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Le livre noir de la nouvelle gauche

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Le livre noir de la nouvelle gauche

par Michele Fabbri

Source: https://www.centrostudilaruna.it/marxismo-missione-compiuta.html

La première forme d'oppression qui se manifeste dans l'histoire est celle exercée par les hommes sur les femmes. Ce concept, évoqué par Marx et approfondi par son camarade Engels, est le fondement des démocraties "avancées" d'aujourd'hui, c'est-à-dire des sociétés fémino-centriques et homosexualisées du 21ème siècle. Nous pouvons donc constater aujourd'hui que les systèmes fondés sur la "politique du genre" sont ipso facto marxistes. Cette prise de conscience est nécessaire pour imaginer une alternative à l'état actuel des choses, et certaines avant-gardes intellectuelles commencent à attirer l'attention sur cette question. C'est le cas de deux jeunes et brillants universitaires hispanophones, Agustin Laje et Nicolás Márquez, qui ont publié une étude traduite en italien en 2023 : Le livre noir de la nouvelle gauche.

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Cette étude, axée sur l'idéologie du genre, analyse la montée irrésistible du lobby gay et du pouvoir féministe dans le monde occidental. Il en ressort notamment que dans les pays où le socialisme réel a été mis en œuvre, le statut des femmes n'a pas particulièrement progressé: aucun pays du bloc communiste n'a connu de leadership féminin. Quant aux homosexuels, ils ont souvent été persécutés par la loi dans les régimes marxistes. Les auteurs du livre s'interrogent sur ces contradictions inconciliables dans le monde socialo-communiste et estiment que les marxistes ont en tête le vieil objectif de l'abolition de la propriété privée, qu'ils voudraient atteindre en s'appuyant sur la Sainte Alliance entre le féminisme et l'homosexualisme. Le monde homosexuel, bien que négligeable en nombre, jouit d'une puissance médiatique globale. L'homosexualisme servirait alors de bélier pour casser le capitalisme, dit hétéro-capitalisme, avec l'objectif habituel de détruire la famille.

Le livre fait particulièrement référence au monde latino-américain, que les auteurs connaissent très bien, où l'homosexualité est en général organisée au sein de groupes d'extrême gauche. Cependant, la réalité en Europe et en Amérique du Nord montre une image différente: le capitalisme avancé semble être le liquide amniotique de l'homosexualité, qui jouit souvent d'un consensus politique unanime. Fondamentalement, le système occidental est animé d'une haine viscérale à l'égard du mâle hétérosexuel, tenu pour responsable des maux du monde. La criminalisation du genre masculin est l'exercice quotidien des grands médias, et les frustrations de toutes sortes se coagulent dans la misandrie d'État, devenue aujourd'hui une religion civile interclassiste.

Quelle que soit l'interprétation que l'on souhaite donner aux pulsions qui se manifestent dans l'opinion publique, le livre de Màrquez et Laje regorge d'informations utiles et de citations mettant en lumière les piliers de l'idéologie arc-en-ciel, dans laquelle les invitations explicites à la pédophilie, à la coprophilie, à l'inceste, aux pratiques sexuelles extrêmes telles que la roulette russe du SIDA, et même la théorisation d'une démocratie sexuelle post-humaine basée sur l'orifice anal, ne manquent pas... Autant de sujets qui n'ont jamais été abordés par les médias généralistes et qu'il est juste de porter à la connaissance d'un public non averti qui se plie désormais à la rhétorique gay de manière inconsciente, presque par réflexe conditionné.

Les deux chercheurs, qui s'expriment avec une franchise très rare et vraiment louable de nos jours, sont des auteurs d'origine catholique, et de nombreux catholiques italiens, chloroformés par la rhétorique bien-pensante du pape Bergoglio, seront certainement choqués par un langage aussi explicite. C'est une autre raison pour laquelle il vaut la peine de s'attaquer à cette lecture, qui offre, parmi de nombreuses informations intéressantes, des statistiques indicatives pour une évaluation du phénomène LGBT. Les lecteurs trouveront des données sur la prévalence exceptionnelle des maladies vénériennes chez les homosexuels: ces informations sont soigneusement cachées au public et contrastent fortement avec les programmes de santé souvent mis en œuvre par les politiciens (pensez aux campagnes antitabac). On détourne les citoyens du vice de la cigarette, tout en les poussant à des formes de promiscuité sexuelle extrêmement dangereuses du point de vue de la santé !

Une partie du livre est consacrée à l'idéologie de l'avortement, qui est la question anthropologique la plus importante. En outre, l'ouvrage décrit des propositions politiques qui apparaissent dans les publications de la région et qui sont susceptibles d'être mises en œuvre dans un avenir proche: homosexualité obligatoire, hétérosexualité interdite, camps de concentration pour les hommes...

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Mais au-delà des observations du livre, on peut dire que le marxisme a gagné avec l'effondrement du mur de Berlin. La haine sociale que le communisme prônait dans les années 1900 s'est transformée en un conflit permanent des sexes entre hommes et femmes ainsi qu'entre homosexuels et hétérosexuels. Le changement de mentalité s'est opéré grâce à l'endoctrinement généralisé des marxistes pendant la période de la guerre froide: sous l'égide de l'école de Francfort, ils ont commencé à comprendre que le capitalisme, tout en générant de grandes inégalités dans la répartition des richesses, réalisait en même temps l'émancipation des femmes, ce qui était évidemment pour les marxistes un objectif bien plus attrayant que la "justice sociale". Le capitalisme a favorisé le travail des femmes pour accroître la consommation, ce qui a également permis d'augmenter les revenus imposables: en bref, les capitalistes ont secoué l'arbre et les marxistes ont récolté les fruits... Après tout, ce n'est pas la première fois que les deux côtés de la modernité collaborent amoureusement !

À long terme, la disponibilité accrue de la main-d'œuvre a généré un chômage de masse et maintenu les salaires à un bas niveau, tandis que le relâchement des liens du sang a fragmenté les patrimoines familiaux. Sans parler du déclin démographique qui conduit les sociétés "avancées" au suicide... Un scénario d'appauvrissement généralisé s'est ainsi mis en place, rendant les travailleurs facilement accessibles au chantage. Ainsi, avec la dématérialisation progressive de l'institution familiale, tout sens de la communauté a été éliminé, ce qui a conduit à un individualisme radical et à la guerre de tous contre tous qui en découle. Le résultat est un modèle social qui tend vers le dystopisme, très proche du communisme puisqu'il vise à l'homologation des modes de vie : aujourd'hui, même les "conservateurs" autoproclamés ont intériorisé le langage arc-en-ciel et l'utilisent sans même s'en rendre compte

Le chef-d'œuvre des progressistes a donc été de féminiser la psychologie de masse. La mentalité de la société contemporaine reflète l'attitude typique des femmes : soumises, obéissantes, serviles... Ainsi, les velléités de rébellion sont facilement absorbées et la classe politique a beau jeu de conditionner des individus castrés, devenus incapables de réagir aux injustices dont ils sont eux-mêmes victimes !

Le livre de Laje et Màrquez se limite à l'aspect idéologique et propagandiste de la question, mais il serait intéressant d'approfondir les thèmes des manipulations biologiques qui ont permis d'établir le Gender; cependant, ces sujets nécessitent une expertise scientifique qui dépasse la formation des deux auteurs, formés en droit et en sociologie. Pour toutes ces raisons, la bataille politique se joue aujourd'hui sur le front du Gender, que l'on peut désormais définir comme le communisme du 21ème siècle. Les arguments ne manquent pas pour démontrer les contradictions du système. Les apories manifestées dans le socialisme réel suffisent déjà largement à discréditer le cadre conceptuel du progressisme, mais l'idéologie du genre est encore plus inconcevable. S'il est vrai, comme le disent les genderistes, que le genre sexuel est un choix psychologique et non un fait biologique, alors tout le monde peut se déclarer femme et tous les problèmes du monde seront résolus: il n'y aura plus de raison d'élaborer des politiques spécifiques pour les femmes ! Le fait que les oligarchies se renforcent au fur et à mesure que l'arc-en-ciel se lève ne fait que confirmer le caractère contre-initiatique du progressisme, historiquement soutenu et financé par des noms bien connus des "complotistes"...

Nicolas Màrquez, Agustin Laje, Il libro nero della nuova sinistra. Ideologia di genere o sovversione culturale, (= Le livre noir de la nouvelle gauche. Idéologie du genre ou subversion culturelle), Editions Eclectica 2023, p.284.

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jeudi, 28 septembre 2023 | Lien permanent

La revue de presse de CD - 18 décembre 2022

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La revue de presse de CD

18 décembre 2022

EN VEDETTE

Quelle politique migratoire pour la France ? – Propositions concrètes

Dans une étude précieuse – que Polémia publie en 7 parties tant elle est importante et complète – André-Victor Robert analyse en profondeur la politique migratoire que devrait adopter la France. Dans cette ultime partie, ce haut fonctionnaire avance plusieurs propositions concrètes. Retrouvez l’intégralité de l’étude au format PDF en cliquant sur ce lien. Par André-Victor Robert, haut fonctionnaire.

polemia.com

https://www.polemia.com/quelle-politique-migratoire-pour-...

AFRIQUE

Biden ouvre le sommet sur l’Afrique en sanctionnant les dirigeants africains

L’administration Biden organise un sommet avec une quarantaine de dirigeants de pays africains. Le titre de l’article du New York Times sur ce sommet est révélateur : Biden fait venir les dirigeants africains à Washington, en espérant les impressionner. « Amener les dirigeants africains à Washington » ? Pourquoi ne pas plutôt écrire « inviter les dirigeants africains à Washington » ? Cela ne rappelle-t-il pas les millions d’Africains qui ont été « amenés en Amérique » au cours des siècles passés?

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/biden-ouvre-le-sommet-sur-l...

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ASIE

Les héritiers de Gengis Khan à l’assaut de la démocratie?

Les contacts entre les peuples de la steppe et l’Europe se sont tissés dès la plus haute Antiquité. Des rencontres, des échanges et aussi des guerres qui ont conduit à une admiration et une méfiance réciproque.

revueconflits.com

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DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ

Traité international sur la pandémie: l’OMS se réunit pour imposer la censure de la « désinformation »

Les membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une agence internationale de santé publique non élue, se réunissent pour examiner une version préliminaire d’un projet de traité international sur la pandémie qui donnera à l’OMS de nouveaux pouvoirs pour « lutter contre les informations fausses, trompeuses, la mésinformation ou la désinformation » et être juridiquement contraignant en vertu du droit international. Le projet de traité contient diverses dispositions à l’article 16 (« Renforcement de la pandémie et de la littératie en santé publique ») qui obligent les 194 États membres de l’OMS (qui représentent 98 % de tous les pays du monde) à cibler la soi-disant désinformation.

reseauinternational.net

https://reseauinternational.net/traite-international-sur-...

