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samedi, 14 janvier 2023

Indro Montanelli dans le Japon de l'après-guerre: un voyage dans l'empire du bonsaï

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Indro Montanelli dans le Japon de l'après-guerre: un voyage dans l'empire du bonsaï

par Riccardo Rosati

Source: https://www.barbadillo.it/67460-cultura-montanelli-in-giappone-nel-dopoguerra-il-viaggio-nellimpero-bonsai/?fbclid=IwAR2OzGavIftIIDa-iP64GaiucXXpsiu0vPnONwQ0dVEpr8IuRQroxr3SK5g

Les articles rassemblés dans ce volume sont d'abord parus dans le Corriere della Sera entre novembre 1951 et mars 1952, période durant laquelle Indro Montanelli (1909 - 2001) a séjourné au Japon pour observer de près son évolution après sa défaite lors de la Seconde Guerre mondiale. Les conditions, donc, d'une nation militairement occupée et vétéran des six années de la "Régence MacArthur", avec le généralissime américain qui, dans la gestion pratiquement plénipotentiaire de l'Archipel, évitait rarement de révéler son peu d'estime pour les sujets de l'Empire du Soleil Levant. En fait, Montanelli ne l'ignore pas et rapporte clairement comment le manteau outrancier imposé par Douglas MacArthur a pratiquement cessé d'exister lorsqu'il a été remplacé au poste de SCAP (Commandant suprême des puissances alliées) par le général Matthew Ridgway, un homme doux qui n'était pas prisonnier de l'auto-idolâtrie qui allait plus tard nuire à la carrière de son collègue. Page après page, le meilleur journaliste italien de tous les temps - ainsi que ce Mussolini qui fascinait le jeune Montanelli lui-même - saisit d'un œil vif certains aspects essentiels d'un peuple qui vit pour la première fois la démocratie et se dirige vers cette extraordinaire expansion économique qui menacera bientôt la suprématie des économies occidentales.

Journalisme, voilà le mot clé qui connote le livre, comme l'explique bien Vittorio Zucconi dans la préface : "[...] parce que le secret de cette forme de journalisme n'est pas la connaissance, au contraire c'est l'ignorance du sujet". Zucconi ne jouit pas du tout de notre estime, et pourtant, en présentant ces écrits de Montanelli, il offre des réflexions d'une qualité absolue; peut-être est-ce dû au fait que lui aussi a été correspondant au Japon, mais dans les années 80, donc dans un pays aujourd'hui totalement capitaliste et en partie étranger à sa propre tradition, en raison de la forte américanisation. En effet, les mots de Zucconi font penser à ceux d'Italo Calvino, qui, avec sa Collection de sable (1984), a réussi à atteindre l'un des plus hauts sommets de la narration du Japon moderne. Comme pour Zucconi, l'ignorance est une valeur paradoxale chez l'écrivain ligure: "Nouvellement arrivé dans le pays, je suis encore au stade où tout ce que je vois a une valeur, précisément parce que je ne sais pas quelle valeur lui donner".

400619-MontanelliLIMPERO300dpi-269x431.jpgLe livre de Montanelli

Certes, Calvino est l'un des auteurs les plus importants du 20ème siècle, tandis que Montanelli et Zucconi, avec tout le respect que je leur dois, sont des journalistes et non des intellectuels. Néanmoins, dans L'Empire Bonsaï, on rencontre plusieurs passages vraiment surprenants par leur compréhension de la culture japonaise, à tel point que dans certains cas, nous nous sommes dit que, finalement, Montanelli avait "tout compris" ou presque ; comme lorsqu'il cristallise en quelques mots un élément très complexe, lié à cette composition raffinée, toute japonaise, d'une esthétique faite de cruauté: "On n'éduque pas et on n'éduque pas sans une bonne dose de méchanceté, d'intransigeance impitoyable. Je n'ai jamais vu un peuple aussi grossier et cruel'. De plus, s'il comprend avec une profondeur suffisante l'élégance de l'âme de cette nation, il ne manque pas non plus de saisir la rudesse des occupants, de cette Amérique dont Montanelli, bien que converti de longue date à l'antifascisme, ne pouvait vraiment apprécier aucune des valeurs: "Mais tout cela est-il vraiment une nouveauté, la nouveauté démocratique révolutionnaire que les Américains pensent avoir introduite ?".

Pour en revenir à Zucconi, ce dernier avoue éprouver une "admiration réticente" pour les écrits du chroniqueur le plus emblématique et le plus talentueux, qui dresse un portrait du Japon à travers une écriture qui n'est peut-être pas belle, mais est néanmoins "chaleureuse" et participative. Ce reportage sous forme d'articles journalistiques nous permet même de découvrir un très rare Montanelli 'affectueux' quand, par exemple, il parle de Shigeru Yoshida (1868 - 1977): Premier ministre japonais (1946 - 1947 et 1948 -1954), ainsi qu'un amoureux de l'Italie, et de Naples en particulier.

Le Japon envahi mais sobre et digne

L'Empire Bonsaï se dresse comme le précieux témoignage d'un pays envahi, victime d'une humiliation, que le peuple japonais affronte pourtant avec sobriété et dignité. Montanelli ne cache pas qu'il considère le "fascisme japonais" (une définition à l'égard de laquelle nous avons ponctuellement de forts doutes) comme une grave erreur. Quoi qu'il en soit, son esprit d'anarchiste structuré, donc avec un penchant parfois réactionnaire, émerge avec surabondance dans sa défense de Tomoyuki Yamashita (1885 - 1946), également connu sous le nom de "Tigre de Malaisie", en raison des atrocités commises par ses soldats à Manille, pendu comme criminel de guerre, ou du moins, c'était la version des événements propagée par les "alliés". Montanelli pense le contraire, et cela se voit lorsqu'il rapporte la dissidence de la presse, même la presse américaine, pour l'exécution de ce brave et noble officier, qui est entré dans l'histoire pour son incroyable capture de la "forteresse" britannique de Singapour: "Immédiatement après la lecture du verdict, mon collègue Pat Robinson de l'International News Service a mis au vote et publié, [...], la réponse des douze correspondants américains, britanniques et australiens qui, après avoir suivi le procès de la première à la dernière séance, se sont prononcés à l'unanimité contre la légalité de la sentence: je le dis avec une certaine fierté de journaliste".

