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dimanche, 07 septembre 2025

Ernst Jünger et l'Iranien Jalal Al-e Ahmad: deux critiques de la modernité technique et de l'occidentose

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Ernst Jünger et l'Iranien Jalal Al-e Ahmad: deux critiques de la modernité technique et de l'occidentose

Alessandra Colla : Entre Ernst Jünger et Jalal Al-e Ahmad, il existe davantage une « convergence critique » qu'une « alliance intellectuelle » fondée sur une critique de la modernité

Entretien avec Alessandra Colla

Propos recueillis par Eren Yeşilyurt

Source: https://erenyesilyurt.com/index.php/2025/08/29/alessandra...

Lorsque je suis tombé sur cette phrase de Jalal Al-e Ahmad à propos d'Ernst Jünger, j'ai été profondément marqué : « Jünger et moi étudiions plus ou moins le même sujet, mais sous deux angles différents. Nous abordions la même question, mais dans deux langues différentes ». Partant de cette affirmation, nous avons discuté avec Alessandra Colla, de la revue Eurasia, de la manière dont les deux penseurs ont abordé des questions communes issues de contextes culturels et intellectuels différents, dans le cadre de la révolution conservatrice et du Gharbzadegi.

Jalal Al-e Ahmad reste un penseur dont les œuvres et les concepts font encore aujourd'hui l'objet de débats. Pourriez-vous nous parler de sa vie et des transformations de son univers intellectuel ? Quels facteurs ont déclenché ces changements ?

En Italie, Jalal Al-e Ahmad (portrait, ci-dessous) est pratiquement inconnu en dehors des milieux spécialisés. Pourtant, ce penseur est une figure centrale de l'histoire intellectuelle iranienne du 20ème siècle, au point d'être considéré comme l'un des inspirateurs de la révolution de 1979.

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Sa vie est profondément liée à l'histoire mouvementée de l'Iran du 20ème siècle : il est difficile de la raconter de manière exhaustive dans une interview, je me contenterai donc d'en esquisser les grandes lignes.

Né à Téhéran en décembre 1923 dans une famille chiite de tradition cléricale depuis trois générations, il ressent très tôt la tension entre la vision religieuse du monde et la transformation radicale de la société iranienne sous Reza Pahlavi, le shah au pouvoir depuis 1925. Après avoir commencé des études de théologie, il les abandonne au bout de trois mois et rompt avec sa famille, refusant ses valeurs religieuses. En 1944, il adhère au Tudeh, le parti communiste iranien d'orientation marxiste (fondé en 1941) et en 1946, il obtient une licence en littérature persane au Tehran Teachers College, décidé à se consacrer à l'enseignement.

Khalil_Maleki-2242995834.jpgEntre-temps, sa carrière politique décolle, le conduisant en quelques années à devenir membre du Comité central, puis délégué au congrès national et enfin directeur de la maison d'édition du parti. À ce titre, il commence à publier ses recueils de nouvelles jusqu'à ce qu'il obtienne, en 1947, son habilitation à enseigner ; la même année, il quitte le Tudeh, auquel il reproche son dogmatisme stalinien. Son exemple est suivi par d'autres et, sous l'inspiration de Khalil Maleki (photo, ci-contre), intellectuel et homme politique de la gauche iranienne, les dissidents créent le Parti iranien des travailleurs.

Mais en 1948, le Tudeh connaît une nouvelle scission, qui donne naissance à la Troisième Force: un mouvement politique pour le développement indépendant de l'Iran, qui se propose de conjuguer le nationalisme avec une forme de socialisme démocratique et de centrisme marxiste, se distanciant ainsi tant de l'influence occidentale que de l'influence soviétique. Al-e Ahmad y adhère immédiatement après avoir quitté le Parti iranien des travailleurs, mais le mouvement se dissout en 1953 avec le coup d'État – orchestré par les États-Unis (CIA) et la Grande-Bretagne (MI6) – qui ramène au pouvoir Mohammad Reza Pahlavi, sur le trône depuis 1941 et momentanément en exil à Rome. La même année, Al-e Ahmad se retire définitivement de la militance et se consacre, au cours de la décennie suivante, à l'enseignement, à la littérature (en tant qu'auteur et traducteur du français d'œuvres de Camus, Gide, Ionesco et Sartre) et à la recherche ethnographique dans le nord de l'Iran et dans le golfe Persique. Il y découvre le monde, jusqu'alors inconnu pour lui, du sous-prolétariat paysan, riche en valeurs reconnues comme archaïques mais largement supérieures à celles, fictives, imposées par la modernité : cette expérience le marque profondément et contribue de manière décisive au dernier tournant intellectuel de sa vie, comme nous le verrons.

Jusqu'en 1968, il voyage beaucoup (États-Unis, URSS, Israël, Arabie saoudite) et publie des comptes rendus précis et critiques de ses expériences. Son voyage à La Mecque, effectué en 1966, est d'une importance capitale. À la suite de celui-ci, Al-e Ahmad proclame le retour aux origines en réévaluant pleinement l'islam en général et le chiisme en particulier, désormais considéré comme le seul remède possible contre « l'infection occidentale » qui afflige l'Iran. Il écrit un dernier ouvrage, publié à titre posthume en 1978 : « Sur le service et la trahison des intellectuels » (Dar khedmat va khianat roshanfekran), une dénonciation virulente du désengagement des intellectuels iraniens : la référence à La trahison des clercs. Le rôle de l'intellectuel dans la société contemporaine de Julien Benda, publié en 1927, est évidente.

Al-e Ahmad meurt en septembre 1969 chez lui, d'une crise cardiaque, mais une rumeur (encore infondée) commence bientôt à circuler selon laquelle il aurait été éliminé par la Savak, la police secrète du shah.

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Le premier concept qui vient à l'esprit quand on pense à Jalal Al-i Ahmad est celui d'« occidentalisation » (Gharbzadegi). Pourriez-vous en expliquer la signification et le contexte ?

Al-e Ahmad écrit Gharbzadegi en 1961 et le fait circuler clandestinement. Le livre, publié en 1962, est immédiatement censuré et retiré des librairies. Le titre est très particulier : il est généralement traduit par Occidentose, plus correct que Occidentite. En médecine, en effet, le suffixe « -ite » désigne l'inflammation qui touche un organe ou un appareil : mais Al-e Ahmad ne veut pas parler des maux dont souffre l'Occident. Au contraire, il veut stigmatiser l'Occident comme un mal qui afflige le non-Occident, et c'est pourquoi Occidentose est une traduction plus appropriée : en médecine, le suffixe « -ose » indique « une affection dégénérative » ou « une condition ou un état », et en effet, l'auteur veut dire que l'Iran – et plus généralement le monde non occidental – est « malade de l'Occident ».

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Il convient de préciser que le terme gharbzadegi n'est pas une invention originale d'Al-e Ahmad, qui l'emprunte au philosophe Seyed Ahmad Fardid (1909-1994) (photo, ci-dessous), spécialiste de Heidegger et considéré comme l'un des inspirateurs du gouvernement islamique arrivé au pouvoir en 1979. Fardid formule sa critique de l'Occident sur un plan purement philosophique et notamment ontologique : il dénonce explicitement la domination exercée depuis 2500 ans par la tradition philosophique occidentale sur la pensée métaphysique, qui a conduit à l'oubli de la dimension intuitive et spirituelle au profit de la raison pure, détachée de la vérité de l'être.

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Al-e Ahmad, en revanche, adopte le terme mais lui attribue une valeur différente. Plus précisément, il compare l'Occident à une infestation de mites qui ronge de l'intérieur un tapis persan : la forme reste intacte, mais la substance est appauvrie et vidée, rendant le tapis fragile et sans valeur. L'Occident pèse sur l'identité iranienne non pas comme un simple colonialisme politique (avec tous ses maux), mais comme une colonisation de conquête et d'exploitation qui détruit les mentalités, les coutumes, la culture et l'économie, asservissant tout un peuple et transformant une nation en une coquille vide. Comment en est-on arrivé là ? La réponse est aussi simple que douloureuse : la responsabilité incombe à la classe dirigeante iranienne – le shah et les intellectuels –, qui s'est servilement pliée à la « civilisation » occidentale. Dans une vaine tentative de l'imiter, elle a accepté la destruction de l'artisanat local, l'aliénation culturelle, la perte des valeurs traditionnelles : la conséquence a été une dépendance économique et technologique catastrophique et humiliante qui a relégué l'Iran dans la catégorie du tiers-monde.

C'est précisément cette interprétation que Fardid reproche à Al-e Ahmad, l'accusant de banaliser un phénomène ayant un impact civilisationnel profond. En réalité, en déplaçant le concept d'« occidentisation » du plan de la critique ontologique à celui du diagnostic politique et socio-économique, Al-e Ahmad a réussi à rendre ce concept accessible à un public plus large, le transformant en un puissant vecteur anticolonial capable de galvaniser la dissidence et d'influencer de manière significative l'opposition qui allait conduire à la révolution de 1979.

Mais Al-e Ahmad ne se contente pas de dénoncer le problème, il suggère également une solution, qu'il identifie dans une « troisième voie » capable d'affronter la modernité technologique sans y céder ni la nier : l'Iran peut et doit acquérir le contrôle de la technologie et devenir lui-même un producteur actif plutôt qu'un simple consommateur passif. Bien sûr, cette option n'est pas non plus sans problèmes : une fois l'« occidentisation » surmontée, le risque majeur est ce que l'on pourrait appeler la « machinisation », c'est-à-dire une « intoxication par les machines ». C'est pourquoi, selon Al-e Ahmad, il est essentiel de considérer la machine (la technique) comme un moyen et non comme une fin : le moyen de préserver la liberté et la dignité de l'Iran et de son peuple.

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À ce stade, une autre question se pose : qui sera le sujet idéal capable d'entreprendre la « troisième voie » ? Étonnamment, Al-e Ahmad identifie ce sujet dans l'islam chiite duodécimain, seul élément non affecté par l'« occidentose » et même gardien jaloux de la tradition iranienne. Profondément convaincu de l'inadéquation des intellectuels, Al-e Ahmad estime au contraire que le clergé chiite, fort de son intégrité, peut mobiliser avec succès les masses pour les appeler à redécouvrir l'identité perse-islamique la plus authentique.

Comme on pouvait s'y attendre, cette prise de position a suscité à l'époque des polémiques et des critiques : au-delà des accusations de trahison, il est indéniable que la vision de la souveraineté nationale et de l'autosuffisance proposée par Al-e Ahmad semble manquer de rigueur philosophique et de lignes directrices pour sa mise en œuvre pratique. En fait, cette ambiguïté involontaire allait ensuite favoriser l'émergence incontrôlée d'un islamisme et d'un anti-impérialisme fins en eux-mêmes et non canalisés dans le cadre d'une action politique structurée.

Dans son livre Occidentosis, Jalal Al-i Ahmad cite Ernst Jünger en disant : « Jünger et moi explorions tous deux plus ou moins le même sujet, mais sous deux angles différents. Nous abordions la même question, mais dans deux langues différentes. » Comment Ahmad et Jünger se sont-ils croisés intellectuellement ? Pourquoi Ahmad se sentait-il proche de Jünger ?

Nous savons que le lien intellectuel entre Al-e Ahmad et Jünger n'était pas direct, mais médiatisé par la pensée de Martin Heidegger, elle-même transmise en Iran par Fardid. Heidegger (qui a également consacré un séminaire à Jünger en 1939-40) voyait en Jünger le critique le plus perspicace de l'époque moderne, le penseur qui, mieux que quiconque, avait su analyser et diagnostiquer cliniquement l'essence de la technique, sans toutefois en saisir le fondement métaphysique. Heidegger s'était notamment intéressé à deux textes majeurs de Jünger, La mobilisation totale (Die totale Mobilmachung, 1930) et Le Travailleur. Domination et forme (Der Arbeiter. Herrschaft und Gestalt, 1932).

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Je les rappelle brièvement. Pour Jünger, après l'expérience radicale de la Première Guerre mondiale, la « mobilisation totale » ne concerne plus seulement la sphère économique et militaire, mais touche l'ensemble de la société, devenant le principe organisationnel fondamental du monde moderne, dans lequel toutes les énergies, les ressources, les technologies et les êtres humains eux-mêmes sont précisément « mobilisés », c'est-à-dire organisés et encadrés au service d'un seul et même processus de production gigantesque, identique en temps de paix comme en temps de guerre. Le Travailleur, dans sa double dimension de travailleur-soldat, incarne le nouveau type humain issu de l'expérience de la guerre en tant que protagoniste-instrument de la volonté de puissance exprimée par la technique : en temps de paix, il est chargé du fonctionnement de la machine, comme en temps de guerre il était le serviteur de sa pièce d'artillerie. Je souligne qu'en italien, on a choisi de traduire le mot allemand Arbeiter par « ouvrier » et non par « travailleur », car « ouvrier » identifie immédiatement celui qui travaille dans l'usine, symbole même de la modernité industrielle et capitaliste. Je conserve également la majuscule initiale car, dans le discours de Jünger, « Ouvrier » et « Technique » sont des figures métaphysiques.

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L'étude des textes de Jünger a permis à Heidegger d'élaborer le concept fondamental de Gestell, « installation », identifié comme l'essence de la technique moderne. Le Gestell n'est pas une machine ou un appareil unique, mais la manière dont les choses et la réalité (êtres humains, animaux, nature) sont disposées à notre époque, les privant de sens ou de valeur ontologique et en faisant un simple Bestand, une « ressource » pour les besoins de la technique. Ainsi, par exemple, une rivière ou un lac sont une ressource pour la centrale hydroélectrique, une forêt est une ressource pour l'industrie du bois, un être humain est une ressource pour l'entreprise.

Comme Jünger, Al-e Ahmad identifie donc dans la technique – la possession et le contrôle de la machine – comme la caractéristique distinctive de la modernité, qui dépersonnalise l'être humain en le vidant de toute spiritualité et en ouvrant grand les portes au nihilisme. La dépendance de l'Iran à l'égard des machines est précisément l'« occidentisation », qui menace l'existence même de l'individu et du peuple, anéantissant leur identité en parfaite conformité avec le projet colonialiste.

Existe-t-il des parallèles entre le concept d'« occidentisation » et la perspective de la Révolution conservatrice en matière de guerre, de technologie, de culture, etc. ? Peut-on parler d'une alliance intellectuelle dans ce cas ?

Je reprends la phrase d'Al-e Ahmad citée plus haut : « Jünger et moi explorions tous deux plus ou moins le même sujet, mais sous deux angles différents. Nous abordions la même question, mais dans deux langues ». À mon avis, l'expression « dans deux langues » doit être interprétée comme « dans deux langages » différents.

Il existe sans aucun doute une convergence, plus ou moins marquée, entre Jünger et Al-e Ahmad dans leur perception de la technique comme force destructrice : pour l'Allemand, il s'agit d'une instance autonome et planétaire qui anéantit l'individu en tant que personne en le transformant en ouvrier, c'est-à-dire en un type humain standardisé et interchangeable, sans visage, qui a perdu le contact avec la nature et la tradition ; pour l'Iranien, la technique est un instrument de colonisation culturelle et économique qui détruit les identités locales en transformant les personnes en individus sans racines, qui méprisent leur propre culture traditionnelle mais qui, en même temps, ne parviennent pas à s'intégrer dans la culture occidentale dominante.

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La situation est toutefois différente en ce qui concerne la vision globale de l'histoire et la proposition de solution (à supposer qu'il y en ait une).

Jünger, comme nous le savons, est un représentant éminent de la Révolution conservatrice : dans sa vision élitiste et anti-bourgeoise, l'histoire est un processus métaphysique d'affirmation de la volonté de puissance, qui aboutit au 20ème siècle à la domination de la technique. La conception d'Al-e Ahmad est très différente : tiers-mondiste et anticolonialiste, il interprète l'histoire comme une lutte du peuple pour son émancipation de la domination occidentale.

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À partir de ces prémisses, les deux penseurs développent un projet cohérent pour échapper à la modernité. Pour Jünger, qui cultive une vision individualiste, la solution réside dans ce qu'il appelle lui-même le « passage à la forêt » (Waldgang) : une résistance intérieure, aristocratique et solitaire – nihiliste –, qui ne prévoit pas l'organisation de mouvements ou de structures articulées mais, tout au plus, la « reconnaissance » entre semblables, en refusant catégoriquement tout engagement collectif. Al-e Ahmad, au contraire, préfigure précisément un retour collectif – spirituel et identitaire – à l'islam chiite, élément central immunisé contre l'« occidentalisation » et donc seul rempart culturel et politique à fonction anti-occidentale ; ces idées contribueront en effet de manière significative à l'idéologie de la Révolution iranienne de 1979.

À la lumière de ces considérations, il me semble donc correct de parler non pas tant d'« alliance intellectuelle » que de « convergence critique » sur le terrain de la critique de la modernité. Pour les deux penseurs, l'Occident du 20ème siècle est un anti-modèle à tous égards, en particulier en ce qui concerne la technique, sorte de hachoir métaphorique qui engloutit la personne dotée de spécificités pour la restituer sous la forme d'un amas organique indifférencié. Mais les projets idéologiques défendus par l'Allemand et l'Iranien divergent radicalement, notamment parce que le contexte dans lequel ils évoluent est radicalement différent : tous deux portent un regard critique sur la modernité et les problèmes qui y sont liés, mais Jünger le fait d'un point de vue interne à l'Occident, tandis qu'Al-e Ahmad le fait d'un point de vue externe, en tant que colonisé.

En conclusion, je pense que l'on peut dire qu'Al-e Ahmad accueille cette partie de la pensée complexe de Jünger comme un outil précieux, utile pour le développement d'une critique de la modernité – avec ses corollaires de libéralisme et de rationalisme – bien structurée et orientée vers la récupération de l'authenticité culturelle de tout un peuple.

Vous écrivez également pour « Eurasia Rivista ». Comment se développe la pensée géopolitique en Italie ? Quelles figures ou courants se distinguent dans ce domaine ? En particulier, quels sont les noms les plus importants dans les études géopolitiques italiennes de ces dernières années ?

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Italie – contrairement à d'autres pays comme la France ou le Royaume-Uni, par exemple – n'a pas eu d'école géopolitique universitaire autonome forte : cette discipline était en effet associée au fascisme (époque à laquelle d'éminents chercheurs comme Ernesto Massi (photo) et Giorgio Roletto consacraient leur attention à la Méditerranée) et donc stigmatisée. Aujourd'hui encore, elle est souvent enseignée dans le cadre des facultés de sciences politiques, de relations internationales ou d'histoire.

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En Italie, le débat le plus animé – très influencé par les appartenances politiques et idéologiques – se déroule généralement en dehors des universités, dans des think tanks ou dans des revues et journaux ; les protagonistes sont très souvent des journalistes, des analystes et d'anciens diplomates.

On peut distinguer, dans les grandes lignes, quatre courants.

Le premier, dominant, est celui des atlantistes-européistes, alignée sur la position officielle italienne au sein de l'OTAN et de l'UE. Elle prévaut au ministère des Affaires étrangères, dans les milieux militaires et financiers, ainsi que dans les partis modérés de centre-droit et de centre-gauche. Elle considère l'OTAN comme un pilier fondamental de la sécurité nationale et européenne, soutient l'intégration européenne, appuie le partenariat transatlantique et envisage un interventionnisme humanitaire ou de stabilisation prudent. Elle est représentée par l'Institut des affaires internationales (IAI) et l'Institut d'études politiques internationales (ISPI). Parmi les noms les plus connus, citons le général Carlo Jean et Andrea Margelletti, président du Centre d'études internationales (CeSI) et conseiller du gouvernement.

Le deuxième courant est celui des souverainistes/nationalistes conservateurs. Apparu avec la montée en puissance des deux partis Lega (dirigé par Matteo Salvini) et Fratelli d'Italia (dirigé par Giorgia Meloni), elle visait à rétablir la souveraineté nationale et les intérêts italiens avant tout, critiquant l'UE bureaucratique et fédéraliste, prônant un réalisme poussé dans les intérêts nationaux, manifestant un scepticisme concret à l'égard de l'OTAN en tant qu'instrument de l'hégémonie américaine et déclarant son ouverture au dialogue avec la Russie et la Chine. J'ai utilisé l'imparfait car ces idées appartiennent à la période où la Ligue et Fratelli d'Italia étaient dans l'opposition : maintenant qu'ils sont au gouvernement, ils se sont alignés sur la ligne dominante, se montrant en fait encore plus atlantistes et liés aux États-Unis et à leurs intérêts, au détriment des intérêts nationaux. La revue de référence est « Analisi Difesa » et parmi les noms, celui de son directeur, Gianandrea Gaiani, mérite d'être mentionné.

