mardi, 05 août 2025
Menaces de Trump: l'Inde ne se laisse pas impressionner - Le pays asiatique veut continuer à acheter du pétrole à la Russie
Menaces de Trump: l'Inde ne se laisse pas impressionner
Le pays asiatique veut continuer à acheter du pétrole à la Russie
Kurt Koriath
Source: https://aufgewacht-online.de/trump-drohungen-indien-laess...
Malgré les menaces du président américain Donald Trump, l'Inde prévoit de continuer à acheter du pétrole bon marché à la Russie, ont déclaré des représentants du gouvernement indien au New York Times (NYT) dans un article publié le 2 août.
Le 30 juillet, Trump a annoncé un droit de douane de 25% pour l'Inde ainsi qu'une sanction non précisée pour la poursuite des achats de produits pétroliers russes. Trump a également menacé d'imposer des droits de douane secondaires de 100% sur le pétrole russe d'ici le 8 août si Moscou ne parvenait pas à un accord pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Deux hauts responsables indiens ont déclaré au NYT que l'annonce de la Maison Blanche n'entraînerait aucun changement dans la politique énergétique ou commerciale de l'Inde. Le gouvernement n'a « donné aucune instruction aux compagnies pétrolières » de réduire leurs importations en provenance de Russie, a déclaré l'un d'eux.
Les relations avec la Russie restent « stables »
Randhir Jaiswal, porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, a déclaré lors d'une conférence de presse le 1er août que les relations entre l'Inde et la Russie restaient « stables ».
« Nos relations bilatérales avec différents pays sont fondées sur leurs propres mérites et ne doivent pas être considérées à travers le prisme d'un pays tiers », a déclaré M. Jaiswal. « L'Inde et la Russie ont un partenariat stable et éprouvé. »
L'Inde est le deuxième plus grand importateur de pétrole russe après la Chine. Longtemps dépendante du pétrole du Moyen-Orient, l'Inde a fortement augmenté ses importations en provenance de Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, profitant ainsi de remises importantes et de la baisse de la demande en Europe.
Les espoirs de Trump prématurés ?
Après les avertissements de Trump concernant des droits de douane élevés sur les importations secondaires, Reuters a rapporté le 30 juillet que les raffineries publiques indiennes avaient suspendu leurs achats de pétrole russe pendant au moins une semaine. Bloomberg a ensuite rapporté le 1er août que plusieurs pétroliers transportant du pétrole brut russe étaient au large de la côte ouest de l'Inde, tandis que les raffineries du pays cherchaient des alternatives.
Trump a commenté ces informations dans une déclaration aux médias le 1er août.
« J'ai entendu dire que l'Inde n'achèterait plus de pétrole à la Russie », a-t-il déclaré.
« C'est ce que j'ai entendu. Je ne sais pas si c'est vrai ou non. C'est une bonne initiative. Nous verrons ce qui se passera. »
Les déclarations des responsables indiens au NYT suggèrent que les informations faisant état d'un changement majeur de la politique commerciale étaient peut-être prématurées. Les analystes de Kpler, une société qui recueille des données sur le transport maritime, ont déclaré au NYT que la baisse des importations de pétrole brut russe en Inde en juillet coïncidait avec une période où l'Inde achète généralement moins de pétrole en raison de la mousson et des travaux de maintenance prévus dans les raffineries.
Kurt Koriath
17:52 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, pétrole, sanctions, inde, russie | |
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jeudi, 31 juillet 2025
Le prochain conflit de type "Nord Stream": le gouvernement Orbán veut son propre oléoduc pour le pétrole russe
Le prochain conflit de type "Nord Stream": le gouvernement Orbán veut son propre oléoduc pour le pétrole russe
Budapest/Bruxelles. Les fissures au sein de l’UE deviennent toujours plus profondes. Alors que la Commission européenne à Bruxelles prévoit une interdiction totale d’importation de gaz et de pétrole russes d’ici 2027, la Hongrie entend suivre sa propre voie. Comme l’a annoncé le ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó sur les réseaux sociaux, la Hongrie, la Serbie et la Russie se sont entendues pour parfaire la construction d’un nouvel oléoduc destiné à poursuivre l’approvisionner de Budapest en matières premières bon marché. « En collaboration avec nos partenaires serbes et russes, nous avançons dans la construction d’un nouvel oléoduc entre la Hongrie et la Serbie », a écrit Szijjártó. « Pendant que Bruxelles interdit l’énergie russe, rompt des connexions et bloque des routes, nous avons besoin de plus de sources, de plus de routes. La Hongrie ne sera pas victime de ces décisions catastrophiques. »
L’annonce intervient à un moment critique. L’UE prévoit non seulement de cesser toutes les importations d’énergie russes – y compris le GNL – d’ici 2027, mais souhaite également déclarer obsolètes les contrats d’approvisionnement à long terme. De plus, le négociateur du Parlement européen pour l’interdiction de ces importations demande de raccourcir le délai et d’y intégrer davantage le pétrole via pipelines. Mais la Hongrie, qui couvre encore environ 70% de ses besoins en pétrole provenant de la Russie, dont la moitié de Lukoil, refuse de suivre ces plans.
Déjà cet été, l’Ukraine avait stoppé le transit de pétrole russe vers la Hongrie et la Slovaquie – une étape que Budapest considérait comme une tentative de chantage politique. Depuis, le gouvernement Orbán cherche des alternatives pour se rendre indépendant des routes de transit ukrainiennes et, en dehors des directives de l’UE, pour continuer à se fournir en énergie. Selon les médias hongrois, le nouvel oléoduc pourrait être achevé dès 2027 – juste au moment où l’interdiction d’importation de l’UE devrait entrer en vigueur.
Le conflit entre Budapest et Bruxelles va bien au-delà de la politique énergétique. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán critique vivement les plans budgétaires de l’UE, qu’il qualifie de « sauvetage pour l’Ukraine ». « Jusqu’à 25 % de l’argent va directement à Kiev, 10 % supplémentaires sont utilisés pour rembourser de vieilles dettes. Que reste-t-il ? Moins que jamais. Je ne soutiendrai jamais cela », a déclaré Orbán.
Avec cette initiative pour l'oléoduc, la Hongrie réaffirme une fois de plus son rejet de la politique de sanctions de l’UE – et mise sur une coopération étroite avec Moscou et Belgrade. Alors que Bruxelles mise sur la sécurité énergétique par diversification, Budapest insiste sur des solutions pragmatiques pour garantir des prix énergétiques bas. « Nous construirons des oléoducs et exploiterons de nouvelles sources d’approvisionnement, afin que la population hongroise continue de payer les coûts énergétiques les plus bas en Europe, » a affirmé Szijjártó.
La décision risque d’aggraver encore davantage les tensions entre la Hongrie et l'UE – notamment face au fait que Bruxelles a déjà bloqué des milliards d’euros d’aides pour Budapest. Avec ce projet d'oléoduc, la Hongrie montre une fois de plus qu’elle n’est pas prête à se plier au diktat bruxellois sur des questions essentielles (mü)/
Source: Zu erst, juillet 2025.
15:10 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : énergie, pétrole, hydrocarbures, europe, affaires européennes, sanctions, hongrie, serbie, russie | |
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mardi, 29 juillet 2025
L’avenir de la Russie au-delà de l’Occident - L’Europe a disparu, la Russie s’éveille
L’avenir de la Russie au-delà de l’Occident
L’Europe a disparu, la Russie s’éveille
Alexander Douguine
Alexander Douguine déclare qu’à mesure que l’Occident dépérit, la Russie doit s'efforcer de devenir un Etat-civilisation en reprenant la voie qu’elle avait empruntée lorsqu’elle s’était séparée de l’Europe.
Aujourd’hui, beaucoup citent la remarque d’Alexey Gromyko selon laquelle « la Russie ressemble actuellement plus à l’Europe traditionnelle que les pays d’Europe eux-mêmes ». Je pense qu’il voulait exprimer quelque chose de très précis. Un jour, alors que j’étais en Argentine, j’ai crié : « Quel excellent pays européen, c’est ! » Plus tard, lorsque j’ai visité la France (avant même les sanctions), j’ai été horrifié par l'état dans lequel elle se trouvait : « Quel dépotoir, c’est ! ».
Le fait est que beaucoup d’Européens qui viennent en Russie sont ravis. Cela leur rappelle l’Europe, mais dans une phase passée, disparue. C’est l’Occident qui n’existe plus dans l’Occident. On peut le rencontrer en Amérique latine ou ici chez nous. De plus, bientôt, certaines sociétés asiatiques pourraient être plus "occidentales" que l’Occident lui-même. La dégénérescence, l’échec total, la transgression et le déclin qui ont frappé les sociétés occidentales ne leur permettent plus d’être considérées comme des civilisations occidentales traditionnelles.
Bien sûr, cela ne signifie pas que nous avons échangé nos places. Il faut faire très attention ici. Gromyko veut clairement dire que l’Occident s’est perdu, alors que nous ne le sommes pas encore. Mais en vérité, nous sommes à une étape de l'occidentalisation et de la modernisation qui paraît encore relativement convenable, précisément en raison de notre "retard". Si nous étions entrés davantage dans la logique de la civilisation occidentale, si nous l’avions suivie de plus près, je pense que nous vivrions à peu près la même chose: un cauchemar, une dégénérescence, un grand nombre de migrants sales et sans but qui réclament des droits, une population locale terrorisée, des pervers libéraux totalitaires qui échappent à la loi tout en commettant des crimes horribles. Tout cela nous a également menacés, jusqu’à l'effondrement final et la disparition de cette gabegie.
Le fait que nous ayons freiné à un certain moment et refusé de suivre davantage encore l’Occident est ce qui crée ce sentiment d’un Russie confortable, sympathique, en développement, ce que Gromyko a noté. Il n’y a rien de mal à cela ; c’est une observation très précise.
Comme Tucker Carlson l’a dit : si quelque chose ressemble encore à l’Occident, c’est la Russie, Moscou et Saint-Pétersbourg.
Oui, cela ressemble vraiment à cet Occident révolu. Pendant ce temps, Rome, Paris et Londres sont devenues des dépotoirs, où il est souvent difficile de trouver un Blanc ou des valeurs traditionnelles. Nous ne parlons pas des pays asiatiques ou africains. Bien que l’Afrique elle-même soit un monde magnifique avec sa propre culture. Les pays islamiques sont aussi admirables ; les musulmans traditionnels sont tout simplement merveilleux. Mais chacun devrait vivre dans son propre pays. Pourtant, ils sont délibérément amenés en Europe par les mondialistes pour effacer la population locale jusqu’à l’invisibilité, puis pour la remplacer simplement par des robots.
En même temps, je tiens à souligner que la déclaration de Gromyko (photo) n’est pas un argument qui devrait nous guider tous. Elle ne peut pas servir de base à la mission de la Russie, à sa stratégie ou à notre souveraineté. C’est simplement une observation facile, énoncée par un membre de l’élite russe, par un héritier d’une famille soviétique bien connue, qui profite de la vie et remarque que tout fonctionne bien ici, alors que tout s’est effondré et fonctionne de mal en pis en Occident. En d’autres termes, ce n’est qu’un commentaire fugace d’un observateur extérieur.
En réalité, c’est une remarque aux assises très fragiles et instables. Car en vérité, la Russie est une civilisation distincte. Nous nous sommes séparés de la civilisation occidentale au 11ème siècle et sommes devenus une civilisation indépendante au 15ème siècle. Nous avons pris conscience de nous-mêmes aux 16ème et 17ème siècles, et puis, suite à des succès variés, nous avons tenu bon — parfois nous avons reculé, parfois nous sommes revenus à l'avant-plan. Aujourd’hui, c’est l’ère du retour à la conscience que nous sommes un État-civilisation. Notre président en parle, et de nombreux hauts responsables aussi.
En résumé, je trouve la remarque de Gromyko quelque peu déplacée. Il ne s’agit pas de se réjouir d’être en retard par rapport à l’Occident, et que tout ici soit propre et en ordre, que tout fonctionne, et que les gens normaux demeurent en place — alors que tout cela a disparu en Occident. Après tout, c’est aussi ce que beaucoup de nos invités d’Amérique et d’Europe disent — ceux qui soutiennent un monde multipolaire et rejettent la dictature libérale qui règne en Occident.
Les choses peuvent être « merveilleuses » pour nous, d’une certaine façon, mais ce n’est pas encore une merveille à la russe. Nous avons suivi l’Europe, mais nous avons pris du retard. Et il s’est avéré que prendre du retard était mieux que de suivre sans délais. Regardez simplement où tout cela a conduit l’Ukraine et beaucoup d’autres pays.
Ce dont nous avons besoin, c’est de notre propre civilisation. Nous devons nous reconnaître comme un État-civilisation. Nous devons construire une Grande Russie. Une Russie qui, même esthétiquement, sera différente — technologiquement aussi, en apparence extérieure à l'Occident et surtout psychologiquement différente. Elle ne peut pas être une autre Europe hédoniste qui serait à la traîne et à la périphérie, elle doit essayer de se couper des formes les plus toxiques que l’Occident adopte désormais. Cette approche ne durera pas longtemps.
Avancer vers l’Europe maintenant, c’est s’engager vers l’abîme, vers la décharge — vers le LGBT, vers d’autres formes de transgression, vers le féminisme, vers la chirurgie transgenre, vers le remplacement des humains par des biorobots, et vers le transfert du pouvoir à l’intelligence artificielle. Toutes ces formes de déchéance totale que nous voyons aujourd’hui en Occident devraient être in fine adoptées si nous avancions dans la direction de l’Europe. Et s’arrêter simplement à ce point médian ne fonctionnera pas longtemps.
Rester comme l’Europe d’autrefois n’est pas un projet. Ce n’est pas une vision d’avenir. L’avenir de la Russie est quelque chose de tout à fait différent.
La Russie doit devenir elle-même. Et répondre à la question « Qu’est-ce que c’est, exactement, la Russie ? »: ce n’est pas simple. Mais une chose est claire: ce n’est pas l’Occident. Même nos Occidentalistes et libéraux ont commencé à comprendre que notre Russie, ce n’est pas l’Occident moderne. Pourtant, ils pensent encore: « Restons comme ça, figeons ce moment — il est si beau. »
Mais cela ne fonctionnera pas. Nous avons besoin de ressources pour l’avenir, nous avons besoin d’énergie, nous devons faire renaître des forces, nous avons besoin de visions — des visions d’un avenir spécifiquement russe. Sans cela, notre moment présent ne sera qu’une pause avant de tomber plus profondément dans l’abîme. Une chute vers laquelle nous nous précipitons déjà depuis 100 ans — surtout dans les années 1990.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’un changement stratégique profond qui devrait nous mener vers un État-civilisation. Heureusement, notre président parle dans ces mêmes termes. Mais cela doit être élaboré en détail, décrit, et mis en œuvre. C’est le chemin que nous devons suivre.
13:31 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : actualité, alexandre douguine, russie | |
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samedi, 26 juillet 2025
Le nouveau “Général Armageddon” de la Russie et la peur de la guerre totale en Occident
Le nouveau “Général Armageddon” de la Russie et la peur de la guerre totale en Occident
Les négociations s’évanouissent ; le conflit reprend
Alexander Douguine
Alexander Douguine présente les pourparlers d’Istanbul comme un théâtre sans avenir et déclare que l’ère de la guerre totale a commencé.
Examinons comment le troisième tour de négociations à Istanbul a été couvert cette fois-ci par les médias. Tout à fait différemment des premier et deuxième tours.
Cette fois, l’information était chiche et laconique, comme si elle concernait une routine qui mènerait clairement nulle part. Les deux premiers tours étaient essentiellement les mêmes sur le plan du contenu, mais ils ont provoqué un frisson nerveux au sein de la société russe: les patriotes craignaient la trahison comme si c’était une sentence de mort, tandis que les libéraux silencieux et les occidentalisés de l’élite aspiraient à cette trahison avec un plaisir pervers. Cette tremblote ne pouvait être dissimulée. Maintenant, tout le monde comprend que la trahison n’arrivera pas, et pour le reste — personne ne s’y intéresse particulièrement.
Dans les premiers tours, tout le monde, directement ou indirectement, était à l’écoute de la réaction de Trump. À tout moment, il pouvait venir lui-même, s'emporter furieusement contre Zelensky, exploser de rage face à la détermination de Poutine, et ainsi de suite. Il n’est allé nulle part, s’est énervé contre tout le monde, a vitupéré contre tout le monde, insulté tout le monde, puis est retourné à ses affaires — en l'occurrence dissimuler la liste d’Epstein et tenter de faire arrêter Obama.
Malgré l’excentricité de Trump, le comportement des États-Unis s’est avéré, curieusement, plutôt prévisible et peu différent de celui de Biden et des néocons — et nous avons appris à vivre et à fonctionner dans de telles circonstances. Ce n’est pas que Trump se soit complètement retiré, mais il ne semble pas prêt à faire quelque chose d’extrêmement mauvais (ni même quelque chose de bon) en ce moment. Cela signifie que la situation perdurera sur le long terme. Les 50 jours que Trump a déjà abandonnés ne signifient rien du tout. D’où l’attitude générale envers le troisième tour: le facteur Trump s’est estompé, et donc les négociations n’ont plus beaucoup de poids. Il n’y aura pas de miracle. Les nazis ukrainiens ne sont toujours pas prêts à se rendre, donc il n’y a rien à discuter.
Il vaut la peine de s’arrêter sur le facteur Vladimir Medinsky (photo). Beaucoup croyaient à tort, faute de détails, qu’il était responsable de l’échec des premières négociations d’Istanbul en 2022, qui ont été suivies de réelles difficultés sur le champ de bataille pour la Russie. Il n’était pas en tort et, alors, comme maintenant, poursuivait une ligne fortement patriotique. C’est un homme intelligent qui ne vendra pas sa patrie. Le premier tour des nouvelles négociations a clairement montré cela. Ainsi, dans l’œil de ses alliés comme de ses ennemis, il est perçu comme un nouveau “Général Armageddon” ou quelque chose comme ça. Le fait qu’il soit historien ne fait qu’ajouter à la gravité: nous forgeons maintenant l’histoire de la Russie, et pour cela — pour obtenir la victoire — cette histoire doit être connue et comprise. C’est ainsi qu'apparaît le bon type d’historien.
En même temps, il ne faut pas surévaluer les protestations qui se déroulent actuellement à Kiev, afin d’éviter de retomber dans la panique. Tout d’abord, le nombre de personnes impliquées dans ces manifestations reste relativement faible, et ce n’est guère une tendance généralisée. Beaucoup restent fidèles au régime. C’est regrettable, mais c’est la réalité. Deuxièmement, le NABU (Bureau anti-corruption national de l’Ukraine) et le SAP (Procureur anti-corruption spécialisé) ne sont jamais que des structures soutenues par Soros. Elles ne feront jamais rien d’utile ou de bénéfique pour nous. C’est une évidence. Par conséquent, il est prématuré de considérer la position de Zelensky comme catastrophique ou même fragile. Ce qui signifie que Kiev n’est pas encore prête pour un dialogue substantiel avec nous.
Pendant ce temps, l’Europe se prépare à faire la guerre contre nous [la Russie] de manière directe et plus dure. Cela aussi ne doit pas être ignoré.
En un mot, il faut maintenant comprendre que la grande guerre est chose sérieuse, car elle se prolongera et sera totale. Il est temps de transformer la Russie en un pays sur pied de guerre. Combien de temps continuerons-nous à crier “Nous sommes pour la paix” ? Même si nous désirons effectivement la paix (mais certes pas à n’importe quel prix !), ils veulent surtout la guerre, eux, et ne cherchent pas à le cacher. L’Occident a pris sa décision: si l’Ukraine ne peut pas vaincre la Russie, alors l’Union européenne essaiera, et ce qui se passera ensuite, ils le découvriront plus tard. Une apocalypse nucléaire est tout à fait possible. L’état des sociétés occidentales s’est tellement dégradé que l’autodestruction atomique ne paraît plus une idée si terrible à leurs esprits tordus. Télécharger la conscience sur des serveurs dans le cloud puis s'autodétruire. Cela semble fou, mais ce n’est plus aussi invraisemblable qu’il y a quelques décennies.
Dans une telle situation, les négociations avec Kiev sont tout simplement dépourvues de sens — pour l’instant, du moins. Qu'elles se poursuivent ou soient mises en pause, cela ne change rien. Des assistants de Medinsky ou du personnel purement technique peuvent être envoyés au prochain tour. La nouvelle version de “Général Armageddon” a accompli sa mission. Brillamment. La prochaine étape est la signature d’un acte de reddition inconditionnelle. Cela peut très bien être fait par le président lui-même lors d’une rencontre avec Zelensky, qui a déjà commencé à rechercher une telle rencontre.
Mais pour que tout cela devienne réalité, nous devons commencer à convertir le pays de manière plus intensive à une économie de guerre. On disait autrefois que personne n’est prêt pour la guerre jusqu’à ce qu’elle commence. Cela dure déjà quatre ans et durera encore beaucoup plus longtemps, durement, terriblement. Il est temps de l’ouvrir dans nos cœurs et nos âmes.
17:53 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, russie, ukraine, alexandre douguine | |
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Malgré les sanctions permanentes: la Russie désormais troisième fournisseur de gaz de l’UE
Malgré les sanctions permanentes: la Russie désormais troisième fournisseur de gaz de l’UE
Bruxelles/Wilhelmshaven. Depuis 2022, depuis le début de la guerre en Ukraine, l’UE tente par tous les moyens de se débarrasser des importations de gaz russes — qui avaient constitué jusqu’ici, pendant des décennies, un pilier de la prospérité économique de l’Allemagne. Mais ce rejet ne fonctionne pas. Malgré des sanctions toujours plus nombreuses, la dépendance des Européens au gaz russe ne diminue pas, mais augmente. Malgré les sanctions occidentales, la Russie reste un fournisseur central de gaz pour l’UE, tant par gazoduc que par gaz naturel liquéfié (GNL), et plus encore : selon les chiffres récents d’Eurostat, la Russie a même dépassé la Norvège en mai pour se hisser à la troisième place parmi les cinq principaux importateurs.
Les données d’Eurostat montrent que cette hausse est principalement due à l’augmentation significative des livraisons de GNL en provenance de Russie. Celles-ci ont augmenté en mai d’un tiers par rapport au mois précédent, atteignant 703 millions d’euros. Mais les importations par gazoduc ont également augmenté de 6,4% pour atteindre 408 millions d’euros. Au total, en mai, les livraisons russes de gaz vers l’UE ont atteint 1,1 milliard d’euros — soit une hausse de près de 25% par rapport à avril. La Norvège a chuté à la quatrième place avec 842 millions d’euros (–13%).
Les États-Unis restent, avec 1,9 milliard d’euros, le principal fournisseur, mais leurs exportations ont diminué d’un tiers. L’Algérie suit à la deuxième place (1,12 milliard d’euros, contre 1,3 milliard en avril), tandis que le Royaume-Uni complète le top cinq avec 367 millions d’euros.
Les sanctions se sont retournées contre leur auteur, faisant grimper massivement les prix du gaz dans l’UE: selon Eurostat, 1000 mètres cubes coûtaient encore 206 euros en avril 2021, mais en avril 2024, ce montant s’élevait à 523,5 euros — une augmentation de X 2,5. La raison en est la transition de l’UE vers les importations de GNL. En 2021, le gaz liquéfié ne représentait qu’un tiers des approvisionnements de l’UE, en 2025, ce sera près de la moitié. Les coûts liés à cette transition ont explosé, passant de 257 euros en 2021 à 645,5 euros en 2024. Bien que le gazoduc, à 417 euros, soit moins cher, son prix a également augmenté de façon significative par rapport à 2021 (178,7 euros).
Source: Zu erst, juillet 2025.
15:02 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaz, gnl, russie, europe, affaires européennes, énergie, sanctions | |
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Orthodoxie ou Extinction - Pas d’immigrants, pas d’athéisme — Seulement la Russie
Orthodoxie ou Extinction
Pas d’immigrants, pas d’athéisme — Seulement la Russie
Alexander Douguine
Alexander Douguine déclare que seul un retour à l’orthodoxie, le démantèlement des villes en hauteur et le rejet de la main-d’œuvre immigrée peuvent arrêter l’extinction planifiée du peuple russe.
Les villes comme « abattoirs » pour les nouvelles générations
Récemment, notre Président Vladimir Poutine parle de plus en plus fréquemment du problème démographique. Cependant, il semble qu’il trouve peu de compréhension parmi les responsables, qui proposent seulement des mesures palliatives. Les approches existantes ne donnent pas seulement des résultats nuls, elles sont fondamentalement incapables d'en obtenir. La situation est catastrophique: même si toutes les mesures proposées par les responsables étaient mises en œuvre, nous serions toujours confrontés à la disparition rapide du peuple russe. Le président ne souhaite bien sûr pas un tel résultat, mais jusqu’à présent, il n’y a eu aucun progrès réel dans la résolution du problème.
Je propose trois mesures évidentes qui sont depuis longtemps discutées dans notre société, notamment à l’Institut Tsargrad, au Conseil mondial du peuple russe et à la Société Tsargrad. Mes propositions résument le travail de milliers d’experts — médecins et docteurs en sciences — qui ont passé des années à étudier les problèmes démographiques.
Voici trois de leurs conclusions :
Premièrement. Nous devons revenir aux formes traditionnelles de vie, car seule une société traditionnelle permet la croissance démographique. La voie de la modernisation, basée sur l’individualisme, mène à l’effondrement démographique, car elle est incompatible avec la procréation.
Plus une société devient moderne, moins d’enfants y naissent. Si nous voulons arrêter l’extinction de la population russe, nous devons changer la nature même de la société. Elle doit redevenir religieuse, traditionnelle, avec des mariages précoces, une interdiction des avortements et des divorces, et où avoir beaucoup d’enfants devient la norme. Cela doit être affirmé à tous les niveaux — du plus haut au plus bas. Sans cela, la Russie et le peuple russe cesseront d’exister.
Deuxièmement. Les villes doivent être reconstruites. Les villes sont des « abattoirs » pour les nouvelles générations: alors que la première génération de villageois arrivés en ville a encore tendance à avoir beaucoup d’enfants, la deuxième en a moins, et la troisième diminue presque à zéro. C’est une loi absolue de la démographie et de la sociologie. Si nous voulons empêcher la disparition du peuple russe, nous devons passer de la construction en hauteur à la construction d'immeubles bas. À cette fin, d’excellents plans ont déjà été élaborés par Konstantin Valerievitch Malofeev et de nombreux experts de l’Institut Tsargrad.
Troisièmement. Si nous voulons préserver le peuple russe spécifiquement, et ne pas le remplacer par d’autres éléments, il faut réduire l’immigration de travail à zéro. Comment compenser alors la pénurie de main-d’œuvre? Par un saut dans le développement de la robotique et en appliquant les deux premières mesures: cultiver une vision du monde religieuse traditionnelle, qui doit être imposée comme un impératif absolu, et reconquérir les villes. Si nous parvenons à atteindre ces deux objectifs, si nous arrêtons l’immigration et commençons à produire des robots, nous aurons une chance de sauver le peuple russe.
