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La crise des Etats-Unis est l’expression de son déclin

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La crise des Etats-Unis est l’expression de son déclin

Une histoire intérieure des Etats-Unis actuels

par Klaus Hornung, professeur en sciences politiques, Allemagne

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Quelle est la stabilité du «pouvoir dirigeant du monde» (Président George Bush en 1992), de la «nation indispensable à la paix, à la liberté et à la démocratie dans le monde» (Président Bill Clinton en 1997)? A l’époque, les Etats-Unis, après avoir emporté la victoire dans la guerre froide, pouvaient se croire à l’apogée de leur histoire. Deux décennies plus tard, suite à leurs interventions militaires en Irak et en Afghanistan ayant abouti à des désastres, ils se sont retrouvés dans une grave crise financière et économique et face à une montagne de dettes astronomique s’élevant à presque 15 billions de dollars.


Pour le journaliste américain George Packer, la crise est l’expression d’un déclin, de la dissolution de la solidarité au sein de la société en un individualisme extrême, et d’un fossé se creusant continuellement entre riches et pauvres. Son livre dépeint cette histoire intérieure des Etats-Unis actuels, et l’auteur en décrit les racines: les puissants dans le monde de la finance ont résilié leur pacte avec la société pour fêter une orgie de l’abondance et du cynisme. Il s’est développé un système de «politique de la porte tournante» entre Wall Street et Capitol Hill, l’oligarchie de la finance, le Congrès et la Chambre des représentants, système présentant tous les symptômes du déclin.


Packer passe outre la politique extérieure et militaire. Il entend décrire l’histoire intérieure du scenario des Etats-Unis à l’aide d’une longue série de biographies sociales des contemporains s’affairant dans la politique et l’économie ainsi que de personnes d’autres couches sociales. Nous rencontrons par exemple Jeff Connaughton, qui passe sa vie entre les secteurs de la finance et de la politique et accomplit une ascension remarquable en grimpant de l’équipe de la campagne électorale du vice-président actuel Joe Biden à la haute bureaucratie ministérielle de Washington, en acquérant au passage une fortune considérable tout en étant témoin des luttes de pouvoir impitoyables régnant au sein des élites et de leurs réseaux pour l’influence et les profits financiers.


Les agissements d’un grand nombre de banquiers, d’avocats et de contrôleurs financiers s’écartent souvent du droit et de la loi et sont marqués par la convoitise de bonifications à hauteur de plusieurs millions et de l’accès à des fonctions et des positions politiques profitables. C’est le panorama d’un style politique où les moins scrupuleux gagnent, c’est l’image de l’exercice du pouvoir d’une élite s’éloignant de façon abusive des normes classiques de la démocratie et de l’Etat de droit. Dans ce contexte, apparaissent également des individus connus de l’histoire contemporaine, par exemple le président Bill Clinton avec ses histoires sexuelles notoires et ses serments solennels lui permettant d’échapper à la justice.


On y trouve aussi l’histoire tragique de Colin Powell, enfant d’immigrés jamaïcains, ayant combattu longtemps au Vietnam en tant que soldat, et qui devint Chef d’état-major général et Secrétaire d’Etat. Puis, le président Bush junior abusa de lui en lui imposant de rédiger le discours bien connu devant le Conseil de sécurité de l’ONU pour présenter le mensonge concernant les prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein. C’était ce mensonge-là qui justifia l’intervention militaire des Etats-Unis en Irak et qui détruisit la bonne renommée de ce serviteur intègre de l’Etat.


Puis, l’auteur se déplace également dans la Silicon Valley, ce symbole de l’inépuisable force génératrice américaine. Là, son témoin biographique est un certain Peter Thiel, fils d’une famille chrétienne «réincarnée», un étudiant doué de l’Université de Stanford, un opposant au communisme et à l’homosexualité qui devra un jour lui-même faire son coming-out. Plus tard, il crée plusieurs hedgefunds, suite auxquels il devient le Titan d’un patrimoine de plusieurs milliards, passant ses journées en tant qu’influent gros sponsor dans sa villa de luxe au bord de la mer à Stanford.


C’étaient les années pendant lesquelles la Californie semblait devenir une espèce de paradis sur terre, grâce à la technologie de l’armement et la technologie spatiale, puis grâce à Internet et Facebook. Le déclin apparut lors de l’éclatement de la bulle d’Internet et de la crise de 2008 qui la suivit. Ainsi le libertarien Thiel reste songeur en reconnaissant les limites intellectuelles et politiques de l’adoration onirique des Américains autour du veau d’or et de ses conséquences.


Le livre de Packer est un mélange très personnel de documentation et de littérature. Il décrit de manière très engagée la récente histoire intérieure des Etats-Unis. Dans toutes ses pages, on retrouve la revendication de l’auteur de corriger le système politique actuel de son pays et d’accomplir un renouveau sociétal. Le panorama du déclin qu’il présente rappelle le livre du sociologue Christopher Lasch intitulé «La révolte des élites et la trahison de la démocratie» qui reconnaît, lui aussi, le noyau de la crise américaine, dans un «malaise démocratique».


C’est l’histoire de l’aliénation des élites privilégiées de leur société, de ceux qui contrôlent le flux international de l’argent et des informations, de ceux qui ont un style de vie multiculturel dans leur travail et dans leurs loisirs, menant une vie recluse et bien protégée dans leurs enclaves et qui se sont depuis longtemps soustraits à leurs devoirs civiques. Cet univers semble être une réalisation de la fameuse vision de Max Weber d’une société «de spécialistes sans esprit, de bon vivants sans cœur».    

George Packer: Die Abwicklung. Eine innere Ge­schichte des neuen Amerika. Frankfurt am Main 2014, ISBN 978-3-10-000157-3

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vendredi, 13 mars 2015 | Lien permanent

De la table rase juridique européenne

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De la table rase juridique européenne

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Depuis plusieurs décennies, les pouvoirs politiques à la tête des différents états d’Europe ont pris, sans consulter le peuple et/ou sans veiller à lui livrer une information objective et complète des enjeux et des conséquences de leur politique, des décisions qui mettent en danger l’avenir de notre civilisation, de notre continent. Par irresponsabilité, par incapacité de voir plus loin que le bout de leur nez, ou au service conscient au contraire d’une idéologie liberticide, ils ont engagé l’Europe dans un processus mortifère et ce dans tous les domaines. Ils ont en clair créé en Europe les conditions propices à l’effondrement de notre civilisation, à la fois en ouvrant les frontières du continent à des flux migratoires post-coloniaux qui portent atteinte à notre identité de peuple européen, et en favorisant en interne les matérialisations classiques de la décadence telles que dénoncées déjà il y a près de deux millénaires par Juvénal dans ses Satires. Le « mariage pour tous » en est une illustration parmi tant d’autres.

Pour involuer ce déclin, un pouvoir politique national devrait engager un programme qui contreviendrait à un des principes fondamentaux du droit, qui est le principe de non-rétroactivité. Certes, il le ferait au nom d’une légitimité populaire, mais en dehors du cadre de la légalité. Il n’est donc simplement pas possible d’envisager dans le cadre national, que cela soit celui de la France ou de l’Allemagne, de revenir en arrière. Aucun gouvernement, même nationaliste, n’envisagera sérieusement d’annuler les décisions prises par ses prédecesseurs. Ainsi on sait très bien que l’UMP ne reviendra pas sur le « mariage pour tous » ni sur les politiques migratoires passées depuis trois ou quatre décennies. Mais on sait aussi que le FN, même s’il prétend en paroles le contraire, n’en ferait rien non plus, à supposer qu’il puisse arriver au pouvoir.

