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Syndrome du Titanic : Ernst Jünger et la culture de la panique

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Syndrome du Titanic : Ernst Jünger et la culture de la panique

par Nicolas Bonnal

A la fois prophète olympien et descripteur de la débâcle, Jünger prévoit notre anéantissement économique et anthropologique. Dans Soixante-dix s’efface, alors qu’il raconte des petits voyages (Maroc, Canaries) souvent décevants, le maître soudain catastrophé écrit :

« Les autos ruinent les villes ; le séjour devient une « saison en enfer » - les bruits, les gaz d’échappement, les dangers de mort. Quand on ne se fait pas écraser, on dépérit lentement. Même les îles lointaines en sont inondées. Sur les plages, les hôtels poussent comme des champignons, non isolément, mais par chaînes entières. Ils sont identiques, jusqu’à leurs trous de serrure ; leur modèle se trouve quelque part à New York ou à Tokyo. On estime par conséquent que le nombre des voyageurs va constamment croître, et qu’il faut, dans cette perspective, engager de plus en plus de personnel. Dans les îles, l’eau va aussi se raréfier. Fièvre du boom commercial. Qu’arrivera-t-il en cas de restrictions, de crise économique, de guerre ? L’évolution est irréversible. Un hôtel vide se change bientôt en ruine ; d’un garçon de restaurant, on ne refera jamais un berger. Viennent alors des paysages spectraux (p. 534).»

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L’effondrement qui nous arrive dans les années 2020, et qui est autant subi que provoqué via le Reset, devient chez Jünger un syndrome du Titanic. Vingt ans avant, dans son livre le plus important pour les survivalistes, le Traité du rebelle donc, Jünger écrit :

« La peur est l’un des symptômes de notre temps. Elle nous désarme d’autant plus qu’elle succède à une époque de grande liberté individuelle, où la misère même, telle que la décrit Dickens, par exemple, était presque oubliée. »

Jünger évoque justement le Titanic ; on se souvient du succès effarant de ce film répugnant. Il écrit donc :

« Comment ce passage s’est-il produit ? Si l’on voulait nommer l’instant fatal, aucun, sans doute, ne conviendrait mieux que celui où sombra le Titanic. La lumière et l’ombre s’y heurtent brutalement : l’hybris du progrès y rencontre la panique, le suprême confort se brise contre le néant, l’automatisme contre la catastrophe, qui prend l’aspect d’un accident de la circulation. »

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Jules Verne a bien montré que l’automatisme (la civilisation mécanique) croissait avec la peur. Voyez les 500 millions de la Bégum qui montre la montée du péril allemand sur fond de grosse industrialisation. Il y a une grosse promesse, raconte Jünger, mais elle croît avec un grand risque et une grosse trouille :

« Il est de fait que les progrès de l’automatisme et ceux de la peur sont très étroitement liés, en ce que l’homme, pour prix d’allègements techniques, limite sa capacité de décision. Il y gagne toutes sortes de commodités. Mais, en contrepartie, la perte de sa liberté ne peut que s’aggraver. La personne n’est plus dans la société comme un arbre dans la forêt ; elle ressemble au passager d’un navire rapide, qui porte le nom de Titanic, ou encore de Léviathan. Tant que le ciel demeure serein et la vue agréable, il ne remarque guère l’état de moindre liberté dans lequel il est tombé. Au contraire : l’optimisme éclate, la conscience d’une toute-puissance que procure la vitesse. Tout change lorsqu’on signale des îles qui crachent des flammes, ou des icebergs. Alors, ce n’est pas seulement la technique qui passe du confort à d’autres domaines : le manque de liberté se fait sentir, soit que triomphent les pouvoirs élémentaires, soit que des solitaires, ayant gardé leur force, exercent une autorité absolue. »

Jünger a vu le lien entre les mythes grecs et le progrès technique, comme Anouilh, Giraudoux, Domenach, Cocteau et quelques autres pendant et après la Guerre. Le Titanic n’est pas seul en cause. C’est aussi le syndrome du radeau de la méduse, épisode affreux de notre histoire et qui rappelle que la méduse nous transforme en pierres (en cœurs de pierre).

Jünger ajoute :

« Et nous finissons comme des bougies dans un tableau de Bosch :

On pourrait élever une objection : d’autres ères de crainte, de panique, d’Apocalypse ont suivi leur cours, sans que ce caractère d’automatisme vînt les renforcer, leur servir d’accompagnement.

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Laissons ce point : car l’automatisme ne prend ce caractère terrifiant que s’il s’avère être l’une des formes, le style même de la fatalité, dont Jérôme Bosch donnait déjà une représentation incomparable. »

Mais Jünger souligne l’essentiel. Nous crevons de trouille et c’est la marque du monde moderne (la vie aurait dû rester un « risque à courir, pas un problème à résoudre », comme disait un Bernanos écœuré) :

« On constatera que presque tous, hommes ou femmes, sont en proie à une panique telle qu’on n’en avait plus vu dans nos contrées depuis le début du Moyen Age. On les verra se jeter avec une sorte de rage dans leur terreur, en exhiber sans pudeur ni retenue les symptômes. »

Umberto Eco dans un bel essai sur le moyen âge avait parlé du retour impromptu de ces grandes peurs. Flaubert avait déjà souligné dans sa correspondance la trouille liée à un simple épisode météo (voyez mon texte) ; et c’est aujourd’hui sur fond de paniques climatiques que nos élites et gouvernements veulent nous anéantir. On veut alors se cacher (collapsologues, catastrophistes, apocalyptiques, à vos bateaux, à votre or, à vos cavernes !) et Jünger ajoute presque humoristiquement :

« On assiste à des enchères où l’on dispute s’il vaut mieux fuir, se cacher ou recourir au suicide, et l’on voit des esprits qui, gardant encore toute leur liberté, cherchent déjà par quelles méthodes et quelles ruses ils achèteront la faveur de la crapule, quand elle aura pris le pouvoir. »

L’automatisme progresse évidemment avec la panique, et dans le pays qui reste le plus avancé, l’Amérique :

« La culture de panique va s’appesantir, là où l’automatisme gagne sans cesse du terrain et touche à ses formes parfaites, comme en Amérique. Elle y trouve son terrain d’élection ; elle se répand à travers des réseaux dont la promptitude rivalise avec celle de l’éclair. Le seul besoin de prendre les nouvelles plusieurs fois par jour est un signe d’angoisse ; l’imagination s’échauffe, et se paralyse de son accélération même. »

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Jünger va même plus loin en dénonçant l'horreur télévisuelle qui crée péril russe, virus, Reset, dictature et pénurie (voyez mon texte "De Platon à Cnn"):

« Toutes ces antennes des villes géantes ressemblent à des cheveux qui se dressent sur une tête. Elles appellent des contacts démoniaques. »

Nous avons parlé du rôle narcotique de l’info dans un texte ici-même, en citant Platon, Théophraste, Fichte et Thoreau. Reprenons Thoreau :

« À peine un homme fait-il un somme d’une demi-heure après dîner, qu’en s’éveillant il dresse la tête et demande : « Quelles nouvelles ? » comme si le reste de l’humanité s’était tenu en faction près de lui. Il en est qui donnent l’ordre de les réveiller toutes les demi-heures, certes sans autre but ; sur quoi en guise de paiement ils racontent ce qu’ils ont rêvé. Après une nuit de sommeil, les nouvelles sont aussi indispensables que le premier déjeuner.

Dites-moi, je vous prie, qu’importe ce qui a pu encore arriver à quelqu’un, n’importe où sur ce globe ? »

Nous risquons toujours la guerre avec la Chine et la Russie, comme durant la Guerre Froide. Jünger remarque :

« Il est certain que l’Est n’échappe pas à la règle. L’Occident vit dans la peur de l’Est, et l’Est dans la peur de l’Occident. En tous les points du globe, on passe son existence dans l’attente d’horribles agressions. Nombreux sont ceux où la crainte de la guerre civile l’aggrave encore.

La machine politique, dans ses rouages élémentaires, n’est pas le seul objet de cette crainte. Il s’y joint d’innombrables angoisses. Elles provoquent cette incertitude qui met toute son espérance en la personne des médecins, des sauveurs, des thaumaturges. Signe avant-coureur du naufrage, plus lisible que tout danger matériel. »

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Ce naufrage n’est pas très prometteur d’autant que la solution semble impossible : on  combat pour la forme le minotaure au milieu des zombis. Jünger envoie promener le yoga, pourtant recommandé avec la Kabbale dans Sex and the City :

« Mais notre temps exige autre chose que la fondation d’écoles de yoga. Tel est pourtant le but, non seulement de nombreuses sectes, mais d’un certain style de nihilisme chrétien, qui se rend la tâche trop facile. On ne peut se contenter de connaître à l’étage supérieur le vrai et le bon, tandis que dans les caves, on écorche vifs vos frères humains. »

Reconnaissons que nous avons progressé. On les écorche moins vifs, on les bourre vifs et on les sur-informe vifs. Mais passons. Jünger encore pour conclure (si c’est encore possible) :

« Car nous ne sommes pas impliqués dans notre seule débâcle nationale ; nous sommes entraînés dans une catastrophe universelle, où l’on ne peut guère dire, et moins encore prophétiser, quels sont les vrais vainqueurs, et quels sont les vaincus. »

Ici il rejoint Mgr Gaume : pour ce dernier l’Apocalypse aurait lieu quand le monde serait unifié. Comme dira Guy  Debord : « dans un monde unifié on ne peut s’exiler ». Les démons de Davos peuvent alors se rassembler comme à la fin du chant I de Milton et entamer l’œuvre de destruction et de dépeuplement.

Ernst Jünger défendait le recours aux forêts. Comme on sait aussi les montagnes-parcs nationaux sont bourrées de parkings payants et nous venons d’apprendre que dans les Pyrénées, la balade sera payante. On paiera un automate. Mais ne paniquons pas...

Sources:

Jünger – Traité du rebelle, le recours aux forêts – archive.org

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/06/27/de-platon-au...

https://lesakerfrancophone.fr/monseigneur-gaume-et-le-car...

https://www.dedefensa.org/article/flaubert-et-notre-abrut...

 

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jeudi, 15 septembre 2022 | Lien permanent

L’américanisation et notre nullité terminale

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L’américanisation et notre nullité terminale

par Nicolas Bonnal

« Ils ont simplement pris possession d’un butin ouvert à tous ».

Les Américains nous mènent à l’abattoir avec une facilité dérisoire.

La colossale braderie des âmes qui s’opère réduit à néant tous les cultes connus. Le crédit a remplacé le credo, a déclaré notre Marx, et on détruira et remplacera tout parce que c’est le triomphe de la destruction créatrice et du calcul égoïste. Le zombi touriste remplace le bâtisseur de Notre-Dame, du Taj Mahal ou bien de l’Alhambra. Et voyez ce que nos ploucs de la bourse et du business ont fait de Versailles, des îles ou bien d’Ushuaia. Le pauvre a neuf mètres carrés et un smartphone mais comme me dit un vieux promeneur andalou que je croise sur mon bord de mer assiégé, il n’est plus éduqué. Quant au riche, il se fait avoir à peu près partout, tant les prix ont augmenté, tant les prestations ont baissé, et tant ses clones se sont grotesquement multipliés.