Pour une journaliste du service public, Zemmour «n’a rien d’un être humain»!

Éric Zemmour était invité sur BFM TV pour faire face à un festival de mauvaise foi journalistique, face à trois interrogateurs qui lui coupaient la parole, lui reprochaient de ne rien proposer de concret ou voulaient absolument lui faire tenir des propos racistes. Comme après chaque interview sur BFM TV, les séquences les plus marquantes de l'entretien ont été diffusées sur Twitter, accompagnées d'un sobre résumé. C’en était trop pour Khadija Toufik, journaliste rédactrice au service économie de France Télévisions qui a posté : « On s'en fiche, de ce qu'il raconte! Par pitié, arrêtez de donner la parole à cet individu qui n'a rien d'un être humain. »

bvoltaire.fr

https://www.bvoltaire.fr/pour-une-journaliste-du-service-...

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Grève au New York Times

Le NYT est une institution du clergé médiatique libéral libertaire. Un vrai succès économique, le journal woke par excellence qui met une majuscule à Black, mais pas à white. Le même qui voit dans la décapitation de Samuel Paty une bavure policière. Mais dont certains employés se mettent en grève pour des histoires de gros sous.

ojim.fr

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Revue de presse RT du 4 au 10 décembre

Exercice hebdomadaire de dé/réinformation à partir de la RDP de Russia Today. Au sommaire de cette semaine : les importations américaines en provenance de Russie ont plus que doublé ; problèmes entre Serbes et Albanais de souche dans le Kosovo ; les censures dans le monde occidental ; le dollar et l’euro fortement concurrencés par d’autres monnaies ; l’Égypte rejoint le banque BRICS ; la guerre chaude en Ukraine ; les aveux de Merkel ; l’embargo sur le pétrole russe.

lesakerfrancophone.fr

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ÉCOLOGIE/PUNITIVE OU PAS

Plus productive et toujours durable, les progrès nécessaires de l’agriculture

L’agriculture a domestiqué les hommes depuis plus de 12 000 ans en les attachant à un territoire devenu patrimoine. Elle a permis à l’humanité de s’alimenter et d’atteindre aujourd’hui les 8 milliards d’habitants. Rien ne s’est montré plus durable. Et ça doit continuer.

Le blog de Michel de Rougemont

https://blog.mr-int.ch/?p=8795&utm_source=mailpoet&am...

ÉCONOMIE

Reconsidérer la géoéconomie comme un élément constitutif de l'analyse géopolitique

Pour assurer une analyse géopolitique complète, il est fondamental de toujours aussi garder à l'esprit la géoéconomie, une sous-discipline qui devrait être mieux formalisée et structurée pour faciliter son utilisation efficace.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/12/04/r...

ÉNERGIES

Audition détonante de l’ancien Haut-commissaire à l’énergie atomique

L’audition de la commission ad hoc de l’Assemblée nationale du Haut-commissaire à l’énergie atomique, Yves Bréchet, souligne magistralement l’absence totale de vision à long terme des dirigeants politiques français.

contrepoints.org/

https://www.contrepoints.org/2022/12/14/445827-audition-d...

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Audition d'Henri Proglio sur la transition énergétique

Devant la commission de l’Assemblée nationale, le président d'honneur d'EDF, Henri Proglio, s’est exprimé sur l’indépendance énergétique et la dégringolade de notre souveraineté nationale. Après avoir résumé l’état de l’énergie en France au début du siècle, alors modèle dans le monde entier, il commence son réquisitoire : « Il ne restait qu’à tout détruire ». Pourquoi ? Comment ? Tels sont les développements d’une dramatique descente aux enfers. Les accusés : l’Europe et les différents gouvernements français.

qwant.com

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ÉTATS-UNIS

Le Parti de la guerre est le véritable vainqueur des élections US de mi-mandat

Les fabricants d’armes distribuent beaucoup d’argent pour s’assurer que, quel que soit le parti au pouvoir, ce sont bien les législateurs de ce parti-là qui mènent la danse.

les-crises.fr

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dimanche, 18 décembre 2022 | Lien permanent

Jean Haudry et l'énigme indo-européenne

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Jean Haudry et l'énigme indo-européenne

Par Constantin von Hoffmeister

Source: https://arktos.com/2023/05/24/jean-haudry-and-the-indo-european-enigma/?fbclid=IwAR2WmQd6ERfpoXxE-iEe0SbEUiAbWVn_6We--tt-IhTV9VpjdHfMJA7pgHI

Constantin von Hoffmeister rend un hommage poignant à Jean Haudry, explorant l'impact durable de l'universitaire sur les études indo-européennes et son rôle influent au sein de la Nouvelle Droite française.

Alors que la pâleur du crépuscule d'hier descendait, un silence s'est abattu sur l'Europe. Jean Haudry, homme de lettres passionné par l'étude des langues anciennes et des cultures qui les accompagnent, a achevé son pèlerinage vers la mort et est entré dans les salles de fête du Valhalla. Avec son départ, nous nous trouvons au bord d'un gouffre, celui de l'introspection, regardant vers l'abîme et l'écho d'un héritage laissé derrière nous. Cette figure éminente, monument de fidélité indéfectible, de perspicacité scientifique et de curieuse fusion entre la rigueur de l'enquête et les points de vue partisans, nous invite à une méditation solennelle.

Le voyage de Haudry a commencé le 28 mai 1934 - un jour de brise illuminé par un soleil exceptionnellement radieux - dans le bourg Perreux-sur-Marne, niché dans le cœur vibrant de la France. Les vents du destin ont voulu que son chemin serpente à travers les rigueurs académiques et les subtilités politiques, créant une histoire de vie aussi complexe que les civilisations anciennes qu'il a consacré son existence à comprendre.

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Dès son plus jeune âge, Haudry est attiré par les souvenirs lointains des langues oubliées. Il s'est plongé dans l'étude des langues indo-européennes, vestiges fantomatiques de civilisations autrefois florissantes. Le sanskrit, joyau linguistique sacré de l'Orient, le grec ancien, dialecte des philosophes renommés, et le latin, langue dominante du puissant Empire romain, ont tous trouvé en Haudry un érudit dévoué.

La marche inexorable du temps l'a conduit dans les salles estimées de l'Université de Lyon III. C'est là qu'il a construit un récit illuminant sur la linguistique pour ceux qui ont eu la chance d'apprendre sous sa houlette. Ses écrits sur les civilisations indo-européennes - explorations approfondies de la langue, de la mythologie, de la culture et de la religion - ont apporté richesse et compréhension à ces domaines. Les fonctions éminentes qu'il a occupées en tant que doyen de la faculté des lettres et directeur de l'Institut d'études indo-européennes de l'université ont encore renforcé sa position en tant que force intellectuelle avec laquelle il faut compter.

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Dans le domaine de la discussion scientifique, Jean Haudry a fait preuve d'audace en suggérant que les racines des Indo-Européens se trouvaient au cœur d'une géographie circumpolaire. À l'instar de Bal Gangadhar Tilak qui affirmait l'existence d'un berceau arctique, Haudry écarte systématiquement les régions méditerranéennes du panthéon des origines potentielles de la culture indo-européenne. Son argumentation repose sur l'absence flagrante de la végétation propre à cette région dans le lexique indo-européen. Sa théorie s'étend même jusqu'aux confins du Nord, englobant des territoires tels que la Scandinavie et la Russie septentrionale, en utilisant l'absence flagrante du terme désignant le hêtre dans le vocabulaire indo-européen: telle était la pierre angulaire étayant ses affirmations.

La thèse de Haudry, qui fait écho aux battements rythmiques de sa cosmogonie primordiale, est distillée principalement à partir d'une analyse comparative des données indiennes et grecques. Cette approche entre en résonance avec la méthodologie de Tilak, qui a osé interpréter les Védas comme contenant des messages codés désignant l'Arctique comme le lieu de naissance des anciens Aryens. Malgré leurs approches distinctes, les deux chercheurs empruntent une voie non conventionnelle, proposant les régions polaires comme le berceau premier de cet ancien peuple. Alors qu'ils dansent sur la symphonie des origines indo-européennes, leurs airs distincts s'harmonisent, chacun ajoutant ses propres notes sonores à la grande orchestration de notre compréhension de cette société primordiale.

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Une facette captivante de la vie de Haudry a été son association avec la Nouvelle Droite française. Ce mouvement politique novateur, reconnu pour ses interprétations spécifiques et originales des idéologies conservatrices, a trouvé en Haudry un partenaire intellectuel sympathisant. Pour beaucoup, cette alliance était un témoignage du pouvoir de l'honnêteté intellectuelle, une fusion de la brillance académique et de la pensée politique révolutionnaire.

La Nouvelle Droite française a trouvé une fréquence en résonance dans le cœur de Jean Haudry. Son manifeste, imprégné de la préservation de l'hétérogénéité ethnique, vibrait en harmonie avec les sentiments de Haudry. Lui aussi était habité par une profonde inquiétude face à l'effacement rapide et impitoyable des identités ethniques distinctes face à ce monstre dévorant qu'est la mondialisation. Les recherches de Haudry, en particulier ses incursions dans les études indo-européennes, étaient intrinsèquement enracinées dans un désir profond de maintenir intact le tissu culturel du monde. Les fils vibrants de la langue et de la tradition, laborieusement tissés par les civilisations du passé, risquaient de s'effilocher et d'être remplacés par une morne uniformité.

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L'éthique de la Nouvelle Droite, ardente défenderesse de la protection de la multiplicité culturelle, a trouvé un alignement parfait avec les convictions académiques de Haudry. Dans cette association métapolitique, il perçoit un reflet de sa propre ferveur scientifique - un désir commun et brûlant de protéger le riche patrimoine de l'humanité contre le raz-de-marée de l'homogénéisation.

En effet, Haudry ne voyait pas dans la Nouvelle Droite une antithèse mais une confluence d'idéaux, une vision de la préservation de la myriade de joyaux linguistiques et culturels qui ornent la couronne de l'histoire de l'humanité. Pour lui, cet alignement politique n'était pas un compromis mais plutôt une affirmation de sa passion profonde pour la sauvegarde de la mosaïque colorée de la culture humaine. La Nouvelle Droite lui a offert une plateforme qui reflétait sa mission académique, entremêlant ainsi les domaines de la politique et de l'érudition dans une danse aussi complexe que profonde.