Totalement incompatible
Question : comment les autorités réagiront-elles à ces mesures? Je pense qu'elles réagiront avec horreur, car elles sont convaincues que des résultats peuvent être obtenus par d’autres moyens. Les autorités n’ont pas encore compris qu’il n’y a pas d’autres moyens: ce sont ces mesures ou alors il ne restera pratiquement plus de Russes dans quelques décennies. Dans un pays aussi vaste et riche, si nous ne disparaissons pas nous-mêmes, on nous « aidera » à disparaître. Remplacer la population russe par des immigrants n’est certainement pas une solution, car alors ce ne serait plus la Russie, mais quelque chose d’inconnu. Par conséquent, ceux qui prônent l’immigration commettent un crime contre le peuple. Alors que nos propositions plaisent ou non aux autorités, les mesures qu'elles impliquent sont nécessaires pour sauver le peuple. Il n’y a pas d’autre choix: si vous voulez sauver le peuple, adoptez ce modèle.
Mais notre population elle-même est-elle prête à cela ? Je peux d’ores et déjà dire: non. Ni pour la reconquête des villes, ni pour la construction de familles religieuses fortes, ni pour travailler jusqu’à l’épuisement afin de remplacer les immigrés. Notre société n’est pas encore prête. Pendant l’époque soviétique, nous étions éduqués différemment — au moins alors il y avait une éthique du travail, de la solidarité et un sens de la justice. Mais à partir des années 1980 et 1990, toutes les orientations mentales ont changé radicalement: individualisme, carrière personnelle, déménagement du village à la ville, ne penser qu’à soi, aspirer à aller à l’Ouest. La tâche, selon cette mentalité, est de mener une vie de plaisir et de confort. Et cela est totalement incompatible avec la résolution du problème démographique.
« Voilà : à partir d’aujourd’hui commence la reconquête des villes »
C’est pourquoi il est absolument essentiel maintenant de changer l’idéologie dominante. Nous avons déjà changé notre orientation, en passant de l'occidentalisme au patriotisme, du libéralisme et du mondialisme aux valeurs conservatrices et traditionnelles. Certaines démarches ont déjà été entreprises dans cette direction. Mais il faut aller plus loin encore et abandonner complètement le concept de laïcité. La laïcité, le parasitisme individualiste — tout cela doit être éliminé. Nous n’avons besoin que d’une société religieuse, uniquement structurées par des normes religieuses, inculquées dès la naissance à travers la maternelle, l’école, l’université, les formations professionnelles, l’académie des sciences — tout doit être reconstruit sur des bases orthodoxes traditionnelles. C’est la garantie de la survie de notre peuple, et la loi doit être modifiée en conséquence.
Quant à la reconquête des villes, cette décision doit également être prise sans délai. C’est ça: à partir d’aujourd’hui commence la reconquête des villes. Nous enterrons les barres d'appartements, les gratte-ciel, et nous passons à la construction d'immeubles de basse hauteur. Que les villes s’étendent vers l’extérieur, pas vers le haut. Nous avons d’immenses terres à disposition.
La construction de maisons individuelles est essentielle. Il faut construire des « hubs » entre les villages ruraux à distance de marche des écoles, hôpitaux et infrastructures sociales, afin que tout soit accessible depuis chaque village. Bien sûr, les grandes villes doivent être aussi peu peuplées que possible.
En général, nos gens sont beaux, ont le sens du sacré, mais pour qu’ils retrouvent leur raison vitale, ils doivent être guidés. Le gouvernement doit conduire le peuple vers le salut — et le salut commence par un retour à l’orthodoxie, par le souci du salut de l’âme, du salut de la famille, et par là, du salut de tout le peuple. Ce chemin vers le salut inclut la reconquête des grandes villes et l’arrêt de l’importation de masses de personnes étrangères à nous idéologiquement, spirituellement et culturellement — des gens qui occupent non seulement nos emplois, mais qui agissent en fait comme des « machines vivantes ». C’est dégradant pour eux comme pour nous. De plus, ils créent des tensions sociales, car ils refusent d’accepter nos valeurs.
Mais le problème est aussi que nous ne sommes pas encore totalement prêts à affirmer ces valeurs. Pour nous, elles restent encore abstraites. Si nous avions une identité forte enracinée dans des valeurs, tout outsider rebondirait simplement en se heurtant à elles. Mais pour que cela se produise, notre société doit elle-même redevenir orthodoxe. La question est: veut-elle vraiment le redevenir?
Ensuite, il est difficile de dire si les habitants de la Rus’ de Kiev ont voulu être baptisés dans le Dniepr. Peut-être oui — ils ont été éclairés par le Christ. Quant au reste, ils ont simplement été immergés trois fois, baptisés, et on leur a dit :
À partir de maintenant, vous êtes un peuple chrétien.
Depuis lors, ils sont chrétiens depuis plus de mille ans. Combien d’âmes ont été sauvées ! Des cieux entiers pourraient être peuplés d’âmes russes, car un Sacrement sacré et salvateur leur a été conféré à cette époque.
Maintenant, nous devons faire la même chose — ramener le peuple dans l’Église. Qu’ils veuillent ou non, qu’ils veuillent étudier la Loi de Dieu ou non, en fin de compte, cela n’a pas tellement d’importance. Si nous voulons avoir un pays, le garder, nous devons faire cela. La même chose pour les villes. Si nous commençons à agir de manière plus décisive et ferme dans cette direction — et il y a déjà une tendance — je crois que, avec le temps, tant les autorités que le peuple s’adapteront à ces initiatives salvatrices.
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lundi, 21 juillet 2025
Les stratégies anti-russes de l'Occident et les antidotes pour y faire face
Les stratégies anti-russes de l'Occident et les antidotes pour y faire face
Evgueni Vertlib
Un point de vue russe sur la situation.
Aujourd'hui, la Russie est considérée par l'Occident comme une « menace inévitable pour l'ordre européen et mondial ». La déclaration de Washington, énoncée par l'OTAN, le dit clairement : « Nous ne pouvons écarter la possibilité d'une attaque contre la souveraineté et l'intégrité territoriale des Alliés ». Et le rapport RAND 2024 souligne que les mesures les plus prometteuses pour apprivoiser la Russie se situent dans le domaine économique, allant de la pression énergétique aux sanctions. Dans une telle configuration de « croisade hybride », la Russie est contrainte de répondre de manière symétrique et asymétrique.
Depuis février 2022, la politique anti-russe, consistant « à contenir et à impliquer » a été remplacée par un régime d'hostilité stratégique – considérant la Fédération de Russie comme un adversaire inévitable dans la formation d'un monde post-unipolaire. Tous les moyens et méthodes sont utilisés contre la Russie, de l'embargo économique aux opérations cognitives. La « cinquième colonne » traîtresse, qui n'a pas été démantelée au sein de l'establishment russe, bloque la victoire russe sur le théâtre d'opérations ukrainien. Les arrières systématiquement vulnérables des forces armées russes (les détracteurs légalisés et statutaires de l'intérieur: la Banque centrale, le Centre Eltsine – bastion du revanchisme libéral extrémiste, « leur » oligarchie) fait passer le « facteur ukrainien » de la catégorie des guerres régionales par procuration à celle des menaces pour la sécurité intérieure de la Fédération de Russie (point de vue de S. Mikheev). Un autre aspect de la défectologie des décideurs russes est souligné par S. Kourguinian : l'éradication ciblée du code civilisationnel russe ne permet pas de mettre en œuvre la stratégie du « noyau indo-européen » - rétablir l'unité nécessaire des valeurs du peuple, du pouvoir et de l'histoire.
Dans une telle situation de force majeure (avec circonstances de force majeure), l'État russe est condamné, selon les termes de S. Karaganov, à mener « une guerre pour le droit d'être soi-même », « en brisant l'échine de l'Europe ». Pour cela, il faut au moins temporairement oublier la « puissance douce », le soft power, qui consiste à plaire à l'Occident. Car l'initiative offensive et avant-gardiste des partisans de l'Opération militaire spéciale ne peut pas indéfiniment ne pas correspondre à la stratégie arrière-gardiste et post-factum d'une « petite guerre » positionnelle et languissante. Lorsque la diplomatie échoue (Trump, qui imite les autres, a semé la confusion: tantôt il promet la manne céleste, tantôt il fronce les sourcils), il faut frapper préventivement: afin que, par crainte, ils cessent, au moins temporairement, de se moquer de la Russie meurtrie.
Évolution des stratégies anti-russes (1991-2025). Élargissement de l'OTAN, introduction de « chocs » de marché ; sanctions pour la « Géorgie », la « Crimée », NordStream-2 ; campagne hybride totale en cours : 17ème paquet de sanctions de l'UE, projet de loi américain Blumenthal-Graham, pression informationnelle et psychologique via les plateformes mondiales.
Les sanctions étouffantes de l'Occident. « Matrice de sanctions »: environ 20.000 restrictions individuelles et sectorielles; l'objectif est d'épuiser la base de ressources. Augmentation des droits de douane jusqu'à 500% sur les énergies russes, en discussion au Sénat américain.
Guerre cognitive. L'objectif est non seulement d'affaiblir Moscou, mais aussi de « saper l'économie de l'Union européenne en tant que concurrent ». La diversion contre les alliés fait partie d'une stratégie plus large de « diviser pour régner ».
Pression militaro-politique. L'OTAN institutionnalise le tremplin ukrainien, soutient les groupes d'Europe de l'Est, renforce la défense antimissile. Le facteur nucléaire revient dans la politique: le débat sur le « signal préventif tactique » est passé de la théorie à la pratique.
La logique de l'antidote : l'école de la « multidimensionnalité souveraine ».
1. Souveraineté stratégique. La « Concept de politique étrangère de la Fédération de Russie 2023 » formalise pour la première fois la priorité de la « Grande Eurasie » et du BRICS élargi en tant que « fait géopolitique irrévocable ».
2. Viabilité économique. Remplacement des importations 2.0: priorités - micro et nanoélectronique, logistique maritime, pétrochimie. Canaux de paiement parallèles: chaînes de compensation en yuan, commerce des ressources énergétiques en roubles.
3. Code technologique. D'ici 2025, la Russie passera du slogan « faisons-le nous-mêmes » au modèle « faisons-le avec le BRICS+ », en formant des chaînes de création de valeur en alliance avec l'Iran, les Émirats arabes unis et l'Inde. La stratégie de souveraineté technologique considère l'IA, la microélectronique et les matériaux composites comme des « noyaux critiques » du développement.
4. Revirement géoéconomique vers le Sud. L'union élargie des BRICS-10 (mai 2025) regroupe 47% de la population mondiale et constitue une plateforme parallèle à l'architecture financière mondiale.
5. Consolidation culturelle et consolidation des valeurs. Le projet de loi sur l'éducation patriotique en cours d'élaboration établit un cadre réglementaire pour la formation de « l'homme à la volonté tenace », une figure nécessaire à la mobilisation stratégique.
Sept recettes pratiques (antidotes). À la menace occidentale, la Russie répond par des sanctions à plusieurs niveaux: localisation des chaînes d'approvisionnement, contrôle des matières premières, yuan-rouble numérique. À l'étranglement financier du SWIFT, la Russie oppose le système SPFS et le SEPAM iranien + le règlement en monnaies nationales. À la pression militaro-politique: la doctrine de « l'escalade pour la désescalade », la triade hypersonique, le circuit médiatique russophone 2.0. Aux opérations informationnelles et psychologiques: « l'orthodoxie atomique » comme plateforme sémantique.
Face au blocus technologique (puces, IA): les usines 40-90 nm à Zelenograd, les alliances avec la Chine et l'Inde. Contre la « suppression » culturelle : réseau mondial des « Maisons russes » et subventions « Pouchkine-Digital ». Contre la pression démographique due à la migration : politique de « dispersion russe » - programme de rapatriement et d'intégration des russophones.
Prévisions jusqu'en 2030:
1) La probabilité d'un conflit direct entre la Russie et l'OTAN reste faible tant que le « tabou nucléaire » est maintenu, mais le point de démarcation est fixé à 2027 (achèvement de la modernisation du système européen de défense antimissile).
2) Le fossé technologique peut être réduit à 5-7 ans à condition d'investir 3-4% du PIB dans la R&D.
3) Le financement des BRICS (NBR) peut remplacer jusqu'à 30% des marchés de capitaux occidentaux pour la Fédération de Russie.
Optimisme réaliste. La stratégie occidentale « dissuasion + guerre hybride » a épuisé son efficacité: la pression des sanctions ne génère plus de menace d'effondrement systémique, et le chantage informationnel est démasqué. L'antidote réside dans une triple unité: la force (le facteur militaro-nucléaire), l'esprit (la souveraineté technologique) et l'âme (l'identité culturelle et civilisationnelle).
C'est précisément cette triade, renforcée par l'intégration dans la « grande Eurasie », qui transforme la Russie d'un « objet » du contrôle occidental en un sujet de la politique mondiale, comme le confirment les dernières données analytiques et les mesures pratiques prises par l'État.
RÉSUMÉ : « Logique à quatre niveaux » de l'Occident : défense de l'Ukraine → défense de l'OTAN → contenir la Russie à l'échelle mondiale → formation d'une architecture post-russe.
Niveau militaro-stratégique
OTAN 2024-2025. La déclaration de Washington introduit une nouvelle génération de plans de défense et stipule que « la menace russe sera durable ».
CSIS (février 2025). Le groupe de réflexion recommande « le stationnement permanent d'une brigade blindée américaine en Pologne » et un modèle de 4+2 brigades pour le flanc est, soulignant que la Russie « reste une menace sérieuse ».
RAND (mai 2025). Le rapport sur l'escalade en Ukraine prévoit « six scénarios d'escalade forcée pouvant aller jusqu'à l'utilisation d'armes nucléaires ».
Niveau économique et sanctions
G7/UE. L'objectif est de réduire les revenus énergétiques de la Russie de 50% d'ici 2030. (G. Payette, FT, déc. 2023) .
Atlantic Council (avril 2025). Pertes de la Russie dues au plafonnement du prix du pétrole -> 47 milliards de dollars; priorité : « transparence de la flotte fantôme ».
CNAS (juin 2024). Les sanctions: « une nouvelle arme » dans l'arsenal transatlantique.
Niveau technologique
EDIS et Readiness-2030. L'UE identifie sept lacunes critiques en matière de capacités (DCA, artillerie, drones, IA, etc.) et annonce un objectif de 40% de capacités communes.
Contrôle des exportations des États-Unis. Interdiction de fournir 45 articles critiques de microélectronique à la Russie et à la Biélorussie.
Matrice des opérations occidentales (mise à jour)
- Créer une « brèche stratégique » dans le corridor Biélorussie-Kaliningrad (« ABCT permanent en Pologne pour renforcer la dissuasion »).
- Priver Moscou des superprofits pétroliers et gaziers (« Approche multidimensionnelle pour reprendre l'avantage dans le jeu des sanctions » - Atlantic Council).
- Démanteler les fondements économiques des élites [Gel de 30 milliards de dollars d'actifs (AU Policy Brief)].
- Tester les limites du remplacement des importations (« La plus grande vulnérabilité de la Russie est son économie... »).
- Démoraliser et codifier la « toxicité » de la Fédération de Russie (Sullivan : « Nous renforçons notre propre DIB tout en refusant l'accès à la Russie »).
L'antidote russe 2.0: contre-arguments et mesures de rétorsion
1. Le dilemme militaro-nucléaire « escalade ⇄ désescalade »
Karaganov affirme que la « pression nucléaire préventive » pourrait devenir le seul langage que l'Occident comprend. Le Club de Valdaï constate : « La Russie a commencé à revoir sa doctrine nucléaire », tandis que Poutine souligne qu'il n'est « pas nécessaire » de changer la doctrine, car « une riposte laissera l'ennemi sans aucune chance ». Ainsi, l'incertitude stratégique devient un instrument de dissuasion.
2. Le virage géopolitique vers le Sud
Le BRICS-10 et l'EAEU-Rostec forment des chaînes dans six secteurs critiques (IA, micropuces, composites). Cela réduit l'efficacité du « Chip-45 » occidental.
3. Rouble numérique et paiements parallèles
Le lancement du rouble numérique sur la plateforme « GosTech » d'ici la fin 2025 permettra de contourner les barrières SWIFT et SPFS, ainsi que de connecter le SEPAM iranien.
4. Consolidation culturelle et consolidation des valeurs
La loi sur l'éducation patriotique (2ème lecture, juin 2025) consacre le concept de « personne à la volonté tenace », synthèse de l'ethos orthodoxe et de la compétence technologique.
5. La « Grande Eurasie » comme stratégie de rapprochement
Le rapport Valdai « Russia-West : Radical Scenario » met en garde : toute tentative d'isoler définitivement la Russie conduira à l'effondrement du système international. L'alternative : une alliance institutionnelle entre les BRICS, l'OCS et l'UEE.
Synthèse : sept paires thèse-antithèse
Thèse occidentale : « La Russie est une menace pour la stabilité systémique de l'Occident ».
Contre-thèse russe : l'Occident traverse une période de transition vers la post-hégémonie ; la Russie est le déclencheur, et non la cause de la crise.
« La présence permanente de l'ABCT en Pologne est une garantie de dissuasion » vs. Spirale d'escalade : défense antiaérienne S-400 en Biélorussie → « Iskander-M » à Kaliningrad.
« L'énergocap réduira les revenus de 50% » (FT/G. Payette). Non : la diversification des approvisionnements (Inde, Chine) a déjà couvert 70% du volume européen.
« Le Chip-45-list paralyse le complexe militaro-industriel » est compensé par une usine commune de 65 nm avec les Émirats arabes unis et l'Iran + le remplacement des importations à 28 nm d'ici 2028.
« La guerre cognitive détruira la légitimité du régime » - son propre circuit médiatique 2.0, comprenant 310 chaînes Telegram régionales.
« L'EDIS créera le poing industriel de l'UE » - Les industries dispersées de l'UE n'auront pas le temps de passer à la production massive de munitions avant 2028.
« Saisir la fenêtre d'opportunité avant 2030 » (RAND, 2025). Non : la prolongation du conflit épuise le consensus démocratique occidental.
Corridor prévisionnel (2025-2030)
La probabilité d'un affrontement direct reste inférieure à 10%, mais le point de bifurcation est la préparation de l'OTAN au « paquet 2030 ».
Écart technologique: États-Unis/UE → 5 ans ; Chine + Russie → 7 ans ; équilibre possible d'ici 2029 avec des investissements de 4% du PIB russe dans la R&D.
Ressources de sanctions de l'Occident : pic de pression en 2026, puis effet de rendement décroissant (données du CNAS).
Conclusion : la triade additive « force-esprit-esprit »
L'Occident renforce sa pression simultanément sur cinq vecteurs, créant un effet de « compression multi-calibre ». Cependant, la réponse russe repose sur une triade additive: la force militaire (y compris l'incertitude nucléaire), l'intelligence technologique (la coopération BRICS+) et l'esprit culturel (le code historique). Selon les mots de Dostoïevski: « Être russe, c'est aspirer à l'humanité universelle ». Il ne s'agit pas de se fondre dans l'autre, mais de créer sa propre identité, ouverte aux autres - c'est précisément l'antidote qui a déjà commencé à agir.
Tout micro-mouvement de déplacement du contexte géopolitique vers la victoire russe n'échappe pas à l'attention des analystes stratégiques occidentaux. Le conflit militaire entre l'Ukraine et la Russie a radicalement modifié l'équilibre des forces en Europe et au-delà. La principale conséquence a été la rupture des relations entre l'UE et la Russie, qui, à court terme au moins, est irréversible.
Dans le même temps, la coopération entre les États-Unis et l'UE s'est renforcée, ce qui a provoqué un rapprochement entre Moscou et Pékin, créant une nouvelle menace pour l'Occident. Pékin, observant le conflit, s'oriente de plus en plus vers une stratégie de confrontation à long terme avec les États-Unis, en utilisant des leviers économiques et l'expansion technologique. Dans le même temps, les pays du Sud, tels que l'Inde et l'Afrique du Sud, ont refusé de se joindre aux sanctions, ce qui a considérablement affaibli la pression occidentale sur la Russie.
Les États-Unis, par l'intermédiaire de think tanks (tels que la RAND Corporation), préparent la société américaine à sortir du conflit entre Moscou et Kiev. Les think tanks américains, préoccupés avant tout par la Chine et le conflit israélo-palestinien, non seulement rejettent les Slaves ukrainiens hors l'UE/l'OTAN, mais préfèrent également un renforcement logique de la Russie dans TOUTE L'UKRAINE en échange de compromis stratégiques de la Fédération de Russie sur des questions plus «étrangères».
En effet, le renforcement des liens entre la Fédération de Russie et la République populaire de Chine affaiblit a priori l'Union transatlantique. L'Ukraine est devenue un terrain d'essai pour de nouvelles tactiques et technologies. Le conflit qui y sévit a révélé les faiblesses des bases industrielles et militaires de l'OTAN, notamment le manque de munitions et la dépendance à l'égard de chaînes d'approvisionnement obsolètes.
L'adaptabilité et la maîtrise tactique sont devenues plus importantes que la supériorité technologique. Cela remet en question l'efficacité des programmes militaires coûteux des États-Unis, tels que le développement de chasseurs de sixième génération. En outre, les risques d'escalade nucléaire ont été évalués. Il ressort clairement des analyses que Washington doit se préparer à des conflits prolongés, où la victoire dépendra de la résistance économique plutôt que de la puissance militaire. Un récent rapport de RAND affirme qu'il n'y a aucune raison pour les États-Unis de continuer à participer au conflit en Ukraine. Capitulation ou manœuvre stratégique ? L'avenir nous le dira.
18:16 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, russie, occident | |
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jeudi, 17 juillet 2025
La pause de Trump avant l’Armageddon
La pause de Trump avant l’Armageddon
Retarder un affrontement avec la Russie et lâcher le mouvement MAGA
Alexander Douguine
Alexander Douguine révèle ici que Trump est une figure vacillante qui, pris entre une guerre avec la Russie et la colère de son mouvement MAGA, privilégie le délai au destin, reportant l’apocalypse de cinquante jours.
Hier, beaucoup s’attendaient à ce que Donald Trump fasse des déclarations nettes, concrètes et menaçantes concernant la Russie. Cependant, il a choisi de repousser une confrontation sérieuse — une confrontation que les néoconservateurs insistaient activement pour qu'il l'enclenche. La situation équivalait, très probablement, à un pari 50/50.
Trump aurait pu annoncer des sanctions sévères ou des livraisons sans précédent d’armes à l’Ukraine et ce, en grande quantité. D’un côté, cela aurait pu détourner l’attention des Américains de sa décision de ne pas publier la liste des clients d’Epstein — une décision qui a transformé bon nombre de ses anciens soutiens en opposants.
Sur tout le territoire des Etats-Unis, les militants du mouvement MAGA brûlent, par dépit, leurs casquettes sur la voie publique.
Tout le mouvement MAGA est actuellement contre Trump parce qu’il a, à plusieurs reprises, trahi leurs attentes de manière flagrante et cynique. D’abord, il s’est lancé dans la guerre contre l’Iran. Maintenant, il refuse de divulguer les dossiers sur le lobby pédophile d’Epstein aux États-Unis — ce qui était initialement un point clé de sa plateforme électorale. En conséquence, une cascade de supporters l’a abandonné. En substance, tout le mouvement MAGA, tout le trognon du trumpisme, se dresse maintenant contre Trump.
Dans ce contexte, on aurait pu s’attendre à ce que Trump tente de détourner l’attention avec une Troisième Guerre mondiale — un « Armageddon » contre la Russie — en annonçant des mesures effrayantes et extrêmes: de véritables sanctions capables de frapper aussi la Chine et l’Inde, principaux consommateurs des ressources énergétiques russes, et des livraisons de missiles de portée moyenne à Kiev, ce qui marquerait effectivement le début d’un Armageddon ouvert.
Trump aurait pu faire cela pour détourner l’attention de ses échecs — ou choisir de ne pas le faire, sachant que MAGA lui serait alors encore plus hostile. Un des principes fondamentaux du mouvement, et celui qui a permis à Trump d’accéder au pouvoir, était de mettre fin au conflit en Ukraine et d’arrêter de soutenir Kiev. Fondamentalement, il avait deux options: calmer le jeu (la "désescalade"), chercher la détente et tenter de regagner de l’influence sur le mouvement MAGA — ou lâcher ce public, abandonner le mouvement MAGA complètement et déclencher un conflit direct avec la Russie, créant ainsi un état d’urgence. Il aurait pu choisir l’une ou l’autre voie, mais finalement, il n’en a choisi aucune, reportant tout à une prochaine étape.
Il a lancé des menaces envers la Russie tout en reconnaissant en même temps la grande compétence ès-négociations du président russe Vladimir Poutine, montrant que Poutine est un homme dur qui ne compromet pas ses intérêts nationaux. En revanche, Trump, lui, compromet ses propres intérêts. Toute comparaison entre les deux est donc clairement à l’avantage de Poutine. La Russie a un dirigeant fort, ferme, poli, qui axe sa politique sur des principes, qui ne trahit pas son électorat — contrairement au leader américain. Dans cette compétition réelle et concrète, Trump perd sans aucun doute. Il a perdu le soutien de ses électeurs et est sur une trajectoire descendante. Son charisme et ses plans s’effondrent. En réalité, comme disent les jeunes, c’est un « échec épique » — un échec complet en politique intérieure.
Cependant, il n’a pas choisi de détourner l’attention mondiale de cet échec par une escalade avec la Russie. Il n’a pas dit grand-chose; il a simplement menacé qu'une telle escalade pourrait encore arriver, mais pas maintenant, peut-être dans cinquante jours. Mais même après cinquante jours, il pourrait changer d’avis — ou le faire demain. Trump se comporte de manière très imprévisible, et, à cet égard, on pourrait dire, frivole.
Pourtant, la pire issue — une déclaration immédiate de la Troisième Guerre mondiale — n’a pas eu lieu. Cela ne veut pas dire qu’elle ne se produira pas plus tard: dans cinquante jours, dans dix jours ou dans trois. En tout cas, l’élan d’attente entourant ce lundi a été efficacement désamorcé par le retour de Trump à une position neutre. La dynamique d’escalade reste énorme. Le monde file à toute vitesse vers l’Armageddon. Mais, pour l’instant — du moins — cela ne commencera pas aujourd’hui.
En conséquence, la bourse russe a connu une légère hausse, bien qu’en réalité elle ne devrait pas dépendre de telles choses, surtout compte tenu des pourcentages négligeables qui sont impliqués. Notre marché boursier est fondamentalement défectueux, car il est surveillé par Nabiullina, qui voit la bourse comme une rivale de la Banque centrale — comme c’est habituel dans tout pays et sous tout système. En résumé, notre système est simplement mal conçu, donc ce n’est pas un indicateur pertinent. Je ne lui accorderais pas trop d’attention.
Ce qui est positif, toutefois, c’est que la guerre n’a pas commencé hier. Cela signifie que son début a été quelque peu retardé. Bien que rien ne soit certain, tout peut arriver. L’histoire reste ouverte. Trump a pris une pause, prolongeant ses stratégies inefficaces, envers nous et envers l’Ukraine, de cinquante jours supplémentaires. Il a promis de livrer des systèmes Patriot à l’Ukraine, qui seront payés par les Européens, bien que cette décision ait déjà été prise il y a quelques temps. En somme, Trump a tenté de faire sensation à partir de quelque chose qui ne sera pas sensationnel. En d’autres termes, il a déclaré, en substance :
« Maintenant, je proclame haut et fort que je ne proclame rien. »
Tout reste dès lors comme avant. Mais cette fois, l’intervalle qui nous a été donné — avant la reprise du conflit mondial aujourd'hui reporté — doit être utilisé pour renforcer notre pays, la Russie. Nous ne pouvons plus compter sur personne, ni placer nos espoirs ailleurs. Seulement sur nous-mêmes. Ce que nous construisons de nos propres mains, c’est ce que nous aurons. Par conséquent, nous devons armer, réarmer, surarmer, renforcer, consolider notre souveraineté, et orienter la société vers des trajectoires militaires à long terme. C’est ce qui doit être fait — quoi qu’il arrive. L’Armageddon ne commencera pas aujourd’hui. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne commencera pas demain.