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La figure de l'Empereur

Nous avons dit plus haut que nous n'avons pas affaire à un intellectuel. Par conséquent, de nombreuses nuances de la société de l'Archipel sont difficiles à saisir pour lui. Tout d'abord, celles concernant la figure la plus complexe de la culture japonaise, à savoir son souverain (天皇, Tennō). Montanelli ne parvient pas à en saisir l'essence, la raison pour laquelle un simple être humain peut devenir le symbole de toute une nation, comme ce qu'est le drapeau pour nous, Occidentaux. Ce qui ne lui échappe pas, en revanche, c'est la condition humiliante de l'empereur après la guerre: "[...] aujourd'hui le cent vingt-quatrième héritier d'une dynastie qui a duré sans interruption pendant deux mille six cent quatorze ans vit comme un père de famille de la classe moyenne, sans faste ni suite". On peut donc penser, en lisant sa chronique dans un pays si éloigné géographiquement et aussi autrement, que lorsque Montanelli ne parvient pas à comprendre, et cela arrive assez souvent, il ne perd jamais le respect, et même en cela, il nous rappelle l'égarement que Calvino a également ressenti au Japon : "Ainsi le temple Manju-in, qu'un incompétent comme moi jurerait être zen et pourtant il ne l'est pas [...]".

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Italo Calvino

 

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Montanelli et Calvino au Japon

En conclusion, le Japon s'avère souvent capable de faire ressortir le meilleur de nous-mêmes. L'explication donnée par Montanelli est la suivante: c'est parce que c'est un "pays sérieux" ! La collection d'articles en question est une sorte d'album de la réalité japonaise, avec des "instantanés" tirés de l'esprit d'un homme qui était capable d'expliquer et parfois même de raconter. Sa vision du Japon n'est pas élaborée, mais elle est si vraie, si puissamment authentique dans sa naïveté, comme le dit encore Zucconi à juste titre : "[...] parce qu'un journaliste n'est jamais un professeur, même s'il veut s'appeler ainsi, mais, en fait, il reste toujours et seulement un étudiant sur le point de se faire recaler". Montanelli et sa plume maussade nous manquent beaucoup. La lecture de ce texte, comme nous l'avons souligné, nous a rappelé le voyage de Calvino vers le Soleil Levant. D'un côté, un grand journaliste, de l'autre, l'un des plus grands écrivains des temps modernes, tous deux partageant cette "humilité" qui a fait la grandeur de l'odeporica (la "littérature de voyage") des Italiens au fil des siècles. Eux, les Japonais, sont ce qu'ils sont, des gens sérieux; nous, de notre côté, sommes ce que nous sommes, ou du moins nous l'étions il y a encore quelque temps, le Peuple le plus intelligent de la planète, au point qu'un "simple" journaliste se révèle capable d'exprimer des concepts sur le Japon bien plus profonds et exacts que ceux de tant d'universitaires de l'école anglo-saxonne en vogue depuis des décennies: "A moins que ce ne soit là mon erreur; de vouloir trouver une logique et donner une explication à ce que font les Japonais. Ce qui est aussi, à bien y réfléchir, une explication; et peut-être la seule qui compte".

Notes:

* L'impero bonsai Cronaca di un viaggio in Giappone 1951 - 1952 par Indro Montanelli (Rizzoli, Milan, 2007)

** Merci à notre collègue orientaliste Annarita Mavelli, qui a aimablement attiré notre attention sur le texte de Montanelli.

Riccardo Rosati

Riccardo Rosati sur Barbadillo.it

samedi, 10 septembre 2022

Le voyage comme symbole de la vie

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Le voyage comme symbole de la vie

Les carnets de voyage de Giovanni Sessa, "Azurs lointains -la tradition en chemins, trente ans de l'Irlande au Karakorum", sont sortis de presse.

SOURCE : https://www.barbadillo.it/105972-viaggi-patrie-sessa-il-viaggio-e-il-simbolo-della-vita/

Entretien - Propos recueillis par Domenico Pistilli

Cop.-SESSA-LE-BON-OK.jpg"Le voyage ? C'est un symbole de vie" : c'est ainsi que Giovanni Sessa, écrivain et secrétaire de la Fondation Evola, ancien maître de conférences en histoire des idées et ancien professeur de philosophie et d'histoire dans les lycées, résume ce que représente pour lui le fait de prendre la route. C'est ce qu'il fait à la fin d'une vaste conversation sur son dernier livre, Azzurre lontananze - Tradizione on the road (Iduna Edizioni), où l'exploration prend les traits d'une protestation ferme et radicale contre le système, sur la trajectoire d'une recherche intense de l'origine, à pied, à vélo, en bus ou en auto-stop, parmi les glaciers, les montagnes qui touchent le ciel, les références littéraires et culturelles, et bien plus encore...

Professeur, Azzurre lontananze - Tradition on the road rassemble des carnets de voyage écrits il y a environ trente ans en Irlande, au Népal, en Islande, au Pakistan et en Mongolie. Pourquoi et sous quels angles avez-vous décidé de les réunir dans un livre ?

"Tout d'abord, merci à vous et à Barbadillo pour l'interview. J'ai décidé de faire un livre de mes carnets de voyage, d'abord pour témoigner de l'existence d'un groupe important de jeunes, appartenant à la génération qui a vécu sa jeunesse dans les années 1970, qui se sont formés à d'autres auteurs que ceux que suggérait l'"intellectuellement correct". En particulier, mon appartenance, déjà à l'époque, à la mouvance non-conformiste, m'a conduit à être un lecteur, peut-être trop naïf (la naïveté est cependant révélatrice de la sincérité), mais certainement assidu, des penseurs de la Tradition : Evola, surtout, mais aussi Guénon et Coomaraswamy. La publication de mes journaux intimes vise à montrer qu'une telle culture de référence permet de lire le monde, l'art et les paysages que l'on rencontre en voyageant, avec un regard absolument différent de celui induit par le sens commun contemporain, centré sur les pseudo-valeurs de l'économisme consumériste. Le monde et la nature deviennent, dans l'exégèse traditionnelle, des symboles renvoyant à celui qui, dans ma perspective, ne vit qu'en eux".

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Des falaises d'Irlande aux steppes de Mongolie, en passant par les glaciers d'Islande, ou les temples du Népal et les montagnes du Pakistan, au milieu des traditions et des spécificités culturelles, quel est votre souvenir le plus marquant des pays que vous avez visités ?

