jeudi, 26 juin 2025
Saint-Pétersbourg: le discours de Poutine à SPIEF comme miroir d’un nouvel ordre mondial
Saint-Pétersbourg: le discours de Poutine à SPIEF comme miroir d’un nouvel ordre mondial
Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/06/st-petersburg-putins-spief-re...
La politique de sanctions de l’Union européenne s’est depuis le début de la crise ukrainienne transformée en un instrument central du pouvoir eurocratique – et en une épreuve de légitimité démocratique. Autrefois justifiées comme une mesure ciblée contre les élites politiques de Moscou, les sanctions frappent aujourd’hui principalement la population elle-même: par des prix de l’énergie qui montent en flèche, des chaînes d’approvisionnement qui sont interrompues, par une désindustrialisation et une fragmentation croissante du marché intérieur européen.
Alors que les ménages allemands souffrent de coûts énergétiques explosifs, que des secteurs industriels sont délocalisés ou liquidés, et que la classe moyenne se trouve coincée entre une pression fiscale accrue et une incertitude quant à sa position prochaine, la Russie, lors du 28ème Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF), se présente comme un pôle de stabilité – non par l'effet d'une propagande, mais par des chiffres, des stratégies et des alliances (PI-NEWS en a rendu compte ici https://pi-news.net/2025/06/spief-2025-die-multipolare-re... - et ici - https://pi-news.net/2025/06/weltwoche-daily-putin-dritter-weltkrieg-ich-bin-besorgt/ ).
Discours de Poutine : résilience face aux crises et réorganisation sociétale
Vladimir Poutine a ouvert le forum plénier devant une assemblée internationale de dirigeants – dont le président indonésien Prabowo Subianto, des représentants de la Chine, de l'Afrique du Sud et de la famille royale bahreïnienne. Leur présence contredisait le récit occidental qui pose la Russie comme isolée.
Poutine a accueilli plus de 20.000 participants venus de 140 pays, insistant sur le fait que la nature du SPIEF prend de plus en plus d’importance dans un contexte de bouleversements mondiaux. Les thèmes centraux étaient les suivants: décalages tectoniques dans l’économie mondiale, bouleversements démographiques, crises régionales, changement climatique et transition technologique vers une ère de systèmes autonomes.
Il a clairement indiqué: le progrès technologique doit être accessible à tous, sinon les inégalités mondiales se creuseront. Les nouvelles plateformes, l’intelligence artificielle et l’économie numérique ne doivent pas conduire à une hiérarchisation de l’humanité, mais plutôt favoriser la prospérité, l’éducation et l’inclusion sociale.
L’économie russe: de l’exportation de matières premières à un centre d’innovation
Poutine a fourni des chiffres concrets sur l’évolution macroéconomique : malgré les sanctions, le PIB russe croît depuis deux ans de plus de 4% par an. La part de l’économie hors pétrole et gaz a augmenté de 7,2% en 2023. Même en 2024 – malgré le maintien des régimes de sanctions – une croissance de 5,9% a été enregistrée. La contribution du secteur des matières premières à la performance économique est même légèrement négative, ce qui indique que la diversification fonctionne.
Les moteurs de cette croissance sont nombreux: agriculture, construction, industrie manufacturière, logistique, services financiers et TIC. Selon Poutine, la Russie devient “non seulement plus grande, mais aussi plus complexe, intelligente et résiliente”.
L’emploi, les salaires et la justice sociale au centre
Un point central de son discours était la transformation du marché du travail: 2,4 millions d’emplois nouveaux ont été créés ces dernières années. Le taux de chômage est à un niveau historiquement bas de 2,3%. Le chômage des jeunes est également très faible, à 7,5%, comparé à 16% en France ou 11% au Royaume-Uni, selon Poutine.
Il a annoncé une “économie à hauts salaires” – non par contrainte, mais par investissements dans la productivité, la qualification et la digitalisation. Il a souligné que, à l’avenir, les salaires devront refléter l’efficacité et la création de valeur, plutôt que la pénurie de main-d’œuvre.
Lutte contre la pauvreté: chiffres à forte portée politique
En 2000, selon Poutine, 29% de la population russe vivait sous le seuil de pauvreté – 42 millions de personnes. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 10,5 millions, soit 7,2%. La tendance est à la baisse continue. La réduction de la pauvreté n’est pas un simple effet secondaire, mais un objectif explicite de la politique économique. Il a également souligné que ces succès sont visibles régionalement, notamment dans des régions traditionnellement défavorisées comme le Caucase du Nord.
Science, numérisation et réforme éducative
Poutine a annoncé qu’il allait fortement développer la commercialisation de la science. Actuellement, une seule demande de brevet sur cent est réellement exploitée sur le marché. Universités, instituts de recherche et entreprises doivent être connectés par des standards uniformes et des outils de financement communs. L’objectif est de faire de la Russie un lieu de souveraineté technologique.
Il a évoqué la rapide mise en place du rouble numérique, des plateformes de transport publiques, des marchés numériques pour la main-d’œuvre et de nouvelles formes de crédit basées sur des garanties de brevets. Un paquet législatif spécifique est en préparation pour soutenir l’identité régionale et la puissance économique locale dans la culture et l’économie créative.
Perspective mondiale: la multipolarité comme responsabilité
Poutine a présenté le groupe BRICS comme une plateforme qui ne repose pas sur l’exclusion, mais sur l’intégration. Ses membres représentent déjà 40% du PIB mondial. L’idée n’est pas de créer un contre-bloc, mais un cadre multilatéral pour favoriser la croissance, l’infrastructure et la coordination technologique – notamment par le développement de standards communs, de systèmes de paiement et de cadres juridiques.
Conclusion
Le discours de Poutine n’était pas une dénonciation, mais une esquisse stratégique détaillée. Il adressait un message clair à l’Europe: pendant que l’UE affaiblit ses citoyens par des sanctions imposées d’en haut, la Russie oriente sa stratégie économique vers la résilience, la cohésion sociale et l’indépendance technologique.
Le forum SPIEF 2025 n’était pas un lieu où l'on fit du triomphalisme. C’était une invitation géopolitique et économique à la coopération – dans un contexte changé, mais sans exclusions idéologiques. La décision d’y participer ne revient pas à Moscou. Elle appartient à Bruxelles – ou peut-être n’y appartient-elle déjà plus.
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mercredi, 25 juin 2025
La guerre risquée de l'Europe contre la "flotte fantôme" russe
La guerre risquée de l'Europe contre la "flotte fantôme" russe
Anatol Lieven
L'Union européenne souhaite cibler les navires pétroliers illégaux, une mesure qui pourrait élargir la conflit en Ukraine et impliquer davantage les États-Unis.
Les dernières mesures adoptées par l'Union européenne (dans le cadre du 17ème paquet de sanctions contre la Russie annoncé en mai) visant à frapper de manière beaucoup plus forte la soi-disant “flotte fantôme” russe composée de pétroliers et d’autres navires, mettent en évidence le danger qu’avec la poursuite de la guerre en Ukraine; le risque d’un incident impliquant l’OTAN et l’UE dans un affrontement militaire direct avec la Russie persiste.
Les sanctions de l’UE prévoient l’interdiction d’accès aux ports, aux eaux nationales et aux zones économiques maritimes des États membres. Les navires entrant dans ces eaux risquent d’être saisis et confisqués. Il ne semble pas que Washington ait été consulté sur cette décision, malgré les risques évidents pour les États-Unis.
Dans le cadre de cette stratégie, le 15 mai, une vedette estonienne a tenté d’arrêter et d’inspecter un pétrolier dans le golfe de Finlande. La Russie a envoyé un avion de combat qui a survolé le navire estonien (volant probablement brièvement dans les eaux territoriales estoniennes) et les Estoniens ont fait marche arrière, du moins pour cette fois. En janvier, la marine allemande a saisi un pétrolier panaméen, l’Eventin, dans la mer Baltique après que ses moteurs soient tombés en panne, laissant le navire à la dérive dans les eaux territoriales allemandes.
La Suède a désormais annoncé qu’à partir du 1er juillet, sa marine militaire arrêtera, inspectera et potentiellement saisira tous les navires suspects transitant dans sa zone économique exclusive, mobilisant l’aviation suédoise pour soutenir cette menace. Étant donné que la zone économique maritime combinée de la Suède et des trois États baltes couvre la totalité de la mer Baltique centrale, cela revient à une menace virtuelle de couper tout commerce russe à partir de la Russie via la Baltique, ce qui représenterait un coup économique très dur pour Moscou.
Cela pourrait également menacer de couper l’accès de l’enclave russe de Kaliningrad, entourée par la Pologne, à la mer.
C’est le genre d’action qui a traditionnellement mené à des guerres. L’hypothèse avancée par la partie suédoise semble être que la marine et l’aviation russes dans la Baltique sont maintenant si faibles, et si encerclées par le territoire de l’OTAN, que Moscou ne pourrait rien faire. Toutefois, il est très peu probable que les Suédois prennent cette mesure sauf s’ils croient aussi que, en cas de confrontation, Washington viendrait défendre la Suède, même si les décisions de l’UE et de la Suède ont été prises sans l’approbation des États-Unis et ne sont pas strictement couvertes par l’engagement de l’article 5 de l’OTAN.
Et malgré tout le langage hystérique sur la Russie “en guerre” avec les pays de l’OTAN, ces mesures de l’UE et de la Suède reposent aussi sur l’hypothèse que la Russie ne perdra pas son sang-froid et réagira par la force militaire. Les dirigeants européens pourraient cependant vouloir réfléchir à plusieurs questions: par exemple, que feraient les États-Unis si des navires transportant des marchandises américaines étaient interceptés par des navires étrangers ? Nous savons parfaitement que les États-Unis couleraient ces navires de guerre et déclareraient l’avoir fait en défense de la règle sacrée de la navigation libre, en laquelle l’UE prétend aussi croire.
Les dirigeants de l’UE et les amiraux devraient aussi consacrer un peu de temps aux médias sociaux russes et lire les attaques incessantes contre l’administration Poutine de la part des extrémistes, qui soutiennent précisément que Moscou a été trop molle et modérée dans sa réponse aux provocations occidentales, et que cette modération a encouragé l’Occident à intensifier ses actions. Ces extrémistes (surtout au sein des forces de sécurité) représentent de loin la plus grande menace politique intérieure que Poutine doit affronter.
À cet égard, il est important de noter que les actions visant à nuire à la “flotte fantôme” russe ne se sont pas limitées aux sanctions. Ces derniers mois, une série d’attaques contre ces navires en Méditerranée, utilisant des mines magnétiques et d’autres engins explosifs, ont été peu couvertes par les médias occidentaux.
En décembre 2024, le cargo russe Ursa Major a coulé au large de la Libye après une explosion qui a tué deux membres d’équipage. Le titre de Reuters rapportant ces attaques était assez caractéristique : “Trois pétroliers endommagés par des explosions en Méditerranée au cours du dernier mois, causes inconnues, selon des sources.” Inconnues, vraiment ? Qui pensons-nous être les responsables probables ? Les forces spéciales laotiennes ? Les Martiens ? Et que font les gouvernements européens pour enquêter sur ces causes ?
Si les Russes coulaient un navire de guerre suédois ou estonien, l’administration Trump se retrouverait face à une décision terriblement difficile: intervenir et risquer une guerre directe avec la Russie, ou rester passive, créant une crise profonde avec l’Europe. La nouvelle serait alors qu’il serait sage et légitime pour Washington de déclarer publiquement qu’il désapprouve et qu’il ne contribuera pas à appliquer cette décision.
Washington doit aussi – enfin – prêter attention à ce que pense le reste du monde de tout cela. La majorité écrasante des sénateurs proposant d’imposer des droits de douane de 500% à tout pays achetant de l’énergie russe ne semble pas avoir réalisé qu’un des deux plus grands pays dans cette catégorie est l’Inde, maintenant considérée à Washington comme un partenaire essentiel des États-Unis en Asie. Et désormais, les alliés européens de l’Amérique comptent sur le soutien des États-Unis pour saisir les navires fournissant cette énergie à l’Inde.
L’administration américaine ferait bien d’avertir les pays européens que si cette stratégie mène à des affrontements maritimes avec la Russie, ce seront eux qui devront en assumer les conséquences. Surtout face au nouveau risque de guerre avec l’Iran, la dernière chose dont Washington a besoin est une nouvelle escalade des tensions avec Moscou qui nécessiterait un déploiement militaire américain massif en Europe. Et la dernière chose dont l’économie mondiale a besoin, ce sont des mesures qui pourraient faire encore augmenter les prix mondiaux de l’énergie.
Les gouvernements et institutions européens semblent avoir perdu toute capacité d’analyser les conséquences plus larges de leurs actions. Donc, une fois de plus, l’Amérique devra réfléchir à leur place.
Article original d’Anatol Lieven : https://responsiblestatecraft.org/russia-shadow-fleet/
18:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : mer baltique, europe, affaires européennes, flotte fantôme, russie | |
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dimanche, 22 juin 2025
Contenir la Russie ou remodeler le système? - Rééquilibrer les forces ou "pivoter hors d'Europe"?
Contenir la Russie ou remodeler le système?
Rééquilibrer les forces ou "pivoter hors d'Europe"?
Irnerio Seminatore
Source: https://www.ieri.be/fr/publications/wp/2025/juin/contenir-la-russie-ou-remodeler-le-systeme
Table des matières
- Les leçons de fond sur les causalités du conflit, les intérêts en jeu et l'ambivalence des négociations
- Moments de rupture et réorganisation de l'ordre mondial
- Pivoter hors d'Europe, plutôt que rééquilibrer les forces
- "Pivot coopératif russe vers l'Est" ou "Pivot hégémonique mondial USA - Chine"
- Conflit ukrainien, cessez le feu et négociations de paix
- La Russie et les vérités faussées de l'Occident et ses conséquences
* * *
Les leçons de fond sur les causalités du conflit, les intérêts en jeu et l'ambivalence des négociations
Des leçons de fond sont à tirer du conflit russo-ukrainien, pour mieux comprendre les divergences stratégiques euro-américaines et pour redéfinir la politique étrangère de l'Union à l'approche du sommet de l'Otan du 24 et 25 juin prochain à la Haye. Elles concernent tout à la fois les enjeux, les intérêts et les stratégies.
Pour ce qui est des causalités fondamentales du conflit, la première et plus importante repose sur le statut et la position géopolitique de l'Ukraine, couloir incontournable de l'Europe vers l'Asie et enjeu de la stratégie eurasienne de l'Amérique
L'importance du facteur géographique n'avait pas échappé à Zbigniew Brzezinski qui, dans Le Grand Échiquier de 1997 avait identifié les trois leviers qui permettraient aux États-Unis de conserver le premier rôle dans les affaires mondiales au 21ème siècle: contenir la poussée de la Chine, poursuivre la division des Européens et couper la Russie post-soviétique de l’Ukraine. Celle -ci, située entre l’Union européenne à l’ouest et la Russie à l’est, a été souvent qualifiée d’État tampon. Or, il s'agit d'une définition qui remonte au Congrès de Vienne (1815) et qui implique une sorte de neutralisation et principalement d'une vocation de l'Etat tampon à ne rejoindre aucune alliance militaire ou organisation d’intégration économique afin d’éviter les conflits entre les puissances majeures du système. Cependant la succession des événements de la post guerre-froide prouve que cette mesure n'a pas eu de succès. Si la Russie a cherché à maintenir l’Ukraine dans son orbite, les États-Unis, de leur côté, ont voulu voir l’Ukraine comme un levier essentiel pour affaiblir la Russie.
Moments de rupture et réorganisation de l'ordre mondial
En effet sur le plan historique une succession de ruptures ont caractérisé le processus de réorganisation de l'ordre mondial, après la dislocation de L’Union soviétique (26 décembre 1991).
En voici les quelques références essentielles :
- 1999, fin du conflit du Kosovo opposant Serbes et Kosovars suite à l’intervention de l’OTAN sans mandat de l'ONU ;
- 2001, attentat terroriste aux Tours Jumelles du World Trade Center de New York ;
- 2003 conflit d’Irak par l’invasion américaine contre Saddam Hussein.
Pivoter hors d'Europe, plutôt que rééquilibrer les forces
À l’instar de l’antagonisme américano-soviétique de jadis et contrairement au conflit en cours entre la Russie et l'Ukraine, la compétition entre l'est et l'ouest s'est déplacée vers l'antagonisme entre Washington et Pékin pour l’hégémonie mondiale et a désormais un objet beaucoup plus important que le conflit ukrainien, se situant à un autre niveau stratégique.
L’actuelle connivence dans le "deal" américano-russe ne s’explique pas par une quelconque crainte que Moscou puisse dominer l’Europe ou menacer les pays baltes. Plutôt que de contenir Moscou, l’intérêt des États-Unis aujourd’hui serait de pivoter hors de l’Europe, en direction de l’Asie orientale, d’entraîner la Russie dans une coalition de rééquilibrage face à la Chine et de ne pas se laisser embourber dans une guerre en Europe de l’Est, en précipitant le rapprochement sino-russe. Pour le « réaliste » John Mearsheimer, la perspective d’intégrer l’Ukraine au sein de l’OTAN constituait et constitue encore une menace pour la Russie. Les Russes ne prétendaient pas que l’Ukraine était une menace en soi. C’est l’Ukraine au sein de l’OTAN qui concrétise cette menace. Par conséquent les Etats-Unis doivent désormais se détourner du continent européen pour mieux se consacrer à l’Asie. C'est là la contrainte de la politique du "Pivot” !
"Pivot coopératif russe vers l'Est" ou "Pivot hégémonique mondial USA - Chine"
Le terme “pivot vers l’Est” est réapparu dans le discours russe, lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, en 2013. À cette occasion, Vladimir Poutine a évoqué la possibilité de développer les relations économiques avec les marchés de l’Asie-Pacifique, suivant en partie le modèle des États-Unis. Cependant, Poutine a immédiatement souligné une différence majeure: la Russie souhaitait coopérer avec la Chine et non rivaliser avec elle, contrairement à l’approche américaine. L’intérêt de la Russie pour l’Asie s’explique par la montée en puissance de la Chine, perçue comme une contre-force planétaire aux États-Unis. C’est pourquoi Moscou a cherché à établir une coopération avec Pékin, plutôt qu’une concurrence. Une autre différence notable entre le pivot asiatique américain et le pivot vers l’Est russe réside dans le rôle jusqu’alors limité de la Russie dans l’ensemble de la région Asie-Pacifique.
La politique des grandes puissances se caractérise cependant toujours par une implacable compétition sécuritaire puisque chaque État cherche non seulement à gagner en influence relative, mais aussi à éviter que la balance des pouvoirs ne penche en sa défaveur. Cet objectif, dit de l'équilibrage, peut être mis en œuvre soit par un accroissement de sa puissance, soit par une alliance avec d’autres États pareillement menacés. Dans un monde réaliste, le pouvoir d’un pays s’apprécie essentiellement à l’aune de ses capacités militaires, lesquelles dépendent d’une économie avancée et d’une population nombreuse. En conséquence, face aux multiples tentatives de mettre un terme au conflit ukrainien, les difficultés dans la définition des missions aux délégations des deux parties, chargées du déroulement des pourparlers de paix, repose sur le concept de stabilité et, en conséquence sur le statut des puissances régionales affectées par le règlement obtenu. Le dilemme concernant l'issue du conflit ukrainien (paix de compromis, ou paix dictée), porte sur des perspectives de sécurité totalement éloignées, soit en termes de système, soit en termes de sous-système.
A titre d'exemple, l'objectif qui fut proposé par Kissinger, le retour négocié à un "status quo”, passant par la reconnaissance d’une Ukraine neutre, ne devait pas être opposé à l’analyse qui avait été celle de Zbigniew Brzeziński dans Le Grand Échiquier. Reprenant les catégories forgées par Halford Mackinder, pour qui l’hégémonie mondiale dépendait de la prédominance exercée sur le Heartland qu’est l’Eurasie, Brzeziński voyait dans l’État ukrainien un important « pivot géopolitique », dont l’indépendance était de nature à contenir les ambitions impériales russes, à l'intérieur d'une bipolarité affichée. Dans l'actuelle formulation, l'objectif stratégique du "Pivot Asiatique" américain cache à la fois le moteur essentiel de la stratégie de l'Indo-Pacifique (APAC-2011), visant le sous-système asiatique et pas seulement la Chine et, au même temps une rivalité étendue au système international tout entier. A l'intérieur de ce cadre le "Pivot vers l'Est" de la Russie fait apparaître une véritable dépendance stratégique de la Russie vis-à-vis de la Chine et des Européens vis-à-vis de la Russie.