17:40 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : russie, alexandre douguine, états-unis, donald trump, actualité, politique internationale, maga | |
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mercredi, 09 juillet 2025
Russie et Azerbaïdjan: analyse d'une aliénation rampante
Russie et Azerbaïdjan: analyse d'une aliénation rampante
Par Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/07/russland-und-aserbaidschan-an...
Les relations entre la Russie et l'Azerbaïdjan se sont nettement refroidies au cours des dix-huit derniers mois. Alors que les deux États coopéraient étroitement jusqu'en 2022 et que la Russie considérait l'Azerbaïdjan comme un partenaire important sur les plans de l'économie et de la sécurité, une distance notable s'est aujourd'hui installée entre les deux pays, tant sur le plan diplomatique que stratégique. Ce changement ne s'est pas produit de manière brutale, mais résulte de bouleversements structurels, de divergences dans les priorités de politique étrangère et d'une nouvelle constellation des pouvoirs dans la région.
Historiquement, la Russie était considérée comme la puissance protectrice de l'Azerbaïdjan, en particulier depuis le début des années 1990. Après la fin de la guerre du Haut-Karabakh en 1994 et la prise du pouvoir par Heydar Aliyev, une relation de coopération s'est établie entre Moscou et Bakou, soutenue par des liens économiques – notamment via la diaspora azerbaïdjanaise en Russie – et par des accords en matière de politique de sécurité. Au cours de cette phase, la Russie s'est imposée avec succès comme la médiatrice entre les parties prenantes du conflit, l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Le statut gelé du Haut-Karabakh – qui, selon le droit international, fait partie de l'Azerbaïdjan, mais qui était en réalité sous contrôle arménien – a créé un cadre dans lequel la Russie a pu se présenter comme garante de la stabilité dans le Caucase du Sud.
Cet équilibre a commencé à vaciller au plus tard avec le changement de gouvernement en Arménie en 2018. L'arrivée au pouvoir du Premier ministre Nikol Pachinian, soutenu par un mouvement de réforme soutenu par la "société civile", a été jugée d'un œil critique à Moscou. Les relations russo-arméniennes se sont refroidies, tandis que Moscou s'efforçait parallèlement de renforcer sa coopération avec Bakou. La coopération croissante entre l'Azerbaïdjan et la Turquie en matière de politique énergétique et militaire n'a pas été considérée comme un défi immédiat.
Le tournant : les conflits du Karabakh en 2020 et 2023
L'offensive militaire de l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh en 2020 a constitué un tournant décisif. La Russie s'est abstenue de condamner ouvertement l'opération azerbaïdjanaise et a plutôt négocié un accord de cessez-le-feu qui devait être supervisé par les forces de maintien de la paix russes. L'opération a été considérée par une partie des dirigeants russes comme un moyen de réduire l'influence de l'Arménie sous Pachinian sans compromettre les relations avec l'Azerbaïdjan. La deuxième offensive militaire de l'Azerbaïdjan en 2023, qui a conduit à la prise de contrôle totale de la région, a également été acceptée par Moscou.
Cette passivité a toutefois eu des conséquences stratégiques. Alors que l'Azerbaïdjan a atteint ses objectifs territoriaux et réduit de facto sa dépendance vis-à-vis de la Russie, cette dernière a perdu une position d'influence importante dans le Caucase du Sud, sans obtenir de contrepartie claire en échange. L'Azerbaïdjan a intensifié sa coopération avec la Turquie et Israël, en particulier dans le domaine des technologies militaires. Parallèlement, les relations entre Bakou et Téhéran se sont détériorées après la publication d'informations faisant état de l'utilisation de l'espace aérien azerbaïdjanais par des drones de reconnaissance israéliens.
Facteurs économiques et divergences stratégiques
Des tensions sont également apparues sur le plan économique. L'Azerbaïdjan avait misé sur la création d'un hub gazier turc qui devait servir de plateforme de distribution pour les exportations d'énergie vers l'Europe, en intégrant les flux gaziers russes. Ces projets ont été accueillis avec scepticisme à Moscou et sont restés largement lettre morte. À cela s'ajoute le blocage du transit de l'énergie azerbaïdjanaise par l'Ukraine, qui a privé l'Azerbaïdjan d'un marché important.
En outre, la Russie a renforcé ses mesures contre les structures criminelles liées à certaines franges de la diaspora azerbaïdjanaise. Le démantèlement de ces réseaux a également porté atteinte aux intérêts économiques de certaines élites azerbaïdjanaises qui avaient jusqu'alors profité de ces relations informelles.
Réticence diplomatique malgré des points de friction manifestes
Bien que les lignes de conflit soient clairement identifiables, le gouvernement russe a jusqu'à présent réagi avec retenue. Les instruments diplomatiques se sont limités à convoquer l'ambassadeur azerbaïdjanais et à lui remettre une note de protestation. Officiellement, la Russie parle d'acteurs externes non spécifiés qui auraient intérêt à voir les relations se détériorer. Cette formulation laisse une marge d'interprétation et permet d'éviter une escalade pour l'instant.
Dans le même temps, de plus en plus d'indices laissent penser que la Russie examine des options stratégiques vis-à-vis de l'Azerbaïdjan, par exemple en se rapprochant prudemment de l'Arménie ou en intensifiant sa coopération avec l'Iran. Cependant, aucune mesure concrète n'a été annoncée à ce jour.
Perspectives
À court terme, il ne faut pas s'attendre à une normalisation des relations entre la Russie et l'Azerbaïdjan. La politique étrangère de Bakou reste clairement orientée vers l'Occident et la Turquie, tandis que la Russie mise sur un réseau de partenariats régionaux dont l'Azerbaïdjan ne fait actuellement plus partie. La coopération en matière de politique de sécurité est de facto suspendue et les intérêts économiques divergent. Il est toutefois concevable que les relations se stabilisent à nouveau à moyen terme, par exemple dans le contexte de changements géopolitiques ou de changements de personnel au sein des dirigeants politiques des deux pays.
À long terme, l'évolution des relations bilatérales dépendra fortement de la situation internationale, de l'architecture de sécurité régionale et de la dynamique politique interne à Bakou. Le gouvernement russe ne semble actuellement pas disposé à la confrontation, mais tente de préserver ses derniers canaux d'influence. La question de savoir s'il y parviendra reste ouverte.
11:52 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, russie, caucase, azerbaïdjan, géopolitique | |
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jeudi, 26 juin 2025
Saint-Pétersbourg: le discours de Poutine à SPIEF comme miroir d’un nouvel ordre mondial
Saint-Pétersbourg: le discours de Poutine à SPIEF comme miroir d’un nouvel ordre mondial
Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/06/st-petersburg-putins-spief-re...
La politique de sanctions de l’Union européenne s’est depuis le début de la crise ukrainienne transformée en un instrument central du pouvoir eurocratique – et en une épreuve de légitimité démocratique. Autrefois justifiées comme une mesure ciblée contre les élites politiques de Moscou, les sanctions frappent aujourd’hui principalement la population elle-même: par des prix de l’énergie qui montent en flèche, des chaînes d’approvisionnement qui sont interrompues, par une désindustrialisation et une fragmentation croissante du marché intérieur européen.
Alors que les ménages allemands souffrent de coûts énergétiques explosifs, que des secteurs industriels sont délocalisés ou liquidés, et que la classe moyenne se trouve coincée entre une pression fiscale accrue et une incertitude quant à sa position prochaine, la Russie, lors du 28ème Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF), se présente comme un pôle de stabilité – non par l'effet d'une propagande, mais par des chiffres, des stratégies et des alliances (PI-NEWS en a rendu compte ici https://pi-news.net/2025/06/spief-2025-die-multipolare-re... - et ici - https://pi-news.net/2025/06/weltwoche-daily-putin-dritter-weltkrieg-ich-bin-besorgt/ ).
Discours de Poutine : résilience face aux crises et réorganisation sociétale
Vladimir Poutine a ouvert le forum plénier devant une assemblée internationale de dirigeants – dont le président indonésien Prabowo Subianto, des représentants de la Chine, de l'Afrique du Sud et de la famille royale bahreïnienne. Leur présence contredisait le récit occidental qui pose la Russie comme isolée.
Poutine a accueilli plus de 20.000 participants venus de 140 pays, insistant sur le fait que la nature du SPIEF prend de plus en plus d’importance dans un contexte de bouleversements mondiaux. Les thèmes centraux étaient les suivants: décalages tectoniques dans l’économie mondiale, bouleversements démographiques, crises régionales, changement climatique et transition technologique vers une ère de systèmes autonomes.
Il a clairement indiqué: le progrès technologique doit être accessible à tous, sinon les inégalités mondiales se creuseront. Les nouvelles plateformes, l’intelligence artificielle et l’économie numérique ne doivent pas conduire à une hiérarchisation de l’humanité, mais plutôt favoriser la prospérité, l’éducation et l’inclusion sociale.
L’économie russe: de l’exportation de matières premières à un centre d’innovation
Poutine a fourni des chiffres concrets sur l’évolution macroéconomique : malgré les sanctions, le PIB russe croît depuis deux ans de plus de 4% par an. La part de l’économie hors pétrole et gaz a augmenté de 7,2% en 2023. Même en 2024 – malgré le maintien des régimes de sanctions – une croissance de 5,9% a été enregistrée. La contribution du secteur des matières premières à la performance économique est même légèrement négative, ce qui indique que la diversification fonctionne.
Les moteurs de cette croissance sont nombreux: agriculture, construction, industrie manufacturière, logistique, services financiers et TIC. Selon Poutine, la Russie devient “non seulement plus grande, mais aussi plus complexe, intelligente et résiliente”.
L’emploi, les salaires et la justice sociale au centre
Un point central de son discours était la transformation du marché du travail: 2,4 millions d’emplois nouveaux ont été créés ces dernières années. Le taux de chômage est à un niveau historiquement bas de 2,3%. Le chômage des jeunes est également très faible, à 7,5%, comparé à 16% en France ou 11% au Royaume-Uni, selon Poutine.
Il a annoncé une “économie à hauts salaires” – non par contrainte, mais par investissements dans la productivité, la qualification et la digitalisation. Il a souligné que, à l’avenir, les salaires devront refléter l’efficacité et la création de valeur, plutôt que la pénurie de main-d’œuvre.
Lutte contre la pauvreté: chiffres à forte portée politique
En 2000, selon Poutine, 29% de la population russe vivait sous le seuil de pauvreté – 42 millions de personnes. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 10,5 millions, soit 7,2%. La tendance est à la baisse continue. La réduction de la pauvreté n’est pas un simple effet secondaire, mais un objectif explicite de la politique économique. Il a également souligné que ces succès sont visibles régionalement, notamment dans des régions traditionnellement défavorisées comme le Caucase du Nord.
Science, numérisation et réforme éducative
Poutine a annoncé qu’il allait fortement développer la commercialisation de la science. Actuellement, une seule demande de brevet sur cent est réellement exploitée sur le marché. Universités, instituts de recherche et entreprises doivent être connectés par des standards uniformes et des outils de financement communs. L’objectif est de faire de la Russie un lieu de souveraineté technologique.
Il a évoqué la rapide mise en place du rouble numérique, des plateformes de transport publiques, des marchés numériques pour la main-d’œuvre et de nouvelles formes de crédit basées sur des garanties de brevets. Un paquet législatif spécifique est en préparation pour soutenir l’identité régionale et la puissance économique locale dans la culture et l’économie créative.
Perspective mondiale: la multipolarité comme responsabilité
Poutine a présenté le groupe BRICS comme une plateforme qui ne repose pas sur l’exclusion, mais sur l’intégration. Ses membres représentent déjà 40% du PIB mondial. L’idée n’est pas de créer un contre-bloc, mais un cadre multilatéral pour favoriser la croissance, l’infrastructure et la coordination technologique – notamment par le développement de standards communs, de systèmes de paiement et de cadres juridiques.
Conclusion
Le discours de Poutine n’était pas une dénonciation, mais une esquisse stratégique détaillée. Il adressait un message clair à l’Europe: pendant que l’UE affaiblit ses citoyens par des sanctions imposées d’en haut, la Russie oriente sa stratégie économique vers la résilience, la cohésion sociale et l’indépendance technologique.
Le forum SPIEF 2025 n’était pas un lieu où l'on fit du triomphalisme. C’était une invitation géopolitique et économique à la coopération – dans un contexte changé, mais sans exclusions idéologiques. La décision d’y participer ne revient pas à Moscou. Elle appartient à Bruxelles – ou peut-être n’y appartient-elle déjà plus.
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mercredi, 25 juin 2025
La guerre risquée de l'Europe contre la "flotte fantôme" russe
La guerre risquée de l'Europe contre la "flotte fantôme" russe
Anatol Lieven
L'Union européenne souhaite cibler les navires pétroliers illégaux, une mesure qui pourrait élargir la conflit en Ukraine et impliquer davantage les États-Unis.
Les dernières mesures adoptées par l'Union européenne (dans le cadre du 17ème paquet de sanctions contre la Russie annoncé en mai) visant à frapper de manière beaucoup plus forte la soi-disant “flotte fantôme” russe composée de pétroliers et d’autres navires, mettent en évidence le danger qu’avec la poursuite de la guerre en Ukraine; le risque d’un incident impliquant l’OTAN et l’UE dans un affrontement militaire direct avec la Russie persiste.
Les sanctions de l’UE prévoient l’interdiction d’accès aux ports, aux eaux nationales et aux zones économiques maritimes des États membres. Les navires entrant dans ces eaux risquent d’être saisis et confisqués. Il ne semble pas que Washington ait été consulté sur cette décision, malgré les risques évidents pour les États-Unis.
Dans le cadre de cette stratégie, le 15 mai, une vedette estonienne a tenté d’arrêter et d’inspecter un pétrolier dans le golfe de Finlande. La Russie a envoyé un avion de combat qui a survolé le navire estonien (volant probablement brièvement dans les eaux territoriales estoniennes) et les Estoniens ont fait marche arrière, du moins pour cette fois. En janvier, la marine allemande a saisi un pétrolier panaméen, l’Eventin, dans la mer Baltique après que ses moteurs soient tombés en panne, laissant le navire à la dérive dans les eaux territoriales allemandes.
La Suède a désormais annoncé qu’à partir du 1er juillet, sa marine militaire arrêtera, inspectera et potentiellement saisira tous les navires suspects transitant dans sa zone économique exclusive, mobilisant l’aviation suédoise pour soutenir cette menace. Étant donné que la zone économique maritime combinée de la Suède et des trois États baltes couvre la totalité de la mer Baltique centrale, cela revient à une menace virtuelle de couper tout commerce russe à partir de la Russie via la Baltique, ce qui représenterait un coup économique très dur pour Moscou.
Cela pourrait également menacer de couper l’accès de l’enclave russe de Kaliningrad, entourée par la Pologne, à la mer.
C’est le genre d’action qui a traditionnellement mené à des guerres. L’hypothèse avancée par la partie suédoise semble être que la marine et l’aviation russes dans la Baltique sont maintenant si faibles, et si encerclées par le territoire de l’OTAN, que Moscou ne pourrait rien faire. Toutefois, il est très peu probable que les Suédois prennent cette mesure sauf s’ils croient aussi que, en cas de confrontation, Washington viendrait défendre la Suède, même si les décisions de l’UE et de la Suède ont été prises sans l’approbation des États-Unis et ne sont pas strictement couvertes par l’engagement de l’article 5 de l’OTAN.
Et malgré tout le langage hystérique sur la Russie “en guerre” avec les pays de l’OTAN, ces mesures de l’UE et de la Suède reposent aussi sur l’hypothèse que la Russie ne perdra pas son sang-froid et réagira par la force militaire. Les dirigeants européens pourraient cependant vouloir réfléchir à plusieurs questions: par exemple, que feraient les États-Unis si des navires transportant des marchandises américaines étaient interceptés par des navires étrangers ? Nous savons parfaitement que les États-Unis couleraient ces navires de guerre et déclareraient l’avoir fait en défense de la règle sacrée de la navigation libre, en laquelle l’UE prétend aussi croire.
Les dirigeants de l’UE et les amiraux devraient aussi consacrer un peu de temps aux médias sociaux russes et lire les attaques incessantes contre l’administration Poutine de la part des extrémistes, qui soutiennent précisément que Moscou a été trop molle et modérée dans sa réponse aux provocations occidentales, et que cette modération a encouragé l’Occident à intensifier ses actions. Ces extrémistes (surtout au sein des forces de sécurité) représentent de loin la plus grande menace politique intérieure que Poutine doit affronter.
À cet égard, il est important de noter que les actions visant à nuire à la “flotte fantôme” russe ne se sont pas limitées aux sanctions. Ces derniers mois, une série d’attaques contre ces navires en Méditerranée, utilisant des mines magnétiques et d’autres engins explosifs, ont été peu couvertes par les médias occidentaux.
En décembre 2024, le cargo russe Ursa Major a coulé au large de la Libye après une explosion qui a tué deux membres d’équipage. Le titre de Reuters rapportant ces attaques était assez caractéristique : “Trois pétroliers endommagés par des explosions en Méditerranée au cours du dernier mois, causes inconnues, selon des sources.” Inconnues, vraiment ? Qui pensons-nous être les responsables probables ? Les forces spéciales laotiennes ? Les Martiens ? Et que font les gouvernements européens pour enquêter sur ces causes ?
Si les Russes coulaient un navire de guerre suédois ou estonien, l’administration Trump se retrouverait face à une décision terriblement difficile: intervenir et risquer une guerre directe avec la Russie, ou rester passive, créant une crise profonde avec l’Europe. La nouvelle serait alors qu’il serait sage et légitime pour Washington de déclarer publiquement qu’il désapprouve et qu’il ne contribuera pas à appliquer cette décision.
Washington doit aussi – enfin – prêter attention à ce que pense le reste du monde de tout cela. La majorité écrasante des sénateurs proposant d’imposer des droits de douane de 500% à tout pays achetant de l’énergie russe ne semble pas avoir réalisé qu’un des deux plus grands pays dans cette catégorie est l’Inde, maintenant considérée à Washington comme un partenaire essentiel des États-Unis en Asie. Et désormais, les alliés européens de l’Amérique comptent sur le soutien des États-Unis pour saisir les navires fournissant cette énergie à l’Inde.
L’administration américaine ferait bien d’avertir les pays européens que si cette stratégie mène à des affrontements maritimes avec la Russie, ce seront eux qui devront en assumer les conséquences. Surtout face au nouveau risque de guerre avec l’Iran, la dernière chose dont Washington a besoin est une nouvelle escalade des tensions avec Moscou qui nécessiterait un déploiement militaire américain massif en Europe. Et la dernière chose dont l’économie mondiale a besoin, ce sont des mesures qui pourraient faire encore augmenter les prix mondiaux de l’énergie.
Les gouvernements et institutions européens semblent avoir perdu toute capacité d’analyser les conséquences plus larges de leurs actions. Donc, une fois de plus, l’Amérique devra réfléchir à leur place.
Article original d’Anatol Lieven : https://responsiblestatecraft.org/russia-shadow-fleet/
18:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : mer baltique, europe, affaires européennes, flotte fantôme, russie | |
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dimanche, 22 juin 2025
Contenir la Russie ou remodeler le système? - Rééquilibrer les forces ou "pivoter hors d'Europe"?
Contenir la Russie ou remodeler le système?
Rééquilibrer les forces ou "pivoter hors d'Europe"?
Irnerio Seminatore
Source: https://www.ieri.be/fr/publications/wp/2025/juin/contenir-la-russie-ou-remodeler-le-systeme
Table des matières
- Les leçons de fond sur les causalités du conflit, les intérêts en jeu et l'ambivalence des négociations
- Moments de rupture et réorganisation de l'ordre mondial
- Pivoter hors d'Europe, plutôt que rééquilibrer les forces
- "Pivot coopératif russe vers l'Est" ou "Pivot hégémonique mondial USA - Chine"
- Conflit ukrainien, cessez le feu et négociations de paix
- La Russie et les vérités faussées de l'Occident et ses conséquences
* * *
Les leçons de fond sur les causalités du conflit, les intérêts en jeu et l'ambivalence des négociations
Des leçons de fond sont à tirer du conflit russo-ukrainien, pour mieux comprendre les divergences stratégiques euro-américaines et pour redéfinir la politique étrangère de l'Union à l'approche du sommet de l'Otan du 24 et 25 juin prochain à la Haye. Elles concernent tout à la fois les enjeux, les intérêts et les stratégies.
Pour ce qui est des causalités fondamentales du conflit, la première et plus importante repose sur le statut et la position géopolitique de l'Ukraine, couloir incontournable de l'Europe vers l'Asie et enjeu de la stratégie eurasienne de l'Amérique
L'importance du facteur géographique n'avait pas échappé à Zbigniew Brzezinski qui, dans Le Grand Échiquier de 1997 avait identifié les trois leviers qui permettraient aux États-Unis de conserver le premier rôle dans les affaires mondiales au 21ème siècle: contenir la poussée de la Chine, poursuivre la division des Européens et couper la Russie post-soviétique de l’Ukraine. Celle -ci, située entre l’Union européenne à l’ouest et la Russie à l’est, a été souvent qualifiée d’État tampon. Or, il s'agit d'une définition qui remonte au Congrès de Vienne (1815) et qui implique une sorte de neutralisation et principalement d'une vocation de l'Etat tampon à ne rejoindre aucune alliance militaire ou organisation d’intégration économique afin d’éviter les conflits entre les puissances majeures du système. Cependant la succession des événements de la post guerre-froide prouve que cette mesure n'a pas eu de succès. Si la Russie a cherché à maintenir l’Ukraine dans son orbite, les États-Unis, de leur côté, ont voulu voir l’Ukraine comme un levier essentiel pour affaiblir la Russie.
Moments de rupture et réorganisation de l'ordre mondial
En effet sur le plan historique une succession de ruptures ont caractérisé le processus de réorganisation de l'ordre mondial, après la dislocation de L’Union soviétique (26 décembre 1991).
En voici les quelques références essentielles :
- 1999, fin du conflit du Kosovo opposant Serbes et Kosovars suite à l’intervention de l’OTAN sans mandat de l'ONU ;
- 2001, attentat terroriste aux Tours Jumelles du World Trade Center de New York ;
- 2003 conflit d’Irak par l’invasion américaine contre Saddam Hussein.
Pivoter hors d'Europe, plutôt que rééquilibrer les forces
À l’instar de l’antagonisme américano-soviétique de jadis et contrairement au conflit en cours entre la Russie et l'Ukraine, la compétition entre l'est et l'ouest s'est déplacée vers l'antagonisme entre Washington et Pékin pour l’hégémonie mondiale et a désormais un objet beaucoup plus important que le conflit ukrainien, se situant à un autre niveau stratégique.
L’actuelle connivence dans le "deal" américano-russe ne s’explique pas par une quelconque crainte que Moscou puisse dominer l’Europe ou menacer les pays baltes. Plutôt que de contenir Moscou, l’intérêt des États-Unis aujourd’hui serait de pivoter hors de l’Europe, en direction de l’Asie orientale, d’entraîner la Russie dans une coalition de rééquilibrage face à la Chine et de ne pas se laisser embourber dans une guerre en Europe de l’Est, en précipitant le rapprochement sino-russe. Pour le « réaliste » John Mearsheimer, la perspective d’intégrer l’Ukraine au sein de l’OTAN constituait et constitue encore une menace pour la Russie. Les Russes ne prétendaient pas que l’Ukraine était une menace en soi. C’est l’Ukraine au sein de l’OTAN qui concrétise cette menace. Par conséquent les Etats-Unis doivent désormais se détourner du continent européen pour mieux se consacrer à l’Asie. C'est là la contrainte de la politique du "Pivot” !
"Pivot coopératif russe vers l'Est" ou "Pivot hégémonique mondial USA - Chine"
Le terme “pivot vers l’Est” est réapparu dans le discours russe, lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, en 2013. À cette occasion, Vladimir Poutine a évoqué la possibilité de développer les relations économiques avec les marchés de l’Asie-Pacifique, suivant en partie le modèle des États-Unis. Cependant, Poutine a immédiatement souligné une différence majeure: la Russie souhaitait coopérer avec la Chine et non rivaliser avec elle, contrairement à l’approche américaine. L’intérêt de la Russie pour l’Asie s’explique par la montée en puissance de la Chine, perçue comme une contre-force planétaire aux États-Unis. C’est pourquoi Moscou a cherché à établir une coopération avec Pékin, plutôt qu’une concurrence. Une autre différence notable entre le pivot asiatique américain et le pivot vers l’Est russe réside dans le rôle jusqu’alors limité de la Russie dans l’ensemble de la région Asie-Pacifique.
La politique des grandes puissances se caractérise cependant toujours par une implacable compétition sécuritaire puisque chaque État cherche non seulement à gagner en influence relative, mais aussi à éviter que la balance des pouvoirs ne penche en sa défaveur. Cet objectif, dit de l'équilibrage, peut être mis en œuvre soit par un accroissement de sa puissance, soit par une alliance avec d’autres États pareillement menacés. Dans un monde réaliste, le pouvoir d’un pays s’apprécie essentiellement à l’aune de ses capacités militaires, lesquelles dépendent d’une économie avancée et d’une population nombreuse. En conséquence, face aux multiples tentatives de mettre un terme au conflit ukrainien, les difficultés dans la définition des missions aux délégations des deux parties, chargées du déroulement des pourparlers de paix, repose sur le concept de stabilité et, en conséquence sur le statut des puissances régionales affectées par le règlement obtenu. Le dilemme concernant l'issue du conflit ukrainien (paix de compromis, ou paix dictée), porte sur des perspectives de sécurité totalement éloignées, soit en termes de système, soit en termes de sous-système.
A titre d'exemple, l'objectif qui fut proposé par Kissinger, le retour négocié à un "status quo”, passant par la reconnaissance d’une Ukraine neutre, ne devait pas être opposé à l’analyse qui avait été celle de Zbigniew Brzeziński dans Le Grand Échiquier. Reprenant les catégories forgées par Halford Mackinder, pour qui l’hégémonie mondiale dépendait de la prédominance exercée sur le Heartland qu’est l’Eurasie, Brzeziński voyait dans l’État ukrainien un important « pivot géopolitique », dont l’indépendance était de nature à contenir les ambitions impériales russes, à l'intérieur d'une bipolarité affichée. Dans l'actuelle formulation, l'objectif stratégique du "Pivot Asiatique" américain cache à la fois le moteur essentiel de la stratégie de l'Indo-Pacifique (APAC-2011), visant le sous-système asiatique et pas seulement la Chine et, au même temps une rivalité étendue au système international tout entier. A l'intérieur de ce cadre le "Pivot vers l'Est" de la Russie fait apparaître une véritable dépendance stratégique de la Russie vis-à-vis de la Chine et des Européens vis-à-vis de la Russie.
