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Du Grand Reset à la grande claque économique occidentale

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Du Grand Reset à la grande claque économique occidentale

par Nicolas Bonnal

Les élites occidentales sont folles, c’est entendu. Elles veulent à la fois détruire/transformer leur population par les injections et la dictature sanitaire, le passeport vaccinal ou le délire vert. En même temps elles sont coincées du fait de l’effondrement rapide de leurs économies : Snyder parlait de trois millions d’emplois disparus cet hiver en Amérique, données trafiquées par les « données corrigées de variations saisonnières ». En Espagne nous avons eu une augmentation de la facture énergétique de 60% l’an dernier, et cette année on parle de 70% d’augmentation des prix de l’électricité en Grande-Bretagne qui veut en même temps livrer une guerre nucléaire à la Russie (l’Allemagne veut la guerre et le gaz…). Les prix alimentaires ont aussi monté de 20 à 30%. Comme on sait l’inflation est niée par le pouvoir comme les effets des vaccins du démentiel duo Bourla-Bancel.  Les banques centrales, avant de créer leur euro numérique et de tout confisquer sur ordre de papa Schwab, font si j’ose dire « bonne impression » pour acheter des voix et enrichir un peu plus nos oligarques : c’est ainsi que Bernard Arnault pèse mille milliards de francs (oui, oui, 190 milliards de dollars)… pour vendre des sacs à main produits par des ouvrières payées par exemple en Bourgogne 1400 euros par mois (info de première main, la femme d’un lecteur y travaille). Mais cette fortune virtuelle ne pèsera pas cher le jour du grand effondrement. 

Il est alors impressionnant de voir pourquoi la Russie les exaspère : excédent commercial prodigieux (le troisième du monde), économie matérielle et réelle, autarcie à volonté, excédent budgétaire, faible dette, bref tout ce qui peut « exaspérer les imbéciles » (Léon Bloy), sans LGBTQ ou autres ; les sociaux-démocrates et autres keynésiens qui dévastent l’économie occidentale depuis un demi-siècle maintenant, voient avec leur cerveau de chien Ran-Tan-Plan (« je sens confusément quelque chose ») qu’ils sont arrivés à un point de rupture. La plaisanterie est en train d’avoir assez duré. Le blanc occidental arrogant progressiste et raciste (racisme renforcé par son pathologique caquetage antiraciste) est en train de dérouiller sur le plan intellectuel et matériel, comme je le montrais déjà dans ma Lettre ouverte il y a dix ans. Il ne lui reste plus que la péroraison où il a toujours excellé depuis les vieux orateurs gréco-romains et les théologiens baroques.

Xavier Moreau a expliqué pourquoi le criminel et débile Zelensky a dû se calmer dans ses ardeurs guerrières : il était en train de ruiner l’économie de son pays déjà bien mal en point, et la baisse trimestrielle du PNB va sans doute être de 10%. S’il peut toujours écouter les conseils de l’infatigable BHL (qui propose aussi de coffrer les non vaccinés factieux en France), il n’a pas les moyens de faire sa guerre ni sur le plan militaire ni sur le plan économique. Nos abrutis ici aussi sont en train d’être rattrapés par la réalité : voir les rayons vides dans les supermarchés américains, l’explosion des prix de la bouffe (alimentaire, mon cher Watson !), l’inflation à deux chiffres pour les logements ou les automobiles, et en France cette donnée intéressante : 55% des bagnoles roulent encore au Diesel et Macron, auteur du plus fantastique déficit commercial de l’histoire de… l’Europe (on nous l’a vendu comme génie économique) veut les INTERDIRE. On ne peut que se réjouir quand on apprend en même temps qu’1% des bagnoles sont électriques, et que ces bagnoles ne marchent pas ou presque (essayez une longue distance pour rire). Dans le même temps le sinistre et prétentieux rêve nucléaire français prend fin faute d’uranium ou d’entretien ou de savoir-faire et nos centrales connaissent un sort proche de celle de Tchernobyl (souvenez-vous comme on s’en gaussa alors).

Le futur (le présent) de l’Occident, c’est donc la déglingue, comme disait Lucien Cerise. Pas de chance pour nous, nous sommes mal tombés. Cette déglingue est folle, est provoquée par la politique (les banquiers Draghi-Macron sont de furieux destructeurs) mais pas seulement : l’écroulement face à la pénurie énergétique qu’on a trop longtemps masqué derrière l’écologie et le « réchauffement climatique » se produit sous nos yeux et nous allons tous en pâtir plus, alors que la Chine comme la Russie, pour des raisons communes et complémentaires (espace ; énergie ; savoir-faire ; discipline des populations et compétence de la classe dirigeante) se préparent un siècle à leur mesure – mais qui ne sera pas long si la crise démographique persiste.

Car s’il faut se réjouir de l’effondrement US ou européen, vu ce que ces épaves morales et culturelles sont devenues, il ne faut pas non plus trop trompeter. « Le destin du Spectacle n’est pas de finir en despotisme éclairé », disait Guy Debord, qui pressentait sans doute ce mixte de déglingue et d’atroce tyrannie. De toute manière leur destructeur monde moderne créé par la consommation effrénée des énergies fossiles était bien condamné. Je citerai pour finir cette belle envolée de Drieu la Rochelle écrite au lendemain de l’ignoble Guerre de 14-18 :

« Tous se promènent satisfaits dans cet enfer incroyable, cette illusion énorme, cet univers de camelote qui est le monde moderne où bientôt plus une lueur spirituelle ne pénétrera…Il n'y a plus de partis dans les classes plus de classes dans les nations, et demain il n'y aura plus de nations, plus rien qu'une immense chose inconsciente, uniforme et obscure, la civilisation mondiale, de modèle européen. »

Reste à savoir maintenant si la grande claque économique nous évitera la dictature des Schwab-Gates-v. d. Leyen…

 

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samedi, 12 février 2022 | Lien permanent

Le syndrome Churchill et la catastrophique guerre occidentale

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Le syndrome Churchill et la catastrophique guerre occidentale

Nicolas Bonnal

On a vu le niveau de débilité, d’incompétence et même d’incorrection, vestimentaire ou autre, des leaders du G7. Macron est en perdition, Trudeau aussi et Biden va prendre une raclée, n’en déplaise aux catastrophistes. Mais mon sujet est le syndrome Churchill : Churchill est l’homme politique le plus nul possible (voir le livre de John Charmley) sur le plan pratique, et qui ne se sentait à l’aise que dans des guerres totales et d’extermination contre les Allemands, qui étaient la cible de l’époque. Or sur ordre des néocons beaucoup plus inspirés par Churchill que par Strauss les hommes politiques nuls ou même obscènes que nous avons en Occident veulent se lancer dans une guerre éternelle de type orwellien contre la Russie ; dans l’espoir que ces chefs de guerre insensés seront célébrés par des foules toujours plus abruties. Ils oublient que Churchill fut jeté dehors par ses électeurs british en 1945, preuve sans doute que la satisfaction n’était pas à la hauteur des aspirations du chéri des journalistes néocons.