"Les destinations de mes voyages n'ont jamais été suggérées par des choix aléatoires. Cela n'arrive qu'au touriste, pas au voyageur au sens propre du terme. Pour le premier, une destination en vaut une autre, il est, comme l'a noté Roberto Calasso, la variable moderne et post-moderne de l'ancien cosmopolite. Produit anthropologique des sociétés occidentales et opulentes (du moins jusqu'à il y a quelques décennies, elles l'étaient), il ignore que le voyage, en plus d'être un déplacement des hommes dans l'espace, implique également un déplacement temporel. Le voyage dans le temps est induit par la rencontre avec d'autres civilisations que la nôtre qui, dans certains cas, nous permet de rencontrer des traditions et des coutumes expulsées par la modernité de la scène historique européenne, mais encore présentes chez certains des peuples que j'ai rencontrés (Mongolie, Népal, Pakistan) ou résidant chez certains peuples européens (Irlande, Islande). Ce que je retiens le plus de mes voyages, c'est la spécificité, culturelle et spirituelle, des pays que j'ai visités. Elle est évidente, non seulement à partir des œuvres d'art, des monuments et des villes : elle est présente dans les manières de faire, de se rapporter aux autres, de la part de ces populations. Elle est même détectable dans les regards de ces hommes, car les yeux sont vraiment le miroir de l'âme".

Népal, Pakistan, Mongolie. Quelle curiosité vous a conduit vers ces ambiances asiatiques ? Avec quels résultats ?

Vers ces pays asiatiques, j'ai été poussé par ce qui, en tant qu'Européens, nous unit à eux : notre origine indo-européenne. Elle est décelable dans l'architecture des villes traditionnelles (au Pakistan Rawalpindi, au Népal dans les trois capitales de la vallée de Katmandou, en Mongolie à Karakorum), dans la structure des habitations orientées selon des critères de géographie sacrée autour de l'axis mundi, dans l'art et la littérature, dans les temples et les rituels qui s'y déroulent. Ces résultats positifs ont été suivis d'une certaine déception : les processus de mondialisation sont en train de changer ces peuples. Dans un gher (tente) de bergers nomades, dans la steppe mongole, où j'ai été accueilli selon les coutumes traditionnelles, ils regardaient la télévision : ils diffusaient un épisode du drame italien "La Piovra", sous-titré en mongol. Cela veut dire quelque chose ! L'uniformisation des cultures au modèle occidental de la "société du spectacle" progresse à grande vitesse. Son succès est dévastateur..."

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Qu'en est-il de l'Irlande et de l'Islande ? Quelle était la boussole qui a orienté vos pas lors de vos voyages dans ces territoires ?

"Mes voyages en Irlande et en Islande étaient également motivés par une recherche d'origine spirituelle, je suis parti sur la piste de la culture celtique et nordique. Sur les routes des deux îles, je me suis déplacé principalement à pied ou à vélo. En Irlande, j'ai découvert, dans le paysage des îles d'Aran, la quintessence de l'île d'émeraude, où le bleu du ciel se confond, dans un horizon sans fin, avec le vert intense des prairies.

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À Dublin, j'ai suivi, accompagné du petit-fils de James Joyce, le parcours d'Ulysse, découvrant la beauté, non facile et immédiate, de cette ville. En Islande, je me suis promené sur les sentiers, entre les glaciers et les volcans, immergé dans une nature intacte. De nombreux Islandais sont convaincus, sur la base du mythe nordique, de l'existence du "peuple invisible" dans les landes les plus reculées de ce pays, tout comme plusieurs Irlandais rendent hommage aux "cercles de fées" dans la campagne. La culture originelle de l'Europe palpite encore dans ces deux pays".

Entre la région himalayenne de Langtang au Népal, le Karakoram au Pakistan et les monts Altaj en Mongolie, votre livre témoigne d'une profonde sensibilité pour les sommets et la vie en haute altitude. Est-il plus facile de se connaître soi-même quand on va à la montagne ?

La plupart de mes voyages se sont déroulés dans les montagnes. J'ai voyagé en marchant. Evola a fait de l'alpinisme une voie de réalisation, car la montagne est traditionnellement un symbole axial, axis mundi, indiquant la possibilité de s'élever de la condition chthonique à la condition ouranique.

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C'est une voie, celle de l'alpinisme, dont les difficultés représentent, pour ceux qui la pratiquent, une véritable "descente aux enfers" suivie d'un savoir inhabituel. Dans les trois pays que vous avez mentionnés, j'ai souvent grimpé à plus de 5000 mètres, les moments de difficulté physique et psychologique étaient nombreux et intenses. Pourtant, dans ma formation, ils étaient fondamentaux. La pratique de la randonnée et de l'alpinisme est essentielle, dans le monde contemporain, non seulement, comme le disait Messer, pour "rechercher les frontières inexistantes de notre âme", mais aussi pour comprendre l'unité qui anime la vie".

Un conseil pour ceux qui sont sur le point de se lancer dans un voyage ? Avec quel genre d'attitude faut-il l'aborder ?

Le vrai voyage se fait, avec Xavier de Maistre, "autour de sa chambre". Ce sont vos idées, ce que vous êtes vraiment au fond de vous, qui déterminent le choix de votre destination. Ce que je veux dire, c'est qu'un voyageur doit avoir les livres nécessaires dans son sac à dos pour prendre ses décisions de manière autonome et que le "vrai voyage" est, en quelque sorte, déjà accompli avant le départ.  Par conséquent, un néophyte doit éviter d'être attiré par les destinations faciles, les "hit and run", proposées par l'industrie touristique".

Quel itinéraire d'auteurs et de lectures suggéreriez-vous pour rétablir un lien authentique avec la dimension du voyage et son sens le plus vrai ? 

Nomad_In_the_Footsteps_of_Bruce_Chatwin_poster.jpgEn plus des penseurs de la Tradition déjà mentionnés, je suggérerais de lire Bruce Chatwin qui a pleinement saisi le sens du nomadisme traditionnel et qui, pour cette raison, a toujours voyagé à pied. Dans ce sens, des suggestions importantes peuvent également être tirées de Thoreau et de son livre Walking. Dans ce texte, l'écrivain américain explique à ses contemporains la valeur métaphysique et cognitive de la marche, bien connue en Europe dans la tradition de l'Hésychasme et de la "prière du cœur". Je suggérerais également la lecture de Jack Kerouac, en particulier son The Wanderers of Dharma, à condition que la dimension purement négative de ce texte, sa critique de la société capitaliste, qui était caractéristique du mouvement hippie, soit suivie d'une adhésion au monde de la "Tradition" fondée sur des valeurs.