En effet, dans le concept de "Pivot Américain" il s'agit de remodeler la centralité de l'ordre politique et la hiérarchie de puissance, bref le point de gravité du système, d'où tout dépend. Or, si "la stratégie du containment", en son pur concept, consiste à limiter l'influence politique, à isoler par des sanctions économiques et à s'opposer à l'expansion géopolitique et militaire d'un acteur étatique dans une région ou dans un sous-système, le remodelage du système est une politique planétaire et de long terme qui consiste à rivaliser pour déstabiliser, en s'opposant à toute forme de "status quo" et visant l'hégémonie impériale et universelle. La première implique l'exercice d'une liberté d'action et donc "une politique de bascule" entre système et sous-système (Ukraine, Taiwan, Tibet, Xinjiang..), qui inverse la politique de rapprochement de Nixon, la deuxième un bouleversement structurel et général des rapports mondiaux de forces et la montée en puissance d'un nouvel acteur universel.
Conflit ukrainien, cessez le feu et négociations de paix
Face aux risques d'une aggravation du conflit et après trois ans d’affrontement, les parties aux prises, ainsi que la communauté européenne et internationale, ont entamé des rencontres diplomatiques, visant à régler les différends existants, en leurs causes, évolutions et perspectives. Compte tenu des différentes perceptions des dangers et de tournants défavorables à l'Ukraine dans le développement des opérations terrestres et donc dans les rapports réels des forces, un bilan lucide de la situation politique et militaire demeure le préalable à l'évaluation des perspectives de sécurité auxquelles s'inspirent les deux parties et qui divergent profondément. Ainsi une vue d'ensemble doit être portée sur les aspects capacitaires des acteurs impliqués dans le conflit, directement ou indirectement, mais aussi sur leurs intentions et objectifs, déclarés ou latents.
Nous commencerons par la Fédération de Russie dont l'action historique et le récit politique la désignent comme l'acteur principal des résolutions de pacification et de stabilisation recherchées. Les objectifs du Kremlin sont restés inchangées depuis le début des opérations militaires et peuvent se résumer en trois points:
- faire libérer par Kiev les quatre Oblasts de l'Ukraine considérés comme russophones, qui sont Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia (libération qui a été un facteur déclencheur du conflit).
- s'engager au retrait de la candidature de l'Ukraine à devenir membre de l'Otan, assorti d'une réassurance de l'éventuel traité de paix par le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
- obtenir un changement de régime politique, appelé "dénazification" au sens des accords de Potsdam sur l'Allemagne (de juillet 1945, et signifiant à l'époque une légitimité démocratique et nouvelle pour l’Allemagne vaincue). Ces accords prévoyaient notamment la dénazification, la démilitarisation, la décartellisation et la décentralisation.
La Russie et les vérités faussées de l'Occident et ses conséquences
Les principaux obstacles à un processus de paix demeurent, selon de multiples observateurs, les Occidentaux et principalement la Grand Bretagne et la France, en raison de vérités faussées et du refus de comprendre l'adversaire. A la lumière de celles-là et au cœur des préoccupations de l'adversaire, le projet russe de protéger la population russe de l'Ukraine, facteur déclenchant du conflit, apparaît parfaitement légitime.
De cette incompréhension découlent une série de conséquences et donc la conception de l'importance du territoire à reconquérir (la Crimée et les quatre Oblasts du Donbass) et de l'aide occidentale accordée à l'Ukraine pour cette reconquête improbable. Il s'agit d'une aide qui prolonge la guerre sans donner un avantage sur le terrain à l'Ukraine, car cette victoire appartient à la Russie. Ils en dérivent deux répercussions importantes ; la construction d'un narratif illusoire qui consiste à faire davantage confiance à la représentation de la guerre qu'à la réalité du terrain et, quant au but de guerre, à faire croire en une paix de compromis et non de capitulation.
Cet artifice pousse Zelenski, à la légitimité discutée, à pratiquer une guerre d'éclat sur les arrières du front, sans influence sur la ligne des combats, (attaques d'aérodromes russes, contre le pont de Kersch..). Ce choix fait cliver le régime en place vers un régime terroriste, avec lequel il apparaît dès lors difficile de négocier. Le but de ce narratif est au fond de fausser la perspective, cependant que des rapports américains sur l'état du conflit, contredisent radicalement le narratif des Européens, qui demandent à être parties prenantes du conflit sans en avoir les moyens.
Dans cette ligne de conduite et dans cette approche équivoque, il est nécessaire de distinguer également, au plan diplomatique, l'échange de mémorandums entre les parties aux prises pour amorcer un "cessez le feu", qui n'a pas de sens sans un "traité de paix” ; traité qui confère une convergence d'intentions et de sincérité à l'ensemble du processus. Or, à propos du conflit, si les Etats-Unis tâchent de le terminer et de s'en dégager au plus vite et si la Russie apparaît toujours prête à négocier, les Européens font tout pour empêcher la négociation, car le seul souci de la diplomatie de l'UE a été d'alimenter l'affrontement armé (J. Borrel) ou de le "décoloniser" (Kaja Kallas, Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité).
Pour celle-ci le concept de stabilité coïncide avec celui d'élimination de la Russie ou son découpage politique et territorial, bref une amputation eurasienne. Or, malgré le fait que l'armée ukrainienne n'a jamais eu le dessus dans le conflit, même dans la contre-offensive de 2023, l'objectif de l'UE demeure celui selon lequel "l'Ukraine doit gagner !", objectif, pour lequel un vaste plan de réarmement de l'Europe est entamé. En ce sens la diplomatie européenne n'a pas avancé depuis Angela Merkel et l’Ukraine est restée un conflit non résolu et donc gelé, à la marge, inessentiel au continent. Or, dans la "disputatio imperii" entre l'est et l’ouest, l’issue du conflit, au lieu de prendre la forme d’un projet de coopération et de développement Europe-Russie, figure comme une pomme de discorde et comme un gage d'instabilité permanente, gangrénant les relations entre Moscou et Paris, Paris et Berlin et l'Europe et l'Amérique.
La divergence de prospective est évidente et elle apparaît au grand jour au Sommet du G7 au Canada du 17 juin dernier, où l'absence d'unité des Occidentaux reproduit des formules vides, du style: "le G7 s'est consacré à l'aide accordée à Kiev et "a de nouveau apporté son soutien à l'Ukraine, mais sans durcir le ton face à la Russie", En effet, "le club des grandes démocraties industrialisées n'a cette fois pas publié de déclaration commune dénonçant 'l'agression russe'", "contrairement aux années précédentes quand Joe Biden était à la tête des États-Unis". Et, le dirigeant ukrainien, Volodymyr Zelenski, qui s'est rendu au Canada "pour plaider sa cause", sans grand succès, fait de l'Ukraine la "grande perdante d'un G7, dominé par la guerre au Moyen-Orient". N'ayant pas eu la "possibilité de s'entretenir avec le président américain", il "repart tout de même avec une nouvelle aide militaire de 1,27 milliard d'euros, notamment pour des drones et des véhicules blindés", preuve que, dans l'Europe multilatéraliste, les problèmes de la conscience historique peuvent avoir toujours des revers financiers.
Bruxelles, le 18 Juin 2025
16:41 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, actualité, europe, affaires européennes, états-unis, russie | |
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mercredi, 18 juin 2025
Le Slovaque Fico contre l'euthanasie des peuples européens due à la russophobie de Bruxelles
Le Slovaque Fico contre l'euthanasie des peuples européens due à la russophobie de Bruxelles
Luca Bagatin
Source: https://electomagazine.it/lo-slovacco-fico-contro-leutana...
Le socialiste slovaque Robert Fico ne lâche pas prise et refuse catégoriquement les diktats d'une UE dirigée par la "majorité Ursula", peu responsable et de droite.
Il avait d'ailleurs déjà, et récemment, renvoyé à l'expéditeur les demandes absurdes de la représentante de la droite estonienne, Kaja Kallas, chargée des affaires étrangères de l'UE, en déclarant: « La haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Kaja Kallas, a mis en garde les dirigeants européens contre toute participation aux célébrations du Jour de la Victoire qui se tiendront à Moscou en mai. (...)
Je partirai pour Moscou le 9 mai. L'avertissement de Mme Kallas est-il une forme de chantage ou un signe que je serai puni à mon retour de Moscou ? Je ne sais pas. Mais je sais que nous sommes en 2025, pas en 1939.
L'avertissement de Mme Kallas confirme la nécessité d'un débat au sein de l'UE sur l'essence même de la démocratie. Parmi les problématiques à traiter figurent les événements qui se sont déroulés en Roumanie et en France lors des élections présidentielles, lors des « Maidan » organisés par l'Occident en Géorgie et en Serbie, et la manière dont les abus du droit pénal contre l'opposition en Slovaquie ont été ignorés.
Madame Kallas, je tiens à vous informer que je suis le Premier ministre légitime de la Slovaquie, un pays souverain. Personne ne peut dicter mes mouvements. Je me rendrai à Moscou pour rendre hommage aux milliers de soldats de l'Armée rouge tombés pour la libération de la Slovaquie, ainsi qu'aux millions d'autres victimes de la terreur nazie. Tout comme j'ai rendu hommage aux victimes du débarquement en Normandie ou dans le Pacifique, ou comme j'ai l'intention d'honorer les pilotes de la RAF. Et permettez-moi de rappeler que je suis l'un des rares dans l'Union européenne à affirmer constamment la nécessité de la paix en Ukraine et à ne pas soutenir la poursuite de cette guerre insensée.
Les commentaires de Mme Kallas sont irrespectueux et je m'y oppose fermement".
Aujourd'hui, le socialiste Fico rejette une fois de plus les diktats de la direction de l'UE concernant l'absurde paquet de sanctions contre la Russie, qui nuirait une fois de plus à l'UE elle-même en mettant fin aux approvisionnements énergétiques russes.
Le nouveau paquet de sanctions préparé par la Commission européenne propose d'interdire les transactions avec les gazoducs Nord Stream de Russie. La Commission a également proposé d'abaisser la limite de prix fixée par le G7 pour le pétrole brut russe à 45 dollars le baril.
Le Premier ministre slovaque Fico s'est toujours opposé à ce qu'il a qualifié de « suicide économique » et a écrit à ce sujet sur les réseaux sociaux :
« La République slovaque ne soutiendra pas le prochain 18ème paquet de sanctions contre la Fédération de Russie à moins que la Commission européenne n'apporte une véritable solution à la situation de crise dans laquelle se trouvera la Slovaquie après un blocage complet de l'approvisionnement en gaz, en pétrole et en combustible nucléaire provenant de Russie ».
Robert Fico dirige le parti socialiste démocratique SMER, qui recueille environ 25% des suffrages et dont le programme rejette les recettes économiques libérales et promeut une économie fondée sur l'intervention publique, la souveraineté nationale, l'euroscepticisme et les politiques anti-immigration, comme l'ont toujours fait tous les partis socialistes historiques du siècle dernier (dont beaucoup ont totalement disparu en Europe ou du moins ont perdu leur leadership), qui refusaient l'exploitation de la main-d'œuvre étrangère à bas coût et promouvaient des politiques de coopération et de partenariat avec les pays du tiers monde et du sud.
On pourrait dire que Fico est le seul véritable leader socialiste de l'UE, avec l'ancien leader travailliste Jeremy Corbyn, aujourd'hui député indépendant au Parlement britannique et très actif dans les luttes pour la paix et contre toute forme d'impérialisme, tout comme l'ancien travailliste George Galloway – tous deux, sans surprise, très critiques à l'égard des pseudo-travaillistes de Starmer, dignes héritiers du pseudo-travailliste Blair; et il faut ajouter l'Irlandais Mick Wallace et l'Allemande Sahra Wagenknecht.
Le socialisme dans l'UE est absent, mais heureusement, il n'est pas totalement inexistant. Ce qui est certain, c'est qu'il n'est pas représenté par la soi-disant « Alliance progressiste des socialistes et démocrates », qui soutient la majorité belliciste et irresponsable d'Ursula.
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Roumanie, Portugal et Pologne: trois rendez-vous électoraux importants pour la reconfiguration du paysage politique européen
Roumanie, Portugal et Pologne: trois rendez-vous électoraux importants pour la reconfiguration du paysage politique européen
Enric Ravello Barber
Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2025/06/rumania-portu...
En Roumanie, le processus électoral, qui fut compliqué et controversé, s'est conclu par la victoire du candidat libéral Nicusor Dan sur le nationaliste George Simion au second tour du 18 mai dernier. Le processus électoral roumain a été très contesté en raison de l'annulation du premier tour qui s'était tenu le 24 novembre, lors duquel le candidat nationaliste Calin Georgescu l'avait emporté avec 22% des voix, puis de sa disqualification alors que les sondages le donnaient toujours vainqueur tant au premier qu'au second tour.
Après l'interdiction très controversée de Georgescu de se présenter, le nationalisme roumain a proposé comme candidat George Simion, qui a remporté le premier tour avec une large avance, 40,6% contre 21% pour Nicusor Dan. Le second tour a été marqué par une campagne constante de tous les médias en faveur du libéral Dan, qui n'a pu l'emporter que grâce à la forte mobilisation des électeurs abstentionnistes qui se sont prononcés en sa faveur, après une pression médiatique et une campagne « de la peur » concernant le maintien de la Roumanie dans l'UE.
Simion a dénoncé les ingérences manifestes du gouvernement français dans la campagne électorale, demandant l'annulation de ce second tour, mais le tribunal roumain a rejeté la plainte du candidat nationaliste. La victoire libérale prive les nationalistes de la présidence, mais elle pourrait s'avérer être une victoire à la Pyrrhus, car dans les premiers sondages pour les élections législatives, après les résultats des présidentielles, le parti nationaliste AUR présidé par Simion obtient son plus haut score de popularité avec 35% des intentions de vote (il avait obtenu 18% lors des précédentes législatives). La situation reste ouverte en Roumanie.
Les élections législatives portugaises du 18 mai peuvent se résumer en trois points:
La consolidation de la coalition Alliance démocratique, de centre-droit, comme première force du pays (32,72%), ce qui signifie la reconduction de Luis Montenegro au poste de Premier ministre.
La débâcle de la gauche, extrême et modérée, dans un pays qui a traditionnellement voté dans ce sens, et une évidence. Le signe le plus patent en est l'effondrement du Parti socialiste, autrefois tout-puissant, qui, avec 22,83% des voix et 58 députés, est la deuxième force en termes de votes, mais la troisième en termes de sièges.
L'importante ascension du parti nationaliste CHEGA, avec 22,76% des voix et 60 députés, en fait la deuxième force parlementaire et le premier parti d'opposition. CHEGA est devenu un acteur majeur de la scène politique portugaise quelques années seulement après sa création. Avant les élections actuelles, les sondages ne lui donnaient pas un résultat aussi important, jusqu'à ce que son président André Ventura décide de durcir le message anti-immigration et d'utiliser le concept qui est devenu central dans le discours nationaliste européen : la remigration.
Karol Nawrocki (50,89 %) (photo), soutenu par le PiS (nationalisme conservateur), sera le prochain président de la Pologne après avoir battu le libéral Tizas Kowski (49,11 %) lors des élections présidentielles du mois de mai dernier.
Sur le plan interne, ce résultat pourrait conduire à une impasse politique, car la cohabitation entre un président nationaliste et le gouvernement libéral de Varsovie dirigé par Tusk pourrait contraindre ce dernier à convoquer des élections. Les résultats obtenus au premier tour par les candidats nationalistes les plus radicaux, Slawomir Mentzen (14%) et Grzegorz Braun (6,7%), sont particulièrement remarquables, car sans leurs voix, Nawrocki, qui est arrivé deuxième au premier tour (29,54%), n'aurait pas pu devenir président de la Pologne.
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mardi, 17 juin 2025
Appel: des activistes marxistes veulent coopérer ponctuellement avec l'AfD
Appel: des activistes marxistes veulent coopérer ponctuellement avec l'AfD
Des intellectuels marxistes réclament un élargissement du mouvement pacifiste, notamment par une coopération ponctuelle avec l'AfD. Les anciennes frontières entre les camps seraient dépassées.
Berlin. – Peu après l'initiative interne de la SPD visant à entamer des négociations de paix avec la Russie, un nouvel appel lancé par le camp de gauche attire l'attention. Des intellectuels marxistes, dont les journalistes Marianne Linke et Sabine Kebir (photos), y réclament un « élargissement du front de la paix », notamment par une coopération ponctuelle avec les forces de l'AfD.
Soutien aux pacifistes de la SPD
Alors que les politiciens de la SPD qui plaident en faveur de négociations avec la Russie sont critiqués dans leurs propres rangs, le co-président de l'AfD, Tino Chrupalla, a salué cet appel. À peine un jour plus tard, un rapprochement inhabituel s'est produit. Dans un appel signé par des auteurs marxistes, des journalistes et d'autres personnalités, il est demandé de remettre en question les anciennes frontières politiques et de coopérer ponctuellement avec l'AfD afin d'éviter une escalade nucléaire.
Les auteurs remettent ouvertement en question la pertinence actuelle des catégories politiques classiques: même des concepts scientifiques tels que la « gravitation » ont été soumis à des vérifications au cours de l'histoire. « Pourquoi alors la « gauche » et la « droite » [...] seraient-elles immuables ? » Tout comme « rouge », « gauche » est devenu un terme sans signification claire: «susceptible d'être détourné, ambigu et sans fondement scientifique». Compte tenu de la situation politique, il serait plus approprié de parler de visions du monde plus précises.
« Ceux qui ne coopèrent pas maintenant se rendent complices »
Au cœur de l'appel se trouve la crainte d'une troisième guerre mondiale: «Nous, marxistes, nous battons contre ce capitalisme posé comme « dernier mot de l'histoire ». Les signataires sont particulièrement critiques à l'égard de la position de l'OTAN vis-à-vis de la Russie et du « tournant historique » allemand. La confrontation avec la Russie sert à maintenir la domination occidentale. « Cette course à la guerre mondiale risque de plonger l'Allemagne dans un enfer nucléaire. »
Dans ce contexte, il serait erroné d'exclure d'emblée toute coopération avec l'AfD. « Ceux qui renoncent aujourd'hui à explorer les possibilités d'une coopération ponctuelle avec les forces de l'AfD se rendent complices ! »
Accent mis sur les intérêts communs en matière de paix
Sur la question russe, l'électorat de l'AfD apparaît comme un allié potentiel: 86% des électeurs de l'AfD sont favorables à la « paix avec la Russie ».
Les auteurs de l'appel plaident pour que les divergences ne soient ni occultées ni considérées comme un obstacle à des actions communes: «Si, en tant que «gauche», nous manifestons alors aux côtés de la «droite», nous n'hésiterons pas à débattre de manière civilisée des questions en suspens [...] ! »
Le point de référence des marxistes pacifistes reste le prolétariat, y compris pour les non-prolétaires tels que les artistes ou les scientifiques qui, « dans la bonne tradition de Friedrich Engels et Bertolt Brecht », adoptent un « point de vue pro-prolétarien ».
Le patriotisme réévalué
L'appel souligne également un changement dans l'utilisation de termes tels que « patriotisme ». Il rappelle des modèles antifascistes tels que le « Comité national pour une Allemagne libre » ou les combattants espagnols pour la liberté. Les auteurs rejettent l'assimilation réflexive de la conscience nationale au fascisme. Ils affirment: «L'internationalisme n'est pas un blanc-seing pour accuser à la légère les dissidents du mouvement pacifiste de crimes fascistes lorsqu'ils se disent patriotes, attachés à leur nation et fiers de leur patrie».
Défense des droits civils, y compris pour la droite
L'appel ne s'arrête pas aux questions relatives à la manière dont l'État traite les détracteurs de droite. Les auteurs se demandent si la répression étatique contre les militants pacifistes de droite doit être simplement acceptée: «Ne devrions-nous pas aussi nous ranger ponctuellement aux côtés de la «droite» dans les conflits publics et juridiques contre l'arbitraire des autorités?». La pluralité doit, selon eux, s'appliquer également aux dissidents politiques.
À la fin de l'appel, un appel est lancé au mouvement pacifiste pour qu'il se concentre sur le fond : « Ceux qui agissent vraiment à gauche aujourd'hui peuvent parfois se passer du beau mot « gauche » sur leurs stands d'information, s'ils contribuent plus souvent par leurs actions à élargir le front de la paix contre les profiteurs de guerre. » Et il est souligné avec insistance : « « Plus jamais la guerre », c'est maintenant ! »
13:12 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afd, allemagne, actualité, europe, affaires européennes, pacifisme | |
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La députée européenne du FPÖ Petra Steger: « Les discussions à huis clos entre l'UE et les grandes entreprises sont un scandale démocratique ! »
La députée européenne du FPÖ Petra Steger: « Les discussions à huis clos entre l'UE et les grandes entreprises sont un scandale démocratique ! »
Source: https://www.unser-mitteleuropa.com/169501
La députée européenne du FPÖ Petra Steger a réagi avec virulence lors de la réunion de la commission de la défense SEDE qui s'est tenue le 3 juin, au cours de laquelle une rencontre avec Brad Smith, vice-président de Microsoft, a eu lieu à huis clos et sans la participation de la majorité des députés.