Si une politique n’est pas possible dans le cadre d’un référentiel politique donné, elle est possible si on choisit un tout autre cadre, par exemple celui d’un nouvel Etat qui ne saurait être la continuité de l’Etat précédent. En droit international, il existe un principe de continuité juridique liée à une continuité territoriale. Pour être plus clair, un Etat est contraint d’assumer la politique de l’Etat qui existait précédemment sur le même territoire. Même la révolution française en 1789 a maintenu de nombreux cadres de l’ancienne monarchie. Elle n’a pas pu faire table rase, même si elle a innové sur de nombreux sujets.

L’idée générale est donc que l’Europe naisse en tant qu’état-nation, à partir de l’Union Européenne actuelle, mais élargie à l’ensemble du continent. Cette nouvelle nation, qui se constituera ex nihilo, même si elle reposera par ailleurs sur une base objective, sera vierge juridiquement. Elle ne sera en soi liée à aucune politique décidée par les anciens Etats, qui auront cessé purement et simplement d’exister. C’est ce que j’appelle la table rase juridique européenne.

L’Europe se construira politiquement sans être engagée par les moindres traités ou conventions internationales, que ce soit les traités « européens » ou les constitutions nationales. Elle n’aura pas à « assumer » les politiques néfastes qu’auront auparavant décidées des gouvernements « nationaux » que ce soit en matière de définition de la nationalité ou bien de définition du mariage. Les politiques migratoires passées ou les innovations « matrimoniales » comme le « mariage pour tous » n’auront plus aucune valeur puisqu’elles auront été décidés par des Etats qui n’existent plus, et que le nouvel Etat, l’Europe unie, n’en tiendra donc pas compte. Un autre avantage de l’émergence de cet Etat vierge du point de vue du droit, c’est qu’il n’aura pas de dettes extérieures, alors que les Etats européens actuels sont globalement endettés.

L’Europe unie a une réelle légitimité d’existence en raison de la profonde parenté qu’il existe entre les Européens, au-delà de particularismes réels qu’il convient bien sûr de préserver. Les nations en tant qu’identités nationales et/ou régionales existent. Mais les Etats ne sont que des conventions institutionnelles qui peuvent apparaître ou disparaître au gré de l’histoire. L’Etat européen unitaire pourrait réussir là où les anciens Etats « nationaux » ont échoué. Et il permettrait surtout un redémarrage, un « reboot » total, où tout redeviendrait possible, où la politique que nous estimons absolument nécessaire pourrait être menée dans le respect du droit.

Cela s’apparente d’une certaine manière au passage d’un système informatique à un autre. Comment fait-on ? On sauvegarde d’abord toutes les données qu’on souhaite conserver et uniquement celles-là. Ensuite on réinitialise le disque dur, effaçant l’ancien système ainsi que toutes ses caractéristiques. Puis on installe un nouveau système et on y recopie les données sauvées. Ces données, c’est la civilisation européenne, sa culture, son patrimoine, son histoire, la population de notre continent d’avant ce que nous estimerons être son dévoiement. Le nouveau système informatique c’est l’Etat européen. Il aura ses règles et ses particularités, ses institutions, sa nationalité et son état civil. Ce ne seront pas ceux des anciens Etats, qui auront disparu avec les données endommagées et que nous n’avons donc pas conservées.

La table rase juridique permettra concrètement à l’Europe de reprendre sa marche en avant, considérant comme nuls et non avenus les égarements coupables des anciens Etats et les multiples trahisons des anciens gouvernements « nationaux ». Elle est d’un point de vue juridique la solution la plus satisfaisante.

Thomas FERRIER (PSUNE)

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vendredi, 07 novembre 2014 | Lien permanent

La double spéculation de l’art contemporain

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La double spéculation de l’art contemporain

 
Vivien Hoch
Doctorant en philosophe, consultant en communication
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

« Poser des objets de-ci de-là ne sert à rien. J’ai eu l’idée de bouleverser l’équilibre et d’inviter le chaos. », affirme l’ « artiste » contemporain anglo-indien Anish Kapoor, qui vient d'exposer ses monstruosités au château de Versailles. Et il tient ses promesses. L’œuvre qui fait le plus parler d’elle s’appelle Dirty corner. L’auteur la décrit comme « le vagin de la reine qui prend le pouvoir » (voir ci-dessous).

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Un tunnel d’acier en forme d’oreille, posé sur le Tapis vert de Le Nôtre, face au château, et entouré d’un amas de pierres, de béton et de terre. La sculpture « représente à elle seule 500 tonnes de pierres venues de Belgique et 1 000 tonnes de terre issues de la production agricole ». Chaque pierre pèse 25 tonnes : il a fallu des grues et des plaques de roulement pour les amener à la place voulue par l’artiste.

Mieux encore - mais c'est une question de goût, n'est-ce pas, l'installation (dans la salle du jeu de paume, lieu des racines de la République et de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen), de ce que j'appelle « les menstrues de la Reine ».  « Un symbole phallique évident pour une installation controversée qui interroge sur la violence de notre société contemporaine » confie l'artiste (voir ci-dessous)...

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Et les responsables du château n’en sont pas à leur premier essai. Depuis 2008, les provocations se sont multipliées. En 2009, l’exposition du kitsch Koons et de son « balloon dog » avait déjà fait vivement réagir les amoureux du domaine. Peine perdue. S’en est suivie une démonstration d’un plasticien qui avait entre autres « merveilles » proposé un carrosse de plastique violet arrêté en pleine course. En 2010, les mochetés de Takashi Murakami s’étaient invitées dans la Galerie des glaces et les appartements royaux. (Voir la note de l'Institut Renaissance).

Il faut bien saisir le double mouvement nihiliste de l'art contemporain :

1° Une déconstruction à usage politique

D'un côté, il 'agit de manifester l'idéologie post-moderne de la déconstruction dans l'art, et, par voie de conséquence, dans la culture et dans l'histoire d'un peuple (exposer au château de Versailles ou au Louvre n'est pas anodin). La perversion de ce genre d'expositions, ici, tient à la nature du site, lequel doit être respecté dans son intégrité, préservé dans ce qui fait son identité et son histoire. Le grand problème de l’art est d’arriver à dire l’histoire de votre village, tout en faisant en sorte que votre village devienne le village de chacun, écrivait Christian Boltanski, La perversion tient au fait qu'il s'agit aussi, pour les commanditaires, d'affoler et de provoquer les positions des contestataires dans leur champ, dans leur origine sociale, c'est-à-dire, au fond, dans leur habitus (Pierre Bourdieu). Quelque chose me dit que le « vagin de la Reine » ou ses menstrues géantes sont particulièrement appréciées par les féministes de tout poil. Ou encore que les jardins de Le Nôtre écrasés par ces blocs de pierre enchantent les admirateurs du grand siècle.

C'est qu'ils n'ont pas encore compris que désormais, comme on le dit du côté des bureaux de la foire de Bâle, l’art contemporain est un mode de vie, celui de l'individu post-moderne, social, multiculturel, sans identité, sans famille, sans sexe, vers lequel tendent tous les « progrès ». qui sont sur le marché politique. « A force de tout voir l’on finit par tout supporter…A force de tout supporter l’on finit par tout tolérer… A force de tout tolérer l’on finit par tout accepter… A force de tout accepter l’on finit par tout approuver ! », écrivait Saint Augustin. À force de leur imposer la vision de ces "oeuvres", ils vont peut-être finir par les approuver. Et par la fermer.

