Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : BONNAL SCHILLER

De Thierry Breton à Napoléon III : Victor Hugo et l’interdiction de penser et d’imprimer

37751119-interview-dimanche-frederic-mitterrand-11_4626674.jpeg

De Thierry Breton à Napoléon III: Victor Hugo et l’interdiction de penser et d’imprimer

Nicolas Bonnal

Les interdits cybernétiques de Thierry Breton évoquent Orwell pour le Daily Mail. Mais nous avons de nombreux précédents en France concernant l’interdiction de tout par la bureaucratie ; et je prévoyais dans mon livre sur l’exception française (Les Belles Lettres, 1997) que la technocratie française socialiste et gaulliste annexerait l’Europe (démographiquement et intellectuellement) et qu’elle finirait par tout interdire.

On fait avec les moyens du bord : en 1851 c’est l’imprimerie, avec Breton c’est internet (d’ailleurs je m’en fous : l’humanité a ce qu’elle mérite). Victor Hugo :

« À l’heure qu’il est, personne ne sait au juste ce que c’est que le 2 décembre, ce qu’il a fait, ce qu’il a osé, qui il a tué, qui il a enseveli, qui il a enterré. Dès le matin du crime, les imprimeries ont été mises sous le scellé, la parole a été supprimée par Louis Bonaparte, homme de silence et de nuit. Le 2, le 3, le 4, le 5 et depuis, la vérité a été prise à la gorge et étranglée au moment où elle allait parler. Elle n’a pu même jeter un cri. Il a épaissi l’obscurité sur son guet-apens, et il a en partie réussi. Quels que soient les efforts de l’histoire, le 2 décembre plongera peut-être longtemps encore dans une sorte d’affreux crépuscule. Ce crime est composé d’audace et d’ombre ; d’un côté il s’étale cyniquement au grand jour, de l’autre il se dérobe et s’en va dans la brume. Effronterie oblique et hideuse qui cache on ne sait quelles monstruosités sous son manteau. »

Rappelons que peu à peu l’empire devint libéral et… populaire, le plébiscite de 1870, quelques mois avant la « correction » (Marx) face à la Prusse – correction méritée pour un empire qui avait croisé le fer avec la moitié de la terre, Chine, Mexique, Italie (1867 et 70), Autriche ou bien sûr… Russie – confirmant Napoléon dans sa pérennité dynastique.

Caricature_de_Napoléon_III_(1880).jpg

Aucune illusion à se faire sur le suffrage universel : sous Napoléon III ce fut comme sous Hitler. Hugo rajoute :

« Et c’est là le scrutin, et répétons-le, insistons-y, ne nous lassons pas ; je crie cent fois les mêmes choses, dit Isaïe, pour qu’on les entende une fois ; et c’est là le scrutin, c’est là le plébiscite, c’est là le vote, c’est là le décret souverain du « suffrage universel », à l’ombre duquel s’abritent, dont se font un titre d’autorité et un diplôme de gouvernement ces hommes qui tiennent la France aujourd’hui, qui commandent, qui dominent, qui administrent, qui jugent, qui règnent, les mains dans l’or jusqu’aux coudes, les pieds dans le sang jusqu’aux genoux ! »

Comme sous Macron et sous Breton on a des élections et des médias euphorisants :

« Maintenant, et pour en finir, faisons une concession à M. Bonaparte. Plus de chicanes. Son scrutin du 20 décembre a été libre, il a été éclairé ; tous les journaux ont imprimé ce qui leur a plu ; qui a dit le contraire ? des calomniateurs… »

Après Hugo (il sera pacifiste sous Napoléon, belliciste sous Gambetta, donc méfiance) part sur les grands mots :

« Ils résolurent d’en finir une fois pour toutes avec l’esprit d’affranchissement et d’émancipation, et de refouler et de comprimer à jamais la force ascensionnelle de l’humanité. L’entreprise était rude. Ce que c’était que cette entreprise, nous l’avons indiqué déjà, plus d’une fois, dans ce livre et ailleurs. »

his1tech2revisioncaricature-hugo-retoucheok.png

Mais quand on voit la liquidation de la « culture masculine blanche » (désolés, c’est la culture, même s’il n’y en a plus, lisez Barzun) par Fink (qui commande tout) et consorts (Ursula Bourla etc.) on peut méditer les belles paroles qui suivent (sublime envolée avec accumulation d’infinitifs) :

« Défaire le travail de vingt générations ; tuer dans le dix-neuvième siècle, en le saisissant à la gorge, trois siècles, le seizième, le dix-septième et le dix-huitième, c’est-à-dire Luther, Descartes et Voltaire, l’examen religieux, l’examen philosophique, l’examen universel ; écraser dans toute l’Europe cette immense végétation de la libre pensée, grand chêne ici, brin d’herbe là ; marier le knout et l’aspersoir ; mettre plus d’Espagne dans le midi et plus de Russie dans le nord ; ressusciter tout ce qu’on pourrait de l’inquisition et étouffer tout ce qu’on pourrait de l’intelligence ; abêtir la jeunesse, en d’autres termes, abrutir l’avenir ; faire assister le monde à l’auto-da-fé des idées ; renverser les tribunes, supprimer le journal, l’affiche, le livre, la parole, le cri, le murmure, le souffle ; faire le silence ; poursuivre la pensée dans la casse d’imprimerie, dans le composteur, dans la lettre de plomb, dans le cliché, dans la lithographie, dans l’image, sur le théâtre, sur le tréteau, dans la bouche du comédien, dans le cahier du maître d’école, dans la balle du colporteur ; donner à chacun pour foi, pour loi, pour but et pour dieu, l’intérêt matériel ; dire au peuple : mangez et ne pensez plus ; ôter l’homme du cerveau et le mettre dans le ventre ; éteindre l’initiative individuelle, la vie locale, l’élan national, tous les instincts profonds qui poussent l’homme vers le droit ; anéantir ce moi des nations qu’on nomme Patrie ; détruire la nationalité chez les peuples partagés et démembrés, les constitutions dans les États constitutionnels, la République en France, la liberté partout ; mettre partout le pied sur l’effort humain. »

C’est ce qu’ils refont aujourd’hui nos clercs et bureaucrates associés au capital des fonds de pension américains. Hugo écrit au passage (il irait en taule aujourd’hui donc je le cite goulument) sur ce gouvernement (déjà) des aristos (ils sont toujours là) et des millionnaires – et des obsédés sexuels (cf. la Fête impériale) :

« Allons, nous allons exposer ce triomphe de l’ordre ; nous allons peindre ce gouvernement vigoureux, assis, carré, fort ; ayant pour lui une foule de petits jeunes gens qui ont plus d’ambition que de bottes, beaux fils et vilains gueux ; soutenu à la Bourse par Fould le juif, et à l’église par Montalembert le catholique ; estimé des femmes qui veulent être filles et des hommes qui veulent être préfets ; appuyé sur la coalition des prostitutions ; donnant des fêtes ; faisant des cardinaux ; portant cravate blanche et claque sous le bras, ganté beurre frais comme Morny, verni à neuf comme Maupas, frais brossé comme Persigny, riche, élégant, propre, doré, brossé, joyeux, né dans une mare de sang. »

aze_mvhpe2356_001.jpg

Puis il remarque (comme le fera Albert Speer dans ses mémoires sur le troisième Reich, autre association de bureaucrates socialistes et de milliardaires russophobes) le lien entre dictature et progrès technique (voyez aussi mon Internet nouvelle voie initiatique, quatrième partie) :

