mercredi, 17 décembre 2025
Retour aux idées du mouvement MAGA, contre l’UE - La nouvelle « stratégie nationale » de la Révolution conservatrice américaine

Retour aux idées du mouvement MAGA, contre l’UE
La nouvelle « stratégie nationale » de la Révolution conservatrice américaine
Alexandre Douguine
Dans l’émission Escalation de Radio Sputnik, Alexandre Douguine accueille la nouvelle Stratégie de Sécurité Nationale des États-Unis comme un retour à MAGA et à un « ordre des grandes puissances », promettant un retrait de l’interventionnisme mondialiste et déclenchant un tsunami destiné à faire s’effondrer la dernière tentative de croisade libérale de l’UE.
Animateur de Radio Sputnik, Escalation: Commençons par le document qui fait actuellement l’objet d’un débat enflammé en Russie, en Europe, et même en Chine. Je parle de la nouvelle Stratégie de Sécurité Nationale des États-Unis. En particulier, les médias suisses déclarent carrément que ce texte fait en grande partie écho au discours de Munich de notre président Vladimir Vladimirovitch Poutine. Alexandre Gelyevitch, selon vous, est-ce vraiment le cas ?
Alexandre Douguine: Vous savez, avec la publication de cette Stratégie de Sécurité Nationale américaine, nous assistons une fois de plus à l’oscillation emblématique de Trump entre le camp MAGA et les néoconservateurs — oscillation dont nous parlons constamment dans nos programmes et que nous suivons de près. Et on peut dire sans détour : la doctrine actuelle a été rédigée spécifiquement au nom de MAGA. C’est la véritable doctrine « Make America Great Again », la voix des opposants résolus au mondialisme et des critiques sévères des thèses néoconservatrices, le noyau même qui a permis à Trump de remporter l’élection.
En substance, cette stratégie est très proche de ce que j’appelais dans mon livre l’«ordre des grandes puissances».
De nos jours, ce terme se fait de plus en plus entendre dans l’espace public — l'«ordre des grandes puissances». Cela signifie que l’Occident ne se considère plus comme le garant de la démocratie, ne s’engage pas dans la diffusion des valeurs libérales, ne se sent pas responsable de toute l’humanité, et ne se voit pas comme faisant partie d’un espace unique avec l’Europe. L’Amérique est désormais seule. Elle aspire toujours à la grandeur, au développement et à la domination, mais elle définit clairement le territoire de cette domination — principalement l’hémisphère occidental, les deux Amériques. C’est de là que vient l’expression «corollaire à la doctrine Monroe». Un corollaire est une addition, un développement d’un certain projet géopolitique, et ce corollaire de Trump est, en essence, l’ordre des grandes puissances.
Que disent Trump et ses soutiens dans ce document ? L’Amérique se préoccupe principalement de deux continents: l’Amérique du Nord (y compris, si vous voulez, le Groenland comme une extension naturelle de l’Alaska) et toute l’Amérique du Sud. C’est leur zone, et ils se la réservent sans condition. Quant au reste du monde, la principale thèse mondialiste selon laquelle la Russie et la Chine sont les principaux adversaires stratégiques a disparu. De telles formulations n’existent plus. La Russie est évoquée de manière plutôt neutre, voire amicale — comme un partenaire potentiel. La Chine est considérée comme une concurrente économique sérieuse et une menace relative, mais plus comme un ennemi au sens traditionnel. L’intervention dans les affaires du Moyen-Orient et dans d’autres zones eurasiennes sera quasiment nulle. L’Afrique a été déclarée zone indifférente, et l’Inde n’est pas du tout mentionnée — c’est-à-dire qu’elle n’est plus considérée comme un partenaire stratégique.
Le résultat est un monde véritablement multipolaire. Trump déclare ouvertement: oui, nous restons la plus grande puissance, nous maintiendrons et affirmerons notre hégémonie, mais nous allons la réduire considérablement. Le rejet de l’agenda mondialiste ouvre objectivement la voie à d’autres pôles — la Russie, la Chine, l’Inde — pour s’affirmer pleinement. Quant au reste, Trump dit simplement : je m’en fiche, créez vos propres pôles ou pas, comme vous le souhaitez. Bien sûr, l’hégémonie américaine reste extrêmement méfiante envers les BRICS et envers toute consolidation d’autres civilisations. Ce corollaire de la doctrine Monroe constitue un défi direct à toute l’Amérique latine, qui sera contrainte de chercher une stratégie commune pour éviter la domination totale des Etats-Unis sur son continent. La même logique s’applique à l’Afrique.
En réalité, il s’agit d’une stratégie profondément anti-européenne. La solidarité atlantique n’est évoquée qu’avec sarcasme et mépris. Elle propose de «partager le fardeau» des dépenses militaires de l’OTAN: l’Amérique renonce à sa responsabilité première en Europe, en laissant seulement quelques positions clés. C’est, en essence, la fin de l’atlantisme en tant que tel. L’Europe doit désormais penser par elle-même et créer son propre pôle civilisateur.
Cette doctrine reflète l’approche même du mouvement MAGA grâce à laquelle Trump est arrivé au pouvoir. Ensuite, il s’en est très fort éloigné: il ne s’est pas vraiment impliqué dans le conflit ukrainien, l’a couvert d’un faux-fuyant plutôt que de proposer une solution réelle, a bombardé l’Iran, a soutenu de façon radicale Netanyahu — il s’est considérablement éloigné de son programme initial. Et dans cette stratégie nouvelle, il revient à ses racines : un retour aux principes du mouvement MAGA.
Il n’est pas surprenant que le document ait provoqué une véritable panique chez les mondialistes — aussi bien en Europe qu’aux États-Unis eux-mêmes. Ils hurlent sur un ton hystérique: qui a écrit ça ? Si la première doctrine de Trump a été rédigée par des néoconservateurs et des mondialistes — Pompeo, Bolton, Pence — maintenant, elle est en train d’être écrite par de véritables supporters de MAGA: Hicks, Vance, Miller. Le paradigme a complètement changé. C’est un réalisme émergent — agressif, hégémonique, mais néanmoins réaliste. L’idée de promouvoir les valeurs libérales a été rejetée une fois pour toutes.
L’Amérique devient une puissance militaire et politique concrète, clairement délimitée, avec des intérêts évidents qu’elle défendra bec et ongles dans son hémisphère. Quiconque se retrouve à mettre des bâtons dans les roues aura des ennuis. Mais il n’est plus question de libéralisme, de démocratie ou de droits de l’homme. America First — point final. Objectivement, le monde multipolaire dont notre président parlait dans son discours de Munich, rejetant les prétentions occidentales à l’universalité et au mondialisme, est désormais en grande partie déclaré par Trump lui-même. Reste à savoir si le successeur de Trump, par exemple Vance, pourra maintenir cette ligne après Trump qui aura alors plus de 80 ans. Ou si, après tout, les néoconservateurs reviendront à l'avant-poste. Pour l’instant, c’est une déclaration de guerre — pas contre nous, mais contre l’élite libérale-globale mondiale.
Animateur: En parlant de l’Ukraine, on entend actuellement dire que Trump n’est pas content du fait que Zelensky ne semble pas accepter son plan de paix. Le fils de Trump suggère même qu’au milieu de toutes ces histoires de corruption, l’Amérique pourrait cesser complètement son implication dans le conflit ukrainien dans les mois à venir. Quelle est la crédibilité de cette hypothèse?
Alexandre Douguine : Le plan que Trump promeut actuellement est précisément celui qui nous convient. Nous lui avons expliqué très clairement: ce qui est acceptable pour nous et avec quoi nous ne pouvons en aucun cas avoir de rapport. Cependant, ce que nous lui avons expliqué et qu’il a apparemment accepté ne sera pas une victoire totale pour nous. Malheureusement, c’est encore un compromis. Ce n’est pas une défaite — en aucun cas — mais ce n’est pas non plus une victoire dans le sens profond du terme. On peut l’appeler une certaine réussite, on peut l’appeler une humiliation de l’Occident idéologique, et c’est indubitablement une défaite personnelle et finale pour Zelensky — mais ce n’est en aucun cas la fin de l’Ukraine en tant que projet, ni la fin de l’Occident en tant que force civilisatrice.
Trump a parfaitement compris cela. Il a compris l’essentiel: s’il veut vraiment sauver l’Ukraine — c’est-à-dire sauver la tête-de-pont de l’anti-Russie, la tête-de-pont russophobe qui s’est construite contre nous depuis tant d’années — il doit immédiatement accepter nos propositions. Pour les mondialistes, pour les Européens, et bien sûr pour Zelensky lui-même, cela représentera une défaite sérieuse et douloureuse. Mais pour l’Ukraine elle-même, cela ne sera pas le cas. L’Ukraine sera sauvée. Et elle sera sauvée dans la but même pour lequel elle a été créée: en tant qu’anti-Russie. Et c’est Trump qui la sauve, en sacrifiant Zelensky et toute une cohorte d’idiots européens qui ne peuvent toujours pas croire à ce qui se passe.
Si Trump, ayant fait tout ce qui était en son pouvoir, se retire simplement du conflit et le laisse à l’Europe et à l’Ukraine — ce qu’il a d’ailleurs laissé entendre à plusieurs reprises, voire dit très ouvertement — ce serait la véritable option idéale pour nous. Oui, nous devrions encore lutter — peut-être longtemps et avec beaucoup de difficulté — mais alors, nous aurions la vraie perspective d’une victoire authentique, complète et irréversible. Toute trêve que nous pourrions conclure maintenant n’est qu’un répit provisoire, et très court. Ni l’Ukraine, ni l’Union européenne, ni même les États-Unis ne continueront à respecter cette trêve une fois qu’ils sentiront qu’ils ont même la moindre possibilité de la violer à nouveau.

Animateur: Si Trump décide de s’attaquer au Venezuela, et que nous développons une alliance avec le Venezuela, comment la Russie doit-elle réagir?
Alexandre Douguine: C’est une question difficile. D’un côté, nous avons une alliance avec le Venezuela, et si nous étions plus forts, nous devrions nous engager pleinement dans ce conflit du côté de Maduro contre l’agression américaine. Mais, malheureusement, nous ne sommes pas dans cette position : toutes nos forces sont complètement mobilisées dans la guerre en Ukraine — comme en Syrie et en Iran. Après la victoire, nous nous engagerons sûrement. Mais pour l’instant, hélas, nous sommes entravés.
Animateur: Commençons cette partie du programme par une déclaration du représentant spécial du président russe, Kirill Dmitriev. Il a dit que les meilleurs diplomates de l’Union européenne sont maintenant en panique. C’était son commentaire sur un rapport de la Pologne selon lequel Dmitriev lui-même et l’homme d’affaires américain Elon Musk auraient décidé de diviser l’Europe. Quelle est la raison de ce genre de discussions sur la division de l’Europe ? Pourquoi Musk est-il redevenu plus actif ? Il a pratiquement disparu de la scène publique pendant un certain temps, et maintenant il a repris sa polémique avec l’Union européenne au sujet de la liberté d’expression et des lois européennes. À quoi cela mène-t-il?
Alexandre Douguine : En réalité, ici, comme dans l’adoption de la nouvelle doctrine de sécurité nationale et dans les négociations sur l’Ukraine, nous voyons la même tendance générale — un puissant mouvement vers un retour au projet original du mouvement MAGA. Parce que lorsque Trump est arrivé au pouvoir, il a essentiellement proclamé une refonte complète de toute l’architecture mondiale, et les projets MAGA ont effectivement été lancés. Puis il s’en est éloigné de façon sérieuse et significative. Pendant presque un an — huit, neuf mois — il s’est consacré à des choses complètement différentes: dissimuler les listes d’Epstein, se dérober à la pression énorme exercée par le lobby israélien sur la politique américaine, trahir ses fidèles camarades. En un sens, il a cessé d’être MAGA. Il s’est éloigné de MAGA, à une distance critique. Mais tout cela a commencé exactement comme cela commence maintenant. Et maintenant, il revient — Trump revient, et, par conséquent, Musk revient aussi.

Parce que Musk a clairement reçu le feu vert pour commencer à démanteler l’Union européenne. Les « meilleurs diplomates » dont nous parlons, qui détiennent le pouvoir dans l’Union, sont des ultra-globalistes, des ennemis absolus et irréconciliables de Trump, les adversaires les plus acharnés de sa ligne, de ses idées, de sa vision du monde et de la société. L’hiver dernier, en janvier de l’année dernière, il y a presque un an, Musk a lancé ces campagnes contre Starmer, en soutien à l’AfD, contre Macron. Et en réalité, Twitter — son réseau, interdit en Fédération de Russie — est devenu une plateforme qui a consolidé l’opposition populiste dans chaque pays européen, la portant de la même manière que Soros a jadis soutenu les mondialistes, mais en miroir, dans la direction opposée. Maintenant, Musk a simplement repris les mêmes tactiques, mais à l’envers. Et il a commencé à faire cela il y a un an: en soutenant l’AfD, en soutenant les opposants à Starmer en Grande-Bretagne, Marine Le Pen, Meloni — tous ceux qui s’opposent à l’Union européenne, à l’establishment européen, et soutiennent le populisme européen, si vous voulez.
Et puis, Musk lui-même a été écarté de son poste chez DOGE, l’agence pour l’efficacité gouvernementale. En résumé, il a rompu avec Trump, et en même temps, Trump lui-même s’est lancé dans des stratégies complètement différentes, que Musk a seulement critiquées. Mais Musk s’est retenu. D’abord, il a commencé à critiquer Trump, puis il a fait une pause. Et il a attendu que les fluctuations du trumpisme entrent à nouveau dans la phase MAGA. C’est-à-dire qu’on revient à MAGA. Nous avons commencé cette émission avec cela: en Amérique, on voit que Trump revient à son plan initial, au Plan A, au plan MAGA. Et, bien sûr, Musk s’est immédiatement impliqué activement dans ce processus et continue de s’attaquer à l’Union européenne.
Cette fois, c’est beaucoup plus sérieux. Je pense que la deuxième tentative de MAGA pour démanteler l’Union européenne sera bien plus décisive et cohérente. Cela est confirmé par la nouvelle stratégie de sécurité nationale et par le comportement de l’Union dans la crise ukrainienne, qui contrecarrent constamment les plans de Trump pour sauver l’Ukraine. En ce moment, toutes les conditions sont réunies pour simplement détruire l’Union européenne. Plus personne ne cache rien. Musk dit ouvertement: plus d’UE, détruisons l’Union européenne. Il a toutes les raisons de le faire: il soutient un projet conservateur-populiste high-tech, que les libéraux au pouvoir veulent empêcher simplement de vivre et de respirer.
Je pense que l’Amérique elle-même, Trump, et son équipe de trumpistes, où MAGA commence à sortir de son coma et à jouer un rôle de plus en plus important, ont effectivement commencé à démanteler l’Union européenne. Il ne faut que l’applaudir et, si possible, pousser ce qui tombe déjà. Si nous avions le pouvoir et l’influence pour agir sur l’Union européenne, je suis sûr que nous pourrions envoyer ces «meilleurs diplomates européens» dans l’oubli, des deux côtés. Parce qu’il est impossible d’imaginer quelque chose de plus répugnant, détestable, agressif, cynique, trompeur, toxique, pourri de l’intérieur et répandant cette pourriture au reste de l’humanité, que l’actuelle Union européenne.
Animateur: Et cette amende que la société X a reçue en vertu de la nouvelle législation européenne n’était qu’un prétexte pour Musk pour relancer sa campagne contre l’Europe. Tout cela s’est en réalité produit à la demande de Trump, puisque cela coïncidait avec la publication de la nouvelle stratégie.
Alexandre Douguine : C’est juste un prétexte, mais cela s’inscrit parfaitement dans la fluctuation générale du cap de navigation choisi par l'actuel pouvoir américain — du MAGA aux néoconservateurs et retour au MAGA. Il y a un an, lorsque notre programme Escalation s’est fixé pour objectif de suivre de près ces fluctuations de la politique américaine, nous avons décrit avec précision la logique de formation du nouveau régime trumpiste, comme il s’avère maintenant: il oscillera constamment entre MAGA, en s'approchant du projet MAGA — c'est-à-dire en préconisant l’ordre des grandes puissances — et en s’en éloignant. Évidemment, je ne m’attendais pas à ce qu’il aille si loin, si honteusement et si longtemps, en repoussant tous ses soutiens les plus proches. Mais Trump est une personnalité vraiment imprévisible. Avec la même facilité qu’il les a repoussés, il les a rassemblés à nouveau. Tout comme il a naguère chassé tout le monde, maintenant il a autorisé tout le monde à revenir. L’amplitude de ces fluctuations s’est révélée complètement différente de ce que nous avions prévu lorsque nous avons formulé nos hypothèses, mais l’essence du processus est exactement celle-ci.

Et maintenant, je suis convaincu que Musk a simplement utilisé cette amende comme excuse pour se remettre au travail. Trump lui a donné sa bénédiction silencieuse, et leur relation est progressivement en train de se rétablir. Il a été condamné à plus d’une centaine de millions de dollars, mais dans les premières heures qui ont suivi, X — son réseau, interdit en Fédération de Russie — est devenu la plateforme la plus téléchargée dans tous les pays de l’Union européenne. En d’autres termes, il a déjà gagné. Il a réussi à mettre en exergue la véritable attitude des braves Européens envers leurs détestables gouvernements — c’est, en fait, un vote tacite pour ou contre l’Union européenne. Personne ne défend l’Union européenne aujourd’hui sauf les Eurocrates eux-mêmes, sauf cette clique euro-bruxelloise — un ramassis international de maniaques mondialistes et Starmer, qui les a rejoints, qui est également un maniaque absolu. Ces maniaques tentent maintenant fébrilement de supprimer toute dissidence en Europe. Il circule en ce moment un meme : une photo de Starmer avec la légende « Nous avons une liberté d’expression totale. Quiconque remet cela en question sera immédiatement arrêté». C’est à peu près l’état général des Européens aujourd’hui. Et puisque X n’est pas censuré par lui-même, ils essaient de supprimer ce domaine de liberté. Mais derrière Musk et son réseau se trouve le pouvoir des États-Unis d’Amérique, et Trump a maintenant ouvertement soutenu Musk. Hicks l’a soutenu, Vance aussi. Ils ont dit que censurer la liberté d’expression est sans précédent. En fait, c’est un casus belli, une raison de guerre, un conflit diplomatique et politique direct entre les États-Unis et l’Union européenne. Je pense que cette fois, c’est vraiment très sérieux. Bien sûr, on ne peut pas exclure que Trump se retire encore une fois de sa stratégie MAGA.
Pourtant, pour l’instant du moins, nous assistons à une nouvelle et puissante vague de retour à MAGA. Tout se déroule strictement selon le plan. L’Union européenne et les États-Unis — en particulier les États-Unis dans leur ensemble — avancent dans cette direction. Bien sûr, les démocrates, les libéraux et les mondialistes ont un point de vue totalement différent. Ils sont en état de panique, ressentent une véritable terreur. J’ai lu les commentaires de McFaul (photo), l’un des mondialistes et architectes de la politique sur la Russie et l’Ukraine: ce sont simplement des appels terroristes, extrémistes, pour renverser le gouvernement en Russie, pour un changement de régime, etc. Il est un ancien ambassadeur, démocrate, mondialiste — et il est tout simplement devenu hystérique: «ce qui se passe, au lieu de combattre la Russie et la Chine, nous sommes en guerre contre nos principaux alliés en Europe!». Il y a une panique totale — en Europe et chez les mondialistes américains.
C’est sur cette vague que nous surfons actuellement. Et nous pourrions nous réjouir de tout ce qui se passe, sans regard en arrière, s'il n'y avait pas un moment extrêmement problématique pour nous — le plan de paix pour l’Ukraine que Trump promeut. Il ne le fait pas par malveillance; il a simplement son propre agenda, sa propre vision du monde. Il a effectivement exclu la Russie de la liste des principaux ennemis et cibles des campagnes de haine. Nous ne sommes pas fondamentalement importants pour lui; il a d’autres priorités. Et c’est là une différence fondamentale avec l’Union européenne, qui, au contraire, se prépare ouvertement à la guerre contre nous. Il y a eu une vraie scission dans le camp de nos adversaires — et, disons, chez nos ennemis. Si nous avions les outils et la force suffisants pour participer activement à ce processus, je suis convaincu que l’effondrement de l’Union européenne, et la contribution à celui-ci, devraient devenir notre principale tâche étrangère en Europe. Parce que l’humiliation que nous avons subie de la part de l’Union européenne — pas du peuple européen, mais de cette construction euro-bruxelloise — est impossible à pardonner. Ils sont en guerre contre nous; ils financent, arment, soutiennent moralement et politiquement nos ennemis. Ils sont tout simplement l’ennemi. Nous devons appeler un chat un chat: l’Union européenne est un ennemi. A ce titre, elle doit être détruite.