En effet, dans le concept de "Pivot Américain" il s'agit de remodeler la centralité de l'ordre politique et la hiérarchie de puissance, bref le point de gravité du système, d'où tout dépend. Or, si "la stratégie du containment", en son pur concept, consiste à limiter l'influence politique, à isoler par des sanctions économiques et à s'opposer à l'expansion géopolitique et militaire d'un acteur étatique dans une région ou dans un sous-système, le remodelage du système est une politique planétaire et de long terme qui consiste à rivaliser pour déstabiliser, en s'opposant à toute forme de "status quo" et visant l'hégémonie impériale et universelle. La première implique l'exercice d'une liberté d'action et donc "une politique de bascule" entre système et sous-système (Ukraine, Taiwan, Tibet, Xinjiang..), qui inverse la politique de rapprochement de Nixon, la deuxième un bouleversement structurel et général des rapports mondiaux de forces et la montée en puissance d'un nouvel acteur universel.
Conflit ukrainien, cessez le feu et négociations de paix
Face aux risques d'une aggravation du conflit et après trois ans d’affrontement, les parties aux prises, ainsi que la communauté européenne et internationale, ont entamé des rencontres diplomatiques, visant à régler les différends existants, en leurs causes, évolutions et perspectives. Compte tenu des différentes perceptions des dangers et de tournants défavorables à l'Ukraine dans le développement des opérations terrestres et donc dans les rapports réels des forces, un bilan lucide de la situation politique et militaire demeure le préalable à l'évaluation des perspectives de sécurité auxquelles s'inspirent les deux parties et qui divergent profondément. Ainsi une vue d'ensemble doit être portée sur les aspects capacitaires des acteurs impliqués dans le conflit, directement ou indirectement, mais aussi sur leurs intentions et objectifs, déclarés ou latents.
Nous commencerons par la Fédération de Russie dont l'action historique et le récit politique la désignent comme l'acteur principal des résolutions de pacification et de stabilisation recherchées. Les objectifs du Kremlin sont restés inchangées depuis le début des opérations militaires et peuvent se résumer en trois points:
- faire libérer par Kiev les quatre Oblasts de l'Ukraine considérés comme russophones, qui sont Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia (libération qui a été un facteur déclencheur du conflit).
- s'engager au retrait de la candidature de l'Ukraine à devenir membre de l'Otan, assorti d'une réassurance de l'éventuel traité de paix par le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
- obtenir un changement de régime politique, appelé "dénazification" au sens des accords de Potsdam sur l'Allemagne (de juillet 1945, et signifiant à l'époque une légitimité démocratique et nouvelle pour l’Allemagne vaincue). Ces accords prévoyaient notamment la dénazification, la démilitarisation, la décartellisation et la décentralisation.
La Russie et les vérités faussées de l'Occident et ses conséquences
Les principaux obstacles à un processus de paix demeurent, selon de multiples observateurs, les Occidentaux et principalement la Grand Bretagne et la France, en raison de vérités faussées et du refus de comprendre l'adversaire. A la lumière de celles-là et au cœur des préoccupations de l'adversaire, le projet russe de protéger la population russe de l'Ukraine, facteur déclenchant du conflit, apparaît parfaitement légitime.
De cette incompréhension découlent une série de conséquences et donc la conception de l'importance du territoire à reconquérir (la Crimée et les quatre Oblasts du Donbass) et de l'aide occidentale accordée à l'Ukraine pour cette reconquête improbable. Il s'agit d'une aide qui prolonge la guerre sans donner un avantage sur le terrain à l'Ukraine, car cette victoire appartient à la Russie. Ils en dérivent deux répercussions importantes ; la construction d'un narratif illusoire qui consiste à faire davantage confiance à la représentation de la guerre qu'à la réalité du terrain et, quant au but de guerre, à faire croire en une paix de compromis et non de capitulation.
Cet artifice pousse Zelenski, à la légitimité discutée, à pratiquer une guerre d'éclat sur les arrières du front, sans influence sur la ligne des combats, (attaques d'aérodromes russes, contre le pont de Kersch..). Ce choix fait cliver le régime en place vers un régime terroriste, avec lequel il apparaît dès lors difficile de négocier. Le but de ce narratif est au fond de fausser la perspective, cependant que des rapports américains sur l'état du conflit, contredisent radicalement le narratif des Européens, qui demandent à être parties prenantes du conflit sans en avoir les moyens.
Dans cette ligne de conduite et dans cette approche équivoque, il est nécessaire de distinguer également, au plan diplomatique, l'échange de mémorandums entre les parties aux prises pour amorcer un "cessez le feu", qui n'a pas de sens sans un "traité de paix” ; traité qui confère une convergence d'intentions et de sincérité à l'ensemble du processus. Or, à propos du conflit, si les Etats-Unis tâchent de le terminer et de s'en dégager au plus vite et si la Russie apparaît toujours prête à négocier, les Européens font tout pour empêcher la négociation, car le seul souci de la diplomatie de l'UE a été d'alimenter l'affrontement armé (J. Borrel) ou de le "décoloniser" (Kaja Kallas, Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité).
Pour celle-ci le concept de stabilité coïncide avec celui d'élimination de la Russie ou son découpage politique et territorial, bref une amputation eurasienne. Or, malgré le fait que l'armée ukrainienne n'a jamais eu le dessus dans le conflit, même dans la contre-offensive de 2023, l'objectif de l'UE demeure celui selon lequel "l'Ukraine doit gagner !", objectif, pour lequel un vaste plan de réarmement de l'Europe est entamé. En ce sens la diplomatie européenne n'a pas avancé depuis Angela Merkel et l’Ukraine est restée un conflit non résolu et donc gelé, à la marge, inessentiel au continent. Or, dans la "disputatio imperii" entre l'est et l’ouest, l’issue du conflit, au lieu de prendre la forme d’un projet de coopération et de développement Europe-Russie, figure comme une pomme de discorde et comme un gage d'instabilité permanente, gangrénant les relations entre Moscou et Paris, Paris et Berlin et l'Europe et l'Amérique.
La divergence de prospective est évidente et elle apparaît au grand jour au Sommet du G7 au Canada du 17 juin dernier, où l'absence d'unité des Occidentaux reproduit des formules vides, du style: "le G7 s'est consacré à l'aide accordée à Kiev et "a de nouveau apporté son soutien à l'Ukraine, mais sans durcir le ton face à la Russie", En effet, "le club des grandes démocraties industrialisées n'a cette fois pas publié de déclaration commune dénonçant 'l'agression russe'", "contrairement aux années précédentes quand Joe Biden était à la tête des États-Unis". Et, le dirigeant ukrainien, Volodymyr Zelenski, qui s'est rendu au Canada "pour plaider sa cause", sans grand succès, fait de l'Ukraine la "grande perdante d'un G7, dominé par la guerre au Moyen-Orient". N'ayant pas eu la "possibilité de s'entretenir avec le président américain", il "repart tout de même avec une nouvelle aide militaire de 1,27 milliard d'euros, notamment pour des drones et des véhicules blindés", preuve que, dans l'Europe multilatéraliste, les problèmes de la conscience historique peuvent avoir toujours des revers financiers.
Bruxelles, le 18 Juin 2025
16:41 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, actualité, europe, affaires européennes, états-unis, russie | |
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samedi, 21 juin 2025
RAND analyse l'expérience de l'Ukraine et recherche les vulnérabilités de la Russie
RAND analyse l'expérience de l'Ukraine et recherche les vulnérabilités de la Russie
Leonid Savin
La société américaine RAND Corporation continue de publier régulièrement des rapports sur l'opération militaire spéciale de la Russie, qui peuvent être intéressants en termes d'évaluation du conflit armé, des perspectives de son achèvement, ainsi que des intentions futures à l'égard de la Russie.
Dans cet article, nous examinerons trois études. La première, intitulée « Conséquences de la guerre entre la Russie et l'Ukraine et évolution du conflit », présente les principales conclusions suivantes :
« Le principal effet géostratégique de la guerre entre la Russie et l'Ukraine a été d'affaiblir les relations entre l'Europe et la Russie et, dans une moindre mesure, entre l'Europe et la Chine, tout en offrant l'occasion de renforcer les relations entre les États-Unis et leurs alliés européens. Si ces effets se maintiennent, ils retarderont l'objectif de la Russie et de la Chine de créer un monde multipolaire où l'influence occidentale serait réduite. Au-delà du sang et des trésors qu'un tel retard entraînerait, le coût stratégique pour le Kremlin sera plus important.
– La Russie et la Chine sont désormais davantage incitées à saper l'alliance transatlantique. Bien que la Russie semble toujours disposée à reprendre ses relations commerciales d'avant-guerre avec l'Europe, les décisions de l'Europe de rechercher des alternatives à long terme aux importations d'énergie russe et d'imposer des sanctions radicales ne seront pas faciles à inverser. Pékin, pour sa part, semble de plus en plus intéressé par des opérations diplomatiques et d'information visant à affaiblir l'alliance transatlantique.
- Les États-Unis et leurs alliés doivent s'adapter pour se préparer à de futurs conflits prolongés à grande échelle et préserver la dissuasion étendue. Les adversaires des États-Unis ont pris note des difficultés liées au maintien du soutien à l'Ukraine et pourraient à nouveau remettre en question la capacité et la volonté des États-Unis de mener une guerre prolongée. Si les adversaires estiment que leurs systèmes industriels et politiques sont mieux adaptés à un conflit prolongé que ceux des États-Unis, et s'ils considèrent que leurs intérêts peuvent encore être satisfaits à un coût acceptable, il pourrait en résulter un affaiblissement de la dissuasion élargie des États-Unis.
- La communauté de défense américaine pourrait négliger les implications de la guerre en Ukraine pour les contingences futures au-delà de la région indo-pacifique, y compris en Europe. Les États-Unis tirent les leçons des opérations en Ukraine et les appliquent à la région indo-pacifique, mais ils accordent moins d'attention à la manière dont ces leçons pourraient remodeler l'approche américaine en matière de défense des alliés sur d'autres théâtres, en particulier, et ironiquement, en Europe. La recherche d'un moyen rentable et asymétriquement avantageux de dissuader l'agression de l'adversaire s'applique de la même manière à tous les théâtres d'opérations.
Ces conclusions semblent évidentes, même si l'accent mis sur la transition vers la multipolarité et les intérêts de la Chine trahit le véritable désir de Washington de maintenir sa propre hégémonie.
Dans le même temps, les auteurs notent que la situation sur le champ de bataille peut évoluer dans différentes directions et que les voies diplomatiques peuvent donner lieu à différents scénarios.
Dans l'ensemble, on observe un effort visible pour diaboliser la Russie, en suggérant que Moscou pourrait utiliser des armes nucléaires tactiques à l'intérieur de l'Ukraine ou des armes antisatellites cinétiques en orbite basse contre les satellites commerciaux que l'Ukraine utilise pour obtenir des renseignements. Il est également noté que la Chine pourrait accroître son soutien à la Russie en lui fournissant des armes létales.
Il est intéressant de noter que les conclusions indiquent que « cette évolution suggérerait un consensus sur le fait que le soutien matériel et économique à l'Ukraine ne peut à lui seul permettre d'atteindre les objectifs de sécurité régionale ».
En ce qui concerne la fin du conflit, trois scénarios possibles sont évalués : 1. La Russie atteint son objectif initial en imposant militairement un changement de gouvernement à Kiev ; 2. L'Ukraine réussit à repousser l'offensive russe et regagne le territoire occupé ou contesté par les forces russes depuis 2014 ; 3. L'Ukraine et la Russie conviennent de mettre fin aux hostilités, mais le territoire ukrainien reste divisé et des combats de faible intensité persistent.
Il est évident que le premier scénario est souhaitable pour Moscou, tandis que l'Occident le redoute ; le deuxième, au contraire, est bénéfique pour l'Ukraine et l'Occident, mais n'est clairement pas réalisable, et le troisième reflète la réalité de la situation.
En termes de recommandations, les auteurs insistent pour que le gouvernement américain prenne les mesures suivantes :
- Renforcer la collaboration, la divulgation d'informations et la planification avec les alliés européens afin de répondre aux préoccupations mondiales des États-Unis ;
- Accorder une plus grande attention interinstitutionnelle et davantage de ressources à la protection des systèmes politiques américains et alliés contre les opérations d'information adverses ;
- Continuer à affiner les outils de coercition économique des États-Unis et de leurs alliés.
Le département américain de la Défense devrait prendre les mesures suivantes :
- Concentrer les investissements dans la base industrielle de défense (DIB) sur les besoins à long terme. Les efforts américains et européens visant à renforcer les capacités de production donnent la priorité aux besoins actuels de l'Ukraine en matière de guerre et au réapprovisionnement des pays donateurs ;
- Mettre à jour les plans de dissuasion des États-Unis et de l'OTAN à l'égard de la Russie afin d'intégrer davantage les enseignements tirés des combats en Ukraine, en particulier dans la région indo-pacifique, ainsi que le rôle et les capacités accrus des UAS ;
- Évaluer comment le recours croissant aux UAS influence la perception qu'ont les adversaires des capacités des États-Unis et des alliés de l'OTAN.
Il est également suggéré que les forces aériennes américaines en Europe (Air Forces Africa, U.S. Air Force et U.S. Space Force) :
- Examinent les possibilités de tirer parti des améliorations réelles et proposées de l'industrie, de la recherche et du développement (DIB) et des infrastructures européennes pour soutenir les opérations aériennes distribuées des États-Unis.
- Collaborent avec les forces aériennes ukrainiennes et alliées afin d'intégrer les enseignements tirés de la guerre dans les exercices et les entraînements nationaux, bilatéraux et de l'OTAN.
Cela ne fait que démontrer la volonté claire des forces impérialistes de poursuivre la guerre par procuration menée par l'Ukraine contre la Russie et d'utiliser l'expérience acquise pour améliorer leur capacité de combat, qui pourrait être utile dans une future guerre avec la Chine.
Un autre rapport de RAND, intitulé « Dispersed, Disguised, and Degradable » (Dispersé, déguisé et dégradable), aborde directement les implications de l'expérience ukrainienne qui présentent un certain intérêt pour les forces armées américaines.
« La guerre entre la Russie et l'Ukraine est une occasion et une motivation importantes pour les États-Unis d'apprendre l'utilisation et l'interaction de diverses forces et capacités dans un conflit de haute intensité d'une manière qui était auparavant impossible », indique l'étude.
Bien qu'elle note que l'Ukraine est différente des États-Unis, il ne sera donc pas possible de copier directement l'expérience. Dans le même temps, le rapport note que « la Russie et la Chine diffèrent considérablement dans ces domaines, et même dans un conflit avec l'OTAN, la Russie pourrait choisir une manière de faire la guerre différente de celle utilisée en Ukraine... et les États-Unis se préparent à une guerre entre la Russie et l'OTAN et à une guerre entre les États-Unis et la Chine, qui implique également les alliés et partenaires américains dans le Pacifique ».
Autrement dit, il n'y a ici aucune intention cachée concernant une guerre potentielle avec la Chine.
Sur la base des enseignements tirés, les auteurs suggèrent qu'à l'avenir, la distinction entre les systèmes aériens sans pilote (UAS) et les missiles de croisière risque de s'estomper. Pour l'instant, les missiles de croisière conservent des avantages en termes de vitesse, de charge utile et de résistance au brouillage par rapport aux UAS, mais les progrès technologiques permettront probablement de développer des UAS équipés de moteurs plus rapides. Les deux armes pourraient donc être combinées en fonction de missions spécifiques.
L'équilibre entre l'attaque et la défense pourrait changer radicalement, de sorte que ce ne sera pas nécessairement une guerre d'usure, comme c'est le cas en Ukraine. Pour l'instant, le défenseur sera probablement aussi facile à repérer que l'attaquant.
L'importance d'une surveillance continue et d'un tir à longue portée est soulignée, ce qui augmente l'efficacité des mesures défensives traditionnelles telles que les champs de mines. Mais la même dynamique peut s'appliquer à d'autres domaines et régions géographiques.
Un conflit prolongé nécessite une approche spécifique en matière de moyens rentables, et en Ukraine, les deux camps ont dû s'adapter spontanément, en reconstruisant leurs bases industrielles de défense, leur approvisionnement externe et leurs concepts opérationnels pour s'adapter à la réalité des types de munitions et de systèmes dont ils disposent. Il est donc essentiel de développer des armes pouvant être produites en série à faible coût.
« Les compétences sont tout aussi importantes, sinon plus, que la technologie : les comparaisons purement techniques des capacités militaires russes et ukrainiennes avant la guerre n'auraient pas permis de prédire la situation actuelle. Les combats en Ukraine ont démontré l'importance continue de la maîtrise tactique, d'une planification opérationnelle solide et d'une stratégie cohérente. » Cela est indéniable. Mais cette approche ne peut être copiée, et chaque cas sera unique.
Il a également été noté que « la supériorité aérienne est essentielle : bon nombre des dilemmes mis en évidence en Ukraine découlent de l'incapacité des deux belligérants à établir une supériorité aérienne, qui est cruciale pour la manœuvrabilité sur le champ de bataille ». Il est également ajouté qu'« à un certain moment, la taille même de l'armée russe et sa grande résistance à l'usure pourraient compenser les mêmes facteurs intangibles qui ont donné à l'Ukraine son avantage militaire au début de l'invasion à grande échelle ».
Les risques pour les États-Unis dans la région indo-pacifique et pour les pays de l'OTAN en cas de guerre avec la Russie sont également indiqués : l'Occident ne sera pas en mesure d'assurer une suprématie aérienne totale et de mettre en place un système de défense aérienne fiable.
Les conclusions du rapport sont similaires à celles du précédent : investissements dans le développement et la production d'armes et de munitions, en particulier celles à longue portée ; poursuite du développement de constellations de satellites proliférées et d'architectures spatiales hybrides ; introduction de systèmes de lutte contre les drones, tant cinétiques qu'électroniques ; étude du potentiel des champs de mines navales ; et choix des priorités en cas de conflit prolongé.
Le troisième rapport, intitulé « L'armée russe après l'Ukraine », est consacré à la restauration et à la réorganisation potentielles des forces armées russes. Il identifie quatre approches ou voies possibles que la Russie pourrait emprunter pour reconstituer ses forces armées après la guerre en Ukraine.
Ces quatre scénarios possibles sont les suivants :
Voie 1 : le plan Shoigu. Cette voie reflète les idées de reconstitution et de cessez-le-feu présentées par l'ancien ministre russe de la Défense.
Voie 2 : revisiter les anciens modèles. Cette voie consisterait à revenir à une armée d'avant le « New Look », en mettant l'accent sur la masse et en s'appuyant fortement sur la conscription, la mobilisation, les capacités nucléaires et la production nationale.
Voie 3 : Un nouveau « New Look ». Cette voie impliquerait la reconstruction d'une force plus petite, mais qualitativement supérieure.
Voie 4 : Un nouveau modèle opérationnel. Cette voie impliquerait la mise en œuvre de réformes industrielles majeures.
La recherche note l'expérience historique : l'effondrement de l'URSS et la réorganisation de l'armée russe, la guerre en Tchétchénie et la nouvelle expérience acquise dans ce cadre, les tentatives de modernisation pendant le mandat de Sergueï Ivanov en tant que ministre de la Défense, et la guerre en Géorgie en 2008, qui a été le catalyseur de véritables réformes.
À la suite de cette analyse, les auteurs sont parvenus à la conclusion suivante :
■ La manière dont la guerre en Ukraine prendra fin déterminera les leçons que la Russie tirera du conflit et, par extension, les décisions qu'elle prendra en matière de reconstitution.
■ Les relations de la Russie avec ses principaux partenaires, notamment la Chine, l'Iran, la Biélorussie et la Corée du Nord, joueront un rôle particulièrement influent dans le processus de reconstitution.
■ La décision de la Russie de restructurer l'économie du pays en vue de la guerre a créé des dépendances au sein de la base industrielle de défense qui seront difficiles à inverser.
■ Bien que les alliés des États-Unis suivent de près les efforts de reconstitution de la Russie, ils se concentrent davantage sur la rapidité de la reconstitution que sur la nature de l'armée russe reconstituée.
Et, en conclusion finale : « Une armée russe partiellement reconstituée continuera de représenter une menace importante pour les intérêts américains et occidentaux sur le théâtre européen. »
Il était difficile d'imaginer une autre conclusion à la fin de cette étude. Nous le savons depuis l'époque de la Russie impériale : une Russie forte est redoutée. Et c'était peut-être la raison principale du coup d'État en Ukraine en 2014 et du début de la guerre par procuration menée par l'Occident collectif.
Pour nous, Russes, les derniers rapports de la RAND devraient nous rappeler les véritables intentions de nos anciens partenaires et nous inciter à opérer les changements nécessaires tant dans le domaine militaire que dans la société elle-même.
16:33 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rand corporation, russie, ukraine, chine, actualité | |
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jeudi, 12 juin 2025
Erich Vad, ancien conseiller de Merkel: "La Russie atteint ses objectifs malgré les attaques ukrainiennes"
Erich Vad, ancien conseiller de Merkel: "La Russie atteint ses objectifs malgré les attaques ukrainiennes"
Berlin. L’ex-général de la Bundeswehr, Erich Vad, ancien conseiller militaire de la chancelière Angela Merkel, évalue la situation actuelle dans le conflit en Ukraine de manière sobre : l’attaque ukrainienne contre des bases aériennes russes ne change rien au fait que la Russie poursuit ses objectifs stratégiques. Les combats parallèles aux négociations qui se poursuivent sur le front ne sont pas inhabituels, a souligné Vad dans une interview avec la Berliner Zeitung.
La plus récente opération secrète de l’Ukraine contre des bases de bombardiers russes Vad la compare à l’„Opération Kursk” : „Elle avait une grande valeur symbolique, mais peu d’importance militaire.” Bien que Kiev démontre ainsi la portée de ses armes, cela ne fait pas chanceler la Russie, ni ne modifie la situation sur le front, où les troupes russes „progressent lentement mais sûrement”. Vad suspecte un soutien occidental en renseignement et logistique, mais insiste : „La Russie conserve la supériorité militaire et travaille de manière cohérente à la pleine maîtrise du Donbass.”
Concernant la discussion sur d’éventuelles livraisons de missiles „Taurus” allemands, Vad s’exprime clairement : „L’Allemagne ne devrait pas livrer ces missiles de croisière.” S’ils sont utilisés contre des cibles à haut risque comme le pont de Kertch ou des ministères à Moscou, cela pourrait signifier l’entrée en guerre de l’Allemagne. Les objectifs de négociation russes sont cependant transparents : en plus de sécuriser le Donbass et le pont terrestre vers la Crimée, Moscou exige la neutralité diplomatique de Kiev. Si l’Ukraine n’est pas prête à faire des compromis, une percée frontale de la Russie – ou même un „changement de régime” par des opérations secrètes – est à craindre.
Vad, qui se considère comme atlantiste, avait déjà averti en janvier 2023 dans „Emma” contre des attentes excessives concernant la livraison de chars. Une victoire ukrainienne est irréaliste, les négociations étant la seule issue. Sa critique de l’attitude dépourvue de stratégie de l’Occident a été renforcée par sa signature du „Manifeste pour la paix” d’Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht. Même maintenant, Vad maintient son avis : la Russie atteindra ses objectifs – avec ou sans négociations (mü)
16:14 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemane, ukraine, russie, erich vad, europe, affaires européennes, politique internationale, actualité | |
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dimanche, 08 juin 2025
« Poutine veut toute l'Ukraine »: Douguine décortique la déclaration de Trump
« Poutine veut toute l'Ukraine »: Douguine décortique la déclaration de Trump
Alexandre Douguine
Ce que Trump a écrit dans son message et qui n'a pas été souvent cité chez nous, en Russie, contenait des mots importants : "Poutine veut toute l'Ukraine".
Mais il faut comprendre qu'il veut libérer toute l'Ukraine du régime naziste qui s'y est installé avec la complicité de l'Occident "anti-fasciste". C'est dans ce sens qu'il veut toute l'Ukraine. Pour qu'il ne reste aucune trace, aucune chance pour le groupe néonaziste, terroriste et extrémiste qui a illégalement pris le pouvoir sur le territoire de cette partie historique de notre espace culturel, géopolitique et politique unique. C'est donc notre affaire interne.
Trump souhaite sincèrement mettre fin à la guerre et, à mon avis, il n'y a là aucune fourberie ni mensonge. Mais il ne sait pas de quelle guerre il s'agit. Au début, il l'appelait « la guerre de Biden », maintenant il dit que c'est « la guerre de Biden, Zelensky et Poutine ». Mais surtout, il comprend que ce n'est pas sa guerre. Cependant, il y participe. De plus, divers cercles mondialistes et néoconservateurs le poussent à continuer de participer à cette guerre « qui n'est pas la sienne » et qui ne lui apportera rien d'autre que des problèmes.
C'est pourquoi il souhaite sincèrement mettre fin à cette guerre, mais ne sait pas comment s'y prendre. Et lorsqu'il se plonge dans l'analyse de ce problème, en essayant de comprendre qui se bat contre qui, pourquoi, quels sont les plans de chacun – au-delà de la propagande –, il découvre une image qui ne ressemble en rien aux sentiments et aux formes sous lesquels ce conflit lui est présenté en Occident. Il comprend que l'affaire est très sérieuse et qu'il existe effectivement des « lignes rouges » que nous, les Russes, ne franchirons jamais. L'Ukraine doit être libérée du régime naziste, elle doit devenir différente. Et tant qu'elle ne sera pas fondamentalement différente, la guerre ne prendra pas fin.
Mais Trump souhaite mettre fin à la guerre le plus rapidement possible et subit une pression énorme de toutes parts. En premier lieu, de la part des personnes qui le détestent. Macron, Starmer, les dirigeants canadiens (le nouveau Premier ministre élu Carney est aussi libéral que Trudeau), Merz, le Parti démocrate américain, tous les mondialistes, le « deep state » veulent que Trump participe à cette guerre, qu'il s'engage dans une escalade avec la Russie. Et ainsi les aider à porter un coup à leurs principaux adversaires: c'est-à-dire à Poutine et... à Trump lui-même.
Bien sûr, Trump ne peut pas ne pas comprendre cela. Mais il se retrouve entre le marteau et l'enclume. Il veut arrêter une guerre qu'il est actuellement impossible d'arrêter. Mais il n'est pas encore prêt à accepter nos conditions, car il n'est tout simplement pas encore « mûr », il n'a pas encore «compris». Et comme il est attaqué de toutes parts sur d'autres questions — les tarifs douaniers, la politique intérieure, le blocage de toutes ses décisions par la coterie des juges, qui s'est avérée être simplement le réseau de Soros — et qu'il voit qu'il ne réussit en rien sur aucun de ces fronts, il s'en prend à nous.
Au final, personne dans notre direction n'a particulièrement insisté sur cette déclaration désagréable, dure et peu diplomatique de Trump à l'égard de la Russie, la considérant comme une simple crise de nerfs. Oui, à première vue, il s'agissait bien d'une crise de nerfs. Mais en même temps, il comprend parfaitement que nous avons besoin de toute l'Ukraine, mais il n'est absolument pas prêt à nous céder toute l'Ukraine. Voilà le problème.
Mais le temps guérit tout. Je pense que le sommet prévu entre Trump et Poutine guérira beaucoup de choses. Et dans cette conversation privée, la question de l'Ukraine pourrait même passer d'une position centrale à une position périphérique. Nous avons des choses bien plus importantes à régler et des problématiques communes à résoudre. La Russie, les États-Unis et la Chine, trois États-civilisations, doivent répartir de manière définie leurs zones d'influence dans le nouveau monde multipolaire. C'est de cela, me semble-t-il, que Trump et Poutine doivent discuter. L'Ukraine n'est pas un sujet qui doit être sérieusement abordé à un tel niveau.
Je ne prêterais donc tout simplement pas attention à ces déclarations virulentes, comme le fait très judicieusement, sagement et efficacement notre président. Ne faisons pas tout un scandale à cause des propos lourdauds de Trump. Nous sommes une grande puissance qui connaît sa valeur, et les autres la connaîtront aussi.