Entre autres, le livre présente en annexe la première traduction italienne de quatre chapitres du Voyage au Népal de Gustave Le Bon, publié pour la première fois en 1886 dans le volume Le Tour du monde...

Oui, j'ai traduit ces quatre chapitres du livre de Le Bon car je pense qu'ils constituent une excellente introduction à la connaissance de la culture népalaise.

Quel est l'héritage des expériences contenues dans le livre ?

J'espère que ce livre incitera d'autres personnes à se lancer dans un voyage et, surtout, à lire ou à s'engager avec les auteurs dont je parle dans ses pages.

Quels autres lieux et environnements avez-vous explorés à la suite de vos voyages dans le livre ? Y en a-t-il un en particulier que vous aimeriez visiter?

Un voyage important qui n'apparaît pas dans le livre, en dehors de ceux effectués en Europe, est certainement celui au Ladakh. Le Ladakh est l'État le plus septentrional de l'Inde. Je suis arrivé dans sa capitale Leh, venant du Cachemire, plus précisément de Srinagar, la Venise de l'Orient, en suivant l'itinéraire tracé par le grand orientaliste Giuseppe Tucci lors de son voyage.

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À Leh, après l'occupation chinoise du Tibet, les moines tibétains qui ont réussi à échapper au régime communiste ont trouvé refuge. Parmi les destinations non encore atteintes, bien qu'ayant été en Grèce, figure la Crète. L'île était, selon le mythe, le lieu de naissance de Zeus et de Dionysos: la Crète est donc le "nombril du monde" de la civilisation hellénique.

En conclusion, quelle signification symbolique et spirituelle le "voyage" revêt-il pour vous ?

Le voyage est un symbole de la vie. Elle naît, comme le savaient les néo-platoniciens, de la tension nostalgique qui accompagne notre ex-êtres, notre "être hors" de l'origine, tout comme ce fut le cas pour Ulysse qui, après de terribles pérégrinations, retourna à Ithaque. Vivre, c'est voyager. C'est pourquoi il est nécessaire de le faire au mieux de ses capacités et non pas simplement, comme l'a fait remarquer Marguerite Yourcenar, pourtant avec acuité, parce que la condition des hommes est semblable à celle des condamnés incités, par cet état, à faire le tour de la prison dans laquelle ils sont logés. Non, le voyage permet de s'émerveiller de la beauté que l'on rencontre en vertu de l'animation de tout ce qui est'.

Domenico Pistilli

Azzurre lontananze - Tradizione on the road, par Giovanni Sessa, Gustave Le Bon, Iduna Edizioni, pp. 226, euro 20.00 ( https://www.idunaeditrice.it/autore-nome-cognome/giovanni-sessa/ )

 

22:18 Publié dans Entretiens, Livre, Livre, Voyage | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : voyage, giovanni sessa, entretien, livre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 02 octobre 2018

Il viaggio atlantico dell’impubblicabile Jünger

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Il viaggio atlantico dell’impubblicabile Jünger

Andrea Scarabelli

Ex: http://blog.ilgiornale.it/scarabelli

Londra, 1947. A due anni dalla fine del conflitto mondiale viene pubblicato un singolare volumetto, in una collana destinata ai prigionieri di guerra tedeschi detenuti in Inghilterra. È Ernst Jünger l’autore di Atlantische Fahrt, appena uscito con il titolo Traversata atlantica per Guanda, nella traduzione di Alessandra Iadicicco e con una curatela finalmente degna di questo nome. Oltre al testo, infatti, il volume contiene un ricco apparato epistolare, appendici biobibliografiche, una gran mole di note e una recensione di Erhart Kästner del 1948. Ricostruita attraverso questi ricchi apparati, la storia editoriale di Atlantische Fahrt ha del comico. Il primo libro pubblicato da Jünger nel dopoguerra, infatti, non uscì in Germania, complice il repulisti democratico che mise al bando lui e altri numi della filosofia novecentesca, tra cui Martin Heidegger e Carl Schmitt. La piazza pulita culturale e antropologica della nuova Germania finì per colpire anche lui, abbandonato a se stesso, impossibilitato a scrivere e pubblicare eppure stampato e ristampato all’estero (soprattutto in Svizzera, in quegli anni), nonostante una lunga cordata d’intellettuali fosse intervenuta a suo favore. Il veto durerà fino al 1949. Fino ad allora, nulla da fare. «Bisogna essere prigionieri tedeschi per poter leggere un certo autore proibito in Germania?» noterà amaramente lo scrittore Stefan Andres, recensendolo nel 1949.

ej-tratl.jpgAlla fine degli anni Quaranta, insomma, il futuro premio Goethe è in catene: ma Jünger, il reietto, si metamorfosa, cambia pelle, assumendosi il compito di fari aristocratico del dolore, come dirà pochissimi anni più tardi. È la carne degli sconfitti a reclamare attenzione in queste luminose pagine, che la sapienza europea non potrà a lungo ignorare. Un grido che di certo risulterà sgradito a certe anime belle, ma che fa delle sue parole uno dei canti più intensi del secolo XX.

Il libro, ad ogni modo, esce nel ’47, ma è il resoconto di un viaggio compiuto undici anni prima in Brasile: da Amburgo a Belém, Recife, San Paolo, Rio de Janeiro e Bahia. Con uno scalo preliminare alle Azzorre, occasione ideale per fare il punto sulla situazione della Germania, che si è appena lasciato alle spalle: «Il loro arcipelago mi è parso un simbolo della nostra situazione: come una catena di vulcani che, sull’estremo confine dell’Europa, si leva in mezzo a infinite solitudini». Decide di prendersi una pausa da una civiltà di cui comincia a intravvedere le ombre, cambiando emisfero, sotto un sole e costellazioni differenti. Un viaggio che segnerà una svolta profonda nella sua visione del mondo, spostando l’asse dalla situazione della Germania a quella mondiale, nella sua totalità, come nota Detlev Schöttker nel suo saggio in conclusione del libro. Ma Jünger ancora non lo sa, e nel Nuovo Mondo, nella sua sovrabbondanza proteiforme, cerca le immagini, i fenomeni originari di cui ha parlato Goethe nei suoi scritti sulla metamorfosi delle piante. Ognuna di queste immagini risveglia antiche reminiscenze, rendendo ogni uomo artista e artefice. L’Atlantico come specchio, nel quale il poeta delle Tempeste d’Acciaio si riconosce, ritrovandosi. Qui ogni scoperta è una (auto)rivelazione, un ritorno a casa. Lo intuisce scorgendo un pesce dalla forma bizzarra, sconosciuto alle classificazioni occidentali. Qualcosa di sopito si risveglia in lui:

«Alla vista di simili creature favolose, ciò che colpisce è soprattutto l’accordo tra apparizione e immaginazione. Non le percepiamo come se le scoprissimo, ma come se le inventassimo. Ci sorprendono e al tempo stesso le sentiamo intimamente familiari, come fossero parti di noi stessi che si realizzano in immagini. A volte, in certi sogni e, molto verosimilmente, nell’ora della morte, questa immaginazione acquista in noi una forza straordinaria. I miti nascono dove realtà superiori e supreme si accordano con la forza dell’immaginazione».