2° Une spéculation financière

De l'autre côté, il s'agit d'une pure spéculation financière, faite de manière grossière sur le dos des contribuables, du patrimoine français, de l'histoire du pays et, accessoirement, des pauvres visiteurs (qui payent leur entrée). Je rappelle que les fonds régional d'art, imposent toujours le 1% artistique (toute construction d'un bâtiment par un ministère, telle une école, doit « financer la réalisation d’une œuvre d’art contemporaine intégrée au projet architectural » à hauteur de 1 % du budget). Cette spéculation mi-publique, mi-privée sur art contemporain est devenu le symbole du capitalisme de connivence, qui permet à l'État d'être au service de certains particuliers tout en graissant la patte des intermédiaires bien placés.

Aussi Christian Combaz a-t-il raison d'écrire (dans Le Figaro) que l'art contemporain « est une profanation de la mémoire et une spéculation financière ». De même que la philosophe et artiste Christine Sourgins, dans un entretien publié sur Contrepoints,  qui écrit très justement que

L’art Duchampien, spéculation intellectuelle, a entraîné une spéculation financière : on a donc eu droit à une rhétorique obscure, alambiquée (élitiste pour le coup !) puis à un art financier avec d’un côté les grands collectionneurs qui ont droit de visite privée dans les foires, ont les bonnes infos sur les « coups » montés aux enchères etc., et de l’autre côté, en totale asymétrie, le tout venant des bobos collectionneurs, qui s’imaginent faire moderne et branché et qui, dans ce casino qu’est l’art financier, seront les dindons de la farce.

Puisque l'utopie soixante-huitarde a disparu, il s'agit pour les artistes, les financiers et les idéologues, tous liés au pouvoir d'une certaine manière, de devenir, enfin et réellement, des post-modernes : détruire l'histoire pour en construire une nouvelle, et si possible se remplir les poches au passage.

Vivien Hoch, 4 juin 2015

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dimanche, 07 juin 2015 | Lien permanent

Sous haute surveillance politique

Préface de Pierre le Vigan au livre “ Sous haute surveillance politique” de Philippe Randa
(Chroniques barbares VIII – Éditions Dualpha)

Le_ViganRanda_2.gifComme adjectif, le mot « chronique » désigne quelque chose qui dure longtemps. Comme une maladie, ou comme l’avenir dont chacun sait, au moins depuis Althusser, qu’il dure longtemps puisque sous ce titre il publia un livre. Précisément, les chroniques de Philippe Randa, dont il nous livre le hui­tième volume, concernent une maladie durable. C’est celle de notre pays. Comment nommer ce mal ?
Comme toutes les maladies graves, elle a plusieurs aspects. Elle atteint le corps et l’âme. Elle vient à la fois du corps et de l’âme.
C’est la maladie d’un pays qui vit à crédit, mais c’est aussi et surtout la maladie d’un pays qui ne se respecte plus, c’est la maladie d’un pays qui accepte une immigration de peuplement et de remplacement, mais aussi qui dévalorise le travail manuel, c’est la maladie d’un pays qui donne des leçons de morale au monde entier et ne montre pourtant que l’exemple de l’assujétissement volontaire aux États-Unis, d’un pays ubuesque qui prétend réduire la criminalité tout en licenciant des compagnies de CRS, dont les gouvernants ont affiché la proposition de « travailler plus pour gagner plus », alors qu’ils n’ont en réalité su que faire venir plus d’étrangers pour faire baisser plus encore les salaires.
C’est le drame d’un pays où les collusions entre les « élites », de droite comme de gauche et les grandes entreprises n’ont jamais été aussi flagrantes, jusqu’à devenir caricaturales.
Bref, notre pays est schizophrène et il accepte d’être dirigé par des imposteurs. Il grogne contre ceux qui lui mentent et ne se donne pas les moyens de les sortir du jeu politique. Notre pays ne veut pas prendre de risque. Aussi, il reconduit au pouvoir la vieille droite et la vieille gauche et il prend tout simplement le risque de mourir. Il est vrai que tout est mis en œuvre par les élites pour développer les faux choix. Si vous êtes anticapitalistes, l’ultragauche vous propose de rejoindre son combat, mais vous im­pose plus d’immigrés et des régularisations automatiques des sans papiers. Si le déclin du sens des responsabilités vous insupporte, la droite vous propose son prêt-à penser pro-américain, la collaboration à des expéditions néo-coloniales en Afghanistan, et un anti-islamisme instrumentalisé pour accréditer la thèse du choc des civilisations et vous solidariser avec toutes les entreprises atlantistes présentes et à venir. Comme peut-être, demain, une croisa­de contre l’Iran. Au nom de la « liberté » et des « droits de l’homme » bien sûr.
Et peut-être, demain encore, le choix électoral en France sera-t-il : Sarkozy ou Strauss-Kahn ? Et, pour les penseurs, pourquoi pas : Jacques Attali ou Alain Minc ? Au plan politique, le « système », comme disait Jean Maze (auteur de L’anti-système, 1960), met en place de faux choix pour que « tout bouge sans que rien ne change. »
C’est une entreprise scélérate qui, jusqu’ici, a plutôt bien marché et a fait sortir notre pays de l’histoire jusqu’à lui supprimer toute conscience de soi. On comprend pourquoi, comme l’écrit Philippe Randa, la nouvelle disposition juridique sur le référendum dit d’initiative populaire est tellement encadrée, est tellement mise « sous haute surveillance politique » – c’est le titre de son livre – que ce référendum ne risque guère d’être le moyen d’un réveil du peu­ple, si celui-ci était frappé d’un éclair de lucidité et sortait de la dépolitisation soigneusement orchestrée pour que les « élites » continuent de jouir du pouvoir sans être dérangées. Il est vrai qu’il y a aussi l’anesthésie que Philippe Randa appelle fort bien « l’information du vide » : 20 mn consacrée à la météo, « attention il fait froid, couvrez vous » ou bien « attention, il va faire chaud, buvez. »
Et pourtant, ce pays, je l’aime et Philippe Randa l’aime aussi. C’est pourquoi il en parle tant, avec ironie, sans illusions excessives, mais avec quelque tendresse aussi. Car notre pays fut grand et se porta haut et loin.
Un pays est une porte vers l’universel. Si on refuse de passer la porte, on reste tout le temps chez soi. Si la porte est tout le temps ouverte, ce n’est plus une porte et la maison se délabre et à terme s’effondre. C’est pourquoi l’éloge des frontières que fait Régis Debray dans son récent livre n’est pas l’éloge de l’enfermement, c’est l’éloge des différences, ce qui est tout autre chose.
C’est pourquoi l’accueil de quelque 200 000 étrangers supplémentaires (au bas mot et hors les clandestins) tous les ans en France est une folie.
« Derrière la disparition apparente des identités, écrit de son coté Hervé Juvin, derrière la disparition apparente de tous ce qui sépare les hommes, nous sommes en fait en train d’assister à un régime de séparation infiniment plus rigoureux que les autres, sauf qu’il est fondé sur une chose et une seule chose, votre utilité économique, et, pour le dire ainsi, votre patrimoine et votre pouvoir d’achat. »
Oui, ces chroniques de l’année 2010, qui portent sur des événements que nous avons tous en mémoire, nous restituent un climat, une ambiance, celle d’une France qui s’oublie, qui oublie les rapports de force dans le monde, qui oublie la différence des civilisations, qui n’est pas forcément leur choc, mais qui est leur altérité, et qui est l’altérité même des hommes et des communautés, même les plus petites ou les plus spécifiques, telles que Michel Maffesoli en fait l’analyse depuis des années.
Hervé Juvin le dit encore : « La demande identitaire, comme le retour au politique et à la frontière, sont les éléments centraux de la sortie de la crise mondiale. » Le localisme comme échelon du sociétal et de l’économique, le national comme échelon du politique, la civilisation européenne comme échelon du projet, du mode d’être-ensemble et voie vers un universel différencié, telles sont les moyens, à notre portée, d’un ordre nouveau et impérial. Tout le contraire de l’impérialisme du nouvel ordre mondial.

