qu'il est possible d'observer une différence de mentalité dans les stratégies des États-Unis et de la Chine, les deux plus grandes puissances actuelles.
Ce n'est plus un secret pour personne que les États-Unis et la Chine sont en concurrence dans de nombreux domaines de la politique internationale. Citons quelques-uns des thèmes les plus importants : la rivalité dans le commerce international ; les différents discours utilisés par les États-Unis et la Chine pour justifier leurs actions ; la présence militaire du géant asiatique au-delà de ses frontières et en particulier dans la mer de Chine méridionale ; les tensions permanentes autour de Taïwan ; l'alliance de plus en plus étroite entre la Chine et la Russie ; l'activité croissante dans l'espace extra-atmosphérique ; les accusations relatives à la cybersécurité ; les campagnes de « désinformation » ; la concurrence pour les ressources — notamment les minéraux et les métaux critiques — ; les développements en matière de biotechnologie, de semi-conducteurs, d'intelligence artificielle...
Cependant, les deux pays présentent des différences notables dans la manière dont ils planifient leurs stratégies et défendent leurs intérêts. Même s'il n'a pas été le premier à le remarquer, il convient de rappeler ce qu'a dit Henry Kissinger à propos des différences entre la Chine et l'Occident. Il a illustré son propos en donnant l'exemple des « jeux respectifs auxquels chaque civilisation s'est adonnée » : le wei ki (plus connu sous le nom de go en Occident) en Chine et les échecs dans le monde occidental. Kissinger explique que dans le wei ki, l'idée d'encerclement stratégique est fondamentale. En effet, le nom du jeu peut se traduire par quelque chose comme « jeu de pièces environnantes ».
Kissinger poursuit : « Les joueurs placent à tour de rôle les pierres à n'importe quel endroit de la grille, créant ainsi des positions de force et s'efforçant en même temps d'encercler et de capturer les pierres de l'adversaire ». Il souligne également comment, au fur et à mesure des mouvements des pièces, les équilibres se modifient progressivement jusqu'à ce que, vers la fin de la partie, « le plateau se remplisse de zones de forces qui s'entrelacent partiellement ». Le wei ki cherche à encercler les pièces de l'adversaire en occupant le plus grand nombre possible d'espaces vides. Le but du jeu n'est pas de « manger des pièces », mais d'obtenir la domination stratégique du plateau en acculant l'adversaire tout au long de la partie, jusqu'à ce qu'il n'ait plus aucune possibilité de faire des mouvements productifs ». Pour sa part, le jeu d'échecs est différent. Kissinger nous dit que, dans ce jeu, on recherche la victoire totale. Et c'est vrai, dans le jeu d'échecs, l'objectif « est le mat, placer le roi adverse dans une position où il ne peut plus bouger sans être détruit ». L'interaction des pièces est directe : elles cherchent à s'éliminer pour occuper des cases bien délimitées. Les pièces se mangent et sont retirées du plateau, épuisant ainsi l'adversaire et orientant les efforts vers l'encerclement de la pièce principale, le roi, jusqu'à ce que, comme nous l'avons dit, celui-ci ne puisse plus bouger sans être détruit.
Dans le wei ki, on cherche à encercler et à contourner, on fait appel à la flexibilité, à l'exploration des espaces sur l'échiquier en essayant d'occuper ses vides : le wei ki a une conception du temps plus liée à des développements fluides et rythmés. La rationalité dans les échecs se manifeste différemment: il s'agit de dominer la zone centrale du plateau, car c'est son « centre de gravité ». Les joueurs cherchent à « tuer » les pièces adverses en les mangeant et en les remplaçant par leurs propres pièces. Aux échecs, on s'affronte pièce par pièce, on cherche donc à être décisif. Une pièce qui est mangée reste à l'extérieur et le temps est mesuré avec plus de précision, car l'élimination d'une pièce ne se fait pas par un détour (tâche qui prend un certain temps), mais elle est mangée à un moment précis, localisable avec exactitude.
Ce n'est pas un hasard si, d'un point de vue militaire, les plus grands stratèges des deux cultures sont si différents. Sun Tzu et Clausewitz illustrent clairement les différences que nous avons relevées ici, car ils s'appuient tous deux sur des rationalités analogues à celles que nous avons exposées en parlant des jeux.
Sun Tzu explique qu'il faut essayer de subordonner la volonté de l'ennemi, mais si possible sans combattre. Sa maxime selon laquelle « l'art suprême de la guerre consiste à soumettre l'ennemi sans livrer bataille » est bien connue. Sun Tzu recherche ce que l'on pourrait définir comme une patience stratégique, étroitement liée à la notion d'un temps qui s'écoule et se régule au fur et à mesure que ses propres mouvements et ceux de l'ennemi se produisent. C'est pourquoi les questions immatérielles revêtent une telle importance pour le stratège chinois. Si l'idéal ultime est de soumettre sans livrer bataille, on comprend que Sun Tzu accorde autant d'importance à des choses telles que connaître l'ennemi ou recourir au mensonge et à la tromperie. Pour l'Orient, la bataille est très coûteuse en hommes et en ressources, c'est pourquoi il vaut mieux essayer de l'éviter et n'y recourir que lorsqu'il n'y a pas d'autre alternative.
Clausewitz est tout à fait différent, tout comme le reste des stratèges militaires classiques occidentaux. Pour commencer, pour le Prussien, la bataille est cruciale. De plus, l'idéal n'est pas d'éviter les batailles, mais au contraire d'essayer d'en trouver une qui soit décisive. L'objectif de la guerre est de vaincre l'ennemi par la force, car la guerre est avant tout un acte de violence physique. C'est pourquoi Clausewitz accorde une grande importance aux variables matérielles, temporelles et spatiales qui peuvent favoriser au mieux les performances au combat. Dans la pensée stratégique militaire occidentale, la confrontation, la force et l'anéantissement de l'ennemi sont fondamentaux.
Si nous appliquons cette analyse à la concurrence actuelle entre la Chine et les États-Unis, nous constatons que les schémas de pensée que nous avons exposés se retrouvent dans la manière dont les deux puissances gèrent leurs géostratégies respectives. La Chine cherche principalement à promouvoir des intérêts mutuellement avantageux avec d'autres acteurs — afin de les convaincre qu'il est profitable de s'entendre avec elle —, tout en recourant au soft power pour se présenter comme une puissance bienveillante et diplomatique qui ne recherche que la prospérité commune.
Les mesures coercitives sont généralement des derniers recours que la Chine met en œuvre de manière indirecte et à des degrés d'intensité variables en fonction du contexte. La projection du géant asiatique sur la mer de Chine méridionale ressemble à un coup de wei ki : il occupe des espaces « vides » (de souveraineté pratique relative ou contestée) en construisant des îles artificielles qui s'articulent autour d'une « ligne de neuf points » qui entoure l'espace qu'il entend dominer. La construction de ces îles est menée de manière si soutenue et ferme qu'elle laisse peu de place aux manœuvres politiques des États de la région. Dans le même temps, la Chine, à travers son initiative « Belt and Road », déploie sa puissance sur une vaste zone géographique en générant des investissements et des intérêts communs avec des acteurs qui, en principe, bénéficient du projet. Avec l'initiative « Belt and Road », la Chine étend à long terme son influence et son commerce en attirant un grand nombre de pays avec de bons dividendes.
Les actions américaines, en revanche, sont clairement différentes. Les États-Unis mettent toujours l'accent sur le hard power, les actions directes et même les menaces publiques. Sa stratégie pour la région indo-pacifique, principal espace de concurrence avec Pékin, consiste généralement en une combinaison d'accords en matière de sécurité et de renseignement avec les pays de la région (AUKUS, QUAD, Five Eyes, ou accords bilatéraux de défense avec le Japon, la Corée du Sud, les Philippines) et de sanctions économiques et de restrictions technologiques à l'égard de la Chine. Les États-Unis s'opposent explicitement à la Chine, au point que la reconnaissance de cette dernière comme principale menace pour les intérêts mondiaux des États-Unis est un point de convergence fondamental entre les partis démocrate et républicain. Le fait que Donald Trump se soit montré un peu plus ouvert au dialogue avec Xi Jinping ne change rien à l'équation, selon nous. La concurrence stratégique entre les deux pays est là pour durer. Chacun agira selon sa stratégie, sa vision du monde et ses valeurs. En définitive, selon son propre esprit.
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L’Occident et la droite nationale française face à l’anéantissement de Gaza
L’Occident et la droite nationale française face à l’anéantissement de Gaza
Pierre-Emile Blairon
Par les exactions et les massacres commis à Gaza, l’Occident décadent se révèle dans toute sa turpitude. Il ne représente plus « l’Humanité » ou la « Communauté internationale » dans son ensemble, et heureusement, car ce mot, « Occident », restera dans l’Histoire lié à une infamie.
« L’Occident » est constitué d’un triptyque, ou d’une hydre à trois têtes, si vous préférez : Israël, l’Amérique et « l’Union européenne ». Israël dicte ses volontés à l’Amérique et l’Amérique dicte ses volontés à l’Europe.
L’Occident unipolaire, qui avait étendu son emprise sur le monde, n’existe plus mais il refuse d’admettre cette évidence. Il a été remplacé par le monde multipolaire des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et d’autres qui sont venus rejoindre cette nouvelle entité qui constitue, désormais, une alternative crédible et rassurante à ce vieux monde dépravé.
L’Occident va-t-il sombrer dans la mer de larmes et de sang qu’il a lui-même creusée et remplie à Gaza ?
Nous pouvons être étonnés que la droite nationale française ait choisi d’ignorer les principes de bon sens et de neutralité qui dictaient jusqu’alors les prises de position de la diplomatie française permettant ainsi à notre pays de pouvoir donner un avis pertinent sur les conflits qui agitent le monde lorsqu’il n’est n’y est pas lui-même engagé.
La droite nationale française s’est rangée sans tergiverser, et avec un enthousiasme dérangeant, sous la bannière israélienne. Pourquoi ?
Quand la victime devient bourreau
Gaza : tout le monde a entendu parler de cette bande côtière au bord de la mer Méditerranée de 40 km de long sur 9 de large en moyenne (4000 ans d’histoire [1], 2 millions d’habitants en 2023, 365 km2) ; une langue de terre qu’Israël bombarde quotidiennement depuis le 7 octobre 2023 dans le but d’en chasser ses habitants, les Palestiniens, ou, à défaut, de les éliminer physiquement afin de s’en approprier le territoire.
Cette volonté de confiscation d’une contrée qui ne vous appartient pas en éliminant sa population n’a rien d’inédit dans l’histoire du monde.
Ce qui est inédit, c’est que la population de Gaza est en passe d’être complètement éradiquée par des Israéliens qui, pour les plus âgés d’entre eux, ont eux-mêmes échappé à ce qui fut appelé un « holocauste », perpétré par le régime hitlérien.
Plus de 67.000 morts palestiniens, 80% de civils, dont 18.000 enfants, selon les derniers chiffres de l’Unicef.
« Pour Tom Fletcher, le chef de l’humanitaire de l’ONU [2], la responsabilité d’Israël ne fait aucun doute. ʺC’est une famine du XXIe siècle, surveillée par des drones et la technologie militaire la plus avancée de l’histoire [3]ʺ, a-t-il déploré.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, Volker Türk (photo), est allé plus loin. Si la famine est bien, comme il le pense, la conséquence directe des politiques du gouvernement israélien, certaines conclusions s’imposent du point de vue du droit international.
Recourir à la famine comme méthode de guerre constitue un crime de guerre, et les décès qui en résultent pourraient également constituer un crime de guerre d'homicide volontaire », a-t-il déclaré [4]. »
Plusieurs centaines de ces Palestiniens affamés ont été attirées par des remises de nourriture et ont été abattues à leur arrivée sur le lieu de distribution par l’armée israélienne : « Selon les Nations Unies, depuis le 27 mai, plus de 800 personnes ont été tuées par l'armée israélienne alors qu'elles tentaient de se procurer de l'aide. Les tirs visant des foules affamées se répètent, au point de transformer l’accès à la nourriture en un acte de survie à haut risque [5] ».
On ne peut s’empêcher de penser à cette fête barbare et sanglante du Grindadráp pratiquée aux Îles Féroé (Danemark) qui consiste à déployer des bateaux afin d’encercler et de rabattre vers le rivage dauphins et baleines ; les bêtes échouées sont ensuite achevées au couteau et découpées sur place provoquant une marée de sang, et une marée d’indignation !
Il s’agit ici, dans le cas de Gaza, d’êtres humains. Mais, pour certains membres du gouvernement israélien, ce ne sont pas tout à fait des « humains » : ce sont des « animaux humains [6] »
Il est important de préciser que je n’assimile pas l’ensemble des Israéliens aux propos, aux agissements ni même à la position de ses dirigeants. Dans tous les peuples, il existe une proportion variable de gens respectables et d’autres qui le sont moins. Nombreux sont les Israéliens à s’élever contre les atrocités commises par leur gouvernement et leur armée et à avoir le courage de les dénoncer publiquement.
Pendant ce temps, les masses occidentales farouchement indifférentes continuent à vivre, dans un monde d’illusion hédoniste, leur parcours somnambulique. Pour rien au monde, elles ne renonceraient à leur confort aseptisé imitant autant que faire se peut les trois singes : ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre.
Les personnes lucides n’ont pas cette chance : elles sont encore bien vivantes, elles, et elles assistent, pétrifiés, à la rencontre incongrue de deux entités maléfiques qui déploient tous azimuts leurs outils de dissolution du monde traditionnel : l’une est l’émanation de vapeurs méphitiques d’un monde ancien en décomposition, l’autre se pare des cuirasses d’acier robotiques de la haute technologie. Un passé glauque et un avenir apocalyptique. Une autre façon plus dérangeante de voir l’archéofuturisme ?
Le massacre de Gaza préfigure le monde de la fin de l’Humanité qui voit toutes les valeurs inversées, en l’occurrence, la victime devenant bourreau et se délectant de vivre son nouveau statut.
Les Français sont-ils concernés par l’évolution de ce conflit, commencé en 1948, qui semble interminable ? C’est ce que nous allons ci-après examiner.
La droite nationale française et Israël
L’épouvantail LFI
On pourrait croire que le parti LFI ( La France Insoumise), dirigé par un personnage excessif et peu crédible, n’a été créé que pour constituer un épouvantail destiné à cristalliser la haine du bon bourgeois conformiste de « droite » contre tout ce qu’entreprennent et tout ce que représentent ces wokistes incultes et le détourner des vrais problèmes ; ainsi, la multiplicité des manifestations organisées par ces idiots utiles défilant avec force drapeaux palestiniens dans les rues parisiennes (et ailleurs) n’est là que pour appeler au rejet de tout soutien à Gaza et à sa lutte légitime à vivre sur ses terres. C’est pour cette même raison : détourner l’attention, que Macron a émis l’idée que la France pourrait reconnaître la Palestine dont il se fiche éperdument.
De même, l’autre « droite » dite « nationale » s’est laissé prendre au même piège tendu par les représentants du pouvoir mondialiste à tout ce qui constitue encore une force traditionnelle.
Nous allons rappeler quelques chausse-trapes ou « peaux de banane » insidieusement déposées par les tenants de la pensée unique sur le chemin du citoyen honnête en évoquant quelques articles écrits sur ce conflit qui mettent en relief une propagande mondialement orchestrée.
Rappel de quelques vérités sur ce conflit
- Le 11 septembre d’Israël (Article du 18 octobre 2023)
cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/10/19/l...
Où nous apprenons que ce fameux 7 octobre 2023, une consigne avait dégarni les troupes basées à la frontière avec Gaza. Une représentante de Tsahal postée à la frontière s’en étonne.
Nous y apprenons par la voix d’Avi Primor (photo), ancien ambassadeur d’Israël en Allemagne, en Belgique, auprès de l’Union européenne, que le Hamas est une création d’Israël.
Bien pire : Israël finance désormais l’Etat islamique pour lutter contre… le Hamas !
« Gaza : Benjamin Nétanyahou déclare qu'Israël a fourni des armes à des groupes criminels opposés au Hamas » (France Inter du 6 juin 2025[7].
- Et d’après vous, où iront ces plus de 2 millions de Gazaouis qui fuient les bombardements ? (Article du 8 novembre 2023); cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/11/10/e...
Où nous apprenons que, dès le 10 octobre 2023, les routes qui permettaient d’acheminer des vivres à la population de Gaza avaient été détruites par l’armée israélienne.
- Sortie de route : la droite nationale s’est-elle fracassée contre le Mur des Lamentations ? (Article du 5 décembre 2023); cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/11/29/s...
Où nous apprenons que l’extrême-droite parlementaire en France, toujours aussi pusillanime et collabo (et toujours du côté de celui qui est le plus en position d’exercer le pouvoir) s’est rangée immédiatement après le 7 octobre sous la bannière d’Israël, sans se poser la moindre question « comme sous l’effet d’une impulsion quasi-clinique, pavlovienne, comme des animaux de laboratoire, comme les foules obéissant frénétiquement aux incantations du Big Brother de 1984, le célèbre ouvrage ʺcomplotisteʺ d’Orwell. »
Pourquoi ce ralliement sans condition de la droite nationale à Israël ?
Dans un article intitulé : L’extrême-droite et Israël : un cas de mimétisme clinique, daté du 7 août 2025 (Cercle antimoderne), Claude Bourrinet relève que les Français ont souvent été admiratifs devant l’envahisseur ou devant celui qui, pour des tas de raisons la plupart du temps irrationnelles, se trouve en position de « dominateur ». Je rappelai moi-même, dans un article passé, que les Français fascinés par l’étranger conquérant se rangeaient facilement aux vues de ce dernier. L’exemple le plus frappant est celui des « Gallo-romains », Gaulois devenus collabos de Rome après les tentatives désespérés de Vercingétorix pour rassembler les peuples gaulois contre l’envahisseur romain.
Il y a toujours un Gaulois, ou un Français, ou un groupe de Gaulois ou de Français, pour sauver l’honneur, heureusement.
« Assurément, » écrit Bourrinet, « l’Allemagne hitlérienne, conquérante et candidement nietzschéenne, ivre de volonté de puissance, tourna la tête à une partie du pays, qui se trouva alors très femme. L’admiration est aussi un mimétisme : on aimerait être le dominant, donc on le singe. N’est-ce pas le même pli qui explique la fascination de l’extrême droite pour l’État sioniste?».
Cela peut constituer une hypothèse mais, pour ma part, je crois plutôt que nous avons ici affaire à l’ignorance de gens simples, éloignés de tout calcul et, pour cette raison, malléables et vulnérables.
C’est l’attitude typique du « patriote » qui réagit impulsivement aux stimuli qui lui ont été inculqués depuis de nombreuses années, un conditionnement quelquefois antinomique à celui qui le précédait, selon les besoins du moment des groupes de pression qui le manipulent.
Le patronat, depuis de longues années, avait persuadé les Français qu’il fallait importer des travailleurs étrangers parce que les Français ne voulaient plus « se salir les mains ». Ce qui est faux, car si le patronat avait consenti à payer correctement nos compatriotes, ils auraient fait comme dans tous les pays du monde : accepter un travail qui leur permettait de vivre décemment dans des conditions décentes.
Giscard et Chirac avaient favorisé l’immigration de masse en organisant le regroupement familial. La communauté des intellectuels juifs français appuyait ce type de mesure; elle avait peur d’un Le Pen réputé antisémite et s’appuyait par contrecoup sur l’immigration et… sur le patronat.
Le patronat a donc pu, grâce à l’apport de travailleurs étrangers, baisser le niveau des salaires et loger Français et immigrés à la même enseigne d’un Smic famélique.
Puis, lorsque Marine Le Pen a succédé à Jean-Marie Le Pen et qu’elle a donné tous les gages possibles de sa soumission à l’Ordre Mondial, allant jusqu’à renier son père, la même communauté d’intellectuels a fait son mea culpa et a admis alors qu’elle s’était trompée d’ennemi et que le péril venait à l’évidence de ceux qu’elle avait fait venir en France par bateaux entiers quelques années auparavant.
Cette droite nationale est constituée majoritairement de bons Français simples et affables, amoureux de leur pays et voulant y vivre et y travailler en toute quiétude. La plupart de ses partisans ne peuvent être classés à l’extrême-droite, ce qui supposerait qu’ils disposent d’un minimum de formation politique. Ces braves gens ont, hélas, oublié les valeurs d’honneur et de dignité de la France éternelle – mais comment les connaîtraient-ils puisqu’elles ne sont plus enseignées ? - les valeurs que nos anciens maîtres d’école nous inculquaient, les valeurs chevaleresques telles que je les ai évoquées dans cet article : L’être « sigma » : « manipulation CIA-woke-LGBTQ+ ou résurgence des valeurs chevaleresques ? » [8], des valeurs qui sont l’ADN même de la France, celles qui sont censées protéger le faible et le démuni de l’arrogance du fort.
Non, cette nouvelle droite nationale, ou « patriote », non militante, trop confiante, trop naïve, trop médiatiquement façonnée, n’a jamais réalisé qu’elle était constamment manœuvrée par des gens qui se souciaient fort peu de son avenir, la ligne bleue des Vosges étant, pour les manipulateurs, remplacée avantageusement par celle du Jourdain. Les Français ignoraient le but avoué du chef de file de ces faiseurs d’opinion[9], Jacques Attali, but qu’il avait pourtant clairement énoncé à plusieurs reprises, notamment à Public Sénat le 16 février 2010 : « On peut imaginer, rêver d’un Jérusalem devenant capitale de la planète qui sera un jour unifiée autour d’un gouvernement mondial. »
C’est donc une population « réactionnaire » qui réagit immédiatement et instinctivement à ce qui la touche le plus dans sa vie de tous les jours : l’insécurité. Depuis des décennies, les Français sont victimes quotidiennement de vols, de viols, de meurtres barbares, une criminalité sans frein puisqu’elle n’est pas, ou peu, réprimée, causée majoritairement par des délinquants issus de l’immigration nord-africaine et sub-saharienne.
1972 : l’émergence du Front national
Cette droite patriote, constituée pour beaucoup de rapatriés d’Algérie, n’a cessé de voter, dès son émergence, pour le Front National, puis pour le Rassemblement national, n’y voyant aucune différence.
Dès l’apparition du F.N., le thème principal retenu fut celui de « l’immigration sauvage ». Il faut se rappeler que le F.N. est né du rapprochement du mouvement étudiant Ordre Nouveau (dont votre serviteur faisait partie) avec Jean-Marie Le Pen et quelques-uns de ses amis, le 27 octobre 1972 ; le 21 juin 1973, un meeting est organisé à la Mutualité à Paris par Ordre Nouveau qui poursuit ses activités en parallèle avec celles du Front National naissant ; le thème du meeting ? « Halte à l'immigration sauvage ! » Oui, déjà en 1973 !
« Les orateurs veillent à s'abstenir de tout propos à connotation racialiste. François Brigneau déclare : ʺLe peuple juif a gardé son intégrité parce qu'il ne s'est pas mélangé [10], mais nous n'avons pas de leçons à recevoir de la part de ceux qui ont mis les Palestiniens dans des camps [11] ! »
52 ans après, nous aurions aimé dire que rien n’a changé si ce n’est que la situation des Palestiniens s’est aggravée au point que nous pouvons craindre leur totale disparition.
D’autres applaudissent à cette perspective.
A l’heure où j’écris, fin août 2025, la quasi-totalité de la « droite nationale » s’est rangée derrière ses représentants, parlementaires ou non, pour soutenir, sans état d’âme, Israël dans son entreprise génocidaire et le massacre quotidien d’enfants innocents. Inconscience, indifférence, ignorance, ou terrifiant cynisme ?
52 ans après, je suis toujours d’accord avec feu François Brigneau (photo).
La droite nationale française ne doit pas s’identifier à l’extrême-droite israélienne, bien plus radicale et bien peu exemplaire ; Israël est un Etat-voyou [12].
Le salut des Français ne viendra pas d’Israël
Le salut des Français ne viendra pas d’Israël, Israël ne considérant que son seul intérêt et n’étant guère préoccupé par le sort des Français. La situation des Français est bien différente de celle des Israéliens, et les « Arabes » d’Israël, les Palestiniens, dont 175.000 d’entre eux sont chrétiens, ne sont pas les mêmes que ceux de Dubaï ou d’Algérie, ou… de France.
Ce n’est pas Israël qui débarrassera les Français des criminels allogènes; c’est la restauration de mesures fortes qui ramèneront au pouvoir des âmes énergiques et déterminées qui sauront faire don de leurs personnes dans l’intérêt commun ; il ne faut guère compter sur la classe politique actuellement au pouvoir qui, quel que soit le parti représenté, ne songe qu’à la sauvegarde de ses privilèges ; les Français n’ont pas besoin de paroles et de promesses qui ne seront pas tenues ; ils ont besoin de personnes avisées et désintéressées qui œuvrent efficacement au service de la patrie.
Cela a peu de chances de se produire, à moins d’une véritable révolution dans les semaines ou les mois qui viennent ; par deux fois, des élections truquées [13] avec l’assentiment tacite du RN ont porté au pouvoir un psychopathe complètement allumé et, la prochaine fois, les Français voteront comme un seul homme pour ce même RN, un parti qui les a trahis 25 fois, qui s’est depuis longtemps rendu, ou vendu, à l’Ordre mondial et qui suivra, le doigt sur la couture du pantalon, toutes les consignes des oligarques visant à faire disparaître définitivement leur pays.
Pour en revenir à ce qui se passe actuellement à Gaza et aux responsabilités qui incombent à ceux qui y commettent les pires exactions [14], quelles que soient les monstruosités qu’a pu – ou que peut – accomplir telle frange de tel peuple (il n’y a pas de peuple entièrement mauvais dans son ensemble), le meurtre, a fortiori l’assassinat prémédité d’un être innocent, vulnérable et sans défense, les prive du statut, de la dignité – je ne dirais pas du privilège – d’être un être humain et les retranche de cette communauté humaine.
Partout dans le monde, que l’on soit arabe, juif, gaulois, eskimo ou zoulou, l’innocence doit être sacrée.