« Le fait que la commission de la défense de l'UE participe à une réunion secrète et opaque avec un haut représentant d'une entreprise technologique américaine, tout en excluant les députés élus et donc l'opinion publique européenne, est un scandale démocratique sans précédent ! De telles discussions en coulisses sapent la confiance dans les institutions de l'UE », a déclaré Mme Petra Steger.
Les voix critiques sont « exclues »
Selon Petra Steger, le fait que seuls les coordinateurs des groupes politiques aient été invités montre une tendance croissante à éliminer le contrôle parlementaire: « Il s'agit ici manifestement d'une tentative délibérée d'écarter les voix critiques, en particulier lorsqu'il s'agit de questions sensibles liées à la cybersécurité et à l'influence de puissantes entreprises sur notre infrastructure de sécurité. Cela n'a plus rien à voir avec la transparence démocratique. »
Petra Steger, elle-même membre suppléante de la commission SEDE, met également en garde contre l'influence croissante des entreprises transnationales sur les décisions de politique de sécurité dans l'UE : « Si des géants technologiques multinationaux tels que Microsoft sont autorisés à discuter de questions militaires avec des instances européennes à huis clos, sans obligation de rendre des comptes au public, cela constitue un pas dangereux vers une politique pro-technocratique occulte. Il faut une transparence totale et un contrôle parlementaire, pas des accords élitistes conclus en coulisses. »
En conclusion, Petra Steger demande la fin de cette pratique antidémocratique et un retour aux principes fondamentaux du parlementarisme: «L'UE doit se décider: veut-elle une Europe des citoyens ou une Europe des entreprises? Au FPÖ, nous sommes clairement en faveur d'une transparence totale, d'une participation démocratique et de la défense de la souveraineté nationale contre le lobbying des entreprises. »
12:41 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : petra steger, actualité, union européenne, parlement européen, affaires européennes, europe, fpö, autriche | |
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lundi, 16 juin 2025
Israël/Iran: Quels sont les intérêts de l'Allemagne et de l'Europe?
Israël/Iran: Quels sont les intérêts de l'Allemagne et de l'Europe?
Quels sont les intérêts politiques et économiques allemands et européens dans le conflit Israël/Iran?
par Wolfgang Hübner
Quelle: https://pi-news.net/2025/06/israel-iran-was-ist-das-deuts...
Si les équipes nationales de football d’Israël et d’Iran jouaient l’une contre l’autre, les spectateurs allemands pourraient sans problème manifester leur sympathie pour l’une ou l’autre équipe. Les intérêts allemands spécifique, au-delà de la gestion ordinaire du pays, ne seraient en rien affectés. La situation est tout autre si un conflit armé éclate entre ces deux États. Alors, en Allemagne, le conflit ne doit pas forcément être accompagné, du point de vue de l’observateur centre-européen qui, par la force des choses, est éloigné de la zone de grande turbulence, par une sympathie pour l’une ou l’autre partie; la problématique doit dès lors être abordée en posant une question bien précise: dans quelle mesure ce conflit touche-t-il les intérêts allemands (et/ou européens), quel est l’intérêt politique et économique allemand/européen dans ce conflit ?
C’est en tout cas la position et l’approche que devraient adopter les patriotes allemands/européens. Pour eux, la priorité doit demeurer la suivante: les guerres qui peuvent nuire à notre pays ne vont en principe jamais dans l’intérêt allemand/européen. L’attaque israélienne contre l’Iran, selon la version officielle qu'en donne l’administration Trump, sans encore apporter son soutien, comporte un fort potentiel de dommages et d’escalade, aussi pour l’Allemagne et pour les nations européennes. Non seulement cela entraînera des coûts énergétiques plus élevés pour tous les ménages et pour l'industrie, mais apportera aussi de nouveaux flux de réfugiés et des troubles internes venant de la minorité musulmane, entre Flensburg et Constance (entre Dunkerque et Brest-Litovsk, entre Copenhague et Palerme).
Indépendamment des deux gouvernements de Jérusalem et Téhéran, qui posent aujourd'hui problème, il est dans l’intérêt allemand/européen d’entretenir de bonnes relations à la fois avec Israël et avec l’Iran. Les relations particulières, historiquement dues, avec Israël n’imposent en aucune façon de soutenir des attaques et des raids contre d’autres États. L’Iran doit demeurer un interlocuteur à part entière de l’Allemagne et des autres Etats européens qui doivent lui demander de ne pas propager leur volonté, autodestructrice en ultime instance, de détruire l’État juif. Mais nous ne pouvons pas non plus empêcher l’Iran de se défendre vigoureusement contre une attaque et de rendre coup pour coup.
C’est un signe d’immaturité politique et d’ignorance de ses propres intérêts nationaux que d'énoncer des déclarations unilatérales de sympathie et de soutien dans ce conflit actuel et de les diffuser, notamment par le biais de représentants de l’extrême droite extra-parlementaire ou du parti national-conservateur qu'est l’AfD. Quatre-vingts ans après la fin de la guerre, dans un monde qui évolue rapidement et de manière dramatique, ce ne doivent jamais être des motivations émotionnelles ou morales qui doivent prévaloir, mais l’intérêt national à long terme. Seuls les vrais patriotes doivent décider.
14:12 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, allemagne, iran, israël, politique internationale | |
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L'Ukraine et la perte insidieuse de la souveraineté allemande en matière de défense - Entretien avec Gerold Otten
L'Ukraine et la perte insidieuse de la souveraineté allemande en matière de défense
Entretien avec Gerold Otten
Propos recueillis par Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/06/die-ukraine-und-der-schleiche...
« Le financement de la production d'armement d'un autre État est quelque chose d'inouï », déclare Gerold Otten, député AfD au Bundestag et ancien pilote de chasse de la Bundeswehr, dans une interview accordée à PI-NEWS.
Selon les médias, le gouvernement fédéral allemand finance le développement de missiles ukrainiens à longue portée pouvant atteindre 2500 km, fabriqués sur le sol ukrainien, sans technologie allemande, mais avec des fonds allemands. Elena Fritz, rédactrice chez PI-NEWS, s'est entretenue à ce sujet avec Gerold Otten, député AfD au Bundestag et ancien pilote de chasse de la Bundeswehr.
PI-NEWS : Monsieur Otten, seriez-vous d'accord pour dire que le gouvernement fédéral allemand entre délibérément dans une zone grise en finançant des missiles ukrainiens à longue portée afin de contourner le contrôle classique des projets d'armement militaire ? Et comment évaluez-vous cela au regard du droit international, notamment en ce qui concerne l'effet contraignant du traité 2 + 4 et de la Charte des Nations unies ?
GERALD OTTEN : Le financement de la production d'armement d'un autre État est quelque chose d'inouï, car cela n'a jamais été fait auparavant. Le contrôle parlementaire classique (appelé « BMF-Vorlagen ») ne concerne que les achats pour la Bundeswehr. Il s'agit donc effectivement d'une zone grise, même si le Bundestag allemand a théoriquement la possibilité d'empêcher ce paiement grâce à son droit en matières budgétaires. Je me demande si ce n'est pas une manière détournée de vendre des technologies de pointe à l'Ukraine ou s'il ne s'agit pas d'un moyen de contourner le débat public sur la livraison de missiles. De ce point de vue, la mesure annoncée par le chancelier Merz revêt avant tout une importance politique au niveau national.
En ce qui concerne les implications en matière de politique étrangère, le financement ne devrait pas enfreindre le traité 2 + 4. Certes, celui-ci interdit à l'Allemagne réunifiée de mener des guerres d'agression, mais cette disposition est directement tirée de la Charte des Nations unies et ne s'applique pas spécifiquement à l'Allemagne. L'Allemagne ne mène pas non plus de guerre d'agression. Au contraire, dans ce cas également, l'opinion selon laquelle cette mesure, tout comme les livraisons d'armes à un État attaqué, est conforme au droit de légitime défense prévu par la Charte des Nations unies (art. 51), lequel devrait prévaloir. Si la Russie invoquait cette mesure pour dénoncer le traité 2 + 4, cela n'aurait aucune conséquence juridique, car le traité ne contient aucune clause de dénonciation et la Russie n'agirait pas en accord avec les trois autres parties au traité. En droit international, la responsabilité de l'utilisation de systèmes d'armes à longue portée incombe à l'Ukraine, tant qu'elle sert à la légitime défense d'un État attaqué. Ce droit à la légitime défense inclut objectivement la destruction des infrastructures militaires sur le territoire de l'agresseur.
Le cofinancement actif par l'Allemagne d'armes offensives ukrainiennes ne peut-il pas être interprété comme un « danger renaissant », en particulier par la Russie, et conduire ainsi théoriquement à une escalade en matière de politique de sécurité en invoquant la clause relative aux États ennemis ?
De manière générale, la clause relative aux "États ennemis (des Nations Unies - dont l'Allemagne fait toujours partie, ndt)" est obsolète sur le plan juridique et politique. En tant que membre de l'ONU, l'Allemagne bénéficie, comme tout autre membre de l'ONU, d'une protection juridique contre les attaques militaires (conformément à l'interdiction du recours à la force, art. 2, al. 4). Il est vrai que la clause des États ennemis (art. 53 et 107) fait toujours partie de la Charte des Nations unies. Si tel est toujours le cas, c'est en raison de la complexité d'une modification (il faudrait l'accord de tous les membres à part entière et des deux tiers de tous les membres). De plus, bien que la suppression de cette clause soit un objectif de la politique allemande, elle n'est pas prioritaire, car la clause des États ennemis n'a plus d'importance politique ou juridique au niveau international. À cet égard, il est fait référence à une résolution de la 50ème Assemblée générale des Nations unies du 11 décembre 1995, selon laquelle « les clauses relatives aux « États ennemis » figurant aux articles 53, 77 et 107 de la Charte sont devenues caduques compte tenu des changements profonds qui se sont produits dans le monde ».
La clause des États ennemis ne fournit aucune base pour mener des actions militaires contre un membre de l'ONU qui, comme beaucoup d'autres membres de l'ONU, agit dans le cadre de la Charte des Nations unies. Il s'agirait d'une interprétation unilatérale, et une action militaire contre l'Allemagne serait interprétée par l'OTAN comme un acte d'agression contre un allié, ce qui entraînerait l'application de l'article 5 du Traité de Washington (OTAN).
Jusqu'à présent, l'OTAN s'est toujours efforcée d'éviter toute escalade, en particulier en ce qui concerne les systèmes d'armes susceptibles de menacer le cœur du territoire russe. En soutenant la fourniture d'armes offensives ukrainiennes dont la portée dépasse largement les frontières de l'Ukraine, l'Allemagne n'est-elle pas en train de s'écarter du consensus de l'alliance en matière de politique de sécurité, risquant ainsi une rupture stratégique avec les États-Unis ?
Le fait est que l'Allemagne n'est pas le seul pays à avoir fourni des systèmes d'armes à longue portée à l'Ukraine, d'autres pays de l'OTAN l'ont également fait. La Grande-Bretagne et la France ont fourni des Storm Shadow/Scalp à l'Ukraine et les États-Unis des missiles ATACMS, qui ont déjà été utilisés contre le territoire russe. Dans ce contexte, on ne peut pas parler d'un abandon du consensus de l'OTAN en matière de politique de sécurité, mais plutôt d'une confirmation officielle par Merz de ce qui est déjà la pratique des partenaires de l'OTAN qui soutiennent l'Ukraine dans sa lutte défensive contre la Russie.
En finançant un programme ukrainien et indépendant prévoyant l'utilisation de missiles, Berlin ne se contente pas de donner de l'argent, mais cède également de facto le contrôle à un tiers. Partagez-vous l'avis selon lequel nous ne saurons même plus à l'avenir contre qui les armes développées avec des fonds allemands seront utilisées ? Et n'est-ce pas là la perte de contrôle la plus dangereuse en matière de politique de sécurité depuis la création de la Bundeswehr ?
En droit international, la situation est telle que l'Ukraine, en tant qu'État souverain, peut utiliser les armes financées ou transférées comme le prévoit la Charte des Nations unies (art. 51). Il n'est pas possible d'exercer un contrôle direct sur l'utilisation des armes, d'autant plus si l'argent est utilisé pour développer les capacités de production des missiles ukrainiens ou pour les perfectionner. La condition imposée jusqu'à présent pour les exportations d'armes, à savoir la clause dite de destination finale, qui oblige les acheteurs à accepter des contrôles sur la destination finale des équipements militaires allemands, ne s'applique pas dans le cas présent.
Officiellement, l'Allemagne aide l'Ukraine « à se défendre ». Mais en réalité, elle finance désormais des armes offensives qui permettent également des frappes préventives, risquant de provoquer une dangereuse escalade. Selon vous, avons-nous depuis longtemps franchi le seuil d'une participation cachée à la guerre et, si oui, quelles pourraient en être les conséquences en matière de droit international et de politique de sécurité ?
La distinction entre armes défensives et offensives est une chimère. Tous les systèmes d'armes peuvent être utilisés dans les deux scénarios, c'est pourquoi c'est l'acte d'utilisation qui détermine s'ils sont utilisés à des fins offensives ou défensives. En ce qui concerne la participation à la guerre, les documents pertinents du droit international public fournissent un cadre clair: l'article 2, paragraphe 4, de la Charte des Nations unies interdit en principe le recours à la force militaire, sauf dans le cadre de la légitime défense (article 51 de la Charte des Nations unies), auquel cas même les États neutres peuvent soutenir un État attaqué en fournissant des moyens financiers et des équipements militaires. Les Conventions de La Haye de 1907 (ici explicitement la « Convention concernant les droits et devoirs des puissances et des personnes neutres en cas de guerre terrestre ») ne peuvent s'appliquer à la guerre en Ukraine, car l'Assemblée générale des Nations unies a condamné la Russie en tant qu'agresseur. C'est pourquoi de nombreux États membres de l'OTAN et de l'UE, y compris l'Allemagne, ne se sont pas déclarés neutres, mais ont apporté leur soutien à l'Ukraine dans le cadre de l'article 51 de la Charte des Nations unies.
Il est donc légal et légitime, au regard du droit international, de soutenir un État attaqué en lui fournissant de l'argent et des armes. Quant à savoir si cela est politiquement opportun, c'est une autre question.
Depuis 1945, la raison d'État allemande consistait à ne pas déclencher d'escalade militaire indépendante, à ne pas promouvoir de systèmes d'attaque et à ne pas mener de projets d'armement sans contrôle parlementaire. Diriez-vous que ce gouvernement, avec la bénédiction du chancelier fédéral, est en train d'abolir ces principes fondamentaux – et que l'AfD a non seulement le droit, mais aussi le devoir de s'y opposer haut et fort et publiquement ?
Notre opposition doit être politique et avoir pour objectif de parvenir à une paix négociée sur la base de la reconnaissance des intérêts légitimes des parties. Il est positif que l'on discute désormais concrètement des conditions d'un cessez-le-feu, même si les points de vue des deux parties belligérantes sont très divergents. La politique allemande sous Merz s'inscrit dans la politique de l'OTAN et de l'UE et ne peut donc être considérée comme une particularité. En même temps, en réduisant son influence en matière de politique étrangère, l'Allemagne se prive de la possibilité de jouer le rôle de médiateur honnête entre les parties belligérantes et de soutenir de manière crédible les éventuelles initiatives du gouvernement américain.
11:07 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretien, gerold otten, actualité, europe, affaires européennes, allemagne, ukraine, afd | |
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dimanche, 15 juin 2025
Israël-Iran: même dans une telle crise, l’Europe pusillanime sombre dans l'insignifiance
Israël-Iran: même dans une telle crise, l’Europe pusillanime sombre dans l'insignifiance
Andrea Muratore
Source: https://it.insideover.com/guerra/israele-iran-anche-in-qu...
Des contributions à la désescalade ? Des négociations diplomatiques sérieuses ? Des activités effervescentes pour défendre ses intérêts ? Rien de tout cela. L’Europe s’arrête sur le conflit Iran-Israël, écrasée entre la crainte de démentir la position américaine et le réflexe conditionné de l’interventionnisme.
Il en résulte une position difficilement compréhensible : les mêmes pays qui, depuis plusieurs semaines, ont adopté des positions de plus en plus critiques contre Tel-Aviv en raison de l’escalade des bombardements sur Gaza et des privations imposées par Israël aux civils dans la Bande de Gaza, approuvent désormais, pour l'essentiel, les attaques unilatérales lancées par l’État hébreu contre l’Iran, auquel Washington accorde tacitement son blanc-seing. Ce qui est sans influence aucune sur les deux camps.
Une courte revue de déclarations aide à le comprendre. Emmanuel Macron, président français : « La France réaffirme le droit d’Israël à se défendre et à garantir sa sécurité. » Friedrich Merz, chancelier allemand : « L’objectif doit rester d’empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires. » Des paroles similaires des porte-paroles de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. En passant, David Lammy et Antonio Tajani, ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni et de l’Italie, ont invité à la modération… pour l’Iran !
Dire que ces déclarations ne signifient rien ne signifie pas forcément défendre le régime iranien, mais plutôt montrer un principe politique clair : l’Europe est totalement inaudible, insignifiante et prévisible dans ses déclarations. Simplement elle demeure une note marginale dans le monde des relations internationales.
Il est paradoxal de voir Macron parler du droit à la défense d’Israël tout en étant promoteur de la reconnaissance par la France de la Palestine ; les appels européens à la modération et à la dénucléarisation de l’Iran restent inaudibles, tandis que des bombes tombent sur Natanz, Fordow, Ispahan et d’autres centres après qu'aucun pays européen n’a saisi l’aimant avancé par Abbas Aragchi (photo), ministre iranien des Affaires étrangères, qui, après le début des négociations avec les États-Unis sur le nucléaire en avril, a souligné la froideur diplomatique totale du Vieux Continent, en particulier des pays du groupe E3 (Allemagne, France, Royaume-Uni), signataires du Joint Comprehensive Plan of Action (Jcpoa), l’accord de 2015 négocié par Barack Obama et Hassan Rouhani, avec l’Union européenne, la Chine, la Russie et les États-Unis.
Aragchi, diplomate réservé et certainement pas extrémiste, demandait une audience aux diplomaties européennes: «ambassadeur ne porte pas préjudice». Elle ne lui a pas été accordée par les pays de l’E3, et il faut souligner que même l’unique État européen qui avait tenté de jouer le rôle de médiateur, l’Italie, s’est trouvée également dépourvue de toute marge de négociation.
Au moins, Giorgia Meloni a, dans une note du Palazzo Chigi, « réaffirmé le plein soutien aux négociations entre les États-Unis et l’Iran pour un accord sur le programme nucléaire iranien », mais il reste incertain que ces négociations, prévues pour demain en Oman, auront lieu comme prévu. Et la décision de Benjamin Netanyahu de tenir de nombreux pays européens, dont l’Italie, dans l’ignorance de l’imminence des raids montre la faible considération de son gouvernement pour des États amis de Tel-Aviv.
« Les gouvernements européens devraient intensifier la coordination avec l’administration Trump et les États du Conseil de coopération du Golfe pour préserver le canal diplomatique avec l’Iran, en maintenant à court terme un canal secondaire pour la résolution des conflits avec Téhéran », a déclaré à Euractiv Ellie Geranmayed du Conseil européen pour les relations étrangères (Ecfr). Une vision qui présuppose une Europe qui soit puissance de dialogue, mais qui aujourd’hui se heurte à une réalité beaucoup plus désolante, qui parle plutôt d’un Vieux Continent faible et pusillanime, dépourvu de capacité d’influence sur ses voisins, contraint à subir les événements dans chaque dossier: cela vaut pour Gaza, la crise en Libye, la mer Rouge et l'affrontement entre les États-Unis et les Houthi, cela vaut bien sûr pour la guerre en Ukraine et, apparemment, pour la guerre Iran-Israël.
Au final, peut-être que l’opinion de l’Europe est tout simplement insignifiante. Sur la scène mondiale, la position d’une Turquie, d’une Arabie Saoudite, d’une Inde et d’un Pakistan sur une crise comme celle qui s’est ouverte entre l’Iran et Israël a plus d’impact que celle de toute l’Europe, communautaire ou non. Nous sommes prévisibles, marginaux et périphériques. Et nous ne faisons rien pour inverser la tendance. Le déclin du rôle de l’Europe dans le monde en est la conséquence logique et inévitable.
