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Comment la Chine efface les Américains

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Comment la Chine efface les Américains

Les Carnets de Nicolas Bonnal

L’Amérique ? C’est devenu depuis les années soixante un mixte d’impérialisme facho-nihiliste, d’oligarchie tiers-mondiste et de fascisme antiraciste-féministe. Mais cela ne mène plus très loin. America, gratte again…

La Chine s’est éveillée et, pauvre Napoléon, le monde ne tremble pas. Le monde sortira des guerres impériales/humanitaires (les idées chrétiennes devenues folles de Chesterton) et autre croisades occidentales/accidentelles. Mais voyons des analyses US plus précises…

J’ai demandé à Hervé de traduire un texte Unz.org de l’universitaire Roberts Godfree sur la déculottée US dans tous les domaines (ce n’est pas que l’Europe vaille mieux, on est tous d’accord). Aucune schadenfreude : ce qui m’affole c’est que notre occident anesthésié ne se rend compte de rien ou s’en sort par des boniments paternalistes ou des clichés racistes.

Et cela donne : 

« En 2003, j’ai publié un livre sur le déclin des trente-six indicateurs sociaux et économiques de l’Amérique. J’en ai envoyé des copies par la poste à l’Administration, au Congrès et aux chefs de département et j’ai reçu une réponse du Directeur général de la Central Intelligence Agency, qui m’a dit que l’Agence fournissait des informations presque identiques au gouvernement depuis plusieurs décennies. Pendant ce temps, notre déclin et la montée en puissance de la Chine se sont accélérés et cet élan nous a menés si loin, si rapidement, que toute compétition est devenue irréaliste. »

Roberts remet alors des pendules à l’heure :

« Si la Chine ressemblait à la caricature que nos médias nous présentent depuis ces sept dernières décennies, alors oui, nous devrions contrebalancer son autoritarisme excessif, répressif et autoritaire et investir notre trésor dans les technologies de pointe pour faire en sorte que nous fassions l’envie du monde….Mais que faire si la Chine n’est ni répressive, ni autoritaire ? Et s’il ne nous reste plus de trésor à investir ? Et si les dirigeants chinois étaient plus populaires, respectés et compétents que les nôtres ? Que se passerait-il si son économie était déjà 30 % plus forte que la nôtre, connaissait une croissance trois fois plus rapide, avec deux tiers de fardeau de la dette en moins ? Et si elle était déjà en avance sur nous sur le plan scientifique et technologique, imprenable sur le plan militaire, et si elle possédait des alliés plus nombreux et plus puissants que les nôtres ? »

On rappelle que les chinois/confucéens sont contents :

« Gouvernement : Confucius, le politologue suprême disait : « Si les gens n’ont pas confiance en leurs dirigeants, l’État ne peut pas exister. » La confiance en notre gouvernement est à son plus bas niveau de l’histoire. Gallup affirme  que la plupart d’entre nous considèrent le gouvernement comme notre problème le plus urgent et que seuls 54 % d’entre nous « exprimons constamment une position pro-démocratique ». Le système de gouvernement professionnel et non confessionnel de la Chine l’a ramené à son rôle d’Empire du milieu. Comparé au nôtre, le gouvernement chinois est tourné vers l’avenir, décentralisé, efficace et économe. L’Examen d’admission au gouvernement sélectionne chaque année les 2 % des meilleurs diplômés et la réussite est la seule voie vers le pouvoir et la responsabilité. Les 200 membres du Conseil d’État – tous promus pour leur capacité à travailler en coopération – ont gouverné collectivement des milliards de personnes pendant 5 000 ans et leurs données publiques sont stupéfiantes. La plupart ont un doctorat et un QI supérieur à 140. Tous ont commencé leur carrière dans les villages les plus pauvres du pays et n’en sont partis qu’après avoir augmenté les revenus du village de 50%. Ils ont répété cette performance à tous les niveaux, y compris à la présidence, comme le fait Xi. »

Roberts rappelle que le vaurien Donald a parfois raison décidément dans sa discordance cognitive :

« Nous choisissons les dirigeants par acclamation – une coutume gréco-romaine qui favorise les vauriens qui savent parler – et c’est exactement ce que nous avons alors que, comme l’a  fait remarquer  le président Trump, « les dirigeants chinois sont beaucoup plus intelligents que nous. C’est comme prendre les New England Patriots et Tom Brady et les faire jouer contre ton équipe de football du lycée. »

Et Roberts d’ajouter :

« Aujourd’hui, la Chine génère 20 % du PIB mondial par rapport à nos 15 %, ses importations et ses exportations sont équilibrées, ses relations commerciales sont excellentes, sa monnaie est assez valorisée, son économie est 30 % plus importante et croît trois fois plus vite, ses salaires dans le secteur manufacturier sont à égalité avec les nôtres et ses plans pour 2025 sont à couper le souffle. Toujours de nouvelles autoroutes, voies ferrées, métros et ports et, l’année prochaine, l’Internet le plus rapide et le plus avancé avec des villes entières construites autour de la 5G. »

Soutien du monde émergent, la Chine n’est même pas impopulaire et elle manage sans menace une bonne partie du monde :

« En 2018, le taux d’approbation mondial de 34 % de la Chine battait celui de l’Amérique, qui était de 31 %... Nous avons cédé le contrôle de la Crimée et de la mer Noire à la Russie et, de plus en plus, du Moyen-Orient. Avec la Nouvelle route de la soie, la Chine et la Russie fusionnent l’Union économique eurasienne (Arménie, Bélarus, Kazakhstan, Kazakhstan, République kirghize et Russie avec le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et la Moldavie en considération) ; l’Organisation coopérative de Shanghai, OCS (Russie, Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Inde, Chine, Pakistan ; avec l’Afghanistan, l’Iran, la Mongolie et la Biélorussie comme observateurs et l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Cambodge, le Népal, le Népal, Sri Lanka et la Turquie comme partenaires de dialogue) ; et le Partenariat économique régional global, (Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam, Chine, Japon, Inde, Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande). Une fois que les gazoducs Nord Stream II et South Stream seront achevés en décembre, comment l’UE pourra-t-elle résister à s’y brancher ? »

Voyons la Science et le QI chinois :

« Leurs cinq points de QI supplémentaires par rapport à nous signifient qu’ils ont 300 000 personnes avec un QI de 160, comparativement à 30 000 en Occident. La Chine a dépassé les États-Unis pour devenir le premier producteur mondial d’articles scientifiques, représentant près d’un cinquième de la production mondiale totale, selon un  nouveau rapport. La Chine  domine le classement mondial  des articles de recherche les plus cités publiés dans les 30 domaines technologiques les plus en vogue. Bien que les États-Unis aient produit 3,9 millions d’articles sur la recherche en tous domaines, comparativement à 2,9 millions en provenance de la Chine, cette dernière a produit la plus grande part dans 23 des 30 domaines qui ont suscité le plus d’intérêt, tandis que l’Amérique a obtenu la tête pour les sept autres.

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Puis la Technologie : « Les deux tiers des ordinateurs les plus rapides au monde sont chinois, mais rien ne révèle plus le vide de notre armoire technologique que la domination chinoise du haut débit mobile amélioré. Nous prendrons deux fois plus de temps et dépenserons deux fois plus pour intégrer un système moins abordable, fonctionnel, compatible et évolutif. Pourtant, nos impitoyables médias ont tourné en dérision le président Trump lorsqu’il a appelé l’Amérique à dominer la 6G, malgré le fait publiquement connu que Huawei a 600 mathématiciens, physiciens et ingénieurs travaillant sur le 6G depuis plus d’un an. La Chine est en tête du classement mondial dans la plupart des dix principaux domaines « prometteurs » comme la recherche sur les piles et représente plus de 70 % de tous les articles sur les photocatalyseurs et le traitement du cancer ciblé par l’acide nucléique, qui se classent respectivement en 12e et 14e position. Les États-Unis sont en tête dans trois domaines de la biotechnologie, dont l’édition du génome en 7eme position, et l’immunothérapie en 10eme. La Chine est le chef de file mondial de  la recherche fondamentale  et de la plupart des technologies, en particulier celles concernant les  régions chaudes. »

L’Aérospatiale ? 

« La Chine a lancé plus de missions spatiales en 2018 que la Russie ou l’Amérique et son premier avion de ligne local décollera cette année, bien que la FAA ait trainé les pieds. C’est le premier fournisseur mondial de drones et le plus grand fabricant et exportateur d’avions de combat légers. Maintenant que son avion de combat, le WS-15, est en production, son J-20 va dépasser les nôtres. »

Ironiquement, l’auteur ajoute sur cette guerre commerciale aux dimensions modestes :

« Comme le dit Parag Khanna, Pékin doit se demander pourquoi le numéro 3 lancerait une guerre commerciale contre le numéro 1. Bien que nous soyons autosuffisants à bien des égards, nous sommes peut-être moins indispensables que nous ne l’imaginons. «L’Amérique d’abord» sonne bien, sauf quand cela signifie en fait « l’Amérique seule ».

Indicateurs sociaux ?

« Le GINI chinois, qui n’avait jamais atteint nos niveaux, est en train de chuter comme une pierre et l’extrême pauvreté disparaîtra l’année prochaine, lorsque tous les Chinois auront une maison, un emploi, beaucoup de nourriture, une éducation, des rues sûres, des soins de santé et de vieillesse (il y aura alors plus de toxicomanes, de suicides et d’exécutions, plus de personnes sans abri, pauvres, affamées et prisonnières en Amérique qu’en Chine). 500 000 000 de Chinois vivant en milieu urbain auront une valeur nette et un revenu disponible supérieurs à ceux des Américains moyens, leurs mères et leurs nourrissons seront moins susceptibles de mourir en couches, leurs enfants obtiendront leur diplôme d’études secondaires trois ans plus tôt que nos enfants ; et survivront. 98 % des Chinois listés comme « pauvres » sont déjà propriétaires de leur maison et Xi a programmé de ramener le coefficient GINI au-dessous de celui de la Finlande, d’ici 2021-2035. »

L’éducation est incomparable reflétant celle des quatre dragons qui nous impressionnaient tant au cours des lointaines années 80 : 

« Aucun pays n’a autant d’ingénieurs intelligents, bien formés et dévoués. Un quart des travailleurs en Science, Technologie et Mathématiques dans le monde sont des Chinois, une main-d’œuvre intellectuelle huit fois plus nombreuse, qui croît six fois plus vite et qui obtient son diplôme d’études secondaires trois ans plus tôt que chez nous. D’ici 2025, la Chine comptera plus de travailleurs qualifiés sur le plan technologique que l’ensemble des pays de l’OCDE – États-Unis, UE, Canada, Mexique, Australie, Israël, Japon, Corée, Nouvelle-Zélande et Turquie – réunis. »

Pierre d’achoppement, la sécurité, la fierté nationale :

« Faible criminalité, pas d’absurdités religieuses ou de violence islamique. Les entreprises peuvent investir en toute sécurité sans crainte de troubles religieux, de violence ou de vol qualifié.

La foi en l’avenir, le nationalisme, la croyance en une Chine meilleure. Les Chinois croient fermement en l’avenir et sacrifient volontiers temps et efforts pour la prochaine génération. Les Chinois ont le même sentiment que celui que nous avions dans les années 60, sauf que leurs salaires et leur richesse ont doublé chaque décennie depuis soixante-dix ans. »

A l’heure où l’occident bascule dans le techno-bolchévisme, la dystopie écologiste, le transgenre et le fascisme humanitaire, la Chine est démocrate…

« La Chine est la première  démocratie  au monde. Bien que cette affirmation mette en colère de nombreux Occidentaux, quel que soit le système de mesure utilisé, la Chine est une démocratie prospère et l’Amérique ne l’est pas, que ce soit sur le plan électoral, populaire, procédural, opérationnel, financier ou technologique. »

Roberts ajoute qu’elle saura même se défendre :

« L’armée chinoise  dispose de certains des  systèmes d’armes  les plus modernes au monde pour la moitié du coût de la défense américaine. Ses missiles les plus modernes surpassent

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lundi, 04 novembre 2019 | Lien permanent

Guénon et la spiritualité perdue de la monnaie

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Guénon et la spiritualité perdue de la monnaie

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

On sait que l’argent ne vaut plus rien. Les prix de l’immobilier ont été multipliés par cent à Paris en soixante ans. J’ai plusieurs exemples en tête.

On se doute que sur ce sujet j’aurai recours à René Guénon, au règne de la quantité (chapitre XVI). Ensuite à Egon Von Greyerz, dont tous les crétins se moquaient récemment encore sur certains soi-disant sites antisystèmes !

Une chose est sûre, le fric, qui ne valait déjà plus rien, va disparaitre. Une autre l’est moins, savoir si on nous volera notre or (quand vous en avez) comme au temps de Roosevelt (Gold Reserve Act, bonne fiche sur Wikipédia-anglais), des nazis et du Front populaire. Il suffira de tuer quelques contrevenants pour faire craquer tous les autres. L’Etat moderne, qui en a vu et fait d’autres, ne s’arrêtera pas là. Lisez l’historien Hoppe pour le comprendre enfin.

Je vais insister théologie ici, parce les choses sont plus graves que ne le pensent les « éconoclastes » : l’annihilation de la monnaie reproduit en ces Temps de la Fin l’annihilation spirituelle de notre civilisation ET MEME DE NOS PERSONNES.

Je rappelle à certains que salaire vient du mot « sel », que espèces viennent du mot « épices » !