Attenter volontairement à la vie d’un être innocent [15] tel un enfant, ou vulnérable, telle une personne âgée ou handicapée, ou attenter à son intégrité physique, doit être considéré comme le plus grand et le plus lâche des crimes par toute société humaine et puni en conséquence.
Si nous militons pour que la France ne s’engage pas dans des conflits qui ne la concernent pas directement, de telle sorte que la diplomatie française puisse conserver un statut d’analyste lucide et aider ainsi à la paix dans le monde, nous réalisons bien qu’il est impossible, au 21e siècle, de prétendre que telle ou telle tension à tel ou tel endroit de la planète, ne nous concerne pas.
Désormais, les causes qui les font naître sont tellement enchevêtrées qu’il est impossible qu’elles n’aient pas d’effet sur un pays comme le nôtre qui a cependant bien perdu de sa superbe depuis qu’il est dirigé par Macron et les crétins irresponsables qui l’ont précédé au même poste.
Depuis que Macron a entièrement soumis notre pays à l’Union européenne et donc à l’Amérique et donc à Israël, et donc à l’Ordre mondial.
Aussi, n’est-il pas inutile de tenter d’ouvrir quelques prospectives (surprenantes) en lien avec ce dossier, avant de le fermer.
L’énigme khazare
La société israélienne est loin d’être une société monolithique ; multitude de courants religieux, culturels, philosophiques, spirituels, politiques, s’y côtoient et s’y affrontent quelquefois avec véhémence ; on y trouve le pire et le meilleur ; commençons par le pire, il est représenté par le gouvernement actuel et ceux qui le soutiennent.
Dans un article du Saker francophone du 20 août 2025, repris par SOTT, intitulé : Le cerveau rabougri d’une société nazifiée [16], l’auteur présente une thèse qui nous ramène à nouveau à la deuxième guerre mondiale, dénonçant un processus de « nazification » de la société israélienne actuelle, reprenant le thème de la victime qui devient bourreau ; cette analyse psycho-sociologique a ceci d’intéressant qu’elle donne une piste (qui se rapproche de celle de Claude Bourrinet évoquée plus haut) pour comprendre pourquoi les foules occidentales restent indifférentes aux massacres en cours à Gaza : « . Cela commence par la déshumanisation de la population-cible - les Palestiniens qualifiés « d'animaux humains » ou de « terroristes », quel que soit leur âge ou leur situation. Cela continue avec la création d'une mythologie de victimisation perpétuelle qui justifie toute atrocité comme étant de la « légitime défense [17] ». Cela aboutit à une population tellement endoctrinée qu'elle manifeste pour le droit de violer des prisonniers palestiniens pendant qu'elle regarde des enfants mourir de faim et ne ressent que de la satisfaction […] Le plus effrayant est peut-être la participation enthousiaste des enfants à cette culture de la cruauté. Des vidéos circulent montrant de jeunes Israéliens chantant des chansons sur la destruction de Gaza [18], des enfants célébrant la mort de Palestiniens et des adolescents posant avec des armes tout en faisant des blagues sur la « chasse aux Arabes.
« Un détail non négligeable est que la plupart de ces vidéos présentent des Juifs ashkénazes blancs se moquant des traits sémitiques des Palestiniens, d'une manière troublante, similaire à la façon dont les nazis décrivaient leurs victimes.
[…] Ce à quoi nous assistons est l'aboutissement de décennies d'endoctrinement pour le pouvoir nazi, masquée par un langage victimaire, finalement autorisée à devenir ce qu'ils faisaient semblant de détester : des Zio-(Ashke)nazis ».
L’auteur de cet article emploie un mot étonnant, une contraction de « Ashkenazes », les juifs originaires de l’est de l’Europe, et de « nazis » : « Ashkenazis ». Voyons pourquoi ce rapprochement insolite a été fait.
Il y a bien en Europe actuellement un Etat dont une bonne partie de l’armée se réclame ouvertement du nazisme, et qui est dirigé par… un juif : c’est l’Ukraine dont son ex-président (Zelensky n’est officiellement plus président depuis le 19 mai 2024) disait le 5 avril 2022 à Kiev : « Je pense que tout notre peuple sera notre grande armée. Nous deviendrons un « Grand Israël ».
Il faut se souvenir que Stepan Bandera, qui proclama l’indépendance éphémère de l’Ukraine à Lviv le 30 juin 1941, et qui est considéré comme un héros par une partie des Ukrainiens, collabora avec l'Allemagne nazie en créant la Légion ukrainienne, sous commandement de la Wehrmacht. D’où cette curieuse cohabitation actuelle.
Il existe une autre étrange coïncidence qui va marquer le destin du peuple juif et dont l’action se situe dans la même région, puisqu’elle était le territoire d’un peuple turcique originaire du nord du Caucase, les Khazars, établi en royaume en Ukraine et dans la région alentour, entre le VIIe et le XIIIe siècle.
Et nous revoilà avec ce néologisme: Ashkenazis, car les Khazars sont quelquefois physiquement proches des slaves, souvent blonds aux yeux bleus, comme le sont certains juifs ashkenazes.
L’auteur de l’article précité relance involontairement une vieille polémique débutée en 1976, à l’époque où Arthur Koestler (1905-1983) fait paraître un livre intitulé : La Treizième tribu.
Deux personnages attachants, mais dérangeants pour l’establishment : Arthur Koestler et Shlomo Sand, vont nous permettre de mieux connaître l’importance de ce peuple dans l’Histoire contemporaine.
Arthur Koestler
Arthur Koestler est un juif hongrois de langue allemande, il sera écrivain, journaliste, essayiste, de nationalité hongroise, britannique, autrichienne ; il vivra en Hongrie, en Autriche, en Palestine, en France, en Espagne, en Allemagne, en Angleterre, il sera communiste, puis anticommuniste, condamné à mort par les franquistes, il sera échangé contre la femme d’un pilote espagnol, cet aventurier s’engagera dans la Légion étrangère, écrira le roman qui l’a rendu célèbre : Le Zéro et l’infini, il vivra dans un kibboutz, sera le cofondateur du Betar (mouvement de jeunesse sioniste), on trouvera même le nom de ce journaliste intrépide, sorte de Tintin de l’Est, dans le Comité de patronage de… Nouvelle Ecole, à la création de cette revue de la Nouvelle Droite.
Bref, une vie bien remplie qui donne le tournis.
Et donc, en 1976, il fera paraître cet ouvrage qui va bouleverser les connaissances que nous avions sur l’origine du peuple juif et de ses douze tribus car il va en rajouter une treizième, d’où le titre de son livre : La Treizième tribu dans lequel « il défend la thèse selon laquelle les Juifs d'Europe de l'Est et leurs descendants, c'est-à-dire les Ashkénazes, ne descendent pas (ou peu) des anciens Israélites, mais principalement des Khazars, un peuple originaire de la région du Caucase du Nord qui a été converti (par ses dirigeants, ndlr) au VIIIe siècle au judaïsme et aurait migré plus tard vers ce qui est aujourd'hui l'Europe de l'Est, sous la pression de tribus nomades venues d'Asie centrale. Koestler se réfère aux travaux de l'historien israélien Abraham N. Poliak. » (Wikipedia)
Evidemment, cette thèse crée des remous en Israël, mais aussi en Amérique où le récit biblique constitue la base religieuse, et au-delà, de la vie américaine, mais aussi au sein de la diaspora juive partout dans le monde car il casse le dogme de l’antique origine du peuple juif élu par Dieu ; d’autant plus que la présentation que Koestler fait de son ouvrage n’arrange pas les choses : « Ces lignes ont été écrites à une époque où l’on ne connaissait pas encore toute l'étendue de l'holocauste nazi, mais cela ne change rien au fait que la grande majorité des juifs survivants vient de l'Europe orientale et qu'en conséquence, elle est peut-être principalement d'origine khazare. Cela voudrait dire que les ancêtres de ces juifs ne venaient pas des bords du Jourdain, mais des plaines de la Volga, non pas de Canaan, mais du Caucase, où l’on a vu le berceau de la race aryenne ; génétiquement ils seraient apparentés aux Huns, aux Ouigours, aux Magyars, plutôt qu'à la semence d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. S'il en était bien ainsi, le mot « antisémitisme » n'aurait aucun sens : il témoignerait d'un malentendu également partagé par les bourreaux et par les victimes. A mesure qu'elle émerge lentement du passé, l'aventure de l’empire khazar commence à ressembler à une farce, la plus cruelle que l'Histoire ait perpétrée[19] ».
Shlomo Sand
Shlomo Sand, né le 10 septembre 1946 à Linz en Autriche, est un historien israélien, professeur à l'université de Tel Aviv depuis 1985.
C’est un francophone qui a fait ses études universitaires à Paris dans les années 1970 où il a soutenu une thèse sur le philosophe Georges Sorel ; il est l’organisateur en 1982 d’un colloque à Paris sur ce même personnage.
En 2008, il écrit un livre pour le moins iconoclaste : Comment le peuple juif fut inventé[20], reprenant en partie les thèses de Koestler quant aux origines du peuple juif ; son ouvrage sera qualifié par les historiens israéliens conformistes de « mythe de l'origine khazare des Ashkénazes par conversion ». Selon Sand, ʺl'inventionʺ d'une histoire nationale continue serait l'œuvre de sionistes du début du XXe siècle. Même s'il admet la réalité d'un « peuple yiddish » existant en Europe de l’Est, peuple qui sans être une nation possédait une civilisation et une culture populaire moderne, l'auteur conteste l'existence réelle d'un peuple juif international. » (Wikipedia, Comment le peuple juif fut inventé).
Nous ne serons pas étonnés que le livre de Sand ait reçu un accueil pour le moins mitigé en Occident.
Ainsi, Sand dit que la « grande presse parisienne (Le Monde, Le Figaro, Libération…) ne lui a pas consacré le moindre compte rendu… ». Son livre a réussi quand même à franchir les barrières de la censure occidentiste en recevant en 2009 en France le prix Aujourd'hui qui récompense un « ouvrage politique ou historique sur la période contemporaine ».
Aux Etats-Unis, la communauté néo-conservatrice juive n’a pas du tout aimé le passage du livre de Sand concernant l’origine khazare des Israélites « qui déconstruit l'idée d'un droit au retour fondé sur des notions ethniques » ; on s’en serait douté…
En 2013, Shlomo Sand, qui souhaitait que la Palestine soit reconnue dans ses frontières, édite un nouvel ouvrage polémique : Comment j’ai cessé d’être juif, dont il résume ainsi le thème : « Supportant mal que les lois israéliennes m’imposent l’appartenance à une ethnie fictive, supportant encore plus mal d’apparaître auprès du reste du monde comme membre d’un club d’élus, je souhaite démissionner et cesser de me considérer comme juif. »
Le Grand Israël
Dans un article du 22 décembre 2024, Syrie, les racines du chaos, j’évoquais le mythe sioniste du « Grand Israël », mythe expansionniste soutenu avec ferveur par les groupes sionistes avec à leur tête Netanyahu, qui s’appuient sur les écrits bibliques, « la Terre promise par Dieu aux Enfants d’Israël », pour revendiquer les territoires des pays voisins de l’actuelle Israël incluant la Palestine, bien sûr, la Jordanie, le Liban, une partie de la Syrie, de l’Irak, de l’Egypte et de l’Arabie saoudite. Vaste projet.
Ces revendications ne reposent pour l’instant que sur des allégations religieuses, les archéologues n’ayant, par exemple, rien trouvé des vestiges des temples et palais « recouverts d’or » du Xe siècle avant notre ère, comme celui de Salomon, minutieusement décrit par les textes sacrés. « Il n'existe aucune donnée archéologique indiquant qu'une des grandes constructions trouvées sur l'étendue géographique correspondant à Israël ait été bâtie par Salomon effectivement. »
« Concernant les tribus juives mentionnées dans la Bible, ni leur nom ni leur situation géographique ne sont attestés par l'archéologie, ni dans aucune archive, ni sur aucune inscription. » (wikipedia : données archéologiques sur David et Salomon).
On peut comprendre que les thèses avancées par Koestler et Sand aient pu fortement déplaire à une partie de la population.
Ce qui ne veut pas dire que ni le temple de Salomon, ni les tribus juives en question n’existent pas ou n’ont jamais existé ; après tout, il a fallu pas moins de 24 campagnes de fouilles pour mettre à jour les 9 villes de Troie…
La vérité finit toujours par sortir du puits, mais elle n’est pas toujours aussi belle qu’on l’espérait.
Notes:
[1] « Gaza vit depuis si longtemps sous le régime de la guerre et du blocus qu’on en oublie sa longue histoire et ce qu’elle fut vraiment : l’une des villes les plus anciennes de la région, un carrefour très animé où se rencontrent la Syrie, l’Égypte, l’Arabie et la Méditerranée. Dans le cadre de ce cycle de conférences "Gaza, 4000 ans d'histoire", Maurice Sartre (professeur émérite d’histoire ancienne, Université de Tours) vous propose de la découvrir. » https://sorbonne-tv.pantheonsorbonne.fr/haute-antiquite-l...
[2] 280 employés de l’ONU ont été tués par l’armée israélienne : https://news.un.org/fr/story/2025/03/1154081
[3] https://www.facebook.com/reel/1855316802068576?locale=fr_FR
[4] https://news.un.org/fr/story/2025/08/1157336
[5] https://news.un.org/fr/story/2025/07/1157158
[6] https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/journal...
[7] https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-info-de...
[8] https://nice-provence.info/2025/02/09/etre-sigma-manipula...
[9] Jacques Attali : « Il faudrait organiser la venue de deux millions d’étrangers par an entre 2020 et 2040 ».
Daniel Cohn-Bendit : « Il serait bon que le pourcentage d’étrangers atteigne un jour le tiers de la population. La barque est loin d’être pleine, elle est même trop vide. »
Bernard Kouchner : « À 28 pays, l’Europe doit être capable d’accueillir tous les migrants. Tout le monde doit se sentir concerné, des pays qui bordent la Méditerranée aux pays scandinaves. »
Julien Dray : « Les clandestins nous aident à construire la France. Et souvent, ils la construisent encore mieux que les Français de souche. »
Rav David Touitou : « Ce que je vous ai dit tout à l’heure est marqué dans le Sanhédrin. Le Mashiah [le Messie] ne viendra que lorsqu’Edom, l’Europe, la Chrétienté, sera totalement tombée. Donc je vous pose la question : c’est une bonne nouvelle que l’Islam envahisse l’Europe ? C’est une excellente nouvelle, ça annonce la venue de Mashiah ! » (extraits de Mashiah où es-tu ? cours filmé)
[10] De fait, le judaïsme interdit les mariages entre juifs et non-juifs.
[11] Article « Ordre nouveau » dans l’encyclopédie Metapedia : https://fr.metapedia.org/wiki/Ordre_nouveau
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2025/06/17/i...
[13] https://www.facebook.com/reel/1699981230703318?locale=fr_FR
[14] https://www.terreetpeuple.com/guerre-culturelle-reflexion...
[15] J’y inclus les actes de barbarie et de torture à l’encontre des animaux qui sont aussi des êtres innocents.
[16] https://fr.sott.net/article/44405-Le-cerveau-rabougri-d-u...
[17] Mantra repris par la « droite nationale » française pour justifier le massacre de dizaines de milliers de civils palestiniens : « Israël a bien le droit de se défendre. » Une troupe entraînée, surarmée et suréquipée qui se « défend » contre des enfants sans armes ? Belle armée que voilà !
[18] https://x.com/intifada/status/1726345295515058255
[19] Arthur Koestler, La Treizième tribu, Last century press
[20] Chez Fayard en 2008.
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jeudi, 04 septembre 2025
Cinq raisons de soutenir les BRICS
Cinq raisons de soutenir les BRICS
par Riccardo Paccosi
Source : Riccardo Paccosi & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/cinque-ragioni-pe...
De la reductio ad unum à la pluralité comme valeur: les cinq raisons de soutenir les BRICS
Même si le sommet récemment tenu à Tianjin concernait l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), d’un point de vue politique, tous s’accordent à dire qu’il a indirectement représenté une avancée du projet plus général des BRICS. Il est donc possible d’évaluer cette perspective géopolitique.
Il faut préciser que, à l’horizon de l’humanité, se profilent des menaces – telles que l’organisation des sociétés sur la base du système de crédit social – qui échappent complètement à la géopolitique, c’est-à-dire qui traversent tous les camps politiques.
Pourtant, la différence essentielle entre le monde multipolaire promu par les BRICS et l’Empire unipolaire porté par l’Occident est fondamentale et impose de prendre position. Ceux qui soutiennent la renaissance de la démocratie et de la souveraineté populaire dans les sociétés occidentales corrompues, ne peuvent qu’être du côté des BRICS pour les cinq raisons suivantes :
1) Les BRICS rejettent l’idée fanatique et enfantine des néolibéraux selon laquelle ramener le monde à l’Un, nier les différences, serait la solution à tous les maux.
La philosophie puérile de la reductio ad unum a été à la base de l’Union européenne et des tentatives de gouvernance mondiale menées par le Forum économique mondial, dont les résultats aujourd’hui démontrent qu'elles ont pleinement échoué.
Les BRICS rejettent la reductio ad unum et adoptent, au contraire, la pluralité comme vision générale du monde.
2) Les BRICS ont en fait déjà enterré l'idée d'une Fin de l’Histoire, c’est-à-dire la thèse de Fukuyama selon laquelle le modèle libéral anglo-saxon finirait par se répliquer dans tous les coins du monde.
Les BRICS sont composés de systèmes institutionnels et économiques très différents les uns des autres, et considèrent donc la diversité systémique comme une valeur fondatrice.
3) Bien qu’y participent aussi des États non démocratiques, les BRICS posent les seules conditions possibles aujourd’hui pour la renaissance de la démocratie.
La Déclaration de Kazan en 2024 place au centre la question de la souveraineté, condition à la fois juridique et méta-juridique, sans laquelle il ne sera jamais possible d’établir un vrai pouvoir populaire dans aucun pays du monde.
Cela doit aussi être relié au fait que les BRICS rejettent également l’idéologie de l’Un Impérial – le mondialisme – et qu’ils restaurent à sa place l’internationalisme, c’est-à-dire un ordre mondial fondé sur la pluralité des nations souveraines.
4) Les BRICS annoncent un ordre mondial basé sur le respect mutuel entre grandes et petites nations, sur le droit international, en opposition au darwinisme néolibéral appliqué aux relations internationales, caractéristique de l’Occident, c’est-à-dire une approche basée sur la domination et le terrorisme.
5) Les BRICS esquissent une vision du monde qui prévoit, pour de larges segments de la population mondiale, croissance économique et amélioration des conditions sociales.
Une vision où l’avenir existe, alors que l’Occident, au contraire, a détruit toute perspective autre que celle d’un état d’urgence permanent et éternel, où croît la pauvreté et où seule règne la perspective d'une guerre planétaire.
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mercredi, 03 septembre 2025
Trump accélérateur involontaire de l'histoire. La rencontre entre Poutine et Xi Jinping mettra fin à l'unipolarité. Douguine nous l'explique.
Trump accélérateur involontaire de l'histoire. La rencontre entre Poutine et Xi Jinping mettra fin à l'unipolarité. Douguine nous l'explique.
Alexandre Douguine
Donald Trump contribue à la formation d’un monde multipolaire, même contre sa volonté (ndt: Carl Schmitt aurait dit: "Ein Beschleuniger wider Wille", soit "un accélérateur involontaire"). Après son arrivée au pouvoir, il aurait pu accepter cette nouvelle réalité et tenter de reconquérir une position dominante pour les États-Unis dans un système multipolaire. Au lieu de cela, Trump a choisi la voie de l’agression, et ses actions — ses attaques contre la Chine, ses lourdes taxes imposées à l’Inde, sa pression sur le Brésil et ses menaces contre les pays BRICS, ainsi que la poursuite de l’agression américaine contre la Russie en Ukraine — accélèrent immanquablement la création d’un monde multipolaire. Trump ne fait pas cela volontairement, mais par contrainte. En tentant de faire échouer la multipolarité et de préserver l’hégémonie américaine, il précipite en réalité la chute de celle-ci.
L’importance de ce glissement ne réside pas seulement dans la rencontre entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, qui symbolise à elle seule l’unité de deux grands Etats-civilisations et de deux puissances nucléaires, mais aussi dans la présence, lors du sommet de l’OCS, du Premier ministre indien Narendra Modi, que Trump a profondément froissé par son comportement. À Pékin, lors du sommet de l’OCS, arrivent en fait trois pôles majeurs du monde multipolaire: la Chine, la Russie et l’Inde.
Le destin de l’humanité dépend de la capacité de ces trois pôles à parvenir à une compréhension mutuelle dans ces nouvelles conditions historiques, et non pas de ce que dit ou fait Trump. Sa mission est déjà accomplie : il a poussé la Russie dans les bras de la Chine, et maintenant il y a aussi jeté son propre partenaire récent — l’Inde.
Sa mission est déjà accomplie : il a poussé la Russie dans les bras de la Chine, et maintenant il y a aussi jeté son récent partenaire — l’Inde.
Aujourd’hui, ces trois grandes civilisations-États s’unissent. Leur potentiel combiné — économique, démographique, politique, géopolitique, en ressources et en puissance nucléaire — dépasse celui du monde occidental. Voilà la véritable multipolarité, inattendue, mais qui est désormais la réalité.
L’Occident, qui aspirait à un monde unipolaire avec son OTAN, sa pitoyable Union européenne et son Israël idiot qui tente d’affirmer sa grandeur en Occident, se trouve face à une contrepoids eurasien d'une dimension exceptionnelle. Et personne n’y résistera. À ce nouvel ordre multipolaire, incarné par la Russie, la Chine et l’Inde, se joindra aussi le monde islamique — et en premier lieu, les chiites d’Iran. Ceux qui hésiteront perdront peu à peu toute pertinence, même au niveau régional. Trump voulait y faire obstacle, mais il y a finalement contribué lui-même à promouvoir ce nouvel état de choses.
La prochaine visite de Vladimir Poutine en Chine, pour le sommet de l’OCS, n’est pas seulement une nouvelle rencontre avec Xi Jinping et Narendra Modi. La situation a changé. L’Occident n’a pas voulu accepter la multipolarité, ce qui signifie que la multipolarité, désormais, « houspille » l’Occident et le forcera à occuper sa place dans cette hiérarchie, qui ne sera plus en premier plan.
Trump a commencé avec le slogan « Rendons l’Amérique grande à nouveau », promettant la grandeur aux autres pays aussi : les rendre eux aussi « à nouveau grands ». Mais il n’a pas tenu cette mission, et il a sombré dans une politique sale et basse, celle des néocons. En essayant de préserver l’hégémonie, il l’a en fait terminée, et nous a transmis l’initiative.
Lors du sommet, se retrouvent de véritables grandes puissances — Russie, Chine et Inde. Et ce sont elles qui décideront du destin de l’humanité. Que cela vous plaise ou non, l’avenir appartient à Xi Jinping, Modi, et Poutine. Ensemble, nous définirons la prochaine ère de l’humanité. Nous implantons dans ce monde multipolaire nos propres visions. C’est là toute la signification unique de cette rencontre au sommet de l’OCS.
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samedi, 30 août 2025
La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni poussent à une nouvelle guerre contre l'Iran
La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni poussent à une nouvelle guerre contre l'Iran
par Davide Malacaria
Source: https://www.piccolenote.it/mondo/francia-germania-e-regno...
La réunion à Genève entre les délégations de la France, de l'Allemagne, du Royaume-Uni (les pays dits « E-3 ») et de l'Iran, visant à déterminer l'avenir de l'accord sur le nucléaire de Téhéran (JPCOA), suspendu après la guerre entre l'Iran et le duo Israël-États-Unis, a été un désastre. Le fait que Téhéran se préparait à accueillir une délégation de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour surveiller ses sites n'a servi à rien. Ce geste de bonne volonté a été ignoré.
Les trois pays européens – garants de l'accord avec la Russie et la Chine (les États-Unis s'en sont retirés) – ont décidé que l'Iran ne respectait pas les obligations qui lui incombaient en vertu de cet accord et ont donc décidé de dénoncer cette situation aux Nations unies, déclenchant ainsi le snapback, un processus qui devrait durer 30 jours, à l'issue duquel l'ONU pourrait réintroduire les sanctions contre la nation considérée comme réprouvée (levées à l'époque grâce au JPCOA).
Il semble que la bombe australienne, c'est-à-dire l'expulsion du pays des kangourous de la délégation diplomatique iranienne pour la responsabilité présumée de Téhéran dans deux attentats terroristes contre des cibles juives – qui a éclaté la veille du sommet en question – ait fait plus de dégâts que prévu.
Bien que l'issue du sommet ait déjà été prédéterminée, l'initiative australienne, qui n'était certainement pas fortuite dans ses modalités spectaculaires et son timing, a donné l'impulsion finale. Nous avons consacré une note à l'affaire australienne, en rappelant d'ailleurs le rôle du Mossad dans l'enquête qui a conduit Sydney à prendre cette mesure.
Dans cette note, nous mentionnions que le sommet de Genève avait probablement abouti à un résultat provisoire, interprétation optimiste découlant de l'absence immédiate de rapports et de l'annonce simultanée de l'arrivée des inspecteurs de l'AIEA à Téhéran. Malheureusement, cela ne s'est pas passé ainsi.
Trita Parsi (photo) écrit à ce sujet dans Responsible Statecraft, observant que la décision de l'E-3 rend plus probable une nouvelle guerre contre l'Iran. Commentaire véridique, même si nous ne partageons pas son affirmation selon laquelle le snapback rétablit automatiquement les sanctions de l'ONU.
De nombreuses variables entrent en jeu, notamment les options dont disposent la Chine et la Russie, pays alliés de l'Iran et, surtout, peu enclins à se plier aux diktats des faucons anglo-américains, d'où la possibilité que cette pression soit réduite à néant.