« Parce que vous avez vu réussir un coup de main prétorien, vous vous déclarez bas-empire ! C’est vite dit, et lâchement pensé. Mais réfléchissez donc, si vous pouvez. Est-ce que le bas-empire avait la boussole, la pile, l’imprimerie, le journal, la locomotive, le télégraphe électrique ? Autant d’ailes qui emportent l’homme, et que le bas-empire n’avait pas ! Où le bas-empire rampait, le dix-neuvième siècle plane. Y songez-vous ? Quoi ! nous reverrions l’impératrice Zoé, Romain Argyre, Nicéphore Logothète, Michel Calafate ! Allons donc ! Est-ce que vous vous imaginez que la Providence se répète platement ? Est-ce que vous croyez que Dieu rabâche ? »

Comme je l’ai dit le pouvoir devenu libéral sera conforté par le dernier plébiscite. Et comme le dit Flaubert  (alors ami de Hugo, avec il correspond et dont il récupère le courrier) dans son Journal, quelque part en 1853 :

« Mais une vérité me semble être sortie de tout cela ; c'est qu'on n'a nul besoin du vulgaire, de l'élément nombreux des majorités, de l'approbation, de la consécration. 89 a démoli la royauté et la noblesse, 48 la bourgeoisie et 51 le peuple. Il n'y a plus rien, qu'une tourbe canaille et imbécile. Nous sommes tous enfoncés au même niveau dans une médiocrité commune. »

Breton comme Biden ou Macron l’ont parfaitement compris.  Il n’y a aucune résistance, qu’une poignée de râleurs qui cliquent en attendant d’être affamés et privés de tout comme les autres, alors pourquoi se priver, merde ? Censure aussi Victor Hugo, Thierry. Et notre cher passé…

Flaubert encore : « L'humanité a la rage de l'abaissement moral, et je lui en veux de ce que je fais partie d'elle. »

Sources principales :

http://www.bouquineux.com/?telecharger=304&Flaubert-C...

https://www.dailymail.co.uk/news/article-12469157/EU-accu...

http://www.centremultimedia.be/IMG/pdf/hugo_napoleon_le_p...

https://www.amazon.fr/Autopsie-lexception-fran%C3%A7aise-...

https://www.amazon.fr/INTERNET-SECRETS-MONDIALISATION-Nic...

 

Lire la suite

dimanche, 03 septembre 2023 | Lien permanent

Stefan Zweig et l’autodissolution du monde dans l’américanisation

STEFAN-ZWEIG-PORTRAIT.png

Stefan Zweig et l’autodissolution du monde dans l’américanisation

Nicolas Bonnal

On dit Hollywood en liquidation à cause du LGBTQ, on dit l’Empire US en voie de disparition, on dit Trump en voie de réélection, on dit le dollar en voie de disparition, on dit tant de choses…

La réalité c’est que le triomphe US sur les esprits (la démocratie s’attaque aux esprits, pas aux corps, combien de fois me faudra-t-il te répéter, Tocqueville ?) est total et universel. 1.5 milliard de dollars pour le lamentable navet LGBTQ Barbie, un milliard ou plus pour le triquard Top Gun. La surpuissance de la machine américaine sur le monde est totale – et immatérielle. Oublions les productions Marvel – qui sont d’ailleurs israéliennes.

La marche à l’homogénéisation est devenue un galop ?

000086370.jpg

L-Uniformisation-du-monde.jpg

Relisons alors Stefan Zweig qui finit au Brésil avant de se suicider aux barbituriques à Petrópolis (très bel et noble endroit hors du temps et des tropiques). Il écrit vingt ans auparavant dans son opuscule sur l’uniformisation du monde (traduit aux éditions Allia).

Il note cette surpuissance US dont tout le monde antisystème se targue d’assister à la fin aujourd’hui (rappelez-vous de Mao et de son tigre de papier qui est toujours là) :

« D’où provient cette terrible vague qui menace d'emporter tout ce qui est particulier dans nos vies? Quiconque y est allé le sait: d'Amérique. Sur la page qui suit la Grande Guerre, les historiens du futur inscriront notre époque, qui marque le début de la conquête de l’Europe par l'Amérique. Ou pis encore, cette conquête bat déjà son plein, et on ne le remarque même pas. Chaque pays, avec tous ses journaux et ses hommes d'Etat, jubile lorsqu'il obtient un prêt en dollars américains. Nous nous berçons encore d'illusions quant aux objectifs philanthropiques et économiques de l'Amérique: en réalité, nous devenons les colonies de sa vie, de son mode de vie, les esclaves d'une idée qui nous est, à nous Européens, profondément étrangère: la mécanisation de l'existence. Mais cet asservissement économique me semble encore peu de chose en comparaison du danger qu'encourt l'esprit. »

https://www.amazon.fr/com%C3%A9die-musicale-am%C3%A9ricaine-symbolismes-dun/dp/B09L564WJL/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=1SCIGVEUOC4T6&keywords=bonnal+comedie&qid=1700150518&s=books&sprefix=bonnal+comedie%2Cstripbooks%2C108&sr=1-1

Voici comment commence le texte, comme un diagnostic triste : on est dans les années vingt et triomphe déjà la culture mondiale qui désole Duhamel et Hermann Hesse (le Loup des steppes est un pamphlet antiaméricain) :

41icPEOy6xL._SX210_.jpg« Malgré tout le bonheur que m’a procuré, titre personnel, chaque voyage entre pris ces dernières années, une impression tenace s'est une imprimée dans mon esprit: horreur silencieuse devant la monotonie du monde. Les modes de vie finissent par se ressembler, à tous se conformer à un schéma culturel homogène. Les coutumes propres à chaque peuple les disparaissent, costumes s'uniformisent, les mœurs  prennent un caractère de plus en plus international. Les pays semblent, pour ainsi dire, ne plus se distinguer les uns des autres, les hommes s'activent et vivent selon un modèle unique, tandis que les villes paraissent toutes identiques. Paris est aux trois quarts américanisée, Vienne est budapestisée : l'arôme délicat de ce que les cultures ont de singulier se volatilise de plus en plus, les couleurs s'estompent avec une rapidité sans précédent et, sous la couche de vernis craquelé, affleure le piston couleur acier de l'activité mécanique, la machine du monde moderne. »

Mais Zweig ajoute comme s’il avait lu Théophile Gautier qui en parle déjà très bien de cette unification mondiale dans son Journal de voyage en Espagne :

« Ce processus est en marche depuis fort longtemps déjà: avant la guerre, Rathenau avait annoncé de manière prophétique cette mécanisation de l'existence, la prépondérance de la technique, comme étant le phénomène le plus important de notre époque. Or, jamais cette déchéance dans l’uniformité des modes de vie n'a été aussi précipitée, aussi versatile, que ces dernières années. »

https://www.amazon.fr/DESTRUCTION-FRANCE-AU-CINEMA/dp/B0C9S8NWXX/ref=sr_1_5?qid=1700136026&refinements=p_27%3ANicolas+Bonnal&s=books&sr=1-5

C’est comme une religion ce monde moderne (cf. le Covid) avec les mêmes rituels imposés partout en même temps :

« Ils commencent à la même heure: tels les muezzins dans les pays orientaux, appelant chaque jour, au coucher du soleil, des dizaines de milliers de fidèles à la prière, toujours identique, comme s'il n'existait là-bas que vingt mots, vingt mesures invitent désormais quotidiennement, à cinq heures de l'après-midi, tous les Occidentaux à poursuivre le même rituel. Jamais, sauf dans certaines formules et formes musicales pratiquées au sein de l'Eglise, deux cents millions de personnes n'ont connu une telle simultanéité et une telle uniformité d'expression comme la race blanche d'Amérique, d'Europe et de toutes les colonies dans la danse moderne. Un deuxième exemple: la mode. Il n'y a jamais eu dans tous les pays une similitude aussi flagrante qu'à notre époque. Jadis, on comptait en années le temps nécessaire pour qu'une mode parisienne gagne les autres grandes villes, et plusieurs années encore pour qu'elle se propage dans les campagnes. Mais les peuples respectaient certaines limites et leurs coutumes, Ce qui leur permettait de résister aux exigences tyranniques de la mode. »

