Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 14 mars 2024

Trump, dernier espoir de l’Europe armée ?

dtgail.png

Trump, dernier espoir de l’Europe armée ?

Par Georges FELTIN-TRACOL

Dans Le Figaro du 9 novembre 2016, Étienne de Montety rappelait à propos de l’élection – surprise à la Maison Blanche de Donald Trump que son patronyme vînt d’un substantif signifiant en anglais « atout ». Il ajoutait aussitôt que le verbe to trump se traduit par « éclipser, ridiculiser, battre, voire l’emporter sur … ». Force est de constater que l’étymologie du nom de famille du 45e président des États-Unis correspond parfaitement à la situation actuelle.

En campagne pour des élections primaires qu’il survole largement, ayant déjà remporté les scrutins et caucus de l’Iowa, du New Hampshire, du Nevada, des Îles Vierges américaines, de la Caroline du Sud et du Michigan, Donald Trump rêve de battre – à la régulière ! - en novembre prochain un Joe Biden très mal en point. Il a cependant tétanisé les chancelleries occidentales par une sortie dont il est coutumier.

En réunion électorale en Caroline du Sud, le 10 février dernier, l’homme aux cent dix-neuf chefs d’accusation a menacé les États européens membres de l’OTAN. Si ces derniers ne réalisent pas un effort réel dans leur défense nationale en augmentant de manière conséquente leur budget militaire (plus de 2 % du PIB), il pourrait en tant que futur chef de l’État ne pas appliquer l’article 5 du traité de 1949 et ne pas secourir des États peut-être agressés par leur voisin russe.

50a60c86f64b38bdbb85b86899439ac8.jpg

Plusieurs collaborateurs conservateurs classiques de Trump entre 2017 et 2021 ont signalé qu’il avait eu l’intention de faire sortir les États-Unis de l’OTAN en 2019. Les agents républicains de l’État profond surent l’en dissuader. De retour en 2025 dans le Bureau ovale, Donald Trump compterait cette fois-ci sur des administrateurs en plein accord avec sa politique. Conscients de cette menace, les démocrates ont adopté une loi qui contraint tout président désireux de quitter l’OTAN à demander l’accord préalable du Congrès.

s-l160wfadd0.jpg

Maints commentateurs s’offusquent du dessein isolationniste du très probable candidat à la présidentielle de novembre 2024. Ces grincheux oublient volontiers que Donald Trump s’inscrit dans la continuité diplomatique étatsunienne, en particulier dans celle de la Farewell Address. Le 19 septembre 1796, le grand journal de l’époque, American Daily Advertiser, publie un texte du président George Washington. Il y annonce qu’il ne briguera pas un troisième mandat et fait de cette déclaration imprimée son testament politique. Conscient de la faiblesse d’une armée balbutiante et des fragilités d’un ensemble fédéral récent, le premier président américain invite la jeune république au détachement diplomatique envers les événements révolutionnaires survenus en Europe. « La grande règle de notre conduite, écrit-il, pour ce qui touche à nos rapports avec les puissances étrangères doit être de développer nos échanges commerciaux mais d’entretenir avec elles le moins de relations politiques possibles. » En 1789, le Congrès a changé le ministère des Affaires étrangères créé en 1781 en Secrétariat d’État pourvu de nouvelles attributions intérieures plus tard réparties à d’autres membres du cabinet exécutif. George Washington insiste par conséquent sur une diplomatie qui rejette les alliances permanentes et qui permet au contraire une neutralité active capable de s’adapter à toutes les circonstances internationales possibles.

Donald Trump montre sa fidélité à l’enseignement de son très lointain prédécesseur, même si les États-Unis d’Amérique sont entre-temps devenus la première puissance globale de la planète. Fondé sur le rejet de l’immigration, la condamnation des traités de libre-échange et un isolationnisme certain, le nouveau conservatisme trumpien (à distinguer du néo-conservatisme belliciste et hégémoniste du clan Bush) s’écarte résolument du conservatisme classique qui préconise la hausse constante du budget du Pentagone afin de financer toutes les interventions extérieures, la dérégulation économique intérieure qui profite aux nouvelles industries numériques et du divertissement wokiste, et la baisse massive des impôts. Seules la défense des valeurs morales traditionnelles et la lutte contre l’avortement peuvent en théorie rassembler ces deux courants antagonistes du conservatisme outre-Atlantique.

pap_20230918_0YF_0.jpg

Les propos polémiques de Donald Trump en Caroline du Sud ont le grand mérite de réveiller des gouvernements européens poussifs qui pensent écarter toute menace parce qu’ils bénéficient du « parapluie étatsunien ». Certains États ont néanmoins commencé à se réarmer. Que ce soit sous les nationaux-conservateurs du PiS ou sous le régime d’extrême centre proto-autoritaire de Donald Tusk, la Pologne poursuit sa montée en puissance et entend devenir la première force militaire de l’Union dite européenne.

La Hongrie de Viktor Orban ne cesse de réclamer depuis des années une coordination intégrée des armées du continent. À partir du second septennat de François Mitterrand, la France soutient une « défense européenne ». Avec le Brexit, elle reste la seule détentrice de l’arme atomique au sein de la pseudo-Union. Favorable à une vague « souveraineté européenne », Emmanuel Macron souhaiterait étendre le principe de la dissuasion nucléaire à l’ensemble des États membres de l’Union dite européenne qui appartiennent aussi à l’OTAN, ce qui exclurait l’Irlande, l’Autriche, Malte et Chypre. Mais la Norvège, l’Islande, l’Albanie, le Monténégro et la Macédoine du Nord recevraient-ils eux aussi cette protection ? Quant à la Turquie, elle tâcherait au plus vite d’acquérir le rang de puissance nucléaire. Par ailleurs, si se concrétise cette couverture nucléaire française en Europe, qui aurait la prérogative d’appuyer sur le bouton fatal ? Serait-ce le président de la République française qui deviendrait de facto le principal stratège de la Cité paneuropéenne ou bien un aréopage de chefs d’État et de gouvernement qui déciderait après les inévitables palabres ? Dans l’urgence du moment, même en visioconférence, on se doute bien qu’une telle réunion serait impossible à organiser.

Confier la force de dissuasion nucléaire à l’échelle européenne pose donc l’inévitable question de la souveraineté. Celle-ci ne se partage pas. Par le principe de subsidiarité, elle se décline seulement auprès d’autorités compétentes. Dans le cadre de la riposte immédiate, ce qui suppose une très grande réactivité, la caste jacassante ne peut pas décider sans omettre que la qualité intellectuelle du personnel dirigeant actuel confine à la nullité totale.

Les Européens n’en sont qu’au début d’un saut historique vers un inconnu peut-être prometteur, surtout si Donald Trump revient au pouvoir à la fin du mois de janvier 2025. N’a-t-on pas dit au début de cette chronique que « trump » voulait dire « atout » ? Sa seconde élection pourrait devenir un formidable atout pour l’émancipation militaire, bien malgré elle, d’une Europe nantie et somnolente.  

 

GF-T

 

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 105, mise en ligne le 5 mars 2024 sur Radio Méridien Zéro.

mercredi, 13 mars 2024

Ukraine et OTAN: que veut Macron?

d4ffc1826426583a118ebc41cdc5df1a.png

Ukraine et OTAN: que veut Macron?

Pierre Le Vigan

Possible envoi de troupes au sol en Ukraine. On a parlé d’un nouveau délire. D’une incohérence : des « troupes au sol » mais toujours pas de co-belligérance. D’un « en même temps » ingérable. Et si Macron devait être pris au sérieux ? Et s’il avait un projet à long terme ? Enoncé peut-être trop tôt. Comme un « ballon d’essai ». Mais un vrai projet. Pas bon pour nous. Pas bon du tout. Enquête sur ce que Macron projette.  

Troupes au sol ? Le vrai projet de Macron

La déclaration selon laquelle Macron « n’excluait pas l’envoi de troupes (françaises) au sol en Ukraine » (29 février 2024) a fait du bruit. On a parlé de coup de folie, ou au mieux de l’envie de « faire l’intéressant ». La dernière hypothèse n’est pas tout à fait fausse car Macron reste l’acteur de théâtre qu’il aurait aimé être et qu’il a été à son tout petit niveau. Reste qu’il ne parle pas comme un particulier. Il est chef d’Etat, ou du peu qu’il en reste. Avec l’inconvénient majeur d’engager le destin de notre peuple. D’où la nécessité de ne pas en rester à l’ironie, certes très roborative, d’une équipe comme celle de Mozinor dans sa talentueuse parodie « Trouposol ».

trouiposol.jpg

Que veut Macron ? Tout d’abord faire oublier sa prodigieuse impopularité en politique intérieure. Sa venue au Salon de l’Agriculture a failli ressembler aux pires moments (pour lui) de la crise des Gilets jaunes. En faisant monter la dramatisation et la peur en politique étrangère, Macron fait oublier à quel point toute sa politique – et sa personne même – est l’objet de détestation dans le peuple français.

Le deuxième objectif de la déclaration de Macron doit être pris au premier degré. Il porte réellement sur la politique étrangère. Rappel du contexte. Dans le conflit Russie-Ukraine, il est désormais évident que l’Ukraine ne peut gagner. Qu’est-ce que cela veut dire ? Elle ne récupérera pas les territoires perdus, encore moins la Crimée, et si la guerre dure, elle perdra d’autres territoires (Odessa ?) – ce qu’elle aurait évité en négociant en 2022, ce que précisément les EUA l’ont dissuadé de faire, les Américains étant prêts à soutenir l’Ukraine jusqu’au dernier Ukrainien.  

Or, cet échec de l’Ukraine est avant tout un échec de l’OTAN. Cette alliance, Macron l’avait déjà déclarée « en état de mort cérébrale » (8 novembre 2019). Certains avaient cru voir un néo-gaullisme dans cette déclaration. Ce n’était pas le cas une seconde. C’était la préparation à une prise de relais. Que peut l’OTAN aujourd’hui ? Retarder, voire empêcher la paix entre la Russie et l’Ukraine. C’est ce qu’a fait l’OTAN, c’est-à-dire Washington et ses laquais, depuis 2022, et c’est le seul vrai succès qu’a remporté l’OTAN. Faire durer la guerre et isoler durablement l’Europe de la Russie, ce dont l’Europe souffre plus que la Russie. Tel était le but.

Il s’agit donc de reprendre le travail de l’OTAN mais en l’européanisant. Tel est le projet de Macron. Telle est la mission qui lui est confiée. Pourquoi ? Parce que tel est l’intérêt du Capital international. Or le Capital international est très lié aux intérêts américains. Macron est l’homme du Capital. Il est actuellement en charge de la SFIC: Section Française de l’Internationale du Capital (la maison mère de la SFIO: Section Française de l’Internationale de l’Oligarchie). Macron est donc d’abord, inévitablement, l’agent du capital américain, la fraction dominante du capital mondial, forme économique de l’Occident collectif avec ses pseudopodes tels les fondations mondialistes, l’Etat d’Israël [1] et d’autres. Parce que c’est lui, le capitalisme américain, qui domine le capitalisme mondial. Et que quand la périphérie est fichue, il faut la sacrifier et sauver le noyau.

macalstomefault.jpg

C’est pourquoi, après avoir détruit l’industrie française à la suite de Hollande, Macron veut détruire ce qu’il reste d’industrie en Europe, et donc l’industrie allemande. C’est en cours: le gaz américain est pour les Allemands six fois plus cher que le gaz russe. Conséquence: leur industrie n’est plus compétitive. Et donc, l’industrie allemande quitte l’Europe et s’installe aux EUA. C’est pourquoi Macron ne s’est aucunement opposé à la politique de l’UE des « sanctions » contre la Russie, qui étaient avant tout des auto-sanctions contre l’Europe.

N’imaginons pas un instant que Macron soit inintelligent. Il savait ce qu’il faisait. Sa mission ? Sauver le capitalisme. Enrayer la baisse des taux de profits. Et donc sauver d’abord le capitalisme américain. En ce sens, Macron fait le « job ». Que l’Europe soit vidée de ses dernières industries (9% du PIB en France correspond à l’industrie, il ne reste donc plus grand-chose à liquider), qu’elle soit pillée par les EUA, tel est l’intérêt du capitalisme international. Tel est donc l’objectif de Macron puisqu‘il est un de ses fondés de pouvoir et son « délégué France ». Si des miettes avaient été disponibles pour le capitalisme national français, Macron n’était pas fondamentalement contre, mais ce n’est malheureusement plus possible. « No soucy » comme on dit dans les bureaux des « managers ». On sacrifie la France. Et l’Europe.

C’est pour cela que Macron veut un néo-OTAN. Pour créer de la tension, faire taire les oppositions en politique intérieure, préparer les esprits à une éventuelle guerre, si cela devient un jour l’intérêt des Américains. Tel est le sens du propos de Macron sur l’éventualité d’envoi de troupes françaises (et européennes) au sol, mais aussi sur l’éventuelle européanisation de notre force de frappe, idée agitée depuis des années (Marc Finaud et Grégoire Mallard, « L'européanisation de la dissuasion française : une idée dangereuse vouée à l'échec », La Tribune, 18 février 2020).  

5DQHQFDN7ZMNBIKDZFW2CTG4XE.jpg

Après avoir fait mourir les Ukrainiens pour les intérêts américains, à savoir couper les ponts entre la Russie et l’Europe, l’idée macronienne (et anticipant peut-être sur les projets trumpistes) d’un néo-OTAN européanisé serait de faire tuer les Européens pour accélérer leur propre déclin et leur servitude face à une Amérique requinquée. Rappelons que, du point de vue américain, ce qui était « épatant » dans la IIème guerre mondiale, c’est que l’Allemagne et la Russie se massacraient mutuellement.

Autre avantage, mineur, mais non négligeable, de la déclaration de Macron: créer un « patriotisme » français anti-russe et faire apparaître le RN comme pro-russe, tout ce qui n’est pas pro-guerre étant supposé pro-russe. D’où la déclaration de Gabriel Attal: « Le RN soutient davantage la Russie que l’Ukraine » (5 mars 2024). Tout parti qui ne s’aligne pas sur les positions bellicistes de Macron est dit pro-russe. Et plus que LFI, c’est le RN qui est visé, ceci en vue des élections européennes du printemps 2024, mais plus encore en vue des élections présidentielles. Car si le RN n’a cessé de se normaliser et de donner des gages aux atlantistes, au grand capital, et même à l’UE, ce n’est pas (ou pas encore) le premier choix de l’oligarchie.

Mais le débat excède très largement la petite politique. C’est l’avenir de nos peuples européens qui est en jeu. Maîtrise de l’immigration, réindustrialisation et économie auto-centrée, relance de la natalité des autochtones: ce sont là des impératifs vitaux pour les peuples d’Europe.  En 1945, Staline avait eu ce mot: « Les nazis passent, l’Allemagne demeure. » Encore avait-il fallu chasser les nazis. Dans un contexte évidemment très différent, quand les Européens se débarrasseront des divers micro-Macron  et autres agents de l’Internationale du Capital, l’Europe pourra revivre.

PLV  

Pierre Le Vigan est urbaniste et essayiste. Il est l’auteur de plus de vingt livres. Derniers en date : Le coma français (éditions Perspectives libres), Clausewitz, père de la théorie de la guerre moderne (même éditeur) ? Avez-vous compris les philosophes. Introduction à la pensée de 42 philosophes (la barque d’or), Comprendre les philosophes (Dualpha), La planète des philosophes (Dualpha).

labarquedor@gmail.com

https://www.amazon.fr/Avez-Vous-Compris-Philosophes-dintr...

https://cerclearistote.fr/produit/le-coma-francais-par-pi...

https://cerclearistote.fr/produit/clausewitz-pere-de-la-t...

Note:

[1] on remarquera que cet Etat est fondé sur le même principe que les EUA: la colonisation-expropriation-expulsion-voire des mesures plus définitives, là des Indiens, ici des Palestiniens. Et on n’oubliera pas que certains Israéliens refusent de participer à cette infamie, sauvant l’honneur, et peut-être l’avenir.

samedi, 09 mars 2024

Le transit du gaz : L'Ukraine veut prendre l'Autriche en otage sur le plan énergétique

3912352c-c354-42fb-8a50-163df113bdac.jpg

Le transit du gaz : L'Ukraine veut prendre l'Autriche en otage sur le plan énergétique

Le chef du FPÖ, M. Kickl, demande au chancelier Nehammer d'arrêter immédiatement de payer l'Ukraine

Bernhard Tomaschitz

Source : https://zurzeit.at/index.php/gastransit-ukraine-will-oesterreich-in-energiepolitische-geiselhaft-nehmen/

L'Ukraine prouve que la gratitude n'est pas une catégorie politique. Le ministre ukrainien de l'Énergie, German Galouchtchenko, a annoncé aux médias qu'il ne renouvellerait pas le contrat de fourniture de transit avec le groupe énergétique russe Gazprom. "Il n'y a pas de solutions possibles sur la table", a déclaré Galouchtchenko.

1344726_body_481913_ukriane_gastransit_a_o.png

Apparemment, le régime de Kiev prévoit de se positionner comme fournisseur de gaz pour les Européens. M. Galouchtchenko a déclaré que son pays pouvait proposer 15 milliards de mètres cubes de stockage de gaz. Il n'est pas certain que l'Ukraine soit en mesure de fournir effectivement ce gaz. Et l'UE, et donc l'Autriche, se mettrait dans une dangereuse dépendance énergétique vis-à-vis de l'Ukraine et deviendrait en fin de compte vulnérable au chantage.

Herbert Kickl, président du FPÖ, profite des déclarations de M. Galushchenko pour exiger du chancelier Karl Nehammer (ÖVP) un arrêt immédiat des paiements à l'Ukraine et du ministre des Affaires étrangères ÖVP Schallenberg la convocation de l'ambassadeur ukrainien: "Jusqu'à présent, le gouvernement a dépensé 3,51 milliards d'euros en argent des contribuables pour l'Ukraine, environ 70.000 Ukrainiens ont à nouveau été accueillis aux frais de la population et, en 'remerciement', le régime de Zelensky veut couper l'approvisionnement en gaz des Autrichiens", a déclaré Kickl.

En outre, le chef du FPÖ parle d'un "attentat inacceptable contre l'approvisionnement en énergie de notre pays" et met en garde contre un "supergouffre énergétique et économique". Il pourrait notamment y avoir un triplement du prix du gaz naturel, ce qui affecterait à la fois l'industrie et les ménages, et constituerait une menace pour la prospérité.

vendredi, 08 mars 2024

L'adieu à Victoria ?

Senate_US_Ukraine_Russia_12027.jpg

L'adieu à Victoria ?

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/victoria-addio/

Victoria Nuland s'en va. Après 35 ans de service, sous sept présidents différents et dix secrétaires d'État - démocrates et républicains - la populaire Toria, comme on l'appelle dans les palais de Washington, a annoncé son... départ à la retraite. Son patron, le secrétaire d'État Blinken, l'a rapidement confirmé. Avec, comme à l'accoutumée, des remerciements et des éloges somptueux.

Il a accepté sa requête et a immédiatement procédé à la nomination d'un autre sous-secrétaire comme adjoint aux affaires politiques à titre intérimaire, John R. Bass. Qui, jusqu'à présent, ne s'occupait que d'environnement, d'écologie, de transition verte.

Un changement, même temporaire, qui ne peut que nous laisser perplexes. Car il est certain que ce bon Bass n'aura que très peu à dire sur la politique américaine dans le monde. Et ce, à une époque que l'on pourrait qualifier de critique. Gaza, les révolutions africaines, la mer Rouge... et, surtout, la confrontation avec Moscou en Ukraine.

Oui, l'Ukraine. Dans les événements récents, Nuland a toujours joué un rôle d'une importance fondamentale. Même s'il est apparemment relativement discret.

nuland112way-10f24e8ba634b2b22139d9f4277fd9b007ac8e9c.jpg

C'est en effet elle qui a tissé la toile, et tenu les ficelles, du changement de régime, ou plutôt du coup d'État de la place Maïdan. Qui a violemment défenestré le président élu, Victor Yanoukovitch, soupçonné d'être trop proche de Poutine.

Ce qui, soit dit en passant, est discutable. Yanoukovitch cherchait simplement à entretenir de bonnes relations avec la Russie pour des raisons économiques. Et il a accordé des garanties à la minorité russophone - près de 40 % de la population - qui avait largement contribué à son élection.

le-premier-ministre-ukrainien-arseni-iatseniouk-avait-deja-du-faire-face-a-une-motion-de-censure-photo-afp-clemens-bilan-1460299884.jpg

Dans les jours agités de la place Maïdan, Nuland était à Kiev en personne. Elle dirigeait, dit-on, les événements. Et c'est elle qui a choisi le nouveau chef de gouvernement (qui n'a été élu par personne), Arsenij Yatsenyouk, un économiste qui a poussé Kiev de plus en plus dans l'orbite occidentale pendant la transition.

Plus tard, aux Etats-Unis, Nuland a été accusée d'avoir dépensé plus de dix millions de dollars pour cette opération. Elle n'en a admis que cinq.