L’américanisation… Paraphrasons Oswald Spengler : « la domination mondiale américaine est un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté, mais d'un déficit de résistance. »

Plus l’homme moderne est nul, plus il s’américanise. L’américanisme lui ordonne de renoncer à son argent (sauf s’il est milliardaire en gros lards), sa race, sa famille, sa liberté, son sexe, son rang, sa culture, sa nation, sa tradition. Tout cela manifeste une résiliente toxicité qu’on ne cesse ici de dénoncer, mais aussi cet effondrement vieux de deux siècles. Je cite à nouveau Baudelaire, témoin de notre effilochement lors du stupide dix-neuvième siècle :

« Impitoyable dictature que celle de l'opinion dans les sociétés démocratiques; n'implorez d'elle ni charité, ni indulgence, ni élasticité quelconque dans l'application de ses lois aux cas multiples et complexes de la vie morale. On dirait que de l'amour impie de la liberté est née une tyrannie nouvelle, la tyrannie des bêtes, ou zoocratie… »

C’était avant les véganiens et la nouvelle culture branchée du cannibalisme.

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Le poète ajoute avant les attentats de Las Vegas :

 « Brûler des nègres enchaînés, coupables d'avoir senti leur joue noire fourmiller du rouge de l'honneur, jouer du revolver dans un parterre de théâtre, établir la polygamie dans les paradis de l'Ouest, que les Sauvages (ce terme a l'air d'une injustice) n'avaient pas encore souillés de ces honteuses utopies, afficher sur les murs, sans doute pour consacrer le principe de la liberté illimitée, la guérison des maladies de neuf mois, tels sont quelques-uns des traits saillants, quelques-unes des illustrations morales du noble pays de Franklin, l'inventeur de la morale de comptoir, le héros d'un siècle voué à la matière. »

Et de rajouter que l'américanomanie gagne du terrain vers 1850 chez le clergé catholique:

« Il est bon d'appeler sans cesse le regard sur ces merveilles de brutalité, en un temps où l'américanomanie est devenue presque une passion de bon ton, à ce point qu'un archevêque a pu nous promettre sans rire que la Providence nous appellerait bientôt à jouir de cet idéal transatlantique! »

Il y a donc déficit de notre part. Ortega Y Gasset évoque cette montée de la stupidité que le penseur et économiste oxonien Cipolla a théorisée. Nous ne sommes et ne valons plus grand-chose, et c’est pourquoi, que ce soit sous Macron, Sanchez, Merkel, Hollande, Johnson, Lyen, Truss, nous nous détruisons et nous anéantissons avec allégresse, démographiquement, spirituellement. Le triomphe du féminisme et du multiculturalisme US, dangers autrement plus percutants que l’épouvantail terroriste ou le baril d’islam saoudien, sont là pour le démontrer – et pour nous absorber.

Ce n’est pas la première fois que cela se produit, comme le rappela Oswald Spengler :

 « La domination mondiale romaine fut un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté, mais d'un déficit de résistance ». 

Je trouve géniale cette phrase, moi qui aime surtout dans le monde romain les textes lucides sur sa décadence, en oubliant quelques lueurs comme l’Enéide (chant VI), les bonnes lettres de Sénèque ou le songe de Scipion (Cicéron, République). Pour le reste on est formidablement proche de notre entropie actuelle (un autre qui en parle est Ugo Bardi, chimiste de formation mué historien de vocation sur Lesakerfrancophone.fr).

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On ne va pas rappeler notre époque et sa soumission, et son adoration, et sa déification des américains. L’action Boeing triplait pendant le scandale du Boeing 737, ce qui signifie que nous voulons mourir – nous « crasher » - par et pour ces dieux américains qui nous hypnotisent (cf. mes rappels de Guénon à ce sujet : le monde moderne est hallucinatoire).

Spengler donc, qui remet notre empire romain, sa bureaucratie, son homogénéisation, ses thermes et son multiculturalisme à leur place :

« Considéré en soi, la domination mondiale romaine était un phénomène négatif, résultant non pas d'un surplus d'énergie d'un côté - que les Romains n'avaient jamais eu depuis Zama - mais d'un déficit de résistance de l'autre. Que les Romains n'aient pas conquis le monde est certain; ils ont simplement pris possession d'un butin ouvert à tous. L'Imperium Romanum a été créé non pas à la suite d'efforts militaires et financiers aussi extrêmes que ceux qui avaient caractérisé les guerres puniques, mais parce que l'Orient ancien renonçait à toute autodétermination externe. L’apparition de brillants succès militaires ne doit pas nous induire en erreur. Avec quelques légions mal entraînées, mal dirigées et maussades, Lucullus et Pompée ont conquis des royaumes entiers - un phénomène qui aurait été impensable à l'époque de la bataille d'Issus… »

Au passage, et toujours dans son introduction, Spengler, dont on a fait un distrait poète, mais qui est surtout un naturaliste compétent, nous voit déjà cuits culturellement, et à l’époque de Picasso, Schoenberg et Stravinsky encore :

« Qu'il s'agisse de peinture ou de musique de qualité, il ne peut plus y avoir de question pour les Occidentaux. Leurs possibilités architecturales sont épuisées depuis cent ans. Seules d’extensives possibilités leur sont laissées… »

Depuis nous avons touché le fond, mais nous creusons encore. C’est ce qu’on nomme l’art contemporain, qui recouvre et pollue Versailles et les ronds-points de l’ancienne France.

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L’empire romain exerce sa fascination comme aujourd’hui notre matrice US. Spengler :

« Il existe un type d'érudit dont la clarté de la vision tombe sous un charme irrésistible lorsqu'il passe d'une redingote à une toge, d'un terrain de football britannique à un cirque byzantin, d'un chemin de fer transcontinental à une voie romaine dans les Alpes, d'un destroyer de trente nœuds à une trirème, des baïonnettes prussiennes aux lances romaines - de nos jours même, du canal de Suez d'un ingénieur moderne à celui d'un pharaon. » 

Hypnose, quand tu nous tiens…

Spengler rappelle les conditions romaines, notamment dans le domaine… immobilier :

« Pour moi, c’est un symbole de la première importance que dans la Rome de Crassus - le triumvir et le spéculateur de chantier tout-puissant - le peuple romain avec ses inscriptions fières, le peuple devant lequel tremblaient Gaulois, Grecs, Parthes, Syriens, vive dans une misère effrayante dans des établissements de plusieurs étages de banlieues sombres, acceptant avec indifférence ou même avec une sorte d'intérêt sportif les conséquences de l'expansion militaire: beaucoup de familles célèbres et nobles, beaucoup de descendants des hommes qui ont vaincu les Celtes et les Samnites ont perdu leurs maisons ancestrales en se tenant à l'écart de la précipitation sauvage de la spéculation et ont été réduits à louer des appartements misérables… le long de la voie Appienne, où se trouvent les tombes splendides et encore merveilleuses des magnats financiers, les cadavres de la population ont été jetés avec des cadavres d’animaux, la ville ayant été abandonnée dans une fosse commune monstrueuse… »

La ville se dévore elle-même, comme disait un Guy Debord impressionné par Mumford, elle est devenue cetamas de détritus urbainsqui constitue l’universelle mégapole… quant aux vieilles familles, elles ne font plus rêver personne en occident depuis longtemps : elles ont été, comme les rois, réduites à l’état de larves people.

A la place du spéculateur Crassus on a le spéculateur Donaldus qui bute aussi sur les iraniens, pardon, sur les parthes : lisez la vie de Crassus de Plutarque qui vous expliquera mieux que Wikipédia comment les parthes en finirent avec lui (Crassus)…

Et cette cerise sur le gâteau (ou sur le catho, pensez à cet antipape et à sa pacha Mama) sur notre apocalypse touristique :

« dans Athènes dépeuplée, qui vivait de visiteurs et de la richesse de riches étrangers, la foule de touristes parvenus de Rome resta bouche bée devant les œuvres de l'époque péricléenne avec aussi peu de compréhension que le globe-trotter américain de la chapelle Sixtine de Michel-Ange, tous pièce d'art amovible ayant été enlevée ou achetée à un prix avantageux pour être remplacée par les bâtiments romains qui ont grandi, colossaux et arrogants, à côté des structures basses et modestes de l'ancien temps… »

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L’épuisement du monde actuel, toujours plus lâche et stérile, ne se peut expliquer une nouvelle fois que par Guénon. Notre désindustrialisation sur ordre (n’en déplaise à tel lecteur à la fois peu instruit et malpoli), qui marque l’américanisation, a une dimension tératologique. Après l’époque de la solidification, survient la désintégration bien méphitique. Lisez l’intuition de Guénon sur les fissures de la grande muraille pour vous en convaincre. Dans le monde déchristianisé où nous évoluons, règne un satanisme extatique et cultuel sur fond d’églises cramées. A la pollution des Indes ou au smog du collectionneur Dorian Gray succèdent Netflix et sa froide inculture Illuminati.

Sources

René Guénon - Règne de la quantité, XXV

Guy Debord – La Société du Spectacle, § 174

Lewis Mumford – La Cité dans l’Histoire

Philippe Grasset - La Grâce de l’Histoire, le deuxième cercle, éditions mols

Nicolas Bonnal – Tolkien (Avatar), Les Territoires protocolaires (Maule)

Charles Baudelaire – Préface aux œuvres traduites d’Edgar Poe (ebooksgratuits.com)

Oswald Spengler, déclin de l'occident, introduction, archive.org

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vendredi, 30 septembre 2022 | Lien permanent

Hiver russe : Ségur et les leçons de la froide retraite de Russie

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Hiver russe : Ségur et les leçons de la froide retraite de Russie

par Nicolas Bonnal

Comme on le sait, l’hiver approche. Les imbéciles du changement climatique n’avaient pas prévu un mois d’octobre doux. Les choses sérieuses vont commencer en novembre comme en 1812. Occasion de relire l’époustouflante, lyrique et épique Retraite de Russie de Philippe de Ségur. Il est amusant de constater que si la Russie symbolise l’hiver, elle signifiait aussi l’énergie, le chauffage et la propreté. Mais on préfère crever sur ordre de Washington et de Bruxelles, de Davos et des néocons. On verra si le Diesel, comme les vivres de la cigale, viendra à manquer aussi. Fin des bagnoles ! Comme dit Ursula : envoyez la facture à Poutine !