Ma il Sudamerica non è solo natura incontaminata. Tra i dedali vegetali e gli umbratili argini di fiumi senza fine svettano imponenti megalopoli ancora sconosciute agli europei di quegli anni. È proprio al cospetto di questi vertiginosi agglomerati che avviene la rivoluzione copernicana dello scrittore: la tecnica, vista all’opera nella Prima guerra mondiale e poi nelle industrie, è diventata un fenomeno planetario. Gli accoliti del Lavoratore hanno invaso il globo, trasfigurandolo, ridisegnandone le frontiere. Rio de Janeiro lo sgomenta: «La città esercita su di me un’impressione possente. È una residenza dello spirito del mondo». E proprio in queste pagine compare il nome di Oswald Spengler, che ne Il tramonto dell’Occidente aveva indicato nelle metropoli, inorganiche e amorfe, uno dei sintomi delle fasi terminali di una civiltà. Profezie amare quanto attuali, anche a distanza di un secolo dalla pubblicazione del monumentale trattato di morfologia delle civiltà.

Eppure, come scrisse Hölderlin, dove cresce il pericolo nasce anche ciò che salva, e, nel corso di questo viaggio al termine dell’Occidente, a far da buen retiro, da contrappeso alla sfrenata tecnicizzazione planetaria è ancora una volta la natura selvaggia e illibata. Lo testimonia una lettera a suo fratello Friedrich Georg, scritta il 20 novembre 1936 a Santos: «Da queste parti c’è un proverbio che mi piace tanto; dice: Il bosco è grande, e significa che chiunque si trovi in difficoltà o sia vittima di persecuzioni può sempre sperare di trovare rifugio e accoglienza in questo elemento». Probabilmente la pensano così anche alcuni dei suoi compagni di viaggio, i quali, giunti in Brasile, decidono di scendere dalla nave, non tornando in Germania. Cosa che lui invece farà, vivendo la tragedia europea sino al suo ultimo atto ma portando con sé questa immagine del bosco, sviluppata pochi anni dopo ne Il trattato del ribelle. Nel bosco vedrà l’autentica patria spirituale dell’uomo, contrapposta alla nave, dominio della velocità e del progresso, e il ribelle sarà colui che passa al bosco, dandosi alla macchia – scendendo dalla nave, appunto.

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Di questo, però, non c’è ancora traccia nella sua biografia. Per ora non vi è che mare aperto e isole, l’immensità dell’Atlantico e il riparo di atolli e arcipelaghi, a ribadire quella dualità irriducibile che costituisce la quintessenza letteraria – ma non solo – di Ernst Jünger. L’oceano, nella cui malia «il nostro essere fluisce e si dissolve; tutto ciò che in noi è ritmico si ravviva, risonanze, battiti, melodie, il canto originario della vita che va cullandosi nei tempi. Il suo incantesimo ci fa tornare indietro svuotati, eppure felici come dopo una notte trascorsa danzando». Le isole, invece, che custodiscono la promessa di una gioia «più profonda della quiete, della pace in questo elemento tempestoso mosso fin dai fondali. Anche le stelle sono isole nel mare della luce dell’etere».

Le isole, il mare… Si è fatto tardi. Il nostro viaggiatore annota queste parole mentre torna nella sua Europa, martellata dall’urgenza della storia, squassata da venti che ben presto riveleranno la loro forma mostruosa e titanica. Le ultime parole del diario brasiliano sono datate 15 dicembre 1936:

«Mi sento soddisfatto del viaggio. Eolo e tutti gli altri dèi sono stati propizi. Ancora più intenso appare il piacere che vi ho provato rispetto ai tempi minacciosi che si annunciano in maniera sempre più evidente, le cui fiamme anzi già guizzano all’orizzonte».

Quelle fiamme che finiranno per incendiare una civiltà intera, una civiltà di cui Jünger sceglierà di farsi testimone, pagando in prima persona, come tanti altri, la propria inattualità.

dimanche, 27 octobre 2013

Aux frontières de l’Europe de Paolo Rumiz

 

 

 

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Aux frontières de l’Europe de Paolo Rumiz

Ex: http://fahrenheit451.hautetfort.com

 

poster_178913.jpgPour écrire ce livre, Paolo Rumiz a entrepris un périple original de 33 jours sur plus de 6000 km, à travers 10 pays, en bus, en train, en auto-stop, à pied, simplement muni d’un sac à dos de 6 kilos contenant le strict minimum : de quoi se vêtir et de quoi écrire. Pourquoi alors traverser l’Europe à la verticale, depuis le cap Nord en Norvège jusqu’à Odessa en Ukraine ? Né en 1947 à Trieste, ville carrefour, à cheval entre l’occident et l’orient, aux premières loges des bouleversements géopolitiques des confins de l’Europe, Paolo Rumiz est parti à la recherche de la frontière, cette ligne d'ombre que l’on franchit avec le sentiment de l'interdit,  mais aussi à la poursuite de l’âme slave, cette chimère disséminée toujours plus à l’Est.

C’est donc un voyage intéressant qui nous conduit dans ces terres oubliées du tourisme, aux noms exotiques disparus dans le grand chambardement géopolitique du siècle dernier, voire bien avant (Botnie, Livonie, Latgale, Polésie, Carélie, Courlande, Mazurie, Volhynie, Ruthénie, Podolie, Bucovine, Bessarabie, Dobrogée). Tous ces noms à la magie incertaine sont de formidables lieux de rencontres diverses et marquantes qui dessinent par petites touches, par micro récits du quotidien ou du passé, une autre Europe. Voici, les Samis, les  derniers pasteurs de rennes dans la péninsule de Kola, le jeune Alexandre, un orphelin au grand coeur qui rentre chez lui après 2 ans de prison, les pélerins ou les moines des  îles Solovki et encore tant d’autres.