Mais venons-en à Guénon qui se surpasse parfois – et pourtant c’est Guénon :

« La question dont il s’agit est celle de la monnaie, et assurément, si l’on s’en tient au simple point de vue « économique » tel qu’on l’entend aujourd’hui, il semble bien que celle-ci soit quelque chose qui appartient aussi complètement que possible au « règne de la quantité » ; c’est d’ailleurs à ce titre qu’elle joue, dans la société moderne, le rôle prépondérant que l’on ne connaît que trop et sur lequel il serait évidemment superflu d’insister ; mais la vérité est que le point de vue « économique » lui-même et la conception exclusivement quantitative de la monnaie qui lui est inhérente ne sont que le produit d’une dégénérescence somme toute assez récente, et que la monnaie a eu à son origine et a conservé pendant longtemps un caractère tout différent et une valeur proprement qualitative, si étonnant que cela puisse paraître à la généralité de nos contemporains. »

Guénon explique ce qu’était une monnaie :

« Il est une remarque qu’il est bien facile de faire, pour peu qu’on ait seulement « des yeux pour voir » : c’est que les monnaies anciennes sont littéralement couvertes de symboles traditionnels, pris même souvent parmi ceux qui présentent un sens plus particulièrement profond ; c’est ainsi qu’on a remarqué notamment que, chez les Celtes, les symboles figurant sur les monnaies ne peuvent s’expliquer que si on les rapporte à des connaissances doctrinales qui étaient propres aux Druides, ce qui implique d’ailleurs une intervention directe de ceux-ci dans ce domaine ; et, bien entendu, ce qui est vrai sous ce rapport pour les Celtes l’est également pour les autres peuples de l’antiquité, en tenant compte naturellement des modalités propres de leurs organisations traditionnelles respectives. »

Le lien entre spirituel et temporel était ainsi établi selon Guénon :

« Le contrôle de l’autorité spirituelle sur la monnaie, sous quelque forme qu’il se soit exercé, n’est d’ailleurs pas un fait limité exclusivement à l’antiquité, et, sans sortir du monde occidental, il y a bien des indices qui montrent qu’il a dû s’y perpétuer jusque vers la fin du moyen âge, c’est-à-dire tant que ce monde a possédé une civilisation traditionnelle. On ne pourrait en effet s’expliquer autrement que certains souverains, à cette époque, aient été accusés d’avoir « altéré les monnaies » ; si leurs contemporains leur en firent un crime, il faut conclure de là qu’ils n’avaient pas la libre disposition du titre de la monnaie et que, en le changeant de leur propre initiative, ils dépassaient les droits reconnus au pouvoir temporel. »

guenon.pngGuénon rajoute dans une note passionnante :

« Voir Autorité spirituelle et pouvoir temporel, p. 111, où nous nous sommes référé plus spécialement au cas de Philippe le Bel, et où nous avons suggéré la possibilité d’un rapport assez étroit entre la destruction de l’Ordre du Temple et l’altération des monnaies, ce qui se comprendrait sans peine si l’on admettait, comme au moins très vraisemblable, que l’Ordre du Temple avait alors, entre autres fonctions, celle d’exercer le contrôle spirituel dans ce domaine ; nous n’y insisterons pas davantage, mais nous rappellerons que c’est précisément à ce moment que nous estimons pouvoir faire remonter les débuts de la déviation moderne proprement dite. »

Relisez Dante…

Fin du caractère sacré :

« Il est donc arrivé là ce qui est arrivé généralement pour toutes les choses qui jouent, à un titre ou à un autre, un rôle dans l’existence humaine : ces choses ont été dépouillées peu à peu de tout caractère « sacré » ou traditionnel, et c’est ainsi que cette existence même, dans son ensemble, est devenue toute profane et s’est trouvée finalement réduite à la basse médiocrité de la « vie ordinaire » telle qu’elle se présente aujourd’hui. »

Guénon donne une bonne explication à la Prison Planet du capitalisme moderne :

« Ce que nous avons dit du caractère quantitatif par excellence de l’industrie moderne et de tout ce qui s’y rapporte permet de le comprendre suffisamment : en entourant constamment l’homme des produits de cette industrie, en ne lui permettant pour ainsi dire plus de voir autre chose (sauf, comme dans les musées par exemple, à titre de simples « curiosités » n’ayant aucun rapport avec les circonstances « réelles » de sa vie, ni par conséquent aucune influence effective sur celle-ci), on le contraint véritablement à s’enfermer dans le cercle étroit de la « vie ordinaire » comme dans une prison sans issue. »

Il explique avant Yellen-Draghi pourquoi la monnaie ne vaut rien (un quarantième de l’or depuis quarante ans, un centième pour le dollar depuis la FED-1913) :

« Pour en revenir plus spécialement à la question de la monnaie, nous devons encore ajouter qu’il s’est produit à cet égard un phénomène qui est bien digne de remarque : c’est que, depuis que la monnaie a perdu toute garantie d’ordre supérieur, elle a vu sa valeur quantitative elle-même, ou ce que le jargon des « économistes » appelle son « pouvoir d’achat », aller sans cesse en diminuant, si bien qu’on peut concevoir que, à une limite dont on s’approche de plus en plus, elle aura perdu toute raison d’être, même simplement « pratique » ou « matérielle », et elle devra disparaître comme d’elle-même de l’existence humaine. »

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Et tout cela annonce notre Armageddon :

« Cela peut déjà servir à montrer que, comme nous le disions plus haut, la sécurité de la « vie ordinaire » est en réalité quelque chose de bien précaire, et nous verrons aussi par la suite qu’elle l’est encore à beaucoup d’autres égards ; mais la conclusion qui s’en dégagera sera toujours la même en définitive : le terme réel de la tendance qui entraîne les hommes et les choses vers la quantité pure ne peut être que la dissolution finale du monde actuel. »

Et maintenant je laisse conclure von Greyerz qui n’a peut-être pas lu Guénon mais nous aura prévenus.

« Peu de gens réalisent que leur monnaie n’est qu’une entrée électronique qui peut être annulée en une seconde par le gouvernement. Cela signifie que leur monnaie peut disparaître, pour ne jamais réapparaître. C’est ce que les gouvernements et les banques centrales veulent imposer dans la plupart des pays occidentaux.

Les gens pensent que leur argent est en sécurité à la banque et ne réalisent pas que la monnaie électronique n’est pas introduite par commodité, mais bien pour les empêcher de retirer leur argent lorsque les banques insolvables ayant utilisé à outrance l’effet de levier manqueront de cash. Quiconque possède un compte bancaire doit comprendre qu’un jour, il n’y aura plus d’argent à la banque. Les distributeurs automatiques seront fermés et il n’y aura pas de cash disponible. C’est une façon élégante de régler le problème d’insolvabilité du système financier: il n’y aura pas de monnaie papier disponible, ni de monnaie électronique… plus d’argent à retirer.

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À ce moment-là, le gouvernement n’imprimera plus de monnaie pour les particuliers, puisqu’elle sera inutilisable. Il imprimera des coupons à utiliser dans certains magasins et pour d’autres dépenses. C’est déjà le cas dans des pays comme le Zimbabwe. Les gens ne pourront dépenser qu’une quantité très limitée de l’argent déposé sur leur compte bancaire chaque mois, comme nous l’avons vu en Argentine.

Bien sûr, l’impression monétaire massive continuera pour sauver le système financier lorsque tous les actifs imploseront. Une très faible quantité de cette monnaie parviendra aux gens ordinaires. »

La plupart d’entre vous diront que ce scénario est totalement irréaliste, pire qu’apocalyptique. J’espère qu’il ne se réalisera jamais. Mais ce que je veux dire est qu’en remettant des actifs aux banques et, finalement, au gouvernement, qui contrôle les banques, la plupart des gens perdront totalement le contrôle de leurs biens. »

On va citer Dante, pour terminer, sur la destruction des templiers et nos rois maudits. Et je vous préviens : ça n’est pas dépassé du tout. C’est même à l’époque du reptilien Draghi et des dettes (debitum, le péché, en latin) européennes ou yankees terriblement actuel :

Que pourrais-tu nous faire, Avarice, de plus,

après avoir si bien avili tous les miens,

que de leur propre chair ils ont perdu le soin ?

Pour que le mal futur ou fait paraisse moindre,

je vois la fleur de lis entrer dans Anagni

et faire prisonnier le Christ en son vicaire.

Je le vois à nouveau soumis aux moqueries ;

je vois renouveler le vinaigre et le fiel ;

je le vois mettre à mort, où les larrons sont saufs.

Ce Pilate nouveau, je le vois si cruel

qu’il n’en est pas content et pousse jusqu’au Temple,

sans jugement, la nef de sa cupidité.

Sources

Dante –Purgatoire, XX, vers 48-82

René Guénon – Le règne de la quantité et les signes des temps (chapitre XVI)

Elgin Groseclose – Money and man

G. Edward Griffin –The creature from Jekyll Island

Murray Rothbard – The mystery of banking

Stephen Zarlenga – The lost science of money

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jeudi, 14 décembre 2017 | Lien permanent

Goethe et les entropies du monde moderne

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Goethe et les entropies du monde moderne

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Une note sublime - et si juste - pour commencer :

« Les apôtres de liberté m’ont toujours été antipathiques, car ce qu'ils finissent toujours par chercher, c'est le droit pour eux à l'arbitraire. »

Je n’avais pas touché à Goethe depuis plus de quinze ans, trop écœuré peut-être parce qu’est devenue l’Allemagne de la mégère inapprivoisée. Et puis, le génie du web aidant (Gallica BNF), j’ai relu avec émerveillement ses conversations avec Eckermann, qui sont un des livres les plus extraordinaires du monde. Imaginons qu’Homère, Shakespeare ou Rabelais aient eu cette chance ; ou même Nietzsche, Tocqueville ou Voltaire... La chance d’un Eckermann…

Nous sommes à la fin des années 1820, quand le « satanisme de l’aventure industrielle » (Drieu) se dessine, et que les Poe, Balzac et Chateaubriand comprennent que nous allons être mangés par Mammon et le « mob », la canaille.

Le génie olympien tout en gardant sa « balance » a vite fait en tout cas de prendre ses distances avec le monde moderne. Il voit tout venir, à commencer par nos talents avariés, dépréciés :

« Celui qui ne veut pas croire qu'une grande partie de la grandeur de Shakespeare est due à la grandeur et à la puissance de son siècle, que celui-là se demande si l'apparition d'un phénomène aussi étonnant serait possible aujourd'hui dans l'Angleterre de 1824, dans nos jours détestables de journaux à critiques dissonantes? Ces rêveries tranquilles et innocentes, pendant lesquelles il est seul possible de créer quelque chose de grand, sont perdues pour jamais! Nos talents aujourd'hui doivent tout de suite être servis à la table immense de la publicité. Les revues critiques qui chaque jour paraissent en cinquante endroits, et le tapage qu'elles excitent dans le public, ne laissent plus rien mûrir sainement. »

Goethe est le premier à voir la menace journalistique (Nietzsche en parle très bien dans la considération inactuelle sur Strauss), ce règne de la quantité appliqué au style et aux idées. Il ajoute :

 « Celui qui aujourd'hui ne se retire pas entièrement de ce bruit, et ne se fait pas violence pour rester isolé, est perdu. Ce journalisme sans valeur, presque toujours négatif, ces critiques et ces discussions répandent, je le veux bien, une espèce de demi-culture dans les masses; mais pour le talent créateur, ce n’est qu'un brouillard fatal, un poison séduisant qui ronge les verts rameaux de son imagination, la dépouille de son brillant feuillage, et atteint jusqu'aux profondeurs où se cachent les sucs vitaux et les fibres les plus délicates. »

On savourera l’image de la botanique dont ce maître fut un champion, comme Rousseau.

Goethe ajoute avec émotion :

« Et puis la vie elle-même, pendant ces misérables derniers siècles, qu'est-elle devenue? Quel affaiblissement,  quelle débilité, où voyons-nous une nature originale, sans déguisement? Où est l'homme assez énergique pour être vrai et pour se montrer ce qu'il est ? Cela réagit sur les poètes; il faut aujourd'hui qu'ils trouvent tout en eux-mêmes, puisqu'ils ne peuvent plus rien trouver autour d'eux. »

Cette évocation del’affaiblissement des forces vitalesqui est ici une primeur, je l’ai évoquée dans mon étude sur Dostoïevski et l’occident. C’est la splendide tirade de Lebedev dans l’idiot :

« Et osez dire après cela que les sources de vie n’ont pas été affaiblies, troublées, sous cette « étoile », sous ce réseau dans lequel les hommes se sont empêtrés.

Et ne croyez pas m’en imposer par votre prospérité, par vos richesses, par la rareté des disettes et par la rapidité des moyens de communication ! Les richesses sont plus abondantes, mais les forces déclinent ; il n’y a plus de pensée qui crée un lien entre les hommes ; tout s’est ramolli, tout a cuit et tous sont cuits ! Oui, tous, tous, tous nous sommes cuits !… »

Comme on sait cette tirade est liée au réseau des chemins de fer (Dostoïevski évoque même Tchernobyl !).  Or le réseau, Goethe en parle quand il évoque au début du tome deuxième l’avènement inévitable et contrariant de l’unité allemande :

« Nous causâmes alors de l'unité de l'Allemagne, cherchant comment elle était possible et en quoi cite était désirable.

« Je ne crains pas que l’Allemagne n'arrive pas à son unité, dit Goethe nos bonnes routes et les chemins de fer qui se construiront feront leur œuvre. Mais, avant tout, qu'il y ait partout de l'affection réciproque, et qu'il y ait de l'union contre l'ennemi extérieur. »

Il évoque l’ouverture des frontières :

« Qu'elle soit une, en ce sens que le thaler et le silbergroschen aient dans tout l'empire la même valeur; une, en ce sens que mon sac de voyage puisse traverser les trente-six Etats sans être ouvert; une, en ce sens que le passeport donné aux bourgeois de Weimar par la ville ne soit pas à la frontière considéré par remployé d'un grand État voisin comme nul, et comme l'égal d'un passeport étranger… »

Et d’ajouter :

« Que l'on ne parle plus, entre Allemands, d'extérieur et d’intérieur; que l'Allemagne soit une pour les poids et mesures, pour le commerce, l'industrie, et cent choses analogues que je ne peux ni ne veux nommer. »

Que je ne peux ni ne veux nommer : on souligne ?