Vintage-1920s-hairstyles-for-women.jpg

Les caprices de la mode ? Zweig, qui malgré son érudition a oublié Montesquieu, écrit :

 « Aujourd'hui, sa dictature devient universelle le temps d'un battement de cil. New York dicte les cheveux courts aux femmes: en un mois, 50 ou 100 millions de crinières féminines tombent, comme fauchées par une seule faux. Aucun empereur, aucun khan dans l'histoire du monde n'avait connu une telle puissance, aucune doctrine morale ne s'était répandue à une telle vitesse. »

2y8ivfmvla58ubx1ngglv9rofkp-145.jpg

Dans mon livre sur la comédie musicale j’ai noté l’importance de Potter la grande farandole (1941). Dans ce film Ginger Rogers impose sa coupe de cheveux  à des millions de femmes en un claquement de doigts (Story of Vernon and Irène Castel en anglais).

Mgr Gaume redoutait l’ubiquité et la simultanéité, marque de la Bête selon lui. Zweig écrit :

« II a fallu des siècles et des décennies au christianisme et au socialisme pour convertir des adeptes et rendre leurs commandements efficaces sur autant de personnes qu'un tailleur parisien ne les soumet à son influence en huit jours aujourd'hui. Le troisième exemple est le cinéma, où là encore sévit cette simultanéité sans commune mesure, dans tous les pays et toutes les langues, à travers lequel les mêmes représentations façonnent des centaines de millions de personnes et où les mêmes goûts (ou mauvais goûts) se forment. On célèbre l'abolition complète de toute touche personnelle, même si les producteurs vantent triomphalement leurs films comme étant nationaux: l’Italie acclame les Nibelungen tandis que les districts les plus allemands et populaires ovationnent Max Linder de Paris. »

Zweig voit cette culture de la masse qui va triompher avec le nazisme, le fascisme ou le communisme (mais pas seulement bien sûr, le libéralisme américain ayant balayé tout cela sans forcer) :

« Ici aussi, l'instinct de masse est plus fort et plus souverain que la libre pensée. La venue triomphale de Jackie Coogan a été une expérience plus forte pour notre époque que la mort de Tolstoï il y a vingt ans. Un quatrième exemple: la radio. Toutes ces inventions n'ont qu'un seul but: la simultanéité. Le Londonien, le Parisien et le Viennois entendent la même chose dans la même seconde, et cette simultanéité, cette uniformité enivre par son gigantisme. C'est une ivresse, un stimulant mais toutes ces merveilles techniques nouvelles entretiennent en même temps une énorme désillusion pour l'âme et flattent dangereusement la passivité de l'individu. Ici aussi, comme dans la danse, la mode et le cinéma, l'individu se soumet aux mêmes goûts moutonniers; il ne choisit plus à partir de son être intérieur, mais en se rangeant à l'opinion de tous. »

https://www.amazon.fr/CULTURE-COMME-ARME-DESTRUCTION-MASSIVE/dp/152123132X/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=D2857JZL17BV&keywords=bonnal+culture&qid=1700136062&s=books&sprefix=bonnal+culture%2Cstripbooks%2C102&sr=1-1

Tout cela est lié à la jouissance et à l’illusion individualiste (il est dommage que Zweig n’ait pas débattu avec Bernays – pour tout un tas de raisons du reste) qui liquide les individus par cela même qu’elle les invite à être « nature » ou « eux-mêmes » ; c’est l’époque du Flapper, de la Jeune Fille:

flapper600.jpg

flapper-banner-02.jpg

« On pourrait énumérer ces symptômes à l'infini, tant ils prolifèrent de jour en jour. Le sentiment de liberté individuelle dans la jouissance submerge l'époque. Citer les particularités des nations et des cultures est désormais plus difficile qu'égrener leurs similitudes. Conséquences: la disparition de toute individualité, jusque dans l'apparence extérieure. Le fait que les gens portent tous les mêmes vêtements, que les femmes revêtent toutes la même robe et le même maquillage n'est pas sans danger : la monotonie doit nécessairement pénétrer à l'intérieur. Les visages finissent par tous se ressembler, parce que soumis aux mêmes désirs, de même que les corps, qui s'exercent aux mêmes pratiques sportives, et les esprits, qui partagent les mêmes centres d'intérêt. »

On crée l’homme-masse dont a parlé Bernanos mais aussi un autre grand esprit juif (toujours cette Autriche-Hongrie dont le dépeçage fut la vraie fin de la civilisation européenne) de l’époque, Elias Canetti (voyez Masse et puissance) :

« Inconsciemment, une âme unique se crée, une âme de masse, mue par le désir accru d'uniformité, qui célèbre la dégénérescence des nerfs en faveur des muscles et la mort de l'individu en faveur d'un type générique. La conversation, cet art de la parole, s'use dans la danse et s'y disperse, le théâtre se galvaude au profit du cinéma, les usages de la mode, marquée par la rapidité, le "succès saisonnier", imprègnent la littérature. Déjà, comme en Angleterre, la littérature populaire disparait devant le phénomène qui va s'amplifiant du "livre de la saison", de même que la forme éclair du succès se propage à la radio, diffusée simultanément sur toutes les stations européennes avant de s'évaporer dans la seconde qui suit. Et comme tout est orienté vers le court terme, la consommation augmente: ainsi, l’éducation, qui se pour suivait de manière patiente et rationnelle, et prédominait tout au long d'une vie, devient un phénomène très rare à notre époque, comme tout ce qui s'acquiert grâce à un effort personnel. »

https://www.amazon.fr/LUniformisation-du-monde-Stefan-Zweig/dp/B08JK25SSF/ref=sr_1_1?crid=35EOP0ER20PIC&keywords=zweig+uniformisation+du+monde&qid=1691564153&s=books&sprefix=ZWEIG+UNI%2Cstripbooks%2C122&sr=1-1

Lettres-d-Amerique.jpgMais Zweig, qui aurait pu faire fortune à Hollywood comme l’élite culturelle juive autrichienne, préfère accuser ou plutôt désigner l’Amérique.

La colonisation de l’esprit arrive – on pense à ces personnages friqués et ennuyés d’Agatha Christie, qui entre deux croisières, deux bridges ou deux saouleries, écoutent le Poirot :

« Mais cet asservissement économique me semble encore peu de chose en comparaison du danger qu'encourt l'esprit. Une colonisation de l'Europe ne serait pas le plus à craindre sur le plan politique; pour les âmes serviles, tout asservissement paraît doux, et l’homme libre sait préserver sa liberté en tous lieux. Le vrai danger pour l'Europe me semble résider dans le spirituel, dans la pénétration de l’ennui américain, cet ennui horrible, très spécifique, qui se dégage là-bas de chaque pierre et de chaque maison des rues numérotées, cet ennui qui n'est pas, comme jadis l'ennui européen, celui du repos, celui qui consiste à s'asseoir sur un banc de taverne, à jouer aux dominos et à fumer la pipe, soit une perte de temps paresseuse mais inoffensive: l'ennui américain, lui, est instable, nerveux et agressif, on s'y surmène dans une excitation fiévreuse et on cherche à s'étourdir dans le sport et les sensations. »

Lire la suite

lundi, 27 novembre 2023 | Lien permanent

Orson Welles et sa fonction américaine très spéciale

gettyimages-1346042126_custom-d594620bf3e7cfac4d55bf8d08888cc5cd7163d1.jpg

Orson Welles et sa fonction américaine très spéciale

Nicolas Bonnal

Je ne veux pas déboulonner une idole, mais simplement rappeler des faits. Je sais que je pourrais choquer, mais comme je ne lis jamais les commentaires… De toute manière je considère que l’individu génial, baroque, était plus intéressant par sa culture, ses facéties, son côté gauchiste caviar et Pantagruel d’opérette que le cinéaste. Lui-même reconnaissait ses maîtres (Ford, Griffith, Eisenstein…).