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Il y a ensuite le courant que l'on pourrait qualifier de réaliste (ou néo-réaliste): plus académique et analytique, il reconnaît l'anarchie fondamentale du système international et examine les relations internationales sur la base des rapports de force (économiques et militaires). Lucidement critique à l'égard de l'atlantisme, il ne le rejette pas mais soutient néanmoins la primauté des intérêts nationaux ; il nourrit un certain scepticisme à l'égard des interventions humanitaires et estime nécessaire que l'Italie se dote d'une « grande stratégie » à long terme (objectif à mon avis irréalisable tant que l'Italie restera sous l'égide de l'OTAN/UE). Le magazine de référence est l'influente « Limes », fondé et dirigé par Lucio Caracciolo ; Dario Fabbri et Giulio Sapelli sont d'autres noms importants.

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Quatrième courant, que l'on pourrait qualifier de tiers-mondiste/anti-impérialiste et anticolonialiste, enraciné dans la gauche communiste et anti-américaine, fortement critique à l'égard de l'hégémonie occidentale et de l'OTAN en tant qu'instrument agressif des États-Unis ; il soutient les mouvements de libération nationale et la cause palestinienne. Ses principaux représentants sont Manlio Dinucci et Alberto Negri : le premier est journaliste au quotidien « Il Manifesto », le second y collabore.

Enfin, le magazine « Eurasia » constitue une réalité à part, difficile à classer d'un point de vue idéologique : sa ligne explicitement anti-atlantiste, anti-mondialiste, anticolonialiste et antisioniste est en effet, comme nous l'avons vu, partagée par d'autres courants géopolitiques ; un autre de ses points forts est l'attention qu'il accorde au Sud du monde et aujourd'hui aux BRICS, avec un accent particulier sur le Moyen-Orient (la question palestinienne en premier lieu) et l'Asie centrale.

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Fondée en 2004 par Claudio Mutti et Carlo Terracciano (l'un des premiers et des plus brillants spécialistes de la géopolitique de l'après-guerre, décédé prématurément il y a vingt ans, en septembre 2005), « Eurasia » se propose à la fois de promouvoir les études et la recherche en géopolitique au niveau universitaire et de sensibiliser le public (spécialisé ou non) aux questions eurasiennes, l'Eurasie étant entendue comme le continent eurasien s'étendant du Groenland (à l'ouest) au Japon (à l'est).

La redécouverte de l'unité spirituelle de l'Eurasie – telle qu'elle s'est exprimée au fil du temps sous de multiples formes culturelles – représente non seulement un facteur novateur dans le panorama des études géopolitiques, mais constitue également une alternative valable aux théories désormais obsolètes de la « fin de l'histoire » et du « choc des civilisations » élaborées respectivement par Francis Fukuyama et Samuel Huntington à la fin du 20ème siècle. Bien que la revue ne soit qu'une "petite niche", « Eurasia » peut compter sur un public fidèle et un cercle de collaborateurs qualifiés.

vendredi, 05 septembre 2025

Petr Bystron à propos du sommet de l'OCS: «L'Allemagne rate le coche du nouvel ordre mondial»

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Petr Bystron à propos du sommet de l'OCS: «L'Allemagne rate le coche du nouvel ordre mondial»

Source: https://www.unser-mitteleuropa.com/175343

À l'issue du sommet de l'OCS à Tianjin, le député européen Petr Bystron (AfD/ESN), spécialiste des affaires étrangères, a déclaré:

« Lors de la réunion de l'OCS à Tianjin, des décisions politiques lourdes de conséquences ont été prises. Le rapprochement de la Chine avec l'Inde et la création de la Banque de développement de l'OCS (Banque des BRICS) constituent un grand pas vers un ordre mondial multipolaire. L'Allemagne et l'UE restent à la traîne des puissances mondiales.

Le développement de l'ordre mondial multipolaire a des implications politiques, militaires et économiques pour l'Allemagne et l'UE. Alors que de plus en plus d'États renforcent leur coopération et leur indépendance économique vis-à-vis de l'Occident grâce à de nouvelles institutions telles que la Banque de développement de l'OCS, l'Allemagne reste à l'écart. Or, il est dans l'intérêt de l'Allemagne, en tant que nation exportatrice, de participer à ces développements. »

En septembre 2022, Petr Bystron, spécialiste de politique étrangère, avait déjà demandé, en sa qualité de porte-parole du groupe AfD au Bundestag allemand pour les questions de politique étrangère (SOZ_Beobachter_Bystron), que l'Allemagne obtienne le statut d'observateur au sein de l'OCS. Cette démarche aurait permis de participer à un stade précoce aux développements centraux en matière de politique de sécurité et d'économie.

mardi, 02 septembre 2025

Dix ans depuis que Merkel a tonitrué «Nous y arriverons»: les sept plus grands mensonges sur la grande vague migratoire depuis 2015

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Dix ans depuis que Merkel a tonitrué «Nous y arriverons»: les sept plus grands mensonges sur la grande vague migratoire depuis 2015

Source: https://report24.news/zehn-jahre-wir-schaffen-das-die-sie...

Dix ans de « Nous y arriverons » ("Wir schaffen das!") : tous les Allemands savent désormais que rien n'a été accompli. Cela n'empêche pas Angela Merkel d'affirmer exactement le contraire. Dans une interview, elle vient de dresser un bilan positif de l'intégration des migrants arrivés en Allemagne en 2015, dont certains ont déjà fait les gros titres pour avoir commis de sérieux délits. Le Deutschlandkurier a passé au crible les sept mensonges les plus éhontés sur la migration, que les responsables politiques au pouvoir continuent de répandre avec acharnement.

L'article suivant a été publié pour la première fois dans le Deutschlandkurier:

« Nous y arriverons. » ("Wir schaffen das") Lorsque l'ancienne chancelière Angela Merkel (CDU) a prononcé cette phrase fatidique devant la conférence de presse fédérale le 31 août 2015, l'« Alternative pour l'Allemagne » (AfD) était à 3%. Dix ans plus tard, selon les derniers sondages, l'AfD est la force politique la plus puissante du pays, devant la CDU et la CSU ! L'une des principales raisons est que les Allemands ont désormais compris les mensonges et les tromperies des anciens partis sur la question de l'immigration clandestine massive. Le Deutschland-Kurier dénonce les sept plus grands mensonges sur l'immigration.

1. LE MENSONGE SUR LA MAIN-D'ŒUVRE QUALIFIÉE

Le conte de fées du prétendu « miracle des travailleurs qualifiés », alimenté jusqu'à aujourd'hui par les apôtres de l'immigration massive, se présente en réalité comme suit :

- Huit migrants sur dix issus des groupes d'immigrants les plus importants (à l'exception des Turcs) n'ont aucune formation professionnelle, comme le montrent les chiffres alarmants de l'Office fédéral des statistiques.

Les chiffres demandés par le groupe parlementaire AfD au Bundestag réfutent une fois de plus le discours répété avec insistance depuis dix ans selon lequel l'Allemagne aurait besoin des migrants pour pallier la prétendue pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Le fait est que, selon les données du gouvernement fédéral, environ 80 % des immigrants âgés de 20 à 34 ans originaires de Syrie, d'Afghanistan et d'Irak n'ont pas de formation professionnelle complète.

- 81,5 % des Syriens vivant en Allemagne (qui constituent de loin le groupe le plus important parmi les demandeurs d'asile) n'avaient aucune qualification professionnelle en 2023.

- Ce chiffre n'est dépassé que par celui des Irakiens, avec 82,3 %.

- Parmi les Afghans, 78,3 % ne possèdent aucun diplôme qualifiant.

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Si l'on considère TOUS les jeunes adultes de nationalité étrangère, le pourcentage de personnes non qualifiées reste alarmant. Plus de la moitié des 3,4 millions de jeunes adultes étrangers, dont la propagande en faveur de l'immigration massive prétend avoir un besoin urgent pour éviter l'effondrement des systèmes sociaux allemands, font partie de ce qu'on appelle le « précariat éducatif ». René Springer (photo), expert social de l'AfD : « Cette politique ne permet pas de lutter contre la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, elle ruine nos systèmes sociaux ! »

2. LE MENSONGE SUR LE NIVEAU D'ÉDUCATION

Il apparaît de plus en plus clairement que la principale ressource de l'Allemagne (l'éducation, l'éducation et encore l'éducation !) est de plus en plus épuisée par l'immigration massive. Selon les chiffres du programme PISA, le niveau de performance des écoles allemandes est en forte baisse depuis des années.

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Des classes surchargées, avec jusqu'à 90 % et plus de migrants, des enseignants débordés, des excès de violence dans les cours d'école : cela nuit à la lecture, à l'écriture et au calcul, même chez les élèves allemands. Dans l'étude PISA 2022, les élèves allemands ont obtenu les pires résultats jamais enregistrés en mathématiques, en lecture et en sciences dans le cadre d'une comparaison internationale !

Dans la tranche d'âge des 20-34 ans, un étranger sur six n'avait déjà pas la diplôme scolaire minimal en 2023.

3. LE MENSONGE SUR LES RETRAITES

Face à l'augmentation rapide du nombre de naturalisations et à la multitude de problèmes d'intégration non résolus, le fiscaliste fribourgeois Bernd Raffelhüschen (photo) réclame un revirement radical de la politique migratoire allemande. Raffelhüschen, l'un des meilleurs experts sociaux d'Allemagne, dresse un bilan accablant de la politique migratoire et de naturalisation allemande. Tout comme l'AfD, il estime que la migration doit être économiquement rentable pour l'Allemagne.

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Dans le même temps, cet éminent économiste balaye les chimères de la gauche écologiste selon lesquelles une immigration massive non contrôlée préserverait les systèmes sociaux allemands (mot-clé : changement démographique) de l'effondrement. Dans une étude controversée, Raffelhüschen a calculé que, sous le poids de la migration de masse, les systèmes sociaux allemands s'effondreront tôt ou tard et qu'il faut s'attendre à un déficit économique de 5,8 billions d'euros : « C'est le prix de l'immigration dans notre système actuel ! »

Le scientifique de Fribourg présente ses calculs de manière détaillée :

- En moyenne, l'intégration des migrants sur le marché du travail prend six ans, si tant est qu'elle ait lieu. Pendant cette période, ils ne cotisent pas ou très peu aux caisses sociales allemandes. La situation ne s'améliore guère par la suite dans leur vie professionnelle. En effet, en raison de leur manque de qualifications, les migrants gagnent généralement beaucoup moins que leurs collègues allemands. Conséquence : ils paient moins d'impôts et de cotisations, mais bénéficient en principe des mêmes prestations en matière de maladie, de soins et de retraite.

- L'économiste Raffelhüschen illustre ses calculs à l'aide d'un exemple simple : « Un demandeur d'asile arrive en Allemagne à l'âge de 26 ans, sa demande est rejetée au bout de deux ou trois ans, mais il reste dans le pays avec un titre de séjour provisoire. Il commence alors progressivement à occuper ses premiers emplois, acquiert des qualifications et, à 35 ans, devient contribuable et cotisant. En raison de ses faibles droits à la retraite, il perçoit, une fois retraité, le revenu minimum garanti, pour lequel ses cotisations n'auraient jamais suffi. »

Raffelhüschen résume cette situation déplorable en une seule phrase : « L'immigration n'est pas rentable ! »

4. LE MENSONGE DE LA CRIMINALITÉ

L'un des pires minimisateurs de la criminalité alarmante des étrangers est Georg Restle (« Monitor »), journaliste à la chaîne publique WDR : « Le fait qu'une personne devienne criminelle ou violente n'a rien à voir avec le fait qu'elle soit allemande ou non », a-t-il récemment déclaré dans un commentaire diffusé dans l'émission Tagesthemen de la chaîne ARD. Pour ce fanatique du « Welcome », les chiffres sur la criminalité des étrangers tirés des statistiques policières (PKS) ne sont que des « campagnes de peur » menées par la droite. Le nombre de suspects augmenterait notamment « parce que la police enquête particulièrement souvent sur les non-Allemands. Et parce qu'ils sont plus souvent dénoncés ».

Pour sa propagande, Restle, partisan de gauche et écologiste en faveur de l'immigration massive, aime utiliser ce que les juristes appellent un raisonnement circulaire. Ce qui doit être prouvé est simplement anticipé sous forme d'affirmation, comme dans un documentaire diffusé au printemps dans l'émission « Monitor ».

Les recherches commencent déjà par une thèse qui doit ensuite se vérifier. Pour cela, on recherche des « experts » qui soutiennent le récit envisagé (appelé « spin » dans le jargon du secteur), c'est-à-dire qui doivent « rendre l'histoire vraie ». C'est exactement ainsi que « Monitor » a procédé.

Les statistiques policières sur la criminalité (PKS) pour l'année 2024 parlent un autre langage, et celui-ci est sans équivoque :

- Les crimes violents en Allemagne ont atteint un nouveau record avec 217.277 cas au cours de l'année considérée. Près d'un suspect sur deux (85.012, soit une augmentation de 7,5 %) était « non allemand » l'année dernière, alors que les étrangers représentent environ 15 % de la population totale.

- Le nombre d'agressions à l'arme blanche en Allemagne a également atteint un nouveau record avec plus de 29.000 cas, soit une moyenne de 79 agressions par jour ! Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Les experts estiment que le nombre réel de cas est beaucoup plus élevé.

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- Depuis 2017, dans 52.000 cas élucidés, des personnes en Allemagne ont été victimes d'abus sexuels, d'agressions, de contraintes ou de viols commis par au moins un immigrant suspecté. C'est ce qui ressort des chiffres basés sur des évaluations spéciales du Bureau fédéral de la police criminelle (BKA), qui ont été rendus publics sous le gouvernement « feu tricolore ».

- Une question parlementaire déposée par le groupe AfD au Bundestag sous la direction du vice-président du parti, Stephan Brandner, a également révélé des chiffres choquants : jamais autant de suspects n'avaient été enregistrés pour des viols collectifs que l'année dernière ! Selon le gouvernement fédéral, 1011 violeurs présumés ont été enregistrés en 2024. Ce chiffre marque un nouveau record depuis le début du recensement en 2010 et représente presque le double de l'année précédente, qui comptait 537 suspects.

5. LE MENSONGE DE L'INTÉGRATION

Des milliards d'euros provenant des impôts ont été engloutis jusqu'à présent dans des cours dits « d'intégration ». Le ministre fédéral des Finances, Lars Klingbeil (SPD), a approuvé 300 millions d'euros supplémentaires rien que pour cette année. Le taux d'abandon est extrêmement élevé : 40% des migrants n'atteignent même pas le niveau linguistique minimum requis, à savoir le niveau B1.

Refus d'intégration, sociétés parallèles, mariages forcés : il y a un an, personne n'avait encore dit aussi brutalement à la mafia migratoire de gauche et des Verts ce que le travailleur social le plus honnête d'Allemagne avait à leur dire : « L'intégration a échoué à 100 % ! ». C'est le bilan que tire Wolfgang Büscher, porte-parole de l'association protestante pour l'enfance et la jeunesse « Arche » à Berlin Marzahn-Hellersdorf, de l'immigration massive depuis 2015. En tant qu'homme bien informé, Büscher met en garde contre une radicalisation islamiste et une escalade de la violence chez les enfants et les jeunes issus de familles dites de réfugiés dans les grandes villes allemandes.

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Büscher (photo) rapporte notamment les conditions qui règnent dans les centres d'aide :

- « Celles qui portent des petits top sont traités de prostituées ! »

- « Nous sommes à bout. Notre système s'est effondré. Afin de pouvoir encore aider les autres, je demande l'arrêt de l'accueil des réfugiés. »

- « Chez nous, des enfants de onze ans se promènent déjà avec des couteaux. »

- « Un ancien maire de Berlin m'a dit que si nous la fermons devant les médias, nous recevrons aussi de l'argent de leur part. »

6. LE MENSONGE SUR LE LOGEMENT

L'une des conséquences de l'immigration massive est la pénurie croissante de logements, en particulier dans les agglomérations, et l'exode de la population allemande vers les zones rurales. Le fait est que l'immigration massive depuis 2015 a un impact considérable sur le développement du logement en Allemagne. Les immigrants sont attirés par leurs semblables. Berlin, capitale multiculturelle, attire particulièrement les migrants, mais les centres urbains de la région Rhin-Ruhr, tels que Cologne, Dortmund et Duisbourg, attirent eux aussi les migrants comme la lumière attire les papillons de nuit. Comme la plupart des migrants de toutes origines vivent dans les villes et les grandes agglomérations, la plupart des nouveaux arrivants s'y installent également. En conséquence, les logements se font de plus en plus rares, les loyers explosent et les conditions de vie deviennent de plus en plus précaires. Ce qui ne pose pas de problème pour les migrants dans la mesure où ceux-ci bénéficient d'une aide généreuse de la part des contribuables allemands, par exemple sous la forme du « Bürgergeld » (revenu citoyen), qui est depuis longtemps devenu le «revenu des migrants».

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Il n'est donc pas surprenant que les jeunes Allemands aient de plus en plus tendance à « fuir » les villes pour se réfugier à la campagne. Des études récentes le démontrent, en particulier pour les jeunes actifs et les jeunes familles.

En clair : les Allemands deviennent des « migrants » dans leur propre pays ! Des quartiers entiers de grandes villes « basculent » ou ont déjà « basculé » depuis longtemps, comme le montrent de manière impressionnante les exemples de Berlin, Cologne, Hambourg et Duisbourg, entre autres.

7. Le mensonge sur le nombre de FEMMES et d'ENFANTS

« Il y a trop d'hommes qui arrivent », résume Bernd Raffelhüschen (Université de Fribourg) à propos du résultat de dix ans de « culture de l'accueil ». Le plus grand expert allemand considère comme particulièrement problématique le déséquilibre actuel entre les migrants féminins et masculins. Il déclare : « Un rapport équilibré entre les hommes et les femmes est essentiel pour une société d'immigration stable. » Là encore, les statistiques sont sans équivoque : les hommes, en particulier les jeunes hommes, continuent de représenter une part importante de l'immigration en Allemagne : en juillet 2025, ils représentaient plus de 61 % des demandeurs d'asile. Cette proportion est particulièrement marquée chez les jeunes demandeurs d'asile : rien que chez les 16-17 ans, elle atteignait récemment 80 % !

Entre-temps, le groupe des 18-24 ans en Allemagne représente l'un des groupes d'âge les plus importants parmi les demandeurs d'asile qui ont déposé une première demande entre 2015 et 2024 (source : Agence fédérale pour l'éducation politique). Voilà pour ce qui est du « taux de testostérone » en relation avec les agressions sexuelles.

ÉPILOGUE

Il y a dix ans, Kai Diekmann, alors directeur du journal « Bild » et militant pour l'immigration (« refugees welcome »), a pourtant récemment poussé ses rédacteurs à rédiger l'article suivant, avec l'aide active de Julian Reichelt, aujourd'hui directeur de «NiUS»: «BILD dévoile les sept plus grands mensonges sur les demandeurs d'asile, dit ce qu'il en est vraiment...»

Par exemple, « les réfugiés sont tous complètement incultes », « les réfugiés reçoivent plus d'argent que les bénéficiaires du Hartz IV », « les réfugiés ne viennent ici que pour l'argent », « les réfugiés sont particulièrement souvent criminels » ou « les réfugiés vivent mieux que beaucoup d'Allemands ».

Eh bien, Diekmann, c'était plutôt un vœu pieux de la part d'un bien-pensant !

L'ancien directeur de « Bild », qui a démissionné « de son propre gré » en 2017 et dont on n'entend plus beaucoup parler malgré son autobiographie auto-glorifiante (« Ich war BILD »), gagne aujourd'hui sa vie (après une indemnité de départ qui, selon des sources internes à la maison d'édition, s'élèverait à plusieurs dizaines de millions d'euros) grâce, entre autres, à un obscur « fonds pour l'avenir » destiné à investir des capitaux en actions. Il ne se soucie probablement plus beaucoup de l'avenir de l'Allemagne.

 

 

samedi, 30 août 2025

Religion climatique et lutte culturelle – Comment l'agenda écosocialiste désindustrialise l'Allemagne

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Religion climatique et lutte culturelle – Comment l'agenda écosocialiste désindustrialise l'Allemagne

Pour Frank-Christian Hansel, l'agenda climatique allemand n'est pas un projet de réforme technique, mais une lutte culturelle idéologique aux conséquences considérables pour l'économie et la société.

Frank-Christian Hansel

Source: https://www.freilich-magazin.com/politik/klimareligion-un...

Depuis plus d'une décennie et demie, de Merkel à Habeck, de la CDU aux Verts, une doctrine climatique s'est établie en Allemagne qui doit être comprise moins comme une politique environnementale axée sur les faits que comme une lutte culturelle délibérément menée par la gauche. Sous le couvert de la « protection du climat » et de la « décarbonisation », une grande offensive idéologique a été lancée, qui non seulement restreint les décisions techniques et économiques, mais recode également l'ensemble du système de valeurs sociales – vers une vision écosocialiste du monde et de l'humanité.