Il y a dans l’écriture de Paolo Rumiz beaucoup de tendresse et de mélancolie par rapport à ces endroits qu’il traverse et ces personnages qu’il rencontre. On sent qu’il a un amour profond pour cette région du monde, pour le style de vie des personnes qu’il rencontre et pour ce qu’il appelle l'âme slave. Il a envie de montrer à quel point cette âme slave est partie intégrante de l’Europe alors même que cette dernière ne cesse de prendre ses distances avec elle et de la maintenir plus ou moins à l’écart, à sa périphérie. Mais qu’est-ce que cette âme slave au juste ? Difficile à dire exactement. Et c’est peut-être là où le bât blesse avec le livre de Paolo Rumiz.

Ce voyage à la marge de l’Europe finit par être un voyage chez des gens plus ou moins en marge. Paolo Rumiz fait-il l’éloge de la rusticité, de la simplicité, voire du dénuement – pour ne pas utiliser le terme pauvreté? Serait-ce alors ça la fameuse âme slave ? L’âme du pauvre ? Certainement pas, et j’exagère sans doute un peu mais il est clair qu’un certain dégoût de l’Europe occidentale et de son développement est présent de manière plus que diffuse dans le livre. S’il ne s’agissait seulement que de la détestation de l’Europe bureaucratique et de sa  forme institutionnelle (UE), passe encore, mais il s’agit de quelque chose de plus viscéral et qui présente le monde ouest-européen comme faux, artificiel, superficiel, chronophage, loin de la nature etc.

Alors quoi, la solution, ce serait pour les autres parties de l’Europe de rester dans cette marge, ce dénuement que Paolo Rumiz décrit durant son périple ? Alors quoi, on ne rencontre pas de gens simples, authentiques, partageant des valeurs de partage, d’empathie en Europe occidentale, admirateurs de la nature (ok, peut-être un peu moins) ? Alors quoi la solution, c’est juste ça ; aller à l’Est, l’âme slave ? Paolo Rumiz n’est certes pas dans une totale idéalisation de cette partie du monde (un peu quand même), mais clairement la violence, le racisme latent, le myticisme inquiétant, le culte de l’argent ou de la fraude ou encore les ravages de l’alcoolisme - pour citer en vrac quelques éléments – ne sont qu’à la périphérie de son propos. Le livre n’avait pas vraiment besoin d’être accompagné de cette sourde antipathie – qui n’est pas une critique – de l’Europe occidentale.

Malgré cet aspect parfois irritant, le livre de paolo Rumiz est intéressant en nous faisant découvrir des contrées peu courues et en revenant sur l’existence de frontières dures, de leurs logiques de mur, de périphérie et d’exclusion dont l’Européen lambda peut avoir de nos jours perdu la notion, la tangibilité.

vendredi, 02 mars 2012

Sven Hedin, la vita avventurosa del "Marco Polo" che veniva dal freddo

Ex: http://robertoalfattiappetiti.blogspot.com/

Sven Hedin, la vita avventurosa del "Marco Polo" che veniva dal freddo

 

Articolo di Luigi G. de Anna

Dal Secolo d'Italia del 24 febbraio 2012

Sessanta anni fa, il 26 novembre del 1952, moriva Sven Hedin (era nato il 19 febbraio del 1865), l'esploratore svedese ultimo grande rappresentante della "scoperta" occidentale in Asia. Diventato famoso per aver individuato le fonti dell'Indo e del Bramaputra, soffrì negli ultimi anni della sua vita dell'ostracismo conseguenza delle simpatie da lui nutrite per il nazionalsocialismo. Al contrario di altri suoi connazionali come August Andrée o N.E. Nordenskiöld (sarà proprio la vista del trionfo a Stoccolma di Nordenskiöld a spingerlo, aveva solo quindici anni, alla ferma determinazione di esplorare una parte del mondo), resterà affascinato non dai deserti dell'Artico ma da quelli dell'Asia. 

 
Nel 1889 termina gli studi intrapresi a Uppsala e a Berlino, dove era stato allievo del grande geografo Ferdinand von Richthofen. Nel 1890, dopo essere stato nominato attaché presso l'ambasciata di Svezia a Teheran, prende congedo per esplorare il Khurasan e il Turkestan cinese. Le prime, importanti spedizioni sono intraprese tra il 1893 e il 1909. Hedin raggiunge l'Asia centrale, l'Ural, il Pamir, il Tibet e la Cina, raccogliendo una immensa mole di dati geografici e cartografici (già in occasione del primo viaggio aveva disegnato ben 552 carte), ma anche geopolitici, che saranno di grande utilità per le potenze occidentali che in questi anni stanno attuando la loro penetrazione nell'Asia continentale. Il viaggio del 1893-1897 è quello che lo vide affrontare la "marcia della morte" fatta nel deserto di Taklimakan, dove la temperatura toccava i 63,5 gradi e dove due delle sue guide e tutti i cammelli morirono di sete. Riuscì a raggiungere un lago e a portare l'acqua alla sua guida oramai agonizzante, trasportandola nello stivale. Fu il primo occidentale a tornare da questo deserto.

Esplorò la regione del Pamir e dello Xinjiang fino a Lop Nur. Questo viaggio lo rese famoso, tanto che il britannico Geographical Journal lo definì il più grande esploratore dell'Asia dopo Marco Polo. Due anni più tardi, nel 1899, riparte con lo scopo di percorrere aree dell'Asia centrale ancora non tracciate nelle carte geografiche e di visitare il Tibet, fedele all'imperativo che si era dato "vai là dove nessuno è mai stato prima". Cercò di entrare a Lhasa travestito da mercante mongolo, camuffamento che però non ingannò le guardie della città che gli imposero di tornarsene se non voleva che gli tagliassero la testa. Raggiunse nuovamente Lop Nur, dove investigò la vera natura del "Lago errante", che doveva il suo nome al fatto che nel corso dei secoli aveva cambiato di sede, un fenomeno che Hedin scoprì essere dovuto alla sabbia accumulata che lo faceva traboccare nel terreno sottostante.
Il suo resoconto venne pubblicato nel 1941 in italiano da Einaudi. In occasione di questo viaggio scoprì anche le rovine dell'antica città di Loulan, abbandonata nel IV secolo d.C. Nel 1905 ritenta la spedizione tibetana, questa volta con successo nonostante venisse ostacolato dalle autorità inglesi, evidentemente timorose che potesse aprire nuovi canali diplomatici con il Paese himalayano. Fu il primo occidentale a entrare nell'allora città proibita di Lhasa, dove riuscì a stringere un vera amicizia con il giovane Dalai Lama, il che gli permise di visitare quasi l'intero Tibet. Fu infatti instancabile viaggiatore, tanto da superare per otto volte la catena dell'Himalaya e da accumulare una distanza percorsa di 26.000 chilometri, e cioè superiore a quella che separa i due poli.