Mais c'est toujours elle qui a poussé Yatsenyouk à placer trois "outsiders" à des postes clés du gouvernement. Un Américain, bien que d'origine ukrainienne, un Géorgien et un Lituanien. Tous trois appréciés à Washington. Et tous les trois sélectionnés (un véritable casting) par deux sociétés privées. Appartenant à George Soros.

En revanche, Toria est une experte de la Russie. Conseillère, sur le sujet, de nombreux présidents. À l'exception, bien sûr, de Trump. Quand, pour la seule fois en près de quarante ans, elle a été écartée de Washington.

Untitled-Project-2024-03-07T191547.345.jpg

En revanche, elle est l'épouse de Robert Kagan. Considéré comme l'un des porte-drapeaux idéologiques du nouvel "interventionnisme démocratique", visant à exporter l'idéologie américaine dans le monde entier.

D'autre part, elle est elle-même russe. Ou plutôt, fille d'un médecin juif qui a fui la Bessarabie russe pour se réfugier aux États-Unis. Et son manque de sympathie pour Moscou est bien connu. Toute son action politique, toute sa vie même, a eu pour but de faire éclater la Russie. Pour que l'Ours ne soit plus une menace pour les intérêts américains.

Américains, il faut le souligner. Et elle a toujours interprété l'OTAN comme un simple instrument de Washington.

Les Européens ? On a besoin d'eux, mais ils ne comptent pas.

C'est précisément lors d'une conversation téléphonique - filtrée - avec l'ambassadeur américain en Ukraine, lorsqu'il lui a fait part de certains doutes des alliés, en particulier des Allemands, concernant le candidat qu'elle avait choisi pour diriger le gouvernement de Kiev, qu'elle a répondu catégoriquement : "Fuck the EU" (J'emmerde l'UE) !

C'est dans cette phrase que réside toute la femme.

Aujourd'hui, elle s'en va. Volontairement ? Là encore, on peut s'interroger. L'échec retentissant de sa récente mission en Afrique française a peut-être eu une influence. Ce qui lui a valu les moqueries publiques de Maria Zakharova. Une autre femme de fer, porte-parole de Poutine.

Mais il est peut-être plus probable qu'elle soit devenue encombrante. Et embarrassante. Surtout pour les cercles de Washington, dont Blinken est proche, qui commencent à envisager la nécessité de traiter avec Poutine.

Et à cet horizon, il n'y a certainement pas de place pour Toria.

Portrait. Victoria Nuland, du mépris de l'UE à la démission

4e6687f2-a2e2-413f-ab2f-517b6a3ebab8_3936x2711.jpg

Portrait. Victoria Nuland, du mépris de l'UE à la démission

La politique intérieure américaine impose le réalisme à l'Alliance atlantique

par Sarmaticus

Source: https://www.barbadillo.it/113278-il-ritratto-victoria-nuland-dal-disprezzo-per-lue-alle-dimissoni/

Qui est Victoria Nuland, dont la démission a été annoncée mardi dernier par le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, comme le signe d'un changement de cap avant le vote de novembre 2024 ?

Même la plupart des Américains (l'attention qu'ils portent aux médias étrangers est modeste) l'ignorent. Plus ignorant encore est le fait que le choix de Mme Nuland (descendante d'un médecin ayant immigré de Bessarabie, alors annexée à l'URSS) comme secrétaire d'État adjointe par le président Biden découle de la guerre froide, à l'origine des plans d'expansion continue de l'OTAN, de la course aux armements et d'un encerclement plus poussé de la Russie. Et presque tous les Américains ignorent que de 2003 à 2005, pendant l'occupation militaire américaine en Irak, Nuland a été conseillère en politique étrangère de Cheney, l'âme noire de l'administration Bush Jr.

Geoffrey-Pyatt.jpg

Ceux qui connaissent bien Nuland sont les Ukrainiens. Il y a dix ans, ils l'ont entendue au téléphone. Elle a alors lancé un "Fuck the EU" en guise de directive à l'ambassadeur américain à Kiev, Geoffrey Pyatt, ce qui n'est pas très élégant. Il s'agissait de remplacer le président ukrainien élu, Victor Yanukovich. En neuf lettres seulement, Mme Nuland a exprimé son dégoût pour l'UE, qui a placé à Kiev le champion de l'austérité Vitali Klitschko, et non la marionnette américaine Artseniy Yatseniuk. Première étape pour remplacer Yanukovich, pro-russe.

Mépris pour l'UE

Ce "Fuck the Eu" est devenu viral. Le département d'État, embarrassé, a accusé les Russes d'avoir intercepté l'appel, sans pour autant en nier l'authenticité. Tout comme la NSA a mis sur écoute les téléphones des alliés européens des États-Unis. Malgré l'indignation de la chancelière Angela Markel, personne n'a renvoyé Nuland. Dont la bouche nauséabonde a éclipsé le plus grave : le complot visant à renverser le gouvernement élu de l'Ukraine et la responsabilité de l'Amérique dans une guerre civile qui a fait treize mille morts avant février 2022, faisant de l'Ukraine le pays le plus pauvre d'Europe, avant même l'"opération spéciale" de la Russie.

GFOd98TbIAAPelz.jpg

Les néo-conservateurs

Nuland, son mari Robert Kagan (cofondateur du "Projet pour un nouveau siècle américain") et leurs collègues néo-conservateurs ont entraîné les relations américano-russes dans une dangereuse spirale descendante. Mme Nuland a atteint cet objectif à partir d'un poste secondaire, celui de secrétaire d'État adjointe aux affaires européennes et eurasiennes. Promue au rang de numéro 3 du département d'État, on se demandait jusqu'à quel point elle allait créer des problèmes. Aujourd'hui, il semble qu'à Washington, on ait enfin tiré les bonnes conclusions.

Biden aurait dû apprendre des erreurs d'Obama que de telles nominations comptent. Au cours de son premier mandat, M. Obama avait permis à l'agressive secrétaire d'État, Hillary Clinton, au secrétaire à la défense, Robert Gates, ainsi qu'aux chefs de l'armée et de la CIA d'opposer une guerre orwellienne sans fin à son message d'espoir et de changement. Prix Nobel de la paix, Obama avait fini par être le président des enlèvements (dont un, devenu tristement célèbre, même à Milan) ; des emprisonnements sans fin et sans habeas corpus à Guantanamo ; d'une succession d'attaques de drones meurtrières même sur des civils innocents ; de la poursuite de l'occupation américaine de l'Afghanistan, puis de sa fin sans honneur en 2021 ; d'une spirale terrorisme/antiterrorisme ; des guerres en Libye et en Syrie.

CuqK0QKVIAA6Omc.jpg

Obama après Clinton

Après Clinton, avec le nouveau top staff de son second mandat, Obama a eu sa propre politique étrangère, travaillant directement avec le président russe Poutine pour résoudre les crises en Syrie et ailleurs. Poutine avait en effet évité l'escalade en Syrie en septembre 2013, en négociant le retrait et la destruction des armes chimiques et en aidant Obama à négocier l'accord intérimaire avec l'Iran.

Craignant de perdre leur contrôle sur la politique étrangère américaine, les néo-conservateurs ont lancé une campagne visant à qualifier Obama de "faible" en matière de politique étrangère et à lui rappeler leur pouvoir.  Avec l'aide de Nuland, Kagan a écrit l'article "Superpowers don't retire" (Les superpuissances ne prennent pas leur retraite) dans le New Republic en 2014. Kagan a appelé à une politique étrangère encore plus agressive, pour exorciser les craintes d'un monde multipolaire que les États-Unis ne domineraient plus. Moralité : Obama a invité Kagan à déjeuner à la Maison Blanche, réduisant la diplomatie avec la Russie (mais poursuivant discrètement la diplomatie avec l'Iran).

En 2014, les néoconservateurs, contre Obama, ont agi pour le coup d'État en Ukraine endettée, pour soutenir un candidat pro-OTAN, contre le Premier ministre Viktor Yanukovich, qui a rejeté l'accord commercial soutenu par les États-Unis avec l'UE, préférant le plan de sauvetage de 15 milliards de dollars de la Russie.

Pacte léonin

L'accord commercial avec l'UE était censé ouvrir l'Ukraine aux importations en provenance de l'UE, mais sans aucune réciprocité : un pacte léonin que Yanukovich n'a pas accepté. Au lieu de cela, cet accord a été approuvé par le gouvernement post-coup d'État de 2014, ce qui a aggravé les problèmes économiques de l'Ukraine.

44835521-tjagnibok-l-jpg-100-768x576.jpg

La force motrice derrière le coup de 5 milliards de dollars de Nuland était le parti Svoboda d'Oleh Tyahnybok (photo) et la milice "Secteur droit". Lors de l'appel téléphonique susmentionné avec l'ambassadeur américain, Nuland a parlé de Tyahnybok comme de l'un des "trois grands" leaders de l'opposition qui pourraient aider le Premier ministre Yatsenyuk, soutenu par les États-Unis.

Lorsque les manifestations de rue à Kiev se sont transformées en affrontements en février 2014, Yanukovich et l'opposition soutenue par l'Occident ont signé un accord - négocié par la France, l'Allemagne et la Pologne - pour un gouvernement d'unité nationale et pour organiser de nouvelles élections dans l'année. Mais cela n'a pas suffi aux États-Unis.

18532018-705711066-krim-referendum-2eN5yb1suUBG.jpg

D'autre part, après avoir perdu la base navale de Sébastopol, la Russie a accueilli favorablement (83 % de participation, 97 % de majorité) le résultat du référendum sur la réunification de la Crimée, russe de 1783 à 1954. Avec une majorité russophone, les provinces de Donetsk et de Louhansk ont à leur tour fait sécession de l'Ukraine, déclenchant la guerre qui fait toujours rage.

Pire que l'URSS ?

Nuland et les néo-conservateurs ont cependant multiplié les frictions avec la Russie et la Chine pour justifier une politique étrangère militariste et gonfler les budgets du Pentagone. Dans Foreign Affairs (juillet 2020), dans l'article "Pinning Down Putin", Nuland a soutenu que la Russie, plus que l'URSS, constituait une menace. Elle souhaite donc une OTAN plus agressive.

Depuis qu'elle a été ambassadrice auprès de l'OTAN pendant le second mandat de Bush Jr, Nuland souhaite une OTAN frontalière avec la Russie. Elle incarnait la volonté la plus dangereuse, la volonté de surenchère des Etats-Unis, poursuivie depuis les années 1990. Sa démission signifie-t-elle que Washington prend acte de l'issue du champ de bataille en Ukraine ? Peut-être, et ce ne serait pas la première fois : il l'a fait en Corée, en Indochine, en Irak, en Somalie, en Afghanistan....

Sarmaticus

jeudi, 07 mars 2024

Economies de guerre

leyen-jpg-100-1920x1080.jpg

Economies de guerre

Andrea Marcigliano

Source : https://electomagazine.it/economie-di-guerra/

En Europe, ou plutôt en Europe occidentale, ce que nous appelons l'Union et qui est en fait l'OTAN - les malins l'appellent le Natostan - les décisions économiques des différents pays sont fortement conditionnées par la guerre.

Des économies de guerre - normales, pourrait-on dire. Les exigences de la guerre conditionnent, et lourdement, les choix économiques. Les gouvernements belligérants doivent investir dans l'armement. Et, logiquement, trouver l'argent pour le faire. Donc, faire des coupes dans d'autres secteurs. Inévitablement au détriment des citoyens. Coupes dans l'État-providence, surtout. Ou ce qu'il en reste (et il en reste de moins en moins) après l'avènement de l'euro. Et les impositions de Bruxelles.

Coupes dans la santé, dans l'éducation, dans les services. Sur l'aide aux plus faibles. Qui, comme cela a toujours été le cas, sont ceux qui paient le plus lourd tribut à l'état de guerre.

Mais un problème se pose. Nous, les Européens, ne sommes pas en guerre. C'est du moins ce que nous disent nos gouvernements. Qui estiment que fournir des armes, de l'entraînement militaire, des services de renseignement à l'un des deux belligérants, c'est ne pas être directement impliqué dans le conflit. Une position très étrange et discutable. Mais c'est ainsi. Même si certains "leaders" européens, de Macron à Meloni, s'engouffrent dans des agendas belliqueux et bellicistes, envisageant d'envoyer des troupes de l'OTAN pour soutenir Kiev. Mais cela, précisent-ils, ce n'est pas faire la guerre à la Russie. Ah bon...

Prenons toutefois ces déclarations au pied de la lettre. Alors, expliquez-moi pourquoi nous devons accepter des coupes dans notre vie quotidienne, des sacrifices, des réductions de services... pourquoi et pour qui ?

Et surtout, expliquez-moi pourquoi nous devons supporter tout cela alors que d'autres, et précisément les pays belligérants, semblent ne pas être affectés.

Laissons l'Ukraine tranquille. Elle est un pays, certes, en catastrophe économique. Mais qui était déjà dans cet état avant le conflit avec Moscou. Une économie en plein effondrement. Un pays qui reposait sur des trafics plus ou moins criminels. Avec des élites dites prédatrices et autoréférentielles.

Restons-en là et concentrons-nous sur la Russie.

La Russie qui, selon nos politiciens (et leurs mouches du coche intellectuelles) allait s'effondrer économiquement et socialement sous le poids des sanctions. En quelques mois seulement. Et au lieu de cela.

Et au lieu de cela, Vladimir Poutine annonce, ces jours-ci, un plan d'investissement social surprenant. Un rêve même pour les pays européens les plus prospères. A fortiori pour l'Italie...

von-del-leyen-1024x769-1.jpg

Voyons voir...

Un plan pour les six prochaines années. Officiellement annoncé devant la Douma en séance plénière.

11 milliards d'euros pour les infrastructures de santé.

7 milliards pour l'"économie des données". La mise en place de plateformes numériques dans les principaux secteurs économiques et sociaux. Prévu d'ici 2030.

4 milliards d'euros pour la construction de 40 campus d'enseignement supérieur (au moins).

1 milliard d'euros pour de nouvelles résidences universitaires.

3 milliards pour le fonds de développement industriel.

1 milliard pour un système satellitaire facilitant l'accès à l'internet.

1 milliard pour des projets éducatifs et historiques. A travers les médias, le cinéma, les réseaux sociaux.

822 millions d'euros pour augmenter le taux de natalité dans les régions à faible taux de natalité. Soutien aux familles.

98 millions d'euros pour les universités pédagogiques. Formation des enseignants.

Et enfin, création d'un fonds spécial pour soutenir les prêts hypothécaires aux familles nombreuses.

Bien sûr, certains diront que Poutine se dirige vers les élections. Et que tout cela sert à apporter de l'eau à son moulin électoral.

C'est sans doute vrai... mais cela amène néanmoins deux réflexions.

Si Poutine, en tant que tyran tel qu'il est dépeint par les médias occidentaux, doit promettre et faire tout cela pour être sûr d'être réélu... eh bien, il me semble qu'il s'agit d'une autocratie dure comme l'acier. Une autocratie, curieusement, "démocratique" dans ses us et coutumes. Non ?

Et puis, la Russie n'était-elle pas censée être à genoux ? Et, au lieu de cela, elle se permet des investissements pharaoniques dans les dépenses sociales...

Alors que nous, sans être en guerre, nous devons nous serrer la ceinture.

Décidément, ça ne colle pas.

mercredi, 06 mars 2024

L'Estonienne Kaja Kallas jugée "trop agressive" par ses propres partenaires

B9733635738Z.1_20230303193520_000+GDIMB7QI7.1-0.jpg

L'Estonienne Kaja Kallas jugée "trop agressive" par ses propres partenaires

Par Lucas Leiroz,

journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques, consultant en géopolitique.

Source: https://jornalpurosangue.net/2024/03/06/kaja-kallas-da-estonia-considerada-muito-agressiva-pelos-seus-proprios-parceiros/

La belligérance anti-russe des pays baltes semble suffisamment forte pour "effrayer" même les fonctionnaires de l'Union européenne. Selon un récent article de presse, il est peu probable que le Premier ministre estonien Kaja Kallas remplace Josep Borrell à la tête de la diplomatie européenne. La raison en est sa position extrémiste en faveur de la guerre et contre la Russie, qui ne semble absolument pas convenir à un poste diplomatique.

Il y a actuellement une "course" pour remplacer l'Espagnol Josep Borrell à la tête de la diplomatie européenne. Alors que la carrière de Borrell touche manifestement à sa fin - d'une manière particulièrement honteuse, étant donné son incapacité à pacifier les relations entre les Européens et les Russes -, plusieurs hommes politiques européens commencent à manifester leur intérêt pour accéder à ses hautes fonctions au sein de l'UE. C'est le cas de Kaja Kallas.

Connue pour ses positions agressives, Mme Kallas a été la cible d'une série de controverses en raison de ses politiques favorables à la guerre. Elle est l'un des leaders de l'aile la plus radicale de l'UE, prônant la fourniture totale et illimitée d'armes à Kiev, et soutenant tout type d'investissement dans des actions militaires pour "contrer" la Russie. M. Kallas représente donc la mentalité la plus hostile de l'OTAN et n'est pas habitué à la pratique diplomatique comme mécanisme de résolution des conflits.

Ces aspects semblent déjà avoir une influence négative sur son éventuelle candidature. Politico a rapporté le 4 mars que M. Kallas pourrait ne pas obtenir le poste le plus élevé de l'UE en raison de son extrémisme pro-guerre. Selon une source anonyme au fait du dossier, Mme Kallas ne bénéficiera pas du soutien des principaux pays européens - la France et l'Allemagne - pour sa candidature, car elle est considérée comme une personne aux compétences diplomatiques médiocres qui pourrait facilement mettre l'Europe en danger.

"Je ne vois pas la France et l'Allemagne accepter cela, pour les mêmes raisons qu'elle n'était pas une option pour le travail de l'OTAN (...) Sommes-nous vraiment en train de mettre à ce poste quelqu'un qui déteste les Russes tout le temps ?

Le journal affirme également que la candidature de Mme Kallas a été un sujet important discuté par les principales autorités de l'Union européenne. On pense que plusieurs dirigeants européens annonceront leur soutien, principalement pour garantir la participation des pays baltes au processus décisionnel européen.

850892-500982-1287x836.jpg

L'absence de dirigeants d'Europe de l'Est aux postes clés de l'OTAN et de l'UE est une plainte de longue date, qui a suscité de nombreuses critiques de la part de pays tels que la Pologne et les pays baltes. Ces États exigent que leurs opinions soient davantage entendues et que leurs hommes politiques aient plus de pouvoir au niveau international. C'est pourquoi il est possible que Mme Kallas parvienne à mobiliser un certain soutien en mettant à l'ordre du jour l'augmentation de la participation des pays baltes au processus décisionnel de l'UE.

Cependant, parce qu'elle est considérée comme "trop favorable à la guerre", elle pourrait ne pas être en mesure d'obtenir le soutien des principaux États européens, ce qui conduirait certainement à son échec. On pense que Berlin et Paris favoriseront les candidatures d'hommes politiques plus expérimentés et plus qualifiés sur le plan diplomatique, ce qui nuirait considérablement au premier ministre estonien. En effet, sans le soutien officiel des Allemands et des Français, M. Kallas n'obtiendra pas suffisamment d'autres soutiens pour être élue au sein de l'UE.

Il convient de rappeler que les projets de Mme Kallas se concentrent actuellement sur des postes à l'extérieur de son pays. Récemment, elle s'est retrouvée mêlée à un scandale majeur en raison des relations d'affaires entretenues par son mari, qui avait apparemment des liens avec certaines entreprises de la Fédération de Russie. La paranoïa anti-russe que Kallas nourrit elle-même s'est retournée contre elle, la rendant impopulaire parmi les Estoniens.

En ce sens, Mme Kallas a de plus en plus recherché des positions internationales qui l'éloignent de ses obligations nationales en Estonie. Avant que des rumeurs n'émergent au sujet de sa candidature à l'UE, elle avait déjà manifesté son intérêt pour la direction de l'OTAN, par exemple. Pour elle, le scénario le plus confortable est de quitter l'Estonie et d'entamer une carrière internationale.

Kallas, en revanche, a peu de chances d'obtenir un poste vraiment important. Il y a une raison spécifique pour laquelle les pays baltes ont peu de poids dans les décisions occidentales : pour les États-Unis, qui sont le pays qui contrôle réellement l'"Occident collectif", il n'y a pas de véritable "partenariat" avec les pays d'Europe de l'Est. Tous les Etats de cette région sont considérés comme de simples mandataires, dont la fonction est simplement d'accroître l'instabilité régionale en promouvant la russophobie et l'interventionnisme de l'OTAN.

En fait, même si Mme Kallas est soutenue par l'Occident dans sa politique anti-russe, elle n'est certainement pas apte à occuper un poste diplomatique. Dans une période aussi tendue qu'aujourd'hui, la gestion de la diplomatie européenne par Mme Kallas pourrait tout simplement conduire à une guerre mondiale - ce que les dirigeants européens sont censés éviter.