Pierre Le Vigan est un collaborateur d’Éléments et de de Flash Infos magazine depuis sa création. Il est également l’auteur de plusieurs livres.

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samedi, 09 avril 2011 | Lien permanent

Les relations russo-ukrainiennes vues par Alexandre Soljenitsyne

Les relations russo-ukrainiennes vues par Alexandre Soljenitsyne

Le site web de la radio La voix de la Russie propose en ce moment une série d’articles puisés dans l’œuvre d’Alexandre Soljenitsyne et abordant la question des relations entre les peuples frères russe et ukrainien. Ce week-end, c’est un extrait de l’essai intitulé Comment réaménager notre Russie, paru en 1990, qui a été publié :

solzhenitsyn.jpg« Je suis presqu’à moitié Ukrainien et j’ai grandi parmi les sonorités de la langue ukrainienne. Je suis resté la majeure partie de mes années passées au front dans la sobre Biélorussie et j’ai aimé d’un amour pénétrant sa triste indigence et son peuple docile. Pour les uns et les autres je ne suis pas un étranger, je m’adresse à eux comme si j’étais l’un des leurs.

Notre peuple s’est divisé en trois branches suite aux terribles malheurs de l’invasion mongole et de la colonisation polonaise. Parler de l’existence depuis le IXème siècle d’un peuple ukrainien à part, parlant une langue non russe spécifique, est une falsification récente. Ensemble nous sommes issus de la noble Kiev « d’où provient la terre russe » selon la Chronique de Nestor, d’où nous est venue la lumière du christianisme. Nous avons été gouvernés par les mêmes princes : Iaroslav le Sage a partagé entre ses fils Kiev, Novgorod et les étendues entre Tchernigov et Riazan, Mourom et Beloozero ; Vladimir Monomaque était simultanément prince de Kiev et prince de Rostov ; la même unité est constatée dans le service des métropolites. En Lituanie et en Pologne les Biélorusses et les Ukrainiens se prenaient pour les Russes et luttaient contre la polonisation et la catholicisation. Le retour de ces terres dans le giron de la Russie était alors interprété par eux tous comme une Réunification.

En effet, il est douloureux et honteux de se souvenir des décrets de l’époque d’Alexandre II (1863, 1876) interdisant la langue ukrainienne dans le journalisme, puis dans les belles-lettres, mais cela n’a pas duré longtemps, car c’était une ossification et un égarement de l’esprit dans la politique gouvernementale et ecclésiastique qui ont préparé la chute du régime d’Etat russe.

Cependant, la Rada socialiste pleine de vanité de 1917 a été composée sur un accord entre les politiques et n’a pas été élue par le peuple. Quand elle a quitté la fédération et annoncé le détachement de l’Ukraine de la Russie, elle n’a pas demandé l’opinion du peuple.

J’ai déjà répondu à des nationalistes ukrainiens en exil qui répètent sans arrêt à l’Amérique que « le communisme est un mythe et que ce sont les Russes et non pas les communistes qui veulent s’emparer du monde » (et voilà les « Russes » ayant déjà occupé la Chine et le Tibet, ce qui demeure depuis déjà 30 ans dans une loi du Sénat américain). Le communisme est le mythe que les Russes et les Ukrainiens ont appris à leurs dépens dans les geôles de la Tcheka depuis 1918. C’est le mythe qui a réquisitionné dans la région de la Volga même les grains de semence ayant voué 29 gouvernements russes à la sécheresse et à la famine de 1921-1922. Le même mythe qui a perfidement plongé l’Ukraine dans une famine aussi impitoyable en 1932-1933. Est-ce que nous ne sommes pas liés à cette violence sanguinaire, après avoir subi en commun la collectivisation communiste menée à coup de bâton et accompagné d’exécutions ?

En Autriche en 1848, les habitants de Galicie appelaient leur conseil national Golovna Rousska Rada (Rada russe principale). Plus tard, dans une Galicie annexée et sous la houlette autrichienne, on a cultivé une langue ukrainienne non populaire, truffée de mots allemands et polonais, ainsi que l’idée pour les Carpato-Ruthènes (habitants de l’Ukraine transcarpatique, les Ruthènes) de renoncer à la langue russe et l’idée du séparatisme ukrainien complet, qui se traduit chez les dirigeants actuels de l’émigration par une ignorance élémentaire (que saint-Vladimir était un Ukrainien) ou par une démence agressive : vive le communisme pourvu que les Moscovites crèvent !

Il va de soi que nous partageons les peines mortelles de l’Ukraine à l’époque soviétique. Mais d’où vient cette envie de trancher dans le vif et de séparer l’Ukraine (même les régions qui n’ont jamais été ukrainiennes : la Nouvelle Russie ou la Crimée, le Donbass et les territoires allant presque jusqu’à la mer Caspienne). S’il s’agit de « l’autodétermination de la nation », c’est la nation qui doit décider. Le problème ne peut pas être résolu sans un vote du peuple entier.

Détacher l’Ukraine aujourd’hui, c’est diviser des millions de familles et de personnes, tellement la population est mélangée ; il y a des régions entières à prépondérance russe ; combien de personnes ont du mal à choisir leur nationalité entre deux possibles ; combien de personnes ont des origines mixtes et combien recense-t-on de mariages mixtes, bien que personne ne les ait jamais considérés comme tels. Au sein de la population il n’y a même pas de velléité à l’intolérance entre les Ukrainiens et les Russes.

Frères ! Cette séparation violente est inutile, c’est une obnubilation de l’époque communiste. Nous avons enduré ensemble l’époque soviétique, nous nous sommes retrouvés ensemble dans cette fosse et nous en sortirons ensemble.

En deux siècles, combien de noms éminents avons-nous reçu à la croisée de nos deux cultures. Mikhaïl Dragomanov a dit à ce propos : « C’est inséparable, mais ce n’est pas mélangé ». La porte de la culture ukrainienne et biélorusse doit être largement ouverte avec bienveillance et joie non seulement sur le territoire de l’Ukraine et de la Biélorussie, mais aussi de la Russie. Il ne doit y avoir aucune russification forcée (mais aussi aucune ukrainisation forcée comme cela a eu lieu à la fin des années 1920), rien ne doit empêcher le développement des cultures parallèles et l’enseignement dans les écoles doit être dispensé en deux langues, selon le choix des parents.

Si le peuple ukrainien veut en effet se détacher, personne ne devra certes le retenir par la force. Mais ce pays étendu est très varié et seule la population locale peut décider du sort de son territoire, de sa région et chaque minorité nationale apparaissant dans ce territoire doit être accueillie par la non-violence à son égard.

Tout ce qui a été dit concerne également la Biélorussie, à la seule différence que là, le séparatisme n’a pas été attisé d’une manière irréfléchie.