Par contre il voit tout de suite notre Goethe les futures limites de cette unité allemande qui va mettre fin à la culture allemande sous la brutale férule des bureaucrates bismarckiens :

« Mais si l'on croit que l'unité de l'Allemagne consiste à en faire un seul énorme empire avec une seule grande capitale, si l'on pense que l'existence de cette grande capitale contribue au bien-être de la masse du peuple et au développement des grands talents, on est dans l'erreur. »

C’est que Goethe est contre la centralisation, même la française (lisez l’émouvant passage de la rencontre avec Napoléon). La centralisation stérilise. Il écrit :

« Ce serait un bonheur pour la belle France si, au lieu d'un seul centre, elle en avait dix, tous répandant la lumière et la vie… »

goethestatue.jpgC’est « Paris et le désert français » cent ans avant Jean-François Gravier ; mais pour être honnête Rousseau avait déjà méprisé l’usage inconvenant de l’hyper-capitale Paris pour la France.

Et de faire l’éloge de la prodigieuse diversité allemande de son époque (un des seuls à notre époque à l’avoir compris est l’excellent historien marxiste Hobsbawn, qui évoqua aussi l’Italie stérilisée par son unification) :

« Où est la grandeur de l'Allemagne, sinon dans l'admirable culture du peuple, répandue également dans toutes les parties de l’empire? Or, cette culture n'est-elle pas due à ces résidences princières partout dispersées; de ces résidences part la lumière, par elles elle se répand partout… »

Il insiste :

« Pensez à ces villes comme Dresde, Munich, Stuttgart, Cassel, Brunswick, Hanovre, et à leurs pareilles, pensez aux grands éléments de vie que ces villes portent en elles ; pensez à l’influence qu'elles exercent sur les provinces voisines et demandez-vous ; tout serait-il ainsi, si depuis longtemps elles n'étaient pas la résidence de princes souverains? »

Car Goethe sent le risque que l’unité allemande va faire peser sur le génie germanique :

« Francfort, Brème, Hambourg, Lubeck sont grandes et brillantes; leur influence sur la prospérité de l’Allemagne est incalculable. Resteraient-elles ce qu'elles sont, si elles perdaient leur indépendance, et si elles étaient annexées à un grand empire allemand, et devenaient villes de province? J'ai des raisons pour en douter… »

Equilibre, harmonie, autant de thèmes centraux chez notre génie.

Autre sujet, la perfection. A cette époque on considère que la perfection est de ce monde, mais qu’elle n’est pas allemande mais britannique. Comme on sait ce complexe d’infériorité allemand pèsera lourd au vingtième siècle :

« …mais il y a dans les Anglais quelque chose que la plupart des autres hommes n'ont pas. Ici, à Weimar, nous n'en voyons qu'une très petite fraction, et ce ne sont sans doute pas le moins du monde les meilleurs d'entre eux, et cependant comme ce sont tous de beaux hommes, et solides. »

L’anglais (pas le dandy détraqué, le gentleman bien sûr) est beau pour ces raisons :

« Ce qui les distingue, c'est d'avoir le courage d'être tels que la nature les a faits. II n'y a en eux rien de faussé, rien de caché, rien d'incomplet et de louche; tels qu'ils sont, ce sont toujours des êtres complets. Ce sont parfois des fous complets, je t'accorde de grand cœur ; mais leur qualité est à considérer, et dans la balance de la nature elle pèse d'un grand poids. »

C’est le gentleman idéal, le parfait modèle hollywoodien de l’âge d’or (on pense à Stewart Granger à Cary Grant, à Errol Flynn) remis au goût du jour à notre époque postmoderne par les adaptations des petits romans de Jane Austen.

Mais Goethe souligne le déclin de notre perfection de civilisé :

« Du reste, nous autres Européens, tout ce qui nous entoure est, plus ou moins, parfaitement mauvais; toutes les relations sont beaucoup trop artificielles, trop compliquées; notre nourriture, notre manière de vivre, tout est contre la vraie nature; dans notre commerce social, il n'y a ni vraie affection, ni bienveillance. »

Goethe évoque alors en disciple de Rousseau (beaucoup plus germanique que français, et si mal compris en France le pauvre…) le modèle du sauvage :

« On souhaiterait souvent d'être né dans les îles de la mer du Sud, chez les hommes que l'on appelle sauvages, pour sentir un peu une fois la vraie nature humaine, sans arrière-goût de fausseté. »

Parfois même Goethe succombe au pessimisme, quant à la misère de notre temps :

« Quand, dans un mauvais jour, on se pénètre bien de la misère de notre temps, il semble que le monde soit mûr pour le jugement dernier. Et le mal s'augmente de génération en génération. Car ce n'est pas assez que nous ayons à souffrir des péchés de nos pères, nous léguons à nos descendants ceux que nous avons hérités, augmentés de ceux que nous avons ajoutés… »

Goethe alors rêve du paysan, pas encore trop pollué par la civilisation (un petit malin pourrait citer Walter Darré mais aussi les écolos, alors…) :

« Notre population des campagnes, en effet, répondit Goethe, s'est toujours conservée vigoureuse, et il faut espérer que pendant longtemps encore elle sera en état non seulement de nous fournir des cavaliers, mais aussi de nous préserver d'une décadence absolue ; elle est comme un dépôt où viennent sans cesse se refaire et se retremper les forces alanguies de l'humanité. Mais allez dans nos grandes villes, et vous aurez une autre impression… »

Et il insiste encore, au début du tome deuxième de ses entretiens, sur l’affaiblissement des hommes modernes :

« Causez avec un nouveau Diable boiteux, ou liez-vous avec un médecin ayant une clientèle considérable - il vous racontera tout bas des histoires qui vous feront tressaillir en vous montrant de quelles misères, de quelles infirmités souffrent la nature humaine et la société… »

Une vingtaine d’années avant, le jeune Kleist avait évoqué dans son théâtre des marionnettes cette nostalgie et ce regret de la perfection antérieure, nous invitant

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vendredi, 28 septembre 2018 | Lien permanent

Flaubert et la catastrophe française de 1870

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Flaubert et la catastrophe française de 1870

par Nicolas Bonnal

Je dirais que la correspondance de Flaubert est le plus grand livre du monde moderne, devant même le Zarathoustra de Nietzsche,  et qu’il est gratuit, à télécharger en plusieurs volumes sur le site Gallica de la bibliothèque nationale, dont on saluera le travail. Il y a des milliers de pages, alors perdez-vous y.

Flaubert a compris le désastre impérial de Napoléon III, désastre métaphysique et moral avant tout.

En 1853 il écrivait déjà à Louise Colet cette sentence définitive sur notre modernité désastreuse et notre présent permanent : « 89 a démoli la royauté et la noblesse, 48 la bourgeoisie et 51 le peuple. Il n'y a plus rien, qu'une tourbe canaille et imbécile. Nous sommes tous enfoncés au même niveau dans une médiocrité commune.»

Ceci on a pu descendre plus bas, notamment en 1870, en 1940, en 1968, ou sous le binôme Macron-Hollande. Comme dit un ami nommé Sylvain, et prof d’informatique dans une fac privée américaine (essayez, cela ouvre l’esprit) : « en France quand on touche le fond on creuse encore ».

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Maxime du Camp

Mais voyons 1870. J’en ai parlé citant Maxime du Camp  (qui souligne la légèreté française face au sérieux prussien) ou Renan (qui vaticine une victoire russe après celle allemande en Europe). 1870 ouvre la porte de la rapide décadence matérielle, morale et culturelle de la France, jadis modèle et âme de cette Europe. La république sera pire que l’empire, et le bilan de la troisième république fut à tous égards désastreux, y compris sur le plan moral avec entre autres les crimes du colonialisme inutile.

1870… L’époque est déjà assez nihiliste et Flaubert écrit du reste :

« On se paye de mots dans cette question de l'immortalité, car la question est de savoir si le moi persiste. L'affirmative me paraît une outrecuidance de notre orgueil, une protestation de notre faiblesse contre l'ordre éternel. La mort n'a peut-être pas plus de secrets à nous révéler que la vie. Quelle année de malédiction! Il me semble que je suis perdu dans le désert. »

L’année est mauvaise déjà en juin, et il le rappelle :

« Je ne suis pas plus gai que vous, car l'année a été, pour moi, atroce. J'ai enterré presque tous mes amis ou du moins les plus intimes. En voici la liste : Bouilhet, Sainte-Beuve, Jules de Goncourt Duplan le secrétaire de Cernuschi, et ce n'est pas tout. »

Mais démarrons. La guerre arrive, les esprits en France sont enflammés, et on cherche à se prendre une énième rouste. Le  22 juillet, Flaubert écrit à George Sand (une gauchiste caviar adorée aussi par Tocqueville) :

« Que devenez-vous, chère maître, vous et les vôtres ? Moi, je suis écœuré, navré par la bêtise de mes compatriotes. L'irrémédiable barbarie de l'humanité m'emplit d'une tristesse noire. Cet enthousiasme, qui n'a pour mobile, aucune idée, me donne envie de crever pour ne plus le voir. »

Les raisons :

« Le bon Français veut se battre 1° parce qu'il est jaloux de la Prusse; parce que l'état naturel de l'homme est la sauvagerie; 3° parce que la guerre contient en soi un élément mystique qui transporte les foules. »

Le trait de génie ensuite :

« En sommes-nous revenus aux guerres de races ? J'en ai peur. »

Après notre artiste en remet une louche sur le bourgeois sartrien d’alors :

« Le bourgeois d'ici ne tient plus. Il trouve que la Prusse était trop insolente et veut « se venger ».

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Le 3 aout Flaubert revient sur ce bellicisme insensé (cf. le « Français parfaitement enthousiaste » de Louis-Ferdinand Céline, avant la raclée de juin 40) :

« Je vous assure qu'ici on se ferait assommer si on s'avisait de prêcher la paix. Quoi qu'il advienne, nous sommes reculés pour longtemps. »

Le génie ensuite. Flaubert insiste sur le racisme entre petits blancs :

« Les guerres de races vont peut-être recommencer. On verra, avant un siècle, plusieurs millions d'hommes s'entre-tuer en une séance. Tout l’orient contre toute l'Europe, l'ancien monde contre le nouveau. Pourquoi pas ? »

Mais il voit aussi dans cette grosse guerre une malédiction liée à Suez (tiens, tiens…) et la grande industrie :

« Les grands travaux collectifs comme l'isthme de Suez sont peut-être, sous une autre forme, des ébauches et des préparations dont nous n’avons pas idée. »

A cette époque la France plonge vite dans la misère (et on nous fait le coup des cinq milliards payés rubis sur l’ongle…) :

« La misère s'annonce bien. Tout le monde est dans la gêne, à commencer par moi Mais nous étions peut-être trop habitués au confortable et à la tranquillité. »

Comme toujours Flaubert regrette un bon vieux temps qu’il sait pourri pourtant :

« Nous nous enfoncions dans la matière. Il faut revenir à la grande tradition, ne plus tenir à la vie, au bonheur, à l'argent, ni à rien; être ce qu'étaient nos grands-pères, des personnes légères, gazeuses. Autrefois on passait sa vie à crever de faim. »

Le 17 aout, encore à George Sand :

« Je suis arrivé à Paris lundi et j'en suis reparti mercredi. Je connais maintenant le fond du Parisien et j'ai fait dans mon cœur des excuses aux plus féroces politiques de 1793. Maintenant, je les comprends. Quelle bêtise quelle lâcheté, quelle ignorance, quelle présomption ! Mes compatriotes me donnent envie de vomir. Ils sont à mettre dans le même sac qu'Isidore. Ce peuple mérite peut-être d'être châtié, et j'ai peur qu'il le soit. »

Et ce peuple a régulièrement été châtié et il s’en moque à chaque fois. C’est ce qui fera de Céline le pacifiste enragé et le francophobe dont j’ai parlé.

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Puis Flaubert annonce notre ère ubuesque :

« Voilà où nous a conduits le suffrage universel, dieu nouveau que je trouve aussi bête que l'ancien N'importe Vous croyez qu'il en sera démonté, le bon suffrage universel ? Pas du tout Après Isidore, nous aurons Pignouf 1er. Ce qui me désole dans cette guerre, c'est que les Prussiens ont raison. A leur tour !  Puis à celui des Russes ! »

Déchéance française mais aussi défaite allemande en perspective :

« Nous allons devenir une Pologne, puis une Espagne. Puis ce sera le tour de la Prusse, qui sera mangée par la Russie. Quant à moi, je me regarde comme un homme fini. Ma cervelle ne se rétablira pas. On ne peut plus écrire quand on ne s'estime plus. Je ne demande qu'une chose, c'est à crever, pour être tranquille. »

J’ai cité dans mes chroniques cette grande envolée de Renan, extraite d’une lettre à un célèbre historien allemand :

« Le Slave, dans cinquante ans, saura que c’est vous qui avait fait nom synonyme d’esclave : il verra cette longue exploitation historique de sa race par la vôtre, et le nombre du Slave est le double du vôtre, et le Slave, comme le dragon de l’Apocalypse dont la queue balaye la troisième partie des étoiles, traînera un jour après lui le troupeau de l’Asie centrale, l’ancienne clientèle des Gengis Khan et Tamerlan. »

Flaubert voit la fin d’un dix-neuvième siècle heureux et l’avènement des misères modernes. Il voit un déclin ontologique, comme Nietzsche un peu plus tard (lisez et relisez la deuxième considération sur l’histoire) :

« Nous sommes assaillis de pauvres Ils commencent à faire des menaces. Les patrouilles de ma milice commenceront la semaine prochaine, et je ne me sens pas disposé à l'indulgence. Ce qu'il y a d'affreux dans cette guerre, c'est qu'elle vous rend méchant. J'ai maintenant le cœur sec comme un caillou et, quoi qu'il advienne, on restera stupide. Nous sommes condamnés à parler des Prussiens jusqu'à la fin de notre vie. »

A Maxime du Camp, il écrit le 29 septembre :

« Ce qui me désole, c'est l'immense bêtise dont nous serons accablés ensuite. Toute gentillesse, comme eût dit Montaigne, est perdue pour longtemps. Un monde nouveau va commencer. On élèvera les enfants dans la haine du Prussien. Le militarisme et le positivisme le plus abject, voilà notre lot désormais à moins que, la poudre purifiant l'air, nous ne sortions de là, au contraire, plus forts et plus sains. »

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Pour être honnête j’ai déjà cité Edmond Burke à ce sujet, Burke et son « siècle de philosophes, d’économistes et de sophistes », Burke et cette « chevalerie à jamais en allée »…

The age of chivalry is gone.