Et nous voyons que les États-Unis aujourd’hui — en particulier la mouvance MAGA de Trump — ont effectivement commencé à la démanteler. Tout le monde s’est aussitôt écrié: regardez, ils sont avec Poutine ! Je pense qu’ils ont une meilleure opinion de nous que ce que nous sommes réellement. Si nous avions de telles opportunités — des représentants officieux dans toutes les capitales européennes, distribuant des biscuits, soutenant tous ceux qui sont prêts à détruire cette structure — nous pourrions établir d’excellentes relations avec une nouvelle Europe : une Europe des nations, une Europe des traditions, une véritable démocratie européenne, avec sa culture et ses intérêts. Il n’est pas certain qu’elle devienne immédiatement notre alliée automatique — j’en doute beaucoup — mais il faut détruire la pathologie que véhicule l’actuelle Union européenne. L’Union européenne, dans son état actuel, doit être détruite.
17:43 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre douguine, entretien, actualité, politique internationale, europe, russie, affaires européennes, mouvement maga, maga, états-unis, donald trump |
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mardi, 16 décembre 2025
États-Unis, Russie et Chine redessinent leurs zones d’influence. L’Europe est ignorée

États-Unis, Russie et Chine redessinent leurs zones d’influence. L’Europe est ignorée
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/usa-russia-e-cina-ridisegnano-l...
L’Europe, à juste titre, s’est préoccupée des pages consacrées au Vieux Continent dans le nouveau document de sécurité américain. Leur sécurité, non la nôtre. Et le mépris envers la classe dirigeante européenne y est apparu évident. Mais les obtus du Bruxelles des eurocrates et les laquais des différents gouvernements étaient trop occupés à se contempler le nombril, tout en pleurnichant, pour se rendre compte que le document de Trump traite aussi d’autres choses.
Ce qui devrait intéresser l’Italie, si elle avait encore une réelle politique étrangère.
Car, en fait, Trump a annoncé qu’il renonçait à un rôle stratégique en Afrique où, de toute façon, les États-Unis resteront pour garantir des affaires pour les entreprises américaines. Question d’argent, mais sans déclencher des guerres.
En même temps, de Moscou, arrivaient des signaux d’abandon du Moyen-Orient. Un choix obligé pour l'essentiel. Trop de chaos y règne, trop de protagonistes sont en lice, trop de favoritisme en faveur d’Israël. Qu’Erdogan se débrouille, qu’il gère la situation. Et avec lui, il y aura aussi des Chinois, des Indiens, des Saoudiens, des Émiratis.
Il vaut mieux s’occuper de l’Afrique, toujours en collaboration ou en concurrence avec les Chinois, les Turcs, les Indiens, les Saoudiens, les Émiratis. Sans Israël, il est même possible de conclure un accord.
Et qui manque? L’Europe, bien sûr. Parce que seuls les proches de notre Giorgia (Meloni) nationale croient encore à la mascarade du plan Mattei. Certes, les Africains prennent de l’argent qui, pour les contribuables italiens, représente beaucoup, mais par rapport aux investissements chinois et indiens, c’est une misère, et ils concèdent quelques affaires économiques. Mais la non pertinence des Européens est totale.
La non pertinence de l’Europe, la non pertinence de l’Italie. Tant dans les pays d’Afrique subsaharienne qu'en Afrique du Nord.
Non pertinents d’un point de vue économique, ce qui est compréhensible. Non pertinents aussi d’un point de vue culturel et, pour l’Italie, c’est encore plus grave.
11:51 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, états-unis, russie, chine, afrique, actualité, politique internationale |
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samedi, 13 décembre 2025
La logique cynique de la stratégie de sécurité des États-Unis – L'Europe paie la facture
La logique cynique de la stratégie de sécurité des États-Unis – L'Europe paie la facture
Markku Siira
Source: https://geopolarium.com/2025/12/09/yhdysvaltojen-turvalli...
La nouvelle stratégie nationale de sécurité des États-Unis (National Security Strategy, novembre 2025) ne modifie pas les grandes lignes de la politique étrangère et de sécurité, mais elle abandonne leur déguisement idéalisé et exprime les choses de manière exceptionnellement directe. La rhétorique précédente, qui prônait la diffusion mondiale de la démocratie et les interventions, a été remplacée par une politique réaliste froide, qui place la souveraineté, la puissance économique et les intérêts américains au centre.
Le message principal est simple: sous Trump, les États-Unis se concentrent principalement sur le renforcement de leur puissance, de leur économie et consolident leur contrôle sur les régions voisines, révélant ainsi une version moderne de la doctrine Monroe. L’ordre mondial ne sert Washington que dans la mesure où il soutient ces priorités internes. La stratégie décrit le monde comme un jeu de somme zéro, quoique compétitif, dans lequel les alliés ne sont utiles que s’ils prennent leur part — de préférence celle que les États-Unis eux-mêmes ont fixée.
La menace principale, et en même temps le défi, se trouve dans la région indo-pacifique. La Chine est clairement désignée comme le principal adversaire, dont la montée économique et militaire menace la position de leader mondial de l’Amérique. Selon la stratégie, la réponse n’est pas une confrontation militaire directe, mais une dissuasion systématique: strangulation technologique, restrictions à l’exportation, renforcement du réseau d’alliés et rapatriement des chaînes de valeur critiques.
Par ailleurs, la stratégie met en garde contre la propagation de l’influence chinoise en Amérique du Nord, en Afrique, et justifie un contrôle plus strict de l’Amérique sur son propre continent. La sécurité aux frontières, les cartels de drogue et l’ingérence étrangère sont considérés comme des questions fondamentales relevant de la sécurité nationale. Tout cela signifie un déplacement clair des ressources vers le Pacifique et vers l'arrière-cour des États-Unis, hors d’Europe et du Moyen-Orient.

L’Europe est traitée de manière ferme mais calculée. Le continent est décrit comme souffrant d’une démographie déclinante, d’une immigration incontrôlable, de divisions internes et de dépenses de défense chroniquement faibles. Le document insiste sur le fait que l’Europe doit désormais assumer la principale responsabilité de sa propre sécurité. Cela implique la réalisation de l’objectif de dépenses militaires de 5% du PIB d’ici 2035, ainsi que la prise en charge principale du financement et des garanties de sécurité pour la guerre en Ukraine.
Voici le cœur cynique de la stratégie: les États-Unis créent délibérément une atmosphère d’incertitude pour amener l’Europe à accepter ce fardeau économique historique. La menace de réduire le soutien de l’OTAN et de souligner la faiblesse européenne obligent les Européens à réduire leurs services publics pour financer un conflit qui sert la grande stratégie des États-Unis. Une contradiction flagrante renforce cette manipulation: les actions américaines, telles que le rapatriement des chaînes de valeur et la compétition énergétique, sape en même temps l’économie européenne, qui doit supporter ces énormes dépenses militaires.
Les États-Unis proposent donc à l’Europe une position encore plus subordonnée qu'auparavant dans le système d’alliances. L’objectif est de geler le conflit ukrainien et de clouer la Russie à la frontière, faisant de l’Europe une zone tampon géostratégique. Parallèlement, les Etats-Unis concentreront leurs ressources militaires et économiques principalement sur la Chine, laissant aux alliés une simple protection nucléaire formelle. Les coûts réels de la gestion du conflit et de la défense européenne sont transférés entièrement à Bruxelles, Berlin et Paris.
Le plus grand point faible de cette nouvelle stratégie est sa myopie et ses contradictions. L’Amérique de Trump veut se retirer du rôle de policier mondial, tout en conservant le droit de fixer les règles. Cette attitude de leadership sans responsabilité, cette vision transactionnelle des alliés et cette mentalité de somme zéro affaiblissent à long terme les réseaux d’alliances sur lesquels repose l’influence américaine. Si la coopération se réduit à un accord de partage des coûts, la loyauté s’évanouit. Une realpolitik trop froide peut se retourner contre elle: elle engendre rancune et éloignement stratégique, affaiblissant ainsi la position des États-Unis.
Les dirigeants et citoyens européens peuvent-ils voir au-delà de la rhétorique superficielle de l’administration Trump? Le but est que l’Europe supporte les coûts de cette mise en scène géopolitique contre la Russie, alors que Washington se concentre principalement sur son principal adversaire, la Chine. Si cela n’est pas compris et si cela n’est pas abordé politiquement, l’Europe pourrait se réveiller dans les années 2030 dans une situation où elle aurait sacrifié son économie, son avenir et ses réserves énergétiques à un conflit qui n’a jamais été dans ses intérêts. À ce moment-là, ceux qui paieront la facture constateront que le mantra « America First » signifiait en réalité « Europe Last ».
12:14 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, états-unis, otan, atlantisme |
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vendredi, 12 décembre 2025
Une “Nouvelle” Doctrine de Sécurité Nationale des États-Unis

Une “Nouvelle” Doctrine de Sécurité Nationale des États-Unis
Raphael Machado
Source: https://www.facebook.com/profile.php?id=100069794930562
Début décembre 2025, la Maison Blanche a publié une nouvelle « Stratégie de Sécurité Nationale », un document dans lequel le gouvernement américain présente ses orientations concernant la sécurité nationale. Dans d’autres contextes, nous avons déjà souligné que la conception américaine de la « sécurité nationale » est unique au monde, étant la seule à englober des événements et des situations qui se déroulent à des milliers de kilomètres de distance.
En général, les conceptions de la sécurité nationale concernent essentiellement les potentiels internes et les risques représentés par l’environnement de chaque pays, incluant au maximum l’accès aux ressources importées considérées comme vitales pour l’économie et la défense.
Traditionnellement, ce n’est pas ainsi que la « sécurité nationale » des États-Unis se définit. Celle-ci est vue comme ayant une portée planétaire, de sorte que des événements dans les recoins de l’Afrique, de l’Asie du Sud-Est ou de l’Asie centrale ont toujours pu être réinterprétés comme affectant la « sécurité nationale » des États-Unis – du moins depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à récemment.
Cette nouvelle doctrine de sécurité nationale apporte une différence significative: l’ampleur de la sécurité nationale des États-Unis est «réduite» à l'«hémisphère occidental», en particulier aux Amériques — même si certains intérêts sont maintenus dans des régions du monde où il y a des ressources stratégiques.

Bonne nouvelle pour la majorité du reste du monde, mauvaise nouvelle pour les pays ibéro-américains.
Ici, on pourrait dire que le document fait une allusion indirecte ou métaphorique à la Doctrine Monroe. Non. Le document a la vertu d’annoncer honnêtement et ouvertement la reprise de la Doctrine Monroe, avec l’ajout d’un corollaire de Trump. Si la version originale de la Doctrine Monroe était principalement dirigée contre la présence espagnole dans les Amériques, et dans une moindre mesure contre la présence d’autres pays européens, sa mise à jour est clairement orientée contre les alliances et investissements russo-chinois dans la région.
Le document admet l’impossibilité de forcer la rupture de toutes ces connexions, en particulier dans le cas de pays qui ont déjà établi des relations profondes et sont hostiles aux États-Unis, mais Washington pense qu’il est possible de convaincre tous les autres pays des Amériques que les accords avec ces partenaires, même s’ils sont moins coûteux, impliqueraient des «coûts cachés» tels que l’espionnage, la dette, etc.
Le problème avec ce genre de narration est que beaucoup de pays de la région sont conscients que les «coûts cachés», lors de relations avec les États-Unis, sont, au mieux, les mêmes. Les scandales d’«écoutes» dirigées contre des cabinets présidentiels ibéro-américains restent encore frais dans la mémoire régionale, tout comme l’historique d’endettement des pays de la région avec le FMI, majoritairement dominé et influencé par les États-Unis.
Il est maintenant clair que les États-Unis utiliseront un ensemble de narrations à la légitimité douteuse pour faire pression en faveur d’une «contribution» à la «lutte contre le narcoterrorisme», par exemple, mais leur véritable objectif sera de garantir l’alignement géopolitique et la reconnaissance de l’hégémonie hémisphérique des États-Unis.
Tout cela n’est pas une nouveauté, puisque dans de nombreux autres articles précédents, j’ai déjà abordé ce sujet.
Dans un article de novembre 2024, où je commente l’initiative Belt & Road en Amérique du Sud, je notais ce qui suit:
« La Doctrine Monroe, qui a fêté ses 200 ans en 2023, était cette directive idéologique qui poussait les États-Unis à éloigner l’Europe de l’Amérique ibérique, afin d’être la seule grande puissance à monopoliser et exercer une influence sur la région. Mais aujourd’hui, la “menace” ressentie par Washington ne provient pas forcément de Paris, Berlin ou Madrid, ou même de Londres, mais de Moscou et Pékin.
C’est autant en raison du renforcement des relations russo-chinoises sur le continent qu’en raison de l’affaiblissement de l’hégémonie unipolaire des États-Unis — plus ressentie en Eurasie, au Moyen-Orient et en Afrique — que les États-Unis entendent se déployer dans une nouvelle impulsion à la Monroe en Amérique centrale et du Sud. Il s’agit d’essayer d’expulser l’«influence» russo-chinoise tout en s’assurant que la seule puissance américaine sera les États-Unis eux-mêmes — pas de puissances extraterritoriales, ni l’ascension d’un quelconque pays américain en tant que puissance. »
En réalité, cela était déjà évident avant le début du nouveau mandat de Donald Trump. Celui-ci, notamment à travers ce document de la Stratégie de Sécurité Nationale, se contente d’expliciter ce qui était implicite depuis 10 ans, puisque depuis le mandat de Barack Obama, on peut identifier une reprise d’un intérêt plus attentif de Washington à l’égard de l’Amérique ibérique. C’est à partir du gouvernement Obama que se multiplient rapidement les cas d’ingérence des États-Unis dans la région (alors que, en contrepartie, le gouvernement Bush se caractérisait par sa focalisation sur le Moyen-Orient et l’expansion rapide de l’OTAN).



Maintenant, j’ai mentionné plus tôt dans ce texte que tout cela était une «bonne nouvelle pour le reste du monde», même si ce ne l’était pas pour les pays ibéro-américains. «Bonne nouvelle», car le texte de la Maison Blanche indique une reconnaissance de l’inévitabilité de la multipolarité. La nouvelle doctrine américaine critique le caractère géographiquement illimité et indéterminé des intérêts extérieurs dits «stratégiques» des États-Unis. Elle met en évidence un gaspillage de ressources et un manque de concentration, qui ne feraient que nuire à l’atteinte d’objectifs réalistes pour Washington.
En ce sens, implicitement, même si les États-Unis insistent sur une prétention à «aider l’Europe», à «garantir l’accès au pétrole au Moyen-Orient» et à stabiliser la «question taïwanaise», ils reconnaissent, au moins de façon liminaire, l’existence de « zones d’influence » d’autres puissances — mais pas dans les Amériques.
Une répartition du monde selon des lignes multipolaires — un nouveau Yalta — dirigée par les États-Unis ne représenterait qu’une multipolarité incomplète — plus une «tripolarité» sino-russe-américaine qu’autre chose. Le texte est explicite en situant les Amériques dans leur globalité comme subordonnées aux États-Unis, l’Europe comme un «partenaire junior» de fiabilité douteuse, le Moyen-Orient décentralisé au maximum pour le bénéfice d’Israël, et l’Afrique subsaharienne comme un espace de compétition pour les investissements.
Il ne s’agit pas seulement de la Chine et de la Russie en Amérique ibérique, mais aussi d’une interdiction de l’émergence d’une puissance rivale des États-Unis «au sud du Río Grande». D’où aussi l’insistance à garantir l’alignement du Brésil, principal candidat ibéro-américain à devenir un pôle géopolitique autonome.
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mercredi, 10 décembre 2025
Nouvelle stratégie de sécurité américaine – le message clé pour l’Europe

Nouvelle stratégie de sécurité américaine – le message clé pour l’Europe
Elena Fritz
Source: https://t.me/global_affairs_byelena
Les États-Unis ont réécrit leur cadre stratégique. Le point le plus important, pour nous en Europe, est :
- Les États-Unis quittent l’ère atlantique et orientent toute leur structure vers l’Indo-Pacifique.
- L’Europe n’est plus le centre stratégique, mais une zone périphérique administrée.
Ce que cela implique pour nous:
L’Europe n’est plus dirigée, mais simplement stabilisée.
Washington considère le continent comme affaibli sur le plan civilisationnel et comme une source potentielle d’instabilité future – non comme un partenaire géostratégique.
La Russie est acceptée comme un pôle de pouvoir nécessaire.
Les États-Unis recherchent une stabilité stratégique, pas de changement de régime ni une nouvelle extension de l’OTAN vers l’Est.
Une guerre longue en Ukraine va à l’encontre de la nouvelle stratégie américaine.
L’OTAN perd son caractère expansionniste.
Les États-Unis déclarent pour la première fois ouvertement: l’Europe doit assurer sa propre défense, l’alliance ne peut pas continuer à s’élargir indéfiniment.
L’Indo-Pacifique devient le nouveau centre de la politique mondiale.

Washington déplace ses ressources militaires, industrielles et diplomatiques vers l’Asie.
L’Europe tombe dans la catégorie des “espaces de stabilité secondaires”.
America First 2.0 signifie un retrait des engagements impériaux
Les États-Unis ne seront plus un acteur de l’ordre mondial. Les partenaires deviennent des responsables – ou des régions aux intérêts limités.
L’Europe devient un simple objet sur l'échiquier géopolitique.
Les États-Unis annoncent qu’ils influenceront activement le développement intérieur de l’Europe, en soutenant les forces qui, selon eux Américains, permettent une “renaissance civilisationnelle”.
Le cœur stratégique pour l’Allemagne:
L’Allemagne a été pendant 80 ans politiquement et sécuritairement intégrée dans un cadre américain. Ce cadre s’effondre actuellement en raison d’un changement de priorités.
- Sans leadership américain et sans cohérence stratégique européenne, un vide de pouvoir apparaît, que ni Bruxelles ni Berlin ne peuvent combler.
- La question n’est plus “Comment associer les États-Unis à l’Europe ?”, mais : “Quelle identité géopolitique l’Allemagne a-t-elle encore sans les États-Unis?”
En résumé :
- Les États-Unis se tournent vers l’Asie.
- La Russie devient un pôle de coexistence.
- L’Europe reste à l’arrière – comme un espace à maintenir stable, mais non plus façonné.
Pour l’Allemagne, commence une période de redéfinition stratégique existentielle.
#géopolitique@global_affairs_byelena
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lundi, 08 décembre 2025
Trump veut-il vraiment en finir avec la guerre en Ukraine?

Trump veut-il vraiment en finir avec la guerre en Ukraine?
Pierre-Emile Blairon
« Ils ne parlent de « paix » que parce que les lignes ukrainiennes s'effondrent et qu'ils ont besoin de temps et d'espace pour réajuster leur quête de suprématie mondiale, qui dure depuis des décennies, et plus particulièrement leur encerclement et leur endiguement de la Russie et de la Chine. »
Brian Berletic
Psychologie de Trump : un esprit « mercuriel » influencé par le « biblisme »
Il s'agit avant tout de comprendre la psychologie de l’homme occidental contemporain, perturbé, décadent, inconstant et inconsistant, dont Donald Trump constitue un bel échantillon.
Trump, derrière ses emportements souvent agressifs à l’encontre de la planète entière, ses moqueries, ses pirouettes grotesques et ses lourdes blagues est mu par un unique but, il a sa « ligne bleue des Vosges » (on a la ligne qu’on peut, d’autres chefs d’Etat, notamment européens, préfèrent les lignes de coke), son obsession: c’est la suprématie du dollar, qui est pour lui beaucoup plus qu'un simple bout de papier avec lequel "on peut faire des affaires"! C'est, pour le locataire de la Maison blanche, même plus qu'un symbole: c’est sa raison de vivre.

C’est aussi l’horizon et le destin de la plupart des Américains depuis leur rupture avec l'Europe lorsque, le 21 décembre 1620, débarquent du Mayflower, à Cap Cod, 102 colons biblistes, tout imprégnés de l'histoire fantasmée d'Israël, qu’ils assimilent à leur seconde patrie, si ce n’est la première, puisque la première n’existe plus.
Ces Puritains fanatiques fondent la colonie de Plymouth, première ville du Massachusetts; rejetés par leur pays d’origine, l’Angleterre; ils vont prendre leur revanche sur l’Europe tout entière en fondant «le Nouveau Monde», qui est leur «Terre promise», calquée sur celle des Juifs (1). Ils vont donc se donner une philosophie issue de cette croyance et créer un «American Way of Life » qui va se résumer dans une formule en trois mots: Bible and Business.

Un éminent conseiller de la présidence américaine, qui a présenté quotidiennement les rapports de la CIA pendant 27 ans aux différents présidents des Etats-Unis alors en exercice, Ray Mac Govern, reçu dans son émission par le professeur Glenn Diesen (2), définit le caractère de Trump comme de type «mercuriel», «c’est le mot qui décrit Trump», dit-il, «Mercure était le patron des escrocs, des voleurs, des tricheurs (3). […] Trump a un tempérament changeant, délirant, narcissique.»
En clair, Trump présente, comme presque tous les dirigeants occidentaux, des troubles du comportement dont la gravité reste à déterminer, si tant est qu’un président des Etats-Unis soit soumis régulièrement, ou plutôt, règlementairement, à un contrôle médical et à la rédaction d’un bulletin de santé. Et encore faut-il que ce contrôle soit effectué dans des conditions qui ne permettent pas de tricher. Cette remarque est valable pour tous les présidents occidentaux en exercice.
L’agression des Etats-Unis et des otano-ukrainiens n’a toujours visé qu’à affaiblir la Russie, et la Chine par ricochet
Depuis l’offensive des Otano-ukrainiens en 2014 contre les populations russophones du Donbass (15.000 morts dont plus de la moitié étaient des civils), les «Européens» n’ont de cesse de falsifier l’histoire.
Luc Ferry, ministre de l’Education nationale de 2002 à 2004, interrogé sur LCI par une «journaliste» agressive et de mauvaise foi, a rétabli magistralement en quelques minutes les vérités concernant l’Ukraine; l’intervention de Luc Ferry nous permet de résumer la situation et les véritables sources du conflit (4).

Brian Berletic (photo) est un ancien Marine américain, auteur, expert en relations internationales et animateur de The New Atlas; selon cet analyste, il apparaît évident que l’Occident (les Américains, la CIA, l'Otan, et leurs satellites: l'Union européenne, l'Israël sioniste, le Mossad), ne veut pas la paix en Ukraine, il cherche juste à faire durer cette guerre le plus longtemps possible afin d’affaiblir par attrition, par usure, les forces russes comme ce fut le cas avec les accords de Minsk sabotés par Boris Johnson, par Hollande, par Merkel.
Le but final de l’Occident est de créer des conflits sur l’ensemble de la planète afin de conserver le leadership économique mondial ainsi que la prédominance du dollar. La Russie et la Chine sont les principaux ennemis de l’Occident global, suivis par les Etats réunis au sein des BRICS.
Les exemples où les Etats-Unis ont agressé des nations souveraines en invoquant des motifs qui relèvent du mensonge d’Etat sont nombreux: Irak, Syrie, Libye, Serbie… Plus récemment l’Iran (5).
Trump n’a fait, sur ce point, que suivre la doctrine américaine mise en place depuis des décennies, qui consiste à entretenir partout et tout le temps des conflits afin, d’une part, de faire travailler le complexe militaro-industriel, d’autre part de contrôler en permanence, et de punir éventuellement, les Etats qui tenteraient d’échapper à l’hégémonie américaine.

Il suffit par exemple, d’évoquer ce qui s'est passé avec le prétendu "cessez-le-feu" de Gaza qui n'a pas été respecté plus de 24 heures par les sionistes; Trump a même osé féliciter Netoyonthou, pardon, Netanyahou d’avoir fait du bon boulot (6) en rasant Gaza et en massacrant des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers (nous le découvrirons plus tard) d'enfants, de femmes, de vieillards en toute impunité… et ça continue.
Trump ne changera pas, il a dans son ADN la poursuite du rêve d'hégémonie américaine sur la planète et n'acceptera jamais de voir les Etats-Unis d’Amérique relégués derrière les BRICS.
Trump suit exactement son modèle biblique: c’est le rêve sioniste (7) étendu à l’échelle de la planète: finalement, le « peuple élu », ce n’est pas l’Israël sioniste, ce sont les Américains du «Nouveau Monde»!
L’article que Brian Berletic a publié en fin de semaine dernière, le 21 ou 22 novembre 2025, est riche en informations; en voici un extrait: «L'objectif premier de Washington est en fin de compte de contenir la Chine, ce qui nécessite de coopter ou d'affaiblir la Russie pour avoir une chance d'y parvenir - c'est pourquoi il n'acceptera jamais une paix et une stabilité réelles pour la Russie - il se contentera d'offrir l'illusion de la paix pour obtenir un cessez-le-feu, gagner le temps nécessaire pour sauver et réinitialiser ses mandataires ukrainiens, et continuer comme il l'a fait à plusieurs reprises dans le passé (voir : Minsk 1 & Minsk 2 pour plus d'informations).
Les jeux dans lesquels les États-Unis et leurs mandataires totalement sous leur coupe, y compris l'Ukraine et l'Union européenne, font semblant d'être en désaccord sur l'accord, ou même le faux théâtre gauche/droite qui se joue au sein de la politique américaine, offrent simplement aux États-Unis de multiples options pour se sortir de tout accord que la Russie serait assez stupide pour accepter».
Que pensent les Ukrainiens de la proposition de plan de paix établi par l’administration Trump ?
C’est le président de la Verkhovna Rada (le parlement unicaméral d’Ukraine), Rouslan Stefanchuk, probablement «influencé» par Zelensky et les chefs d’Etat européens, qui a été chargé d'annoncer les « lignes rouges » ukrainiennes à ne pas franchir dans les négociations basées sur le plan Trump et ses 28 propositions:
- Aucune reconnaissance juridique de «l'occupation russe» des territoires ukrainiens.
- Aucune restriction sur les forces de défense ukrainiennes.
- Aucun veto sur le droit de l'Ukraine à choisir ses futures alliances.
- Rien sur l'Ukraine sans l'Ukraine, rien sur l'Europe sans l'Europe.
- L'Ukraine n'abandonnera jamais sa langue, sa foi et son identité nationale.
Il est bien évident que la Russie n’acceptera jamais de travailler sur ces revendications, dont certaines sont carrément loufoques, et les autres de purs slogans n’ayant aucun lien avec la réalité ni même avec l’histoire du pays.