Nous devons maintenant nous préparer à mener cet été une campagne militaire convaincante et efficace, en libérant autant de terres russes ancestrales que possible, tout en empêchant l'ennemi d'envahir notre territoire. Et si nous y parvenons, Trump commencera progressivement à nous traiter différemment. Mais pour commencer, nous avons besoin d'une victoire militaire: éclatante, réussie, puissante, à grande échelle. Et alors, le discours changera.
Quant aux menaces de Trump, nous avons déjà entendu cela à maintes reprises. De la part de Biden, de l'Union européenne. En fait, il veut dire qu'en cas de problème, la Russie pourrait subir une frappe nucléaire de la part des États-Unis. Mais l'Amérique peut aussi subir une frappe nucléaire de la part de la Russie. C'est donc un mauvais discours, et je ne voudrais pas que ces menaces continuent à être proférées. Ce n'est pas là un discours sérieux. Trump n'est pas là pour simplement suivre le pire scénario de la politique mondialiste de Biden, dictée par le « deep state ». Je pense qu'il faut clore ce sujet et ne pas y répondre.
Mais si vous voulez vraiment une escalade, eh bien, nous sommes prêts à tout, y compris à une escalade. Mais mieux vaut garder le silence.
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vendredi, 06 juin 2025
L'Europe et l'âme de l'Est – une critique littéraire
L'Europe et l'âme de l'Est – une critique littéraire
par Werner Olles
Source: https://wir-selbst.com/2025/05/17/europa-und-die-seele-de...
À une époque où, à l'est et au sud de l'Ukraine, deux peuples slaves frères – la Russie et l'Ukraine – sont engagés dans une guerre cruelle et impitoyable qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts dans les deux camps, des livres tels que « L'Europe et l'âme de l'Est » de Walter Schubart constituent un véritable appel à l'humanité, dont l'intensité spirituelle contraste fortement avec la guerre et les souffrances atroces qu'elle engendre. Une fois de plus, il convient de mettre en évidence la vulnérabilité du simple soldat dans ces massacres physiques qui ont dégénéré en une confrontation métaphysique entre les civilisations. Mais l'œuvre de Schubart ne traite pas des dommages physiques et psychologiques d'une guerre terrible. Comme il l'écrit dans son introduction, son principal sujet de préoccupation réside plutôt « dans l'expérience élémentaire du contraste qui existe entre l'homme occidental et l'homme oriental. Elle n'est pas placée sous le signe de la fin, mais sous celui du renouveau de la vie. Elle n'est pas ressentie par l'Occident menacé, mais par l'Orient en plein éveil. Elle est née en dehors des peuples romano-germaniques, spatialement et spirituellement, à un endroit d'où l'on pouvait embrasser du regard l'Occident dans son ensemble ».
Walter Schubart, L'Europe et l'âme de l'Orient. Vous pouvez commander cette nouvelle édition allemande ici: https://lindenbaum-verlag.de/produkt/schubart-europa-und-... !
Le regard de Schubart ne se porte toutefois pas uniquement sur la Russie, après avoir découvert que l'Occident recèle quelque chose de monstrueux, à savoir qu'il impose la suprématie de la matière sur l'esprit, c'est-à-dire la relativité postmoderne de toutes les valeurs, car il s'est détourné de celles-ci, tout en s'imposant aussi à l'Europe. Il s'agit toutefois d'une Europe vue depuis l'Orient, dans laquelle il voit déjà se profiler « la lutte mondiale et l'équilibre entre l'Occident et l'Orient, ainsi que la naissance d'une culture mondiale à la fois orientale et occidentale », grâce à l'émergence de l'homme johannique – qui remplacera l'homme prométhéen que Schubart voit déjà marqué par la mort. Grâce au « rassemblement des meilleurs », un nouvel élément de l'esprit fera son apparition dans le monde, dans lequel les traditions de pensée orientales entreront en dialogue harmonieux avec les philosophies occidentales, ce que cet expert des deux mondes considère comme une loi du développement qui, en ces temps difficiles, ne se contente pas d'éclairer les problèmes de l'Occident en déclin avec son vide constitué par les activités fébriles induites par la modernité et la technique, accompagné d'une déchristianisation complète de la culture occidentale. Schubart formule, dans une « rythmique cohérente des événements mondiaux » au-delà des nations et des races, un nouvel espoir de guérison de l'humanité occidentale grâce à l'âme russe, qui met un frein au matérialisme capitaliste flagrant et effréné et ramène l'Europe de sa doctrine destructrice du progrès à la foi en l'éternel et la tradition. Sans les Russes, selon Schubart, cela est impossible !
Walter Schubart (1897-1942)
Né le 5 août 1897 à Sonneberg, Walter Schubart, docteur en droit, fait partie de ces auteurs dont l'humanisme conservateur s'opposait farouchement au positivisme et au naturalisme. Si son œuvre majeure n'a été connue en Allemagne qu'après la Seconde Guerre mondiale, c'est grâce à Heinrich Böll qui, pendant la guerre froide, a fait l'éloge des livres de Schubart, malgré le fait qu'ils étaient différents l'un de l'autre à bien des égards, notamment par la nature même de l'oeuvre de Böll. Böll a cependant reconnu dans l'élan inspirateur de Schubart, qui puisait avec maestria dans l'héritage des formes occidentales anciennes et antiques pour brosser un tableau pessimiste d'une culture occidentale qui avait perdu son chemin, et dont les tendances vers le mysticisme des valeurs traditionnelles russes étaient indéniables, une impartialité envers « l'âme de l'Orient » qui le fascinait au premier regard. Même le communisme sans âme n'avait pas réussi à établir une hiérarchie négative et hostile à Dieu qui, par sa stupidité et sa volonté agressive de détruire l'esprit et la pensée, était la négation de toute spiritualité.
Les contacts de Schubart avec Oswald Spengler dans les années 1920 à Munich, son mariage avec la lettone Vera Englert, de confession israélite, mais surtout son déménagement à Riga après la prise du pouvoir par les nazis en 1933, qui ont mis ses livres à l'index comme relevant d'une « littérature indésirable et nuisible », sont autant de vicissitudes de son existence qui laissent clairement entrevoir la problématique d'une époque qui était étrangère aux vérités ouvrant sur le monde et qui se représentait les mondes occidental et oriental comme une arène ravagée par les violences, alors que l'homme aurait dû préserver sa dignité même sous la pression du contexte de la guerre, en ne se bornant pas à ne propager que des solutions timides.
En 1939, Walter Schubart publie « Dostoïevski et Nietzsche », où la relation spirituelle entre la Russie et l'Allemagne, issue de l'ontologie, joue également un rôle important ; un an plus tard, « Geistige Wandlung. Von der Mechanik zur Metaphysik » (Transformation spirituelle. De la mécanique à la métaphysique) est publié, comme son œuvre principale, par la maison d'édition suisse en exil Vita Nova à Lucerne. Il y décrit le destin de l'existence humaine dans sa lutte contre le matérialisme, le progressisme, la « vision scientifique du monde » et toutes les formes de dégénérescence occidentale.
En 1941, « Religion und Eros » (Religion et Éros) est le seul de ses ouvrages à être publié en Allemagne par la maison d'édition C. H. Beck et est immédiatement démoli par les critiques professionnels issus du cercle des sorcières nazies.
Le 19 juillet 1941, le Kulturphilosoph Walter Schubart est arrêté à Riga par la police secrète soviétique, la GPU, et est déporté dans un camp de prisonniers au Kazakhstan. Il y meurt le 15 septembre 1942 dans des circonstances inexpliquées. À ce jour, on ne sait toujours rien de la mort de sa femme, qui avait été arrêtée et déportée avec lui.
En 1997, la première traduction russe de « L'Europe et l'âme de l'Orient » a été publiée, suscitant dans un premier temps des débats très controversés. Aujourd'hui, cet ouvrage est considéré comme fondamental pour la renaissance spirituelle nationale russe, loué par des philosophes tels qu'Alexandre Douguine et reconnu internationalement pour ses descriptions précises des personnes et des événements, son rythme sensible et la richesse des images qu'il utilise pour illustrer la problèmatique Ouest-Est, qui fait de Schubart un excellent connaisseur des deux mondes. Le fait que Walter Schubart compte aujourd'hui parmi les « auteurs oubliés » en Allemagne en dit long sur la nature spirituelle et intellectuelle de notre industrie culturelle. Celle-ci décerne désormais des « prix littéraires » à presque toutes les œuvres médiocres traitant d'un prétendu changement climatique, d'une « pandémie » qui n'a pas eu lieu et de l'agenda pathologique LGTB et à leurs auteurs. Il est d'autant plus méritoire que les éditions Lindenbaum aient intégré l'œuvre principale de Schubart à leur programme, la rendant ainsi accessible à un lectorat qui comprend mieux les prophéties du moine Phileteus de 1520 : « Souvenez-vous que les deux Rome sont tombées, la troisième, Moscou, est toujours debout, et il n'y en aura pas de quatrième ! ».
Walter Schubart : « Europa und die Seele des Ostens » (L'Europe et l'âme de l'Orient). Lindenbaum Verlag, Beltheim-Schnellbach 2025. 324 pages.
Qui est Werner Olles?
Werner Olles, né en 1942, a été actif politiquement jusqu'au début des années 1980 dans diverses organisations de la nouvelle gauche (SDS, Rote Panther, Jusos). Après des divergences fondamentales avec la gauche, il s'est converti au conservatisme et au catholicisme traditionaliste et a mené une activité journalistique intense dans des journaux et magazines de cette mouvance. Employé dans la bibliothèque d'une école supérieure jusqu'à sa retraite, il est depuis lors journaliste indépendant.
Lecture complémentaire (en français):
Walter Schubart, Dostoïevski et la problématique Est/Ouest, https://vouloir.eklablog.com/dostoievski-a48275383 (avec Robert Steuckers, Chatov, personnage de Dostoïevski).
Giovanni Sessa, La relation Europe-Orient vue par le philosophe Walter Schubart - http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/08/28/l...
Lecture complémentaire (en anglais):
Kerry Bolton, Walter Schubart's Messianic-Promethean Synthesis,
Lecture complémentaire (en espagnol):
Manuel Fernàndez Espinosa, Sobre 'Europa y el alma de Oriente", de Walter Schubart, http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/11/08/sobre-europa-y-el-alma-de-oriente-de-walter-schubart.html
17:13 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, europe, russie, walter schubart | |
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Le stratège de l'ombre au Kremlin
Le stratège de l'ombre au Kremlin
Bernard Lindekens
Source: Knooppunt Delta - Nieuwsbrief n°200 - Mai 2025
À une époque où même le prodige de notre Limbourg — Willy Claes, pour les intimes — nous assomme, dans un épisode embarrassant de l'émission TV « De Afspraak », en citant nul autre qu'Alexandre Douguine, le diable incarné lui-même, il est peut-être grand temps de s'intéresser à Vladislav Sourkov. L'une des figures les plus mystérieuses et les plus influentes de la politique russe moderne. En tant qu'architecte de la « démocratie contrôlée » de Poutine et maître de la manipulation politique, il a déterminé pendant des années le cap de la Russie, souvent dans l'ombre.
De l'école de théâtre à la politique de pouvoir
Sourkov est né en 1962 et a suivi un parcours atypique pour arriver au sommet. Il a étudié le théâtre, la littérature et la technologie, mais s'est ensuite orienté vers le monde des affaires, puis vers la politique.
En 2009, Sourkov aurait publié sous un pseudonyme un roman apparemment autobiographique. Cette satire cynique, intitulée Almost Zero (Околоноля), raconte l'histoire d'Egor, un jeune homme désabusé qui s'installe à Moscou dans les années 1980.
Egor voit clair dans l'idéologie hypocrite de l'Union soviétique et se retrouve dans la scène underground de Moscou, où il se lance dans le théâtre d'avant-garde. Dans les années 1990 postcommunistes, il devient un cynique, spécialiste des relations publiques, prêt à promouvoir n'importe quoi pour n'importe qui, tant qu'il y a de l'argent à gagner. Dans le roman, Egor est comparé à Hamlet : quelqu'un qui voit clairement le vide et la superficialité de son époque, mais qui ne croit en rien et ne ressent presque rien. La vie de Sourkov présente des similitudes frappantes. À la fin des années 1990, il s'occupait des relations publiques de l'oligarque Mikhaïl Khodorkovski, mais en 1999, il a choisi le camp de Poutine et est devenu un grand maître de la politique moderne.
L'architecte de la « démocratie contrôlée »
Lorsque Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir au début des années 2000, il avait besoin d'un stratège capable de modeler le paysage politique à sa guise. Sourkov a conçu un système dans lequel les partis d'opposition, les médias et les mouvements sociaux étaient strictement contrôlés. Il fallait donner l'impression qu'il y avait une démocratie, mais en réalité, tout était contrôlé par le Kremlin.
Sourkov a imaginé une manière moderne et innovante de diriger le nouveau système démocratique, mais selon ses détracteurs, il a ainsi mis la voix du peuple hors jeu et sapé la véritable démocratie. Pour y parvenir, Sourkov a créé un spectacle politique en constante évolution.
Il n'était pas seulement l'un des architectes du parti de Poutine, Russie unie, mais aurait également contribué à la création de partis d'opposition que le Kremlin pouvait ensuite utiliser à sa guise. Il a également imité l'écrivain et homme politique Edouard Limonov (1943-2000) en fondant un mouvement de jeunesse quasi militaire et nationaliste : Nashi.
Nashi se qualifie lui-même de « mouvement anti-oligarchique et antifasciste », mais il semblerait que le Kremlin l'utilise pour s'en prendre physiquement aux journalistes d'opposition.
Eduard Limonov et Vladislav Sourkov ont toujours été des ennemis jurés, mais ils se ressemblent à bien des égards, car tous deux sont convaincus que la démocratie occidentale n'est qu'une imposture. Tous deux tentent de créer des alternatives politiques à ce qu'ils considèrent comme la deuxième vague de stagnation qui a frappé la Russie dans les années 1990, conséquence de la corruption engendrée par la tentative ratée d'imposer les idées capitalistes et démocratiques occidentales au pays.
Sourkov estime que la démocratie restera toujours une illusion et que toutes les démocraties, qu'elles soient occidentales ou orientales, sont en réalité des « démocraties dirigées ». Sa solution ? Un État fort qui manipule les gens afin qu'ils aient le sentiment d'être libres, alors qu'ils sont en réalité contrôlés. L'approche de Limonov est exactement à l'opposé. Il veut ramener le peuple sur la scène de l'histoire et en faire des participants actifs dans la construction d'un nouvel avenir. Selon lui, le moyen d'y parvenir est la propagande révolutionnaire et l'utilisation d'idées spectaculaires d'avant-garde — afin de réveiller les masses et de les sortir de leur passivité.
Parallèlement, Sourkov écrit des paroles pour le groupe de rock Agata Kristi et des essais sur l'art conceptuel. Le journaliste de télévision Peter Pomerantsev, qui a travaillé pour la télévision soviétique, a écrit un article passionnant sur Sourkov (1). Il y affirme que Sourkov a transformé la politique russe en un théâtre postmoderne absurde. Tout comme Limonov, Sourkov utilise des idées avant-gardistes pour façonner cette nouvelle réalité politique.
De l'Ukraine au philosophe attitré de Poutine
Sourkov a également joué un rôle clé dans la stratégie russe à l'égard de l'Ukraine. Il a contribué à l'annexion de la Crimée en 2014 et a soutenu les séparatistes dans l'est de l'Ukraine. Cela lui a valu d'être inscrit sur la liste des sanctions de l'UE et des États-Unis.
Parallèlement, il a écrit des essais et des articles dans lesquels il exposait sa vision de la Russie et du monde. Il décrivait la Russie comme un « État profond » ayant une mission historique unique et prédisait que Poutine resterait au pouvoir pendant plusieurs décennies encore. Ses idées, mélange de cynisme, de nationalisme et de machiavélisme, étaient admirées par certains et redoutées par d'autres.
Grâce à ces idées, Sourkov a contribué au développement d'une approche flexible et adaptative des conflits géopolitiques, qui va au-delà de la guerre linéaire traditionnelle.
Dans son livre Without Sky (Без неба), publié en 2014 sous le pseudonyme de Natan Doebovitski, il dépeint un monde dystopique sans ciel. Ce ciel, ou plutôt son absence, symbolise une société dépourvue d'idéaux ou d'objectifs supérieurs. L'histoire offre une réflexion profonde sur la condition humaine et notre quête de sens dans un monde apparemment dénué de sens.
L'intrigue tourne autour d'un village fictif où le ciel est choisi comme lieu d'une bataille cruciale entre quatre coalitions, en raison de sa sérénité et de son absence de nuages. Cette œuvre fait écho à l'idée de « guerre non linéaire » de Sourkov, une stratégie conçue pour perturber les démocraties occidentales par des attaques informationnelles constantes et en semant la confusion. Il décrit comment une « guerre hybride permanente » est la nouvelle norme dans la géopolitique moderne.
La vision de Sourkov montre comment la guerre traditionnelle s'estompe. Il préconise l'utilisation de différentes méthodes, telles que la désinformation et la pression économique, pour atteindre des objectifs politiques sans déclarer officiellement la guerre. Ces stratégies visent à créer le chaos et à saper les adversaires, ce qui s'inscrit parfaitement dans le concept de guerre hybride.
En 2017, il a publié Ultranormality (Ультранормальность). Ce roman offre un regard critique sur la société et la politique russes. Il relie l'agitprop soviétique à l'esthétique patriotique de l'ère Poutine, suggérant que la Russie a essayé tous les systèmes de gouvernement possibles. Le mélange actuel de monarchie impériale, de domination socialiste de l'État et de démocratie post-totalitaire est présenté comme le seul moyen de poursuivre l'existence « ultranormale » de la Russie. L'histoire se déroule en 2024, lorsque le président démissionne sans désigner de successeur.
Le personnage principal, un étudiant en métallurgie, se retrouve par hasard mêlé à des événements qui le propulsent au sommet, où il devient impliqué dans la détermination du destin du pays.
Retour dans l’ombre, mais toujours proche ?
En 2020, Sourkov quitte officiellement le Kremlin, soi-disant pour se consacrer à des « projets personnels ». Pourtant, des rumeurs circulent selon lesquelles il exercera encore une influence en coulisses. Ses stratégies, idées et méthodes perdurent dans le paysage politique russe et dans la tendance mondiale à la guerre hybride.
À peine deux ans plus tard, Giuliano da Empoli publie son roman Le Mage du Kremlin (Il mago del Cremlino) (2) et connaît rapidement un succès international. Dans Le Mage du Kremlin, l’influence de Sourkov se transpose de plusieurs façons sur le personnage principal, Vadim Baranov. Tous deux partagent une fascination pour la combinaison art/politique ; Sourkov, avec son parcours dans le théâtre et la littérature, utilise la créativité dans ses stratégies politiques, tandis que Baranov, un ancien metteur en scène de théâtre, met son talent à créer des illusions en politique, considérant tous deux la politique comme une forme d’art, de performance.
De plus, Sourkov est connu pour sa manipulation postmoderne, où il crée une réalité politique dans laquelle vérité et mensonge se confondent, ce que Baranov reproduit également dans le livre en créant des récits contradictoires et en jouant avec la perception. En outre, Sourkov est une figure clé de la guerre hybride russe, tout comme Baranov est dépeint comme l’homme derrière ces stratégies. Enfin, il y a le cynisme et l’ironie qui caractérisent à la fois Sourkov et Baranov ; tous deux adoptent une vision distante et sceptique des structures de pouvoir, malgré leur rôle crucial dans ce système.
Évidemment, Da Empoli a écrit un roman, donc le personnage n’est pas une copie littérale de Sourkov, mais les similitudes sont si frappantes que beaucoup de lecteurs établissent immédiatement le lien.
On peut dire, en quelque sorte, que Sourkov évoque à certains égards la figure de l’Anarch de Ernst Jünger. Dans Eumeswil, le concept prend sa forme la plus aboutie. Ce qui rend l’Anarch si particulier, c’est qu’il reste totalement détaché, sans se couper du monde. Il participe à la vie, observe le pouvoir, y travaille même — mais ne s’y identifie nulle part vraiment.
Cette combinaison d’engagement et d’indépendance radicale fait de l’Anarch une figure presque stoïcienne, mais aussi quelqu’un qui se place en dehors de toute mouvance idéologique ou politique. Ce dernier point n’est pas le cas de Sourkov: il en fait une farce postmoderne…
Notes:
(1) https://www.lrb.co.uk/the-paper/v33/n20/peter-pomerantsev/putin-s-rasputin
(2) Giuliano Da Empoli, Le Mage du Kremlin: https://www.amazon.fr/Mage-Du-Kremlin-Roman/dp/2073003915
14:23 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vladislav sourkov, kremlin, russie, guerre hybride | |
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jeudi, 05 juin 2025
Fernand Kartheiser, député européen luxembourgeois: l'UE s'est isolée elle-même, pas la Russie
Fernand Kartheiser, député européen luxembourgeois: l'UE s'est isolée elle-même, pas la Russie
Source: https://www.sott.net/article/499913-Luxembourg-MEP-The-EU...
Fernand Kartheiser a critiqué la posture conflictuelle adoptée par Bruxelles concernant l'Ukraine, appelant à une reprise de la diplomatie avec Moscou.
Le député européen luxembourgeois Fernand Kartheiser a soutenu que l'approche conflictuelle de l'UE envers la Russie durant le conflit en Ukraine l'a conduite à son propre isolement.
Il a formulé ces remarques dans une interview avec RT, publiée mardi, lors d’un voyage en Russie qu’il a été contraint de financer personnellement en raison des restrictions imposées par le Parlement européen.
« Certaines personnes au Parlement européen... ont une attitude envers la Russie qui identifie celle-ci comme une grande menace », a déclaré Kartheiser. « Elles pensent que si nous exerçons des pressions sur la Russie et l’isolons diplomatiquement, cela pourrait aider à trouver des solutions dans le contexte du conflit en Ukraine... ce n’est pas le genre de discussion que nous devrions avoir. »
Kartheiser a noté que toute l’approche de l’UE envers le conflit en Ukraine et la Russie a été contre-productive.
« Ce que nous avons maintenant à l’échelle internationale, c’est que pratiquement tout le monde parle à la Russie. Même les États-Unis reviennent et ont des contacts de haut niveau... la position anti-Russie e réduit », a-t-il déclaré. « Donc cette politique d’isolement de la Russie a essentiellement échoué. Les seuls qui sont en quelque sorte isolés, ce sont les dirigeants de l’UE elle-même ».
La visite de l’eurodéputé à Moscou, sur invitation de la Douma d’État russe, visait à discuter des relations bilatérales et de la situation en Ukraine. Cependant, cette visite a suscité des critiques de la part de députés européens plus bellicistes. Le groupe des Conservateurs et Réformistes européens a menacé d’expulser Kartheiser, affirmant qu’il avait « franchi une ligne rouge ». Le député a qualifié cette menace de « partie regrettable du tableau » et a déploré que certains parlementaires de l’UE restent opposés à la réouverture des liens avec Moscou.
« La discussion que nous devrions avoir est la suivante: quel type de relation voulons-nous avec la Russie à l’avenir ? Nous devons rouvrir le dialogue. C’est ce qu’il y a de plus important, » a-t-il déclaré, ajoutant que certains politiciens changent d’avis sur la Russie, et que beaucoup d’Européens ordinaires aimeraient également voir les liens restaurés.
Le député a souligné que si l’UE « veut être prise au sérieux en tant qu’acteur dans les relations internationales », elle doit abandonner la politique anti-Russie et, à nouveau, « avoir une sorte de relation » avec Moscou.
« Si nous, les Européens occidentaux, devons assumer une plus grande responsabilité pour notre propre sécurité, une façon d’y parvenir est de négocier un accord avec la Russie, garantissant en même temps notre sécurité en tant qu’Européens occidentaux et assurant la sécurité de la frontière occidentale de la Russie. Donc il faut placer la négociation et la diplomatie avant le réarmement et la course aux armements, » a-t-il conclu.
19:48 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : diplomatie, fernand kartheiser, luxembourg, europe, actualité, affaires européennes, russie | |
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Ceux qui ne veulent pas de trêve. Attaques ukrainiennes, piste britannique
Ceux qui ne veulent pas de trêve. Attaques ukrainiennes, piste britannique
par Gian Micalessin
Source: https://www.destra.it/home/chi-non-vuole-la-tregua-attacc...
Les négociations russo-ukrainiennes qui ont débuté récemment à Istanbul ne se présentent pas sous les meilleurs auspices. Mais elles risquent désormais d’échouer définitivement. L’aggravation provient aussi des attaques spectaculaires contre au moins quatre bases aériennes russes importantes. Ces attaques ont été lancées hier par des escadrons de drones ukrainiens qui ont détruit un nombre indéterminé d’avions russes stratégiques – notamment les coûteux avions radar A-50 et divers bombardiers Tu-95 et Tu-22 M3. Selon les informations diffusées par le service de renseignement ukrainien SBU, l’« opération Spiderweb » aurait permis la « destruction de 41 avions » avec des « pertes totales de plus de 2 milliards de dollars ». Un coup dur survenu à quelques heures des attentats contre trois avions civils russes, qui ont coûté la vie à au moins sept personnes. Hier soir, une conversation téléphonique a eu lieu entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov et le secrétaire d’État américain Marco Rubio, concernant la situation en Ukraine.
Les attaques ont mis à rude épreuve la crédibilité de l’appareil militaire russe. Car – comme le soulignent sur Telegram le site Rybar et de nombreux blogueurs – les bombardiers stratégiques n’étaient pas abrités dans des hangars protégés. Une erreur impardonnable déjà commise à l’été 2023, lorsque l’aéroport de Soltsy, dans la région de Novgorod, a été attaqué. Une erreur qui n’a pas été corrigée en deux ans. Et le pire pourrait encore venir. À Moscou, peu croient à la responsabilité exclusive du service secret ukrainien SBU, qui a revendiqué l’opération contre les bases militaires de Belaya, Diaghilev, Olenya et Ivanovo. Beaucoup pointent plutôt du doigt la Grande-Bretagne ou les nations européennes liées à ce qu’on appelle l’« axe des volontaires ». Un soupçon pouvant pousser le Kremlin à cibler des objectifs européens ou des cibles potentielles relevant de l’OTAN. Pour comprendre pourquoi l’attaque signée SBU est particulièrement grave et, à terme, dangereuse, il faut partir des modalités des attaques et de la liste des bases visées.
Les modalités – identiques pour toutes les attaques – évoquent un film d’action. Comme en témoignent certains films qui ont été tournés avec des téléphones, tout commence par l’ouverture automatique des conteneurs en bois alignés sur les caissons d’un camion, puis par la libération des avions télécommandés. Ce qui surprend, c’est la distance à laquelle l’opération est menée. La base de Belaya se trouve dans l’oblast d’Irkoutsk, en Sibérie orientale, à environ 4300 kilomètres de l’Ukraine. Et Mourmansk est à plus de 3400 kilomètres de Kiev. C’est pourquoi beaucoup se demandent comment le renseignement ukrainien a pu piloter les drones vers leur cible sans satellites de contrôle à distance.
Plus spectaculaire encore sont les attaques contre la base navale de Severomorsk et la base aérienne d’Olenya, situées dans une région de Mourmansk considérée comme essentielle pour le contrôle des routes de l’Arctique et des ressources énergétiques enfouies dans ses fonds marins. Ce contrôle est exercé par la Flotte du Nord, stationnée dans la ville fermée de Severomorsk, et par les bombardiers de la base d’Olenya, utilisés depuis des mois pour pilonner des villes ukrainiennes avec des missiles.