On parle beaucoup de déchéance impériale américaine; tout est basé sur du faux, du toc et de la dette. Idem à cette époque pour l’empire bonapartiste :

« Oui, mon vieux, tu as raison Nous payons maintenant le long mensonge où nous avons vécu, car tout était faux, fausse armée, fausse politique, fausse littérature, faux crédit et mêmes fausses courtisanes. Dire la vérité c'était être immoral. »

La république arrive avec Gambetta et ses cassages de jambe (Bernanos), et on se doute que Flaubert, malgré Sand, ne s’en contente pas. Il écrit à sa nièce Caroline, celle qui le ruinera :

« La République me paraît dépasser l'Empire en bêtise. On parle toujours des armées du Centre et on ne les voit pas. On promène les soldats d'une province à l'autre, voilà tout. »

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Léon Gambetta

Il voit un monde nouveau naître, bien plus nul que l’ancien, celui du règne de la quantité et de la médiocrité qui finit sous nos yeux en ce moment. A mon avis, et je l’ai prouvé, Chateaubriand a parfaitement traité cette question dans la conclusion des Mémoires d’Outre-tombe. Mais  notre génial Flaubert ajoute que la prochaine guerre sera mondiale :

« Quoi qu'il advienne, le monde auquel j'appartenais a vécu. Les Latins sont finis maintenant c'est au tour des Saxons, qui seront dévorés par les Slaves. Ainsi de suite. Nous aurons pour consolation, avant cinq ou six ans, de voir l'Europe en feu; elle sera à nos genoux, nous priant de nous unir avec elle contre la Prusse. »

Il annonce la guerre civile de la Commune :

« Dans un mois tout sera fini, c'est-à-dire le premier acte du drame sera fini, le second sera la guerre civile. »

A George Sand il écrit encore :

« Paris finira par être affamé et on ne lui porte aucun secours. Les bêtises de la République dépassent celles de l'Empire. Se joue-t-il en dessous quelque abominable comédie ? Pourquoi tant d'inaction ? »

Il voit pulluler les pauvres partout, dont on ne me parla jamais au cours des humanités pourtant poussées :

« Nous n'avons eu mardi dernier que trois cents pauvres environ. Que sera-ce cet hiver ? Quelle abominable catastrophe et pourquoi ? dans quel but ? au profit de qui ? Quel sot et méchant animal que l'homme et comme c'est triste de vivre à des époques pareilles Nous passons par des situations que nous estimions impossibles, par des angoisses qu'on avait au Ve siècle, quand les Barbares descendaient en Italie. »

Il semble que jamais fatigués nous allions vers de nouveaux désastres grâce au virus et au reste !

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mercredi, 17 juin 2020 | Lien permanent

Lévi-Strauss et la civilisation cannibale

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Lévi-Strauss et la civilisation cannibale

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Les voyages, la mondialisation, la civilisation, la science, le progrès ? Voici ce que cet élégant marginal écrivait au début de ses fameux et si peu lus tropiques :

« Est-ce alors que j’ai, pour la première fois, compris ce qu’en d’autres régions du monde, d’aussi démoralisantes circonstances m’ont définitivement enseigné ? Voyages, coffrets magiques aux promesses rêveuses, vous ne livrerez plus vos trésors intacts. Une civilisation proliférante et surexcitée trouble à jamais le silence des mers. Les parfums des tropiques et la fraîcheur des êtres sont viciés par une fermentation aux relents suspects, qui mortifie nos désirs et nous voue à cueillir des souvenirs à demi corrompus. »

Le progrès ronge et dévore ce monde depuis longtemps – et l’immobilise. A l’heure où Chine et Usa s’affrontent partout dans la zone indopacifique comme on dit, on relira ces lignes écrites il y a trois quarts de siècle :

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Projet de ville flottante en Polynésie...

« Aujourd’hui où des îles polynésiennes noyées de béton sont transformées en porte-avions pesamment ancrés au fond des mers du Sud, où l’Asie tout entière prend le visage d’une zone maladive, où les bidonvilles rongent l’Afrique, où l’aviation commerciale et militaire flétrit la candeur de la forêt américaine ou mélanésienne avant même d’en pouvoir détruire la virginité, comment la prétendue évasion du voyage pourrait-elle réussir autre chose que nous confronter aux formes les plus malheureuses de notre existence historique ? »

S’ensuite une définition plus acerbe encore :

« Cette grande civilisation occidentale, créatrice des merveilles dont nous jouissons, elle n’a certes pas réussi à les produire sans contrepartie. Comme son œuvre la plus fameuse, pile où s’élaborent des architectures d’une complexité inconnue, l’ordre et l’harmonie de l'Occident exigent l’élimination d’une masse prodigieuse de sous-produits maléfiques dont la terre est aujourd’hui infectée. Ce que d’abord vous nous montrez, voyages, c’est notre ordure lancée au visage de l’humanité. »

Alors on se console ; c’est que notre civilisation est une solide et durable catastrophe : 

« Je comprends alors la passion, la folie, la duperie des récits de voyage. Ils apportent l’illusion de ce qui n’existe plus et qui devrait être encore, pour que nous échappions à l’accablante évidence que vingt mille ans d’histoire sont joués. Il n’y a plus rien à faire : la civilisation n’est plus cette fleur fragile qu'on préservait, qu'on développait à grand-peine dans quelques coins abrités d’un terroir riche en espèces rustiques, menaçantes sans doute par leur vivacité, mais qui permettaient aussi de varier et de revigorer les semis. »

Notre érudit voyageur ajoute :

« L’humanité s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat.

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On risquait jadis sa vie dans les Indes ou aux Amériques pour rapporter des biens qui nous paraissent aujourd’hui dérisoires : bois de braise (d’où Brésil) : teinture rouge, ou poivre dont, au temps d’Henri IV, on avait à ce point la folie que la Cour en mettait dans des bonbonnières des grains à croquer. Ces secousses visuelles ou olfactives, cette joyeuse chaleur pour les yeux, cette brûlure exquise pour la langue ajoutaient un nouveau registre au clavier sensoriel d’une civilisation qui ne s’était pas doutée de sa fadeur. »

Voici à quoi servent les voyages et les photos alors :

« Dirons-nous alors que, par un double renversement, nos modernes Marco Polo rapportent de ces mêmes terres, cette fois sous forme de photographies, de livres et de récits, les épices morales dont notre société éprouve un besoin plus aigu en se sentant sombrer dans l’ennui ?

Un autre parallèle me semble plus significatif. Car ces modernes assaisonnements sont, qu’on le veuille ou non, falsifiés. »

Le blanc transforme le sauvage en misérable déraciné - revoyez les statues meurent aussi de Resnais - avant de devenir lui-même ce white trash, ce misérable déraciné. Et après il pleurniche, débloque et veut se faire pardonner à tout prix…

Mais je m’oublie. Lévi-Strauss :

« J’ouvre ces récits d’explorateurs : telle tribu, qu’on me décrit comme sauvage et conservant jusqu’à l’époque actuelle les mœurs de je ne sais quelle humanité primitive caricaturée en quelques légers chapitres, j’ai passé des semaines de ma vie d’étudiant à annoter les ouvrages que, voici cinquante ans, parfois même tout récemment, des hommes de science ont consacrés à son étude, avant que le contact avec les blancs et les épidémies subséquentes ne l’aient réduite à une poignée de misérables déracinés. »

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C’est que le voyage, qui de nos jours forme plus la vieillesse que la jeunesse, est valorisant. On va chercher du primitif, c’est plus classe :

« Car ces primitifs à qui il suffit de rendre visite pour en revenir sanctifié, ces cimes glacées, ces grottes et ces forêts profondes, temples de hautes et profitables révélations, ce sont, à des titres divers, les ennemis d’une société qui se joue à elle-même la comédie de les anoblir au moment où elle achève de les supprimer, mais qui n’éprouvait pour eux qu’effroi et dégoût quand ils étaient des adversaires véritables. Pauvre gibier pris aux pièges de la civilisation mécanique, sauvages de la forêt amazonienne, tendres et impuissantes victimes, je peux me résigner à comprendre le destin qui vous anéantit, mais non point être dupe de cette sorcellerie plus chétive que la vôtre, qui brandit devant un public avide des albums en kodachrome remplaçant vos masques détruits. Croit-il par leur intermédiaire réussir à s’approprier vos charmes ? Non satisfait encore ni même conscient de vous abolir, il lui faut rassasier fiévreusement de vos ombres le cannibalisme nostalgique d’une histoire à laquelle vous avez déjà succombé. »

Ah oui, le cannibalisme culturel… Notre grand seigneur ajoute :

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« Qu’est-ce que Lahore ? Un terrain d’aviation dans une banlieue imprécise ; d’interminables avenues plantées d’arbres, bordées de villas ; dans un enclos, un hôtel, évocateur de quelque haras normand, aligne plusieurs bâtiments tous pareils, dont les portes de plain-pied et juxtaposées comme autant de petites écuries donnent accès à des appartements identiques : salon par-devant, cabinet de toilette par-derrière, chambre à coucher au milieu. Un kilomètre d’avenue conduit à une place de sous-préfecture d’où partent d’autres avenues bordées de rares boutiques : pharmacien, photographe, libraire, horloger. Prisonnier de cette vastité insignifiante, mon but me paraît déjà hors de portée. Où est-il, ce vieux, ce vrai Lahore ? »

C’est Debord qui insiste sur le mot-clé de cette époque entropique : falsification. Comme disait William Engdahl dans le Saker, on exigede l’homme et du bétail transgéniques.

Empreint de sagesse biblique (l’ecclésiaste, les proverbes), Lévi-Strauss se demande à quelle époque il aurait fallu vivre. C’est la question de beaucoup d’insatisfaites vies, et sa réponse n’est guère rassurante :

« Alors, insidieusement, l’illusion commence à tisser ses pièges. Je voudrais avoir vécu au temps des vrais voyages, quand s’offrait dans toute sa splendeur un spectacle non encore gâché, contaminé et maudit ; n'avoir pas franchi cette enceinte moi-même, mais comme Bernier, Tavernier, Manucci... Une fois entamé, le jeu de conjectures n'a plus de fin. Quand fallait-il voir l’Inde, à quelle époque l’étude des sauvages brésiliens pouvait-elle apporter la satisfaction la plus pure, les faire connaître sous la forme la moins altérée ? Eût-il mieux valu arriver à Rio au XVIIIe siècle avec Bougainville, ou au XVIe avec Léry et Thevet ? Chaque lustre en arrière me permet de sauver une coutume, de gagner une fête, de partager une croyance supplémentaire. »

Le bon vieux temps ? Quel bon vieux temps ?

Guénon nous avait quitté nos illusions en dénonçant le siècle à perruques dans la crise du monde moderne. Et Lévi-Strauss remarque l’inconfortable de sa position :

« Mais je connais trop les textes pour ne pas savoir qu’en m’enlevant un siècle, je renonce du même coup à des informations et à des curiosités propres à enrichir ma réflexion. Et voici, devant moi, le cercle infranchissable : moins les cultures humaines étaient en mesure de communiquer entre elles et donc de se corrompre par leur contact, moins aussi leurs émissaires respectifs étaient capables de percevoir la richesse et la signification de cette diversité. En fin de compte, je suis prisonnier d’une alternative : tantôt voyageur ancien, confronté à un prodigieux spectacle dont tout ou presque lui échappait - pire encore inspirait raillerie et dégoût ; tantôt voyageur moderne, courant après les vestiges d’une réalité disparue. »

Et d’ironiser sur les romantiques du futur :

« Dans quelques centaines d’années, en ce même lieu, un autre voyageur, aussi désespéré que moi, pleurera la disparition de ce que j’aurais pu voir et qui m’a échappé. Victime d’une double infirmité, tout ce que j’aperçois me blesse, et je me reproche sans relâche de ne pas regarder assez. »

Enfin, notre savant ne rate jamais une pointe contre les américains qui le persécutent administrativement du reste à Porto-Rico. Il ironique encore sur cette « civilisation » :

« À Porto Rico, j’ai donc pris contact avec les Etats-Unis ; pour la première fois, j’ai respiré le vernis tiède et le wintergreen (autrement nommé thé du Canada), pôles olfactifs entre lesquels s’échelonne la gamme du confort américain : de l'automobile aux toilettes en passant par le poste de radio, la confiserie et la pâte dentifrice ; et j’ai cherché à déchiffrer, derrière le masque du fard, les pensées des demoiselles des drugstores en robe mauve et à chevelure acajou. »

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C’est que ces grands démocrates sont des méfiants :

« …ensuite et surtout les soupçons que j’avais prêtés à la police martiniquaise relativement à mes documents ethnographiques, et dont je m’étais si judicieusement protégé, la police américaine les partageait au plus haut point. Car, après avoir été traité de judéo-maçon à la solde des Américains à Fort-de-France, j’avais la compensation plutôt amère de constater que, du point de vue des U.S.A., il y avait toute chance pour que je fusse un émissaire de Vichy, sinon même des Allemands. »

Une autre pique, et pas des moindres, sur nos sacrés missionnaires américains :

« J’ai connu beaucoup de missionnaires et j’ai apprécié la valeur humaine et scientifique de plusieurs. Mais les missions protestantes américaines qui cherchaient à pénétrer dans le Mato Grosso central autour de 1930 appartenaient à une espèce particulière : leurs membres provenaient de familles paysannes du Nebraska ou des Dakota, où les adolescents étaient élevés dans une croyance littérale à l’Enfer et aux chaudrons d’huile bouillante.

Certains se faisaient missionnaires comme on contracte une assurance. Ainsi tranquillisés sur leur salut, ils pensaient n’avoir rien d’autre à faire pour le mériter ; dans l’exercice de leur profession, ils témoignaient d’une dureté et d'une inhumanité révoltantes. »

Source:

Claude Lévi-Strauss – Tristes tropiques, pp. 27-37, p. 341

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mardi, 16 juin 2020 | Lien permanent

Masques: ils veulent nous voler nos visages !