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On continue avec Ségur. On quitte Moscou avec un empereur aux abois et la bise frappe début novembre :

« Mais le 6 novembre, le ciel se déclare. Son azur disparaît. L'armée marche enveloppée de vapeurs froides. Ces vapeurs s'épaississent: bientôt c'est un nuage immense qui s'abaisse et fond sur elle, en gros flocons de neige. Il semble que le ciel descende et se joigne à cette terre et à ces peuples ennemis, pour achever notre perte. Tout alors est confondu et méconnaissable: les objets changent d'aspect; on marche sans savoir où l'on est, sans apercevoir son but, tout devient obstacle. Pendant que le soldat s'efforce pour se faire jour au travers de ces tourbillons de vents et de frimas, les flocons de neige, poussés par la tempête, s'amoncellent et s'arrêtent dans toutes les cavités; leur surface cache des profondeurs inconnues, qui s'ouvrent perfidement sous nos pas. Là, le soldat s'engouffre, et les plus faibles s'abandonnant y restent ensevelis. »

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Beau texte halluciné si étrangement absent de nos livres scolaires. Le froid arrive donc et attaque individu par individu, molécule par molécule :

« Ceux qui suivent se détournent, mais la tourmente fouette dans leurs visages la neige du ciel et celle qu'elle enlève à la terre; elle semble vouloir avec acharnement s'opposer à leur marche. L'hiver moscovite, sous cette nouvelle forme, les attaque de toutes parts: il pénètre au travers de leurs légers vêtements et de leur chaussure déchirée. Leurs habits mouillés se gèlent sur eux; cette enveloppe de glace saisit leurs corps et roidit tous leurs membres. Un vent aigre et violent coupe leur respiration; il s'en empare au moment où ils l'exhalent et en forme des glaçons qui pendent par leur barbe autour de leur bouche. »

Après une observation géniale : l’individu va perdre ses moyens intellectuels et psychologiques. Pensez à ce qui va se passer cet hiver (ou l’hiver prochain : Schwab et Hariri ne s’arrêteront pas en si bon chemin – et nos gouvernements génocidaires, Meloni compris, non plus), quand nos tarés de zélés électeurs et consommateurs russophobes vont achever d’être décérébrés par le froid et la faim :

« Ce fut ainsi que, depuis ce déluge de neige et le redoublement de froid qu'il annonçait, chacun, chef comme soldat, conserva ou perdit sa force d'esprit, suivant son caractère, son âge et son tempérament. Celui de nos chefs que jusque-là on avait vu le plus rigoureux pour le maintien de la discipline, ne se trouva plus l'homme de la circonstance. Jeté hors de toutes ses idées arrêtées de régularité, d'ordre et de méthode, il fut saisi de désespoir à la vue d'un désordre si général, et, jugeant avant les autres tout perdu, il se sentit lui-même prêt à tout abandonner. »

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C’est l’acédie, ce désespoir monastique, physique et spirituel, dont j’ai parlé dans mon recueil sur Cassien et la sagesse chrétienne.

La Grande Armée n’est pas au bout de ses peines :

« Cependant, l'entassement des cadavres dans les maisons, les cours et les jardins, et leurs exhalaisons morbidiques, empestaient l'air. Les morts tuaient les vivants. Les employés, comme beaucoup de militaires, avaient été atteints: les uns étaient devenus comme imbéciles; ils pleuraient, ou fixaient la terre d'un œil hagard et opiniâtre. Il y en avait eu dont les cheveux s'étaient roidis, dressés et tordus en cordes; puis, au milieu d'un torrent de blasphèmes, d'une horrible convulsion, ou d'un rire encore plus affreux, ils étaient tombés morts. »

Alternons avec les opérations militaires (on a une énième guerre Occident-Russie sur les bras). Napoléon va être sauvé par l’inertie et la prudence russe, explique Ségur :

« Aussi est-ce là qu'on a bien vu que la renommée n'est point une ombre vaine, que c'est une force réelle et doublement puissante par l'inflexible fierté qu'elle porte à ses favoris, et par les timides précautions qu'elle suggère à ceux qui osent l'attaquer. Les Russes n'avaient qu'à marcher en avant, sans manœuvres, sans feux même; leur masse suffisait, ils en eussent écrasé Napoléon et sa faible troupe: mais ils n'osèrent l'aborder! L'aspect du conquérant de l'Égypte et de l'Europe leur imposa. Les pyramides, Marengo, Austerlitz, Friedland, une armée de victoires, semblèrent s'élever entre lui et tous ces Russes: on eût pu croire que, pour ces peuples soumis et superstitieux, une renommée si extraordinaire avait quelque chose de surnaturel… »

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De temps en temps aussi un acte de bravoure rappelle qui est cette Grande Armée :

« Ce fait, et le malheur de la division Partouneaux, expliquent l'effrayante réduction du corps de Victor, et cependant ce maréchal contint Wittgenstein pendant toute cette journée du 28. Pour Tchitchakof, il fut battu. Le maréchal Ney et ses huit mille Français, Suisses et Polonais, suffirent contre vingt-sept mille Russes. »

Les russes ne supportent pas mieux l’hiver que les Européens : et pourquoi le supporteraient-ils ? Dostoïevski ne cesse de se plaindre de ces Européens qui ne se chauffent déjà pas !

« L'hiver, ce terrible allié des Moscovites, leur avait vendu cher son secours. Leur désordre poursuivait notre désordre. Nous revîmes des prisonniers, qui, plusieurs fois, avaient échappé à leurs mains et à leurs regards glacés. Ils avaient d'abord marché au milieu de leur colonne traînante, sans en être remarqués. Il y en eut alors qui, saisissant un moment favorable, osèrent attaquer des soldats russes isolés, et leur arracher leurs vivres, leurs uniformes, et jusqu'à leurs armes, dont ils se couvrirent. Sous ce déguisement ils se mêlèrent à leurs vainqueurs; et telle était la désorganisation, la stupide insouciance et l'engourdissement où cette armée était tombée, que ces prisonniers marchèrent un mois entier au milieu d'elle sans en être reconnus. Les cent vingt mille hommes de Koutouzov étaient alors réduits à trente-cinq mille. »

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On a 80% de pertes de part et d’autre. Je rappelle qu’on est encore en automne. Ségur ajoute :

« Des cinquante mille Russes de Wittgenstein, il en restait à peine quinze mille. Vilson assure que sur un renfort de dix mille hommes, partis de l'intérieur de la Russie avec toutes les précautions qu'ils savent prendre contre l'hiver, il n'en arriva à Wilna que dix-sept cents. Mais une tête de colonne suffisait contre nos soldats désarmés. Ney chercha vainement à en rallier quelques-uns, et lui, qui jusque-là avait commandé presque seul à la déroute, fut obligé de la suivre. »

Mais on n’a rien vu. La Saint-Nicolas arrive (calendrier grégorien) et voici ce que cela donne :

« Le 6 décembre, le jour même qui suivit le départ de Napoléon, le ciel se montra plus terrible encore. On vit flotter dans l'air des molécules glacées; les oiseaux tombèrent roidis et gelés. L'atmosphère était immobile et muette: il semblait que tout ce qu'il y avait de mouvement et de vie dans la nature, que le vent même fût atteint, enchaîné, et comme glacé par une mort universelle. Alors plus de paroles, aucun murmure, un morne silence, celui du désespoir et les larmes qui l'annoncent. »

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Les soldats prient, tombent et meurent. Il fait moins 28 :

« On s'écoulait dans cet empire de la mort comme des ombres malheureuses. Le bruit sourd et monotone de nos pas, le craquement de la neige, et les faibles gémissements des mourants interrompaient seuls cette vaste et lugubre taciturnité. Alors plus de colère ni d'imprécations, rien de ce qui suppose un reste de chaleur: à peine la force de prier restait-elle; la plupart tombaient même sans se plaindre, soit faiblesse ou résignation, soit qu'on ne se plaigne que lorsqu'on espère attendrir, et qu'on croit être plaint. »

Après on entre dans une ambiance à la Tolkien (le paysage hostile du début des Deux tours) ou à la John Ford (le nuage de poussière et les géniaux indiens de Cochise lors de l’attaque finale de Fort Apache) :

« Ceux de nos soldats jusque-là les plus persévérants se rebutèrent. Tantôt la neige s'ouvrait sous leurs pieds, plus souvent sa surface miroitée, ne leur offrant aucun appui, ils glissaient à chaque pas et marchaient de chute en chute; il semblait que ce sol ennemi refusât de les porter, qu'il s'échappât sous leurs efforts, qu'il leur tendît des embûches comme pour embarrasser, pour retarder leur marche, et les livrer aux Russes qui les poursuivaient, ou à leur terrible climat. »

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Napoléon est là mais les gens (il n’y a plus de soldats) sont trop abrutis par le froid pour réagir ; lisez bien car c’est ce qui va se passer cet hiver :

« Napoléon venait d'y arriver au milieu d'une foule de mourants, dévoré de chagrin, mais ne laissant percer aucune émotion à la vue des souffrances de ces malheureux, qui, de leur côté, ne lui faisaient entendre aucun murmure. Il est vrai qu'une sédition était impossible; c'eût été un effort de plus, et toutes les forces de chacun étaient employées à combattre la faim, le froid et la fatigue: il eût d'ailleurs fallu de l'ensemble, s'accorder, s'entendre, et la famine, et tant de fléaux séparaient et isolaient, en concentrant chacun tout entier en lui-même. Bien loin de s'épuiser en provocations, en plaintes même, on marchait silencieux, réservant tous ses moyens contre une nature ennemie, distraits de toute autre idée par une action, par une souffrance continuelle. Les besoins physiques absorbaient toutes les forces morales; on vivait ainsi machinalement dans ses sensations, restant soumis encore par souvenir, par suite d'impressions reçues dans un meilleur temps, et beaucoup par un honneur, par un amour de gloire exalté par vingt ans de triomphes, et dont la chaleur survivait et combattait encore. »

Sédition impossible et vie machinale. Retenez cela pour janvier ou février. Ce sera moins mortel que cette retraite mais ce sera pas mal quand même.

Un dernier mot sur les russes accablés aussi par le froid et prostrés comme les Français et leurs troupes européennes :

« Mais alors ce fut elle, sans doute, qui frappa Kutusof d'inertie. À leur extrême surprise, ils ont vu ce Fabius russe, outré comme l'imitation, s'obstinant dans ce qu'il appelait son humanité, sa prudence, rester sur ses hauteurs avec ses vertus pompeuses, sans se laisser, sans oser vaincre, et comme étonné de sa supériorité. Il voyait Napoléon vaincu par sa témérité, et il fuyait ce défaut jusqu'au vice contraire.

Il ne fallait pourtant qu'un emportement d'indignation d'un seul des corps russes pour en finir; mais tous ont craint de faire un mouvement décisif: ils sont restés attachés à leur glèbe avec une immobilité d'esclaves, comme s'ils n'avaient eu d'audace que dans leur consigne, et d'énergie que leur obéissance. Cette discipline, qui fit leur gloire dans leur retraite, a fait leur honte dans la nôtre. »

On ne sait pas jusqu’où les Européens suivront l’esclavagisme thermique, énergétique, numérique et militaire de Bruxelles et de BlackRock. La plaisanterie peut encore durer : car en 1812 on n’en avait pas terminé avec cet empire français dont on nous rebat les oreilles. Et j’en reviens à ma phrase préférée de Nietzsche, au moins dans la Volonté de puissance : « chez le petit peuple l’appétit vient en mangeant. » Il suffit donc de le lui couper pour qu’il se soumette encore un peu plus.

Terminons sur une note positive : Ségur survécut et mourut à 92 ans retraité des Chemins de Fer...

Sources:

Philippe de Ségur –La retraite de de Russie (Gutenberg.org)

Nicolas Bonnal -Dostoïevski et la modernité occidentale - Tolkien le dernier gardien – Chroniques sur la Fin de l’Histoire - Les grands westerns américains (Dualpha/Avatar/Amazon.fr)

 

 

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lundi, 31 octobre 2022 | Lien permanent

La présidence Macron et la catastrophe catholique

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La présidence Macron et la catastrophe catholique

Nicolas Bonnal

Macron-Medef, comme dit Laurent Joffrin, triomphe aux européennes et serait déjà réélu- lui ou quelqu’une de pire que lui. Or la base de l’électorat Macron c’est le catho devenu si bourgeois depuis la disparition du peuple paysan (revoyez le documentaire Farrebique)… J’ai évoqué ces renégats à coups de Balzac, Bernanos, Céline, Bloy. Ces apprentis Mauriac sont increvables car ils ont du pognon et font assez d’enfants et expriment comme ça une identité même s’ils ont tout ingéré de la modernité et de son abjection. Le bourgeois avale tout, même la merde, dit Bloy qui s’y connaissait, dans son exégèse des lieux communs.