Cet agenda n'est pas un domaine politique fortuit, mais le levier central pour transformer l'économie, la société et la culture. L'orthodoxie climatique rouge-verte, activement promue par Angela Merkel et ses successeurs, a mis en place un système dogmatique dans lequel la légitimité politique ne découle plus d'une négociation démocratique, mais d'un chantage moral : quiconque s'oppose à la « religion climatique » est considéré comme un ennemi de l'avenir, comme un hérétique s'opposant au grand récit moral.

Les trois piliers fondamentaux de l'idéologie climatique

  1. 1) La prétention à l'absolu de la religion climatique – Le « sauvetage de la planète » est placé au-dessus de toute raison économique en tant qu'objectif métaphysique ultime.
  2. 2) Logique de redistribution écosocialiste – Les moyens de production, les systèmes énergétiques et les structures de consommation doivent être réorientés politiquement afin d'imposer un système prétendument « équitable » à zéro émission.
  3. 3) Hégémonie culturelle – Les médias, l'éducation, les ONG et les réseaux internationaux créent une autorité interprétative qui discrédite moralement toute critique avant même qu'elle puisse être discutée objectivement.

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L'industrie automobile – en première ligne et victime de la guerre culturelle

Si vous considérez encore que cet agenda climatique, en tant que combat culturel, est une exagération théorique, il vous suffit de regarder l'industrie automobile allemande, le cœur industriel de notre pays, symbole et moteur de notre prospérité. C'est là que la logique idéologique coercitive et la réalité s'affrontent de plein fouet.

- Volkswagen : fermetures d'usines, délocalisations, fortes réductions de production

- Porsche : suppression d'environ 1900 emplois d'ici 2029 à Zuffenhausen et Weissach

- Bosch : 1100 emplois supprimés à Reutlingen

- Daimler Truck : 5000 emplois menacés en Allemagne

- Continental : 3000 emplois supprimés dans le monde, dont une grande partie en Allemagne

Les conséquences de la transition accélérée vers les voitures électriques

Le Center Automotive Research (CAR) estime à environ 15.000 le nombre d'emplois qui pourraient être supprimés dans le secteur en raison de la transition accélérée vers les voitures électriques, qui s'accompagne de la destruction de chaînes de valeur sophistiquées mises en place au fil des décennies. Des régions entières, en Bavière, dans le Bade-Wurtemberg et en Basse-Saxe, sont confrontées à une rupture structurelle qui est dévastatrice non seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan social.

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Cette évolution n'est pas un accident industriel résultant d'une politique mal équilibrée. Elle est la conséquence logique d'une stratégie culturelle et idéologique dans laquelle toute affirmation industrielle est considérée comme nuisible au climat, voire comme moralement illégitime. L'abandon politiquement imposé des technologies à combustion, accompagné de directives européennes, d'interdictions nationales et de subventions unilatérales, est un exemple typique de la manière dont une idéologie abstraite se traduit par une destruction industrielle concrète.

Celui qui ne reconnaît pas les faits perd

La « protection du climat » n'est qu'une façade pour un processus de pouvoir plus profond: la transformation du pays qui, d'une société industrielle orientée vers l'économie de marché, doit devenir une économie de pénurie réglementée et dirigée par l'État. La lutte culturelle de gauche pour le climat est l'arme stratégique à long terme visant à détruire le système politique et économique et à le remplacer par un système idéologique.

Ceux qui ne comprennent pas cet état de choses ne pourront jamais provoquer un véritable changement politique.

La question centrale est donc la suivante: la CDU a-t-elle reconnu ce conflit pour ce qu'il est, à savoir une lutte culturelle et idéologique pour déterminer l'ordre fondamental de notre société ? Si oui, il faut se demander pourquoi elle ne mène pas la lutte contre ce projet. Par crainte de perdre ses dernières options de pouvoir ? Par commodité, parce qu'elle s'est installée dans l'ombre de l'hégémonie verte-gauche?

Ma propre conviction, que l'Union démocrate-chrétienne pourrait encore être un partenaire dans cette lutte, est proche de zéro. Trop souvent, elle s'est révélée être la co-administratrice et le précurseur de cet idéologie, celle de la sortie du nucléaire de Merkel à la mise en œuvre anticipée des objectifs climatiques verts. Dernier exemple en date: peu avant la fin de la majorité rouge-verte, Friedrich Merz a inscrit la « neutralité climatique » dans la Constitution, renforçant ainsi l'idéologie et non le réel.

Ce qui est nécessaire aujourd'hui

Il est essentiel que les électeurs comprennent que le changement politique doit se faire précisément à ce niveau, celui du débat idéologique fondamental. Le moyen le plus efficace d'y parvenir est de mettre en avant les conséquences réelles et accablantes: suppressions d'emplois, explosion des prix de l'électricité, désindustrialisation. Ce n'est que lorsqu'il sera clair que ces pertes sont la conséquence directe d'une idéologie climatique que la pression politique nécessaire pour imposer un changement pourra voir le jour.

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Pour mettre fin à cette aberration, il faut donc:

- Dénoncer la doctrine coercitive de la politique climatique comme un projet de domination écosocialiste.

- Déconstruire publiquement la logique de chantage moral de la religion climatique.

- Révéler sans pitié le bilan réel de la transition énergétique et de la décarbonisation : pertes d'emplois, destruction de la prospérité, désindustrialisation.

- Établir une contre-culture d'ouverture technologique, d'autodétermination économique et de politique énergétique libérale.

Ce n'est qu'en démystifiant le fondement idéologique que l'on pourra inverser le cours politique. Cela exige le courage d'une critique fondamentale, non seulement à l'égard des Verts, mais aussi à l'égard des complices démo-chrétiens et socialistes qui ont élevé cette lutte culturelle écosocialiste au rang de doctrine d'État.

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À propos de l'auteur

Frank-Christian Hansel

Frank-Christian Hansel, né en 1964, est membre de la Chambre des députés de Berlin pour l'AfD depuis 2016. Originaire de Hesse, il a étudié les sciences politiques, la philosophie et a suivi les cours d'études latino-américaines.

dimanche, 24 août 2025

«L'œuvre de Merkel – notre perte»: le nouveau livre de Gerald Grosz

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«L'œuvre de Merkel – notre perte»: le nouveau livre de Gerald Grosz

Source: https://unzensuriert.at/307306-merkels-werk-unser-untergang-neues-grosz-buch-in-wien-vorgestellt/?pk_campaign=Unzensuriert-Infobrief

Grosz-Merkels-Werk-Unser-Untergang.jpgAvec son cinquième livre, « L'œuvre de Merkel – notre perte » (https://www.buecherquelle.at/shop/merkels-werk-unser-untergang/), le commentateur politique Gerald Grosz a touché un point sensible. Avant même sa mise en vente, l'ouvrage figurait déjà dans les listes des meilleures ventes. Le best-seller a été présenté lors d'une conférence de presse à Vienne en présence de personnalités politiques autrichiennes et allemandes.

Regard sur les conséquences catastrophiques de la migration de masse

Écrit en seulement cinq semaines, Grosz documente les conséquences de la politique migratoire erronée menée depuis 2015, telles que les agressions à l'arme blanche, les viols collectifs et les vols à main armée, qui sont désormais monnaie courante dans les villes allemandes et autrichiennes comme Vienne. Le système social n'est pas destiné à ceux qui en ont besoin, mais sert d'instrument politique à l'élite pour attirer ceux qu'elle veut voir venir, critique Grosz.

Les proches des victimes s'expriment

Dans son livre, il donne également la parole aux proches de victimes bien connues du public. Par exemple, le père d'Ann-Marie (17 ans), qui a été poignardée avec son petit ami de 19 ans en 2023 à Brokstedt (Schleswig-Holstein) dans un train par un Palestinien apatride qui a également blessé cinq autres passagers, dont certains gravement. Melanie Popp, mère de Leonie, une jeune fille de 13 ans assassinée à Vienne, qui avait été agressée sexuellement par quatre jeunes Afghans en juin 2021, puis laissée pour morte devant la maison après avoir ingéré une overdose de drogue, prend également la parole.

D'autres destins des victimes du terrorisme à Vienne en 2020, à Villach en 2025, des morts de l'attentat terroriste de la Breitscheidplatz à Berlin en 2016, des victimes de Solingen ou de celles du massacre au couteau de Mannheim montrent dans ce livre comment l'échec politique flagrant détruit de plus en plus de vies innocentes.

Le travail de mémoire fait toujours défaut

Udo Landbauer, vice-président de la FPÖ de Basse-Autriche, Dominik Nepp, président de la FPÖ de Vienne et vice-maire, et Tino Chrupalla, porte-parole de l'AfD, ont souligné l'importance de l'ouvrage de Grosz. Chrupalla a critiqué le fait qu'aucun travail de mémoire n'ait été effectué à ce jour et que ce soit justement un auteur autrichien qui doive s'en charger. Landbauer a déploré: « 2015 a été une rupture fatidique, au cours de laquelle la souveraineté et l'identité de l'Autriche ont été abandonnées. » Nepp a ajouté que Vienne avait radicalement changé au cours des dix dernières années, car des migrants étrangers de rude culture et peu éduqués avaient été littéralement invités par des prestations sociales généreuses, et que les conséquences catastrophiques se faisaient sentir partout: agressions au couteau, vols à main armée, bandes de jeunes et violence collective.

Les faux conservateurs continuent d'échouer

Pour Chrupalla, Grosz, Landbauer et Nepp, une chose est claire : les soi-disant partis conservateurs (Grosz : « Avant les élections, ils clignotent pour virer à droite, après les élections, ils tournent à gauche ») ne font que simuler une ligne dure en matière d'asile, alors que la réalité montre que la politique migratoire a lamentablement échoué. Un changement de cap est nécessaire, soutenu par des partis tels que la FPÖ ou l'AfD et par des auteurs courageux comme Grosz, qui lancent le débat public.

jeudi, 21 août 2025

Le vagabond entre deux mondes - Horst Mahler est mort

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Le vagabond entre deux mondes

Horst Mahler est mort

Arne Schimmer

Source: https://aufgewacht-online.de/der-wanderer-zwischen-den-we...

Selon une déclaration de Rainer Langhans, icône de 68 récemment portraituré dans le journal « Die Welt », la militante politique de gauche Beate Klarsfeld lui aurait récemment dit à propos de Horst Mahler : « Horst continue simplement à chercher. La négation de l'Holocauste par Horst Mahler, il l'a apprise de nous, nous lui avons appris à provoquer. C'est nous qui lui avons appris à forcer les gens à discuter. Horst pense que le dialogue nécessaire n'a pas lieu ». C'est une interprétation originale de la fin de la vie de Horst Mahler.

À première vue, la vie de l'ancien avocat a été marquée par de grands bouleversements. Né le 23 janvier 1936 à Haynau, en Silésie, Horst Mahler appartenait encore à une génération qui a vécu les bombardements, l'expulsion des Allemands de l'Est et la division du pays par les puissances victorieuses. En 1945, sa mère s'est enfuie avec ses trois fils dans la zone d'occupation soviétique. Après son retour de captivité aux États-Unis, son père Willi a exercé pendant quelques années comme dentiste à Dessau-Roßlau avant de mettre fin à ses jours en 1949. Cet événement extrêmement traumatisant a sans doute profondément marqué Horst Mahler.

Après ce choc, la famille s'installe à Berlin-Ouest. C'est là que Mahler obtient son baccalauréat (Abitur) au printemps 1955, major de sa promotion, et commence des études de droit à la Freie Universität au semestre d'été suivant. À cette époque déjà, il s'intéressait de près à la théorie communiste et finit par devenir léniniste. Il interprétait l'œuvre de Lénine « L'État et la révolution » comme un acquittement « de toute culpabilité collective », comme Mahler le remarquait rétrospectivement en 1977. Après un bref intermède au sein de la corporation étudiante « Thuringia », il adhère au SPD en 1956, puis trois ans plus tard à l'Union socialiste allemande des étudiants (SDS). Après avoir obtenu son deuxième examen d'État, toutes les portes s'ouvrent à lui sur le plan professionnel. Il est considéré comme le futur avocat vedette de Berlin-Ouest, notamment parce qu'il est le premier avocat allemand à obtenir gain de cause devant la Commission européenne des droits de l'homme à Strasbourg en 1966. Mais la même année, à la demande personnelle de Rudi Dutschke, il commence à agir en tant qu'avocat de la nouvelle opposition extraparlementaire de gauche en formation.

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Fondation et dissolution de la RAF

Au cours des années suivantes, il est devenu le représentant juridique par excellence du mouvement de 1968 et a pris en charge un nombre presque incalculable de procès, souvent sans être rémunéré. Avocat charismatique qui faisait régulièrement des salles d'audience sa tribune politique, il a sans doute contribué autant que Rudi Dutschke à l'image du mouvement. Mahler s'est notamment fait connaître en tant qu'avocat – aux côtés du futur ministre fédéral de l'Intérieur Otto Schily – de Gudrun Ensslin et Andreas Baader dans le procès pour les incendies criminels dans des grands magasins, qui a captivé l'attention de toute la nation en 1968 et est considéré comme un élément important de l'histoire de la Fraction armée rouge (RAF).

Mais pourquoi ce virage vers le terrorisme ? Lors de l'assassinat de l'étudiant Benno Ohnesorg en marge d'une manifestation contre la visite du shah d'Iran Reza Pahlavi, qui a eu lieu le 2 juin 1967 à Berlin, de nombreux étudiants ont voulu voir dans cet acte un revirement de la violence sociale jusqu'alors latente, qui s'exprimait désormais ouvertement contre eux. Ils ne se doutaient pas que le tireur, le policier berlinois Karl-Heinz Kurras, était également un agent secret de la Stasi, la police secrète de la RDA. Cet événement a en tout cas marqué un tournant pour beaucoup, y compris pour Horst Mahler. Pour ce léniniste de l'époque, une révolution réussie impliquait de toute façon le recours à la violence.

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L'avocat de l'APO a ensuite joué un rôle central dans la conception et la fondation de la « Fraction armée rouge ». Il a recruté une grande partie de la première génération, notamment Manfred Grashof, Petra Schelm, Andreas Baader et Gudrun Ensslin.

À l'été 1970, alors qu'il s'entraînait au combat armé dans un camp de l'OLP en Jordanie, il a toutefois vécu une expérience décisive. Peter Homann, membre du groupe, a été accusé d'être un traître potentiel par Andreas Baader, un desperado multirécidiviste qui prenait de plus en plus le contrôle de la RAF à cette époque. Homann devait être abattu pour « renforcer la solidarité », ce qui ne se produisit finalement pas uniquement parce que les hôtes arabes ne voulaient pas d'un citoyen allemand mort dans leur camp. 27 ans plus tard, Mahler qualifia ce moment dans une lettre ouverte au journal « Die Zeit » de « point de départ de mon éloignement progressif » du terrorisme.

Il n'a pas touché à son pistolet

Lorsqu'il a été arrêté à Berlin le 8 octobre 1970, il n'a pas touché au pistolet déverrouillé qui se trouvait dans sa poche et a simplement salué les policiers en disant: « Compliments, messieurs ! ». Pendant sa détention, Mahler fut le seul des terroristes emprisonnés à refuser systématiquement la prétention au leadership revendiquée par le duo Andreas Baader/Gudrun Ensslin. Son exclusion de la RAF, qui eut finalement lieu en 1974, n'était donc qu'une question de temps.

logo_kpd_ab_-620725134.pngS'ensuivit un intermède de près de deux ans au sein de la KPD, un parti maoïste qui prônait alors un nationalisme radical, appelait à la chute du « régime Honecker » et considérait que sa mission principale était de préparer les masses populaires à une « guerre de défense nationale » contre l'Union soviétique « social-impérialiste » – le jeune Michael Kühnen fut d'ailleurs brièvement membre de ce parti. Mais le tournant intellectuel décisif pour Horst Mahler fut ses lectures pendant son incarcération dans la seconde moitié des années 70. Après avoir lu en détail les œuvres de Hegel, du dissident est-allemand Rudolf Bahro et de l'existentialiste français Jean-Paul Sartre, il rompit avec la théorie communiste dogmatique.

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Les événements en République populaire de Chine, où le réformateur Deng Xiaoping mit fin à la « révolution culturelle » destructrice, lancée par Mao, et amorça un programme de réformes extrêmement fructueux, firent le reste.

Le fait est que les positions qu'il défendait en 1980, l'année de sa libération, n'étaient pas si éloignées de celles qu'il adopterait plus tard. Lors d'un entretien avec le ministre de l'Intérieur de la FDP, Gerhart Baum, il a par exemple qualifié la « question de l'État » de « pivot de mon orientation et de mon action » et déclaré qu'il était « terrible de ne pas pouvoir s'identifier à son propre peuple ». Dans son entretien avec Baum, il déclarait également : « Je ne considère pas les nazis convaincus comme des monstres. Mon père, par exemple, était selon moi ce qu'on appelle un homme bon, même s'il était un nazi convaincu ».

Malgré de telles déclarations, Mahler jouissait à l'époque d'un statut quasi de star, car il était considéré comme un gauchiste modéré. Baum, déjà mentionné, et Rudolf Augstein, rédacteur en chef du magazine Der Spiegel, l'accompagnèrent lors d'une tournée de conférences, le futur chancelier Gerhard Schröder se battit pour qu'il soit réadmis comme avocat et la « Liste alternative de Berlin-Ouest » voulut le recruter comme membre, ce que Mahler refusa toutefois.

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Ce n'est que lorsqu'il réitéra avec force, dans la seconde moitié des années 1990, les positions qu'il avait déjà exprimées au début des années 1980, à l'occasion de l'arrivée au pouvoir du gouvernement rouge-vert, dans lequel beaucoup de ses anciens compagnons de route occupaient des fonctions importantes, qu'il fut perçu comme un renégat. Ses longues peines d'emprisonnement après le tournant du millénaire sont à nouveau exclusivement liées à des délits d'opinion, en particulier à des condamnations pour négation de l'Holocauste, alors que la loi pénale sur laquelle elles se fondent a déjà été critiquée par d'anciens juges constitutionnels tels que Wolfgang Hoffmann-Riem et Winfried Hassemer, ainsi que par l'ancien ministre fédéral de l'Intérieur Otto Schily.

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En effet, un regard sur la biographie de Horst Mahler montre qu'il est non seulement indigne d'un État de droit, mais aussi extrêmement peu souverain de vouloir mettre fin au débat avec un dissident en l'emprisonnant à perpétuité. Horst Mahler est décédé à Berlin le 27 juillet 2025. Au moins, ses persécuteurs ne peuvent plus lui faire de mal.

Arne Schimmer

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vendredi, 15 août 2025

Comment Horst Mahler a rejoint la NPD

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Comment Horst Mahler a rejoint la NPD

Une note nécrologique

par Per Lennart Aae

Source: https://aufgewacht-online.de/wie-horst-mahler-zur-npd-kam/               

Horst Mahler et moi étions certes en désaccord sur la plupart des questions idéologiques et politico-stratégiques, mais je partageais son rejet du culte allemand de la culpabilité et sa conviction que l'Allemagne n'a d'avenir que si elle surmonte ce culte. Et je respecte et admire Horst Mahler pour le sacrifice qu'il a consciemment consenti et qui lui a valu plus de 12 ans d'emprisonnement pour des délits purement politiques et la ruine de sa santé.

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À la fin des années 1990, j'ai servi de médiateur lors de sa prise de contact avec la NPD. J'ai joué un certain rôle dans l'organisation de sa première apparition lors d'un rassemblement de la NPD (dans le Bade-Wurtemberg en 1999, je crois) et j'ai organisé peu après une première rencontre entre lui, Udo Voigt, le Dr Eisenecker et moi-même dans un restaurant de l'Alexanderplatz à Berlin. Je suis aujourd'hui le seul survivant de cette rencontre.

À cette époque, je connaissais déjà, grâce à la presse, les origines politiques de Horst Mahler, ses succès en tant qu'avocat, son parcours politique au sein de la SPD, du SDS et de la RAF, son incarcération, sa libération et la reprise de son activité d'avocat, ainsi que son revirement politique spectaculaire vers ce que l'on appelle « l'extrême droite ». J'avais eu plusieurs conversations téléphoniques avec lui et une discussion personnelle lors d'un trajet en voiture d'environ une heure entre la gare centrale de Stuttgart et le lieu de son intervention dans le Bade-Wurtemberg, que je viens de mentionner.

Mais mes attentes personnelles concernant le rôle de Horst Mahler au sein de la NPD se sont révélées illusoires dès notre rencontre à Berlin. Je pensais que Mahler incarnerait une synthèse des idées « de droite » et « de gauche » pour former une nouvelle vision de la politique nationale fondée sur des bases scientifiques. Mais la conversation a révélé qu'il rejetait cette idée et qu'il attendait plutôt de grands succès politiques, notamment en matière de politique relative à l'histoire.