Les liens de M. Haudry avec l'institution réputée qu'est le GRECE, acronyme français du Groupe de recherche et d'études sur les civilisations européennes, ont ajouté une autre couche de profondeur à sa relation complexe avec la Nouvelle Droite. Le GRECE, un groupe de réflexion à l'influence considérable, est un pilier intégral de la Nouvelle Droite, fournissant la substance intellectuelle et la direction à l'idéologie du mouvement. L'association de Haudry avec le GRECE n'est pas une simple note de bas de page dans son parcours académique, mais plutôt un chapitre important, illustrant sa volonté de s'engager avec des structures politiques qui partagent ses idéaux de prolonger la gloire du monde indo-européen et de ses multiples avatars. Son association avec le GRECE a amplifié ses recherches dans un environnement politiquement fécond, créant une interface unique et dynamique entre le monde universitaire et le domaine de l'idéologie politique. À bien des égards, cela a réaffirmé la synchronicité entre les recherches intellectuelles de Haudry et les fondements idéologiques de la Nouvelle Droite.

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Bien que ses détracteurs remettent en question ses affiliations politiques, il est évident pour beaucoup que l'association de Haudry avec la Nouvelle Droite fait partie intégrante de son identité multidimensionnelle. Elle témoigne de sa volonté de protéger les murmures du passé contre la cacophonie de l'homogénéité moderne. C'était le reflet de sa conviction que le monde universitaire et la gouvernance pouvaient et devaient se croiser, pour aboutir à un discours plus riche et plus nuancé que les chambres d'écho dans lesquelles se sont transformés nos établissements d'enseignement supérieur contemporains.

Dans le grand bilan de l'existence, l'histoire de la vie de Haudry se dresse comme un monument durable à la puissance de la ténacité intellectuelle et du dévouement inébranlable. Tel un navire solide face à la tempête hurlante des critiques, il s'est accroché à ses convictions, son alliance avec la Nouvelle Droite lui servant d'ancre solide au milieu des mers turbulentes de l'opinion publique. Cette association, bien que faisant l'objet d'un débat controversé pour certains, est loin d'être un emblème de controverse pour Haudry. Au contraire, elle lui a servi de phare, illuminant son courage de s'aventurer dans les territoires inexplorés de la connaissance, guidé par la boussole de ses convictions.

Son affiliation à la Nouvelle Droite n'est pas seulement le signe d'une tendance politique, mais révèle une position philosophique plus large, un engagement à maintenir les fondements de la civilisation occidentale, comme il l'a fait avec son étude méticuleuse des communautés archaïques. Il était prêt à naviguer dans le labyrinthe non conventionnel des idées dans sa quête incessante de la sagesse.

Par conséquent, alors que nous arrivons à la scène finale de ce récit biographique, nous devons souligner que la vie de Haudry n'émet pas la clameur vide des querelles intellectuelles. Au contraire, elle vibre de la mélodie harmonieuse d'une foi durable et d'un dévouement incessant. L'existence de cet homme, marquée par la valeur intellectuelle, déploie la saga de celui qui s'est aventuré dans les domaines vierges de la recherche académique et dans l'arène turbulente du débat public.

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samedi, 27 mai 2023 | Lien permanent

Déterritorialisation et virtualité

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Déterritorialisation et virtualité

par Alejandro Linconao

Source: https://nomos.com.ar/2022/05/03/desterritorializacion-y-virtualidad/

L'opération russe en Ukraine a eu d'importantes implications économiques mondiales, avec une pertinence particulière dans la sphère énergétique. Cette question, quant à elle, est beaucoup plus large et s'inscrit dans un ensemble plus vaste de changements.

Dans la modernité, tout s'est liquéfié, tout a perdu sa forme et s'est entremêlé. Des relations, aux strates ethniques des États, aux religions, au pouvoir. Parallèlement à la chute du patrimoine matériel qui a façonné les familles et les peuples, les références individuelles et collectives ont diminué. Alors qu'autrefois une nationalité, partagée par de grands groupes de personnes, était un facteur de liaison, elle a été remplacée par une tribu virtuelle ou une préférence sexuelle. De la fusion du solide, nous sommes passés à la virtualisation, accompagnée d'une déterritorialisation conséquente.

Le même sort a été réservé aux moyens de production en tant que sociétés. La localisation stable des sites de production a cédé la place, il y a quelque temps, à la stratégie de la délocalisation, et fait maintenant place à l'indépendance vis-à-vis du territoire, à la déterritorialisation. Le travail virtuel, qui, conformément à sa nature, ne gère que des biens, a remplacé l'activité productive en termes d'importance. Cette dynamique de travail facilite la rotation du personnel à travers le monde afin d'optimiser les coûts. Le capitalisme passe par une phase de mutation du capital industriel au capital spéculatif. La finance s'est depuis longtemps affranchie de son rôle de filiale de la production au XIXe siècle et est devenue un moyen de générer artificiellement du capital. Steam a été remplacé par Bitcoin. Les champs ont été remplacés par des cultures hydroponiques. Tout tend vers l'atomisation et l'indépendance des liens avec le territoire et avec la réalité elle-même.

La déterritorialisation des ressources énergétiques

Le conflit en Ukraine a révélé les implications d'un autre conflit qui l'a précédé: la déterritorialisation des ressources énergétiques. Cette déterritorialisation se traduit par la substitution de ressources géographiquement localisées comme le gaz et le pétrole, mais aussi les centrales nucléaires ou hydroélectriques.

Les hydrocarbures, comme les centrales électriques, existent sur un territoire donné, ils sont à l'intérieur de frontières et il y a des groupes humains qui les exploitent et les défendent. Ils sont dans les sphères d'un domaine et en dehors de l'universalisation. Contrairement à elles, les énergies renouvelables n'impliquent pas substantiellement le besoin d'un territoire spécifique. La plupart de ces énergies produisent de l'électricité, facile à transporter et à distribuer, et sont à nouveau relativement indépendantes d'un territoire.

Dans ce sens, il est intéressant de noter le nombre croissant de réglementations qui envisagent la possibilité de transférer les crédits obtenus par la production d'électricité dans un lieu donné vers un site différent de celui où elle est produite, un mécanisme connu sous le nom de Virtual Net Metering [1]. Il s'agit clairement d'un engagement en faveur de la décentralisation de l'énergie.

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Face à la possibilité d'une coupure de gaz par la Russie, l'Allemagne a accéléré la production d'énergie à partir de ressources renouvelables, bien qu'elle soit encore dépendante à plus de 50 % des combustibles fossiles. Le ministre de l'économie et vice-chancelier allemand, l'écologiste Robert Habeck, a appelé les citoyens à prendre des mesures d'économie d'énergie [2]. Bien que ces mesures aient pris une dimension particulière avec le conflit en Ukraine, ce n'est pas la première fois qu'elles sont proposées en Allemagne [3].

Il est clair que la production d'énergie à partir de ressources renouvelables est et restera insuffisante pour répondre à la croissance actuelle et prévue de la demande. Les énergies renouvelables ne peuvent pas remplacer efficacement les combustibles fossiles, ni fournir la quantité de biens dérivés de ces combustibles fossiles. Sans les hydrocarbures, la production de biens et les chaînes qui y sont associées deviendront plus coûteuses. Sans pétrole, il n'y a pas seulement plus de carburants, mais aussi plus de plastiques, de lubrifiants, de détergents, de bougies, de goudron, etc.

L'affirmation mondialiste de la libre disponibilité des ressources énergétiques n'est possible qu'en dépit de l'existence d'États souverains qui en décident. Mais malgré des efforts insistants pour le contraire, les États-nations survivent. Dans ceux qui sont plus que de simples administrateurs et ont des politiques souveraines, les ressources énergétiques sont sous l'œil vigilant de l'État, comme la Russie.

Larry Fink, PDG du puissant groupe BlackRock, a été catégorique en soulignant que le conflit en Ukraine marque la fin de la mondialisation en tant que facilitateur des échanges de biens et de capitaux [4]. Dans le même ordre d'idées, Howard Marks, fondateur d'Oaktree Capital Management, souligne que le conflit actuel entraînera une centralisation de la production dans le but d'éviter la dépendance vis-à-vis de pays potentiellement hostiles. Pour Marks, il y aura un passage des marchés "moins chers" aux marchés "plus sûrs" [5]. En d'autres termes, l'opération russe en Ukraine entraînera un refroidissement économique mondial.

L'opération russe en Ukraine accélère la déterritorialisation de la production énergétique. Avec les pénuries qui se profilent, les prix vont s'envoler et l'Union européenne, principal pays touché, va accélérer la mise en place de la matrice des énergies renouvelables. Étant donné l'incapacité de répondre à la demande, le rationnement sera nécessaire. Cependant, la diminution de la consommation d'énergie et le remplacement des combustibles fossiles ne ralentiront pas la société de consommation, mais la rendront plutôt plus misérable. La consommation de biens matériels sera moindre et de moins bonne qualité. La consommation ne diminuera pas mais prendra une nouvelle forme, elle sera virtualisée.

La consommation à l'ère de la déterritorialisation

Si les forces du capitalisme mondial ne peuvent abolir les frontières, les contraintes imposées par celles-ci cesseront d'avoir de l'importance. Une grande partie des emplois, des divertissements et des loisirs en général ont déjà commencé à être déterritorialisés et virtualisés. Le Metaverse, c'est-à-dire un environnement virtuel où les gens interagissent par le biais d'avatars dans une réalité artificielle créée par ordinateur, est destiné à remplacer de plus en plus la matérialité. C'est là que se tiennent les réunions d'affaires, que des parcelles de territoire virtuel sont achetées, que des vies "parallèles" sont entretenues, que des mariages sont célébrés et que l'on fait "l'amour". La réalité virtuelle est une initiative dont la projection est telle qu'une entreprise aussi importante que Boeing a annoncé qu'elle allait commencer à construire des avions dans le Metaverse [6]. Il dispose même d'échanges parallèles de crypto-monnaies, c'est-à-dire qu'il abstrait le déjà abstrait. La consommation prend un caractère immatériel en accord avec la philosophie sous-jacente et la rareté des ressources.

Le conflit actuel en Ukraine et la défense de la souveraineté russe sur les actifs énergétiques ont accéléré la déterritorialisation des ressources et la virtualisation de l'humain. La voie est devenue claire: rendre les ressources énergétiques indépendantes des territoires, rationner les ressources, appauvrir les populations et les contenter d'une réalité économique virtuelle. Les foules entassées dans les hôtels capsules rêveront de paradis immatériels, les seuls qu'elles pourront visiter. "Ils n'auront rien et seront heureux", ou du moins ils souriront en portant leurs lunettes de réalité virtuelle.