Et notre Bloy rajoutait dans ses belluaires :

« Et ce cortège est contemplé par un peuple immense, mais si prodigieusement imbécile qu’on peut lui casser les dents à coups de maillet et l’émasculer avec des tenailles de forgeur de fer, avant qu’il s’aperçoive seulement qu’il a des maîtres, — les épouvantables maîtres qu’il tolère et qu’il s’est choisis. »

Voici ce que dit le site catholique traditionnel, le salon beige, récemment repris par mon efficace ami Guillaume de Thieulloy :

« Un sondage Ifop pour La Croix, dont les résultats sont détaillés dans le numéro de ce jour, nous apprend que 37% des catholiques pratiquants (78% de participation), et même 43% des pratiquants réguliers (84% de participation) ont voté pour la liste LREM. Le RN arrive 3è, derrière LR, sauf pour les non pratiquants où il est premier.

Nous avons donc 43% des catholiques qui votent pour une liste ayant comme substrat idéologique, pêle-mêle : la dissolution des nations dans le gloubiboulga globaliste, la dilution des protections sociales au profit de la grande finance, la transformation des concupiscences de tous ordres de chaque individu en droits inaliénables, une vision autiste des relations internationales où prime l’interprétation progressiste de l’histoire humaine, quitte à pratiquer sans barguigner des opérations meurtrières de “regime change”, l’avènement d’une humanité nouvelle en totale rupture avec la loi naturelle, et donc le corollaire de tout ceci, la négation (pour les athées), et le reniement (pour les chrétiens), du règne de Notre Seigneur Jésus Christ sur les âmes et les sociétés ! »

Certes, mais tout ça motive, comme l’incendie de Notre-Dame relookée. Une semaine plus tard, le salon beige ajoute :

« 37% des catholiques pratiquants et même 43% des pratiquants réguliers “auraient voté” pour la liste LREM. C’est assez terrifiant lorsque l’on sait le projet de société que porte LReM (mariage homo, PMA, GPA, affaire Vincent Lambert…). C’est pour cela que l’on peut parler d’apostasie (voir ici). »

Et d’expliquer :

« Il serait d’ailleurs intéressant de connaître le taux d’adhésion au Credo de ceux que les instituts de sondage désignent comme catholiques pratiquants. Aller à la messe le dimanche est malheureusement devenu aussi un acte social. Parmi eux, nous serions surpris du nombre de catholiques pratiquants ne croyant pas à la Présence réelle ou n’ayant pas de problème avec l’avortement… »

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L’important c’est que Macron rassure le clan des siciliens du pognon. Laurent Joffrin bien inspiré sur cette question (et parfois sur d’autres) écrit : 

« Le peuple ne se met pas en transe quand on lui parle «racines chrétiennes» et famille tradi ; la bourgeoisie pense moins en lisant des livres qu’en tâtant son portefeuille. Macron-Medef qui abolit l’ISF, allège les impôts sur les revenus du capital, libéralise le code du travail, réforme la SNCF au forceps, lui convient somme toute mieux que les Cassandre souverainistes de la décadence occidentale. Au bout du compte, les classes dirigeantes aiment plus les costumes tuyau de poêle du Président que les vestes de chasse Arnys de Fillon. La droite classique, désormais, ce n’est plus Wauquiez tendance Valeurs Actuelles. C’est Macron. »

Puis le salon beige tend la perche à Eric Zemmour, ce juif hérétique plus catholique que ces cathos de base et de bazar (idem pour Alain Finkielkraut d’ailleurs) :

« Et Eric Zemmour ne dit pas le contraire en accusant la “droite bourgeoise et même catholique” qui a voté Macron d’être anti-française et antinationale :

“Il faut non seulement une union des droites. Mais, au-delà de l’union des droites, il faut le Rassemblement national, il faut la droite patriote qui préfère ses convictions et la Patrie à ses intérêts. Et je vous accorde que c’est mal barré quand on voit le vote de la droite bourgeoise et même catholique à ces européennes qui a préféré En Marche à Bellamy (…) Le général De Gaulle disait nous avons combattu les Allemands, nous avons empêché que les communistes aillent au pouvoir, nous avons affronté les Américains mais nous n’avons jamais réussi à faire que la bourgeoisie soit nationale. C’est le vrai problème. Ce n’est pas qu’aujourd’hui. Ce sont des gens qui se sentent plus proches des New-yorkais que des gens qui habitent Limoges (…) C’est surtout le parti de l’ordre et le parti de ses intérêts. C’était le mot de François Mitterrand qui disait la droite n’a pas d’idée, elle n’a que des intérêts. C’est le parti de l’ordre parce qu’ils ont eu peur des gilets jaunes et c’est les intérêts parce que c’est la mondialisation qui favorise cette classe sociale et qui lui permet de s’enrichir et de protéger ses intérêts”

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En janvier dernier, Eric Zemmour écrivait : “Les héritiers de la Manif pour tous doivent choisir leur camp. Rejoindre l’alliance des bourgeoisies, nouveau « parti de l’ordre »,  ou suivre la révolte des classes populaires.” 

On a compris qui ces partisans du pognon ont rejoint.

Tout cela n’étonnera pas mes lecteurs. Ils savent que pour moi ce catholicisme est mort il y a longtemps et qu’il se survit à lui-même à peu près comme l’américanisme. Le problème comme disait Michelet c’est qu’on ne peut tuer ce qui est mort, ou qui survit en hystérésis depuis quatre bons siècles au moins (lisez mon texte sur Jonathan Swift et sa fin du christianisme – qui date de 1708). On ne construit plus les chapelles et cathédrales, on les visite ; on ne compose plus de sonates et d’oratorios, on va au concert ; on prend a break in the rush dans un ex-monastère. Les abbayes sont vides,  les moines partis, vive le patrimoine, quand il ne crame pas (bof dit-on, on le retapera en le débaptisant avec la cagnotte boursière de LVMH)… Le bourgeois écolo-libéral se sent même catho avec le pape en place qui brasse du migrant et des rodomontades branchées !

Et je citerai donc de nouveau mon athée préféré, Feuerbach, si mal exploité par Onfray :

« Pour ce temps-ci, il est vrai, qui préfère l’image à la chose, la copie à l’original, la représentation à la réalité, l’apparence à l’être, cette transformation est une ruine absolue ou du moins une profanation impie, parce qu’elle enlève toute illusion. Sainte est pour lui l’illusion et profane la vérité. On peut même dire qu’à ses yeux la sainteté grandit à mesure que la vérité diminue et que l’illusion augmente ; de sorte que le plus haut degré de l’illusion est pour lui le plus haut degré de la sainteté. »

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Vers 1850 le maître de l’athéisme allemand remarque l’essentiel avant Nietzsche ; que le catho ou le protestant n’est plus un chrétien mais un bourgeois masqué avec un culte identitaire, qui lui est venu avec la trouille de la révolution et des rouges partageurs de son siècle de rebelles :

« Depuis longtemps la religion a disparu et sa place est occupée par son apparence, son masque, c’est-à-dire par l’Eglise, même chez les protestants, pour faire croire au moins à la foule ignorante et incapable de juger que la foi chrétienne existe encore, parce qu’aujourd’hui comme il y a mille ans les temples son encore debout, parce qu’aujourd’hui comme autrefois les signes extérieurs de la croyance sont encore en honneur et en vogue. »

Nota : les temples on les brûle et le catho s’en fout. Ils étaient vingt mômes à prier pour Notre-Dame-chef-d’œuvre-gothique enflammée, excusez du trop !

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Tout cela se maintient catho-droitier-centriste malgré Giscard et la loi Veil, malgré LGBTQ et ses excès, malgré la télévision et notre américanisation/islamisation. Tout cela se maintient car c’est  mort. Et cela était ainsi vu déjà par Michelet :

« Mais n’est-elle pas naturelle, dira-t-on, une chose qui, ébranlée, arrachée, revient toujours ? La féodalité, voyez comme elle tient dans la terre. Elle semble mourir au treizième siècle, pour refleurir au quatorzième. Même au seizième siècle encore, la Ligue nous en refait une ombre, que continuera la noblesse jusqu’à la Révolution. Et le clergé, c’est bien pis. Nul coup n’y sert, nulle attaque ne peut en venir à bout. Frappé par le temps, la critique et le progrès des idées, il repousse toujours en dessous par la force de l’éducation et des habitudes. Ainsi dure le Moyen-âge, d’autant plus difficile à tuer qu’il est mort depuis longtemps. Pour être tué, il faut vivre. »

Ah, l’éducation et les habitudes et la famille nombreuse (symbole de richesse disait un jour mon science-poseur catho droitier préféré) et la tartuferie moliéresque… C’est pourquoi Macron n’a pas de souci à se faire. Macron est le résident d’un pays zombi adoubé par un électorat de chrétiens-zombis (Todd). Le christianisme des paysans git dans les cimetières. Ce peuple paysan tué par notre monde techno-moderne, par notre révolution bourgeoise et les hécatombes républicaines-humanitaires n’avait pas la vitalité démographique du gros – ou efflanqué – bourgeois mondialisé qui émerveilla/affola tous nos génies.

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Et comme on citait Grandet-Balzac :

– Mon père, bénissez-moi.

– Aie bien soin de tout. Tu me rendras compte de ça là-bas, dit-il en prouvant par cette dernière parole que le christianisme doit être la religion des avares.

Comment ce répugnant Volpone a pu prendre la place du chrétien en France et ailleurs ? La réponse par Fukuyama :

«The bourgeois was an entirely deliberate creation of early modern thought, an effort at social engineering that sought to create social peace by changing human nature itself.”

Sources :

Nicolas Bonnal – Chroniques sur la fin de l’histoire ; Guénon, Bernanos et les gilets jaunes (Amazon.fr)

Honoré de Balzac – Eugénie Grandet

Ludwig Feuerbach – L’essence du christianisme (préface de la deuxième édition)

Jules Michelet – la Renaissance

Léon Bloy – Exégèse des lieux communs ; belluaires et porchers.

Francis Fukuyama – The End of History

Georges Rouquier – Farrebique (film, 1946)

 

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jeudi, 13 janvier 2022 | Lien permanent

Apulée et la « reine du Ciel »

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Apulée et la « reine du Ciel »

Nicolas Bonnal

La royauté et la suprématie de la Femme dans le Graal ont toujours possédé une dimension ésotérique. Les origines païennes – au sens éminemment traditionnel du terme – sont bien établies et elles sont liées aux religions à mystères liées aux deux grandes déesses de l’Antiquité, Aphrodite-vénus et Cérès-Déméter. Aucun texte n’est plus instructif ni inspirateur que l’Âne d’or d’Apulée, dans lequel nos écrivains du Graal ont puisé à foison. C’est Evola qui nous a donné l’idée de nous y référer férocement (dans notre Chevalerie hyperboréenne), dans sa préface du Mythe du Graal.