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Masques: ils veulent nous voler nos visages !

par Nicolas Bonnal

Ex: https://nicolasbonnal.wordpress.com

Voler nos visages, et nous priver de notre ressemblance à Dieu : les effets profonds du mouvement du masque – (par le Headmaster – Directeur – d’institut catholique Mo Woltering)

Lors d’une récente visite à Charleston, en Caroline du Sud, j’ai vécu une expérience qui a conduit à une prise de conscience inquiétante. Depuis lors, je réfléchis aux conséquences plus profondes, et peut-être aux motifs néfastes, des masques-mandats.

Le marché de la ville historique de Charleston exigeait que les clients portent un masque, comme tous les lieux publics d’Amérique à ce stade. J’ai donc mis un masque jetable en entrant dans la collection des boutiques. Alors que je passais devant un magasin, une vendeuse, qui portait également un masque, m’a accueilli avec un charmant accent du sud. En réponse, je lui ai souri et lui ai rendu son salut. Mais j’ai réalisé qu’elle ne pouvait pas me voir sourire et que je ne pouvais pas la voir sourire. À cet instant, je me suis dit: «Dang, ils nous ont volé la figure!»

La question des mandats de masque a été engloutie par notre nation polarisée. Il y a des arguments féroces sur l’efficacité médicale ou le besoin de masques. Certaines personnes deviennent aveuglément folles lorsqu’elles voient d’autres qui ne portent pas de masque en public. De l’autre côté, beaucoup de gens sentent que les masques ne sont qu’une chose de plus que les élites dirigeantes imposent aux masses incontestées. Les lignes de bataille sur les masques se sont maintenant tracées en grande partie selon les lignes politiques. Cependant, la majeure partie de la controverse n’aborde pas vraiment la véritable signification de ce qui se passe. Quels que soient les motifs, les effets des masques-mandats transcendent la santé et la sécurité.

Il semble que le langage officiel se soit maintenant installé sur le terme «couverture du visage». Ce changement subtil et cette résolution coordonnée concernant un terme plus précis sont révélateurs. Il révèle les effets plus profonds et peut-être les motifs des mandats eux-mêmes. Il existe une distinction significative entre les masques et les revêtements faciaux. Historiquement, les masques ont été associés à jouer un rôle, comme au théâtre. En fait, le mot latin persona vient du mot grec prosepon, qui signifie masque. D’après cette compréhension, porter un masque est plus comme mettre le visage d’un autre ou représenter quelqu’un d’autre. En passant au terme précis «couvrant le visage», au lieu de «masque», il devient plus clair que l’effet est d’effacer le visage humain et finalement d’effacer Dieu de notre vue.

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En continuant à réfléchir à ma réalisation à Charleston, le livre de CS Lewis, Till We Have Faces, m’est venu à l’esprit. Je dois admettre que même après avoir lu le travail deux fois à des moments différents de ma vie, je ne le comprends toujours pas vraiment. Cependant, parmi les multiples niveaux à l’œuvre dans le livre, Lewis essaie indéniablement de relier la découverte de soi à travers les dieux à la découverte du Seul Vrai Dieu en fin de compte. Le point d’intersection se trouve dans le titre. Vers la fin du livre, Orual dit: «Comment [les dieux] peuvent-ils nous rencontrer face à face jusqu’à ce que nous ayons des visages?» Lewis essaie d’établir ce lien en racontant un mythe païen. La connexion entre Dieu et l’homme devient pleinement concrète dans l’Incarnation. Dieu devient homme et porte un visage humain.

 

Les icônes sont communément appelées «fenêtres vers le ciel», mais que présentent-elles habituellement? La majorité des icônes présentent le visage du Christ ou de l’un des saints. Habituellement, c’est exclusivement le visage. La théologie derrière l’iconographie illustre davantage le lien entre le visage humain et le visage de Dieu.

David Clayton, artiste et iconographe, explique que «le but des icônes est de nous donner un aperçu de ce à quoi les choses ressembleront lorsque nous serons au paradis». [1] Pour l’iconographe, le récit de la Transfiguration fournit le fondement de la théologie spirituelle derrière son art. Au cours de la Transfiguration, les évangélistes mentionnent spécifiquement les visages du Christ et des apôtres. «Le Christ est décrit dans l’évangile de Luc:« la mode de son visage a été modifiée et ses vêtements sont devenus blancs et éblouissants »; Matthieu dit que son visage «brillait comme le soleil, et ses vêtements sont devenus blancs comme la neige»; Peter a décrit une «splendeur qui éblouit les yeux humains». » [2]

Tous les éléments stylistiques que l’iconographe utilise pour dépeindre le «visage transfiguré» visent à «créer un processus dynamique qui attire d’abord le spectateur dans l’icône, puis envoie l’attention au-delà de l’icône elle-même vers le ciel. Le regard plein de visage du saint arrête notre attention, nous attire et nous tient sur lui-même. [3] La spiritualité de l’iconographe est entièrement dirigée vers ce que saint Jean décrit comme le paradis dans le livre de l’Apocalypse quand il dit que les saints «verront le Seigneur face à face». (cf. Ap. 22: 4) [4] Face à face est la seule manière de décrire la finalité voulue par l’homme. Le visage humain signifie la dignité humaine.

La raison la plus profonde de l’importance du visage humain est que Dieu a un visage humain. Il y a environ trois décennies, Christoph Schonborn, OP, a produit un ouvrage scientifique intitulé Le visage humain de Dieu, l’icône du Christ.

Schonborn explique plus en détail le passage de saint Paul en mettant en évidence saint Cyrille d’Alexandrie.

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Si le Verbe s’identifie à la chair et se l’approprie entièrement, alors cette chair doit, dans un certain sens, participer à l’essence la plus intime du Fils, à son hypostase. Cela change également la conception de l’image. Cyrille commente à un moment «le jour de votre visage» (Ps 21, 9) en ces termes: «Pouvons-nous à juste titre comprendre le« temps de la face du Père »comme un temps de l’incarnation, car le Fils, après tout, est le visage [ prosepon ] et l’image du Père. ‘ [5]

L’affirmation de Cyril va ici dans deux directions à partir du Christ. Dans l’Incarnation, lorsque le Fils devient chair, il s’approprie notre chair. Il rend possible la divination de notre chair par la coopération avec la grâce. Le Christ permet au visage humain de refléter le visage de Dieu. Le Christ élève le visage humain et lui donne sa dignité. En même temps, le visage du Verbe fait chair est vraiment le visage de Dieu. Ce que nous voyons au jour le jour sur le visage humain porte la Divinité. [6)

Il existe un fondement théologique profond de l’importance du visage humain. Mon expérience troublante avec le commerçant de Charleston concernait en fait l’incapacité de se connecter par un sourire. Le sourire humain a une signification profonde pour les relations humaines. Hans Urs von Balthasar réfléchit sur la mère et un nouveau-né dans Sauf si vous devenez comme cet enfant. «C’est là que se produit le miracle qu’un jour l’enfant reconnaîtra dans le visage de sa mère son amour protecteur et lui rendra cet amour avec un premier sourire… Cette compréhension ouvre chez l’enfant le bourgeon dormant de la conscience de soi. [7]Le sourire d’un enfant est le premier petit acte d’amour. Il n’est provoqué que par le sourire de la mère. Le sourire humain est le symbole fondamental de la capacité de l’homme à aimer. C’est aussi le vecteur de base des relations humaines.

Au fur et à mesure que nos diverses crises sociétales progressent, Joe Biden dit qu’il imposerait des couvertures faciales à l’échelle nationale. Cela pourrait être la posture politique d’un candidat désespéré. Néanmoins, le mouvement du masque semble prendre de l’ampleur alors même que la propagation du COVID est en baisse. J’ai tendance à penser que l’enjeu est bien plus important. Oui, je pense que les masques sont utilisés pour attiser la peur et cultiver la conformité. Cependant, à un niveau basique et fondamental, les couvertures faciales nous dépouillent de notre humanité et effacent le visage de Dieu de notre vue.

Vous pourriez penser que les élites gouvernantes ne peuvent pas penser à ce genre de niveau théologique. Peut-être pas, mais je n’en serais pas si sûr. Il existe de nombreux cas où les élites ont été prises en train de montrer ce qu’elles croyaient vraiment. Les couvertures faciales sont nécessaires pour les masses incontestables, mais pas pour l’élite dirigeante.

Remarques:

[1] David Clayton, «Comment la forme des icônes byzantines se rapporte à la vision chrétienne du monde», Liverpool Hope University Press, 2008, p. 86.

[2] Ibid, p. 85.

[3] Ibid, p. 90.

[4] Ibid, p. 85.

[5] Christoph Schonborn, OP, le visage humain de Dieu, l’icône du Christ , Ignatius Press, San Francisco, 1994, p. 83.

[6] Ibid, p. 83.

 

[7] Hans Urs von Balthasar, Sauf si vous devenez comme cet enfant , Ignatius Press, San Francisco, 1991, p 17.

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mardi, 08 septembre 2020 | Lien permanent

Propagande et coronavirus : rappel de la grande standardisation des modernes

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Propagande et coronavirus : rappel de la grande standardisation des modernes

Bernays et Céline et la standardisation moderne

par Nicolas Bonnal

Ex: https://voxnr.com

Avant d’étudier Bernays on rappellera Céline. Apparemment, tout les oppose, mais sur l’essentiel ils sont d’accord : le monde moderne nous conditionne…

« Nous disions qu’au départ, tout article à « standardiser »: vedette, écrivain, musicien, politicien, soutien-gorge, cosmétique, purgatif, doit être essentiellement, avant tout, typiquement médiocre. Condition absolue. Pour s’imposer au goût, à l’admiration des foules les plus abruties, des spectateurs, des électeurs les plus mélasseux, des plus stupides avaleurs de sornettes, des plus cons jobardeurs frénétiques du Progrès, l’article à lancer doit être encore plus con, plus méprisable qu’eux tous à la fois. »

Bernays… C’est un des personnages les plus importants de l’histoire moderne, et on ne lui a pas suffisamment rendu hommage ! Il est le premier à avoir théorisé l’ingénierie du consensus et la définition du despotisme éclairé.

Edouard Bernays est un expert en contrôle mental et en conditionnement de masse. C’est un neveu viennois de Freud, et comme son oncle un lecteur de Gustave Le Bon. Il émigre aux États-Unis, sans se préoccuper de ce qui va se passer à Vienne… Journaliste (dont le seul vrai rôle est de créer une opinion, de l’in-former au sens littéral), il travaille avec le président Wilson au Committee on Public Information, au cours de la première Guerre Mondiale. Dans les années Vingt, il applique à la marchandise et à la politique les leçons de la guerre et du conditionnement de masse ; c’est l’époque du spectaculaire diffus, comme dit Debord. A la fin de cette fascinante et marrante décennie, qui voit se conforter la société de consommation, le KKK en Amérique, le fascisme et le bolchévisme en Europe, le surréalisme et le radicalisme en France, qui voit progresser la radio, la presse illustrée et le cinéma, Bernays publie un très bon livre intitulé Propagande (la première congrégation de propagande vient de l’Eglise catholique, créée par Grégoire XV en 1622) où le plus normalement et le plus cyniquement du monde il dévoile ce qu’est la démocratie américaine moderne : un simple système de contrôle des foules à l’aide de moyens perfectionnés et primaires à la fois ; et une oligarchie, une cryptocratie plutôt où le sort de beaucoup d’hommes, pour prendre une formule célèbre, dépend d’un tout petit nombre de technocrates et de faiseurs d’opinion. C’est Bernays qui a imposé la cigarette en public pour les femmes ou le bacon and eggsau petit déjeuner par exemple : dix ans plus tard les hygiénistes nazis, aussi forts que lui en propagande (et pour cause, ils le lisaient) interdisent aux femmes de fumer pour raisons de santé. Au cours de la seconde guerre mondiale il travaille avec une autre cheville ouvrière d’importance, Walter Lippmann.

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Avec un certain culot (une certaine chutzpah ?), Bernays dévoile les arcanes de notre société de consommation. Elle est conduite par une poignée de dominants, de gouvernants invisibles. Rétrospectivement on trouve cette confession un rien provocante et –surtout – imprudente. A moins qu’il ne s’agît à l’époque pour ce fournisseur de services d’épater son innocente clientèle américaine ?

“Oui, des dirigeants invisibles contrôlent les destinées de millions d’êtres humains. Généralement, on ne réalise pas à quel point les déclarations et les actions de ceux qui occupent le devant de la scène leur sont dictées par d’habiles personnages agissant en coulisse.”

Bernays reprend l’image fameuse de Disraeli dans Coningsby: l’homme-manipulateur derrière la scène. C’est l’image du parrain, en fait un politicien, l’homme tireur de ficelles dont l’expert russe Ostrogorski a donné les détails et les recettes dans son classique sur les partis politiques publié en 1898, et qui est pour nous supérieur aux Pareto-Roberto Michels. Nous sommes dans une société technique, dominés par la machine (Cochin a récupéré aussi l’expression d’Ostrogorski) et les tireurs de ficelles, ou wire-pullers (souvenez-vous de l’affiche du Parrain, avec son montreur de marionnettes) ; ces hommes sont plus malins que nous, Bernays en conclut qu’il faut accepter leur pouvoir. La société sera ainsi plus smooth. On traduit ?

Comme je l’ai dit, Bernays écrit simplement et cyniquement. On continue donc:

“Les techniques servant à enrégimenter l’opinion ont été inventées puis développées au fur et à mesure que la civilisation gagnait en complexité et que la nécessité du gouvernement invisible devenait de plus en plus évidente.”

61LEVXGDzkL.jpgLa complexité suppose des élites techniques, les managers dont parle Burnham dans un autre classique célèbre (l’ère des managers, préfacé en France par Léon Blum en 1946). Il faut enrégimenter l’opinion, comme au cours de la première guerre mondiale, qui n’aura servi qu’à cela : devenir communiste, anticommuniste, nihiliste, consommateur ; comme on sait le nazisme sera autre chose, d’hypermoderne, subtil et fascinant, avec sa conquête spatiale et son techno-charisme – modèle du rock moderne (lisez ma damnation des stars).