« Je m'incline devant un grand Allemand »

Je partageais certes son opinion de principe sur la politique concernant l'histoire, mais par ailleurs je ne considérais pas cette politique-là comme une base suffisante pour un revirement politique désormais absolument nécessaire en Allemagne; j'entrevoyais plutôt la nécessité de raviver une vision politique ethnique, dont la supériorité sur la philosophie des Lumières, désormais complètement dépassée, réduite à l'absurde et réinterprétée de manière cosmopolite, doit s'imposer tant dans le discours politico-philosophique que d'un point de vue purement politique; sinon, selon l'opinion que j'ai exposée à Mahler, nous ne pouvions que perdre.

Ce n'est que dans ce contexte que la politique relative à l'histoire a un rôle important à jouer. Cette discussion politico-stratégique fondamentale est toujours d'actualité, voire plus importante aujourd'hui que jamais. Je ne sais pas ce qu'en pensait Horst Mahler dans ses dernières années, car nous n'avions plus aucun contact depuis 2001.

Quoi qu'il en soit, je m'incline devant la mémoire d'un grand Allemand, un homme dont peu ont égalé les qualités intellectuelles et morales.

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Ce texte a été initialement publié sur le profil Facebook de Per Lennart Aae.

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jeudi, 07 août 2025

L'Allemagne est le fer de lance de BlackRock en Europe

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L'Allemagne est le fer de lance de BlackRock en Europe

Entretien avec Werner Rügemer par Felicitas Rabe

Source : https://dissident.one/duitsland-is-blackrocks-speerpunt-i...

Werner Rügemer explique la longue histoire de l'influence américaine sur l'économie allemande et européenne. BlackRock est depuis devenu l'un des principaux acteurs de la désindustrialisation de l'Allemagne et de la poursuite de la guerre en Ukraine. Friedrich Merz joue un rôle important à cet égard.

Dans une interview, le journaliste Dr. Werner Rügemer, basé à Cologne, explique comment les États-Unis ont organisé leur influence sur l'économie allemande, d'abord sous Konrad Adenauer, puis avec le rachat d'entreprises est-allemandes et actuellement avec le rachat de grandes entreprises allemandes par BlackRock. Il souligne également le rôle puissant de BlackRock en Europe et en particulier le rôle crucial que joue cet organisateur de capitaux dans la poursuite de la guerre en Ukraine, écrit Felicitas Rabe (pour R T.d e)

Q : Est-ce une coïncidence si c'est précisément en Europe qu'un ancien cadre de BlackRock est devenu chef du gouvernement allemand ?

Rügemer : Non, ce n'est pas une coïncidence. Depuis Konrad Adenauer, premier chancelier allemand et président de la CDU, l'Allemagne est le principal site de l'expansion américaine en Europe. Cela vaut tant sur le plan économique que militaire et culturel.

Après la Seconde Guerre mondiale, cette position était initialement occupée par l'État séparé, imposé par les États-Unis en Allemagne de l'Ouest: la République fédérale d'Allemagne. De 1990 à 1994, la Treuhand (agence fiduciaire) allemande a organisé la liquidation de l'ancienne RDA. Les entreprises américaines McKinsey, PricewaterhouseCoopers et JPMorgan Chase ont dominé le processus. À partir de 2002, le gouvernement SPD-Vert, dirigé par le chancelier Schröder et le vice-chancelier Fischer, a également encouragé la vente d'entreprises et de sites en Allemagne de l'Ouest à des entreprises américaines.

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Depuis Adenauer, les États-Unis n'ont jamais eu autant de bases militaires dans aucun autre État membre de l'OTAN qu'en Allemagne. Et dans aucun autre pays européen, les nouveaux acteurs financiers américains tels que BlackRock, Vanguard, State Street, KKR et Blackstone ne détiennent autant d'actions – c'est-à-dire de copropriété – dans les entreprises les plus importantes qu'en Allemagne.

La réunion « Made for Germany » qui s'est tenue le 21 juillet 2025 à la Chancellerie fédérale a réuni 61 PDG et le représentant allemand de BlackRock. Comme déjà mentionné, le gestionnaire de capitaux BlackRock est lui-même le plus grand actionnaire allemand, via ses participations dans des entreprises cotées au DAX telles que Rheinmetall, Deutsche Bank, SAP, Vonovia, Bayer, BASF, Deutsche Post DHL, Siemens, RWE, Zalando et plus de 100 autres entreprises cotées en bourse.

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Annonce d'une conférence du Dr. Werner Rügemer

Q : Quel est le « mandat » spécifique de BlackRock pour Merz ?

Rügemer : Merz a déjà rempli sa tâche la plus importante pour BlackRock de 2016 à 2020: à l'époque, il était président du conseil de surveillance de la filiale allemande de BlackRock, BlackRock Asset Management Deutschland AG. À ce titre, il a organisé des réunions à huis clos entre son patron, le PDG de BlackRock basé à New York, Lawrence Fink, et les ministres des Finances du gouvernement Merkel: Wolfgang Schäuble, de la CDU, et Olaf Scholz, du SPD, le futur chancelier fédéral.

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Merz a également organisé des réunions de lobbying similaires avec le chancelier fédéral, avec Helge Braun (CDU), et avec le ministre d'État à l'Économie, Jörg Kukies (SPD). Schäuble, Scholz, Braun, Kukies et même Merkel elle-même n'ont jamais évoqué publiquement ces réunions. Cela a permis à BlackRock d'acquérir en toute discrétion une position d'actionnaire majoritaire en Allemagne.

Q : Comment BlackRock tente-t-il d'influencer le chancelier Friedrich Merz ?

Rügemer : Cela est devenu clair en janvier 2025: le PDG américain de BlackRock, Fink, a invité son ancien employé Merz à un dîner privé à Davos pendant le Forum économique mondial, en dehors du programme officiel. En pleine phase finale de sa campagne électorale, Merz a pris le temps de se rendre en Suisse. La réunion portait apparemment sur la chancellerie de Merz, que les deux parties espéraient voir advenir. Comme l'a rapporté plus tard le Handelsblatt, Jamie Dimon, le directeur de JPMorgan Chase, la plus grande banque américaine, était également présent à la réunion. BlackRock est un actionnaire important de la banque et Dimon l'a félicité : « Le chancelier fait exactement ce qu'il faut. »

Avant son élection, Merz avait lui-même proposé un accord au président américain nouvellement élu Donald Trump: l'Allemagne et l'UE achèteraient davantage de gaz de schiste et de matériel militaire aux États-Unis en échange d'une baisse des tarifs douaniers. Trump a maintenant accepté avec gratitude cette offre servile dans l'accord conclu avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. BlackRock s'en réjouit.

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Pourcentages des parts de BlackRock dans les grandes entreprises allemandes.

Q : Pourquoi BlackRock ne représente-t-il pas ses intérêts et ne fait-il pas pression par l'intermédiaire de la Commission européenne, alors que les États européens perdent leur souveraineté ?

Rügemer : BlackRock est également très présent à Bruxelles. La banque parallèle y dispose de son propre bureau de lobbying et est membre d'une dizaine d'organisations internationales de lobbying, ce qui lui confère un accès privilégié aux commissaires et à leurs groupes de travail. En 2020, BlackRock a signé un accord de conseil avec la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Parallèlement, BlackRock conseille également la Banque centrale européenne. Dans ce contexte, cette société de capital est co-organisatrice de la perte de souveraineté des États membres de l'UE.

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Tout comme BlackRock achète le chancelier allemand Friedrich Merz, la société achète également d'anciens politiciens et banquiers de haut rang pour en faire des lobbyistes bien rémunérés dans d'autres grands pays européens, tels que la France, l'Angleterre et la Suisse. L'organisateur de capitaux est également le plus grand actionnaire en Angleterre, en France, en Belgique, au Luxembourg, etc., ainsi qu'en Suisse.

Q : Quelles ont été les conséquences de cette politique économique pour l'Allemagne ?

Rügemer : BlackRock & Co. est le principal actionnaire des plus grandes sociétés immobilières allemandes, à savoir Vonovia, Deutsche Wohnen et LEG. Avec environ 700.000 appartements, elles constituent le plus grand monopole immobilier privé jamais créé en Europe. BlackRock & Co. font ainsi grimper les loyers et les coûts énergétiques.

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Ni les sociétés immobilières, ni les autres entreprises cotées au DAX, dont leur actionnaire BlackRock, ne demandent l'autorisation du gouvernement fédéral lorsqu'elles vendent des divisions, délocalisent à l'étranger et suppriment des emplois. Ainsi, BlackRock & Co. orchestrent depuis une dizaine d'années la désindustrialisation de l'Allemagne et augmentent leurs profits.

Les cours des actions montent; le DAX a atteint son plus haut niveau historique, bien au-dessus des 20.000 points, surtout pendant la « crise économique » de ces dernières années. L'économie se contracte, mais BlackRock & Co. ne connaissent pas de crise ; ils profitent de la récession.

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BlackRock a toujours été et reste un sujet tabou au Bundestag allemand. D'ailleurs, après la démission de Merz chez BlackRock, le ministre de l'Économie Habeck, membre des Verts, a nommé Elga Bartsch, directrice chez BlackRock, à la tête du département politique de son ministère. L'organisateur de capitaux a de nombreux amis, dont les Verts. Et avec l'actuel vice-chancelier SPD et ministre des Finances Lars Klingbeil, BlackRock & Co. jouissent d'une liberté considérable. Leurs actions sont en outre protégées par le fait que le gouvernement, le parlement et les principaux médias n'en parlent pas. BlackRock n'est pas non plus un sujet de discussion avec l'autorité de surveillance financière et le Bundeskartellamt. Le directeur allemand de BlackRock, Dirk Schmitz, est totalement inconnu du grand public.

Q : Quelles sont les autres aspirations de BlackRock pour la politique allemande ?

Rügemer : Le PDG de JPMorgan a déclaré le 11 juillet 2025 dans le Handelsblatt : « Nous investissons certes davantage dans l'UE, mais cela nécessite encore quelques réformes structurelles ! Par exemple, des réductions d'impôts pour les investisseurs et les entreprises. Merz et Klingbeil s'y sont déjà engagés. »

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Enfin, la dette d'un billion d'euros que le gouvernement CDU/SPD sous Merz et Klingbeil vient d'approuver pour les années à venir sera également un terrain de jeu idéal pour BlackRock. Le contrat de coalition stipule: « Nous créerons un « fonds allemand » dans lequel « nous combinerons la force des marchés financiers privés avec la vision à long terme de l'État ». Cela permettra à BlackRock et à ses collègues d'accorder des prêts rentables aux start-ups. Merz souhaite également promouvoir la prévoyance retraite privée à l'aide du produit financier de BlackRock ETF, la « Frühstartrente » (retraite anticipée): les parents sont encouragés à verser chaque mois au moins 20 euros pour leurs enfants à partir de l'âge de 6 ans, afin qu'ils puissent ensuite acheter des ETF avec un avantage fiscal de l'État.

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Q : Le chancelier Merz est surtout connu au sein de l'UE pour son soutien à la guerre en Ukraine et sa russophobie. Pourquoi BlackRock est-il si déterminé à poursuivre cette guerre, qui, du point de vue de l'Ukraine et de l'OTAN, est déjà perdue ?

Rügemer : Avec l'aide du gouvernement américain de Joe Biden, BlackRock est devenu le coordinateur officiel de la « reconstruction » de l'Ukraine, grâce à un contrat avec le gouvernement Zelensky. BlackRock est le principal actionnaire des entreprises américaines de défense telles que Lockheed, Raytheon/RTX, Northrop, Boeing, General Dynamics, etc., ainsi que des entreprises énergétiques et informatiques essentielles à l'effort de guerre : plus la guerre détruit de manière rentable, plus les profits de la reconstruction seront élevés. C'est aussi simple que cela, selon la logique de BlackRock et de ses clients richissimes, qui sont dissimulés derrière des sociétés écrans.

Sous Trump, BlackRock a mis fin à son rôle de coordinateur de la « reconstruction » de l'Ukraine ; l'accès passe désormais par l'UE. Le premier cobaye, l'Ukraine – c'est-à-dire le premier Etat combattant américain par procuration contre la Russie – est désormais épuisé. Après que des centaines de milliers de soldats ukrainiens ont été sacrifiés de manière invisible sur l'autel des « valeurs occidentales », les combattants par procuration de remplacement des États-Unis, sur ordre du président américain Trump, sont désormais les pays européens de l'OTAN, sous la direction de Merz, Macron et Starmer. Ceux-ci ont immédiatement satisfait à l'exigence de Trump: augmenter les budgets militaires à 5% du produit intérieur brut ! Désormais, BlackRock n'a plus besoin d'avoir un bureau à Kiev, à côté du gouvernement corrompu de Zelensky.

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BlackRock est situé à côté de la Commission européenne et est un actionnaire majeur des principales entreprises de défense de l'UE, notamment la plus grande entreprise de défense européenne: BAE Systems en Angleterre, où elle exploite également Rolls-Royce, Rheinmetall en Allemagne, Leonardo en Italie et Airbus en Allemagne, en France, en Espagne et en Angleterre. C'est à partir de là que les livraisons ont lieu actuellement, avec le soutien des gouvernements respectifs, et notamment de Merz en Allemagne.

La russophobie attisée par les politiciens et les médias faisait partie intégrante du capital allemand. Cette russophobie a été et continue d'être renforcée par les États-Unis. De plus, les principaux médias allemands, du BILD au FAZ, ainsi que les médias publics ARD, ZDF et DLF, propagent la russophobie. Merz dispose d'une multitude de sources dans lesquelles il peut puiser.

De plus, Merz espère trouver dans l'industrie de la défense un substitut aux industries allemandes de pointe en déclin dans les secteurs de l'automobile, de la construction mécanique et de l'acier. Et pour cela, les troupes de Merz ont besoin d'une guerre, une guerre qui dure le plus longtemps possible, avec une préparation minutieuse.

Avertissement de Washington: J. D. Vance et l'effondrement silencieux de la République allemande

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Avertissement de Washington: J. D. Vance et l'effondrement silencieux de la République allemande

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/08/warnung-aus-washington-j-d-va...

Quand un vice-président américain se montre plus inquiet pour l'avenir de l'Allemagne que de nombreux députés du Bundestag, il ne faut pas s'indigner, mais écouter.

Il faut parfois un regard extérieur pour rendre à nouveau visible ce qui est évident.

Vendredi 1 août, le magazine britannique « Spectator » a publié un article qui dissèque si bien la situation actuelle en Allemagne qu'il devrait être recommandé comme lecture obligatoire au Bundestag (cf.: https://www.spectator.co.uk/article/j-d-vance-is-right-about-germanys-civilisational-suicide/) . L'auteure, Elisabeth Dampier, y analyse les récentes déclarations du vice-président américain J. D. Vance, qui parle d'un « suicide civilisationnel » de l'Allemagne – et elle lui donne raison. Mais pas sur le ton du « populisme », plutôt en se basant sur des statistiques réelles, des déséquilibres fiscaux et une désorientation culturelle.

Le constat est clair : l'Allemagne traverse une crise aiguë et vit dans une auto-illusion chronique.

Le mythe de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée

Un exemple central: alors que les responsables politiques et les médias affirment que le pays a besoin de 400.000 travailleurs supplémentaires chaque année, quatre millions de personnes en âge de travailler vivent déjà en Allemagne de manière permanente grâce aux prestations sociales, dont près des deux tiers sont issues de l'immigration. Ceux qui parlent de « phases de transition » ou d'« obstacles à l'intégration » ignorent que ce taux est stable depuis des années.

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Il n'existe pas en Allemagne d'analyse coûts-bénéfices fiable de la migration, comme c'est pourtant le cas depuis longtemps au Danemark ou aux Pays-Bas. Au lieu de cela, l'immigration et l'État social sont mis en relation d'une manière qui n'est pas fondée sur des données empiriques, mais sur des considérations morales. Et c'est précisément là que se situe la rupture: la réalité se détache de plus en plus de l'idéologie.

L'instruction publique comme reflet de la désintégration

Dampier renvoie à ce que de nombreux parents observent depuis longtemps: dans de nombreuses écoles, la proportion d'élèves issus de l'immigration dépasse les 50%, voire 90% dans certains quartiers. Il ne s'agit pas ici de couleur de peau ou d'origine, mais de capacité à s'exprimer, de cohésion sociale et d'identité culturelle. Lorsque les fêtes de Noël sont remplacées par des célébrations du ramadan et que les écoles publiques ne proposent plus que des repas halal, il ne s'agit pas de « diversité », mais d'un abandon par l'État de sa propre identité culturelle.

Sur le plan économique, le constat est tout aussi désolant. Le déficit budgétaire structurel s'élève à 172 milliards d'euros, l'industrie automobile s'effondre, les petites et moyennes entreprises sont soumises à une pression réglementaire et la « transformation verte » est source d'incertitude. Friedrich Merz promet des investissements de plusieurs milliards d'euros de la part de groupes internationaux, mais quiconque y regarde de plus près constate qu'il n'y a pas de stratégie globale en matière de politique industrielle, pas de réforme des systèmes sociaux, pas de réponse au changement démographique. Tout n'est que rafistolage.

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La liberté d'expression s'érode

Une partie particulièrement explosive de l'article concerne l'érosion de la liberté d'expression. Selon Dampier, de nombreux Allemands auraient été poursuivis en justice pour des articles critiques à l'égard du gouvernement, pour des satires ou pour des manipulations d'images. Même des journalistes seraient traînés devant les tribunaux, non pas pour incitation à la haine, mais pour avoir prétendument insulté des politiciens.

Dans un État de droit qui fonctionne, ce serait un thème majeur pour la presse. En Allemagne, c'est depuis longtemps la norme. La « démocratie forte » ne se défend pas contre l'extrémisme, mais contre toute déviation par rapport au consensus discursif.

Une constatation amère

Le plus troublant dans cet article n'est toutefois pas son contenu, mais le fait que cette analyse précise provienne de Grande-Bretagne. Alors que les principaux médias allemands rejettent J. D. Vance comme un fauteur de troubles ou un agitateur, une auteure britannique examine sa thèse avec lucidité et la confirme sur toute la ligne. Cet article n'est ni rageur, ni polémique, mais analytique. Et c'est précisément ce qui le rend si percutant.

Car ceux qui le lisent comprennent que la crise dans laquelle se trouve l'Allemagne n'est pas le fruit du hasard. Elle est le résultat d'une politique menée par le pays lui-même.

Conclusion

L'analyse d'Elisabeth Dampier dans The Spectator est un texte intellectuellement honnête sur le déclin insidieux d'un pays qui a honte de lui-même. Le terme de « suicide civilisationnel » utilisé par J. D. Vance peut sembler radical, mais il décrit une réalité que plus personne ne conteste, mais que tout le monde s'efforce de passer sous silence.

Quand un vice-président américain se montre plus inquiet pour l'avenir de l'Allemagne que de nombreux députés du Bundestag, il ne faut pas s'indigner, mais écouter.

lundi, 04 août 2025

La mort de Horst Mahler ou l'impossibilité de renier son père

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La mort de Horst Mahler ou l'impossibilité de renier son père

Der Spiegel évoque les années 70 de la Rote Armee Fraktion et de l'avocat de ses membres, emprisonné pendant plus de 20 ans.

Par Roberto Giardina

Source: https://www.barbadillo.it/123348-deutsche-zeit-la-morte-d...

Dimanche dernier, à Berlin, l'avocat Horst Mahler est décédé. Der Spiegel lui a consacré un long article; d'autres hebdomadaires, quotidiens ou chaînes de télévision ont à peine mentionné ou ignoré la nouvelle. Une histoire allemande, un personnage qui dérange. Mieux vaut l'oublier.

Né en 1936 à Haynau, en Basse-Silésie (aujourd'hui Chojnow, en Pologne), Mahler a grandi en République démocratique allemande et, adolescent, il idéalise Lénine. Cependant, peu avant la construction du mur (13 août 1961), il passe à Berlin-Ouest avec sa famille.

Le climat politique de la République fédérale n'est plus celui, mélancolique et fervent, de la reconstruction. Depuis le milieu des années 60, les étudiants manifestent contre le Bild Zeitung et Die Welt, les journaux d'Axel Springer. En 1968, Mahler conseille : « Si vous brûlez un camion du Bild, c'est un délit. Si vous les brûlez tous, c'est un acte politique ».

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Défenseur de Rudi Dutschke

Mahler devient, en toute cohérence, l'avocat de Rudi Dutschke (photo). Né en 1940, celui-ci passe de la République démocratique, où il est réfractaire au service militaire, à la République fédérale trois jours avant la construction du Mur. À Berlin-Ouest, Dutschke s'inscrit à la faculté de sociologie. En 1963, il adhère à la SDS, l'organisation étudiante socialiste allemande, qui a pour triumvirat idéologique Marx, Mao et Marcuse.