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On va citer le capitaine Grenfell, ami de John Buchan, sur les buts aberrants de Churchill, car ce dernier se met à déifier le stalinisme pour écraser l’hitlérisme (qui lui a proposé dix fois la paix). Je cite la traduction de mes amis du Saker francophone :

« Mais, en supposant que la suppression par la force des tyrannies dans des pays étrangers constituât le devoir des Britanniques, pourquoi trouvait-on une autre tyrannie, partenaire des Britanniques dans ce processus? La tyrannie communiste, en Russie, était pire que la tyrannie nazie en Allemagne ; les conditions générales de vie du peuple russe était largement inférieures à celles des Allemands ; le travail de forçat en Russie était employé à grande échelle, en comparaison à la même pratique sur le sol allemand, la cruauté n'y avait rien à envier à celle du côté allemand, et de nombreux observateurs la décrivent même comme bien plus importante. La technique répugnante des purges, des interrogatoires brutaux amenant à "confession", et l'espionnage domestique généralisé était déjà à l'œuvre en Russie depuis des années avant que Hitler n'introduise ces mêmes méthodes en Allemagne, qu'il copia probablement de l'exemple russe. Mais M. Churchill encensait la Russie comme allié des plus bienvenus, quand elle se trouva embarquée dans la guerre. »

Plus loin Grenfell souligne le bilan effrayant de cette guerre pour l’Angleterre et son empire (qui n’a pas été détruit par le nazisme mais par la guerre contre le nazisme) :

« Il s'était montré prêt à tout sacrifier pour parvenir à cette victoire, et les sacrifices consentis par lui laissèrent ses co-vainqueurs britanniques à moitié ruinés, rationnés, emprisonnés financièrement dans le camp de concentration de leur île, assistant à la désintégration de leur Empire, leur propre pays occupé par des soldats américains, et leur économie nationale dépendant de la charité étasunienne. Tout cela pour quoi ? Pour que les Allemands se vissent désarmés de manière permanente? À peine trois ou quatre années passées, nous suppliions les Allemands de se réarmer aussi rapidement que possible. »

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Grenfell a tout résumé là : on a détruit le pays et l’Europe pour rien, pour se retrouver avec une URSS plus forte que jamais. Puis avec une Europe anglo-américaine plus belliciste que jamais…

Ce n’est pas un hasard si Orwell a écrit son 1984 pendant cette triste époque. Voyez l’enfant aux cheveux verts de Losey ; on est passé de l’Angleterre edwardienne maîtresse du monde vers 1900 à un pays prolétarisé et clochardisé y compris sur le plan culturel et sociétal. Et c’est Churchill et sa rage guerrière qui ont précipité tout cela. Mais puisqu’on vous dit qu’il a sauvé le monde et la paix…

Les nazis volaient des territoires ? Grenfell, qui n’est pas russophile pour un sou, remarque justement (et cela explique la claque de Kaliningrad…) :

« Pourtant, à Yalta, il accepta que des centaines de milliers de kilomètres carrés de territoire polonais (sans parler des territoires lettons, lituaniens ou estoniens) fussent accordés, sans l'aval des habitants, aux gâteurs d'âme, en désaccord flagrant de la Charte Atlantique que lui-même et le président des USA avaient claironné au monde au cours de la même guerre, et en déni flagrant de la déclaration de guerre britannique contre l'Allemagne de 1939, qui précisément garantissait l'inviolabilité du territoire polonais. En outre, les compensations accordées aux Polonais sous forme de territoire d'Allemagne orientale, et l'allocation de la moitié du reste de l'Allemagne à une occupation russe, eurent pour effet de supprimer la zone tampon historique entre Moscou et les pays bordant l'Atlantique. »

Et Grenfell d’ajouter justement :

« Aucune raison réaliste n'existait de considérer l'alliance de la Russie comme loyale et digne de confiance. »

Sur Roosevelt, Grenfell rejoint les libertariens américains :

« On peut également admettre que le président Roosevelt, à cette époque, était dans un état d'hallucination fascinée quant à la pureté virginale des motivations du maréchal Staline… »

Revenons à la situation présente : nos « élites » (ouaf ouaf) s’inspirent d’un homme qui fut prêt à tout pour gagner une guerre déshonorante (un million de civils allemands carbonisés sous les bombes) et déplorable sur le plan des résultats.

Comprenez donc qu’ils vous affameront, vous priveront d’eau (cf. le ministre teuton), d’électricité, de bagnole, de liberté (mais pas de vaccin !), et qu’ils continueront dans leur aberration guerrière jusqu’au bout. Tout sera bon pour exterminer la Russie qui a remplacé l’Allemagne. Mais restons optimistes : le peuple se réveillera !

Source:

Grenfell – Haine inconditionnelle (lesakerfrancophone.fr)

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samedi, 02 juillet 2022 | Lien permanent

Guy Debord et le « despotisme peu éclairé » de notre apocalypse démocratique

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Guy Debord et le « despotisme peu éclairé » de notre apocalypse démocratique

Nicolas Bonnal

Il y a quarante ans ou presque Guy Debord revenu du gauchisme et converti à la critique radicale et traditionnelle (subtilement teintée de marxisme, car il y a une dimension guénonienne dans le marxisme bien tempéré) du monde moderne nous prévient que « le destin du Spectacle (démocratie libérale) n’est pas de finir en despotisme éclairé ». Il se demande même « qui diable peut commander le monde démocratique. » Nous y sommes, et tout se passe bien. Debord comprend très bien pourquoi : nous devenons des imbéciles dirigés par des conspirateurs nihilistes. Et cela donne dans ses fastueux Commentaires  où il prévoit même le devenir complotiste d’une partie de l’opinion :

« L’imbécillité croit que tout est clair, quand la télévision a montré une belle image, et l’a commentée d’un hardi mensonge. La demi-élite se contente de savoir que presque tout est commenté d’un hardi mensonge. La demi-élite se contente de savoir que presque tout est obscur, ambivalent, « monté » en fonction de codes inconnus. Une élite plus fermée voudrait savoir le vrai, très malaisé à distinguer clairement dans chaque cas singulier, malgré toutes les données réservées et les confidences dont elle peut disposer. C’est pourquoi elle aimerait connaître la méthode de la vérité, quoique chez elle cet amour reste généralement malheureux. »

L’opinion est déjà prête à avaler n’importe quoi (Léon Bloy disait nument vers 1900 que « le bourgeois avale tout même la merde »). A fin des années 80, Mitterrand est réélu et c’est le déferlement de la « tontonmania » dans l’hexagone ; Debord évoque alors l’inévitable servitude volontaire et l’inquiétante montée des réseaux :

« La Boétie a montré, dans le Discours sur la servitude volontaire, comment le pouvoir d’un tyran doit rencontrer de nombreux appuis parmi les cercles concentriques des individus qui y trouvent, ou croient y trouver, leur avantage. Et de même beaucoup de gens, parmi les politiques ou médiatiques qui sont flattés qu’on ne puisse les soupçonner d’être des irresponsables connaissent beaucoup de choses par relations et par confidences. Celui qui est content d’être dans la confidence n’est guère porté à la critiquer ; ni donc à remarquer que, dans toutes les confidences, la part principale de réalité lui sera toujours cachée. »

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Debord avait même prévu des lascars comme Sarkozy, Hollande ou Macron (attentats, dictature et dette au programme sur fond de news apocalyptiques et sidérantes) :

« Il faut conclure qu’une relève est imminente et inéluctable dans la caste cooptée qui gère la domination, et notamment dirige la protection de cette domination. En une telle matière, la nouveauté, bien sûr, ne sera jamais exposée sur la scène du spectacle. Elle apparaît seulement comme la foudre, qu’on ne reconnaît qu’à ses coups. Cette relève, qui va décisivement parachever l’œuvre des temps spectaculaires, s’opère discrètement, et quoique concernant des gens déjà installés tous dans la sphère même du pouvoir, conspirativement. Elle sélectionnera ceux qui y prendront part sur cette exigence principale : qu’ils sachent clairement de quels obstacles ils sont délivrés, et de quoi ils sont capables. »