La députée ukrainienne Julia Mendel (photo), également journaliste et actrice, ancienne attachée de presse de Zelensky, a répondu, le 22 novembre 2025, à Stefanchuk et à ce qui apparaît comme un refus préalable de toute négociation; l’intervention de Julia Mendel démolit la propagande frénétique de nos médias conformistes qui prétendent que la Russie «est à bout de souffle», car elle révèle la réalité brute, c’est-à-dire l’ampleur du désastre auquel se trouve confrontée l’Ukraine, mais aussi tous les gouvernements, essentiellement européens, qui ont soutenu l’agression otano-kiévienne contre les populations de Donbass (15.000 morts):
«En quoi cela diffère-t-il de l'ordre donné par l'ancien Premier ministre britannique Boris Johnson ?
«Nous ne signerons rien avec eux, nous continuons simplement à nous battre»? Cela n'est pas clair?
Chaque accord ultérieur avec l’Ukraine ne fera qu’empirer les choses car nous sommes en train de perdre, nous perdons des hommes, du territoire, et notre économie.
L’U.E. qui, soit dit en passant, a versé à la Russie plus de 311 milliards d’euros d’énergie et de biens depuis février 2022, n’a pas de véritable stratégie, aucun moyen de cesser d’alimenter le budget russe ou de soutenir suffisamment l’Ukraine pour qu’elle gagne, aucun dialogue direct avec Moscou et aucun levier significatif sur le Kremlin ou Washington.
L’argument selon lequel la Russie a «gagné si peu de territoire» paraît presque puéril au regard du coût humain. Nous avons perdu plus d’êtres humains en trois ans que certaines nations européennes n’en ont perdu au total. Mon pays est en train de se vider de son sang.
Nombreux sont ceux qui s’opposent systématiquement à toute proposition de paix, persuadés de défendre l’Ukraine en toute honnêteté. C’est la preuve la plus flagrante qu’ils ignorent tout de la situation réelle sur le terrain et à l'intérieur du pays. La guerre n’est pas un film hollywoodien !
Je n’abandonnerai jamais les valeurs que Dieu et la démocratie placent au fondement même de l’existence humaine; la vie humaine est le bien suprême et ce sont les êtres humains - des êtres vivants- qu’il faut sauver».
N’a-t-on jamais vu, dans l’histoire de la guerre, un pays vainqueur sommé d’accepter les conditions du vaincu ?
Je suis bien obligé de répondre à cette question que je me suis moi-même posée (que les mânes de Clausewitz et Sun-Tzu me pardonnent !): oui. Et par deux fois.
- Oui, parce que c’est exactement ce qui s’est passé avec les troupes françaises qui avaient eu raison de la subversion islamiste en Algérie et qui ont été contraintes de capituler.
Je l’affirme et j’ai la légitimité de l’affirmer parce que j’en ai été témoin et victime: les soldats français qui avaient battu le FLN (les rebelles islamistes) à plate couture en Algérie ont été dépossédés de leur victoire par le général De Gaulle, par leur propre gouvernement, les Français étant obligés de signer les infamants «accords d’Evian» qui, bien sûr, n’ont jamais été respectés par «l’Algérie» dans les rares articles du traité où cette dernière pouvait y voir des effets contraignants.
- Oui, une deuxième fois, et nous revenons à notre époque précisément, car c’est l’Europe d’après-guerre, celle qui est censée avoir gagné la deuxième guerre mondiale qui se retrouve actuellement dirigée par des psychopathes, ce qu’on appelle «l’Europe de Bruxelles», psychopathes qui sont les héritiers d’anciens dignitaires nationaux-socialistes qui, financés par de grandes entreprises américaines lors de la prise du pouvoir d’Hitler, ont été mis en place à la tête des nouvelles structures européennes par les Américains à la fin de la guerre, lors de la création de l’Otan et du Conseil de l’Europe en 1949, de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier en 1951, des Traités de Rome en 1957 (Communauté économique européenne), du Parlement européen en 1958 (8)… Les Ukrainiens qui ont tué de 14.000 à 15.000 habitants du Donbass en 2014 parce qu’ils étaient russophones (ce qui a déclenché l’intervention russe afin d’arrêter le massacre), sont les héritiers du mouvement banderiste, la Légion ukrainienne, fondée par Stepan Bandera qui collaborait avec l’Allemagne nationale-socialiste, les banderistes actuels combattants dans l’armée ukrainienne contre la Russie, l’Ukraine actuelle étant dirigée… par un juif, Volodymyr Zelensky.
Dans cette configuration peu banale, c’est la Russie qui a gagné la guerre contre les Otano-Ukrainiens et c’est l’Occident qui l’a perdue, l’Occident global tel que je l’ai défini plus haut, constitué de plusieurs entités.
Le chef de file occidental étant l’Amérique du Nord, il est bien évident que les Etats-Unis d’Amérique ne reconnaîtront jamais leur défaite (comme dans toutes les guerres qu’ils ont systématiquement perdues), le scénario le plus probable étant que l’administration Trump se défausse sur l’un ou plusieurs de ses satellites ou alliés.

Emmanuel Leroy l’écrit justement: «Il ne s’agissait pas d’une guerre entre l’Ukraine et la Russie, mais du préambule de la guerre entre la Russie et l’OTAN, dans laquelle cette dernière a montré ses limites et, au final, sera contrainte de reconnaître sa défaite. Tout l’art de la diplomatie russe sera de faire avaler cette couleuvre à l’Occident sans trop l’humilier, sachant bien évidemment que tant que ce dernier n’aura pas été vaincu, nous en serons quittes pour attendre la prochaine guerre qui enflammera alors toute l’Europe ou ce qui en restera».

L’analyste Karine Bechet-Golovko (photo), docteur en droit, professeur invité à l’Université d’Etat de Moscou, présidente de l’association franco-russe de juristes Comitas Gentium France-Russie, a, sur la chaîne RT, clairement appuyé là où ça fait mal: «Trump a donné à Zelensky jusqu’au 27 novembre, c’est-à-dire jusqu’à la fête de Thanksgiving, pour accepter son plan de paix. D’un côté, il menace pour la énième fois de peut-être suspendre l’aide militaire à l’Ukraine (qui en réalité n’a jamais été suspendue), d’un autre côté, il affirme ne pas avoir l’intention de lever les sanctions adoptées contre les entreprises russes Lukoil et Rosneft.
De son côté, Vance renforce le discours trumpien visant à faire de la guerre sur le front ukrainien un conflit strictement délimité entre la Russie et l’Ukraine, permettant ainsi de dédouaner les États-Unis, les pays européens, l’Union européenne et évidemment l’OTAN. Il parle bien d’un ʺplan de paix ukraino-russeʺ, qui est censé mettre définitivement fin à la guerre entre ces deux pays – comme si réellement il s’agissait d’une guerre entre deux pays (alors que l’Ukraine, comme État, n’existe plus) et non pas d’une guerre en Ukraine conduite par les élites globalistes.
De son côté, la Russie se dit toujours prête à négocier la paix, sans exclure de continuer à avancer militairement en cas d’échec. Le président russe souligne à ce sujet plusieurs éléments importants.
Tout d’abord, que le régime de Kiev est illégitime, au minimum parce que le mandat de Zelensky a formellement expiré. Ce qui pose la première question: avec qui signer, si jamais il y a quelque chose à signer? D’où la seconde question: quelle serait alors la valeur de la signature de Zelensky? Or, Trump insiste pour que l’accord soit signé strictement entre l’Ukraine et la Russie».
Je ne donnerai qu’un exemple puisé dans la proposition de l’administration Trump d’un plan de paix en 28 points, un point qui me paraît particulièrement aberrant, défiant toute l’histoire des relations internationales en cas de conflit: le groupe belge Euroclear, institution financière, se considérant comme «le notaire du monde financier», détient 183 milliards d’euros appartenant à la Russie; ces fonds sont bloqués momentanément jusqu’à la fin du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Les «Européens» voudraient utiliser ces fonds à la poursuite de la guerre contre la Russie, alors que les Etats-Unis les consacreraient à la reconstruction de l’Ukraine (par des entreprises américaines, bien sûr).
Il va sans dire que ni les Américains ni les Européens ne sont en droit de s’approprier ces biens qui restent la propriété intégrale de la Russie, il s’agirait purement et simplement d’un vol qui serait condamné par toutes les instances internationales, raison pour laquelle Euroclear refuse obstinément de les mettre à disposition des uns et des autres car cette société reste responsable de leur utilisation, respectant les règles internationales établies dans ce cadre.
Que va-t-il se passer ?
Pour conclure, pouvons-nous envisager deux aspects de la situation future?
- La Russie continuera son avancée, vraisemblablement jusqu’à récupérer Odessa, ce n’était pas son intention première qui, à l’origine, consistait en une « opération spéciale » visant à protéger les russophones du Donbass et à stopper la folie meurtrière des Otano-Ukrainiens sur d’innocents civils qui n’avaient pour seul tort de ne savoir parler que le russe; mais, en attendant que ses interlocuteurs veuillent bien formuler des propositions raisonnables sur la fin d’une guerre qu’elle a déjà gagnée, l’armée russe continuera à avancer et à se réapproprier les territoires de l’ancienne «Rus de Kiev», ce qui serait la moindre des compensations après avoir subi une telle agression des globalistes.
- Quant à l’Amérique, son intérêt consistant à maintenir l’état de guerre permanent sur l’ensemble de la planète, on ne voit pas pourquoi elle appuierait toute avancée en faveur de la paix. Elle se contentera vraisemblablement de se désintéresser de cette partie du monde. D’autres guerres l’attendent, comme l’invasion du Venezuela, par exemple.
Notes :
- (1) Voir mon article du 6 avril 2025 : L’Europe est morte ! Vive l’Europe !
- (2) Le dilemme de Zelensky : paix bancale ou défaite totale ? https://www.youtube.com/watch?v=EMtpZi4FMrQ
- (3) Nous ne serons pas étonnés d’apprendre que Mercure, ou Hermès chez les Grecs, est aussi le dieu du commerce et des voyages, que ses attributs sont une bourse (!) qu’il tient à la main, et des sandales ailées.
- (4) Arrêtez de mentir : Poutine n’est pas l’ennemi, c’est l’Ukraine l'agresseur. Tension sur LCI : https://www.youtube.com/watch?v=QhD_qOhosXI
- (5) Brian Berletic : Les mensonges de Trump et sa guerre contre l’Iran : https://www.youtube.com/watch?v=fPiaGJaOOhI
- (6) Oui, tout comme Fabius congratulant les islamistes du Front Al-Nosra :« Laurent Fabius s'est montré en pointe dans le dossier syrien, au côté de la rébellion à qui la France a livré des armes, et il est visé pour plusieurs déclarations publiques. Le chef de la diplomatie avait ainsi estimé, en août 2012, que "Bachar el-Assad ne mériterait pas d'être sur terre" et, en décembre 2012, que "le Front al-Nosra fait du bon boulot", alors même que cette organisation djihadiste syrienne venait d'être classée terroriste par les États-Unis. » (Le Figaro du 10 décembre 2014)
- (7) Conquérir et détruire tous les pays du Moyen-Orient autour d’Israël pour créer en lieu et place « le Grand Israël ».
- (8) Voir notre article du 13 août 2025 : Nos dirigeants européens sont-ils des créatures façonnées par les derniers nazis survivants ?
13:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, politique internationale, russie, ukraine, otan, états-unis, donald trump, donbass |
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dimanche, 07 décembre 2025
Zizanie en MAGA

Zizanie en MAGA
par Georges Feltin-Tracol
La chronique hebdomadaire n°164 du 9 juillet 2025 s’intitulait « MAGA contre lui-même » (cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2025/07/14/maga-contre-lui-meme.html ). Elle évoquait déjà les premières fissures au sein de ce mouvement composite. Plus de cinq mois après, force est de constater que le trumpisme poursuit sa fragmentation au point que certaines fractures deviennent béantes.
Trois facteurs principaux accentuent ces profondes divergences à l’intérieur de cette galaxie: la politique étrangère, en particulier la «relation spéciale» des États-Unis d’Amérique avec l’État d’Israël, le coût de la vie courante et l’affaire Jeffrey Epstein.
Jusqu’à présent, Donald Trump est l’un des rares présidents étatsuniens à n’avoir pas ordonné l’invasion d’un autre État. Pas sûr que perdure cette exception ! Le bombardement des sites nucléaires iraniens en juin 2025 en soutien aux actes terroristes du gouvernement israélien a irrité la faction isolationniste de MAGA qui s’oppose au courant néo-conservateur belliciste renaissant. Le déploiement d’une flotte de guerre en mer des Caraïbes au large du Vénézuéla largement ruiné par les sanctions agressives de Washington, fait craindre un risque élevé d’intervention militaire et un changement extérieur des institutions bolivariennes. Le prétexte de cette possible agression reste futile: Caracas serait à la tête des narco-cartels d’Amérique du Sud.

Si Donald Trump fait couler des embarcations supposées contenir des paquets de drogue, il devrait se souvenir que, dans les années 1980, afin de financer la lutte contre les guérillas communistes et les gouvernements pro-soviétiques de Cuba et du Nicaragua, la CIA avait obtenu l’autorisation de Ronald Reagan et de son vice-président, l’ancien directeur de Langley, George Bush père, de recourir au trafic de drogue. Les agents de la CIA avaient ainsi conclu un pacte officieux avec le crime colombien. Si Trump veut bombarder des narco-États, qu’il fasse donc tirer des missiles sur Little Rock, la capitale de l’Arkansas !
L’appui inconditionnel de la Maison Blanche à Israël agace de plus en plus des ténors de MAGA tels Candace Owens ou Tucker Carlson, voire Charlie Kirk, quelques jours avant son assassinat. Ces figures très écoutées de la mouvance s’élèvent contre les persécutions des Palestiniens - dont les derniers chrétiens ! - par des colons fanatiques et/ou des soldats de Tsahal. Une césure essentielle apparaît par conséquent entre les chrétiens évangéliques sionistes et les nationalistes chrétiens qui découvrent enfin le poids écrasant des réseaux d’influence pro-israéliens dans le « marigot » de Washington. Ce n’est pas tout !
Outre un don de 25 milliards d’euros à l’Argentine du cinglé libertarien Javier Milei, la politique douanière radicale imposée par le 47e président des États-Unis alimente l’inflation. Des trumpistes apprennent que le protectionnisme n’est possible que si le pays dispose d’une auto-suffisance maximale dans tous les domaines. Ouverts au monde entier, les États-Unis dépendent néanmoins des autres continents. Seule une politique d’intervention régalienne dans l’économie lancée une décennie auparavant au moins aurait pu atténuer le choc de la hausse des prix. Par ailleurs, le shutdown (la fermeture partielle des services administratifs fédéraux pour cause de budget non adopté) de 44 jours (30 septembre – 13 novembre 2025) a durement atteint le quotidien des Étatsuniens sans oublier la réforme pernicieuse de l’assurance sanitaire fédérale (Medicare) qui frappe les plus démunis et les classes moyennes.

Or, pendant cette crise politico-budgétaire, Donald Trump a célébré Halloween à Mar-a-Lago en Floride en organisant une somptueuse fiesta sur le thème de Gatsby le Magnifique en référence au roman de Francis Scott Fitzgerald. Les images et vidéos de cette fastueuse soirée ont agacé maints trumpistes convaincus qui savent que le niveau de vie reste la préoccupation n°1 de leurs compatriotes.
Les élections du 4 novembre 2025 marquent une vraie poussée démocrate (victoires de Zohran Mamdani à la mairie de New-York, d’Abigail Spanberger et de Mikie Sherrill au fonction de gouverneur en Virginie et au New Jersey par exemple). Ces succès confirment leur inquiétude pour le scrutin de mi-mandat en novembre 2026. Trump fait pourtant la sourde oreille et vire de son entourage tout rabat-joie.
La publication ou non du dossier Epstein est le dernier élément qui aiguise les tensions internes de MAGA. Il est curieux que le système médiatique s’y intéresse alors qu’il ne mentionnait cette affaire sordide qu’avec parcimonie sous Joe Biden… Rappelons aussi que ce même système a toujours qualifié de « complotiste » le «Pizzagate».

Résidant à New-York, Jeffrey Epstein rencontrait tout le gratin de la «Grosse Pomme». Entrepreneur immobilier très couru, Donald Trump ne pouvait que le côtoyer aux réunions mondaines. Il paraît évident que les participants à ces raouts savaient (ou se doutaient) que leur hôte appréciât les très jeunes femmes au nom de la liberté sexuelle post-soixante-huitarde! Trump en a-t-il profité? Pour l’instant, aucune victime ne l’accuse, au contraire d’Elon Musk qui, dans un tweet ravageur, exprima sa rupture politique et personnelle avec Trump.
Quatre représentants républicains sont en pointe dans la dénonciation de ce scandale. Ils se dressent donc contre leur idole: le libertarien Thomas Massie, du Kentucky; Nancy Mace, élue de Caroline du Sud; Lauren Boebert (Colorado) et Marjorie Taylor Greene (Géorgie).

Plus trumpiste que Trump lui-même, Marjorie Taylor Greene (photo) accumule contre elle tant de griefs que Trump l’accuse maintenant de traîtrise et de folie. Elle fait preuve d’un courage exceptionnel en se heurtant à la majorité MAGA. Elle s’élève contre les frappes sur l’Iran; elle apporte son soutien à la motion du sénateur indépendant – apparenté démocrate - du Vermont, Bernie Sanders, qui dénonce la famine à Gaza; elle parle de « génocide » à propos de la destruction de Gaza; elle exige la publication complète du dossier judiciaire sur Epstein. Enfin, elle prévient à plusieurs reprises depuis des mois que l’inflation et l’illisibilité de la politique économique trumpiste favorisent l’appauvrissement des classes moyennes qui risquent de basculer vers les démocrates. Les fortes vérités de Marjorie Taylor Greene lui valent la qualification d’«hérétique»…



Lauren Boebert, Nancy Mace et Thomas Massie.
Marjorie Taylor Greene, Lauren Boebert, Nancy Mace et Thomas Massie rejoindront-ils le parti de l’Amérique d’Elon Musk ? Peut-être pas, car ce quatuor incarne l’aile populaire de MAGA. Il semble ne pas adhérer aux «Lumières sombres» qui prévoient des PDG–rois. Or les États ne sont pas des entreprises en plus grand. Cet éclatement en devenir fondera-t-il un nouveau clivage politique intérieur étatsunien dont on trouve un pan similaire chez les démocrates avec Alexandria Ocasio-Cortez, Zohran Mamdani et Bernie Sanders, celui de la «cause du peuple»? Cette cause trouve en tout cas une résonance soudaine avec la brusque popularité médiatique de Nick Fuentes.

Une scission brutale dans le cœur de MAGA s’opère en effet le 28 octobre 2025. Ce jour-là, Tucker Carlson invite Nick Fuentes (photo) à son émission retransmise sur Internet et vue plus de six millions de fois. Âgé de 27 ans, Nicholas Joseph Fuentes pratique une radicalité nationaliste blanche et chrétienne que Le Monde, phare hexagonal de la désinformation, du 21 novembre 2025 stigmatise sans aucune retenue. Bien qu’invité à Mar-a-Lago par Trump en novembre 2022 aux côtés de Kenye West, Nick Fuentes se disputait souvent avec Charlie Kirk. Le récent succès médiatique de Fuentes préoccupe les conservateurs, éternels guerriers en peau de lapin. On voit ainsi se coaliser contre lui Dave Robin, un ancien comédien progressiste devenu animateur libertarien, l’intellectuel post-libéral converti à l’orthodoxie et exilé à Budapest, Rod Dreher, et l’agitée du bocal MAGA, Laura Loomer, qui explique sur X que le parti républicain «a un problème nazi». Elle se souvient qu’après l’avoir soutenu, elle a rompu quand Fuentes l’a qualifiée d’«espionne israélienne». Ambiance…
Toutes ces dissensions internes facilitent la zizanie actuelle. Elles pourraient aussi bien se révéler destructrices, à moins qu’elles propulsent MAGA à l’hégémonie culturelle.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 177, mise en ligne le 4 décembre 2025 sur Radio Méridien Zéro.
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mercredi, 26 novembre 2025
Crise dans les Caraïbes: pourquoi les Européens seront également touchés

Crise dans les Caraïbes: pourquoi les Européens seront également touchés
Paul Weber
Source: https://report24.news/krise-in-der-karibik-warum-auch-die...
Dans les Caraïbes, un nouveau foyer de conflit se développe. Les États-Unis renforcent leur présence militaire au large des côtes du Venezuela – officiellement pour lutter contre les cartels de drogue, mais officieusement, l’accent semble être mis sur les réserves stratégiques de pétrole. Des parallèles avec des interventions américaines antérieures s’imposent. Parallèlement, les tensions politiques internes au Venezuela s’aggravent et les mouvements migratoires vers le nord s’intensifient : les impacts pourraient bientôt affecter également l’Europe.
Contribution de Paul Weber:
Nous avons déjà écrit sur l’hypocrisie de l’administration américaine concernant la résolution du conflit en Ukraine. Il faut cependant reconnaître que ce scénario est typique et que les politiciens américains l’utilisent à plusieurs reprises pour atteindre leurs objectifs politiques. Il s’agit principalement d’accéder à de nouvelles sources de financement ou de créer des possibilités pour davantage de lobbying en faveur d’intérêts personnels.
La guerre en Irak en est un exemple vivant. Sous prétexte de « libération » de la population, les États-Unis ont instauré le concept de stabilité dans la région. La diplomatie américaine – alors représentée par Colin Powell – visait à assurer l’accès aux champs pétrolifères et à renforcer leur influence au Moyen-Orient. En réalité, ces actions hostiles ont été justifiées par ces mêmes raisons et largement soutenues par les médias.
Des médias américains comme CNN, Fox News ou le New York Times ont activement défendu l’invasion américaine en Irak. La journaliste Judith Miller affirmait que des armes de destruction massive étaient présentes dans le pays arabe. Vingt ans plus tard, l’invasion de la Russie en Ukraine est beaucoup moins négativement évaluée. Tous les arguments avancés pour justifier le début du conflit ont été à l’époque peu pris au sérieux. La politique étrangère des États-Unis a-t-elle vraiment changé ? En regard de la situation actuelle dans les Caraïbes, on peut en douter.
Est-ce vraiment une question de cartels de drogue ?
Les exercices navals des forces américaines à Trinité-et-Tobago, ainsi que les manœuvres militaires au Panama, créent actuellement une situation tendue dans la région. Le déploiement de navires de guerre américains près de la côte du Venezuela constitue la plus grande opération navale des dix dernières années. Officiellement, les cartels de drogue sont considérés comme l’objectif principal de la politique américaine.
Pourquoi le ministère de la Défense américain, sous la houlette de Hegseth, ne planifie-t-il pas une offensive contre la Colombie? Après tout, le trafic de drogue y génère d’énormes profits et la criminalité y est légendaire dans le monde entier. Peut-être y a-t-il aussi des intérêts personnels de lobbyistes américains...