Il y a ensuite la possibilité d'un retour au dialogue : malgré la décision regrettable de l'E-3, Téhéran a tout de même accueilli les inspecteurs de l'AIEA, une ouverture qui pourrait ne pas être ignorée par l'administration Trump, malgré son manque d'autonomie lorsque les intérêts israéliens sont en jeu.
En annonçant son intention de recourir au snapback, l'E-3 a expliqué que cette décision visait à inciter l'Iran à reprendre le dialogue interrompu. Le commentaire de Parsi est lucide : « Loin de faire progresser la diplomatie, cette décision risque d'accélérer l'escalade. Alors qu'Israël n'a certainement pas besoin d'un prétexte pour attaquer à nouveau l'Iran [...], le snapback pourrait fournir une couverture politique utile – une fine couche de légitimité – pour de nouvelles attaques américaines ».
« L'E3 – poursuit Parsi – soutient que le snapback est nécessaire pour faire pression sur l'Iran afin qu'il reprenne les pourparlers avec les États-Unis et accorde à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) l'accès à ses installations nucléaires, y compris la surveillance des stocks d'uranium enrichi à 60 % ». [La visite actuelle des inspecteurs de l'AIEA, a annoncé Téhéran, ne concerne que la centrale nucléaire de Busheir, ndlr].
« À première vue, ces demandes peuvent sembler raisonnables. Mais Téhéran nourrit des réserves légitimes. Les responsables iraniens soupçonnent l'AIEA d'avoir divulgué des informations sensibles qui ont permis la campagne d'assassinats ciblés du Mossad contre leurs scientifiques nucléaires et craignent que la divulgation de l'emplacement des stocks ne déclenche une nouvelle série d'attaques aériennes américaines ».
De plus, l'Iran était à la table des négociations lorsque Israël et les États-Unis ont commencé à bombarder. L'E-3 insiste désormais pour que Téhéran revienne à la table des négociations, mais ne demande pas en parallèle à Washington de s'abstenir de bombarder à nouveau.
« Le plus important est peut-être que, compte tenu du fossé infranchissable sur la question de l'enrichissement, de la patience limitée de Trump pour la diplomatie et de la pression israélienne pour reprendre les hostilités, la reprise de pourparlers qui seraient presque certainement voués à l'échec – à moins que les deux parties ne fassent preuve d'une plus grande flexibilité – ne ferait qu'augmenter la probabilité que la guerre éclate tôt ou tard.
« Mais c'est peut-être là le cœur du problème. L'E-3 d'aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec celui d'il y a vingt ans. Lorsqu'il a été créé en 2003, son objectif était d'empêcher l'administration Bush – qui venait de mener une invasion désastreuse et illégale en Irak – de lancer une nouvelle guerre, cette fois contre l'Iran. »
« Aujourd'hui, le contexte géopolitique a changé. L'alignement de l'Iran sur la Russie en Ukraine l'a conduit à être identifié comme une menace directe pour l'Europe. En outre, l'UE est beaucoup plus dépendante des relations transatlantiques qu'il y a 20 ans, tandis que les cycles successifs de sanctions ont fait de l'Iran un partenaire économique négligeable pour elle. »
« L'escalade avec l'Iran par le biais du snapback sert deux objectifs de l'UE : punir Téhéran pour son soutien à la Russie en Ukraine et aligner l'Europe sur les faucons de l'administration Trump [et d'Israël, ndlr], un alignement jugé nécessaire pour apaiser les tensions créées dans d'autres domaines d'une relation transatlantique qui subit une pression sans précédent ».
« En ce sens, la constellation E3, conçue en 2003 pour prévenir la guerre, pourrait, en 2025, nous en rapprocher. Mais ne vous fiez pas uniquement à ce que j'écris. Rappelez-vous comment le chancelier allemand a ouvertement admis qu'Israël « a fait le sale boulot pour le compte de l'Europe » en bombardant l'Iran en juin dernier ».
Un nouveau foyer d'incendie s'ajoute donc aux autres qui font rage au Moyen-Orient, avec Israël qui, en plus de se livrer au génocide de Gaza et de harceler de plus en plus la Cisjordanie, attaque la Syrie et le Yémen et fait pression, en collaboration avec les États-Unis, pour le désarmement du Hezbollah, une pression aussi brutale qu'injustifiée qui risque de déclencher une guerre civile au pays des cèdres. Une attaque contre l'Iran, mieux préparée et plus massive, s'inscrit dans cette logique expansionniste soutenue par les États-Unis et l'Union européenne.
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vendredi, 29 août 2025
La colère de Modi
La colère de Modi
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/la-collera-di-modi/
Le Premier ministre indien Narendra Damodardas Modi, est un homme pragmatique. Au point de paraître cynique et sournois dans son comportement politique. Cependant, il reste toujours lucide dans ses manœuvres entre les grandes puissances. Il évite de prendre parti. Il conserve ainsi cette « autonomie » qui, à bien y regarder, a toujours caractérisé la politique indienne. Indépendamment de qui gouverne à New Delhi.
Cette fois-ci, cependant, les choses semblent avoir pris une tournure très différente.
Car Modi, et avec lui tout le sommet de l'Union indienne, n'a pu s'empêcher de se mettre en colère. Et de se mettre profondément en colère. Contre Trump.
Le président américain a en effet tenté de faire pression sur New Delhi pour la rapprocher de l'Occident. C'est-à-dire pour en faire une alliée, notamment contre la Russie. Pays auprès duquel l'Inde achète, comme elle l'a toujours fait d'ailleurs, une grande partie du pétrole et du gaz nécessaires à son économie en pleine croissance.
Ce qui n'a toutefois jamais impliqué un déplacement de l'axe de référence indien.
Avec Modi, l'Union a en effet poursuivi la politique de non-alignement qui a caractérisé toute son histoire.
Une politique difficile, certes. Et non dépourvue de zones d'ombre et d'ambiguïtés.
Cependant, Modi avait jusqu'à présent réussi à faire partie des BRICS sans devenir subordonné ou allié étroit de Moscou ou de Pékin.
Un art difficile, comme je le disais. Cependant, les Indiens sont parmi les pères fondateurs de l'alchimie et savent bien doser les poisons et les médicaments.
Trump, cependant, a exécuté une démonstration de force. Il a tenté d'imposer les États-Unis comme seul fournisseur de gaz et de pétrole, à un prix franchement absurde. Multiplié plusieurs fois par rapport à celui qu'offre la Russie.
Et il l'a fait en menaçant New Delhi d'imposer des sanctions, des droits de douane très lourds de 50%, sur les exportations indiennes vers les États-Unis.
Une perspective en soi déjà inacceptable pour Modi. À cela s'est ajouté le ton des déclarations publiques de Trump. Il s'est laissé aller à une ironie lourde sur l'Union indienne, se moquant de ses capacités de croissance économique, de son développement. De sa politique.
Nous savons bien que The Donald est ainsi. Et que c'est ainsi qu'il a l'habitude de mener ses « affaires ». En augmentant le prix, voire en insultant, pour ensuite parvenir à un accord.
En somme, c'est son « style ». Et il n'y a rien à y faire.
Seulement, Modi a lui aussi son style. Complètement différent. Et il s'est offensé. Tout comme, d'ailleurs, tous les dirigeants de l'Union indienne. Qui ne sont pas disposés à subir les diktats de Trump. Et ses crises de colère injustifiées.
La réaction a donc été extrêmement dure. Une réponse sèche. Qui ne laisse aucune place à des répliques ou à des négociations. Du moins pour le moment.
Le résultat est que l'Inde semble s'être encore davantage rapprochée de la Russie et de la Chine. Une musique douce aux oreilles de Poutine. Et, peut-être surtout, à celles de Xi Jinping. Qui voient ainsi se consolider le front hétérogène des BRICS.
Qui prend de plus en plus d'importance sur le plan politique. En plus de son importance économique.
20:45 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, inde, asie, affaires asiatiques, politique internationale, donald trump, narendra modi | |
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Les véritables enjeux du sommet en Alaska
Les véritables enjeux du sommet en Alaska
par Clara Statello
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31073-clara-statello-la-vera-posta-in-gioco-del-vertice-in-alaska.html
Le sommet crucial en Alaska : un duel entre la Russie et les États-Unis. L'Ukraine et l'UE restent en retrait
Les négociations de paix pour l'Ukraine s'avèrent être un duel entre les États-Unis et la Fédération de Russie, qui ont décidé vendredi 15 août en Alaska du sort des territoires sous contrôle russe, ainsi que des questions de coopération stratégique et de division des zones d'influence. L'Union européenne et l'Ukraine sont restées en retrait.
Alors que l'Europe s'inquiète de plus en plus que la Maison Blanche et le Kremlin puissent s'entendre pour mettre fin à la guerre prolongée, en contournant Kiev, Zelensky rejette le plan de Trump visant à reconnaître le Donbass russe.
Il accepte un cessez-le-feu avec le gel de la ligne de front actuelle, dans le cadre du plan européen, qui prévoit un cessez-le-feu avant toute autre initiative, le retrait des troupes selon le principe « territoire pour territoire » et des garanties de sécurité, y compris l'adhésion à l'OTAN.
Kiev dit donc "non" à une reconnaissance de jure, mais s'ouvre à une reconnaissance de facto.
Il s'agit tout de même d'un progrès dans les négociations, d'un « assouplissement de la position » ukrainienne, écrit le Telegraph. Zelensky bénéficie du soutien de ses partenaires européens et de l'OTAN, grâce auxquels l'Ukraine acquerra un pouvoir de négociation.
Entre-temps, dans la presse occidentale, l'idée commence à s'imposer que la position de Kiev de refuser toute concession territoriale est irréaliste. Selon le commentateur du Financial Times, Gideon Rachman, la reconnaissance de facto des territoires sous contrôle russe pourrait être nécessaire si elle garantit que « l'Ukraine parviendra à maintenir son indépendance et sa démocratie ».
« ... certaines concessions territoriales de facto peuvent être douloureuses, mais acceptables ».
Pourquoi Zelensky a-t-il changé d'avis ?
Deux facteurs ont contribué à adoucir la position de Kiev :
La crainte qu'un refus de Zelensky à Trump n'entraîne l'arrêt de l'aide militaire et du renseignement, comme cela s'est déjà produit en février, après « l'incident » dans le bureau ovale.
Le consensus croissant de l'opinion publique en faveur d'une fin négociée et immédiate de la guerre.
Selon un sondage Gallupp réalisé début juillet et publié la semaine dernière, 69 % des Ukrainiens se sont déclarés favorables à une fin négociée de la guerre dès que possible, contre 24 % qui souhaitent continuer à se battre jusqu'à la victoire.
En outre, en se montrant ouverts au plan de Trump, les pays européens et l'Ukraine espèrent être impliqués dans les négociations afin d'accroître le poids de l'Occident dans les négociations.
L'UE cherche sa place à la table des négociations
Selon un adage diplomatique bien connu, si vous n'êtes pas assis à la table, vous êtes au menu. De plus en plus écartée du jeu, l'Union européenne tente de se faire une place à la table des négociations. Elle a donc publié une déclaration dans laquelle elle exhorte Trump à prendre en compte les intérêts de l'Europe et de l'Ukraine dans les négociations avec Poutine.
Elle souligne le droit du peuple ukrainien à déterminer son avenir de manière autonome, ainsi que la nécessité d'une solution diplomatique à la guerre qui protège les intérêts ukrainiens et européens.
« Des négociations constructives ne peuvent avoir lieu que dans le contexte d'un cessez-le-feu ou d'une réduction des activités militaires », peut-on lire dans la déclaration. La Hongrie n'a pas soutenu cette déclaration.
Le bras de fer entre Kallas et Dmitriev
Kaya Kallas, dans un post sur X, a réaffirmé l'unité transatlantique, le soutien à l'Ukraine et la pression sur la Russie comme moyen de mettre fin à cette guerre et d'en prévenir une autre.
La réponse du représentant spécial de Poutine, Kirill Dmitriev, qui dirige les aspects économiques et de coopération des négociations entre la Russie et les États-Unis, ne s'est pas fait attendre. Il a rappelé que le conflit se résout par le dialogue et que la sécurité se renforce par la résolution des problèmes grâce à la coopération, tandis que ceux qui continuent à suivre les discours de Biden échoueront.
Le haut représentant pour la politique étrangère européenne a ajouté que l'UE se préparait à exercer une pression accrue sur la Russie avec davantage de sanctions et d'armes, annonçant la préparation d'un 19ème paquet de sanctions contre la Russie.
Le plan de Trump
L'Union européenne n'a pas l'intention de discuter de concessions territoriales tant que la Russie n'aura pas accepté un cessez-le-feu complet et inconditionnel. Le président Trump, en revanche, entend trouver un accord pour mettre fin aux combats, qui inclurait un échange de territoires entre Moscou et Kiev.
Les États-Unis tenteront de fixer les frontières des Républiques populaires du Donbass sur la ligne de front actuelle, qui servira également de ligne de démarcation pour geler la guerre sur les territoires qui ne feront pas l'objet d'un échange et qui bénéficieront d'une reconnaissance de facto.
Toutefois, Trump reste prudent et prévient que cette rencontre avec Poutine ne sera que préliminaire, afin de demander la fin de la guerre et d'établir un dialogue constructif.
Le chef du Pentagone, Pete Hegseth, a confirmé que l'échange de territoires sera une question clé du sommet en Alaska.
« Au cours des négociations, il pourrait y avoir des échanges territoriaux, il y aura des concessions. Personne ne sera satisfait », a-t-il déclaré à Fox, assurant que Trump n'offrira pas une victoire totale à Poutine.
Le réarmement « historique » de l'UE
Alors que les États-Unis entendent mettre un terme au scénario ukrainien, ou du moins se retirer, l'UE se prépare à la guerre avec la Russie.
C'est ce qui ressort d'une enquête du Financial Times, qui montre que l'Europe est en train de vivre un réarmement sans précédent : les usines d'armement se développent à un rythme trois fois supérieur à celui de l'époque de paix, avec 7 millions de mètres carrés de nouveaux développements industriels.
L'étude est basée sur une analyse des données satellitaires relatives à 150 installations et 37 entreprises produisant des missiles et des munitions, « deux goulets d'étranglement dans le soutien occidental à l'Ukraine ».
Parmi les installations qui connaissent la plus forte expansion figure un projet conjoint du géant allemand Rheinmetall et de la société d'État hongroise de défense N7 holding, visant à construire une grande usine de production de munitions et d'explosifs à Varpalota, dans l'ouest de la Hongrie.
«L'ampleur et l'étendue des travaux constatés suggèrent un changement générationnel dans le réarmement, qui a conduit l'Europe de la production "juste à temps" en temps de paix à la construction d'une base industrielle pour une situation de guerre plus durable », écrit le FT.
L'UE n'a donc pas l'intention de lâcher prise, mais entend plutôt poursuivre sa guerre contre la Fédération de Russie jusqu'à la dernière goutte de sang du dernier Ukrainien. Dans cette perspective, on peut craindre que le sommet du vendredi 15 août entre Poutine et Trump n'a servi qu'à établir un retrait des États-Unis de la guerre afin d'entamer de nouvelles relations avec la Fédération de Russie, un partenaire indispensable pour dialoguer avec Pékin, Téhéran et d'autres challengers de Washington.
Mais la machine à broyer ukrainienne continuera à faire des ravages avec cette guerre soutenue par les États européens et l'OTAN.
20:11 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, donald trump, vladimir poutine, alaska, russie, états-unis, ukraine, politique internationale, union européenne, europe, affaires européennes | |
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Nous n'avons pas besoin d'une union militaire
Nous n'avons pas besoin d'une union militaire
La militarisation et le réarmement promus par Bruxelles constituent un problème, en particulier pour l'Autriche
Par Harald Vilimsky
Source: https://www.fpoe.eu/wir-brauchen-keine-militaerunion/
Sous la présidence d'Ursula von der Leyen, l'ancien projet de paix qu'était l'UE s'oriente de plus en plus vers la guerre et se transforme progressivement en une union militaire qui n'avait jamais été prévue. Peut-être faudrait-il rappeler à cette occasion qu'UVDL était ministre allemande de la Défense avant d'occuper son poste actuel et qu'elle n'a pas vraiment brillé dans cette fonction avant d'échouer à Bruxelles.
La présidente de la Commission a pris goût à la gouvernance autoritaire: un fonds de défense prévu devrait s'élever à 150 milliards d'euros, ce qui contribuerait à militariser davantage l'Union. La manière d'y parvenir est préoccupante: la Commission européenne prévoit de contourner le Parlement en invoquant l'article 122 du traité de l'UE, une clause d'urgence initialement prévue pour les crises aiguës. Dans le même temps, les dépenses de défense ne devraient plus être prises en compte dans les règles de l'UE en matière d'endettement, dans l'espoir de consacrer ainsi quelques centaines de milliards à l'armement. Cette dérogation fiscale ouvre la voie à un nouvel endettement massif.
L'OTAN, quant à elle, souhaite augmenter massivement ses dépenses de défense pour les porter à 5% du PIB. 23 des 27 pays de l'UE sont membres de l'OTAN. Cette évolution est particulièrement problématique pour l'Autriche, pays neutre. L'étroite collaboration entre l'UE et l'OTAN sape notre neutralité. Une union militarisée n'est pas l'Europe dont nous avons besoin, et certainement pas celle à laquelle l'Autriche a adhéré.
11:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, europe, affaires européennes, union européenne | |
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jeudi, 28 août 2025
La chute de l'Arménie et le «corridor Trump»
La chute de l'Arménie et le «corridor Trump»
Leonid Savin
La signature de l'accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, qui a eu lieu à Washington le 8 août 2025 en présence du président américain Donald Trump, marque la victoire des forces mondialistes en Eurasie. Malgré le ton modérément positif des déclarations des dirigeants russes sur l'importance de cet accord, attendu depuis de nombreuses années, il convient de noter que Moscou avait auparavant imaginé un scénario complètement différent.
Tout d'abord, il y avait le Groupe de Minsk de l'OSCE, qui était médiateur et observateur du règlement des litiges entre les républiques caucasiennes. Ensuite, il y avait le plan Lavrov, qui prévoyait la restitution d'un certain nombre de localités à l'Azerbaïdjan, après quoi un traité de paix devait être signé et les frontières délimitées. Bakou était prêt à accepter cette option, mais Nikola Pashinyan, l'homme de main de Soros, a saboté ce processus.
En conséquence, Ilham Aliyev, tenant compte de l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, ainsi que de l'implication militaire de la Russie en Syrie, a décidé de mener une campagne militaire contre le Haut-Karabakh et l'Arménie, qui s'est avérée fructueuse. Les forces de maintien de la paix russes ont été retirées de la région (après avoir subi des pertes à la suite des tirs de l'armée azerbaïdjanaise).
Troisièmement, la signature de l'accord à Washington a eu lieu dans un contexte de détérioration des relations entre la Russie, d'une part, et l'Azerbaïdjan et l'Arménie, d'autre part. Le premier soutient activement l'Ukraine, développe sa coopération avec l'OTAN et mène des campagnes de répression contre les russophiles à l'intérieur du pays. Quant aux autorités du second, elles menacent ouvertement de se retirer de l'OTSC (Organisation du traité de sécurité collective) et de l'UEE (Union économique eurasienne), laissant entendre un possible renforcement de la coopération avec les États membres de l'UE et les États-Unis (ce qui, en fait, est en train de se produire).
Il convient de noter que la rencontre des chefs des trois États aux États-Unis s'est déroulée dans une atmosphère pompeuse. Aliyev et Pashinyan ont tous deux fait l'éloge de Donald Trump, soulignant la nécessité de sa nomination au prix Nobel de la paix. Dans le même temps, Trump lui-même a indiqué qu'il souhaitait organiser la signature d'un accord similaire entre la Russie et l'Ukraine, insistant ainsi sur son importance exceptionnelle.
Au-delà de cela, Pashinyan a offert à Trump un manuscrit arménien ancien et unique, représentant l'une des plus anciennes copies du livre de prières mondialement connu de Grigor Narekatsi, « Le Livre des Lamentations » (Xème-XIème siècles après J.-C.). On ne sait pas pourquoi Trump, qui est évangélique de confession religieuse, a besoin de ce trésor culturel de l'Église apostolique arménienne. Mais cette décision de Pashinyan a déjà suscité l'indignation des Arméniens. Sur le plan symbolique, voire métaphysique, un tel geste de la part du Premier ministre arménien signifie une renonciation volontaire à la souveraineté, qui se manifeste non seulement dans les décisions politiques, mais aussi dans les codes métaculturels.
L'un des points clés de l'accord entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan est le corridor de Zangezur, une section terrestre d'environ 50 km de long reliant l'enclave azerbaïdjanaise de la République autonome du Nakhitchevan et l'Azerbaïdjan continental, qui traverse le territoire de la région de Syunik en Arménie. L'exploitation et la gestion du corridor ont été transférées aux États-Unis, officiellement dans le cadre d'un bail de 99 ans. Des sociétés militaires privées américaines devront assurer la sécurité dans ce corridor. Cette section a déjà été baptisée « corridor Trump » (son nom officiel est toutefois « Trump Route For International Peace and Prosperity » (TRIPP)).
Compte tenu de l'étroite coopération entre la Turquie et l'Azerbaïdjan, on peut tout aussi bien parler de la création d'un corridor turc. Ankara, via l'Arménie et l'Azerbaïdjan, accède ainsi aux pays d'Asie centrale, qui font partie du système de l'Organisation des États turcs (OTS), un projet pan-turc aux objectifs flous et aux formulations vagues. Il ne fait aucun doute que la Turquie d'Erdogan se précipitera pour profiter de cette nouvelle opportunité et poursuivra son expansion culturelle, économique et politique dans le Caucase et à travers lui.
Il va sans dire que l'émergence d'un tel format de corridor de transport, légalement lié aux États-Unis, porte atteinte aux intérêts de la Russie et des autres acteurs du Caucase, en particulier l'Iran. Auparavant, les autorités de ce pays avaient réagi de manière critique à la participation éventuelle d'une tierce partie à l'exploitation du corridor de Zangezur, qu'il s'agisse de la Turquie ou de tout autre pays. Mais avec l'arrivée des États-Unis, Téhéran considère cela non seulement comme un signal d'alarme, mais aussi comme une menace claire.
Le brigadier général Yadollah Javani (photo), commandant adjoint chargé des affaires politiques du Corps des gardiens de la révolution islamique, a déclaré, à propos de la signature de l'accord entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, qu'ils avaient commis une « erreur bien plus grave » que Zelensky. Il ne s'agit pas d'un traité de paix en soi, mais du transfert du corridor de Zangezur aux États-Unis pour une durée de 99 ans. Il est évident que cette zone terrestre adjacente à la frontière iranienne sera utilisée non seulement pour la circulation des civils et des marchandises, mais aussi à des fins militaires et de renseignement. Tout d'abord, contre l'Iran.
L'Azerbaïdjan coopère depuis longtemps avec Israël sur cette question (lors du dernier conflit militaire entre Israël et l'Iran, l'ajustement des tirs a également été effectué depuis le territoire de l'Azerbaïdjan). Javani a promis d'empêcher la mise en œuvre de ce projet par la force des armes. Cependant, les affrontements précédents avec les États-Unis et Israël ont montré que l'Iran dispose en réalité de capacités limitées, même s'il fait des déclarations assez sérieuses et bruyantes au niveau officiel. Compte tenu du retrait de l'Iran de Syrie, ainsi que des difficultés au Liban et en Palestine, Téhéran disposera désormais d'encore moins d'outils pour mener sa propre politique dans la région.
Quant à la Russie, l'hostilité croissante de l'Azerbaïdjan est également source de préoccupation. La République d'Azerbaïdjan a une frontière directe avec la Fédération de Russie. En outre, l'Azerbaïdjan a participé au corridor de transport nord-sud et il était prévu qu'une ligne secondaire terrestre le traverse. Si les relations entre l'Azerbaïdjan, la Russie et l'Iran se compliquent, Bakou bloquera tout simplement cette ligne. Il ne restera alors que l'option d'une voie navigable à travers la mer Caspienne. Cependant, en raison de la capacité limitée des infrastructures portuaires sur les côtes iraniennes et russes, cette direction ne permettra pas d'assurer le transit de volumes importants de marchandises.
En outre, la sécurité globale dans le Caucase sera soumise à une érosion plus sévère. Les agents des services de renseignement turcs et britanniques sont déjà très actifs dans cette région. Au-delà de cela, des émissaires religieux des pays du golfe Persique y travaillent depuis longtemps, engagés dans la diffusion de valeurs étrangères aux peuples du Caucase, bien que sous le couvert d'une culture musulmane commune. Cela augmentera le risque de conflits intra-religieux et inter-religieux.
Les dirigeants actuels de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, quant à eux, présenteront chacun l'accord signé comme le meilleur scénario possible, avec des plans ambitieux de développement économique: création de nouveaux pôles, investissements étrangers, etc. Il est logique de supposer que les pays de l'UE ne coopéreront pas avec la Russie pendant longtemps et que la zone du Caucase sera utilisée comme voie de transit entre la Chine et d'autres pays asiatiques vers l'Europe. Dans cette perspective, la Géorgie, qui tente d'équilibrer les intérêts des différents pays, mais ne se laisse pas entraîner dans des aventures politiques et développe ses propres infrastructures de transit, se rapprochera progressivement de l'Occident, voyant les avantages de sa position géostratégique et s'appropriant une partie des flux de marchandises et de ressources énergétiques.
À long terme, on peut donc noter que l'accord actuel entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans le contexte géopolitique mondial va à l'encontre des intérêts de la Russie.
20:18 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, actualité, politique internationale, caucase, arménie, azerbaidjan, russie | |
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Le corridor du Zangezur: un corridor américain dans le Caucase
Le corridor du Zangezur: un corridor américain dans le Caucase
Daniele Perra
Source: http://newsnet.fr/288452
L’accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan (avec tous ses retentissements géopolitiques) constitue une étape nouvelle vers la fin de l’influence russe dans le Caucase du Sud et la construction définitive d’un espace sous un contrôle partagé par la Turquie et les États-Unis, auquel s’ajoute la présence discrète (mais très envahissante) d’Israël.