Orson Welles est un acteur-marionnettiste (activité symbolique et traditionnelle...) de formation, un agitateur qui vient de l’extrême-gauche américaine (qui a pris dans les années trente et quarante le contrôle de ce pays par le théâtre) et crée un Macbeth avec John Houseman (affairiste marxiste et prof de théâtre, très bon trente ans après dans le rôle de l’oligarque de service de Rollerball) et des acteurs afro-américains. Sa légendaire émission sur la guerre des mondes accompagnait une grosse campagne antinazie en Amérique. A l’époque, rappelle le grand historien communiste Eric Hobsbawn, 90% des Américains croient à la menace allemande… en 1938 donc, contre 11% qui croient à la menace stalinienne. Bravo les médias. A la fin de la guerre, en un claquement de doigts, on créera la menace soviétique-russe, dont on ne sortira que les pieds en fumée ! Bravo encore les médias.

707697_poster.jpg

citizen-kane-3.1600x0.jpg

Le très surfait Citizen Kane (lisez l’analyse de Jacques Lourcelles ou celles de Pauline K.) attaque la presse Hearst qui est jugée pro-allemande par le département d’Etat. Le reste c’est du Rosebud, c’est-à-dire pas grand-chose ! Le mystère d’une vie comme celle de Hearst, tu parles… Citizen Kane est un brouillon de biopic, il n’y a que le documentaire du début qui tienne la route. Kane-Hearst y est ridiculisé comme pacifiste pro-hitlérien alors que l’équipe Roosevelt prépare la guerre depuis le milieu des années trente aux côtés des britanniques (lisez Ralph Raico, Beard, Rothbard, etc.)

Orson Welles est ensuite payé comme un agent gouvernemental (le gouvernement US est alors encore procommuniste, lisez George Crocker) pendant tout ce temps, cinéaste provocant mais raté qui multiplie les échecs commerciaux et les provocations formelles : lisez Pauline Kael qui en avait marre du culte, et puis Ciment qui tente de lui rétorquer, avant que Lourcelles ne remette tout le monde à sa place. Skorecki le décrétait baroque : trop d’effets théâtreux… Catherine Benamou dans son livre sur l’odyssée latino-américaine de Welles explique que sous couvert culturel (comme toujours), Welles travaille pour l’intelligence américaine, ni plus ni moins. Hollywood et la CIA : on en a parlé dans notre livre sur la comédie musicale, de cette opération de charme avec les latinos dont bénéficia surtout l’incroyable Carmen Miranda – qui était portugaise… Welles déclina ensuite car en temps de guerre froide il fut jugé trop à gauche. Il chercha l’argent du contribuable-producteur en France – comme tant d’autres après lui.

Avec beaucoup de retard, Wikipédia raconte ses exploits de propagande pendant la guerre. On sait (ou on croit) que l’Amérique du Sud a des penchants nazis suspects (en fait elle est surtout anglophobe et anti-impérialiste, à part Borges…), alors on utilise la carotte avec le bâton pour la ramener dans le camp du bien. Welles est envoyé là-bas, il travaille main dans la main avec Nelson Rockefeller qui tient le Venezuela, a appris l’espagnol et s’est acheté une somptueuse hacienda.

The_Stranger_(1946_film_poster).jpg

Puis Welles rentre au bercail, continue des œuvres de propagande, comme ce Stranger, film ridicule qui évoque un nazi tueur qui arrive en Amérique pendant la guerre, se marie sans encombre mais n’est pas pris pour un nazi, sauf par un chasseur de nazi (Ed Robinson) ! C’est du maccarthysme à l’envers, mais qu’est-ce que c’est mal fait… Quelques années après, la chasse aux sorcières communistes commence et Welles évidemment pleure toutes les larmes de son corps. Il ne comprend pas que l’Etat profond orwellien a besoin de son ennemi russe. On répète Orwell encore et toujours : on crée un ennemi qu’on ne cherche JAMAIS à vaincre, mais qui justifie tout le reste, dépenses militaires, panique manipulée, paranoïa collective et surtout renforcement étatique ; les masses suivent ensuite ou roupillent, merci La Boétie.

dame-shanghai-1948-orson-welles-L-KDpu3q.jpeg

Quand Truman invente le péril soviétique (lisez l’historien disparu Ralph Raico à ce sujet, lisez aussi le fasciste américain Yockey qui en devenait presque russophile !), Welles perd ses jobs. La dame de Shanghai (a-t-on le doit de dire enfin que ce navet est pathétique ? « I don’t want to die ! ») le coule définitivement aux yeux des studios et il part ailleurs, recherchant difficilement de l’argent et en tournant le rôle du méchant (Cagliostro, le grand khan…) dans beaucoup de navets mondialisés. Voyez La tulipe noire d’Hathaway. Ma bonne ville de Fès y devient une capitale chinoise ! Il apparaît  en Bayan-Khan quelques minutes à cheval pour sonner des conseils de guerre aux Occidentaux. De quoi se remettre à René Grousset…

arton26681.jpg

la_soif_du_mal.jpg

Son Othello est scolaire et amusant (Mogador-Essaouira en est le vrai personnage), mais certainement au-dessous de Laurence Olivier, sa Soif du mal est un scandale pédagogique bien dans sa manière provocante : on se croirait chez Joe Biden. La police américaine et les Américains ont tous les torts, le haut fonctionnaire mexicain tiers-mondiste a toutes les vertus, mais il est joué par un Américain nommé Charlton Heston ! L’attentat est maquillé, et cela rend le film intéressant puisqu’on se rapproche des visions actuelles de la conspiration et du False Flag qui est maintenant sur toutes les langues. A noter que le monstrueux inspecteur Hank Quinlan (Welles fait même allusion à son obésité, et il joue déjà à la Godard sur la mort du cinoche et sur son culte nostalgique – voir le personnage vétuste et malsain de Marlène Dietrich) a toutefois raison et que le jeune Mexicain arrêté était vraiment un… terroriste ! Une séquence soigneusement ignorée annonce Psychose : un jeune débile travaille dans un motel, joué par Dennis Weaver, singé par Perkins ensuite (voyez mon Hitchcock).