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Voici comment Lucius apostrophe sa bien-aimée déesse, parée comme nos dames de toutes forces et vertus, déesse omniprésente à laquelle tous se réfèrent sans parfois le savoir. Le paganisme œcuménique s’en donne ici à cœur joie, à science profuse :

« Reine des cieux, qui que tu sois, bienfaisante Cérès, mère des moissons, inventrice du labourage, qui, joyeuse d’avoir retrouvé ta fille, instruisis l’homme à remplacer les sauvages banquets du vieux gland par une plus douce nourriture ; toi qui protèges les guérets d’Éleusis ; Vénus céleste, qui, dès les premiers jours du monde, donnas l’être à l’Amour pour faire cesser l’antagonisme des deux sexes, et perpétuer par la génération l’existence de la race humaine ; toi qui te plais à habiter le temple insulaire de Paphos, chaste sœur de Phébus, dont la secourable assistance au travail de l’enfantement a peuplé le vaste univers ; divinité qu’on adore dans le magnifique sanctuaire d’Éphèse ; redoutable Proserpine, au nocturne hurlement, qui, sous ta triple forme, tiens les ombres dans l’obéissance ; geôlière des prisons souterraines du globe ; toi qui parcours en souveraine tant de bois sacrés, divinité aux cent cultes divers, ô toi dont les pudiques rayons arpentent les murs de nos villes, et pénètrent d’une rosée féconde nos joyeux sillons ; qui nous consoles de l’absence du soleil en nous dispensant ta pâle lumière ; sous quelque nom, dans quelque rit, sous quelques traits qu’il faille t’invoquer, daigne m’assister dans ma détresse, affermis ma fortune chancelante. »

Ensuite la sage déesse révèle ses noms :

 « Dans les trois langues de Sicile, j’ai nom Proserpine Stygienne, Cérès Antique à Éleusis. Les uns m’invoquent sous celui de Junon, les autres sous celui de Bellone. Je suis Hécate ici, là je suis Rhamnusie. Mais les peuples d’Éthiopie, de l’Ariane et de l’antique et docte Égypte, contrées que le soleil favorise de ses rayons naissants, seuls me rendent mon culte propre, et me donnent mon vrai nom de déesse Isis. »

Parmi ses attributs, on distingue vases et amphores – comme dans nos légendes du Graal :

« La déesse tenait dans ses mains différents attributs. Dans sa droite était un sistre (petit instrument) d’airain, dont la lame étroite et courbée en forme de baudrier était traversée de trois petites baguettes, qui, touchées d’un même coup, rendaient un tintement aigu. De sa main gauche pendait un vase d’or en forme de gondole, dont l’anse, à la partie saillante, était surmontée d’un aspic à la tête droite, au cou démesurément gonflé (…)

Ce dernier portait aussi du lait dans un petit vase d’or arrondi en forme de mamelle, et il en faisait des libations. Un cinquième était chargé d’un van d’or, rempli de petits rameaux du même métal. Enfin, un dernier marchait présentant une amphore. »

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On retrouve chez Apulée les miroirs omniprésents dans nos contes (ils accompagnent les cortèges de Vénus) et aussi le peigne de Guenièvre que recueille Lancelot, précieux talisman nimbé de cheveux d’or :

 « D’autres avaient suspendus sur le dos des miroirs tournés vers la déesse, afin qu’elle pût avoir la perspective du train dévot qui la suivait. Quelques-unes, tenant en main des peignes d’ivoire, simulaient, par les mouvements du bras et des doigts, des soins donnés à la royale chevelure. »

Revoyez Fort Apache de John Ford dans cette perspective, quand Shirley Temple mire par son miroir le train de cavaliers qui suit son carrosse.

Le peigne et le cheveu d’or se retrouvent chez Chrétien. C’est présent chez Homère. Eliade les analyse dans Méphistophélès et l’androgyne (Chant VIII de l’Iliade, sur la chaîne d’or de Zeus-Pater).

Apulée n’est pas sceptique (même crétinisme pour évoquer Omar Khayyâm) et il voit ce dont il parle (comme Chrétien ou Wolfram, quoiqu’en disent les commentateurs plus informés que les génies colporteurs de ces contes) :

« On voyait, en outre, un concours nombreux de personnes des deux sexes, munies de lanternes, de torches, de bougies et autres luminaires, par forme d’hommage symbolique au principe générateur des corps célestes. »

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La puissance vertigineuse du symbolisme dépasse alors toute représentation ; et comme le dit notre génial auteur antique :

« Un autre serrait dans ses bras fortunés l’effigie vénérable de la toute puissante déesse : effigie qui n’a rien de l’oiseau, ni du quadrupède domestique ou sauvage, et ne ressemble pas davantage à l’homme ; mais vénérable par son étrangeté même, et qui caractérise ingénieusement le mysticisme profond et le secret inviolable dont s’entoure cette religion auguste. L’or le plus brillant en compose la substance ; et quant à sa forme, la voici : c’est une petite urne à base circulaire, dont le galbe légèrement renflé développe à l’extérieur un de ces mythes propres aux Égyptiens. »

Le vessel (vase et vaisseau) du Graal est aussi présent ici. Nous avons vu les amphores, les urnes, l’or, les oiseaux, les mythes égyptiens. Voici la nef sacrée de Robert de Boron dotée du pin imputrescible (cher aussi à Ovide et au Locus Amoenus) et du cygne de Lohengrin !

« Le grand prêtre s’approche d’un vaisseau de construction merveilleuse, dont l’extérieur était peint sur toutes les faces de ces signes mystérieux adoptés par les Égyptiens ; il le purifie, dans les formes, avec une torche allumée, un œuf et du soufre ; et l’ayant ensuite nommé, il le consacre à la déesse. Sur la blanche voile du fortuné navire se lisaient des caractères, dont le sens était un vœu pour la prospérité du commerce maritime renaissant avec la saison nouvelle.

Le mât se dresse alors. C’était un pin d’une parfaite rondeur, du plus beau luisant, et d’une hauteur prodigieuse, dont la hune surtout attirait les regards. La poupe, au cou de cygne recourbé, était revêtue de lames étincelantes ; et la carène, construite entièrement de bois de citronnier du plus beau poli, faisait plaisir à voir. »

Apulée joue diligemment avec le symbolisme animaux-dragons, griffons hyperboréens :

« Je me montrais chamarré, sous tous les aspects de figures d’animaux de toutes couleurs. Ici, c’étaient les dragons de l’Inde ; là, les griffons hyperboréens, animaux d’un autre monde et pourvus d’ailes comme les oiseaux. Les prêtres donnent à ce vêtement le nom d’étole olympique. Ma main droite tenait une torche allumée ; mon front était ceint d’une belle couronne de palmier blanc, dont les feuilles dressées semblaient autant de rayons lumineux. »

C’est que dans le symbolisme les palmes signifient la récompense et l’initiation.

Puis Lucius se remet à prier sa Dame, pardon sa Déesse :

« Divinité sainte, source éternelle de salut, protectrice adorable des mortels, qui leur prodigues dans leurs maux l’affection d’une tendre mère ; pas un jour, pas une nuit, pas un moment ne s’écoule qui ne soit marqué par un de tes bienfaits. Sur la terre, sur la mer, toujours tu es là pour nous sauver ; pour nous tendre, au milieu des tourmentes de la vie, une main secourable ; pour débrouiller la trame inextricable des destins, calmer les tempêtes de la Fortune, et conjurer la maligne influence des constellations. »

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La machinerie cosmique nous est alors dévoilée. C’est que la souveraine du ciel fait fonctionner la terre :

« Vénérée dans le ciel, respectée aux enfers, par toi le globe tourne, le soleil éclaire, l’univers est régi, l’enfer contenu. À ta voix, les sphères se meuvent, les siècles se succèdent, les immortels se réjouissent, les éléments se coordonnent. »

Vénérée dans le Ciel. Apulée écrit en latin Regina Coeli, Reine du ciel des traditions chrétiennes.

La domination de la reine du monde s’applique au domaine aérien et à la terre :

 « Un signe de toi fait souffler les vents, gonfler les nuées, germer les semences, éclore les germes. Ta majesté est redoutable à l’oiseau volant dans les airs, à la bête sauvage errant sur les montagnes, au serpent caché dans le creux de la terre, au monstre marin plongeant dans l’abîme sans fond. »

Enfin un simple rappel : le chant des oiseaux accompagne naturellement la déesse de l’Amour et son train initiatique et sensuel. Ce char cosmique (voyez l’analyse de Guénon dans sa Science sacrée) est conçu comme le bouclier d’Enée par l’ignipotens Vulcain et il marque un enseignement profond. Les colombes sont ici les vahana (véhicules divins de la « mythologie » hindoue) de la déesse :

 « Cependant Vénus, qui a épuisé tous les moyens d’investigation sur terre, en va demander au ciel. Elle ordonne qu’on attelle son char d’or, œuvre merveilleuse de l’art de Vulcain, qui lui en avait fait hommage comme présent de noces. La riche matière a diminué sous l’action de la lime ; mais, en perdant de son poids, elle a doublé de prix. De l’escadron ailé qui roucoule près de la chambre de la déesse, se détachent quatre blanches colombes ; elles s’avancent en se rengorgeant, et viennent d’un air joyeux passer d’elles-mêmes leur cou chatoyant dans un joug brillant de pierreries. Leur maîtresse monte ; elles prennent gaiement leur vol ; une nuée de passereaux folâtres gazouillent autour du char. D’autres chantres des airs, au gosier suave, annoncent, par leurs doux accents, l’arrivée de la déesse. »

Lancés ? On vous laissera persévérer !

Bibliographie essentielle :

Apulée – L’Ane d’or (XI)

Bonnal – La chevalerie hyperboréenne et le Graal

Chrétien de Troyes – Le Chevalier de la charrette

Eliade – Méphistophélès et l’androgyne

Enéide – Chant VIII

Evola – Le Mythe du Graal

Guénon – Symboles Science sacrée, XL

Homère – L’Iliade

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jeudi, 02 novembre 2023 | Lien permanent

Taine et le bourgeois numérisé comme catastrophe française

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Taine et le bourgeois numérisé comme catastrophe française

Nicolas Bonnal

Le bourgeois français était l’épicentre du système républicain. Il est maintenant la base du système woke, du système écologiste, mondialiste et même numérique. Le bourgeois progressiste a tourné avec son bien aimé pape François la page catho-chrétienne-bourgeoise (c’est Bernanos qui doit être content au paradis d’être ainsi confirmé sur sa conception du catholicisme entropique bourgeois) et il est le père du cauchemar mondialiste et  numérique qui s’abat sur ce foutu pays ou ce qu’il en reste. Essayons de comprendre.

31402894086.jpgIl se peut que La Fontaine soit l’écrivain le plus important de notre histoire. Taine lui a rendu un hommage vivifiant et oublié dans sa monographie et il a insisté sur un point négligé : le bourgeois dans les Fables. Et notre splendide historien, le premier à avoir décrit la France telle qu’elle est et pas telle qu’elle se rêve (pour reprendre son expression sur le Saint-Julien de Flaubert) explique très bien de quel bois se chauffe la fille de l’Eglise, de l’Etat, de maître Patelin et de Renard :

« Derrière le clergé et la noblesse, loin, bien loin, le chapeau à la main, dans une attitude respectueuse, marche le tiers-état, «frère cadet des deux premiers ordres» si on l'en croit, «simple valet» selon la déclaration des gentilshommes. Les bonnes villes, bourgeoisies et corps de métiers, ont envoyé leur députation de ridicules, et La Fontaine, qui semble un bourgeois quand il raille les nobles, semble un noble quand il raille les bourgeois. Et ce n'est pas ici la matière qui manque. Parlons-en tout à notre aise; nous sommes de cette bande, et nous avons le droit de la montrer telle qu'elle est. »

Je suis d’accord : bourgeois on l’est tous plus ou moins. N’est-ce pas Nizan (voyez mon texte) qui disait déjà que le bourgeois c’est celui qui vit en pantoufles devant son écran ? C’était il y  a presque cent ans !