On distingue généralement trois écoles géopolitiques qui caractérisent la projection stratégique de la Turquie contemporaine :
1) la doctrine de la "patrie bleue" de l’amiral Cem Gürdeniz (dont le rôle intérieur a été minimisé en raison d’un supposé lien avec le réseau terroriste lié à Fethullah Gülen) ;
2) le "panturquisme" largement soutenu par l’ancien ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoğlu, qui prône une extension de l’influence turque vers les peuples "frères" d’Asie centrale ;
3) le "néo-ottomanisme" qui semble être la principale référence de l’erdoganisme et qui constitue la base du rôle actif de la Turquie dans la dislocation de la Syrie en zones d’influence, de l’intérêt croissant pour l’Irak et des ambitions ouvertement affichées en Libye.
La doctrine de la "patrie bleue" est particulièrement intéressante car elle propose une vision de l'hégémonie turque non seulement sur les mers adjacentes à l’Anatolie (source d’inquiétude pour la Grèce, qui conserve sa souveraineté sur plusieurs îles situées à quelques kilomètres de la côte turque), mais aussi en mer Caspienne, qui est considérée comme une "mer intérieure du monde turc". Un aspect qui, à son tour, peut être perçu comme une source d’inquiétude pour d’autres puissances régionales, principalement la Russie et l’Iran (sans oublier que l’URSS et l’Iran avaient signé en 1940 un accord pour l’exploitation exclusive des ressources caspiennes — accord évidemment abandonné avec l’effondrement du géant soviétique).
La participation active de la Turquie dans les événements du Caucase ces dernières décennies s’inscrit comme l’expression directe de la volonté d’Ankara de construire un pont vers l’Asie centrale turcophone, et plus précisément, elle résulte d’une fusion géopolitique entre la pensée de Gürdeniz et un panturquisme jamais abandonné, qui depuis l’époque d’Enver Pacha caractérise le rêve (plus ou moins secret) d’une large partie de l’élite turque.
De plus, la volonté turque de devenir le nœud central des flux énergétiques vers l’Europe doit être comprise dans cette optique. La participation active d’Ankara à des projets infrastructurels tant "orientaux" qu’"occidentaux" doit donc être interprétée comme une tentative de s’imposer comme un hub stratégique. Son soutien géopolitique au "corridor du Zangezur" est absolument cohérent dans cette dynamique. Mais de quoi s’agit-il réellement?
Ce corridor serait le fruit de l’accord de paix signé lors d’un sommet trilatéral récent entre les États-Unis, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Un accord, accompagné d’une déclaration conjointe, qui doit de fait mettre fin à des décennies de conflit à intensité variable entre ces deux pays du Caucase concernant le contrôle du Nagorny Karabakh. C'est en cette région-là, au moment de l’effondrement de l’URSS, que les Arméniens et Azerbaïdjanais se sont combattus dans l’un des nombreux conflits ethno-tribaux issus de cette politique soviétique des nationalités, selon laquelle la majorité ethnique dans les républiques de l’Union devait toujours être accompagnée d’une minorité pour éviter toute ambition d’autonomie totale. Ce qui a permis à Moscou de se présenter, pendant plusieurs décennies (avec un succès indéniable, malgré des épisodes tragiques comme la déportation de peuples entiers), comme garant de la protection des minorités et du concept de "peuples frères".
De toute façon, le premier conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan (comme d’autres dans la région) a également été utilisé par Moscou comme un outil pour maintenir une emprise sur la zone, qui lui échappait rapidement, et pour ralentir le rapprochement azéri avec l’Occident.
Il n’est donc pas surprenant que les tensions au Nagorno-Karabakh se soient accrues chaque fois qu’un accord pétrolier entre des compagnies occidentales et la République azérie naissante semblait imminent. En même temps, il faut rappeler que l’Azerbaïdjan, durant toute la décennie 1990, avec l’aide de sociétés pétrolières de façade, gérées directement par la CIA, est devenu une sorte de point d’entrée du terrorisme islamiste dans le Caucase — un rôle similaire à celui joué par la Turquie avec "l’autoroute du djihad" en Syrie.
Grâce à l’aide russe, en partie par intérêt propre et en partie (ironiquement) avec l’accord iranien, les Arméniens ont réussi à s’emparer, entre 1992 et 1993 (malgré la condamnation par l’ONU de leur avancée), de toute la région du Nagorny-Karabakh, qu’ils considèrent comme le cœur battant de leur patrie ancestrale, avec plusieurs zones adjacentes, pour établir la République de l’Artsakh (qui occupait 20% du territoire azéri). La situation n’a changé qu’à partir de la reprise du conflit en 2020, en partie à cause de l’incapacité politique des dirigeants arméniens, et avec l’expulsion définitive des Arméniens du territoire azéri en 2023 (plus de 100.000 réfugiés, tragédie dont peu de médias ont parlé).
Avant d’aller plus loin dans l’analyse de la fonction géopolitique du corridor du Zangezur, il est opportun de faire une brève parenthèse sur le contexte culturel-politique propre aux dirigeants des deux pays. Ilham Aliyev, comme cela est connu, est le fils de Heydar Aliyev (membre de la vieille nomenklatura communiste), qui a longtemps dirigé l’Azerbaïdjan après la chute de l’URSS, en pratiquant le népotisme. Il n’est pas surprenant que le même Ilham ait été vice-directeur de la compagnie pétrolière nationale lorsque, en 1994, a été signé le "contrat du siècle" entre le gouvernement azéri et un consortium multinational dirigé par BP.
Ce contrat avait pour but de faire de l’Azerbaïdjan une filiale pétrolière de l’Occident, pour exclure la Russie des routes énergétiques dans le Sud du Caucase. La construction du pipeline Bakou-Tbilisi-Ceyhan, de grande importance stratégique, est également liée à ce contrat, et cette infrastructure constitue aujourd’hui un point clé pour Israël, qui y tire une partie de ses besoins énergétiques. Il n’est pas surprenant qu'Israël, avec la Turquie, ait joué un rôle majeur dans la fourniture d’armes à Bakou pour soutenir ses efforts militaires contre l’enclave arménienne.
L’Iran, quant à lui, a souvent pointé du doigt l’Azerbaïdjan, le considérant comme une base sioniste dans la région, utilisée par Tel Aviv pour lancer des attaques asymétriques contre Téhéran (une implication azérie dans la récente "guerre de douze jours" n’est pas à exclure). Geydar Aliyev a également souvent persécuté et opprimé des mouvements religieux inspirés du khomeinisme, qui auraient pu facilement prendre pied dans un pays où la majorité est encore chiite, malgré les aspirations laïques de l'élite dirigeante.
Rappelons que, juste avant la mort de son père, qui avait au début des années 2000 amélioré ses relations avec la Russie, Ilham Aliyev avait déclaré que les principaux alliés de l’Azerbaïdjan étaient les États-Unis et la Turquie. Cela illustre bien la nature de sa politique. Plus récemment, il a encore accru la tension avec la Russie, avec l’arrestation d'hommes d'affaires russes à Bakou et avec l’augmentation des exportations azéries de pétrole vers l’Ukraine (la Russie a bombardé plus de 17 dépôts de la compagnie azérie en Ukraine ces derniers mois). Alyiev a déclaré par provocation (et de façon menaçante) que l’armée azérie n’était pas une masse de prisonniers libérés, mais la force la plus nombreuse du Caucase du Sud: 130.000 soldats en service actif, 300.000 réservistes, bien entraînés et équipés de drones turcs et israéliens, prêts à la guerre. "Réfléchissez bien, surtout maintenant, après avoir perdu près de 800.000 soldats en Ukraine."
L’histoire du Premier ministre arménien Nikol Pashinyan est tout aussi révélatrice. Il est arrivé au pouvoir après ce qui pourrait être qualifié de "révolution de couleur", bien qu’avec un soutien initial limité de l’Occident. Le mouvement qui l’a mené à la tête, Yelk ("sortir" ou "issue", parce qu'hostile dès le départ à l’adhésion à l’Union eurasiatique), reposait sur une stratégie classique: transformer une minorité (Yelk a obtenu environ 7% lors des élections de 2018) en une majorité, et créer une "vérité sur mesure" pour que l’opinion publique, interne et internationale, soutienne les manifestants. Plusieurs parlementaires azéris ont également ouvertement soutenu la protestation qui a abouti à déposer le Premier ministre Sargsyan.
Pashinyan a aussi souvent affirmé que les accords militaires avec la Russie étaient désormais obsolètes et que seuls les États-Unis (ou l’Occident en général) pouvaient garantir la sécurité de l’Arménie.
Ainsi, l’accord sur le corridor de Zangezur peut aussi être interprété comme la dernière étape de la politique actuelle de l’Arménie qui vise un tropisme occidental. Il prévoit la construction d’une voie ferrée, d'oléoducs, de gazoducs et d’un réseau de fibres optiques reliant l’Azerbaïdjan à sa partie occidentale (le Nakhchivan), en passant par 32 km de territoire arménien (sur la frontière avec l’Iran). Les États-Unis obtiennent ainsi des droits sur le développement et la construction du corridor, et une présence économique et financière accrue dans la région (souvent accompagnée de présence militaire et d'agents du renseignement).
Ce projet va à l’encontre de la Route de la Soie chinoise (il faut penser aussi à sa connexion avec le pipeline Bakou-Tbilisi-Ceyhan) et du "middle corridor" reliant la Chine à l’Europe par la mer Caspienne, l'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, ce qui montre l’intention de construire une véritable barrière sanitaire le long de la frontière nord de l’Iran. De plus, cela ébranle encore davantage le mythe de l’isolationnisme trumpiste. Le corridor de Zangezur apparaît clairement comme une nouvelle intervention étrangère des États-Unis, masquée par le business et la nouvelle administration.
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mardi, 26 août 2025
L'importance de la rencontre Poutine/Trump en Alaska
L'importance de la rencontre Poutine/Trump en Alaska
Alex Krainer
Le vendredi 15 août, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont rencontré en Alaska. Le choix de ce lieu a envoyé un message très encourageant au monde entier.
Source: https://alexkrainer.substack.com/p/the-significance-of-alaska
Mise à jour [12 août 2025] : J'ai établi la chronologie du projet visant à relier les États-Unis et la Russie à travers le détroit de Béring à partir du Substack de Matthew Ehret (lien ci-dessous), mais j'ai omis de mentionner l'économiste visionnaire et candidat à la présidence Lyndon LaRouche, qui a conceptualisé le projet dès les années 1980 et « fait du programme du détroit de Béring le centre de sa stratégie internationale » dès 1993. Pour en savoir plus, cliquez sur ce lien: https://x.com/CHahnT/status/1955161957297733710.
La semaine dernière, j'ai eu le privilège de m'entretenir avec un auteur et géostratège chevronné, l'amiral Davor Domazet, que j'ai mentionné ici le mois dernier dans « La défaite de la stratégie du chaos de l'Occident » (https://trendcompass.substack.com/p/defeat-of-the-wests-strategy-of-chaos). Alors que nous discutions des événements géopolitiques en cours, le sommet entre le président américain Trump et son homologue russe venait d'être annoncé.
L'amiral Domazet (photo) a déclaré que le choix du lieu du sommet serait extrêmement important et qu'il constituerait en soi un message adressé au monde entier. Il n'était sûr que d'une chose : ce ne serait pas en Europe occidentale.
Nous n'avions pas deviné que ce serait l'Alaska, mais une fois ce choix annoncé, cela nous a paru tout à fait logique. Cela envoie un message très important : la Russie et les États-Unis se rapprochent dans la paix, achevant ainsi un cycle historique important mais interrompu. J'y ai fait allusion dans un article que j'ai rédigé en février de cette année : https://alexkrainer.substack.com/p/is-a-grand-bargain-between-us-and
L'histoire inachevée
L'Alaska est l'endroit où les États-Unis sont limitrophes de la Russie et où les deux puissances peuvent et doivent se rapprocher. Comme Matthew Ehret l'a superbement résumé dans son récent article Substack (https://matthewehret.substack.com/p/will-upcoming-putin-trump-summit ), l'idée de relier physiquement les États-Unis et la Russie à travers le détroit de Béring est une idée ancienne, car elle est assez évidente. Elle a été avancée pour la première fois sous la présidence d'Abraham Lincoln en 1864, mais elle est malheureusement morte avec lui. Elle a été relancée en 1890 par William Gilpin, ancien gouverneur du Colorado, sous la forme de son projet « Cosmopolitan Rail », qui prévoyait la construction d'un tunnel sous le détroit de Béring.
L'importance de ce projet n'a pas échappé au gouvernement russe sous le tsar Nicolas II et à son ministre des Finances, Sergei Witte, qui ont engagé en 1905 plusieurs ingénieurs ferroviaires américains et français pour réaliser des études de faisabilité. Malheureusement, le tsar a rapidement été contraint d'abdiquer, son Premier ministre a été assassiné et le projet n'a jamais vu le jour.
La paix future
Il fut relancé sous l'administration de Franklin Delano Roosevelt et discuté en 1942 par son vice-président Henry Wallace et le ministre des Affaires étrangères de Staline, Molotov. Wallace a exprimé ainsi l'importance de relier physiquement les États-Unis à la Russie :
« Il serait très important pour la paix future qu'il existe un lien tangible de ce type entre l'esprit pionnier de notre propre Ouest et l'esprit frontalier de l'Est russe. »
Cependant, Wallace (photo) fut rapidement écarté et remplacé par Harry Truman, l'instrument aveugle de l'oligarchie britannique. Une fois FDR mort, le projet fut à nouveau relégué aux oubliettes : relier les deux superpuissances, que ce soit physiquement, politiquement, socialement, culturellement ou commercialement, tomba en disgrâce.
Dans son discours sur le « rideau de fer » en 1946, Winston Churchill déclara l'Union soviétique ennemie de l'Occident. Il prononça ce discours devant Harry Truman et, au lieu de cultiver une coopération productive entre les États-Unis et la Russie, l'Occident opta pour la guerre froide.
Le soleil brille déjà différemment
L'idée de rapprocher les deux puissances et les deux continents n'est cependant jamais morte, et les dirigeants actuels de la Russie et des États-Unis sont clairement désireux de la faire revivre. En 2008, le Premier ministre de l'époque, Vladimir Poutine, a approuvé le projet de construction d'une ligne ferroviaire vers le détroit de Béring dans le cadre du plan de développement des infrastructures de la Russie à l'horizon 2030. Ce projet prévoyait la construction d'un tunnel de 60 miles (près de 100 km) entre Tchoukotka, dans l'Extrême-Orient russe, et l'Alaska, pour lequel la Russie proposait de financer les deux tiers du coût total.
La Russie a proposé ce projet à ses « partenaires occidentaux » en 2011 et en mai 2014, mais à l'époque, l'Occident dans son ensemble avait des projets tout à fait différents concernant la Russie. Aujourd'hui, ces projets ont tous échoué et le peuple américain a voté pour un changement radical de cap en élisant Donald Trump à la Maison Blanche.
Reste à voir si l'administration Trump réussira à mener à bien ce changement de cap, mais la volonté du peuple américain, exprimée lors de trois élections présidentielles consécutives, donne un nouvel espoir au monde. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a exprimé cet espoir après la deuxième investiture de Trump en janvier, en déclarant que « le soleil brille déjà différemment ».
Pour sa part, le président Trump nous a donné quelques indications de son intérêt pour le raccordement ferroviaire de l'Alaska au continent lorsqu'il a annoncé, en septembre 2020, son approbation du projet de liaison ferroviaire de 2579 kilomètres entre l'Alaska et l'Alberta (A2A).
Le projet A2A était une initiative privée qui a finalement échoué, apparemment en raison d'une mauvaise gestion, mais en soulignant son approbation du projet, Trump nous a donné une indication de ses intentions, qui ont peut-être influencé l'accord entre la Russie et les États-Unis pour tenir le sommet imminent entre les deux pays en Alaska. Le message derrière ce choix est indéniablement celui de la paix, de la construction de ponts de confiance, de respect mutuel et de coopération constructive.
Il est important de noter qu'en accueillant Vladimir Poutine sur le territoire américain, l'administration Trump signale qu'elle ne reconnaît pas la condamnation de Poutine comme criminel de guerre par le tribunal de La Haye. Ce faisant, elle légitime l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine.
* * *
La question du Canada
Incidemment, la connexion entre la Russie et l'Alaska et entre l'Alaska et le continent américain pourrait également être liée à l'intention déclarée de Trump d'absorber certaines parties du Canada dans les États-Unis. Si l'Alberta, la Colombie-Britannique et le Yukon devenaient partie intégrante des États-Unis, leur territoire serait relié à l'Alaska, créant ainsi un pont terrestre contigu vers la Russie.
Si les États-Unis annexaient également les territoires nordiques du Canada et le Nunavut, ils pourraient se relier territorialement au Groenland et partager la zone arctique avec la Russie afin de rejoindre le projet de la Route de la soie arctique. En février, j'écrivais ce qui suit :
Ces développements pourraient-ils faire l'objet d'un futur accord majeur entre Vladimir Poutine et Donald Trump ? Je pense que c'est possible. Du point de vue actuel, tout cela peut sembler être un changement radical et dangereux par rapport au statu quo d'après-guerre, mais ce statu quo n'était peut-être qu'une pause dans les processus géopolitiques qui ont commencé à se dessiner dès le 19ème siècle.
Nous le saurons peut-être dans quelques jours. Il est certain que si les deux dirigeants ont déjà convenu de se rencontrer, une sorte de grand accord a déjà été conclu entre leurs représentants respectifs. Nous en saurons bientôt plus, notamment grâce à la manière dont les dirigeants canadiens, britanniques et européens qualifieront les résultats du sommet très attendu de cette semaine en Alaska.
La signification du 15 août
La date du sommet, le 15 août 2025, est également significative à plusieurs égards. Le 15 août 1971, Richard Nixon a temporairement (bien sûr) suspendu la convertibilité du dollar américain en or. Le 15 août 1945 a été une date charnière dans l'histoire de la Chine : elle a marqué la capitulation du Japon devant les Alliés, mettant fin à la guerre de résistance contre le Japon.
Le 15 août revêt une profonde signification religieuse pour les chrétiens catholiques et orthodoxes, car c'est le jour de la fête de l'Assomption (ou Dormition dans la tradition orthodoxe), qui commémore la croyance selon laquelle la Vierge Marie, mère de Jésus, a été élevée corps et âme au ciel à la fin de sa vie terrestre.
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La cécité stratégique européenne conduit l'Ukraine à la destruction
La cécité stratégique européenne conduit l'Ukraine à la destruction
par Antonio Terrenzio
Source : Antonio Terrenzio & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-cecita-strateg...
Le sommet d’Anchorage, en plus de marquer un premier rapprochement officiel entre les États-Unis et la Russie, a posé les bases non seulement pour parvenir à la paix en Ukraine, mais aussi pour redessiner le système de sécurité international qui, cette fois, prenne en compte les nouveaux équilibres et les besoins de sécurité de la Fédération de Russie.
Lors du sommet de Washington, lors de la rencontre trilatérale impliquant Trump, les dirigeants européens et Zelensky, les positions entre les partenaires demeurent encore assez éloignées les unes des autres, avec une Europe qui tente de récupérer un rôle autour de la table des négociations, mais qui risque de rester la grande exclue dans une compétition géopolitique extrêmement complexe. Les non-leaders européens, prenant la parole tour à tour, ont simulé une volonté d’arriver à une paix, tout en défendant en réalité des conditions inacceptables pour Moscou.
Les conditions d’un cessez-le-feu immédiat, soutenues par Rutte et Merz, ainsi que la nécessité de soutenir l’Ukraine avec des contingents et des armements, restent essentiellement, en fait, sur les positions de départ. Zelensky a tenté de persuader Trump en proposant un accord sur le business militaire : une livraison d’armements américains pour 100 milliards de dollars, financée par l’UE, ainsi qu’une collaboration dans l’industrie militaire par une joint-venture américaine installée sur le territoire ukrainien pour la production de drones. Un moyen de créer un lien direct avec les intérêts occidentaux, et de les impliquer explicitement dans le conflit. Hypothèse inacceptable pour le Kremlin, tout comme la proposition d’établir un accord alternatif à l’entrée dans l’OTAN de l’Ukraine, garantissant des garanties de sécurité et où les pays membres organiseraient un déploiement direct de leurs forces en Ukraine occidentale. Aucune mention de Zelensky et des "volontaires" européens sur la cession de territoires.
Maintenant que la catastrophe est sur le point de se réaliser, l’Europe craint de rester en dehors du processus de négociation, de ne pas avoir voix au chapitre sur le destin de l’Ukraine, étant donné que celle-ci n’est que la première d’une série de nœuds, où la Russie voudra rediscuter du système de sécurité dans son voisinage immédiat, allant de la Baltique à la mer Noire.
Nous le répétons: si l’Europe s’est elle-même brisée les jambes, écrasée par les intérêts géostratégiques des deux grandes superpuissances, c’est parce qu’elle a renoncé à se penser comme un sujet indépendant capable de reconnaître ses propres intérêts vitaux. Et de ne pas considérer les liens historiques, culturels et surtout sécuritaires qui unissent l’Ukraine et la Russie. Maintenant, certains gouvernements parlent d’autonomie technologique-militaire, de “vision stratégique commune”, alors que l’Allemagne prévoit un programme de réarmement de plus de 500 milliards d’euros, ce qui sonne comme un prétexte, intempestif et surtout dangereux.
L’Ukraine est aujourd’hui une nation détruite, où la guerre a contraint plus de onze millions d’habitants à la diaspora. Continuer à soutenir son président dénigré et corrompu, en le comblant de promesses qui ne peuvent être tenues qu’au prix d’une confrontation frontale impliquant directement l’Union européenne, est une initiative folle, aux coûts humains et économiques énormes. S’accrocher à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à son indisponibilité à céder des territoires, est une rhétorique fausse et mensongère qui ne tient pas compte de la réalité de l’histoire, de ses changements, et surtout du manque de sensibilité stratégique face aux autres acteurs étatiques – car les conséquences de ce qui s’est passé dans l’est de l’Ukraine étaient largement prévisibles (voir une interview d’Eduard Limonov au début des années 90 disponible sur YouTube, sans évoquer les thèses de Huntington et Brzezinski): les politiciens européens ont délibérément choisi de les ignorer. Acte de servilité atlantiste et de cécité géopolitique, dirions-nous.
Il est peu probable que le sommet de Washington aboutisse à quelque chose de décisif concernant la résolution du conflit. Moins encore à une trêve, soutenue par l’Europe sous la direction de Merz, puisqu’il ne s’agirait que d’un moyen de tromper Moscou en fournissant des drones et des missiles à Kiev. L’Europe, depuis longtemps déjà a fait la preuve de son immaturité (et a perdu sa crédibilité) en acceptant de soutenir la cause des nationalistes ukrainiens et les plans des néoconservateurs américains.
Une Europe enfin crédible accepterait le verdict des forces sur le terrain, sauverait des vies humaines, rechercherait un compromis acceptable pour Moscou et élaborerait un plan de reconstruction pour l’Ukraine – à condition que celle-ci reconnaisse son statut neutre et n’ait plus à menacer la Russie, toutes initiatives qui contribueraient à retrouver sa crédibilité et à garantir la sécurité des citoyens européens. Et de telles initiatives doivent être prises maintenant, et non pas plus tard, lorsque la guerre sera terminée sur le front ukrainien, car le conflit pourrait s’étendre à l’intérieur de ses frontières. Et après avoir détruit l’Europe sur le plan industriel et politique, il est légitime de s'attendre à toutes sortes d'autres aberrations émanant de la part de cette classe de dirigeants incompétents et irresponsables.
13:17 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, europe, affaires européennes, ukraine | |
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Ukraine, la guerre sans fin des néoconservateurs
Ukraine, la guerre sans fin des néoconservateurs
par Davide Malacaria
Source : Insideover & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/ucraina-la-guerra-infinita-dei-neoconservatori
La guerre en Ukraine « se dirigeait vers la troisième guerre mondiale... vous n'aviez plus à vous en soucier ». C'est ce qu'a déclaré Donald Trump dans une interview. Au fond, comme nous l'avions d'ailleurs mentionné par ailleurs, la rencontre d'Anchorage avec Poutine servait essentiellement à cela.
Il y a une erreur dans la reconstruction de Trump, car la guerre en Ukraine est en soi « la troisième guerre mondiale », étant donné les nombreuses nations qui se sont engagées contre la Russie ; mais il est légitime qu'il revendique avoir empêché qu'elle devienne thermonucléaire, perspective inhérente à l'escalade folle contrôlée et déployée par l'administration Biden puis interrompue par le nouveau gouvernement américain (rappelons-nous, par exemple, la folie d'attaquer les bombardiers stratégiques russes chargés de la dissuasion atomique).
Cela dit, il reste à voir si le conflit pourra bientôt se terminer. De nombreuses pressions sont exercées pour le maintenir vivace et pour que Trump revienne sur ses positions. Hier, la Russie a pris fermement position contre le déploiement envisagé d'une force d'interposition européenne en Ukraine, lequel devrait avoir lieu après un éventuel accord.
Une option qui gagne toutefois du terrain, comme le montre le sommet des chefs d'état-major des pays de l'OTAN qui s'est tenu tout récemment, où ils ont exprimé leur soutien à la « coalition des volontaires » en ce qui concerne les négociations en cours et ont affirmé être unis dans la recherche d'une « paix juste ».
Ces déclarations sont très ambiguës, car la « coalition des volontaires » tente activement de saboter les négociations en y introduisant des variables qui, en fait, servent à faire capoter les négociations car elles sont inacceptables pour la partie adverse, et que la recherche d'une « paix juste » est un pur slogan utilisé pour prolonger la guerre, car la tension apparente vers une paix idéale – en fait une paix selon leurs désirs – sert à réduire à néant toute tentative de trouver des compromis plus ou moins acceptables pour les parties (où la marge de manœuvre est pourtant assez large).