6195.jpg

MV5BN2JiZTM2ZWMtOWI5ZS00ZjI2LWI5OTktNTJjZmU2NzM4NGE2XkEyXkFqcGdeQXVyNDE0OTU3NDY@._V1_FMjpg_UX1000_.jpg

La suite est européenne. Mr Arkadin est décalé, jet set, bavard, conspiratif et provocateur (enquêtez sur moi, montrez le monstre que je suis…) et Welles joue d’Arkadin comme de Kane dans Citizen. Le personnage devient une manifestation plutonienne de l’entropique monstruosité américaine. Kane montrait le devenir spectaculaire du capitalisme américain (« le capital est devenu image », dit Guy Debord). Un spectacle avec rien derrière, des cadavres derrière le rideau. Le procès/The Trial (1963) devient une allusion à la shoah et à la guerre, avec les bons éclairs : les décors de Zagreb et notre belle gare d’Orsay transformée depuis en musée. Mais qu’Anthony Perkins est à la peine…

F_for_Fake_(1973_poster).jpg

Welles poursuit sa carrière crevée, devient « auteur » mythique à l’âge zombi de la cinéphilie universitaire (« Fin de l’Histoire… du cinéma, Tolstoï a expliqué comment l’étude et la critique tue les arts), et il réalise ce qui pour moi est le sommet, « le chef-d’œuvre inconnu » de son étrange, ennuyée et eschatologique carrière. F comme Fake, tourné en Espagne franquiste, le montre tel qu’il est : un faussaire qui vit de faux laborieusement inventés. Dans l’Espagne fasciste et tolérante du général Franco, ce gauchiste d’opérette (tous les gauchistes sont d’opérette, lisez Lénine enfin) adapte des Shakespeare plus ennuyeux les uns que les autres (Falstaff), filme les débuts de la bulle immobilière de Fraga avec son Don Quichotte et finalement confesse à la fin des années soixante-dix : le franquisme n’avait pas détruit toute l’Espagne, il lui restait la fierté, le machisme, la semaine sainte, la tauromachie, que sais-je, par contre la démocratie l’a anéantie elle et en quelques années seulement (Buñuel aussi le pense alors). Honnêteté qui lui fait honneur : enfin un gauchiste qui devient traditionnel (voyez Pasolini aussi…). Mais le ver était dans le fruit du franquisme, cette dictature condamnée, avait encore dit un Bernanos sublimement inspiré.

MV5BNDUzYTlhYzMtZjJjZi00M2ZlLWFmMTUtY2FjMWI0NDhjZmU0XkEyXkFqcGdeQXVyMjUxODE0MDY@._V1_.jpg

Son meilleur film ? La splendeur des Amberson, opus nostalgique «Americana» qui évoque sur un ton proche de Boorstyn ou de Mumford la dévastation du territoire, de la société et de la civilisation américaine par la bagnole et l’industrialisation. L’écrivain Booth Tarkington fait allusion, dans le livre, à l’invasion migratoire européenne qui détruit le vieux pays des pionniers anglo-saxons. C’est soigneusement oublié dans le film. L’Americana est un genre très prisé par les gourmets et autres fans d’Henry King, et oublié, qu’on retrouve dans la comédie musicale (Belle de New York, Easter parade, Chantons sous la pluie…). Ajoutons en terminant que si Welles a inspiré le personnage de Norman Bates dans Psychose, l’actrice (Janet…) est la même que dans la Soif du mal...

Sources :

https://www.amazon.fr/Alfred-Hitchcock-condition-f%C3%A9m...

https://www.amazon.fr/com%C3%A9die-musicale-am%C3%A9ricai...

https://www.dedefensa.org/article/bunuel-et-le-grand-nean...

https://www.terreetpeuple.com/culture-enracinee-memoire-8...

 

 

Lire la suite

mardi, 04 juin 2024 | Lien permanent

Ridley Scott et le rétrofuturisme

Ridley_Scott_by_Gage_Skidmore.jpg

« C’est un conservateur initiatique à l’anglaise
 comme je les aime ;
un homme de culture un rien sceptique,
mais épris d’aventures, de chevauchées
et de navigation »

Entretien avec Nicolas Bonnal, auteur de Ridley Scott et le rétrofuturisme (éditions Dualpha)

(propos recueillis par Fabrice Dutilleul)

Pourquoi ce livre sur un cinéaste si commercial ?

Ridley Scott est un créateur visuel, un réalisateur qui a beaucoup filmé et sur lequel il y a beaucoup à dire. Notre inconscient collectif depuis quarante ans a été façonné par lui. Pensez à Alien (quelle parabole sur nos sociétés !), Blade runner, Gladiateur ou Prométhée. Je pense en outre que le cinéma d’auteur n’a jamais eu grand-chose à dire, alors que les œuvres grand public ont deux ou trois niveaux de lecture. Blade runner aura obsédé ma génération par son aura visuelle, sa rêverie nietzschéenne, sa dystopie cruelle et ses conflits métaphoriques.

Qu’est-ce que le rétrofuturisme ?

Je l’ai évoqué dans mon livre publié en 2000 sur Internet, nouvelle voie initiatique. C’est l’idée qu’à l’ère des jeux vidéo, des réseaux, des labyrinthes, des codes secrets, la Bible, la Genèse, la mythologie, la culture archaïque ont plus à nous apprendre que notre culture littéraire bourgeoise. Cela rejoint la remarque de Kubrick que la littérature de fantaisie nous parle plus que le romanesque. Alien évoque ainsi le minotaure, Blade runner les anges rebelles, Prométhée les géants du ciel et tous les thèmes Illuminati. J’aime aussi la fascination de Ridley Scott pour l’histoire – pensez aux duellistes napoléoniens – et pour le passé mythique. Si son Gladiateur est un grand film musical, ses opus sur le Moyen Âge relèvent par contre de ce que j’ai nommé les épopées désabusées, des pensums.

Y a-t-il un grand Ridley Scott ?

En tant que grand moghol de la pub, il a une dimension luciférienne. Il éblouit et fait vendre. Il a créé le look Lady Gaga dans le très Illuminati Légende, il a enluminé Apple. C’est aussi un cinéaste « impérial », tant britannique qu’américain – mais moins que d’autres ou que son frère. D’un autre côté, c’est un conservateur initiatique à l’anglaise comme je les aime ; un homme de culture un rien sceptique, mais épris d’aventures, de chevauchées et de navigation. Son film d’apprentissage Lame de fond est un modèle de cinéma politiquement incorrect. Scott défend l’héroïsme et l’imaginaire dans la grande tradition européenne. En même temps, dans tous ses films de science-fiction, il nous a prévenus : nous sommes dévorés tout crus par les grandes corporations. C’est fait. Et quel artiste visuel !

Votre approche ?

Au fil de l’eau, pour le plaisir. J’ai commencé par une étude de son profil, de ses idées, de son esthétique. Ensuite les thèmes entremêlés de son cinéma touffu : la mythologie, l’androïde, l’ascension de la femme, l’épopée ratée. Enfin la conclusion : la référence au cinéma noir, c’est-à-dire l’idée que la civilisation moderne est un piège.

Votre film préféré ?

Le premier, Boy and Bicycle. Le cinéaste révèle tout sur lui. C’est une matrice, une vraie mine. A voir et écouter !

Ridley Scott et le rétrofuturisme de Nicolas Bonnal, 256 pages, 31 euros, éditions Dualpha, collection « Patrimoine du spectacle », dirigée par Philippe Randa.

BON DE COMMANDE

à renvoyer à : Francephi diffusion - Boite 37 - 16 bis rue d’Odessa - 75014 Paris - Tél. 09 52 95 13 34 - Fax. 09 57 95 13 34 – Mél. diffusion@francephi.com

Commande par internet (paiement 100 % sécurisé par paypal ou carte bancaire) sur notre site www.francephi.com.

Je souhaite commander :

… ex de Ridley Scott et le cinéma rétrofuturiste (31 euros)

Lire la suite

lundi, 31 mars 2014 | Lien permanent

Comment oublier Halloween avec Chrétien de Troyes

chtr2.jpg

Comment oublier Halloween avec Chrétien de Troyes
 
Je reprends un sujet qui nous tient à cœur, celui du Graal, qui montrait au Moyen âge le mystère fragile de la civilisation française.
 