Dutschke est la figure de proue d'une contestation allemande contemporaine de celle des États-Unis, qui a débuté en 1964 en Californie. L'agitation devient plus visible en 1967, surtout à Munich et à Berlin. En avril 1968, Dutschke est victime d'un attentat. Il survit à trois coups de feu, mais cette tentative d'assassinat l'oblige à se retirer de la vie politique active. Il meurt en 1971, des suites de l'attentat, à Aarhus (Danemark).

Pour en revenir à Mahler, il est condamné à 14 ans de prison en 1970. Il ne participe donc pas aux débuts de la Rote Armee Fraktion (RAF): braquages de banques pour se financer, attentats dans lesquels des policiers trouvent la mort. La RAF sera ensuite connue sous le nom de bande Baader-Meinhof, d'après les noms de ses chefs, Andreas Baader et Ulrike Meinhof.

Andreas Baader et Günter Grass

En Italie, on veut croire que la RAF et les Brigades rouges étaient en contact étroit, mais elles étaient très différentes. Baader, Meinhof et leurs compagnons ont commencé leur protestation contre leurs pères, qu'ils considéraient comme complices ou disciples passifs d'Hitler. Et leurs attentats visaient des personnalités politiques et des bases américaines, pour protester contre la guerre du Vietnam.

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Baader (photo) est souvent l'invité de Günter Grass, ancien membre de la Waffen SS (ce que peu de gens savaient à l'époque) et pas encore prix Nobel, et de Hans-Magnus Enzensberger. Lorsque Baader est condamné pour avoir incendié un magasin à Francfort, de nuit, afin de ne faire aucune victime, la peine est légère. Grass s'inspire de lui pour le personnage principal de son roman Anesthésie locale (éd. it.: Einaudi, 1971), où un jeune homme brûle un teckel devant des dames dans le café du luxueux hôtel Kempinski, à Berlin.

Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin

Baader s'évade de la bibliothèque où il est autorisé à étudier. Au cours de leur fuite, ses compagnons tuent un vieux commis. C'est ainsi que commence le terrorisme en Allemagne. Baader rejoint Ulrike Meinhof, la journaliste la plus connue du pays à l'époque (ce serait comme si, en Italie, Oriana Fallaci avait rejoint les Brigades rouges). Avec eux se trouve Gudrun Ensslin (photo), dont le père est un ami du président de la République, Gustav Heinemann.

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Après chaque action à Berlin, les terroristes disparaissent. Mais on ne quitte pas la métropole divisée sans subir de contrôles. Baader et ses compagnons se réfugient donc à Berlin-Est. La République fédérale ne reconnaît pas la République démocratique, il n'y a donc pas de contrôles à l'ouest: cela reviendrait à reconnaître de facto la RDA.

Otto et Jenny Schily

Les avocats de Baader-Meinhof sont arrêtés les uns après les autres. En effet, ils transmettent des messages aux terroristes arrêtés. Tous, sauf Otto Schily (photo, ci-dessous), qui sera député du nouveau parti des Verts, puis des sociaux-démocrates de Willy Brandt, avant de devenir ministre de l'Intérieur sous Gerhard Schröder, élu chancelier en 1998. En 2000, Jenny Schily, la fille d'Otto, incarnera un membre du groupe Baader-Meinhof dans le film Le silence après le coup de feu de Volker Schlöndorff

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Bandits ou terroristes ?

Pendant ce temps, l'Allemagne s'interroge. Les journaux font des sondages. « Si Ulrike Meinhof frappait à votre porte, lui ouvririez-vous ? » ; « La Bande Baader Meinhof est-elle une bande ou un groupe ? » Dans mes articles, je les appelle toujours « groupe » ; les appeler « bande » révèle hypocrisie et peur. Pour la société, les bandits sont moins redoutables que les terroristes.

Quand je propose un article sur qui sont les terroristes, Il Giorno répond: «Cela n'intéresse personne, c'est typiquement allemand, cela n'arrivera jamais en Italie». Mon bureau de correspondance à Hambourg se trouve chez Springer Verlag. Le 17 mai 1972, une bombe explose au cinquième étage, où je travaille. Elle blesse des typographes, mais aucun journaliste. Les terroristes deviennent automatiquement les ennemis de la classe ouvrière.

Le même jour, le commissaire Luigi Calabresi est assassiné à Milan. Il Giorno m'appelle pour m'annoncer que le tueur est Andreas Baader, car l'assassin est « blond et plus grand que Calabresi: donc un Allemand ». Je réponds : « Mais Baader est brun, aussi grand que moi » (1,73 m). Mon collègue me rappelle: « Touché, Calabresi s'est penché, ce qui a donné l'impression que le terroriste était plus grand ».

La barbe de Holger Meins

Peu après, Interpol diffuse un portrait-robot: il ressemble à Holger Meins, un autre leader de la RAF. Deux semaines plus tard, le 2 juin 1972,  Meins est capturé avec Baader à Francfort, après une fusillade. Il a une longue barbe depuis qu'il est en cavale. Meins tombe ainsi dans l'oubli. Avertissement: les informations que me donne mon collègue de Milan proviennent de la police. En décembre 1969, il faut le rappeler, Il Giorno a été le premier à écrire que Giuseppe Pinelli ne s'était pas suicidé...

Entre-temps, Mahler, depuis sa prison, prend ses distances avec les terroristes: il adhère à la NPD, qui ne dépasse toutefois jamais 1% des voix. Il écrit anonymement un livre antisémite, niant la Shoah. Le 19 mai 1972, lorsqu'un autre terroriste, Jan-Carl Raspe, se laisse mourir de faim en prison à l'âge de 33 ans, Mahler commente: « Un tique rouge de moins ».

Le soutien de Gerhard Schröder

En 1988, Gerhard Schröder se bat pour lui. Mahler peut ainsi reprendre son travail d'avocat. En 2002, il fait sa dernière apparition publique: devant la Cour constitutionnelle, il défend la NPD, dont l'interdiction est réclamée, contre Otto Schily. Condamné pour négationnisme, il retourne en prison de 2009 à 2020. C'est surtout cela qui explique le quasi-silence autour de sa fin. Était-il un opportuniste ? Mahler a cependant toujours eu des principes "libéraux", défendant ceux qui se battent pour une idée, même s'il ne la partageait pas. C'était un personnage dérangeant.

Autorité et autoritarisme

En 1963, Alexander Mitscherlich, ami d'Ernst Jünger depuis les années 1920, écrit Vers la société sans père (éd. it.: Feltrinelii, 1973), qui reste un classique de la psychanalyse.

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Mitscherlich y constate le déclin de l'autorité, et pas seulement de l'autoritarisme. Une observation largement exacte, mais, en fait, pas tout à fait exacte. Un homme politique qui s'est opposé à Mahler a su trouver les mots pour le souligner. « Son destin a été tragique », commente aujourd'hui Otto Schily, 93 ans.

« Mahler était mon rival quand j'étais jeune à Berlin. Un brillant avocat et, pour moi, un exemple ». Schily attribue les contradictions de la vie tourmentée de Mahler au traumatisme subi à l'âge de 13 ans. Berlin, 1949. Après le petit-déjeuner, devant sa famille, son père déclare : « La vie n'a plus de sens sans Hitler ». Et il se suicide.

jeudi, 31 juillet 2025

Peuple et concept de peuple : l’Allemagne comme pays des Allemands

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Peuple et concept de peuple: l’Allemagne comme pays des Allemands

par Nicole Höchst

Source: https://ansage.org/volk-und-volksbegriff-deutschland-als-...

Celui qui affirme qu’il n’existe pas de peuple allemand ne contredit pas seulement le bon sens, mais aussi la constitution fondamentale de la République fédérale d’Allemagne. La Loi fondamentale parle clairement, et à plusieurs reprises, du « peuple allemand » — dès le préambule, il est indiqué que le « peuple allemand » s’est donné cette Loi fondamentale. L’article 20 stipule que tout pouvoir émane du peuple, et l’article 116 définit précisément qui est considéré comme allemand au sens de la Loi fondamentale. Sans le peuple allemand, il n’y aurait pas de base constitutionnelle pour la République fédérale. Ce terme n’est donc pas une idée vague ou une construction nostalgique, mais une notion juridique centrale.

Sur le plan historique et culturel, le peuple allemand n’est pas une invention, mais une communauté qui s’est construite au fil des siècles, avec une langue, une littérature, une philosophie, une histoire du droit et de la culture communes. Le fait que cette communauté ait évolué au fil du temps — par la guerre, la migration, le changement social — ne signifie pas qu’elle n’existe pas. Les peuples ne sont pas des constructions rigides, mais des communautés vivantes et en développement. Ceux qui nient leur existence ne comprennent pas que l’identité culturelle ne dépend pas d’une homogénéité totale, mais de points de référence, d’expériences et d’un sens de soi communs.

Le principe de l’ascendance n’est ni dévalorisant ni excluant

L’accusation selon laquelle il serait « raciste » d’attribuer la nationalité par ascendance ne tient pas non plus face à un examen objectif. Le soi-disant principe d’ascendance — en termes juridiques, le « ius sanguinis » — est répandu dans le monde entier. Dans la plupart des pays européens, mais aussi dans des États comme le Japon, Israël ou de nombreux pays arabes, il est évident que les enfants héritent automatiquement de la nationalité de leurs parents. Il ne s’agit pas de « sang » ou de « race », mais d’une appartenance juridique par lien familial.

L’idée qu’un enfant est allemand si l’un de ses parents l’est, n’est ni dévalorisante ni excluante, mais l’expression d’un lien juridique entre la famille et l’État. Le racisme ne consiste pas à définir les règles d’acquisition de la citoyenneté. Le racisme commence là où des personnes sont dévalorisées, privées de leurs droits ou exclues de manière générale en raison de leur origine, de leur couleur de peau ou de leur culture.

Pas sans limites...

Ce que la loi sur la nationalité allemande ne fait pas. Elle offre des voies claires et compréhensibles vers la citoyenneté, elle est ouverte à l’appartenance, mais, comme tout État fonctionnel, elle exige certaines conditions pour la citoyenneté. Dans une société ouverte, il n’est pas contradictoire d’avoir des règles claires sur qui appartient au groupe. Au contraire : ce n’est qu’en ayant une communauté définie qu’on peut parler de solidarité, de responsabilité et de droits de manière cohérente.

Le peuple allemand existe, il s’est constitutionnellement formé, il porte la démocratie et il est ouvert à de nouveaux membres — mais pas sans limites. Ceux qui nient l’existence du peuple ou qui qualifient le principe d’ascendance de raciste ne comprennent ni le droit ni la réalité.

L’auteure (photo, ci-dessous) est députée au Bundestag pour l’AfD depuis 2017.

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mercredi, 23 juillet 2025

La spirale mortelle de l'Allemagne - Réflexions sur un déclin orchestré par des moyens bureaucratiques

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La spirale mortelle de l'Allemagne

Réflexions sur un déclin orchestré par des moyens bureaucratiques

Constantin von Hoffmeister

Source: https://www.eurosiberia.net/p/germanys-death-spiral 

Malheur aux vaincus, car leurs enfants parleront la langue de leurs geôliers et construiront des temples à la gloire de leur propre effacement.

Censure, effondrement et mort silencieuse d'une nation autrefois leader

Internet était censé libérer la parole, mais en Allemagne, il n'a fait que rendre la censure plus systématique. L'article 130 du code pénal — la principale disposition relative aux « discours de haine » — englobe désormais non seulement la négation de l'Holocauste et les symboles nazis, mais aussi de larges catégories de « discours incendiaires », où l'immigration, l'identité et la politique mémorielle sont souvent dans le collimateur. Les chiffres sont kafkaïens: des dizaines de milliers de publications signalées en vertu de la loi relatives aux réseaux sociaux et des milliers de cas déposés chaque année pour Volksverhetzung (incitation du peuple), un terme qui, bien que fondé sur la loi, devient élastique dans la pratique.

Les autorités allemandes exhortent les plateformes à supprimer ce qu'elles appellent la « désinformation nuisible », en particulier pendant les campagnes électorales. L'ironie ? Le même État qui finance la « liberté artistique » par le biais d'institutions publiques — comme l'exposition de la Biennale de Berlin 2025 sur « l'art de la résistance décoloniale », qui comprend des œuvres traitant des récits israélo-palestiniens — poursuit les créateurs de contenu nationalistes, qui risquent des peines de prison pour « incitation à la haine et diffusion de symboles émanant d'organisations anticonstitutionnelles », une punition qui convient davantage à un hérétique qu'à un citoyen. La Cour constitutionnelle salue l'article 5 de la Loi fondamentale (« liberté d'expression »), mais la loi réelle n'est pas écrite: vous pouvez vous exprimer comme vous le souhaitez, tant que vous vous conformez au consensus.

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Les trains ne circulent plus à l'heure, voire ne circulent plus du tout. Le système ferroviaire allemand, autrefois symbole de l'efficacité prussienne, est devenu une farce faite de retards, d'infrastructures délabrées et de mauvaise gestion, due à des élucubrations idéologiques. En 2024, seuls 62,5% des trains longue distance sont arrivés à l'heure (définie généreusement comme un écart de six minutes par rapport à l'horaire), tandis que 5% des trains régionaux ont été purement et simplement annulés — des chiffres qui feraient honte à un État des Balkans, pour ne pas parler du moteur économique autoproclamé de l'Europe.

Les causes sont systémiques: des décennies de sous-investissement (95 milliards d'euros de retard dans l'entretien), des fantasmes d'électrification motivés par des considérations écologiques (alors que les ponts s'effondrent) et des grèves incessantes amorcée par les syndicats du secteur public qui réclament des augmentations salariales pour compenser l'inflation que leurs propres politiques ont contribué à créer.

Le Deutschlandtakt, un plan directeur pour des liaisons nationales toutes les heures, n'existe que sur des transparents PowerPoint, alors que les gares rurales ferment et que les hubs urbains mal gérés croulent sous la surpopulation. Pourtant, le ministre des Transports tweete à propos de « la signalisation des toilettes neutres en termes de genre » dans les gares, comme si les pronoms pouvaient rattacher les câbles aériens sectionnés. Une nation qui ne peut pas maintenir ses rails en état a déjà perdu le nord. Les voies ne mènent nulle part aujourd'hui, tout comme l'avenir de l'Allemagne.

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L'Allemagne se trouve dans un état de souveraineté suspendue, une anomalie géopolitique où les apparences formelles de l'État masquent des chaînes de contrôle plus profondes. La victoire des Alliés en 1945 n'a pas seulement établi une occupation militaire, mais aussi un réalignement permanent de la conscience politique allemande. Ce qui a commencé comme une dénazification s'est transformé en quelque chose de bien plus insidieux: la suppression systématique de toute volonté d'action nationale. La République fédérale d'Allemagne, malgré toute sa puissance économique, a toujours fonctionné dans des limites fixées par d'autres.

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La révélation de la surveillance exercée par la NSA en 2013, y compris l'écoute du téléphone personnel de la chancelière Merkel, n'était pas une aberration, mais la confirmation d'un état de fait. Aucune nation souveraine ne tolère de telles intrusions sans conséquences. La réponse de l'Allemagne – des protestations modérées suivies d'un retour à la normale – a mis à nu la réalité: il ne s'agit pas d'un partenariat, mais d'une vassalisation.

La présence continue de bases militaires américaines, l'intégration des services de renseignement allemands dans les structures de l'OTAN et l'alignement de la politique économique sur les exigences de Washington indiquent tous une vérité simple. L'occupation n'a jamais pris fin. Elle s'est simplement habillée d'un autre costume.

Le modèle économique allemand, autrefois envié par l'Europe, est en train d'être délibérément démantelé. Les chiffres de 2025 témoignent d'un déclin contrôlé.

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La fermeture définitive des centrales nucléaires en 2023, associée à la rupture politiquement imposée des liens énergétiques avec la Russie, a laissé l'industrie allemande à bout de souffle. Les prix de l'électricité restent 30% supérieurs aux niveaux d'avant 2022, rendant l'industrie lourde de plus en plus non viable. Le transfert des activités principales de BASF vers la Chine en 2024 n'était que le premier domino; Siemens et Volkswagen ont depuis accéléré leur production offshore. La « transition verte » tant vantée n'a pas abouti à l'innovation, mais à une régression: l'utilisation du charbon a bondi à 25% de la production totale d'énergie, une ironie sinistre pour l'Europe qui se proclame « leader climatique ».

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Le taux de fécondité, qui s'élève actuellement à 1,46, garantit que chaque génération successive sera moins nombreuse que la précédente, ce qui soulève des questions fondamentales sur la viabilité démographique à long terme.

Dans le même temps, l'immigration reste à des niveaux historiquement élevés, contribuant à une transformation rapide des centres urbains. Dans de nombreux quartiers, les changements linguistiques et culturels sont évidents, changements qui sont souvent décrits dans les rapports officiels par des termes abstraits tels que « ajustements démographiques » et « flux démographiques vitaux ». La réponse politique dominante combine des programmes sociaux expansifs et une réticence à engager un débat ouvert sur l'intégration et l'identité. Une société confrontée à une contraction démographique tout en gérant une immigration à grande échelle sans stratégie claire de cohésion risque de se fragmenter à terme.

La démocratie allemande en 2025 est un théâtre de l'absurde, où l'opposition n'existe que dans des limites strictement imposées. L'Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui recueille 23% des voix, fonctionne comme une soupape de pression contrôlée, une « menace » juste assez importante pour justifier la consolidation du pouvoir, partagé entre les partis traditionnels. Le virage à gauche de l'Union chrétienne-démocrate sous la direction du chancelier Friedrich Merz, l'adhésion du Parti social-démocrate à l'ouverture des frontières et les politiques énergétiques dogmatiques des Verts ont effacé les distinctions significatives. Il n'y a donc plus que deux partis dans l'Allemagne d'aujourd'hui: l'AfD et l'Uniparty (tous les autres).

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L'Allemagne gèle le financement des partis grâce à des mécanismes constitutionnels prévus par l'article 21 et la loi sur les partis politiques, qui sont utilisés chaque fois qu'un parti est qualifié d'« anticonstitutionnel » par les services de renseignement intérieurs. En 2025, ces outils ont été renforcés lorsque l'AfD a été soumise à une surveillance accrue et à un étranglement financier potentiel après avoir été classée comme « menace extrémiste confirmée ».

Dans la pratique, la « résilience démocratique » signifie réduire l'opposition au silence grâce à un travail d'une précision bureaucratique masquée sous le couvert de l'hygiène morale. Lorsque la dissidence doit être réprimée légalement plutôt que combattue politiquement, la façade du pluralisme se fissure. La vérité est crue: 77% des Allemands continuent de voter pour des partis qui offrent des différences mineures quant au fond mais avec des politiques identiques en matière d'immigration, de soumission à l'UE et favorisant implicitement le déclin économique.

Aucune nation n'a autant retourné son histoire contre elle-même. La politique mémorielle reste au cœur de l'identité de la République fédérale. L'Holocauste est à juste titre considéré comme une tragédie historique d'une ampleur sans précédent. Pourtant, sa place dans le discours public a évolué, passant du souvenir à une force réglementaire. Les expressions de l'intérêt national, de l'identité culturelle ou du scepticisme à l'égard de la gouvernance supranationale sont souvent filtrées à travers le prisme du traumatisme historique. Dans l'éducation, les médias et la politique, l'accent mis sur la culpabilité passée peut parfois éclipser l'articulation des objectifs futurs.

Le discours public s'inscrit dans des limites étroites:

- Toute critique de l'immigration massive est accueillie par des accusations de « xénophobie ».

- Toute défense des intérêts nationaux est qualifiée de « revanchisme ».

- Tout scepticisme envers la centralisation de l'UE est qualifié de « populisme ».

Il en résulte une société paralysée par la culpabilité, incapable d'articuler l'instinct de conservation comme un objectif légitime. Lorsque le Sénat de Berlin alloue plus de fonds aux « ateliers sur la diversité » qu'au recrutement de policiers, lorsque les programmes scolaires mettent l'accent sur la « culpabilité coloniale » plutôt que sur les compétences mathématiques, lorsque le ministre de la Défense appelle à une Bundeswehr (forces armées allemandes) plus « diversifiée », embrassant l'identité de genre et les origines migrantes comme piliers de sa force, il ne s'agit pas d'échecs politiques. Il s'agit de l'aboutissement logique d'une civilisation qui considère sa propre existence comme un accident historique nécessitant une correction.

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L'élection présidentielle américaine de 2024, qui a ramené Donald Trump au pouvoir, a accéléré la transformation de l'Allemagne en dernier bastion du libéralisme mondialiste. Avec la France qui vacille vers le Rassemblement national de Le Pen et l'Italie placée sous le gouvernement nationaliste de Meloni, Berlin est devenu le garant idéologique de l'UE. Le gouvernement allemand soutient ouvertement les ONG qui luttent contre « l'extrémisme de droite » en Europe de l'Est, un renversement remarquable où l'Allemagne, autrefois divisée, cherche désormais à façonner le consensus politique dans les États voisins.