Vous pouvez suivre Lucas Leiroz sur : https://twitter.com/leiroz_lucas et https://t.me/lucasleiroz

Les avertissements des ex-généraux allemands se perdent dans les clameurs de guerre

GettyImages-51294383-e1563878213657-800x450.jpg

Les avertissements des ex-généraux allemands se perdent dans les clameurs de guerre

par Jochen Sommer

Source : https://ansage.org/die-warnungen-deutscher-ex-generaele-gehen-im-kriegsgeschrei-unter/

Tandis que des politiciens en rien spécialisés, souvent sans formation aucune ni expérience professionnelle, et encore moins de la guerre, déblatèrent en toute insouciance sur les nouvelles livraisons d'armes allemandes à l'Ukraine, il existe encore de véritables experts qui osent prôner la modération et la prudence et s'opposer à la rhétorique générale de l'escalade - avec l'effet suivant, qu'ils sont plutôt rarement invités dans les talk-shows allemands, où des profanes complètement déconnectés, comme l'agitateur de "Correctiv" et acteur journalistique Marcus Bensmann ou la Verte Marina Weisband, répandent leurs fantasmes de paix victorieuse après la défaite de la Russie dans une mégalomanie moralisatrice. L'un de ces esprits rationnels de plus en plus oubliés dans le désert de la folie est l'ancien conseiller de Merkel et général de brigade Erich Vad.

erich-bad-brigadegeneral-bundeswehr-ukraine-waffen-russland-krieg-lieferung-100-1920x1080.jpg

Vad a tout récemment félicité le chancelier allemand Olaf Scholz pour sa décision de ne pas envoyer de missiles de croisière Taurus à l'Ukraine. "Du point de vue allemand, une livraison de Taurus à court terme et la mise à disposition de soldats capables de manœuvrer le système d'armes qui en résulterait constitueraient une participation claire à la guerre", a déclaré Vad.

Le missile Taurus permettrait de détruire le Kremlin et donc le siège du gouvernement russe. En revanche, les systèmes britanniques et français livrés à l'Ukraine ne disposeraient pas d'une telle portée et d'une telle puissance de destruction. Il a demandé à Scholz de communiquer plus clairement sa décision à la population - ce qui serait d'autant plus nécessaire pour envoyer un signal à la Russie que les plans de guerre exprimés par les officiers de l'armée de l'air dans la conversation divulguée urbi et orbi ne bénéficient en aucun cas de l'appui du gouvernement. Malheureusement, cette fois encore, il ne faut pas s'attendre à ce que le chancelier prenne des mesures décisives et clarifie sa position - si c'est bien la sienne et s'il se souvient encore de ce qu'il défend. Au contraire, presque chaque fois que Scholz a promis quelque chose jusqu'à présent, il a fait exactement le contraire par la suite.

Une coalition de bellicistes

Les figures habituelles parmi les bellicistes de sa propre coalition le poussent à agir de la sorte avec leur véhémence et leur irresponsabilité bien connues, en particulier l'inévitable belliciste du FDP Marie-Agnes Strack-Zimmermann. La seule conséquence qui lui vient à l'esprit concernant le scandale des écoutes téléphoniques de la semaine dernière, où les officiers se sont notamment exprimés de manière totalement ouverte sur la destruction du pont de Kertch en Crimée par des missiles Taurus, est que les missiles de croisière devraient "naturellement" être livrés à l'Ukraine. Elle espère sincèrement que le chancelier et ses conseillers s'en sont rendu compte "et qu'ils ont enfin mis de côté leur naïveté". Après que Scholz a une nouvelle fois exclu la livraison, mais que les raisons de son refus ont été soi-disant réfutées par des experts dans les 24 heures, on veut manifestement le dissuader de "donner quand même le feu vert, car la Russie craint le Taurus, précisément parce qu'il est si efficace". L'Allemagne est de toute façon considérée depuis longtemps comme un ennemi par la Russie, a-t-elle poursuivi. Pour une fois, elle a raison de dire cela, mais ce n'est pas une raison pour pousser l'escalade encore plus loin et mettre l'Ukraine en possession d'armes qui lui permettraient d'attaquer directement le territoire russe.

L'insouciance avec laquelle des personnages aussi calamiteux que Strack-Zimmermann, le politicien vert Anton Hofreiter ou l'expert en "défense" de la CDU Roderich Kiesewetter parlent de l'extension continue d'une guerre perdue depuis longtemps - qui ne peut être terminée qu'à la table des négociations - à la troisième guerre mondiale laisse pantois. La constatation que l'ancien inspecteur général de l'armée allemande et ex-président du comité militaire de l'OTAN, le général de l'armée de l'air Harald Kujat, a récemment faite à Weltwoche s'applique à eux: à savoir qu'en Allemagne sont parfois à l'œuvre des personnes "qui ne savent pas distinguer un fusil d'un concombre". Il est frappant de constater que ce sont des ex-généraux expérimentés comme Vad et Kujat qui, dès le début, ont mis en garde contre l'allégeance aveugle de type Nibelungen à l'Ukraine et ont vu venir sa défaite - tandis que des acteurs politiques, pour la plupart sans service et étrangers au sujet, se lancent dans une rhétorique guerrière aussi stupide que dangereuse. Cela aura des conséquences apocalyptiques si les voix de la raison ne s'imposent pas enfin et si l'Allemagne ne se tient pas enfin à l'écart d'une guerre qui, contrairement à ce que la propagande perpétue, n'a jamais été la nôtre.

 

mardi, 05 mars 2024

L’avortement gravé dans le marbre de la Constitution: Pulsion de mort ou suicide assisté de la France?

B9732766461Z.1_20221124184453_000+G48LNV0TM.1-0.jpg

L’avortement gravé dans le marbre de la Constitution:

Pulsion de mort ou suicide assisté de la France?

Pierre-Emile Blairon

Le 4 mars 2024, le Parlement a été convoqué par le président de la République en Congrès à Versailles (1) pour inscrire définitivement l'IVG dans la Constitution. Le texte a été adopté à 92 % des suffrages exprimés. 

La République de Macron

Il n’est pas besoin d’être catholique intégriste pour trouver singulière, voire suspecte, cette volonté de faire en sorte que l’avortement soit considéré comme une valeur suprême, comme l’un des piliers de la République de Macron (comme il y eut la République de Salo dont on n’aura finalement retenu que la fresque décadente peinte par Pasolini dans son film: Salo ou les 120 journées de Sodome) qui tient, semble-t-il, à poser cette mesure comme emblématique de son double quinquennat ; d’autres présidents avant lui avaient choisi de marquer leur passage, notamment par la construction de monuments qu’ils espéraient pérennes comme l’avait fait Pompidou avec son Centre d’art contemporain éponyme à Beaubourg, monstre urbain parcouru de fragments d’un pipe-line qui aurait explosé avant l’heure, ou Mitterrand avec sa pyramide composée officiellement de 673 panneaux de verre (et non 666 selon les thèses dites complotistes).

1200x680_beaubourg_gettyimages-454068898.jpg

rg73rgkb4xsiigqzd3ab.jpg

En vérité, la plupart de ses prédécesseurs ne sont restés dans la mémoire du peuple que par les éléments de communication concoctés pour servir leur image ou par leurs incartades bien involontaires et souvent burlesques ; on se souviendra de Giscard et de son accordéon (mais aussi de l’affaire des diamants offerts par Bokassa), l’homme de la rue se souviendra de la gauloiserie de Chirac et de ses bouteilles de Corona, de Sarkozy avec son Kärcher, ses tics et ses TOCS (troubles obsessionnels compulsifs), de Hollande avec ses frasques amoureuses et son casque de scooter.

Nous savons maintenant à peu près comment fonctionne notre président actuel qui, lui, n’amuse personne – et surtout pas le peuple - et qui se révèle comme l’archétype du manipulateur pervers narcissique, comme l’étaient Caligula ou Néron, portrait peu flatteur, de surcroît entaché de sa totale dévotion à la secte psychopathe qui dirige le monde.

Pour en revenir à notre sujet, l’avortement, il est légitime de douter que Macron serait mû par une certaine considération pour la gent féminine qu’il rendrait ainsi « libre de disposer de son corps » comme bon lui semble, l’une des caractéristiques principales de ce type d’individu étant justement de n’avoir d’empathie pour personne d’autre que lui-même.

Origine

C’est sous Giscard d’Estaing qu’a été promulguée la loi sur l’avortement ; On se dit qu’il eût été préférable de relancer la natalité avec des mesures favorisant les familles plutôt que la mortalité ; mais, justement, Giscard l’a fait ! avec le regroupement familial ! hélas ! Cette mesure ne concernait pas les Français mais les travailleurs étrangers, en majorité Algériens qui, jusque là, venaient en France pour une période courte pour ramener le fruit de leur labeur chez eux ; ils se sont donc, par le truchement de ce décret [1], installés définitivement en France et, pour bon nombre d’entre eux, ils n’ont plus travaillé, vivant aux frais de la princesse, celle même qu’ils avaient chassée d’Algérie quelques années plus tôt, en 1962.

simone-veil-en-1974.jpg

Simone Veil, alors ministre de la Santé sous la présidence de Giscard d’Estaing, est chargée par ce dernier d’entamer un processus visant à dépénaliser l’IVG (interruption volontaire de grossesse), processus qui aboutira à la loi dite « loi Veil » du 17 janvier 1975. A l’origine, Simone Veil précise que « l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue ». Il ne s’agissait donc pas dans son esprit – semble-t-il - d’un droit fondamental et encore moins constitutionnel. Ce qui paraît une position de bon sens que le Président du Sénat, Gérard Larcher, a approuvé : « La Constitution n'est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux ».

Mais, dans ce monde sous l’emprise du mensonge, nous avons appris à nous méfier des déclarations qui semblent de bonne foi et qui ne servent qu’à endormir les facultés de raisonnement des populations.

Simone Veil parlait « d’exception » : selon les derniers chiffres officiels, 234.300 IVG ont été pratiquées en France en 2022 ; ce nombre moyen de 200.000 avortements/an est constant depuis de nombreuses années ; si l’on remonte à la date de la promulgation de la loi Veil, il reviendrait à estimer le nombre total d’avortements depuis 1975 à environ 10 millions de petits Français dont l’espérance de vie a été annihilée, alors que notre taux de natalité est en baisse constante. Posons-nous la question : cette loi de 1975, contemporaine du décret autorisant le regroupement familial des immigrés, était-elle destinée à préparer le grand remplacement, formule chère à Renaud Camus, ou n’est-ce qu’une malheureuse coïncidence? Car, nous allons le voir, les cas d’avortements justifiés par le fait que la santé de la mère ou de l’enfant sont en cause, ou bien que la mère aurait été victime d’un viol, sont infimes par rapport à ce nombre extravagant de plus de 200.000 avortements par an ; quoiqu’en disent la gauche et les association féministes, les avortements dits « de confort » représentent l’énorme majorité.

Quelle est l’utilité de vouloir pérenniser la loi sur l’avortement en la constitutionnalisant ?

On peut se poser la question en constatant, d’une part, le nombre considérable de ces avortements et, d’autre part, la faible opposition aux mesures existantes.

 - Les opposants à l’avortement, opposants pour des raisons d’ordre éthique ou religieux, mais qui disposent d’une capacité de jugement sensé et qui, heureusement, sont les plus nombreux dans cette catégorie, admettent le recours à l'avortement pour des motifs très particuliers pouvant grever le futur de la mère et/ou de l'enfant comme le produit d'un viol ou l'état vital du foetus.

Les conditions d’accès à une interruption médicale de grossesse (IMG) avaient été définies dans la « Loi Veil » ; et répondaient globalement à cette préoccupation.

0,,19217014,00.jpg

En revanche, pour l’Église catholique, il ne saurait y avoir de dérogation, l’avortement est un meurtre  « tout simplement inhumain » pour le pape François tel qu’il s’est exprimé le 10 octobre 2018 lors de son audience générale. Certains fanatiques appliquent à la lettre de telles déclarations comme l’archevêque brésilien Sobrinho (photo) qui, en mars 2009, avait frappé d'excommunication la mère d'une fillette de neuf ans ayant avorté après avoir été violée par son beau-père ; la même sentence avait été prononcée contre les médecins ayant pratiqué l'avortement. Sobrinho sera ensuite désavoué par ses pairs brésiliens.

- Pour revenir en France, sur le plan politique, on pouvait s’attendre à une opposition plus marquée de la part de la droite et de l’extrême-droite. Il n’en a rien été. Ces deux partis restent des « oppositions » contrôlées.

En ce qui concerne la « droite  institutionnelle » (LR), tout au moins l’embryon qui en subsiste, nous ne serons pas étonnés, constatant son rapide déclin, de la prise de position de son Président, Eric Ciotti, pourtant bien en-deça de ce que nous imaginions de la médiocrité de ce parti:  « Evitons à la sortie du débat de nous retrouver dans le camp des ringards anti-IVG ». Comme si ce sujet éminemment fondamental, qui requiert des engagements de nature hautement spirituelle, pouvait se trouver disqualifié par une telle désinvolture qui le placerait au rang d’une simple lubie de mode passagère.

Nous pouvions nous attendre qu’il en serait autrement du groupe RN que nous supposions attaché à des valeurs plus conservatrices et qui aurait pu émettre quelques objections naturellement issues d’une réflexion, même superficielle, telle que nous sommes en train de la développer. En fait, non ; les députés du RN, à quelques exceptions près, n’ont pas plus de hauteur de vue que les députés LR et, désormais, ils ont, de surcroît, une autre vision du monde totalement opposée aux valeurs traditionnelles.

Avec seulement 12 députés contre, et 14 abstentions, le RN poursuit allègrement sa marche vers l’intégration dans le magma mondialiste et le transhumanisme sous la houlette de son gourou, Laurent Alexandre[2]. Ce tournant radical n’a pas été perçu par les électeurs du RN, ni même peut-être, par bon nombre de ses députés. Imaginez que les uns et les autres ne voient dans le RN qu’une étoile qui continue à briller alors qu’elle est morte depuis des millénaires. Il est vraisemblable que Jordan Bardella soit le dernier Young Leader – au moins virtuel – sorti d’urgence, comme un lapin, du chapeau des magiciens de Davos; Gabriel Attal et Edouard Philippe qui avaient à l’origine été pressentis pour succéder à Macron, ne sont plus crédibles, même comme hommes de paille, par leur notoire incompétence ou par leur manque de charisme, alors que Bardella a des atouts plus puissants et plus séduisants, du fait de sa brillante personnalité et du fait qu’il a une bonne partie du peuple français derrière lui; il semble que la nouvelle tactique de la secte mondialiste consisterait à privilégier un rapprochement avec l’extrême-droite, notamment en Europe où elle a le vent en poupe. Georgia Meloni a inauguré avec succès cette nouvelle stratégie et l’on se souviendra du baiser public donné lors de la marche contre l’antisémitisme destinée à soutenir Israël, par le « crapaud » Meyer Habib, (qui aura bien du mal à se transformer en une belle princesse) au prince charmant Bardella.

Bertrand Mathieu écrivait le 31 janvier 2024, dans Le club des juristes, sous le titre  Inscription de l’IVG dans la Constitution: le fantasme d’un retour en arrière: « Inscrire dans la Constitution une liberté reconnue par le Conseil constitutionnel et attribuer au législateur une compétence qui lui appartient déjà relèvent d’une conception idéologique du texte fondamental. Comme l’a souligné à juste titre le président du Sénat, la Constitution ne peut être le réceptacle des questions sociétales. Tout débat, qui en l’espèce n’existe pas, portant sur telle ou telle question de société, devrait-il appeler une réponse constitutionnelle ? [...] Il n’appartient pas au constituant de transcrire dans le marbre de la Constitution toute jurisprudence constitutionnelle se bornant à tirer les conséquences de droits qui y sont déjà inscrits. »

Question importante si nous voulons comprendre les motivations profondes de Macron  qui feront que la France, par ce projet, serait le premier pays au monde à introduire dans sa Constitution la possibilité de recourir à l'avortement, à l’unique bon vouloir des femmes qui en feraient la demande. Bertrand Mathieu parle d’une « conception idéologique du texte fondamental ». Mais quelle conception et quelle idéologie ? C’est ce que nous allons voir

thanatos.jpg

Macron serait-il obnubilé par tout ce qui touche à Thanatos ?

Dans la mythologie grecque, Thanatos personnifie la mort ; pour le psychanalyste Freud, il est la représentation des pulsions de mort, opposé à Eros, qui représente les pulsions de vie.

Eros est un être androgyne, dont le sexe n’est pas clairement défini, qui pourrait aujourd’hui être apparenté à l’une des nombreuses classifications contenues dans l’acronyme LGBTQ +.

4130.jpg

Selon Jean-Pierre Vernant, éminent historien spécialiste de la mythologie grecque, il existe un autre Eros qui, lui, est sexué qui naît de la castration du sexe d’Ouranos, coupé par son fils Cronos. Cronos (chez les Romains, Saturne), est le roi des Titans, dont nous avons, dans notre article déjà cité[3], établi une filiation probable avec la secte mondialiste et les transhumanistes.

hypnos-dieu-du-sommeil-mythologie-grecque.png

Thanatos a un frère qui s’appelle Hypnos qui a le pouvoir d’endormir les hommes et les dieux ;  maître du sommeil des hommes, il est aussi maître du sommeil des dieux, incluant donc l’éternité, le sommeil éternel étant une métaphore de la mort, ce qui explique qu’Hypnos est le frère de Thanatos. Endormir les hommes, c’est le principe même de la propagande, désignée de nos jours par l’expression « ingénierie sociale » ; quant à endormir les dieux, les globalistes y songent mais l’entreprise se révèlera plus difficile...

On comprend mieux pourquoi Freud s’est emparé de ces personnages mythologiques et pourquoi nous supposons que Macron, personnalité fort confuse et complexe, pourrait s’intéresser à ces diverses représentations.

Donc, pour répondre à la question : quelle est la motivation profonde pour laquelle Macron veut absolument inscrire l’avortement comme une valeur pérenne de la France ? Eh bien, pour lui, il s’agit de faire en sorte que, après son passage au pouvoir, ses successeurs aient les plus grandes difficultés à détricoter ce qu’il a mis en place privilégiant dans sa démarche un système de cliquet qui fera qu’on ne pourra pas, ou bien difficilement, revenir en arrière ; c’est, à un autre niveau, le sien, qui est quand même celui de Président de la république d’un pays qui fut autrefois le phare du monde, la même démarche qui consiste pour les globalistes satanistes à tenter d’arrêter le cours de l’histoire cosmique en faveur de leur seul intérêt[4].

Panthéonisation

Dans cette obsession de Macron pour ce qui touche au domaine de la mort, nous ne devons pas oublier sa « panthéonite » qui consiste à graver dans le marbre non plus de la Constitution mais du Panthéon (on se rapproche plus concrètement de l’Hadès) le nom de certains personnages qui ont contribué, par diverses actions, à la disparition en cours de notre pays. Effectivement, avant d’intervenir pour assister la France dans son grand suicide, il fallait l’inciter à y songer par de multiples biais et grâce à la complicité de ces personnalités que Macron a récompensées – ou récompensera – post-mortem en inscrivant leurs noms pour « l’éternité » dans le marbre de leur tombeau au Panthéon.

962775-le-pantheon-a-paris-les-photos-interieur-a7c9541.jpg

En premier lieu se trouve, évidemment, Simone Veil, qui est à l’origine de la dépénalisation de l’avortement, ce qui revient à dire qu’il s’agit là de la disparition, dans l’œuf, de millions de vies françaises, sur la demande, ne l’oublions pas, de Giscard d’Estaing. Simone Veil n’avait pas prévu ni voulu, comme nous l’avons souligné plus haut, que les fragiles barrières, qu’elle avait instaurées pour que le recours à l’avortement reste limité aux cas les plus dramatiques, cèdent et que l’IVG se généralise et soit accessible à toutes les demandes faites par les femmes, pour des raisons économiques ou sociales, voire esthétiques dans les cas les plus extrêmes mais, plus généralement, pour des raisons dites « de confort ».

La dépénalisation de l’avortement était-elle une raison suffisante pour accueillir sa dépouille ainsi que celle de son mari au Panthéon, compte tenu du revers de la médaille que comportait inévitablement son action, à savoir les pertes en vies humaines  ?

Elle était Ministre de la Santé sous le gouvernement de Jacques Chirac lorsqu’elle a fait promulguer la loi qui porte son nom ; n’est-ce pas problématique en regard du serment d’Hippocrate ?

Pour l’anecdote, est-ce pour lui rendre hommage que Macron nommera en 2017 celle qui fut la belle-fille de Simone Veil, Agnès Buzyn, à ce même poste de Ministre de la Santé où elle se distinguera en portant de trois à onze le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants et, entre autres affaires scabreuses, en faisant classer l’hydroxychloroquine sur la liste des "substances vénéneuses » le 13 janvier 2020, avant même le début de la pseudo-pandémie, ce qui a fait mourir, sans soin, des milliers de malades.

Enfin, toujours dans le cadre de cette panthéonite, un projet que Macron aura à cœur de mener à son terme : l’accueil au Panthéon du corps de Robert Badinter, cet avocat qui, Ministre de la Justice sous François Mitterrand, est l’auteur d’une loi abolissant la peine de mort promulguée le 9 octobre 1981.