Tout cela est rendu facile par (déjà…) l’effondrement intellectuel :

« L’ineptie qui se fait respecter partout, il n’est plus permis d’en rire ; en tout cas il est devenu impossible de faire savoir qu’on en rit. »

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Tout se passe sur fond de présent perpétuel et d’autodestruction festive (le jet ski à Brégançon) :

« La construction d’un présent où la mode elle-même, de l’habillement aux chanteurs, s’est immobilisée, qui veut oublier le passé et qui ne donne plus l’impression de croire à un avenir, est obtenue par l’incessant passage circulaire de l’information, revenant à tout instant sur une liste très succincte des mêmes vétilles, annoncées passionnément comme d’importantes nouvelles ; alors que ne passent que rarement, et par brèves saccades, les nouvelles véritablement importantes, sur ce qui change effectivement. Elles concernent toujours la condamnation que ce monde semble avoir prononcée contre son existence, les étapes de son autodestruction programmée. »

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La démocratie (occidentale s’entend) va donc amener une Fin du monde sur fond de crétinisme généralisé. Mais cette Fin du monde sera bâclée (le pleurnichement de T. S. Eliot cité par le colonel Kurz à la fin d’Apocalypse now) :

« On croyait savoir que l’histoire était apparue, en Grèce, avec la démocratie. On peut vérifier qu’elle disparaît du monde avec elle… Il faut pourtant ajouter, à cette liste des triomphes du pouvoir, un résultat pour lui négatif : un État, dans la gestion duquel s’installe durablement un grand déficit de connaissances historiques, ne peut plus être conduit stratégiquement. »

On verra si face à Biden, Schwab, Scholz ou Macron une force politique adverse, incarnant le refus de la Fin de l’Histoire, est susceptible de mettre fin à ce despotisme si peu éclairé. Personnellement j’en doute.

Sources :

http://achard.info/debord/CommentairesSurLaSocieteDuSpect...

http://www.bibebook.com/files/ebook/libre/V2/bloy_leon_-_...

https://www.youtube.com/watch?v=ieTinz7xtJQ

https://www.amazon.fr/gp/product/B08MH5ZPV5/ref=dbs_a_def...

 

 

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jeudi, 25 août 2022 | Lien permanent

Edouard Drumont, Mgr Delassus et la montée du grand impérialisme américain

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Edouard Drumont, Mgr Delassus et la montée du grand impérialisme américain

Nicolas Bonnal

On a déjà étudié Mgr Delassus et sa conjuration antichrétienne - et son étude sur l’américanisme qui montre que l’Amérique est sans doute une matrice et une république (une république ou un royaume comme celui d’Oz ?) antéchristique qui repose sur quatre piliers : le militarisme messianique d’essence biblique ; le matérialisme effroyable ; la subversion morale totale qui défie et renverse aujourd’hui toutes les civilisations (LGBTQ, BLM, Cancel culture, Green Deal, etc.). Quatrième pilier enfin : pire qu’Hiroshima, l’arme absolue semble être cette bombe informatique dont l’admirable et déjà oublié Paul Virilio (dernier penseur français d’importance) a parlé. L’éditeur de Virilio Galilée a d’ailleurs repris un de mes textes sur cet esprit fondamental.

Dans le tome deuxième de sa Conjuration Mgr Delassus cite Drumont (Drumont c’est comme Céline : on oublie ses propos sur les juifs et on se concentre sur le reste) sur la naissance de l’impérialisme gnostique des USA qui volent impunément – en arguant d’un attentat attribué à Ben Laden, pardon au gouvernement espagnol d’alors - Cuba et les Philippines pour faire de l’une un bordel (puis un paradis de sanctions communistes…) et de l’autre une colonie pénitentiaire (300.000 morts tout de même, voyez mon texte sur fr.sputniknews.com basé sur des historiens libertariens) puis capitaliste ad vitam (voyez le sort des ouvrières philippines dans film le Bourne Legacy avec Jeremy Renner par exemple).

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Delassus donc :

« M. Edouard Drumont faisait tout récemment ces observations : « Ce dont il faut bien se pénétrer, c'est que les Etats- Unis d'aujourd'hui ne ressemblent plus du tout aux Etats-Unis d'il y a seulement vingt ans.

« II y a eu, surtout depuis la guerre avec l'Espagne, une transformation radicale des mœurs, des idées et des sentiments de ce pays. Les Etats-Unis étaient naguère une grande démocratie laborieuse et pacifique ; ils sont devenus peu à peu une démocratie militaire, orgueilleuse de sa force, avide d'agrandissements et de conquêtes; il n'y a peut-être pas dans le monde entier d'impérialisme plus ambitieux, plus résolu et plus tenace que l'impérialisme américain. Chez ce peuple, qui eût haussé les épaules autrefois si on lui eût parlé de la possibilité d'une guerre avec une puissance quelconque, il n'est question actuellement que de dissentiments, de conflits et d'aventures. »

On verra ou reverra à ce propos l’admirable Le Lion et le Vent de John Milius, avec Sean Connery, qui illustrait bien cette fièvre définitive d’impérialisme qui prendra fin (prochaine) avec le monde.

Drumont ajoute (je ne sais d’où sort ce texte –sans doute est-ce un article de son journal) :

« Remarquez également combien l'action diplomatique des Etats-Unis est différente de ce qu'elle était jadis. Au lieu de se borner à maintenir l'intangibilité de la doctrine de Monroe, la grande République a la prétention maintenant de jouer partout son rôle de puissance mondiale. Elle ne veut pas que nous intervenions dans les affaires américaines, mais elle intervient à chaque instant et à tout propos dans nos affaires d'Europe. On n'a pas oublié le mauvais goût et le sans-gêne avec lesquels Roosevelt, il y a deux ou trois ans, voulut s'immiscer dans les affaires intérieures de la Roumanie, à propos des Juifs. Il est vrai que les Etats-Unis sont en voie de devenir une puissance juive, puisque dans une seule ville, comme New- York, il y a près d'un million d'Hébreux I Ajoutez à cela la fermentation continue de toutes ces races juxtaposées, mais non fusionnées, qui bouillonnent perpétuellement sur ce vaste territoire, comme en une immense cuve : la question chinoise, la question japonaise, la question nègre, presque aussi aiguë aujourd'hui qu'elle l'était à la veille de la guerre de sécession. Tout cela fait ressembler la République américaine à un volcan gigantesque qui lance déjà des jets de fumée et des bouffées de lave, en attendant l'éruption qui ne peut manquer d'éclater tôt ou tard... »

Comme la république impérialiste des Romains qui unifia et détruisit les cultures antiques (Oswald Spengler en parle bien), l’empire détruit et unifie tout ; Delassus ajoute :

« C'est en Amérique surtout qu'a pris corps le projet de l’établissement d'une religion humanitaire, devant se substituer aux religions existantes. Depuis longtemps on y travaille à abaisser les barrières dogmatiques et à unifier les confessions de façon à favoriser les voies à l'humanitarisme. »

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La liquidation du catholicisme romain par l’agent Bergoglio est une belle illustration. Et à propos de cette fusion des intérêts juifs et américains Delassus (qui cite beaucoup, et comme il a raison) cite l’historien Henry Bargy :

Il croit pouvoir poser ces deux assertions : « La République des Etats-Unis est, dans la pensée des Juifs d'Amérique, la Jérusalem future ». « L'Américain croit sa nation venue de Dieu ». Et il ajoute : Dans cette confiance patriotique des Américains, les Juifs ont reconnu la leur. Leur orgueil national est venu s'appuyer- sur celui de leurs nouveaux compatriotes. Les uns comme les autres attendent de leur race le salut de la terre (1). »

Avec des messies comme ça qui tiennent l’informatique, la presse et les billets de banque, nous sommes mal partis. Delassus annonce même le Grand Reset, simple application des idéaux socialistes et maçonniques. Mais découvrez son œuvre admirable.