Guénon a parlé (Autorité spirituelle...) de cette monarchie française bourgeoise ; de cette monarchie qui mit au pas la caste sacerdotale comme la classe guerrière aristocratique et qui a tout fonctionnarisé, récoltant en 1789 ce qu’elle avait semé : l’Etat bourgeois s’est passé d’elle. Devenu purement machine, il va se passer de tout l’Etat avec son inintelligence artificielle.

Taine écrit superbement (j’ai déjà cité cet extrait, un des plus importants de notre littérature – avec ceux de Balzac, Chateaubriand ou Tocqueville) :

« Le bourgeois est un être de formation récente, inconnu à l'antiquité, produit des grandes monarchies bien administrées, et, parmi toutes les espèces d'hommes que la société façonne, la moins capable d'exciter quelque intérêt. Car il est exclu de toutes les idées et de toutes les passions qui sont grandes, en France du moins où il a fleuri mieux qu'ailleurs. Le gouvernement l'a déchargé des affaires politiques, et le clergé des affaires religieuses. La ville capitale a pris pour elle la pensée, et les gens de cour l'élégance. L'administration, par sa régularité, lui épargne les aiguillons du danger et du besoin. Il vivote ainsi, rapetissé et tranquille. A côté de lui un cordonnier d'Athènes qui jugeait, votait, allait à la guerre, et pour tous meubles avait un lit et deux cruches de terre, était un noble. »

On se rapproche de cet Etat antiromantique qui en effet va nous ôter le trouble de penser et la peine de vivre. En attendant la télévision (voyez mon texte sur la méditation transfenestrale de d’Artagnan…).

L’homme rapetissé est déjà là, il n’a pas attendu Tati-Etaix-Godard, les congés payés, la télé et l’éternel parti de la majorité présidentielle :

« Ses pareils d'Allemagne trouvent aujourd'hui une issue dans la religion, la science ou la musique. Un petit rentier de la Calabre, en habit râpé, va danser, et sent les beaux-arts. Les opulentes bourgeoisies de Flandre avaient la poésie du bien-être et de l'abondance. Pour lui, aujourd'hui surtout, vide de curiosités et de désirs, incapable d'invention et d'entreprise, confiné dans un petit gain ou dans un étroit revenu, il économise, s'amuse platement, ramasse des idées de rebut et des meubles de pacotille, et pour toute ambition songe à passer de l'acajou au palissandre. Sa maison est l'image de son esprit et de sa vie, par ses disparates, sa mesquinerie et sa prétention. »

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Taine le trouve plus médiocre que ses voisins européens ce bourgeois froncé :

« Il n'est point un Cincinnatus. C'est l'orgueil, d'ordinaire, qui fait le désintéressement. Un campagnard suisse ou romain qui à l'occasion devenait chef d'armée, arbitre de la vallée ou de la cité, pouvait avoir des sentiments grands, laisser le gain à d'autres, vivre de pain et d'ognons, et se contenter du plaisir de commander: sa condition le faisait noble. Comment voulez-vous que cette manière de penser naisse parmi nos habitudes bourgeoises? Le bourgeois probe s'abstient du bien d'autrui; rien de plus. Il serait niais de se dévouer pour sa bicoque. Les dignités municipales exercées sous la main de l'intendant ne valent pas la peine qu'on se sacrifie à elles; échevin, maire, élu, il n'est qu'un fonctionnaire, fonctionnaire exploité et tenté d'exploiter les autres. »

Ce devenir-fonctionnaire du monde, bien plus fort que le devenir-marchandise du monde, explique très bien le totalitarisme européen façon Leyen-Macron-Breton et le Grand Reset de Schwab (banal bureaucrate boche). C’est le monde de maître-rat, comme dit La Fontaine. Et comme on en a produit industriellement dans les (grandes) écoles puis dans les fabiennes universités anglo-saxonnes, on n’a pas fini de reproduire ce modèle de bourgeois bureaucrate dont l’ONU ou l’Unesco ou le FMI ont fourni les modèles terrifiants.

Mais le Français est AUSSI un bourgeois râleur, un prof gauchiste, un étudiant écolo-trotskiste, un je-ne-sais-quoi. La fable sur les grenouilles (symbole français) et leur roi (on pense au macaron), voici comment Taine l’explique :

« Ils sont inconstants, mécontents par état, frondeurs, faiseurs de remontrances, fatigants, obstinés, insupportables, et par-dessus tout impertinents et poltrons. Ils se lassent de «l'état démocratique;» et, quand Jupin, fatigué de leurs clameurs, leur donne pour roi «un bon sire, tout pacifique,» la gent «sotte et peureuse» va se cacher dans tous les trous, jusqu'à ce qu'elle redevienne familière et insolente. Pourquoi sont-ils si déplaisants? Quand le roi des dieux leur envoie une grue «qui les tue, qui les croque, qui les gobe à son plaisir,» on est presque du parti de la grue et de Jupiter.

Oui, avec Jupiter on est servi ; et il y en a même  encore plein qui n’ont pas encore compris.

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Taine a compris bien avant les ingénieurs sociaux comme on fabrique du fonctionnaire, du militaire, du dernier homme :

« Nous naissons tous et nous croissons d'un mouvement spontané, libres, élancés, comme des plantes saines et vigoureuses. On nous transplante, on nous redresse, on nous émonde, on nous courbe. L'homme disparaît, la machine reste; chacun prend les défauts de son état, et de ces travers combines naît la société humaine. »

Toujours rat, le bourgeois est attiré par le people aristo, écrit Taine :

« Le bourgeois sait qu'il est bourgeois et s'en chagrine. Sa seule ressource est de mépriser les nobles ou de les imiter. Il se met au-dessus d'eux ou parmi eux «et se croit un personnage.» Cet orgueil est raisonneur et esprit fort. Par exemple le rat s'étonne de voir tout le monde tourner la tête au passage de l'éléphant. Il réclame contre cet abus en théoricien spiritualiste: la grosseur et l'étalage ne font pas le mérite; l'animal raisonnable ne vaut point «par la place qu'il occupe,» mais par l'esprit qu'il a. Il est clair que ce philosophe de grenier est un disciple anticipé de Jean-Jacques, et médite un traité sur les droits du rat et l'égalité animale. »

C’est le monde du moyen (c’est rigolo parce que le but de notre monde global-bourgeois-technocrate est de liquider la classe moyenne maintenant) :

« Là est la misère des conditions moyennes. Les extrêmes s'y assemblent et s'y heurtent; les couleurs s'y effacent l'une l'autre, et l'on n'a qu'un tableau ennuyeux et choquant. De là vient la laideur du monde moderne. Autrefois à Rome, en Grèce, l'homme, à demi exempt des professions et des métiers, sobre, n'ayant besoin que d'un toit et d'un manteau, ayant pour meubles quelques vases de terre, vivait tout entier pour la politique, la pensée et la guerre. »

Magnifiquement Taine ajoute (je crois qu’il n’est pas populaire – bien que très connu – parce qu’il est trop dur, ce n’est pas pour rien qu’il fut un fidèle correspondant de Nietzsche qui compare dans Zarathoustra le charbon au diamant) :

« Aujourd'hui l'égalité partout répandue l'a chargé des arts serviles; les progrès du luxe lui ont imposé la nécessité du gain; l'établissement des grandes machines administratives l'a écarté de la politique et de la guerre. La civilisation, en instituant l'égalité, le bien-être et l'ordre, a diminué l'audace et la noblesse de l'âme. Le bonheur est plus grand dans le monde, mais la beauté est moindre. Le nivellement et la culture, parmi tous leurs mérites, ont leurs désavantages: d'un paysage nous avons fait un potager. »

Qui se doutait qu’avec Malleret, Hollande ou Macron la machinerie administrative française allait accoucher du monstre administratif mondialiste et numérique ? Mais poursuivons :

« Les occupations nobles s'altèrent en devenant marchandises. Le sentiment s'en va et fait place à la routine. »

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Il va parler de Virgile notre Taine dont l’école m’avait dégoûté (la version latine ne servant qu’à sélectionner un ingénieur social, pas à découvrir le génie initiatique d’une littérature) :

« Une page de Virgile, que vous avez fait réciter à vingt écoliers pendant vingt ans vous touchera-t-elle encore? Vous devez la lire tel jour, à telle heure; l'émotion coulera-t-elle à point nommé comme quand on tourne un robinet? Sous cette obligation, et sous cette régularité, l'esprit s'émousse et s'use, ou, si la vanité le soutient, il devient une mécanique de bavardage qui, à tout propos, hors de propos, part et ne s'arrête plus. Lorsque nous naissons, les forces de notre âme sont en équilibre. Qu'un métier soit un emploi utile de ces forces, un remède contre l'ennui, à la bonne heure. Mais, ainsi qu'une maladie, il rompt ce balancement exact. En développant un organe spirituel, il fait périr les autres. Le rôle accepté détruit l'homme naturel. C'est un acteur qui partout est acteur, et qui, une fois hors de son théâtre, est un sot. »

Ce devenir-acteur du monde Macluhan en parle très bien à propos du roi Lear. Taine a tout dit avant tout le monde, comme Dumas, Poe, Baudelaire et les autres (pourquoi croyez-vous que j’insiste ?).

Et le monde moderne a ainsi accouché non pas d’une souris mais d’un rat bourgeois. Dans une admirable note sur son Anglaise Taine écrit :

« En dehors des sectaires qui aimaient surtout leur système, beaucoup de Français aimaient passionnément la France, et l’ont prouvé par leurs sacrifices, leur zèle et leur courage. La vérité est que l’esprit public ne se montre pas chez nous sous la même forme qu’en Angleterre et aux États-Unis, par l’étude froide et sérieuse des affaires publiques, par l’action locale et journalière, par l’association multipliée, efficace et pratique. On bavarde en phrases générales et vagues, on laisse prendre son argent au percepteur, on marche à la frontière, et on se fait tuer (Note du traducteur). »

Aujourd’hui on n’ira pas se faire tuer pas les Russes en Biélorussie (encore que, en insistant un peu à la télé…) mais on se fera piquer, stériliser, numériser et remplacer.

Sources

http://classiques.uqac.ca/classiques/taine_hippolyte/la_f...

https://www.dedefensa.org/article/chateaubriand-et-la-conclusion-de-notre-histoire

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/11/09/terreur-republicaine-et-dictature-sanitaire-un-retour-sur-hyppolite-taine-et-son-anglaise-anonyme-par-nicolas-bonnal/

https://www.dedefensa.org/article/nizan-et-les-caracteres...

https://www.dedefensa.org/article/balzac-et-la-prophetie-...

https://lesakerfrancophone.fr/vigny-et-la-servitude-milit...

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vendredi, 24 novembre 2023 | Lien permanent

La destruction du monde arabe

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La destruction du monde arabe et notre élite hostile

 
Ex: http://www.les4verites.com

A quoi sert la destruction du monde arabe ?