D'ailleurs, le conflit ukrainien, qui est sur le théâtre de la guerre une confrontation entre l'Occident et la Russie, est aussi, sur le plan culturel, si l'on peut dire, une confrontation entre l'idéalisme et la réalité, l'Occident étant en proie aux fumisteries des néoconservateurs selon lesquelles la réalité n'a pas de consistance en soi, mais est seulement quelque chose à modeler par l'exercice de la puissance.
Lorsque la réalité à laquelle ils étaient confrontés était l'Irak ou la Libye, cette prétention avait son poids, même si tout ne s'est pas déroulé selon leurs plans, mais maintenant que ces fumisteries se sont heurtées au mur que constitue la Russie, cette présomption montre ses limites.
Pourtant, obsédés par leur idéalisme, qui les empêche de prendre acte de la réalité, ils continuent imperturbablement à ânonner leur refrain, dans la certitude déconcertante qu'ils finiront tôt ou tard par avoir raison de cette réalité obstinée.
Nous n'avons pas cité les néoconservateurs américains par hasard, car la guerre en Ukraine est leur guerre. Elle a été préparée en 2014 grâce au coup d'État de Maidan, dont l'architecte public était la néoconservatrice Victoria Nuland, épouse de Robert Kagan, figure incontestée des néoconservateurs et rédacteur de leur Project for a New American Century.
Son frère, l'analyste militaire Frederick Kagan, est marié à Kimberly Kagan (née Kessler) (photo), elle-même directrice de l'Institute of Study of War, un groupe de réflexion qui a façonné le récit occidental sur le conflit ukrainien grâce à des analyses précises, mais partiales, auxquelles tous les médias grand public américains et, par ricochet, ceux des colonies européennes ont puisé de manière dogmatique.
Même l'expression « coalition des volontaires » dont se targuent les dirigeants européens aujourd'hui est une invention des néoconservateurs, puisqu'elle a été créée à l'époque pour désigner l'alliance qui a donné impulsion à l'invasion de l'Irak afin d'éliminer la menace des armes de destruction massive inexistantes de Saddam Hussein.
Même la reprise de cette expression dans le contexte ukrainien n'est pas le fruit des dirigeants de l'UE, puisqu'il s'agit d'une proposition avancée par l'ancien chef de la CIA, le néoconservateur David Petreaus (photo). Ainsi, le choix d'accepter cette définition par les volontaires audacieux n'est pas seulement un choix de camp, mais aussi une déclaration publique de soumission.
Même la décision de faire obstacle à l'élan diplomatique de Trump – indirectement bien sûr, car ils n'en ont pas la force – ne vient pas de ces "volontaires" européens, mais est le fait des néoconservateurs. C'est ce que souligne la violente accusation de Brett Stephens à l'encontre de Trump et de son nouvel élan diplomatique, accusation publiée par le New York Times, dont le titre en dit long : « Trump vient de me rappeler pourquoi je suis toujours néoconservateur ».
Dans cette note, on retrouve le mélange d'idéalisme et d'agressivité irréductible propre aux adeptes du mouvement néoconservateur, irrévocablement voué à l'unilatéralisme américain.
Les conclusions sont évidentes, elles exhortent à « une opposition ferme à Poutine par le biais de sanctions, d'ostracisme et d'un soutien militaire et économique à l'Ukraine », etc. La recette habituelle des guerres sans fin.
Nous avons choisi Stephens (photo) pour mettre en évidence l'opposition irréductible des néoconservateurs à l'élan diplomatique de Trump, bien sûr férocement stigmatisé dans l'article, non seulement parce que Stephens est un représentant influent du mouvement néocon, mais aussi parce qu'il y a quelques jours, il avait publié, toujours dans le New York Times, un article sur une autre guerre. Dont voici le titre : « Non, Israël ne commet pas de génocide à Gaza ».
Dans cet article, Stephens non seulement disculpe Israël de toutes les critiques, mais explique que ce qui se passe à Gaza est propre à toutes les guerres, rien de plus. Le seul aspect que Stephens trouve « inhabituel est la manière cynique et criminelle dont le Hamas a choisi de mener la guerre » (et dire que même les plus fervents défenseurs d'Israël ont dû admettre certains excès de l'armée israélienne...).
Ce deuxième article explique mieux que de longs discours le sens que revêt cette idée de "paix juste" pour le conflit ukrainien à laquelle tiennent les néoconservateurs et la « coalition des volontaires » qui leur est subordonnée. Il contribue également à expliquer la connivence tacite des volontaires face au génocide de Gaza.
11:53 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : néoconservateurs, neocons, europe, affaires européennes, ukraine, politique internationale, bellicisme | |
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lundi, 25 août 2025
Stratégie de l'UE: d'un projet de paix à une alliance militaire
Stratégie de l'UE: d'un projet de paix à une alliance militaire
Par Elena Fritz
Source: https://www.compact-online.de/eu-strategie-vom-friedenspr...
Les élites européennes misent sur une nouvelle escalade avec la Russie et veulent passer à l'offensive autour de la mer Noire. Une stratégie extrêmement dangereuse. Avec notre édition « Frieden – Мир – Peace », nous nous y opposons. Pour en savoir plus : https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-... .
Le 28 mai, l'UE a présenté sa nouvelle « stratégie pour la région de la mer Noire ». Officiellement, il s'agit de stabilité, mais en réalité, un changement de cap se profile : l'UE jette les bases d'une « OTAN de la mer Noire ».
- Elle prévoit la création d'un centre pour la sécurité maritime, la protection des infrastructures critiques et la surveillance commune.
- Le cadre s'étend au-delà des pays de l'UE, riverains de la mer Noire, et englobe jusqu'à la Moldavie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan. L'UE prétend ainsi fixer les règles du jeu dans une région qui, jusqu'à présent, ne relevait pas de sa compétence directe.
Les risques pour l'Europe et ses citoyens :
1) Militarisation au lieu d'intégration : l'UE s'éloigne de l'idée fondatrice d'une union économique et pacifique et s'oriente de plus en plus vers des structures militaires.
2) Explosion des coûts : des milliards qui auraient dû être investis dans la recherche, l'éducation et les infrastructures sont désormais consacrés aux appareils de sécurité et à l'armement.
3) Déficit démocratique : ces décisions sont prises en grande partie sans large débat public – les citoyens sont confrontés à des faits accomplis.
4) Nouvelles lignes de conflit : la militarisation de la mer Noire crée des points de friction supplémentaires qui peuvent entraîner l'Europe dans des crises géopolitiques, sans que l'UE dispose d'un réel pouvoir d'action dans ces domaines.
5) Abandon du discours pacifiste : En 2012, l'UE a reçu le prix Nobel de la paix. Aujourd'hui, elle s'éloigne progressivement de cette image qu'elle avait d'elle-même.
Conclusion : l'UE déplace son centre de gravité de la coopération économique vers la confrontation militaire. Pour les citoyens, cela signifie moins d'investissements dans les domaines d'avenir et plus de risques d'être entraînés dans des conflits qui ne sont pas dans l'intérêt même de l'Europe.
À Berlin, le gouvernement envisage actuellement d'envoyer jusqu'à 25.000 soldats de la Bundeswehr en Ukraine, officiellement dans le cadre d'une « mission de paix » visant à garantir la sécurité.
Cessez de jouer avec le feu et de brandir vos sabres ! Dans notre numéro intitulé « Frieden – Мир – Peace », vous découvrirez ce qui est vraiment à l'ordre du jour. Commandez ici : https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-4-2025-frieden-%d0%bc%d0%b8%d1%80-peace/
21:01 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, union européenne, mer noire, bellicisme, militarisation, politique internationale | |
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La stratégie globale derrière les droits de douane américains selon Stephen Miran
La stratégie globale derrière les droits de douane américains selon Stephen Miran
Par Domenico Moro
Source: https://comedonchisciotte.org/la-strategia-globale-dietro...
Les droits de douane marquent le deuxième mandat de Donald Trump. Cependant, le président américain affiche une attitude hésitante en matière de droits de douane, menaçant de les augmenter ou de les suspendre, puis à nouveau de les augmenter ou de les diminuer.
Si nous voulons comprendre les causes profondes des droits de douane et du comportement hésitant de Trump, nous devons nous détacher du contingent et essayer de comprendre quelle est la stratégie globale.
À cet égard, nous devons nous référer à Stephen Miran, qui est le stratège de la politique douanière et qui est actuellement président du Council of Economic Advisor, un organisme interne au Bureau exécutif du président des États-Unis, dont la tâche est de conseiller le président sur les questions économiques. Au cours du premier mandat de Trump, Miran a été conseiller principal au ministère du Trésor, puis stratège principal chez Hudson Bay Capital Management, un grand investisseur institutionnel au sein du Trump Media & Technology Group, qui gère également la plateforme Truth Social.
Nous devons notamment nous référer à un texte de Miran qui constitue le manifeste de la politique douanière, A User's Guide to Restructuring the Global Trading System (Guide de l'utilisateur pour la restructuration du système commercial mondial), publié par Hudson Bay en novembre 2024, parallèlement à la victoire de Trump.
Introduction
Commençons donc par voir ce que dit ce texte. Miran commence par attribuer à la surévaluation du dollar la raison du déficit commercial extérieur et du déclin de l'industrie manufacturière américaine. Miran se propose d'identifier les outils permettant de remédier à ces problèmes. L'outil unilatéral le plus important est celui des droits de douane qui, contrairement à l'opinion courante, n'augmentent pas nécessairement l'inflation. En effet, lorsque les droits de douane ont été augmentés en 2018-2019, pendant le premier mandat de Trump, il n'y a pas eu d'augmentation notable de l'inflation, notamment parce que les droits de douane ont été compensés par le renforcement du dollar.
Un autre instrument consiste à abandonner la politique du dollar fort. La surévaluation du dollar a, d'une part, créé des déficits commerciaux de plus en plus importants et, d'autre part, pénalisé l'industrie manufacturière américaine au profit du secteur financier. Cela ne signifie toutefois pas qu'il faille abandonner le rôle du dollar comme monnaie de réserve, mais qu'il faut trouver des moyens de conserver aux États-Unis une partie des avantages que les autres pays tirent de la fourniture de réserves. Au partage des coûts liés à la fourniture des actifs de réserve s'ajoute celui des coûts du parapluie de sécurité que les États-Unis fournissent à leurs alliés.
Les bases théoriques
Miran établit un lien entre le déclin de l'industrie manufacturière américaine, dû à la surévaluation du dollar, et la dégradation des communautés où existaient auparavant des centres industriels. À la suite de la désindustrialisation, de nombreuses personnes deviennent dépendantes de l'aide sociale et de la drogue ou sont contraintes de se déplacer vers des régions plus prospères. Au départ, on estimait à 2 millions le nombre d'emplois perdus, mais de nombreux emplois qui, bien que n'étant pas liés à l'industrie manufacturière, dépendaient de celle-ci ont également été supprimés. La perte de l'industrie manufacturière a également un impact sur la sécurité des États-Unis, souligne Miran, car ce secteur est nécessaire pour contrer l'essor non seulement économique mais aussi militaire de la Chine et de la Russie : « Si vous n'avez pas de chaînes de production pour fabriquer des armes et des systèmes de défense, vous n'avez pas non plus de sécurité nationale. Comme l'a déclaré le président Trump : « Si vous n'avez pas d'acier, vous n'avez pas de pays » (1).
Mais, se demande Miran, pourquoi le dollar ne se déprécie-t-il pas en présence de déficits commerciaux importants, permettant ainsi de rééquilibrer la balance commerciale ? Normalement, les devises devraient s'adapter à long terme à la balance commerciale: si un pays enregistre un déficit commercial prolongé, sa devise se déprécie, ce qui entraîne une augmentation des exportations et une diminution des importations, afin de rééquilibrer la balance commerciale. Un autre aspect important est la notion d'équilibre financier. Selon cette conception, les devises s'ajustent jusqu'à inciter les investisseurs à détenir des actifs libellés dans différentes devises.
Ces mécanismes ne fonctionnent toutefois pas si la monnaie nationale est une monnaie de réserve, comme c'est le cas du dollar. Étant donné que les États-Unis fournissent des actifs de réserve au monde entier, la demande de dollars et de titres d'État américains (UST) ne dépend ni de la balance commerciale ni de l'optimisation des gains financiers. Ces actifs sont détenus à l'échelle mondiale davantage pour des raisons politiques que pour optimiser les gains. Comme l'a déclaré l'économiste belge Robert Triffin (photo), les actifs de réserve sont une fonction du commerce et de l'épargne mondiale, et non de la balance commerciale ou des rendements des titres du pays qui détient la monnaie mondiale.
Les États-Unis supportent donc ce déficit non pas parce qu'ils importent trop, mais parce qu'ils doivent exporter des UST afin de fournir des actifs de réserve et de faciliter la croissance mondiale. Plus le PIB américain diminue par rapport au PIB mondial, plus le déficit est difficile à soutenir. Toujours selon Triffin, il arrive un moment où le déséquilibre économique devient si important qu'il menace le statut de monnaie de réserve internationale. Cependant, malgré la réduction de leur part dans le PIB mondial de 40 % dans les années 1960 à 26 % aujourd'hui, les États-Unis sont encore loin de ce danger, car il n'existe aucune alternative au dollar, ni le yuan renminbi chinois, qui ne répond pas aux critères requis d'une monnaie internationale, tels que la convertibilité totale, ni l'euro, étant donné que l'économie de la zone euro s'est davantage contractée que celle des États-Unis au cours des dernières décennies.
Face au relatif recul de l'économie américaine, la structure actuelle des droits de douane américains – 3 % en moyenne, contre 5 % pour l'UE et 10 % pour la Chine – semble adaptée aux caractéristiques d'une époque très différente de la nôtre, où les États-Unis devaient assumer la charge de relancer l'économie européenne et japonaise après la guerre et de créer des alliances contre l'URSS.
Miran identifie alors les conséquences d'être une nation détentrice d'actifs de réserve.
La possibilité d'emprunter à bon marché. En réalité, les États-Unis n'empruntent pas nécessairement moins cher que les autres pays, mais ils peuvent emprunter davantage sans que les taux d'intérêt augmentent.
Une monnaie plus forte. La demande de réserves fait monter le dollar bien plus haut qu'il ne le devrait selon la balance commerciale, ce qui le surévalue. Cela se produit surtout en période de crise, car les investissements en dollars sont les plus « sûrs ». C'est pourquoi l'emploi dans le secteur manufacturier baisse considérablement aux États-Unis pendant une récession, sans qu'il soit possible de le récupérer pendant la phase de reprise.
Extraterritorialité financière. Le fait de disposer d'une monnaie de réserve permet aux États-Unis d'exercer leur volonté en matière de politique étrangère et de sécurité en utilisant leur puissance financière plutôt que leur puissance physique. En effet, les sanctions que les États-Unis imposent dans le monde entier grâce à leur statut de détenteur de la monnaie de réserve constituent une forme moderne de blocus naval.
Ainsi, le statut de monnaie de réserve n'offre qu'un faible avantage en termes de coût des emprunts et un inconvénient majeur, à savoir la surévaluation du dollar qui érode la compétitivité des produits américains, compensé en partie toutefois par l'avantage géopolitique que représente la possibilité d'imposer des sanctions. Mais en échange de leur statut de monnaie mondiale, les États-Unis fournissent aux démocraties libérales, outre un vaste marché pour leurs exportations manufacturières, un autre service, celui d'un parapluie défensif. Les déficits commerciaux et la défense sont donc liés par la monnaie. Cette situation devient plus lourde pour les États-Unis, car à mesure que leur poids relatif dans l'économie mondiale diminue, le déficit courant augmente et la capacité de produire des équipements militaires diminue. Pour toutes ces raisons, selon Miran, il existe aux États-Unis un consensus croissant en faveur d'un changement des relations qui les lient au reste du monde.
Si les États-Unis veulent changer le statu quo, ils doivent trouver des solutions. En général, les solutions unilatérales sont plus susceptibles d'avoir des effets indésirables, tels que la volatilité des marchés. Les solutions multilatérales sont, en revanche, très difficiles, voire impossibles à mettre en œuvre, même si elles contribuent à réduire la volatilité en impliquant les pays étrangers dans les décisions. Le dollar est une monnaie de réserve non seulement parce qu'il offre stabilité, liquidité, ampleur du marché et primauté du droit, mais aussi parce que les États-Unis peuvent projeter leur puissance physique dans le monde entier, façonnant et défendant l'ordre mondial. Le lien entre le statut de monnaie de réserve et la sécurité nationale est une histoire de longue date.
Selon Miran, les droits de douane et les politiques monétaires permettent d'améliorer la compétitivité de l'industrie manufacturière en réaffectant la production et les emplois aux États-Unis. Les droits de douane ne visent pas à réinternaliser les secteurs dans lesquels d'autres pays – par exemple le Bangladesh dans le textile – ont un avantage comparatif, mais à préserver l'avantage concurrentiel des États-Unis dans les productions à forte valeur ajoutée. En outre, étant donné que les politiques commerciales et de sécurité sont étroitement liées, les droits de douane auront tendance à défendre les installations industrielles nécessaires à la sécurité nationale, dont la portée doit être comprise au sens large, incluant par exemple des produits tels que les semi-conducteurs et les médicaments.
L'objectif n'est pas d'éliminer le statut de monnaie de réserve du dollar, que Trump a menacé de droits de douane élevés pour les pays qui l'abandonneraient, mais de partager avec ses alliés le poids de la fourniture d'actifs de réserve et du parapluie de défense.
Les droits de douane
Miran pose d'abord la question de la mesure dans laquelle les droits de douane sont compensés par l'appréciation de la monnaie. Si le taux de change et les droits de douane se compensent presque entièrement, les droits de douane n'entraînent aucune augmentation de l'inflation, mais il n'y a pas de rééquilibrage commercial. À l'inverse, si le taux de change ne compense pas les droits de douane, les importations du pays soumis aux droits deviennent plus chères et, par conséquent, il y aura un certain rééquilibrage des flux commerciaux, mais aussi des prix plus élevés. Le choix se pose donc entre une faible inflation et un rééquilibrage commercial. Le seul aspect qui ne change pas dans les deux cas est que les droits de douane génèrent d'importantes recettes fiscales.
L'histoire récente, comme celle des droits de douane imposés à la Chine par la première administration Trump, montre, selon Miran, qu'il n'y a pas d'augmentation notable de l'inflation, puisque le yuan renminbi s'est alors déprécié de 13,7 % par rapport au dollar, compensant ainsi une grande partie de l'augmentation des droits de douane à 17,9 %. Si la compensation monétaire n'est pas mise en œuvre, les prix augmenteront à la suite des droits de douane et les consommateurs en supporteront le poids. Toutefois, avec le temps, les prix élevés inciteront à une reconfiguration des chaînes d'approvisionnement, les producteurs américains amélioreront leur compétitivité en vendant davantage sur le marché intérieur et les importateurs seront incités à trouver des alternatives aux produits importés soumis à des droits de douane.
La situation du marché financier est différente de celle du marché des marchandises. Si la compensation monétaire réduit la volatilité des prix à la consommation, elle peut entraîner une plus grande volatilité sur les marchés financiers, du moins à court terme. Toutefois, Miran souligne : « Ce qui importe, c'est de savoir si les droits de douane ont un effet durable, car, comme tout investisseur le sait, les réactions initiales du marché s'annulent souvent et s'inversent avec le temps» (2).
La variable financière la plus puissante pour expliquer les variations monétaires sur les marchés financiers est l'écart entre les taux d'intérêt. Pendant la période de guerre commerciale, l'avantage des rendements des obligations d'État américaines a diminué, passant d'environ 2 % en janvier 2018 à environ 1,5 % au moment de l'armistice dans la guerre commerciale en septembre 2019, malgré la hausse des taux par la Réserve fédérale américaine en 2018. La baisse des rendements peut rendre plus difficile l'appréciation du dollar et, par conséquent, ne pas compenser la hausse des droits de douane. Toutefois, Miran estime que la compensation monétaire se produira lors de la prochaine série de droits de douane.
Miran se concentre désormais sur les modalités de mise en œuvre des droits de douane. Une augmentation forte et soudaine des droits de douane peut accroître la volatilité des marchés. Mais dès le premier mandat de Trump, l'introduction des droits de douane s'est faite progressivement : « Les droits de douane étant un outil de négociation, le président s'est montré versatile dans leur mise en œuvre – l'incertitude quant à leur application, leur date et leur ampleur renforce le pouvoir de négociation en créant la peur et le doute» (3). Une telle approche progressive aidera les entreprises à redéfinir leurs chaînes d'approvisionnement, facilitant ainsi le transfert de la production hors de Chine.
Un autre aspect important de la mise en œuvre des droits de douane au cours du second mandat de Trump serait la segmentation des différents pays en plusieurs groupes soumis à des droits de douane différents en fonction de leurs relations avec les États-Unis, notamment en matière de défense. En effet, « les pays qui veulent rester sous le parapluie de sécurité doivent également rester sous le parapluie du commerce équitable. Un tel instrument peut être utilisé pour faire pression sur d'autres nations afin qu'elles se joignent à nos droits de douane contre la Chine, créant ainsi une approche multilatérale des droits de douane » (4). De cette manière, en créant un mur douanier mondial autour de la Chine, la pression sur cette dernière pour qu'elle réforme son système économique s'accentuera.
Il y a également la question du rapport entre les droits de douane et la fiscalité. Selon Miran, la réduction des impôts, par exemple sur le travail, est un moyen de générer des investissements et des emplois aux États-Unis, surtout si elle est financée par des droits de douane sur les importations étrangères. Les conséquences économiques d'une augmentation des droits de douane pourraient être moins problématiques qu'une augmentation des impôts sur le revenu et le capital. Le fait que les droits de douane augmentent d'abord le bien-être avant de le diminuer implique l'existence d'un taux de droits de douane « optimal », au niveau duquel un pays a obtenu tous les avantages possibles et où un droit plus élevé réduit le bien-être. Selon Miran, le droit optimal pour les États-Unis est de 20 %. Une autre question est celle des éventuelles représailles des pays auxquels les États-Unis imposent des droits de douane, qui peuvent conduire à une escalade bien au-delà des droits optimaux. Cependant, les États-Unis, qui sont de loin la plus grande source de demande mondiale et disposent d'un marché des capitaux solide, peuvent résister à une escalade plus que la Chine.
Un autre moyen de dissuader les représailles douanières est la menace de rendre moins contraignantes les obligations de défense mutuelle, en ne garantissant plus le parapluie nucléaire américain. Par exemple, si l'Europe impose des contre-droits de douane sur les importations en provenance des États-Unis, mais augmente en même temps ses dépenses militaires, cela permet aux États-Unis d'alléger le fardeau de la sécurité mondiale et « de se concentrer davantage sur la Chine, qui est de loin la plus grande menace pour l'économie et la sécurité nationale américaine que ne l'est la Russie, tout en générant des recettes » (5).
Quoi qu'il en soit, les droits de douane sont un moyen d'augmenter les impôts des étrangers afin de maintenir ceux des Américains à un niveau bas et d'éviter que la prolongation de la réduction des impôts sur le revenu ne se traduise par une nouvelle dette publique.
Les devises
Outre les droits de douane, la surévaluation du dollar peut être contrée par une réévaluation des devises des partenaires commerciaux. Les politiques monétaires posent toutefois le problème de rendre les actifs en dollars moins attractifs aux yeux des investisseurs étrangers. Une dévaluation du dollar pourrait provoquer une fuite massive des capitaux hors du marché des obligations d'État américaines, ce qui entraînerait une hausse des rendements à long terme. Cela aurait des répercussions négatives sur plusieurs secteurs de l'économie, à commencer par la construction.
Ce risque augmenterait si l'inflation restait élevée et si la banque centrale américaine (Fed) décidait de relever ses taux d'intérêt. C'est pourquoi il sera important pour l'administration Trump de coordonner sa politique monétaire avec une politique réglementaire et énergétique déflationniste. En outre, une part importante des ventes des entreprises du S&P 500 est réalisée à l'étranger, et ces ventes ont plus de valeur lorsque le dollar se déprécie.
Historiquement, les accords monétaires multilatéraux ont été le principal moyen de guider les changements intentionnels du taux de change du dollar. L'un d'entre eux était l'accord du Plaza en 1985, lorsque les États-Unis, en accord avec la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne de l'Ouest et le Japon, ont coordonné l'affaiblissement du dollar. Aujourd'hui, les devises les plus importantes, outre le dollar, sont l'euro et le yuan chinois, mais il y a peu de raisons de s'attendre à ce que l'Europe et la Chine acceptent de renforcer leurs devises. Selon Miran, il est possible que l'Europe et la Chine deviennent plus malléables après une série de droits de douane punitifs et acceptent une forme d'accord monétaire en échange d'une réduction des droits de douane. Miran propose d'appeler un tel accord « accord Mar-a-Lago », du nom de la résidence de Trump en Floride.
Les différences entre aujourd'hui et 1985 sont toutefois nombreuses. À commencer par l'ampleur de la dette publique américaine, qui était alors de 40 % du PIB et atteint aujourd'hui 120 %, ce qui pose des problèmes plus importants de gestion de la hausse des rendements des obligations d'État. La solution serait de justifier la réduction des taux par la nécessité de financer la fourniture par les États-Unis d'un parapluie de sécurité. De cette manière, les pays partenaires seront incités à échanger leurs UST à court terme contre des UST à cent ans. La durée plus longue contribuera à réduire les rendements et la volatilité du marché financier. Ainsi, un seul accord permet d'atteindre plusieurs objectifs : réduire la valeur du dollar, et donc le déficit commercial, et partager avec les étrangers le coût de la zone de sécurité.
Tout cela fonctionne si les pays partenaires concernés disposent d'actifs en dollars à vendre pour réduire la valeur du dollar. Contrairement à 1985, les réserves d'UST ne sont pas aujourd'hui situées en Europe, mais au Moyen-Orient et en Asie de l'Est, notamment en Chine, au Japon et en Arabie saoudite. Ces pays seraient moins disposés à satisfaire les demandes des États-Unis que les Européens en 1985. Il serait donc préférable que les instruments monétaires soient utilisés après les droits de douane, qui constituent un levier supplémentaire dans les négociations.