PS : je découvre en terminant ce texte que Google devient inutilisable.

Bargy, dans son livre : La Religion dans la société aux Etats-Unis, dit : « La République des Etats-Unis est, dans la pensée des Juifs d'Amérique, la Jérusalem future. »

SOURCES :

https://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Delassus/Conjur...

https://ia800309.us.archive.org/34/items/lamricanismeet00...

http://www.editions-galilee.fr/images/3/p_9782718600796.pdf

https://fr.sputniknews.africa/20170107/Cuba-USA-Philippin...

https://www.dedefensa.org/article/lamericanisation-et-not...

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dimanche, 30 avril 2023 | Lien permanent

Quand Emmanuel Kant dénonce la dette et le colonialisme occidental…

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Quand Emmanuel Kant dénonce la dette et le colonialisme occidental…

par Nicolas Bonnal

Projet de paix perpétuelle : un texte célèbre et mal lu. Car le plus grand esprit du siècle tord le cou aux Occidentaux : voyons ce qu’il dit de la dette (qui en Occident signifie la richesse de la nation, plaisante Marx dans le Capital, VI) :

« Chercher des ressources au dedans ou au dehors dans l’intérêt de l’économie du pays (pour l’amélioration des routes, la fondation de nouvelles colonies, l’établissement de magasins pour les années stériles, etc.) ne présente rien de suspect. »

Mais la menace arrive avec l’Angleterre, qui bâtit son empire et ses guerres napoléoniennes avec sa dette immonde ; Kant s’inquiète :

« Mais il n’en est pas de même de ce système de crédit, — invention ingénieuse d’une nation commerçante de ce siècle, — où les dettes croissent indéfiniment, sans qu’on soit jamais embarrassé du remboursement actuel (parce que les créanciers ne l’exigent pas tous à la fois) : comme moyen d’action d’un État sur les autres, c’est une puissance pécuniaire dangereuse ; c’est en effet un trésor tout prêt pour la guerre, qui surpasse les trésors de tous les autres États ensemble et ne peut être épuisé que par la chute des taxes, dont il est menacé dans l’avenir (mais qui peut être retardée longtemps encore par la prospérité du commerce et la réaction qu’elle exerce sur l’industrie et le gain). »

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Qui dit dette dit en effet guerre, et une guerre éternelle comme celle menée par les pays anglo-saxons :

« Cette facilité de faire la guerre, jointe au penchant qui y pousse les souverains et qui semble inhérent à la nature humaine, est donc un grand obstacle à la paix perpétuelle… »

La paix perpétuelle ne peut se faire que sans l’Occident : on le sait maintenant. Un total écroulement financier et économique de ce tordu pourra seul établir la paix dans le monde. Voilà pour la dette.

Et puis Kant pousse plus loin : il se rend compte des mauvaises manières (on ne dit pas encore coloniales) des Occidentaux. Et cela donne :

« Si maintenant on examine la conduite inhospitalière des États de l’Europe, particulièrement des États commerçants, on est épouvanté de l’injustice qu’ils montrent dans leur visite aux pays et aux peuples étrangers (visite qui est pour eux synonyme de conquête). L'Amérique, les pays habités par les nègres, les îles des épiceries, le Cap, etc., furent, pour ceux qui les découvrirent, des pays qui n'appartenaient à personne, car ils comptaient les habitants pour rien. »

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Kant dénonce le désordre et le chaos amené partout par les « civilisateurs occidentaux » :

« Dans les Indes orientales (dans l’Indoustan), sous prétexte de n'établir que des comptoirs de commerce, les Européens introduisirent des troupes étrangères, et par leur moyen opprimèrent les indigènes, allumèrent des guerres entre les différents États de cette vaste contrée, et y répandirent la famine, la rébellion, la perfidie et tout le déluge des maux qui peuvent affliger l’humanité. »

Après des pays plus lointains et plus puissants se méfient – et comme on les comprend :

« La Chine et le Japon, ayant fait l’essai de pareils hôtes, leur refusèrent sagement, sinon l’accès, du moins l'entrée de leur pays ; ils n’accordèrent même cet accès qu’à un seul peuple de l’Europe, aux Hollandais, et encore en leur interdisant, comme à des captifs, toute société avec les indigènes. »

Mais la Chine sera économiquement anéantie au siècle suivant (perdant 90% de sa capacité productive grâce toujours à la civilisatrice Angleterre qui affame l’Inde) et le Japon finira en 1945 comme on sait après avoir mal copié l’Occident et avoir été poussé à faire la guerre à la Russie en 1905.

Et Kant note le caractère dérisoire de ce développement à l’occidentale :

« Le pire (ou, pour juger les choses au point de vue de la morale, le mieux), c'est que l’on ne jouit pas de toutes ces violences, que toutes les sociétés de commerce qui les commettent touchent au moment de leur ruine, que les îles à sucre, ce repaire de l'esclavage le plus cruel et le plus raffiné, ne produisent pas de revenu réel et ne profitent qu’indirectement, ne servant d'ailleurs qu’à des vues peu louables, c’est-à-dire à former des matelots pour les flottes et à entretenir ainsi des guerres en Europe, et cela entre les mains des États qui se piquent le plus de dévotion et qui, en s’abreuvant d’iniquités, veulent passer pour des élus en fait d'orthodoxie. »

On note au passage l’allusion à la tartuferie occidentale. Comme dira Trotski dans un texte célèbre que j’ai recensé :

« L’histoire favorise le capital américain: pour chaque brigandage, elle lui sert un mot d’ordre d’émancipation. »

Eh bien c’est enfin en train de se terminer.

Sources :

https://fr.wikisource.org/wiki/M%C3%A9taphysique_des_m%C5...

https://blogs.mediapart.fr/danyves/blog/220117/comment-tr...

 

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samedi, 13 mai 2023 | Lien permanent

Les nouveaux chiens de garde de Serge Halimi: qu’il s’agisse de vaccin, d’Europe à la Ursula-Macron, de guerre au Moyen-

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Les nouveaux chiens de garde de Serge Halimi: qu’il s’agisse de vaccin, d’Europe à la Ursula-Macron, de guerre au Moyen-Orient, de russophobie ou de sinophobie, on retrouve les mêmes

par Nicolas Bonnal

La France est depuis toujours un pays conditionné. On le voit bien en relisant sans les œillères scolaires Molière ou La Bruyère. Le bourgeois, le dévot, le malade imaginaire, la femme savante, le sot savant, l’escroc médecin, le pédant-expert, l’hypocrite, la précieuse, sont des mines pour qui sait voir ; et la crise du Covid marquée par la dictature et la tartuferie sanitaire, revêt un caractère très français. Taine ou Tocqueville avaient tout dit. Centralisation, pouvoir royal, révolution, empire, radical-socialisme ont pavé la voie de la soumission jacobine de la masse (voyez mes textes sur le sujet) et l’esprit libre souvent ne comprend pas sa solitude.

La presse et la télé sont vilipendées aujourd’hui pour leur rôle. Mais elles sont toujours comme ça. Rappelons donc la belle étude de Serge Halimi.