Pour conclure : nous devons rendre hommage à la Biélorussie et à l’Ukraine qui ont vécu la catastrophe de Tchernobyl provoquée par les arrivistes et les imbéciles du système soviétique et en éliminer les séquelles dans la mesure de nos forces. »

Baudouin Lefranc

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mercredi, 20 août 2014 | Lien permanent

Michel Jobert

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Michel Jobert

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Qui se souvient encore de Michel Jobert qui se présentait comme « un phénomène insolite dans la vie politique française » ? Né à Meknès au Maroc le 11 septembre 1921 et mort à Paris le 25 mai 2002, combattant dans l’Armée d’Afrique en 1944 – 1945, cet énarque de la promotion « Croix de Lorraine » 1947 – 1948 intègre la Cour des Comptes, puis participe à différents cabinets ministériels parmi lesquels ceux de Pierre Mendès France en 1954 et de Georges Pompidou de 1966 à 1968. Georges Pompidou le nomme ensuite Secrétaire général de la présidence de la République en 1969. En 1973, il devient ministre des Affaires étrangères. En une année, il réaffirme la politique d’indépendance de la France, conteste la double domination planétaire des États-Unis et de l’URSS, tient tête à Henry Kissinger, refuse que le lien transatlantique entérine la soumission des Européens aux volontés de Washington, soutient la cause palestinienne et encourage le dialogue euro-arabe.

Partisan de Jacques Chaban-Delmas à la présidentielle anticipée de 1974, il entre aussitôt dans l’opposition à Valéry Giscard d’Estaing et fonde le Mouvement des Démocrates qu’il situe « ailleurs », au-delà de la gauche et de la droite. Ne pouvant pas réunir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à la présidentielle de 1981, il se rapproche de François Mitterrand qui le nomme ministre d’État, ministre du Commerce extérieur. Ne disposant d’un cabinet opérationnel que bien longtemps après son entrée en fonction, Michel Jobert tente alors une politique commerciale néo-colbertiste sabotée par les manœuvres de l’Élysée. Constatant finalement qu’« il occupait un poste mal défini, qui n’avait jamais répondu aux nécessités de l’heure », il démissionne en 1983 et poursuit un engagement politique fort loin des modes médiatiques. Ainsi n’hésite-t-il pas à condamner l’intervention occidentale au moment de la Deuxième Guerre du Golfe en 1990 – 1991.

jobertmémoire.jpgLors du référendum de Maastricht de 1992, il appelle à un « oui » critique au nom de l’intérêt de l’Europe, car Michel Jobert est très européen. « L’Europe, si elle nous tient à cœur, n’aura de visage, d’identité, que si elle est capable d’assurer elle-même sa sécurité, au lieu de faire semblant de ne pas voir que, au-dessus d’elle, le parapluie nucléaire américain est troué depuis des années et que les États-Unis se replient d’Europe, à l’évidence (dans L’aveuglement du monde occidental. Chroniques de politique internationale 1993 – 1996, Albin Michel, 1997, p. 334). » Parfois désabusé, il estime par exemple que « la fameuse trilogie – monnaie unique, politique étrangère commune, défense commune – est, malgré les étapes et les dates fixées dans l’accord de Maastricht, du domaine de l’imaginaire ou de l’approximation (op. cit., p. 25) ».

En 1984, il publie Vive l’Europe libre ! Réflexions sur l’Europe avec le centre d’études du Mouvement des Démocrates (Ramsay). Il y avance déjà que « le paradoxe éclatant et pitoyable de l’Europe tient justement dans le contraste entre sa force économique et son inexistence politique. Toutes ces richesses et toutes ces capacités réunies ne sauraient garantir l’existence d’une communauté de destins, sans la détermination d’exister, réaffirmée jour après jour. En un mot, il ne saurait y avoir de Communauté européenne sans volonté de l’Europe (op. cit., p. 10) ».

Réaliste, Michel Jobert propose dans cet ouvrage une monnaie européenne de réserve autonome, une banque centrale européenne et une union monétaire. Il précise en outre « qu’il n’est pas de partisan sincère d’une Europe indépendante qui ne mette, comme condition indispensable à son existence, la réalisation prioritaire d’une politique de défense (op. cit., p. 148) ». Cela implique la formation au-dessus des États-membres d’une Confédération européenne avec un gouvernement désigné par le Conseil européen et qui s’occuperait d’environnement, de culture, de consommation, de famille, de monnaie et de défense. Cet exécutif confédéral serait contrôlé par un Sénat des États et responsable devant l’Assemblée des peuple d’Europe.

Michel Jobert le devinait. Tôt ou tard, « l’Europe entrera dans une zone grise, où il lui manquera l’essentiel : la volonté politique des États d’agir ensemble pour occuper une place sur un échiquier mondial en mutation (L’aveuglement…, op. cit., p. 45) ». Il savait fort bien que « la vocation de la France européenne n’est pas de s’aligner sur “ un consensus mou ” mais de faire fructifier le patrimoine commun des nations européennes, en valorisant d’abord le sien (op. cit., p. 243) ». Il était clair que pour Michel Jobert, « l’Europe sortira de la décadence ou du non-être si elle sait affirmer sa détermination, ses analyses et ses choix pour les imposer, à elle-même d’abord (Vive l’Europe…, p. 61) ».

Il annonçait enfin, visionnaire : « Mais comment ne pas sentir que dans l’Europe, alors que l’Italie, la Yougoslavie et l’Espagne hésitent devant leur destin, la France peut être une inspiratrice et un modèle ? Et qu’elle ne trouvera les recettes d’avenir que dans la participation de tous à cette recherche ? Oui, nous avons la liberté collective de définir et de bâtir notre vie. Les techniciens du pouvoir et leurs commissions n’y suffiront pas. La France est encore un pays colonial; elle a encore sa libération à faire (Mémoires d’avenir, Grasset, 1974, p. 16). » Michel Jobert savait que l’Europe ne sera indépendante qu’avec la fin de la présence délétère étatsunienne.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 19, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 11 septembre 2018 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

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lundi, 24 septembre 2018 | Lien permanent

War Raok n° 58

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EDITORIAL:

La victoire de l’audace  ! 

«  La passion doit céder parfois à la raison, lorsque l’on veut réellement atteindre le but que l’on s’est assigné...  ».

Cela ne signifie nullement l’abandon de nos idées, de nos convictions, mais la situation en Bretagne est arrivée à un tel degré qu’il nous faut envisager une stratégie nouvelle, une stratégie d’alliance et d’union avec l’ensemble du mouvement national breton. 

Certains, idéologues sectaires, considèrent que l’union nationale est un classique de la rhétorique politique, une expression magique qui, à chaque crise grave, revient comme une arlésienne. C’est, chaque fois, la même musique... Ils font fausse route et négligent que dans le cadre de la Bretagne il ne s’agit pas d’une simple crise, il s’agit d’une lutte de libération nationale, d’une lutte pour l’émancipation d’un peuple… Cette notion unanimiste consiste à considérer que, pour un temps, ce qui nous rassemble est au-dessus de ce qui nous divise et doit requérir deux principales conditions : qu’il existe un ennemi bien identifié et qu’elle s’inscrive dans un horizon temporel bien défini.

Alors oui cette union est plus nécessaire que jamais, mais il n’y a d’union réellement féconde que sur des principes et fondements certains. Il n’y a d’union digne d’être recherchée et voulue que celle qui ne se fait pas pour un jour, mais pour toujours. De même, il ne peut y avoir unité sans action ou alors elle n’est qu’une banale farce ou duperie et nous n’avons aucun goût pour participer à un rassemblement de pure forme.