14:45 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaire européennes, iran, israël, moyen-orient, politique internationale | |
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Douche glacée à Varsovie
Douche glacée à Varsovie
par Georges Feltin-Tracol
Les plumitifs de la presse subventionnée de grand chemin jubilaient le mois dernier. Satisfaite de la victoire présidentielle du maire libéral de Bucarest, le 18 mai, grâce à une forte ingérence numérique occidentale, française en particulier, la cléricature médiacratique souhaitait que le poulain de l’actuel premier ministre polonais, l’extrême centriste Donald Tusk, Rafal Trzaskawski, déjà candidat battu en 2020, évinçât le candidat national-conservateur présenté par PiS (Droit et Justice), Karol Nawrocki (photo).
L’espoir du système médiatique d’occupation mentale était fondé au soir du premier tour, ce même jour. Avec 31,36 %, Rafal Trzaskawski arrivait en tête. Mais Karol Nawrocki le talonnait à 29,54 %, soit un écart de 1,82 point ! Le report des suffrages pour le second tour du 1er juin se révélerait décisif. Outre cette maigre différence, deux enseignements supplémentaires rendaient les spéculations électorales bien hasardeuses.
Les trois candidats de gauche ne recueillent que 10,18 %. Aucun ne dépasse 5 %. La gauche tant dans sa version sociale-démocrate que dans sa variante radicale devient une force marginale d’appoint guère certaine. Quant aux trois candidats de droite radicale, ils cumulent à 21,92 % des voix. Ce résultat constitue la grande surprise du premier tour.
Troisième au soir du 18 mai, Slawomir Mentzen (photo) récolte 14,81 %. Il représente la Confédération Liberté et Indépendance. Fondée en 2018, cette coalition politique compte seize députés et cinq euro-députés dont trois membres à l’Europe des nations souveraines et deux aux Patriotes pour l’Europe. Elle regroupe Nouvel Espoir, le Parti des chauffeurs, la Ligue nationale, l’Union des familles chrétiennes et le Mouvement national. Des différences programmatiques entre les alliés ne nuisent pas à l’entente: le Mouvement national tend vers le national-populisme alors que Nouvel Espoir se veut libéral-conservateur. Mentzen a séduit un électorat jeune ou primo-votant lassé du bipartisme entre la Plateforme civique d’extrême centre et PiS, et intéressé par ses propositions libertariennes en prenant exemple sur Elon Musk et la TechnoBro d’inspiration minarchiste (un État limité à ses seules fonctions régaliennes).
Arrivé en quatrième position avec 6,34 %, Grzeorgorz Braun représente la Confédération de la Couronne polonaise (deux députés et un euro-député non-inscrit). Créée en 2019 et alliée à la Confédération Liberté et Indépendance avant d’être exclue cette année pour radicalité élevée, cette Confédération de la Couronne polonaise a bénéficié de l’appui du Congrès de la Nouvelle Droite. Non, les rédactions d’Éléments, de Nouvelle École et de Krisis n’ont pas déménagé à Varsovie ! Lancé en 2011 par l’excentrique Janusz Korwin-Mikke (photo, ci-dessous), ce Congrès de la Nouvelle Droite, affilié au Parlement européen à Identité et Démocratie, s’affiche libéral et conservateur. Son libéralisme est parfois surprenant avec sa volonté de légaliser toutes les drogues. Usant d’un argumentaire libertarien, Braun perd 78.918 voix par rapport à Krzysztof Borak, candidat en 2020 (6,78 %).
N’obtenant que 0,77 %, Marek Jakubiak anime les Républicains libres, une scission nationaliste du PiS. Héritier du nationaliste russophile ethno-polonais Roman Dmowski (1864 – 1939), ce candidat ne cache pas son scepticisme envers les idées libertariennes et le conservatisme libéral. Il faut toutefois rappeler qu’à l’occasion de la première élection présidentielle à l’automne 1990, le futur président Lech Walesa affronta au second tour l’homme d’affaire canadien, Stanislaw Tyminski, par ailleurs chef du groupusculaire Parti libertarien du Canada.
Acceptant de discuter sur Internet avec Slawomir Mentzen, les deux finalistes démontrent leur envie de draguer ses électeurs. Si Trzaskawski reste lui-même face à son contradicteur et déroule son discours libéral-progressiste destiné en premier lieu à ses électeurs urbains, Nawrocki, ouvertement atlantiste et fan du MAGA trumpiste, diaspora polonaise outre-Atlantique oblige, accepte toutes les conditions de son interlocuteur devenu faiseur de président dont le refus que l’Ukraine adhère à l’Union dite européenne, que l’armée polonaise intervienne là-bas et le rejet d’introduire l’euro en Pologne.
Il faut attendre la matinée du lundi 2 juin pour apprendre l’élection de Karol Nawrocki à la présidence à 50,89 % contre 49,11 % pour Trzaskawski, soit la plus faible différence de l’histoire de l’élection présidentielle en dépit d’une diminution de l’abstention (28,37 % au lieu de 32,69 % au 1er tour). Certes, Nawrocki a su attirer vers lui la grande majorité des électeurs de droite radicale. Il a aussi su catalyser la colère des catégories populaires irritées par la campagne de presse anti-Nawrocki. En effet, pendant la campagne électorale, la presse menteuse n’a pas cessé de dénigrer le candidat du PiS au point de pratiquer un racisme de classe. Elle a accusé le directeur de l’Institut de la mémoire nationale de proxénétisme et de s’être battu lors de quelques rixes. Cette campagne négative s’est retournée contre ses auteurs.
Investi le 6 août prochain, Karol Nawrocki entend saper le gouvernement de Donald Tusk et de favoriser le retour au pouvoir du PiS. Le futur chef d’État polonais dispose d’un droit de véto sur toutes les lois. Ce véto ne peut être annulé que par un vote de la Diète à la majorité qualifiée des trois cinquièmes. La cohabitation va donc se poursuivre et elle risque de devenir électrique d’autant que le gouvernement Tusk repose sur une alliance instable entre la gauche, les centristes agrariens et les libéraux. Toutefois, la faible avance montre l’existence d’un antagonisme intérieur qui s’apparente à une guerre culturelle majeure, voire à une « guerre civile froide ». PiS appartient cependant aux Conservateurs et réformateurs européens. L’audience continentale de l’Italienne Giorgia Meloni s’accroît par conséquent.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 160 , mise en ligne le 10 juin 2025 sur Radio Méridien Zéro.
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Conflictualité sans boussole : pourquoi une politique de paix stratégique n'est pas un recul
Conflictualité sans boussole : pourquoi une politique de paix stratégique n'est pas un recul
Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/06/konflikt-ohne-kompass-warum-s...
Dans un article récent publié sur Apollo News, Max Mannhart évoque « l'erreur de la droite sur l'Ukraine » (cf. https://apollo-news.net/der-historische-ukraine-irrtum-von-rechts/ ), reprochant aux voix conservatrices de méconnaître la situation stratégique et de se réfugier dans une dangereuse illusion irénique
Dans le débat sur les politiques étrangère et de sécurité allemandes, un consensus remarquable s'est établi: ceux qui ne soutiennent pas l'aide militaire à l'Ukraine sont considérés comme naïfs, bercés d'illusions ou virtuellement « pro-Poutine ». Ce cadre discursif se déplace de plus en plus vers les milieux conservateurs du centre.
Récemment, un article très remarqué a évoqué « l'erreur de la droite sur l'Ukraine », reprochant aux voix conservatrices de méconnaître la situation stratégique et de se réfugier dans une dangereuse illusion irénique. Une telle critique est légitime. Elle mérite toutefois une analyse précise, non pas pour des raisons tactiques, mais pour des raisons stratégiques. Car derrière la demande de fournir toujours plus d'armes, d'exercer de plus en plus de pression, de montrer de plus en plus de « fermeté » se cache un discours sur la politique de sécurité qui n'est plus que partiellement compatible avec la réalité.
La faisabilité militaire comme dogme
Le point central de l'argumentation est la thèse selon laquelle la Russie ne serait prête à négocier que sous la pression militaire. Cette affirmation n'est pas nouvelle: elle imprègne la communication officielle de l'OTAN depuis le début de la guerre. Elle suppose qu'une Ukraine militairement inférieure, équipée de systèmes d'armes occidentaux, pourrait améliorer ses conditions de négociation face à une grande puissance continentale européenne disposant d'une couverture nucléaire et d'une défense stratégique en profondeur. Cette prémisse contredit toutefois la situation stratégique sur le terrain.
Depuis l'automne 2023, le conflit se meut dans une large mesure dans une impasse opérationnelle. Malgré un soutien occidental massif, les forces armées ukrainiennes n'ont pas réussi à inverser la tendance sur le plan opérationnel. Les contre-offensives de l'été 2023 n'ont eu aucun effet structurel. Malgré tous ses problèmes internes, la Russie a consolidé sa position le long des lignes de front. L'idée selon laquelle il serait possible d'« amadouer » la Russie sur le plan militaire et de la contraindre à négocier est donc dénuée de fondement factuel. À y regarder de plus près, elle est davantage motivée par des considérations politico-psychologiques que stratégiques.
La question cruciale : dans quelles conditions la Russie serait-elle disposée à négocier ?
Un deuxième point problématique dans le débat actuel est l'objectif implicite. La demande de livraisons d'armes n'a de sens sur le plan stratégique que si l'on sait clairement à quoi elles doivent servir et quel est l'objectif final qui serait politiquement réaliste. Or, c'est précisément là que le discours reste vague.
Faut-il chasser complètement la Russie des territoires occupés depuis 2014? L'Ukraine doit-elle être intégrée à l'OTAN, malgré les risques systémiques? Ou s'agit-il d'obtenir la meilleure position de négociation possible dans le cadre d'un cessez-le-feu à définir? Sans définition d'objectifs, toute mesure en reste à une sorte de politique symbolique. Or, une stratégie qui ne nomme pas ouvertement ses objectifs perd de sa légitimité, tant sur le plan intérieur qu'extérieur.
La Russie en tant qu'acteur systémique, et non en tant que variable
Un troisième angle mort perceptible en de nombreuses analyses sur l'Ukraine réside dans l'idée que la Russie est un partenaire de négociation prévisible et rationnel au sens occidental du terme. En réalité, l'action russe suit sa propre logique stratégique, ancrée dans une structure géopolitique profonde. Pour Moscou, l'Ukraine n'est pas un « État voisin », mais un tampon en matière de politique de sécurité – sur les plans historique, culturel et militaire.
L'adhésion de Kiev à l'OTAN n'est pas considérée en Russie comme une décision diplomatique, mais comme une menace existentielle. Que l'on partage ou non ce point de vue est secondaire. Ce qui est déterminant, c'est que ceux qui l'ignorent ne mènent pas une politique étrangère, mais se livrent à une projection de nature morale. Une solution à la guerre en Ukraine passe par la reconnaissance de cette perception stratégique, et non par sa délégitimation.
La perspective conservatrice : une politique d'intérêts plutôt qu'une illusion
Dans ce contexte, la position des acteurs conservateurs, qui sont sceptiques à l'égard des livraisons d'armes et misent sur la diplomatie, n'apparaît pas comme une « erreur », mais comme une tentative de ramener le conflit dans le cadre de la Realpolitik.
Le recours à la pensée classique en termes d'intérêts, de zones d'influence et de perceptions liées à la sécurité ne constitue pas un retour en arrière, mais une correction nécessaire du moralisme qui remplace le contrôle politique par l'indignation publique.
Ceux qui exigent que la Russie « perde » ne donnent pas de réponse concrète à la question de savoir ce que cela signifie exactement et comment cet objectif peut être atteint avec des moyens calculables sans franchir le seuil d'une escalade systémique. Ce sont précisément les positions conservatrices qui mettent en garde contre une extension du conflit sur le sol européen et misent sur des formes d'intervention diplomatique. Ces voix sont peut-être sous-représentées dans le discours médiatique. Mais contrairement à la rhétorique belliciste, elles apportent ce qui compte dans la crise: des options d'action.
Conclusion : la sécurité ne vient pas des vainqueurs, mais de l'équilibre
La guerre en Ukraine n'est pas un duel moral, mais un conflit stratégique entre deux systèmes ayant un impact mondial. Elle ne peut être résolue par des déclarations d'intention, mais par la gestion des intérêts, la minimisation des risques et la marge de manœuvre dans les négociations. Ceux qui présentent la politique de paix conservatrice comme un abandon de responsabilité méconnaissent le fait que la capacité à s'imposer des limites stratégiques n'est pas un signe de faiblesse, mais l'expression d'une sagesse politique. Dans une situation où aucun objectif militaire ou politique ne peut être clairement défini, continuer à s'armer n'est pas courageux, mais irresponsable.
Voir aussi :
« Alexander Wallasch : l'erreur historique de la gauche concernant l'Ukraine - https://www.alexander-wallasch.de/gastbeitraege/der-historische-ukraine-irrtum-von-links-dieser-krieg-wird-deutschland-ruinieren
11:45 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : realpolitik, actualité, ukraine, allemagne, europe, affaires européennes | |
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Le Royaume-Uni se prépare à la guerre
Le Royaume-Uni se prépare à la guerre
Léonid Savin
Le 2 juin, le gouvernement britannique a publié le rapport naguère promis sur sa stratégie de défense, ce qui a donné un document de 140 pages présentant sa vision du développement des forces armées du pays, leur utilisation et les menaces qui pèsent sur le Royaume-Uni.
Le préambule souligne que « la menace à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui est plus grave et moins prévisible que jamais depuis la guerre froide. La Grande-Bretagne est confrontée à la guerre en Europe, à l'agression croissante de la Russie, à de nouveaux risques nucléaires et à des cyberattaques quotidiennes sur son propre territoire. Nos adversaires coopèrent de plus en plus entre eux, tandis que les technologies transforment les méthodes de guerre. Dans la guerre en Ukraine, les drones tuent plus de personnes que l'artillerie traditionnelle, et celui qui dotera le plus rapidement ses forces armées de nouvelles technologies aura l'avantage ».
Il est ensuite question d'un « changement majeur dans notre stratégie de dissuasion et de défense : le passage à une posture de préparation opérationnelle pour dissuader les menaces et renforcer la sécurité dans la région euro-atlantique. Alors que le Royaume-Uni assume davantage de responsabilités en matière de sécurité européenne, nous devons adhérer à la politique de défense « l'OTAN d'abord » et jouer un rôle de premier plan au sein de l'Alliance nord-atlantique. Le Royaume-Uni deviendra un leader en matière d'innovation au sein de l'OTAN ».
En bref, la nouvelle stratégie prévoit quatre axes qui devraient conduire à un certain effet de synergie.
Premièrement : le passage à l'état de préparation au combat — la création de « forces combinées » plus meurtrières, équipées pour l'avenir, et le renforcement de la défense nationale.
Deuxièmement : le moteur de la croissance économique — la création d'emplois et la prospérité grâce à un nouveau partenariat avec l'industrie, à des réformes radicales dans le domaine des achats et au soutien aux entreprises.
Troisièmement : « L'OTAN avant tout » : renforcer la sécurité européenne en assumant un rôle de premier plan au sein de l'Alliance, en renforçant le potentiel nucléaire, en utilisant les nouvelles technologies et en modernisant les armes conventionnelles.
Quatrièmement : une approche axée sur l'ensemble de la société: élargir la participation à la sécurité du pays et renouveler le contrat avec ceux qui servent.
Les responsables du groupe chargé de la préparation du document étaient George Robertson (photo), ancien secrétaire général de l'OTAN, le général Richard Barrons, ancien chef du commandement interarmées britannique, et Fiona Hill, issue du monde universitaire. Elle possède également la nationalité américaine et a travaillé à la Maison Blanche, où elle coordonnait la politique à l'égard de la Russie et de l'Europe au sein du Conseil national de sécurité des États-Unis.
Tous trois développent des opinions assez russophobes, ce qui a influencé le style de la stratégie et les termes utilisés dans celle-ci.
La Russie est mentionnée 33 fois dans le document, dans un contexte clairement négatif : « La Russie mène une guerre sur notre continent », « l'agression croissante de la Russie et les nouveaux risques nucléaires », « l'agression russe en Europe s'intensifie », « la Russie démontre sa volonté d'utiliser la force militaire, de nuire à la population civile et de menacer d'utiliser des armes nucléaires pour atteindre ses objectifs », etc.
En dressant la liste des menaces, les auteurs de l'étude tirent une conclusion sans équivoque : la Russie est une « menace immédiate et urgente ». Vient ensuite la Chine, qualifiée de « défi complexe et persistant ».
Parmi les autres menaces figurent la Corée du Nord et l'Iran, qualifiés de « destructeurs régionaux ». Dans le même temps, le renforcement des liens entre la Russie et la Chine avec ces deux pays se voit souligné, ce qui crée une nouvelle dynamique, et « les États émergents de taille moyenne peuvent être hostiles aux intérêts de la Grande-Bretagne ».
Cette étude rappelle des stratégies similaires élaborées aux États-Unis, où les quatre États mentionnés apparaissent constamment comme des menaces depuis l'époque de Barack Obama.
Cependant, la section consacrée aux défis technologiques donne le même sentiment de déjà-vu: elle énumère les technologies quantiques, l'hypersonique, les armes de haute précision, les robots, les cybermenaces, l'intelligence artificielle, les armes à énergie dirigée et la bio-ingénierie.
Il en va de même pour la section consacrée à la concurrence stratégique. Le rapport fait référence à un changement de priorités dans l'approche des États-Unis et propose de suivre la même voie, confirmant ainsi le statut de partenaire militaro-politique junior de Washington.
Et la concurrence stratégique, comme indiqué, est directement liée à la multipolarité croissante, où l'on mentionne à nouveau la Chine et la Russie, qui remettent en cause « l'ordre international fondé sur des règles » (tous les libéraux-mondialistes répètent ce mantra).
Mais ce ne sont là que des fleurs, comme on dit. Voici ce que les auteurs de l'étude envisagent de cultiver en proposant leurs prévisions sur l'évolution de la situation.
« Sur la base des méthodes de guerre existantes, si le Royaume-Uni mène une guerre entre les États membres de l'OTAN en 2025, il peut s'attendre à être soumis à certaines ou à toutes les méthodes d'attaque suivantes.
- Attaques contre les forces armées au Royaume-Uni et dans les bases étrangères.
- Attaques aériennes et balistiques (à l'aide de drones à longue portée, de missiles de croisière et de missiles balistiques) visant les infrastructures militaires et les infrastructures nationales critiques au Royaume-Uni.
- Tentatives visant à déstabiliser l'économie britannique, en particulier l'industrie qui soutient les forces armées, notamment par le biais de cyberattaques, de blocus maritimes et d'attaques contre les infrastructures spatiales critiques.
- Augmentation des cas de sabotage et de cyberattaques touchant les infrastructures critiques internes et externes.
- Tentatives de manipulation de l'information dans le but de saper la cohésion sociale et la volonté politique.
En ce qui concerne les vulnérabilités spécifiques, le rapport souligne la dépendance de l'île à l'égard des câbles Internet sous-marins, des importations alimentaires (environ 50 %), du gaz naturel norvégien, ainsi que la nécessité d'accéder à des métaux rares.
Outre la réorganisation de la structure des forces armées afin d'améliorer l'intégration des différentes branches de l'armée, le rapport mentionne le développement du secteur de la défense et la formation de personnel technique. Il souligne que la création de plates-formes pour les chars et les avions nécessite un cycle d'au moins cinq ans, tandis que le développement de petits systèmes tels que les drones peut prendre plusieurs mois.
Il est prévu de créer un département de contre-espionnage militaire au sein des services de renseignement, ainsi que de fusionner les services chargés de la cyberguerre et du spectre électromagnétique.
Les partenaires de la Grande-Bretagne dans le cadre d'une riposte hypothétique à ces menaces sont également désignés. Il s'agit en premier lieu des États-Unis, des pays de l'OTAN, puis de l'Ukraine.
À propos de cette dernière, il est dit que «c'est un moment décisif pour la sécurité collective en Europe, qui ne se produit qu'une fois dans une vie: garantir un règlement politique durable en Ukraine, garantissant sa souveraineté, son intégrité territoriale et sa sécurité à l'avenir, est essentiel pour dissuader la Russie de poursuivre son agression dans toute la région».
Afin de ne pas manquer cette occasion unique, qui ne se présente qu'une seule fois, le Royaume-Uni devrait doubler son aide à l'Ukraine, qui s'élève à 3 milliards de livres sterling, et la maintenir aussi longtemps que nécessaire.
Les auteurs précisent les mesures à prendre pour renforcer cette aide: «Par exemple, en développant les co-entreprises entre les industries de défense britannique et ukrainienne et, dès la fin du conflit immédiat, en aidant l'Ukraine à accéder à de nouveaux marchés pour son industrie de défense, notamment pour l'entretien et la modernisation des équipements soviétiques obsolètes utilisés par des pays tiers».