Ecrivain
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Oublions Halloween sans même polémiquer avec la Bête…

Je reprends un sujet qui nous tient à cœur, celui du Graal, qui montrait au Moyen âge le mystère fragile de la civilisation française. Nous en sommes loin mais ce n’est pas une raison pour ne pas rappeler un aspect méconnu de l’œuvre de Chrétien de Troyes : son noble hellénisme.

Cligès est un splendide roman ignoré. Il tente de réconcilier l’orient byzantin et l’occident après le schisme en montrant la grande unité culturelle de la civilisation européenne. Dès le début Chrétien nous donne ses sources. Car tout le monde enfin oublie de qui Chrétien se réclame : « Celui qui traita d’Erec et Enide, mit les commandements d’Ovide et l’Art d’aimer en français, fit le Morsure de l’épaule, traita du roi Marc et d’Yseult la Blonde… se remet à un nouveau conte, d’un jeune homme qui vivait en Grèce et qui vivait sous le règne du roi Arthur ».

chtr331452-gf.jpgChrétien, venu à la cour de l’empereur Barberousse vers 1180, y avait rencontré l’ambassadeur byzantin. Les chansons de geste byzantines étaient proches des nôtres, et Chrétien explique les liens entre cette littérature et nos prédécesseurs.

Voici ce que nous ont appris nos livres ; la Grèce fut, en chevalerie et en savoir, renommée la première, puis la vaillance vint à Rome avec la somme de la science, qui maintenant est venue en France.

La France avait pris un relais de vaillance et de science. Tout cela s’est fait par une transmission monastique des textes venus des grands auteurs grecs, d’Ovide et de Virgile. Au Moyen âge on fait aussi des « remakes » et des copies bien mimétiques ; ainsi Eneas, ainsi Troie, ainsi Alexandre. Et l’on comprend alors l’omniprésence de l’alchimie grecque dans nos textes bien étudiés par Fulcanelli.

Edmond Faral publia en 1913 un livre magnifique sur Les sources latines et grecques de nos romans de chevalerie. On peut le lire sur archive.org. Il explique que ces sources ont été négligées et que ce n’est hélas pas fortuit.
Il donne même les raisons de cet oubli : le préjugé de la Renaissance qui voit l’opinion publique rendue inculte par son école considérer le Moyen âge comme une ère de Zabulon et le seizième siècle de notre bonne vieille Renaissance comme l’âge de la perfection ultime. Or Victor Hugo souligne au début de Notre-Dame l’effondrement (sic) de l’architecture à la Renaissance.

Edmond Faral :

Affirmer que les romanciers du XIIème siècle étaient nourris de la lecture de Virgile, d’Ovide et de la plupart des bons poètes de l’ancienne Rome, c’est s’en prendre, à coup sûr, quoique indirectement, aux théories qui expliquent la Renaissance poétique française du XVIème siècle par la découverte de l’Antiquité.
Le moyen âge a connu l’Antiquité beaucoup mieux qu’on ne le dit d’ordinaire et, au moins sur la poésie des Latins, on n’était guère moins bien renseigné en 1150 qu’en 1550.

Nous évoquerons avec plaisir les sources celtiques chez Chrétien de Troyes ; mais passé leur Halloween…

Lire la suite

mardi, 27 octobre 2015 | Lien permanent

De la culture comme arme de destruction massive

emulatiin.jpg

De la culture comme arme de destruction massive

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

La culture moderne veut détruire tout ce qu’il y a eu avant elle. L’idéologie du progrès l’a rendue folle (idem en 93 !) et elle est convaincue qu’elle peut juger et refaire le monde. Tout ce qui aura été conçu par le mâle blanc, bourgeois dont se moquait Sartre dans son plaidoyer aux étudiants japonais. Voyez Lost in translation pour voir ce qu’on a fait depuis du Japon.

Nietzsche, toujours lui, écrit :

« Les historiens naïfs appellent « objectivité » l’habitude de mesurer les opinions et les actions passées aux opinions qui ont cours au moment où ils écrivent. C’est là qu’ils trouvent le canon de toutes les vérités. Leur travail c’est d’adapter le passé à la trivialité actuelle. Par contre, ils appellent « subjective » toute façon d’écrire l’histoire qui ne considère pas comme canoniques ces opinions populaires ». »

Je me moque que la lie de notre bonne société ne s’intéresse plus aux humanités. Je l’avais dit chez Dechavanne. Mais qu’au moins elle ne détruise pas les statues, Versailles (roi facho), la sainte Chapelle (roi bigot) pour soulager sa bonne conscience. Les nazis faisaient de même, et on ne peut que comparer cette volonté de détruire les statues à celle de brûler des livres, dont plus de la moitié était écrite par des Allemands.

Le célèbre juriste allemand Carl Schmitt, un temps passé au nazisme, et inspirateur indirect des néocons, avait indiqué que tout ce qui avait été écrit par un juif dans le domaine culture, juridique ou autre devait être estampillé Judaïque. Or le prix Nobel péruvien Mario Vargas LLosa a remarqué qu’on ne  se repère plus comme jadis  dans les bibliothèques universitaires américaines. Comme chez les nazis vous êtes jugés en fonction de votre sexe ou de votre race.

Je cite ce libre esprit dans un espagnol très simple :

« A las anticuadas secciones de antaño — literatura, filosofía, arte, cine, crítica— habían reemplazado las posmodernas de teoría cultural, clase y género, raza y cultura y un estante titulado «el sujeto sexual», que me dio cierta esperanza, pero no tenía nada que ver con el erotismo, sino con la patrología filológica o machismo lingüístico.

La poesía, la novela y el teatro habían sido erradicados; la única forma creativa presente eran algunos guiones cinematográficos. En un puesto de honor figuraba un libro de Deleuze y Guattari sobre nomadología y otro, al parecer muy importante, de un grupo de psicoanalistas, juristas y sociólogos sobre la deconstrucción de la justicia.”

Vargas Llosa accuse les intellos français, la déconstruction (mais Derrida avait attaqué la démocratie à venir et la notion abjecte d’Etat-voyou), etc. Je pense que les intellectuels nazis comme Schmitt ont aussi leurs responsabilités. Tout cela a fourni un background culturel pour permettre au maire black de Baltimore de détruire les statues sudistes comme les nazis détruisaient les livres. Comme ça on ne parlera pas du chômage et des massacres de rue à Baltimore (je sais, c’est aussi la faute du blanc).

Notre culture comme arme de destruction massive va détruire tout : tout le passé est décrété blanc, macho, fasciste, il sera donc exterminé. Et alors ? Diront certains pressés de voir la suite de Walking dead.

Le reste sera adapté aux narratives officiels et on peut faire confiance à la technologie du clic et à la sous-culture, à la prostration de nos masses anesthésiées (Stanley Payne sur les espagnols) pour ne pas réagir plus que de raison !

Le journaliste Charlie Nash dans Breitbat.com parlait de la fin du free speech ordonnée par les ingénieurs ilotes, les robots et les logiciels de la Silicon Valley.

Silly con, encore un mot qui va loin.

Ils cassent le monde, disait Boris, il en reste assez pour moi.

Sources

Nicolas Bonnal – La culture comme arme de destruction massive (Amazon.fr)

Jean Baudrillard – Simulacres et simulation

Friedrich Nietzsche – Deuxième considération inactuelle

Macdonald – The culture of critique (pour la référence à Schmitt)

Mario Vargas LLosa – La civilisation du spectacle

Lire la suite

mardi, 22 août 2017 | Lien permanent

Pourquoi il faut se remettre à Sénèque (et aussi au latin !)