La plate-forme offshore située à la frontière maritime entre le Venezuela et la Guyana est en réalité l’objectif principal des opérations hybrides américaines en cours. Il s’agit du plus grand et du plus riche gisement mondial. L’accès à ce pétrole offre des avantages économiques et renforce l’hégémonie régionale des États-Unis. Est-il vraiment impossible de renoncer à la violence comme moyen?
Par ailleurs, la lauréate du prix Nobel de la paix, María Corina Machado, en tant que principale opposante du régime de Maduro, se voit honorée avec des distinctions internationales. D’un côté, les médias américains lui reprochent de contrôler le trafic de drogue. De l’autre, elle se dit prête à tout faire pour la paix en tant que politicienne. Les discours populistes et les déclarations contre Maduro ont naturellement leur effet. En outre, le rapatriement de réfugiés aux États-Unis vers le Venezuela confirme le changement dans les flux migratoires.
L’Europe reste intéressée par des conditions favorables à la résolution du conflit en Ukraine, tandis qu’une nouvelle crise se développe dans les Caraïbes. Bien sûr, l’Europe offrira un nouveau foyer aux citoyens du Venezuela. Le multiculturalisme européen deviendra ainsi encore plus diversifié.
Pouvons-nous, Européens, influencer la situation dans d’autres parties du monde ? Même si ces régions semblent éloignées, nous risquons de vivre une nouvelle vague de crises migratoires et économiques, auxquelles l’Europe pourrait être confrontée de manière directe.
17:54 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, caraïbes, venezuela, amérique latine, amérique ibérique, amérique du sud, états-unis |
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lundi, 24 novembre 2025
L'Europe contre Washington: deux plans de paix, une alliance divisée

L'Europe contre Washington: deux plans de paix, une alliance divisée
Elena Fritz
Source: https://t.me/global_affairs_byelena
Le fait que l'UE élabore désormais sa propre proposition pour un éventuel règlement en Ukraine en dit plus long sur l'état de l'Occident que sur une quelconque avancée diplomatique. Selon le Wall Street Journal, de nombreux dirigeants européens sont mécontents du plan de Washington. Un contre-projet est désormais en cours d'élaboration à Bruxelles, non pas par nécessité de marquer ses propres « priorités » tant que la ligne stratégique des États-Unis reste floue.
Kiev fait preuve d'une retenue notable.
L'Ukraine ne s'est pas encore ralliée au projet européen. Le fait qu'un État dépendant jongle entre deux propositions occidentales montre avant tout le manque d'unité de la politique occidentale. La cohésion transatlantique, tant vantée, existe avant tout comme un discours politique.
Politico parle d'un « très mauvais plan ».
Certains fonctionnaires de l'UE critiquent la proposition de Trump, la qualifiant de « très mauvaise » et présentant certains points comme « favorables à Poutine ». Ce type d'argumentation fait partie depuis des années du répertoire de base des fonctionnaires européens, surtout lorsqu'ils veulent marquer leur distance avec Washington sans avoir à aborder la question de leur propre dépendance.
Moscou n'a pas été informée. Le Kremlin déclare n'avoir reçu aucune indication de la part de Zelensky quant à sa volonté de négocier le plan américain.
Cela souligne le fait que le débat diplomatique actuel se déroule principalement au sein de l'Occident.
Classification analytique
Les États-Unis poursuivent un plan qui sert avant tout les intérêts américains : limitation des coûts, arrêt des dommages géopolitiques, priorisation en année électorale.
L'UE lutte pour donner l'impression d'être capable d'agir, mais reste structurellement dans l'ombre de Washington.
L'Ukraine exploite tactiquement les conflits au sein de l'Occident et évite de s'engager clairement tant que l'on ne sait pas quel projet l'emportera.
Le problème central demeure :
Il n'y a pas « l'Occident », mais une communauté d'intérêts informelle dont les membres poursuivent des objectifs stratégiques de plus en plus divergents. Les plans de paix parallèles rendent ces différences visibles, plus clairement que n'importe quelle déclaration émise lors d'un sommet.
Conclusion :
Il ne s'agit pas d'une avancée diplomatique, mais d'une lutte de pouvoir entre Washington et Bruxelles. La question de savoir si l'un des deux projets servira un jour de base à de véritables négociations ne se décidera pas dans les salles de conférence européennes...
Telegram: #geopolitik@global_affairs_byelena
17:07 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, états-unis, ukraine, affaires européennes, politique internationale |
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Comment les États-Unis drainent la richesse de l’Europe

Comment les États-Unis drainent la richesse de l’Europe
par Enrico Grazzini
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31721-enri...
Trump ment : l’Europe n’aspire pas aux ressources de l’Amérique. C’est en fait le contraire. Les données sur la balance des paiements le prouvent.
Le président américain Trump affirme que l’Europe pompe de l’argent à l’Amérique et que les relations économiques entre les États-Unis et l’Europe sont fortement déséquilibrées au détriment des États-Unis, mais cela est faux. La balance commerciale entre l’Europe et les États-Unis est déficitaire pour l’Amérique, mais les comptes courants — qui comprennent la balance commerciale (échanges de biens et de services), le solde des revenus (du capital et du travail) et les transferts unilatéraux — sont équilibrés, et sur le plan financier, les États-Unis aspirent du capital en provenance de l’Europe. Il faut souligner que, lorsqu’on parle de flux internationaux de fonds, ce qui compte réellement n’est pas la balance commerciale de biens et services, mais le solde global des comptes courants, qui, lui, est équilibré.
Les États-Unis ont un fort déficit commercial avec la Chine, d’environ 295 milliards de dollars (données 2024). Le déficit commercial (biens et services) avec l’Europe est beaucoup plus faible, de 57 milliards d’euros. Selon la BCE, en 2024, les pays de la zone euro ont enregistré un excédent commercial de biens par rapport aux États-Unis de 213 milliards d’euros. Par ailleurs, les pays de la zone euro affichent un déficit dans les échanges de services (services numériques, divertissement, services financiers et de conseil, etc.), presque aussi important: dans ce cas, les États-Unis ont un excédent de 156 milliards, toujours en 2024. Les États-Unis enregistrent aussi un fort excédent de 52 milliards dans les transferts de revenus, grâce aux intérêts et dividendes perçus sur les capitaux investis en Europe.

Au final, en prenant en compte les autres postes d’échange, il apparaît qu’en 2024, l’excédent de la balance des comptes courants de la zone euro vis-à-vis des États-Unis n’est que de 3 milliards d’euros, après avoir été en déficit de 30 milliards en 2023 (0,2 % du PIB européen) : en 2023, ce sont donc les États-Unis qui étaient en fort excédent. Dans l’ensemble, les échanges entre l’Europe et les États-Unis sont donc équilibrés et ne peuvent susciter aucune inquiétude pour les Américains, malgré les fausses lamentations de Trump. Le problème, c’est qu’il est prévu que ces échanges deviendront rapidement déséquilibrés, cette fois en faveur de l’Amérique.
En effet, le surplus européen sur les marchandises augmente, mais lentement : il a augmenté de 68 % par rapport aux 127 milliards d’euros de surplus en 2015. Le surplus américain sur les services augmente lui beaucoup plus rapidement : le surplus américain de 156 milliards en 2024 a été multiplié par près de 7,5 par rapport aux 21 milliards de 2015. La BCE souligne qu’à partir de 2019, à l’exception de 2024, les comptes courants de l’UE sont déficitaires vis-à-vis des États-Unis « en raison des activités des multinationales américaines dans la zone euro ». C’est-à-dire que des sociétés comme Amazon, Apple, Microsoft, Netflix et Google, ainsi que des banques et sociétés financières comme JP Morgan et BlackRock, ont accru leur surplus américain grâce à l’écoulement de leurs profits vers les États-Unis.
D’après ces données, il en ressort que, si aucune évolution significative ne se produit par rapport aux tendances actuelles, la balance entre l’Europe et les États-Unis — tant pour les échanges commerciaux que pour les comptes courants — deviendra bientôt déficitaire pour le vieux continent. Ainsi, les États-Unis continueront à extraire encore plus de ressources de l’Europe.
14:42 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, affaires européennes, états-unis, balance commerciale |
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samedi, 22 novembre 2025
MAGA et la Croix en une époque de fausse paix - Pas de trêve, pas d’illusions, seulement du momentum

MAGA et la Croix en une époque de fausse paix
Pas de trêve, pas d’illusions, seulement du momentum
Alexandre Douguine
Alexandre Douguine nous avertit que les différends mis en scène par l’Occident masquent une tentative coordonnée d’arrêter l’avance de la Russie, alors qu’un nouvelle voie vers un ordre civilisationnel commence à émerger.
Une certaine partie de la société américaine, réveillée par MAGA, cherche désespérément une véritable sortie hors de la situation actuelle. L’orthodoxie est la voie la plus élevée possible parce qu’elle est la vérité et la véritable forme du christianisme. C’est la véritable Révolution Conservatrice, plutôt qu’une série de simulacres. La conversion et le chemin spirituel du père Seraphim (Rose), un adepte de René Guénon, sont la vraie voie pour l’Amérique. D’ailleurs, ses disciples—anciens punks et révolutionnaires—ont depuis longtemps créé aux États-Unis le mouvement remarquable qu'est "Death to the World", lequel promeut l’ascétisme orthodoxe. Ce n’est qu’à travers la Croix que nous serons sauvés, disent-ils. Seulement par le Christ. Seulement par l’Église orthodoxe russe. Le chemin le plus direct et fiable. C’est le christianisme. Tout le reste est contrefait.


Il y a l’opinion que l’Occident monte actuellement une mise en scène pour nous. Le but est d’arrêter notre avancée par tous les moyens et de figer la Ligne de Contact. À cette fin, ils simulent des différences entre les positions de Trump d’une part, et de Zelensky et de l’UE d’autre part. Pourtant, en réalité, ces deux camps sont également effrayés par nos succès et veulent les stopper immédiatement.
Trump est incapable de négocier, déjà à un niveau purement physiologique. Ce n’est plus du MAGA. MAGA est plutôt en opposition avec lui désormais. MAGA soutiendrait un cessez-le-feu en Ukraine, mais ne peut influencer Trump de quelque manière que ce soit s’il change encore une fois de position sous l’influence des néoconservateurs. En matière de "grande géopolitique", MAGA n’est pas encore ni puissance ni acteur. C'est dommage, mais c’est ainsi.
Les plans de trêve dans lesquels l’UE ne participerait apparemment pas—mais en réalité oui—contenaient de nombreuses dispositions radicalement inacceptables pour nous. Essentiellement, ils tentent de sauver le régime nazi de Kiev et d’acheter du temps pour une remise à zéro, y compris pour leur remilitarisation.
Pour nous, il serait plus sage de ne pas engager de négociations pour l’instant. Une autre fois. Il y a plus qu’assez de raisons pour cela.
Pour la première fois depuis longtemps, nous avons obtenu de vrais succès. Les défenses de l’ennemi ont vacillé, son économie commence à chanceler, et psychologiquement, nous sommes au seuil d’un tournant majeur.
Les illusions sont dangereuses : croire que Trump a repris ses esprits et a expulsé l’UE et Kiev. Rien de tout cela. C’est une réaction calculée et cynique face à nos succès: qui ne sont pas encore décisifs, mais déjà importants.
Regardez, en 2014, l’Ukraine n’avait rien. Nous avons alors offert à l’ennemi—avec l’arrêt du printemps russe—les huit années dont il avait besoin. Nous voyons comment nous-mêmes nous sommes préparés (du moins militairement), et nous voyons comment ils se sont aussi préparés.
Aujourd’hui, nous sommes dans une situation similaire: nous avons l’avantage, une supériorité claire, et encore une fois, l’ennemi tente de nous séduire avec la “paix”. Une paix américaine, une Pax Americana. Ce dont nous avons besoin, c’est de la Russie éternelle, qui commence tout juste à prendre forme, même si c’est seulement à feu doux.
Pour une raison quelconque, nos réseaux d’information mettent en avant les aspects soi-disant attrayants de l’accord, tout en dissimulant les principaux aspects qui, eux, sont totalement inacceptables. Nous voyons certains fuites délibérées, même en Occident. C’est une guerre de l’information: l’ennemi ne nous dira jamais la vérité. Tout ce qu’il fait vise à tromper, à nous déséquilibrer.
Nous devons libérer toute l’Ukraine et sécuriser notre position à Kiev. Personne ne nous propose cela, et personne ne le fera jamais. Rien qui se rapproche d’un tel résultat n’est à la table des négociations. Et sans cela, la Russie éternelle ne peut exister. Et si la Russie éternelle n’existe pas, alors il n’y aura pas de monde du tout.
Même Israël, petit Etat mais féroce, annonce quelque chose de similaire, prêt à déclarer la guerre à Rome—qu’il s’agisse de l’UE ou des États-Unis. Nous sommes la Grande et Bonne Russie. Et le monde sera à nous. Du moins, notre monde.
Trump a commencé à faire des gestes en direction d’un rapprochement avec MAGA, bien qu’il ait tout fait auparavant pour cracher grossièrement sur ses propres supporters. On dit qu’il a été convaincu de le faire par Susie Wiles, sa principale stratège en relations publiques, qui dirige maintenant l’administration de cette maison de fous qu'est devenue la Maison Blanche. Contrairement à son image d'homme rude, Trump ressemble à un vieillard ré-infantilisé, dépourvu de toute stratégie. Chacune de ses déclarations et actions successives contredisent les précédentes.
Ce qui est absolument certain, c’est qu’on ne peut rien négocier sérieusement avec lui.
16:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre douguine, actualité, états-unis, donald trump, ukraine, europe, affaires européennes |
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“L’Amérique ne mourra pas pour vous : merci, au revoir” - Europe 2025 : toujours hystérique, mais désormais sans nounou

“L’Amérique ne mourra pas pour vous: merci, au revoir”
Europe 2025 : toujours hystérique, mais désormais sans nounou
Par @BPartisans (Telegram)
Il y a eu un petit moment de flottement à Berlin, le genre de silence gêné qu’on entend quand quelqu’un dit tout haut une vérité que tout le monde tente d’étouffer sous des powerpoints. Matthew Whitaker, émissaire spécial de Trump auprès de l’OTAN, a lâché la phrase qui tue — littéralement :
« Dans 15 ans, peut-être même avant, l'Europe annoncera peut-être qu'elle est prête à assumer le leadership réel que les États-Unis ont exercé au cours des 76 dernières années. »
Traduction simultanée :
“On ne viendra plus mourir pour vos frontières. Bon courage, bisous.”
À côté, le général allemand Wolfgang Wien a avoué être « quelque peu surpris ». Surpris ? Depuis vingt ans, Washington répète que les Européens “doivent faire plus”. Ils ont même inventé une définition nouvelle du mot plus : payer votre défense au lieu de squatter la nôtre.
Les Européens, eux, continuent de jouer au Monopoly stratégique avec des billets en papier recyclé. On parle d’une Union européenne qui peine à aligner deux brigades réellement opérationnelles, mais qui veut “contrer la Russie”, “protéger l’ordre international”, et — cerise sur le désastre — “assurer la sécurité mondiale”.
Et voilà que Whitaker propose de confier le commandement suprême de l’OTAN en Europe à l’Allemagne.
L’Allemagne.
Le pays où l’armée doit parfois acheter ses pièces détachées sur eBay.
Le plus drôle, c’est que ce poste n’a JAMAIS été européen depuis 1949. Pourquoi ? L’OTAN l’explique elle-même : le commandant doit pouvoir contrôler les forces armées et l’arsenal nucléaire américain, ce qui nécessite une liaison directe avec le président des États-Unis.
Et maintenant Washington dit : “Tiens, prends-le, fais-toi plaisir. Le bouton rouge n’est plus compris dans le package.”
Derrière l’emballage diplomatique, le message claque comme une porte : les Américains ne mourront pas pour Berlin, Paris ou Varsovie. Ils ne vont pas échanger un soldat du Kansas contre un district de Brandenburg ou une banlieue de Gdańsk.
Ils ont d’autres priorités : la Chine, leurs élections, et leur dette publique qui enfle comme un projet de budget européen.
Soudain, les grandes envolées européennes sur “la défense de nos valeurs” prennent une couleur étrange — un peu jaunâtre, comme un fromage oublié. D’autant que les mêmes capitales passent leur temps à proclamer l’imminence d’une guerre :
“La Russie va attaquer dans 3 ans !”
Ou deux.
Ou demain matin.
On ne sait plus. L’important, c’est de paniquer.
Mais voici le twist final : si guerre il y a, l’Europe devra la faire seule.
Avec quoi ?
Des budgets encore théoriques, des arsenaux à moitié vides, des usines en grève et des gouvernements qui annoncent des “réarmements” comme on annonce des régimes détox : beaucoup de promesses, très peu de résultats.
L’Amérique, elle, a tranché.
Vous vouliez l’autonomie stratégique ?
Elle est dans le couloir, emballée dans du carton, estampillée : “À monter soi-même. Sans assistance.”
Bonne chance, Europe.
Ne perdez pas la notice.
@BPARTISANS
15:19 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, affaires européennes, états-unis, otan, défense |
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mercredi, 19 novembre 2025
„Southern Spear“ – Le retour discret de l’Amérique dans sa propre arrière-cour

„Southern Spear“ – Le retour discret de l’Amérique dans sa propre arrière-cour
Elena Fritz
Source: https://t.me/global_affairs_byelena
Les États-Unis ont annoncé une nouvelle opération militaire: „Southern Spear“. Officiellement, il s’agit de neutraliser des „narco-terroristes“. En réalité, il s’agit de quelque chose de bien plus fondamental: le contrôle par l’Amérique de son environnement.
Le ministre de la Défense Pete Hegseth ne parlait pas comme quelqu’un qui remet un sujet longtemps négligé sur la table. Et c’est exactement ce qui se passe.
Pourquoi les États-Unis s’occupent-ils à nouveau de l’Amérique du Sud ?
Pendant de nombreuses années, les États-Unis ont concentré leur attention sur d’autres régions du monde: Balkans, Irak, Afghanistan, puis Ukraine et Chine. Entre-temps, ils ont presque perdu de vue l’Amérique du Sud. Cela a créé une situation que Washington considère maintenant comme risquée:
- Les pays partenaires se tournent vers de nouveaux acteurs.
- La Russie et la Chine ont étendu leur influence ces dernières années.
- Le Venezuela entretient des liens militaires étroits avec Moscou.
- L’Amérique se rend compte qu’elle ne domine plus seule dans son arrière-cour.

Le Venezuela est le point central – pas à cause du pétrole, mais à cause de la géopolitique
Désormais, les États-Unis voient le Venezuela non plus uniquement comme une question pétrolière, mais comme un problème stratégique:
- La Russie pourrait déployer des systèmes militaires au Venezuela.
- La Chine investit déjà dans le secteur de l’énergie et des infrastructures.
- La zone des Caraïbes est géographiquement extrêmement sensible pour les États-Unis.
L’idée que des missiles russes de portée moyenne pourraient se trouver à 150 km de la Floride suffit à faire sonner l’alarme à Washington – même si cette installation d’armes n’est pas encore décidée.
Il s’agit donc de possibilités, pas de faits. En géopolitique, la simple possibilité suffit souvent.
Que veulent atteindre les États-Unis avec cette opération ?
„Southern Spear“ n’est pas une opération anti-drogue ordinaire.
Elle sert trois objectifs :
1) Montrer leur présence – pour signaler aux États comme le Venezuela: „Nous sommes de retour. Cette région appartient à notre zone de sécurité.“
2) Maintenir à distance les rivaux – surtout la Russie.
3) Construire un filet de sécurité dans l’hémisphère occidental, similaire à la ceinture de l’OTAN en Europe de l’Est.
Cela réactive une ancienne doctrine américaine: la doctrine Monroe soit "pas de puissance étrangère dans la sphère américaine".
Pourquoi la situation est-elle compliquée pour Washington ?
Une attaque militaire contre le Venezuela serait possible – mais politiquement risquée:
- La population américaine est lasse de la guerre.
- L’Europe ne veut pas d’un nouveau foyer de conflit.
- Les États-Unis sont déjà fortement liés par l’Ukraine, le Moyen-Orient et l’Asie.
Une longue guerre ne serait donc pas soutenable. C’est pourquoi les États-Unis tentent de combiner pression politique et présence militaire – sans risquer une grande guerre.
Comment la Russie pourrait-elle réagir ?
La Russie laisse entendre que si les États-Unis stationnent des missiles à la frontière russe, Moscou pourrait renforcer le Venezuela en retour.
Ce serait une réponse symétrique: Tomahawks à la frontière russe - > Kalibr dans la zone des Caraïbes.
Cette logique n’est pas un modèle de provocation, mais fait partie de la mécanique géopolitique fondamentale.
Les deux côtés se renvoient la balle – et c'est ainsi depuis des décennies.
Conclusion: „Southern Spear“ marque un tournant
L’opération n’est pas un détail régional.
Elle indique que:
- les États-Unis veulent reprendre le contrôle de leur „hemisphere oublié“,
- la Russie voit la région autour du Venezuela comme un levier stratégique,
- la zone des Caraïbes est de nouveau chargée sur le plan géopolitique – comme lors de la Guerre froide.
Le message principal :
Les grandes puissances se rapprochent de nouveau de leurs zones d’influence classiques.
Et là où ces zones se touchent, de nouvelles lignes de conflit apparaissent.
18:48 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, venezuela, caraïbes, doctrine de monroe, états-unis, amérique latine, amérique du sud, amérique ibérique |
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dimanche, 16 novembre 2025
Huey Pierce Long: un gars à découvrir

Huey Pierce Long: un gars à découvrir
par Georges Feltin-Tracol
À 35 ans, Zohran Mamdani, né en Ouganda d’une famille originaire d’Inde et naturalisé citoyen des États-Unis en 2018, deviendra au 1er janvier 2026 le plus jeune maire de New York et le premier musulman chiite à administrer la « Grosse Pomme ». Ce militant démocrate adhère au courant des socialistes démocrates auquel appartient aussi l’actuelle représentante fédérale de New York, Alexandria Ocasio-Cortez. Mamdani a mené une campagne progressiste et populiste, ce qui, dans le contexte étatsunien, n’est pas contradictoire.
On oublie en effet qu’avant l’irruption de Donald Trump sur la scène politique, les États-Unis constituaient un foyer régulier et fécond de populisme. Lors de l’élection présidentielle de 1912, l’ancien président républicain, Theodore Roosevelt, se présente sous la bannière du parti progressiste, propose une politique populiste et concurrence le président républicain sortant William Taft. Cette division favorise le lamentable candidat démocrate Woodrow Wilson.
Auparavant, à la fin du XIXe siècle, dans les États de l’Ouest, les candidats du People’s Party secouent le monopole des républicains. Ils défendent le bimétallisme or – argent, inscrivent dans les constitutions locales le caractère secret du vote, l’élection directe des sénateurs fédéraux et la révocation des élus locaux. Certains suggèrent même un impôt progressif sur le revenu et la limitation du temps de travail dans l’industrie. Longtemps perçu comme le porte-parole de la défunte Confédération sudiste, le parti démocrate peut parfois adopter dans le contexte spécifique à chaque État fédéré une réelle tonalité populiste. C’est le cas de la Louisiane pendant l’Entre-deux-guerres.
En 1928 accède à la fonction de gouverneur de cet État Huey Pierce Long. Né le 30 août 1893 à Winnfield dans le Nord de l’État, il montre très tôt de grandes dispositions pour la politique. En octobre 1918, il entame sa carrière publique en remportant le mandat de commissaire aux chemins de fer de Louisiane. Candidat dès 1924 au poste de gouverneur, il n’arrive que troisième à la primaire démocrate avec cependant près de 31% des voix. Ce n’est que quatre ans plus tard qu’il réalise son rêve. Dès la primaire, il recueille plus de 44% des suffrages…
Très vite, le nouveau gouverneur, fort ambitieux, reçoit le surnom de « Kingfish » (« Gros poisson ») plutôt que celui de « Parrain ». La Nouvelle-Orléans est en effet le berceau de la mafia italo-américaine. Il est inévitable que le « Kingfish » discute avec les patrons de la pègre. Ses adversaires, aussi bien chez les démocrates que chez les républicains, dénoncent son clientélisme et sa corruption. Ils s’offusquent par ailleurs de la construction d’un nouveau Capitole, le plus haut des États-Unis ! Dans un ouvrage qui vient de paraître, On a tué Huey Long ! (Éditions 10/18, 2025, 256 p., 8,30 €), Jean-Marie Pottier évoque ces turpitudes. Il mentionne par exemple la « boîte à déduction », un système ingénieux de collecte occulte de fonds qui repose sur « un coffre où il [Huey Long] entreposait les dons en liquide versés par ses partisans ou par des entreprises voulant s’implanter en Louisiane, ainsi que des déductions mensuelles de cinq à dix pour cent prélevées sur les salaires des employés recrutés par son administration ».
Élu sénateur fédéral de la Louisiane à Washington, Huey Long tergiverse et reste gouverneur avant d’accepter en 1932 son nouveau mandat. Son successeur est un fidèle qu’il a choisi, car il continue à gouverner l’État indirectement. Il ne cache plus non plus son intention de briguer la présidence des États-Unis. Or, le 9 septembre 1935, dans l’enceinte du Capitole de Bâton-Rouge, capitale de la Louisiane, le docteur Carl Austin Weiss tire sur Huey Long qui décède deux jours plus tard. Ses gardes du corps ripostent et abattent de plusieurs dizaines de balles le meurtrier.
Quel est le motif de Weiss ? Il refuse que son beau-père, Benjamin Pavy, juge local anti-Long, ne soit pas réélu au prochain renouvellement en raison d’un redécoupage partial de sa circonscription. Toutefois, les anti-Long propagent aussitôt que l’homme fort de la Louisiane aurait surtout été tué par les tirs de ses propres protecteurs.
Journaliste à Sciences humaines et à Society, Jean-Marie Pottier enquête sur les circonstances de cet assassinat qui stupéfia l’opinion publique outre-Atlantique. Il souligne qu’en 1991 – 1992, la police relance l’enquête. Elle exhume le corps de Carl Weiss et étudie la trajectoire des balles. Sa conclusion confirme la seule et pleine responsabilité de Weiss. En revanche, ses motivations réelles restent obscures.
Pour Jean-Marie Pottier, Huey Long « est l’homme qui a sorti la Louisiane de la boue à coup de milliers de kilomètres de routes et qui lui a offert ponts, hôpitaux, asiles psychiatriques et livres scolaires gratuits ». L’auteur ajoute que le futur sénateur assassiné « est l’homme qui a fait plier les “ Bourbons ”, la vieille aristocratie qui maintenait la Louisiane sous son joug depuis plus d’un demi-siècle, mais a plié aussi la démocratie et ses garde-fous à sa brutalité ».