Les enthousiasmes les plus ardents, les meilleures volontés ont beau s’unir, s’il ne s’agit que de doctrines, d’idéologies, de plans douteux… les plus belles flammes s’éteignent et ne laissent subsister qu’un peu de cendre froide. La plupart des militants nationalistes bretons sont animés d’un enthousiasme à la fois passionné, exalté et d’une volonté sincère de réaliser le bonheur du peuple breton. La plupart de ces hommes et femmes sont également des militants de valeur et tous ou au moins presque tous ont de toute évidence l’esprit et le cœur frappés comme d’une espèce d’illumination par le terrible sort fait au peuple breton par une république française s’arc-boutant sur un colonialisme d’un autre âge.

L’union nationale, le rassemblement de bonnes volontés, qui ne sont pas seulement valables par ce qu’ils sont, mais aussi par ce qu’ils représentent de possibilités pour la nation bretonne, doivent être une chose vraie. Une union nationale, qui associerait pour un temps les bonnes volontés et laisserait de côté les intérêts partisans au profit de l’intérêt général, doit être une véritable arme que nous devons brandir plus hardiment que jamais. La tâche qui reste à accomplir n’est pas insurmontable. Les militants bretons ont assez de caractère, de détermination en eux-mêmes et s’il leur en manquait, ils les puiseraient dans le souvenir de leurs héros, pour ainsi faire face aux dangers des nombreux ennemis de l’émancipation de notre peuple et aux bassesses mesquines de l’État français.

Pobl vreizh n’eo ket marv koulskoude c’hoazh, met war-nes mervel emañ* 

La mise sur pied d’une authentique union nationale doit, pour tous les défenseurs des libertés bretonnes, être salutaire et c’est pourquoi, plus résolu que jamais à l’union dans le combat et pour une action précise, tout patriote breton doit prendre conscience que la libération de la Bretagne dépend du succès d’une telle expérience. Nos amis Corses ont bien compris la nécessité de s’unir malgré leurs divisions.

Cette tâche, ce véritable espoir pour la Bretagne et pour son peuple, doit être la plus belle mais aussi la plus efficace de toutes celles qui nous sont imparties. Nous devons la mener à bien et assurer sa pleine réussite. De sa réalisation dépend pour la plus grande part l’avenir de la nation bretonne et du peuple breton.

Peut-être est-il temps de changer d’état d’esprit ?

Padrig MONTAUZIER

* Le peuple breton n’est pas encore mort, mais il est sur le point de mourir.

Sommaire War Raok n° 58

Buhezegezh vreizh page 2

Editorial page 3

Buan ha Buan page 4

Terre d’Europe

Les coutumes des peuples de Russie page 12

Politique

Covid-19, muezzin et Le Camp des Saints page 14

Histoire de Celtie

La bataille de Culloden page 18

Billet d’humeur

Et si l’on arrêtait de stigmatiser les extraterrestres ! Page 20

Tribune libre

La guerre sociale qui vient page 22

Identité bretonne

Bretagne : la vie des paysans jadis page 24

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton page 25

Europe

Pourquoi nous combattons page 33

Écologie

L’écologie vue de droite page 35

Géopolitique

La Russie de Poutine page 37

Histoire de Bretagne

Cadoudal : l’attentat de la rue Saint-Nicaise page 39

Environnement

Un environnement sain : un atout majeur pour la Bretagne page 43

Civilisation bretonne

Rapports entre principes féminin et masculin page 45

Nature

Les pics, des percussionnistes agréables à entendre page 47

Lip-e-bav

Potée bretonne version quimperoise page 49

Keleier ar Vro

Pardons bretons et troménies, patrimoine culturel page 50

Bretagne sacrée

Le château de Trécesson page 51

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mercredi, 26 août 2020 | Lien permanent

Les sept piliers de la sagesse mondialiste

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Les sept piliers de la sagesse mondialiste

par NicolasBonnal
Ex: https://nicolasbonnal.wordpress.com

L’accélération de la dictature mondialiste et du génocide qui va l’accompagner (et qui a déjà commencé, comme le Grand Reset, depuis le début des années 70) suppose une armature idéologique formidable, susceptible de couper l’herbe sous le pied à la résistance et de mettre fin à toute volonté populaire de se défendre. Comme on a vu avec Zinoviev récemment, cette démocratie totalitaire s’est mise en place avec la fin du communisme et s’est accélérée avec Obama, quand la gauche mondiale a basculé définitivement dans le camp du fascisme oligarchique et génocidaire (en France avec la présidence précédente).

Synthétisons leur stratégie globale en désignant ces sept piliers de la sagesse du diable qui parodient ceux du colonel Lawrence. Tout tourne autour d’une double volonté : dépeupler et souiller la nature humaine (cf. les Orcs de Tolkien).

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Malthusianisme et antiracisme : la dépopulation a commencé dans les années 70 (on saluera le rôle effrayant de VGE, modèle de technocrate mondialiste). Le malthusianisme oligarque qui ne veut ni pauvres, ni familles, ni peuples, suscite partout l’effondrement du niveau de vie. Les politiques antinatalistes mises en place au Japon au lendemain d’Hiroshima ont produit aussi leurs effets. Jusque-là cette dépopulation était appliquée aux peuples de couleur, maintenant à tous les peuples occidentaux. La culpabilisation de ces derniers est aussi un instrument de poids en matière de dépopulation/contrôle.

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Déchristianisation et désespoir : la révolution Bergoglio n’est pas une cause, elle est une conséquence. L’Eglise s’est coupé les pieds et la tête avec Vatican II et peu à peu la société totalitaire du capital a pu imposer son agenda. La lettre d’encouragement à Davos et aux mondialistes aura satisfait tous les humanistes et la rédaction de la Croix. Cette déchristianisation est allée de pair avec une crétinisation des esprits. Le pape semi-analphabète est loin des grands jésuites du siècle des Lumières et de leur enseignement, et il est amusant (paradoxal au sens de Chesterton) de voir que le recul de la religion est allé de pair avec un recul de la culture des humanités et du respect du patrimoine.

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Ecologie/catastrophisme : l’écologie est arrivée comme une bombe au tout début des années 70 avec Soleil vert et tout le reste, tous ces films qui prédisaient un futur apocalyptique qui n’a pas eu lieu, mais que l’on va créer maintenant, comme on crée les coupures du courant, le sabotage énergétique et les pénuries. On assiste au saccage en Europe de centaines de paysages grandioses et même classés par ces éoliennes qui ravagent  la vue et le sol et sont, disait même le Monde, construites par l’argent des mafias. Mais quand on n’aime pas, on ne compte pas.

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Technophilie  et addiction : la technophilie se développe avec le fascisme rétro et avec un retour en arrière drastique en matière culturelle (le rétrofuturisme de mon internet nouvelle voie) : on oublie le passé classique et chrétien de l’Europe et on revient à la préhistoire, au temps païens et esclavagistes, à la barbarie imbécile teintée de survie. La technophilie est une drogue et en tant que drogue elle démobilise la victime et même la résistance. Elle est plus facile à se procurer que le reste maintenant – et moins chère.  J’avais dit que la seule manière de résister au camp de concentration électronique est le tellurisme. Voyez le Partisan de Carl Schmitt, penseur incompris qui célébra la résistance russe, espagnole, vietnamienne ; mais tout cela s’estompe avec un écran devant les yeux tout le jour. Se surinformer n’est pas résister. Demandez à Lucien Cerise qui prend en ce moment le risque de manifester régulièrement, de se faire arrêter et embarquer au poste. Soulignons le remarquable parcours (débats et happenings) de Florian Philippot au passage, pendant que le RN vote avec LREM…

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Féminisme et révolutions sexuelles : ici le projet est banal, la séparation des sexes et le malthusianisme, avec une touche de culture de soumission sadienne (LGBTQ…). Les moyens sont divers, qui vont de la pédophilie (voyez les articles de Vincent Held) à la chasse désormais banale  au mâle blanc en passant par la médiatisation hystérique de n’importe quel fait divers. Désolé, mais la parité a permis aussi de mettre un certain nombre d’incompétentes au pouvoir et on arrive à un sommet en la matière. On soulignera le rôle sinistre de la démocratie américaine en cette matière féministe. Mais Tocqueville et Beaumont nous avaient prévenus, avant Emmanuel Todd.