Le vrai visage du printemps arabe – expression que l’on devait à Benoist-Méchin – m’est apparu ici assez vite : des foules marginales, manipulées et bien filmées par les télévisions du Qatar ont été parées de toutes les vertus ; le départ décrété nécessaire sur Facebook de leurs tyrans, auxquels on substituait les mandataires des oligarchies pro-anglo-saxonnes (on n’a pas beaucoup évolué depuis Lawrence d’Arabie, et peut-être qu’après tout les bédouins de Ryad, La Mecque et Doha sont des MI5 et CIA maquillés et grimés), nommés Frères musulmans ou autres. Ces illusionnistes, bien qu’ayant promis la privatisation du canal de Suez (quel grand clin d’œil !), n’ont pas été capables, par exemple, en Egypte, de faire que le citoyen chahuteur de la rue s’en sorte mieux qu’avant avec ses soixante dollars par mois : pourquoi la Fed n’imprime-t-elle pas plus de billets ? Le chahut a chassé le touriste et les comptes de la nation ont plongé un peu plus – sauf ceux de l’armée, toujours payée et équipée par l’étranger et donc toujours soucieuse de bien faire. Un peu auparavant, un pauvre ambassadeur américain avait d’ailleurs aussi mal terminé que l’ancien dictateur local. Cet ambassadeur, on l’aura compris, ne faisait pas partie des réseaux, des agences et des élites hostiles qui dirigent notre monde : il pouvait donc être étranglé après avoir été sodomisé au nom d’Allah par les hommes de main de qui de droit. Et la presse a pu s’en prendre aux chrétiens intégristes qui aux Etats-Unis auraient suscité l’ire des frères musulmans en mettant sur le réseau de damnables images islamophobes. Quand on accepte d’être informé comme cela, on peut montrer tout de suite sa gorge au bourreau.

Tout est allé bien sûr en empirant, et je crois comme prévu. On a détruit des pays en finançant et en armant des commandos de tueurs itinérants ; on a en fait surtout chassé des dictatures laïques et stables pour les remplacer par des dictatures anarcho-islamistes susceptibles d’exterminer les minorités chrétiennes, notamment les coptes d’Egypte, notamment les maronites, orthodoxes et catholiques syriens. Nos médias goguenards révélèrent après coup que les chrétiens favorisaient les dictateurs et que par conséquent ils devaient s’attendre à être massacrés par des rebelles entretemps devenus les coqueluches de Park Avenue et des salons germanopratins. La Tunisie que j’ai connue laïque et tolérante est devenue un bastion de l’islamisme, c’est-à-dire du bras armé de l’intégrisme démocratique occidental, pour reprendre l’expression de Baudrillard ; car l’islamisme est le bras armé de l’occident et de personne d’autre : voyez le colonel Lawrence.

Le chaos et la misère qui accompagnent la social-démocratie bien appliquée (dette, plans sociaux, baisse du niveau de vie…) et l’islamisme aux commandes vont susciter une vague de plus en plus énorme d’immigration en Europe. Nous l’avons déjà vu en action après le départ de Ben Ali, à Marseille, sur la côte d’Azur et ailleurs. Comme on ne veut surtout pas s’entendre sur la notion de réfugié, ni sur celle d’immigré, on peut s’attendre – je le dis sans hésiter – à quelques dizaines de millions de nouveaux venus à court terme, qu’il va falloir épouiller, nourrir, soigner, loger, équiper, conseiller, protéger juridiquement et défendre médiatiquement (ce ne sera pas difficile, les candidats abondent) contre une opinion populaire trop résistante et intolérante, pas encore assez flexible, pour rendre l’abominable vocable économique. Il est temps de remplacer ce qui reste de notre peuple inflexible par les robots de la banque HSBC, digne héritière hongkongaise des échoppes opiomanes.

Et c’est ici que cela devient intéressant : prenons l’exemple de l’Allemagne, devenue trop pacifiste à cause de son toujours présent passé prussien ou bien nazi. Eh bien, certains allemands, peut-être bien sur ordre, se sont opposés à ce lâcher de réfugiés venus de Syrie : ils se sont aussitôt fait traiter de néo-nazis. Et la presse allemande a naturellement plaint les malheureux réfugiés pris entre le feu des troupes d’Assad et des chrétiens d’orient (là-bas) et les méchants racistes d’ici, néo-nazis y compris.

Il faut bien comprendre que lorsque l’on est informé et dirigé par des politiciens et des journalistes comme cela, on a du souci à se faire.

Détruire le monde arabe tel qu’il nous été légué par l’indépendance, l’islam de village, le pétrole, les dattiers, le socialisme local, pour le remplacer par le chaos ambiant des monarchies golfeuses est une chose ; mais imposer ce chaos ambiant chez nous au motif qu’il faut être tolérant, amant de l’humanité, généreux et humanitaire en est une autre. Ici on est vraiment face à une des frasques folles de notre élite hostile occidentale en grande méforme. Le  temps n’est pas loin où il faudra quitter ce continent prétendu blanc et cette communauté prétendument chrétienne pour gagner des cieux plus cléments ; ceux de l’Amérique encore latine et de la Bolivie par exemple, pays chrétien et social, indigène et nationaliste (notre rêve en somme !), dont le président a été traité comme un voyou dans un aéroport par nos gouvernements d’opérette sur ordre des agences qui dirigent maintenant l’Amérique en rêvant de la guerre antirusse qui justifiera leur mirobolant budget. Le planton du socialisme français aurait aimé personnellement crucifier le rebelle américain des sévices secrets au nom bien sûr de la démocratie et de la liberté.

La destruction du monde arabe ira donc se prolonger en Europe. C’était écrit.

Car je crois que nos élites hostiles utilisent le monde musulman pour liquider ce qui peut rester de chrétienté dans ce monde et créer le souk social universel et transhumain dont elles rêvent. Dans l’état où nous sommes, nous en rendrons-nous compte ? Vous en rendrez-vous compte, ô vous qui méritez la mort sans le savoir parce que vous êtes des intégristes chrétiens sans le savoir et des molosses du racisme sans le savoir ?

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mercredi, 04 septembre 2013 | Lien permanent

How the American matrix destroys every culture

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How the American matrix destroys every culture

By Nicolas BONNAL

Ex: http://english.pravda.ru/

 

 

As I already showed in these columns, Alexis de Tocqueville is the best commentator of the modern agenda of alienation, giving aristocratic critics to the American matrix which starts its nuisances at the beginning of the nineteenth century. Tocqueville foresees a bleak American future for Europe and the whole world. His analyses are as implacable as those of Edgar Poe, a violent opponent to the so-called democratic order, as writers like Hawthorne or Melville.

In his famous book about democracy, Tocqueville describes and explains the destruction of the two victim races of these times, the blacks and the Indians. We shall start by the black slaves:

The Negro of the United States has lost all remembrance of his country; the language which his forefathers spoke is never heard around him; he abjured their religion and forgot their customs when he ceased to belong to Africa, without acquiring any claim to European privileges.

The black slave is thus the prototype of the global citizen desired by the magazine the Economist and the New World Order agenda. He has no past, no family, and no nation:

The Negro has no family; woman is merely the temporary companion of his pleasures, and his children are upon equality with himself from the moment of their birth.

Half the babies born in France have no father nowadays! Today's parents are their children's pals! And who knows his babushka in America? Why do you think so many people stroll around in the shopping centres nowadays?

Like the masses of today obsessed by sex, money and fame, driven by pleasures, captivated by the rich and famous storytelling, the American slave adores his masters:

The slave scarcely feels his own calamitous situation... he admires his tyrants more than he hates them, and finds his joy and his pride in the servile imitation of those who oppress him: his understanding is degraded to the level of his soul.

This modern slave or modern man, adds Tocqueville, doesn't love freedom, for independence is often felt by him to be a heavier burden than slavery. He is just manipulated by his desires, fabricated fantasies and material needs. As if he has inspired the Prisoner of McGoohan, Tocqueville writes:

A thousand new desires beset him, and he is destitute of the knowledge and energy necessary to resist them: these are masters whom it is necessary to contend with, and he has learnt only to submit and obey. In short, he sinks to such a depth of wretchedness, that while servitude brutalizes, liberty destroys him.

The destruction of the Indians has different meanings. The Blackman symbolised the weak or the poor, the submitted proletarian, the Indian the feudal lord, the warrior, doomed to disappear during the industrial revolution, like the religious man. Marx made the same analysis in his famous manifesto. This man of elite is such sentenced to disappear by the civilization of money-lenders and businessmen:

When the North American Indians had lost the sentiment of attachment to their country; when their families were dispersed, their traditions obscured, and the chain of their recollections broken; when all their habits were changed, and their wants increased beyond measure, European tyranny rendered them more disorderly and less civilized than they were before.

A simple animal, or a mere sinner, the man is easily mind-programmed by consumption; and the brave and frugal Indians inevitably fell in front of the new needs and strange goods:

The Europeans introduced amongst the savages of North America fire-arms, ardent spirits, and iron.... Having acquired new tastes, without the arts by which they could be gratified, the Indians were obliged to have recourse to the workmanship of the whites; but in return for their productions the savage had nothing to offer except the rich furs which still abounded in his woods.

Tocqueville in every page of this marvellous and unread book sees the perils of the so-called American civilization. One of these perils is of course pollution and... noise. The noise produced by isolated colons could thus exasperate the Indians, hastening a cruel stroke. Let's understand the causes of these reactions:

Thousands of savages, wandering in the forests and destitute of any fixed dwelling, did not disturb the beasts of chase; but as soon as the continuous sounds of European labour are heard in their neighbourhood, they begin to flee away, and retire to the West...

The retirement of the game meant for the Indians discombobulated anguish, exhausting migrations and a progressive starving. The race was thus exterminated passively, the invaders needing no such massacres and slaughters as one could believe. This is the same mean Hitler, this great admirer of Anglo-Saxon America, wanted to use in Russia (I say wanted, for the people there resisted more, and so had to be slaughtered by the colonial conqueror until the defeat of the last).

Last but no least: if we contemplate the disastrous cultural balance of this civilization, couldn't we admit that she is one of the worst ever occurred? Tocqueville admits that the Spaniard conquest of the south continent was horrible; yet the Indians survived, mixed and intertwined with their masters, thus creating the beautiful Hispano-American civilization. You have tens of architectural masterworks and ancient colonial cities in southern America, and how many in the US?

Anyway, and this remark must be underlined at the hour of philanthropic and humanitarian wars anywhere (Palestine, Syria, Libya, Afghanistan... not to mention the past ones), Tocqueville thinks that the American modern way of life (or death) is more destructive than any other. And he had not in mind the McDonald's, the highways, the desperate suburbs, the shopping malls and the amusement parks!

The Spaniards were unable to exterminate the Indian race by those unparalleled atrocities which brand them with indelible shame, nor did they even succeed in wholly depriving it of its rights; but the Americans of the United States have accomplished this twofold purpose with singular felicity; tranquilly, legally, philanthropically, without shedding blood, and without violating a single great principle of morality in the eyes of the world. It is impossible to destroy men with more respect for the laws of humanity.

Tolkien writes somewhere that a monster (he refers to giant spider Ungoliant) finishes up the job devouring his own flesh. This is what happens to American civilization today. Philanthropically, she is destroying herself. But unhappily humanity who has chosen this way of death, in the East like in the South, is doomed too, since the American matrix has overcome any resistance.

Yet childish technology, money obsession, humanitarian wars and amusement parks will take us nowhere. We need to replace the American way to design a new world.