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Notes:

[1] "Comment une règle peu comprise sur les énergies renouvelables pourrait changer à jamais le système énergétique de l'Europe". https://unearthed.greenpeace.org/.../eu-makes-it-a-right.../

[2] "L'Allemagne s'accroche à l'environnementalisme pour alléger sa dépendance au gaz russe". https://www.lavozdegalicia.es/.../0003_202204G19P4992.htm

[3] En octobre 2021, l'Office fédéral allemand de la protection civile et des secours en cas de catastrophe a lancé une curieuse vidéo mettant en garde contre la nécessité de prendre des mesures contre les pénuries d'énergie en hiver. https://twitter.com/i/status/1443516558232461314

[4] "À nos détenteurs de lièvres". https://www.blackrock.com/.../larry-fink-chairmans-letter

[5] "Le pendule dans les affaires internationales". https://www.oaktreecapital.com/.../the-pendulum-in...

[6] "Boeing veut construire son prochain avion dans le 'metaverse'". https://www.reuters.com/.../boeing-wants-build-its-next.../

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vendredi, 06 mai 2022 | Lien permanent

Nous sommes le Tiers-Monde - Un continent entre hédonisme et changement, entre anarchie et autoritarisme

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Nous sommes le Tiers-Monde

Un continent entre hédonisme et changement, entre anarchie et autoritarisme

par Andreas Mölzer

Source: https://andreasmoelzer.wordpress.com/2022/06/23/wir-sind-...

Le projet d'une Europe unie était sans aucun doute la conséquence des conclusions auxquelles les peuples européens et leurs élites étaient parvenus après deux guerres mondiales désastreuses. Et la promesse de l'intégration européenne visait donc la paix, la liberté et la prospérité. Et en effet, sur une longue période et dans de nombreuses régions du continent, ce projet européen a effectivement réussi à instaurer la paix, à garantir la liberté et à développer la prospérité. D'abord dans la partie occidentale de l'Europe, puis, après l'effondrement du communisme soviétique, dans une grande partie de l'Europe de l'Est. Après des décennies de totalitarisme qui, sous la forme du nazisme et du fascisme, avait opprimé une grande partie de l'Europe centrale, méridionale et occidentale, et après le socialisme réel du système soviétique qui avait asservi les peuples d'Europe de l'Est, les prémisses démocratiques qui étaient et sont nécessaires à l'adhésion à l'UE ont effectivement apporté la liberté.

Après la fin de la confrontation entre les superpuissances, c'est vraiment la paix qui a été instaurée par le projet d'unification européenne. Quant à la prospérité, elle existait déjà dans la partie occidentale de l'Europe depuis les années du miracle économique, c'est-à-dire depuis l'après-guerre, et elle est devenue une perspective bien réelle pour la partie orientale de l'Europe. Les milliards versés et les transferts effectués via Bruxelles ont au moins partiellement tenu cette promesse.

Cependant, des divergences de vues fondamentales sur l'objectif de l'intégration ont également créé des différences massives au cours de cette phase de la réussite européenne. Les uns voulaient les "États-Unis d'Europe", ce que le centralisme bruxellois avait pour objectif d'embellir, les autres rêvaient d'une "Europe des patries" dans laquelle ils pourraient développer librement leur identité nationale et la souveraineté de leurs États.

Les nations de l'Europe de l'Est, en particulier, qui avaient souffert pendant des décennies sous le joug du communisme, pensaient désormais pouvoir vivre dans le cadre de l'Europe unie leur souveraineté et leur culture nationale sans être influencées de l'extérieur. Mais cela n'était guère compatible avec le centralisme bruxellois, raison pour laquelle les pays dits de Visegrád ont rapidement été discrédités au siège de l'UE. Les procédures du traité de l'UE contre la Pologne et la Hongrie le montrent clairement. Seule la guerre d'agression menée actuellement par la Russie contre l'Ukraine et, par conséquent, le danger supposé que courent les pays de l'Est de l'UE qui faisaient autrefois partie du Pacte de Varsovie, occultent actuellement cet antagonisme entre les membres de l'Est de l'UE et le siège central de Bruxelles.

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En ce qui concerne la promesse de liberté au sein de l'Union européenne, les années de la pandémie du coronavirus ont montré à quel point les droits des citoyens pouvaient être rapidement restreints et ce, de manière absolument fondamentale. Et les mesures envisagées pour la protection du climat, hissées depuis longtemps au rang d'une religion civile, laissent entrevoir le risque de restrictions encore bien plus importantes pour les libertés civiles. Cela signifie ni plus ni moins que la grande promesse de liberté de l'Union européenne est devenue plutôt creuse. Au fond, la participation démocratique, tant au siège de Bruxelles que dans de nombreux États membres de l'Union, n'est pas mieux lotie que dans certains États du tiers monde dirigés de manière autocratique. Quant à la promesse de paix de l'intégration européenne, la guerre actuelle en Ukraine n'est pas la seule à nous montrer à quel point elle peut s'évaporer rapidement.

Mais la paix intérieure au sein de l'Union et de la plupart des États membres est également fortement menacée depuis longtemps. C'est en premier lieu l'immigration massive et incontrôlée de réfugiés pauvres du tiers monde qui a transformé depuis longtemps les systèmes sociaux des États de l'UE en une société où s'additionnent les conflits et se multiplient les ghettos. Cette évolution, autrefois définie par euphémisme comme une société multiculturelle, pourrait, dans des cas extrêmes, dégénérer en situations de guerre civile. Les récents événements du lac de Garde en Italie et la situation dans les banlieues des grandes villes européennes comme Paris et Londres en sont la preuve. Les valeurs civilisationnelles qui étaient courantes en Europe ne comptent plus guère ici. D'une part, la charia islamique règne, d'autre part, c'est l'anarchie totale. Il n'est plus guère question d'intégration pour la masse des migrants, c'est plutôt la population autochtone qui doit s'adapter aux migrants dans les diverses sociétés parallèles.

A cela s'ajoute désormais l'ère de la paupérisation à grande échelle au sein de la société européenne, qui s'annonce depuis des années. Dans les classes de revenus inférieurs, qui dépendent des transferts publics, l'inflation qui s'abat désormais sur tous les pays de l'UE conduit effectivement à la misère. Les mesures gouvernementales telles que le plafonnement des prix et les aides financières risquent de s'avérer plus ou moins inefficaces pour lutter contre la pauvreté. Le chômage et la réticence à travailler, qui ont été renforcés par les comportements nouveaux nés lors de la période Corona, contribuent en réalité à cet appauvrissement de larges couches de la population. Mais outre les classes à bas revenus, c'est aussi la classe moyenne qui est menacée par cet appauvrissement. Les économies sont largement détruites par l'inflation, les professions libérales et les petits entrepreneurs sont mis à mal. Et les perspectives pour les jeunes générations de se constituer leur propre patrimoine sont proches de zéro.

L'Europe risque donc de passer du statut de continent prospère à celui de perdant de la prospérité au 21e siècle. Les promesses de l'"European way of life" ne valent donc plus grand-chose. Elles suffisent tout juste à ce que l'Europe demeure la destination des migrations de masse venues du monde entier. Certes, d'autres régions de la planète seraient depuis longtemps plus attrayantes, comme les États-Unis d'Amérique ou certains États d'Asie de l'Est, mais ceux-ci ont des lois migratoires bien plus dures que l'Union européenne et sont donc largement exclues de cette migration de masse. Insidieusement, mais de manière indéniable, de nombreux États membres de l'UE, mais aussi leurs systèmes économiques et les différents systèmes sociaux, prennent la forme de pays du tiers-monde. Si l'immigration se poursuit, les systèmes sociaux ne pourront plus être financés, les systèmes de santé s'effondreront ou seront au moins modifiés dans le sens d'une médecine à plusieurs vitesses. Les établissements d'enseignement risquent d'être endommagés par un nivellement qualitatif croissant, et les capacités d'innovation technologique s'affaibliront.

Enfin, l'appauvrissement ne concernera pas seulement la situation matérielle et économique de la population, mais aussi la vie intellectuelle et la culture. La haute culture des différents peuples européens a déjà souffert dans le passé de la mondialisation et du centralisme européen. Elle est désormais complètement détruite par la culture quotidienne triviale de la société générée par le bobo électronique et par notre société du tout-jetable. En fin de compte, l'Europe risque de devenir un "failed state", un État défaillant, absolument insignifiant sur le plan de la politique étrangère et ne jouant aucun rôle dans les questions de pouvoir au niveau mondial, et d'autre part marqué à l'intérieur par le déclin socio-économique, l'insignifiance culturelle et l'anarchie. Une telle Europe ferait partie intégrante du tiers-monde et ne répondrait plus du tout à la promesse initiale de liberté et de prospérité de l'intégration européenne. Les apologistes de la légendaire "culture de l'accueil" et du politiquement correct pourraient alors affirmer à juste titre: nous sommes l'Afrique.

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lundi, 27 juin 2022 | Lien permanent

À propos de « L’Île prisonnière »

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À propos de « L’Île prisonnière »

par Georges FELTIN-TRACOL

Trois lundis de suite, les 13, 20 et 27 février 2023, France 2 a diffusé à 21 h 10 une série de six épisodes d’une durée de 52 minutes chacun : L’Île prisonnière. L’audience moyenne totale exprimée en part de marché a été de 21,3 %, ce qui signifie un visionnage par 4.300.000 personnes environ.

Hors des studios franciliens, les scènes extérieures se tournent en Bretagne, dans les départements du Finistère (dont la presqu’île de Crozon) et du Morbihan, d’où de superbes paysages et de belles images du patrimoine local. Coproduite par France Télévision, Fabienne Servan-Schreiber et Cinétévé, cette série réalisée par Elsa Bennett et Hippolyte Dard, suit le scénario de Christophe Clères et du fameux romancier Michel Bussi.