Fort de ses succès en Louisiane, Huey Long développe ses ambitions nationales. Il vise la fonction suprême pour 1936 ou, plus sérieusement, 1940. Il écrit l’année de son assassinat un essai intitulé Mes premiers jours à la Maison Blanche. Réputé pour sa fibre sociale et sa franche hostilité aux banques, il lance le 23 février 1934 Share Our Wealth (« Partageons notre richesse »). Il se rapproche dès lors du père Charles Coughlin. Ce prêtre catholique conspue les méfaits du capitalisme et du communisme à la radio à l’occasion d’une émission hebdomadaire très écoutée en ces temps de « Grande Dépression » issue du Krach de 1929. Huey Long critique de plus en plus ouvertement le New Deal de Franklin Delano Roosevelt qu’il juge bien trop bureaucratique. Il rejette enfin les expériences communistes et fascistes en cours en Europe.

L’héritage de Huey Long marque durablement la Louisiane. Son épouse, Rose McConnell, le remplace au Sénat de 1936 à 1937. Leur fils, Russell, est sénateur fédéral entre 1948 et 1987. Le frère aîné de Long, George, en est le représentant fédéral de 1953 à 1958. Leur frère cadet, Earl (photo), est gouverneur de la Louisiane à trois reprises (1939 – 1940, 1948 – 1952, 1956 - 1960). Quatre cousins éloignés, y compris l’épouse de l’un d’eux, sont des élus locaux ou nationaux jusqu’au début des années 2020. Les Long forment ainsi une autre dynastie bien moins connue que celle des Kennedy ou des Bush.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 174, mise en ligne le 13 novembre 2025 sur Radio Méridien Zéro.
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samedi, 15 novembre 2025
Etats-Unis, sanctions et choc de réalité: que reste-t-il du levier de pression majeur?

Etats-Unis, sanctions et choc de réalité: que reste-t-il du levier de pression majeur?
Elena Fritz
Source: https://t.me/global_affairs_byelena
Washington envoie à tous un signal remarquable:
Les principaux responsables politiques américains reconnaissent désormais ouvertement que le levier des sanctions contre la Russie a pratiquement épuisé toutes ses possibilités. Les plus grandes entreprises énergétiques ont déjà été ciblées, tout comme le secteur financier, la haute technologie, la logistique — tout l’arsenal a été utilisé. De nouvelles options? Quasiment plus disponibles.
Attente vs Réalité
En 2022, la conviction dominante en Occident était que l’économie russe s’effondrerait « en peu de temps » sous la pression de l'embargo. Trois ans plus tard, le tableau est différent :
- Production industrielle : stabilisée, voire renforcée dans certains secteurs;
- Exportations de pétrole et de gaz : redirigées, sans s’effondrer;

- Flux commerciaux : réorientation vers l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique;
- Architecture financière : structures parallèles, nouveaux couloirs de règlement;
- Même les économistes russes admettent désormais que cette résilience n’était pas anticipée.
Le cœur géopolitique :
Si le principal levier de pression de l’Occident ne fonctionne plus — quel scénario reste réaliste pour mettre fin à la guerre ?
Quelques réflexions :
Décision militaire ?
Peu probable : les deux côtés disposent de réserves stratégiques, de zones tabou politiques et de barrières à l’escalade.
Épuisement économique de la Russie ?
La prévision s’est révélée fausse. La Russie a mis son économie en mode guerre — avec une demande mondiale en énergie et matières premières en soutien.
Pression politique sur Moscou ?
Jusqu’ici, cela échoue face à des partenariats alternatifs (Chine, Inde, États du Golfe, Afrique).
Gel du conflit ?
Le scénario le plus probable — mais politiquement non résolu, géopolitiquement risqué.
Conclusion stratégique :
Nous sommes à un tournant. Si les sanctions ont atteint leur point culminant et que la voie militaire est bloquée, la question centrale est :
Quelle sortie politique, réaliste, applicable et acceptable pour les deux parties ?
À ce jour, aucune réponse n’existe — ni à Bruxelles ni à Washington.
Conclusion générale :
La politique de sanctions atteint ses limites structurelles. Le conflit lui-même, en revanche, ne les a pas encore trouvées.
20:16 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, union européenne, russie, sanctions, politique internationale, géopolitique |
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vendredi, 14 novembre 2025
La guerre en Ukraine menace la doctrine Monroe - De la crise des missiles cubains à la crise des drogues vénézuéliennes

La guerre en Ukraine menace la doctrine Monroe
De la crise des missiles cubains à la crise des drogues vénézuéliennes
Adrian Severin
Source: https://www.estica.ro/article/razboiul-din-ucraina-amenin...
Récemment, un petit bateau de pêche, naviguant sous pavillon vénézuélien dans la région des Caraïbes, a été coulé par les forces armées américaines, au motif qu'il aurait été impliqué dans le trafic de drogue.
L'embarcation se trouvait loin des eaux territoriales américaines. Personne ne l'avait inspectée au préalable. Il n'existe aucune preuve de son implication dans le trafic de substances interdites. L'action consistant à le couler ne s'est pas basée sur un mandat émis par une institution nationale ou internationale neutre, compétente dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.

Les autorités américaines, qui ont pour objectif officiel la lutte contre les narcotrafiquants, ont elles-mêmes confirmé que le Venezuela, contrairement au Mexique et à la Colombie, n'est pas dans leur collimateur. La position géographique et le régime politique du Venezuela ne placent pas ce pays sur la carte des États qui soutiennent ou tolèrent la production et/ou le commerce de drogues, comme le font le Mexique et la Colombie.
Alors, de quoi s'agissait-il ? Pour les États-Unis, cette démonstration de force avait deux objectifs.
D'une part, elle voulait réaffirmer son statut, en principe, d'unique gendarme de l'hémisphère occidental, prêt à intervenir militairement contre quiconque trouble ou remet en question son ordre.
D'autre part, l'administration Trump cherchait un prétexte pour lancer une « opération militaire spéciale » (pour reprendre la formule si décriée du Kremlin concernant l'intervention en Ukraine) contre le Venezuela, sous prétexte qu'il serait la source, le complice et le facilitateur du trafic de drogue, identifié comme une menace pour la sécurité des États-Unis – qui sont le marché de consommation ciblé. Par conséquent, le Venezuela menace la sécurité des États-Unis ! Quel autre motif de guerre pourrait-on trouver ? Bien sûr, pas une guerre d'agression, comme celle de Poutine en Ukraine, ni une guerre préventive, comme celle de Netanyahu contre l'Iran, mais une guerre défensive (sic !).

Ainsi, la flotte militaire américaine a été mobilisée en direction du Venezuela, avec pour objectif, entre autres, le changement de régime politique vénézuélien. Au-delà des anciennes critiques idéologico-politiques formulées contre le président Nicolás Maduro, concernant le caractère non démocratique de son gouvernement, des accusations pénales ont été formulées, justifiant une sorte de mandat d'arrêt à l'image de celui utilisé dans le passé lors de l'intervention militaire nord-américaine au Panama, qui a conduit à l'arrestation et à la condamnation à la prison du président panaméen Manuel Noriega aux États-Unis (Dans le cas de ce dernier, l'intérêt pour le trafic de drogue comme source de financement de son régime autoritaire pouvait sembler plausible, mais pour le président d'un pays stable, bénéficiant de revenus pétroliers, l'idée d'une implication dans le commerce de stupéfiants, produits dans d'autres pays, est absurde.)

Le comité Nobel a également contribué à la mise en scène en attribuant le prix de la paix, au détriment même de la candidature de Maria Corina Machado, leader de l’opposition vénézuélienne, que Washington a déclarée gagnante de l’élection présidentielle… sur la base d’enquêtes d’opinion. Cela, après que le « mandat » présidentiel attribué par les États-Unis, à Juan Guaido, a expiré – tout comme son mandat. (Selon les règles de l’ère de la « post-vérité », Wikipédia mentionne Guaido comme « président en exercice » (Acting President) pour la période 2019-2023.)
Pour prouver que la récompense était amplement méritée, la lauréate du prix Nobel et progressiste mondial a annoncé que, dans le cadre du « passage juste et pacifique de la dictature à la démocratie », elle prévoit de privatiser les ressources pétrolières du Venezuela au profit des multinationales américaines.

Au-delà de l’attraction irrésistible exercée par ses vastes réserves de pétrole, le Venezuela est dans le collimateur des États-Unis/CIA en raison de son refus obstiné et ostentatoire de se soumettre à l’agenda géostratégique des États-Unis en Amérique centrale et du Sud. Ainsi, il constitue, avec Cuba, un « mauvais exemple » pour les autres États latino-américains. Un exemple intolérable pour Washington, qui doit être rapidement éliminé; manu militari si nécessaire.
Ce qui a suivi fut néanmoins un événement d’une importance historique à laquelle peu de gens s’attendaient. Le Venezuela a demandé l’aide de la triade stratégique eurasiatique formée par la Russie, la Chine et, étonnamment, l’Iran. En réponse, la Russie a envoyé plusieurs navires de sa flotte dans les eaux vénézuéliennes pour se placer entre l’État menacé et les forces navales déployées là-bas par Washington. De plus, jour après jour, heure après heure, la Russie, avec la Chine, a fourni un armement sophistiqué capable de porter la capacité de défense du Venezuela à un niveau comparable à la menace qui pèse sur lui. En d’autres termes, des États tiers hors de l’hémisphère occidental sont intervenus dans un différend entre les États-Unis et un État latino-américain.
Cela constitue une défi explicite et manifeste à la doctrine Monroe, vieille de plus de deux siècles (formulée par le président américain James Monroe en 1823), selon laquelle toute intervention d’une puissance extérieure à l’hémisphère occidental dans la résolution de différends politiques impliquant des nations latino-américaines est considérée comme une action hostile à l’égard des États-Unis et justifie une réaction militaire. Plus tard, le président Theodore Roosevelt a étendu cette doctrine par une interprétation nouvelle, affirmant que sa mise en œuvre légitime également l’intervention des États-Unis pour discipliner les États latino-américains, c’est-à-dire pour changer leurs régimes, dans la mesure où ceux-ci pourraient affaiblir la capacité de l’administration de Washington à « protéger » l’Amérique latine contre l’ingérence indésirable de puissances tierces.
À l’époque, il s’agissait des grandes puissances européennes. Mais la situation mondiale a changé. Les empires coloniaux européens ont disparu, laissant derrière eux un « musée d’histoire » rassemblant des acteurs régionaux qui tentent vainement de se fédéraliser dans une union d’États et de citoyens d'une portée stratégique mondiale. À la place, de nouvelles puissances ont émergé ou renaissent en Asie (par exemple la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite, la Turquie, l’Iran), en Afrique (par exemple l’Afrique du Sud ou le Nigeria) et même en Amérique latine (par exemple le Brésil ou le Mexique), qui contestent la suprématie mondiale des États-Unis et s’orientent vers des structures de résistance telles que le BRICS ou la Shanghai Cooperation Organization, mais aussi le MERCOSUR ou le Pacte andin.
La présence de la flotte russe dans les eaux vénézuéliennes, face à la flotte américaine, et l’aide militaire sino-russe (peut-être aussi iranienne) fournie au Venezuela dans le cadre de la confrontation avec les États-Unis, ainsi que le soutien politico-diplomatique déclaré par de nombreux États latino-américains à l’égard du Venezuela, disent à la Maison Blanche que la doctrine Monroe a été respectée jusqu’à présent, car elle appartenait à l’ancien ordre mondial, aujourd’hui disparu, mais qu’elle est morte avec lui. Le nouvel ordre, en train de se former, nie à la fois la suprématie des États-Unis à l’échelle mondiale et le monopole géopolitique des États-Unis sur l’hémisphère occidental. Avant que Washington ne tente d’imposer un ordre (c’est-à-dire dicter les conditions de paix) en mer Noire ou dans le Grand Océan, il doit (re)négocier son statut dans l’Atlantique Sud.
Après avoir déployé leurs armées suite au maidan ukrainien contre la Russie et aux portes chinoises de Taïwan, les États-Unis se retrouvent désormais face à face avec les Russes et les Chinois dans la mer des Caraïbes, dans le jardin de leur maison. Piégés dans la toile des guerres chroniques, chaudes ou froides, de la mer Noire et de la mer de Chine orientale, mais incapables de les terminer, les rapaces de Washington découvrent que Poutine et Xi sont à la porte; comme Carthage autrefois, avec sa fière armée sous le commandement d’Hannibal Barca, qui, lors du siège de Rome, se réveilla de son rêve de victoire, surpris par la flotte romaine conduite par Scipion l'Africain, qui avait évité l’attaque et traversé la Méditerranée pour lui porter le coup de grâce. Pour les fanatiques de la « paix par la force » aux États-Unis, c’est une occasion en or de réfléchir à l’adage : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse ! »; mais aussi un argument fort, résultant d’un mouvement stratégique russo-chinois audacieux – spontané ou quelque peu approuvé à Anchorage et Séoul ? – pour convaincre ceux qui s’opposent à la « paix de Trump », y compris en planifiant l’adoption d’une législation interdisant le retrait des troupes américaines d’Europe, que prolonger la guerre nuit davantage aux États-Unis qu’à leurs rivaux eurasiatiques.
Trump aurait, comme lors de la crise des missiles de Cuba pendant la Guerre froide, pu déclencher une réaction militaire, menant à une guerre nucléaire entre les grandes puissances. Mais alors que dans les années 1960, les États-Unis étaient une puissance montante, aujourd’hui ils sont une puissance décadente, et à cette époque désormais lointaine, ils ne faisaient face qu’à l’URSS, alors qu’aujourd’hui ils affrontent le partenariat illimité russo-chinois, qui, à l'extrême, pourrait entraîner toute l’Organisation de coopération de Shanghai dans une «opération globale».

C’est pourquoi la stratégie de l’administration Kennedy reste un modèle valable aujourd’hui encore pour l’administration Trump. Dans les années 1960, Kennedy sauva la sécurité mondiale en renonçant au renversement du régime à Cuba et en retirant les missiles américains de Turquie, en échange du retour de la Russie en ses frontières soviétiques. Ainsi, il évita une guerre nucléaire dévastatrice pour tous et confirma la paix américaine.
Dans les années 2020, alors que les États-Unis tentent de retrouver leur grandeur perdue, le président Trump n’a d’autre solution réaliste que de reprendre la formule de Kennedy: ne pas saper le régime vénézuélien et retirer la présence militaire américaine d’Europe de l’Est, en échange d’une Russie post-soviétique restant uniquement sur ses territoires historiques proches de la mer Noire. En outre, les États-Unis pourraient s’engager à soutenir la réintégration pacifique de Taïwan dans la sphère de souveraineté de la Chine, exprimant ainsi concrètement le principe d’« une seule Chine », en échange de garanties chinoises de libre circulation dans le Pacifique Ouest.
Ce ne sera plus la pax americana, mais ses funérailles. Ce sera aussi le baptême d’un nouvel ordre mondial dans lequel l’Amérique pourra à nouveau être grande; mais pas seule, avec d’autres nations avides de grandeur, capables de grandeur et légitimes pour assumer la grandeur.
12:26 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, venezuela, amérique latine, amérique ibérique, amérique du sud, caraïbes, états-unis, doctrine de monroe |
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jeudi, 13 novembre 2025
Le Venezuela et la loi du plus fort - Seul le pouvoir garantit la liberté

Le Venezuela et la loi du plus fort
Seul le pouvoir garantit la liberté
Constantin von Hoffmeister
« La sociologie est un problème biologique et les nations sont des troupeaux de bétail. »
— Ragnar Redbeard, Might Is Right (1890)
Note de la rédaction : l’auteur de cet article raisonne en termes de puissance, de proximité spatiale et évoque la doctrine de Monroe, laquelle autoriserait, sans limites aucunes, les Etats-Unis à agir d’autorité dans l’espace ibéro-américaine et, a fortiori, dans les Caraïbes. Ce raisonnement a peut-être été accepté en Europe, même par des auteurs tels Carl Schmitt ou Karl Haushofer : il n’empêche que l’Europe, par le truchement de l’Espagne et de l’Allemagne (car les conquistadores du Venezuela et du bassin de l’Orénoque étaient des Allemands au service de l’Espagne), dispose d’un droit d’aînesse dans cette région qui lui permet d’y contester l’unilatéralisme américain, au nom de l’hispanité, du catholicisme ou de la lutte contre les dérives calvinistes exportées dans le « Nouveau Monde » (ou « Hémisphère occidental ») ou de la lutte contre la piraterie caribéenne (dont les prétentions américaines sont, en quelque sorte, les héritières). Quoiqu’il en soit, il est exact, comme le souligne l’auteur avec emphase, que la puissance réelle et atomique demeure déterminante mais deux choses me semblent devoir être soulignées : l’acceptation tacite de cette puissance que l’on ne peut contrer ne doit nullement conduire à une acceptation de principe, surtout si la puissance de l’hémisphère occidental perpétue sa détestable pratique d’intervenir dans les affaires du Vieux Monde et d’occuper des bases dans les mers intérieures de celui-ci.
* * *
Le Venezuela reste un État dépendant car il ne dispose pas du garant ultime de la souveraineté: les armes nucléaires. Dans le monde moderne, le pouvoir repose sur la dissuasion, et la dissuasion nécessite la capacité de détruire. Sans cela, une nation ne peut être considérée comme égale. La doctrine Monroe régit toujours l'hémisphère occidental. Elle définit le territoire non pas par la loi, mais par la hiérarchie. Dans ce système, le Venezuela existe dans la sphère américaine, où chaque mouvement est toléré ou puni selon les besoins de Washington. Les réserves de pétrole, le commerce et l'idéologie n'ont aucune importance. Ce qui compte, c'est la capacité à résister à la pression, et le Venezuela n'en a pas.
La réalité de la multipolarité est darwinienne. Les États-civilisations rivalisent comme les espèces rivalisent, et la survie appartient à ceux qui s'adaptent grâce à leur force. Ragnar Redbeard (alias Arthur Desmond - photo) a écrit que « la force fait le droit », et sa formule brutale s'applique toujours. La rhétorique de l'« indépendance » n'est qu'une façade. Derrière elle se cache le pouvoir brut: missiles, alliances et ressources mobilisées pour la guerre. Les dirigeants vénézuéliens parlent de « socialisme » et de « souveraineté », mais ils dépendent des autres pour leur protection. Ils comptent sur la Russie ou la Chine pour faire pression sur les États-Unis, mais cette dépendance ne fait que confirmer leur subordination. La multipolarité crée de nouveaux maîtres, pas la libération. Il remplace un empire par plusieurs. C'est ce qu'on appelle l'équilibre.
La vision de Carl Schmitt reste la plus juste: la souveraineté est le pouvoir de décider en temps de crise. Le Venezuela ne peut pas décider. Les choix du pays sont dictés par des puissances plus fortes. La multipolarité darwinienne fonctionne comme une loi tacite de la nature. Elle impose l'ordre par la proximité et la force. Dans cet ordre, les petits États vivent sous une indépendance conditionnelle: ils sont libres d'agir tant que leurs actions ne menacent pas la hiérarchie. La multipolarité, en ce sens, n'est pas une promesse d'égalité, mais une reconnaissance de l'inégalité permanente. Il s'agit d'un système mondial de souverainetés inégales, où seules les puissances nucléaires sont véritablement libres.
La doctrine Monroe fonctionne comme la loi métaphysique de l'hémisphère occidental: un nomos de l'ordre enraciné dans la force et la distance. À l'intérieur de son périmètre, les petits États possèdent une liberté déléguée, autorisés à agir uniquement dans les limites tracées par l'hégémon régional (les États-Unis). La multipolarité se révèle non pas comme un équilibre, mais comme une stratification: une hiérarchie planétaire dans laquelle la décision est l'apanage du souverain et l'obéissance le destin des autres. Pour les États-Unis, tout mouvement de la Russie ou de la Chine dans l'hémisphère occidental brise le nomos qu'ils gardent ; l'architecture du pouvoir ne tolère aucune présence rivale dans sa sphère d'influence.
13:31 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, doctrine de monroe, actualité, venezuela, amérique ibérique, amérique latine, amérique du sud, caraïbes, états-unis |
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samedi, 08 novembre 2025
Les États-Désunis d’Amérique – ou comment Gaza s’installe à Manhattan

Les États-Désunis d’Amérique – ou comment Gaza s’installe à Manhattan
Par @BPartisans (Telegram)
Il fallait oser: comparer New York à Londres, et les urnes municipales à des missiles. Le ministre israélien de la Diaspora, Amichai Chikli, vient de le faire — sans trembler. Dans une déclaration digne d’un trailer de film post-apocalyptique, il a exhorté les Juifs à quitter New York, “désormais entre les mains d’un partisan du Hamas”.
L’avertissement est solennel: la métropole autrefois symbole de liberté deviendrait le théâtre d’une “guerre des communautés”, où les slogans “Free Palestine” remplaceraient les “I love NY”.
Quand la fracture communautaire devient une ligne de front
Depuis l’élection du nouveau maire, Zohran Mamdani, d’origine indienne et musulmane pratiquant, la rhétorique a viré à la panique. Les talk-shows conservateurs crient à l’infiltration islamiste, tandis que les démocrates répondent que la démocratie américaine est par essence inclusive.
Mais l’inclusion a ses limites : elle devient inflammable lorsque le Moyen-Orient débarque en cortège électoral dans le Bronx.
Le Département de la Sécurité intérieure (DHS) notait déjà en octobre que “les tensions ethniques et religieuses, exacerbées par le conflit israélo-palestinien, représentent un risque accru de violences communautaires sur le territoire américain” (Department of Homeland Security, Bulletin Octobre 2025).
Et le FBI ajoute, dans son rapport semestriel sur les crimes haineux, que les incidents à caractère antisémite ont augmenté de 38% depuis le début du conflit de Gaza en 2024 (FBI Hate Crime Statistics, 2025).
Autrement dit: le cocktail identitaire new-yorkais, déjà chargé en tensions raciales et sociales, n’avait pas besoin d’un détonateur importé de Tel-Aviv.
Trump, le pyromane moral
Mais il fallait un chef d’orchestre à cette dissonance américaine — et il s’appelle Donald Trump.
Le président a réaffirmé en conférence de presse, le 2 novembre, son “soutien total et inconditionnel à Benjamin Netanyahu et à la défense du peuple juif contre le terrorisme mondial”.
Il a ajouté que “les ennemis d’Israël sont les ennemis de l’Amérique” (White House Briefing, 2 Nov 2025).
Cette phrase, taillée pour galvaniser sa base évangélique et pro-israélienne, sonne comme une déclaration de guerre à une autre partie de l’Amérique : celle des communautés musulmanes, afrodescendantes et latino, qui voient dans cette politique un alignement aveugle et dangereux.
À Dearborn, Minneapolis et Brooklyn, les manifestations pro-palestiniennes se multiplient, et les contre-manifestations aussi.
Résultat : les États-Unis sont en train d’importer le conflit du Proche-Orient — version domestique.