Nicolas Bonnal

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samedi, 01 décembre 2012 | Lien permanent

Tsar russe vs. démocrates franco-yankees

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Tsar russe

vs démocrates franco-yankees

 

Chronique hebdomadaire de Philippe Randa

 

Décidément, les Russes sont terribles. Depuis l’Ivan du même nom, on le savait… Et encore davantage depuis que notre Napoléon Ier d’empereur s’aventura bien imprudemment dans les neiges de Moscou : ses habitants brûlèrent la ville pour l’obliger à faire demi-tour, ce qu’il fit en grandes difficultés, au point d’y briser définitivement la toute puissance de sa Grande Armée…

Et puis, quelques décennies plus tard, ce fut les emprunts russes (2,25 milliard de francs couverts pour moitié par la France) que les bolcheviques, sitôt installés à la tête de ce qu’ils rebaptisèrent Union soviétique, s’empressèrent de ne pas payer. Il furent nombreux, alors, nos compatriotes à y laisser leurs économies…

Et puis, ce furent plus de six décennies à craindre un déferlement de l’Armée Rouge jusqu’à Brest… Dans l’entre-deux guerres et durant « la dernière », ce fut même une ligne de fracture dans l’opinion : il y a les « fascistes » qui décidèrent d’une croisade contre le bolchevisme pour parer à ce danger… et les « démocrates » qui s’allièrent avec le « petit père des peuples », ce brave Joseph Djougachvili, dit Staline qui n’avait guère le sens de l’humour, dit-on, mais celui de la répression sanglante, de l’exécution massive et de la déportation sibérienne, voire même de l’anti-judaïté à ses heures, même si certains réussissent toujours, de nos jours, à le faire oublier…

Enfin ! Finit la crainte d’une guerre avec ces satanés Russes ! Encore que…

À lire et à entendre les commentaires sur la réélection (plus de 60 % des suffrages) de Vladimir Poutine, ce week-end, à la présidence de la Fédération de Russie – tel que se nomme désormais le pays de Nicolas Gogol, de Fiodor Dostoïevski ou encore de Léon Tolstoï pour ne citer que quelques-uns parmi les plus célèbres personnages qui peuvent encore avoir la chance d’être connus, sinon reconnus, de nos compatriotes – l’imminence d’une nouvelle apocalypse totalitaire n’échappe pas aux fins observateurs de la vie politique internationale.

Rien de nouveau à l’Est, pourtant : depuis son arrivée au Kremlin, Vladimir Poutine est la cible quasi-permanente des médias occidentaux qui n’ont de cesse de dénoncer les dangers qu’il ferait courir non seulement aux braves démocrates de son pays, mais à tous ceux au-delà des frontières de celui-ci.

Et de dénoncer en premier lieu son obstination à rester au pouvoir… Président élu et réélu, rappelons qu’il laissa ainsi la place à son premier ministre Dimitri Medvedev qui le nomma aussitôt à sa place avant d’appeler à voter pour que Poutine soit à nouveau réélu cette année à la Présidence. Soit un parfait jeu de chaises musicales.

Et alors ? En quoi l’exemple russe diffère-t-il tant que cela de ce qui se déroule dans notre pays depuis que la Sainte Mère Démocratie y règne ?

Pour ne citer que des exemples récents, Charles De Gaulle fit tout pour revenir à la tête de la France à la fin des années 50 du siècle dernier sans que cette volonté ne choque qui que ce soit, pas même ses ennemis politiques… Contrairement à un Philippe Pétain, tant honni par les démocrates contemporains, qu’une chambre des députés aux abois alla chercher pour sortir notre pays du gouffre où il avait sombré. Quoi qu’on puisse penser ensuite de l’action de l’État français sous sa direction maréchalienne, il est toujours bon de le rappeler.

Plus tard, Valéry Giscard d’Estaing tenta un deuxième septennat, sans succès certes, contrairement à François Mitterrand… Et Jacques Chirac fut élu deux fois de suite également… Comme le veut actuellement notre président sortant Nicolas Sarkozy… Et s’il ne vint jamais à aucun d’eux l’idée de se représenter une troisième – et pourquoi pas quatrième ? – fois à la fonction suprême, ce ne fut, soyons-en certain, qu’en raison de l’âge de leurs artères bien davantage que de la maîtrise de leur ambition personnelle.

Quant aux présidents américain, il est de tradition qu’ils tentent tous de se représenter ; seule leur constitution les empêchent de briguer d’autres mandats futurs…

Vladimir Poutine n’aura soixante ans qu’en octobre prochain et c’est un sportif accompli qui ne s’en cache pas : à quoi tient l’humilité démocratique, tout de même !

Quant à estimer les menaces qu’un néo-tsar comme lui puisse faire peser sur la planète, on ne saurait trop le redouter à l’aune de ses interventions militaires… soit d’avoir réussit à mettre fin à une sanglante guerre civile en Tchétchénie et d’être venu en aide aux Ossètes envahis par l’armée géorgienne. En près de douze année de pouvoir quasi-absolu, on peut difficilement y déceler les prémisses de la Troisième Guerre mondiale…

En tout cas, de façon moins évidentes que, dans le même temps, l’invasion de l’Afghanistan, puis de l’Irak par les États-Unis d’Amérique et leurs alliés… et même récemment l’intervention militaire française qui renversa le régime du colonel Khadafi avec lequel nous n’étions même pas en guerre pour offrir ainsi l’État libyen à de chaleureux « démocrates » islamistes.

De là à avoir certaines vilaines pensées à se sentir moins en danger de guerre avec un « Tsar » tel que Vladimir Poutine qu’avec des présidents médiatiquement proclamés démocrates, il n’y a pas loin.

PS : On lira avec intérêt et quelque étonnement la tribune de Nicolas Bonnal publiée cette semaine sur www.francephi.com : « Hitler, “Le Point” et le général De Gaulle »

© Philippe Randa est écrivain, chroniqueur politique et éditeur (www.francephi.com). Ses chroniques sont libres de reproduction à la seule condition que soit indiquée leurs origines, c’est-à-dire le site www.francephi.com, « Espace Philippe Randa ».

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lundi, 05 mars 2012 | Lien permanent

Roosevelt, la destruction de l’Europe et le désastre de la première mondialisation

Roosevelt, la destruction de l’Europe et le désastre de la première mondialisation

Ex: http://qc.novopress.info/

 

par Nicolas Bonnal

Quand on se plaint du présent, il faut toujours se rappeler le bon vieux temps des guerres. Ceux qui s’étonnent du niveau abyssal de notre endettement ou du bilan désastreux – ce ne sont pas nos lecteurs – du printemps arabe et du bilan de la guerre en Irak ont ainsi besoin qu’on leur rafraichisse la mémoire.

J’ai toujours été étonné par l’incroyable dimension du désastre européen au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Les pertes humaines sont bien sûr énormes, bien sûr imputables aux nazis et la à la guerre à l’Est, mais aussi bien sûr les pertes matérielles. Toute l’Europe occidentale a été bombardée, y compris les lieux saints du mont Cassin (les puissances protestantes voulaient intimider le pape). Staline contrôle tout l’orient de l’Europe et l’on laisse les guerres civiles et la disette s’installer un peu partout comme au bon vieux temps du moyen âge finissant. Même l’Angleterre a été ruinée, rincée même par son coopérant américain, et Churchill, auteur malheureux du conflit est chassé des Communes avec les huées. C’est l’époque d’Orwell, et ce n’est pas un hasard. Mais l’être humain aime être motivé par le désastre, on le sait depuis la Bible et Milton.

***

Il y a bien un responsable à tout cela, responsable qui a voulu et permis la destruction de l’Europe (nous avons été sauvés de la misère par son successeur Truman), l’anéantissement et non la défaire de l’Allemagne, la liquidation des empires coloniaux français et britanniques ; qui a voulu aussi la montée de la Chine communiste et le triomphe de l’union soviétique présentée avec son NKVD, son goulag et le Holodomorukrainien [1] comme un « paradis social mutualiste », y compris dans les films hollywoodiens de l’époque.

Ce responsable c’est Roosevelt auquel l’historien amateur (dans amateur il y a aimer, disait Orson Welles) Bernard Plouvier(1) a consacré un passionnant ouvrage à la fois synthétique et documenté. Il résume parfaitement le bellicisme insensé de Roosevelt qui a tout fait pour lancer le Japon dans la guerre, détruire l’Europe (plus de Français morts dans les bombardements libérateurs que de soldats US tués pendant la guerre !), diviser le monde et créer le réseau de bases et le fameux complexe militaro-industriel d’Eisenhower.

***

Roosevelt se laisse aussi hypnotiser, conifier disait Céline, par les mots comme nos idiots d’aujourd’hui. Il se lance dans une « croisade », exige une « capitulation sans condition » (en suivant le modèle affreux de l’incroyable guerre de sécession, premier scandale des temps modernes industriels), hurle et lance une « guerre totale » qui ne laisse d’autre choix à l’adversaire que de se mal comporter jusqu’au bout. Il laisse aussi les Juifs d’Europe à leur sort, et dès avant la guerre, alors que de tous côtés on le prévient et que même les nazis veulent faire des échanges hommes-matériel.

Mais pour Roosevelt la solution la pire est toujours la meilleure : il fallait en passer par la shoah et par soixante millions de morts pour que le nouvel ordre mondial auquel Roosevelt pense puisse s’établir ; et casser mille oeufs pour une petite omelette ; repensez au cas irakien.

***

Mille oeufs pour la mauvaise omelette. C’est d’une certaine manière l’héritage de cet impayable New Deal dont nous a rebattus les oreilles : le triplement de la dette n’a pas attendu Bush le guerrier et Obama le généreux ! Avec la guerre la dette aura sextuplé ! On a triplé en huit ans le nombre de fonctionnaires et on n’a pas créé d’emplois, la crise de 38 remettant sur la pavé des millions d’américains. Mais Roosevelt tient les médias et il est hélas réélu cherchant à sauver son économie par une guerre mondiale destinée à contrôler le pétrole, à mettre fin à la concurrence allemande et à ouvrir les marchés coloniaux de la Old Europe si chère à Rumsfeld…

En même temps il a socialisé l’économie américaine, fait exploser les impôts, avec des tranches à 100 %. Comme dit Bernard Plouvier : « L’Etat US, sous FDR, apprend à vivre à crédit ; c’est une leçon que les gouvernants des USA n’ont pas oubliée ». L’autre qu’ils n’ont pas oublié, c’est que la guerre fait vivre, et que le complexe militaro-industriel s’étend toujours plus, jusqu’aux enfants maintenant (j’en reparlerai).

***

Plouvier voit aussi un autre projet, et je pense à Bernanos et à son texte magique « La France contre les robots« . Roosevelt rêve d’un Etat mondial où tout est sous contrôle (cf. Orwell dont l’Etat se nomme Oceania en référence au damné Cromwell), et où l’homme, une fois qu’il sera transformé, va se comporter comme un robot discipliné et interchangeable.

« FDR compte transformer les peuples qui fourniront ses marchés à l’économie des USA en autant d’étudiants en l’art de vivre à l’américaine. »

Franklin Roosevelt, créature de la matrice américaine au détriment du peuple américain et du monde, mais surtout créateur à court terme des empires communistes et du champ de ruines européen et nippon, et du tiers-monde postcolonial…

Il est clair à la lecture de ce livre qu’il vaut mieux pour l’Europe et le monde un mauvais républicain qu’un bon démocrate à la Maison Blanche ; et que le grand Reagan fut celui qui nous libéra sur tous les plans de l’effroyable bilan politique et humain du sinistre grand homme.


(1) Bernard Plouvier, « l’Enigme Roosevelt, faux naïf et vrai Machiavel », Ed. Dualpha, collection « Vérités sur l’Histoire ».

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vendredi, 09 mars 2012 | Lien permanent

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