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L’Île prisonnière veut instiller du suspense, ce qui tendrait vers des classiques souvent d’origine anglo-saxonne. Hélas ! Si l’histoire est assez alléchante, il faut reconnaître que sa mise en œuvre se révèle médiocre et poussive. Il paraît néanmoins certain que les Étatsuniens achèteront tôt ou tard les droits et donneront à l’histoire une intensité plus dense et plus rapide en la plaçant sur une île de la Côte Est ou sur l’archipel floridien des Keys…

Selon une formule devenue une ritournelle, l’analyse de cette fiction impose d’en divulguer l’intrigue. Elle se déroule sur l’île imaginaire de Penhic au large de la commune de Camaret à la pointe du Finistère. Y réside une communauté d’une cinquantaine d’habitants qui ne pâtit pas de la désertification rurale : présence d’une école primaire plausible pour briser l’insularité, d’une boulangerie, d’un médecin et d’une infirmière. Penhic est une île relativement étendue pour que les parcours s’effectuent en véhicules sans toutefois qu’elle soit ni trop lointaine, ni trop proche du continent afin que les allers-retours se fassent assez rapidement.

Penhic semble ignorer toute diversité ethnique si vantée dans les aires urbaines. Le seul étranger est un Irlandais, O’Brien, dont la fille Kelly est aussi française par sa mère. En revanche, grande concession à l’air du temps, la doctoresse, Éliane, vit en couple avec l’infirmière, Christine, que tout le monde appelle « Chris ». Elles ont un jeune garçon, Geoffroy, un enfant handicapé surdoué.

Sur la navette qui relie Penhic au continent voyagent Chris, Mado Rison, une exploitante agricole à la retraite atteinte d’un cancer pour cause des produits chimiques répandus pendant des années dans ses champs, en froid avec tout le monde, Kelly, la lycéenne de 17 ans, Dorian, un collégien, et Alex. Ce dernier revient après une absence de dix ans. Il l’a quittée après la crise cardiaque mortelle de son père qui s’opposait à l’agrochimie des Rison et qui ne cessait de se plaindre auprès du maire, Jaouen Le Guen. Le jour des obsèques, Alex a brisé la rotule de l’édile. En détention préventive pendant trois mois, il a ensuite choisi la carrière de sapeur-pompier. Or, avant ces drames, Alex aimait Candice Le Guen, la fille de Jaouen. Suite à l’arrestation d’Alex, elle se rapprocha de Yannick, le marin-pêcheur employé du père d’Alex. Bref, l’île est le terreau fertile de vieilles rancunes bien recuites entre ses résidents.

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L’imprévu surgit avec l’intrusion d’un groupe armé qui prend en otage les îliens. Chaque membre porte une lettre de l’alphabet grec. Alpha est ainsi leur chef. Ils préparent l’opération « Océanite Tempête ». Ces éco-terroristes ont l’intention de couler un navire parti du port britannique de Plymouth sur lequel se trouvent les dignitaires des principales firmes multinationales écocidaires. Les scénaristes se seraient-ils inspirés du cultissime album Yacht People (2012) dessiné par Zéon sur un scénario hilarant d’Alain Soral et de Dieudonné ? Au cours des épisodes, le téléspectateur découvre que Yannick, un mâle blond aux yeux bleus, est le vingt-quatrième membre du commando. Ce traître est à l’origine de tous les renseignements, manies, travers et petites habitudes des habitants de Penhic récoltés par le commando.

On a évité le cliché facile que les preneurs d’otages nommés Marine, Marion, Giorgia, Vladimir, Victor, Éric, Gilbert, Stéphane, soient des militants de la très horrible extrême droite identitaire prêts à couler un paquebot rempli de futurs Picasso et Newton migrants. Quant à imaginer Penhic aux mains des islamistes, le récit aurait vite tourné en bain de sang à l’instar du village du Sud-Ouest de la France attaqué dans le premier tome de Guérilla de Laurent Obertone (2016).

Le scénario de L’Île prisonnière pêche par ses incohérences. L’éco-commando forme une troupe de naïfs. Il ne place aucune vigie sur le point culminant de l’île. Aucun membre ne reste sur le continent afin de surveiller les éventuels va-et-viens avec l’île. Quand Dorian écrit un message de détresse à son  gendarme de père dans une enveloppe non timbrée, le commando qui surveille les boîtes aux lettres, le remplace par un dessin grotesque qui incite pourtant son père à passer sur l’île pour le remercier. Ne pouvait-on pas détruire tout simplement cette missive ?

Alpha menace à plusieurs reprises diverses personnes de son arme sans jamais tirer. Il joue aux durs, mais il est en fer blanc. Autre incohérence : les éco-activistes déchargent des caisses d’explosif  et ne s’en servent pas. Dans le premier épisode, la navette a vingt minutes d’avance. Un gars armé du groupe l’attend sur le quai, une arme à la main. Le capitaine du navire qui connaît tout le monde s’aperçoit que quelque chose cloche. Sa réaction déclenche une fusillade et son décès. Dans le même épisode, deux activistes veulent arrêter un couple de retraités, les Jonquière. Féru d’armement, Albert Jonquière les menace avec un fusil et se prend une balle. La leçon pourrait être : ne pratiquer pas l’auto-défense, elle est dangereuse pour vous. Traqués, Mado, Kelly et Alex se réfugient dans la maison du défunt et mettent à jour un impressionnant arsenal. Ce retraité n’a certainement jamais suivi les injonctions du ministère de l’Intérieur à rendre pétoires et vieux fusils. La retraité malade et l’adolescente répartissent les armes entre les domiciles des îliens. Ces armes permettent aux otages de se révolter le moment venu. Les preneurs d’otages ne procèdent d’ailleurs jamais à la moindre fouille au corps de leurs otages. De vrais amateurs ! Le changement du rapport de force entraîne le désarmement des activistes culpabilisés par le prêchi-prêcha émotionnel. Malgré leur allure menaçante, ils appartiennent finalement au même camp du Bien pour la justice climatique. Il manque à ces éco-terroristes guère bien méchants des convictions plus que solides, un réel fanatisme et une ferme détermination.

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En effet, éleveuse et productrice de fromages, Candice juge ce combat juste. Toutefois, elle désapprouve la méthode. La fin justifie-t-elle les moyens ? La doxa officielle rejette toute violence. Elle conçoit au contraire une éco-responsabilité de tout un chacun ouvert à la propagande climatiste planétarienne. Un lecteur de Georges Sorel, tenant du mythe mobilisateur de la grève générale, sait en revanche que la violence engendre l’histoire. Lors du XXVIIe colloque national du GRECE de 1993 sur « Les enjeux de l’écologie », l’intervention de Gerd Bergfleth marque les esprits. Intitulée « La révolte de la Terre », son allocution montre la co-appartenance du Vivant avec son éco-sphère. L’hybris anthropocentrique moderne déclenche la colère salutaire de Gaïa.

Il a été rapporté que L’Île prisonnière s’inspirerait de la célébrissime série britannique Le Prisonnier (1967). Allégation mensongère tant l’intrigue est fade et mièvre. Cette série ne devrait pas avoir de suite à moins de vouloir continuer la propagation de la bonne parole cosmopolite en faveur de l’avenir de la planète. Voilà pourquoi la privatisation des chaînes publiques n’empêcherait pas le maintien de ces programmes politiquement très orientés.    

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 64, mise en ligne le 7 mars 2023 sur Radio Méridien Zéro.

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dimanche, 12 mars 2023 | Lien permanent

Marx et les Grecs de l'antiquité

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Marx et les Grecs de l'antiquité

par Joakim Andersen 

Source: https://motpol.nu/oskorei/2021/11/21/marx-och-de-gamla-grekerna/

Une lecture de Karl Marx pour le XXIe siècle comporte plusieurs pièges potentiels, mais aussi beaucoup de valeur significative, notamment parce qu'elle nous rappelle que les choses ne sont pas nécessairement ce qu'elles prétendent être ou ce qu'elles étaient hier. La première idée découle de l'accent mis par la tradition idéologique marxiste sur "l'idée et l'intérêt" ; si les dirigeants de l'un ou l'autre "parti ouvrier" ont des intérêts communs avec diverses classes supérieures, leur rhétorique pro-ouvrière peut n'être que rhétorique et poudre aux yeux. Soit dit en passant, quiconque est familier avec l'analyse idéologique marxienne et n'a pourtant jamais caressé l'idée que le "privilège blanc", dont les classes supérieures parlent beaucoup, confirme que ce privilège n'existe pas dans le monde de l'esprit, est un mouton. Cette dernière idée part de l'observation que "tout ce qui est fixe est périssable", les classes supérieures sont tout à fait capables de récupérer et de transformer tout, des coalitions aux idéologies hégémoniques. À la lumière de ce qui précède, la pensée statique et bipolaire qui se traduit par des revendications de "privilège blanc" et de "racisme systémique" semble carrément embarrassante, ou un élément de cette même récupération. Le système nourrit ses idiots utiles et ils ne sont pas trop stupides pour s'adapter en conséquence.

Quoi qu'il en soit, il y a dans Marx et son frère d'armes Engels beaucoup de valeur à la fois pour comprendre et attaquer l'état des choses présentes, d'une part, et leurs apologistes idéologiques, d'autre part. Mais pour ne pas tomber dans des impasses, il faut un certain nombre de clés, qui consistent souvent à rendre explicite ce qui était implicite, voire inconscient, dans les masses de textes des deux messieurs barbus. Ce n'est pas seulement à travers l'Europe du XIXe siècle qu'un "fantôme" est passé, il en va de même pour les propres textes de Marx et Engels. Même si ce n'est pas le fantôme du communisme, mais le fantôme de la génétique et de la consanguinité.

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Il n'est pas déraisonnable d'adopter ici une perspective plus cyclique, afin de comprendre le processus qu'ils tentaient d'analyser au XIXe siècle à la lumière de changements similaires dans l'Antiquité et ailleurs. Nous avons affaire à une forme de société plus organique qui s'effondre, notamment parce que les classes supérieures rompent le contrat social avec leurs parents de sang moins fortunés. Il peut s'agir de la population de l'Antiquité ou de la communauté un peu plus artificielle qu'est la nation moderne. Mais des similitudes significatives existent, et elles nous aident non seulement à comprendre la révolution d'en haut qui se déroule en ce moment, mais aussi à mesurer l'ampleur des enjeux. Les sociétés fondées sur des hommes libres ont été remplacées à plusieurs reprises au cours de l'histoire par des sociétés dans lesquelles la plupart des gens étaient des esclaves d'une sorte ou d'une autre.

Ce processus est décrit dans l'étude d'Engels sur les Francs, dans la furieuse querelle entre Marx et la duchesse de Sutherland, anti-esclavagiste (étrangement applicable à la classe supérieure "anti-blanche", soit dit en passant), et dans l'étude d'Engels sur le christianisme primitif, entre autres. Les carnets ethnographiques du vieux Marx, dans lesquels il décrit, entre autres, l'effondrement de l'Athènes antique, sont également intéressants. Incidemment, un fil conducteur de ces études, bien que non nommé, correspond au concept pratique d'asabiya chez Ibn Khaldoun. Ce que Marx et Engels dépeignent, c'est l'effondrement de la solidarité sociale que Khaldoun nommait asabiya.