Vers une guerre civile importée ?
Des analystes de la Brookings Institution alertent : “Le risque d’un affrontement communautaire majeur aux États-Unis est aujourd’hui plus élevé qu’à aucun autre moment depuis 1968.”
Les lignes de fracture ne sont plus politiques mais religieuses, ethniques, idéologiques — et elles coupent l’Amérique en deux villes ennemies : New York et Dallas, Gaza et Jérusalem.
Dans ce climat, l’appel d’Amichai Chikli prend une dimension prophétique: il ne s’adresse pas seulement à la diaspora, mais à un pays au bord du vertige.
Son message pourrait se lire ainsi : “Quittez New York avant qu’elle ne quitte l’Amérique.”
L’ironie finale
L’ironie, bien sûr, c’est que cette guerre civile “probable” serait le fruit du même messianisme moral qui prétend défendre la liberté.
Trump veut “sauver Israël” à coups de tweets patriotiques, mais il risque de mettre le feu à la dernière grande Babel de la planète.
La démocratie américaine, jadis vantée pour sa capacité à fondre les identités, ressemble de plus en plus à un champ de bataille idéologique où chacun revendique sa propre version du Prophète — ou du Messie.
“Les civilisations ne meurent pas sous les bombes : elles meurent quand leurs habitants importent les bombes dans leurs cœurs.”
— Alexis de Tocqueville, revisité par la réalité américaine, 2025.
@BPARTISANS
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mardi, 04 novembre 2025
La Libye au cœur de la nouvelle stratégie américaine en Méditerranée orientale

La Libye au cœur de la nouvelle stratégie américaine en Méditerranée orientale
Source: https://t.me/restinvestigate
Les États-Unis avancent dans leurs projets visant à faire de la Libye un pivot stratégique de leur politique en Méditerranée orientale, avec la proposition d'une conférence quadripartite réunissant la Grèce, la Turquie, l'Égypte et la Libye afin de régler les différends en cours concernant les frontières maritimes. Washington fait pression pour une représentation libyenne unifiée afin de soutenir cette initiative diplomatique, signalant ainsi une évolution vers un engagement régional accru.

Le conseiller américain Massad Boulos (photo) a récemment rencontré le président du Conseil présidentiel libyen, Mohammed Menfi, à Paris afin de favoriser l'alignement politique entre les factions libyennes rivales et de discuter de la coopération énergétique. Dans le même temps, la société énergétique américaine Chevron a tenu des discussions à Tripoli sur l'expansion des investissements dans le pétrole, les énergies renouvelables et la technologie.
La Turquie suit de près ces développements, en particulier après avoir obtenu des droits d'exploration offshore près de la Crète. Les responsables turcs et libyens continuent de coordonner leurs relations énergétiques, soulignant la nature contestée des revendications maritimes de la région. Alors que les puissances rivales cherchent à exercer leur influence sur les principaux corridors énergétiques, la décision des États-Unis marque un rééquilibrage de leur présence en Méditerranée, ancrée en Libye.
17:34 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, méditerranée, libye, afrique du nord, afrique, affaires africaines, états-unis, géopolitique, politique internationale |
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samedi, 01 novembre 2025
L’économie est cyclique et le capitalisme intrinsèquement instable : l’échec de l’école de Chicago et l’effondrement des États-Unis

L’économie est cyclique et le capitalisme intrinsèquement instable : l’échec de l’école de Chicago et l’effondrement des États-Unis
de Fabrizio Pezzani
Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/keynes-aveva-ragi...
Face au chaos mondial, il ne faut pas oublier les visions prophétiques mais réalistes de John Maynard Keynes, que les chercheurs ayant continué à défendre sa conception de la cyclicité naturelle de l’économie ont renforcées par des analyses empiriques des faits. Si nous voulons soutenir une vision anthropologique de la crise, nous ne pouvons pas dissocier la connaissance des outils dont nous disposons de celle des sujets qui utilisent ces outils pour satisfaire leurs besoins.
Lorsque Keynes affirme que le capitalisme est naturellement instable, il relie également cette observation à la dynamique de la nature humaine, qui fait du capitalisme un instrument destiné à réaliser les désirs. En ce sens, on ne peut dire que le capitalisme existe indépendamment de la structure psychique des hommes qui le créent et le gouvernent ; en d’autres termes, il n’existe pas un capitalisme en tant qu’entité abstraite, mais il existe des hommes capitalistes qui façonnent ce modèle de relations économiques au sein d’un système social. Sa dynamique est dans un équilibre instable parce qu’il n’existe pas de systèmes, même sophistiqués, permettant de définir la notion de juste profit.
Si l’on pouvait, en se limitant à la détermination du résultat d’exploitation, définir « rationnellement » et avec certitude quelle part revient au capital investi et quelle part revient aux travailleurs, la plupart des luttes sociales s’en verraient peut-être allégées. Dans la tradition juive, l’institution de l’année sabbatique et dans la tradition chrétienne, l’institution de la période jubilaire avaient pour but d’annuler les positions de dette et de crédit entre les différents membres de la société ; ainsi, on posait une limite temporelle à l’accumulation. Tout cela n’est plus possible aujourd’hui.

Pour reprendre la définition de « société liquide » que Bauman utilise pour décrire un système social en constante mutation et difficile à stabiliser, on peut étendre ce même concept, aujourd’hui, à l’économie qui, dans le cadre d’une société liquide, ne peut qu’être elle-même liquide. Il est donc naturel que l’économie, et encore plus la finance, deviennent un système perpétuellement instable, car il n’est pas possible de définir la « mesure » dans la répartition du bonheur ou de la richesse, si celle-ci est fonction de la réalisation du bonheur.
Contrairement aux systèmes mécaniques ou naturels pour lesquels la mesurabilité permet de déterminer les lois physiques qui les régissent, en mettant en évidence le risque de points ou de moments de rupture – la chute d’un grave, la portée d’une grue, la combinaison d’agents chimiques, la mesure des paramètres biologiques d’un organisme – dans la société, le système relationnel de personnes différentes, dont la composante émotionnelle et psychique n’est pas mesurable, rend impossible la détermination du point de non-retour d’un processus déséquilibrant la société elle-même.
Il n’est pas possible de dire quel est le pourcentage de personnes sous le seuil de pauvreté qui représente le dernier stade avant l’effondrement, ni de faire de même pour la concentration de richesse, le chômage ou d’autres pathologies sociales. Simplement, la société humaine ne possède pas d’éléments certains et mesurables de son point de rupture, et toutes les révolutions et guerres de l’histoire démontrent l’incapacité à prévoir le krach.
Si Louis XVI avait compris le niveau de misère de la population française, il aurait envoyé des chariots de pain et non des soldats. Il en a été de même pour la Russie des Romanov et les États-Unis contre la couronne anglaise. L’histoire confirme la vision de Keynes et annonce l’échec d’un libéralisme qui, sans règles morales, devient dévastateur car il finit par favoriser la partie la plus barbare de l’homme.

L’école de Chicago, représentée par Milton Friedman – qui a reçu le prix Nobel en 1976, deux ans après celui de Hayek de l’École de Vienne, qui campait sur une position contraire – a fini par s’opposer à la fausseté de ses hypothèses, dans lesquelles la réalité doit s’adapter au modèle, et le cas du Chili de Pinochet est l’expression la plus évidente de la grossière erreur de ne pas considérer l’histoire et la nature humaine dans la vie sociale.
Penser qu’on peut appliquer la même recette à des réalités profondément différentes, comme c’était le cas du Chili, avec ses disparités de richesse et son retard culturel, aurait été impossible dans une réalité comme celle d’Amérique du Nord. L’ignorance n’est jamais le problème que doit affronter l’évolution de la science, mais plutôt l’arrogance de ceux qui se considèrent investis de la vérité indiscutable ; malheureusement, c’est toujours la population pauvre qui en paie le prix.




Les travaux de Posner, mais aussi ceux de Gary Becker, montrent à quel point, même dans le monde culturel américain, on comprend le lent effondrement d’un modèle incapable de répondre aux problèmes qu’il a créés et qui, ne voulant pas ou ne pouvant pas se remettre en question, ne fait qu’aggraver et empirer ces problèmes. Leur référence à la pensée de Keynes devient de plus en plus forte et entendue.
Les États-Unis, qui ont indissolublement adopté cette culture en la transformant en vérité absolue, sont la représentation extrême de la vérité trahie : un pays qui a oublié ses principes constitutifs, représentés par les formules E pluribus unum et In God we trust, et qui fait face à un effondrement socio-culturel sans précédent dans son histoire. Avoir confié l’avenir à la finance a été un suicide, car en fin de compte, cette fausse vérité des marchés rationnels a fini par dépouiller la société de l’intérieur, et aujourd’hui, c’est un géant aux pieds d’argile. Aujourd’hui, les États-Unis, comme on peut le voir, sont un pays qui, sur le plan social, est avant toute chose, techniquement en faillite.
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mercredi, 29 octobre 2025
L'Europe, la grande perdante dans la guerre entre les États-Unis et la Chine pour les métaux rares, selon les médias

L'Europe, la grande perdante dans la guerre entre les États-Unis et la Chine pour les métaux rares, selon les médias
Source: https://es.sott.net/article/102129-Europa-la-gran-perdedo...
Bruxelles risque de devenir subordonnée aux deux puissances en raison de sa dépendance aux services numériques américains et à l’exploitation minière chinoise, avertit le journal The Financial Times. Il ajoute que l’investissement de l’UE dans les industries clés est ridicule par rapport aux milliards que Pékin et Washington y investissent.
« La double dépendance de l’Europe vis-à-vis des services numériques américains et de l’industrie chinoise de traitement des minéraux critiques la rend très vulnérable aux pressions extérieures », souligne-t-il.
Cela s’aggrave du fait que la stratégie de l’UE concernant les matières premières entre en conflit avec l’opposition des écologistes, tandis que ses investissements technologiques sont bien inférieurs à ceux de la Chine et des États-Unis, indique la publication.
Même dans le domaine où l’Europe était considérée comme leader — énergie solaire, éolienne et véhicules électriques — la Chine domine actuellement ces secteurs, notamment avec la production de batteries au lithium.
« Si Bruxelles ne parvient pas rapidement à mobiliser les États membres, l’UE finira par devoir supplier en permanence la Chine, les États-Unis ou les deux », résume The Financial Times.
Cela se produit dans le contexte de la guerre technologique entre Pékin et Washington, dans laquelle les États-Unis restreignent l’accès de la Chine aux microprocesseurs, majoritairement fabriqués à Taïwan. La Chine, pour sa part, est devenue le leader mondial du traitement des métaux rares, en réalisant ses opérations à un coût 30% inférieur à celui de ses concurrents et en monopolisant les terres rares. Cela lui permet de contre-attaquer et d’imposer ses propres règles du jeu.
Les nouveaux tarifs douaniers imposés par Trump contre la Chine entreront en vigueur à partir du 1er novembre, ce qui porterait les droits de douane de Washington contre Pékin à 130%, alors que jusqu’à présent, la Chine applique une taxe de 10% sur les produits américains.
Le 15 octobre, la Chine a lancé un avertissement aux États-Unis concernant la guerre commerciale. La réponse de Pékin aux tarifs américains sera ferme et personne ne l’intimidera, ont assuré le ministère chinois du Commerce.
20:12 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, chine, europe, affaires européennes, terres rares, métaux rares |
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Un pont à Budapest - Trump, Poutine et Orbán aux carrefours du chaos et de la puissance à Budapest

Un pont à Budapest
Trump, Poutine et Orbán aux carrefours du chaos et de la puissance à Budapest
Alexandre Douguine
Alexandre Douguine retrace comment Budapest émerge comme le point de friction où l’imprévisibilité de Trump et la stratégie de Poutine reshaping le jeu mondial.
Entretien avec Alexandre Douguine dans le programme Escalation
Présentateur : Donald Trump, le président des États-Unis, sera fréquemment mentionné dans notre émission aujourd’hui. Il a eu une conversation téléphonique avec Vladimir Poutine et a rencontré personnellement Vladimir Zelensky. Je souhaite poser une question simple: sans les comparer directement, mais en analysant la dynamique de ces relations — comment la situation a-t-elle évolué après la conversation avec Poutine et la rencontre avec le leader du régime de Kiev? Existe-t-il des différences fondamentales entre ces interactions, ou Trump reste-t-il fidèle à son style, partout et toujours?
Alexandre Douguine : Lorsqu’on évalue le comportement de Trump en ce qui concerne la résolution de notre guerre contre l’Occident — en gros, contre Trump lui-même sur le sol ukrainien — nous partirons naturellement de notre propre perspective. Chaque fois que Trump fait un pas en direction de la Russie, nous considérons sa démarche comme favorable. Lorsqu’il soutient Zelensky et les politiques militaristes russophobes de l’Union européenne, nous qualifions une telle posture d’hostile. Pourtant, Trump vacille — il fait un pas dans une direction, un autre dans l’autre. Au moment où nous le déclarons favorable, il nous contredit subitement en promettant des Tomahawks aux Ukrainiens, en proclamant que l’Ukraine peut nous vaincre sur le champ de bataille, en exigeant que la Chine et l’Inde abandonnent l'achat de notre pétrole, et en renforçant les plans agressifs de l’UE. Dès que nous le qualifions d’hostile, il convoque Zelensky, l’humilie publiquement, le réprimande, lui tire les oreilles, se moque de ses protecteurs européens, et annonce en souriant qu’il serait heureux de rencontrer son “ami Vladimir” en Alaska ou à Budapest. L’Union européenne panique — Orbán et Fico apparaissent comme des rossignols blancs en raison de leur position souveraine. Trump ajoute alors: «Et si, demande-t-il à Zelensky — nous construisons un tunnel entre l’Alaska et la Sibérie russe?». Zelensky reste alors sans voix — c’est une humiliation publique. Nous trouvons cela amusant et commençons à penser que Trump se range de notre côté. Mais quinze minutes plus tard, il dit: « Peut-être que je plaisantais. Peut-être que je donnerai quand même les Tomahawks — je vais y réfléchir. Une rencontre ? — pas clair. Le tunnel ? — je ne sais pas. L’Inde doit toujours abandonner le pétrole. » Et il redevient hostile.

De notre point de vue, son essence est insaisissable — il est à la fois une chose et une autre, son contraire. Cela est devenu sa norme, sa façon de faire. La gamme de ses fluctuations est plus grande que celle de l’administration Biden. Biden a poursuivi une politique d’escalade — pression sur la Russie, soutien maximal à l’Ukraine, militaire, économique, diplomatique, médiatique — mais dans certaines limites, évitant la confrontation nucléaire. Leur ligne rouge était claire: ne jamais dépasser la limite de l’escalade contrôlée. Trump semble n’avoir pas de telle limite. Livrer des Tomahawks à Kiev serait une menace anti-russe plus dure que tout ce que Biden a osé. C’est effrayant: dans le sens des politiques anti-russes, Trump est prêt à aller plus loin que les globalistes. Pourtant, il peut tout aussi bien dire à Zelensky: «Gère toi-même ton conflit avec les Russes» — chose impensable sous Biden. L'amplitude de ses variations s’étend dans les deux sens: on peut attendre de lui du favorable ou du catastrophiquement dangereux. Un pas vers nous sera presque certainement suivi d’un virage brusque vers nos adversaires. Il cherche à s’élever au-dessus du conflit, mais en reste un participant.
Poutine tente de négocier avec lui; lorsque Trump est par hasard sur notre longueur d’onde, il écoute des arguments d'ordre historique. Mais seulement partiellement — car c’est difficile pour lui. La raison historique pour laquelle l’Ukraine nous appartient demande des connaissances, de la dialectique et de la compréhension pour les origines de ce conflit. L’histoire de l’Amérique est courte — trois ou quatre siècles. La nôtre est longue; celle de la Chine remonte à cinq mille ans. Trump n’a aucun intérêt pour cette longue durée; il n’a pas le temps de s’y plonger. Il agit par impulsion — parfois en cherchant à obtenir le Prix Nobel, prix discrédité, qui est devenu une marque de honte pour les personnalités les plus viles, celles qui le reçoivent. Il aspire à la gloire d’un pacificateur, mais n’y parvient pas. Israël a soutenu ses “missions de paix” pendant quinze minutes avant de se remettre à bombarder Gaza. A ses propres yeux, il demeure un héros, et cela le motive. Pourtant, en substance, il ne se range derrière personne. Un pas vers nous — Budapest, la réprimande à Zelensky, le refus des Tomahawks — est suivi d’un coup de pied de la Maison Blanche. Il écoute un chanteur italien puis réprimande Zelensky: « Va-t’en ! ». C’est un spectacle effrayant, mais l’humiliation, cela fait partie de son style.

Ce pandémonium ressemble à la série américaine Succession, où le magnat change de position chaque seconde, humiliant sans cesse tout le monde — ses proches, le monde entier, celui qui lui est proche et celui qui lui est éloigné. Pour Trump, le monde entier, c'est sa “succession”. Un geste vers nous ne doit nous donner aucune illusion — attendez-vous à un revirement soudain. Nous, cependant, nous avons un objectif stratégique: l’Ukraine sera nôtre, ou elle cessera d’exister. La neutralité est impossible; après ce qu’elle a fait, tout espoir en ce sens est perdu. Pour bétonner nos intérêts, nous devons rétablir le contrôle sur elle. Telle est notre tâche, et nous avançons dans cette direction — pas nécessairement dans l'immédiat, mais étape par étape. Trump, lui, s’en fiche; il est motivé par des motifs superficiels, momentanés, mais souvent grevés d'une grande dangerosité. Il n’est pas un allié et ne nous offrira pas l’Ukraine en cadeau. Nous devons la libérer nous-mêmes, la reconquérir, et établir une gouvernance conforme à nos intérêts.
Échapper à une Troisième Guerre mondiale — nucléaire ou autre — demeure une inconnue. Mais Poutine agit brillamment, de manière cohérente, cherchant à gagner en Ukraine sans déclencher une apocalypse nucléaire qui serait suicidaire. Telle est notre position.
Aux États-Unis, la situation paraît différente. Il y a trois forces stratégiques en présence. La première est le mouvement MAGA, grâce auquel Trump s’est élevé au pouvoir. Leur position est proche de la nôtre: pas d’interventions, pas d’aide à Zelensky — car ils estiment que ce n’est pas leur affaire. Quand Trump met fin à tout soutien à Zelensky, il parle au nom du mouvement MAGA: que Russes et Ukrainiens gèrent le conflit eux-mêmes. C’est aussi l'avis de l'électorat principal, la stratégie de MAGA. Lorsque Trump dévie, les militants de MAGA s’en affligent; lorsqu’il revient à leurs positions, ils l'acclament: « C'est mon président — c’est pourquoi j’ai voté pour lui». Si il dit: « Je vais donner des Tomahawks à Kiev », ils répondent: « Pas mon président — ce n’est pas la raison pour laquelle j’ai voté». C’est une force puissante. Ils veulent une Grande Amérique, pas un garant de la démocratie mondiale à la Wilson. Ils s’opposent au libéralisme, à la mode LGBT, au mouvement Antifa de Georges Soros, à la corruption, à Epstein.
Les Démocrates, la seconde force en présence, soutiennent Zelensky mais restent dans l’opposition et n’ont aucune influence sur la politique de Trump. La troisième force — les néoconservateurs et les RINOs, l’ancienne garde des Républicains cherchant l’hégémonie mondiale — comme Kellogg et d’autres autour de Trump, le poussent vers l’escalade. Entre MAGA et les néocons, Trump oscille, comme il le fait face à nos propres positions. Sa position sur l’Ukraine est le test décisif. MAGA est contre le soutien à Zelensky, mais Trump cherche à apparaître indépendant — comme Logan Roy dans Succession.
Présentateur : Au fait, je me souviens avoir lu que certains des scénarios et personnages de Succession étaient inspirés de Trump et de sa famille, même si la série a été créée avant sa présidence. En revenant à sa personnalité — d’après vos mots, il est clair que Trump possède une certaine stratégie, que ses actions et déclarations reposent sur quelque chose. Pourtant, beaucoup en Europe, en Amérique et en Russie constatent que Trump peut soudainement sortir quelque chose ou agir impulsivement simplement parce qu’il est Trump. Avant la dernière élection, Poutine, en réponse à la question de qui serait préférable pour la Russie, a nommé Biden — en disant qu’il était plus prévisible. L'imprévisibilité de Trump est-elle vraiment le résultat d’un manque de connaissance profonde ou de frivolité? Son équipe, disons, est plutôt expressive. Lorsqu’on leur demande pourquoi Budapest a été choisie pour une rencontre Trump–Poutine, ils répondent : « Et ta mère. »
Alexandre Douguine: Poutine a soutenu Biden pour ne pas nuire à Trump — s’il avait nommé Trump, ils l’auraient éliminé de la course, en l’accusant d’être la tête d'un « complot russe ». Ce fut une faveur. Biden était prévisible; ses lignes rouges étaient claires. Lui et les démocrates poursuivaient une escalade linéaire — une guerre chaude avec tout l’Occident qui finira par éclater.