Lucio_Anneo_Seneca_101.jpg_1306973099.jpg

Pourquoi il faut se remettre à Sénèque (et aussi au latin !)
 
Précepteur de Néron, Sénèque fut bien placé pour savoir que les bons conseils n'ont pas de bons suiveurs.
 
Ecrivain
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Il est inepte et socialiste de se remettre au latin sans savoir pourquoi. Le latin, langue de Pétrone, de Virgile et d’une poignée de grands génies politiquement incorrects…

Précepteur de Néron, Sénèque fut bien placé pour savoir que les bons conseils n’ont pas de bons suiveurs. Pourtant, à vingt siècles de là, et dans les temps postmodernes désastreux et désabusés où nous vivons, nous ne pouvons que nous émerveiller de la justesse de ses analyses, comme si Sénèque faisait partie de ces penseurs qui cogitent dans ce que Debord appelait le présent éternel.

Et je lui laisse écrire à Lucilius :

Sur le quidam obsédé par l’argent et par la consommation : « Les riches sont plus malheureux que les mendiants ; car les mendiants ont peu de besoins, tandis que les riches en ont beaucoup. »

Sur l’obsession des comiques et de la dérision, si sensible depuis les années Coluche : « Certains maîtres achètent de jeunes esclaves effrontés et aiguisent leur impudence, afin de leur faire proférer bien à propos des paroles injurieuses que nous n’appelons pas insultes, mais bons mots. »

Sur la dépression, ou ce mal de vivre mis à la mode par les romantiques, Sénèque écrit ces lignes : « De là cet ennui, ce mécontentement de soi, ce va-et-vient d’une âme qui ne se fixe nulle part, cette résignation triste et maussade à l’inaction…, cette oisiveté mécontente. »

Sur le tourisme de masse et les croisières, Sénèque remarque : « On entreprend des voyages sans but ; on parcourt les rivages ; un jour sur mer, le lendemain, partout on manifeste la même instabilité, le même dégoût du présent. »

Extraordinaire, aussi, cette allusion au délire immobilier qui a détruit la terre : « Nous entreprendrons alors de construire des maisons, d’en démolir d’autres, de reculer les rives de la mer, d’amener l’eau malgré les difficultés du terrain… »

Une société comme la nôtre ne manque pas d’esquinter les gens, de les réduire à un état légumineux. Sénèque le sait, à son époque de pain et de jeux, de cirque et de sang : « Curius Dentatus disait qu’il aimerait mieux être mort que vivre mort » (Curius Dentatus aiebat malle esse se mortuum quam uiuere).

L’obsession du « people », amplifiée par Internet et ses milliers de portails imbéciles (parfois un million de commentaires par clip de Lady Gaga), est aussi décrite par le penseur stoïcien : « De la curiosité provient un vice affreux : celui d’écouter tout ce qui se raconte, de s’enquérir indiscrètement des petites nouvelles, tant intimes que publiques, et d’être toujours plein d’histoires (auscultatio et publicorum secretorumque inquisitio).

Je terminerai par l’obsession humanitaire de nos temps étiolés, dont Chesterton disait qu’ils étaient marqués par les idées chrétiennes devenues folles, voire idiotes : « C’est une torture sans fin que de se laisser tourmenter des maux d’autrui » (nam alienis malis torqueri aeterna miseria est).

Fort heureusement, on peut se remettre aux classiques grecs et romains grâce à remacle.org.

Lire la suite

mercredi, 06 mai 2015 | Lien permanent

Le Candide de Voltaire et la résistance à la matrice

voltaireportrait.jpg

Le Candide de Voltaire et la résistance à la matrice

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Un lecteur sympathique me demande bien gentiment comment résister à la matrice. Ma réponse est simple : couper sa télé, retirer l’argent de la banque, cultiver son jardin comme sa famille, faire des enfants, leur éviter l’école, bref se réconcilier avec la réalité de terrain, car elle existera toujours, sauf pour les Baudrillard qui regardent trop la télé.  Le système ne doit pas être combattu ; il est assez grand pour ça, rappelle Philippe Grasset, il bouillonne dans son autodissolution imbécile. Il faut aussi maîtriser son accès au web et ne pas se laisser démoraliser par certains sites antisystèmes qui deviennent pires que le système. Pour le système la manipulation du catastrophisme (achetez de l’or, creusez un trou, et surtout préparez-vous à la guerre…) est excellente et décourage les braves gens ! Dans mes livres sur Tolkien j’ai souvent insisté sur le père de Sam le jardinier qui ignore le grand combat que lui explique mal son fils et cherche à protéger ses patates et ses salades. Car l’important est là.

Le monde change sans changer, et Voltaire nous avait tout dit dans son immortel et scolaire Candide, à l’issue d’un voyage mondialiste bien terrifiant (ceux qui se plaignent feraient bien de relire le conte et le récit de la vieille par exemple).

candide_voltaire_edition_1759.jpgOn écoute ce maître qui, disait Borges, écrit la plus belle prose du monde :

« Pendant cette conversation, la nouvelle s'était répandue qu'on venait d'étrangler à Constantinople deux vizirs du banc et le muphti, et qu'on avait empalé plusieurs de leurs amis. Cette catastrophe faisait partout un grand bruit pendant quelques heures. Pangloss, Candide et Martin, en retournant à la petite métairie, rencontrèrent un bon vieillard qui prenait le frais à sa porte sous un berceau d'orangers. Pangloss, qui était aussi curieux que raisonneur, lui demanda comment se nommait le muphti qu'on venait d'étrangler. »

Réponse de génie dans la simplicité :

 « Je n'en sais rien, répondit le bonhomme, et je n'ai jamais su le nom d'aucun muphti ni d'aucun vizir. J'ignore absolument l'aventure dont vous me parlez ; je présume qu'en général ceux qui se mêlent des affaires publiques périssent quelquefois misérablement, et qu'ils le méritent ; mais je ne m'informe jamais de ce qu'on fait à Constantinople ; je me contente d'y envoyer vendre les fruits du jardin que je cultive. »

L’étendue de la terre importe peu. Ce qui importe c’est le travail familial :

« Vous devez avoir, dit Candide au Turc, une vaste et magnifique terre ? Je n'ai que vingt arpents, répondit le Turc ; je les cultive avec mes enfants ; le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice, et le besoin. »

Il faut cultiver son jardin, ajoute Candide dans une phrase finalement peu comprise.

L’information industrielle abêtissante a toujours existé, voyez mon texte sur la rumeur (Fama) chez Ovide et Virgile. La Bruyère traduisant Théophraste, vieux disciple d’Aristote, écrit dans ses caractères :

« De là il se jette sur ce qui se débite au marché, sur la cherté du blé, sur le grand nombre d’étrangers qui sont dans la ville ; il dit qu’au printemps, où commencent les Bacchanales, la mer devient navigable ; qu’un peu de pluie serait utile aux biens de la terre, et ferait espérer une bonne récolte ; qu’il cultivera son champ l’année prochaine, et qu’il le mettra en valeur ; que le siècle est dur, et qu’on a bien de la peine à vivre. »

Le bon chrétien rajoutera à son jardin ces classiques et notre bon Cassien qui nous explique déjà comment résoudre nos problèmes psychologiques en temps de guerre ou de paix.