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Vaccination et pharmacie ; on parle de leurs vaccins et de leur capacité exterminatrice. Mais le vaccin n’est que la cerise sur le gâteau pourri de la médecine postmoderne. Debord a dénoncé, et bien des médecins depuis, jusqu’au jeune Louis Fouché, les méthodes démentes de la médecine spectaculaire censée approuver ce qui est, c’est-à-dire les cours de la bourse, une bourse qui n’a plus besoin pour monter de l’activité humaine et qui ne veut plus d’hommes. Une étude américaine vient de montrer que les enfants non-vaccinés sont en meilleure santé que les vaccinés. On s’en doutait, les vaccins étant moins utiles que jadis ;  Kennedy Jr (celui qu’ils n’ont pas encore tué) a rappelé qu’un américain subit la bagatelle de soixante-dix  vaccins aujourd’hui. Et 45% des Américains sont en mauvaise santé. Comme on a dit, le génocide est déjà commencé depuis les années 70.

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Enfin, la sacralisation de l’élite : c’est le plus inquiétant, ces monstres qui veulent être divinisés. Les gourous en matière informatique, économique et financière, culturelle et spirituelle sont apparus aussi à partir des années 70, copie de cette Inde sous contrôle. Une caste sacerdotale en émerge, formée par des économistes hauts tortionnaires, des hommes politiques indélogeables. Ici on a repris le modèle des castes. Les Schwab, Gates et autres, au lieu d’être traités comme les criminels qu’ils sont, sont considérés comme des brahmanes, des sauveurs, des guides. Les Lagarde, Merkel, May, au lieu d’être considérées comme des crétines devenaient, avant Greta, les femmes qui vont sauver le monde (dixit l’Express). Il est très important en effet pour soumettre la masse de désigner des grands-sorciers claniques, ce qui explique sans doute les tenues vestimentaires qui font en ce moment la popularité du vieux Schwab. Dans la parodie satanique traditionnelle sont a parlé Guénon, il règne une volonté de créer une pseudo-élite traditionnelle nous ramenant à la pureté primordiale (le Reset). Pour eux ce Reset est une catharsis.

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jeudi, 10 décembre 2020 | Lien permanent

Non à la société multiculturelle néolibérale, oui à la communauté et à l’identité sociale

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Non à la société multiculturelle néolibérale, oui à la communauté et à l’identité sociale

Par Enric Ravello Barber

Ex : https://www.enricravellobarber.eu

L'immigration massive, le multiculturalisme, la substitution démographique sont la conséquence du paradigme idéologique actuel, de la superstructure idéologique - comme dirait Marx - qui détermine la structure sociale et économique. Ce paradigme, que beaucoup appellent aujourd'hui mondialisme ou mondialisation, n'est rien d'autre que le développement logique des principes de l'idéologie libérale. Pour guérir une maladie, la première chose à faire est dresser un bon diagnostic, d’observer les symptômes et d’en déterminer la cause. Nous sommes clairs : le libéralisme est la cause principale de tous les problèmes conflictuels dont souffrent les sociétés européennes aujourd'hui. Par conséquent, c'est le grand ennemi à détruire.

ravello_new.jpgPour le libéralisme, l'homme est né "ex novo". C'est-à-dire qu'il ne fait pas partie d'une communauté, d'une tradition ou d'une identité, il est simplement un individu qui est mû par son seul intérêt individuel et économique. D'une certaine manière, le libéralisme est la théorie de l'individualisme absolu, dans laquelle l'individu, sans racines, sans passé ni mémoire, et donc égal et interchangeable avec le reste des hommes, s'associe à d'autres pour défendre ses propres intérêts qui sont essentiellement de nature économique. Cet amalgame d'intérêts particuliers crée la société, comprise essentiellement comme un marché.

Conçu comme un pacte de minima, l'État est "un moindre mal" qu'il faut réduire au maximum pour que ce soit le marché - le totem libéral - qui régule les relations entre les individus.

De cette même logique libérale naît le concept ambigu et liquide "d'intégration" qui, dans l'imaginaire libéral, se traduit par l'incorporation plus ou moins ordonnée à la société de marché de nouveaux individus en tant que simples producteurs/consommateurs.

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Nous, les identitaires, sommes à l'antithèse, tant dans ses principes que dans son application, de la pensée libérale. Pour nous, la société n'est pas créée par un contrat commercial (principe libéral) mais par une histoire, un patrimoine et une tradition (principe identitaire). La personne naît avec un héritage et dans un certain environnement : elle fait, dès le premier instant, partie d'un groupe et ce sont ces groupes, les peuples, qui créent les États. Pour les identitaires, le "nous" précède et conditionne le "je", tandis que le "je" détaché du "nous", est la base de l'idéologie libérale, uniformisante et mondialiste.

C'est pourquoi nous soulignons que le concept d'intégration est une erreur. Les cultures, qui n'apparaissent pas spontanément, sont l'expression mentale et formelle de peuples. Si le peuple disparaît, sa culture disparaîtra aussi. Il ne faut pas confondre "intégration" et "imitation" (des formes externes et de l'accès au marché du travail) - ce qui est l’erreur libérale. Une culture est quelque chose de bien supérieur, de bien plus large et de plus complexe.

Dans la Grèce classique, berceau de la démocratie (le pouvoir du peuple), le "demos" était lié à l'ethnicité. Rien à voir avec un regroupement d'individus qui sont en relation les uns avec les autres dans un intérêt économique et commercial. Il est temps de retrouver le vrai sens de la démocratie.

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En comprenant la société comme une communauté qui partage des liens historico-culturels profonds, nous sommes aux antipodes du libéralisme et de son idée de réduire l'État à un minimum. L'État est l'instrument politique de la communauté historique-identitaire et, par conséquent, il veillera à protéger tous ses membres et ne l'abandonnera pas à la volonté injuste du "marché".

C'est pourquoi nous défendons un secteur public fort et digne qui assure la santé, les droits sociaux et l'éducation de tous les membres de notre communauté nationale et populaire. Être identitaire comporte nécessairement un élément social fort, le contraire est, disons-le clairement, la trahison de son propre peuple en tant que communauté organique.

unnamedGV.jpgAinsi, nous désignons le libéralisme comme l'ennemi absolu, ses œuvres et ses dirigeants, qui ne peuvent jamais être une référence à quiconque s'identifie à nos postulats, à titre d'exemple nous citons la malfaisante Margaret Thatcher et ses politiques néolibérales de privatisation du secteur public ; nous reprenons la citation de Géraldine Vaughan (photo), docteur en histoire et civilisation britanniques, qui dans le contexte du référendum sur l'indépendance de l'Écosse en 2014 a déclaré : "L'idéologie thatcherienne a attaqué les valeurs écossaises profondément ancrées dans l'idée de communauté. L'exaltation de l'individualisme n'est ni comprise ni acceptée. La politique néolibérale de Thatcher a pulvérisé l'État, et cela a été ressenti comme une attaque contre l'idée de communauté. Un fossé idéologique et moral s'est ainsi ouvert avec les Écossais".