Mais à Moscou, on se demande aussi comment ces camions et ces drones ont traversé des territoires fortement surveillés et ont pu rester stationnés le temps nécessaire pour permettre l’évacuation des agents ukrainiens qui les avaient amenés jusque-là. Il ne s’agissait pas d’une opération simple en territoire ennemi, mais d’un vrai et coûteux affront. Un affront que le Kremlin ne peut se permettre d’ignorer.
10:53 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, ukraine, russie | |
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mercredi, 21 mai 2025
Alliance Poutine-Trump contre l'Union européenne - Douguine sur l'objectif principal de l'appel téléphonique des présidents
Alliance Poutine-Trump contre l'Union européenne
Douguine sur l'objectif principal de l'appel téléphonique des présidents
Alexandre Douguine
Malgré notre récente offensive militaire, qui fut réussie, nous n'avons toujours pas atteint une supériorité évidente sur l'ennemi dans les opérations. Certes, tout l'Occident s'oppose à nous, ce qui explique bien sûr cette situation. Mais il n'en reste pas moins vrai que nous n'avons pas encore atteint ces positions de force qui nous permettraient de dire : ça y est, ça nous convient, c'est la victoire, ceci, c'est notre territoire et cela, c'est une zone tampon.
Et c'est à nos conditions que nous proposerions à l'ennemi de se rendre. Et à certains égards, nous pourrions même faire un compromis, si nous pouvions prendre certaines régions occidentales de l'Ukraine, que nous pourrions ensuite abandonner.
Mais aujourd'hui, à proprement parler, nous n'avons pas de conditions préalables pour engager de bons pourparlers de paix. Jusqu'à présent, ils ne peuvent pas nous mener à quelque chose de substantiel. Il n'y a pas lieu d'espérer que Trump lui-même nous offre ces résultats militaro-stratégiques sur un plateau d'argent. Cela dépasse le domaine du possible. Par conséquent, dans un avenir proche, toutes les conversations entre Poutine et Trump porteront sur autre chose de notre côté.
Trump veut mettre fin à cette guerre. Mais les conditions de cette fin des hostilités doivent être différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui. Et leur gage est notre victoire militaire sur le régime de Kiev et l'établissement d'un contrôle, en plus des quatre régions à libérer dans leur totalité, sur au moins 4 à 5 autres régions de l'ancienne Ukraine. En fait, c'est le seul moyen d'entamer de véritables pourparlers de paix. Mais on en est encore loin, et c'est pourquoi la guerre n'est pas finie pour nous, parce qu'il n'y a pas de vraie victoire, et qu'un cessez-le-feu dans ces conditions équivaut à reconnaître sa défaite. Et ça, ce serait fatal pour notre État.
Bien sûr, beaucoup de gens le comprennent parfaitement. Et en premier lieu Poutine. Cependant, Trump veut mettre fin à la guerre le plus rapidement possible sur des bases plus ou moins « neutres », selon lui. Mais pour nous, même de tels motifs « neutres » sont catégoriquement inacceptables. Même si nous apprécions la bonne volonté de Trump de mettre fin à la guerre. Bien sûr, nous n'avons pas le droit de l'ignorer, et il est très important que le président des États-Unis, contre qui nous avons combattu et combattons toujours en Ukraine, ait dit « ce n'est pas ma guerre », ce qui permet à beaucoup de choses d'avancer.
Oui, il est probablement très difficile de faire dire à Trump que la Russie n'a besoin que de la victoire. Mais notre président est un grand leader historique, alors j'espère qu'il pourra le faire d'une manière qui ne va pas dans le sens d'une confrontation directe avec Trump. Surtout lorsque nous parlons d'un ordre mondial complètement nouveau, ce qui est exactement ce qui peut et doit être discuté. Par conséquent, il est très important de transmettre à Trump l'idée la plus importante: ses ennemis sont nos ennemis, et vice versa. En fait, les forces qui ont déclenché une guerre contre nous en Ukraine sont les mêmes que celles qui ont déclenché une guerre contre Trump et ses partisans aux États-Unis.
Cela dit, l'UE est aujourd'hui le dernier bastion des mondialistes en Europe. Et dans toutes les élections, qui e déroulent actuellement dans tous les États européens, elle lutte simultanément contre Poutine et Trump (un exemple est celui des récentes élections en Roumanie, où la victoire a été volée au souverainiste George Simion - non pas un candidat pro-russe, mais un candidat pro-Trump - au moyen de falsifications et d'autres manipulations).
Dans le même temps, les mondialistes, de manière extrêmement sournoise, comme ils le font toujours, veulent s'assurer que Trump continue à se battre pour eux en Ukraine contre la Russie. Ainsi, par ses mains, ils peuvent infliger une défaite stratégique à notre pays et pour que Trump lui-même, empêtré dans cette guerre qui ne peut être que fatale pour lui, affaiblisse sa position auprès de ses partisans et finisse par être renversé.
Je pense qu'il est très important que Trump prenne conscience de cet ensemble de faits. Et j'espère que Poutine pourra lui expliquer tout cela de manière claire et argumentée. Que les ennemis de la Russie sont les ennemis de Trump, et que les ennemis de Trump sont les ennemis de la Russie. En fait, ce rejet du mondialisme devrait être la base de nos nouvelles relations. Et peut-être même de notre nouvelle alliance.
13:20 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, donald trump, vladimir poutine, russie, états-unis, politique internationale | |
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samedi, 17 mai 2025
A. Douguine: Un long chemin vers la fin de la guerre...
Un long chemin vers la fin de la guerre...
Alexandre Douguine
Tatiana Ladiaeva : Le film que nous attendions tous est sorti. Je pensais qu'il sortirait plus tard, mais il est déjà disponible - c'est un documentaire sur Vladimir Poutine. Je n'ai pas encore eu le temps de le regarder dans son intégralité, mais mes collègues en ont déjà souligné les citations clés. Une phrase est particulièrement mémorable: "Les Russes, contrairement à la société occidentale, pensent davantage à l'éternel. Vous savez, c'est vrai, et nous ne nous rendons pas toujours compte de cette différence". Alexander Gelievich, pourriez-vous ajouter quelque chose à propos du film ?
Alexandre Douguine : Oui, ce film est d'une grande importance. Dans ce film, le président, peut-être pour la première fois, a partagé ses réflexions sincères très ouvertement - ce qui reste généralement en dehors de ses discours publics. En règle générale, ses discours et allocutions sont toujours des réactions à des défis et tâches spécifiques : que faire face à tel ou tel problème, comment résoudre telle ou telle question, qui a raison et qui est à blâmer. Il s'occupe du pays dans les moindres détails, et les généralisations philosophiques sont rarement abordées. C'est pourquoi ce film est si précieux. Poutine y parle de ce qui lui tient à cœur : ce que sont les Russes, ce qu'est la Russie, ce qu'est notre société. Il souligne que les Russes se distinguent des Occidentaux par leur désir d'éternité. C'est une réflexion très profonde.
Je travaille actuellement à un livre en deux volumes sur le temps et l'éternité. La tradition chrétienne, toutes les religions du monde, la philosophie antique, tout cela repose sur l'éternité. Le temps naît de l'éternité. Sans l'éternité, le temps perd son sens, tout s'effondre, car l'éternité est le cadre qui ordonne le monde: la vie, la mort, les relations humaines, la politique, la culture. Dès que nous perdons le contact avec l'éternité, nous nous désintégrons, nous plongeons dans le chaos et l'entropie, et il ne nous reste plus rien. Poutine a saisi la principale différence entre la société traditionnelle à laquelle la Russie est attachée et le monde occidental. Avec la modernité, l'Occident a déclaré : il n'y a pas d'éternité, il n'y a que du temps. Mais le temps, détaché de l'éternité, a commencé à se désintégrer. Au début, c'était un paramètre rigide du déterminisme matérialiste, l'image newtonienne du monde, puis il s'est transformé en évolution. Cependant, ayant perdu sa dépendance à l'égard de l'éternel, il a inévitablement glissé vers le chaos.
Aujourd'hui, cette différence est peut-être la plus importante : les Russes se tiennent du côté de l'éternité. Nous n'y réfléchissons peut-être pas toujours consciemment, mais malgré des siècles de pressions matérialistes qui ont tenté d'effacer notre identité traditionnelle, nous avons conservé ce sentiment. Nous avons conservé la conviction que le spirituel est supérieur au matériel et que l'éternel est plus important que le temporel. Poutine a mis le doigt dessus. C'est la clé philosophique pour comprendre notre identité.
Il a également dit des mots importants sur l'identité : sa perte est mortelle. Si l'on ne s'appuie pas sur les valeurs traditionnelles, il n'y aura pas de pays, pas de société, pas de culture, pas de continuité entre les générations. Ceci est inextricablement lié à la notion d'éternité. Ces aspects philosophiques sont plus que jamais d'actualité. Poutine nous a rappelé qui nous sommes et quel type de guerre nous menons contre l'Occident. Il ne s'agit pas d'un simple conflit d'intérêts local, comme on essaie parfois de le présenter, mais d'un choc entre deux civilisations : une civilisation traditionnelle, tournée vers l'esprit et l'éternité, et une civilisation anti-traditionnelle, qui a rompu le contact avec ses racines.
Nous sommes aujourd'hui les derniers gardiens de la culture, de la philosophie et de l'héritage classiques occidentaux authentiques. Il se trouve que nous avons en quelque sorte échangé nos places avec l'Occident. Nous sommes issus de la même tradition byzantine et grecque, nous sommes chrétiens, ce qui nous place sur un pied d'égalité avec l'Occident. Mais l'Occident a abandonné ses origines, ce qui n'est pas notre cas. C'est pourquoi ceux qui, en Occident, comprennent notre bon droit doivent nous rejoindre. La Russie est l'arche de l'éternité, l'arche des valeurs traditionnelles. Poutine nous a rappelé, ainsi qu'au monde entier, ce que signifie être Russe.
Tatiana Ladiaeva : Il me semble que nous pouvons ajouter une autre idée, qui n'a peut-être pas été exprimée directement dans le film, mais que l'on retrouve souvent dans les discours du président russe Vladimir Poutine et d'autres hauts fonctionnaires. Il ne s'agit pas seulement de l'éternité et des origines, mais aussi du souci de la génération future.
Pourquoi est-ce important ? Nous nous demandons souvent pourquoi nous menons une opération militaire spéciale aujourd'hui. Oui, bien sûr, c'est pour protéger la population du Donbass et pour accomplir nos devoirs - personne ne le nie. Mais il y a une signification plus profonde : nous voulons éviter une situation où nous signerions un document avec Zelensky maintenant sans le regarder. Pourquoi ? Parce que nous ne voulons pas condamner nos descendants à faire face aux mêmes problèmes des années plus tard, de sorte que l'histoire se répète comme un disque rayé.
Comment pourrait-il en être autrement ? Il me semble qu'en Occident, on pense souvent différemment : les décisions y sont prises immédiatement, sous la pression du moment présent. Les conséquences pour l'avenir ? Elles ne semblent pas toujours être une priorité. Mais notre approche est différente : nous regardons vers l'avenir, nous pensons à ce que nous laisserons à nos enfants et petits-enfants. C'est là, à mon sens, un autre point important qu'il convient de souligner ici.
Alexandre Douguine : En général, vous avez raison. Mais le fait est que nous ne pouvons pas signer de cessez-le-feu, quelles que soient les conditions - ni face à nos descendants, ni face à la génération actuelle. Tout répit que nous accordons à l'ennemi - ce régime agressif, terroriste et naziste en Ukraine - sera utilisé par lui pour se regrouper, se réarmer, panser ses plaies et attaquer à nouveau. Et cela ne se produira pas dans le futur, mais dès qu'ils se sentiront suffisamment forts. Nous en avons déjà fait l'expérience à maintes reprises.
Certains moments du film concernant notre président m'ont alarmé. Le président reste ouvert et amical envers l'Occident, disant : « Nous avons cru l'Occident, nous lui avons fait confiance, nous voulions la paix, nous ne nous sommes pas préparés à la guerre. » Mais en combattant l'Occident, nous ne semblons pas réaliser pleinement à quel point la civilisation à laquelle nous avons affaire est monstrueuse. Nous la critiquons, mais quelque part nous continuons à lui faire confiance, nous sommes prêts à faire des compromis, à remplir nos obligations. Envers qui ? Envers le diable, qui ne respecte aucune loi. C'est cette faiblesse qui m'inquiète. De quelle trêve, de quels accords pouvons-nous parler sans victoire ?
Trump est différent. Il est lui-même en opposition au système mondialiste qui a déclenché la guerre contre nous. Mais c'est un Occidental, et ses paroles ne sont pas plus fiables que celles des autres dirigeants occidentaux, même si son paradigme conservateur est proche du nôtre. Il reste un homme de l'Ouest, et nous avons été grillés tant de fois dans nos relations avec cet Ouest.
Le président a parlé des différences entre nous et l'Occident, mais nous devons en prendre conscience plus profondément : nous ne serons d'accord avec personne en Occident tant que nous n'aurons pas gagné, que nous ne nous serons pas renforcés et que nous n'aurons pas commencé à défendre nos intérêts sur la base d'une souveraineté totale. Nous avons affaire à des tricheurs - c'est écrit sur leur front. Ils mentent, ils ne suivent pas les règles, ils ont leur propre programme caché. Souvenez-vous de Brzezinski : je l'ai interrogé sur ses promesses non tenues concernant l'OTAN et il m'a répondu : « Nous les avons trompés, nous les avons abandonnés. » C'est évident. Et Trump, le dis en toute sympathie, c'est écrit sur son front qu'il n'honorera pas les accords.
Tatiana Ladiaeva : Il ne le fera pas, n'est-ce pas ?
Alexandre Douguine : Bien sûr que non. L'Ukraine est notre maillon faible, et c'est de la pure naïveté que de s'attendre à une trêve prochaine dans des conditions acceptables pour nous. Nous devrions plutôt nous préparer à une escalade. C'est pourquoi le titre de notre programme ne devrait pas être modifié : l'escalade peut survenir rapidement et prendre une tournure brutale. C'est à cela que nous devons nous préparer.
Malgré sa proximité, Trump ne parle pas notre langue - nos positions sont trop éloignées. Même avec de bonnes intentions, il proposera quelque chose qui ne nous conviendra pas. Quant à Zelensky ou à l'Europe, c'est leur affaire, cela ne nous concerne pas. Nous devons suivre notre propre logique, basée sur les principes de civilisation dont le Président a parlé de manière si vivante dans le film. Il a pris le pays au bord du gouffre - le séparatisme faisait rage non seulement dans le Caucase, mais partout. En héros, en sauveur, il a sorti la Russie de l'abîme. Et aujourd'hui, 25 ans plus tard, nous sommes à nouveau au bord du gouffre. C'est apparemment le destin de la Russie : rester à jamais sous attaque, défendre sa liberté, sa langue et sa culture.
Nous avons vaincu Napoléon, écrasé Hitler - les clowns d'aujourd'hui n'en sont même pas proches. Mais si les négociations échouent et que Trump, l'Europe et les nazillons ukrainiens les rejoignent, ce sera un sérieux défi. Nous devons nous préparer à une telle éventualité. Plus nous défendrons fermement notre vérité, nos terres, notre éternité, plus nous aurons de chances d'éviter un affrontement. La force est le seul langage que la force comprend.
Trump est en résonance avec nous à certains égards, mais on ne peut pas faire confiance à l'Occident, y compris à lui. Le président l'a répété à maintes reprises : on nous a menti encore et encore. La limite de la confiance est épuisée. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et sur nos alliés - les Nord-Coréens, qui ont fait leurs preuves dans la région de Koursk, ou la Chine et l'Iran. Tous ceux qui sont prêts à nous accompagner doivent être impliqués. En Ukraine, nous avons contre nous des mercenaires du monde entier ; c'est une guerre d'idées. Nous ne pouvons pas hésiter : les tâches de l'opération militaire spéciale définies par le président doivent être accomplies jusqu'au bout.
Tatiana Ladiaeva : Prenons un exemple frappant d'escalade. Nous parlons des menaces de Zelensky de frapper Moscou pendant le défilé du Jour de la Victoire. Nous en avons entendu parler la semaine dernière, mais ce qui me frappe, c'est le silence des dirigeants occidentaux face à des déclarations aussi retentissantes. Voyez-vous, lorsqu'ils menacent Moscou ou, disons, Poutine, c'est une chose - on pourrait dire qu'ils ne sont pas directement concernés. Mais lorsque vous êtes invité à un événement et que quelqu'un dit : « Je vais frapper cet événement », il s'agit déjà d'une menace pour vous personnellement. Et tout le monde se tait. C'est, vous savez, surprenant en soi.
Alexandre Douguine : En fait, pour comprendre la situation, il faut savoir à qui nous avons affaire. Ce n'est pas Zelensky lui-même qui a prévu de perturber le défilé du Jour de la Victoire ou d'organiser des provocations le 9 mai, lors de nos jours sacrés. Non, l'initiative ne vient pas de lui. Ce sont les mondialistes qui sont derrière tout cela, et en premier lieu les Britanniques, qui sont en train de mettre en place l'infrastructure nécessaire pour frapper notre territoire avec leurs missiles à longue portée. Cela est impossible sans l'aval des États-Unis, et cela montre que l'escalade prend de l'ampleur et ne s'arrête pas un instant.
Même l'accord de Trump sur les métaux de terres rares et les ressources énergétiques, malgré son désir déclaré de mettre fin au conflit, fait de lui un participant à cette guerre. Il ne peut s'empêcher de réaliser ce qui se passe - il acquiesce donc tacitement.
Je l'invite à prendre ces menaces au sérieux, même si cela relève bien sûr de la responsabilité des services de renseignement. Alors que l'on parle d'un cessez-le-feu et de tentatives de stabilisation des relations avec les États-Unis - ce qui serait en soi une bonne chose - l'escalade se poursuit sans relâche. Le silence de l'Occident face aux intentions de Zelensky, qu'il s'agisse de bluff ou de menace réelle, en dit long. Il s'agit d'un comportement terroriste de la part de la junte nazie de Kiev, un pouvoir illégitime qui agit avec l'approbation de ses manipulateurs occidentaux. Et il n'est plus certain que leur cercle se limite à l'Europe : il peut rester dans l'entourage de Trump des forces prêtes à poursuivre la guerre contre nous. La nouvelle équipe - Vance, Hegseth, Gabbard, Musk - cherche à première vue à mettre fin au conflit, mais nous ne voyons pas la véritable cuisine du Pentagone et des agences de renseignement. Des processus complexes y mijotent, l'État profond y vit - ce même « État profond » que Trump a promis d'écraser. Cependant, ce mot a disparu de ses discours, ainsi que des discours de ses partisans. Alors qu'auparavant, au cours des premiers mois, ils dénonçaient l'État profond à tout bout de champ, ce thème s'est maintenant évaporé. Et l'« État profond » s'est révélé beaucoup plus résistant et puissant qu'il n'y paraissait, et il est en guerre contre nous.
Il y a de nombreux facteurs inquiétants, et je les prendrais avec le plus grand sérieux. La victoire est loin, il faut le dire franchement. S'attendre à une trêve ou à un accord dans un avenir proche est naïf et peu sérieux. Nous avons beaucoup de terres à libérer, un ennemi redoutable à combattre et un long chemin à parcourir. Si Trump passe finalement de l'autre côté, il deviendra comparable à Napoléon ou à Hitler. Je comprends la fatigue humaine, l'aspiration à la paix, les questions comme "quand cela finira-t-il ?". Mais politiquement, nous devons admettre que nous devons nous préparer au pire et réaliser que le dénouement n'arrivera pas de sitôt.
Tatiana Ladiaeva : Parlons des élections en Roumanie. Le chef de l'Alliance pour l'unification des Roumains, George Simion, et le maire de Bucarest, Nicusor Dan, ont atteint le second tour. Simion est en tête du premier tour - il a obtenu plus de 40 % des voix, tandis que Dan en a obtenu plus de 20 %. Qui est donc ce Simion ?
Voici ce que j'ai appris : il promet de ramener le candidat suspendu George Georgescu sur la scène politique, éventuellement en tant que premier ministre. Il est favorable à l'union de la Moldavie avec la Roumanie, contre le soutien à l'Ukraine, et qualifie son parti de "trumpiste", épousant l'idéologie « Make America Great Again ». Quel genre de personnalité représente-t-il ? Il n'est guère pro-russe, mais que devons-nous attendre de son éventuelle victoire ?
Alexandre Douguine Non, il est juste pro-russe, c'est-à-dire qu'il n'est pas pro-russe, mais simultanément pro-russe tout de même. C'est exactement ce dont nous parlons ici.
Tatiana Ladiaeva : En tant que pro-américain, je vous demande pardon, oui ? Selon certains critères.
Alexandre Douguine : Il ne s'agit pas seulement d'une position pro-américaine, mais d'une position trumpiste - et c'est loin d'être la même chose. L'Occident d'aujourd'hui est divisé en deux camps. Le premier est celui des partisans des valeurs occidentales traditionnelles, incarnées par l'idée de MAGA, « Make America Great Again », portée par Trump et ses partisans. Mais cette scission a également touché l'Europe, où deux courants ont aussi clairement émergé : l'un est en faveur d'un retour aux valeurs traditionnelles européennes, une sorte de « Make Europe Great Again », et il n'est pas nécessairement lié au trumpisme. Beaucoup d'Européens, surtout dans les pays ayant un code culturel différent, comme la Roumanie orthodoxe, n'acceptent pas le protestantisme américain ou les traditions anglo-saxonnes. Simion et son associé George Georgescu, qui a été illégalement écarté de l'élection par les mondialistes, sont des traditionalistes orthodoxes, pas des protestants. Ils utilisent le trumpisme comme un outil anti-mondialisation, mais leur programme est distinct et souverain. On peut dire la même chose de l'AfD en Allemagne, du RN en France, ou même de Meloni en Italie - leurs valeurs traditionnelles sont nettement différentes des valeurs nord-américaines, même si, aux États-Unis, les catholiques supplantent désormais de plus en plus les protestants dans le leadership.
En Europe, deux pôles s'opposent : les traditionalistes, qui défendent les racines européennes, et les mondialistes - les réseaux de Soros, l'Union européenne, les anti-Trump et les anti-traditionalistes. Ces derniers sont les principaux commanditaires de Zelensky et de la guerre contre nous, car nous sommes pour eux un symbole des valeurs traditionnelles, qu'ils méprisent partout: en Russie, en Roumanie, en Amérique. L'Europe est maintenant de plus en plus clairement divisée : les euro-traditionalistes sont pragmatiquement orientés vers Trump, et si nous étions plus forts et plus convaincants dans nos victoires, ils se tourneraient vers nous - c'était le cas avant l'Opération militaire spéciale.
Simion est un traditionaliste et sa victoire au premier tour de l'élection présidentielle roumaine est un coup dur pour les euro-mondialistes. Pour lui, Zelensky est une marionnette des mondialistes, comme ISIS l'est pour les services de renseignement occidentaux - un outil, pas une figure indépendante. Simion est contre Zelensky, contre le mondialisme, et serait probablement ouvert à un dialogue constructif avec la Russie. S'il remporte le second tour - et avec un décompte équitable, il devrait l'emporter - cela créerait un précédent.
La Roumanie, ainsi que la Hongrie et la Slovaquie, pays traditionalistes, pourraient devenir un troisième État à la frontière avec l'Ukraine, dirigé par des opposants à l'establishment libéral. Cela affaiblirait sérieusement la position de l'Ukraine et des mondialistes. En Pologne aussi, le mouvement traditionaliste gagne en force - nous sommes à l'aube d'une révolution conservatrice en Europe.
Les mondialistes résistent : l'AfD a été déclarée extrémiste, Marine Le Pen a fait l'objet d'accusations absurdes visant à la mettre hors jeu. Mais à travers cette dictature globalitaire, les traditionalistes font une percée. Simion pourrait être tué, écarté de l'élection, emprisonné - en Europe, le pouvoir des mondialistes est encore grand. Trump soutient les euro-traditionalistes, mais son influence sur l'Europe n'est pas encore absolue. Les institutions mondialistes aux États-Unis, bien qu'affaiblies, s'accrochent au contrôle et autorisent toute attaque contre les traditionalistes.
C'est important pour nous : la Roumanie est un pays profondément orthodoxe. La victoire de Simion et de Georgescu est un signal que les forces anti-mondialisation gagnent non seulement en Amérique mais aussi en Europe. C'est une chance pour nous, mais il s'agit toujours de l'Occident, des valeurs traditionnelles roumaines. Pour construire des relations avec eux, nous devons être forts - demander ou promettre ne suffit pas à obtenir quoi que ce soit. Simion n'est pas notre homme, mais il est l'ennemi de nos ennemis, de ceux que nous combattons en Ukraine. Comme Orban ou Fico, il méprise Zelensky. Sa victoire renforcera notre position, même s'il n'est pas pro-russe, mais patriote roumain. C'est un pas de plus vers le démantèlement du pouvoir libéral-mondialiste en Europe, ce qui est vital pour nous. Une Roumanie neutre est déjà un gain énorme pour notre sécurité et notre stratégie en Eurasie occidentale.
Tatiana Ladiaeva : Mais si la Moldavie et la Roumanie s'unissent, est-ce bon pour nous ?
Alexandre Douguine : Attendons. L'essentiel est maintenant de s'accrocher à la situation, car les mondialistes sont la pire chose qui soit. Maïa Sandu est du camp opposé, celui de Soros, elle est l'ennemie de Simion.
Tatiana Ladiaeva : À ce sujet, je dirai simplement que les médias européens discutent déjà activement des résultats du premier tour de l'élection présidentielle en Roumanie. Les titres sont à peu près les suivants : la victoire d'un politicien d'extrême droite pourrait créer des problèmes pour l'OTAN et l'Union européenne, menaçant de déstabiliser davantage les alliances occidentales. La rhétorique occidentale, comme d'habitude, ne parvient pas à saisir la menace qui se profile à l'horizon. Mais n'entrons pas encore dans le vif du sujet - attendons de voir comment les choses se déroulent et commentons-les.
Parlons maintenant de Trump. Je vous rappelle qu'il y a quelques semaines, il a laissé entendre qu'un troisième mandat serait le bienvenu, avant de préciser : « J'ai été mal compris ». Néanmoins, la question de son éventuel retour revient régulièrement sur le tapis et les journalistes s'interrogent sur le sujet. Trump lui-même ne parle pas directement de ce désir, et il dit maintenant qu'il n'y a pas de désir particulier de le faire. Ceux qui vendent des casquettes Trump 2028 le font à leurs risques et périls, car elles ne reflètent pas ses intentions. Et puis, il est question d'un successeur. Beaucoup, y compris des hommes politiques, parient sur Vance comme futur président des États-Unis. Mais il y a aussi des théories du complot : on dit que Vance deviendra président pour laisser la place à Trump et qu'il dirigera à nouveau le pays. Qu'en pensez-vous ? Où est la vérité dans tout ce discours ?
Alexander Dugin : Il y a un point fondamental ici : les trumpistes ne peuvent pas perdre les élections de 2028. Si les démocrates reviennent au pouvoir, cela signifiera leur fin. Il y a une guerre civile idéologique qui se déroule aujourd'hui en Amérique. Il ne s'agit pas seulement d'une rivalité entre deux partis aux nuances différentes, comme par le passé, mais d'une lutte entre deux visions du monde. D'un côté, il y a les trumpistes, partisans des valeurs traditionnelles, et de l'autre, les Démocrates, leurs opposants.