Beaucoup à Wall Street pensent qu'il ne peut y avoir d'approche unilatérale de la dévaluation du dollar, car cela nécessiterait une baisse des taux d'intérêt par la Fed, ce qui ne semble pas pouvoir se produire aussi facilement. En réalité, ce n'est pas vrai, car il existe une série d'instruments qui peuvent être utilisés. L'un d'entre eux est l'International Emergency Economic Power Act (IEEPA) de 1977. Si la cause de la surévaluation du dollar est la demande d'actifs de réserve, l'IEEPA peut être utilisée pour la réduire, par exemple au moyen d'une user fee (taxe d'utilisation), en retenant une partie du paiement des intérêts sur ces titres.
Cela pourrait toutefois entraîner une fuite du dollar, des pics des taux d'intérêt et des restrictions au pouvoir d'extraterritorialité. Pour éviter ces problèmes, on peut commencer par une taxe d'utilisation modeste, puis trouver au fil du temps le « juste » niveau et différencier selon les pays, comme cela a déjà été fait avec les droits de douane, en augmentant la taxe d'utilisation pour les adversaires géopolitiques tels que la Chine, par exemple, et enfin s'assurer la coopération volontaire de la Fed. À cet égard, il est essentiel que le « double » mandat de la Fed soit un triple mandat : plein emploi, prix stables et taux d'intérêt modérés à long terme. Ce dernier engagement permet d'intervenir si les taux d'intérêt atteignent un pic en raison de la politique monétaire.
Une autre approche unilatérale consiste à renforcer les devises étrangères en vendant des dollars et en achetant des devises étrangères. Dans ce cas, le risque réside dans l'inflation qui peut être générée par l'émission massive de dollars par la Fed pour acheter des devises étrangères. Dans ce cas, la Fed peut opérer une stérilisation de l'intervention qui soutiendra le dollar et contrera certains effets des ventes. Pour ces raisons, les économistes se sont montrés sceptiques quant à l'utilisation de ce moyen pour intervenir sur la devise. Tout dépendra donc du contexte dans lequel cette politique sera adoptée : dans un contexte de faible inflation, une stérilisation modérée est envisageable.
Considérations sur le marché et la volatilité
Selon Miran, le président Trump pourra, au cours de son second mandat, se concentrer sur ses objectifs centraux : la réindustrialisation, la revitalisation de l'industrie manufacturière et l'amélioration de la compétitivité internationale. Trump a acquis une expérience discrète en matière de droits de douane au cours de son premier mandat, tandis qu'une intervention sur la politique du dollar serait une nouveauté.
C'est pourquoi, en matière de politique monétaire, il convient d'être plus prudent qu'en matière de politique douanière et d'attendre que l'inflation et le déficit soient faibles afin d'éviter des hausses des taux d'intérêt qui pourraient s'accompagner d'un changement de politique sur le dollar, et surtout d'attendre un changement à la tête de la Fed qui garantisse sa coopération volontaire. Étant donné qu'une faible inflation est nécessaire pour permettre à la Fed de baisser ses taux, il faudra recourir à des politiques structurelles, par le biais de libéralisations de l'offre, de déréglementations et de réductions des prix de l'énergie.
Les approches monétaires unilatérales présentent des risques accrus de volatilité. Sans l'aide de la Fed pour plafonner les rendements et sans la volonté des détenteurs étrangers de bons du Trésor américain de renégocier la durée de la dette, une administration dispose de peu d'options pour stabiliser les rendements.
Pour ces raisons, une approche multilatérale visant à renforcer les monnaies sous-évaluées peut contribuer à contenir la volatilité indésirable. Un accord dans lequel les partenaires commerciaux des États-Unis convertissent leurs réserves en UST à très longue échéance allégerait la pression de refinancement sur le Trésor, améliorerait la viabilité de la dette et renforcerait l'idée que la fourniture d'actifs de réserve et le parapluie de défense sont étroitement liés. De cette manière, le dollar et les rendements à long terme pourraient baisser ensemble.
Dans tous les scénarios possibles, il y a des conséquences communes. Premièrement, une distinction claire est établie entre les amis, les ennemis et les neutres. Les amis sont ceux qui se trouvent sous le parapluie sécuritaire et économique, et en partagent les coûts. Ceux qui se trouvent en dehors du parapluie de sécurité se retrouveront également en dehors des accords commerciaux amicaux. Deuxièmement, l'expulsion de pays étrangers de la couverture du parapluie de sécurité américain peut entraîner une augmentation de la perception du danger et, par conséquent, une augmentation des primes de risque pour les actifs de ces pays. Troisièmement, il y aura une augmentation de la volatilité sur les marchés monétaires. Quatrièmement, les efforts pour trouver une alternative au dollar s'intensifieront. À cet égard, Miran est convaincu que les tentatives d'internationalisation du yuan et de création d'une monnaie des BRICS continueront d'échouer, mais qu'il est en revanche possible que l'or et les cryptomonnaies se renforcent.
Les conclusions de Miran
Miran réaffirme que son objectif est de trouver des moyens de remédier au déficit commercial et public tout en évitant les effets secondaires indésirables. L'opinion de Wall Street selon laquelle il n'est pas possible de modifier délibérément la valeur du dollar est fausse. Il existe de nombreux moyens, unilatéraux et multilatéraux, l'important étant de minimiser la volatilité qui en résulte. Quoi qu'il en soit, il est très probable que les droits de douane, qui constituent un important outil de négociation, seront utilisés avant tout autre instrument monétaire. Il est donc probable que le dollar se renforce avant d'inverser sa tendance, si tant est qu'il le fasse. Miran conclut en disant qu'« il existe une voie par laquelle l'administration Trump peut reconfigurer le commerce et les systèmes financiers mondiaux au profit de l'Amérique, mais cette voie est étroite et nécessitera une planification minutieuse, une exécution précise et une attention particulière aux mesures à prendre pour minimiser les conséquences négatives » (6).
Nos conclusions
La lecture du texte de Miran est très intéressante, car elle correspond en grande partie à ce que Trump a fait et dit jusqu'à présent, en expliquant sa logique interne et en la replaçant dans le contexte de la redéfinition des relations entre les États-Unis et le reste du monde, à commencer par leurs alliés. Cela implique, étant donné que les États-Unis sont la première économie mondiale et le premier acheteur mondial, comme Miran l'anticipe déjà dans son titre, une restructuration du système commercial mondial.
Le plus frappant est que Miran considère le rôle du dollar comme monnaie de réserve internationale et le rôle des États-Unis en tant que puissance militaire garante de l'ordre mondial comme un service que les États-Unis offrent généreusement aux autres pays. Un service qui coûte aux États-Unis la désindustrialisation, un déficit commercial important et une dette fédérale énorme. Les autres pays sont donc des profiteurs, comme l'ont affirmé à plusieurs reprises Trump et son vice-président, J.D. Vance, en référence à l'Europe, qui bénéficierait gratuitement du parapluie de sécurité et du marché américain.
Le fait est cependant que l'interprétation de Miran renverse la réalité effective des choses. La désindustrialisation est avant tout le produit de la logique interne du mode de production capitaliste et, en particulier, de la tendance à la baisse du taux de profit. Les géants américains ont délocalisé une part considérable de leur production à l'étranger, car à l'étranger – au Mexique, en Chine et en Asie de l'Est – les profits étaient plus importants et le coût du travail moins élevé. La surévaluation du dollar a certainement joué un rôle, mais dans une mesure plus limitée que ne le prétend Miran.
Mais l'aspect le plus important est que le dollar et son rôle de monnaie d'échange commercial et de réserve mondiale ne sont pas un fardeau, mais plutôt le « privilège exorbitant » des États-Unis, comme l'a affirmé l'ancien président français Giscard d'Estaing. C'est ce privilège qui lui a permis de financer sa double dette, commerciale et publique, en imprimant simplement des dollars. Les dépenses militaires colossales servent à imposer de manière coercitive l'hégémonie américaine et le rôle international du dollar. Ce n'est donc pas un hasard si le secrétaire américain au Trésor, John Connally, a déclaré en 1971 que « le dollar est notre monnaie et votre problème », lorsque les États-Unis ont rendu le dollar inconvertible en or, se donnant ainsi la possibilité de s'endetter à leur guise.
Mais si le dollar est l'instrument qui permet aux États-Unis de gérer leur double dette, quelle est la raison de l'introduction de droits de douane élevés et de politiques visant à dévaluer le dollar ? La raison, toujours selon le raisonnement de Miran, réside dans le fait que ces politiques s'opposent aux délocalisations et favorisent les relocalisations de l'industrie manufacturière. En effet, toujours selon Miran, sans industrie manufacturière, il n'y a pas de sécurité nationale, surtout si celle-ci est entendue au sens large, comme l'autonomie dans les productions stratégiquement importantes, telles que l'acier, les semi-conducteurs et les médicaments. D'ailleurs, la guerre en Ukraine a mis en évidence les graves insuffisances de l'industrie militaire américaine dans l'approvisionnement de Zelensky en armes et en munitions, aggravées par l'aide que les États-Unis ont simultanément offerte à Israël.
Une industrie de l'armement plus forte est nécessaire car – et c'est là l'autre point important du raisonnement de Miran – les rapports de force économiques et politiques ont changé ces dernières années. En particulier, la Chine s'est développée au point de devenir « de loin la plus grande menace pour l'économie et la sécurité nationale des États-Unis, plus encore que la Russie ». Étant donné que la Chine dispose d'une industrie manufacturière très forte et désormais également à la pointe de la technologie, les États-Unis ne peuvent se permettre d'avoir une industrie manufacturière faible et dépassée.
Un autre aspect important est la viabilité de la dette publique américaine et donc le niveau des taux d'intérêt sur les bons du Trésor américain (UST). Comme nous l'avons vu, Miran, toujours dans le but de résoudre le déficit commercial et de relancer l'industrie manufacturière, soutient que le dollar doit être dévalué ou, ce qui revient au même, que les monnaies des principaux partenaires économiques, à commencer par le yuan et l'euro, doivent être réévaluées. Or, le problème est que la dévaluation du dollar rend les investissements en dollars moins attractifs, y compris ceux dans les UST, ce qui fait remonter les rendements. L'optimum pour les États-Unis serait plutôt un dollar dévalué et des taux d'intérêt bas sur la dette publique.
Or, depuis le début de l'année, le dollar s'est déprécié de 13 % par rapport aux principales devises, tandis que les taux d'intérêt sur la dette à 10 ans sont passés de 1,1 % en 2021 à environ 4,3 % en juillet 2025. À cela s'ajoute, sous la présidence Biden, la plus forte augmentation de la dette publique jamais enregistrée, soit 8 500 milliards de dollars supplémentaires. La tendance sous Trump ne semble pas s'inverser, compte tenu de l'ampleur du budget fédéral pour 2026, qui, entre autres raisons, a conduit à la rupture entre Trump et Musk. La hausse des taux et de la dette publique a fait exploser les dépenses nettes d'intérêts : de 658 milliards de dollars en 2023 à 880 milliards en 2024, pour atteindre plus d'un billion prévu en 2025, soit trois fois le niveau de 2020 (7).
Pour ces raisons, Miran souligne à plusieurs reprises la nécessité pour la Fed de respecter un triple mandat, en ajoutant à la pleine emploi et à la stabilité des prix la poursuite de taux d'intérêt modérés à long terme. Ce n'est pas un hasard si, ces derniers mois, Trump a vivement critiqué le président de la Fed, Jerome Powell, pour ne pas avoir baissé les taux d'intérêt. Toujours en lien avec le taux d'intérêt sur la dette fédérale, Miran propose de parvenir à un accord, qu'il appelle l'accord de Mar-a-Lago, avec les partenaires économiques pour une dévaluation concertée du dollar qui prévoit également un passage des UST à court terme à des UST à très long terme, ce qui rendrait le financement de la dette moins coûteux pour les États-Unis.
Revenons donc aux droits de douane qui, selon le raisonnement de Miran, sont avant tout un moyen de négociation pour imposer deux objectifs : dévaluer le dollar et financer la dette publique. Les droits de douane peuvent être instaurés, supprimés ou réduits si les autres pays acceptent les conditions imposées par les États-Unis, telles que l'appréciation de leur monnaie, l'acceptation d'acheter des dettes à très long terme et de réaliser des investissements productifs sur le sol américain. Un autre moyen de négociation important est la menace de retirer le parapluie de sécurité aux pays qui ne respectent pas les conditions imposées par les États-Unis. Miran explique également l'attitude hésitante de Trump en matière de droits de douane par la volonté d'augmenter le pouvoir de négociation, en créant le doute et la peur à travers l'incertitude. En définitive, les droits de douane, les politiques monétaires, le parapluie de sécurité sont autant d'expressions d'une politique de chantage par laquelle les États-Unis tentent de se faire financer par le reste du monde, y compris leurs alliés. Il s'agit d'un comportement parasitaire, basé sur l'accumulation par expropriation et typique de la phase impérialiste du capitalisme.
À ce stade, il est naturel de se demander : les politiques envisagées par Miran seront-elles couronnées de succès ? C'est une question importante, car en cas de succès ou d'échec, le monde auquel nous serons confrontés dans les prochaines décennies pourrait être très différent. Il est toutefois difficile de répondre à cette question aujourd'hui, après seulement six mois d'administration Trump, notamment parce que les variables à prendre en compte sont nombreuses.
Nous pouvons toutefois avancer quelques hypothèses. En ce qui concerne la relocalisation de la production, les choses bougent déjà, puisque les dix premières multinationales pharmaceutiques, face à la perspective de droits de douane élevés, ont annoncé 316 milliards de dollars de nouveaux investissements pour se relocaliser sur le sol américain (8). Un autre exemple à cet égard est celui du Japon qui, en échange d'une réduction des droits de douane à 15 %, a promis 550 milliards de dollars d'investissements aux États-Unis (9). En ce qui concerne le statut du dollar, il est possible que sa part dans les réserves mondiales, actuellement de 57,74 % (10), continue de s'éroder, notamment en raison de l'utilisation abusive qui en a été faite pour infliger des sanctions et de la tactique hésitante de Trump en matière de droits de douane, qui l'ont affaibli. D'autre part, les pays du BRICS ont eux-mêmes reconnu qu'une monnaie commune n'était pas viable, mais ils ont en même temps déclaré vouloir utiliser de plus en plus leurs monnaies nationales comme moyen de transaction commerciale internationale. Cela se produit d'ailleurs déjà depuis le début de la guerre en Ukraine dans les échanges de matières premières énergétiques entre la Russie, d'une part, et la Chine et l'Inde, d'autre part.
Quoi qu'il en soit, comme le soutient Miran, les États-Unis ont peu de marge de manœuvre pour mener des politiques monétaires alternatives si la Fed ne baisse pas ses taux et surtout si, au niveau mondial, les conditions imposées par les États-Unis ne sont pas acceptées. C'est précisément là que réside le principal problème pour les États-Unis. Une grande partie du monde, celle que l'on appelle le « Sud global », ne semble plus disposée à se soumettre à l'Occident et en particulier aux États-Unis. Cela vaut surtout pour la Chine et la Russie, mais aussi pour le Brésil et de nombreux autres pays. La Chine et le Brésil, en particulier, ont réagi avec fermeté lorsque Trump a menacé d'imposer des droits de douane très élevés. L'expansion même des BRICS témoigne de la volonté d'un nombre croissant d'États de trouver des lieux de confrontation et de coopération alternatifs à ceux que les États-Unis et l'Occident collectif ont offerts dans le passé.
La situation est différente pour l'Occident collectif, dont font partie l'Europe occidentale et le Japon. Les pays qui en font partie semblent les plus perméables aux politiques de chantage de Trump et les plus disposés à lui venir en aide, notamment parce qu'ils tirent de nombreux avantages du système économique mondial organisé autour des États-Unis. En témoignent la soumission observée lors du dernier sommet de l'OTAN, où l'Europe a accepté d'augmenter ses dépenses militaires à 5 % du PIB, et la réticence de l'UE à envisager des contre-mesures douanières à l'encontre de Trump, justifiée par le mantra « il faut éviter une guerre commerciale avec les États-Unis ». Une guerre commerciale ou, mieux, une confrontation interimpérialiste, comme on aurait dit autrefois, qui est en réalité déjà en cours. À cet égard, il semble que l'unité de l'Occident soit quelque chose à laquelle Trump accorde une valeur bien inférieure à celle que lui attribue Meloni.
Par Domenico Moro pour ComeDonChisciotte.org
25.07.2025
Domenico Moro s'intéresse à la mondialisation et à l'économie politique internationale. Il est l'auteur de Globalizzazione e decadenza industriale (Mondialisation et déclin industriel) et Nuovo compendio del Capitale (Nouveau compendium du Capital) ; Eurosovranità o democrazia? Perché uscire dall'euro è necessario (Eurosouveraineté ou démocratie ? Pourquoi il est nécessaire de sortir de l'euro), Meltemi, Milan 2020.
NOTES
(1) Stephen Miran, A User's Guide to Restructuring the Global Trading System, Hudson Bay Capital, 24 novembre 2024, p. 5.
(2) Ibidem, p. 19.
(3) Ibid., p. 22.
(4) Ibid., p. 23.
(5) Ibid., p. 26.
(6) Ibid., p. 38
(7) Peter G. Peterson Foundation, What are Interest costs on the national debt? 14 juillet 2025. Committee for a responsible Federal Budget, Interest costs could explode from high rates and more debt, 20 mai 2025.
(8) Monica D'Ascenzo, « Effet des droits de douane sur l'industrie pharmaceutique : 316 milliards investis aux États-Unis », Il Sole24ore, 23 juillet 2025.
(9) Stefano Strani, « Droits de douane, accord États-Unis-Japon : des tarifs à 15 % et Tokyo investira 550 milliards aux États-Unis », Il Sole24ore, 24 juillet 2025.
(10) Données du FMI, Composition monétaire des réserves officielles de change (Cofer), 2025 T1.
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jeudi, 21 août 2025
Quand la France abandonnera-t-elle l'atlantisme?
Quand la France abandonnera-t-elle l'atlantisme?
Raphael Machado (*)
Source: https://geoestrategia.eu/noticia/44946/politica/no-tiene-solucion-la-union-europea-y-su-servilismo-ante-estados-unidos.-analisis.html
Il est peu probable que la France puisse imprimer un renouveau stratégique à l'Union européenne, compte tenu de la récente capitulation de Bruxelles face au chantage tarifaire de Trump.
Un nouveau rapport politique français est passé inaperçu de la plupart des analystes géopolitiques, mais il représente un document stratégique fondamental qui pourrait déterminer des changements significatifs dans l'orientation internationale de l'Élysée.
Il s'agit du rapport n°1588 de la Commission des affaires européennes de l'Assemblée nationale française, consacré aux relations entre l'Union européenne et la Chine. Ce document, élaboré avec la contribution de représentants de tous les partis de l'Assemblée, vise à analyser les relations UE-Chine à la lumière du contexte géopolitique actuel et à suggérer des changements dans leur évolution.
La France, l'un des principaux pays de l'UE, aura tout naturellement une influence plus importante sur la politique étrangère du bloc si l'Élysée adopte les recommandations de la commission de l'Assemblée nationale.
Le point de départ du rapport est le constat que les relations entre l'UE et la Chine n'ont jamais été aussi tendues. Si l'UE a initialement salué l'ouverture économique de la Chine dans les années 1970 et cherché à développer ses relations commerciales bilatérales, aujourd'hui, malgré des échanges importants, la diplomatie est ternie par des déclarations hostiles prononcées par des responsables euro-bruxellois à l'égard de Pékin, comme celle qualifiant la Chine de « rival systémique » en 2019.
Le rapport attribue cette position à l'adhésion aveugle de l'Europe à une politique atlantiste dans le Pacifique, dirigée par Washington et servant principalement ses intérêts. Cette politique a été marquée par le « pivot stratégique » vers l'Asie sous le mandat de Barack Obama, approfondi sous le premier mandat de Donald Trump, l'administration de Joe Biden et le second mandat de Trump, qui a lancé une guerre commerciale avec la Chine par le biais de droits de douane élevés. Par exemple, lors d'un sommet tenu en 2021 au Royaume-Uni, l'UE et les nations du G7 ont publié un communiqué ouvertement sinophobe. Alors que les États-Unis, sous le Parti démocrate, entretenaient des relations plus fluides avec l'UE, Biden a orienté Bruxelles de façon à ce que l'UE traite Pékin comme étant un « défi systémique ».
En outre, le rapport souligne la tendance de Bruxelles à adopter un ton moralisateur à l'égard de la Chine sous prétexte de défendre les soi-disant « droits de l'homme ». Il existe également de profondes divisions autour de l'Ukraine et de Taïwan.
Cependant, d'une manière que l'UE n'avait jamais prévue, la Chine a connu une croissance rapide, devenant un acteur mondial incontournable. Bien que 21% des importations européennes proviennent de Chine, le pays n'est plus seulement « l'usine du monde »: il est désormais le plus grand centre de R&D en science et technologie de la planète et le principal moteur du développement mondial des infrastructures grâce à l'initiative « Belt and Road », qui inclut même certains pays de l'UE.
Pour l'UE elle-même, le retour de Trump à la Maison Blanche a été un retour forcé à la réalité.
Le rapport souligne : « Les politiques de l'administration Trump ont marqué une rupture forte avec les fondements du multilatéralisme commercial et diplomatique ». Il souligne comment les États-Unis ont imposé des droits de douane élevés à la Chine et à l'UE, contournant les règles de l'OMC, voire menaçant de quitter ce cadre. Mais ce qui choque vraiment les auteurs, c'est le silence de Bruxelles lorsque Trump a menacé d'annexer le Groenland (territoire danois), sans émettre aucune critique quant à ce projet annexionniste et sans exprimer de la solidarité avec Copenhague. Cela soulève des doutes quant à la possibilité de continuer à considérer les États-Unis comme un « allié » et la Chine comme un « rival ».
À la lumière de toutes ces considérations et d'autres encore, la Commission propose 50 recommandations pour orienter la politique étrangère française et, plus précisément, pour que la France exerce une pression sur la politique étrangère européenne.
Parmi ces dizaines de recommandations, certaines se distinguent par un revirement à 180 degrés par rapport à la politique européenne actuelle envers la Chine.
Sur le plan géopolitique direct, par exemple, la recommandation n°11 propose de remplacer l'actuelle stratégie atlantiste appliquée dans la région indo-pacifique par une coopération avec la Chine; la recommandation n°13 propose de remplacer les institutions financières mondiales actuelles par une structure dans laquelle tous les pays seraient représentés de manière égale; la recommandation n°14, quant à elle, préconise la dédollarisation de l'économie mondiale par la création d'un étalon monétaire commun à l'échelle planétaire, afin de faciliter les échanges et le financement des économies nationales.
L'accent est également mis sur la création d'entreprises mixtes franco-chinoises et d'associations de coopération, en particulier dans les secteurs de haute technologie, comme le montrent les recommandations 6, 34 et 37, ainsi que sur la proposition de promouvoir la langue chinoise dans les écoles françaises et les associations universitaires, comme le montrent les recommandations 46, 48, 49 et 50. Le document est empreint de réalisme et surprend donc à la lumière des décisions contre-productives prises en permanence par Bruxelles dans ses relations extérieures.
Toutefois, compte tenu du leadership eurocratique actuel, incarné par Ursula von der Leyen, il est peu probable que la France puisse imprimer un renouveau stratégique à l'Union européenne, compte tenu de la récente capitulation de Bruxelles face au chantage tarifaire de Trump.
(*) éditeur, analyste géopolitique et politique, écrivain spécialisé dans les questions latino-américaines.
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Deux mondes s'affrontent: les États-Unis assouplissent leurs sanctions, l'UE les renforce
Deux mondes s'affrontent: les États-Unis assouplissent leurs sanctions, l'UE les renforce
Source: https://unzensuriert.de/306897-zwei-welten-treffen-aufein...
Alors que les préparatifs du sommet entre le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine battent leur plein en Alaska, le fossé entre les États-Unis et l'Union européenne ne pourrait être plus profond.
Signaux d'ouverture au dialogue
Washington a suspendu de manière ciblée certaines sanctions afin de permettre aux participants russes de se rendre aux pourparlers. Cette suspension n'est valable que jusqu'au 20 août et concerne exclusivement les activités liées à la rencontre. Les biens bloqués ne seront pas débloqués, mais le signal est clair: les États-Unis misent sur la volonté de dialogue et la flexibilité diplomatique. Trump salue publiquement les efforts de son gouvernement pour mettre fin à la guerre en Ukraine et laisse entrevoir des garanties de sécurité pour Kiev.
L'UE sur la voie de la confrontation
L'UE, en revanche, reste sur la voie de la confrontation. À Bruxelles, on travaille actuellement sur le 19ème paquet de sanctions contre Moscou, qui devrait être adopté en septembre. La ministre des Affaires étrangères, Kaja Kallas, a clairement indiqué qu'aucune concession ne serait faite à la Russie sans un « cessez-le-feu complet et inconditionnel ». La pression sur Moscou doit continuer à s'intensifier, malgré les conséquences économiques parfois lourdes pour les États membres.
Un coup dans le pied
Ces répercussions sont désormais clairement mesurables. En raison de l'autolimitation des importations de gaz bon marché en provenance de Russie, les prix de l'énergie en Europe sont si élevés que l'industrie n'est plus compétitive. Les contre-sanctions russes touchent durement l'Europe, notamment l'agriculture: les producteurs de fruits et légumes, les éleveurs et l'industrie alimentaire souffrent parce qu'ils perdent des opportunités de vente. Rien qu'en Haute-Autriche, les maraîchers ont dû détruire des centaines de tonnes de choux.