L'ironie est palpable. Une nation qui ne peut pas sécuriser ses propres frontières donne des leçons à la Hongrie sur « l'État de droit ». Un pays qui se désindustrialise à une vitesse vertigineuse dicte sa politique économique à la Pologne. Une armée qui dépend des armes nucléaires américaines reproche aux autres de ne pas dépenser suffisamment pour l'OTAN. Ce n'est pas du leadership. C'est le réflexe spasmodique d'un patient qui ignore que son cerveau est déjà mort.

Trois facteurs expliquent la passivité de l'Allemagne :

- L'élite des baby-boomers, enrichie par la mondialisation, ne vivra pas assez longtemps pour voir les conséquences de ses politiques. Son mantra – « Après nous, le déluge » – est la trahison ultime.

- De Der Spiegel à Deutsche Welle, le discours est uniforme : la dissidence est illégitime, les alternatives impensables.

- Le génie allemand pour l'ordre est devenu son talon d'Achille. Lorsque le déclin est géré par des technocrates compétents, il ressemble moins à un effondrement qu'à une fatalité.

Les 23% de l'AfD ne représentent pas une marée montante, mais un bassin de confinement: ceux qui ne sont pas encore totalement pacifiés par le système. Les 77 % restants ont accepté, activement ou passivement, que le rôle de l'Allemagne n'est plus de diriger, mais de servir.

L'Allemagne de 2025 est un exemple édifiant pour l'ère postmoderne. Il est possible pour une nation d'être riche mais vide, ordonnée mais en déclin, « libre » mais enchaînée. L'occupation se poursuit non pas avec des chars, mais à coups de manuels scolaires, non pas par décret, mais par une honte instillée goutte à goutte.

Lorsque les historiens futurs retraceront le moment du point de non-retour, ils ne pointeront peut-être pas 1945, mais cette année tranquille où les Allemands ont cessé de demander « pourquoi ? » et ont appris à dire « oui » à perpétuité.

La tragédie n'est pas que l'Allemagne soit en train de mourir. La tragédie est qu'elle a oublié comment vouloir vivre.

Vae victis. Et ceux qui sont revenus du feu ont raconté que la terre des Allemands, autrefois fière et nombreuse, n'avait pas été abattue par la lance ou la famine, mais par la loi de l'étranger gravée dans leur langue. Car après la Grande Guerre, que certains appellent la Seconde et d'autres la Dernière, les vainqueurs ne sont pas venus comme des pillards, mais comme des prêtres, portant des parchemins et des fils, et ils ont planté leurs temples au cœur des villes: Stuttgart, Francfort et l'ancienne citadelle de Bonn. Et ils ont dit au peuple: « Vous ne parlerez plus du sang, ni de la terre, ni de la volonté qui meut les cieux, car ce sont là des choses interdites. »

Et c'est ainsi qu'un nouvel ordre fut tissé comme un filet, fin et solide, fait de serments, de dettes et de signes écrits dans l'écriture des peuples de l'Atlantique. Les hommes d'Allemagne baissèrent la tête et enseignèrent à leurs enfants à parler comme les étrangers et à se souvenir toujours du péché de leurs grands-pères, qui aurait assombri les étoiles. Ainsi, ils n'étaient pas liés par des chaînes de bronze, comme à l'époque de Darius, mais par des contrats, des programmes scolaires et des codes. Et j'ai entendu dire par des sages parmi les Slaves et les Hellènes qu'une nation qui oublie les chants de ses pères parlera un jour la langue de ses geôliers et construira des temples à sa propre disparition.

jeudi, 17 juillet 2025

Financement au lieu de livraison? Ou: à quoi ressemble aujourd'hui la participation à la guerre

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Financement au lieu de livraison?

Ou: à quoi ressemble aujourd'hui la participation à la guerre

Elena Fritz

Source: https://www.facebook.com/elena.fritz.10 

Le général Freuding l'a confirmé sur la chaîne ZDF:

L'Allemagne finance un « nombre élevé, un nombre à trois chiffres » de missiles à longue portée pour l'Ukraine – les premiers exemplaires devraient être livrés dès juillet 2025. Officiellement, il s'agit d'une « production ukrainienne » soutenue par des fonds budgétaires allemands.

Mais en y regardant de plus près, on se pose tout de même quelques questions:

Comment est-il possible de développer, tester, certifier et livrer un missile entièrement nouveau en quelques semaines seulement, prêt à être utilisé au combat?

Ou s'agit-il en réalité de systèmes déjà existants, tels que les missiles de croisière Taurus, livrés en pièces détachées, avec une nouvelle «étiquette»?

Le financement n'est pas synonyme de livraison, mais il peut avoir le même effet.

La différence entre « nous ne livrons pas d'armes » et « nous finançons la production de systèmes d'armes offensifs » est pertinente sur le plan juridique, mais elle est peut-être insignifiante sur le plan militaire.

Car sur le champ de bataille, ce qui compte, ce n'est pas qui a payé, mais d'où vient la technologie et où elle frappe.

Si des systèmes allemands attaquent, directement ou indirectement, le territoire russe, la réaction ne s'arrêtera certainement pas à cette question de vocabulaire.

La France et la Grande-Bretagne disposent d'une force de dissuasion nucléaire.

Pas l'Allemagne. Et pourtant, elle finance des armes destinées à frapper profondément le cœur du territoire russe.

Dans quelle mesure est-il probable que cela reste sans conséquences ?

Il est peut-être temps de parler plus honnêtement.

Pas de subtilités lexicales. Mais de la responsabilité.

Pas de concepts. Mais des conséquences.

Pas des rôles. Mais des réalités.

La guerre ne commence pas par un coup de tonnerre, mais par une implication insidieuse.

#geopolitik@global_affairs_byelena

samedi, 12 juillet 2025

Merz lance son offensive: néolibéralisme et bellicisme, les nuisances idéologiques qui vont définitivement détruire l'Allemagne

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Merz lance son offensive: néolibéralisme et bellicisme, les nuisances idéologiques qui vont définitivement détruire l'Allemagne

par Fabrizio Verde

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/30842-fabr...

Réductions des dépenses publiques et course aux armements : la double menace qui, ignorant la crise énergétique et la concurrence mondiale, transformera la récession en un effondrement irréversible.

La locomotive de l'Europe est en panne. Elle a déraillé. L'Allemagne s'enfonce dans une crise économique, qualifiée par sa propre industrie comme la plus longue et la plus profonde depuis la réunification. Trois années consécutives de récession – une baisse de 0,3% en 2023, de 0,2% en 2024 et une prévision de -0,1% supplémentaire en 2025 – campent un tableau désolant, celui d'un malade au centre de l'Europe en net contraste avec la croissance de 1,1% attendue pour l'Union. Machines à l'arrêt, commandes évaporées, investissements en fuite: c'est la plainte unanime que récitent les industriels réunis au sein de la puissante Fédération de l'industrie allemande (BDI). La production industrielle, cœur de la puissance allemande, a chuté de 16% par rapport au pic de 2018. Les secteurs vitaux et énergivores, étranglés par le renoncement au gaz russe à bas prix imposé par des sanctions folles et auto-infligées, ont vu leur production chuter d'un cinquième. Une vague de licenciements, 37.700 rien que pour les six premiers mois de 2025, le pire chiffre depuis la pandémie, vide les usines, en particulier celles de l'industrie automobile, avec 20.700 emplois perdus dans ce secteur qui était le fleuron du « Made in Germany ».

Sur la scène de ce désastre économique, aggravé par la concurrence de la Chine et la rage protectionniste de Donald Trump, prête à s'abattre sur le centre germanique de l'Europe depuis l'autre côté de l'Atlantique – une menace qui pourrait faire chuter le PIB allemand de 0,5% supplémentaire –, se profile l'ombre de Friedrich Merz et de la CDU.

Leur recette pour la relance ressemble dangereusement, en réalité, à une bombe nucléaire prête à détruire définitivement l'avenir industriel de la nation. Un mélange explosif et suicidaire de néolibéralisme extrême et de militarisme belliciste.

Le premier poison est l'obsession de l'austérité. Réductions des dépenses sociales, rigueur budgétaire aveugle, déréglementation sauvage : tels sont les dogmes de Merz (ancien président du conseil de surveillance de BlackRock en Allemagne) en pleine tempête économique. Alors que le BDI réclame à grands cris des « investissements publics urgents » dans les infrastructures modernes, la transition numérique, la simplification bureaucratique, laquelle est vitale – à leur avis – pour la compétitivité, Merz propose exactement le contraire: démanteler. Privatiser. Réduire. Un remède de cheval qui, appliqué à un organisme déjà en état de choc, équivaut à une hémorragie contrôlée qui conduira à la désindustrialisation.

Mais la véritable mèche qui pourrait faire exploser tout espoir résiduel est le pari fou sur le réarmement comme moteur économique. Merz surfe sur la vague d'une illusion dangereuse: celle de sortir l'économie de la stagnation grâce à des dépenses militaires colossales, en promettant de fixer à 2% du PIB les dépenses de défense de l'Allemagne. C'est la théorie que l'analyste russe Andreï Souzdaltsev voit se profiler à Berlin: sauver l'industrie en produisant des chars d'assaut plutôt que des voitures. Une folie stratégique et économique. D'énormes capitaux publics, déjà sous pression, seraient détournés vers des armements improductifs au lieu d'être investis dans l'innovation, l'éducation, l'énergie – les véritables moteurs d'une reprise durable et concrète. Ce militarisme belliciste, dans une Europe déjà instable, ne ferait qu'aggraver les relations avec des partenaires commerciaux cruciaux comme la Chine, alimentant une course aux armements coûteuse et dangereuse.

Le duo mortel de l'austérité néolibérale et de la folie militariste proposé par Merz n'est pas un remède. C'est le coup de grâce. Les missiles ne rempliront pas les carnets de commandes vides des usines. Les coupes dans les dépenses sociales ne feront pas baisser les factures d'énergie. Les véhicules blindés ne rendront pas les voitures allemandes compétitives face aux véhicules électriques chinois. C'est une recette écrite avec l'encre de l'idéologie atlantiste la plus myope, destinée à enfoncer définitivement l'Allemagne dans le marasme de la récession, de la désindustrialisation et de l'insignifiance stratégique. Alors que le monde court vers l'avenir, Merz voudrait ramener la nation en arrière, vers un passé fait d'usines fermées et de canons. Un suicide économique au nom du néolibéralisme et du faux mythe de la guerre comme source d'affaires.

lundi, 07 juillet 2025

Sahra Wagenknecht contre de nouvelles participations du BSW au gouvernement: «Nous avons été roulés dans la farine»

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Sahra Wagenknecht contre de nouvelles participations du BSW au gouvernement: «Nous avons été roulés dans la farine»

Berlin. La participation du BSW au gouvernement en Thüringe et Brandebourg n’a pas été favorable au parti de Sahra Wagenknecht – de nombreux électeurs et sympathisants ont été déçus par la rapidité des alliances conclues avec les vieux partis que sont la CDU et la SPD. La cheffe du parti elle-même a exprimé aujourd’hui son scepticisme quant à d’éventuelles futures participations au gouvernement. Dans un entretien avec le Redaktionsnetzwerk Deutschland (RND), elle a souligné que les dirigeants du BSW ne sont plus prêts à faire partie « d’une coalition sans profil », « dont le seul dénominateur commun est d’être contre l’AfD ». Cela concerne notamment les prochaines élections régionales de l’année prochaine.

Sahra Wagenknecht a conseillé à la CDU en Saxe-Anhalt d’envisager un gouvernement minoritaire ou même une coalition avec l’AfD. « Le cordon sanitaire (Brandmauer) est une idiotie antidémocratique qui ne fait que favoriser l’AfD », a-t-elle expliqué. La CDU aurait dû intégrer l’AfD plus tôt, « quand elle était encore bien moins radicale ». Si cela continue à ne pas se produire, il pourrait bientôt y avoir dans l'Est rien que des gouvernements portés par la seule AfD, car « ils n’auraient alors plus besoin de personne pour former une coalition ».

Les participations précédentes du BSW en Thüringe et dans le Brandebourg ont plutôt nui au parti, a reconnu Sahra Wagenknecht. « L’année dernière, nous avons fait des erreurs, surtout en Thüringe. » Le BSW s’est « en partie laissé manipuler par d’autres partis », a-t-elle critiqué. Les sondages dans le Brandebourg et en Thüringe ont montré que beaucoup d’électeurs « espéraient quelque chose d’autre de notre part, quelque chose que nous n’avons pas pu fournir en étant dans le carcan d’une coalition avec les vieux partis ». Ce problème a été « sous-estimé » et, à cause de cela, « nous avons déçu les gens, ce qui a aussi nui à notre parti dans son ensemble ».

Pour les élections régionales de 2026, Sahra Wagenknecht a annoncé une meilleure préparation : « Nous formulerons des revendications très claires. » Son avenir personnel dans le BSW est une question ouverte. Lors du congrès du parti prévu pour novembre, une décision sera prise sur un changement de nom et une nouvelle direction. « Je continuerai à m’engager pour le BSW, indépendamment de la fonction précise que je pourrais occuper », a assuré Sahra Wagenknecht. « Je ne vais pas partir et laisser le parti seul. Mais nous devons nous ouvrir davantage, nous avons besoin de plus de visages bien profilés pour nous présenter au public, car nous avons, dans nos rangs, beaucoup de très bonnes personnes ». 

 

mardi, 17 juin 2025

Appel: des activistes marxistes veulent coopérer ponctuellement avec l'AfD

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Appel: des activistes marxistes veulent coopérer ponctuellement avec l'AfD

Des intellectuels marxistes réclament un élargissement du mouvement pacifiste, notamment par une coopération ponctuelle avec l'AfD. Les anciennes frontières entre les camps seraient dépassées.

Berlin. – Peu après l'initiative interne de la SPD visant à entamer des négociations de paix avec la Russie, un nouvel appel lancé par le camp de gauche attire l'attention. Des intellectuels marxistes, dont les journalistes Marianne Linke et Sabine Kebir (photos), y réclament un « élargissement du front de la paix », notamment par une coopération ponctuelle avec les forces de l'AfD.

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Soutien aux pacifistes de la SPD

Alors que les politiciens de la SPD qui plaident en faveur de négociations avec la Russie sont critiqués dans leurs propres rangs, le co-président de l'AfD, Tino Chrupalla, a salué cet appel. À peine un jour plus tard, un rapprochement inhabituel s'est produit. Dans un appel signé par des auteurs marxistes, des journalistes et d'autres personnalités, il est demandé de remettre en question les anciennes frontières politiques et de coopérer ponctuellement avec l'AfD afin d'éviter une escalade nucléaire.

Les auteurs remettent ouvertement en question la pertinence actuelle des catégories politiques classiques: même des concepts scientifiques tels que la « gravitation » ont été soumis à des vérifications au cours de l'histoire. « Pourquoi alors la « gauche » et la « droite » [...] seraient-elles immuables ? » Tout comme « rouge », « gauche » est devenu un terme sans signification claire: «susceptible d'être détourné, ambigu et sans fondement scientifique». Compte tenu de la situation politique, il serait plus approprié de parler de visions du monde plus précises.

« Ceux qui ne coopèrent pas maintenant se rendent complices »

Au cœur de l'appel se trouve la crainte d'une troisième guerre mondiale: «Nous, marxistes, nous battons contre ce capitalisme posé comme « dernier mot de l'histoire ». Les signataires sont particulièrement critiques à l'égard de la position de l'OTAN vis-à-vis de la Russie et du « tournant historique » allemand. La confrontation avec la Russie sert à maintenir la domination occidentale. « Cette course à la guerre mondiale risque de plonger l'Allemagne dans un enfer nucléaire. »

Dans ce contexte, il serait erroné d'exclure d'emblée toute coopération avec l'AfD. « Ceux qui renoncent aujourd'hui à explorer les possibilités d'une coopération ponctuelle avec les forces de l'AfD se rendent complices ! »

Accent mis sur les intérêts communs en matière de paix

Sur la question russe, l'électorat de l'AfD apparaît comme un allié potentiel: 86% des électeurs de l'AfD sont favorables à la « paix avec la Russie ».

Les auteurs de l'appel plaident pour que les divergences ne soient ni occultées ni considérées comme un obstacle à des actions communes: «Si, en tant que «gauche», nous manifestons alors aux côtés de la «droite», nous n'hésiterons pas à débattre de manière civilisée des questions en suspens [...] ! »

Le point de référence des marxistes pacifistes reste le prolétariat, y compris pour les non-prolétaires tels que les artistes ou les scientifiques qui, « dans la bonne tradition de Friedrich Engels et Bertolt Brecht », adoptent un « point de vue pro-prolétarien ».

Le patriotisme réévalué

L'appel souligne également un changement dans l'utilisation de termes tels que « patriotisme ». Il rappelle des modèles antifascistes tels que le « Comité national pour une Allemagne libre » ou les combattants espagnols pour la liberté. Les auteurs rejettent l'assimilation réflexive de la conscience nationale au fascisme. Ils affirment: «L'internationalisme n'est pas un blanc-seing pour accuser à la légère les dissidents du mouvement pacifiste de crimes fascistes lorsqu'ils se disent patriotes, attachés à leur nation et fiers de leur patrie».

Défense des droits civils, y compris pour la droite

L'appel ne s'arrête pas aux questions relatives à la manière dont l'État traite les détracteurs de droite. Les auteurs se demandent si la répression étatique contre les militants pacifistes de droite doit être simplement acceptée: «Ne devrions-nous pas aussi nous ranger ponctuellement aux côtés de la «droite» dans les conflits publics et juridiques contre l'arbitraire des autorités?». La pluralité doit, selon eux, s'appliquer également aux dissidents politiques.

À la fin de l'appel, un appel est lancé au mouvement pacifiste pour qu'il se concentre sur le fond : « Ceux qui agissent vraiment à gauche aujourd'hui peuvent parfois se passer du beau mot « gauche » sur leurs stands d'information, s'ils contribuent plus souvent par leurs actions à élargir le front de la paix contre les profiteurs de guerre. » Et il est souligné avec insistance : « « Plus jamais la guerre », c'est maintenant ! »

lundi, 16 juin 2025

Israël/Iran: Quels sont les intérêts de l'Allemagne et de l'Europe?

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Israël/Iran: Quels sont les intérêts de l'Allemagne et de l'Europe?

Quels sont les intérêts politiques et économiques allemands et européens dans le conflit Israël/Iran?

par Wolfgang Hübner 

Quelle: https://pi-news.net/2025/06/israel-iran-was-ist-das-deuts...

Si les équipes nationales de football d’Israël et d’Iran jouaient l’une contre l’autre, les spectateurs allemands pourraient sans problème manifester leur sympathie pour l’une ou l’autre équipe. Les intérêts allemands spécifique, au-delà de la gestion ordinaire du pays, ne seraient en rien affectés. La situation est tout autre si un conflit armé éclate entre ces deux États. Alors, en Allemagne, le conflit ne doit pas forcément être accompagné, du point de vue de l’observateur centre-européen qui, par la force des choses, est éloigné de la zone de grande turbulence, par une sympathie pour l’une ou l’autre partie; la problématique doit dès lors être abordée en posant une question bien précise: dans quelle mesure ce conflit touche-t-il les intérêts allemands (et/ou européens), quel est l’intérêt politique et économique allemand/européen dans ce conflit ?

C’est en tout cas la position et l’approche que devraient adopter les patriotes allemands/européens. Pour eux, la priorité doit demeurer la suivante: les guerres qui peuvent nuire à notre pays ne vont en principe jamais dans l’intérêt allemand/européen. L’attaque israélienne contre l’Iran, selon la version officielle qu'en donne l’administration Trump, sans encore apporter son soutien, comporte un fort potentiel de dommages et d’escalade, aussi pour l’Allemagne et pour les nations européennes. Non seulement cela entraînera des coûts énergétiques plus élevés pour tous les ménages et pour l'industrie, mais apportera aussi de nouveaux flux de réfugiés et des troubles internes venant de la minorité musulmane, entre Flensburg et Constance (entre Dunkerque et Brest-Litovsk, entre Copenhague et Palerme).

Indépendamment des deux gouvernements de Jérusalem et Téhéran, qui posent aujourd'hui problème, il est dans l’intérêt allemand/européen d’entretenir de bonnes relations à la fois avec Israël et avec l’Iran. Les relations particulières, historiquement dues, avec Israël n’imposent en aucune façon de soutenir des attaques et des raids contre d’autres États. L’Iran doit demeurer un interlocuteur à part entière de l’Allemagne et des autres Etats européens  qui doivent lui demander de ne pas propager leur volonté, autodestructrice en ultime instance, de détruire l’État juif. Mais nous ne pouvons pas non plus empêcher l’Iran de se défendre vigoureusement contre une attaque et de rendre coup pour coup.