Le conflit idéologique aux États-Unis bat son plein. Souvenez-vous des élections de 2020 : on ne sait toujours pas qui a gagné, car de nombreuses fraudes ont été découvertes. Une fois au pouvoir, les trumpistes se comportent comme s'ils allaient y rester longtemps. Ils introduisent des réformes idéologiques, ferment des ministères et des organisations de mondialistes qui servaient l'État profond. Il s'agit d'une révolution conservatrice, qui ne peut se limiter à quatre ans. Si les trumpistes cèdent le pouvoir aux démocrates, un châtiment les attend. Cette fois, ils seront détruits pour qu'il ne reste plus aucune trace du trumpisme. L'élection de 2028 est donc, pour eux, une question de vie ou de mort.
Les trumpistes sont confrontés à un choix : gagner ou mourir. Ils doivent s'accrocher au pouvoir en 2028 - que ce soit avec Trump pour un troisième mandat, que ce soit avec Vance, que ce soit par l'annexion du Canada ou du Groenland pour déclarer un nouvel État et recommencer le compte à rebours. Trump doit prolonger indéfiniment le cours actuel et, pendant ce temps, détruire les démocrates et les mondialistes comme s'il menait une guerre pour qu'ils ne puissent jamais revenir au pouvoir.
Il s'agit d'une révolution et Trump commence à perdre son élan à mon avis. Les réformes sont fastidieuses, il fait des compromis, mais il est en fait confronté à une résistance mondiale - aux États-Unis et au-delà. À l'heure actuelle, le monde entier est contre Trump. Ses seuls alliés seraient la Russie, la Chine et l'Inde, mais après l'accord scellé avec Zelensky, il est devenu notre ennemi. Trump est notre ennemi, ce qui nous prive de la possibilité de coopérer.
Il a déclaré une guerre commerciale à la Chine ; l'Inde est toujours un allié, mais un conflit se prépare au Cachemire.
La position de Trump est précaire : il a défié le mal mais n'a pas construit de coalition avec ceux qui pourraient le soutenir. Ses décisions sont irréfléchies et à court terme, et il doit maintenir le trumpisme au pouvoir au-delà de 2028 - que ce soit avec lui-même ou avec Vance. Les élections de mi-mandat s'annoncent difficiles. Les réformes de Trump ont déjà affecté le confort des Américains ordinaires. C'est une période difficile pour Trump, une sorte de marque sombre. Il devrait penser à 2028, mais annexer le Canada ou le Groenland n'est pas une tâche aussi facile qu'il y paraît. Pas plus qu'une opération militaire au Mexique contre les cartels de la drogue - il faudrait convaincre le président mexicain et la communauté internationale.
Trump a un problème. La prolongation du trumpisme au-delà de 2028 est une question de survie et doit être abordée dès maintenant. Mais à mon avis, il manque de profondeur stratégique. Si Trump agissait de manière stratégique, il se retirerait de la guerre avec la Russie, normaliserait les relations avec la Chine, éviterait les conflits au Moyen-Orient, dissolverait l'OTAN - comme il l'avait promis. Mais ses partisans se demandent : où en sommes-nous avec tout cela ? Où est la paix, où est la dénonciation des mondialistes, où est la liste d'Epstein ? Aujourd'hui, même eux sont sceptiques. Trump doit se ressaisir et s'engager dans une politique constructive - il a déjà commis de nombreuses erreurs.
14:25 Publié dans Actualité, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, entretien, alexandre douguine, russie, donald trump, george simion, état-unis, roumanie | |
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mardi, 13 mai 2025
Nouvelles sanctions américaines contre la Russie: Washington de nouveau sur la voie de la guerre?
Nouvelles sanctions américaines contre la Russie: Washington de nouveau sur la voie de la guerre?
Washington. Le rapprochement entre l’administration Trump et la Russie semble prendre fin, et Washington se prépare de nouveau à la confrontation avec Moscou : selon des informations de l’agence de presse Reuters, le gouvernement américain prépare de nouvelles sanctions économiques ciblées contre la Russie afin d’accroître la pression sur le Kremlin. Trois représentants du gouvernement, dont les noms n'ont pas été dévoilés, et une source bien informée ont confirmé que le Conseil de sécurité nationale avait décidé de mesures appropriées, que le président Trump doit encore approuver. Les sanctions viseraient le conglomérat énergétique d’État Gazprom ainsi que des entreprises importantes du secteur des matières premières et du secteur bancaire, et devraient soutenir les efforts de Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Jusqu’à présent, les sanctions américaines se concentraient principalement sur le secteur bancaire russe et sur des restrictions à l’exportation. Le nouveau paquet pourrait marquer une éventuelle correction de cap de l’administration Trump, qui a montré ces dernières semaines une certaine ouverture envers Moscou. « Le Conseil de sécurité nationale tente de coordonner une série de mesures punitives contre la Russie », a déclaré l’une des sources. « C’est uniquement sa [celle de Trump] décision », a ajouté un officiel. James Hewitt, porte-parole du Conseil de sécurité, a refusé de commenter les « négociations en cours », mais a souligné l’engagement constant de Trump en faveur d’un cessez-le-feu.
Le contexte des éventuelles sanctions est le rejet réitéré par Poutine des pourparlers de paix, comme l’a expliqué Kurt Volker, ancien envoyé spécial américain pour l’Ukraine, à Reuters : « Poutine le rejette [Trump] encore et encore. » Selon Volker, les mesures prévues pourraient donc constituer « la prochaine étape » de la pression exercée. Selon certains observateurs, cette démarche pourrait toutefois se retourner violemment contre les Etats-Unis. Le Kremlin n’a pas changé ses conditions pour entamer des négociations de paix, mais ne considère par le gouvernement de Zelensky à Kiev comme un partenaire de négociation adéquat. (mü)
21:33 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, états-unis, russie, sanctions | |
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jeudi, 01 mai 2025
Douguine: "Semer la discorde entre la Russie et la Chine est «tout simplement impossible»"
Le philosophe russe antilibéral Douguine: "Semer la discorde entre la Russie et la Chine est «tout simplement impossible»"
Alexandre Douguine
Dans un article publié par le média russe Tsargrad.tv, le philosophe russe antilibéral Alexandre Douguine affirme que les États-Unis ne parviendront pas à semer la discorde entre la Russie et la Chine. « Quels que soient les efforts déployés par les forces tierces pour semer la discorde entre nous, c'est tout simplement impossible, car cela contredit le caractère de nos dirigeants, nos intérêts géopolitiques et le système de relations qui s'est formé entre nos pays », a déclaré A. Douguine.
"Un beau rituel diplomatique confucéen"
« Actuellement, nous jouissons d'un partenariat très étroit avec la Chine. Il existe une alliance géopolitique entre la Russie et la Chine. Et aucun autre processus de la politique mondiale ne peut, par définition, avoir une influence décisive sur cette alliance. Quels que soient les efforts déployés par des forces tierces pour semer la discorde entre nous, c'est tout simplement impossible, car cela contredit le caractère de nos dirigeants, nos intérêts géopolitiques et le système de relations qui s'est formé entre nos pays.
« La visite de Wang Yi [à Moscou les 31 mars et 1er avril] était en effet rituelle, car elle ne change rien et ne peut rien changer à nos relations, qui se développent selon leur propre logique et impliquent des échanges similaires de visites de représentants de ministères et d'agences à différents niveaux. C'est un beau rituel diplomatique confucéen: des rencontres régulières de représentants plénipotentiaires des deux grandes puissances, pôles du monde multipolaire, pour discuter de problèmes urgents. Et à cet égard, la visite d'aujourd'hui s'inscrit bien dans la structure de l'étiquette diplomatique et géopolitique.
« Cependant, les relations russo-américaines ont également été discutées avec Wang Yi, ainsi que tous les derniers événements liés à Donald Trump. Ces développements introduisent de nouveaux éléments significatifs dans notre géopolitique commune [avec la RPC] et exacerbent en partie les relations des États-Unis avec la Chine. La façon dont Trump modifie la géopolitique dans les relations avec ses partenaires européens, ainsi que la nouvelle situation politique qui se développe aux États-Unis eux-mêmes, influencent directement la Chine et nous.
« Nous sommes affectés parce que nous sommes en guerre avec les États-Unis en Ukraine. Et bien que Trump, comme il semble, veuille s'en retirer, l'accord qu'il nous propose ne convient à personne : ni à nous, ni à l'Ukraine, ni à l'Europe. L'approche précipitée ne fonctionne pas, et cela ne peut évidemment que frustrer Trump. La situation évolue donc vers une sorte de petite escalade. Naturellement, ce n'est pas la situation précédente, mais localement, les tensions dans notre relation avec les États-Unis s'intensifient à nouveau. Tout comme dans les relations entre les États-Unis et la Chine. Et bien sûr, il était nécessaire de discuter de tout cela lors de la visite du chef de la politique étrangère chinoise en Russie. Je pense que les positions de la Russie et de la Chine sont à peu près les mêmes.
« Nous ne surestimons pas Trump et nous ne pensons pas qu'il va nous apporter la victoire [dans la guerre avec l'Ukraine] sur un plateau. C'est impossible. Mais nous le jugeons sainement, en notant les nombreux aspects positifs du trumpisme. Ainsi, nous saluons même le retour aux valeurs traditionnelles et bien d'autres facteurs détaillés. C'est évident : [cette politique] est bien meilleure que [celle de] l'administration américaine précédente. Toutefois, cette sympathie pour le trumpisme ne signifie pas que nous sommes prêts à abandonner la poursuite de nos propres lignes fondamentales en politique internationale pour quelques promesses douteuses et ardues.
Le 1er avril 2025, le président russe Vladimir Poutine a rencontré le membre du Bureau politique du Comité central du PCC et ministre des Affaires étrangères Wang Yi à Moscou. « Vladimir Poutine a demandé à Wang Yi de transmettre ses sincères salutations au président Xi Jinping et s'est réjoui de voir les différents accords communs conclus avec le président Xi Jinping être effectivement mis en œuvre. Les relations entre la Russie et la Chine continuent de se développer à un niveau élevé, la coopération pratique s'approfondissant dans divers domaines et les « Années culturelles Russie-Chine » en cours suscitant des réactions positives et enthousiastes, consolidant ainsi le soutien du public à l'amitié bilatérale », a déclaré le ministère chinois des affaires étrangères. (Source: Fmprc.gov.cn, 1er avril 2025)
« Wang Yi a transmis les salutations chaleureuses du président Xi Jinping au président Vladimir Poutine. Il a déclaré que, sous la direction stratégique et les efforts conjoints des deux chefs d'État, une relation Chine-Russie mature, résiliente et stable, avec une confiance mutuelle politique approfondie, une coordination stratégique plus étroite et une coopération pratique renforcée, sauvegardait le développement et la revitalisation des deux nations et leurs intérêts communs dans les grandes affaires internationales et régionales. La coopération entre la Chine et la Russie ne vise jamais une tierce partie et reste imperméable à toute ingérence extérieure. Les relations entre la Chine et la Russie continueront à s'élargir et non à stagner. L'amitié entre la Chine et la Russie n'est pas axée sur le présent, mais sur un avenir à long terme », a déclaré le ministère chinois des affaires étrangères (Source : Fmprc.gov.cn, 1er avril 2025)
« L'agressivité des États-Unis se déplace légèrement de la Russie vers la Chine, mais ce n'est ni fondamental ni irréversible.
« Où, je sais que certains trumpistes voudraient proposer à la Russie une alliance avec les États-Unis pour remplacer notre alliance avec la Chine. Mais c'est tout simplement naïf et irréaliste. Une autre chose serait que les pôles déjà établis du monde multipolaire - les États-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde - se mettent d'accord ensemble sur de nouvelles règles pour l'ère post-libérale, post-mondialisation. Ce serait une bonne chose.
« Il est grand temps de discuter sérieusement de la redistribution des zones d'influence et des intérêts des États-civilisation souverains. D'ailleurs, ces États-civilisation ont beaucoup plus de points communs que de différences. Ceux qui le pensent naïvement ne comprennent ni Poutine ni Xi Jinping.
« Il est donc impossible de semer la discorde entre nous et la Chine, car nous avons des valeurs communes, des intérêts communs et une stratégie commune - le [projet] de la Grande Eurasie. Tout cela ne fait l'objet d'aucun commerce, ne peut être vendu, tout comme notre Victoire et nos intérêts nationaux (et, soit dit en passant, tout comme les intérêts américains). À cet égard, nous pouvons nous comprendre et trouver un consensus. Un long chemin nous attend. C'est une bonne chose que nous nous y soyons déjà engagés, mais Trump a beaucoup à apprendre dans un monde multipolaire. De notre côté, la Chine et nous vivons dans ce monde, nous l'avons créé et nous le construisons.
« Bien sûr, l'Amérique trumpiste a aussi sa place digne dans ce monde multipolaire, mais elle n'est pas le seul hégémon et le seul pôle [de puissance]. Par conséquent, Trump ne peut pas poursuivre une politique de 'diviser pour régner', en particulier en opposant la Russie à la Chine, en essayant de régner sur nous. Cela ne passera certainement pas. Quoi qu'il en soit, dans ces circonstances, il est important que nous vérifiions nos positions et que nous démontrions notre conscience commune, partagée avec la Chine, quant aux processus en cours, y compris l'évaluation des nouveaux facteurs qu'apporte Trump dans la politique mondiale.
« En fait, tout cela est devenu le sujet et le contenu principal de la visite de Wang Yi en Russie. Et, pour autant que je sache, au cours des discussions, les parties se sont parfaitement comprises, et nos évaluations ont complètement coïncidé. Il est vrai que les risques augmentent et que l'agressivité des États-Unis se déplace légèrement de la Russie vers la Chine, mais cela n'est ni fondamental ni irréversible. La meilleure façon de sauvegarder sa souveraineté est d'être prêt à repousser toute agression, d'où qu'elle vienne. C'est le principe fondamental que nous poursuivons et le principal moyen de rendre le monde juste : comprendre et respecter les autres et ne pas franchir les « lignes rouges ».
« En un mot, l'exemple de diplomatie démontré aujourd'hui par la Russie et la Chine au monde entier est utile non seulement dans nos relations bilatérales, mais aussi dans les relations de nos pays avec le reste du monde. Alors, faites comme les Russes, faites comme les Chinois, et vous serez heureux ».
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mardi, 29 avril 2025
Nikolai Troubetskoï: la critique de l'eurocentrisme russe
Nikolai Troubetskoï: la critique de l'eurocentrisme russe
Leonid Savin
Le 16 avril marque le 135ème anniversaire de la naissance du prince Nikolaï Sergueïevitch Troubetskoï, linguiste et scientifique hors pair, l'un des fondateurs de l'eurasisme. Il est entré dans l'histoire comme l'un des pionniers de la critique de l'eurocentrisme. Bien que les slavophiles aient raisonné sur une base similaire avant lui dans le conflit qui les opposait aux occidentalistes, la critique de Troubetskoï (et des Eurasiens) était plus profonde et s'appuyait sur un programme positif qui affirmait la nécessité de construire une nation commune avec les peuples touraniens (turcs, ougriens) sur la base d'une histoire commune et d'une proximité repérable dans leurs diverses visions du monde.
Nikolai Troubetskoï est né à Moscou le 3 avril 1890, ancien calendrier (soit le 16 avril dans le nouveau calendrier suite au passage du calendrier julien au calendrier grégorien), dans la famille du philosophe Sergei Troubetskoï, élu recteur de l'université d'État de Moscou en 1905. Son oncle Evgueny Troubetskoï n'est pas moins célèbre pour ses travaux sur la philosophie religieuse. Le peintre et sculpteur Pavel (Paul) Troubetskoï était leur cousin. Il est l'auteur de la sculpture d'Alexandre III, qui se trouve aujourd'hui dans la cour du Palais de Marbre à Saint-Pétersbourg.
Dans sa jeunesse, Nikolai Troubetskoï opte pour la linguistique afin d'en faire sa tâche future, faisant preuve de remarquables compétences linguistiques, même s'il s'intéressait aussi à d'autres sujets. En particulier, ses premiers travaux scientifiques sont des études ethnographiques sur l'histoire et les traditions du Caucase.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, son premier ouvrage, largement reconnu par le public, fut un livre intitulé « L'Europe et l'humanité », publié à Sofia en 1920. Il y soumet à une critique raisonnée et détaillée la position arrogante de la culture romano-germanique et la prétendue supériorité de cette « race européenne » sur toutes les autres. Comme Nikolaï Miklouho-Maclay, qui a défendu les aborigènes d'Océanie dans les facultés des universités européennes, Nikolai Troubetskoï affirme qu'il n'y a pas de races supérieures et inférieures, qu'il n'y a pas de division entre peuples développés et peuples barbares, mais qu'une telle distinction procède uniquement d'attitudes pseudo-scientifiques imposées pour des raisons politiques évidentes, dont l'une était la colonisation.
L'intelligentsia des pays ainsi européanisés doit enlever ses œillères et se libérer de la séduction de la mentalité romano-germanique. Elle doit comprendre clairement, fermement et irrévocablement qu'elle a été trompée; que la culture européenne n'est pas quelque chose d'absolu, ni n'est la culture de toute l'humanité, mais seulement la création d'un groupe ethnique ou ethnographique limité et défini de nations ayant une histoire commune; que la culture européenne n'est nécessaire qu'au groupe particulier de nations qui l'a créée; qu'elle n'est en aucun cas plus parfaite ou « supérieure » à toute autre culture créée par n'importe quel autre groupe ethnique. ... que l'européanisation est donc un mal inconditionnel pour toute nation non germano-romaine... », souligne Troubetskoï dans son livre.
Un an plus tard, à Sofia, naît le mouvement eurasien, phénomène unique au sein de l'émigration russe, qui propose son propre programme idéologique, radicalement différent des positions des monarchistes ou des libéraux, qui ont également fui la Russie après la révolution d'octobre.
Bien qu'il se soit installé à Vienne pour travailler à l'université, Troubetskoï a continué à écrire régulièrement des articles sur divers sujets d'actualité, dans lesquels il revenait constamment à la critique de l'eurocentrisme.
Dans son article intitulé « Sur le vrai et le faux nationalisme », Nikolai Troubetskoï note que les Romano-Germaniques ont une psychologie égocentrée, ce qui explique qu'ils pensent que leur culture est la plus haute et la plus parfaite. Cela a conduit à l'émergence d'une forme particulière de chauvinisme et d'eurocentrisme. Dans une autre de ses publications, « Sur le racisme », le problème du racisme allemand basé sur le matérialisme biologique a déjà été clairement mentionné. Cela dit, l'accent est mis sur le fait que rien ne justifie une telle approche.
Cette publication a coûté la vie au prince Troubetskoï. En 1938, après l'Anschluss (l'annexion) de l'Autriche à l'Allemagne, la Gestapo a fait une descente chez lui. Les limiers d'Hitler emportent également ses manuscrits scientifiques, ce qui provoque une crise cardiaque chez Nikolaï Sergueïevitch. Les soins qu'on lui a prodigués à l'hôpital ont hélas été inutiles: il meurt le 15 juin. Le monde a ainsi perdu un scientifique exceptionnel qui était encore loin d'avoir atteint son plein potentiel.
Une autre question d'actualité est celle du séparatisme ukrainien, auquel Troubetskoï a consacré son ouvrage « Sur le problème ukrainien », dans lequel il souligne à juste titre que même sous le régime soviétique, la Petite Russie a connu un afflux « d'intelligences issues de Galicie, dont l'identité nationale a été complètement défigurée par des siècles de communion avec l'esprit du catholicisme, ainsi que par l'esclavage polonais et ce nationalisme (ou plutôt ce nationalisme linguistique !), qui est provincial et séparatiste, a toujours été une caractéristique des provinces de l'ex-Autriche-Hongrie »). Et « les Ukrainiens se transforment en une sorte de fin en soi et génèrent un gaspillage non économique et non rentable des forces nationales », a-t-il noté. Troubetskoï espère qu'à l'avenir, la vie dans la Petite Russie éliminera « l'élément caricatural que les maniaques fanatiques du séparatisme culturel ont introduit dans ce mouvement », car le bon développement de l'identité ukrainienne et sa véritable tâche consistent à « être une identité ukrainienne spéciale et particulière de la culture panrusse ».
Comme le montrent les expériences de 2004 et 2014, cette caricature est non seulement revenue à l'avant-plan, mais elle a également triomphé sous la direction de nouveaux fanatiques alimentés par l'argent et le soutien politique de l'Occident. Apparemment, cent ans ne suffisent pas à guérir la maladie du chauvinisme ukrainien, qui a tenté d'imiter le racisme romano-germanique et, à certains égards, l'a même surpassé.
Troubetskoï, comme ses collègues eurasiens, était bien conscient qu'une approche holistique et intégrée était nécessaire pour résoudre ces problèmes. « La culture de toute nation vivant selon un mode de vie étatique doit nécessairement inclure des idées ou des enseignements politiques comme l'un de ses éléments. Par conséquent, l'appel à la création d'une nouvelle culture comprend, entre autres, un appel au développement de nouvelles idéologies politiques », écrit-il dans l'article programmatique “Nous et les autres”. Et dans un autre ouvrage, « Sur le système étatique et la forme de gouvernement », il propose un modèle d'idéocratie qui va au-delà de la démocratie et de l'aristocratie, caractéristiques de l'Europe de l'époque (auxquelles s'ajoute l'oligarchie, toujours invisiblement présente dans le système de pouvoir occidental). Mais à quoi ou à qui sert alors l'idéocratie ? Pour Nikolaï Troubetskoï, il s'agit d'un « ensemble de peuples habitant un lieu de développement économiquement autosuffisant (autarcique) et liés non par la race, mais par un destin historique commun, par un travail commun pour la création d'une même culture ou d'un même État ». Et encore : « l'idée-directrice d'un État véritablement idéocratique ne peut être que le bénéfice de la totalité des peuples habitant ce monde autarcique particulier ».
Il ne fait aucun doute que Troubetskoï parlait avant tout de la Russie-Eurasie, de la culture spécifique de la civilisation russe. Et ses idées n'ont pas perdu de leur pertinence. Qu'il s'agisse de la création de l'Union économique eurasienne, de l'éradication du néonazisme ukrainien par une opération militaire spéciale sur les terres qui sont historiques russes et tombées sous l'influence corruptrice de l'Occident (de la culture romano-germanique), ou d'une série de décrets récents du président de la Russie ainsi que les tentatives de la Serbie de préserver son indépendance et sa souveraineté des actions agressives de l'UE, comme l'a récemment mentionné le vice-premier ministre du pays, Alexandar Vulin, en critiquant la politique de Bruxelles, confirment la justesse des Eurasiens et la pertinence de leur programme métapolitique.
12:16 Publié dans Eurasisme, Histoire, Hommages, Langues/Linguistique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nikolai troubetskoï, histoire, eurasisme, russie, ukraine | |
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lundi, 28 avril 2025
L'âge de l'Arctique: la bataille pour l'Hyperborée (Escalade)
L'âge de l'Arctique: la bataille pour l'Hyperborée (Escalade)
Alexandre Douguine
Tatiana Ladiaeva (Sputnik) : Jetons un coup d'œil sur les réactions internationales suite au Forum arctique qui s'est tenu à Mourmansk, où s'est notamment exprimé le président russe Vladimir Poutine. Il est certain que de nombreuses déclarations ont été consacrées directement à la coopération et au développement dans la région arctique avec d'autres pays. Des délégations de 20 pays se sont rendues à Mourmansk, y compris des États-Unis. Voyons qui sont ces délégations et comment elles ont réagi aux déclarations du dirigeant russe.
Alexandre Douguine : Tout d'abord, si nous parlons de ce voyage très important de Poutine, il avait en vue deux objectifs complètement différents. Il y a eu deux discours, deux narratifs, si vous voulez - deux discours qui s'adressaient à des publics complètement différents. Le premier public est un public international. Le discours porte donc sur le fait que l'importance de l'Arctique s'accroît sous nos yeux. Je pense que les vrais dirigeants des puissances souveraines sont conscients de la réalité de ce que l'on appelle généralement le réchauffement climatique. Le fait est que, contrairement à cette idéologie environnementale qui réduit toutes les causes du réchauffement aux processus industriels, en réalité, il faut dire que la plus grande libération de méthane se produit dans la nature, et qu'elle ne dépend pas de notre intervention humaine. Cela va beaucoup plus vite qu'il n'y paraît, et bientôt celui qui contrôlera les zones polaires, les zones côtières de l'Arctique et l'Arctique lui-même aura, en fait, un avantage absolument inestimable dans l'horizon stratégique. Cela est bien compris par Trump, qui s'est clairement exprimé et a concocté des plans réels, mais non pas sur base de l'idéologie environnementale, qui n'a rien à voir avec le vrai problème et sert simplement certains objectifs mondialistes.
La véritable question du changement climatique est vraiment importante. Et, bien sûr, c'est la raison pour laquelle l'Amérique se préoccupe tant du Groenland et du Canada, parce que ces territoires deviennent tout simplement vitaux pour la souveraineté dans la prochaine étape. Celui qui contrôlera l'Arctique contrôlera le monde. Telle est la nouvelle loi de la géopolitique arctique, qui est en train de devenir l'un des facteurs les plus importants du jeu mondial. Poutine en est parfaitement conscient. C'est pourquoi il a lancé un appel aux pays arctiques, qui auront cet avantage géographique à l'avenir, en leur proposant de coopérer et de résoudre les problèmes de manière pacifique, car c'est dans l'Arctique qu'une véritable guerre pourrait éclater, non pas une guerre simplement locale, non pas une guerre sectorielle, mais une véritable guerre mondiale. Pour l'éviter, nous devons en parler ouvertement avec ceux qui sont réellement intéressés et impliqués dans le processus et ceux que cela concerne vraiment.
Le second message de Poutine, complètement différent, s'adressait, je pense, à nous, Russes. Il a prévenu notre société qu'il n'y aurait probablement pas de cessez-le-feu. Très probablement, nous ne devrions pas compter sur une fin rapide du conflit en Ukraine contre l'Occident, ce n'est pas réaliste. Tout le monde, bien sûr, a couru et s'est bousculé dès que la désescalade, dont nous parlons beaucoup depuis l'avènement de Trump, a commencé, mais Poutine prévient que cela n'arrivera probablement pas - il n'y aura pas de fin rapide au conflit. Pourquoi ? Nous avons également dit à plusieurs reprises que malgré toute sa bienveillance et toute sa volonté d'ouverture, Trump ne parvient absolument pas à comprendre l'essence du problème ukrainien. Il pense probablement que s'il reconnaît la Crimée comme russe ou même deux voire quatre des oblasts conquis, il rendra à la Russie un service absolument inestimable, et Poutine acceptera n'importe quoi en échange. En fait, même si Trump devait reconnaître (ce qu'il n'est absolument pas prêt à faire) les quatre oblasts plus la Crimée dans leurs frontières complètes (ce que, à son tour, Poutine a proposé il y a un an lors de la conférence en Suisse, à laquelle la Russie n'avait pas été invitée auparavant ; Poutine a dit : notre but est le suivant - faire reconnaître tout ce qui a été acquis, dans des frontières complètes, les oblasts englobés à l'intérieur de la Russie, ces quatre nouvelles entités dont question, et nous penserons alors à un cessez-le-feu), cette proposition a une date d'expiration, et cette date d'expiration a clairement expiré. Et maintenant, Poutine dit : « nous ne les tuerons pas, mais nous les achèverons ». Cela signifie beaucoup de choses dans le langage politique. « Finir » signifie “gagner la guerre”. Nous gagnerons par des moyens militaires.