Un moyen de pression inutile
Les économistes avertissent que les sanctions européennes n'affaibliront pas de manière décisive la Russie. Au contraire, la Chine profiterait de prix plus bas pour les matières premières, tandis que les produits transformés reviendraient en Europe par des voies détournées et à des prix beaucoup plus élevés. Une politique symbolique au détriment des intérêts stratégiques de l'Europe.
Le sommet de l'Alaska pourrait donc être non seulement un test pour les chances d'un cessez-le-feu, mais aussi le reflet de la capacité à résoudre les conflits: étroitesse d'esprit et obstination d'un côté, diplomatie et flexibilité de l'autre côté de l'Atlantique.
16:07 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, sanctions, états-unis, russie, politique internationale | |
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Alexandre Douguine: La transformation de Trump en néoconservateur
La transformation de Trump en néoconservateur
Alexandre Douguine
Tatiana Ladiaeva : Nous allons continuer à suivre les événements autour des sous-marins nucléaires qui se trouveraient près de la Russie sur ordre du président américain Donald Trump. C'est en tout cas ce qu'il a déclaré lors d'une récente rencontre avec la presse. La zone précise n'est toutefois pas précisée. Je rappelle que cette déclaration a été précédée d'une dispute publique avec le vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev. Selon Trump, Moscou menace désormais ouvertement Washington. Est-ce le cas ? Analysons la situation en détail.
Alexandre Douguine : Oui, malheureusement, l'escalade s'intensifie. Au cours des deux dernières semaines, voire de cette dernière semaine, des changements importants se sont produits.
Trump a en fait complètement renoncé à la ligne qu'il avait annoncée pendant sa campagne électorale et immédiatement après son arrivée au pouvoir. Nous avons analysé méthodiquement son comportement dans l'émission « Escalade ». J'ai surestimé sa cohérence et sa dépendance à l'égard de sa base électorale, pensant qu'il maintiendrait sa position réaliste en matière de relations internationales, ce pour quoi il avait été élu. Mais il s'en est éloigné, non pas par de simples ajustements ou hésitations, mais en changeant complètement de cap. Alex Jones (photo), l'un des plus fidèles partisans de Trump, l'a dit de manière convaincante. Aujourd'hui, ses partisans en parlent : Tucker Carlson, Candace Owens, Jeffrey Sachs, John Mearsheimer — ils avaient placé leurs espoirs dans ses actions, car ses adversaires, les mondialistes et les libéraux, sont le mal que l'Amérique réelle rejette. Mais Trump déçoit non seulement ses adversaires, mais aussi ses partisans. Ses actions deviennent de moins en moins prévisibles pour eux — précisément pour eux, et non pour tous les autres.
Notre analyse doit donc être révisée. Trump agit de manière extrêmement agressive, mettant en œuvre la politique des néoconservateurs, alors qu'il s'y opposait initialement. Les néoconservateurs sont les mêmes mondialistes que les autres mondialistes, mais ils sont plus cyniques, plus francs et plus intransigeants. Si les libéraux de gauche parlent de démocratie mondiale et de coopération multilatérale, les néoconservateurs déclarent : « Quelle coopération ? Nous sommes la principale puissance hégémonique, soumettez-vous ou nous vous détruirons ». C'est le même programme mondialiste, mais sans masque, agressif et cynique. Trump s'est opposé aux néoconservateurs et aux mondialistes de gauche, mais il mène désormais leur politique. C'est ce qui explique l'escalade des tensions avec la Russie. Lorsqu'il est arrivé au pouvoir, il a déclaré : « Ce n'est pas ma guerre, c'est celle des mondialistes – de gauche, de droite, Biden et Crow. C'est la guerre de Biden, je la terminerai. Je sais comment : je vais téléphoner aux Russes, arrêter les livraisons d'armes à l'Ukraine, et nous trouverons une solution avec l'éminent leader souverain de la Russie, Vladimir Poutine ». Il l'avait promis, il comptait dessus, mais les choses se sont passées autrement.
Trump a renoncé à sa stratégie MAGA. Je ne sais pas si certains éléments ont été conservés, mais il semble que non. Il a adopté la position classique des néoconservateurs, revenant à l'approche de Biden : soutien inconditionnel à la junte nazie, volonté d'infliger une défaite stratégique à la Russie, pression par tous les moyens, y compris la menace d'un conflit nucléaire direct avec Moscou. C'était l'argument clé de Trump lors de son arrivée au pouvoir : « Biden a conduit deux grandes puissances au bord de la guerre nucléaire. Nous allons rectifier cela, il y aura la paix, aucune menace nucléaire ». Les Américains ont répondu : « Très bien, nous votons pour vous, nous avons besoin de ce programme ». Trump a tenu bon pendant un certain temps, mais ce que nous voyons en août 2025, c'est la politique de Biden, sur un ton plus franc et cynique.
Tatyana Ladaeva : Se rend-il compte qu'il répète certaines erreurs et certaines mesures de Biden ? Il a toujours souligné à quel point lui et Biden étaient différents et à quel point leurs politiques étaient différentes. Mais regardez-le, ce qu'il dit et ce qu'il fait. « Avec moi, tout sera différent ». Et sur quoi va-t-il mettre l'accent maintenant ?
Alexandre Douguine : Sur Internet, de nombreux messages de partisans et d'opposants de Trump affirment que quelque chose ne va pas dans son état mental. Ils analysent les veines de ses mains, l'expression de ses yeux, la couleur de sa peau. Il n'est pas exclu qu'il ait subi un accident vasculaire cérébral. Il est âgé, en pleine campagne électorale, victime d'attentats — on ne peut exclure certains processus.
Il y a un commandement important dans l'Évangile: ne traite pas quelqu'un d'imbécile. Nos analystes utilisent souvent les mots « imbécile », « débile », « idiot », « sénile », « fou ». Mais l'Évangile l'interdit: en insultant, en humiliant, tu risques de t'attirer cela sur toi-même. Le comportement grossier de Trump envers ses adversaires — peut-être le méritent-ils, peut-être Biden a-t-il vraiment des déficiences liées à l'âge — mais trop insister là-dessus, se frapper la poitrine et déclarer : « Je bois du light et je vivrai éternellement », c'est faire preuve d'une arrogance excessive. Cela pourrait se retourner contre lui.
Quand tout le monde autour de vous est stupide et que vous êtes le seul à être intelligent, vous devenez vous-même victime de cette stratégie. C'est un orgueil démesuré. Trump récolte ce qu'il a semé : il figure sur les listes d'Epstein, mène une politique agressive. Ses propres critiques se retournent contre lui. On ne peut exclure que ce soient des manifestations de démence.
Comme dans « Faust », les rôles s'inversent et on ne sait plus qui est le diable et qui est la victime. Il se passe quelque chose avec Trump. Il s'accroche à son égocentrisme, à son narcissisme, mais cela prend une tournure inquiétante. Ses actions en matière de droits de douane, avec le monde – il distribue des coups, peut donner un coup de pied au visage d'un allié comme l'Inde, en qualifiant son économie de rétrograde.
Nous nous opposons aux Américains en Ukraine, mais l'Inde est un allié clé des États-Unis en Asie du Sud-Est, beaucoup dépend d'elle. Qualifier son économie de nulle alors qu'elle est en pleine croissance est contre-productif. Ses relations avec Lula au Brésil et avec les BRICS sont les mêmes. Il distribue des coups à tout le monde.
L'envoi de sous-marins nucléaires vers nos côtes rappelle un cow-boy dans un saloon qui enfonce la porte, tire sur les siens et les étrangers, brise des bouteilles de whisky. Dans un western, cela peut passer, mais dans la politique mondiale, dans les relations avec une puissance nucléaire, c'est dangereux. Au départ, il avait une idéologie, une stratégie cohérente, mais Trump l'a chiffonnée et jetée à la poubelle avec ses partisans. Il peut repousser tous ceux qui se sont battus pour lui. C'est ce qu'il fait avec l'Europe, la Chine, la Russie. Il a conclu un accord avec la Chine sur des tarifs douaniers insensés, et maintenant il menace à nouveau d'imposer des droits de douane de 100% si la Chine continue d'acheter des ressources russes. C'est peut-être un signe de démence, mais c'est objectif, et c'est plus dangereux que la somnolence de Biden.
Certains analystes américains notent un phénomène de confabulation, un diagnostic dans lequel des troubles mentaux conduisent à remplacer des lacunes dans la conscience par des situations fictives. Une personne peut décrire en détail une conversation téléphonique qui n'a jamais eu lieu. Trump publie des messages et fait des déclarations qui ne correspondent ni aux renseignements ni aux propos de ses conseillers. Il s'agit de confabulation, un mécanisme de défense qui comble les lacunes de la conscience. Ce phénomène est fréquent chez les personnes âgées. Trump comble peut-être ses lacunes mentales avec de tels placebos.
Il s'est offusqué des messages virulents de Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité. Trump considère probablement la Russie comme un pays pauvre et arriéré, mais il perçoit Vladimir Poutine comme une menace sérieuse, un joueur coriace avec lequel il faut négocier. Cependant, lorsque Medvedev s'exprime, Trump est perplexe : « Poutine est poli avec moi, et là, quelle brusquerie ! ». Il lui semble que Poutine est devenu grossier. Il oublie ses « 50 jours », l'ultimatum qu'il nous a lancé, comme à des subordonnés, sans objectif clair. Il a envoyé des sous-marins nucléaires vers nos côtes. Un tel traitement de la Russie et des autres puissances mondiales est le signe d'un désordre. On pourrait mettre cela sur le compte d'une déviation ou d'une démence, mais cet homme a entre les mains le potentiel nucléaire des États-Unis. L'Amérique est une puissance, et le fait qu'elle soit dirigée par un leader partiellement dément est inquiétant. Ses partisans commencent à douter de lui, et cela donne à réfléchir. Son attitude de cow-boy lui a peut-être été utile dans le passé, mais il semble désormais se prendre pour Dieu : il est le seul sujet, tous les autres sont des objets. Lorsqu'ils manifestent leur propre volonté, il se met en colère. C'est une situation dangereuse.
Le mois d'août est un mois sinistre dans l'histoire. On ne peut pas affirmer que tout est perdu et qu'une guerre nucléaire est inévitable, mais sa probabilité augmente. Il faut être prêt à tout. On peut s'attendre à tout de la part de Trump. Si sa rationalité refait surface, c'est une chose ; si elle s'éteint, remplacée par un patch-work de confabulations où il se prend pour Dieu, la situation pourrait devenir catastrophique. Nous devons être extrêmement vigilants. Ce n'est pas une raison pour plaisanter, on ne peut pas balayer cela d'un revers de main en pensant que tout ira bien. Peut-être que tout ira bien, mais peut-être pas. Il faut prendre cela au sérieux.
Tatyana Ladaeva : Permettez-moi de poursuivre un peu sur le thème des relations entre Moscou et Washington, compte tenu de la situation actuelle. Il y a quelques minutes à peine, le Kremlin a publié des commentaires, notamment ceux du porte-parole du président russe, Dmitri Peskov. Il a souligné que Moscou était extrêmement prudente dans ses déclarations sur la question nucléaire et estimait que tout le monde devait aborder ce sujet avec le même sens des responsabilités. Quant aux déclarations de Trump, le Kremlin n'y voit pas d'escalade: il s'agit de sujets sensibles, que beaucoup perçoivent de manière émotionnelle. Cela dit, le Kremlin n'exclut pas la possibilité d'une rencontre entre Poutine et Witkoff cette semaine. La Russie reste attachée à l'idée d'un règlement politique et diplomatique en Ukraine comme voie préférable. Dès le début, je me suis posé deux questions classiques qui se posent dans tout débat : qui est responsable et que faire ? Nous avons déjà répondu à la question « que faire » dans la partie précédente de l'émission. Mais si l'on examine la situation sous l'angle de la responsabilité, en sachant qu'il y a toujours au moins deux parties dans un conflit, pouvons-nous apporter une réponse ?
Alexandre Douguine : Lorsque nous considérions Trump comme un homme politique cohérent et rationnel, désireux de s'éloigner du mondialisme et du pouvoir de l'État profond pour se diriger vers un projet d'Amérique indépendante, souveraine et puissante, nous voyions des perspectives de rapprochement avec nous, des positions communes sur les valeurs traditionnelles entre les États-Unis de Trump et la Russie. Nous voyions des modèles qui auraient pu conduire à une désescalade, si Trump avait été cohérent.
Mais même dans le scénario le plus favorable pour les relations entre l'Amérique de Trump et la Russie de Poutine, il y avait une exception : le conflit ukrainien, la guerre en Ukraine. Du point de vue de la psychologie de Trump, qui a toujours été particulière, cela est devenu une pierre d'achoppement. Dans des conditions acceptables pour Trump, nous ne pouvions en aucun cas mettre fin à ce conflit, quelle que soit la pression exercée. Ce n'est pas négociable. Pour la Russie souveraine, il existe des positions qui ne sont pas négociables, qui ne font pas l'objet d'un compromis. Il s'agit de l'absence d'une Ukraine souveraine, anti-russe et armée en tant qu'entité pro-occidentale et russophobe. Cela était inacceptable pour nous, c'est pourquoi nous avons lancé une opération militaire spéciale. Et c'est la condition pour la cessation des hostilités : l'Ukraine renonce à son adhésion à l'OTAN, à son idéologie hostile à la Russie et réduit son armée à un niveau qui ne représente plus une menace pour nous, sans appartenir à aucun bloc. Nous sommes d'accord avec cela. À partir de là, nous discutons de la manière, du moment et de l'ordre dans lesquels nous passerons à la désescalade. Les frontières ne sont pas si importantes: tout ce qui restera derrière nous restera derrière nous, y compris ce que nous libérerons ou acquerrons. Mais il faut d'abord s'entendre sur le principe.
Pour les États-Unis, ce n'est pas si important, et Trump aurait pu accepter, mais cela aurait suscité une forte pression de la part de l'Union européenne, des mondialistes, des néoconservateurs, bref, de tous ceux qui ne sont pas ses partisans. Ses partisans le voulaient, Trump disait : « Je vais y réfléchir », mais il hésitait entre ses opposants et ses partisans, compte tenu de la position pacifiste de l'électorat MAGA, qui souhaitait mettre fin au soutien à l'Ukraine. Il avait commencé, mais il était déjà clair que cela serait extrêmement difficile. Accepter nos conditions minimales et non négociables était problématique, même pour un Trump sensé, tel qu'il semblait être quelques mois après son arrivée au pouvoir. Maintenant qu'il a abandonné sa stratégie, la situation est devenue beaucoup plus volatile, imprévisible et chaotique.
Qui est responsable ? Auparavant, Trump comprenait que la responsabilité incombait à Biden et aux mondialistes qui avaient déclenché une guerre contre la Russie, laquelle n'augurait rien de bon. Il disait : « Je vais y mettre fin ». De bonnes intentions : la guerre a été déclenchée par des forces maléfiques, il n'y a aucune perspective, ce n'est pas une guerre américaine, je veux y mettre fin. C'est sur cela que reposait la bonne volonté du président américain, soutenue par Moscou, Poutine, les négociations avec Trump, les échanges avec Witkoff, qui était venu, la préparation de la rencontre en Arabie saoudite. Tout allait bien, mais soudain, Trump a brusquement changé de cap, perdant rapidement le contact avec ce qu'il avait proclamé. Maintenant, qui est responsable, ce n'est pas clair.
Notre position reste la même, dans le même esprit. Les paroles pacifiques de Peskov sont sincères, il n'embellit pas la situation, mais la décrit telle qu'elle est. La Russie est attachée à son plan de victoire et à l'accomplissement des missions de ses forces armées. Sur cette base, nous sommes prêts à prendre des mesures pour nous rapprocher des États-Unis. De plus, il existe de nombreux sujets que nous pourrions discuter avec les États-Unis en dehors du cadre ukrainien avec beaucoup de succès et des résultats constructifs. Trump sacrifie sa stratégie, sa base électorale, ses promesses, ses intérêts. C'est pourquoi je pense que l'escalade actuelle est à blâmer. Nous ne la voulons pas, mais si quelqu'un nous déclare la guerre, nous ne pouvons pas répéter que nous ne voulons pas la guerre. Nous voulons la victoire. Dire « nous ne voulons pas la guerre » alors qu'elle est en cours revient à reconnaître notre défaite, et nous ne l'acceptons pas. Nous en sommes loin, et cela n'arrivera jamais. C'est un moment grave.
Nous sommes peut-être à l'aube d'une troisième guerre mondiale, peut-être nucléaire. Tout le monde veut l'éviter. Quand la propension à maintenir la paix s'épuise, il faut agir avec détermination. L'escalade est une chose dangereuse, car les doctrines nucléaires de la Russie et des États-Unis prévoient la notion de frappe préventive. Si une partie estime que l'autre va certainement lancer une frappe nucléaire, il faut appuyer sur le bouton en premier. Mais que signifie « sait qu'elle va certainement lancer » ? Imaginez : la personne qui doit prendre la décision reçoit des informations sur une frappe imminente, et à ce moment-là, elle commence à perdre la raison, à confondre la réalité et la fiction, à perdre ses repères mentaux.
Une image tirée d'un film d'action, d'un western ou d'un film Marvel apparaît, où il « reçoit » cette information. Le décalage entre la réalité et les pensées de Trump devient inquiétant. Il peut ne pas recevoir le briefing des services de renseignement, mais « s'en souvenir » dans sa tête. Nous sommes dans une situation où il est question d'une frappe préventive.
Nos dirigeants sont tout à fait sensés et responsables, ce qui a été prouvé à maintes reprises. Nous soutenons Poutine parce que nous sommes convaincus de sa rationalité, de sa logique claire, de la déclaration de ses intentions, de ses méthodes et de son évaluation précise du coût des actions. Mais à l'autre bout, la situation est différente. Nous pouvons agir de manière rationnelle et pacifique, mais là-bas, c'est irrationnel, émotionnel, agressif, spontané. Les signes inquiétants se multiplient de ce côté-là.
Avec Biden, dont l'hostilité était prévisible, la situation était plus ou moins claire. Mais que fera Trump ? Ni ses partisans, ni ses adversaires, ni nous-mêmes ne le savons. C'est un signal inquiétant. Ce n'est pas que Trump soit un méchant, mais la perte de ses capacités cognitives dans une escalade aussi tendue est extrêmement dangereuse. Comment y faire face ? Nous avons des moyens, mais ils sont limités. Nous ne dirigeons pas les États-Unis, ils sont un sujet souverain. Comment faire passer notre message ? On peut reprocher à Medvedev ses messages virulents, mais le faire pourrait donner à Trump l'impression que nous sommes ses subordonnés, qu'il peut simplement prendre par les oreilles.
Tatyana Ladaeva : Revenons aux commentaires très pertinents, mesurés et calmes de Vladimir Poutine. Vendredi dernier, il a rencontré le président biélorusse Alexandre Loukachenko à Valaam. Il a notamment déclaré : « La déception vient des attentes excessives ». Il me semble que c'était une allusion à Trump, à ses déceptions constantes envers la Russie et Vladimir Poutine personnellement. Pourquoi avoir choisi cet endroit, cette île ? Y a-t-il selon vous une symbolique ?
Alexandre Douguine : Tout d'abord, c'est là que se trouve l'ancien monastère russe de Valaam, que l'on appelle le Mont Athos du Nord. C'est le cœur du monachisme orthodoxe. Le Mont Athos du Nord est la plus haute destination spirituelle. C'est notre grand monastère (photo), où se concentrent les traditions spirituelles de notre peuple. C'est très important.
Poutine montre qu'il parle au nom de toute l'humanité orthodoxe, de la civilisation orthodoxe. Les valeurs sacrées sont importantes pour lui. Regardez comment, imprégné de l'esprit de ce lieu ancien et pieux, il s'est entretenu avec humilité et bienveillance avec Loukachenko, comment il semblait, comment le vent agitait les branches derrière le banc où les deux grands leaders slaves orientaux étaient assis en chemise après la messe, parlant de la grandeur de notre armée, du héros russe.
Dans le sanctuaire de Valaam, à Smolensk, où Loukachenko et Poutine se sont tenus debout et ont prié, se trouve notre principal temple des forces armées, un petit temple où les moines honorent la mémoire des soldats tombés au combat. Ce n'est pas un lieu fastueux, bruyant ou riche, mais un lieu riche en esprit, en pureté, en silence, en concentration monastique et en contact direct avec les armées des martyrs russes, des héros russes.
Je me suis moi-même rendu au sanctuaire de Smolensk, c'est un lieu sacré. Nos deux dirigeants l'ont choisi pour un entretien afin de parler des questions fondamentales de la politique mondiale. Ce n'est pas un hasard, car tout ce que font Poutine et Loukachenko, ils le mettent en relation avec la logique de l'histoire russe, avec l'esprit, avec Dieu. Ils essaient de comprendre ce que Dieu attend de nous, du peuple russe, comment nous en sommes arrivés là, ce que nous devons faire.
C'est une ouverture, contrairement à l'orgueil satanique de Trump, et cela crée une atmosphère complètement différente. Les grands dirigeants écoutent ce que Dieu veut, et non ce qu'ils veulent, et parlent au monde, à l'humanité, à partir de ce discours subtil, à peine audible, qu'ils essaient de saisir au sanctuaire de Smolensk, à Valaam. La vie des moines, la vie du monastère, c'est le silence, l'élément, le silence qui permet à l'humanité de se taire et à Dieu de parler à travers nos cœurs, nos âmes. L'état d'esprit de Poutine et de Loukachenko, les formules dans lesquelles ils ont habillé leurs opinions, témoignent de cette attitude de prière de nos dirigeants. De nombreux grands princes, vainqueurs de guerres difficiles, ont pris les traits monastiques avant leur mort : ils sont forts et fiers devant les hommes, mais humbles et obéissants devant Dieu.
Poutine nous a transmis ce message, à nous et au monde entier. Il dresse le tableau de ce moment sinistre et inquiétant de notre histoire, où il y a des gens qui écoutent la volonté de Dieu, qui sont humbles, qui accomplissent leur devoir, qui s'appuient sur la tradition, la responsabilité, le souci des autres, et où il y a ceux qui sont leur contraire, même sur le plan esthétique.
J'ai beaucoup aimé cette image : Poutine, un homme mûr et sage, au visage simple et bon, assis et réfléchissant très sérieusement au sort du monde, pesant chaque mot, à côté de lui son plus proche allié, Alexandre Grigorievitch Loukachenko. C'est un pôle d'esprit, de lumière dans la situation actuelle. Nous nous reconnaissons dans ces dirigeants qui ne sont ni menaçants, ni agressifs, ni narcissiques. Nous voyons en eux la volonté concentrée qui anime notre histoire.
Tatyana Ladaeva : Nous continuons de recevoir de nombreuses questions et messages, tous concernant Trump. Beaucoup de gens ne comprennent pas et cherchent des réponses. Voici, par exemple, ce qu'écrit un certain Alexandre, de Belgorod : « Peut-être que les choses iront vraiment mal aux États-Unis dans un avenir proche et que Trump essaie simplement de semer la confusion avec sa rhétorique ? » Ce message a été posté sous notre vidéo sur YouTube. Il me semble que Trump n'avait pas dès le départ de plan précis pour mettre fin à la guerre. Il voulait en finir d'une manière ou d'une autre, mais il n'y arrive pas, alors il est en colère. Compte tenu de l'instabilité de son discours, il est très difficile de faire des prévisions. Avons-nous quelque chose à ajouter ?
Alexandre Douguine : Nos auditeurs évaluent très justement la situation, et pas seulement parce que nous en parlons. Ils sont capables d'analyser eux-mêmes la situation mondiale, en saisissant globalement l'essentiel.
À présent, l'essentiel est de comprendre que, comme le disent les personnes spirituelles, de nombreuses guerres ont lieu pour nous rappeler l'existence de Dieu. Les tragédies et les catastrophes surviennent pour nous montrer qu'il existe quelque chose de plus grand que les êtres humains et leurs besoins quotidiens : les valeurs, l'esprit, Dieu, l'immortalité, la résurrection, l'Église, la foi, les rites. Quand tout va bien, nous l'oublions. Mais lorsque deux sous-marins nucléaires, envoyés par un homme politique imprévisible à la psyché instable, approchent de nos côtes, il est temps de se demander : qu'est-ce que notre vie, notre pays, notre histoire ?
Il y a une chanson de Roman Neumoyev, interprétée par Egor Letov dans l'album « Instructions pour survivre », qui s'intitule « Et le monde a une heure avant minuit ». Il faut vivre comme s'il ne restait qu'une heure avant minuit, en étant conscient que nous sommes face à l'éternité et que nous devons répondre de tout. Nous ne sommes pas maîtres des événements mondiaux, mais nous pouvons influencer notre vie, notre repentir, nos relations avec nos proches, nos décisions morales. Si le sentiment que « l'heure de minuit approche » s'éveille en nous en raison de la situation géopolitique et stratégique difficile, c'est peut-être là que réside le dessein. Si nous reprenons nos esprits, si nous nous réveillons, si nous prenons conscience, peut-être que le Seigneur aura pitié de nous et nous épargnera cette épreuve. Ou peut-être pas. Qui sait ? Tout est entre les mains de Dieu. Il faut comprendre qu'il existe des forces bien plus élevées et plus fondamentales que nous, les êtres humains.
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mercredi, 20 août 2025
Le monde selon le mode russe et la Pax Americana
Le monde selon le mode russe et la Pax Americana
Leonid Savin
La visite à Moscou du représentant spécial du président américain Steve Witkoff et les déclarations officielles concernant la rencontre prévue entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump pour discuter du règlement du conflit en Ukraine soulèvent à nouveau la question d'une éventuelle cessation des hostilités et du lancement d'un processus de paix, si les conditions conviennent à toutes les parties.
Bien que l'on parle de paix, des connotations contradictoires et des questions supplémentaires apparaissent. Les objectifs de l'opération militaire spéciale annoncés par les dirigeants russes seront-ils atteints ? Le cessez-le-feu prévu affaiblira-t-il la Russie ou, au contraire, lui offrira-t-il de nouvelles possibilités de défendre ses intérêts ? Qu'adviendra-t-il des sanctions ?