C’est un signe d’immaturité politique et d’ignorance de ses propres intérêts nationaux que d'énoncer des déclarations unilatérales de sympathie et de soutien dans ce conflit actuel et de les diffuser, notamment par le biais de représentants de l’extrême droite extra-parlementaire ou du parti national-conservateur qu'est l’AfD. Quatre-vingts ans après la fin de la guerre, dans un monde qui évolue rapidement et de manière dramatique, ce ne doivent jamais être des motivations émotionnelles ou morales qui doivent prévaloir, mais l’intérêt national à long terme. Seuls les vrais patriotes doivent décider.

L'Ukraine et la perte insidieuse de la souveraineté allemande en matière de défense - Entretien avec Gerold Otten

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L'Ukraine et la perte insidieuse de la souveraineté allemande en matière de défense

Entretien avec Gerold Otten

Propos recueillis par Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/06/die-ukraine-und-der-schleiche...

« Le financement de la production d'armement d'un autre État est quelque chose d'inouï », déclare Gerold Otten, député AfD au Bundestag et ancien pilote de chasse de la Bundeswehr, dans une interview accordée à PI-NEWS.

Selon les médias, le gouvernement fédéral allemand finance le développement de missiles ukrainiens à longue portée pouvant atteindre 2500 km, fabriqués sur le sol ukrainien, sans technologie allemande, mais avec des fonds allemands. Elena Fritz, rédactrice chez PI-NEWS, s'est entretenue à ce sujet avec Gerold Otten, député AfD au Bundestag et ancien pilote de chasse de la Bundeswehr.

PI-NEWS : Monsieur Otten, seriez-vous d'accord pour dire que le gouvernement fédéral allemand entre délibérément dans une zone grise en finançant des missiles ukrainiens à longue portée afin de contourner le contrôle classique des projets d'armement militaire ? Et comment évaluez-vous cela au regard du droit international, notamment en ce qui concerne l'effet contraignant du traité 2 + 4 et de la Charte des Nations unies ?

GERALD OTTEN : Le financement de la production d'armement d'un autre État est quelque chose d'inouï, car cela n'a jamais été fait auparavant. Le contrôle parlementaire classique (appelé « BMF-Vorlagen ») ne concerne que les achats pour la Bundeswehr. Il s'agit donc effectivement d'une zone grise, même si le Bundestag allemand a théoriquement la possibilité d'empêcher ce paiement grâce à son droit en matières budgétaires. Je me demande si ce n'est pas une manière détournée de vendre des technologies de pointe à l'Ukraine ou s'il ne s'agit pas d'un moyen de contourner le débat public sur la livraison de missiles. De ce point de vue, la mesure annoncée par le chancelier Merz revêt avant tout une importance politique au niveau national.

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En ce qui concerne les implications en matière de politique étrangère, le financement ne devrait pas enfreindre le traité 2 + 4. Certes, celui-ci interdit à l'Allemagne réunifiée de mener des guerres d'agression, mais cette disposition est directement tirée de la Charte des Nations unies et ne s'applique pas spécifiquement à l'Allemagne. L'Allemagne ne mène pas non plus de guerre d'agression. Au contraire, dans ce cas également, l'opinion selon laquelle cette mesure, tout comme les livraisons d'armes à un État attaqué, est conforme au droit de légitime défense prévu par la Charte des Nations unies (art. 51), lequel devrait prévaloir. Si la Russie invoquait cette mesure pour dénoncer le traité 2 + 4, cela n'aurait aucune conséquence juridique, car le traité ne contient aucune clause de dénonciation et la Russie n'agirait pas en accord avec les trois autres parties au traité. En droit international, la responsabilité de l'utilisation de systèmes d'armes à longue portée incombe à l'Ukraine, tant qu'elle sert à la légitime défense d'un État attaqué. Ce droit à la légitime défense inclut objectivement la destruction des infrastructures militaires sur le territoire de l'agresseur.

Le cofinancement actif par l'Allemagne d'armes offensives ukrainiennes ne peut-il pas être interprété comme un « danger renaissant », en particulier par la Russie, et conduire ainsi théoriquement à une escalade en matière de politique de sécurité en invoquant la clause relative aux États ennemis ?

De manière générale, la clause relative aux "États ennemis (des Nations Unies - dont l'Allemagne fait toujours partie, ndt)" est obsolète sur le plan juridique et politique. En tant que membre de l'ONU, l'Allemagne bénéficie, comme tout autre membre de l'ONU, d'une protection juridique contre les attaques militaires (conformément à l'interdiction du recours à la force, art. 2, al. 4). Il est vrai que la clause des États ennemis (art. 53 et 107) fait toujours partie de la Charte des Nations unies. Si tel est toujours le cas, c'est en raison de la complexité d'une modification (il faudrait l'accord de tous les membres à part entière et des deux tiers de tous les membres). De plus, bien que la suppression de cette clause soit un objectif de la politique allemande, elle n'est pas prioritaire, car la clause des États ennemis n'a plus d'importance politique ou juridique au niveau international. À cet égard, il est fait référence à une résolution de la 50ème Assemblée générale des Nations unies du 11 décembre 1995, selon laquelle « les clauses relatives aux « États ennemis » figurant aux articles 53, 77 et 107 de la Charte sont devenues caduques compte tenu des changements profonds qui se sont produits dans le monde ».

La clause des États ennemis ne fournit aucune base pour mener des actions militaires contre un membre de l'ONU qui, comme beaucoup d'autres membres de l'ONU, agit dans le cadre de la Charte des Nations unies. Il s'agirait d'une interprétation unilatérale, et une action militaire contre l'Allemagne serait interprétée par l'OTAN comme un acte d'agression contre un allié, ce qui entraînerait l'application de l'article 5 du Traité de Washington (OTAN).

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Jusqu'à présent, l'OTAN s'est toujours efforcée d'éviter toute escalade, en particulier en ce qui concerne les systèmes d'armes susceptibles de menacer le cœur du territoire russe. En soutenant la fourniture d'armes offensives ukrainiennes dont la portée dépasse largement les frontières de l'Ukraine, l'Allemagne n'est-elle pas en train de s'écarter du consensus de l'alliance en matière de politique de sécurité, risquant ainsi une rupture stratégique avec les États-Unis ?

Le fait est que l'Allemagne n'est pas le seul pays à avoir fourni des systèmes d'armes à longue portée à l'Ukraine, d'autres pays de l'OTAN l'ont également fait. La Grande-Bretagne et la France ont fourni des Storm Shadow/Scalp à l'Ukraine et les États-Unis des missiles ATACMS, qui ont déjà été utilisés contre le territoire russe. Dans ce contexte, on ne peut pas parler d'un abandon du consensus de l'OTAN en matière de politique de sécurité, mais plutôt d'une confirmation officielle par Merz de ce qui est déjà la pratique des partenaires de l'OTAN qui soutiennent l'Ukraine dans sa lutte défensive contre la Russie.

En finançant un programme ukrainien et indépendant prévoyant l'utilisation de missiles, Berlin ne se contente pas de donner de l'argent, mais cède également de facto le contrôle à un tiers. Partagez-vous l'avis selon lequel nous ne saurons même plus à l'avenir contre qui les armes développées avec des fonds allemands seront utilisées ? Et n'est-ce pas là la perte de contrôle la plus dangereuse en matière de politique de sécurité depuis la création de la Bundeswehr ?

En droit international, la situation est telle que l'Ukraine, en tant qu'État souverain, peut utiliser les armes financées ou transférées comme le prévoit la Charte des Nations unies (art. 51). Il n'est pas possible d'exercer un contrôle direct sur l'utilisation des armes, d'autant plus si l'argent est utilisé pour développer les capacités de production des missiles ukrainiens ou pour les perfectionner. La condition imposée jusqu'à présent pour les exportations d'armes, à savoir la clause dite de destination finale, qui oblige les acheteurs à accepter des contrôles sur la destination finale des équipements militaires allemands, ne s'applique pas dans le cas présent.

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Officiellement, l'Allemagne aide l'Ukraine « à se défendre ». Mais en réalité, elle finance désormais des armes offensives qui permettent également des frappes préventives, risquant de provoquer une dangereuse escalade. Selon vous, avons-nous depuis longtemps franchi le seuil d'une participation cachée à la guerre et, si oui, quelles pourraient en être les conséquences en matière de droit international et de politique de sécurité ?

La distinction entre armes défensives et offensives est une chimère. Tous les systèmes d'armes peuvent être utilisés dans les deux scénarios, c'est pourquoi c'est l'acte d'utilisation qui détermine s'ils sont utilisés à des fins offensives ou défensives. En ce qui concerne la participation à la guerre, les documents pertinents du droit international public fournissent un cadre clair: l'article 2, paragraphe 4, de la Charte des Nations unies interdit en principe le recours à la force militaire, sauf dans le cadre de la légitime défense (article 51 de la Charte des Nations unies), auquel cas même les États neutres peuvent soutenir un État attaqué en fournissant des moyens financiers et des équipements militaires. Les Conventions de La Haye de 1907 (ici explicitement la « Convention concernant les droits et devoirs des puissances et des personnes neutres en cas de guerre terrestre ») ne peuvent s'appliquer à la guerre en Ukraine, car l'Assemblée générale des Nations unies a condamné la Russie en tant qu'agresseur. C'est pourquoi de nombreux États membres de l'OTAN et de l'UE, y compris l'Allemagne, ne se sont pas déclarés neutres, mais ont apporté leur soutien à l'Ukraine dans le cadre de l'article 51 de la Charte des Nations unies.

Il est donc légal et légitime, au regard du droit international, de soutenir un État attaqué en lui fournissant de l'argent et des armes. Quant à savoir si cela est politiquement opportun, c'est une autre question.

Depuis 1945, la raison d'État allemande consistait à ne pas déclencher d'escalade militaire indépendante, à ne pas promouvoir de systèmes d'attaque et à ne pas mener de projets d'armement sans contrôle parlementaire. Diriez-vous que ce gouvernement, avec la bénédiction du chancelier fédéral, est en train d'abolir ces principes fondamentaux – et que l'AfD a non seulement le droit, mais aussi le devoir de s'y opposer haut et fort et publiquement ?

Notre opposition doit être politique et avoir pour objectif de parvenir à une paix négociée sur la base de la reconnaissance des intérêts légitimes des parties. Il est positif que l'on discute désormais concrètement des conditions d'un cessez-le-feu, même si les points de vue des deux parties belligérantes sont très divergents. La politique allemande sous Merz s'inscrit dans la politique de l'OTAN et de l'UE et ne peut donc être considérée comme une particularité. En même temps, en réduisant son influence en matière de politique étrangère, l'Allemagne se prive de la possibilité de jouer le rôle de médiateur honnête entre les parties belligérantes et de soutenir de manière crédible les éventuelles initiatives du gouvernement américain.

dimanche, 15 juin 2025

Conflictualité sans boussole : pourquoi une politique de paix stratégique n'est pas un recul

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Conflictualité sans boussole : pourquoi une politique de paix stratégique n'est pas un recul

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/06/konflikt-ohne-kompass-warum-s...   

Dans un article récent publié sur Apollo News, Max Mannhart évoque « l'erreur de la droite sur l'Ukraine » (cf. https://apollo-news.net/der-historische-ukraine-irrtum-von-rechts/ ), reprochant aux voix conservatrices de méconnaître la situation stratégique et de se réfugier dans une dangereuse illusion irénique

Dans le débat sur les politiques étrangère et de sécurité allemandes, un consensus remarquable s'est établi: ceux qui ne soutiennent pas l'aide militaire à l'Ukraine sont considérés comme naïfs, bercés d'illusions ou virtuellement « pro-Poutine ». Ce cadre discursif se déplace de plus en plus vers les milieux conservateurs du centre.

Récemment, un article très remarqué a évoqué « l'erreur de la droite sur l'Ukraine », reprochant aux voix conservatrices de méconnaître la situation stratégique et de se réfugier dans une dangereuse illusion irénique. Une telle critique est légitime. Elle mérite toutefois une analyse précise, non pas pour des raisons tactiques, mais pour des raisons stratégiques. Car derrière la demande de fournir toujours plus d'armes, d'exercer de plus en plus de pression, de montrer de plus en plus de « fermeté » se cache un discours sur la politique de sécurité qui n'est plus que partiellement compatible avec la réalité.

La faisabilité militaire comme dogme

Le point central de l'argumentation est la thèse selon laquelle la Russie ne serait prête à négocier que sous la pression militaire. Cette affirmation n'est pas nouvelle: elle imprègne la communication officielle de l'OTAN depuis le début de la guerre. Elle suppose qu'une Ukraine militairement inférieure, équipée de systèmes d'armes occidentaux, pourrait améliorer ses conditions de négociation face à une grande puissance continentale européenne disposant d'une couverture nucléaire et d'une défense stratégique en profondeur. Cette prémisse contredit toutefois la situation stratégique sur le terrain.

Depuis l'automne 2023, le conflit se meut dans une large mesure dans une impasse opérationnelle. Malgré un soutien occidental massif, les forces armées ukrainiennes n'ont pas réussi à inverser la tendance sur le plan opérationnel. Les contre-offensives de l'été 2023 n'ont eu aucun effet structurel. Malgré tous ses problèmes internes, la Russie a consolidé sa position le long des lignes de front. L'idée selon laquelle il serait possible d'« amadouer » la Russie sur le plan militaire et de la contraindre à négocier est donc dénuée de fondement factuel. À y regarder de plus près, elle est davantage motivée par des considérations politico-psychologiques que stratégiques.

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La question cruciale : dans quelles conditions la Russie serait-elle disposée à négocier ?

Un deuxième point problématique dans le débat actuel est l'objectif implicite. La demande de livraisons d'armes n'a de sens sur le plan stratégique que si l'on sait clairement à quoi elles doivent servir et quel est l'objectif final qui serait politiquement réaliste. Or, c'est précisément là que le discours reste vague.

Faut-il chasser complètement la Russie des territoires occupés depuis 2014? L'Ukraine doit-elle être intégrée à l'OTAN, malgré les risques systémiques? Ou s'agit-il d'obtenir la meilleure position de négociation possible dans le cadre d'un cessez-le-feu à définir? Sans définition d'objectifs, toute mesure en reste à une sorte de politique symbolique. Or, une stratégie qui ne nomme pas ouvertement ses objectifs perd de sa légitimité, tant sur le plan intérieur qu'extérieur.

La Russie en tant qu'acteur systémique, et non en tant que variable

Un troisième angle mort perceptible en de nombreuses analyses sur l'Ukraine réside dans l'idée que la Russie est un partenaire de négociation prévisible et rationnel au sens occidental du terme. En réalité, l'action russe suit sa propre logique stratégique, ancrée dans une structure géopolitique profonde. Pour Moscou, l'Ukraine n'est pas un « État voisin », mais un tampon en matière de politique de sécurité – sur les plans historique, culturel et militaire.

L'adhésion de Kiev à l'OTAN n'est pas considérée en Russie comme une décision diplomatique, mais comme une menace existentielle. Que l'on partage ou non ce point de vue est secondaire. Ce qui est déterminant, c'est que ceux qui l'ignorent ne mènent pas une politique étrangère, mais se livrent à une projection de nature morale. Une solution à la guerre en Ukraine passe par la reconnaissance de cette perception stratégique, et non par sa délégitimation.

La perspective conservatrice : une politique d'intérêts plutôt qu'une illusion

Dans ce contexte, la position des acteurs conservateurs, qui sont sceptiques à l'égard des livraisons d'armes et misent sur la diplomatie, n'apparaît pas comme une « erreur », mais comme une tentative de ramener le conflit dans le cadre de la Realpolitik.

Le recours à la pensée classique en termes d'intérêts, de zones d'influence et de perceptions liées à la sécurité ne constitue pas un retour en arrière, mais une correction nécessaire du moralisme qui remplace le contrôle politique par l'indignation publique.

Ceux qui exigent que la Russie « perde » ne donnent pas de réponse concrète à la question de savoir ce que cela signifie exactement et comment cet objectif peut être atteint avec des moyens calculables sans franchir le seuil d'une escalade systémique. Ce sont précisément les positions conservatrices qui mettent en garde contre une extension du conflit sur le sol européen et misent sur des formes d'intervention diplomatique. Ces voix sont peut-être sous-représentées dans le discours médiatique. Mais contrairement à la rhétorique belliciste, elles apportent ce qui compte dans la crise: des options d'action.

Conclusion : la sécurité ne vient pas des vainqueurs, mais de l'équilibre

La guerre en Ukraine n'est pas un duel moral, mais un conflit stratégique entre deux systèmes ayant un impact mondial. Elle ne peut être résolue par des déclarations d'intention, mais par la gestion des intérêts, la minimisation des risques et la marge de manœuvre dans les négociations. Ceux qui présentent la politique de paix conservatrice comme un abandon de responsabilité méconnaissent le fait que la capacité à s'imposer des limites stratégiques n'est pas un signe de faiblesse, mais l'expression d'une sagesse politique. Dans une situation où aucun objectif militaire ou politique ne peut être clairement défini, continuer à s'armer n'est pas courageux, mais irresponsable.

Voir aussi :

« Alexander Wallasch : l'erreur historique de la gauche concernant l'Ukraine - https://www.alexander-wallasch.de/gastbeitraege/der-historische-ukraine-irrtum-von-links-dieser-krieg-wird-deutschland-ruinieren

samedi, 14 juin 2025

Le grand nettoyage

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Le grand nettoyage

Karl Richter

Source: https://www.facebook.com/karl.richter.798

Le volte-face de la politique américaine en Ukraine est le premier grand coup du gouvernement Trump contre les Européens. Le fait que Washington leur tourne soudainement le dos, qu’il arrête toutes les ventes d’armes à Kiev et laisse les régimes européens seuls face à la guerre revient à une ultime perte de signification politique – et le président américain ne s’arrêtera pas au changement de cap en Ukraine.

Les Européens peuvent désormais signer leur capitulation, en même temps que Kiev. Que vont faire les Ukrainiens avec les 700 milliards d’euros des fonds européens, que Baerbock leur a fait miroiter, en cas de capitulation ? Quel rôle veulent jouer Londres, Paris, Berlin et les autres régimes marionnettes sur le champ de bataille dans le Donbass ? Ont-ils l’intention de sacrifier 30.000 soldats – pas plus – pour Kiev ? Merz, Kiesewetter et Baerbock, qui ont récemment halluciné à propos d'une attaque russe sur le Brandebourg, sont capables de commettre cette folie. Il ne leur reste qu’à le leur conseiller chaleureusement. Cela accélérerait leur suicide.

Au final, les Européens n’auront atteint aucun – en chiffres : zéro – de leurs objectifs en Ukraine. Ils ne « ruineront » ni la Russie (dixit Baerbock), ni ne défendront leurs « valeurs », ni l’Ukraine elle-même. Si tout va bien, il ne restera qu’un État fantôme démilitarisé de la partition de l'Ukraine. Au lieu de cela, ils auront infligé à leurs peuples des dégâts immenses et provoqué une faillite historique sans précédent des « valeurs européennes », qui ne laisseront que haine, hostilité et nouvelles incitations à la guerre.

Si je ne me trompe pas, la domination de Trump, qui ne s’arrêtera pas devant l’Europe, pourrait maintenant ouvrir des possibilités pour faire apparaître des criminels de guerre sur la scène internationale. La manœuvre de Trump, encore peu appréciée, a consisté à qualifier récemment Zelensky de « dictateur » sans élections. La façon dont on traite les dictateurs – à juste titre ou à tort – a été concrétisée et approuvée par Uncle Sam au cours de ces dernières décennies, et jusqu’à l’excès. Il les laisse finir sur la lame de la guillotine, une fois leur tâche accomplie. La liste est infinie. Zelensky pourra se réjouir s’il parvient encore à prendre le dernier avion pour Tel-Aviv.

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Mais les Européens ne sont pas pour autant tirés d’affaire : ils ont soutenu le régime illégal de Zelensky. Pendant trois années entières, avec des milliards d’euros venus des poches de leurs contribuables, avec du matériel de guerre et au prix de centaines de milliers de vies humaines. Un véritable crime de guerre, en plus, en ce qui concerne l’Allemagne, une violation du traité Deux Plus Quatre et la préparation d’une guerre d’agression (art. 26 GG). Selon la nouvelle administration américaine, cela pourrait avoir des conséquences. La jeune porte-parole de Trump, Karoline Leavitt, a déjà indiqué la direction vers laquelle cela pourrait aller : en citant le chancelier Scholz, elle a dit : « Chancelier fédéral, choisissez soigneusement vos mots. La seule place que l’Allemagne mérite dans ces négociations est le box des accusés ». Exactement !