Il est clair que les négociations sur ces conditions inacceptables pour les deux parties sont dans l'impasse. Trump a proposé à Zelensky d'accepter ces nouvelles concessions territoriales, et c'est du suicide pour Zelensky. Ce qu'il nous propose équivaut à un suicide pour nous en général, nous devons aussi nous rendre compte que nous avons besoin d'une victoire, et nous mettons tout sur la balance de la victoire. Nous ne pouvons pas dire : « limitons-nous à un compromis », cela ne marchera pas du tout, personne dans la société ne l'acceptera, et le Président lui-même n'est pas d'humeur à le faire.
Je pense que le message était le suivant : comprenons que nous voulons la paix, mais la paix par la victoire. Nous avons besoin de la victoire, nous avons besoin de la réalisation de nos objectifs à l'échelle que nous, et pas quelqu'un d'autre (pas Trump, pas l'Union européenne), jugeons nécessaire, et c'est la seule chose qui nous conviendra.
Le signe pour notre société est très sérieux. La guerre continue, et c'est une guerre jusqu'à la victoire finale. « Finissons-en » - c'est ce qui ressort de la bouche du Président, très sérieusement. Il ne s'agit pas seulement d'observateurs, d'experts, de journalistes ou d'hommes politiques, mais de celui dont dépend le sort du monde et de l'humanité, qui dit : « nous n'en finirons pas si nous ne les achevons pas ». En d'autres termes, il est de moins en moins possible de les achever pacifiquement, alors nous les achèverons par d'autres moyens. C'est ce qu'a dit Poutine lorsqu'il s'est adressé à nous, Russes. Il a également parlé de la nécessité de renforcer le potentiel militaire, le potentiel de défense de notre pays, afin que nous ne nous relâchions pas la pression et que nous n'avalions pas des couleuvres lors des négociations. Les négociations sont en cours et M. Trump a déclaré qu'il reconnaissait déjà qu'elles étaient dans une impasse. Il a directement reproché à Zelensky d'avoir fait échouer l'accord sur les métaux rares.
Tatiana Ladiaeva : Mais il l'a en même temps menacé de lui occasionner certains problèmes, qui seront prétendument importants. La nature de ces problèmes n'est pas tout à fait claire. En d'autres termes, s'il existe une telle menace, la rupture de l'accord n'est pas encore définitive. Par ailleurs, en parlant d'échéances, M. Trump affirme qu'il y a une sorte d'« échéance psychologique ». C'est ainsi qu'il l'a appelée. Je pense qu'il est à bout de patience sur cette question. Bien qu'il soit en quelque sorte obligé de continuer à faire preuve de patience, il me semble....
Alexander Douguine : Ce qu'il est obligé de faire... c'est le côté souverain qui n'est pas autorisé, et nous ne pouvons pas indiquer ce qu'il est obligé de faire.
Tatiana Ladiaeva : Indiquer non, mais supposer.
Alexandre Douguine : La souveraineté réside dans le fait que le souverain n'est commandé par personne, c'est-à-dire par personne du tout. S'il croit en Dieu, alors Dieu est le décret, et s'il ne croit pas en Dieu, alors rien n'est le décret du tout, c'est-à-dire que rien ne prend la place de Dieu.
Il est intéressant de noter qu'il a, comme vous l'avez souligné à juste titre, critiqué directement Zelensky en disant qu'il le paierait très cher. En d'autres termes : « Vous paierez cher pour avoir rompu un accord que vous aviez pratiquement accepté ». Ce faisant, il a exprimé son mécontentement à Poutine. Mais si nous vérifions les faits, si vous voulez, un enregistrement du discours direct de Trump à Zelensky, qu'il était agacé par Poutine et en colère contre Poutine, cela a été relayé par un présentateur de CNN qui a été soi-disant appelé par Trump. Et il a spécifiquement dit, à cet animateur d'une chaîne qui n'est pas entièrement favorable à Trump, qu'il était en colère contre Poutine parce qu'il faisait traîner le cessez-le-feu et qu'il était dès lors prêt à imposer des droits de douane doublés sur le pétrole russe. C'est ce qui est très intéressant : que Trump ait appelé ou non, n'a guère d'importance - quoi qu'il en soit, il n'y a pas eu de réfutation par la suite. Mais en fait, il y a, d'une part, les preuves directes, les paroles directes de Trump, reprises dans la critique à Zelensky, et, d'autre part, un ancien mécontentement présumé mais non confirmé, une opposition à la Russie et à Poutine. Il s'agit là d'une pondération complètement différente de ces deux déclarations. Mais cela n'a pas d'importance, ce n'est même pas fondamental. Trump est un homme tel qu'il aurait pu parler en son âme et conscience, il aurait pu appeler, il aurait pu ne pas appeler. Au fond, cela demande un peu plus d'éclaircissements aussi.
Une situation très similaire se produisit à Odessa en 2022, parce que Zelensky, qui est complètement dépendant des États-Unis car sans l'aide et l'engagement total de l'armée américaine, de son renseignement, ne tiendrait pas une semaine dans une confrontation avec notre armée, du moins je le pense. S'il se rend compte que sans Trump, il ne peut tout simplement pas continuer cette guerre, c'est fini, c'est du suicide.
Et Zelensky s'est rendu compte qu'il avait exagéré, parce qu'il faut traiter Trump d'une autre manière : il faut lui donner tout ce qu'il demande - c'est, après tout, naturel. Il est le maître et son maître, et lui n'est qu'un esclave assigné à cette position dans le cadre du casting du jeu géopolitique et mondialiste.
Et maintenant, après la visite de Zelensky, il y a de nouvelles figures dans l'arène politique dont Keir Starmer qui a pris la place de Johnson, et il y a eu un appel de Macron. En outre, les contacts spéciaux de Zelensky avec Blinken et Nuland ont été révélés. Selon les informations disponibles, les représentants américains ont conseillé à Zelensky de ne pas faire confiance à Trump. Ainsi, si lors des accords d'Istanbul, il lui a été conseillé de ne pas faire confiance à Poutine et de rompre les accords, une recommandation similaire s'applique désormais à Trump. Il y a une certaine continuité dans les approches, malgré certains changements dans l'équilibre des forces politiques.
Tatiana Ladiaeva : Avant de passer à la discussion sur Elon Musk, j'aimerais clarifier un point. Vous avez mentionné une déclaration sur le site web du gouvernement britannique concernant les arrangements entre Keir Starmer et Donald Trump pour faire pression ensemble sur Vladimir Poutine. Étant donné les désaccords bien connus entre Starmer et Trump, pourriez-vous commenter la manière dont cette déclaration doit être interprétée et dans quelle mesure elle est vraie ? La Grande-Bretagne joue certainement un rôle important dans la question ukrainienne, et comprendre sa position dans ce contexte semble très important.
Alexandre Douguine : Eh bien, tout d'abord, il faut se rendre compte qu'il y a deux poids deux mesures en diplomatie, en grande politique...
Tatiana Ladiaeva : Personne ne l'a nié.
Alexandre Douguine : C'est vrai, personne ne l'a nié. Mais si nous mettons de côté la rhétorique diplomatique et la désinformation, la situation apparaît comme suit. Les États-Unis se retirent du conflit ukrainien, mais pas comme Trump l'avait prévu. Il espérait une paix rapide et la reconnaissance de son rôle dans le processus. Toutefois, comme cela a été prédit à plusieurs reprises, un tel scénario est irréaliste dans un contexte d'escalade. L'offre d'un cessez-le-feu selon les termes de Trump est inacceptable pour l'Ukraine et la Russie, et ne peut donc pas être sérieusement envisagée. Trump n'a donc pas d'autre choix que de se retirer de facto du conflit. Toutefois, ce retrait n'est pas une rupture brutale qui pourrait entraîner un changement rapide de la situation sur le champ de bataille. Trump est mécontent non seulement de Zelensky, mais aussi de la situation actuelle dans son ensemble, y compris de la position de la Russie. Il est probablement frustré de ne pas pouvoir parvenir à un accord avec Poutine, qu'il respecte apparemment. On peut supposer que Trump s'attendait à une plus grande volonté de compromis de la part de la Russie.
Mais Trump ne prend pas en compte le défi existentiel que représente l'Ukraine pour la Russie et n'associe pas cette donnée à ses démarches politiques. Il n'a pas été confronté à des situations similaires et il lui est donc difficile de comprendre pleinement ce qui se passe. Il faudra du temps à Trump pour comprendre la situation en Ukraine.
Si l'on s'éloigne des déclarations, les actions de Trump montrent son retrait réel du conflit. Il est mécontent de tous les participants et semble adopter une position non interventionniste. Cependant, sa rhétorique continue d'inclure des appels à un cessez-le-feu et à des négociations.
La réalité géopolitique est que les États-Unis se retirent progressivement de la guerre. Ce retrait n'a pas encore été pleinement ressenti, grâce aux ressources de l'Union européenne. L'Amérique, suivant sa géopolitique traditionnelle, se concentre sur ses problèmes intérieurs. L'Ukraine n'est pas une priorité pour Trump, mais ayant hérité de ce conflit, il tente de démontrer son influence, ce qui n'est pas très réussi.
L'opposition des mondialistes se poursuit et ils créent des obstacles à la fois pour la Russie et pour Trump en sabotant le monde multipolaire. Il est donc probable que le conflit se poursuive. Poutine, s'adressant aux citoyens russes, met en garde contre l'attente d'une résolution rapide de la situation. L'amélioration des relations avec les États-Unis est possible, mais le marchandage sur les intérêts primordiaux de la mère patrie est inacceptable pour Poutine.
Tatiana Ladiaeva : Alexander de Belgorod, notre auditeur régulier, dit que l'on a l'impression qu'une grave crise est en train de frapper les États-Unis, tant sur le plan financier que sur celui de la réputation, que les hauts dirigeants sont pris de panique et ne savent pas comment continuer à diriger le pays. Trump, en conséquence, tâtonne également, et sa rhétorique pourrait changer. Les Américains pourraient-ils faire quelque chose d'irrémédiablement stupide, demande Alexander. Prenons le temps d'y réfléchir.
Alexander Douguine : Je ne le pense pas. Je pense que Trump est de toute façon déterminé à désamorcer les relations avec la Russie. Il se « retire », il y a un « retrait » : il se retire de cette guerre en Ukraine. Oui, je suis d'accord, il a de vrais problèmes, très sérieux, et ils vont s'intensifier. Les forces anti-Trump se rassemblent et commencent à contre-attaquer. Trump aura des problèmes aux niveaux de l'économie, de la politique, des médias, etc. Mais il est absolument impossible de résoudre ces problèmes par une frappe nucléaire sur la Russie. On ne peut qu'aggraver la situation ou la faire échouer complètement et de manière irréversible. Trump l'a très bien compris, il va donc résoudre ces problèmes difficiles, faire face à ces défis plutôt agressifs et croissants d'une manière différente. Qu'il réussisse ou non, c'est difficile à dire à ce stade. Il commence maintenant, si l'on peut dire, sinon à reculer, du moins à ralentir sa progression.
Tatiana Ladiaeva : Nous avions promis de parler des incendies criminels du garage et des voitures Tesla. En particulier, un garage Tesla a été incendié en France, et sept voitures de cette marque ont brûlé sur le parking d'un showroom en Allemagne. Parlons d'abord de la situation en Europe. S'agit-il d'une protestation contre Trump, contre les Américains en général, ou contre Elon Musk personnellement ?
Alexander Douguine : Je pense qu'en Amérique, il est établi que la plupart des personnes qui vandalisent les installations et les voitures Tesla sont des transgenres, des féministes, des partisans du Parti démocrate. En Russie, ce sont des représentants d'organisations LGBT et des Ukrainiens. En principe, ils ont déjà fusionné leurs forces dans une direction très particulière, où la différence entre un Ukrainien, un nazi, un représentant de la communauté LGBT (interdite dans la Fédération de Russie) ou une personne transgenre est très difficile à saisir, parce qu'il s'agit d'une seule et même masse idéologique. Cette masse, à l'ère postmoderne, attache une grande importance à la guerre des symboles ou guerre sémantique. Ainsi, Musk est un symbole de Trump, Trump est un symbole de MAGA, Tesla est un symbole de Musk lui-même, de son entreprise. S'il était possible de brûler les comptes de X.com (réseau social interdit en Russie, anciennement Twitter), également propriété de Musk, je pense que l'internationale des transgenres ukrainiens le ferait aussi, avec l'argent de Soros. Brûler des comptes... on peut encore rendre folle l'intelligence artificielle.
À propos, on a récemment découvert que l'intelligence artificielle réagit dans certains cas comme un être humain : elle devient folle, elle a des crises mentales si on lui donne des instructions qui sont mutuellement exclusives, comme Bateson a défini la schizophrénie chez l'homme. Les parents qui s'expriment mal ou qui n'ont pas de pensée logique ont souvent des enfants qui souffrent de troubles mentaux parce qu'ils leur donnent des instructions qui s'excluent mutuellement (appelées « double bind »), comme « éloigne-toi de moi ». Si un enfant entend cela depuis son enfance, il devient fou. En principe, l'intelligence artificielle peut également être portée à ébullition de cette manière, comme le montrent de nouvelles recherches. Aujourd'hui, nous savons que X.com a acquis l'intelligence artificielle appartenant à Musk. Je pense donc que rendre l'intelligence artificielle de Musk folle sera également la tâche des transgenres et des Ukrainiens du monde entier, tout comme brûler les garages de Tesla, rayer les voitures avec des clés (ce qu'ils font en Amérique), attaquer les concessionnaires Tesla. Il s'agit d'une guerre symbolique, d'une guerre de symboles. Parce qu'elle est prise très au sérieux, elle poursuit ce qui se déroule sur le champ de bataille. En fait, elle n'est pas aussi inoffensive qu'elle en a l'air. Il s'agit d'une incitation à la haine. Trump, s'exprimant lors d'un rassemblement organisé (où des membres de cette masse ukrainienne-transgenre de Soros sont venus et ont tenté de perturber l'événement et de l'attaquer), a déclaré que, Dieu merci, le nombre de menaces de mort qu'il reçoit a diminué. Selon son équipe de sécurité, il y a habituellement 180.000 menaces de mort physiques par jour, mais maintenant il n'y en a plus que 170.000.
C'est une baisse. Ainsi, incendier les installations d'un concessionnaire de Tesla, endommager physiquement une voiture de marque Tesla, c'est tuer symboliquement Musk. Le meurtre symbolique d'Elon Musk est le meurtre symbolique de Donald Trump. Le meurtre symbolique de Donald Trump signifie le meurtre symbolique de cent millions d'Américains qui ont voté pour lui. Il s'agit donc d'une sorte de génocide symbolique perpétré par des forces politiques qui, en Amérique, n'acceptent pas leur défaite et qui, dans l'Union européenne, conservent des positions de premier ordre. Ce n'est pas si différent de l'envoi d'une aide militaire, y compris de soldats, sur le front ukrainien. C'est la même guerre. Une guerre symbolique, une guerre pour les valeurs mondialistes, une guerre pour permettre le changement de sexe à grande échelle. Et quand on regarde les propagandistes ukrainiens, quand on entend ce que disent les médias libéraux mondialistes en Europe et en Amérique, on voit émerger un degré de haine incroyable. Par rapport à nos médias et aux publications trumpistes, l'intensité est complètement différente. Il y a un groupe terroriste de personnes disposant d'énormes capacités - financières, politiques, organisationnelles -, avec un potentiel incroyablement grand, qui sont engagées dans le terrorisme mondial sur une base quotidienne. Et à l'ère du monde virtuel, ce que vous faites symboliquement peut être plus important que les actions physiques. Vous brûlez une Tesla ou vous la rayez, vous payez pour une tentative d'assassinat et vous applaudissez la tentative d'assassinat de Trump, ou, comme les « fake news » circulent maintenant en ligne, il y aurait eu une tentative d'assassinat de Poutine après que Zelensky ait dit qu'il ne lui restait plus longtemps à vivre. Rien ne s'est passé en réalité, mais peu importe, car les images d'une limousine en feu, filmées n'importe où, même au Cambodge, sans aucun souci de vraisemblance, sont aussi un élément de la guerre en cours. Sur le plan symbolique, des personnalités détestées par les mondialistes sont tuées, abattues. La frontière entre le fait de brûler une Tesla, qui semble ne causer que des dommages matériels à l'adversaire, et le fait d'aller au front, de tuer des Russes, de violer des femmes russes dans la région de Koursk, de maltraiter des enfants et des personnes âgées, de les bombarder, de leur lancer des grenades, est très mince. Nous, les gens un peu vieux jeu, nous pensons que c'est vraiment un crime. Et brûler une voiture, insulter quelqu'un sur les médias sociaux ou participer à un rassemblement contre un opposant politique est pour nous inacceptable mais nous avons affaire aujourd'hui à un niveau d'agression complètement différent. Aujourd'hui, c'est tout le contraire. Une personne qui brûle une Tesla réalise un acte de génocide contre ses opposants politiques et idéologiques. C'est très grave, c'est en fait la préparation d'une guerre civile mondiale, où s'affronteront non pas des peuples, non pas l'Europe et l'Amérique, non pas l'Ukraine et la Russie, mais deux camps au niveau international. Les partisans des valeurs traditionnelles sont bien plus nombreux en Amérique, en Europe, en Russie, et même en Chine et dans le monde islamique que les élites mondialistes d'Amérique ou d'Europe. Dans notre pays, Dieu merci, ces élites mondialistes ont été considérablement réduites. Elles existent, bien sûr, mais elles sont en train de passer massivement du côté du peuple russe, c'est évident, et c'est très bien ainsi. Ce problème n'est pas aussi aigu que dans d'autres sociétés. S'ils agissent, c'est de manière clandestine. Mais en Amérique et en Europe, ils agissent très ouvertement. Ces deux camps en guerre ne relèvent plus d'un affrontement interethnique, mais il s'agit d'une confrontation entre deux pôles de l'humanité, entre groupes transfrontaliers. Certains prônent la fin de l'humanité, le transhumanisme, la transsexualité, la perte de toute forme d'identité collective, et sont les principaux agresseurs.
Ces groupes posthumanistes, qu'il s'agisse de nazis ukrainiens ou de « shifters » de Berlin ou de Paris, appartiennent au même type - l'armée de Soros, l'armée de Rothschild, l'armée des élites mondialistes, toujours très puissante, et ils tuent. La différence entre les menaces reçues par Elon Musk (l'une des 170.000 menaces de violence physique sur les médias sociaux) et l'action réelle est minime. En Russie, nous avons été confrontés à cette situation et nous savons qui est derrière tout cela. Il ne s'agit peut-être pas seulement des nazis ukrainiens, mais aussi d'une armée de robots ou des "fermes de bots" animées par des mondialistes.
Tatiana Ladiaeva : Ils sont probablement utilisés activement pour augmenter le nombre de menaces ou donner l'impression de leur ampleur. Examinons les relations entre les États-Unis et l'Iran, car il semble y avoir une escalade. Récapitulons: la veille, Donald Trump a menacé l'Iran de bombardements sans précédent si les États-Unis et l'Iran ne parvenaient pas à un accord sur le programme nucléaire. En réponse, l'Iran a déclaré qu'il défendrait sa position si les États-Unis tentaient de provoquer une insurrection. Dans quelle mesure la situation pourrait-elle s'aggraver ?
Alexandre Douguine : Une insurrection est une affaire, en règle générale, qui émane des réseaux de Soros, et Trump préfère menacer d'une manière différente - le bombardement direct de toutes les installations stratégiquement importantes, y compris les installations nucléaires. Il s'agit d'une attaque de l'extérieur, soit avec ses propres armes, soit avec celles d'Israël. Et l'Iran répond en disant qu'il possède des armes capables d'endommager gravement les bases militaires américaines dans la région. C'est ainsi que les puissances souveraines devraient parler. Trump dit : nous, l'Amérique, sommes souverains, nous pouvons donc attaquer une autre puissance souveraine. Personne ne peut dire « ne le faites pas » parce que la souveraineté signifie qu'il n'y a personne au-dessus de vous, sauf Dieu. Comme l'a dit Bush, « Dieu m'a envoyé frapper l'Irak » - Dieu m'a dit de frapper l'Irak. Peut-être qu'il l'a fait, peut-être qu'il ne l'a pas fait, et la question de savoir quel Dieu est en cause est tout autre, mais ce n'est pas la question pour l'instant. La souveraineté est un droit. L'Iran répond : essayez, nous sommes prêts à nous battre, nous comprenons ce qu'est notre souveraineté et nous sommes prêts à la défendre. Regardez comment les Houthis résistent. Ils leur disent : arrêtez. Ils répondent: "Nous n'arrêterons pas, et alors ?. Nous nous sommes battus tout au long de notre histoire, et nous (les Houthis, les Yéménites du nord du Yémen) ne pouvons nous marier qu'après avoir tué l'ennemi. Essayez de nous combattre. Vous nous bombardez de missiles sur Sanaa, l'Amérique nous bombarde régulièrement. Et alors ? C'est comme s'ils voulaient nous ôter notre envie de nous battre, la voir disparaitre - au contraire, elle ne fait que croître". Trump mène une politique réaliste, une politique de puissance souveraine. Il a besoin de prouver le MAGA - « Make America Great Again ». Cela ne fonctionne pas pour le cessez-le-feu en Ukraine, cela ne fonctionne pas au Moyen-Orient - oui, cela ne fonctionne même pas avec le Canada. Les politiciens canadiens, même les conservateurs comme Poilievre, un mondialiste de droite qui se borne à prétendre défendre les valeurs traditionnelles, se sont prononcés très fermement contre Trump, ils ne veulent pas devenir le 51ème État des Etats-Unis. Surtout pas Carney, le successeur de Trudeau, un libéral, un pur mondialiste. Trump dit à propos du Groenland: maintenant nous allons l'acheter, le prendre, le conquérir, nous en avons besoin. Nous avons parlé au début de l'émission de l'importance de l'Arctique dans la nouvelle géopolitique de l'avenir. Et là aussi, il y a des manifestations contre ces prétentions américaines. Peut-être Soros les soutient-elles également. En résumé, Trump et son programme MAGA ne sont pas au mieux de leur forme jusqu'à présent. Il est donc nerveux. Il dit : alors je vais frapper l'Iran, maintenant je vais imposer des tarifs douaniers à la Russie, à la Chine. Franchement, j'aimerais voir Trump poursuivre sa politique et, lorsqu'il est confronté à la réalité, chercher des moyens réalistes de rendre à l'Amérique sa grandeur. Nous devons classer les risques, les menaces, pour voir qui est un ami et qui est un ennemi dans cette situation. Les États-Unis ne peuvent pas gérer seuls leur programme MAGA, ils ont besoin d'alliés, ils ont besoin d'une politique plus grande envergure. Trump a bien défini ses objectifs, mais il ne sait manifestement pas encore comment les réaliser. Il s'agit d'une méthode d'essai et d'erreur : une fois la force, une autre fois la douceur, cela n'a pas fonctionné - il a reculé. Mais ce jeu est dangereux. En trois mois, l'Amérique a parcouru un long chemin depuis l'effondrement dans lequel les précédents dirigeants, les démocrates libéraux, l'avaient plongée. Beaucoup a été fait, mais l'architecture du nouvel ordre mondial, l'ordre des grandes puissances, commence seulement à se construire. Cela demande de l'art, de la profondeur, de la connaissance, de la philosophie, de la connaissance des civilisations. L'approche de Trump est plus simple, et le monde est plus complexe. S'il suit ses objectifs, se familiarise avec cette complexité, commence à la prendre en compte, il mûrira. Poutine n'est pas non plus devenu tout de suite un politicien habile. Depuis 25 ans, il étudie le monde, commet des erreurs et les corrige. Faire confiance à l'Occident est une erreur colossale.
Tatiana Ladiaeva : Une erreur déjà bien connue, qu'il admet.
Alexandre Douguine : Oui, il le reconnaît. Cela fait 25 ans qu'il dirige une grande puissance, qu'il la sort du désastre dans lequel les libéraux l'avaient plongée dans les années 90. Dix ans de destruction et 25 ans de tentatives de reconstruction. On ne peut pas casser les choses puis les reconstruire. Nous avons tout cassé dans les années 90 et nous n'arrivons toujours pas à réparer les dégâts. Et Trump n'est en poste que depuis trois mois, et le degré de destruction est probablement encore plus grand que ce que nous avions, nous. Nous devrions être calmes à ce sujet, mais personne ne devrait abandonner sa souveraineté. Ce qui est grand est grand. Rendons à l'Iran sa grandeur, rendons au Yémen sa grandeur. Que tous ceux qui le peuvent deviennent grands. Certains soutiendront ce projet, d'autres s'y opposeront.
Tatiana Ladiaeva : L'essentiel est que Trump ne prenne pas le droit d'auteur sur la phrase « Make the state great again ». Mais tout le monde n'en a pas besoin, quelqu'un s'acquitte de cette tâche aujourd'hui en l'état. Prenons l'exemple de l'arrestation de la présidente de la région de Gagaouzie en Moldavie, Eugenia Gutsul. Les hommes politiques qui sont aujourd'hui au pouvoir disent qu'il y a un espoir que la voix de la Russie soit entendue sur la scène mondiale, en particulier à l'OSCE et à l'ONU. Franchement, je ne partage pas cet espoir, car, comme le montre la pratique, même si les Nations unies disent qu'on ne peut pas agir ainsi, qu'il s'agit d'une décision motivée par des considérations politiques, cela ne changera rien.
Alexandre Douguine : La Moldavie sous Maïa Sandu est sous le contrôle externe des cercles mondialistes. Ils ne prêtent pas attention au droit international et font ce qu'ils veulent. S'ils ordonnent ou soutiennent l'arrestation d'une personnalité politique, nous ne pouvons qu'espérer pour nous-mêmes. Nous devons prendre le destin de la Gagaouzie en main, car aujourd'hui, seule la force décide. Le droit a été relégué à l'arrière-plan. Nous vivons une période de transition où l'on passe d'un ordre mondial à un autre, soit à l'ordre des grandes puissances, et, en un tel moment, le droit ne fonctionne pas, il est temporairement gelé. Il ne peut fonctionner que dans les États véritablement souverains - il fonctionne en Russie, il fonctionne en Chine. Mais là où la souveraineté est relative ou inexistante, il n'y a aucun espoir pour le droit.
Soros a corrompu le système judiciaire à l'échelle mondiale. En Amérique, on parle de juges activistes - des juges corrompus et idéologiquement engagés. Vous ne pouvez pas compter sur les juges en Moldavie ou en Europe. Dans les régimes dits libéraux-démocratiques, le système judiciaire est corrompu - c'est l'armature même d'une dictature. Nous ne devons compter que sur nos propres forces. La Russie peut aider moralement le peuple gagaouze, le soutenir comme nous soutenons la Transnistrie, mais le destin des Gagaouzes est entre leurs mains. S'ils permettent l'arrestation de leur leader, cela signifie qu'il ne lutte pas correctement pour leur liberté. Nous ne pouvons pas forcer la Moldavie à libérer cette femme courageuse et honnête. Gutsul est une victime de la lutte pour la liberté, une victime de la lutte pour la souveraineté.
16:13 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre douguine, russie, arctique, moldavie, donald trump, états-unis, elon musk, tesla, europe, affaires européennes, politique internationale | |
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