Contre tout libéralisme, individualisme et mercantilisme, nous luttons pour un "niveau de vie" décent dans la sphère socio-économique et pour un "mode de vie" propre dans la sphère communautaire et nationale.

Enric Ravello.

 

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dimanche, 03 janvier 2021 | Lien permanent

Pour Claude Lévi-Strauss, défendre son identité n’est pas un crime

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Pour Claude Lévi-Strauss, défendre son identité n’est pas un crime

Par Nicolas Faure

Ex: https://nicolasfaure.me

Claude Lévi-Strauss est un anthropologue et ethnologue de renom, décédé en 2009 à l’âge de 100 ans. Ce monument intellectuel est respecté par tous. Mais cet homme brillant a développé plusieurs opinions qui vont à l’encontre de la pensée unique et du politiquement correct. Parmi ces prises de position qui lui vaudraient aujourd’hui le pilori médiatique, son apologie de la défense de son identité.


Le fameux discours « Race et culture » pour l’UNESCO

41XPSKTMC4L._SX326_BO1,204,203,200_.jpgEn 1971 et Claude Lévi-Strauss donnait une conférence pour l’UNESCO sur le thème Race et culture.

Sa conclusion était sans appel : la protection des particularismes identitaires d’une culture passe par une fermeture minimum aux cultures extérieures.
Selon l’ethnologue, protéger son identité ne peut pas être assimilé à du racisme ou à de la xénophobie, c’est une constante humaine que de vouloir transmettre son identité à ses descendants.

Les quelques lignes de son intervention ci-dessous sont limpides.

« La fusion progressive de populations jusqu’alors séparées par la distance géographique, ainsi que par des barrières linguistiques et culturelles, marquait la fin d’un monde qui fut celui des hommes pendant des centaines de millénaires, quand ils vivaient en petits groupes durablement séparés les uns des autres et qui évoluaient chacun de façon différente, tant sur le plan biologique que sur le plan culturel.
Les bouleversements déclenchés par la civilisation industrielle en expansion, la rapidité accrue des moyens de transport et de communication ont abattu ces barrières.
En même temps se sont taries les chances qu’elles offraient pour que s’élaborent et soient mises à l’épreuve de nouvelles combinaisons génétiques et des expériences culturelles.

Or, on ne peut se dissimuler qu’en dépit de son urgente nécessité pratique et des fins morales élevées qu’elle assigne, la lutte contre toutes les formes de discrimination participe de ce même mouvement qui entraîne l’humanité vers une civilisation mondiale, destructrice de ces vieux particularismes auxquels revient l’honneur d’avoir créé les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie et que nous recueillons précieusement dans les bibliothèques et dans les musées parce que nous nous sentons de moins en moins certains d’être capables d’en produire d’aussi évidentes.

Sans doute nous berçons-nous du rêve que l’égalité et la fraternité régneront un jour entre les hommes sans que soit compromise leur diversité. Mais si l’humanité ne se résigne pas à devenir la consommatrice stérile des seules valeurs qu’elle a su créer dans le passé, capable seulement de donner le jour à des ouvrages bâtards, à des inventions grossières et puériles, elle devra réapprendre que toute création véritable implique une certaine surdité à l’appel d’autres valeurs, pouvant aller jusqu’à leur refus, sinon même leur négation.
Car on ne peut, à la fois, se fondre dans la jouissance de l’autre, s’identifier à lui, et se maintenir différent.

Pleinement réussie, la communication intégrale avec l’autre condamne, à plus ou moins brève échéance, l’originalité de sa et de ma création. Les grandes époques créatrices furent celles où la communication était devenue suffisante pour que des partenaires éloignés se stimulent, sans être cependant assez fréquente et rapide pour que les obstacles indispensables entre les individus comme entre les groupes s’amenuisent au point que des échanges trop faciles égalisent et confondent leur diversité. »

Claude Lévi-Strauss fait l’éloge des frontières

Claude Lévi-Strauss fait même l’éloge des frontières, voyant en elles une nécessité pour développer des différences.

« Une culture consiste en une multiplicité de traits dont certains lui sont communs, d’ailleurs à des degrés divers, avec des cultures voisines ou éloignées, tandis que d’autres les en sépare de manière plus ou moins marquée. Ces traits s’équilibrent au sein d’un système qui, dans l’un et l’autre cas, doit être viable, sous peine de se voir progressivement éliminé par d’autres systèmes plus aptes à se propager ou à se reproduire.

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Pour développer des différences, pour que les seuils permettent de distinguer une culture des voisines deviennent suffisamment tranchés, les conditions sont grosso modo les mêmes que celles qui favorisent la différenciation biologique entre les populations : isolement relatif pendant un temps prolongé, échanges limités, qu’ils soient d’ordre culturels ou génétiques.
Au degré près, les barrières culturelles sont de même nature que les barrières biologiques; elles les préfigurent d’une manière d’autant plus véridique que toutes les cultures impriment leur marque au corps : par des styles de costume, de coiffure et de parure, par des mutilations corporelles et par des comportements gestuels, elles miment des différences comparables à celles qui peuvent exister entre les races; en préférant certains types physiques à d’autres, elles les stabilisent et, éventuellement, les répandent. »

Face aux accusations de racisme, Claude Lévi-Strauss tient bon

Appelé à se justifier de ses propos jugés dérangeants, Claude Lévi-Strauss reste droit dans ses bottes, condamnant même la banalisation des accusations de racisme et de xénophobie.

« Je m’insurge contre l’abus de langage par lequel, de plus en plus, on en vient à confondre le racisme et des attitudes normales, légitimes même, en tout cas inévitables.

Le racisme est une doctrine qui prétend voir dans les caractères intellectuels et moraux attribués à un ensemble d’individus l’effet nécessaire d’un commun patrimoine génétique. On ne saurait ranger sous la même rubrique, ou imputer automatiquement au même préjugé l’attitude d’individus ou de groupes que leur fidélité à certaines valeurs rend partiellement ou totalement insensibles à d’autres valeurs.
Il n’est nullement coupable de placer une manière de vivre et de la penser au-dessus de toutes les autres et d’éprouver peu d’attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, qui s’éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. Cette incommunicabilité relative peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent, et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement.

unnamedclsrh.jpgSi comme je l’ai écrit ailleurs, il existe entre les sociétés humaines un certain optimum de diversité au-delà duquel elles ne sauraient aller, mais en dessous duquel elles ne peuvent non plus descendre sans danger, on doit reconnaître que cette diversité résulte pour une grande part du désir de chaque culture de s’opposer à celles qui l’environnent, de se distinguer d’elles, en un mot d’être soi : elles ne s’ignorent pas, s’empruntent à l’occasion, mais pour ne pas périr, il faut que, sous d’autres rapports persiste entre elles une certaine imperméabilité. »

Un intellectuel de l’envergue de Claude Lévi-Strauss tenait donc il y a quelques décennies un discours que ne renieraient pas ceux qui se battent pour défendre leur identité, menacée par l’immigration extra-européenne.

Cependant, si un nombre croissant d’intellectuels de gauche (Onfray, Finkielkraut, etc.) saisit de plus en plus l’importance de la question identitaire – même avec énormément de prudence -, la base de cette famille politique reste, elle, en grande majorité imperméable à la prise de conscience identitaire.

Nicolas Faure
26 juin 2017

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