Chez Marx et Engels, l'accent est mis sur les conditions matérielles de l'asabiya. Dans son incomparable anglo-allemand, Marx écrit que "die älteste land tenure was die in common dch den trib", la plus ancienne forme de propriété foncière était le commun à travers la tribu (plus tard gensen). Dans un anglo-allemand tout aussi atrocement impénétrable, il écrit qu'avant la naissance de l'État, il existait des "institutions gentilices", des institutions fondées sur la parenté. "Là où les institutions gentilices ont prévalu - et avant l'établissement de la société politique - nous trouvons des peuples ou des nations dans les sociétés gentilices et rien au-delà. "L'État n'existait pas." Il décrit le Gensen (du latin gens, gentis) comme étant "essentiellement démocratique", fondé sur la parenté, "toutes les gentes d'une tribu - en règle générale - d'ascendance commune, portant un nom tribal commun. L'organisation phratrique avait un fondement naturel dans la parenté immédiate de certaines gentes en tant que subdivisions d'une gens originelle".

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Deux processus ont miné l'ordre des gentes. L'un était la propriété et l'autre l'État. Avec la propriété individuelle plutôt que gentilice, des différences sont apparues au sein des gentes qui étaient difficiles à concilier à long terme avec la logique et la solidarité gentilices. Marx a écrit à ce sujet que lorsque "des différences de statut entre les parents de sang au sein de la gens apparaissent", cela est "en conflit avec le principe de gentilicité".

Les nationalistes contemporains peuvent parler de communauté des nations et de "sang supérieur à l'or", il s'agit d'une contradiction similaire. Il est intéressant de noter qu'ici, la logique gentilice implique que "les hommes riches comme les hommes pauvres sont compris dans la même gens", sans pour autant exclure les différences de statut entre les membres de la gens. Nous pouvons parler ici d'un contrat social entre membres de la gens qu'il est intéressant de maintenir, notamment pour les plus pauvres d'entre eux qui ont réussi. Dans le même temps, nous pouvons discerner des tendances à une communauté d'intérêts entre les membres riches de différentes familles. Les membres ordinaires de la gens risquaient d'être réduits à la non-liberté dès que la logique gentilice s'affaiblissait, "als Solon zur archonship came, social state malignant, in Folge des struggle for the possession of property". Une partie des Athéniens est tombée en esclavage, à cause de l'endettement, la personne du débiteur étant susceptible d'être réduite en esclavage à défaut de paiement ; d'autres avaient hypothéqué leurs terres et n'étaient pas en mesure de lever les charges." L'esclavage de la dette s'est répandu.

L'aspect démographique est également intéressant. Marx était conscient que la croissance démographique et les migrations renforçaient les processus qui minaient le système gentilice. Il mentionne ici, entre autres, le groupe croissant d'immigrants pauvres qui ne sont pas invités dans le système des gentes, "la classe la plus pauvre ne serait pas admise en tant que gens "in einen tribe od. adoptée in eine gens eines tribes". Ce groupe est de plus en plus nombreux et mécontent, "le nombre de personnes sans attaches - à l'exclusion des esclaves - est devenu important ; cette classe de personnes est un élément croissant de mécontentement dangereux". D'où, entre autres, les réformes qui ont introduit une logique territoriale et un certain nombre de classes. Ces classes, soit dit en passant, sont également intéressantes en tant que contexte pour l'analyse contemporaine des classes, car elles élargissent le concept marxien commun de classe.

La croissance démographique, les migrations et les divisions de classe ont contribué à l'émergence d'un nouvel ordre politique, dans lequel les gentes ont été remplacés par l'État ("gentilis transformés en civis"). Le lien de l'individu avec la gens a été remplacé par la ville, la cité, une logique personnelle a été remplacée par une logique territoriale. Marx écrit à ce sujet que "la propriété était l'élément nouveau qui avait progressivement remodelé les institutions grecques pour préparer ce changement". Les réformes politiques qui l'ont précédé peuvent être considérées à la fois comme la disparition du système gentilice et comme une tentative de transmettre des éléments de celle-ci dans un monde nouveau (la familière Aufhebung).

Toute tentative de ce type a toutefois eu pour effet d'affaiblir quelque peu la solidarité organique et authentique, ce qui soulève la question omniprésente de savoir si les étrangers veulent subvenir aux besoins les uns des autres. "État providence ou migration", tel que le dilemme est parfois formulé à notre époque. Le fait que les classes supérieures invitent des étrangers à partager ce qui était autrefois le patrimoine commun des gentes, du clan ou de la nation n'est en rien un phénomène nouveau. Marx a décrit cette situation de manière très éloquente dans les paragraphes sur les "fuidhirds" d'Irlande. Prôner l'"ouverture des frontières" sous cet angle revient à négliger et à encourager l'une des méthodes historiquement récurrentes des classes supérieures pour affaiblir les intérêts du peuple. Cela ne signifie pas nécessairement que la gauche d'aujourd'hui n'essaie pas d'inviter les "fuidhiris" de la fin de la modernité dans le peuple et de les retourner contre les classes supérieures, mais faciliter le processus de fuidhirisation est une folie. La folie dans la mesure où elle s'est transformée en son contraire, ceux qui prétendent représenter le peuple tout en défendant l'ouverture des frontières tendent ainsi à révéler où se trouvent leurs véritables intérêts.

Les notes insaisissables de Marx sur le déclin de l'ancienne gens sont, prises ensemble, d'une valeur considérable pour comprendre notre présent. Ils décrivent une transformation sociale similaire à celle que nous vivons aujourd'hui, où les élites rompent avec leurs communautés historiques et forment les leurs. Ils soulèvent également des questions sur les conditions matérielles et ethniques de la solidarité auxquelles il est important de répondre.

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lundi, 17 janvier 2022 | Lien permanent

L'horizon illibéral comme base et transition vers le nouvel ordre économique multipolaire et sa transcendance pour le Pé

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L'horizon illibéral comme base et transition vers le nouvel ordre économique multipolaire et sa transcendance pour le Pérou et l'Amérique latine

Israël Lira

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/el-horizonte-iliberal-como-base-y-transicion-al-nuevo-orden-economico-multipolar-y-su

Présentation donnée par Israel Lira le samedi 29 avril dans le cadre de la Conférence mondiale sur la multipolarité et la quatrième théorie politique grâce à l'organisation du mouvement culturel et social Nova Resistencia du Brésil, du Mouvement russophile international et du China Thinkers Forum, sous la direction de l'Institut Tsargrad (Moscou).

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Israel Lira.

1. Introduction : la fin de Fukuyama par le passage de l'histoire

En 1992, Fukuyama nous a clairement dit que la fin de l'histoire était la victoire de la démocratie libérale sur le monde entier en tant que dernière étape du développement idéologique de l'humanité. Cependant, cette même histoire a joué un mauvais tour au politologue américain, dans la mesure où, à ce jour, le rejet de cette forme de système politique (la démocratie libérale) et socio-économique (le capitalisme libéral) est cyclique et s'accentue en période de crise. Fukuyama lui-même a dû accepter le nouveau scénario dans une interview qu'il a accordée au magazine londonien New Statesman en octobre 2018, où il approuve le fait que les démocraties libérales n'essaient même pas de définir ce qu'est une bonne vie, mais la laissent entre les mains de personnes qui se sentent aliénées, sans but, et que c'est la raison pour laquelle le phénomène des personnes qui s'identifient à des projets et à des groupes identitaires qui leur donnent un sentiment d'appartenance à une communauté est en train de croître. Mais ce n'est pas tout, puisque, en totale contradiction avec ce qu'il disait en 1992, et en signe évident de la défaite de Fukuyama face à l'histoire, il conclut que le socialisme doit revenir. On ne sait pas ce que Fukuyama entend par socialisme, mais telles ont été ses déclarations.

Dans le même ordre d'idées, et alors que nous pensions que rien ne pourrait faire reculer Fukuyama encore plus, non seulement en acceptant le retour des politiques socialistes dans certains domaines, dans une autre partie de l'interview, et à la surprise de l'interviewer et de nous-mêmes, il finit par accepter que Marx avait raison sur certaines choses, et c'est alors bien la fin de Fukuyama.

Cela confirme le fait que nous sommes confrontés à un nouveau scénario en matière de politique internationale, dans le cadre d'une vision qui n'est pas linéaire mais cyclique, qui n'est pas unipolaire mais multipolaire, qui n'est pas individualiste mais communautaire, qui n'est pas libérale mais illibérale, et qui n'est pas capitaliste mais anticapitaliste ou, du moins, orientée vers des formes alternatives, et que le mariage entre la démocratie (libérale) et le capitalisme a pris fin (avec l'émergence de démocraties illibérales et de capitalismes dirigés), le mariage que Fukuyama considérait comme la dernière frontière est devenu la dernière demeure face au divorce imminent sous l'expérience des puissances émergentes, le rejet de la mondialisation, la réaffirmation du patriotisme comme phénomène populaire et le renforcement des identités ethniques et culturelles des peuples.

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2. Le divorce entre démocratie et capitalisme (libéral) et le nouvel horizon illibéral

Ce divorce est désormais un fait accompli et ne fait que suivre la voie de la désintégration, augurant l'émergence de nouveaux systèmes politiques et socio-économiques, non pas par la subjectivité de nos propos, mais par l'objectivité des faits, et nous allons directement aux prémisses factuelles, en paraphrasant Mounk et Foa (2018), en l'espace d'un quart de siècle, les démocraties libérales sont passées d'une position de force économique sans précédent à une position de faiblesse économique sans précédent...(...). Sur les 15 pays du monde ayant les revenus par habitant les plus élevés, près des deux tiers sont des démocraties illibérales. Ajoutez à cela la nouvelle récente (RT, 13.04.2023) selon laquelle les BRICS ont largement dépassé le G7 en termes de croissance économique, par rapport au PIB mondial.

Cela réaffirme le fait que les démocraties libérales perdent du terrain face aux démocraties dites illibérales, qui acquièrent une plus grande force politique et économique sur la scène internationale, ce qui prouve que, comme l'a dit Zizek (2018), le lien entre la démocratie et le capitalisme est rompu.