Tornato in patria nel 1908 lo aspetta una lunga pausa, fino al 1927, quando venne incaricato di dirigere una spedizione internazionale nel Xinjiang e nella Mongolia esterna. Questa volta il pericolo maggiore è rappresentato dalla guerra civile che divampa in Cina, tanto che ebbe a scrivere: «Mi sento essere un pastore che deve proteggere il suo gregge dai lupi, dai banditi e soprattutto dai governatori». Chang Kai-shek lo incaricò di studiare la possibilità di costruire una strada carrozzabile che ripercorresse l'itinerario della Via della Seta.

L'appoggio del generalissimo cinese fu peraltro essenziale per il successo della missione, terminata nel 1935. Fu il suo ultimo viaggio. Nel 1904 Sven Hedin ebbe l'onore di essere l'ultimo cittadino svedese a essere nobilitato, infatti dopo di lui il re di Svezia cesserà di concedere titoli nobiliari. Fu scrittore e saggista molto prolifico, con i suoi 65 volumi e le 25.000 lettere mandate a colleghi, amici e semplici corrispondenti. Il timore di una espansione prima zarista e poi bolscevica lo portò a simpatizzare per la Germania. Sono peraltro gli anni in cui una parte della cultura svedese riscopre le proprie radici "nordiche" e lo scandinavismo diventa la controparte del teutonismo germanico. È interessante ricordare che Hedin sarà in seguito emarginato per le sue simpatie filo-naziste, ma il suo libro del '37 non fu mai pubblicato in Germania perché aveva egli stesso radici ebraiche e aveva criticato le persecuzioni nei confronti degli ebrei. Hedin comunque non rinnegherà mai la posizione filo-tedesca da lui assunta, anche con i suoi scritti, non ultimo il pamphlet anti-Roosvelt del 1942 (Amerika im Kampf der Kontinente, pubblicato a Lipsia). Su Hedin agì in maniera fondamentale il legame con Karl Haushofer, il fondatore della geopolitica moderna. E come Haushofer, anche Hedin merita di essere "riscoperto" e di riaffiorare alla cultura europea. Proprio come fece il suo lago errante.

Luigi G. De Anna

lundi, 18 octobre 2010

Henry de Monfreid

Henry De Monfreid, il fascista che ispirò Hergé e Pratt finalmente pubblicato in Italia 

di Massimo Carletti
 
 
Dal Secolo d'Italia di giovedì 23 settembre 2010
 
 
Monfreid%20Pa.jpgDi Henry De Monfreid in Italia si sa poco o niente e sono scarse le traduzioni, disponibili tra l'altro solo da qualche anno. «L'ultimo vero filibustiere della letteratura europea» lo ha invece definito Stenio Solinas. «Ho avuto una ricca, irrequieta e magnifica» dichiarò lo scrittore alcuni giorni prima di morire all'età di 95 anni nel 1974. Prima che autore fu uomo di mare e d'avventure e iniziò a scrivere passati i cinquant'anni. Una seconda vita la sua, quella da scrittore. Anzi la terza. Perchè quando nasce, a La Franqui-Leucate (Aude), sulla costa mediterranea il 14 novembre 1879, c'è solo il mare a presagire che tipo di vita sceglierà.  
È figlio di George-Daniel de Monfreid e di Amèlie Bertrand. Il padre è un pittore-incisore, amico e rappresentante legale di Paul Gauguin. C'è da dire che se il destino è anche nei nomi, l'Henry è segnato nel suo come pochi altri. Il cognome "De Monfreid" è il nome d'arte scelto dalla nonna, Marguerite Barrière. Sposata, separata e conscia che la carriera di cantante lirica le lasciava poche speranze per il futuro, si fece amante di un ricco gioielliere americano, tale Gideon Reed. Ne rimase incinta e il facoltoso per non correre troppi rischi, le fece avere una nuova identità e poche preoccupazioni, mantenendola a vita.
 
Henry cresce tra le visioni di luoghi esotici nello studio parigino, e il mare di Cap Leucate, dove grazie al padre sarà iniziato alla navigazione a vela. Sono gli anni in cui conosce Victor Segalen, entrato in contatto con il padre in virtù dell'amicizia di quest'ultimo con Paul Gauguin.
Abbandonati gli studi il giovane Henry, dopo esser riuscito a evitare il servizio militare, pensa che è giunto il momento di metter su famiglia, prole compresa. Prende infatti con se Lucie d'Auvergne, ragazza già madre di un bambino al qual deciderà di dare il suo nome. Fa il venditore di caffè porta a porta. Poi torna a Parigi dal padre trovando impiego come lavamacchine e come autista. Nel 1907 e si stabilisce a Fécamp. Nel 1905 aveva avuto intanto il suo primo figlio da Lucien, Marcel. Nel 1908 lascia la ditta Maggi e investe in una fattoria. Poi lascia Lucien e con i due figli si trasferisce dal padre a Saint-Clement, ai piedi dei Pirenei. Vi passa un'intero anno di convalescenza, conoscendo tra l'altro la sua futura seconda moglie Armgart Freudenfeld, figlia dell'amministratore tedesco dell'Alsazia occupata. Riabilitatosi prende consapevolezza che la sua vita ha bisogno di una svolta e la fortuna vuole che un amico gli propone un impiego presso la ditta Guignony in Abissinia. È il 1911, ha 32 anni.
 