L’ère des masses est aussi très bien décrite – mais pas comprise – par Ortega Y Gasset (il résume tout dans sa phrase célèbre ; « les terrasses des cafés sont pleines de consommateurs »…). Et cette expression, ère des masses, traduit tristement une standardisation des hommes qui acceptent humblement de se soumettre et de devenir inertes (Tocqueville, Ostrogorski, Cochin aussi décrivaient ce phénomène).

“Nous acceptons que nos dirigeants et les organes de presse dont ils se servent pour toucher le grand public nous désignent les questions dites d’intérêt général ; nous acceptons qu’un guide moral, un pasteur, par exemple, ou un essayiste ou simplement une opinion répandue nous prescrivent un code de conduite social standardisé auquel, la plupart du temps, nous nous conformons.” 

Pour Bernays bien sûr on est inerte quand on résiste au système oppressant et progressiste (le social-corporatisme dénoncé dans les années 80 par Minc & co).

La standardisation décrite à cette époque par Sinclair Lewis dans son fameux Babbitt touche tous les détails de la vie quotidienne : Babbitt semble un robot humain plus qu’un chrétien (il fait son Church-shopping à l’américaine d’ailleurs), elle est remarquablement rendue dans le cinéma comique de l’époque, ou tout est mécanique, y compris les gags. Bergson a bien parlé de ce mécanisme plaqué sur du vivant. Il est favorisé par le progrès de la technique :

« Il y a cinquante ans, l’instrument par excellence de la propagande était le rassemblement public. À l’heure actuelle, il n’attire guère qu’une poignée de gens, à moins que le programme ne comporte des attractions extraordinaires. L’automobile incite nos compatriotes à sortir de chez eux, la radio les y retient, les deux ou trois éditions successives des quotidiens leur livrent les nouvelles au bureau, dans le métro, et surtout ils sont las des rassemblements bruyants. »

La capture de l’esprit humain est l’objectif du manipulateur d’opinion, du spécialiste en contrôle mental, cet héritier du magicien d’Oz.

“La société consent à ce que son choix se réduise aux idées et aux objets portés à son attention par la propagande de toute sorte. Un effort immense s’exerce donc en permanence pour capter les esprits en faveur d’une politique, d’un produit ou d’une idée.”

Concernant la première guerre mondiale, Bernays “révise” simplement l’Histoire en confiant que la croisade des démocraties contre l’Allemagne s’est fondée sur d’habituels clichés et mensonges ! Il a d’autant moins de complexes que c’est lui qui a mis cette propagande au point…

“Parallèlement, les manipulateurs de l’esprit patriotique utilisaient les clichés mentaux et les ressorts classiques de l’émotion pour provoquer des réactions collectives contre les atrocités alléguées, dresser les masses contre la terreur et la tyrannie de l’ennemi. Il était donc tout naturel qu’une fois la guerre terminée, les gens intelligents s’interrogent sur la possibilité d’appliquer une technique similaire aux problèmes du temps de paix.”

On n’a jamais vu un cynisme pareil. Machiavel est un enfant de chœur. La standardisation s’applique bien sûr à la politique. Il ne faut pas là non plus trop compliquer les choses, écrit Bernays. On a trois poudres à lessive pour laver le linge, qui toutes appartiennent à Procter & Gamble (les producteurs de soap séries à la TV) ou à Unilever ; et bien on aura deux ou trois partis politiques, et deux ou trois programmes simplifiés !

41WnYWE6saL.jpgBernays reprend également l’expression de machine de Moïse Ostrogorski (voir notre chapitre sur ce chercheur russe, qui disséqua et désossa l’enfer politique américain), qui décrit l’impeccable appareil politique d’un gros boss. La machine existe déjà chez le baroque Gracian. Ce qui est intéressant c’est de constater que la mécanique politique – celle qui a intéressé Cochin – vient d’avant la révolution industrielle. Le motindustriedésigne alors l’art du chat botté de Perrault, celui de tromper, d’enchanter – et de tuer ; l’élite des chats bottés de la politique, de la finance et de l’opinion est une élite d’experts se connaissant, souvent cooptés et pratiquant le prosélytisme. Suivons le guide en conspiration !

“Il n’en est pas moins évident que les minorités intelligentes doivent, en permanence et systématiquement, nous soumettre à leur propagande. Le prosélytisme actif de ces minorités qui conjuguent l’intérêt égoïste avec l’intérêt public est le ressort du progrès et du développement des États-Unis. Seule l’énergie déployée par quelques brillants cerveaux peut amener la population tout entière à prendre connaissance des idées nouvelles et à les appliquer.”

Comme je l’ai dit, cette élite n’a pas besoin de prendre de gants, pas plus qu’Edouard Bernays. Il célèbre d’ailleurs son joyeux exercice de style ainsi :

Les techniques servant à enrégimenter l’opinion ont été inventées puis développées au fur et à mesure que la civilisation gagnait en complexité et que la nécessité du gouvernement invisible devenait de plus en plus évidente.”

La démocratie a un gouvernement invisible qui nous impose malgré nous notre politique et nos choix. Si on avait su…

Après la Guerre, Bernays inspire le méphitique Tavistock Institute auquel Daniel Estulin a consacré un excellent et paranoïaque ouvrage récemment.

Mais en le relisant, car cet ouvrage est toujours à relire, je trouve ces lignes définitives sur l’organisation conspirative de la vie politique et de ses partis :

« Le gouvernement invisible a surgi presque du jour au lendemain, sous forme de partis politiques rudimentaires. Depuis, par esprit pratique et pour des raisons de simplicité, nous avons admis que les appareils des partis restreindraient le choix à deux candidats, trois ou quatre au maximum. »

Et cette conspiration était n’est-ce pas très logique, liée à l’esprit pratique et à la simplicité :

« Les électeurs américains se sont cependant vite aperçus que, faute d’organisation et de direction, la dispersion de leurs voix individuelles entre, pourquoi pas, des milliers de candidats ne pouvait que produire la confusion ». 

Pour le grand Bernays il n’y a de conspiration que logique. La conspiration n’est pas conspirative, elle est indispensable. Sinon tout s’écroule. L’élite qu’il incarne, et qui œuvre d’ailleurs à l’époque de Jack London, ne peut pas ne pas être. Et elle est trop souple et trop liquide pour se culpabiliser. N’œuvre-t-elle pas à la réconciliation franco-allemande après chaque guerre qu’elle a contribué à déclencher, et que la Fed a contribué à financer au-delà des moyens de tous ?

Elle est aussi innocente que l’enfant qui vient de naître.

Un qui aura bien pourfendu Bernays sans le savoir dans ses pamphlets est Louis-Ferdinand Céline. Sur la standardisation par exemple, voici ce qu’il écrit :

lfc-bd.jpg« Standardisons! le monde entier! sous le signe du livre traduit! du livre à plat, bien insipide, objectif, descriptif, fièrement, pompeusement robot, radoteur, outrecuidant et nul. »

Et d’ajouter sur un ton incomparable et une méchanceté inégalable :

« le livre pour l’oubli, l’abrutissement, qui lui fait oublier tout ce qu’il est, sa vérité, sa race, ses émotions naturelles, qui lui apprend mieux encore le mépris, la honte de sa propre race, de son fond émotif, le livre pour la trahison, la destruction spirituelle de l’autochtone, l’achèvement en somme de l’œuvre bien amorcée par le film, la radio, les journaux et l’alcoolisme. »

La standardisation (j’écris satan-tardisation…) rime avec la mort (mais n’étions-nous pas morts avant, cher Ferdinand ? Vois Drumont, Toussenel même,

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samedi, 13 juin 2020 | Lien permanent

Tyrannie étatique et servitude citoyenne : Augustin Cochin et la reprogrammation des Français

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Tyrannie étatique et servitude citoyenne : Augustin Cochin et la reprogrammation des Français

Ex: https://voxnr.com

Cochin et la reprogrammation des Français

Augustin Cochin a été redécouvert par François Furet dans son magnifique et audacieux livre Penser la révolution française, chef d’œuvre resté sans lendemain. Cochin lui-même s’est opposé à la théorie du complot, mais le sorbonnard Daniel Mornet l’accusa quand même de tous les maux. Ce catholique de tradition aura été un esprit moderne en fait et découvreur, héritier de deux grands esprits juifs moins connus que Freud, le sociologue Emile Durkheim et le fantastique politologue russe Moïse Ostrogorski.

Machine-revolutionnaire-dAugustin-Cochin-preface-Patrice-Gueniffey_0_301_420.jpgIl y a longtemps qu’Augustin Cochin avait exposé sa théorie de la confiscation des pouvoirs dans nos modernes démocraties, républiques ou autres nations unies. Cochin expliquait pourquoi ce sont toujours « eux » qui décident et pas « nous » ; on est en 1793, quand les sociétés de pensée ont décidé de refaire l’Homme, la Femme, la France, l’Humanité, le reste. Le triste programme de tabula rasa et de refonte est toujours le même depuis cette époque, dirigé par une élite implacable, conspiratrice et motivée :

« La société fondée, il est fatal qu’un cercle intérieur se forme qui la dirige à son insu. Où la liberté règne, c’est la machine qui gouverne. Ainsi se forme d’elle-même, au sein de la grande société, une autre plus petite, mais plus active et plus unie, qui n’aura pas de peine à diriger la grande à son insu. Elle se compose des plus ardents, des plus assidus, des mieux au fait de la cuisine des votes. »

Je prends mon exemple espagnol ; je connais des électeurs tranquilles socialistes, qui n’ont rien à voir avec leurs élites folles et dangereuses. Idem je suppose avec un chrétien démocrate et sa Merkel en Allemagne. Les plus toqués règnent qui sont les plus déterminés.

Mais revenons à Cochin, notre maître si méconnu. Lui explique comment la cabale fonctionne, deux siècles après Molière.

« Chaque fois que la société s’assemble, ils se sont assemblés le matin, ont vu leurs amis, arrêté leur plan, donné leur mot d’ordre, excité les tièdes, pesé sur les timides. Comme leur entente date de loin, ils tiennent en main toutes les bonnes cartes. Ils ont maté le bureau, écarté les gêneurs, fixé la date et l’ordre du jour. »

Il y a donc ceux qui combinent et ceux qui roupillent, ceux qui conspirent et ceux qui se contentent rentrer à la maison ou de respirer, le grand public inconscient. Hippolyte Taine aussi se montrait très déçu par la passivité de la plèbe attablée aux cafés lors des massacres de septembre 1792. La plèbe est toujours prête à défiler pour Charlie. Elle oublie de défiler contre les traités de commerce, contre les lois scélérates socialo-mondialistes et la permanence de l’Etat d’urgence.

Cochin encore sur cette mécanisation de l’homme par la politique, l’automation des hommes qui riment avec la pseudo-autonomie des temps démocratiques :

« Avec le régime nouveau les hommes disparaissent, et s’ouvre en morale même l’ère des forces inconscientes et de la mécanique humaine. Celui-ci (le régime) pousse son chemin de désastre en désastre, produisant une forêt de lois contre-nature dont le succès dans les sociétés et le vote à la Convention sont aussi fatals, que leur exécution dans le pays est absurde ou impossible. »

Absurdes et impossibles, c’est bien comme cela que nous apparaissent les intentions du Parlement européen, de l’OTAN et de la grosse Commission de Bruxelles.

Alors soyons clairs : nous n’avons pas voulu de cette Europe et de l’euro, nous les avons ; nous n’avons pas voulu de cette immigration, nous l’avons ; nous ne voulons pas d’un conflit avec la Russie, nous l’aurons grâce aux faucons US. Elle est là, la « conspiration », et pas dans les « théories de la conspiration » qui distraient tant nos médiatiques.

81lN8C5wklL.jpgMais Cochin distingue la méthode. Tout est dans la méthode. Et à propos de la Révolution :

« Il s’agit, non d’une doctrine définie, c’est-à-dire d’un ensemble de connaissances positives et d’exigences déterminées ; mais d’une méthode de l’ordre intellectuel et d’une tendance dans l’ordre moral.

Allons plus loin : c’est la substitution systématique et radicale en principe de la méthode à la doctrine, de la tendance à l’état stable. »

Ici on a le problème de Cochin : son style troublé qui a certainement limité son lectorat. Mais il précise heureusement :

« Nous voulons dire et nous montrerons que la méthode engendre la doctrine et que la tendance aboutit à un état social déterminé.

Il serait abusif de faire honneur à la perversité individuelle d’actes inouïs, de sentiments dénaturés, quand ils relèvent des causes sociales bien autrement puissantes et profondes. »

Le style fait l’homme.

La révolution Française ne relève pas de la conspiration (les royalistes eux-mêmes ne vont cesser de devenir conspirateurs, et pour le pire, et pour le ridicule même). Elle relève de la mécanisation du social et de l’humain, de l’ingénierie sociale comme on dit aujourd’hui (voyez le livre Gouverner par le chaos). C’est beaucoup plus grave et beaucoup plus menaçant pour nous. Le révolutionnaire est et sera en fait le chef d’œuvre de Vaucanson.

Cochin donc :

« L’histoire de la Défense républicaine fait de la Révolution l’œuvre du peuple ; l’histoire de fait y voit un coup monté, intrigue de quelques ambitieux, thèse aussi fausse que la première. »

Et il explique donc que l’on confond le social et le psychologique (le premier va triompher car le monde devient réifié) :

« L’erreur provient toujours de la même source : on fait un problème psychologique de ce qui est un problème social : on rapporte à l’action personnelle ce qui est le fait d’une situation, de la force des choses.