Cela dit, il est clair que le nouvel horizon n'est nullement celui que prévoyait Fukuyama, mais qu'il se rapproche chaque jour davantage de la vision du philosophe russe Alexandre Douguine, d'un monde multipolaire, d'une géopolitique des grands espaces, d'une réversibilité du temps, de l'avènement d'une authentique laocratie et du retour à une vision communautaire de l'existence humaine en tant que revalorisation de l'ethos particulier des peuples. En d'autres termes, tout cela signifie que le nouvel horizon est un horizon illibéral qui augurera de l'émergence de nouveaux paradigmes politiques et socio-économiques.

C'est pour ces raisons que le facteur socioculturel est très présent dans la formation du pouvoir actuel des puissances et de leurs systèmes et structures politiques et socio-économiques particuliers, dans la mesure où ils ont pu se reconnaître comme des civilisations. En ce qui concerne le Pérou en particulier et le continent latino-américain en général, nous avons tous les outils pour faire du continent une grande puissance émergente, mais le Pérou, comme les démocraties latino-américaines en général, est toujours en transition vers des modèles de plus en plus illibéraux en raison des luttes constantes avec les oligarchies locales qui ont généralement toujours été serviles et fonctionnelles par rapport aux modèles libéraux de démocratie et d'économie, en particulier les modèles néolibéraux. Cependant, la volonté nationale d'opter pour des modèles illibéraux, tant sur le plan politique qu'économique, se réaffirme chaque jour, afin de changer la position économique des nations ibéro-américaines, qui ont toujours été reléguées au rôle de simples producteurs de matières premières, et non de produits manufacturés à valeur ajoutée dans le cadre de la division internationale du travail.

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3. L'horizon illibéral comme étape de transition vers la quatrième théorie économique

Pour en revenir aux puissances émergentes, c'est la raison pour laquelle on parle de plus en plus de démocraties illibérales au détriment de la démocratie libérale, ainsi que la raison pour laquelle on parle de capitalisme aux valeurs asiatiques, d'économie sociale de marché ou de socialisme aux caractéristiques chinoises au détriment du capitalisme libéral habituel. En d'autres termes, des systèmes politiques et économiques qui se révèlent être des alternatives mixtes à l'échec de la trichotomie globalisante (en référence à l'individualisme comme proposition éthico-morale, à la démocratie libérale comme système politique et au capitalisme libéral comme système économique), et qui (trichotomie comme Alain de Benoist, 2002) par sa nature totalitaire même est toujours étrangère et indifférente aux héritages culturels, aux identités collectives, aux patrimoines et aux intérêts nationaux.

C'est dans ce scénario que la Quatrième Théorie Politique d'Alexandre Douguine commence à se manifester aussi sur le plan économique comme la Quatrième Théorie Économique (qui se base sur trois principes que nous déduisons à notre avis, sans être limitatifs, nous les considérons comme centraux, comme une synthèse dérivée de l'exposé de Douguine sur le sujet: 1) Principe intégral du travailleur comme sujet et du travail comme activité ; 2) Principe d'interprétation eschatologique de la réalité économique ; et 3) Principe d'équilibre entre production et consommation), dans la mesure où elle ne peut ignorer le fait que si l'on part de la reconnaissance que le libéralisme est devenu la seule réalité existentielle de la post-modernité et que nous vivons un troisième totalitarisme, on ne peut pas non plus ne pas accepter que le capitalisme libéral est le système économique de choix de cette réalité post-libérale (dans sa troisième phase de capitalisme financier).

En conclusion, la quatrième théorie économique en tant que nouvel horizon d'interprétation de l'économie est précisément cela, un guide d'action pour une nouvelle orientation ontologique de l'économie, et en tant que guide, elle sera enrichie par les traditions et les coutumes des peuples ancestraux et en cela sa transcendance tant pour le Pérou que pour le reste du continent ibéro-américain dans ses processus d'autonomisation émergente pour faire partie de cette réalité multipolaire naissante avec une dignité civilisationnelle. C'est pourquoi, au Pérou, les études politiques et socio-économiques orientées vers la quatrième théorie ont conduit à la création du Crisolismo, une théorie politique et économique péruvienne qui intègre les lignes d'action de la quatrième théorie politique en général et de la pensée andine en particulier, laquelle intègre l'antique tradition péruvienne et fusionne de ce fait avec le Dasein péruvien, soit le Dasein andin-amazonien auquel a été ajoutée la Tradition hispanique, ce qui a produit un syncrétisme car le peuple péruvien se réfère implicitement à des formes politiques et économiques diverses, lesquelles, ensemble, forment le Dasein péruvien, et, en tant que telles, étaient appliquées aux temps des Incas.  Par exemple, à l'époque des Incas, les habitants du Pérou ont toujours été guidés par deux principes: la réciprocité et la redistribution. Ce sont ces deux principes qui ont façonné le Tawantinsuyo en tant qu'empire hydraulique (en référence au système de service et d'administration de l'eau dans l'empire), avec les nuances du cas, dont les vestiges, après presque 1600 ans, fonctionnent encore aujourd'hui, bénéficiant toujours à de nombreuses populations locales. C'est pour cela que nous nous battons, pour un système politique et socio-économique pour l'éternité.

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lundi, 15 mai 2023 | Lien permanent

Fils d'Homère

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Fils d'Homère

Recension: Hijos de Homero. Un viaje personal por el alba de Occidente, Alianza Editorial, Madrid, 2006.

Carlos X. Blanco

Bernardo Souvirón nous a laissé une belle introduction au monde grec, écrite avec clarté, affection et élégance. A aucun moment ce philologue ne nous accable de citations et de notes de bas de page. Il ne nous en offre que pour éclaircir ou étendre l'information. J'ai tendance à penser qu'étant professeur de lycée, le désir de se faire comprendre clairement à un public non spécialiste transparait du début à la fin du livre.

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Souvirón nous raconte l'origine même de l'Europe, l'aube d'une culture, la nôtre. Une culture qui, littéralement, a son propre nom: Homère. Ce personnage, "l'éducateur de la Grèce", continue d'être aujourd'hui le symbole du poète dont le moi se cache dans les ténèbres, ne parlant jamais de lui-même, mais qui veut raconter quelle mémoire orale est passée de bouche en bouche pour former un Peuple. Homère est à la charnière entre un passé épique, purement oral, légendaire, et une Histoire déjà écrite. Une Histoire dans laquelle il a été le premier à mettre en caractères alphabétiques ce qu'il a peut-être lui-même chanté (aedo) ou récité (rhapsode). Mais Homère, le mystérieux père de l'Europe, fut aussi un créateur, un « humanisateur » de ces histoires si lointaines de héros et de dieux, et aussi d'hommes qui souffrent et meurent à la guerre, dans un monde cruel, dur et violent comme était le monde mycénien. Un monde pas si différent de celui d'aujourd'hui, aussi cruel, dur et violent. De ce sol pousse la plante de la Poésie, mais une Poésie qui est aussi Histoire (Homère est assez exact dans son récit des événements, selon l'auteur) et même le teint spirituel de l'homme européen.

Ces Mycéniens dont parle Homère étaient des peuples indo-européens qui, dans la partie la plus substantielle, ont façonné l'Europe que nous avons aujourd'hui et, à partir d'elle, le monde dans son ensemble. Les traits que l'auteur met le plus en évidence sont a) la mort légale des femmes et leur accaparement social dans tous les domaines, repris par l'homme comme machine de reproduction et b) la guerre comme mode de vie répandu dans certaines peuples qui ont besoin de butin, des esclaves et du sang pour survivre. Il n'est pas difficile d'observer ces traits essentiels dans le monde d'aujourd'hui, même si l'auteur ne pointe pas la dévirilisation actuelle de l'Européen et sa chute dans la bestialité. Au fil des siècles, au-delà de l'héritage hellénique, et surtout à la fin du Moyen Âge, grâce à l'esprit chevaleresque et aux influences celto-germaniques, les femmes européennes prennent le devant de la scène et parviennent à une réelle égalité avec les hommes. L'islamisation actuelle de l'Europe, jointe à l'inertie « lunaire » du sous-sol méditerranéen, va tout changer : la dignité spécifiquement européenne des femmes est mise en péril.

L'autre trait qui nous vient du fond indo-européen, avec lequel nous restons essentiellement mycéniens, est le bellicisme. La guerre n'a pas disparu comme moyen de résoudre les conflits. L'usage de la guerre pour transformer les peuples et les nations en animaux de proie, en bêtes qui vivent de leur proie, n'a nullement disparu et son abandon semble aujourd'hui bien plus éloigné que le premier trait, la culture patriarcale.

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Il y a dans Los Hijos de Homero une série de thèses audacieuses, plutôt des hypothèses qui ont besoin d'être corroborées, qui attendent que l'Histoire, l'Archéologie et la Philologie les approuvent dans les années à venir. L'auteur propose d'effacer d'un trait de plume 300 ou 400 ans de la Chronologie standard, qui correspondent à ce qu'on appelle l'Age des Ténèbres, qui du XIIe au VIIIe siècle av. C. continue de nous présenter des énigmes. Nous ne savons rien de ces siècles, si ce n'est qu'il y a une continuité culturelle et qu'il n'y a pas de témoignages de catastrophes, d'invasions violentes, etc. Ce Dark Age s'achève avec un Homère, peut-être un Mycénien du VIIIe siècle, qui connaît presque parfaitement les événements de la guerre à Troie, malgré quelques anachronismes présents dans ses chansons. Peut-être, dit Souvirón, il y a des erreurs dans la datation chronologique dans l'établissement des synchronies. Nous laissons ici cette question, qui concerne le débat entre spécialistes, à l'avenir pour en décider.

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En lisant l'excellent livre de Souvirón, nous pouvons nous souvenir de la situation dans laquelle les études classiques étaient enseignées dans l'État espagnol. Didactiquement, nous avons tous subi la difficulté actuelle de présenter la Philosophie comme une institution aux racines helléniques, et de montrer aux jeunes que la Civilisation dans laquelle nous vivons est fille de la Grèce. Enseigner le passage "du Mythe au Logos", la naissance de la Philosophie en Ionie, la prédisposition hellénique à la pensée rationnelle est une tâche énorme aujourd'hui compte tenu de l'analphabétisme en latin, en grec et, en général, dans la culture classique de la plupart de nos étudiants. Et ils ne sont pas coupables, ce sont nos législateurs, ministres et "comités d'experts" qui, par calcul politique, ont soutenu ces politiques démissionnaires. Des gens comme le professeur Adrados et bien d'autres dans la presse et dans tous les autres forums publics ont réclamé en vain contre cette déchéance. Pour certains intérêts fallacieux, il a semblé plus commode pour les politiciens et leurs "experts" (à mon avis, eux aussi des politiciens), d'inculquer aux jeunes esprits des matières supposées "pratiques", telles que l'économie, la numérisation (sic) et l'administration des entreprises, au détriment de la formation classique, clé de voûte de la compréhension de la Philosophie, des Sciences et, in fine, de l'identité des Européens. J'ose dire qu'il n'y a jamais eu autant d'étudiants dans ces matières économiques et financières au lycée et à l'université en Espagne et en Europe, et la situation économique n'a jamais été aussi mauvaise, justement.