Mais cela ne se limite pas aux anciens équipements soviétiques: «Le ministère de la Défense doit également tirer les leçons de l'expérience remarquable de l'Ukraine en matière de guerre terrestre, d'utilisation de drones et de conflits hybrides afin d'élaborer sa propre approche moderne de la conduite des opérations militaires».
Ce passage montre clairement qu'il ne faut pas se faire d'illusions sur la raison des élites politiques occidentales, qui continueront à provoquer une escalade délibérée. Dans ce scénario, l'Ukraine est à la fois un terrain d'essai pour évaluer de nouvelles formes et de nouveaux moyens de mener un conflit armé, et un instrument direct contre la Russie.
Toutefois, les auteurs du document n'ont pas seulement mentionné l'orientation européenne.
Ils ont également souligné les intérêts de la Grande-Bretagne dans la région indo-pacifique (avec la base de Diego Garcia), dans l'Atlantique (en particulier les îles Malouines, que l'Argentine appelle Malvinas et considère comme siennes) et à Gibraltar (dont l'Espagne revendique légitimement le territoire).
Le document montre également un intérêt pour la production d'un nombre important de missiles à longue portée. Et dans les recommandations, il est mentionné la nécessité de porter les effectifs des forces armées à 100.000 personnes, dont 83.000 seront des soldats réguliers et les autres des réservistes.
Les indicateurs quantitatifs sont mentionnés en raison des problèmes actuels de recrutement de l'armée britannique.
Selon les données officielles, depuis la fin du service obligatoire en 1960, les effectifs des forces régulières britanniques ont diminué de 74%. Au cours de l'année qui a suivi avril 2024, 1140 militaires ont démissionné. L'année précédente, ils étaient 4430 de plus.
Dans son rapport sur l'état de préparation des forces armées publié en février 2024, le Comité de sélection pour le service militaire a exprimé son inquiétude face aux problèmes de recrutement et de fidélisation des militaires. Dans une déclaration orale devant la Commission des comptes publics en avril 2025, le chef d'état-major de la défense, l'amiral Tony Radakin, a reconnu le problème, mais a déclaré qu'il « s'atténuait ».
La presse britannique a qualifié cette nouvelle étude de tentative de promotion du « keynésianisme militaire » afin d'obtenir le soutien budgétaire nécessaire.
Et il faudra soutirer des sommes considérables aux contribuables.
Les dépenses importantes seront vraisemblablement consacrées aux missiles, à la construction de nouveaux sous-marins de combat et à la fabrication de munitions pour ceux-ci. L'achat aux États-Unis d'avions multifonctionnels F-35A, certifiés pour le transport de la bombe nucléaire gravitationnelle B61-12, dont la puissance maximale est de 50 kilotonnes, est également envisagé. Au total, 15 milliards de livres sterling seront investis dans la modernisation de la production d'armes nucléaires.
Compte tenu des faiblesses des blindés britanniques, confirmées par les combats en Ukraine, il sera probablement nécessaire de créer de nouveaux prototypes de chars et de véhicules blindés.
Le rapport mentionne également la formation d'une milice dirigée par des volontaires, qui aidera à protéger les aéroports, les centres de communication et d'autres infrastructures nationales critiques contre les drones et autres attaques surprises. À cet égard, la Grande-Bretagne a clairement suivi l'exemple de la Pologne et de certains autres pays de l'UE qui, pris de panique, ont déjà commencé à créer des formations similaires pour « se défendre contre la Russie ».
En général, sur le plan diplomatique, il faut clairement s'attendre à une sorte de démarché, sinon de la part de la Chine, de l'Iran et de la Corée du Nord, du moins de la part de la Russie, car le comportement hostile de Londres est désormais renforcé par une rhétorique et des intentions agressives.
Mais si l'on lit entre les lignes et que l'on tient compte du contexte international et politique interne, l'aperçu présenté devrait inquiéter les Britanniques eux-mêmes.
Les dernières élections ont montré que la méfiance à l'égard du gouvernement actuel augmente, tout comme les possibilités de sécession en Irlande du Nord et en Écosse. Compte tenu des précédents historiques, les forces armées britanniques pourraient être utilisées à l'intérieur du pays pour réprimer des troubles. Et les symptômes d'éventuelles émeutes civiles au Royaume-Uni deviennent chaque jour plus visibles.
11:19 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Militaria | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grande-bretagne, royaume-uni, défense, europe, affaires européennes, bellicisme | |
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samedi, 14 juin 2025
Le grand nettoyage
Le grand nettoyage
Karl Richter
Source: https://www.facebook.com/karl.richter.798
Le volte-face de la politique américaine en Ukraine est le premier grand coup du gouvernement Trump contre les Européens. Le fait que Washington leur tourne soudainement le dos, qu’il arrête toutes les ventes d’armes à Kiev et laisse les régimes européens seuls face à la guerre revient à une ultime perte de signification politique – et le président américain ne s’arrêtera pas au changement de cap en Ukraine.
Les Européens peuvent désormais signer leur capitulation, en même temps que Kiev. Que vont faire les Ukrainiens avec les 700 milliards d’euros des fonds européens, que Baerbock leur a fait miroiter, en cas de capitulation ? Quel rôle veulent jouer Londres, Paris, Berlin et les autres régimes marionnettes sur le champ de bataille dans le Donbass ? Ont-ils l’intention de sacrifier 30.000 soldats – pas plus – pour Kiev ? Merz, Kiesewetter et Baerbock, qui ont récemment halluciné à propos d'une attaque russe sur le Brandebourg, sont capables de commettre cette folie. Il ne leur reste qu’à le leur conseiller chaleureusement. Cela accélérerait leur suicide.
Au final, les Européens n’auront atteint aucun – en chiffres : zéro – de leurs objectifs en Ukraine. Ils ne « ruineront » ni la Russie (dixit Baerbock), ni ne défendront leurs « valeurs », ni l’Ukraine elle-même. Si tout va bien, il ne restera qu’un État fantôme démilitarisé de la partition de l'Ukraine. Au lieu de cela, ils auront infligé à leurs peuples des dégâts immenses et provoqué une faillite historique sans précédent des « valeurs européennes », qui ne laisseront que haine, hostilité et nouvelles incitations à la guerre.
Si je ne me trompe pas, la domination de Trump, qui ne s’arrêtera pas devant l’Europe, pourrait maintenant ouvrir des possibilités pour faire apparaître des criminels de guerre sur la scène internationale. La manœuvre de Trump, encore peu appréciée, a consisté à qualifier récemment Zelensky de « dictateur » sans élections. La façon dont on traite les dictateurs – à juste titre ou à tort – a été concrétisée et approuvée par Uncle Sam au cours de ces dernières décennies, et jusqu’à l’excès. Il les laisse finir sur la lame de la guillotine, une fois leur tâche accomplie. La liste est infinie. Zelensky pourra se réjouir s’il parvient encore à prendre le dernier avion pour Tel-Aviv.
Mais les Européens ne sont pas pour autant tirés d’affaire : ils ont soutenu le régime illégal de Zelensky. Pendant trois années entières, avec des milliards d’euros venus des poches de leurs contribuables, avec du matériel de guerre et au prix de centaines de milliers de vies humaines. Un véritable crime de guerre, en plus, en ce qui concerne l’Allemagne, une violation du traité Deux Plus Quatre et la préparation d’une guerre d’agression (art. 26 GG). Selon la nouvelle administration américaine, cela pourrait avoir des conséquences. La jeune porte-parole de Trump, Karoline Leavitt, a déjà indiqué la direction vers laquelle cela pourrait aller : en citant le chancelier Scholz, elle a dit : « Chancelier fédéral, choisissez soigneusement vos mots. La seule place que l’Allemagne mérite dans ces négociations est le box des accusés ». Exactement !
La deuxième ligne d’attaque est formée par le vice-président de Trump, J. D. Vance. Après son brillant discours lors de la Conférence de sécurité à Munich, il se concentre également sur l’État de droit allemand. Quelques jours après, il a approfondi ses arguments contre le régime allemand d'injustice, à travers un documentaire américain sur la justice idéologique en Allemagne. La pratique quotidienne, désormais banale, selon laquelle toute opinion dissidente dans cette « meilleure Allemagne que l’on ait jamais connue » (Steinmeier) aboutit à des perquisitions et à de lourdes amendes,. Cette situation a été commentée par Vance : « Tout le monde en Europe et aux États-Unis doit rejeter cette folie ». Et : « La criminalisation de la parole sera un poids énorme pour les relations transatlantiques ». Espérons-le.
Le prochain gouvernement devra se préparer sérieusement, car ce sera probablement le dernier, avant que l’AFD – avec l’aval de Washington – ne prenne le contrôle. La manière dont on orchestre les coups d’État de Maidan, les printemps arabes et autres changements de régime, Uncle Sam en connaît quelque chose. Peut-être essaiera-t-il aussi en Allemagne ?
Mais évitons tout malentendu : il faut mettre nos lecteurs en garde contre toute illusion. Ceux qui observent la situation de plus près se rendront compte que l’offensive américaine pour la liberté d’expression vise principalement à semer le trouble en Europe. Aux États-Unis, Trump a en même temps, parmi ses premières mesures, ordonné une répression accrue contre les « délits antisémites ». Il ne faut pas continuer à en discuter interminablement, mais il faut le savoir, en prendre acte.
Et surtout, pour les Allemands, ce développement, aussi louable qu’il puisse paraître en soi, n’est pas une gloire. Nous n’avons pas eu notre mot à dire sur tout ce qui se passe dans l’hémisphère occidental ces derniers temps. Nous n’avons jamais été autant vassaux depuis 1945, un résultat des politiques irresponsables et criminelles de nos gouvernements fédéraux successifs. Le peu de consolation, c’est que les autres Européens ne vont guère mieux. Pour le moment, nous ne pouvons faire que regarder le régime des vieux partis mourir, et, autant que possible, contribuer à sa chute. La suite, on verra.
15:38 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, europe, allemagne | |
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jeudi, 12 juin 2025
L'accord sur les ressources naturelles a été classé secret par les États-Unis: les Ukrainiens ont-t-il été dupés?
L'accord sur les ressources naturelles a été classé secret par les États-Unis: les Ukrainiens ont-t-ils été dupés?
Washington/Kiev. Contrairement à ses intentions, le président américain Donald Trump n’a pas encore vraiment oeuvré à la paix en Ukraine. En revanche, Washington se sert largement des ressources de l’Ukraine – dans la mesure où elles ne se trouvent pas dans les zones contrôlées par la Russie. Un accord étendu, accordant de vastes droits d’exploitation à des entreprises américaines, a récemment été signé entre les deux pays.
Mais le gouvernement ukrainien a maintenant rendu deux contrats supplémentaires liés à l’accord sur les ressources naturelles secrets, et refuse aux députés de la Rada d’en prendre connaissance. C’est ce qu’a rapporté le parlementaire Jaroslaw Schelesnjak sur sa chaîne Telegram, en publiant la déclaration officielle du ministère de l’Économie.
Les documents, qui définissent les règles essentielles pour le fonctionnement d’un fonds commun, avaient été demandés par les représentants pour examen. Mais le ministère a rejeté cette demande, justifiant sa décision en disant qu’il s’agissait de « documents juridiques complexes » contenant « des dispositions concernant l’accès et la gestion d’informations qui constituent un secret commercial et doivent être traitées de manière confidentielle par les parties ». Schelesnjak a critiqué cette position et rappelé que le gouvernement avait initialement promis de rendre publics tous les détails de l’accord une fois signé.
Le 1er mai, le cabinet de Kiev avait déjà publié le texte principal de l’accord sur les ressources naturelles avec Washington. Ensuite, les médias et les politiciens ont vivement critiqué les conditions de l'accord. Ils accusent le gouvernement de Zelensky de céder ainsi une partie de la souveraineté économique du pays, car l'accord confère à long terme des privilèges aux États-Unis pour accéder aux ressources ukrainiennes – sans inclure les garanties de sécurité que Zelensky a demandées à plusieurs reprises. De plus, les députés ont déploré que seul la partie générale de l’accord ait été présentée, alors que les règles détaillées et cruciales sont consignées dans les annexes désormais classées secrètes.
Le refus du gouvernement de divulguer ces documents alimente le doute sur la transparence des accords et suggère que Kiev a fait des concessions plus importantes aux États-Unis que ce qui est officiellement connu (mü).
Source: Zu erst, juin 2025.
17:49 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, états-unis, europe, affaires européennes, matières premières, terres rares, politique internationale | |
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Erich Vad, ancien conseiller de Merkel: "La Russie atteint ses objectifs malgré les attaques ukrainiennes"
Erich Vad, ancien conseiller de Merkel: "La Russie atteint ses objectifs malgré les attaques ukrainiennes"
Berlin. L’ex-général de la Bundeswehr, Erich Vad, ancien conseiller militaire de la chancelière Angela Merkel, évalue la situation actuelle dans le conflit en Ukraine de manière sobre : l’attaque ukrainienne contre des bases aériennes russes ne change rien au fait que la Russie poursuit ses objectifs stratégiques. Les combats parallèles aux négociations qui se poursuivent sur le front ne sont pas inhabituels, a souligné Vad dans une interview avec la Berliner Zeitung.
La plus récente opération secrète de l’Ukraine contre des bases de bombardiers russes Vad la compare à l’„Opération Kursk” : „Elle avait une grande valeur symbolique, mais peu d’importance militaire.” Bien que Kiev démontre ainsi la portée de ses armes, cela ne fait pas chanceler la Russie, ni ne modifie la situation sur le front, où les troupes russes „progressent lentement mais sûrement”. Vad suspecte un soutien occidental en renseignement et logistique, mais insiste : „La Russie conserve la supériorité militaire et travaille de manière cohérente à la pleine maîtrise du Donbass.”
Concernant la discussion sur d’éventuelles livraisons de missiles „Taurus” allemands, Vad s’exprime clairement : „L’Allemagne ne devrait pas livrer ces missiles de croisière.” S’ils sont utilisés contre des cibles à haut risque comme le pont de Kertch ou des ministères à Moscou, cela pourrait signifier l’entrée en guerre de l’Allemagne. Les objectifs de négociation russes sont cependant transparents : en plus de sécuriser le Donbass et le pont terrestre vers la Crimée, Moscou exige la neutralité diplomatique de Kiev. Si l’Ukraine n’est pas prête à faire des compromis, une percée frontale de la Russie – ou même un „changement de régime” par des opérations secrètes – est à craindre.
Vad, qui se considère comme atlantiste, avait déjà averti en janvier 2023 dans „Emma” contre des attentes excessives concernant la livraison de chars. Une victoire ukrainienne est irréaliste, les négociations étant la seule issue. Sa critique de l’attitude dépourvue de stratégie de l’Occident a été renforcée par sa signature du „Manifeste pour la paix” d’Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht. Même maintenant, Vad maintient son avis : la Russie atteindra ses objectifs – avec ou sans négociations (mü)
16:14 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemane, ukraine, russie, erich vad, europe, affaires européennes, politique internationale, actualité | |
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lundi, 09 juin 2025
Chine. Inauguration de la ligne ferroviaire vers Téhéran: l'importance du détroit de Malacca se voit relativisée
Chine. Inauguration de la ligne ferroviaire vers Téhéran: l'importance du détroit de Malacca se voit relativisée
par Giuseppe Gagliano
Source: https://www.notiziegeopolitiche.net/cina-inaugurata-la-ferrovia-che-arriva-a-teheran-tagliato-lo-stretto-di-malacca/
Au cœur de l'Asie, un nouveau corridor ferroviaire est en train de changer discrètement les règles du jeu mondial. L'inauguration récente de la ligne ferroviaire reliant Urumqi, dans la province chinoise du Xinjiang, à Téhéran, en passant par l'Asie centrale et le Turkménistan, n'est pas seulement un exploit logistique, mais un acte de défi stratégique qui bouleverse l'équilibre géopolitique. Avec un temps de transit de seulement 15 jours, contre 40 pour les routes maritimes, ce corridor permet à la Chine et à l'Iran de contourner le détroit de Malacca et d'autres artères maritimes qui sont sous le contrôle de la marine américaine, ouvrant ainsi une nouvelle ère pour le commerce des marchandises chinoises et du pétrole iranien vers les marchés européens. Ce projet ne se contente pas de raccourcir les distances, il redessine également les cartes du pouvoir, remettant en question l'hégémonie américaine sur le contrôle des routes mondiales.
Le détroit de Malacca, ce goulet d'étranglement maritime qui assure le passage entre l'océan Indien et l'océan Pacifique, est depuis des décennies le talon d'Achille de la Chine. Environ 80% des importations pétrolières chinoises et 60% de son commerce maritime transitent par ce passage, rendant Pékin vulnérable à un éventuel blocus naval par les États-Unis ou leurs alliés, tels que Singapour ou l'Inde. En 2003, l'ancien président chinois Hu Jintao a qualifié cette dépendance de « dilemme de Malacca », un problème stratégique qui a poussé la Chine à rechercher des alternatives terrestres pour diversifier ses routes commerciales et garantir sa sécurité énergétique. Le nouveau corridor ferroviaire Chine-Iran, qui fait partie intégrante de l'initiative Belt and Road (BRI), est la réponse la plus audacieuse à ce défi.
Longue d'environ 4000 kilomètres, cette route relie Yiwu (Zhejiang) à Qom, en Iran, en traversant le Kazakhstan et le Turkménistan. Selon la China Railway Corporation, ce corridor pourrait transporter plus de 10 millions de tonnes de marchandises par an d'ici 2030, grâce à la demande croissante des marchés eurasiatiques et moyen-orientaux. Pour l'Iran, ce projet représente une bouée de sauvetage économique: les sanctions occidentales, qui limitent l'accès aux marchés maritimes et financiers, trouvent réponse dans l'organisation du transport terrestre, lequel constitue dès lors une alternative moins exposée aux pressions internationales. Le pétrole iranien peut désormais atteindre la Chine sans passer par les détroits d'Ormuz ou de Malacca, ce qui réduit le risque d'interruptions dues à des tensions géopolitiques ou à des sanctions.
Ce n'est pas un hasard si ce corridor arrive à un moment où les tensions entre la Chine, l'Iran et les États-Unis s'intensifient. Washington a redoublé d'efforts pour contenir l'expansion économique de Pékin et limiter les exportations de pétrole iranien, considérées comme une source de financement pour le régime de Téhéran. La marine américaine, avec sa présence dominante dans le Pacifique et le golfe Persique, représente une menace constante pour les deux pays. Le corridor ferroviaire change toutefois la donne: non seulement il permet à la Chine d'accéder au pétrole iranien sans passer par les eaux contrôlées par les États-Unis, mais il renforce également l'Iran en tant que plaque tournante commerciale entre l'Asie et l'Europe, le rendant moins dépendant des routes maritimes vulnérables.
Ce projet s'inscrit dans un contexte plus large de coopération sino-iranienne. En 2021, les deux pays ont signé un accord de partenariat stratégique d'une durée de 25 ans, qui prévoit des investissements chinois de 400 milliards de dollars dans les infrastructures, l'énergie et la technologie en Iran. Le chemin de fer est un élément clé de cette stratégie, financée en partie par la China Development Bank et l'Export-Import Bank of China, avec la participation de géants tels que la China Railway Construction Corporation (CRCC). Du côté iranien, la Islamic Republic of Iran Railways (RAI) a coordonné l'expansion des infrastructures internes, en harmonisant les normes ferroviaires avec les normes internationales afin de garantir un flux continu de marchandises.
Cette évolution inquiète Washington. Les États-Unis ont investi des ressources considérables pour maintenir le contrôle des principales routes maritimes mondiales, avec des bases navales stratégiques telles que celles de Singapour et de la Cinquième Flotte à Bahreïn. La capacité d'interdire le commerce chinois ou iranien par le biais de points de contrôle tels que Malacca ou Hormuz a longtemps été une arme géopolitique. Cependant, le nouveau corridor réduit l'efficacité de ce levier, offrant à la Chine et à l'Iran une alternative terrestre qui échappe au contrôle américain. Ce n'est pas un hasard si des publications sur des plateformes telles que X décrivent le projet comme une « révolution géopolitique », capable de réviser la théorie de Halford Mackinder sur l'importance du contrôle du cœur de l'Eurasie pour la domination mondiale.
Malgré son potentiel, ce corridor n'est pas sans obstacles. La route traverse des pays comme le Kazakhstan et le Turkménistan, où les infrastructures ferroviaires nécessitent des mises à niveau constantes et où la stabilité politique n'est pas toujours garantie. La gestion transfrontalière nécessite des accords complexes en matière de douanes, de sécurité et de normes techniques, et toute tension régionale pourrait compromettre le flux de marchandises. En outre, le volume du transport ferroviaire, bien que significatif, reste une fraction des 144 millions de tonnes annuelles qui transitent par le détroit de Malacca, ce qui fait de ce corridor, à court terme, un complément, et non un substitut, aux routes maritimes.