Ce n’est point la psychologie du jacobin qui sera le dernier mot de l’énigme révolutionnaire; ce sera la sociologie du phénomène démocratique. »

64794-gf.jpgCochin précise ensuite que nos utopistes, que nos idéalistes sont dangereux parce qu’ils ne sont pas utopistes précisément. Et il se réclame bien sûr des Grecs (Cité/Polis/Politique), d’Aristophane, de sa satire des mœurs démocratiques athéniennes :

« C’est la cité des nuées », ne manquent pas de dire les profanes, qui traduisent à contresens le profond et charmant mythe d’Aristophane. Quand on parle de la cité des nuées, on ne pense qu’aux nuées, et pour railler ceux qui prétendent y bâtir une ville. Aristophane, qui vivait en un siècle de «philosophes », et s’y connaissait en libre-pensée, ne l’entend pas ainsi : c’est la cité qu’il voit, bâtie dans les nuées sans doute, entre ciel et terre mais de bons moellons, peuplée de citoyens en chair et en os, affolant les humains, affamant les dieux. La cité des nuées, c’est la thèse d’une pièce, non la boutade d’un pamphlet. Ce n’est pas sur l’utopie qu’insiste le poète grec : c’est sur la réalité, et ses fatales conséquences. »

Et d’ajouter ces maîtres propos :

« Le secret de l’union, la loi du progrès sont dans le fait d’association, avant d’être dans la volonté des associés. Le corps, la société de pensée, prime, domine et explique l’âme, la conviction commune. C’est bien ici la société qui précède et crée l’idée collective ; on est uni pour et non par la vérité. Le « progrès des Lumières » est en son principe un phénomène social qui ne devient moral et intellectuel que par contrecoup.

De là son premier caractère : l’inconscience. »

La meilleure conspiration est la conspiration inconsciente. Nous sommes bien d’accord. Peu de films et livres grand public nous l’auront hélas dit.

Cette machine aveugle et cybernétique avant l’heure va vider le monde de sa substance, et ses conséquences seront affreuses. On est déjà face au système de nos contestataires américains.

« Désagréger la matière votante, isoler les individus, pour les rendre inorganiques, ce qui s’appelle liberté – indifférents et homogènes, ce qui s’appelle égalité – leur imposer néanmoins cette mutuelle adhérence qu’on nomme fraternité ; en un mot les réduire à un magma docile et périssable, tel est l’effet du machinisme. »

C’est tout le monde de la démocratie moderne. La transformation de la communauté résistance en troupeau docile ; voyez Bernanos qui rappelle combiens nos ancêtres étaient résistants dans le passé, combien nos troufions, fonctionnaires, militants, casseurs sont soumis aujourd’hui. Le basculement eut lieu en France en 1870. Certains communards le relevèrent très bien.

61WnbjNLJdL.jpgPuis Cochin s’inspire d’Ostrogorski pour écrire les lignes suivantes :

Et d’abord le type du « politicien » américain, du wire-puller anglais, de l’« agent » des sociétés révolutionnaires, de l’agitateur professionnel de 1789, Volney ou Mangourit, Target ou le chevalier de Guer… Et pourtant ce despote reste simple particulier, ce premier rôle ne sort pas de la coulisse. Le boss, M. Ostrogorski insiste sur ce fait, n’exerce jamais aucune de ces charges qu’il distribue à son gré. Il ne prend au pouvoir que le moyen d’en disposer. Tout le reste, titres, honneurs, popularité même et aussi responsabilité, n’est plus de son ressort ; cela regarde les gens qu’il a fait nommer, soit par le peuple, soit par le gouvernement établi.

Cochin ne peut pas avoir vu le grand McGinty, chef d’œuvre du cinéma politique de Preston Sturges. Un politique qui monte se met à avoir des remords ! Il veut échapper à son boss… Dans la réalité ils n’en ont jamais des remords.

Cochin avec Ostrogorski en dressent un tableau patibulaire de cette vie politique conspirative :

« Le pays du monde où la corruption politique est le plus éhontée est sans contredit l’Amérique.

C’est en Amérique que le type du politicien s’étale dans toute sa brutalité. Or, depuis l’origine, l’Amérique est livrée à des sociétés politiques issues des loges. M. Ostrogorski a fait du politicien un portrait saisissant : le boss, machiniste en chef, c’est un self-made man. Il a du ressort, de l’énergie, mais de la plus basse qualité ; il est parti de bas, n’a aucune éducation, une instruction primaire tout au plus ; pas même la plus vulgaire éloquence ; tel boss, souverain maître d’une grande cité, n’a pas trois cents mots dans son vocabulaire.

Pas de moralité : ils sont tous tarés. Encore moins d’idées, de doctrines : there are no politics in politics, voilà le principe des agents de la machine, et on a vu en Amérique les chefs des deux machines ennemies, républicaine et démocrate, s’entendre pour défendre l’intérêt commun, le régime de société, contre la masse du peuple exaspéré. Éloquence, manières, honneur, savoir, que feraient-ils de tout cela ? Jamais ils n’auront de mandat à remplir, de charges à exercer. Une seule science lui est nécessaire, celle que M. Ostrogorski appelle la « science des manipulations électorales », l’« art royal » de nos francs-maçons. »

Ensuite comme pour mieux nous expliquer les disputes politiques, les chamailleries nazies ou bolcheviques (avec une élection pourrie, un ou cent millions de morts à la clé), Cochin ajoute :

« La machine préfère les passions négatives, l’envie et la haine. Elle s’accommode des autres, de l’âpreté, de l’ambition, de la cupidité, de l’avarice, tant qu’elles restent impersonnelles : elle défend seulement qu’on prenne pour garder, qu’on détruise pour fonder. L’argent de la machine a le droit de voler et de piller : mais dès qu’il veut conserver à son tour, la machine le rejette : car alors son ambition aurait pour but son avenir, ou pis encore celui des siens. Ce serait une ambition personnelle, d’« intérêt particulier ».

MOpolpart.jpgEt voilà pourquoi la machine préfère à toutes les autres les activités malsaines, fiévreuses et stériles, impropres, par nature et par elles-mêmes, à la vie normale. Celles-là seulement ne peuvent être qu’impersonnelles. Un viveur qui dissipe ce qu’il vole : voilà ce qui convient en fait de concussion. »

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samedi, 13 juin 2020 | Lien permanent

Hommes de Davos et élites hostiles: le point par Samuel Huntington

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Hommes de Davos et élites hostiles: le point par Samuel Huntington

par Nicolas Bonnal

 
Pouvons-nous enfin répondre à la question du jour : qui est en train de nous ruiner, de nous contrôler, bientôt de réduire notre nombre ? La réponse est oui. Il y a une élite mondiale, apparue grâce aux guerres mondiales, et dont le but est d’unifier le monde sous son talon de fer. Mandell House, Gustave Le Rouge ou Jack London en parlent dès les années 1910. Les institutions internationales, qui imposent la dictature du virus partout, en sont le reflet. Et le virus permet un formatage planétaire.

Pouvons-nous enfin répondre à la question du jour : qui est en train de nous ruiner, de nous contrôler, bientôt de réduire notre nombre ? La réponse est oui. Il y a une élite mondiale, apparue grâce aux guerres mondiales, et dont le but est d’unifier le monde sous son talon de fer. Mandell House, Gustave Le Rouge ou Jack London en parlent dès les années 1910. Les institutions internationales, qui imposent la dictature du virus partout, en sont le reflet. Et le virus permet un formatage planétaire.

Elnttv5DsPbS5xeVHWnbzOReE5M.jpgUniversitaire de Harvard, proche un temps de Jimmy Carter, Samuel Huntington est connu pour son intéressant et mal perçu (parce que pas lu) livre sur le choc des civilisations. Cet universitaire enraciné et conservateur a aussi écrit en 2004 un texte passionnant sur ces élites hostiles que sont les hommes de Davos (c’est à Davos que se passe la montagne magique de Thomas Mann). Obsédés comme Klaus Schwab de maths, de finances, de mouvements, de mécanisation (leur but comme nous dit Lucien Cerise est d’automatiser la planète) ces super-cerveaux ont formaté, depuis cinquante ans, des hommes politiques toxiques. Pour eux l’homme est un robot à reprogrammer. Le grand RESET et le virus sont d’eux comme on sait.

Dans son texte sur les âmes mortes, la dénationalisation des élites US, Huntington explique cette gestation. La source de ces âmes mortes n’est pas Gogol mais un lai de Sir Walter Scott.

Huntington souligne d’entrée la différence entre les peuples et leurs élites :

« Les opinions du grand public sur les questions d’identité nationale diffèrent considérablement de celles de nombreuses élites. Le public, dans son ensemble, est préoccupé par la sécurité physique mais aussi par la sécurité de la société, qui implique la durabilité – dans des conditions d’évolution acceptables – des modèles existants de langue, de culture, d’association, de religion et d’identité nationale. Pour de nombreuses élites, ces préoccupations sont secondaires à la participation à l’économie mondiale, au soutien du commerce international et de la migration, au renforcement des institutions internationales, à la promotion des valeurs américaines à l’étranger et à l’encouragement des identités et des cultures minoritaires au pays. La distinction centrale entre le public et les élites n’est pas l’isolationnisme contre l’internationalisme, mais le nationalisme contre le cosmopolitisme … »

Bref les objectifs ne sont plus les mêmes. Cette surclasse que notre impayable Attali a rendue célèbre en France s’oppose au peuple :

« Une réponse contemporaine à la question de Scott est la suivante: oui, le nombre d’âmes mortes est petit mais en augmentation parmi les élites commerciales, professionnelles, intellectuelles et universitaires américaines. Possédant selon les termes de Scott «des titres, du pouvoir et de la personnalité», ils ont également des liens décroissants avec la nation américaine. En revenant en Amérique d’un côté étranger, ils ne seront probablement pas submergés par des sentiments profonds d’engagement envers leur «terre natale». Leurs attitudes et comportements contrastent avec le patriotisme écrasant et l’identification nationaliste du reste du public américain. Un fossé majeur se creuse en Amérique entre les âmes mortes ou mourantes parmi ses élites et son public «Dieu merci pour l’Amérique».

51O4OK9ZbpL.jpgJ’ai parlé pour les gens de Davos de manipulateurs de symboles, belle expression venant du courageux Robert Reich, qui travailla un temps avec Clinton et expliqua dans The Work of nations à quelle sauce ces manipulateurs de symboles allaient nous siroter. Huntington va dans le même sens :

« La mondialisation implique une énorme expansion des interactions internationales entre les individus, les entreprises, les gouvernements, les ONG et d’autres entités; croissance du nombre et de la taille des multinationales investissant, produisant et commercialisant à l’échelle mondiale; et la multiplication des organisations, régimes et réglementations internationaux. L’impact de ces développements diffère selon les groupes et selon les pays. L’implication des individus dans les processus de mondialisation varie presque directement avec leur statut socio-économique. Les élites ont des intérêts, des engagements et des identités transnationaux plus nombreux et plus profonds que les non-élites. Les élites américaines, les agences gouvernementales, les entreprises et autres organisations ont joué un rôle bien plus important dans le processus de mondialisation que ceux des autres pays. Il y a donc des raisons pour que leurs engagements envers les identités nationales et les intérêts nationaux soient relativement plus faibles ».

Puis Huntington précise à propos des élites transnationales :

« Les idées et les personnes transnationales se divisent en trois catégories: universalistes, économiques et moralistes. L’approche universaliste est, en fait, le nationalisme et l’exceptionnalisme américains poussés à l’extrême. De ce point de vue, l’Amérique est exceptionnelle non pas parce qu’elle est une nation unique mais parce qu’elle est devenue la «nation universelle». Il a fusionné avec le monde par l’arrivée en Amérique de personnes d’autres sociétés et par l’acceptation généralisée de la culture et des valeurs populaires américaines par d’autres sociétés ».

Chez ces élites Huntington souligne une haine des nations autant que du nationalisme (cf. « la culture française n’existe pas »…) :

« L’approche moraliste dénonce le patriotisme et le nationalisme comme forces du mal et soutient que le droit international, les institutions, les régimes et les normes sont moralement supérieurs à ceux des nations individuelles. L’engagement envers l’humanité doit remplacer l’engagement envers la nation. Ce point de vue se retrouve chez les intellectuels, les universitaires et les journalistes. Le trans-nationalisme économique est enraciné dans la bourgeoisie, le trans-nationalisme moraliste dans l’intelligentsia ».

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C’est ce que j’ai appelé ailleurs la bourgeoisie sauvage. Nos élites se veulent citoyennes du monde (cf. les Lumières et leur penchant pour l’homme-machine ou l’automate qui s’acheva en Terreur) :

« Ces élites sont sûrement cosmopolites: elles parcourent le monde et leur champ de responsabilité est le monde. En effet, ils se considèrent comme des «citoyens du monde». À maintes reprises, nous les avons entendus dire qu’ils se considéraient davantage comme des «  citoyens du monde  » possédant un passeport américain que comme des citoyens américains travaillant dans une organisation mondiale. Ils possèdent tout ce qu’implique la notion de cosmopolite. Ils sont sophistiqués, urbains et universels dans leur perspective et leurs engagements éthiques ».

…Et elles vivent dans une bulle, comme le pensionnaire de l’Elysée :

« Avec les « élites globalisantes » d’autres pays, ces cadres américains habitent une « bulle socioculturelle » en dehors des cultures des nations individuelles et communiquent entre eux dans une version anglaise des sciences sociales, que Hunter et Yates appellent  » parler global ».

L’obsession mécanique et commerciale est leur trait :

« Toutes ces organisations mondialisées, et pas seulement les multinationales, opèrent dans un monde défini par des «  marchés en expansion  », le besoin d’un «  avantage concurrentiel  », d’une «  efficacité  », d’une «  rentabilité  », de «  maximiser les avantages et de minimiser les coûts  »,  » marchés de niche »,« rentabilité »et« résultat net ». Ils justifient cette focalisation au motif qu’ils répondent aux besoins des consommateurs du monde entier. C’est leur circonscription. « Une chose que la mondialisation a faite », a déclaré un consultant d’Archer Daniels Midland, « c’est de transférer le pouvoir des gouvernements au consommateur mondial ». Alors que le marché mondial remplace la communauté nationale, le citoyen national cède la place au consommateur mondial ».