La réunion à venir et les négociations éventuelles se déroulent dans un contexte d'expansion de la zone de contrôle russe sur la ligne de contact, de sorte que les craintes d'un échec du succès militaro-politique par le biais de décisions diplomatiques sont tout à fait plausibles. Les précédents historiques des guerres russo-ottomanes et, en particulier, la politique perfide de la Grande-Bretagne, puis des États-Unis, rendent ce risque assez élevé.
Mais avant tout, lorsque l'on réfléchit à la paix, il faut tenir compte du fait que nous la comprenons quelque peu différemment que l'entendent, disons, les représentants de la culture anglo-saxonne. Un détour par l'étymologie est important pour comprendre ce à quoi nous aurons affaire par la suite.
Dans la langue russe moderne, le mot « mir » a deux significations. Il désigne 1) l'espace qui nous entoure, c'est-à-dire la planète Terre, et 2) l'état de paix et d'harmonie. En sciences politiques, on utilise souvent le terme latin Pax, dont est dérivé le mot anglais Peace. Le plus souvent, le mot Pax est utilisé avec un adjectif, par exemple dans l'expression Pax Britannica, qui décrivait la puissance de l'Empire britannique et l'existence de ses colonies à travers le monde. La Pax Americana, c'est-à-dire la paix à l'américaine, est apparu dans la seconde moitié du 20ème siècle, lorsque la Grande-Bretagne, pour diverses raisons, n'a plus été en mesure d'exercer sa domination mondiale et que ses colonies ont commencé à se séparer les unes après les autres dans différentes parties du monde. Mais dans le dictionnaire latin-russe classique (édité par Dvoretsky), le mot Pax est donné dans un sens plus large, appliqué à l'Antiquité. Il existait alors la Pax Romana, décrite comme « la partie du monde pacifiée par les conquêtes romaines, c'est-à-dire par l'Empire romain, l'Imperium romanum ».
Donc, l'Imperium n'est pas simplement un état de paix et d'harmonie. D'abord, c'est le résultat des actions de l'acteur politique qui instaure cet Imperium. Ça peut être fait par la force des armes ou par la persuasion, mais la « pacification » en soi implique qu'elle n'a pas été réalisée de plein gré par ceux à qui s'applique cet ordre mondial. Deuxièmement, il s'agit de contours territoriaux bien définis. La Pax Romana s'étendait sur la région méditerranéenne, la Gaule et la Bretagne, mais la Scythie, la Perse et, a fortiori, l'Inde et la Chine, plus lointaines, n'ont jamais été soumises à l'autorité de Rome.
Au 21ème siècle, les réalités sont différentes. Si quelqu'un ne peut être « pacifié » par la force des armes, on aura très probablement recours à des instruments économiques, à l'influence culturelle, ainsi qu'aux services d'une tierce partie, qu'il s'agisse d'un organe supranational ou d'une organisation internationale influente. Il semble qu'un tel scénario d'Imperium, selon lequel certaines restrictions seraient imposées à la Russie, pourrait se réaliser aujourd'hui. Il s'agirait en quelque sorte d'une version de la Pax Americana qui s'approcherait de nos frontières (compte tenu des informations préliminaires selon lesquelles les États-Unis ont refusé de garantir que l'Ukraine n'adhérerait pas à l'OTAN).
Voilà donc une option, la pire pour la Russie. Quelles autres versions de l'apaisement actuel sont possibles ? Bien que Zelensky affirme également sans cesse la nécessité d'établir la paix, il est tout à fait évident que ce processus n'a pas grand-chose à voir avec l'Ukraine, car celle-ci n'est pas un sujet souverain. On peut également parler, avec beaucoup de bonne volonté, d'une Pax Europaea, car les principaux acteurs du processus de négociation sont la Russie et les États-Unis.
Si un partage des sphères d'influence sur le territoire ukrainien a lieu, comme ce fut le cas lors de la conférence de Potsdam, deux ordres mondiaux – américain et russe – se côtoieront et disposeront peut-être d'une zone tampon. Comme à l'époque de la bipolarité; à cette époque-là, cependant, la frontière se trouvait beaucoup plus à l'ouest. La question cruciale et urgente sera alors de savoir où passera exactement la ligne de démarcation. Suivra-t-elle les frontières administratives et territoriales ? Le Dniepr (compte tenu du retrait des forces armées ukrainiennes de la partie occupée de la région de Kherson) ? Ou la Pax Russica s'étendra-t-elle beaucoup plus à l'ouest, où se trouvent les terres historiques du monde russe ?
Il convient de souligner que la Pax Russica est plus qu'une zone de contrôle militaire et politique de Moscou. Il s'agit d'un espace culturel et historique, d'une zone d'activité commerciale et économique, et d'un espace de liberté, sans entraves, pour les compatriotes vivant dans d'autres États. Cependant, d'un point de vue étymologique, la Russie mène actuellement une politique d'apaisement par la voie militaire à travers ses forces armées.
D'un point de vue géographique plus large et dans une perspective stratégique à long terme, la nuance suivante est importante. Tant que la Pax Americana règne en Europe (ce qui est évident dans le contexte actuel de l'UE et de l'OTAN), la Pax Russica ne pourra pas se transformer en Pax Eurasiatica, même avec la participation active des autres membres de l'UEE et l'adhésion de l'Inde, de la Chine et de l'Iran avec leur propre vision de la Pax, qui peuvent coexister de manière organique dans le cadre de l'Ordo Pluriversalis, un ordre géopolitique multipolaire. Il est donc nécessaire d'établir des bases solides (garanties, respect des exigences, communication des positions impératives) non seulement pour la mise en œuvre adéquate de la Pax Russica, mais aussi pour créer un terrain favorable à la future Pax Eurasiatica, qui implique évidemment la disparition du régime transatlantique, à travers lequel la Pax Americana continue d'exercer son hégémonie dans la péninsule occidentale de l'Eurasie.
19:50 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, pax americana, pax russica, politique internationale | |
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L'Europe bascule en marge de la politique mondiale
L'Europe bascule en marge de la politique mondiale
Elena Fritz
(Facebook)
Les États-Unis peuvent se permettre un ordre multipolaire. Même sans alliés, ils restent une puissance mondiale grâce à leurs ressources, leur population, leur armée et leur influence internationale.
L'Europe, en revanche, a principalement dû son rôle dans la politique mondiale ces dernières décennies à son statut de « partenaire privilégié » de la superpuissance américaine. Tant qu'il y avait unipolarité, l'Europe était importante. Mais dans un monde multipolaire, elle n'est plus qu'un acteur secondaire, dépassé par ses concurrents.
C'est précisément pour cette raison que l'idée que Washington, sous Trump, négocie avec la Russie et tienne compte de ses intérêts est un cauchemar pour l'Europe. Un monde dans lequel les États-Unis renonceraient à leur toute-puissance ferait automatiquement sortir l'Europe de la première division en politique internationale.
À court terme, déléguer la sécurité aux États-Unis consistait à se donner une position confortable: moins de dépenses militaires, des normes sociales plus élevées. Mais la guerre en Ukraine a montré le revers de la médaille :
- Avec les États-Unis à ses côtés, l'Europe n'est qu'une marionnette.
- Sans eux, il ne reste qu'un conglomérat d'États inquiets qui réclament des garanties dans la panique.
La leçon fondamentale de la politique internationale :
- Ceux qui ne financent pas leur propre armée financeront celle d'un autre – dans le cas de l'Europe, celle des États-Unis. Et au final, on paie le triple du prix.
13:46 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, europe, affaires européennes | |
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mardi, 19 août 2025
Sous la pression des États-Unis, Zelensky devrait signer un accord de paix, convoquer de nouvelles élections et quitter la scène politique
Sous la pression des États-Unis, Zelensky devrait signer un accord de paix, convoquer de nouvelles élections et quitter la scène politique
Source: https://www.unser-mitteleuropa.com/174221
Selon une information qui circule actuellement, Zelensky devrait être poussé, lors de sa visite à Washington, à signer un accord de paix. Pour cela, il devra toutefois convoquer des élections en Ukraine et démissionner de ses fonctions politiques. C'est du moins ce que rapporte le politologue ukrainien Vladislav Olentschenko dans l'émission de la journaliste Natalia Moseichuk.
"Lundi, Zelensky se verra proposer de signer un accord de paix global et de convoquer des élections en Ukraine – pour la paix. En contrepartie, on lui promet les garanties suivantes: une sécurité totale pour lui-même et les membres de sa famille, la conservation de son capital et même la possibilité de devenir réalisateur à Hollywood. Ils essaient de l'« acheter » et de le convaincre qu'il n'y a pas d'autre issue".
– selon Olentschenko.
Cela devrait donc empêcher Zelensky de participer aux nouvelles élections.
Pourquoi participerait-il aux élections ? Il les perdrait de toute façon. Ils lui diront : « Tu es fatigué, il est temps de te reposer ». Quelles sont les possibilités ? Quel type de politique ? Après tout, tu n'es venu que pour une courte période, et c'est ce qui s'est passé. Ils n'ont plus besoin de toi. Tu as déjà tout fait, accepte-le, tout ira bien... »
Sommet Trump-Poutine-Zelensky dans quelques jours déjà ?
Comme on le sait, Zelensky se rendra aujourd'hui lundi chez le président américain Donald Trump pour discuter des conditions de Poutine pour un accord de paix.
Selon les médias occidentaux, un sommet tripartite entre Zelensky, Trump et Poutine pourrait avoir lieu dès le 22 août. Trump ne commencerait toutefois les préparatifs que si les discussions préliminaires avec Zelensky, qui se déroulent aujourd'hui lundi, aboutissent dans le sens souhaité par la Russie et les États-Unis.
Zelensky bientôt de l'histoire ancienne ?
D'autres analyses d'experts indiquent également que Zelensky serait sur le point de renoncer à la présidence ukrainienne. Et le nouveau chef de l'État ukrainien accepterait alors probablement des conditions de paix avec la Russie qui étaient auparavant inacceptables pour Zelensky. Sa démission serait donc une mesure attendue depuis longtemps et sans surprise, comme l'a mentionné David Mauricio Castrillon Kerrigan, expert en politique internationale à l'université colombienne Externado, à l'agence russe « RIA Novosti ».
Et d'ajouter :
"Il ne serait pas surprenant que Zelensky, à l'issue de ces rencontres, quitte son poste pour laisser la direction du pays à une autre personnalité. Et ainsi, avec une nouvelle image, accepter les conditions qui sont aujourd'hui inacceptables pour lui. Cela pourrait être politiquement judicieux pour toutes les parties et permettre à l'Ukraine d'accepter une décision coordonnée qui stabiliserait la situation sous la pression des États-Unis".
– selon Castrillon. (vadhajtasok)
Le Maure Zelensky a-t-il fait son devoir ?
Pour l'ancien comédien, ce serait l'un des moments les plus amers de sa vie: il aurait rempli son rôle de marionnette au service de l'État belliciste et se retrouverait là où il réussissait le mieux: caché, jouant du piano avec ses parties intimes, comédien de bas étage...
12:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, europe, ukraine, volodymir zelenski, politique internationale | |
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lundi, 18 août 2025
Trump accélère et élargit le découplage
Trump accélère et élargit le découplage
Leonid Savin
La décision de la Maison Blanche d'imposer des droits de douane à de nombreux pays d'Europe, d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine a eu un double effet. Certains ont accepté les nouvelles conditions avec toutefois certaines réserves, confirmant ainsi leur statut de satellite et de client des États-Unis. D'autres se sont indignés à juste titre de cette forme de néocolonialisme, et les plus fervents partisans du second camp ont déclaré être prêts à défendre leurs propres intérêts et à affirmer leur souveraineté, notamment par des mesures de rétorsion à l'encontre des États-Unis.
Deux d'entre eux sont des géants économiques et sont membres du Groupe BRICS: l'Inde et le Brésil. Si Washington a temporairement convenu avec la Chine, dont l'économie dépend clairement des États-Unis, de ne pas appliquer de sanctions sévères (auxquelles Pékin inclut sans aucun doute les nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump), la situation est quelque peu différente dans le cas de ces deux pays. Et, selon toute vraisemblance, cette politique peu clairvoyante des États-Unis poussera Brasilia et New Delhi à prendre rapidement leurs distances avec leur récent partenaire dans les domaines les plus divers.
Dans le cas de l'Inde, les conditions imposées par les États-Unis se concentraient sur l'exigence de renoncer à l'achat de pétrole russe, ce que la partie indienne a judicieusement jugé irréalisable et a protesté.
Le 4 août, le gouvernement indien a publié une déclaration indiquant que « l'Inde a subi des pressions de la part des États-Unis et de l'UE pour acheter du pétrole russe... Alors qu'en réalité, l'Inde a commencé ces importations en provenance de Russie parce que les chaînes d'approvisionnement traditionnelles ont été rompues et redirigées vers l'Europe. Dans le même temps, les États-Unis ont activement soutenu les importations indiennes afin de renforcer la stabilité des marchés énergétiques mondiaux... Il est apparu que tous les États qui critiquaient l'Inde commerçaient eux-mêmes avec la Russie... En 2024, le commerce bilatéral entre l'UE et la Russie s'élevait à 67,5 milliards d'euros... Le commerce entre la Russie et l'UE comprend non seulement les ressources énergétiques, mais aussi les engrais, les minéraux, les produits chimiques, le fer et l'acier, les machines et les équipements de transport. Les États-Unis continuent d'importer de Russie de l'hexafluorure d'uranium pour leur industrie nucléaire, du palladium pour leur radioélectronique, des engrais et des produits chimiques... Les accusations portées contre l'Inde sont donc injustes et sans fondement. Comme toute grande économie, l'Inde prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts économiques et sa sécurité économique. »
Le 6 août, Trump a tout de même imposé des droits de douane de 25 % sur les produits indiens.
Il convient de noter que, relativement récemment, Apple a transféré sa production de smartphones de Chine vers l'Inde, ce qui a considérablement réduit le flux de gadgets en provenance de Chine vers les États-Unis, mais a augmenté le volume en provenance de l'Inde. Désormais, les consommateurs américains devront probablement payer plus cher, car le prix final inclura les nouveaux droits de douane. Il en va de même pour les autres produits expédiés de l'Inde vers les États-Unis, des médicaments (y compris les génériques) et l'électronique aux biens de consommation. Les exportations indiennes vers les États-Unis s'élèvent au total à environ 90 milliards de dollars par an. Leur réduction significative, qui est inévitable, obligera l'Inde à rechercher d'autres marchés, probablement en mettant l'accent sur les pays de la région afin de simplifier la logistique. Cependant, les consommateurs américains ressentiront très prochainement une hausse des prix ou une pénurie de produits indiens.
Au niveau politique, cela donne à l'administration de Narendra Modi, qui se présentait comme un ami personnel de Donald Trump, une raison de revoir d'autres accords avec les États-Unis, y compris le partenariat militaire – l'Inde est membre de l'alliance Quad, qui comprend également le Japon, l'Australie et les États-Unis. Les accords précédents dans le domaine des technologies critiques et de la coopération scientifique, qui avaient été annoncés en grande pompe, pourraient également être gelés.
L'Inde a déjà annoncé qu'elle renonçait à l'achat d'avions de combat polyvalents américains et qu'elle envisagerait très probablement une alternative russe, d'autant plus qu'elle a une longue expérience de coopération avec Moscou dans le domaine militaro-technique depuis l'époque de l'URSS. D'ailleurs, la Russie et l'Inde ont rapidement signé un nouveau paquet d'accords de coopération technique, ce qui témoigne de leur capacité à réagir rapidement à des mesures indésirables de la part de tiers. En outre, l'Inde a renoncé à acheter un lot supplémentaire de six drones lourds Boeing P-8A, l'annonçant ostensiblement dès l'introduction des droits de douane.
Mais surtout, la politique de la Maison Blanche pourrait modifier l'équilibre géopolitique en Asie du Sud. Washington ayant toujours considéré l'Inde comme un instrument pour contenir la Chine (et compte tenu de la taille et de la puissance de ce pays, il s'agissait d'un théâtre d'opérations opérationnel et stratégique), les relations entre les deux pays pourraient désormais se réchauffer sensiblement. Le Premier ministre Narendra Modi a déjà annoncé qu'il participerait personnellement au sommet de l'OCS en Chine le 31 août, où de nouveaux plans d'action pourraient être convenus pour coordonner les efforts conjoints de l'Inde et de la Chine (ainsi que de la Russie et d'autres membres de l'organisation) face à la pression américaine.
En Brésil, la situation est tout aussi intéressante et assez tendue.
Au sujet des nouveaux droits de douane, le président du pays, Luiz Inácio Lula da Silva, a déclaré qu'il existait une option concernant les métaux rares dans les relations avec les États-Unis, qui pourrait être utilisée dans les négociations. Dans d'autres déclarations, il a souligné que Washington n'effraierait pas le Brésil, car celui-ci commerce avec de nombreux pays. Mais le 4 août, il a vivement accusé les États-Unis de tenter d'organiser un coup d'État et a déclaré qu'il fallait trouver une alternative au dollar dans le commerce mondial.
Parallèlement aux discussions sur les nouveaux droits de douane, les États-Unis et l'UE ont imposé des sanctions contre le juge de la Cour suprême brésilienne Alexandre de Moraes et son épouse, bloquant leurs comptes bancaires en Europe. Cette mesure a été prise dans le cadre de la loi dite « Magnitsky ». Washington voulait ainsi faire pression sur le Brésil dans l'affaire de l'ancien président Jair Bolsonaro, qui a été assigné à résidence et dont les téléphones portables ont été confisqués. En réponse, les États-Unis ont imposé une nouvelle interdiction, retirant les visas de tous les membres de la Cour suprême brésilienne. Le site web du président américain a également publié un message faisant état de menaces présumées de la Brésil à l'encontre des États-Unis (un message similaire a été publié à propos de la Russie).
Dans le même temps, Lula da Silva a déclaré que les entreprises technologiques américaines ne pourraient plus travailler au Brésil si elles ne respectaient pas la législation de leur pays. La référence est plus qu'évidente.
Il est révélateur que, dans ce contexte, la compagnie aérienne brésilienne GOL ait annoncé le lancement de vols réguliers entre São Paulo et Caracas, malgré les sanctions américaines contre le Venezuela et les restrictions précédemment imposées à son voisin.
Enfin, Lula a déclaré que les pays du BRICS devaient élaborer conjointement une stratégie pour contrer les mesures unilatérales des États-Unis afin de protéger leurs intérêts.
Une telle coopération reflétera sans aucun doute l'esprit de multipolarité et démontrera une véritable ouverture dans le commerce et la coopération économique entre les pays et les régions, contrairement aux tentatives grossières des États-Unis de rétablir leur hégémonie unipolaire, si ce n'est par la force militaire, alors par des mécanismes géoéconomiques, ce qui équivaut à une guerre par d'autres moyens.
17:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : donald trump, tarifs douaniers, brics, brésil, inde, politique internationale | |
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samedi, 16 août 2025
Il n'y a pas de place en Alaska pour les folies «européistes»
Il n'y a pas de place en Alaska pour les folies «européistes»
par la rédaction de Contropiano
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31062-reda...
Il n'y a rien de plus compliqué que les négociations pour mettre fin à une guerre, à moins que l'une des deux parties n'ait atteint une situation écrasante sur le terrain. Ce qui n'est certainement pas le cas, dans le conflit en Ukraine, pour l'alliance occidentale qui soutient Kiev, mais pas non plus pour Moscou, qui semble pourtant avoir un avantage stratégique très important.
Le sommet désormais imminent entre Poutine et Trump en Alaska, comme nous l'avons déjà dit, ne peut avoir lieu que parce que – sans qu'aucun contenu concret sur un éventuel accord n'ait été révélé – les deux principales diplomaties ont manifestement obtenu des résultats suffisants pour garantir que la rencontre entre les deux présidents puisse être présentée comme un « succès ». Sinon, elle n'aurait même pas lieu...
D'autres complications viennent de la qualité médiocre des négociateurs américains – le principal responsable, Witkoff, est un milliardaire de l'immobilier qui n'a aucune expérience de la diplomatie institutionnelle – et donc de la possibilité que cette partie ne comprenne pas pleinement les conséquences concrètes de ce qui est discuté.
C'est l'hypothèse avancée par exemple par le journal allemand Bild, très « gouvernemental », selon laquelle Witkoff aurait échangé la proposition de « retrait pacifique » des troupes ukrainiennes des parties des oblasts de Kherson et de Zaporizha encore sous leur contrôle (environ un quart des deux territoires) contre le retrait unilatéral de l'armée russe des deux régions, qui a certainement coûté très cher en termes de moyens, d'hommes et d'investissements.
Un « quiproquo » de cette ampleur scellerait évidemment l'échec complet du rendez-vous. Mais c'est précisément pour cette raison – si tout le monde le sait dans les rédactions, tout le monde le sait aussi à Washington et à Moscou – que le fait que la rencontre ait lieu semble garantir que ce sont les Allemands, et donc tous les petits nains européens, qui ont mal compris (ou espéré pire).
Qui, bien sûr, s'agitent beaucoup en ce moment pour obtenir une place dans les négociations, tant pour eux-mêmes que pour leur protégé Zelensky, en alignant des phrases gonflées de rhétorique apparemment pleine de bon sens mais pratiquement dénuées de fondement (« Il ne peut y avoir de processus de paix sans l'Ukraine », « Non à la modification des frontières de Kiev par la force », et ainsi de suite...).
Nous parlons ici de négociations « entre États », et non d'un conflit social ou d'une guerre révolutionnaire, où, outre les « intérêts », les « valeurs » entrent également en jeu. Et à ce niveau, les choses se passent malheureusement ainsi : on met fin à une guerre par une négociation qui prévoit pour les perdants la cession de territoires (surtout s'ils sont habités par des populations de nationalité et de langue différentes), des accords exigibles et contrôlables pour garantir la « sécurité » mutuelle et tout ce qui sera mis sur la table.
La situation sur le terrain ne laisse pas beaucoup de place à l'imagination: la Russie a l'avantage et chaque jour qui passe, cet avantage s'accroît, plus rapidement qu'auparavant.
Pour la population ukrainienne également, la situation est telle qu'elle renverse complètement les orientations qui prévalaient au début du conflit: dans le dernier sondage Gallup, réalisé début juillet 2025, 69% des personnes interrogées se déclarent favorables à une fin négociée de la guerre dès que possible, contre 24% qui soutiennent la poursuite des combats jusqu'à la victoire.
Cela marque un revirement presque total par rapport à 2022, où 73% étaient favorables à ce que l'Ukraine combatte jusqu'à la victoire et 22% préféraient que l'Ukraine cherche une issue négociée dès que possible. Mais surtout, cela indique que le temps dont dispose la junte Zelensky pour parvenir à la paix est désormais très court. Aucune armée ne peut soutenir une guerre si le peuple veut le contraire...
Néanmoins, tant Zelensky que l'Union européenne semblent vouloir faire obstacle à une négociation qui les exclut explicitement, tant en termes de participation que de «lieu» (pour se rencontrer en Alaska, Poutine et Trump n'ont pas besoin de survoler des territoires «neutres» ou hostiles, et n'ont donc pas besoin de «demander la permission»).
Si nous devions analyser les déclarations tonitruantes, comme le font nos médias, nous devrions dire que « les négociations ne peuvent aboutir à aucun résultat ». Mais comme nous préférons utiliser la logique et la connaissance, nous arrivons à une conclusion opposée, même s'il n'est évidemment pas certain que ces négociations produiront des résultats satisfaisants à court terme.
Il y a au moins deux problèmes principaux.
1) L'Ukraine est militairement, économiquement et politiquement en ruine. Même Zelensky est désormais explicitement remis en question et des remplaçants potentiels se profilent (Zaluzhny semble être en pole position). Toutes les alternatives politiques, à l'exception des néonazis « purs et durs », sont prêtes à signer la paix, même avec des pertes territoriales importantes.
2) L'Union européenne et la Grande-Bretagne ont jusqu'à présent choisi la voie de la poursuite de la guerre jusqu'au bout. En proie à un délire de toute-puissance, elles sont allées jusqu'à déclarer noir sur blanc qu'un « cessez-le-feu » (celui-là même qu'elles posaient encore hier comme condition préalable à tout dialogue) était nécessaire pour permettre à l'OTAN non seulement de reconstituer les réserves d'armes pour Kiev, mais aussi d'envoyer des troupes européennes en Ukraine.
Il s'agit en fait d'un suicide politique, avant même d'être militaire, car empêcher la présence de tout contingent de l'OTAN en Ukraine – tout comme l'adhésion de Kiev à l'alliance – est précisément l'une des raisons de la guerre, au point que la « neutralité » stratégique de l'Ukraine future fait partie des conditions que la Russie a toujours posées sur la table.
Une dernière réflexion sur la « crédibilité » de la position belliciste de l'Europe à ce stade.
Il y a quelques jours à peine, l'UE a brandi le drapeau blanc dans les négociations avec Trump sur les droits de douane. Un ensemble hétéroclite, incapable de trouver un terrain d'entente même sur les « déclarations » (sans aucun coût, en somme) concernant la prochaine invasion de Gaza par Israël (la France et d'autres pays reconnaissent la Palestine, l'Allemagne et l'Italie sont allées chercher les signatures de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande – qui ne sont pas vraiment proches de l'Europe – pour rédiger une critique timide à l'égard de Netanyahou)...
Comment peut-on penser que cette amibe dépourvue de stratégie et de sens historique puisse « empêcher » qu'un processus de paix soit identifié et imposé par l'« allié » américain et l'« ennemi » russe ? Autrement dit : que comptent-ils faire ? Partir seuls (et certainement pas tous...) en guerre contre une superpuissance dotée de 6000 ogives nucléaires ? Et ce, en s'attirant l'hostilité de leur « allié » qui les malmène financièrement et qui est également leur chef militaire ?
Peut-être que cette voie mènera de toute façon au désastre. Mais ce ne sera pas Bruxelles et Kiev qui y mèneront.
18:15 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, alaska, anchorage, bellicisme, politique internationale | |
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