L’imprévisibilité de Trump va dans deux directions: il peut aller plus loin dans l’escalade ou dans la réconciliation. Son impulsivité, sa frivolité — qui, parfois, ressemblent à de la démence — sont évidentes. Celles de Biden étaient silencieuses; celles de Trump sont tapageuses. Mais il y a néanmoins une logique. Lorsque des néoconservateurs comme Kellogg ou le terroriste, désigné comme tel par la Russie, Lindsey Graham, lui mettent la pression, il s’appuie sur MAGA. Lorsqu’il demande trop à MAGA, il se tourne vers les néocons. Ce mouvement entre les pôles n’est pas une simple spontanéité mais un algorithme.
La réponse « et ta mère » à la question sur Budapest dépasse la simple impolitesse; c’est une réponse au ton russophobe de la question — l’allusion « es-tu l’espion de Poutine ? », Caroline Leavitt et l’équipe de Trump disent essentiellement: « Fous le camp, porc ». Et ils ont raison — c’est ainsi qu’on doit parler à une opposition fallacieuse qui a déclenché une guerre. Les journalistes libéraux qui assiègent le gouvernement se saisissent de telles phrases.
L’impulsivité de Trump possède sa propre logique, comme celle de Prigogine dans la physique du chaos: le chaos est un ordre complexe. Poutine a parlé à Valdai de la «philosophie de la complexité» d’Edgar Morin. Dans le monde quantique, Trump navigue bien — même si ce n’est pas la mécanique classique de Newton, mais un système non linéaire. Ses conditions aux limites sont plus larges que celles de Biden. Il est prêt à l’escalade tant que cela évite la guerre nucléaire. Biden, par russophobie, pouvait faire empirer la situation, tandis que Trump fait peut-être semblant d’être prêt à l’apocalypse. C’est un épicurien, un bon vivant, ni suicidaire ni fanatique, prêt à sacrifier les principes libéraux pour en tirer des avantages.
Présentateur : En poursuivant notre entretien — peut-être en abordant un autre sujet — j’aimerais discuter plus en détail du lieu possible de la prochaine rencontre entre Poutine et Trump. Cela revient à ce que vous avez mentionné plus tôt. A Budapest, en Hongrie: dans une ville avec un héritage historique et des atouts modernes liés au pays même et à ses dirigeants. Comment doit-on voir ce choix si les présidents de la Russie et des États-Unis se rencontrent réellement là-bas et si le choix de Budapest est confirmé?
Alexandre Douguine: Cette situation doit être analysée à travers le prisme des couches politiques et géopolitiques de la réalité. Il est évident que l’Europe n’est pas une — il y a deux Europes. Autrefois, l'«Occident collectif» — l’administration Biden et l’UE — formait un seul champ, celui des démocraties libérales et du mondialisme, avançant un programme de perversions, de défilés LGBT (interdits en Russie), de turbulences BLM, de haine de ses propres racines et cultures, de culture de l’annulation, de migrations incontrôlées. C’était la plateforme commune de l’Occident — des États-Unis et de l’Europe ensemble.
La révolution de Trump, fondée sur le mouvement MAGA, a introduit des tendances opposées en Amérique. Les États-Unis se sont retrouvés dans une position unique: ils sont toujours le « père » de l’Europe — le "papa" comme Rutte et von der Leyen appellent Trump, le parrain de l’Europe — mais leur président suit une stratégie contraire à celle des dirigeants de l’UE. J. D. Vance en a parlé en Europe; Elon Musk soutient activement les populistes, secouant les élites libérales-globalistes en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne et en Roumanie via X.com. Ces élites ont été vaincues en Amérique, mais conservent une influence en Europe.
La deuxième Europe est souveraine, populiste, « à la façon du mouvement MAGA » — faire en sorte que l’Europe soit à nouveau grande, par analogie avec MAGA. C’est l'Euro-Trumpisme, défendant l’indépendance et la souveraineté, s’opposant aux mondialistes, à la migration de masse, au pandémonium LGBT et au mariage gay — tous interdits en Russie et en Hongrie. Le Budapest d’Orbán est la citadelle de l'Euro-Trumpisme, une forteresse du conservatisme et des valeurs traditionnelles où Soros, les défilés gays et la migration illégale sont interdits. C’est le contrepoids, façon MAGA, c'est une autre Europe face à l'Europe de l'UE.

Interrogé sur « pourquoi Budapest ? », Trump répond: «C’est notre territoire». Orbán est son allié le plus proche en Europe. Fico est un populiste de gauche, tandis qu’Orbán est de droite et conservateur comme Trump. Un autre populiste conservateur est notre propre président Vladimir Poutine, qui mise sur le peuple et les valeurs traditionnelles tout en s’opposant à la migration et aux perversions. Trois leaders — Poutine, Trump et Orbán — se rencontrent à Budapest, un lieu plus proche de la Russie mais encore inclus dans l’Occident. Anchorage était autrefois proche aussi, faisant partie de notre ancien empire, tout comme la Hongrie durant la période soviétique. Trump exécute une danse géopolitique à nos frontières — hier l’Alaska, aujourd'hui Budapest. Après la visite de Poutine chez son ami Orbán, il est logique que Trump vienne à notre rencontre. Orbán est un outsider parmi les dirigeants paléolibéraux, mais il est un ami de Trump et de Poutine. En quel "ailleurs" pourraient-ils se rencontrer, sinon chez un ami commun, en quel autre lieu ces deux puissances en guerre devraient-elles se rencontrer pour bâtir des ponts? La Hongrie d’Orbán est l’adversaire principal de l’Ukraine: son veto bloque l’aide militaire, financière et diplomatique à Kiev au sein de l’UE. Orbán est notre ami, l’ami de Trump, proche des deux. Zelensky est en mode panique — il a subi une humiliation triple. Il s’appuie sur la direction libérale-globaliste de l’UE — Schwab, Larry Fink, le Forum de Davos. Zelensky est leur marionnette, un opposant à toute forme de souveraineté, aux nations et aux traditions, imaginant un monde sans la Russie, l’Ukraine, la France ou l’Allemagne — un gouvernement mondial et une humanité zombifiée. Sous couvert de patriotisme, il trahit idéologiquement l’Ukraine. Orbán, en revanche, est un vrai patriote hongrois, ne cédant pas la souveraineté ni à l’UE, ni à nous, ni à Trump. La Hongrie est le point symbolique idéal pour une rencontre Poutine–Trump.
Si la rencontre réussit à se faire — bien que, comme nous l’avons dit, rien n’est prévisible avec Trump, car il peut faire n’importe quelle cabriole dans son algorithme chaotique — la prochaine étape serait une visite de Trump à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Kazan ou à Sotchi, mais pas encore en Crimée. Trump tourne autour de nous: nous avançons vers lui, ou lui vers nous, ou nous nous rencontrerons sur un terrain neutre. L’Europe, sauf Orbán et Fico, n’est pas neutre — c’est une zone de conflit car elle arme le régime de Zelensky. Budapest est le choix logique de Trump. Les journalistes qui ont demandé « pourquoi Budapest ? » ont été rapidement écartés — le choix est évident. Où sinon, si ce n’est là? Anchorage a déjà été utilisée; l’Inde est impossible à cause de la question du pétrole; la Chine et le monde islamique ne conviennent pas. Budapest s’adapte parfaitement. Trump s’y sent confiant, parmi les alliés idéologiques du mouvement MAGA. Pour nous, c’est optimal: Fico est de gauche, Trump est de droite, et il n’accepte pas les gauchistes.
Cette rencontre pourrait être une percée — mais dans la fragile, volatile réalité de Trump, où il se comporte comme une figure de la mécanique quantique plutôt que comme en physique classique. Le monde sombre dans le chaos, qui exige une pensée rapide. L’inconstance de Trump n’est pas une folie, mais une logique d’un autre ordre. La psychanalyse révèle des scripts dans le chaos. Pour une action efficace, il faut une diplomatie quantique — comme Poutine l’a dit à Valdai — qui prend en compte les boucles rétroactives d’Edgar Morin. La résolution d’un problème en crée un autre — économique, idéologique ou religieux. Poutine gère ce chaos avec brio, suivant un algorithme complexe orienté vers la consolidation de la puissance, de la souveraineté et vers un monde multipolaire. Ses mouvements semblent non linéaires, mais ont du sens pour ceux qui les perçoivent. Trump est un chaos plus sauvage, mais lié à un algorithme. Une approche intégrée psychologique, idéologique et géopolitique pour le prochain rendez-vous pourrait le rendre fructueux. La convergence de Trump avec MAGA et avec nous donne naissance à l’idée d’un tunnel Alaska–Sibérie. La formuler, c’est déjà redessiner la carte du monde à l’ère de l’information.
D’un certain point de vue, c’est du trolling — mais dans notre époque, presque tout est du trolling. Nous vivons dans un monde rapide, superficiel, où la vérification des faits a disparu. Les mondialistes libéraux ont approprié ce terme : leurs intérêts sont des «faits», tout le reste est «fake» ou relève d'une «théorie du complot». La vérification des faits elle-même est devenue un faux. Les gens sont déconcertés; exposer les flux d’informations n’a plus d’importance. Le projet Alaska–Sibérie, lancé par Trump et repris par Poutine, commence à vivre sa propre vie. Qu’il soit réel ou non, cela importe peu. Il dissout le système mondialiste pour lequel un tel projet serait impensable. Une proposition d’un président américain, au cœur d’une guerre entre l’Occident et la Russie, pour une communication directe — cela sabote leur campagne informationnelle, comme l’a fait le sabotage du gazoduc Nord Stream en une forme matérielle, mais ici cela se passe dans l’imagination. À l’ère de l’information, l’imagination l’emporte sur la réalité.
Un jour, j’ai publié sur les réseaux sociaux une image générée par IA de Brigitte Macron comme une figure de type "Néandertal" sortant d’une grotte. Candace Owens l’a repostée, et maintenant cela figure dans un procès en France contre elle — une demande de 200 millions de dollars pour un repost. Où se trouve la frontière entre l’imagination et la réalité juridique? C’est un exemple de la philosophie de la complexité, des relations internationales quantiques.

Présentateur : Revenons au Moyen-Orient. Cessez-le-feu, accords, la guerre stoppée par Trump — tout cela n’existe plus. Israël continue de frapper et l’admet ouvertement, déclarant ironiquement: «Nous frapperons maintenant, lancerons une opération, puis reviendrons à la paix».
Alexandre Douguine: Les mêmes cycles courts se répètent. Trump a arrêté la guerre, est arrivé à la Knesset, a reçu des applaudissements, est reparti — et tout a été oublié. La guerre continue, les gens meurent comme si de rien n’était. Personne ne le remarque; ils tournent la page et passent au sujet suivant — disons, à Budapest. Dans ce monde, il n’y a pas de stabilité — ni paix, ni guerre, ni victoire, ni défaite. C’est un monde de cycles courts, de fragments, de clichés, de titres de journaux réarrangés dans un ordre aléatoire. Baudrillard a appelé cela la post-histoire — où le passé et l’avenir échangent leur place à travers des flux informationnels. Netanyahu enregistre de nouvelles frappes sur Gaza comme si c’étaient des anciennes — d’avant le cessez-le-feu — et tout le monde acquiesce. Nous vivons dans un monde de discours. La vérification des faits devient absurde — cela prend trop de temps ; les gens oublient. Il faut, comme faire du surf, chevaucher les vagues des campagnes d’information vers son propre objectif, sans se laisser distraire. Israël fait cela — et, hélas, avec succès — poursuivant une politique atroce qui coûte des milliers de vies humaines.
19:38 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, actualité, budapest, viktor organ, vladimir poutine, donald trump, hongrie, états-unis, russie |
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lundi, 27 octobre 2025
La part mafieuse de l’État profond

La part mafieuse de l’État profond
par Georges Feltin-Tracol
Commissaire général de la Police nationale, diplômé de Sciences – Po Paris, de criminologie et en droit, Jean-François Gayraud a déjà signé plusieurs ouvrages dont Le Monde des mafias : géopolitique du crime organisé (Odile Jacob, 2005) et L’art de la guerre financière (Odile Jacob, 2016). Le plus récent, paru en octobre 2023, concerne La Mafia et la Maison Blanche. Un secret si bien gardé de Roosevelt à nos jours (Plon, 574 p., 24,90 €).




En s’appuyant sur une riche bibliographie de vingt pages, il étudie ce qu’il qualifie de « part d’ombre de la démocratie américaine », à savoir le rôle du crime organisé auprès des présidents des États-Unis d’Amérique à partir de Franklin Delano Roosevelt (1933 – 1945). Ainsi s’intéresse-t-il aux présidences de Roosevelt, de Truman, de Kennedy, de Johnson, de Nixon, de Reagan, de Clinton, d’Obama, du premier Trump et de Biden. « En revanche, avertit-il, nous n’aborderons pas 5 d’entre elles (Eisenhower, Ford, Carter, Bush père puis fils). Ce silence sur ces périodes n’est pas le fait d’un choix ou d’un oubli, mais s’explique par l’absence de sources crédibles. En effet, au fil des années, nos recherches n’ont jamais fait apparaître de traces suffisamment pertinentes. Au demeurant, ce vide doit être interprété avec prudence, puisque l’absence de preuve n’est pas toujours la preuve de l’absence ». Il souligne plus loin que « la dynastie Bush a suscité des interrogations quant à certains aspects de ses intérêts dans le monde du pétrole, de la finance ou de l’armement, aux États-Unis et à l’étranger. Cependant, rien qui ne concerne directement la Mafia ».
Jean-François Gayraud estime que « la haute criminalité est une dimension oubliée de la grande histoire ». Son « livre propose donc d’éclairer l’histoire politique visible par l’apport d’une histoire invisible et de l’invisible, cachée, au profit d’une histoire épaisse et profonde ». Son travail, très fouillé, s’accompagne en fin de volume d’un appareil critique de notes de soixante-trois pages.
Il observe que la « criminalisation aurait provoqué l’émergence d’un sixième pouvoir – après le législatif, le judiciaire, l’exécutif, la presse (quatrième) et le militaire/renseignement (cinquième) – capable d’influencer en profondeur le gouvernement, le droit, l’économie, les valeurs, les goûts, les mœurs: le crime organisé, jouant le rôle d’un “ gouvernement d’appoint ”, indépendant des autres pouvoirs ». Son expertise l’amène à analyser sa structure interne. La Mafia n’est pas un ensemble monolithique. C’est plutôt une société secrète criminelle dont l’unité de base repose sur la « Famille ». « Il ne s’agit pas d’une réalité biologique, précise-t-il, mais d’une construction par un processus d’initiation. Une Famille n’est donc pas constituée par des individus ayant tous un lien familial biologique (père, fils, cousin, oncle, neveu, etc.), mais par des hommes de sexe masculin [sic !], catholique et d’ascendance italienne, ayant été choisis pour intégrer cette nouvelle entité qui forme désormais leur nouvelle “ Famille ”. » Les groupes mafieux nord-américains se coordonnent plus ou moins avec de nombreuses nuances suivant les périodes, les objectifs visés et la personnalité de leurs chefs respectifs. Mais la figure du « Parrain » représente surtout une belle diversion. Par exemple, « la direction de la Famille de Chicago est traditionnellement collégiale. Al Capone puis Frank Nitti ne sont que des boss en titre. Le vrai pouvoir s’exerce de manière plus collective en coulisse. Ce leurre permet aux vrais chefs d’œuvrer à moindre risque. Ces boss de l’ombre sont alors Paul Ricca, Tony Accardo et Murray Humphreys ».


Al Capone et Frank Nitti.
On croit souvent que le berceau de la Mafia italo-américaine se trouve à New York ou à Chicago. Erreur ! Les lecteurs férus des polars étatsuniens savent que son foyer originel se situe à La Nouvelle-Orléans. En raison de cette ancienneté, la Famille de cette ville dispose d’une autonomie certaine et couvre autant la Louisiane que le Texas.
Dans un long chapitre, Jean-François Gayraud revient sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy en 1963 à Dallas. Pour lui, l’acte est commandité par la Mafia avec l’aide technique d’agents recrutés par la CIA pour des opérations clandestines anti-castristes à Cuba. À la fin de la décennie 1950, Mafia et CIA collaborent de manière ponctuelle sous la supervision lointaine du vice-président Richard Nixon. L’auteur revient en outre sur le rôle effacé du FBI dans la lutte anti-Mafia en raison des consignes de modération ordonnées par son tout-puissant directeur de 1924 à 1972, John Edgar Hoover. Ce dernier façonne le FBI en police politique et non pas en une force destinée à combattre les malfrats. La Mafia le tenait-elle grâce à des dossiers compromettants sur ce parieur frénétique des courses hippiques et sa vie privée ?

John Edgar Hoover.
L’action du FBI en tant que police politique répressive s’efface grâce au cinéma qui l’enjolive en institution probe et courageuse. Il faut néanmoins savoir que la Mafia contrôle l’industrie cinématographique et le divertissement de masse. Le futur 40e président des États-Unis, acteur de profession à l’origine, Ronald Reagan, fut longtemps le président du principal syndicat des acteurs, la Screen Actors Guild (SAG), noyauté par les mafieux bien qu’« en Californie, la Famille présente à Los Angeles est faible en nombre et en organisation, et elle fonctionne sous la domination de celle de Chicago. La Californie, à l’image du Nevada, a toujours été un territoire plus ou moins ouvert à toutes les Familles; là, la Mafia emploie un plus grand nombre d’avocats, de banquiers et d’investisseurs, une technique lui permettant ainsi une présence plus diffuse et surtout très intégrée aux élites économiques. Elle est en fait souvent indissociable du big business ».

Bien que modelé par le milieu, le 7e art ose parfois évoquer certains sujets connexes tels le film de Doug Liman Barry Seal. American Traffic (2017). Pilote talentueux, Barry Seal transporte des tonnes de cocaïne aux États-Unis au profit du cartel colombien de Medellin et en liaison avec la CIA. Il fuit vite la Louisiane et s’installe en Arkansas qui « sert alors de base arrière pour les transferts d’armes orchestrés par la CIA au profit des Contras au Nicaragua, ainsi que leur entraînement militaire ». On est à l’origine du fameux scandale de l’Irangate. Jean-François Gayraud signale qu’« à partir des années 1980, l’Arkansas devient “une petite Colombie”, un épicentre du trafic international de cocaïne. L’État est miné de l’intérieur par une narco-corruption endémique, protégée aux plus hauts niveaux de responsabilité. L’expression de “narco-État” n’est pas exagérée, tant la corruption née du trafic de la drogue y est répandue (p. 395) ». Bill Clinton, futur 42e président étatsunien (1993 - 2001), y exerce d’abord la fonction de procureur général (ministre de la Justice) de 1977 à 1979, avant d’en devenir le gouverneur à cinq reprises (1979 – 1981 et 1983 - 1992).
On peut toutefois regretter que l’auteur ne mentionne pas les relations étroites entre la Mafia, par l’intermédiaire du cinéma, et d’une part du « cinquième pouvoir », à savoir le complexe militaro-médiatique, grand instigateur du « cinéma de sécurité nationale » (Jean-Michel Valantin). Jean-François Gayraud n’hésite pas pourtant à citer les travaux de Peter Dale Scott sur l’« État profond ». Craint-il de s’éparpiller ou de s’aventurer sur des terrains glissants et obscurs ? D’éclairer les coulisses de l’histoire apparente ?
Il évoque cependant un roman de politique-fiction paru à Chicago en 2000. On relève des similitudes troublantes avec l’ascension de Barack Obama, élu de l’Illinois et donc de… Chicago. On oublie qu’Obama fut le sénateur local de 1997 à 2004. L’auteur d’America’s First (Research Association School Times Publications, Frontline Distribution International, 351 p., Chicago)), Charles D. Edwards a alors 31 ans. Ce Noir a grandi au Queens à New York. Il déménage et travaille à la mairie de… Chicago. Ce roman raconte l’arrivée au pouvoir à 46 ans de Calvin Smart. Bon orateur et juriste noir brillant, marié à Audrey, elle-même juriste, il atteint la fonction de président pro tempore du Sénat, soit le 4e personnage de l’État. Le président des États-Unis meurt d’une attaque cardiaque. Puis son vice-président devient le 44e président. Mais il meurt aux côtés du speaker de la Chambre des représentants (le 3e personnage de l’État) dans un attentat à Londres. Calvin Smart arrive à la Maison Blanche. Depuis toujours, le nouveau président fréquente la féroce Famille Giovinci et reçoit de fortes pressions de la Mafia afin de ne pas légaliser les drogues.
Entrepreneur immobilier à New York, Donald Trump doit rencontrer pour ses affaires des membres du milieu. Il y est contraint parce que « durant trois décennies (1970 – 1990), les cinq Familles de New York disposent d’une mainmise quasi absolue sur le marché du bâtiment et de la construction (BTP) à New York. […] La Mafia contrôle tous les métiers liés au secteur: le béton évidemment, mais aussi la maçonnerie, la plomberie, les fenêtres, la peinture, la menuiserie, etc. » Père spirituel de Trump, l’avocat Roy Cohn, démocrate, juif et homosexuel, « représente un lien unique vers la Mafia et les syndicats sans qui ses projets immobiliers ne peuvent prospérer sans heurt. Il est l’homme des contacts sensibles et des pots-de-vin, celui qui achète la paix et forge les alliances politiques et mafieuses ». Faute de preuves solides, Jean-François Gayraud ne fait qu’effleurer la présence insistante de quelques membres de la pègre russophone dans la proximité de l’homme d’affaire.
La Mafia et la Maison Blanche raconte plus d’un demi-siècle d’histoire souterraine passionnante. Il confirme le caractère ploutocratique des États-Unis d’Amérique. L’auteur explique bien en note que « le système démocratique américain est devenu malade en raison du pouvoir des lobbys et de l’argent – deux phénomènes liés – qu’une décision de la Cour suprême de 2010 (Citizen United vs Federal Election Commission) a conforté. Désormais, les entreprises privées et les syndicats peuvent participer au financement des campagnes sans limitation de versements. La corruption politique a été ainsi en partie légalisée ». Du fait de sa dépendance intrinsèque aux puissances financières, les États-Unis d’Amérique, par-delà la dimension mafieuse de l’État profond, sont très certainement – et de loin ! – le principal État-voyou de la planète.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 171, mise en ligne le 23 octobre 2025 sur Radio Méridien Zéro.
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mardi, 21 octobre 2025
Trump, le découplage et la fiancée étrusque

Trump, le découplage et la fiancée étrusque
Conversation avec Alexandre Douguine pour le programme télévisé Escalade de Sputnik TV
Alexandre Douguine
Alexandre Douguine imagine un monde arrivé à un point de rupture: l'influence d'Israël sur l'Amérique s'amenuise, Trump joue au poker nucléaire, et l'Occident dépérit comme un cadavre en décomposition, tandis que l'Eurasie prépare sa résurrection.
Présentateur Alexandre Boukarev : Commençons par le sujet le plus brûlant, puisque Donald Trump prononce en ce moment un discours devant la Knesset. On pourrait dire que cela marque une pause ou même un tournant dans le conflit entre Israël et Hamas. La première question est la suivante: dans quelle mesure l’accord entre Israël et le Hamas, que Trump qualifie pompeusement de “fin de la guerre”, est-il réellement durable et, surtout, qui en tirera le plus grand avantage, en ce qui concerne les événements en Israël et dans la bande de Gaza ?
Alexandre Douguine : Il me semble qu’objectivement, c’est une réussite pour Trump. Il a traversé une période électorale difficile. Son soutien total à Netanyahu impliquait l’étape suivante: reconnaître le démantèlement de l’État palestinien, en le reportant indéfiniment. Netanyahu et le gouvernement israélien ont demandé à l’Occident et au monde de refuser totalement de reconnaître la Palestine sous quelque frontière que ce soit, ni à Gaza ni en Cisjordanie, ainsi que le droit d’Israël à créer le “Grand Israël”. C’était leur position, et, apparemment, la cause déclencheuse de la tragédie à Gaza, un vrai génocide de la population locale.
Du point de vue de Netanyahu et de ses partisans radicaux religieux-politiques – Ben-Gvir, Bezalel Smotrich et d’autres ministres – ils suivent les théories de Dov Ber et Yitzhak Shapira sur la préparation à la construction du Troisième Temple et sur le "sacrifice de la vache rouge". Les vaches rouges, entre autres, ont été amenées d’Amérique. Il s’agit d’un ancien rituel juif qui précède la venue du Messie et la construction du Troisième Temple. Pour que cela se réalise, la mosquée d’Al-Aqsa, le lieu sacré de l'Islam à Jérusalem, doit être détruite.
Récemment, Ben-Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, y a mené un rituel religieux, violant ainsi les droits des musulmans tout en préparant symboliquement la mosquée à sa démolition. Il s'agissait d'un rite d’initiation pour la venue du Messie. Trump a soutenu cette ligne pendant longtemps, contre l’avis de ses partenaires occidentaux et de sa propre base, celle du mouvement MAGA, qui est en grande partie devenu anti-israélien. En raison de la politique pro-Netanyahu de Trump, des conflits ont éclaté entre ses propres soutiens en Amérique. Il a pris des risques, mais la prochaine étape de cette politique aurait signifié occuper Gaza, expulser les Palestiniens, refuser leur statut d’État et étendre le Grand Israël aux dépens de la Syrie et du Liban. Trump a suivi Netanyahu presque jusqu’à la fin, jusqu’à la ligne rouge, empruntant ainsi la voie du sionisme chrétien. Un travail idéologique, militaire et diplomatique immense a été réalisé pour orienter l’Amérique à soutenir le projet messianique de Netanyahu.