Il y a ensuite la question de la réponse internationale. Les États-Unis et leurs alliés, tels que l'Inde et le Japon, promeuvent des projets alternatifs, comme le corridor Inde-Moyen-Orient-Europe, afin de contrer l'influence chinoise. La Turquie, avec son projet Development Road, vise à concurrencer le golfe Persique et l'Europe en tant que plaque tournante commerciale. Ces développements suggèrent une concurrence croissante pour le contrôle des routes commerciales, l'Eurasie étant au centre d'un nouveau « grand jeu ».
Le corridor ferroviaire Chine-Iran n'est pas seulement une infrastructure, mais un symbole du monde multipolaire qui prend forme. En réduisant leur dépendance vis-à-vis des routes maritimes contrôlées par les États-Unis, la Chine et l'Iran construisent une alternative qui renforce leur autonomie stratégique et celle des pays d'Asie centrale. Pour l'Europe, ce corridor offre des opportunités commerciales, mais aussi des dilemmes: comment concilier un accès plus rapide aux marchandises et les pressions géopolitiques de Washington ?
À une époque de tensions mondiales croissantes, ce projet rappelle que le contrôle des routes commerciales est toujours au cœur de la concurrence entre les puissances. La Chine, avec sa vision de la Nouvelle Route de la Soie, et l'Iran, avec sa résilience face aux sanctions, parient sur un avenir où l'Eurasie redeviendra le centre du monde. Reste à voir si les États-Unis, gardiens de l'ordre maritime mondial, trouveront une réponse efficace à ce défi terrestre. Une chose est sûre: le train parti d'Urumqi ne transporte pas seulement des marchandises, mais aussi un message clair au monde entier.
14:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Eurasisme, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, iran, eurasie, eurasisme, géopolitique, chemins de fer, route de la soie, asie, affaires asiatiques, europe, affaires européennes, grand jeu | |
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Le continent oublié: l'Europe de l'Est
Le continent oublié: l'Europe de l'Est
Boris Nad
Extrait de After the Virus: The Rebirth of a Multipolar World (PRAV Publishing, 2022), traduit par Jafe Arnold.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe a été divisée entre l'Est et l'Ouest. L'Est était sous la domination de Moscou, et l'Ouest sous la domination incontestée de Washington. L'ancienne division entre « l'Est » et « l'Ouest » a ainsi été particulièrement absolutisée pendant la guerre froide, cimentée par le rideau de fer. Après la chute du mur de Berlin, lorsque le drapeau de « l'Europe unie » a été hissé, il ne devait y avoir qu'une seule Europe, forte et unique, unie sous l'égide de l'OTAN et de l'UE. À cet égard, l'Europe de l'Est — la « périphérie européenne » — était censée faire partie de l'Occident et oublier ou surmonter son héritage historique et ses traditions historiques, qui étaient déclarées rétrogrades, à l'instar du « lourd fardeau du communisme » ou de l'orthodoxie. Ce projet s'est rapidement révélé utopique. La réalité était et reste différente. L'Europe se compose de différents ensembles et régions, chacun ayant son propre cheminement et ses propres intérêts.
La particularité de l'Europe de l'Est réside dans le fait qu'elle a toujours représenté un carrefour, une « zone de contact » et un pont entre les civilisations. Mais la division civilisationnelle la plus importante n'est pas la dichotomie entre « l'Ouest » et « l'Est ». En réalité, l'Europe de l'Est n'a jamais été « l'Ouest », ni « l'Est » tel qu'on l'imaginait, mais quelque chose de tiers et d'incomparablement plus important.
C'est ce qu'a déclaré Mircea Eliade, « historien des religions, humaniste, orientaliste, philosophe et écrivain prolifique », dont l'ami et collaborateur de longue date Joseph Mitsuo Kitagawa a écrit : « Eliade est né à Bucarest, en Roumanie, tout près de la ligne imaginaire où l'Occident rencontre l'Orient. » Depuis cette « ligne frontière » incertaine, Eliade s'est d'abord rendu en Orient : « Il a passé près de cinq ans en Inde, où il a étudié la philosophie indienne avec Surendranath Dasgupta à l'université de Calcutta. Il a ensuite passé six mois dans un ashram près de Rishikesh, dans l'Himalaya. »
Après 1945, Eliade vécut en Occident: dix ans, de 1945 à 1955, à Paris, puis trente ans en Amérique, où il travailla à l'université de Chicago. Mircea Eliade n'était pas du tout un Occidental, mais un « homme d'une troisième culture » : « Il avait toutes les raisons de concevoir son travail dans une perspective hautement comparative. » En effet, il a consacré sa vie à confirmer une thèse: l'unité essentielle des traditions de l'Eurasie. « Eliade avait une forte conscience de cette unité », écrit le professeur italien Claudio Mutti, « et pendant la période la plus intense de la guerre froide, il n'a pas accepté de définir l'Europe dans les frontières étroites que les apologistes de la « civilisation occidentale » cherchaient à imposer » (cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/10/28/claudio-mutti-quelle-eurasie.html ).
« Le fait est qu'Eliade était roumain, et non occidental », souligne le professeur Mutti, et qu'il appartenait à une « nation qui s'est formée à un carrefour géographique ». La culture roumaine n'est pas « occidentale », mais une culture qui a traditionnellement joué le rôle de médiateur entre les différentes traditions et civilisations de l'Est et de l'Ouest. Les influences qui l'ont traversée sont nombreuses, parfois directes, parfois fluides et presque imperceptibles. C'est une « culture de médiation » et une culture de grandes synthèses créatives. « La culture roumaine », telle qu'Eliade la voyait, « a représenté une sorte de pont entre l'Occident et Byzance, entre l'Occident et le monde slave, entre l'Orient et la Méditerranée ». « Ce qu'Eliade affirme à propos de la culture de son propre pays », déclare Mutti, « s'avère vrai pour toute l'Europe du Sud-Est ». En effet, on peut en dire autant de toute l'Europe de l'Est.
D'une manière générale, l'Orient et l'Occident existent-ils comme deux cultures antithétiques et incompatibles ? L'Europe occidentale est-elle la seule « véritable Europe », qui revendique tous les droits à l'universalité et à la modernité, au passé et à l'avenir ? À l'opposé de cette vision se trouve l'Europe de l'Est, « arriérée », « primitive » et bien sûr démunie, dont les cultures et les traits historiques sont censés être effacés et oubliés dès que possible afin de rejoindre « l'Occident progressiste ».
Telle est la conception occidentale de l'histoire moderne de l'Europe. Elle nie à l'Europe de l'Est toute identité culturelle et toute singularité. Mircea Eliade a écrit précisément à ce sujet avec un sentiment de ridicule et de sarcasme :
"Il existe encore parmi les intellectuels des personnes honnêtes pour qui l'Europe s'arrête au Rhin ou, au mieux, à Vienne. Au-delà commence ce qui est pour eux un monde inconnu, peut-être charmant mais incertain. Ces puristes seraient tentés de découvrir sous la peau d'un Russe ce fameux Tatar dont ils ont entendu parler à l'école ; en ce qui concerne les Balkans, c'est là que commence cet océan ethnique confus d'autochtones qui s'étend jusqu'en Malaisie".
Pour ces « puristes intellectuels » et ces « personnes honnêtes », l'Asie commence « en dehors de Vienne ». C'est là que s'arrête la « civilisation » — et la civilisation existe exclusivement au singulier, comme dans « civilisation occidentale ».
L'Autriche n'est qu'une forteresse en saillie, comme son nom l'indique : « Austria », ou Österreich, vient de l'ancien allemand Ostarrîchi, qui signifie « Reich oriental », la frontière orientale du Saint-Empire romain germanique. Au-delà, ce sont des sauvages ou des barbares. Le mot « barbare » est un emprunt à l'ancien grec, dans lequel il s'agissait d'une onomatopée composée de syllabes censées imiter des cris d'animaux. « Bar-bar » – d'où « barbare » – désignait toute personne qui ne possédait pas le langage humain et qui était donc assimilée à un animal muet. Pour les Occidentaux, « en dehors de Vienne » commence « l'Orient », cette sombre Scythie qui, selon les mots de Carl Gustav Jung, ne cesse de troubler et d'effrayer la petite bourgeoisie allemande ; la Scythie d'où « soufflent toujours des vents nouveaux et différents ». Ces « barbares » sont, en fait, principalement des Slaves.
Cette conception raciste a été proclamée assez ouvertement par le Troisième Reich d'Hitler, pour lequel les Slaves étaient des sous-humains et les Aryens allemands les porteurs de la culture. Ce racisme occidental n'a pas disparu avec Hitler, mais est seulement devenu subliminal et s'est déplacé dans le domaine de l'inconscient, ce qui ne l'a en aucun cas rendu moins dangereux ou mieux intentionné. Le cas de l'Union européenne contemporaine est le même. Elle est habilitée à prescrire les règles, car elle représente la seule véritable civilisation. Il appartient à tous les autres, y compris l'Europe de l'Est (qui reste par ailleurs essentiellement « barbare »), d'accepter ces normes comme si elles étaient réellement les normes de la civilisation elle-même, comme des conditions préalables élémentaires à une vie civilisée. Le racisme postmoderne évite de parler de supériorité biologique, mais il a remplacé cette idée par la supériorité civilisée de l'Occident.
Il est impossible de déterminer avec précision les frontières à l'intérieur desquelles s'étend cette « civilisation » imaginaire. Au cours du XIXe et même du XXe siècle, pour les gentlemen libéraux anglais, les Allemands étaient des « barbares » et des « Huns », et cette propagande a été relancée pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Du même raisonnement est né un autre concept : celui d'« Europe centrale », qui marquait une sorte de « transition » entre l'Occident civilisé et l'Orient sauvage, c'est-à-dire quelque chose qui n'était pas le « véritable Occident », mais qui n'était pas non plus, ou pas complètement, barbare ou « arriéré ».
Toute cette bravade est une image inexacte et fausse que l'Occident a cultivée autour de lui et imposée aux autres, en premier lieu à l'Europe de l'Est qui, encore hier « communiste », est condamnée à porter le lourd fardeau d'un « héritage totalitaire » issu de ses « dictatures communistes ».
La plaine pannonienne (carte, ci-dessus) appartient à cette prétendue « Europe centrale ». Ce positionnement, note Aleksandar Gajić dans son ouvrage La position géopolitique de la Voïvodine, est ancré dans la communauté des experts et le grand public serbes, où l'on considère que la région de la province serbe septentrionale de Voïvodine et toute la plaine pannonienne sont situées en Europe centrale, tandis que le reste est constitué des « Balkans primitifs ». Le cours du Danube et de la Sava est considéré comme marquant une « frontière fixe entre différentes entités géopolitiques et civilisationnelles ».
Cette thèse est bien sûr profondément erronée, comme le fait remarquer Gajić : « Ces opinions sont le résultat de préjugés qui se sont enracinés en raison des circonstances historiques des derniers siècles, lorsque la région de Voïvodine était une zone de contact et une zone frontalière entre les empires habsbourgeois et ottoman, puis plus tard la frontière entre l'Autriche-Hongrie et la Serbie ».
Milomir Stepić rappelle que le Danube constituait l'épine dorsale de l'empire des Habsbourg : « Les plaines pannoniennes étaient le cœur de ce grand et puissant État, et l'espace de l'actuelle Voïvodine, avec ses défenseurs serbes, servait d'amortisseur lors des incursions turques et de « tremplin » géostratégique pour les contre-offensives vers le sud ».
Les intérêts hongrois, dont les ambitions comprenaient l'unification politique et territoriale, en tant que « grande puissance », de l'ensemble des plaines pannoniennes, s'accordaient bien avec les pénétrations germaniques rapides vers le sud et l'est. En conclusion, Gajić affirme : « Le point de vue selon lequel cette région faisait partie d'une Europe centrale catholique exclusive et culturellement supérieure, dont les habitants orthodoxes n'étaient que de simples intrus, et qu'au-delà de cette « frontière civilisationnelle » n'existaient que la barbarie et l'absence de culture, était tout à fait justifié du point de vue géostratégique des Habsbourg ».
Qu'est-ce donc que la Pannonie, si ce n'est « l'Europe centrale » ? Depuis l'Antiquité, la Pannonie est un « espace de contact », un lieu d'interactions, de rencontres et de conflits entre la périphérie européenne et les steppes eurasiennes. Bien que partiellement isolée par les Carpates et les Tatras à l'est, la plaine pannonienne était et reste « la partie la plus occidentale du grand espace steppique de l'Eurasie ». C'est par ces chemins, depuis l'est et le nord-est, que les plus anciennes migrations connues de nomades (indo-européens) se sont dirigées vers la vallée pannonienne, créant entre autres les foyers des premières civilisations en Europe.
C'est ici, en effet, que se rencontrent au moins trois « grands espaces » géopolitiques différents : l'espace occidental, émanant du centre du Rimland européen, l'espace de l'Eurasie russe et l'espace de la Méditerranée et du Moyen-Orient.
C'est en Pannonie et dans les Balkans, dont les frontières n'ont jamais été ni culturelles ni géopolitiques, mais uniquement géographiques, que les premières civilisations ont vu le jour : la culture mésolithique et néolithique de Lepenski Vir (entre 9500 et 5500 avant J.-C. environ), la culture néolithique moyenne de Starčevo (au cours des 5e et 4e millénaires avant J.-C.), puis la culture de Vinča qui, selon certains chercheurs, comprenait des migrants venus d'Anatolie.
Les porteurs de la culture de Vučedol (3000 - 2200 avant J.-C. - carte, ci-dessus + ill.) étaient les peuples indo-européens de la steppe eurasienne, dont l'épicentre était situé dans le Srem et la Slavonie et dont l'influence s'étendait sur un espace beaucoup plus vaste, de la Slovénie à l'ouest, à la Serbie à l'est, en passant par Prague et le bassin de Vienne au nord. Le fait est que la culture néolithique de l'Europe a commencé ici (à Lepenski Vir) », conclut l'archéologue Djordje Janković, « et la culture de Vinča est vraiment le plus ancien État d'Europe ».
Il n'existe donc pas d'entité civilisationnelle et géopolitique unique qui s'étende vers le sud depuis l'Europe centrale jusqu'à la Sava et au Danube, à l'exception de celle qui n'est apparue que très tard dans l'histoire (la monarchie des Habsbourg). La vérité est plutôt tout le contraire.
L'Europe de l'Est a ses propres particularités et son propre patrimoine culturel extrêmement riche. À bien des égards, c'est un monde à part entière. L'Europe de l'Est est également un espace entre deux civilisations dont les frontières ne sont ni immuables ni fixes : l'Europe occidentale et la Russie. Dans son ouvrage monumental Noomakhia, dans le volume consacré au « Logos slave », le penseur russe Alexandre Douguine note : « C'est précisément ici que se trouvait la frontière entre les civilisations nomades, indo-européennes et patriarcales de Turan et les civilisations matriarcales de la vieille Europe (qui sont apparues en Anatolie et se sont répandues dans les Balkans et en Europe du Sud), ainsi qu'entre l'Occident catholique (latin) celto-germanique et l'Orient russe orthodoxe. »
Le facteur sarmate-scythe a sans aucun doute joué un rôle important et probablement déterminant dans l'ethnogenèse des Slaves. Mais bien avant l'arrivée des premiers Indo-Européens dans les Balkans et en Pannonie, pense Douguine, il existait ici un « ancien matriarcat – la civilisation de la Grande Mère – dont on trouve des vestiges à Lepenski Vir, Vinča et ailleurs ». Il est donc erroné d'imaginer les Balkans comme la périphérie de l'Europe. Les Balkans étaient le véritable centre de l'Europe. Les civilisations néolithiques telles que celles de Lepenski Vir ou de Vinča n'étaient pas seulement les plus anciennes civilisations et États, ou proto-États, d'Europe, mais elles étaient aussi, comme l'ont montré les travaux du professeur Radivoje Pešić, le berceau même de l'écriture européenne, bien que cela soit nié aujourd'hui.
Dans un certain sens, dit Douguine, c'est aussi ici que se trouve le berceau de la paysannerie européenne, et la paysannerie européenne a été la génératrice de nombreux éléments clés de l'identité européenne. Il serait peut-être superflu de le préciser, mais nous le ferons quand même : ces « éléments clés » de l'identité européenne sont ceux qui ont été oubliés ou profondément refoulés.
À ce jour, l'ethnie dominante en Europe de l'Est et dans les Balkans reste celle des Slaves. Pourtant, en raison d'un certain nombre de circonstances historiques, l'ensemble de l'Europe de l'Est a toujours été un conglomérat complexe de différentes ethnies, peuples et confessions. De plus, dans le passé, cet espace n'a jamais été géopolitiquement unique. « Mais, écrit Douguine, cela ne signifie pas que les peuples d'Europe de l'Est ne peuvent pas développer à l'avenir une unité civilisationnelle et retrouver une identité culturelle fondée sur un Dasein commun à l'Europe de l'Est. »
L'histoire, comme le fait remarquer le chercheur belge Robert Steuckers, est aujourd'hui réduite de manière inadmissible à une version occidentale, tandis que l'héritage de nombreux peuples – Scythes, Sarmates et Slaves – a été effacé de la mémoire collective. Redécouvrir cet héritage perdu est vital non seulement pour l'avenir de l'Europe, à l'Est comme à l'Ouest, mais aussi pour toute l'Eurasie. Les futures études approfondies doivent prendre en compte « toutes les composantes du territoire commun de l'Europe et de l'Asie » et se concentrer sur « des études approfondies qui découvrent les convergences, et non les raisons des hostilités ». La première étape dans cette direction consiste à « rechercher les convergences entre les puissances d'Europe occidentale et la Russie comme base de l'unité de l'Eurasie ».
Dans cette optique, Steuckers cite l'exemple du philosophe Leibniz. En tant que diplomate, Leibniz se méfiait initialement de la Russie, qu'il considérait comme un « nouveau khanat mongol » ou une « Tartarie » susceptible de constituer une menace pour l'Europe. Puis, après avoir étudié le développement de la Russie pétrine, il « a commencé à percevoir la gigantesque Russie comme un lien territorial nécessaire qui pourrait permettre à l'Europe de se relier à deux anciens espaces civilisationnels, la Chine et l'Inde, qui, à l'époque, avaient un niveau civilisationnel plus élevé que l'Europe ».
L'historien français Arthur Conte a également souligné l'importance de la Sarmatie dans la formation des peuples slaves: « L'élément sarmate est important non seulement pour les peuples slaves, mais aussi pour l'Occident, qui a tenté d'effacer leur héritage de la mémoire collective. » Les Sarmates constituaient autrefois l'épine dorsale de la cavalerie romaine, qui « en Grande-Bretagne romaine était en partie ou en grande partie composée de chevaliers sarmates ». Aujourd'hui, les historiens britanniques reconnaissent que ces Sarmates et leur héritage sont à l'origine des mythes celtiques arthuriens (tels que « l'épée dans la pierre » et la légende du Saint Graal).
Dans son livre Empires of the Silk Road: A History of Central Asia from the Bronze Age to the Present, le professeur Christopher Beckwith soutient que dans un passé lointain, ce sont les tribus cavalières indo-iraniennes (principalement les Scythes et les Sarmates) qui ont établi l'ensemble des règles sur lesquelles se sont fondés tous les futurs schémas organisationnels des royaumes et des empires le long de la route de la soie. L'histoire ancienne se répète à sa manière : la « nouvelle route de la soie » relie la Chine aux vastes étendues de l'Asie centrale et de la Russie, s'étendant vers l'Europe de l'Est et l'Occident. Hier comme aujourd'hui, la route de la soie représente l'axe de l'Eurasie, sa colonne vertébrale, autour de laquelle se sont formés à maintes reprises des empires et des zones de prospérité mutuelle, fruits des efforts visant à instaurer la paix sur le vaste territoire entre l'Europe occidentale et la Chine. Tout cela diffère complètement des conceptions sur lesquelles reposent et sont mises en œuvre les politiques occidentales actuelles, telles que le projet de Brzeziński, qui encourage une guerre durable, contrairement à l'initiative chinoise « Une ceinture, une route », « le projet le plus sérieux du XXIe siècle ».
Réduire l'histoire exclusivement à la version occidentale européenne est un « réductionnisme intellectuellement inacceptable ». En fait, il s'agit d'une fraude intellectuelle et d'une manipulation politique, dans laquelle les faits historiques sont systématiquement ignorés, selon les termes de Steuckers, « uniquement parce qu'ils ne cadrent pas avec les schémas des interprétations superficielles des Lumières actuellement recherchées par les puissances occidentales, qui ont provoqué toute une série de catastrophes ».