J’entends certains me dire : mais voilà justement qui va à l’encontre de votre thèse funèbre, puisque cette loi est justement contre la peine de mort. En réalité, pas vraiment, elle est contre la peine de mort pour les assassins, qui sont beaucoup moins nombreux que ceux qu’ils ont assassinés. La peine de mort ayant été instaurée par exemplarité tout au long des siècles passés, et la prison à vie n’ayant jamais été réellement appliquée en France pour la remplacer, les assassins et meurtriers continueront à infliger cette peine de mort à leurs victimes innocentes en nombre toujours plus croissant. Il y a donc là, de surcroît, une ignominie morale favorisant le malfrat par rapport à la victime, ce qui semble être actuellement la doctrine de la Justice française appliquée à toutes sortes de délits.

Pour finir, qui se préoccupe du sort post mortem de ces petits êtres qui ne demandaient qu’à naître ? Vous pensez peut-être que les dix millions de fœtus avortés en France ont été tout simplement jetés et incinérés en « déchets hospitaliers » ? Ce que nous connaissons de cette société marchande dans laquelle nous vivons et qui transforme tout en espèces sonores et trébuchantes nous laisse à penser que ce n’est probablement pas le cas ; et c’est peut-être là la vraie raison de cet acharnement anti-vie.

Pierre-Emile Blairon

Notes:

[1]. décret du 29 avril 1976, signé par le premier ministre du président Giscard d’Estaing, Jacques Chirac.

[2] Voir mon article : Traditionalistes contre globalistes : le grand chambardement planétaire du 25 février 2024 sur ce même site.

[3]. Op.cit.

[4]. Op.cit.

mercredi, 28 février 2024

Tiraillements autour du vocable "remigration": Marine Le Pen demande à l'AfD de prendre ses distances

4dc3c1d8ba654450c8c4570d4bde6ed9.jpg

Tiraillements autour du vocable "remigration": Marine Le Pen demande à l'AfD de prendre ses distances

Source: https://zuerst.de/2024/02/28/probleme-mit-der-remigration-marine-le-pen-fordert-von-der-afd-distanzierung/

Paris. Marine Le Pen, fille du légendaire cofondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen, deviendra-t-elle la prochaine Giorgia Meloni ? Après un échange entre l'actuelle dirigeante du Rassemblement national et la porte-parole allemande de l'AfD, Alice Weidel, les doutes se multiplient quant au sérieux du tournant "patriotique" de Marine Le Pen en Europe.

Il y a quelques semaines, alors que le ton montait suite à la prétendue "réunion secrète" de Potsdam, au cours de laquelle il a été question de "remigration" des étrangers en présence du penseur identitaire autrichien Martin Sellner, la politicienne française de droite a, peu après, exigé de l'AfD qu'elle se distancie de telles idées. L'AfD a alors cherché à discuter avec Marine Le Pen. Il en va de la pérennité du groupe commun "Identité et démocratie" au Parlement européen.

Le débat a maintenant eu lieu et sur X (anciennement Twitter), Alice Weidel s'est déclarée satisfaite : "Nous avons abordé de nombreux domaines politiques et constaté que nous avions les mêmes approches pour résoudre les grands problèmes d'aujourd'hui". Le chef du RN, Jordan Bardella, aurait également participé à l'entretien.

Mais la rencontre ne s'est apparemment pas déroulée de manière aussi harmonieuse. Du moins, le Rassemblement national vient d'en rajouter une couche. Comme l'ont rapporté plusieurs médias français, citant entre autres le député RN Thibaut François, Weidel a été confrontée à Paris à la demande d'exposer sa position sur le thème de la "remigration". Le RN aurait également exigé un "engagement écrit" selon lequel la demande de "remigration" ne ferait jamais partie du programme de l'AfD (ndlr: de quoi j'me mêle?).

Déjà après la réunion de Potsdam, Marine Le Pen s'était exprimée en déclarant qu'elle se sentait en "contradiction claire" avec ce qui aurait été discuté à cette occasion. Elle n'était absolument pas d'accord avec cela. L'AfD avait démenti être favorable, par exemple, à la déportation de citoyens allemands ayant un passé migratoire.

Contrairement à l'orientation précédente de son père, Marine Le Pen s'emploie depuis des années à "dé-diaboliser" le parti. Pour cela, elle accepte également de se rapprocher du courant dominant. On ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec l'évolution en Italie, où la nouvelle dirigeante du gouvernement, Giorgia Meloni, fait également des concessions aux nuisances idéologiques dominantes et ne peut faire état d'aucun succès, notamment dans la lutte contre l'immigration clandestine (mü).

Demandez ici un exemplaire gratuit du magazine d'information allemand ZUERST ! ou abonnez-vous ici dès aujourd'hui à la voix des intérêts allemands !

Suivez également ZUERST ! sur Telegram : https://t.me/s/deutschesnachrichtenmagazin

Sahra Wagenknecht: "Je ne vois pas de position d'extrême droite chez Mme Weidel"

imago0136134536h.jpg

Sahra Wagenknecht: "Je ne vois pas de position d'extrême droite chez Mme Weidel"

Source : https://zuerst.de/2024/02/28/sahra-wagenknecht-kann-bei-frau-weidel-keine-rechtsextremen-positionen-erkennen/

Berlin. Sahra Wagenknecht garde la tête froide. Dans une interview accordée au Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAS), elle s'est opposée à l'opinion selon laquelle la présidente de l'AfD, Mme Weidel, défendrait des positions "d'extrême droite". Elle a déclaré textuellement : "Mme Weidel ne défend pas des positions d'extrême droite, mais des positions conservatrices et économiques libérales".

Weidel tient "des discours agressifs, mais je ne vois pas chez elle d'idéologie völkisch, c'est-à-dire l'hypothèse selon laquelle les nations ne se constituent pas par la culture, mais par les gènes et le sang", a déclaré la responsable du mouvement BSW.

Wagenknecht a également pris la défense des électeurs de l'AfD contre les accusations. Ceux-ci "ne sont pas, dans leur grande majorité, des extrémistes de droite". "Ils sont en colère de voir à quel point notre pays est mal gouverné, ils sont à juste titre indignés par des politiciens déconnectés qui n'évoluent plus que dans leur bulle et ne connaissent même plus les problèmes des gens, et ne peuvent, dès lors, encore moins les résoudre".

Avec ces appréciations, la présidente de parti fraîchement élue ne s'est pas fait d'amis auprès de certains de ses anciens camarades. Ainsi, le ministre-président de Thuringe Ramelow (LINKE) a écrit sur X : "Non, Mme Weidel est la responsable de l'AfD qui est d'extrême droite, et Mme Wagenknecht minimise cela délibérément". Et Clara Bünger, députée de gauche au Bundestag, a écrit : "Ceux qui minimisent la politique de droite de Weidel et d'un parti classé comme extrémiste de droite confirmé dans plusieurs Länder contribuent à la normalisation des positions de droite" (rk).

Demandez ici un exemplaire de lecture gratuit du magazine d'information allemand ZUERST ! ou abonnez-vous ici dès aujourd'hui à la voix des intérêts allemands !

Suivez également ZUERST ! sur Telegram : https://t.me/s/deutschesnachrichtenmagazin

Chroniques de la folie ordinaire

FB_IMG_1706977165715.jpg

Chroniques de la folie ordinaire

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/cronache-di-ordinaria-follia/

Giorgia Meloni préside sa première réunion du G7 à Kiev. Elle promet à Zelensky que l'Italie restera à ses côtés jusqu'à la victoire finale sur Moscou.

Macron n'est pas présent. Il a d'autres choses à faire. Etre présent à la grande foire agricole de Paris. De toute évidence, il s'agit d'un engagement de 24 heures, qui ne lui permet même pas une minute de connexion à distance.

Pourtant, le lendemain, il convoque un autre sommet international à Paris. Une sorte de G7 (ou autre) bricolé... Paris ne renonce pas à la grandeur. Au-delà de la réalité et du bon sens.

Et il place la barre plus haut. Prêt à envoyer des troupes de l'OTAN combattre en Ukraine. Nous devons nous préparer.

Même Pépé Biden est surpris. Tout en mangeant une glace - mais avez-vous déjà vu un président américain faire des déclarations sur une crise internationale tout en dégustant un cornet ? - il dit non, non, aucune intention ou attente d'une intervention directe de l'OTAN... nous ne voulons pas d'une confrontation directe avec les Russes....

Traduction : laissez les Ukrainiens continuer à mourir. Je veux juste leur donner des armes. Probablement produites par l'industrie américaine de l'armement. Qui gagne alors des milliards. Que les Européens, surtout, paient. Et les citoyens américains ordinaires. Sans les Républicains, pilotés par ce mauvais garçon qu'est Trump, ce serait chose faite.....

Le_1_macron_poster_lr.jpg

Consternation générale. Et Macron le rappelle. L'envoi de troupes de l'OTAN en Ukraine n'est pas synonyme de belligérance.

En fait, elles s'y rendraient pour collaborer à la récolte des céréales.....

Les Russes sont perplexes. Si vous envoyez des troupes, c'est la guerre.

Lapalissade ! Mais pour notre presse, il s'agit d'une déclaration choquante. Les Russes nous menacent !

Pendant ce temps, Zelensky bat (pour la énième fois) le tambour. Il faut de tout... des armes, des munitions, de l'argent... surtout de l'argent. Beaucoup d'argent. Pour gagner (et non pour le verser sur des comptes à l'étranger, bon sang !). Et Meloni lui fait écho. Malgré la propagande (dont ?), la Russie ne gagne pas. L'Ukraine peut le faire. L'Ukraine esclave !

Zelensky donne les chiffres. Nous avons déjà perdu trente mille hommes. Il devrait les multiplier par dix, par vingt... mais peu importe... je n'ai jamais été fort en maths. Mais nous pouvons gagner. Sinon, des millions d'Ukrainiens mourront. Et pas seulement des Ukrainiens....

Pendant ce temps, le NYT publie que la CIA, avec les "cousins" britanniques du MI6, aurait manœuvré les émeutes de la place Maïdan pour arracher Kiev au parti pro-russe (qui avait gagné les élections en toute légalité, petit détail) et provoquer un changement de régime (traduisez : un coup d'État) pour l'amener dans l'orbite de l'OTAN.

Des secrets de polichinelle.

Plus intéressant, cependant, le NYT parle de bases de la CIA à la frontière russo-ukrainienne qui sont opérationnelles depuis des années. Des centres d'observation (espionnage) et des bases de lancement de drones.

Plus intéressant encore... pourquoi le grand journal libéral publie-t-il cette nouvelle à l'instant? Sont-ils devenus "poutinistes" ? Parce qu'il semble vouloir justifier l'attaque russe....

Peut-être que dans un bureau reculé de Washington, à Langley ou au Pentagone, on commence à se dire que, dans ces conditions, il va falloir traiter avec Poutine ?

Et qu'il est donc également nécessaire de commencer à renoncer à la diabolisation dont il a fait l'objet ?

Après tout, semble vouloir dire le NYT, tout n'est pas de sa faute....

Je me demande qui va expliquer cela à Macron et à Meloni ?

Les migrations, une question qui divise les régionalistes européens ?

w1280-p1x1-2014-09-17T142616Z_179520883_LR1EA9H143HMF_RTRMADP_3_SCOTLAND-INDEPENDENCE_0.jpg

cortege-2.jpg

Les migrations, une question qui divise les régionalistes européens ?

Peter Logghe

Source : Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no 187, février 2024

L'exemple de la Corse

La situation des nationalistes corses peut s'avérer intéressante pour attirer notre attention sur le contexte de cet article. Le 2 mars 2022, Franck Elong Abé, un djihadiste de 36 ans, originaire du Cameroun africain et ancien détenu des Américains à Bagram et en Afghanistan, a été nommé responsable de l'entretien de la salle de sport de la prison de la ville française d'Arles. Yvan Colonna, auteur présumé de l'assassinat du préfet français de Corse, M. Erignac, et nationaliste corse connu, est également détenu et fréquente la salle de sport de la prison. Rapidement, les deux se battent. Le nationaliste corse Yvan Colonna mourra de ses blessures à l'hôpital de Marseille le 21 mars 2022 (source : Conflits, Revue de Géopolitique, Jan-Feb 2024, no 49).

Le mouvement nationaliste corse officiel accuse le gouvernement français d'échec politique, échec qui a causé la mort de Colonna. L'islamisme djihadiste du tueur n'est pas mentionné. Une partie de la jeunesse nationaliste n'accepte plus ce silence. Olivier Battini, étoile montante de la jeunesse nationaliste, déclare: "On a essayé de nous faire taire sur les origines islamiques du tueur de Colonna, en désignant uniquement l'État français comme responsable. J'ai résisté et j'en ai tiré les conséquences en démissionnant de Femu a Corsica (parti autonomiste)". Battini a fondé le mouvement Palatinu dans la foulée. Il sait de quoi il parle, puisqu'il a lui-même été interné un temps pour une prétendue tentative d'assassinat d'un fonctionnaire français en Corse. Le Palatinu, quant à lui, a fait parler de lui pour des manifestations et des émeutes en 2023 dans des quartiers gangrenés par le trafic de drogue. Là encore, le Palatinu dénonce l'immigration comme cause possible de la désintégration sociale due à la violence et au trafic de drogue.

870x489_emojis.jpg

Les régionalistes sont apparus pendant la période de décolonisation

La Corse est un bon exemple, car la génération nationaliste la plus âgée pense encore pleinement dans le cadre idéologique de l'émergence du nationalisme corse d'après-guerre. Les minorités ethniques européennes opprimées ont aligné leur lutte sur les soulèvements des autres continents contre le colonialisme européen, parce qu'il s'agissait d'une oppression similaire, disaient-ils. Peu à peu, cet angle d'attaque s'est estompé, notamment lorsque certains dirigeants nationalistes corses ont demandé à l'Italie d'accueillir les clandestins sauvés en mer. Dès cette époque, de jeunes nationalistes s'agitent et ne manquent pas d'en faire part à leurs dirigeants politiques.

Gilles_Simeoni_(cropped).jpgQuoi qu'il en soit, le régionalisme politique a fait du chemin. Dans le sillage de la décolonisation du tiers-monde, qui a pris son essor dans les années 1960, ces jeunes régionalistes ont glissé leur propre problématique, en douceur, dans l'idéologie de la décolonisation. Ainsi, le fils d'Edmond Simeoni, fondateur de l'ARC, Gilles Simeoni (photo), est un avocat actif à la Ligue des droits de l'homme. Les exemples sont légion.

Ces régionalistes, qui ont placé le signe de l'égalité entre la lutte pour l'indépendance algérienne et la lutte pour l'indépendance bretonne, ont été accueillis à bras ouverts par la gauche. Jusqu'au début des années 2000, cette stratégie a même semblé fonctionner dans une certaine mesure, et divers peuples d'États multinationaux comme la Grande-Bretagne, l'Espagne et la France se sont vu attribuer des compétences régionales (en matière d'éducation, de culture, de politique linguistique, etc.) Avec la création de la CECA, puis de l'UE, ils ont trouvé leur place idéologique auprès des Verts et de l'Alliance libre européenne.

Cependant, cette même UE, dont les régionalistes de gauche espéraient qu'elle remplacerait les États-nations, s'est avérée être aussi un bouchon sur la bouteille comme l'étaient et le sont les États-nations eux-mêmes. Le dernier pas des régionalistes et des autonomistes, le pas vers l'indépendance de leur région, l'Union européenne n'a pas voulu le faire (comme l'a montré la question catalane). La question de l'élargissement à l'Est (Ukraine, Géorgie, Balkans) semble bien plus importante que l'accueil de nouveaux Etats membres comme la Catalogne, l'Ecosse, la Flandre... à la table des négociations.

En outre, le mouvement de décolonisation, précédé en cela par les universités anglo-saxonnes, s'est déplacé de plus en plus vers la gauche sur le plan idéologique. A Strasbourg et à Rennes, le discours racial et le débat sur la couleur de peau ont progressivement pris le pas sur la question de la protection du breton et de l'alsacien. Le cadre de la décolonisation a pris le pas sur le culturel-linguistique.

GettyImages-455428378.jpg

maxrehysdefault.jpg

Le nationalisme écossais se tire une balle dans le pied, paralysant les efforts d'indépendance

Beaucoup de régionalistes européens accrochent leur charrette à un agenda socialement progressiste, avec des notions d'"intersectionnalité des luttes". À Édimbourg, le Premier ministre écossais, Humza Yousef, a célébré sa nomination au poste de Premier ministre sur Twitter par une prière islamique dans son bureau, en compagnie de sa famille. Il a fait du projet de loi sur la réforme de la reconnaissance du genre et de la reconnaissance des personnes transgenres son cheval de bataille, mais - comme tout le monde le pressentait - il a en même temps provoqué une scission au sein de son propre parti, le Scottish National Party, avec ce projet de loi. Ash Regan, ministre des collectivités, a démissionné et une pétition de protestation contre cette "révolution du genre", lancée par Kate Forbes et d'autres, a depuis été signée par des milliers de membres du parti. Plusieurs organisations féminines écossaises ont déjà fait part de leurs inquiétudes quant à l'étendue de la reconnaissance des personnes transgenres et craignent que cette reconnaissance ne se fasse au détriment des femmes écossaises. Le détournement du débat public en Écosse vers des questions sociétales ultra-minoritaires a entraîné une diminution du soutien à l'indépendance de l'Écosse. Un second référendum sur l'indépendance semble plus éloigné que jamais.

Des élections sont prévues en Écosse en 2025 et les observateurs estiment que le parti travailliste écossais pourrait revenir au pouvoir. Le parti travailliste écossais a déjà reçu des félicitations encourageantes de la part du parti parent du Royaume-Uni.

Il est temps que les régionalistes, comme en Corse, osent dire adieu à des idées qui ne font qu'alourdir, miner et démentir leur cause régionaliste. Et qu'ils osent affronter la réalité de 2024.

Peter Logghe

Conflits, Revue de Géopolitique, janv-fév 2024, n° 49, p. 21 et s.

contact@revueconflits.com

Adresse :  32, rue du Faubourg Poissonnière, F-75010 Paris

mardi, 27 février 2024

Nous nous dirigeons vers la troisième guerre mondiale grâce aux p'tits Macron

features_card-2.jpg

Nous nous dirigeons vers la troisième guerre mondiale grâce aux p'tits Macron

Carlos X. Blanco

Source: https://adaraga.com/nos-encaminamos-a-una-tercera-guerra-mundial-gracias-a-los-pequenos-macrones/

Nous nous dirigeons vers une Troisième Guerre mondiale, et les peuples occidentaux dorment et se prélassent paisiblement sur une poudrière. La mèche qui peut faire sauter ce baril de poudre est très proche, mais les masses continuent de brouter le slogan pentagonal et otaniste, dans la bouche des petits employés du Grand Capital spéculatif: "nous ne pouvons pas permettre à la Russie de s'emparer de l'Europe".

La poudrière n'est pas simplement une poudrière: c'est une myriade d'ogives nucléaires qui, même si elles sont utilisées avec parcimonie, de manière tactique et "à profil bas", signifient la fin de l'Europe si elles sont utilisées, notre fin ni plus ni moins. Il ne suffisait pas de détruire un pays entier, l'Ukraine, et d'utiliser sa population comme chair à canon. Il ne suffisait pas de nourrir des rêves nationalistes et suprématistes pour l'arracher à son orbite russe naturelle. Il fallait, et il faudra, pour reprendre les mots du "petit Napoléon", envoyer ouvertement des troupes européennes, et non plus comme de pseudo mercenaires ukrainiens, comme cela a été fait jusqu'à présent, mais en enrôlant les nôtres et en leur donnant des uniformes et des armes.

FMhCHtGWUAAoYSs.jpg

Macron, malgré son nom trompeur qui étymologiquement signifie "grand", est un tout petit homme. Et les petits hommes qui veulent montrer la grandeur sans la posséder sont dangereux. Macron, comme Sanchez et comme tous les petits hommes qui dirigent l'Occident collectif, veut nous entraîner follement dans une confrontation guerrière avec un géant. Le peuple russe, d'après nos informations, n'a plus rien à voir avec les petites villes de l'Occident. Le peuple russe conserve une bonne dose de patriotisme et de foi chrétienne. C'est un peuple qui a souffert de manière indicible, d'abord pour vaincre les nazis, ensuite pour vaincre le stalinisme.

La dernière grande vague de souffrance a eu lieu avec la chute du régime soviétique, un moment historique perdu pour la nécessaire construction de la Grande Europe. Ceux qui n'étaient plus "communistes" et ne pouvaient plus représenter une menace pour l'Occident ont continué à être traités comme des ennemis s'ils résistaient (comme ils l'ont fait) à être réduits au statut de pion du néolibéralisme. Ils ont eu une réaction : la Russie n'a plus jamais été un gâchis et a pu se rassembler autour d'un dirigeant national, Poutine.

skhzp8MyKjQrj6RrDQZZqTQXoqs.jpg

Les nains qui dirigent l'Europe ont commis une erreur majeure. Ils n'ont pas embrassé une belle nouvelle mariée, mais - sur ordre des Américains - se sont jetés sur elle comme des hyènes pour la violer et la dépouiller. La Russie, déjà suffisamment démembrée et outragée sous l'ère Eltsine, a dignement conservé l'essentiel de sa nationalité et de son patriotisme, et ne s'est pas laissée faire.