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La presse française, qui appartient à quelques oligarques (dont Bernard LVMH, qui pèse aujourd’hui MILLE milliards…de francs) et est subventionnée à hauteur de 500 millions d’euros tant elle dégoûte les Français, aura été crasse et ignoble depuis le début de cette histoire : affolement, confinements, masques, vaccins, meurtres de masse, passes sanitaires, chantage et menaces, elle nous aura tout imposé.

Malheureusement il n’y a rien de nouveau sous le sommeil : depuis les années Mitterrand et le passage du col Mao au Rotary (Hocquenghem) nous sommes dans un présent permanent d’omerta (Sophie Coignard), d’abjection et de désinformation sous contrôle de la mafia d’État (Vincent Jauvert). Ils sont là pour enrichir les riches et pour empoisonner les Français.

C’est que les gens dont nous parlons sont des chiens de garde. Et quels dobermans ! Et quels roquets ! Revenons-en alors au maître-livre de Serge Halimi, trublion du Monde diplomatique, qui rappelait dans son documenté pamphlet que le journaliste est avant tout un enthousiaste :

« La censure est cependant plus efficace quand elle n’a pas besoin de se dire, quand les intérêts du patron miraculeusement coïncident avec ceux de « l’information ». Le journaliste est alors prodigieusement libre. Et il est heureux. On lui octroie en prime le droit de se croire puissant. Fêtard sur la brèche d’un mur de Berlin qui s’ouvre à la liberté et au marché, petit soldat ébloui par l’armada de l’OTAN héliportant au Kosovo la guerre « chirurgicale » et les croisés de l’Occident, avocat quotidien de l’Europe libérale au moment du référendum constitutionnel : reporters et commentateurs eurent alors carte blanche pour exprimer leur enthousiasme. Le monde avait basculé dans la « société de l’information », avec ses hiérarchies « en réseau », ses blogs et ses nouveaux seigneurs. »

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La presse fut chargée d’encenser Davos :

« Le capitalisme a ses charités, ses philanthropes dont la mission est d’enjoliver un système peu amène envers ceux qu’il ne comble pas de ses bienfaits. La presse trône au premier plan de ces campagnes de blanchiment. Ainsi, Davos, autrefois conclave des « global leaders » soucieux de « créer de la valeur » pour leurs actionnaires, serait presque devenu un lieu de virée pour patrons copains et citoyens. »

Halimi tacle au passage – mais ironiquement hélas - l’effarant Laurent Joffrin :

« N’accablons pas Laurent Joffrin. Lui qui, pendant les années Reagan, célébra les États- Unis et le libéralisme (l’émission « Vive la crise ! » fut en partie son œuvre) n’a fait que traduire à sa modeste échelle ce que, sous la double pression de la concentration capitaliste et d’une concurrence commerciale favorisant le conformisme et la bêtise, le journalisme est devenu presque partout : creux et révérencieux. »

La géographie ça sert d’abord à faire la guerre, disait le trop oublié géographe tiers-mondiste Yves Lacoste. La presse encore plus, surtout dans une puissance belligène et coloniale :

« Pendant les guerres, la presse se soucie moins de consensus, de pédagogie, de complexité, et davantage de réchauffer l’ardeur des combattants. Presque tout a été dit sur l’effondrement de l’esprit critique lors de la guerre du Golfe où, mis à part L’Humanité et La Croix (par intermittence), chacun des directeurs de quotidien se plaça au service de nos soldats. Quasiment unanimes, les hebdos, radios et télévisions firent chorus, se transformant en classe de recyclage pour officier au rancart vaincu en Algérie trente ans plus tôt et soucieux de prendre, dans les médias, sa revanche sur les Arabes. »

Halimi souligne cette haine pathologique du peuple. On la sentit venir en 1992 au moment de Maastricht. Juste là confinée au nationaliste pauvre (raciste, fasciste, nazi, antisémite, etc.), cette haine se communiqua à tout le peuple de gauche, du centre ou d’ailleurs :

« En 1992, la campagne du référendum sur le traité de Maastricht répéta les « dérives » observées pendant la guerre du Golfe. Là encore, beaucoup de choses se conjuguèrent : la volonté d’encourager l’élite éclairée qui construit l’avenir (« l’Europe») alors que le peuple ne sait qu’exhaler ses nostalgies, sa « xénophobie » et ses « peurs » ; la préférence instinctive pour les options du centre, surtout lorsqu’elles s’opposent aux extrêmes « populiste » et « nationaliste » ; enfin la place accordée aux avis des experts et des intellectuels, eux aussi particulièrement sensibles aux ressorts précédents. Intelligence contre irrationalité, ouverture contre repli, avenir contre passé, ordre contre meute : tous ces fragments d’un discours méprisant de caste et de classe resurgirent au moment du référendum de mai 2005 sur le traité constitutionnel européen. »

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Et comme on continue de chercher la petite bête immonde ici et ailleurs, Halimi rappelle :

« Il a fallu attendre la fin du second septennat de François Mitterrand pour découvrir que l’ancien président de la République avait, sciemment et longtemps après la guerre, continué à fréquenter un haut dignitaire de Vichy impliqué dans les basses œuvres de ce régime, qu’il avait envoyé à la guillotine des militants de l’indépendance algérienne…Tant d’enquêteurs et tant de journaux se prétendant concurrents pour arriver à ce résultat-là ! »

Et puisque je citais Molière, je rappellerai sa prodigieuse pièce méconnue : « tu l’as voulu, Georges Dandin, tu l’as voulu ! ». Car le Français de souche adore remettre ça. Il élira sauf accident (mais lequel ?) l’énarque Pécresse après l’énarque Macron et l’énarque Hollande (voyez aussi les énarques Philippot ou Asselineau…), le tout sans se poser de questions.

 

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samedi, 21 octobre 2023 | Lien permanent

Le dernier homme et la critique nietzschéenne de l’Etat moderne

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Le dernier homme et la critique nietzschéenne de l’Etat moderne

Nicolas Bonnal

Un ami me dit qu’en France tout le monde est préoccupé de Covid et de vacances. Pour le reste, me dit un autre, ils attendent impatiemment le rationnement de Le Maire et d’Ursula. Rien ne les préoccupe vraiment sauf le masque et la prochaine dose. Côté énergie, tout le monde ou presque est d’accord : il faut mourir pour BHL et son prophète.

La situation est désespérée mais elle n’est pas grave : c’est que le peuple nouveau de Macron – si bien soutenu par Marine et consorts – répond au dernier homme de Nietzsche. Relisons Ainsi parlait Zarathoustra alors :

« Je vais donc leur parler de ce qu’il y a de plus méprisable : je veux dire le dernier homme. »

Nietzsche ajoute dans son insurpassable élan poétique et prophétique :

« Malheur ! Les temps sont proches où l’homme ne mettra plus d’étoile au monde. Malheur ! Les temps sont proches du plus méprisable des hommes, qui ne sait plus se mépriser lui-même. Voici ! Je vous montre le dernier homme. « Amour ? Création ? Désir ? Étoile ? Qu’est cela ? » – Ainsi demande le dernier homme et il cligne de l’œil. »

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Nietzsche prévoit non pas le grand remplacement mais le grand rétrécissement mental, spirituel et cérébral :

« La terre sera alors devenue plus petite, et sur elle sautillera le dernier homme, qui rapetisse tout. Sa race est indestructible comme celle du puceron ; le dernier homme vit le plus longtemps. « Nous avons inventé le bonheur, » – disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil. Ils ont abandonné les contrées où il était dur de vivre : car on a besoin de chaleur. On aime encore son voisin et l’on se frotte à lui : car on a besoin de chaleur. »