Accetta e da Marsiglia s'imbarca sul bastimento Oxus. Subito fraternizzerà con gli arabi. Rompe con la Guignony e assistito dal somalo Abdi che gli sarà sempre fedele ingaggia un equipaggio di dancali e inizia a esplorare il Mar Rosso dedicandosi alla pesca delle perle. Nel 1913 torna in Francia, in agosto sposa la seconda moglie. In ottobre riparte per Gibuti e con un carico d'armi percorre in largo e in lungo il Mar Rosso. Sopravvissuto a una tempesta si converte all'Islam prendendo il nome di Abd el Hai, "schiavo della vita", uno dei 99 nomi di Allah secondo i musulmani. Nel mese di dicembre viene arrestato per traffico d'armi e violazione dei codici doganali. Uscirà di galera tre mesi dopo, nel marzo del 1915. È l'anno in cui soffiano i venti della prima guerra mondiale, e lui si rende utile compiendo alcune missioni di spionaggio contro l'impero ottomano.
 
Nel 1916 chiama la moglie e la figlia a vivere con lui a Obock, dove nasceranno Amélie nel 1921 e Daniel nel 1922. Quello stesso anno trasportando lavoratori ad Aden nello Yemen, forza il blocco inglese, iniziando la sua personale guerra con l'amministrazione britannica. La quale nel 1917 lo dichiara "ospite indesiderato" e nel 1918 lo imprigiona a Berbera. Il suo "status" di collaboratore dei francesi gli vale però la "grazia". Finita la guerra continua i suoi traffici con l'Altair, il nuovo veliero che ha personalmente costruito, e mette a segno un colpo da maestro piazzando 12 tonnellate di hascisc contrabbandate dall'India all'Egitto sotto il naso degli inglesi. Con il ricavato compra una centrale elettrica e un mulino a Dire Dawa, in Etiopia. È il 1923 e a Gibuti arriva la giornalista americana Ida Treat, in viaggio di nozze con il marito Paul Valliant Couturier. Un veliero all'ancora nel porto attrae la loro attenzione: «Un europeo era a poppa. Difficile prenderlo per un somalo, ma non avrei saputo dire se era un arabo. Muscoloso, il suo corpo aveva il colore del tabacco. A testa scoperta, sotto il sole equatoriale, i piedi ben piantati, una fiera al sole. Una barca di somali gli passò vicino e i marinai lo salutarono con un grido ritmato: Addl-el Hai… Abdl-el Hai!». Era De Monfreid e i novelli sposi restano affascinati da quest'uomo che si nutre esclusivamente di thè. La giornalista ne narrerà le gesta, rendendolo una leggenda. Nel frattempo De Monfreid è a sua volta affascinato da quel che succede in Italia. È un estimatore di Mussolini e degli italiani in Etiopia. Nel 1926 incontra il gesuita francese Pierre Teilhard de Chardin, ne diviene amico e lo accompagna durante i suoi scavi archeologici. Due anni dopo accompagna Joseph Kessel in un suo reportage. E anche l'autore di Belle de jour resta affascinato dal personaggio De Monfreid, e parlerà ampiamente del suo caro «vecchio pirata». Ma fa di più, convince De Monfreid che deve raccontare la sua vita. E così De Monfreid passati i cinquant'anni comincia a scrivere e l'anno succesivo, nel '31, pubblica il suo primo libro, I segreti del Mar Rosso. È un successo e la sua fama diviene tale che Hergé lo fa diventare un personaggio delle storie di Tintin.
 
Ne I sigari del faraone appare infatti uno scaltro trafficante d'armi del Mar Rosso che salva Tintin dal mare. Due anni dopo esce Verso le terre ostili d'Etiopia, con critiche feroci a Haile Selassie. Il Negus non gradisce e lo espelle dal paese. Vi rientra però nel '36, con i suoi amici italiani che accompagna in quanto corrispondente di guerra per France Soir. È ora una vera celebrità, in Francia viene invitato alle serate di gala e vi si presenta in smoking e espadrillas, avendo un'odio viscerale per le scarpe. Nella prima metà degli anni Trenta pubblica una quindicina di romanzi e trova anche il tempo, nel '37, d'interpretare stesso nel film tratto dal suo primo libro.
 
Lo scoppio della seconda guerra mondiale lo coglie in Africa. Lui in Etiopia si mette a disposizione degli italiani. Nel '42 gli inglesi lo catturano. Viene rinchiuso con gli italiani in un campo di prigionia in Kenia. Quando nel '45 ne esce si ritira in una capanna alle pendici del Monte Kenia vivendo di caccia, scrivendo e dipingendo. Tornerà in Francia solo nel 1947, stabilindesi a Ingrandes. Lui ama andarsene in giro con un corvo sulla spalla destra. Per hobbies alleva manguste e si esibisce come chansonnier al Vieux Colombier. I suoi libri vengono sempre pubblicati per quella Grasset cui collabora ora anche Hugo Pratt, il futuro papà di Corto Maltese.
 
Pratt disegnerà le copertine dei romanzi di De Monfreid, già conosciuto probabilmente in Africa durante la guerra e ne farà uno dei personaggi nella serie a fumetti Gli Scorpioni del deserto. È plausibile inoltre che la vita e le vicende esotiche di De Monfreid abbiano non poco determinato quelle che saranno le caratteristiche di Corto Maltese. De Monfreid intanto, in quegli stessi anni entra nel dizionario francese e nel 1958, all'età di 79 anni, viene dato per morto quando assieme al figlio Daniel sparisce per dieci giorni nel tentativo di raggiungere le isole Mauritius su di un piccolo cutter. È ormai un arzillo ottantenne, caro amico di Jean Cocteau, il quale assieme ad altri spingerà per farlo eleggere all'Accademia di Francia. Ma non viene accettato per il suo passato "fascista". De Monfreid non ne fa un dramma e ultraottantenne collabora alla realizzazione di una serie di telefilm ispirata ai suoi romanzi. Va ancora in barca e la morte lo coglie solo nel '74 a 95 anni. Ha lasciato oltre 70 scritti e un gran numero di lettere, oltre a quadri e fotografie che raccontano tutta la sua vita. In Francia è una leggenda, mentre qui da noi è misconosciuto nonostante i legami con l'Italia. Solo negli ultimi anni una casa editrice specializzata in opere legate al mare, la Magenes, ha pubblicato i suoi primi due romanzi, I segreti del Mar Rosso (pp. 277, € 14,00) e La crociera dell'hascish (pp. 315, € 14,00).
Esce ora Avventure di mare (pp. 256, € 15,00): sarà un altro piccolo tassello nella conoscenza di un uomo straordinario, che ha attraversato un intero secolo, il più tumultuoso, tutto di corsa e senza mai voltarsi.