Les budgets de l'Union européenne consacrés à la "défense" ne cesseront d'augmenter, tandis que les écoles se dégradent, que les soins de santé s'effondrent, que les campagnes sont abandonnées et que la productivité s'effondre. Plus personne ne disposera de la capacité de production nécessaire pour payer des impôts: nous devenons tous "dépendants". Ceux qui ne vivent pas avec une petite allocation vivront avec une subvention, et la jungle des bénéficiaires de l'aide deviendra insoutenable: ce sera une guerre de loups selon Hobbes, les anciens subventionnés se battront contre les nouveaux, les allogènes contre les autochtones, et la folie s'emparera d'un "vieux" continent, non pas parce que l'empire américain est très récent, mais parce qu'il est vieux parce qu'il a vieilli. Un continent aliéné et apte, selon nos p'tits Macron, à recueillir la moitié de l'Afrique.

Un grand assombrissement se profile à l'horizon. Une convergence de catastrophes, comme disait Guillaume Faye. L'Europe s'appauvrit à vue d'œil, soumise à un cadre législatif qui n'émane pas des besoins de ses peuples mais de la "réalité virtuelle" dans laquelle vivent ces petits dirigeants qui ne savent pas comment déclencher la guerre, bien qu'ils soient séduits par le jeu, car même la brute du quartier, le gendarme du monde, qu'on appelle l'hégémon américain, peut s'effacer d'un moment à l'autre. Ils se sont déjà enfuis en se pissant dessus au Vietnam et en Afghanistan.

Les p'tits Macron et Sanchez, soumis à toutes sortes de lobbies, qui sont-ils ? Ce sont les petits chefs qui savent faire pression sur leur peuple (les unités de mamporreras de Marlaska, ministre de l'intérieur espagnol, donnent une bonne idée de ce qui nous attend), mais eux, si grossiers avec leur peuple, se comportent à Bruxelles et dans les cénacles cachés comme des boulettes qui, sur le terrain, se laissent aplatir par les bottes les plus diverses. En Espagne et en Europe, les bottes qui conviennent le mieux à ce type de dirigeant, qui ont le pouvoir d'acheter et de louer des putes avec des mallettes et des sièges, sont les bottes des Marocains et des Arabes.

9067899.jpeg

GA6Rw5UWEAAxzgM.jpg

Ces "professionnels" de la vente à soi-même, cette variante de la politique proche de la prostitution, ne sont ni plus ni moins que la majorité de nos politiciens, tous prêts à nous conduire à une guerre mondiale sans parlements, sans syndicats, sans partis, sans ONG et sans autre "nomenklatura" capable de donner des coups de gueule".

Il y aura beaucoup de morts et de faim avant que l'Europe ne se réveille. Les Russes faisaient partie de l'Europe : aujourd'hui, ils nous considèrent comme une pourriture méconnaissable. Moralement, nous n'avons rien à offrir : le génocide slave et le génocide palestinien s'ajoutent à des centaines de génocides antérieurs. Les mains tachées de sang de l'OTAN et des petites armées qui tuent comme des franchises du Pentagone (elles ont déjà tué la Serbie, la Libye, l'Irak, la Palestine...) ne sont pas de bonnes mains pour construire un avenir.

J'ai vu la récente vidéo (nauséabonde) d'un homme âgé, défendant l'agriculture espagnole, qui se fait battre et maltraiter par des fonctionnaires devenus des voyous. On ne voit généralement pas la même force dans la défense de nos frontières et le maintien de l'ordre dans nos rues contre les barbares et les criminels. Si l'"Occident collectif" a été un empire, nous voyons aujourd'hui qu'il n'offre rien : seulement un avenir de dégradation. Ces p'tits Macron sont un danger pour les peuples, mais je dirais même plus: ils sont un risque pour l'humanité. Si nous nous taisons, nous serons détruits. Nous ne pouvons pas les laisser sur leur trône. Ce sont des ennemis du peuple.

Qui est Carlos X. Blanco?

Carlos X. Blanco est né à Gijón (1966). Docteur et professeur de philosophie. Auteur de plusieurs essais et romans, ainsi que de compilations et de traductions de David Engels, Ludwig Klages, Diego Fusaro, Costanzo Preve, entre autres. Il est l'auteur de nombreux livres. Il collabore régulièrement à divers médias numériques.

Transnistrie. Point de non-retour

62d427ba880ea990dab9fdd5eeeb0e81.jpg

Transnistrie. Point de non-retour

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/transnistria-punto-di-non-ritorno/

Transnistrie. La rive gauche du Dniestr. Une république indépendante, mais reconnue uniquement par l'Ossétie et l'Abkhazie.

Pour la plupart des gens, elle ressemble à l'un de ces petits États balkaniques d'opérette, comme Pontevedro dans "La veuve joyeuse" de Franz Lehar.

Et que peut-on attendre d'un petit État de moins d'un demi-million d'habitants ? Que le prince Danilo sorte en chantant "È scabroso le donne studiar...".

Mais au lieu de cela...

AM4BB35XFRNEH7GZAKZWCWJCOI.jpg

Au lieu de cela, la Transnistrie risque de devenir, à très court terme, le détonateur d'un nouveau conflit au cœur de l'Europe. Entraînant l'OTAN et la Fédération de Russie toujours plus près d'une confrontation directe.

Le cœur du problème remonte à l'effondrement de l'URSS. Celle-ci, dans sa géographie interne, considérait la Transnistrie comme faisant partie de la République socialiste de Moldavie. Bien que la majorité de la population de cette province soit russe.

Avec l'effondrement du système soviétique, ce que nous avons également vu en Ukraine s'est produit ici. Et dans de nombreuses républiques nées des cendres de l'empire soviétique.

La Transnistrie s'est déclarée indépendante, n'acceptant plus d'être considérée comme faisant partie de la Moldavie. Là où, en revanche, un "nationalisme roumain", qui aspire à l'unification avec Bucarest, s'est peu à peu affirmé.

C'est le sort de tous les empires supranationaux. Lorsqu'ils implosent, l'espace géopolitique est fragmenté et occupé par des nationalismes tribaux, ethniques et, presque toujours, brutalement xénophobes.

Dans le cas des anciennes républiques de l'URSS, ce phénomène a été accentué par le soutien apporté à ces nationalismes tribaux par des puissances extérieures. Et des potentats financiers.

Le cas de l'Estonie est exemplaire. Un véritable régime d'apartheid y est en vigueur à l'encontre des "non-Estoniens". Un régime qui marginalise une grande partie de ses citoyens, les privant de presque tous les droits. Un problème signalé et condamné par les Nations unies et diverses organisations internationales. Pourtant, l'Estonie est membre de l'OTAN et de l'UE.

imagetnl.jpg

Posons quelques questions...

La Transnistrie vit actuellement dans une dimension suspendue. Indépendante de facto, mais, de jure, toujours province de la Moldavie. Et elle vit surtout dans une trêve, suite à la "guerre" civile avec la Moldavie dans les années 1990. Une trêve garantie par les troupes russes, massivement présentes sur le territoire.

Mais Moscou n'a jusqu'à présent jamais forcé la main. Elle n'a pas annexé la province, et a même préféré diplomatiquement prétendre qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une sécession de la Moldavie.

Aujourd'hui, cependant, la situation a définitivement changé. Les nationalistes roumains sont au pouvoir à Chishinau. Ils veulent non seulement rompre avec la Russie, mais aussi faire entrer le pays dans l'OTAN. Et, en perspective, obtenir l'unification avec Bucarest.

La Transnistrie a, bien entendu, réagi en demandant son rattachement à la mère patrie, la Russie.

Poutine a officiellement déclaré qu'il donnerait une réponse sous peu.

Il est clair, cependant, que celle-ci ne peut être que positive.

Si la Moldavie entre dans l'OTAN, la Transnistrie entre en Russie.

Ce sont les règles de la domination géopolitique.

Après la question du Donbass, voici la question de la Transnistrie. La voracité de l'OTAN à vouloir s'étendre dans les anciennes républiques soviétiques - Ukraine, Moldavie - provoque une série de réactions en chaîne. Qui, tôt ou tard, déboucheront sur un conflit direct entre Washington et Moscou.

Reste à savoir quand et où le point de non-retour sera franchi. Il pourrait s'agir de cette petite république à l'Est des Balkans. La Transnistrie.

Remigration : politiquement et moralement justifiée

HD-wallpaper-take-off-plane-sunset-view.jpg

Remigration : politiquement et moralement justifiée

Jan Lievens

Source : Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no. 187, février 2024

En Allemagne, la "lutte contre la droite" a atteint un nouveau sommet. En janvier, la soi-disant plateforme de recherche Correctiv a révélé que des politiciens du parti national de droite Alternative für Deutschland et l'activiste identitaire Martin Sellner travaillaient sur un plan secret visant à expulser massivement les citoyens allemands issus de l'immigration (sous le titre inquiétant de "Geheimplan gegen Deutschland"). Qu'est-ce que cela veut dire ?

Le caucus Correctiv, de gauche, a concocté une histoire sensationnelle qui a été dévorée comme un gâteau sucré par de nombreux médias européens, sans aucune vérification des faits. La conférence de Sellner sur la remigration a été exagéré dans des proportions absurdes. Certains ont même comparé la réunion de Potsdam à la conférence de Wannsee de 1942, où la "solution finale" à la "question juive" a été discutée et où la mise en œuvre de l'Holocauste a été coordonnée. On voit bien comment les fantasmes sur les nazis continuent de hanter les esprits.

Toute personne de droite est un nazi

Dans l'Allemagne d'aujourd'hui, quiconque prône l'inversion des flux migratoires est assimilé à un nazi. C'est aussi simple que cela. Tout cela doit être vu dans la perspective des prochaines élections européennes de juin. L'AfD est en pleine ascension et les partis établis craignent de perdre du pouvoir. La campagne de dénigrement actuelle s'inscrit dans le cadre des tentatives visant à interdire le parti ou à retirer leurs droits politiques aux politiciens populaires de l'AfD, tels que Björn Höcke, afin qu'ils ne puissent plus se présenter aux élections.

Pas de plan secret

Une lecture sobre des faits montre que la conférence de Martin Sellner sur la remigration est davantage un avant-goût de son livre qui sera bientôt publié qu'un plan secret visant à expulser des millions de personnes. Les citations de sa conférence ont été tronquées et déformées. Sellner, dans ses propres termes (""Geheimplan Vertreibung ?" - Nun äußert sich Sellner", Junge Freiheit, 10 janvier 2024), n'a pas non plus fait de distinction entre les ressortissants allemands.

46-145255871.jpg

41O9Sj26YdL._AC_SY580_.jpg

Sellner est un orateur et un publiciste doué qui ne cache pas ses opinions. Martin Sellner (né en 1989) a étudié la philosophie et le droit et, en tant qu'activiste et stratège, il a construit le mouvement identitaire dans les pays germanophones. Son travail est principalement publié par Antaios, la maison d'édition allemande de la nouvelle droite autour de Götz Kubitschek. L'année dernière, il a publié l'ouvrage provocateur "Regime Change von Rechts. Eine strategische Skizze". En mars, son nouveau livre "Remigration. Ein Vorschlag" sortira de presse. Il y précise que remigration n'est pas synonyme d'expulsion.

51K9WVrXcuL._AC_UF894,1000_QL80_.jpg

Que propose réellement Sellner ?

Sellner préconise une politique de remigration à l'égard des étrangers qui ne peuvent être assimilés sur les plans culturel, économique, politique et religieux. La remigration n'a rien à voir avec la déportation, comme ce fut le cas, par exemple, pour 14 millions d'Allemands de l'Est après la Seconde Guerre mondiale, dont environ deux millions n'ont pas survécu. L'histoire des "Heimatvertriebene" est trop souvent oubliée, alors qu'elle fut sans précédent.

Ce que Sellner propose n'est pas très différent des options politiques qui voient le jour en Europe aujourd'hui, telles que des dispositions plus strictes en matière de séjour et de voyage ou des incitations au retour volontaire. Sellner les associe à une politique de droite, émanant de la culture dominante (de la Leitkultur), une politique d'assimilation, ainsi qu'à des critères précis tels que la criminalité, le fondamentalisme politico-religieux et la distance culturelle. Il s'agit d'une politique qui prendrait environ 30 à 40 ans. La remigration des immigrants illégaux et des étrangers qui ne peuvent pas être intégrés est légalement possible, politiquement et moralement justifiée et pratiquement réalisable. Il s'agit d'un processus qui profiterait à tout le monde, a déclaré Martin Sellner. Si l'Europe veut préserver son identité et sa liberté, nous ne pouvons pas contourner le concept clé de la remigration dans les décennies à venir.

Chaque inconvénient a son avantage

Malgré une véritable campagne de haine contre Sellner, l'AfD et la "droite" en général, la gauche totalitaire marque un nouveau but contre son camp. Le nouveau livre de M. Sellner est actuellement en tête des ventes sur Amazon, alors qu'il n'a pas encore été publié. L'éditeur Antaios a annoncé début février que quelque 7000 précommandes avaient déjà été enregistrées sur Amazon, mais que, par principe, il ne livrerait pas (plus) à Amazon - pour en savoir plus, cliquez ici: https://sezession.de/68936/warum-antaios-das-buch-remigration-nicht-an-amazon-liefern-wird .  Nos amis allemands défendent leur cause et méritent notre soutien.

Vous pouvez commander 'Remigration' de Martin Sellner ici: https://antaios.de/gesamtverzeichnis-antaios/einzeltitel/197055/remigration.-ein-vorschlag .

Jan Lievens

lundi, 26 février 2024

Adieu l'OTAN?

what-happens-if-donald-trump-pulls-america-out-of-nato.jpg

Adieu l'OTAN ?

Andrea Marcigliano

Source : https://electomagazine.it/addio-alla-nato/#google_vignette

Donald Trump va-t-il gagner la course à la Maison Blanche ? Probablement, de plus en plus probablement, à condition que les pièges judiciaires et les échappatoires qui lui sont tendus chaque jour ne l'empêchent pas d'atteindre le vote final en novembre prochain... Ce que les marionnettistes qui tirent les ficelles du vieux Joe Biden espèrent - et tentent désespérément - de faire. Des marionnettistes puissants qui, il y a quatre ans déjà... mais c'est désormais de l'histoire ancienne. C'est de l'histoire ancienne et sale.

Mais parlons d'autre chose. Parlons de ce qu'il adviendra de l'OTAN avec le retour du Donald dans le bureau ovale. Un Trump, comme on pouvait s'y attendre, assoiffé du sang de ses ennemis. Et qui n'est plus disposé à faire des concessions et des compromis. Notamment parce qu'ils ne lui ont pas servi à grand-chose dans un passé récent.

Parce que l'ancien, et prévisible futur, président s'est laissé aller à des déclarations qui ne peuvent manquer d'inquiéter. Les dirigeants actuels de l'OTAN, bien sûr... et surtout les "alliés" européens, de plus en plus inquiets.

Au point que Stoltenberg (nomen est omen ?) a réagi de façon quasi hystérique aux déclarations certes paradoxales et ironiques de Trump.

Car, bien sûr, le magnat ne pense pas vraiment "inviter" Poutine à envahir les pays européens de l'OTAN qui ne respectent pas leur engagement d'allouer au moins 2% de leur budget de défense... en gros, la quasi-totalité d'entre eux. Un paradoxe, une boutade. Mais qui révèle une attitude bien précise à l'égard de l'Alliance atlantique. Et des "amis" du Vieux Continent.

Trump, avec son style coloré, a voulu envoyer un message. Aux alliés.

Ne comptez plus sur le parapluie américain. Les intérêts de l'Amérique, ceux que je représente, ne coïncident pas avec les vôtres. Voulez-vous vous défendre ? Voulez-vous persister dans la confrontation/affrontement avec Moscou ? Eh bien... apprenez à vous débrouiller seuls.

Grossier, oui. Mais sans détour.

Il serait facile d'affirmer que l'OTAN a toujours servi les intérêts des États-Unis. Elle a été, et est aujourd'hui plus que jamais, un instrument de leur puissance. Et c'est précisément l'objection sous-jacente soulevée par Stoltenberg....

Pourtant, Trump ne représente pas "cette Amérique-là". L'Amérique des grands potentats financiers. Celle des Soros, des Gates... de Black Rock. La sienne, celle qui pourrait le ramener à la Maison Blanche, est une autre Amérique. Ou plutôt ses bas-fonds. Les industries et les entreprises. Même les petites et moyennes. Des travailleurs. Les familles. Les agriculteurs. La base et le terreau du populisme. Qui, aux États-Unis, n'est pas une bulle d'infamie. Mais une tradition culturelle forte, à laquelle des penseurs comme Christopher Lasch et Paul Piccone se réfèrent encore.

Andrew_jackson_head.jpg

Dans l'ADN du populisme américain - qui, de loin, remonte à Andrew Jackson (tableau, ci-dessus) - il y a ce que nous avons l'habitude d'appeler "l'isolationnisme".

Mais qui, en réalité, est autre chose. D'abord et avant tout, il y a la distance profonde entre la culture américaine et la culture européenne. Une distance qui se traduit par un éloignement important. Et l'indifférence.

Ensuite, le souci des intérêts premiers du peuple américain. Pas ceux d'élites éclairées et cosmopolites, éloignées de leur propre terre. Et qui, pour cette même raison, sont toujours les mêmes. Où qu'elles résident physiquement.

Des élites autoréférentielles, qui ne produisent pas de richesses réelles, mais s'enrichissent de manière disproportionnée en exploitant le jeu tourbillonnant du capital financier. Sans racines. Et qui ne reconnaissent d'autre appartenance qu'elles-mêmes et leurs propres intérêts. Et... souhaite.

America First... Le slogan de Trump évoque au contraire les racines, l'apparition d'une identité nationale précise.

160526-farmers-for-trump-ap.jpg

C'est pourquoi pour Trump, et pour son Amérique, l'OTAN n'apparaît que comme un fardeau. Un fardeau dont il faut se débarrasser au plus vite.

Attention, il ne s'agit pas ici de faire l'apologie du Donald.

Trump n'est pas "bon". Ce n'est pas un pacifiste.

Bien sûr, dès qu'il sera réélu, il s'emploiera à mettre fin aux hostilités en Ukraine. Et détendre les relations avec Poutine. Et ce, parce que c'est dans l'intérêt de son Amérique. Qui est l'économie réelle. Et il a besoin des matières premières russes.

Mais il se comportera différemment avec la Chine. Non pas à cause de Taïwan, mais parce que le système industriel chinois est le principal antagoniste du système américain.

Quant au Moyen-Orient... il suffit de dire que Nethanyau fait des vœux à son Dieu pour revoir Trump dans le bureau ovale.

Pour l'OTAN, en revanche, cela sonnera le glas. L'Amérique de Trump n'en a pas besoin. C'est un fardeau trop coûteux.

Nous commençons à nous faire à cette idée. Dans un an, l'horizon pourrait changer. Radicalement.

Et pour nous, Européens, ou plutôt pour nos bureaucraties politiques, ce sera la douleur.

dimanche, 25 février 2024

CONFERENCE SUR LA SECURITE DE MUNICH 2024 - « Le renforcement de l'ordre international fondé sur des règles »

bd42697_5658694-01-06.jpg

CONFERENCE SUR LA SECURITE DE MUNICH 2024

« Le renforcement de l'ordre international fondé sur des règles »

Un revirement stratégique allemand ?

Irnerio Seminatore

TABLE DES MATIERES

- Le concept de sécurité et le pouvoir normateur

- Antinomies, ruptures et discontinuités

- Zbignew Brzezinski, l’Eurasie et la décentralisation de la Russie

- Les interventions du Chancelier allemand O.Scholz et de la Ministre des affaires étrangères Mme A.Baerbock

- Une défense pan-européenne commune face à la « menace » russe ?

- Lecture actualisée du « Forum de Munich 24 » et de la situation actuelle selon les concepts de « Guerre et Paix, hostilité, état intermédiaire et guerre totale » de Carl Schmitt

* * *

Le concept de sécurité et le pouvoir normateur

La Conférence sur la Sécurité de Munich (CSM), littéralement « conférence sur les savoirs de défense » à l’origine (Wehrkundetagung), qui se tient annuellement à Munich depuis 1963, a comporté la présence de Chefs d’Etat et de gouvernement, des Ministres de la défense, des Chefs d’Etat-major et d’experts et analystes des pays de l’Otan, de l’UE, d’Europe, de la Zone euro-atlantique et d’ailleurs. Son panel a pu compter sur des interventions de A. Blinken, O. Scholz, A. Baerbock, A. Gutierrez, J. Stoltenberg, V. Zelensky, K. Harris, etc. Même Poutine s’y est exprimé en 2007 pour dénoncer l’unilatéralisme américain. On définit ce Forum « le Davos de la politique » pour son caractère globaliste. Cette année (du 16 au 18 février), le thème central du débat a été le « renforcement de l'ordre international basé sur des règles » et ce sujet résonne particulièrement dans les esprits, car les règles et la sécurité ne font pas bon ménage, sauf contrainte.