Mais l’accord d’aujourd’hui est tout le contraire de cette orientation. Lorsque hier, l’envoyé spécial Witkoff a parlé devant les Israéliens et a mentionné Netanyahu, la foule a protesté et l’a fait taire. Ce n’est pas là une victoire de Netanyahu. L’échange d’otages, la libération de milliers de Palestiniens des prisons et le retrait des troupes de Gaza sont désormais compromis par Netanyahu lui-même. Les conditions du Hamas et des Palestiniens – forger un État palestinien indépendant, soutenu par de nombreux pays et même par l’OTAN, à l’exception des vassaux les plus fidèles de l’Amérique – ont prévalu.
Trump a changé de cap: en soutenant Netanyahu à 99%, il s’est toutefois arrêté juste avant la dernière étape. Ce n’est plus le Grand Israël, ce n’est plus la venue du Messie, ce n’est plus la "vache rouge", ce n’est plus l'édification du Troisième Temple, ce n’est plus la destruction d’Al-Aqsa, et ce n’est plus le transfert des Palestiniens.
À quoi donc ont servi les sacrifices d'hier? Les Palestiniens reviennent à Gaza sous la supervision d'un État palestinien reconnu par l’Occident. Le Hamas aurait pu déposer les armes mais, maintenant, il assiste à son propre triomphe: ses hommes ont combattu pour l’indépendance et y étaient proches. La logique messianique de Netanyahu, qui a lancé une guerre sous la bannière du Messie, s’est effondrée. L’Iran, malgré les attaques perpétrées contre lui, reste solide. Son patriotisme a grandi; les exigences envers les femmes ont diminué: à Téhéran, on voit de plus en plus de femmes sans hijab. La majorité des pays du monde s’opposent à Netanyahu. L’Occident est divisé: les mondialistes, Soros et les Démocrates le rejettent; Trump le soutient, même si ce n’est pas inconditionnellement. Il joue cinq ou six parties en même temps, sans jamais en gagner une, mais en défendant ses propres intérêts. Mais surtout, il a montré qu’il n’était pas la marionnette d’Israël, ce dont on l’avait accusé. Il a obtenu un cessez-le-feu à Gaza, mais il ne s’agit pas d’une paix stable. Netanyahu et le lobby messianique l’accepteront difficilement: car ce serait accepter leur défaite.
Pourquoi alors gaspiller le capital moral de l’Holocauste? Le monde voit maintenant comment les actions d’Israël ont sapé sa supériorité morale. Ce n’est pas le Grand Israël. Trump, plaisantant sur son avion dans le “Paradis”, qui rappelle Biden, transmet chaque pensée sur les réseaux sociaux avec une spontanéité d'extraverti. Ce n’est pas une paix durable, que l'on vient de nous concocter, mais une nouvelle version de la même triste réalité qui pourrait bien mener à la troisième guerre mondiale. Une victoire fragile et momentanée pour Trump, mais une victoire réelle pour le Hamas et les Palestiniens, qui ont discrédité Israël et se sont rapprochés de la création d’un État qui leur serait propre. Cela déstabilise la région avec la menace de nouvelles guerres, peut-être sous des formes encore plus terrifiantes.
Présentateur : Des sondages récents aux États-Unis montrent que même les chrétiens sionistes et évangéliques, qui soutenaient autrefois le lobby israélien – en particulier les jeunes – retirent de plus en plus leur soutien. Sans parler de l’Europe et de la communauté musulmane aux États-Unis, qui fait aussi partie de l’électorat de Trump. Dans ce contexte, puisque, comme vous le dites, Trump n’a pas achevé ce jeu, que pensez-vous que l’avenir réserve à Israël, d’un point de vue politique et existentiel, s’il n’a pas réussi à atteindre l’objectif pour lequel il a tout risqué ?
Aleksandr Dugin : L’objectif pour lequel Israël a tout risqué est un phénomène métapolitique: l’attente de la venue du Messie. C’est quelque chose de plus grave que l’échec d’un complot politique ou d’une opération militaire. La seule signification d’Israël réside dans le fait d’être un projet messianique. Sans le Messie, il n’a aucune justification d’exister. En tant «qu’îlot de démocratie dans une mer islamique», il ne résistera pas. Il est confronté à un choix: intensifier la tension messianique ou s’effondrer. Tout pas en arrière signifie basculer dans le non-être.

Aux États-Unis, une vague anti-israélienne grandit, même parmi d’anciens soutiens. Les jeunes – en particulier les Groypers, les nouveaux nationalistes qui ne sont pas des partisans de Trump – professent un antisémitisme qui va jusqu'au culte d’Hitler. C’est un phénomène de masse. Ils se demandent : « Israël d’abord ou l’Amérique d’abord ? ». Pour tout politicien, la réponse « Israël d’abord » signifierait la fin de sa carrière.
Tucker Carlson critique Israël avec prudence, s’opposant aux Groypers et faisant appel au patriotisme américain. Charlie Kirk – qui a peut-être été tué parce qu’il refusait de soutenir Israël – était une figure influente. La propagande mondialiste et liée à Soros alimente le sentiment anti-Israël, en envoyant des activistes d’Antifa et des figures du mouvement LGBT protester contre Israël. Les musulmans tentent de les mettre de côté, mais Soros utilise ces forces – tout comme il a utilisé notre opposition – pour des actions pro-palestiniennes.
La pression vient des deux côtés: de droite, des jeunes nationalistes; de gauche, des libéraux. L’Anti-Defamation League, orientée anti-Trump, perd de son influence. L’attitude de l’Amérique envers Israël a changé, et Trump le perçoit. Lui, Kushner et d’autres sionistes ont suivi Netanyahu, mais en tant que pragmatique et homme d’affaires, Trump comprend que la situation ne peut pas lui être favorablement retournée. Le facteur islamique aux États-Unis reste marginal, et le lobby juif continue de dominer la scène politique américaine. Cependant, le sentiment anti-israélien de dizaines de millions de personnes est devenu trop fort pour être ignoré.
Présentateur : Qui paiera pour la reconstruction de Gaza? La question reste sans réponse.
Aleksandr Dugin : C’est une question qui reste ouverte. Rien n’est gratuit. Détruire est facile, créer est difficile. Ils chercheront à rejeter la responsabilité sur l’Europe (qui devra payer), avec une partie seulement à charge des États-Unis. Israël ne paiera rien. Les pays islamiques pourraient participer mais Gaza deviendrait alors un pont pour les processus politiques palestiniens, ce qui menace Israël. D’un point de vue géopolitique et messianique, Israël a été vaincu. Avant que Gaza ne soit reconstruite, le Moyen-Orient traversera des moments de tension. Il est possible qu’Israël lance à nouveau une opération militaire, cette fois contre l’Iran.
Présentateur : Passons à un autre sujet international concernant Donald Trump mais qui concerne cette fois directement la Russie. Je voudrais en savoir plus non pas sur les missiles Tomahawk en soi, mais sur le dialogue indirect qui se déroule via les déclarations de Vladimir Poutine et Donald Trump. Récemment, Trump a mentionné les Tomahawk, puis Poutine a parlé d’Anchorage, soulignant que nous restons fidèles à nos accords et que cette ligne se poursuivra. Trump n’a pas commenté directement, mais a dit qu’il comptait appeler Poutine avant de prendre une décision concernant les Tomahawk. Il semble qu’il y ait deux courants: l'un, caché, invisible pour nous, et l'autre qui implique Zelensky, Macron et d’autres qui discutent des Tomahawk.
Alexandre Douguine : La situation est extrêmement grave et ne doit pas être sous-estimée. Trump, sûr de sa capacité à exercer des pressions, des chantages et à forcer les autres à accepter ce qu’il appelle la “paix”, manipule diverses parties, y compris le puissant lobby pro-israélien et Netanyahu, lobby qui est une force profondément enracinée dans la politique américaine. Ses méthodes coercitives fonctionnent souvent et c’est alarmant. D’un côté, cela le satisfait: c’est un homme des cycles courts, ce n'est pas un stratège. Il résout les problèmes instantanément, encaissant immédiatement les profits. C’est une approche entrepreneuriale: gagner tout de suite, le lendemain n’a pas d’importance. On peut tout perdre au casino, en échangeant des gains à long terme contre des gains rapides. C’est la mentalité d’un entrepreneur américain: la valeur est dans la transaction qui s'effectue ici et maintenant.

Les conséquences? Il n’a pas de temps de s'attarder sur elles: le rythme doit s’accélèrer. Et ça, c’est dangereux, car jusqu’à présent, cela a fonctionné pour lui. Il applique maintenant cette méthode à la Russie, mais ici, ce n’est pas approprié. Il s’agit de projets à long terme, de grandes stratégies, de géopolitique, toutes choses que Trump évite. Il agit dans l'instant, et cela est forcément risqué. En tentant d’imposer un principe commercial – « Allez, Poutine, faisons la paix à mes conditions » – il entend la réponse de Poutine: « Non, ce ne sont pas mes conditions à moi ». Trump répond alors par des menaces: « D’accord, alors – nous couperons les ponts, enverrons des Tomahawks, de nouvelles armes ». Cette intimidation envers la Russie, tout comme envers la Chine, est extrêmement dangereuse et vaine.
Selon moi, Poutine agit avec la plus grande délicatesse: il ne cède pas sur les questions stratégiques, ne fait pas de compromis sur des intérêts vitaux, et les défend avec fermeté, mais il est prêt à continuer ce jeu désagréable et risqué. L’histoire des Tomahawks, c'est comme au poker. Poutine joue des stratégies complexes; Trump joue au poker, où seuls le bluff et les gestes rapides comptent. Mais si, lors de négociations difficiles, la mise monte, l’apparence de “simple jeu” de notre part disparaîtra.
Peskov l’a affirmé clairement, et nos politiciens ont dit la même chose: nous avons tracé des lignes rouges; l’Occident les a dépassées, et nous n’avons pas réagi. L’Occident croit à tort que nous ne réagirons jamais. Livrer des Tomahawks à Kiev signifie, du point de vue technique-militaire, que du personnel américain attaquera en profondeur le territoire russe: il n’y a pas d’autre moyen, comme le confirment les experts. Trump, avec son style “dur”, lance un ultimatum qui mène directement à un conflit militaire avec nous. Il refuse clairement de penser à une escalade nucléaire, en supposant que cela se déroulera comme avec l’Iran: les États-Unis attaqueront la Russie pour forcer un accord rapide sur l’Ukraine.

Présentateur : Comme avec l’Iran ?
Alexandre Douguine: L’Iran, éloigné d’Israël, soutient les chiites. Pour l’Iran, la situation était complexe mais elle n'était pas vitale. Pour la Russie, c’est différent: cela touche nos intérêts directs. En jouant à la roulette russe avec l’escalade pour perspective, Trump joue avec le feu. Si nous cédons, si nous ne répondons pas aux attaques avec des Tomahawks sur notre territoire, et si on ne sait pas ce qu’ils pourraient transporter dans leurs ogives, cela annulerait tous nos succès, sacrifices et souffrances. Il ne s’agit pas de la menace d’une contre-offensive ukrainienne, que nous avons à peine réussi à gérer. C’est quelque chose de bien plus grave. Si nous ne répondons pas aux attaques directes américaines, ils pourront nous faire tout ce qu’ils veulent.
Le monde est dans le chaos; chacun tire dans sa propre direction; il n'y a personne sur qui compter. Nous sommes seuls: ou nous repoussons l’agression américaine, qui pourrait commencer à tout moment, ou une guerre avec les États-Unis sera inévitable. Trump, avec son arrogance agressive, a dépassé une limite que même Biden et les mondialistes ne voulaient pas franchir. Il ne s’agit pas seulement d’Anchorage. C’est du poker géopolitique, où une partie déclare: «Maintenant, on passe à la roulette russe».
Présentateur : Directement à la roulette russe, tel est le nouveau facteur ?
Alexandre Douguine : Oui. Les Tomahawks sont un nouveau facteur dans l'escalade. Il ne s’agit pas de la victoire de l’Ukraine ou de la défaite de la Russie, mais du début d’un affrontement militaire direct entre la Russie et les États-Unis, le seuil de la troisième guerre mondiale. Nous nous sommes approchés de cette ligne à plusieurs reprises et avons fait marche arrière, mais Trump accélère les événements, alimentant les tensions.

Melania Trump tente de réfuter les fausses informations concernant les enfants ukrainiens, tandis que Maria Lvova-Belova (photo) a démontré de manière convaincante aux Américains l’absurdité des accusations contre notre président et contre elle-même. Nous y sommes parvenus, mais nous ne pouvons arrêter cette escalade maniaque de Trump, déguisée en pacification.
Le prix Nobel de la paix a été décerné à un agent obscur de Soros pour une révolution colorée ratée au Venezuela: une honte absolue pour ce prix. Pourquoi Trump a-t-il besoin de ce prix discrédité? Son image de pacificateur est fausse, fruit de la sénilité et de l’absurdité.
La fragilité de la situation s’accroît, et les Tomahawks la rendent mortellement dangereuse. Zelensky se féliciterait si l’Amérique commençait à se battre pour lui: ce serait sa victoire à lui. Pendant quatre ans, il a cherché à entraîner l’Occident dans un conflit direct avec la Russie; il pourra ensuite se retirer, même si son pays est détruit.
L’élite mondiale se dégrade: certains sombrent dans la démence, d’autres deviennent toxicomanes, changent de sexe ou se transforment en monstres.
L’Occident perd son visage humain. Soros est un monstre; Trump en est un autre, incapable de distinguer les rêves de la réalité. L’Occident décline, entraînant dans sa tourmente notre propre guerre civile avec le mouvement Antifa, les marxistes, les transgenres, la mode furry. Ils exportent cette apocalypse zombie, infectant l’humanité avec le venin de la folie. C’est extrêmement dangereux: l’Occident possède des bases, des armes et le désir de mourir lors d’un spectacle, comme la tour de Babel qui s’effondre et secoue la terre.
Présentateur : Permettez-moi d’aborder le cadre philosophique, puisque vous avez mentionné le Prix Nobel de la Paix. Certains soutiennent que le déclin de l’Occident profite à la Russie seulement si cela se produit lentement, afin que ses effets centrifuges ne déstabilisent pas le monde entier. Comment voyez-vous cela ?
Alexandre Douguine : Ce qui compte, c’est que l’Occident pourrisse sans nous. Il existe une torture appelée «la fiancée étrusque»: attacher un cadavre à une personne vivante de façon à ce que la putréfaction pénètre dans la chair vivante. L’occidentalisme, le libéralisme, la mondialisation, la numérisation, le désir d’imiter l’Occident: c’est cela, cette «fiancée étrusque».
L’Occident est mort, et plus on s’en rapproche, plus il devient dangereux. Que son déclin soit rapide ou lent n’a pas d’importance. La clé, c’est de pratiquer sans retard le découplage, de couper tous liens avec ce monstre toxique. L’Occident a toujours eu une tendance à la dégénérescence, mais il a maintenant atteint le stade terminal, celui d’un déclin irréversible. Si cela se décompose plus rapidement, c’est peut-être même mieux. L’important, c’est d'isoler cette baraque infectée appelée «société occidentale éclairée», de mettre entre elle et nous un mur infranchissable.
L’humanité doit se sauver de l’Occident. Quiconque reste lié à cette «fiancée étrusque» en décomposition est condamné: le poison se répandra, vite ou lentement, peu importe, mais la maladie qu'il apporte est inévitable. La rupture aurait dû se produire il y a cent ans, deux cents ans. Nous repoussons toujours cela, en pensant que l’Occident ne se décomposera pas ou que son déclin sera d’une certaine manière agréable. Les élites contaminées par une pensée à court terme poursuivent le plaisir immédiat, ignorant les conséquences. La contamination a pénétré notre culture et notre sang. La question n’est pas de savoir si un déclin rapide ou lent nous avantage, mais de savoir qu’il doit se produire sans nous. Nous avons fait beaucoup pour nous en détacher, mais il reste encore beaucoup à faire: l’infection est profonde.
Présentateur : Passons maintenant à ce que nous avons fait et à ce que nous faisons, passons au dernier sujet d’aujourd’hui: le sommet des chefs d’État de la CEI au Tadjikistan et le discours de Vladimir Poutine. De nombreuses questions ont été abordées. Je voudrais demander quelles sont les perspectives de la CEI en ce qui concerne la coopération de la Russie avec les autres pays du Commonwealth. Poutine a cité la Biélorussie comme un exemple de coopération avec nos voisins géographiques et historiques. Que voulait-il dire en faisant une analogie entre la Biélorussie et les autres pays de la CEI dans le cadre de projets communs ?
Aleksandr Dugin : Poutine voulait souligner la nécessité de construire, à la place de la CEI, un État unifié de l’Union eurasiatique selon le modèle de l’Union Russie-Biélorussie. C’est notre seule voie.
Ses paroles peuvent être interprétées de plusieurs manières, mais je n’en vois qu’une seule: de ce qui a été dit et non dit, de la logique de l’histoire géopolitique, il en découle que nous devons agir ensemble comme un seul pôle – les peuples de l’Empire russe, de l’ancienne Union soviétique, partie indissociable de la civilisation eurasienne: notre peuple, notre culture, notre société – ou nous nous retrouverons entourés d’États hostiles, non souverains et marionnettes comme l’Ukraine, sous l’influence d’acteurs extérieurs, pas nécessairement occidentaux. Il pourrait s’agir du pôle islamique, de la Chine ou d’autres centres de pouvoir. La souveraineté n’est possible que pour de grands blocs civilisationnels: la Russie, la Chine, l’Inde et le monde islamique. La souveraineté du monde islamique, comme on le voit à Gaza et en Palestine, est faible. Cependant, elle pourrait se réorganiser, peut-être sous l’influence du facteur palestinien, dans un nouveau type de califat. Alors, l’Asie centrale deviendrait une zone de conflit entre le pôle islamique, la Russie et la Chine: c'est là une perspective sombre.
Poutine lance un dernier avertissement: soit la CEI se transforme en une véritable Union eurasiatique, soit le destin des États semi-souverains post-soviétiques sera tragique. Il n’est pas nécessaire d’atteindre une unification totale comme avec la Biélorussie, mais un partenariat militaire, économique, politique et culturel sous forme d’union devrait servir d’exemple à tous les États de la CEI, y compris l’Ukraine. La guerre en Ukraine est le résultat du refus de cette voie, tout comme en Moldavie et en Géorgie. Il manque encore un argument: la conquête de Kiev. Quand nous conquerrons Kiev, les paroles de Poutine auront du poids. Nous devons démontrer la nécessité de l’État de l’Union par un acte décisif et irréversible. Sinon, augmenter la tonalité de la rhétorique ne servira à rien.
Cf.: https://www.multipolarpress.com/p/trump-decoupling-and-th...
19:34 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, alexandre douguine, russie, donald trump, états-unis, israël, gaza |
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samedi, 18 octobre 2025
Trump – Poutine: Budapest devient le nouveau « point d'ancrage » de la paix

Trump – Poutine: Budapest devient le nouveau « point d'ancrage » de la paix
par Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/10/trump-putin-budapest-wird-zum...
Après un entretien téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine jeudi, le président américain Donald Trump a annoncé qu'il allait bientôt rencontrer à nouveau Poutine, cette fois à Budapest.
Donald Trump s'est entretenu jeudi au téléphone avec Vladimir Poutine et a qualifié la conversation de « très productive ». Ce qui a suivi pourrait changer le cours géopolitique des prochains mois.
Poutine a félicité Trump pour son «succès du siècle»: la paix au Proche-Orient.
Trump, quant à lui, considère ce succès comme la clé de la prochaine étape: la fin de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
Selon Trump, les deux parties souhaitent réunir leurs conseillers la semaine prochaine, sous la direction du ministre des Affaires étrangères Marco Rubio pour les États-Unis. Cette réunion doit servir à préparer un sommet à Budapest.

Budapest – l'heure d'Orbán
Ce n'est pas un hasard si Trump choisit précisément la Hongrie comme lieu de rencontre: Orbán est le seul chef de gouvernement de l'UE à se prononcer ouvertement en faveur de pourparlers de paix avec la Russie. Budapest devient ainsi le symbole de la souveraineté européenne – en dehors de la ligne bruxelloise.
Pour Trump, Orbán est également un test pour savoir si l'Europe est encore capable d'agir lorsque Washington ne mène pas la danse.
Le calcul stratégique
Trump souligne les « grands progrès » accomplis, mais évite d'entrer dans les détails. Les analystes y voient une double stratégie: il attire Zelensky et l'UE avec la perspective d'un soutien américain (« Tomahawks ») pour ensuite exiger un cessez-le-feu immédiat, comme preuve de sa capacité à instaurer la paix avant l'année électorale américaine.
Pour le Kremlin, Budapest est plus qu'un simple lieu: elle marque le retour à la realpolitik – laquelle consiste en des discussions sur la sécurité, le commerce et l'ordre d'après-guerre. L'Europe, en revanche, est mise en avant: tandis que Bruxelles parle de « dissuasion », d'autres négocient la paix et un nouvel ordre.
Conclusion
L'« élan mourant d'Anchorage » – l'échec de la communication entre les États-Unis et la Russie sous Biden – renaît à Budapest. Ce qui a commencé comme un geste pourrait devenir un tournant. Avec Budapest, un nouveau pôle géopolitique se forme: Washington – Moscou – Budapest. Les cartes de la sécurité européenne sont en train d'être redistribuées.
18:47 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, hongrie, europe, affaires européennes, russie, états-unis, viktor orban, vladimir poutine, donald trump, diplomatie, realpolitik |
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