Ah, cette durée de vie…

On est obsédé par les maladies et les médicaments :

« Tomber malade et être méfiant passe chez eux pour un péché : on s’avance prudemment. Bien fou qui trébuche encore sur les pierres et sur les hommes ! Un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables. Et beaucoup de poisons enfin, pour mourir agréablement. »

Les RTT ? Lisez Nietzsche :

« On travaille encore, car le travail est une distraction. »

Après on crée une société à la Jospin, une société un peu paresseuse :

« Mais l’on veille à ce que la distraction ne débilite point. On ne devient plus ni pauvre ni riche : ce sont deux choses trop pénibles. Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles. »

La cancel culture est déjà là au sens strict (lisez l’admirable deuxième considération inactuelle sur l’anéantissement de l’histoire) qui consiste à ne plus supporter son passé ou son Histoire nationale ou autre (cf. Biden, Macron ou Bergoglio) :

« Point de berger et un seul troupeau ! Chacun veut la même chose, tous sont égaux : qui a d’autres sentiments va de son plein gré dans la maison des fous. « Autrefois tout le monde était fou, » – disent ceux qui sont les plus fins, et ils clignent de l’œil. On est prudent et l’on sait tout ce qui est arrivé : c’est ainsi que l’on peut railler sans fin. On se dispute encore, mais on se réconcilie bientôt – car on ne veut pas se gâter l’estomac. On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit : mais on respecte la santé. « Nous avons inventé le bonheur, » – disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil. »

Voilà pour le dernier homme dont a si mal parlé Fukuyama (sans doute parce que le piteux bureaucrate hégélien Kojève en avait mal parlé lui-même). Puis survient l’Etat dans le fabuleux chapitre : De la nouvelle idole. Quelques citations rafraichissantes alors dont la plus connue sur le monstre froid :

« L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « Moi, l’État, je suis le Peuple. »

L’Etat s’est renforcé avec les guerres, avec l’Europe, avec les banques centrales, et les dettes immondes, avec le sozial comme disait Céline. C’est le Warfare state et le Welfare State de Rothbard. Tout cela écrit Nietzsche est lié à des « appétits » :

« Ce sont des destructeurs, ceux qui tendent des pièges au grand nombre et qui appellent cela un État : ils suspendent au-dessus d’eux un glaive et cent appétits. Partout où il y a encore du peuple, il ne comprend pas l’Etat et il le déteste comme le mauvais œil et une dérogation aux coutumes et aux lois. »

Nietzsche rappelle justement que l’Etat moderne a tout volé :

« Mais l’État ment dans toutes ses langues du bien et du mal ; et, dans tout ce qu’il dit, il ment – et tout ce qu’il a, il l’a volé. Tout en lui est faux ; il mord avec des dents volées, le hargneux. Même ses entrailles sont falsifiées. »

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La culture de la mort, la volonté de mort sont liées à l’Etat :

« Une confusion des langues du bien et du mal – je vous donne ce signe, comme le signe de l’État. En vérité, c’est la volonté de la mort qu’indique ce signe, il appelle les prédicateurs de la mort ! Beaucoup trop d’hommes viennent au monde : l’État a été inventé pour ceux qui sont superflus ! Voyez donc comme il les attire, les superflus ! »

Cette notion d’homme superflu fait penser aux mangeurs inutiles (nous tous ou presque) que les mondialistes veulent exterminer maintenant. Ils ont fait pulluler sur les plages ou devant les télés ce troupeau et maintenant ils veulent l’éliminer. Et le troupeau se laisse liquider sans regimber, surtout en Occident. Il ne se sent ni très utile ni très sûr de lui-même il est vrai !

Nietzsche voit que l’Etat-providence va remplacer la Providence (à cet égard lisez l’Australien Charles Pearson qui rivalise avec Nietzsche ou Tocqueville en ce roi des siècles analytiques – le dix-neuvième) :

« Certes, il vous devine, vous aussi, vainqueurs du Dieu ancien ! Le combat vous a fatigués et maintenant votre fatigue se met au service de la nouvelle idole ! »

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La vie moderne devient un lent suicide – sensible au niveau des nations comme des personnes. Thoreau parle de désespoir tranquille dans Walden. Et Nietzsche :

« L’État est partout où tous absorbent des poisons, les bons et les mauvais : l’État, où tous se perdent eux-mêmes, les bons et les mauvais : l’État, où le lent suicide de tous s’appelle – « la vie ». Voyez donc ces superflus ! Ils volent les œuvres des inventeurs et les trésors des sages : ils appellent leur vol civilisation – et tout leur devient maladie et revers ! Voyez donc ces superflus ! Ils sont toujours malades, ils rendent leur bile et appellent cela des journaux. »

C’est que ces journaux, subventionnés à 100% comme on sait…

On me reproche mon pessimisme. C’est que Nietzsche, Thoreau ou Tocqueville, ça ne date pas d’hier. Et rappelons aux distraits que Marx voulait aussi la fin de l’Etat.

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lundi, 11 juillet 2022 | Lien permanent

Eric Zemmour et la destruction de la culture française (par Malraux) sous de Gaulle

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Eric Zemmour et la destruction de la culture française (par Malraux) sous de Gaulle

par Nicolas Bonnal

9782253157809-475x500-1.jpgDans sa Mélancolie française, Zemmour a entre autres très bien parlé du caractère méphitique de la politique culturelle de Malraux. Et cela donne, sur fond d’étatisme culturel-financier et de messianisme à deux balles  (France, lumière du monde, terre de la liberté, etc.):

« En 1959, le général de Gaulle offrit à son « génial ami », André Malraux, un ministère de la Culture à sa mesure, sur les décombres du modeste secrétariat aux Beaux-Arts de la IVe République. Dans l’esprit de Malraux, la France devait renouer avec son rôle de phare révolutionnaire mondial, conquis en 1789 et perdu en 1917; devant en abandonner les aspects politiques et sociaux à l’Union soviétique et aux pays pauvres du tiers-monde, elle consacrerait toute son énergie et tout son talent à propager la révolution mondiale par l’art. »

Un peu ironique, Eric ? Voyez donc :

«  Nouveau Monsieur Jourdain, Malraux faisait du « soft power » sans le savoir. »

Et de rappeler le rôle jusqu’alors prestigieux de ce pays (l’ancienne France donc) jusqu’alors sans « ministère de la culture » :

« La France ne manquait pas d’atouts. Dans la première moitié du XXe siècle encore, Paris demeurait la capitale mondiale de la peinture moderne; le cinéma français fut le seul (avec l’allemand) à résister au rouleau compresseur d’Hollywood, et les grands écrivains américains venaient en France humer l’air vivifiant de la première puissance littéraire. « Il n’y a qu’une seule littérature au monde, la française », plastronnait alors Céline. Dans les années 1960 encore, la chanson française – Aznavour, Brel, Brassens, Ferré, Barbara, Bécaud, etc. – s’avérait la seule à tenir la dragée haute à la déferlante anglo-saxonne partout irrésistible par l’alliage rare de talents exceptionnels et de puissance commerciale et financière. »

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Les ennuis commencent sous De Gaulle donc :

« De Gaulle ne pouvait qu’être séduit ; il laissa la bride sur le cou à son glorieux ministre. Pourtant, le Général, par prudence de politique sans doute, sens du compromis avec les scories de l’époque, « car aucune politique ne se fait en dehors des réalités », amitié peut-être aussi, ne creusa jamais le malentendu qui s’instaura dès l’origine entre les deux hommes. »

Puis Zemmour souligne le hiatus entre les deux immenses  esprits visionnaires:

« De Gaulle était, dans ses goûts artistiques, un « ancien » ; il écrivait comme Chateaubriand, goûtait la prose classique d’un Mauriac bien davantage que celle torrentielle de son ministre de la Culture ; il préférait Poussin à Picasso, Bach à Stockhausen. La France était pour lui l’héritière de l’Italie de la Renaissance, et de la conception grecque de la beauté. Malraux, lui, était un « moderne » ; hormis quelques génies exceptionnels (Vermeer, Goya, Rembrandt), il rejetait en vrac l’héritage classique de la Renaissance, et lui préférait ce qu’il appelait « le grand style de l’humanité », qu’il retrouvait en Afrique, en Asie, au Japon, en Amérique précolombienne.