En effet peut-on définir la sécurité comme endiguement juridique de la violence? Les juristes les plus prestigieux, Kelsen et Schmitt ne se sont pas accordés sur l’existence d’un pouvoir normateur central du système international, ni dans la définition des relations internationales, ni encore sur le lien souterrain entre géopolitique et géostratégie, autrement dit entre espace politique, acteurs étatiques ou exotiques et violence militaire. Par ailleurs les politistes hésitent dans la définition de la relation entre droit et politique et dans la conception de « l’ordre » comme valeur de référence. Bien convaincu d’enrayer les multiples conflits qui sévissent dans la conjoncture actuelle, le comité organisateur a assumé la définition établie de l’ordre existent, de telle sorte que la sécurité géopolitique hégémonisée par un acteur prépondérant du système (les Etats-Unis) doit être rétablie contre les atteintes d’un ou de plusieurs acteurs perturbateurs et hostiles venant de l’Ile centrale du monde ou Heartland (Russie et Chine). 

Ces derniers seraient des puissances révisionnistes remettant en cause l’organisation géopolitique du monde issu de l’effondrement de l’Union Soviétique et du droit international publique, antérieur à la première et à la deuxième guerre mondiale. En fait la paix, menacée dans plusieurs zones de conflit, à partir de l’Ukraine, constitue l’expression d’une inadéquation des rapports de forces mondiaux et du système juridique qui en garantit la stabilité. C’est bien la sécurité qui exige une refonte globale des rapports d’influence et de pouvoir en Europe, en Eurasie et en Extrême Orient.

Or si le « concept de sécurité » peut être défini comme une « absence de menaces sur les valeurs  centrales » ( A. Wolfers ), en réalité  le renforcement de l’ordre international fondé sur des règles considérées comme acquises est marqué par un ensemble  de « ruptures de la paix » qui ont porté atteinte à la légitimité hégémonique et ces atteintes se sont signalées  par un continuum d’antinomies et de conflits contre les conceptions unilatéralistes dominantes depuis la fin de la « guerre froide ». Bien qu’occultées et relativisées par rapport à d’autres problématiques (économiques, idéologiques, environnementales), ces ruptures, ont été présentées comme défis à l’ordre dominant du droit et des relations internationales et guère comme des antagonismes à la hiérarchie des pouvoirs et des rapports mondiaux de force.

KosovoMap-1024x597.jpg

Antinomies, ruptures et discontinuités

Nous énumérons ci-après une succession de discontinuités événementielles, qui continuent de caractériser le processus historique contemporain, après la dislocation de l’Union Soviétique (26 décembre 1991).

1999 - fin du conflit du Kosovo opposant serbes et kosovars suite à l’intervention de l’Otan sans mandat onusien.

2001 - attentat terroriste aux Tours Jumelles du World Trade Center de New York.

2003 - conflit d’Irak par l’invasion américaine contre Saddam Hussein qui a comporté la polarisation de la population en deux communautés selon des lignes ethniques et religieuses.

Orange_Revolution_2004_cropped_800_517_90.jpg

2005 - révolutions de couleur des années 2000, symbolisant une forme de combat politique dans l’espace est-européen et post-soviétique. Elles s’inscrivent dans une dynamique d’antagonismes appelée « révolutions rose en Géorgie, orange en Ukraine, des Tulipes au Kirghizstan, et du jasmin en Tunisie, soutenues depuis l’étranger (le tiers non engagé de Carl Schmitt).

2007 - Déclarations de Poutine à Munich dénonçant l’unilatéralisme américain.

2008 - La guerre russo-géorgienne de 2008 (également connue sous le nom de seconde guerre d'Ossétie du Sud) ou conflit opposant la Géorgie à sa province séparatiste d'Ossétie du Sud et à la Russie.

2014 - Maïdan, ou révolution « orange », née de révoltes promues en novembre 2013 contre le refus de V. Janoukovitch de signer des accords d’association à l’Union Européenne, ayant comporté sa destitution et la chute du gouvernement (ou un coup d’Etat fomenté par l’Occident). Début d’une crise violente et durable (2014-2024) entre la Russie et l’Ukraine, l’occupation de la Crimée et du Donbass et deux tentatives de compromis, non respectés de Minsk 1 et 2

2022 - Opération spéciale (préventive) d’occupation russe en Ukraine.

2023 - Elargissement de l’Otan à Suède et Finlande, conflit Hamas-Israël.

2024 - Elections aux USA, en Russie et au P. E.

Ces épisodes de rupture de la vie internationale ont eu un trait commun, la remise en cause de l’ordre mondial issu de l’effondrement de l’Union soviétique, devant mettre au ban, par un changement non violent, les régimes politiques en place. L’échec de ces tentatives a fait prendre conscience des conditions de légitimation du pouvoir, qui sont le recours à la force, en défense des valeurs ou des intérêts, ou des deux à la fois. Or les catégories conceptuelles auxquelles les pays vainqueurs de la confrontation bipolaire firent référence ont été de type « hégémonique et unilatéraliste » et relèvent des analyses conflictualistes des relations internationales.

81Ty6r3DCRL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

Pour mieux appréhender le sens des changements d’aujourd’hui, les comparant à ceux des années 1990, voici les recommandations de Zbignew Brzezinski, dans son livre « Le grand échiquier ». Il y expose les nouvelles « règles » du jeu géopolitique, les expliquant par des commentaires de « réalisme » inhabituel, qui nous permettent de comprendre aisément les axes d’évolution des conflits actuels. A propos de l’Ukraine, comme étape forcée de l’élargissement de l’Union européenne et de l’Otan, la partition du jeu qui se déploie en 2023/24 avait été déjà anticipée efficacement par Z. Brzezinski en 1997. Les « nouvelles règles » de sécurité liaient d’un fil étroit et cohérent l’Europe de l’Est, la Russie et l’Eurasie.

Zbignew Brzezinski, l’Eurasie et la décentralisation de la Russie

Voici, en peu de mots ce que Brzezinski recommandait à l’époque:

- « Pour l’Amérique l’enjeu géopolitique principal est l’Eurasie… Dans ce nouveau cadre, l’Ukraine occupe une position cruciale, du fait même qu’elle peut permettre ou empêcher, au cœur de l’Eurasie et autour de la Russie, l’émergence d’une puissance contestant la suprématie des Etats-Unis.  L’indépendance de l’Ukraine modifie la nature même de l’Etat russe. De ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l’échiquier eurasien, devient un pivot géopolitique. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. L’Asie centrale, le Caucase, les « Balkans eurasiens » et leurs ressources énergétiques sont au cœur de la stratégies états-unienne, mais l’Ukraine constitue cependant l’enjeu essentiel. Le processus d’expansion de l’Union européenne et de l’Otan est en cours (1997) « A terme, - poursuit-il - l’Ukraine devra déterminer si elle souhaite rejoindre l’une ou l’autre de ces deux organisations ».

- « L'Eurasie demeure le seul théâtre sur lequel un rival potentiel de l'Amérique pourrait éventuellement apparaître (Z. Brzezinski songe à la Russie et à la Chine). L'Ukraine, l'Azerbaïdjan, la Corée, la Turquie et l'Iran constituent des pivots géopolitiques cruciaux. La longévité et la stabilité de la suprématie américaine sur le monde dépendront entièrement de la façon dont ils manipuleront ou sauront satisfaire les principaux acteurs géostratégiques présents sur l'échiquier eurasien".

- En ce qui concerne la Russie, « une Russie plus décentralisée aurait moins de visées impérialistes. Une confédération russe plus ouverte, qui comprendrait une Russie Européenne, une République de Sibérie et une République extrême-orientale, aurait plus de facilités (avec l’Europe, les Etats-Unis, les Etats émergents, l’Extrême Orient) ».

L’hypothèse d’une « décentralisation (démembrement N.D.R ) » de la Russie pousse à l’époque le gouvernement des Etats-Unis à préférer des relations directes avec les différents Etats plutôt qu’avec Moscou. »

_132600567_putin-index3-reuters.jpg

La réaction de Poutine se manifesta fermement dans son allocution de 2007 à Munich et militairement en 2008 en Géorgie. A postériori et très récemment, la conscience sur le déroulement de la stratégie suggérée par Z. Brzezinski en Ukraine  transparaît très clairement de l’interview accordée par Poutine au journaliste conservateur américain Carlson Tucker ancien de Fox News le 9  février 2024, accusé d’ « idiot utile » par Hillary Clinton.

Les interventions du Chancelier allemand O. Scholz et de la Ministre des affaires étrangères Mme A. Baerbock

Abordant la période actuelle et intervenant indirectement à Munich et sournoisement dans la campagne électorale américaine de novembre prochain, Poutine fait appel à l’influence de plusieurs tendances, comme messages « soft » et « hard » adressés aux électeurs américains, le déclin hégémonique des États-Unis, la montée en puissance de la Chine, la « rupture » civilisationnelle de la Russie et la désoccidentalisation du monde. 

Le Forum de Munich prolonge la lecture, nécessairement « intéressée » du commerce politique Est-Ouest. Nous nous limiterons aux interventions de Scholz et d’Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères. Annalena Baerbock, a estimé, à contre-courant de tout esprit d’apaisement, que l'Union européenne devrait s'élargir pour réduire sa vulnérabilité. Oubliant délibérément que tout élargissement politique est un élargissement du conflit, Mme Baerbock justifie ses déclarations par l’affirmation que la Russie "de Poutine continuera d'essayer de diviser non seulement l'Ukraine, mais aussi la Moldavie, la Géorgie et les Balkans occidentaux". "Si ces pays peuvent être déstabilisés en permanence par la Russie, cela nous rend tous vulnérables. Nous ne pouvons plus nous permettre d'avoir des zones d'ombre en Europe", ajoute-t-elle. Indépendante, insoumise et radicalement combative Mme Baerbock est en posture de concurrence vis-à-vis du Chancelier fédéral censé dicter la ligne de politique générale du gouvernement.

csm_20230218_msc59___6618_68bfa44085.jpg

Première femme à la tête du ministère des Affaires étrangères allemand, elle  semble « respecter la traditionnelle mainmise de la chancellerie, sans pour autant renoncer à ses propres idées », explique à l’AFP le politologue Gero Neugebauer, tandis que  M. Scholz n’entendrait  pas se « laisser dicter les principes fondamentaux de la diplomatie allemande ». Plus prudente et temporisatrice, la position du chancelier allemand a fermement mis en garde contre tout relâchement de la volonté de défense commune au sein de l’OTAN. « Toute relativisation de la garantie d’assistance de l’OTAN ne profite qu’à ceux qui, comme Poutine, veulent nous affaiblir », a-t-il déclaré dans son discours de samedi. Scholz a également appelé les partenaires de l’UE à accroître leur aide financière à l’Ukraine et il a ajouté que l’Allemagne avait presque doublé son aide militaire, qui s’élève désormais à plus de sept milliards d’euros, et qu’elle s’était engagée à verser six milliards supplémentaires.

Une défense pan-européenne commune face à la « menace » russe ?

A l’image des dirigeants de l’UE français et allemands, les leaders européens ont durci le ton face à Moscou, insistant non seulement sur la nécessité d’aider davantage l’Ukraine, mais aussi d’augmenter leurs propres capacités de défense. Tous les décideurs européens partagent le constat que l’Europe, dans son ensemble est impuissante, désunie et désarmée et qu’une série de défis cumulés imposent une politique de défense européenne et donc un autre modèle de la vieille culture de combat. Face à la convergence des intérêts russo-américains et à l’agenda convergente des priorités Trump- Poutine, l’Union Européenne - affirment-ils - doit être prête à faire la guerre et doit également développer des politiques industrielles de défense pan-européenne communes.

Cet objectif est lisible dans les déclarations du Chancelier Scholz en ce qui concerne le réarmement industriel de l’Allemagne et, par conséquent, la remise en cause du modèle économique de la République Fédérale et de ses relations de bon voisinage avec la Russie. La redécouverte de la réalité et celle du déni de guerre à l’Est, imposent un virage stratégique majeur et impliquent une réflexion approfondie sur l’indépendance politique et l’autonomie capacitaire  du continent face à l’Amérique et au sein de l’espace euro-atlantique, avec un remodelage des responsabilités en cas de crise, un élargissement de la couverture assurée par la dissuasion nucléaire  et un autre modèle d’armée, avec un retour de la relation armée-Nation et de la notion de citoyen-soldat. Ainsi, derrière l’exposé de Scholz, pourrait se cacher un virage stratégique majeur de la politique de défense allemande et européenne. Ce virage résulterait de la convergence de deux différentes perceptions de la menace, une géopolitique (Poutine) et l’autre géostratégique (Trump, par la remise en cause de l’art. 5 de l’Otan). 

l-art-militaire.jpg

L’Europe n’aurait d’autres solutions que celle antique et toujours actuelle de Végèce, écrivain militaire romain de la fin du 4ème siècle ap. J. Ch., contenue dans son traité « Sur l’art de la guerre »: « Si vis pacem para bellum » (Si tu veux la paix prépare la guerre!). Ainsi, dans une réalité européenne et internationale menaçante, on est entrés dans l’ère des instabilités permanentes, annoncées par le flottement des « blocs instables » et par des revendications géopolitiques multipolaires.

Lecture actualisée du « Forum de Munich 24 » et de la situation actuelle selon les concepts de « Guerre et Paix, hostilité, état intermédiaire et guerre totale » de Carl Schmitt

Or, dans cette phase de préparation à la guerre (mondiale), ce qui est permanent, dans l’antagonisme séculaire entre Heartland et Rimland (première et deuxième guerres mondiales), est la figure de l’ennemi (la puissance montante), par rapport à celle de guerre. En effet comme nous l’explique Carl Schmitt, l’existence d’une hostilité subsistante, au-delà de la cessation des hostilités immédiates (dislocation de l’URSS, chute du mur de Berlin) est le sentiment d’hostilité, qui est manifestement le présupposé de l’état de guerre future (en préparation). En effet «Bellum manet, pugna restat» (le concept politique de guerre, l’antagonisme reste, le combat physique cesse). L’hostilité actuelle (vis-à-vis de la Russie et, en subordre de la Chine), tend à glisser progressivement vers son aboutissement inéluctable, une guerre totale, puisqu’elle ne résulte pas d’un traité, d’une norme, ni du droit international, mais du jugement du vainqueur (la puissance dominante puis hégémonique), condamnant le vaincu (dans les années 1900-1945 l’Allemagne montante, puis de 1945 à 1991, l’Union Soviétique). Ce glissement vers la guerre totale est par ailleurs repérable dans le bannissement, l’ostracisme, l’isolement, les proscriptions, les stigmatisations, les sanctions, les mises hors la loi, de celui qui a été désigné comme l’ennemi de la communauté internationale, bref comme l’agresseur. En effet l’agresseur et le fauteur de guerre selon le droit international est celui qui viole une frontière, ne respecte pas une procédure, un traité ou des accords légalement stipulés. Ainsi dans les catégories du droit pénal et criminel, l’auteur de ces actes délictueux est un criminel, indépendamment des provocations et des incitations pourtant très fortes à accomplir les recommandations de géopoliticiens reconnus (Brzezinski). Et le jugement que l’histoire portera sur les décisions de paix ou de guerre dans les relations diplomatiques et militaires ne pourrons pas être tranchées par un quelconque tribunal international, pour des crimes déjà antérieurement assignés au profit des puissances qui dictent le droit. Or, l’extension de l’idée de guerre à la mise en œuvre préalable et indiscriminée de l’hostilité dans des domaines non militaires (sanctions économiques, financières, de libre circulation des personne et des biens, information, informatisation, et intelligence, collaboration scientifique, contrôle des réseaux, du monde universitaire et des médias), crée un "état intermédiaire de non paix-non guerre", mais plus proche de la belligérance (envoi d’armes, de subsides, de faux volontaires, de bataillons sans drapeau, d’entrainement de forces d’élites, des appuis à des « tiers -non engagés », comme dans les révolutions de couleur, de saboteurs et de « rangers »), qui permet de cacher la vérité de la guerre directe.

Dans les conditions actuelles d’une guerre « hybride » les situations intermédiaires deviennent présomption de droit et fictions proliférantes. Dans les nouvelles conditions du monde où les religions se colorent de politique, l’état intermédiaire entre guerre et paix fausse tous les jugements, de telle sorte que la paix ou l’idée de paix deviennent des fictions juridiques et, dissociées de la volonté de vaincre et  de « l’animus belligerandi », comme il a été fait au « Forum de Munich », ce qui reste de ce cumul de défis, intellectuels et politiques, est le concept d’hostilité, comme fondement et prélude à la guerre mondiale et totale.

Bruxelles, le 23 février 2024.

vendredi, 23 février 2024

Plus qu'un tiers des Européens en faveur du soutien à l'Ukraine - malgré le treizième paquet de sanctions

c47897a-sanctions-russia.jpg

Plus qu'un tiers des Européens en faveur du soutien à l'Ukraine - malgré le treizième paquet de sanctions

Source: https://www.unzensuriert.at/240322-nur-noch-ein-drittel-der-europaeer-fuer-unterstuetzung-der-ukraine-trotzdem-drittes-sanktionspaket/?utm_source=Unzensuriert-Infobrief&utm_medium=E-Mail&utm_campaign=Infobrief&pk_campaign=Unzensuriert-Infobrief

La moitié des Autrichiens estiment que l'UE devrait pousser l'Ukraine à négocier la paix avec la Russie. Probablement aussi parce que presque plus personne ne croit à une victoire de l'Ukraine. C'est ce que révèle un récent sondage mené dans toute l'Europe.

"Il nous manque simplement des hommes"

La guerre en Ukraine entre très bientôt dans sa troisième année. Après l'échec de la contre-offensive de l'été dernier, la lassitude de la guerre se répand parmi les soldats ukrainiens, a rapporté ServusTV. Dans ce reportage, un officier ukrainien a déclaré :

"Nous manquons cruellement de soldats. Nous manquons tout simplement d'hommes. Les gens ont perdu l'enthousiasme qu'ils avaient au début de l'invasion".

ovh8fh3og5i3qi1atb1cdb3jfq.jpg

9783103975079.jpg

6206073.jpg

Le philosophe Precht a prédit la situation

Une prise de conscience tardive que le philosophe Richard David Precht avait déjà prédite le 12 juillet 2022 lors de l'émission Markus Lanz sur la chaîne allemande ZDF. Littéralement, Precht a dit à Lanz :

"Avez-vous une idée du nombre d'obusiers, de munitions, de chars de combat qu'il faudrait livrer à l'Ukraine pour rétablir ne serait-ce qu'un semblant d'équilibre ? Et l'armée composée de 30.000 soldats, dont vous venez de dire que 7000 d'entre eux viennent de quitter le combat pour cause de décès et de blessures, aura donc disparu dans quatre ou six semaines. Il ne devrait alors plus y avoir de soldats vivants dans la forme de guerre actuelle. Nous n'avons aucune idée de la quantité énorme d'armes qui devraient être livrées là-bas et qui devraient également arriver à destination, une grande partie n'arrivant probablement pas, afin de créer une quelconque perspective".

La guerre n'est pas décidée moralement

Et en fin de compte, selon Precht, la question n'est pas tranchée moralement, mais elle est tranchée par le fait que nous devons reconnaître que cela n'est pas possible. En réponse à l'argument de Lanz selon lequel "nous ne pouvons pas permettre qu'il (Poutine, ndlr) soit également récompensé pour avoir mené une guerre d'agression en Europe", Precht a demandé "mais que faire si nous devons ?".

20221025_131437.jpg

61QexvX0xDL._AC_UF894,1000_QL80_.jpg

610ZZTNS2DL._AC_UF894,1000_QL80_.jpg

Les forces ukrainiennes sont également à court de munitions

La situation est précaire parce que les forces ukrainiennes sont également à court de munitions, a déclaré le stratège militaire autrichien Markus Reisner à ServusTV, soulevant un autre problème. La question qui se pose, selon lui, est de savoir si l'Ukraine pourrait ne plus être en mesure de retenir les forces russes en raison de cette pénurie de munitions.

13ème paquet de sanctions de l'UE

En Autriche, le refus de continuer à soutenir l'Ukraine est particulièrement élevé. Mais à l'échelle européenne également, seul un tiers environ des citoyens est encore favorable à la poursuite du soutien. Ils sont nettement plus nombreux à souhaiter un traité de paix le plus rapidement possible.

L'élite européenne à Bruxelles continue néanmoins à faire pression sur la Russie. Le jour de l'anniversaire de la guerre en Ukraine, l'UE a imposé son 13ème train de sanctions à la Russie. Mais jusqu'à présent, aucune de ces mesures punitives n'a fait plier le Kremlin.

jeudi, 22 février 2024

La Russie se porte mieux qu'il y a deux ans: un blâme pour les "experts" occidentaux !

9cf6b303131ebf1e655b95f08e7871a7.jpg

La Russie se porte mieux qu'il y a deux ans: un blâme pour les "experts" occidentaux !

Source: https://zuerst.de/2024/02/22/riesenklatsche-fuer-westliche-experten-russland-steht-besser-da-als-vor-zwei-jahren/

New York. Deux ans presque jour pour jour après le début de la guerre en Ukraine, les visages occidentaux s'allongent: pratiquement aucun des pronostics des analystes et "experts" occidentaux concernant la Russie ne s'est avéré exact. La Russie n'est pas à court de matériel de guerre et l'économie russe ne s'est pas effondrée. C'est même le contraire: dans presque tous les domaines, la Russie se porte mieux aujourd'hui qu'il y a deux ans.