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dimanche, 08 juin 2025
Lumpenpopulisme ministériel
Lumpenpopulisme ministériel
par Georges Feltin-Tracol
Dans leurs écrits, Karl Marx et Friedrich Engels distinguent le prolétariat sur qui ils fondent l’espoir de la révolution communiste du Lumpenproletariat. Ce terme allemand signifie le sous-prolétariat et désigne les éléments du bas-peuple constitués de canailles, de malfrats et d’indicateurs de police – provocateurs. Un ministre de l’actuel gouvernement Bayrou incarne parfaitement cette tendance qui, sous couvert de discours populiste, cache une vraie tonalité populacière.
Ce « lumpenpopuliste en chef » a fait la couverture du n°65 de Synthèse nationale en hiver 2023 - 2024 au titre percutant : « Le liberticide ». À l’instar de son sinistre mentor Nicolas Sarközy, il a été l’un des pires ministres de l’Intérieur. Responsable principal de l’ensauvagement de l’Hexagone malgré les filtres et les inévitables corrections des données brutes, Gérald Darmanin cumule avec un zèle culotté le ministère de la Parole inutile et celui de l’Inaction officielle. Le seul domaine où il a montré son intransigeance concerne les nombreuses dissolutions de mouvements identitaires, nationalistes et patriotes qui représentent l’authentique opposition à un régime maboule pendant que la racaille gauchiste interlope poursuit ses méfaits en toute impunité.
À 43 ans, Darmanin présente déjà un palmarès politicien impressionnant: maire de Tourcoing de 2014 à 2017 et en 2020, il reste un an conseiller départemental du Nord (2021 – 2022), conseiller régional en Nord – Pas-de-Calais entre 2010 et 2014 avant de siéger de 2016 à 2020 au conseil régional des Hauts-de-France après la fusion avec la Picardie en 2015. Adhérent dès 16 ans au RPR (Rassemblement pour la République) de Jacques Chirac, il assiste un bref temps le député européen Jacques Toubon.
En 2004, il devient l’assistant parlementaire de Christian Vanneste, député RPR de 1993 à 1997, puis élu UMP de 2002 à 2012. Partisan d’une ligne conservatrice et favorable à l’alliance électorale avec le FN, Christian Vanneste incline vers le souverainisme. Est-ce sous son influence que Gérald Darmanin collabore en 2008 à la revue royaliste proche de l’Action française Politique Magazine ? Élu député en 2012, Darmanin vote contre le Pacte budgétaire européen. Dans le même temps, il fricote avec la Droite populaire de Thierry Mariani, l’un des courants de l’UMP.
Hormis sa proximité avec Xavier Bertrand, le futur homme fort des Hauts-de-France à compter de 2015, Gérald Darmanin adopte un positionnement que la médiacratie qualifie de « droite dure ». Il entre dès lors en compétition avec un surdoué sarközyste, Laurent Wauquiez… Une telle étiquette n’empêche pas finalement Darmanin de rallier Emmanuel Macron pendant l’entre-deux-tours de 2017. En récompense, il reçoit le ministère de l’Action et des Comptes publics. Il y restera plus de trois ans. On dit que Sarközy l’aurait menacé de ne plus jamais lui adresser la parole s’il n’acceptait pas un maroquin ministériel. Cette nomination interroge, car, au cours de la campagne électorale, il fustigeait en janvier 2017 dans les colonnes de L’Opinion « le bobo-populisme de M. Macron ».
Vite exclu des Républicains, Darmanin rejoint La République en marche en novembre 2017. À son ministère, il met en place la réforme du prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source lancée par l’inénarrable François « Flamby » Hollande. C’est toujours à Bercy qu’il assiste à l’immense crise sociale des Gilets jaunes qu’il traite de « peste brune ». Cette sortie montre que la sympathie affichée pour le peuple est factice chez cet opportuniste qui rêve de suivre les traces de Sarközy.
Ministre de l’Intérieur, son attitude de matamore fait merveille auprès du système médiatique d’occupation mentale. Or son échec est patent; il s’aggrave même en Outre-mer ravagé par des violences systémiques en Nouvelle-Calédonie, à Mayotte, en Guyane et en Martinique. Ses échecs répétés ne l’empêchent nullement de considérer l’Italie de Giorgia Meloni comme « l’ennemi de la France ». Ne revenons pas sur sa bourde gigantesque à propos de ses accusations infondées envers les supporteurs anglais devant le stade de France en 2022. Il exonère en revanche les bandes allogènes du 9-3. Ce n’est que récemment qu’il a reconnu son erreur. Il a enfin fait adopter en juillet 2021 la loi scélérate sur le séparatisme qui interdit de fait la scolarité à domicile, renforce le contrôle sur les associations et restreint la liberté des cultes au nom de la défense des valeurs insipides d’une république dégénérée.
Non reconduit à un ministère sous Michel Barnier, Gérald Darmanin reste six mois au Palais-Bourbon où il exprime toute sa frustration contre le nouveau gouvernement. Spectateur de ce manège grotesque digne des caprices d’un enfant gâté, François Bayrou le nomme dans son gouvernement en décembre 2024 au rang de ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la Justice.
Son arrivée à ce ministère, place Vendôme, aiguise son ambition élyséenne. Sa participation à l’émission de Karine Le Marchand sur M6, « Une ambition intime », le dimanche 1er juin, en est une preuve manifeste. Or il n’est pas le seul au sein du fameux « socle commun gouvernemental » : Édouard Philippe, Gabriel Attal, peut-être François Bayrou, sans oublier son collègue et successeur à l’Intérieur, Bruno Retailleau, Xavier Bertrand, David Lisnard, Laurent Wauquiez, voire Michel Barnier lui-même… La compétition va être rude, surtout en l’absence d’élections primaires honnies.
Afin de se démarquer de tous ses potentiels concurrents, il entend marquer l’opinion publique par des propositions – chocs. Il suggère la constitution de prisons de haute sécurité réservées aux chefs des cartels de drogue dont une s’érigerait non loin du Surinam en Amazonie guyanaise. Par ailleurs, le Conseil d’État annule sa décision d’arrêter les activités ludiques en détention.
Ses deux plus récentes saillies sont encore plus problématiques. Le 4 mai 2025, il déclare : « Si vous voulez une société sécure [sic !], il faut la reconnaissance faciale. » L’anglicisme persistant de cette phrase signale qu’en 2021, l’actuel garde des Sceaux avait été l’excellent lauréat de l’Académie de la Carpette anglaise. La nouvelle carte nationale d’identité en format de carte bancaire comporte des indications en anglais. Une autre honte ! En 2022, il affirmait devant les parlementaires son hostilité à la reconnaissance faciale. Une fois encore, l’opportuniste revient au galop.
Le 23 mai dernier, il propose tout bonnement de mettre fin à la circulation de l’argent liquide afin d’assécher les trafics. « Une fois, dit-il, que l’argent est traçable comme le sont parfois et souvent les crypto-actifs, c’est plus compliqué pour le consommateur comme le revendeur de pouvoir échapper à un circuit de financement. » L’argument éculé depuis des années ne change pas, mais on discerne mieux maintenant que la fin de cette liberté de paiement couplée à la reconnaissance faciale, au fichage légal des opinions et des croyances, à l’utilisation de drones pendant les manifestations et à la fermeture abusive du compte en banque indique une entrée probable dans une ère de surveillance généralisée au profit d’un pouvoir dépassé. Dès le lendemain, à la radio RTL, il revenait sur son propos en regrettant que « nous n’en avons pas les moyens politiques ». On sait bien qu’avec une majorité absolue, cette mesure se serait appliquée comme le démontre le précédent covidien de limitation des libertés publiques et privées.
Sur l’argent liquide, Gérald Darmanin se trouve à contre-courant de l’actualité. Phare en matière de disparition des espèces, la Suède invite désormais sa population à détenir des pièces de monnaie et des billets parce que les transactions numériques révèlent une trop grande sensibilité aux cyberattaques venues, selon elle, de l’Ours oriental… Signalons aussi que les achats s’effectuent encore en liquide à 69% en Allemagne et à 73% en Autriche.
Souhaitant instrumentaliser pour son seul profit la vague populiste qui secoue pour l’heure le monde occidental, Gérald Darmanin fonde en septembre 2024 son propre micro-parti, Populaires, qui s’essaie à la synthèse instable du sarközysme et du macronisme. Plutôt que cette récupération grotesque qui caractérise le lumpenpopulisme de son fondateur, il aurait mieux valu que cet énième mouvement politicard s’appelât Vulgaires.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 159, mise en ligne le 3 juin 2025 sur Radio Méridien Zéro.
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vendredi, 06 juin 2025
L'Europe et l'âme de l'Est – une critique littéraire
L'Europe et l'âme de l'Est – une critique littéraire
par Werner Olles
Source: https://wir-selbst.com/2025/05/17/europa-und-die-seele-de...
À une époque où, à l'est et au sud de l'Ukraine, deux peuples slaves frères – la Russie et l'Ukraine – sont engagés dans une guerre cruelle et impitoyable qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts dans les deux camps, des livres tels que « L'Europe et l'âme de l'Est » de Walter Schubart constituent un véritable appel à l'humanité, dont l'intensité spirituelle contraste fortement avec la guerre et les souffrances atroces qu'elle engendre. Une fois de plus, il convient de mettre en évidence la vulnérabilité du simple soldat dans ces massacres physiques qui ont dégénéré en une confrontation métaphysique entre les civilisations. Mais l'œuvre de Schubart ne traite pas des dommages physiques et psychologiques d'une guerre terrible. Comme il l'écrit dans son introduction, son principal sujet de préoccupation réside plutôt « dans l'expérience élémentaire du contraste qui existe entre l'homme occidental et l'homme oriental. Elle n'est pas placée sous le signe de la fin, mais sous celui du renouveau de la vie. Elle n'est pas ressentie par l'Occident menacé, mais par l'Orient en plein éveil. Elle est née en dehors des peuples romano-germaniques, spatialement et spirituellement, à un endroit d'où l'on pouvait embrasser du regard l'Occident dans son ensemble ».
Walter Schubart, L'Europe et l'âme de l'Orient. Vous pouvez commander cette nouvelle édition allemande ici: https://lindenbaum-verlag.de/produkt/schubart-europa-und-... !
Le regard de Schubart ne se porte toutefois pas uniquement sur la Russie, après avoir découvert que l'Occident recèle quelque chose de monstrueux, à savoir qu'il impose la suprématie de la matière sur l'esprit, c'est-à-dire la relativité postmoderne de toutes les valeurs, car il s'est détourné de celles-ci, tout en s'imposant aussi à l'Europe. Il s'agit toutefois d'une Europe vue depuis l'Orient, dans laquelle il voit déjà se profiler « la lutte mondiale et l'équilibre entre l'Occident et l'Orient, ainsi que la naissance d'une culture mondiale à la fois orientale et occidentale », grâce à l'émergence de l'homme johannique – qui remplacera l'homme prométhéen que Schubart voit déjà marqué par la mort. Grâce au « rassemblement des meilleurs », un nouvel élément de l'esprit fera son apparition dans le monde, dans lequel les traditions de pensée orientales entreront en dialogue harmonieux avec les philosophies occidentales, ce que cet expert des deux mondes considère comme une loi du développement qui, en ces temps difficiles, ne se contente pas d'éclairer les problèmes de l'Occident en déclin avec son vide constitué par les activités fébriles induites par la modernité et la technique, accompagné d'une déchristianisation complète de la culture occidentale. Schubart formule, dans une « rythmique cohérente des événements mondiaux » au-delà des nations et des races, un nouvel espoir de guérison de l'humanité occidentale grâce à l'âme russe, qui met un frein au matérialisme capitaliste flagrant et effréné et ramène l'Europe de sa doctrine destructrice du progrès à la foi en l'éternel et la tradition. Sans les Russes, selon Schubart, cela est impossible !
Walter Schubart (1897-1942)
Né le 5 août 1897 à Sonneberg, Walter Schubart, docteur en droit, fait partie de ces auteurs dont l'humanisme conservateur s'opposait farouchement au positivisme et au naturalisme. Si son œuvre majeure n'a été connue en Allemagne qu'après la Seconde Guerre mondiale, c'est grâce à Heinrich Böll qui, pendant la guerre froide, a fait l'éloge des livres de Schubart, malgré le fait qu'ils étaient différents l'un de l'autre à bien des égards, notamment par la nature même de l'oeuvre de Böll. Böll a cependant reconnu dans l'élan inspirateur de Schubart, qui puisait avec maestria dans l'héritage des formes occidentales anciennes et antiques pour brosser un tableau pessimiste d'une culture occidentale qui avait perdu son chemin, et dont les tendances vers le mysticisme des valeurs traditionnelles russes étaient indéniables, une impartialité envers « l'âme de l'Orient » qui le fascinait au premier regard. Même le communisme sans âme n'avait pas réussi à établir une hiérarchie négative et hostile à Dieu qui, par sa stupidité et sa volonté agressive de détruire l'esprit et la pensée, était la négation de toute spiritualité.
Les contacts de Schubart avec Oswald Spengler dans les années 1920 à Munich, son mariage avec la lettone Vera Englert, de confession israélite, mais surtout son déménagement à Riga après la prise du pouvoir par les nazis en 1933, qui ont mis ses livres à l'index comme relevant d'une « littérature indésirable et nuisible », sont autant de vicissitudes de son existence qui laissent clairement entrevoir la problématique d'une époque qui était étrangère aux vérités ouvrant sur le monde et qui se représentait les mondes occidental et oriental comme une arène ravagée par les violences, alors que l'homme aurait dû préserver sa dignité même sous la pression du contexte de la guerre, en ne se bornant pas à ne propager que des solutions timides.
En 1939, Walter Schubart publie « Dostoïevski et Nietzsche », où la relation spirituelle entre la Russie et l'Allemagne, issue de l'ontologie, joue également un rôle important ; un an plus tard, « Geistige Wandlung. Von der Mechanik zur Metaphysik » (Transformation spirituelle. De la mécanique à la métaphysique) est publié, comme son œuvre principale, par la maison d'édition suisse en exil Vita Nova à Lucerne. Il y décrit le destin de l'existence humaine dans sa lutte contre le matérialisme, le progressisme, la « vision scientifique du monde » et toutes les formes de dégénérescence occidentale.
En 1941, « Religion und Eros » (Religion et Éros) est le seul de ses ouvrages à être publié en Allemagne par la maison d'édition C. H. Beck et est immédiatement démoli par les critiques professionnels issus du cercle des sorcières nazies.
Le 19 juillet 1941, le Kulturphilosoph Walter Schubart est arrêté à Riga par la police secrète soviétique, la GPU, et est déporté dans un camp de prisonniers au Kazakhstan. Il y meurt le 15 septembre 1942 dans des circonstances inexpliquées. À ce jour, on ne sait toujours rien de la mort de sa femme, qui avait été arrêtée et déportée avec lui.
En 1997, la première traduction russe de « L'Europe et l'âme de l'Orient » a été publiée, suscitant dans un premier temps des débats très controversés. Aujourd'hui, cet ouvrage est considéré comme fondamental pour la renaissance spirituelle nationale russe, loué par des philosophes tels qu'Alexandre Douguine et reconnu internationalement pour ses descriptions précises des personnes et des événements, son rythme sensible et la richesse des images qu'il utilise pour illustrer la problèmatique Ouest-Est, qui fait de Schubart un excellent connaisseur des deux mondes. Le fait que Walter Schubart compte aujourd'hui parmi les « auteurs oubliés » en Allemagne en dit long sur la nature spirituelle et intellectuelle de notre industrie culturelle. Celle-ci décerne désormais des « prix littéraires » à presque toutes les œuvres médiocres traitant d'un prétendu changement climatique, d'une « pandémie » qui n'a pas eu lieu et de l'agenda pathologique LGTB et à leurs auteurs. Il est d'autant plus méritoire que les éditions Lindenbaum aient intégré l'œuvre principale de Schubart à leur programme, la rendant ainsi accessible à un lectorat qui comprend mieux les prophéties du moine Phileteus de 1520 : « Souvenez-vous que les deux Rome sont tombées, la troisième, Moscou, est toujours debout, et il n'y en aura pas de quatrième ! ».
Walter Schubart : « Europa und die Seele des Ostens » (L'Europe et l'âme de l'Orient). Lindenbaum Verlag, Beltheim-Schnellbach 2025. 324 pages.
Qui est Werner Olles?
Werner Olles, né en 1942, a été actif politiquement jusqu'au début des années 1980 dans diverses organisations de la nouvelle gauche (SDS, Rote Panther, Jusos). Après des divergences fondamentales avec la gauche, il s'est converti au conservatisme et au catholicisme traditionaliste et a mené une activité journalistique intense dans des journaux et magazines de cette mouvance. Employé dans la bibliothèque d'une école supérieure jusqu'à sa retraite, il est depuis lors journaliste indépendant.
Lecture complémentaire (en français):
Walter Schubart, Dostoïevski et la problématique Est/Ouest, https://vouloir.eklablog.com/dostoievski-a48275383 (avec Robert Steuckers, Chatov, personnage de Dostoïevski).
Giovanni Sessa, La relation Europe-Orient vue par le philosophe Walter Schubart - http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/08/28/l...
Lecture complémentaire (en anglais):
Kerry Bolton, Walter Schubart's Messianic-Promethean Synthesis,
Lecture complémentaire (en espagnol):
Manuel Fernàndez Espinosa, Sobre 'Europa y el alma de Oriente", de Walter Schubart, http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/11/08/sobre-europa-y-el-alma-de-oriente-de-walter-schubart.html
17:13 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, europe, russie, walter schubart | |
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jeudi, 05 juin 2025
Fernand Kartheiser, député européen luxembourgeois: l'UE s'est isolée elle-même, pas la Russie
Fernand Kartheiser, député européen luxembourgeois: l'UE s'est isolée elle-même, pas la Russie
Source: https://www.sott.net/article/499913-Luxembourg-MEP-The-EU...
Fernand Kartheiser a critiqué la posture conflictuelle adoptée par Bruxelles concernant l'Ukraine, appelant à une reprise de la diplomatie avec Moscou.
Le député européen luxembourgeois Fernand Kartheiser a soutenu que l'approche conflictuelle de l'UE envers la Russie durant le conflit en Ukraine l'a conduite à son propre isolement.
Il a formulé ces remarques dans une interview avec RT, publiée mardi, lors d’un voyage en Russie qu’il a été contraint de financer personnellement en raison des restrictions imposées par le Parlement européen.
« Certaines personnes au Parlement européen... ont une attitude envers la Russie qui identifie celle-ci comme une grande menace », a déclaré Kartheiser. « Elles pensent que si nous exerçons des pressions sur la Russie et l’isolons diplomatiquement, cela pourrait aider à trouver des solutions dans le contexte du conflit en Ukraine... ce n’est pas le genre de discussion que nous devrions avoir. »
Kartheiser a noté que toute l’approche de l’UE envers le conflit en Ukraine et la Russie a été contre-productive.
« Ce que nous avons maintenant à l’échelle internationale, c’est que pratiquement tout le monde parle à la Russie. Même les États-Unis reviennent et ont des contacts de haut niveau... la position anti-Russie e réduit », a-t-il déclaré. « Donc cette politique d’isolement de la Russie a essentiellement échoué. Les seuls qui sont en quelque sorte isolés, ce sont les dirigeants de l’UE elle-même ».
La visite de l’eurodéputé à Moscou, sur invitation de la Douma d’État russe, visait à discuter des relations bilatérales et de la situation en Ukraine. Cependant, cette visite a suscité des critiques de la part de députés européens plus bellicistes. Le groupe des Conservateurs et Réformistes européens a menacé d’expulser Kartheiser, affirmant qu’il avait « franchi une ligne rouge ». Le député a qualifié cette menace de « partie regrettable du tableau » et a déploré que certains parlementaires de l’UE restent opposés à la réouverture des liens avec Moscou.
« La discussion que nous devrions avoir est la suivante: quel type de relation voulons-nous avec la Russie à l’avenir ? Nous devons rouvrir le dialogue. C’est ce qu’il y a de plus important, » a-t-il déclaré, ajoutant que certains politiciens changent d’avis sur la Russie, et que beaucoup d’Européens ordinaires aimeraient également voir les liens restaurés.
Le député a souligné que si l’UE « veut être prise au sérieux en tant qu’acteur dans les relations internationales », elle doit abandonner la politique anti-Russie et, à nouveau, « avoir une sorte de relation » avec Moscou.
« Si nous, les Européens occidentaux, devons assumer une plus grande responsabilité pour notre propre sécurité, une façon d’y parvenir est de négocier un accord avec la Russie, garantissant en même temps notre sécurité en tant qu’Européens occidentaux et assurant la sécurité de la frontière occidentale de la Russie. Donc il faut placer la négociation et la diplomatie avant le réarmement et la course aux armements, » a-t-il conclu.