Ils voulaient faire de nos élèves de nouveaux barbares. Ces programmes y sont parvenu de manière profonde et irréversible. Ne rien savoir d'Homère, c'est ne rien savoir de sa propre culture, de la culture européenne. Il sera très difficile de saisir le message que nous ont transmis les Présocratiques, Platon ou Aristote sans connaître les piliers sur lesquels repose notre civilisation. Ce n'est qu'avec cet analphabétisme planifié depuis la soumission de nos gouvernants à l'UNESCO et à l'Agenda 2030, et perpétué avec la loi actuelle, qu'il peut être qu'incompris dans le relativisme et le multiculturalisme crus d'aujourd'hui. Toute tradition, respectable en soi mais étrangère à notre substance culturelle, est placée dans l'esprit de nos concitoyens sur un pied d'égalité avec la tradition hellénique, et très peu d'étudiants sont aujourd'hui capables de reconnaître la leur, la nôtre, dans cette tradition hellénique. Cette situation malheureuse permet d'ouvrir toutes grandes les portes à la colonisation de l'Europe, à son aliénation aux mains d'une technocratie, qui idolâtre le nouveau ou lebizarre. Ne pas connaître les Grecs va supposer, pour l'Europe, un oubli d'elle-même. L'Europe s'africanise, s'américanise, devient une salade de traditions, mais coupe -avec elle- ses racines.

Des livres aussi instructifs, aussi bien écrits que celui de Bernardo Souvirón, servent à comprendre le bien et le moins bien de notre propre patrimoine culturel. Un conglomérat historique qui comprend la guerre et le patriarcat, oui, mais aussi la démocratie et la rationalité. Si nous ne sommes pas capables de comprendre ces racines, nous ne pourrons pas grandir ou continuer à avoir une nouvelle sève.

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dimanche, 28 mai 2023 | Lien permanent | Commentaires (1)

La guerre en Ukraine et la crise de l'Occident

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La guerre en Ukraine et la crise de l'Occident

par Giacomo Gabellini 

Source : L'Antidiplomatico & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-guerra-in-ucraina-e-la-crisi-dell-occidente 

Quelles sont les principales raisons des graves erreurs de jugement commises par les décideurs politico-militaires occidentaux dans la guerre en Ukraine ?

Je pense que les raisons de ces erreurs de calcul stupéfiantes résident dans le sentiment de toute-puissance qui a envahi les classes dirigeantes américaines depuis l'effondrement de l'Union soviétique. Cette perception déformée a atrophié la pensée critique et alimenté un mépris substantiel pour le reste du monde ; le conformisme rampant qui en résulte a entravé leur capacité à évaluer de manière réaliste leur propre potentiel et celui de l'ennemi et à comprendre les implications stratégiques de leurs choix politiques. Ils ont ainsi délibérément transformé la question ukrainienne d'une crise régionale en un défi existentiel pour la Russie, sans réaliser pleinement les dangers liés à la décision d'acculer le plus grand pays du monde avec plus de 6000 ogives atomiques et des lanceurs hypersoniques capables de les acheminer jusqu'à la cible. Ils ont ainsi sous-estimé la capacité industrielle, la cohésion sociale, les compétences technologiques et la force militaire latente de la Fédération de Russie, tout en surestimant sa capacité de conditionnement et de dissuasion à l'égard des pays tiers, l'impact des sanctions et les implications de la tendance croissante à la "militarisation" du dollar et des circuits dans lesquels circule la monnaie américaine.

Ils ont ainsi cru pouvoir étrangler l'économie russe comme ils l'avaient fait pour l'économie chilienne dans les années 1970, convaincre facilement le reste du monde de se joindre à la campagne de sanctions orchestrée par l'Occident contre la Fédération de Russie, et infliger une défaite stratégique sur le champ de bataille en s'appuyant sur la supériorité supposée de leur doctrine militaire et de leurs systèmes d'armement.

En ce qui concerne la Chine, ils ont fait des erreurs de calcul comparables, voire pires. Ils ont cru pouvoir l'"occidentaliser" en l'intégrant dans l'ordre mondialisé, et en favorisant ainsi la délocalisation de ses milliers d'usines de production vers la première puissance démographique du monde, qui, au fil des millénaires, est restée remarquablement fidèle à elle-même en s'appuyant sur un patrimoine culturel inestimable. Ils ont ainsi créé les conditions de la transformation d'un pays très pauvre en une superpuissance universelle, avec des intentions ouvertement anti-hégémoniques. Un résultat stupéfiant.

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S'agit-il des erreurs d'une classe dirigeante ou d'une culture entière ?

Je pense qu'il s'agit du fruit empoisonné d'un processus généralisé de "barbarisation" culturelle. Aux États-Unis, le concept parétien de "circulation des élites" a été appliqué au point de dégénérer en un système bien connu de "portes tournantes", déjà analysé par Charles Wright Mills (photo) dans son excellent The Power Elite. Soldats, politiciens, banquiers et financiers passent avec une grande facilité du public au privé, puis de nouveau au public, donnant lieu à des enchevêtrements d'intérêts particuliers profondément opposés à ceux de la nation dans son ensemble. La fonction politique devient ainsi l'otage de l'affairisme le plus flagrant, qui s'exprime sous la forme d'une association très particulière que l'ancien analyste de la CIA Ray McGovern (photo, ci-dessous) a appelé le "complexe militaro-industriel-congrès-intelligence-médias-université-tank de réflexion", dans lequel la circulation de l'argent par le biais de pots-de-vin interconnecte les médias, les universités, les "think tanks", les agences d'espionnage et le Congrès, en orientant les directions stratégiques de la puissance publique.

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L'ampleur des efforts de propagande visant à façonner l'opinion publique nationale et à "créer un consensus" dans le pays donne la mesure du niveau de corruption atteint par les États-Unis, qui, à mon avis, tendent à ressembler de plus en plus à l'Union soviétique des années 1980.

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Ces derniers temps, lorsque je réfléchis à l'ampleur de la dégradation qui caractérise aujourd'hui les États-Unis, je me souviens souvent des évaluations amères faites à l'époque par Nikolai Ivanovic Ryžkov (photo, ci-dessus), ancien fonctionnaire et homme politique soviétique, à propos de son pays. L'abrutissement du pays", déclarait Ryžkov, "a atteint son apogée: après cela, il n'y a plus que la mort. Rien n'est fait avec soin. Nous nous volons nous-mêmes, nous prenons et donnons des pots-de-vin, nous mentons dans nos rapports, dans les journaux, depuis le podium, nous nous révoltons dans nos mensonges et pendant ce temps, nous nous donnons des médailles les uns aux autres. Tout cela du haut vers le bas et du bas vers le haut".

La guerre en Ukraine est la manifestation d'une crise de l'Occident. Est-elle réversible ? Si oui, comment ? Si non, pourquoi ?

Je dirais que oui. Certes, l'Occident a encore de nombreuses flèches à son arc, mais il me semble qu'il est en train de glisser de manière irréversible sur une pente très raide. Comme j'ai tenté de l'expliquer dans mes propres travaux, le conflit russo-ukrainien a révélé urbi et orbi le manque de fiabilité de l'"Occident collectif" et l'arbitraire du soi-disant "ordre fondé sur des règles" dont les porte-parole de Washington vantent sans relâche les vertus inexistantes. Mais surtout, elle a mis en lumière la faiblesse structurelle des Etats-Unis et la fausse conscience des classes dirigeantes euro-américaines, qui présentent le conflit russo-ukrainien comme un affrontement entre démocraties et autocraties, alors que le reste du monde y voit une guerre par procuration entre l'OTAN et la Russie, cette dernière tenant tête économiquement et militairement à l'ensemble de l'Alliance atlantique. Je suis tout à fait d'accord avec Emmanuel Todd pour dire que "la résilience de l'économie russe pousse le système impérial américain vers le précipice".

Personne n'avait prédit que l'économie russe résisterait à la "puissance économique" de l'OTAN. Je pense que les Russes eux-mêmes ne l'avaient pas prévu. Si l'économie russe résistait indéfiniment aux sanctions et parvenait à épuiser l'économie européenne, où elle reste sur le terrain, soutenue par la Chine, le contrôle monétaire et financier américain sur le monde s'effondrerait et, avec lui, la possibilité pour les États-Unis de financer leur énorme déficit commercial à partir de rien. Cette guerre est donc devenue existentielle pour les Etats-Unis". Les États-Unis auraient besoin d'une "adaptation en douceur" à un monde en mutation rapide, mais le pays ne dispose pas d'un appareil de direction à la hauteur de la tâche.

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La Chine et la Russie, les deux puissances émergentes qui contestent la domination unipolaire des États-Unis et de l'Occident, ont, depuis l'effondrement du communisme, renoué avec leurs traditions culturelles prémodernes : le confucianisme pour la Chine, le christianisme orthodoxe pour la Russie. Pourquoi ? Le retour au passé, littéralement "réactionnaire", peut-il s'enraciner dans une société industrielle moderne ?

La redécouverte des racines culturelles a permis à la Chine et à la Russie d'ériger de "grandes murailles" suffisamment solides pour résister à la tentative obstinée du tout américain d'occidentaliser le monde entier. La redécouverte du passé constitue un formidable outil pour ces deux Etats-civilisations, en vue d'affirmer leur identité propre et différenciée, et de resserrer la société autour de valeurs millénaires spécifiques.

Je crois que "greffer" ces traditions dans une société moderne est une tâche difficile en général, mais pour des nations comme la Chine et la Russie, elle peut être beaucoup moins ardue car ce sont des pays qui n'ont jamais vraiment renié leur passé. D'une manière ou d'une autre, les pierres angulaires de ces deux cultures ont toujours resurgi, même lorsqu'elles ont été soumises à de rudes épreuves telles que la révolution culturelle ou les projets soviétiques visant à créer ce que l'on appelle "l'homme du futur". La dérive nihiliste de l'Occident, en revanche, rend particulièrement difficile la mise en œuvre d'un processus de réévaluation du passé similaire à celui mené par la Chine et la Russie.

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dimanche, 03 septembre 2023 | Lien permanent

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