La deuxième ligne d’attaque est formée par le vice-président de Trump, J. D. Vance. Après son brillant discours lors de la Conférence de sécurité à Munich, il se concentre également sur l’État de droit allemand. Quelques jours après, il a approfondi ses arguments contre le régime allemand d'injustice, à travers un documentaire américain sur la justice idéologique en Allemagne. La pratique quotidienne, désormais banale, selon laquelle toute opinion dissidente dans cette « meilleure Allemagne que l’on ait jamais connue » (Steinmeier) aboutit à des perquisitions et à de lourdes amendes,. Cette situation a été commentée par Vance : « Tout le monde en Europe et aux États-Unis doit rejeter cette folie ». Et : « La criminalisation de la parole sera un poids énorme pour les relations transatlantiques ». Espérons-le.

Le prochain gouvernement devra se préparer sérieusement, car ce sera probablement le dernier, avant que l’AFD – avec l’aval de Washington – ne prenne le contrôle. La manière dont on orchestre les coups d’État de Maidan, les printemps arabes et autres changements de régime, Uncle Sam en connaît quelque chose. Peut-être essaiera-t-il aussi en Allemagne ?

Mais évitons tout malentendu : il faut mettre nos lecteurs en garde contre toute illusion. Ceux qui observent la situation de plus près se rendront compte que l’offensive américaine pour la liberté d’expression vise principalement à semer le trouble en Europe. Aux États-Unis, Trump a en même temps, parmi ses premières mesures, ordonné une répression accrue contre les « délits antisémites ». Il ne faut pas continuer à en discuter interminablement, mais il faut le savoir, en prendre acte.

Et surtout, pour les Allemands, ce développement, aussi louable qu’il puisse paraître en soi, n’est pas une gloire. Nous n’avons pas eu notre mot à dire sur tout ce qui se passe dans l’hémisphère occidental ces derniers temps. Nous n’avons jamais été autant vassaux depuis 1945, un résultat des politiques irresponsables et criminelles de nos gouvernements fédéraux successifs. Le peu de consolation, c’est que les autres Européens ne vont guère mieux. Pour le moment, nous ne pouvons faire que regarder le régime des vieux partis mourir, et, autant que possible, contribuer à sa chute. La suite, on verra.

mardi, 03 juin 2025

La rhétorique d’escalade de Merz est un signe de faiblesse stratégique

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La rhétorique d’escalade de Merz est un signe de faiblesse stratégique

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/05/merz-eskalationsrhetorik-ist-...

Les déclarations de Merz concernant la levée des restrictions quant à la portée balistique des armes livrées par l'Occident à l’Ukraine indiquent la continuité d’une simulation politique qui joue la militarisation.

Les propos récents du chancelier fédéral Friedrich Merz concernant la levée des restrictions quant à la portée balistique des armes livrées par l'Occident à l’Ukraine ne constituent pas un changement de cap, mais la poursuite d’une simulation politique qui joue la fermeté militaire. Ceux qui connaissent la réalité opérationnelle savent que l’Europe est au bout de ses capacités logistiques et politiques. La livraison de missiles SCALP et Storm Shadow franchissait déjà une ligne rouge. Il est probable, de surcroît, que les missiles Taurus aient déjà été livrés en secret à Kiev.

L’explication de Merz n’est avant tout qu’un signal à Washington. Car l’UE ne mène pas une politique étrangère indépendante, mais agit en réaction aux mouvements impulsés par les États-Unis. En l’absence de leadership stratégique propre, elle se contente de répétitions – même si la situation sur le champ de bataille n’est plus décidée par des systèmes d’armes, mais par le temps, la persévérance et la clarté politique.

L’initiative stratégique appartient désormais clairement à la Russie. Moscou a – malgré l’aide occidentale à Kiev – déterminé le rythme de l’escalade en cours. La Russie reste calme, augmente progressivement la pression et attend l’épuisement des soutiens européens. Car une chose est indiscutable: la soi-disant « coalition pour l’Ukraine » à l’Ouest montre des signes de dissolution. Le désaccord sur les objectifs, les ressources et les risques paralyse la capacité de décision.

Inévitable réaction russe

Mais le point essentiel est : si l’Allemagne devient réellement partie prenante et directe du conflit – par exemple en utilisant offensivement les missiles Taurus contre des cibles à l'intérieur du territoire russe – une réaction russe sera inévitable. Et cette réaction ne se limitera plus au territoire ukrainien. Une contre-attaque limitée mais symbolique contre les infrastructures occidentales en Europe serait militairement et politiquement logique – notamment pour dissuader et envoyer un signal à Washington.

Encore une chose: en laissant Berlin décider de la portée des armes et en autorisant Kiev à choisir les cibles, l’Allemagne cède le dernier reste de sa souveraineté militaire à l’Ukraine. C’est une irresponsabilité sécuritaire et un danger extrême pour l’État allemand. Aucun État souverain ne peut tolérer que son propre destin soit décidé par des tiers sur le champ de bataille.

Conclusion

Ce qui aujourd’hui ressemble à un soutien bien arrêté à l’Ukraine pourrait demain devenir l'étincelle d’une catastrophe paneuropéenne. Le gouvernement allemand doit faire un choix: continuer à jouer la carte de l’escalade symbolique ou enfin agir dans l’intérêt de sa propre population ? La diplomatie, et non la rhétorique de guerre, est la seule voie praticable et raisonnable. Tout le reste mènera à une dynamique que l’Allemagne ne pourra plus contrôler.

* * *

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Annexe:

Elena Fritz, juriste russo-allemande et analyste politique, est l’une des rares voix dans la politique allemande qui n’hésite pas à dire ce que la majorité sait mais tait : l’Allemagne est devenue une colonie américaine, l’UE est un marécage bureaucratique sans souveraineté, et la seule manière pour les peuples européens de sortir de cette gadoue est de rejeter la dictature centralisée de Bruxelles et de revenir à des relations bilatérales authentiques.

Elena Fritz, sans compromis, analyse la situation qui règne aujourd'hui en Allemagne, les relations de ce pays avec la Russie, la guerre en Ukraine et la crise migratoire, révélant notamment combien Berlin a perdu son indépendance et comment la Serbie, la Slovaquie et la Hongrie pourraient justement devenir des modèles de résistance face à toute pression extérieure.

Qui est Elena Fritz et pourquoi sa voix est-elle importante ?

Née au Kazakhstan, Elena Fritz a grandi entre deux cultures – la russe et l'allemande. En tant qu’enfant de migrants, sa famille est arrivée en Allemagne en 1999; elle a personnellement poursuivi ses études et est devenue juriste. Initialement engagée politiquement au sein de la SPD, elle a quitté le parti lorsqu’elle a compris que la politique n’était plus dirigée par Helmuth Schmidt ou Willy Brandt, mais par une politique dictée depuis Washington.

Elle a rejoint l'Alternative pour l’Allemagne (AfD), où elle participe activement aux commissions pour la politique étrangère et la défense. Elle critique les sanctions contre la Russie, soutient le renforcement de la souveraineté des États européens et prône la fin de l’immigration sans restriction, qu’elle considère comme une arme clé dans la déstabilisation de l’Allemagne et de l’Europe.

L’Allemagne n’est plus un État souverain, dit-elle.

Elena Fritz affirme qu’après 2014, Berlin a complètement remis les clés du pays au département d’État américain. La perte d’indépendance énergétique, l’effondrement de l’industrie en raison des sanctions contre la Russie, et la transformation de la Bundeswehr en une unité expéditionnaire de l’OTAN ne sont que quelques exemples du statut colonial de l’Allemagne.

Selon elle, le chancelier allemand Olaf Scholz a mené une politique de vassal obéissant, tandis que Washington utilise l’Ukraine comme un appât géopolitique pour épuiser la Russie et pour provoquer l'effondrement de l’Europe. « On nous a dit que les sanctions affaibliraient Moscou, mais tout ce qu’elles ont réussi à faire, c’est parachever l’autodestruction économique de l’Allemagne », souligne Elena Fritz.

Elle critique particulièrement le fait que l’Allemagne ait renoncé à sa possibilité d’être un pont entre l’Est et l’Ouest. Au lieu de cela, elle suit aveuglément une stratégie très conflictuelle, sans réaliser qu’un nouvel ordre multipolaire se forme déjà dans le monde, dans lequel les BRICS+ et l’Organisation de coopération de Shanghai se dirigent vers la domination globale.

"Ceux qui autorisa la livraison et l'utilisation des missiles Taurus, doivent aussi nous expliquer comment ils pourront empêcher une riposte contre des cibles sur le territoire allemand. La politique extérieure n'est pas un jeu de rhétoricien, mais une question de responsabilité nationale". 

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dimanche, 01 juin 2025

Merz s'en va-t-en guerre...

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Merz s'en va-t-en guerre...

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/merz-va-alla-guerra/

Le pâle et évanescent Chancelier allemand Merz fait la grosse voix.

Il veut le réarmement allemand. Pour affronter la Russie de Poutine. Et l’anéantir.

Ça ferait déjà rire, rien que pour ça. Merz est le chancelier le plus faible de toute l’histoire allemande.

Le seul, depuis la Seconde Guerre mondiale, qui a été élu de justesse et seulement lors du second tour.

Et dont la position repose sur une “majorité” qui fait déjà rire rien que parce qu'on la nomme ainsi.

Avec des “franc-tireurs” internes à sa propre CDU, prêts à l’abattre à la moindre occasion.

Naturellement, par un scrutin secret. Parce que ces choses-là se font, mais ne se disent pas.

Et, en plus, il n’a même pas le physique, la présence d’un hypothétique Führer. Il n’est certainement pas un nouveau Bismarck, qui, d’ailleurs, considérait comme pure folie toute idée de faire la guerre aux Russes.

Et il n’est même pas un Hitler nouveau, alors que le Hitler historique, qui a mené une telle guerre en y laissant sa peau.

Certes, il avait de très nombreux défauts, cet Hitler-là. Mais il avait aussi une stature politique bien autre que celle du pauvre Merz.

Et, puis, les Allemands de l’époque étaient très différents.

Il y a eu les Prussiens, les Junker, la SS… faites votre choix dans le catalogue des antiquités allemandes... Et comparez-les aux Allemands d’aujourd’hui. Surtout ceux qui ont été élevés dans la douceur de cette très confortable Allemagne de l’Ouest.

Imaginez-les devoir faire face à un conflit direct avec les Russes.

Avec les Tchétchènes, les Yakoutes, les Sibériens… et aussi avec les Nord-Coréens, et peut-être même avec les Chinois…

Allons, soyons sérieux… C'est inimaginable.

En fait, c'est tout bonnement impensable.

Peut-être qu’il reste encore un peu de la combativité germanique chez les Allemands de l’Est.

Curieusement, cependant, tout l’Est est contre Merz.

Il a voté à l’unisson pour l’AfD, et ne veut pas de guerre…

Et Merz tente de mettre hors jeu l’AfD en la qualifiant de “Nazie”.

Donc, est-ce le chancelier fade qui délire ?

Peut-être en partie… mais, surtout, c’est le reflet déformé, altéré, des véritables intentions, et donc des véritables intérêts, de Merz et de son entourage.

Qui ne peuvent être rattachés à un vieux nationalisme allemand, ni même à une résurgence du national-socialisme hitlérien.

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Ce sont plutôt les liens profonds et indissolubles du Chancelier avec les grandes “banques” financières internationales. Comme BlackRock, dont il provient.

Tenter d’interpréter cette Chancellerie et ses (apparentes) velléités guerrières est profondément erroné si l’on utilise les critères du passé.

Ce n’est pas la grande Allemagne qui est son rêve. Ni même le Quatrième Reich. Et, peut-être, n’est-il pas un homme capable de rêver.

Il sert simplement des intérêts financiers. Les mêmes qu’il a toujours servis.

Et il utilise les débris de l’ancien nationalisme allemand uniquement pour masquer la réalité.

mercredi, 28 mai 2025

Changement de stratégie à Berlin – l’Allemagne autorise des attaques contre le territoire russe

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Changement de stratégie à Berlin – l’Allemagne autorise des attaques contre le territoire russe

Elena Fritz

Source: https://www.facebook.com/elena.fritz.10

Le chancelier fédéral Friedrich Merz a déclaré publiquement qu’il n’y a plus de restrictions de portée pour la livraison d’armes occidentales à l’Ukraine. Sont concernés des systèmes d’origine britannique, française, américaine et allemande.

Implication: Kiev reçoit ainsi officiellement le feu vert pour attaquer des cibles militaires sur le territoire russe. Cela marque un changement de paradigme dans les politiques de sécurité et étrangère allemandes.

Fait remarquable: d’autres chefs de gouvernement occidentaux ne se sont pas exprimés avec une telle clarté jusqu’à présent️. En lien avec des indications antérieures concernant des livraisons non déclarées, un scénario réaliste se dessine:

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Les missiles de croisière allemands de type Taurus pourraient déjà être en opération.

La partie russe met en garde de manière claire:

Une attaque avec des armes allemandes contre des cibles comme Saint-Pétersbourg ou Moscou serait considérée comme une participation active de l’Allemagne à la guerre, avec des conséquences appropriées.

Évaluation géostratégique :

Avec la levée des restrictions, les lignes entre soutien indirect et implication directe s’estompent. Le risque d’une escalade régionale avec des répercussions sur le territoire allemand augmente de manière significative.

Conclusion du point de vue allemand :

Le changement de cap en politique étrangère sous Merz marque une fin des limites stratégiques. En libérant des armes capables d’atteindre le cœur de la Russie, l’Allemagne assume de facto une responsabilité conjointe quant au choix des cibles ukrainiennes.

Le calcul peut reposer sur la dissuasion – mais le risque d’escalade est réel.

Une contre-attaque contre des infrastructures militaires en Allemagne ne serait pas exclue en cas d’escalade.

Ainsi, l’Allemagne s’éloigne de son rôle précédent qui était celui de constituer un centre économique et diplomatique en Europe et pour l'Europe – pour se muer en un lieu potentiel où pourraient s'exercer des représailles d'ordre géopolitique.

Le gouvernement fédéral risque ainsi non seulement de donner à l'Allemagne des vulnérabilités sécuritaires, mais aussi économiques.

Une telle stratégie peut correspondre aux attentes des mondialistes, qui sont des parties en guerre – mais elle n’est pas conforme aux intérêts réels des Allemands.

lundi, 26 mai 2025

G7: les États-Unis ne qualifieront pas l'opération militaire russe d'"illégale"

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G7: les États-Unis ne qualifieront pas l'opération militaire russe d'"illégale"

Source: https://de.sott.net/article/36399-G7-USA-will-russische-M...

Selon un rapport médiatique, les États-Unis auraient exprimé leur opposition à la déclaration conjointe des ministres des Finances du G7 qui aurait désigné l'opération militaire russe en Ukraine comme "illégale". Le ministre fédéral allemand des Finances, Lars Klingbeil, s'était montré optimiste avant la réunion, espérant qu'un "message clair" serait envoyé en faveur d'un soutien accru à Kyiv.

Selon des médias, les États-Unis ont exprimé leur opposition lors de la rencontre des ministres des Finances du G7 à certaines formulations inscrites dans une déclaration commune qui obligeraient le groupe à soutenir davantage l'Ukraine. 

Selon le journaliste de Politico, Gregorio Sorgi, citant deux sources impliquées dans les négociations, Washington aurait opposé son veto à l'inclusion de promesses d'aide accrues en faveur de Kyiv dans le projet annoncé par le communiqué. 

Les représentants américains auraient également contesté la mention de l'opération militaire russe en Ukraine comme "illégale" dans la version finale du texte. 

La réunion des ministres des Finances et des gouverneurs de banques centrales du G7, à Banff (Canada), qui se poursuivait encore jeudi dernier, intervient au milieu de divergences croissantes concernant l'Ukraine et l'impact mondial des sanctions commerciales imposées par le gouvernement américain. 

Des représentants du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis assistent à cette rencontre. Le ministre ukrainien des Finances, Serhii Marchenko, est également présent. 

Pour Lars Klingbeil, c'est la première réunion internationale à laquelle il participe depuis sa prise de fonction en tant que ministre fédéral allemand des Finances. Avant la réunion, ce politicien, issu de la SPD socialiste, avait déclaré qu'il fallait envoyer un "message clair" depuis le Canada, affirmant que le G7 resterait fermement aux côtés de l'Ukraine. 

"Le soutien nécessaire à l'Ukraine sera donc un sujet central — y compris lors de la discussion avec le ministre ukrainien des Finances, à qui j'ai déjà parlé dès mon premier jour en fonction", a expliqué Klingbeil. 

Il s'est montré optimiste quant aux États-Unis et à l'aide promise à l'Ukraine: bien qu'il y ait régulièrement des déclarations venues de Washington qui alimentent les doutes de Kiev sur l'ampleur du soutien, "en fin de compte, cela a toujours fonctionné, les États-Unis étant aux côtés de l'Ukraine", a déclaré le ministre allemand. 

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Mais l'espoir de Klingbeil (photo) et des Européens pourrait bien vite être déçu si le rapport de Politico est exact. Il n'y avait en réalité aucune raison d'être optimiste, surtout après que le président américain Donald Trump, suite à son appel téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine lundi passé, a déclaré qu'il n'imposerait pas de nouvelles sanctions contre la Russie, "car il y a une chance" de progrès dans la résolution du conflit en Ukraine. 

Bruxelles a, quant à elle, adopté mardi son 17ème paquet de sanctions, lequel, pour la première fois, cible aussi des citoyens de l'UE, dont deux journalistes allemands. Trump a aussi déclaré que la Russie et l'Ukraine devaient négocier directement entre elles. 

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, avait affirmé, après l'appel Trump-Poutine, lors duquel le président américain a informé les dirigeants européens, dont le chancelier Friedrich Merz, du contenu de la conversation, que les États-Unis s'engageaient à renforcer les sanctions. 

Le journal Bild a parlé mercredi d'un "revers" pour Merz. Le chancelier "semblait compter sur Trump, qui était censé soutenir le plan en adressant un ultimatum à la Russie et en la menaçant de sanctions. Mais maintenant, Merz et d'autres dirigeants européens se retrouvent sans le président américain." Avec sa "virulente volte-face sur la Russie", Trump aurait "choqué" le chef de la CDU, selon le journal du groupe Springer. 

Si l'on en croit que Washington a empêché que l'opération militaire russe en Ukraine soit qualifiée d'"illégale" dans la déclaration du G7, Klingbeil, étant donné son optimisme précédent, serait probablement choqué, lui aussi, dès sa première apparition sur la scène internationale.

dimanche, 25 mai 2025

Tribunal allemand: les indemnités aux demandeurs d’asile ne peuvent pas être supprimées

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Tribunal allemand: les indemnités aux demandeurs d’asile ne peuvent pas être supprimées

Peter W. Logghe

Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Encore un pas en avant dans la folie du droit d’asile, cette fois – et ce n’est pas un hasard – en Allemagne. Un tribunal du travail à Hambourg suspend les suppressions d’allocations aux demandeurs d’asile expulsés, en contestant leur légalité, estimant que cela viole la Constitution allemande. Il s’agit de trois cas dits "Dublin", pour lesquels les autorités allemandes avaient suspendu les indemnités conformément à la législation allemande. Ces trois demandeurs d’asile ont saisi le tribunal du travail de Hambourg, et lors d’une procédure d’urgence, les juges ont suspendu la suppression des allocations.

Le jugement concerne donc des demandeurs d’asile dont la demande aurait dû être traitée dans un autre État membre de l’UE selon les accords de Dublin (droit européen), car ils étaient entrés par ce pays. Ces demandeurs doivent être renvoyés dans l’État membre responsable de leur demande d’asile. En vertu de la loi allemande, modifiée à l’automne 2023, l’État allemand peut suspendre les prestations sociales après deux semaines afin d’inciter le demandeur d'asile à quitter volontairement l’Allemagne.

Qui décide de la politique migratoire ? Les juges ou le parlement ?

Non, répond le tribunal du travail à Hambourg : l’État allemand ne peut pas supprimer ces allocations après deux semaines. Car, selon le tribunal : sans l’accord de l’État membre de l’UE concerné, une expulsion ne peut pas être effectuée. Par exemple, dans un dossier concret, la Suède a refusé d’accueillir un demandeur d'asile expulsé, mais l’État allemand avait déjà suspendu ses allocations de base.

Si l’État allemand supprime une allocation de base alors que le demandeur n’est pas accueilli dans un autre pays, cela constitue une violation du minimum vital garanti par la Constitution. D’autres tribunaux du travail dans les États fédéraux de Rhénanie-Palatinat et de Bade-Wurtemberg ont rendu des jugements similaires. L’organisation de gauche Gesellschaft für Freiheitsrechte, qui a assisté à une des procédures, parle d’une « loi absurde » et se sent confirmée dans ses positions par ce jugement.

Et si on remettait tout l’asile à plat, et qu’on recommençait à zéro ? Accueillir temporairement les personnes fuyant la guerre jusqu’à ce que la situation soit résolue ? Et une fois la crise passée, les renvoyer chez eux ? Revenir à l’essence d’une politique d’asile humaine mais juste ?