19:48 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : diplomatie, fernand kartheiser, luxembourg, europe, actualité, affaires européennes, russie | |
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La coalition aux Pays-Bas a été dissoute
La coalition aux Pays-Bas a été dissoute
Source: https://unzensuriert.de/299570-koalition-in-den-niederlan...
Le politicien néerlandais Geert Wilders (PVV) a quitté la coalition gouvernementale avec son parti. Le politicien, qui critique l'islam, l'a annoncé aujourd'hui, mardi, sur la plateforme X (anciennement Twitter) en ces termes: « Pas de signature sous nos plans d'asile. Pas d'ajustement de l'accord de principe. Le PVV quitte la coalition ».
Projets de durcissement de la politique d'asile
Lors d'une réunion avec les quatre partis de la coalition, Wilders avait une nouvelle fois insisté sur un durcissement significatif de la politique d'asile. «Si cela ne se produit pas, il y aura un sérieux problème», avait-il déclaré à cette occasion. Entre-temps, les médias grand public tels que t-online ont également repris le sujet, non sans qualifier Wilders de «populiste de droite». Selon ce média, Wilders avait «présenté la semaine dernière un plan en dix points visant à durcir la politique d'immigration» et avait notamment exigé «la fermeture des frontières aux demandeurs d'asile, des contrôles frontaliers plus stricts et l'expulsion des criminels condamnés ayant la double nationalité». En outre, «des dizaines de milliers de Syriens devraient retourner dans leur pays».
On ignore pour l'instant pourquoi ses partenaires de coalition n'ont pas voulu soutenir cette initiative. Nous savons seulement qu'à La Haye, les dirigeants des partis PVV, VVD, NSC et BBB se sont réunis en crise et que les trois autres partis se sont montrés « verbijsterd », c'est-à-dire stupéfaits, par la décision du président du PVV.
« Notre patience est à bout »
Pour être réellement stupéfait, il faudrait toutefois être d'abord surpris. Or, la décision de Wilders ne devrait pas être une surprise, car il avait déjà posé un ultimatum au gouvernement le 27 mai. Lors d'une conférence de presse convoquée à la dernière minute, il avait alors présenté le plan en dix points, que nous venons de mentionner, quant à la politique d'asile et d'immigration. « Notre patience est à bout », avait-il déclaré à cette occasion, ajoutant que si son plan n'était pas mis en œuvre, le PVV « disparaîtrait ».
Le PVV était devenu la première force politique lors des élections législatives de novembre 2023, avec 37 sièges. Après de longues négociations, Wilders avait renoncé au poste de chef du gouvernement afin de permettre la formation d'une coalition avec le parti libéral VVD, le parti agricole BBB et le mouvement anti-corruption NSC. C'est alors l'ancien chef des services secrets Dick Schoof, sans affiliation politique, qui est devenu Premier ministre. L'accord de coalition prévoyait un durcissement de la politique migratoire, mais restait manifestement bien en deçà des attentes du PVV. Avec le retrait du parti de Wilders, la coalition gouvernementale néerlandaise est désormais au bord de la rupture et de nouvelles élections pourraient bientôt avoir lieu.
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L’île de Chypre, point stratégique pour l’équilibre en Méditerranée
L’île de Chypre, point stratégique pour l’équilibre en Méditerranée
Il y a eu une évolution du statu quo chypriote, car le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan ont enfin officiellement reconnu la République (grecque) de Chypre, y ouvrant leurs propres ambassades.
par Giorgio Arconte
Source: https://www.barbadillo.it/121708-globalia-lisola-di-cipro...
Une cartographie de Limes sur les divisions à Chypre:
Bien que l’on en parle peu, sauf lorsque l'on évoque de magnifiques vacances et rarement pour des questions financières, Chypre est une île stratégique dans les scénarios géopolitiques, non seulement en raison de sa position privilégiée en Méditerranée orientale qui en a déjà fait un carrefour riche en cultures et un point de rencontre entre Orient et Occident. L’histoire de Chypre a été marquée par de nombreux conflits jusqu’à la seconde moitié du 20ème siècle, lorsque l’île a été divisée en deux États. Moins connu est le fait que la partition est en réalité une division en trois zones: en plus du mur à Nicosie qui sépare la partie grecque de la partie turque, existent aussi deux portions méridionales du territoire occupées par les Britanniques qui y disposent de bases militaires. La question chypriote reste donc l’un des problèmes les plus complexes et irrésolus en Méditerranée, impliquant directement l’Union Européenne.
Au cours des derniers mois, le statu quo à Chypre a évolué, car le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan ont enfin reconnu officiellement la République (grecque) de Chypre, y ouvrant ainsi leurs propres ambassades. La nouvelle est passée inaperçue mais elle a une grande valeur géopolitique, car ces trois pays font partie de l’Organisation des États turcs (OET) et relèvent du « Grand Turan », c’est-à-dire du rêve turc de réunir tous les peuples turcs. La Turquie n’a pas commenté cette décision, mais il est difficile d’imaginer qu’Erdogan et son entourage néo-ottoman aient digéré cette décision, probablement induite par l’UE. Il semble que la décision des trois pays d’Asie centrale de reconnaître la Chypre grecque, et de condamner la Turquie en tant que puissance occupante, soit le fruit d’une série d’investissements européens d’environ 12 milliards d’euros à utiliser dans divers secteurs. Il ne faut pas se faire d’illusions : les technocrates européens ne prennent pas à cœur les racines grecques et chrétiennes de l’Europe, leur ingérence étant motivée par le besoin de renforcer les liens avec des pays riches en uranium et en pétrole, ce qui pourrait aussi expliquer la non-réaction d’Ankara.
Malgré la complexification croissante du contexte mondial et l’apparition de nouveaux conflits, la Turquie a su jouer habilement, en étendant notamment sa présence militaire jusqu’en Afrique, notamment sur la côte libyenne, ainsi qu’au niveau économique, en se positionnant comme un nouveau hub logistique et énergétique stratégique pour l’Occident. La recherche européenne de ressources supplémentaires et de diversification favorise cette perspective turque, qui doit toutefois adopter une attitude diplomatique équilibrée et mesurée, parfois contradictoire mais toujours stratégique pour ses intérêts nationaux, comme dans le cas de la reconnaissance de la Chypre grecque par les trois « états ». Les investissements de Bruxelles devront forcément passer aussi par Ankara, et dans une période de crise économique comme celle que traverse la Turquie, cela représente plutôt une opportunité qu'une contrariété conflictuelle.
La Turquie n’est donc qu' « égratignée » mais non pas affaiblie, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour l’Italie, car comme le disait D’Alema : « L’Italie, c’est la Méditerranée ou ce n’est rien. » La Turquie est désormais notre voisine en Libye et nous évince pratiquement des Balkans, régions qui devraient être sous notre influence stratégique mais où notre présence diminue progressivement au profit de la Turquie (mais aussi de la Russie en Libye et de la Chine dans les Balkans). Pourtant, il n’y a aucun signe de réaction : au contraire, la société turque Baykar (active dans la technologie et la défense) a récemment acquis Piaggio Aerospace et a signé un accord de coopération avec Leonardo, une entreprise italienne. Des signaux inquiétants.
11:28 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, chypre, méditerranée, europe, affaires européennes, géopolitique | |
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mercredi, 04 juin 2025
Immigration massive et suicide de la gauche
Immigration massive et suicide de la gauche
par Moreno Pasquinelli
Bron: https://socialismomultipolaridad.blogspot.com/2025/05/inm...
Les dernières données indiquent qu'au cours des six premiers mois de 2015, environ un demi-million d'immigrants ont demandé l'asile politique à l'Union européenne, contre 600.000 au cours des douze mois précédents. [N. de T. : l'article date d'il y a 10 ans, mais il n'a pas pris une ride; de toute évidence, les chiffres de l'émigration extra-européenne vers notre continent ne font qu'augmenter].
Nous reviendrons bientôt avec une fiche d'information spécifique sur le thème particulier des demandeurs d'asile et des réfugiés. Il est clair que les véritables persécutés politiques sont une infime minorité et que la grande majorité des immigrants sont plutôt des « réfugiés économiques ». Ces chiffres objectivement impressionnants, selon tous les analystes, sont destinés à rester constants, voire à augmenter. Pourquoi sont-ils destinés à augmenter ? Parce que la mondialisation et les politiques de vol inhérentes aux mécanismes impérialistes accentueront les écarts entre riches et pauvres et entre pays oppresseurs et nations opprimées.
Il va sans dire que pour mettre réellement fin aux exodes massifs, la solution consiste à mettre fin à cette mondialisation impérialiste. Contrairement à ce qu'affirment les apologistes de l'ordre établi, c'est donc là le problème, et non la solution. Une solution qui semble lointaine dans le temps car elle implique une révolution mondiale, un renversement du système économique et politique international.
Ce n'est pas un hasard si les apologistes de la mondialisation, qui ont le monopole des médias, qualifient ces flux migratoires de « transcendants » et d'« imparables ». Ce qu'ils nous disent en réalité, c'est que la mondialisation doit être considérée comme irréversible, que ceux qui commandent aujourd'hui commanderont toujours et que les pratiques économiques néolibérales actuelles sont irrévocables.
Les défenseurs de la mondialisation sont, à leur manière, cohérents lorsqu'ils attendent et louent les exodes économiques d'un côté et, par conséquent, l'« accueil » de l'autre : les exodes et l'accueil sont les deux faces d'une même médaille.
L'exode économique venu de la périphérie pauvre pour se dirigier vers le centre « opulent » est fonctionnelle pour les dominants à bien des égards. Pour cinq motifs en particulier:
(1) injecter dans le centre des millions de personnes désespérées, prêtes à vendre leur force de travail pour presque rien, renforce, dans le centre, la tendance à une baisse générale des salaires et à une concurrence sauvage entre les travailleurs, au profit du capital ;
(2) l'exode massif contribue à la désertification des pays d'où émigrent les populations et sert les classes dominantes de ces pays car, en désamorçant les tensions sociales endogènes, il consolide leur domination ;
(3) à l'inverse, l'immigration massive contribue de manière décisive à détruire le tissu social ou le demos des pays d'accueil. Ce demos constitue non seulement le substrat matériel, juridique et spirituel des États-nations (sans lequel ils sont destinés à se dissoudre dans le magma social ou faire émerger le creuset dans lequel de petites oligarchies transnationales pourront régner), mais aussi le lieu où le mouvement ouvrier s'est historiquement constitué en tant que communauté de classe opposée au capital ;
(4) Dans ce creuset impérial, la démocratie et les droits fondamentaux des citoyens sont voués à disparaître à leur tour, pour laisser place à des États policiers et à des relations néo-féodales de servitude et d'asservissement, à l'exception des droits cosmétiques et formels accordés aux « minorités » et des espaces communautaires inoffensifs que sont les ghettos. L'espace juridique et étatique impérial, de par sa nature, ne peut être démocratique.
(5) Enfin, permettons-nous d'avancer une cinquième raison spécifique concernant l'Union européenne.
L'arrivée de dizaines de millions d'immigrants est stratégiquement utile au projet délirant de supprimer les États-nations actuels et de transformer l'Union en un empire. Pour dissoudre les communautés nationales et les remplacer par la communauté européenne, les élites dirigeantes ont besoin d'introduire un élément désintégrateur externe, qui dissolve les différentes identités historiques et nationales. Selon l'élite européenne dominante, l'immigration massive doit également servir cet objectif.
Nous ne sommes pas aveugles. Nous savons qu'il existe de nombreuses autres raisons éthiques plus nobles qui poussent beaucoup de gens, tant à gauche que dans le monde catholique, à demander que tous les immigrants soient accueillis. Ils veulent une société « inclusive », capable d'accueillir tous les êtres humains qui demandent l'asile et le droit de séjour. Nous avons essayé d'expliquer qu'au moins en ce qui concerne notre pays, l'Italie, dans les conditions concrètes dans lesquelles il se trouve, l'immigration massive n'est pas viable. Une exigence éthique et morale peut être correcte dans l'abstrait, mais elle peut être pratiquement irréalisable, pour ne pas dire absolument désastreuse. Faire d'un principe éthique un impératif politique catégorique (comme dans ce cas l'objectif « d'accueillir tout le monde ») provoque en réalité deux désastres aujourd'hui : le premier est que nous nous rallions aux élites mondialistes qui s'entraident ainsi au lieu de se battre ; le second est la conséquence du premier, à savoir qu'il s'éloigne du prolétariat, le laissant à la merci de la montée des forces xénophobes et racistes.
Nous ressentons comme nôtres les valeurs solidaires du socialisme, ainsi que la piété chrétienne qui nous commande d'aimer notre prochain. Il existe cependant une limite insurmontable: aimer l'autre ne peut conduire à la haine de soi, à sa propre annihilation.
Aimer son prochain comme soi-même, si cela n'est pas une déclaration vide et hypocrite, si ce n'est pas l'invocation d'une pauperitas mystique universelle, implique de garantir aux hôtes arrivants les mêmes droits et avantages dont jouit l'hôte autochtone. Il n'existe aucune condition dans ce système pour étendre ces droits et avantages ; l'immigration, en réalité, contribue à les retirer à ceux qui les ont conquis au prix de décennies de sacrifices et de luttes. Est-ce vraiment de l'amour pour son prochain que de favoriser les exodes en sachant que ces millions d'êtres humains vivront comme des « rebuts », dans l'exclusion et la misère ? N'est-ce pas plutôt un jeu pour le capitalisme néolibéral vorace qui aspire en fait à la pauvreté générale ?
Il ne semble donc pas que ce soit par amour chrétien pour son prochain qu'un certain parti de gauche prône l'acceptation de tous. Il y a ceux qui sont idéologiquement fascinés par le cosmopolitisme libéral et antinational et ceux qui, au nom d'un internationalisme mal compris, en viennent à haïr leur propre pays, ce qui, au fond, est une haine d'eux-mêmes et de leur propre peuple, accusé d'avoir oublié ses idéaux, d'avoir répudié, rejeté et isolé le meilleur de ses enfants, ceux qui n'ont jamais renoncé à ces idéaux.
Ce sont des chemins différents, mais tous deux mènent au suicide.
Source : https://sollevazione.blogspot.com/2015/09/immigrazione-di...
13:23 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : immigration, réfugiés, europe, actualité, affaires européennes | |
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mardi, 03 juin 2025
La rhétorique d’escalade de Merz est un signe de faiblesse stratégique
La rhétorique d’escalade de Merz est un signe de faiblesse stratégique
Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/05/merz-eskalationsrhetorik-ist-...
Les déclarations de Merz concernant la levée des restrictions quant à la portée balistique des armes livrées par l'Occident à l’Ukraine indiquent la continuité d’une simulation politique qui joue la militarisation.
Les propos récents du chancelier fédéral Friedrich Merz concernant la levée des restrictions quant à la portée balistique des armes livrées par l'Occident à l’Ukraine ne constituent pas un changement de cap, mais la poursuite d’une simulation politique qui joue la fermeté militaire. Ceux qui connaissent la réalité opérationnelle savent que l’Europe est au bout de ses capacités logistiques et politiques. La livraison de missiles SCALP et Storm Shadow franchissait déjà une ligne rouge. Il est probable, de surcroît, que les missiles Taurus aient déjà été livrés en secret à Kiev.
L’explication de Merz n’est avant tout qu’un signal à Washington. Car l’UE ne mène pas une politique étrangère indépendante, mais agit en réaction aux mouvements impulsés par les États-Unis. En l’absence de leadership stratégique propre, elle se contente de répétitions – même si la situation sur le champ de bataille n’est plus décidée par des systèmes d’armes, mais par le temps, la persévérance et la clarté politique.
L’initiative stratégique appartient désormais clairement à la Russie. Moscou a – malgré l’aide occidentale à Kiev – déterminé le rythme de l’escalade en cours. La Russie reste calme, augmente progressivement la pression et attend l’épuisement des soutiens européens. Car une chose est indiscutable: la soi-disant « coalition pour l’Ukraine » à l’Ouest montre des signes de dissolution. Le désaccord sur les objectifs, les ressources et les risques paralyse la capacité de décision.
Inévitable réaction russe
Mais le point essentiel est : si l’Allemagne devient réellement partie prenante et directe du conflit – par exemple en utilisant offensivement les missiles Taurus contre des cibles à l'intérieur du territoire russe – une réaction russe sera inévitable. Et cette réaction ne se limitera plus au territoire ukrainien. Une contre-attaque limitée mais symbolique contre les infrastructures occidentales en Europe serait militairement et politiquement logique – notamment pour dissuader et envoyer un signal à Washington.
Encore une chose: en laissant Berlin décider de la portée des armes et en autorisant Kiev à choisir les cibles, l’Allemagne cède le dernier reste de sa souveraineté militaire à l’Ukraine. C’est une irresponsabilité sécuritaire et un danger extrême pour l’État allemand. Aucun État souverain ne peut tolérer que son propre destin soit décidé par des tiers sur le champ de bataille.
Conclusion
Ce qui aujourd’hui ressemble à un soutien bien arrêté à l’Ukraine pourrait demain devenir l'étincelle d’une catastrophe paneuropéenne. Le gouvernement allemand doit faire un choix: continuer à jouer la carte de l’escalade symbolique ou enfin agir dans l’intérêt de sa propre population ? La diplomatie, et non la rhétorique de guerre, est la seule voie praticable et raisonnable. Tout le reste mènera à une dynamique que l’Allemagne ne pourra plus contrôler.
* * *
Annexe:
Elena Fritz, juriste russo-allemande et analyste politique, est l’une des rares voix dans la politique allemande qui n’hésite pas à dire ce que la majorité sait mais tait : l’Allemagne est devenue une colonie américaine, l’UE est un marécage bureaucratique sans souveraineté, et la seule manière pour les peuples européens de sortir de cette gadoue est de rejeter la dictature centralisée de Bruxelles et de revenir à des relations bilatérales authentiques.
Elena Fritz, sans compromis, analyse la situation qui règne aujourd'hui en Allemagne, les relations de ce pays avec la Russie, la guerre en Ukraine et la crise migratoire, révélant notamment combien Berlin a perdu son indépendance et comment la Serbie, la Slovaquie et la Hongrie pourraient justement devenir des modèles de résistance face à toute pression extérieure.
Qui est Elena Fritz et pourquoi sa voix est-elle importante ?
Née au Kazakhstan, Elena Fritz a grandi entre deux cultures – la russe et l'allemande. En tant qu’enfant de migrants, sa famille est arrivée en Allemagne en 1999; elle a personnellement poursuivi ses études et est devenue juriste. Initialement engagée politiquement au sein de la SPD, elle a quitté le parti lorsqu’elle a compris que la politique n’était plus dirigée par Helmuth Schmidt ou Willy Brandt, mais par une politique dictée depuis Washington.
Elle a rejoint l'Alternative pour l’Allemagne (AfD), où elle participe activement aux commissions pour la politique étrangère et la défense. Elle critique les sanctions contre la Russie, soutient le renforcement de la souveraineté des États européens et prône la fin de l’immigration sans restriction, qu’elle considère comme une arme clé dans la déstabilisation de l’Allemagne et de l’Europe.
L’Allemagne n’est plus un État souverain, dit-elle.
Elena Fritz affirme qu’après 2014, Berlin a complètement remis les clés du pays au département d’État américain. La perte d’indépendance énergétique, l’effondrement de l’industrie en raison des sanctions contre la Russie, et la transformation de la Bundeswehr en une unité expéditionnaire de l’OTAN ne sont que quelques exemples du statut colonial de l’Allemagne.
Selon elle, le chancelier allemand Olaf Scholz a mené une politique de vassal obéissant, tandis que Washington utilise l’Ukraine comme un appât géopolitique pour épuiser la Russie et pour provoquer l'effondrement de l’Europe. « On nous a dit que les sanctions affaibliraient Moscou, mais tout ce qu’elles ont réussi à faire, c’est parachever l’autodestruction économique de l’Allemagne », souligne Elena Fritz.
Elle critique particulièrement le fait que l’Allemagne ait renoncé à sa possibilité d’être un pont entre l’Est et l’Ouest. Au lieu de cela, elle suit aveuglément une stratégie très conflictuelle, sans réaliser qu’un nouvel ordre multipolaire se forme déjà dans le monde, dans lequel les BRICS+ et l’Organisation de coopération de Shanghai se dirigent vers la domination globale.
"Ceux qui autorisa la livraison et l'utilisation des missiles Taurus, doivent aussi nous expliquer comment ils pourront empêcher une riposte contre des cibles sur le territoire allemand. La politique extérieure n'est pas un jeu de rhétoricien, mais une question de responsabilité nationale".
13:18 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, allemagne, friedrich merz, affaires européennes, missiles taurus, bellicisme | |
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