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Il jetait pardessus bord la conception gréco-latine de la beauté et de la représentation, « l’irréel », disait-il avec condescendance, et remerciait le ciel, et Picasso et Braque, de nous avoir enfin ramenés au « style sévère » des grottes de Lascaux ou de l’île de Pâques. La révolution de l’art que porterait la France serait donc moderniste ou ne serait pas. »

Elle est même archaïque et îlienne, sa conception de la culture des arts premiers ! Malraux (que plus personne ne lit) saccagera donc le « jardin à la française » et va piéger la France sans le vouloir :

« Loin de créer un “contre-modèle” solide et convaincant au marché capitaliste de l’entertainment, comme les gaullistes et les marxistes français l’espérèrent de Malraux ministre et de ses successeurs socialistes, la politique culturelle inaugurée par l’auteur des Voix du silence parvenu au pouvoir, en d’autres termes la démocratisation du grand art du modernisme, s’est révélée, au cours de son demi-siècle d’exercice, un accélérateur de cela même qu’elle se proposait d’écarter des frontières françaises: l’afflux d’une culture de masse mondialisée et nivelée par le bas et le torrent des images publicitaires et commerciales déracinant tout ce qui pouvait subsister en France, dans l’après-guerre 1940-1945, de vraie culture commune enracinée comme une seconde nature par des siècles de civilisation. […] »

41gOGXdlVPL._SX329_BO1,204,203,200_.jpgOn se rapproche de la phrase : « il n’y a pas de culture française » de Macron. C’est vrai au moins depuis le Général et son ministre vociférant. Zemmour cite Fumaroli, auteur de L’Etat culturel :

« Pour Fumaroli, l’Amérique ne pouvait pas perdre ce duel autour de l’« art moderne », qu’elle incarnait presque d’évidence, par sa puissance industrielle, ses gratte-ciel, son vitalisme économique et scientifique. La France de Malraux, au lieu de rester sur ses terres d’excellence de l’art classique, des mots et de la raison (héritées de Rome), vint jouer sur le terrain de l’adversaire, des images et des noces ambiguës de la modernité avec l’irrationnel primitif, même rebaptisé « premier ». L’échec était assuré. »

Entre cette culture déracinée, les villes nouvelles, les banlieues, les autoroutes et les stations-services, le métro-boulot-dodo et la télé pour tous, on se demande ce qui pouvait rester de français à la fin de la décennie gaullienne : les Shadocks peut-être ?

Source:

https://www.babelio.com/livres/Zemmour-Melancolie-francaise/167956

 

 

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vendredi, 19 mai 2023 | Lien permanent | Commentaires (1)

G20 et passe sanitaire: comment le virtuel nous prive de notre perception et de la révolution

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G20 et passe sanitaire: comment le virtuel nous prive de notre perception et de la révolution

Nicolas Bonnal

L’absence de réaction de notre amorphe masse n’échappe plus à personne, même aux plus optimistes. Le G20 va imposer dans une belle indifférence un pass sanitaire mondial et mondialiste (on a le texte en anglais, tout le monde peut aller vérifier) et cela calmera (ou ne calmera même pas) ceux qui croient encore en une alternative mondialiste faite de Brics et de broc. La guerre en Ukraine a permis l’accélération du Reset, de privations et pénuries organisées et imposées - et elle renforce sous couvert du rideau de fumée médiatique (cette guerre est trop terne pour être vraie, cf. mon ami Shamir) le pouvoir de la coulisse dont parlait Disraeli. Derrière toute guerre mondiale il y a une entente. Le seul bénéficiaire c’est l’Etat totalitaire mondialiste en gestation depuis un siècle ou plus. Joseph de Maistre (Soirées, II) ou Monseigneur Gaume en parlèrent en plein dix-neuvième siècle aussi bien que le PM anglais susnommé. Le nouveau PM anglais d’origine hindoue fera mieux et surtout pire que le précédent. Cela aussi avait été prédit – par Chesterton.

Mais pourquoi ne réagissons-nous pas ? La révolution informatique nous mène à un aveuglement face à la réalité qui nous entoure. Et cette alphabétisation douteuse nous mène à d’autres aliénations : voyez mon texte sur Lévi-Strauss où je raconte comment pour ce grand sceptique moderne la modernité alphabétisatrice avait accouché non d’une souris littéraire (souris qui a disparu depuis longtemps, lisez mieux Macluhan) mais du monstre de la raison – et de la militarisation qui fit cent millions de morts en Europe. L’informatisation de la masse va aboutir au même génocide - ou pire d’ici quelques années. Le passe sanitaire va accoucher de cent vaccins par an.

La masse semble aveugle comme ces imbéciles qui à Barcelone se collaient un masque pour se plonger dans le virtuel quand Zuckerberg déambulait en ricanant au milieu d’eux. On pense à Isaïe alors :

« Soyez étonnés et soyez stupéfaits ! Aveuglez-vous et soyez aveugles ! Ils sont enivrés mais non de vin… L’Eternel a répandu sur vous un esprit de profond sommeil ; il a bandé vos yeux ; les prophètes, vos chefs, les voyants, il les a couverts (29, 9). »

Quand j’écrivais mon livre sur Internet je me rendais compte que toutes les réponses se trouvaient dans la Bible (pour la mondialisation, voyez Isaïe, 60). Idem pour mon livre sur Kubrick…

Mais soyons brefs : comme on sait nous disposons d’un temps d’attention de huit secondes et de la mémoire du poisson rouge. Avec tous ces super-cerveaux connectés, il faut se préparer au pire ; Jean Baudrillard, repris par notre ami Lucien Cerise, déclarait déjà il y a presque trente ans en effet :

« Je n’avais pas vu à l’époque affleurer son christianisme… il (Paul Virilio) se place en position apocalyptique, de prophète anti-apocalypse tout en étant persuadé que le pire peut advenir. Sur ce point, on a fini par diverger. Car, je ne crois pas à cette APOCALYPSE REELLE. Je ne crois pas au réalisme de toute façon, ni à une échéance linéaire de l’Apocalypse. A la limite, si l’on pouvait espérer cet accident total, il n’y aurait qu’à le précipiter, il ne faudrait pas y résister. L’avènement du virtuel est lui-même notre apocalypse. Telle est la situation paradoxale… (Le paroxyste indifférent, Grasset, pp. 46-47). »

Pour ceux que rebute ce style élitiste, lisons ces sages remarques de notre chroniqueuse Jenny, recueillies ce matin :

« Il ne se passera rien du côté du « peuple ». Si demain les frigos se vident le bel Etat providence fournira la pâtée, RAS. Spectacle fascinant ce matin, 7h, devant l’arrêt de bus du 326 « déchargeant » matutinalement un troupeau de laborieux de tous âges et toutes origines et d’étudiants (en tout une bonne trentaine de têtes) : tous, je dis bien tous, avaient à la main leur portable, les yeux rivés dessus, tête penchée. Cette impossibilité à demeurer une seconde avec soi-même sonne pour moi le glas de toute possibilité de réaction du « peuple ». C’est mort. Qu’on s’y fasse. »

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Autrement dit d’un côté on est informé pour se révolter. De l’autre, on est désarmé pour réagir. Ce ne sont pas les armes que les révolutionnaires devraient confisquer au troupeau : c’est son smartphone.