Le magazine américain The New Yorker a maintenant analysé les raisons de cette évolution dans un texte détaillé et en arrive à la conclusion décevante pour les observateurs occidentaux: "Le facteur décisif a été l'armée russe. Elle était meilleure que ce que l'on pensait d'elle après sa performance catastrophique de la première année de guerre. Elle n'était pas démoralisée, incompétente ou mal équipée".

imrobleeage.png

Contrairement à ce que les experts occidentaux avaient prévu, les soldats russes se sont "battus à mort", ont mené "une défense brutale et efficace" "et disposaient d'hélicoptères de combat, de drones et de mines malgré toutes les pertes". L'ancien soldat de la marine Rob Lee (photo), qui est maintenant analyste de l'armée russe au Foreign Policy Research Institute, a commenté au New Yorker: "Les gens ont tiré des conclusions très claires du premier mois de la guerre, et je pense que beaucoup de ces conclusions étaient fausses".

Au plus tard à l'automne 2023, après l'échec final de la contre-offensive ukrainienne tant attendue, il ne pouvait plus y avoir de doute sur le fait que les Russes avaient appris de leurs erreurs initiales et s'étaient adaptés aux conditions changeantes sur le champ de bataille. Selon l'analyste militaire Rob Lee, "les militaires russes se sont adaptés. Ils ont souvent besoin de leçons douloureuses, mais ils s'adaptent ensuite". Selon Lee, ni la stratégie du côté ukrainien ni la livraison trop tardive d'armes modernes occidentales ne sont responsables du fiasco de l'été 2023: "La plupart des choses sont venues du côté russe".

Dara_Massicot2.jpg

Dara Massicot (photo), du think tank américain Carnegie Endowment for International Peace à Washington, dresse également un constat désabusé: "Les affirmations selon lesquelles l'armée russe est un clown incompétent, incapable d'apprendre, sur le point de s'effondrer, et ainsi de suite, ne sont pas utiles et ont causé de réels dommages. Ils ne se sont pas effondrés. Ils sont toujours là. Ils sont restés sur le terrain et ont fait fondre pour des milliards de dollars d'armes et d'aide occidentales pendant deux ans".

71c2B+GjrxL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

Actuellement, la Russie dispose d'avantages évidents - et d'une position plus forte, pour des raisons politiques en fin de compte. The New Yorker rappelle l'ouvrage de référence Democracies at War (2002) de Dan Reiter et Allan C. Stam. On y trouve l'indication que les démocraties s'en sortent en moyenne mieux que les autocraties dans les guerres. Mais cela ne s'applique pas si la guerre s'éternise: "Si la victoire rapide promise ne se produit pas, la population peut reconsidérer sa décision d'approuver la guerre et retirer activement son soutien". Plus une guerre se prolonge, "plus il est probable que les autocraties gagnent". En Ukraine, cette observation semble se vérifier une fois de plus (he).

Demandez ici un exemplaire de lecture gratuit du magazine d'information allemand ZUERST ! ou abonnez-vous ici dès aujourd'hui à la voix des intérêts allemands !

Suivez également ZUERST ! sur Telegram : https://t.me/s/deutschesnachrichtenmagazin

Ursula à Munich trinque contre Poutine alors que l'Allemagne est en crise

28278191-ursula-von-der-leyen-praesidentin-der-europaeischen-kommission-spricht-am-zweiten-tag-auf-der-muenchner-sicherheitskonferenz-1Dg0z9DN5Qfe.jpg

Ursula à Munich trinque contre Poutine alors que l'Allemagne est en crise

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/ursula-a-monaco-brinda-contro-putin-mentre-la-germania-e-in-crisi/

Prosit gegen Putin ! A la bonne vôtre contre Poutine! Les libations sont tombées bien bas à Munich où, aux dépens des manants européens, se sont réunis les plus hauts représentants de l'atlantisme le plus obtus. Et les pires d'entre eux sont allés porter un toast au chef du Kremlin. On ne sait pas ce qu'ils avaient à fêter, puisque les Russes venaient d'occuper Avdiivka, mais les plus intelligents de la compagnie n'ont pas hésité à boire amicalement.

Parmi les participants au toast ne pouvait manquer Ursula von der Leyen en compagnie - selon Agcnews - du secrétaire général de l'OTAN Stoltenberg, du président tchèque Pavel, de fonctionnaires allemands, d'anciens fonctionnaires américains et, bien sûr, d'hommes d'affaires intéressés par la poursuite de la guerre.

Et tandis que cette belle bande faisait la fête à Munich, la Chambre de commerce allemande prévenait que l'Allemagne resterait en récession cette année. C'est le pire résultat depuis 20 ans, mais de toute évidence, cela n'inquiète ni Scholz ni Ursula. Ils seront maintenus de toute façon et ce sont les citoyens allemands et européens qui paieront. Ainsi, pendant qu'ils trinquent contre Poutine, les entrepreneurs allemands peuvent crier aussi longtemps qu'ils le souhaitent contre les politiques gouvernementales désastreuses. Ils peuvent craindre une dégradation des affaires, ils peuvent réduire les investissements en Allemagne.

L'important est de boire contre l'avancée de la Russie. Et contre les Européens qui se plaignent. Prosit !

mercredi, 21 février 2024

L'armée américaine pénètre en Europe du Nord et a accès à 36 bases militaires supplémentaires!

b0181d71adb7f29ebebb6c50cfb2c271.jpg

L'armée américaine pénètre en Europe du Nord et a accès à 36 bases militaires supplémentaires!

Maurizio Blondet

Source: https://www.maurizioblondet.it/armata-usa-entra-nel-nord-europa-accedendo-a-36-basi-militari-in-piu/

Commentaire : Les forces américaines pénètrent dans le Grand Nord à un rythme presque explosif. Lundi, la Finlande suivra la Norvège et la Suède en ouvrant leurs bases militaires aux États-Unis.

"Parce que la situation est désormais sérieuse", a déclaré Niklas Granholm, responsable de la recherche à l'Agence suédoise de recherche sur la défense, dans une interview accordée à High North News.

Cette gravité est suscitée par le pays voisin, c'est-à-dire la Russie. L'analyse commune de la situation par l'OTAN est claire comme de l'eau de roche :

Tout tourne autour de la victoire dans la guerre

Pour la Russie, l'important est de gagner la guerre contre l'Ukraine. Toutes les autres préoccupations sont mises de côté au profit d'une victoire militaire. Chaque décision russe va dans ce sens.

En tant que seul pays de l'OTAN dans le Nord, la Norvège avait déjà négocié un accord supplémentaire sur la coopération en matière de défense entre les États-Unis et la Norvège en 2022. Le parlement norvégien a ensuite adopté l'accord à une large majorité. L'accord donne aux États-Unis le droit d'accès illimité à quatre bases militaires sur le sol norvégien. Deux d'entre elles, Ramsund et Evenes, sont situées dans le nord du pays.

standard_Ramsund_OS.png

trident_juncture_850.jpg

L'accord prévoit également l'autorité de la police américaine sur le sol norvégien et des dépôts d'armes américains auxquels la Norvège n'aura pas accès.

Les armes nucléaires ne sont pas réglementées dans les accords.

En moins d'un an, la Suède, toujours tenue à l'écart de l'OTAN par la Turquie, a négocié un accord similaire. Les forces américaines auront accès à 17 bases militaires suédoises, selon l'accord signé la semaine dernière. Quatre de ces bases sont situées dans le Norrbotten, au nord de la Suède, à Kiruna, Boden, Vidsel et Luleå-Kallax.

Le parlement suédois adoptera l'accord à une large majorité.

kiruna-CARTE.jpg

Plusieurs bases dans le Nord

Hier, jeudi, la Finlande a également annoncé un accord entièrement négocié avec les États-Unis. L'accord sera officiellement signé lundi et permettra aux États-Unis d'accéder à quinze bases militaires finlandaises. Nombre d'entre elles sont situées dans le nord de la Finlande, notamment à Ivalo, Rovajärvi, Rovaniemi, Tervola et Veitsiluoto.

finl04.jpg

Au total, la Norvège, la Suède et la Finlande ont ouvert 36 bases militaires pour les forces et les armes américaines. Il s'agit d'accords bilatéraux, c'est-à-dire entre les États-Unis et le pays concerné, et non d'un accord de l'OTAN.

La question de l'installation d'armes nucléaires américaines en Suède et en Finlande n'a pas été réglée par l'accord. Contrairement à la politique norvégienne en matière de bases et d'énergie nucléaire, les accords n'interdisent pas explicitement l'implantation de telles armes. Toutefois, la probabilité que cela se produise est faible. Les armes nucléaires modernes sont déplacées rapidement si cela est jugé nécessaire.

La conclusion est que la guerre de la Russie contre l'Ukraine a radicalement changé l'utilisation militaire du Grand Nord, et ce en très peu de temps.

L'objectif de ce renforcement de la force américano-scandinave dans le Nord est de dissuader la Russie de lancer une attaque, comme nous avons constaté que la Russie a été prête à le faire en Ukraine.

Une grande incertitude

Les experts en matière de défense et la majorité politique des parlements des pays concernés considèrent qu'il est peu probable qu'une telle attaque soit menée contre l'OTAN dans le Nord. Les forces conventionnelles russes sont considérablement affaiblies dans le Nord à la suite de la guerre contre l'Ukraine.

Ce sont là les faits militaires froids - et nous en venons maintenant aux faits plus incertains.

Les experts militaires sont des devins.

Par exemple, les forces nucléaires et la puissance militaire maritime de la Russie sont essentiellement inchangées et ne sont pas affaiblies dans le Nord. Il en va de même pour les forces aéroportées.

L'augmentation de la capacité militaire et les exercices militaires de plus en plus fréquents et de plus en plus importants dans le Grand Nord augmentent le risque d'une confrontation militaire involontaire dans le Nord.

Le manque de dialogue et de communication entre l'Est et l'Ouest augmente le risque d'incidents ou de malentendus.

Aux États-Unis, Donald Trump grimpe dans les sondages et a de réelles chances d'être élu président. Cela augmente le risque de beaucoup de choses, notamment que les bases en Norvège, en Suède et en Finlande ne soient jamais utilisées par les États-Unis.

Les accords entre les États-Unis et les trois pays nordiques contiennent également une contradiction inhérente. Alors que la Norvège, la Suède et la Finlande fondent leur politique de sécurité sur la stabilité et la prévisibilité, la doctrine américaine considère l'imprévisibilité militaire comme un élément essentiel de la stratégie militaire.

Peu de gens courent aussi vite

Comme dans toute guerre ou préparation de guerre, les questions l'emportent sur les réponses. En tant que devins, les experts militaires et les responsables de la politique de défense se sont toujours révélés être des devins en matière de guerre et de paix.

Peu d'entre eux avaient prévu la guerre contre l'Ukraine, tout comme ils n'étaient pas préparés à la chute du mur de Berlin ou à la menace du président américain de retirer les États-Unis de l'OTAN.

Aujourd'hui, les mêmes personnes courent également pour échapper à la responsabilité de la forte réduction des effectifs des forces armées après la guerre froide.

Peu de gens, s'il y en a, fuient aussi vite que les généraux pour échapper à leurs responsabilités. Mais aujourd'hui, la situation est grave.

Lors de la conférence de Munich, le groupe de défense allemand Rheinmetall et un partenaire ukrainien ont signé un mémorandum sur la construction d'une usine de production de munitions.

Rheinmetall détiendra 51 % des parts.

L'usine prévoit de produire des millions de munitions OTAN de 155 mm.

Les coordonnées de la future usine n'ont pas encore été divulguées, mais sa réalisation ne restera vraisemblablement que sur le papier. En effet, elle deviendrait une cible immédiate pour les missiles russes.

Le Danemark a décidé de remettre à l'Ukraine toute l'artillerie qu'il ne juge pas nécessaire à l'heure actuelle.

Le Danemark est prêt à transférer toutes ses munitions et tous ses systèmes de défense aérienne à l'Ukraine, qui n'en a pas besoin pour le moment. Le Premier ministre danois, Matte Frederiksen, a fait cette déclaration et a appelé l'Europe à suivre son exemple.

"Le Danemark a décidé de transférer toute son artillerie à l'Ukraine. Chers amis, il y a du matériel militaire en Europe, ce n'est pas seulement une question de production. Nous avons des armes, des munitions, des systèmes de défense aérienne que nous n'utilisons toujours pas. Ils doivent être transférés en Ukraine", a déclaré M. Frederiksen.

Datum-Post-1200x1200.jpg

Au lieu de la diplomatie, l'Occident encourage la "folie de l'armement à grande échelle" à Munich

Au cours des deux dernières années, il est devenu évident que ce qui semble être une folie aujourd'hui sera sérieusement envisagé et mis en œuvre après-demain, écrit Neues Deutschland à l'occasion de la conférence de Munich sur la sécurité. La publication définit la situation actuelle comme une "folie des armes à grande échelle".

Alors que l'année dernière, Olaf Scholz a assisté à la fondation d'une usine de fabrication de puces à Dresde et d'une usine ferroviaire à Cottbus, il s'est rendu cette semaine en Basse-Saxe, où une grande usine de fabrication de grenades doit être construite. Il a ainsi préparé le terrain pour la conférence dite de sécurité.

On peut supposer que les produits de la nouvelle usine seront également vendus dans les zones de combat: la coalition "feu tricolore" a rapidement abandonné l'idée de ne pas envoyer d'armes dans les régions en crise, afin de ne pas attiser les conflits.

Les politiciens parlent de moins en moins de diplomatie, de limitation ou de résolution des conflits. Le représentant de la CDU, M. Kiesewetter, veut déplacer la guerre en Russie. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, veut créer une industrie européenne de la défense et la diriger personnellement au cours de son second mandat.

Les politiciens allemands veulent un commissaire européen aux affaires militaires et à la guerre, qu'ils appellent élégamment "commissaire à la défense". Ces projets ne devraient pas échouer pour des raisons financières: depuis 2015, les dépenses militaires allemandes ont presque doublé, sans compter l'énorme fonds spécial de la Bundeswehr.

Exercices militaires de l'OTAN et réaction de la Russie

84.jpg

Exercices militaires de l'OTAN et réaction de la Russie

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/nato-military-exercises-and-russias-response?fbclid=IwAR0BPoDPXvViJjhZJxYrYwKzWJMrq2U9IVtWrp6-QTlKMKdFzQAbzGBXg-A

Le 24 janvier 2024, l'OTAN a entamé un exercice militaire en Europe (Steadfast Defender 2024), qui est censé être le plus grand exercice de l'OTAN depuis des décennies. Les informations officielles publiées sur le site web de l'OTAN font état d'"exercices associés se déroulant jusqu'au 31 mai 2024. Il s'agira du premier exercice à grande échelle de l'OTAN au cours duquel de nouveaux plans de défense seront mis en œuvre. Il montrera que l'OTAN peut mener et soutenir des opérations complexes multi-domaines pendant plusieurs mois, sur des milliers de kilomètres, du Grand Nord à l'Europe centrale et orientale, et dans n'importe quelles conditions".

La question centrale est de savoir contre qui l'OTAN va se défendre. Ces dernières années, l'Alliance a paniqué et, à l'aide de l'ingénierie sociale et de la manipulation des médias, a incité certaines personnes ordinaires à penser que dès que la Russie gagnerait en Ukraine, elle déclencherait certainement une guerre contre d'autres pays, à savoir les États baltes, qui faisaient autrefois partie de l'URSS, et la Finlande, en premier lieu.

Par conséquent, ces exercices représentent en fait une opération défensive conjointe en réponse à une hypothétique attaque russe contre un membre de l'OTAN.

steadfast-defender-kUzGI1.png

Ils dureront jusqu'à quatre mois et se dérouleront dans toute l'Europe, de la Norvège à la Roumanie, avec la participation de 31 pays membres de l'OTAN et de la Suède, de 50 navires de différents types, de 80 avions, de plus de 1100 véhicules blindés et d'environ 90.000 personnels, dont 20.000 Britanniques, 15.000 Polonais, 10.000 Allemands et 5000 Néerlandais. Ces chiffres sont approximatifs et, à en juger par d'autres interactions de routine de l'OTAN et par l'opération Atlantic Resolve en cours, l'ampleur réelle pourrait être encore plus importante.

La Russie a déjà réagi au début des manœuvres. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, a déclaré que "l'exercice Steadfast Defender 2024 de l'OTAN est ouvertement provocateur par nature... Cette démarche vise délibérément à aggraver la situation; elle augmente le risque d'incidents militaires et peut finalement avoir des conséquences tragiques pour l'Europe".

En fait, le scénario de l'exercice n'est pas défensif, mais offensif, ce qui constitue également un acte de provocation. L'OTAN testerait l'option de s'emparer rapidement d'un "cordon sanitaire de Vilnius à Odessa" et de le maintenir, mais ce qui est très important, c'est qu'elle va s'entraîner à des frappes nucléaires contre les régions russes de Leningrad, Arkhangelsk, Mourmansk, Smolensk et Pskov, tandis que les sous-marins et les bateaux anti-sous-marins participant à l'exercice simuleront la destruction de sous-marins russes dans les mers de Barents et dans la Baltique.

Il est intéressant de noter qu'avec l'adhésion de la Suède à l'OTAN (la Turquie vient de ratifier la candidature de la Suède), la mer Baltique devient effectivement une masse d'eau sous le contrôle de l'OTAN. La région sera militarisée et l'industrie suédoise de la défense servira contre la Russie, avec des bases supplémentaires qui seront très probablement créées sur l'île de Gotland, augmentant ainsi la menace pour la région de Kaliningrad et Saint-Pétersbourg. En outre, l'exercice actuel de l'OTAN impliquera la simulation d'une prise de la région de Kaliningrad. En effet, les Etats-Unis ont tenté de réaliser des scénarios similaires de conflit militaire autour de la Région de Kaliningrad et les résultats se sont avérés décevants pour l'OTAN, car ils ont dû augmenter de manière significative leur puissance aérienne, qui était insuffisante au moment de l'analyse, afin de supprimer les systèmes de défense aérienne de la Russie. L'exercice actuel de l'OTAN devrait prendre en compte les développements antérieurs et les changements survenus depuis le début de l'opération militaire spéciale.

images.jpg

Selon les services de renseignement russes, les États-Unis auront leurs propres intérêts dans cet exercice, notamment en simulant des frappes préventives sur les bases permanentes des silos des forces nucléaires stratégiques russes et une attaque sur les infrastructures à l'intérieur de la Russie et de la Biélorussie. Pour ce faire, les forces de l'OTAN devront gérer la question de la profondeur du territoire, ce qui est assez difficile étant donné le vaste espace de la Russie, alors que les pays européens ne disposent pas d'une telle profondeur physique, ce qui les rend vulnérables au cas où la Russie riposterait (très probablement par l'utilisation d'armes nucléaires).

Les experts russes parlent d'une imitation de la troisième guerre mondiale, et le département militaire estime que l'OTAN se prépare à une agression armée contre la Russie. Cela nécessitera inévitablement une réponse appropriée pour contenir l'ennemi et lui infliger des dommages irréparables si l'OTAN prend le risque d'entrer dans un tel conflit militaire avec la Russie. Bien que Moscou n'ait pas indiqué comment elle réagira exactement à l'exercice de trois mois de l'alliance occidentale, il est clair qu'elle testera d'une manière ou d'une autre l'état de préparation au combat de son district militaire occidental.

Bien entendu, l'interaction entre la Russie et le Belarus est également une réponse au défi de l'OTAN et, dans ce cas, l'État de l'Union a pris les devants encore plus tôt puisque la Russie a stationné ses armes nucléaires au Belarus et que les pays ont mis en place des centres d'entraînement conjoints pour l'armée de l'air et la défense aérienne, en plus des bases militaires existantes. Le personnel militaire bélarussien arrive souvent en Russie pour suivre une formation basée sur l'expérience acquise dans le cadre de l'opération militaire spéciale en Ukraine. Il est important de noter qu'au début de l'année 2024, le Belarus a adopté une nouvelle doctrine militaire stipulant qu'une attaque contre l'allié (c'est-à-dire la Russie) sera traitée comme une attaque contre le Belarus lui-même. L'interaction des capacités militaires (et économiques) est en effet cruciale dans la stratégie d'endiguement de l'Occident.

La Russie est également susceptible d'envoyer des signaux forts à l'Occident en menant des exercices à proximité des frontières de l'OTAN, car la démonstration de puissance militaire, y compris l'activation de silos de missiles nucléaires stratégiques, devrait convaincre les stratèges de l'OTAN que la Russie est prête à repousser leur attaque.

Il est également possible que les groupes de pirates informatiques qui agissent contre les pays de l'OTAN s'intensifient. Bien que les médias occidentaux tentent de relier les nombreuses cyberattaques contre le gouvernement russe, il existe en fait un grand nombre de groupes de pirates informatiques indépendants (et pas seulement à l'intérieur de la Russie) motivés par des convictions idéologiques. Il est probable que nous entendions bientôt parler de problèmes causés par ces pirates informatiques dans les pays de l'OTAN.