Bibliographie

Voltaire – Candide

Cassien – Institutions

Bonnal – Les secrets de Cassien (Amazon.fr)

La Bruyère – Caractères

Lire la suite

vendredi, 16 mars 2018 | Lien permanent

PHILIP K. Dick et le Grand Reset en Occident

PKD.jpg

Nouveauté:

PHILIP K. Dick et le Grand Reset en Occident

Par Tetyana Popova-Mozovska

Préface de Nicolas Bonnal

Dans les années 70 on évoquait au lycée un mage, un gourou, un écrivain qui sortait des catégories traditionnelles et scolaires mais n’entrait pas dans les nouvelles. Il faisait douter de la réalité du monde, de nos perceptions, et de notre humanité limitée à la consommation et à la perception de news. En outre il était perçu comme le prophète d’un futur effrayant et qui était déjà là. Bref, il était un oracle. Si Dostoïevski, Edgar Poe ou Balzac nous décrivaient un éternel présent qui venait du passé, cet écrivain mythique nous décrivait un éternel présent qui venait du futur.  On le jugerait comme prophète et non comme styliste ou « réaliste ».

Cet écrivain bien sûr est Philip K. Dick - et mes amis des sections scientifiques le considéraient comme un génie réservé à une minorité choisie. On citait surtout « Ubik » dont le nom résonne comme celui d’un dieu de l’étrange. Après des essais de lecture infructueux, je finis par découvrir ce monstre littéraire en 1982 grâce au film « Blade runner ». Échec commercial à sa sortie, cet opus fasciné (et pas seulement fascinant) devint ensuite le film-culte par excellence. Les puristes reprochèrent plein de choses à une œuvre qui dessinait les grands traits de notre époque mondialiste, dystopique et travaillée par l’image. L’altération de la réalité par les simulacres était là, tout comme la technologie dangereuse, la difficulté de définir l’homme dans le monde capitaliste unifié et la fabrication artificielle par les images d’une mémoire collective planétaire effaçant l’expérience individuelle. Cependant la lecture de Dick me demeurait difficile. J’attendis d’autres films « Total recall », « Pay check », « Minority report » pour avoir une idée plus précise de cet univers « riche et étrange », digne des visions de Shakespeare et du baroque du Quichotte. Le futur dystopique, la dégradation d’un paysage planétaire déglingué et surtout la fabrication d’une mémoire artificielle me semble être des axes essentiels des écrits de Dick. Et c’est là qu’est intervenue Tetyana, passionnée et sérieuse.

thumbnailTPMPHD.jpg

Sérieusement et systématiquement Tetyana a relu ou lu tous les ouvrages de Dick susceptibles d’expliquer l’étrange réalité dans laquelle nous sommes plongés. Depuis un an, nous avons en effet assisté à une accélération de cette réalité marquée par le totalitarisme technologique et l’effondrement énergétique/économique ; tout cela grâce au virus et aux mesures comme ce reset qui l’accompagne, sorti de cerveaux planétaires et dangereux. Bref, nous sommes rentrés au moins dans les grandes villes dans l’univers de Dick – un univers souvent comique et menaçant, comme dit notre auteure.

APhilipKDickMoment.jpg

Tetyana a compulsivement a déniché les textes oubliés ou peu lus qui dessinent la réalité prévue par notre étrange prophète. Mais en bonne chrétienne elle a aussi insisté sur les contenus spirituels et « chrétiens-primitifs » de l’œuvre de Dick, dimension que beaucoup de critiques ont négligé ou oublié. De ce point de vue ce grand auteur pourrait être aussi un écrivain du « 8ème jour » quand nous serons réveillés du long sommeil impérial et ferré. Ce livre s'adresse donc à une élite « éveillée », et qui s’ignore encore.

Editions Tetyana, Amazon.fr. A paraître chez Avatar.

https://www.amazon.fr/dp/B096LPVB1R/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&dchild=1&keywords=BONNAL+DICK&qid=1622883747&sr=8-1

 

Lire la suite

samedi, 05 juin 2021 | Lien permanent

La bonne volonté suicidaire-génocidaire occidentale expliquée par trois sages

6054422ea3fe6fc502930a1c09ccbd83.jpg

La bonne volonté suicidaire-génocidaire occidentale expliquée par trois sages

Nicolas Bonnal

La rage suicidaire occidentale ne connait plus de limites entre chasse au carbone, destruction des hôpitaux, de la nourriture, éoliennes et destruction des paysages, entre fascisme écolo-humanitaire et guerre mondiale nucléaire. On se croirait revenus au temps de la Réforme décrite par Murray Rothbard, qui montre comment ce communisme exalté et apocalyptique (basé du reste sur ce texte extraordinairement dangereux et manipulable qui n’est pas inclus dans le canon orthodoxe) a détruit l’Allemagne et l’Europe – et ce durant plusieurs siècles –avant de partir à la conquête matérielle, missionnaire et calviniste du monde. La volonté (la perpétuelle obsession plutôt) génocidaire-suicidaire occidentale, qu’elle soit nazie-totalitaire ou libérale-démocrate, est toujours marquée d’une bonne volonté humanitaire.

AD-livre-N_B-jc2972-1140x1167.jpg

Je relis toujours Alain Daniélou (photo), le frère indianiste du cardinal (il serait bon de l’entendre parler de l’effarant Sunak et de l’actuelle dystopie orwellienne anglaise). Lui écrit dans ses Mémoires :

« La recherche de la prospérité étouffe celle de la sagesse et du bonheur de vivre. Je me suis interrogé sur les raisons qui rendaient les Occidentaux modernes si agités et en somme assez rarement heureux. Les Aryens dont sont issus la plupart des peuples qui ont dominé l’Europe, les Achéens, les Doriens, les Celtes, les Romains, les Germains, les Russes, sont des peuples prédateurs. Ayant récemment envahi une grande partie de la planète, peuplé les Amériques et l’Australie, imposé leurs langues à l’Afrique et parfois même à l’Asie, ils ont atteint une limite et leur force d’expansion se retourne contre eux-mêmes. Il semble peu probable qu’ils arrivent à se contrôler. »

51EDxm7KapL.jpg

A vingt-deux ans j’avais écrit une Nuit du lemming, que j’avais fait lire à Jean Parvulesco plus tard, et qui en sortit enchanté – récit d’une guerre civile d’extermination dans une principauté germanique (Ruritania, comme on dit dans la Comédie musicale), et qui annonçait bien à sa manière maladroite ce qui allait se passer.

Raymond-Léopold_Bruckberger_(1983)_by_Erling_Mandelmann.jpg

Mais Daniélou n’est pas tout ; et le vieil ami de Bernanos le révérend père Bruckberger (photo), que j’ai redécouvert récemment, écrivait lui :

« Pour tout détruire invoquez allègrement le concile !… Le fond de l’affaire est que la race blanche traverse une crise d’obsession suicidaire, et désormais la science lui donne la possibilité d’en finir avec elle-même, en douceur, et presque sans le vouloir, à la manière dont se commettent les suicides les plus lâches. C’est cela qu’il fallait dire (Lettre à Jean-Paul II pape de l’an 2000). »

Ce sera moins en douceur que prévu (Bruckberger vantait la Pologne, on est servis).

V.-Gheorghiu.650px.03.jpg

Et on rappellera la prophétie du prêtre écrivain  Virgil Gheorghiu (photo):

« Nous périrons donc enchaînés par les esclaves techniques. Mon roman sera le livre de cet épilogue… Il s’appellera la vingt-cinquième heure. Le moment où toute tentative de sauvetage devient inutile. Même la venue d’un messie ne résoudrait rien. Ce n’est pas la dernière heure: c’est une heure après la dernière heure. Le temps précis de la société occidentale. »

Sources et lectures complémentaires:

https://www.profession-gendarme.com/la-25eme-heure-et-la-...

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/11/30/le-reverend-...

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/09/09/lecons-liber...

 

Lire la suite

samedi, 11 février 2023 | Lien permanent

Page : 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12