Allez, gardons le moral :

« Fais sortir le peuple aveugle qui a des yeux, et les sourds qui dont des oreilles (Isaïe, 43, 8). »

Sources:

https://www.amazon.fr/DANS-GUEULE-BETE-LAPOCALYPSE-MONDIA...

https://www.amazon.fr/Petits-%C3%A9crits-libertariens-Con...

https://magnificat.ca/textes/bible/isaie.htm

https://twitter.com/f_philippot/status/1592834204798423041

 

 

 

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vendredi, 18 novembre 2022 | Lien permanent

Virginia Woolf et le changement climatique

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Virginia Woolf et le changement climatique

Nicolas Bonnal

Flaubert se moque dans sa correspondance (vers 1853 je crois) des débuts du changement climatique et de l’obsession météo : suite à un orage, le préfet intervient (voyez mon texte). Aujourd’hui le couillon éternellement satisfait du corps électoral et téléphage (il ne faut pas le combattre, il faut le fuir, c’est plus courageux) va en avoir pour son argent et pour sa météo comme on sait. 50% de privés de bagnole d’ici quinze ans, et tout le monde est écolo content. L’important c’est de rester euphorique et d’écouter BFM. Car il restera toujours du courant pour écouter BFM.

Mais c’est Virginia Woolf qui dans un texte génial (début du chapitre V d’Orlando) évoque le mieux le changement climatique. Or comme on sait aussi Orlando est un personnage qui à travers ses siècles de vie change de sexe (quelle idée superbe tout de même).

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Ici le grand écrivain (moi aussi je la change de sexe) décrit le changement climatique de l’époque pré-victorienne (on connait tous Jane Austen grâce à Hollywood qui n’y a rien compris). On quitte le lupanar du siècle libertin des Lumières et on entre dans le siècle des pluies, du smog et du carbone – du romantisme aussi. Et ça donne ces lignes géniales sur le changement climatique (profitez, Woolf est très bien traduite, notamment par maître Yourcenar – ses vagues, mon Dieu, ses vagues…) :

« Le lourd nuage gonflé qui, le premier jour du XIXe siècle, couvrait non seulement Londres mais la totalité des Îles Britanniques, s’arrêta, ou, plutôt, ne s’arrêta pas d’obéir aux fluctuations des tempêtes, assez longtemps dans ce coin du ciel pour avoir des effets extraordinaires sur tous les êtres vivant dans son ombre. »

Aux lumières succèdent donc pluies, smog et fog (une des clés pour comprendre Verne comme l’expliqua Gilbert Lamy) :

« Le climat anglais parut bouleversé. Il pleuvait souvent, mais seulement par averses fantasques qui reprenaient sitôt finies. Le soleil brillait, comme de juste, mais emmitouflé par tant de nuages et dans un air si saturé d’eau, que ses rayons perdaient leurs couleurs ; et les violacés, les orangés, les rouges ternes avaient remplacé dans le paysage les teintes plus solides du XVIIIe siècle. Sous le dais de ce ciel meurtri et chagrin, le vert des choux paraissait moins intense, et la neige était d’un blanc sale. »

Après tout – le citoyen, la femme, le sujet – devient humide :

« Mais ceci n’était rien : bientôt s’insinua dans chaque maison l’humidité, le plus insidieux des ennemis ; on peut derrière des persiennes narguer le soleil, et narguer le gel devant un bon feu ; mais l’humidité pénètre chez nous, furtivement, lorsque nous dormons. On ne l’entend pas, on ne la sent pas, et elle est partout. L’humidité gonfle le bois, moisit la marmite, rouille le fer, pourrit la pierre. Et elle agit de façon si pateline qu’il nous faut soulever un coffre, un seau à charbon, et les voir s’émietter soudain, pour soupçonner enfin l’ennemi d’être dans la place. »

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C’est le monde moderne qui s’installe (pensez au livre de Frank La Conquête du cool : un pays mute en quelques années – cf. la France en mai 68 ou en mai 81)…

Les goûts changent, aussi bien intellectuels que gastronomiques ou vestimentaires :

« Ainsi, de façon insensible et furtive, sans que rien marquât le jour ou l’heure de l’altération, le tempérament de l’Angleterre changea, et personne ne s’en aperçut. Rien pourtant ne fut épargné. Les rudes gentilshommes campagnards qui jusque-là s’étaient assis joyeusement devant un repas de bœuf et d’ale dans une salle à manger dessinée, peut-être, par les frères Adam, avec une dignité classique, soudain furent pris d’un frisson. Les douillettes apparurent ; on se laissa pousser la barbe ; on attacha les pantalons étroitement par des sous-pieds. »

On change les meubles et les mets :

« Et ce froid qui montait aux jambes, le gentilhomme campagnard eut tôt fait de le communiquer à sa maison ; les meubles furent capitonnés ; les tables et les murs, couverts ; et rien ne resta nu. Alors un changement de régime devint indispensable. On inventa le « muffin » et le « crumpet »

La décoration, les fleurs, les boissons tout change :

« Le café, après le dîner, supplanta le porto, et comme le café exigeait un salon où on pût le boire, comme le salon exigeait des globes, les globes des fleurs artificielles, les fleurs artificielles des cheminées bourgeoises, les cheminées bourgeoises des pianos, les pianos des ballades pour salons, les ballades pour salons, en sautant un ou deux intermédiaires, une armée de petits chiens, de carrés en tapisserie, et d’ornements en porcelaine, le « home » – qui avait pris une importance extrême – changea du tout au tout. »

Alors aussi apparait le beau et abondant feuillage anglais (voyez le Messager de Losey, le Limier de Mankiewicz et les fleuries adaptations de Thomas Hardy) :

« Au-dehors, cependant, par un nouvel effet de l’humidité, le lierre s’était mis à croître avec une profusion inouïe. Les maisons, jusque-là de pierre nue, furent étouffées sous le feuillage. Pas un jardin, si rigide que fût son dessin original, qui ne possédât maintenant sa pépinière, son coin sauvage et son labyrinthe. Le peu de jour qui pénétrait dans les chambres d’enfants filtrait à travers des épaisseurs vertes, et le peu de jour qui entrait dans les salons où vivaient les adultes, hommes et femmes, traversait des rideaux de peluche écarlate ou brune. »

Les changements vont aussi être intellectuels :

« Mais les changements ne se limitèrent pas à l’extérieur des êtres. L’humidité pénétra plus avant. Les hommes sentirent le froid dans leur cœur, le brouillard humide dans leur esprit. En un effort désespéré, pour donner à leurs sentiments un nid plus chaud, un creux quelconque où se blottir, ils essayèrent de tous les moyens pour… »

Et on vous laisse découvrir la suite. Le dix-neuvième a tourné le dos totalement au dix-huitième et a créé surtout en Europe de formidables « grandes transformations ». Des Lumières au romantisme…

Sources :

Virginia Woolf – Orlando

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vendredi, 25 novembre 2022 | Lien permanent

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