Les pays du Sud peuvent également tirer des conclusions des exercices de l'OTAN et de la réponse de la Russie, car cette confrontation géopolitique peut leur permettre d'évaluer facilement les intentions et les objectifs des deux parties. Nous devrions également nous rappeler le soutien des pays de l'OTAN à Israël, qui continue de commettre un génocide contre les Palestiniens. Il s'agit, après tout, d'un marqueur sérieux sur l'échiquier géopolitique mondial, y compris des questions qui dépassent largement la politique réelle d'équilibre des intérêts. Toutefois, les conclusions stratégiques concernant les actions futures et les nouvelles opportunités pourraient être beaucoup plus intéressantes. Il convient également de prendre en considération les opportunités qui se rapprochent, car stratégiquement, la Baltique devient un endroit plus vulnérable pour la Russie, et il sera donc intéressant de se réorienter vers une direction plus fiable afin de construire des partenariats dans lesquels la Russie peut avoir confiance.

Que reste-t-il de l’idée d’Europe ? Du « Manifeste de Ventotene (1941) » au « Traité de Rome (1957) »

Eerste-vlag-van-de-Europese-Gemeenschap-voor-Kolen-en-Staal-1958-1973.jpg

Que reste-t-il de l’idée d’Europe ?

Un adieu aux mythes d’égalité, prospérité et paix ?

Du « Manifeste de Ventotene (1941) » au « Traité de Rome (1957) »

Irnerio Seminatore

Que reste-t-il de l’idée d’Europe ?

L’idée d’une Europe « libre et unie » naît à Ventotene, une petite île de la Méditerranée, il y a 80 ans en pleine guerre mondiale. Elle germe d’une réflexion d’exilés antifascistes (A. Spinelli, E. Rossi) et de l’idéal d’une profonde transformation constitutionnelle et politique des pays en conflit, le fédéralisme. L’idée de l’unité européenne a été bien antérieure à la création des institutions, dont elle inspira les premières étapes, mais elle naquit dans la division entre fauteurs du fédéralisme et partisans du fonctionnalisme intégrationniste, quant au dépassement du rôle de l’État. Le père spirituel du Manifeste, Altiero Spinelli, n’hésita pas à attaquer durement J. Monnet et R. Schuman, pour la « stratégie de substitution » choisie dans le but d’atteindre l’unité politique du continent. Il critiqua la voie économique des petits pas et du développement progressif d’une administration technocratique sans direction politique effective.

Altiero-Spinelli.jpg

9788898607358_0_536_0_75.jpg

Ernesto_Rossi-k7NB-U3200935568958yPF-656x492@Corriere-Web-Sezioni.jpg

Alterio Spinelli (en haut) et Ernesto Rossi (en bas).

Le rejet par l’Assemblée nationale française de la Communauté européenne de Défense (CED) en 1954, prévoyant une armée supranationale entre les six pays – membres de la CECA (communauté européenne du charbon et de l’acier) et la signature du « Traité de Rome » en 1957, considéré par Spinelli comme un Traité de compromis, lui donnèrent à penser que ces deux échecs marqueraient la fin de l’idée européenne. Identifiant l’attachement des États membres à leurs souverainetés respectives dans les processus de prise de décision, Spinelli avait indiqué, dans la solidarité, la défense et la diplomatie, les lieux d’expression des égoïsmes nationaux, en comprenant que l’Europe politique ne pouvait pas se faire par le seul dialogue et par la seule négociation. L’impopularité du projet de l’Union a été prouvée maintes fois par les échecs à répétition des referendums organisés dans les États membres à partir des années 1990 (au Danemark et en France sur le traité de Maastricht en 1992, en Irlande en 2001 sur le Traité d’Amsterdam et en Suède pour l’adoption de l’euro, etc.).

À l’impossible progression vers la voie fédérale et sur la méthode choisie, ils venaient de s’ajouter le manque de vision et les rejets des ratifications populaires par la voie des référendums.

« Europe intégrationniste » ou « Europe des Patries » ?

À presque soixante ans du Traité de Rome, signé le 25 mars 1957 et entré en vigueur le 1er 1968, ce qui reste de l’idée européenne comme Idée-Mythe, c’est le divorce persistant entre les intérêts nationaux des vingt-sept pays membres et la souveraineté de l’ensemble, ou, ce qui est le même, entre le pouvoir et les peuples. Au-delà de ce divorce, est tombée dans l’oubli la promesse initiale « de prospérité et de paix », liée au retour de l’unité et de la liberté politiques et au libéralisme économique promis par le « Manifeste de Ventotene » de 1941. À la conception d’une « Europe intégrationniste » et fonctionnaliste (Jean Monnet), les héritiers de l’Histoire ont opposé et opposent à ce type de structure (plurinationale et supranationale, bâti sur une dépolitisation intégrale) la conception politique de « l’Europe des Patries » (de Gaulle) ou des « États-Nations » seuls acteurs de la vie historique.

1313394-Communauté_européenne_du_charbon_et_de_lacier.jpg

P15_1.jpg

Racontée par la raison, l’expérience de l’Europe communautaire apparaît en termes de libertés collectives et individuelles, comme un héritage en crise et en termes de prospérité, comme une réussite contestée et encore inaccomplie et racontée par le cœur (identité et appartenance), comme une attente trahie et un système d’espoirs, incohérent et dénaturé (immigration de masse). En ce qui concerne la démocratie, par sa nature égalitariste, l’Europe de l’intégration privilégie les élites et la bureaucratie (ou encore la médiocratie, à condition qu’elle soit bien repartie et, de ce fait, plus vulnérable aux chantages des privilèges).

On sait parfaitement que la démocratie n’aime pas les grands hommes et la démocratie intégrationniste n’encourage pas le leadership et dévalorise l’orgueil, l’ambition, la vertu et toutes les passions humaines qui se substituent aux intérêts catégoriels des fonctionnaires et à la démagogie de masse (populisme). À la philosophie de l’histoire, les institutions communautaires apparaissent comme des artefacts éphémères et des institutions transitoires, opposées à des corps doués de substance, de permanence et de durée, les vieilles et glorieuses nations, affaiblies par l’extension des rivalités à la scène planétaire. Or, sur le théâtre du monde, l’épreuve fondamentale des États et des Nations est celle de leur survie (URSS, Yougoslavie, Ukraine, Israël). De fait, l’Union européenne n’est pas la solution au problème de la paix et de la guerre, puisque l’Europe n’existe pas politiquement « par elle-même et pour elle-même » et elle est in fine exposée aux menaces et au risque d’être subordonnée aux objectifs internationaux d’hégémon, perdant sa fonction d’équilibre de puissance entre l’Amérique et l’Eurasie. Compte tenu du fait que la « légitimité » des institutions ne procède pas d’une expression directe des peuples, mais des opinions par leur nature variable et liée à une multiplicité d’intérêts particuliers, « l’intérêt général » de l’Europe ou la définition du « bien commun » est dans les mains des factions, des minorités agissantes, des instincts et des ennemis intérieurs. On appelle ce défaut de légitimité « un déficit démocratique ».

Actualité du dilemme des années 60

Le dilemme des années soixante, « Europe intégrée » et dépolitisée ou « Confédération d’États » fédérateurs, s’est aggravé par l’irruption sur le sol du continent d’un « Quart monde », étranger et hostile. L’épuisement du processus de mondialisation (1980 - 2019) et le retour des nations ont dissipé définitivement l’idée spirituelle et politique de la vieille Europe. La nouvelle mixité ethnique et sociale, composée d’immigrés récents déracinés et sans attaches, vivant dans l’illégalité en dehors de la cité politique européenne, justifie la distinction schmittienne entre ami et ennemi. Il n’appartient pas au même ordre symbolique de la nation, ni à la même dimension du souvenir, ni aux pierres édifiées dans les siècles. Or, les nations vivent dans le temps, par des symboles et par des mythes, car l’ordre symbolique est l’ordre de l’imaginaire collectif.

6LQCPUPIQZHJWPOFPPOMVKMG4E.jpg

En ce sens, le vrai cœur de l’immigré bat dans la couleur de son drapeau, vit dans les préceptes de sa loi (notamment la Charia) et confirme sa fierté dans la différence éthique. En histoire, qui est le terroir où vivent les nations, c’est toujours sur un sol symbolique que se décide le sort du monde. Il en découle que le sort de l’Europe se décidera par une résolution de nature ancestrale et hors du droit. Pour rappel, l’idée d’Europe est avant tout une idée-guide, et elle ne peut être le monopole d’institutions dont la mise en place reflète des équilibres de pouvoirs et des rivalités d’intérêts de type étatique. Et donc, à une vue de l’intérieur, la prédominance du Conseil des Chefs d’État et de gouvernement (la souveraineté européenne, une « obsession française », succédant à celle d’une Europe puissance) sur la Commission (ou Exécutif européen) et sur le Parlement européen (la voix des peuples) et, en conclusion, de l’intergouvernemental sur le communautaire.

La crainte des responsables nationaux à propos de cette dimension institutionnelle, à l’époque de la bipolarité, portait sur la dilution des pouvoirs nationaux et sur une égalisation fictive des statuts hiérarchiques. Dans ce cadre, les technocrates de l’Union furent incapables de définir une stratégie cohérente et globale de l’Union sur la scène internationale, et sur des questions d’intérêt vital, en situation de risque existentiel ou de crise extrême, qui exige légitimité, souveraineté exclusive, pouvoir incontesté et capacité autonome de décision. Or, aller au-delà des nations aurait signifié aller vers l’intégration politique, se dotant d’une légitimité, qui aille au-delà du modèle bureaucratique et d’une eurocratie dépolitisée. Pendant des décennies, l’argument du réalisme, dans un contexte international caractérisé par l’absence d’une autorité centrale et par l’anarchie de rivalités innombrables, a constamment rappelé que l’unité politique du continent aurait dû être bâtie sur l’État-nation et guère sur l’abstraction d’une situation « post-nationale », ou « post-classique », car l’Europe s’inscrivait et s’inscrit dans un système de rivalités, dans lequel l’avenir a encore besoin du passé, en dehors de toute utopie.

7cd93e24fe358ed4316f59e021e745a7025db7b8.jpg

Peut-on aller au-delà des Etats-Nations ?

Que reste-t-il du débat sur la survie des États-Nations, qui demeure ouvert à propos des États membres, transformés par le processus d’intégration, puis par la vague de la mondialisation et aujourd’hui par les changements stratégiques de la multipolarité, par les bouleversements de l’échiquier eurasien et enfin par les déséquilibres stratégiques du « Sud » du monde ?

Ce débat posait dans les années soixante et pose encore aujourd’hui à l’Union européenne trois questionnements non résolus :

– Le premier concerne l’hypothèse aronienne et bien connue : « Peut-on aller au-delà de l’État-Nation ? », hypothèse qui a pour objet le concept de souveraineté et sa permanence essentielle, surtout en matière de décision nucléaire.

– Le deuxième, la réponse à donner à la question : « quelles sont les unités de base du système international ? »

– Le troisième, qui a pour référence le système d’intégration européenne elle-même, sa viabilité et sa capacité de survie.

Ces trois questionnements, visant le déplacement de la légitimité politique des États membres vers l’unité théorique de l’Europe unitaire, constituent le fond pessimiste de la réponse du courant réaliste aux fédéralistes résiduels, expliquant pourquoi le processus d’intégration européenne, dépolitisé et abstrait, n’a guère permis d’aller au-delà des nations. En effet, explique le courant réaliste, l’Europe qui en résulte est celle de la « société civile » et des « opinions citoyennes ». Autrement dit, une Europe pacificatrice ou de l’égalitarisme aveugle (position des gauches) où les promesses de sécurité sont aléatoires et où la guerre ne peut être toujours exclue. Le risque de guerre permet également de comprendre la nécessité d’un système d’équilibre des forces (position de droite) qui, ne pouvant pas surmonter l’hétérogénéité des nations et le choc des civilisations, est le seul enseignement à retenir pour limiter les conflits.

elections-europeennes-2024-1024x683.jpg

Résilience des Nations, de la Realpolitik et de la philosophie de l’histoire

Par ailleurs, les deux modèles d’Europe, intégrationniste et stato-national sont encore aux rendez-vous des élections du parlement européen du mois de juin prochain, sous forme de souverainisme, de populisme et d’illibéralisme, puisque la multipolarité et la reconfiguration de l’ordre global remettent en discussion la résilience des Nations, le réalisme politique et l’intérêt national. Ainsi, la fin de l’utopie désarmée et des vieux refus de la politique de puissance, des zones d’influence et de la philosophie de l’histoire, fait rejaillir la recherche d’une « autre idée de l’Europe », celle d’un dialogue paneuropéen sur l’avenir de la sécurité collective après la fin du conflit ukrainien, et celle qui résulte de l’organisation multipolaire du monde. Cela veut dire poser la « question russe » et la relation franco-allemande, hors des tabous et des rhétoriques habituelles, plaçant l’identité de défense et l’autonomie stratégique de l’Europe, hors des contraintes de l’OTAN et impliquant au fond une conception de la souveraineté nationale reviviscente et non partagée.

Tout au long de la bipolarité et de la post-guerre froide, la gouvernance de l’Union aurait dû être consacrée par priorité à la connaissance les intérêts essentiels des acteurs principaux et des superpuissances globales afin de prévoir les ruptures à venir sous la surface fissurée de la stabilité apparente. C’était le mode plus raisonnable de préserver le message de « l’idée de paix » du début des années 60 et la traduction de cette philosophie pourrait se résumer à la distinction, en matière de politique internationale, entre ce qui est « essentiel, réaliste et rationnel, » plutôt que ce qui est « juste, démocratique et solidaire ».

EUROPE-Paix-et-Liberte-LEurope-unie-construit_1618227435_8732.jpg

bandeau3_def.jpg

L’idée de l’Europe, de la paix et de la guerre à l’âge de la multipolarité

L’idée de la paix aurait dû faire réfléchir à l’idée de la guerre et à la dialectique des antagonismes. Face à des situations de compétition permanente, l’Union européenne a trahi l’idée principale de la paix par une stratégie d’occultation du conflit qui a été le sens profond de la « stratégie de substitution » de Jean Monnet. Il est patent que la guerre tranche avec les conceptions antérieures de la coopération internationale et se calque différemment sur l’homogénéité et l’hétérogénéité du système international, imitant l’amitié et l’inimitié de « l’autre de soi ».

Depuis les années 80 le système interétatique, la société civile mondiale et la transnationalisation des économies, ont intégré une population d’acteurs irréguliers, exotiques et subétatiques, révoltés ou terroristes, qui ont démultiplié des centres de décisions erratiques (Hamas, Hezbollah, Isis) de telle sorte que le système interétatique a perdu sa fonction de régulateur de la violence en devenant incapable de déterminer politiquement la conjoncture. Cependant c’est toujours à partir des États que s’organisent la hiérarchie de puissance et la configuration de la scène diplomatique. L’Union européenne est immergée, depuis la chute du mur de Berlin, dans un univers hétérogène de relations globales, au sein desquelles la fonction directrice est exercée par les États-Unis et par le bipolarisme dissimulé de la Russie et de la Chine puisque la survie et la sécurité relèvent de la logique existentielle, propre de l’état de nature et guère d’une communauté policée, l’Union européenne aurait dû identifier les menaces extérieures et intérieures, vu le caractère composite ou « multiculturel » des sociétés des pays membres. Au sein de l’Union, on aurait gagné à rechercher un autre équilibre entre la France et l’Allemagne et entre l’Europe et la Russie, dans l’établissement d’un jeu coopératif, ayant pour objectif la stabilité et la paix en Eurasie et dans le monde, sans oublier l’influence du système multipolaire, planétaire et sous-jacent.

1361183-le-parlement-europeen-de-strasbourg.jpg

Multipolarisme et Multilatéralisme. Deux variantes d’un même concept, l’hégémonisme planétaire

L’option de L’Union européenne pour le multilatéralisme a été la résultante sournoise de l’idée d’Europe des pères fondateurs, celle du refus de la guerre et du principe d’égalité formelle entre les nations, dans le cadre des relations internationales. Multilatérale est en fait la posture contractuelle et conjoncturelle d’un acteur qui se détermine au cours d’un jeu diplomatique et circonstanciel, où prédomine l’idéologie de la concurrence et du débat, par l’exclusion volontaire et conventionnelle de la « Balance of Power ». Rien de plus séduisant pour la pensée des politiciens de l’Union d’adopter ces paradigmes d’action irréalistes. Ainsi, à l’opposé de la doctrine d’un monde multipolaire, fondée sur la pluralité des pôles de puissance en vue d’une confrontation et au sein desquelles prédomine le rapport de force, les doctrinaires de l’Union choisiront la fausse doctrine de la paix, le multilatéralisme prometteur. Cette doctrine commença à prendre forme suite à l’effondrement du monde bipolaire et à la dislocation de l’Union soviétique, refusant toute conception de l’Europe-puissance, au nom des « dividendes de la paix » (Chirac, F. Milon, Fabius). L’Union européenne a embrassé sans opposition les dynamiques du multilatéralisme, qui conduisirent à l’allègement des budgets européens de la défense, à l’entrée de la France dans l’OTAN et à la tutelle des États-Unis sur l’Europe. Ainsi le multilatéralisme, fondé sur le principe de négociations permanentes et dictées par « la loi des autres », a perverti le concept initial de prospérité et de paix, traduisant une perspective historique, l’hégémonisme euroatlantique, en deux variantes d’un même concept, le multipolarisme et le multilatéralisme.

En guise de conclusions

Pour résumer les réflexions sur le bilan de « l’Idée de l’Europe » léguée par les réalités institutionnelles de l’Union et par l’évolution du système international, des formes des pouvoirs et des grandes conceptions du monde, il faudra convenir que :

– Le grand débat européen des soixante dernières années a été presque exclusivement eurocentré ;

– Qu’il a oublié les lois de mouvement de l’histoire, les grandes antinomies et les conflits ;

– Qu’il a égaré son regard sur l’universalité de l’existant, le système des relations concernant l’ensemble des sujets d’histoire et leurs égoïsmes et jalousies ;

– Que les différences essentielles entre les Européens et entre l’Europe et le reste du monde ne pouvaient être pensées qu’à travers la figure de l’État ;

– Que l’analyse et les questionnements sur le « politique » ne pouvaient dispenser de tenir compte des civilisations, cultures, pensées, convictions métaphysiques, philosophiques et de foi, éloignées, mais déterminantes ;

– Que l’individualité des formes de connaissance et de vie s’imposait par l’hégémonie, par l’autorité ou par la force ;

– Et pour terminer que le relativisme de l’expérience humaine, passions, idéaux, vertus, peur, angoisse et courage se confrontaient au phénomène inéluctable de l’existence, qui les résume et les exalte, le phénomène du déclin, de la mort imminente et de la guerre.

77292321-56077698.jpg

Irnerio Seminatore est l'auteur de "L'Europe, la multipolarité et le système international" publié chez VA Éditions.

mardi, 20 février 2024

L'ex-patron de Frontex : la Commission européenne nous livre délibérément à l'immigration de masse

w_54571071-800x450.jpg

L'ex-patron de Frontex: "La Commission européenne nous livre délibérément à l'immigration de masse"

Source: https://www.unzensuriert.at/238198-ex-frontex-chef-eu-kom...

Deux ans après son éviction de la tête de l'Agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes (Frontex), le fonctionnaire Fabrice Leggeri se présente aux élections européennes sous les couleurs du Rassemblement national français (anciennement Front national). Il explique son éviction par le fait qu'il voulait contrôler l'immigration, mais que la Commission européenne fait exactement le contraire.

Objectif : lutter contre l'immigration clandestine de masse

Leggeri, qui sera le troisième candidat sur le liste du Rassemblement national aux élections européennes de juin, a annoncé dans une interview au Journal de Dimanche publiée hier samedi :

    "Nous sommes déterminés à lutter contre la submersion migratoire, que la Commission européenne et les eurocrates ne considèrent pas comme un problème, mais comme un projet".

Il a ajouté que le Rassemblement national avait un plan concret et la capacité de le mettre en œuvre.

Un changement de paradigme à partir de 2019

L'ancien chef de Frontex rapporte qu'à partir de l'entrée en fonction de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et de la commissaire aux affaires intérieures Ylva Johannson, la politique d'immigration a connu un bouleversement. Alors que la mission de Frontex depuis 2015 consistait à protéger la France et l'Europe de la poussée migratoire, la nouvelle direction de la Commission a recommandé à partir de 2019, selon M. Leggeri :

    "Ramenez les migrants et accueillez-les. Que cela vous plaise ou non, nous sommes un continent vieillissant et vous devez donc les laisser entrer".

Contraint de démissionner

Mais comme ce fonctionnaire de 55 ans voulait contrôler l'immigration, il a subi des pressions et s'est senti abandonné. Le gouvernement français l'a poussé à démissionner et la République fédérale d'Allemagne n'était pas non plus encline à le soutenir, rapporte le Français. La Commission européenne était clairement hostile à son égard et voulait qu'il parte.

Son objectif est désormais de "lutter contre cette Commission européenne qui encourage et tolère cette déferlante migratoire". Ce serait la raison pour laquelle il s'est lancé dans la politique.