Alors apparait comme un diable le « cosmocrate » :

« Les transnationales économiques sont le noyau d’une superclasse mondiale émergente. Le Global Business Policy Council affirme: Les récompenses d’une économie mondiale de plus en plus intégrée ont fait naître une nouvelle élite mondiale. Étiqueté «Davos Men», «Gold-cols» ou. . . «cosmocrates», cette classe émergente est habilitée par de nouvelles notions de connectivité mondiale. Il comprend des universitaires, des fonctionnaires internationaux et des cadres d’entreprises mondiales, ainsi que des entrepreneurs de haute technologie prospères. Estimée à environ 20 millions en 2000, dont 40% étaient américains, cette élite devrait doubler de taille d’ici 2010 ».

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L’important est de liquider les frontières et les gouvernements qui résistent :

« Représentant moins de 4% de la population américaine, ces transnationalistes ont peu besoin de loyauté nationale, considèrent les frontières nationales comme des obstacles qui, heureusement, disparaissent, et voient les gouvernements nationaux comme des résidus du passé dont la seule fonction utile est de faciliter les opérations mondiales de l’élite. Dans les années à venir, un dirigeant d’entreprise a prédit avec confiance que «les seules personnes qui se soucieront des frontières nationales sont les politiciens ».

Une guerre de Sécession a été menée par les élites. Warren Buffet a parlé de la victoire de sa classe de milliardaires (en euros ou en dollars), et Huntington cite notre cher Robert Reich :

41T49HXVP9L._SX311_BO1,204,203,200_.jpg« Au début des années 90, le futur secrétaire au Travail, Robert Reich, est parvenu à une conclusion similaire, notant que « les plus hauts revenus d’Amérique … ont fait sécession du reste de la nation ». Cette élite en sécession est, comme le disent John Micklethwait et Adrian Wooldridge, de plus en plus coupée du reste de la société: ses membres étudient dans des universités étrangères, passent une période de temps à travailler à l’étranger et travaillent pour des organisations qui ont une portée mondiale. Ils constituent un monde dans un monde, liés les uns aux autres par une myriade de réseaux mondiaux mais isolés des membres les plus cachés de leurs propres sociétés… »

Comme on sait Facebook aussi – et les réseaux – créent une vaste communauté de crétins cosmopolites et ahanants chez les pauvres. Car dans le monde global le populo n’est pas toujours rebelle ; il est de plus en plus collabo – désolé de le rappeler. Dominique Noguez en parlait dans les années 90  quand il évoquait la fin du français et cette américanisation qui concernait les élites comme les pauvres.

Huntington est universitaire et donc il sait que sa caste est très gauchiste (voir le résultat aux USA en ce moment). Il ajoute :

« Les étudiants radicaux des années 1960 sont devenus des professeurs titulaires, en particulier dans des institutions d’élite. Comme l’observe Stanley Rothman, «les facultés de sciences sociales des universités d’élite sont majoritairement libérales et cosmopolites ou de gauche. Presque toutes les formes de loyauté civique ou de patriotisme sont considérées comme réactionnaires». Le libéralisme a également tendance à s’accompagner d’irréligiosité. Dans une étude réalisée en 1969 par Lipset et Ladd, au moins 71% des universitaires juifs, catholiques et protestants qui se sont identifiés comme libéraux se sont également identifiés comme étant «fondamentalement opposés à la religion ».

Enfin la crapulerie des élites et leur hostilité fait qu’on se désintéresse de la politique :

« Depuis 1960, la participation a diminué dans pratiquement tous les domaines de l’activité électorale, des bénévoles qui travaillent sur les campagnes aux téléspectateurs qui regardent les débats télévisés. Les États-Unis comptaient 100 millions d’habitants de moins en 1960 qu’en 2000, mais malgré cela, plus de téléspectateurs ont écouté les débats présidentiels d’octobre en 1960 qu’en 2000 ».

On pourrait ajouter que

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jeudi, 13 août 2020 | Lien permanent

Education, médecine, divertissement : comment le système abrutit l’humanité...

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Education, médecine, divertissement : comment le système abrutit l’humanité...

par Nicolas Bonnal
Ex: https://nicolasbonnal.wordpress.com

J’ai évoqué le problème du déclin intellectuel US avec Allan Bloom (déclin qui nous concerne hélas tous maintenant en Oxydant). Je citerai ici le chercheur et ancien militaire Joachim Hagopian qui publie sur Globalresearch.ca, et qui nous rappelle que la notion de Dumbing down nous vient… des scénaristes d’Hollywood comme tout le reste ou presque. Le texte a été publié sous la déjà très oubliée mais très hyper-fasciste présidence Obama.

Trois moyens privilégiés pour anéantir les peuples et les individus : éducation, médias, pharmacie.

« Mon sujet se concentre sur la myriade de façons dont les pouvoirs en place aux États-Unis ont systématiquement banni les Américains en tant que société pendant très longtemps – le tout par un calcul méticuleusement calculé.
L’exemple le plus évident de la façon dont les Américains ont été abrutis est le système d’éducation publique raté de cette nation. Il n’y a pas si longtemps, l’Amérique a régné en maître comme modèle pour le reste du monde en fournissant le meilleur système d’éducation public et gratuit de la maternelle à la 12e année sur la planète. Mais au cours des dernières décennies, alors qu’une grande partie du reste du monde nous a échappé, il semble qu’un programme fédéral insidieux a été mis en place pour conditionner et endoctriner une population de citoyens robotiques et stupides qui font simplement ce qu’on leur dit, et bien sûr le lavage de cerveau commence tôt dans les écoles américaines. »

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Mais avant de plonger dans les nombreuses façons dont nous avons été dupés et anéantis au cours des années, un regard froid et dur sur le résultat dévastateur semble très en ordre ici. Avec des avertissements catastrophiques d’effondrement imminent, l’économie américaine patauge toujours en récession, émaciée et coupée du soutien de la vie, conséquence de mener trop de guerres autour du monde (qu’elles soient les plus longues défaites coûteuses dans l’histoire américaine ou les petites guerres des Special Ops en pleine ascension secrètement dans tous les coins du globe ou le favori personnel d’Obama, le  terrorisme parrainé par l’État du ciel rempli de drones). En tant que pion du complexe industriel militaire, le gouvernement américain a choisi une guerre permanente contre son propre peuple. »

 Hagopian enfonce le clou libertarien des antisystèmes américains :
« Avec les États-Unis, la plus grande nation débitrice sur terre, les Américains se noient dans la dette comme des dommages collatéraux désespérément piégés par un Empire en expansion rapide désespérément désespéré de rester la seule superpuissance mondiale, même si cela signifie la mort de toute la race humaine. A la maison, l’infortunée population américaine est de plus en plus victime de la tyrannie et de l’oppression de son propre gouvernement sous la surveillance perpétuelle de la surveillance criminelle et d’un État de sécurité militarisé brutal, laissant ses citoyens sans défense, liberté, liberté ou cachette. Après des siècles de conception soigneusement orchestrée, les oligarques de la cabale bancaire ont finalement obtenu ce qu’ils complotaient et complotaient, l’austérité et l’appauvrissement mondialement réduits réduisant la vie en Amérique et dans le monde à un statut quasi-tiers et un contrôle absolu. »

 

Comme Lucien Cerise, Hagopian évoque l’ingénierie de la crétinisation sociale :

« Mais ce résultat lamentable a longtemps été en cours sur de nombreux fronts. Pendant de nombreuses décennies, une grande expérience d’ingénierie sociale avec les jeunes Américains s’est efforcée d’homogénéiser le plus petit dénominateur commun de la médiocrité, créant des générations de jeunes Américains qui ne savent ni lire ni écrire, ni penser d’une manière critique. Selon une  étude de l’an dernier  par le ministère de l’Éducation des États – Unis, 19% des diplômés américains de l’ école ne peut pas lire, 21% des adultes lisent en dessous de 5 e  année d’études et que ces taux alarmants ont pas changé au cours des dix dernières années. »

Résultat orwellien derrière la Chine :

« Les résultats des tests internationaux du  PISA 2012 Les étudiants américains accusent un retard par rapport à la quasi-totalité des pays développés. La Chine a dominé les 65 nations tandis que les adolescents américains ont de nouveau obtenu des notes égales ou inférieures à la moyenne en mathématiques, en lecture et en sciences. C’est parce que le système éducatif actuel ne consiste plus à apprendre les AB-C de base, mais simplement à lancer une sous-classe de travailleurs de la force de travail».
Hagopian rappelle  ici :

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Il s’avère que le «père de l’éducation moderne» des États-Unis,  John Dewey , un admirateur éhonté de Staline et de son système éducatif, a proclamé son programme du NWO en 1947:

« … l’établissement d’un véritable ordre mondial, un ordre dans lequel la souveraineté nationale est subordonnée à l’autorité mondiale … »

En tant que premier directeur général élu de l’UNESCO, le professeur britannique Julian Huxley  (frère d’Aldous), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture publia en 1949 des brochures expliquant l’importance de l’éducation des enfants. La «loyauté familiale» était identifiée comme le plus grand obstacle à leurs ambitions démoniaques : «Tant que l’enfant respire l’air empoisonné du nationalisme, l’éducation au monde ne peut que produire des résultats précaires.»

Hagopian rappelle à quoi sert le financement de l’éducation :

« En second lieu seulement au ministère de la Défense dans son budget annuel, plus de dollars des contribuables américains sont acheminés au ministère de l’Éducation que tout autre secteur public. Le budget discrétionnaire pour l’éducation à partir de 2015 est  de 68,6 milliards de dollars . Et ces jours-ci, la plupart de ces dollars sont gaspillés pour financer la privatisation d’un système éducatif déjà raté. »

 

Après on est dans le film Idiocracy (je le trouve moyen : pourquoi se projeter dans cinq siècles alors que nous sommes déjà ici ?) :

« Cette conception gouvernementale pour que l’éducation publique s’éloigne de l’apprentissage académique réel pour devenir un simple pipeline pour la formation d’une future main-d’œuvre docile et obéissante n’a fait que s’accélérer sous les stéroïdes pendant le régime d’Obama. Avec l’actuel secrétaire à l’éducation d’Obama et ancien PDG des écoles publiques de Chicago, Arne Duncan, et Rahm Emmanuel, le maire de Chicago actuel, comme Obama et Duncan, le scénario qui se joue dans les rues meurtrières de Chicago enflamme le débat national grandissant… »

J’ai rappelé que Baudelaire s’en moque déjà de cet abrutissement et de cette violence US. On tire comme à Las Vegas dans les salles de spectacles, explique-t-il dans sa préface à Edgar Poe ! Mais continuons :

« Le gouvernement fédéral résout son programme en poussant des tests standardisés et en testant la performance comme panacée sous la forme de normes communes et d’écoles à charte privatisées sous le couvert d’une éducation publique payée par l’impôt. Bien sûr, la privatisation de l’école dans de nombreux districts autour de cette nation chrétienne signifie aussi que le créationnisme est maintenant enseigné au lieu de l’évolution. Bien sûr, cet abrutissement systémique de notre système éducatif imprègne également un processus parallèle dans l’écrémage des manuels vendus aux écoles. L’omission de la vérité et l’inclusion de la fausse désinformation et de la propagande dans les manuels scolaires ne sont qu’une autre forme de contrôle de l’esprit endoctriné. »

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On saque les plus doués (conspirateurs !) qualifiés d’hyperactifs et sanctionnés comme le Nicholson de Vol au-dessus d’un nid de coucous :

« Quand ceux qui sont dotés de l’énergie optimale et deviennent souvent agités et ennuyés avec l’ennui ennuyeux de leur éducation commune d’usine de dénominateur, et particulièrement s’ils exercent librement un esprit ou une volonté individuelle dans la salle de classe, ils sont habituellement diagnostiqués et marqués avec Trouble de l’hyperactivité avec déficit de l’attention et lobotomies à des fins de contrôle afin que le personnel de l’école puisse gérer le troupeau plus facilement, ce qui est diabolique dans le système. »

Puis on évoque le rôle du web dans cet abrutissement, ce contrôle fasciste ici plutôt, de nos populations demeurées et passives :

« En cas d’urgence ou de crise dans les conditions de la loi martiale, Obama a déjà stipulé que dans l’intérêt de la sécurité nationale, la tromperie à la mode utilisée depuis le 11/9 pour justifier toutes les violations constitutionnelles des libertés civiles et du droit à la vie privée. Internet sera coupé. De toute évidence, cela saboterait instantanément et inverserait probablement tout progrès que les gens, les groupes et un mouvement mondial potentiel pourraient faire à travers le réseau de connexion vital que les ordinateurs fournissent. Et avec le gouvernement américain planifiant et préparant longtemps avant une telle urgence, il déploiera tous les appareils et ressources de sécurité utilisant la police et les forces armées pour réprimer toute agitation politique, sociale et économique ou révolte contre le gouvernement. Ce pouvoir de refuser l’accès à Internet est également la stratégie ultime pour s’assurer que le public américain reste sourd et muet et impuissant. »

 

Joachim Hagopian rappelle le rôle frémissant des armes de distraction massive des médias (neuf de connexion/jour, dont 5,5 de télé et 3 de radio), le nouvel opium des masses :

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« Un autre moyen principal d’abrutir l’Amérique est à travers les médias. Si le public se préoccupe activement de la cuillère à ordures superficielle alimentée chaque jour par la télévision, les films, la musique, Internet, les jeux vidéo qui agissent tout aussi efficacement que la drogue la plus puissante qui émousse les sens et le cerveau, encore une fois un énorme contrôle sur la population est atteint et maintenu. Avec autant de divertissement que l’opium moderne aux masses pour détourner l’attention des gens, ces  armes de distraction de masse facilement rendre les gens inconscients de voir ce qui se passe réellement dans le monde. Composé avec le plus petit dénominateur commun attrayant aux intérêts les plus répugnants tels que la pornographie, le matérialisme grossier (utilisant des techniques de contrôle mental pour manipuler les consommateurs en dépensant de l’argent sur de fausses promesses de sexe, statut et bonheur) des effets hypnotiques captivés par les sports qui attirent aussi énormément d’argent, et les oligarques nous ont là où ils nous veulent – engourdis et abrutis. »

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mercredi, 16 septembre 2020 | Lien permanent

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