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Céline musicien
Céline musicien
Chez Nizet est paru Céline musicien de Michael Donley. L'éditeur écrit: «La petite musique de Céline? Quelque chose qui va de soi, serait-on tenté de dire. De nos jours, aucun lecteur informé n'ignore la façon hautement poétique dont l'écrivain a su maîtriser les aspects sonores et rythmiques du français, surtout du français parlé. Pourtant, on a tendance à oublier que Céline emploie le mot "musique" non seulement pour désigner le style de ses livres, mais aussi en se référant à ce qu'il essaie de capter: "la musique intérieure", "la musique de l'âme". De fait, la musique —cette "catalyse de toute grâce", comme il l'a définie— est la matrice de son œuvre entière. Mais qu'est-ce que la musique? En essayant de répondre à cette question, l'auteur démontre que la petite musique de Céline —loin d'un maniérisme syntaxique ou d'un bricolage cosmétique— n'est autre que la mise à jour du véritable contenu de ses livres» (JdB).
Michael DONLEY, Céline musicien, 2000, Librairie Nizet, F-37.510 Saint-Genouph, 338 pages, 190 FF.
mardi, 24 juin 2008 | Lien permanent
Céline et Chateaubriand
Marc HANREZ:
Céline et Chateaubriand
De Hugo à Sartre, en passant par Baudelaire et Proust, nombre d’écrivains ont réagi, de façons très diverses, au modèle qu’est Chateaubriand. Céline également. Mais quand l’a-t-il découvert au juste ? Il ne suffisait pas de séjourner à Saint-Malo. En exode à Baden-Baden, donc avant son exil au Danemark, il demande à Karl Epting de lui envoyer les Mémoires d’outre-tombe. Pour les lire ou les relire ? En tout cas, c’est prémonitoire. Céline a souvent provoqué le sort. Sa vocation littéraire, quoi qu’il en dise, avait besoin de cette hardiesse.
Or, il va bientôt (se) trouver (dans) une apocalypse : ou bien la retrouver, après « l’Horreur » de 1914. Les pires événements peuvent servir de prétexte aux meilleures histoires. Rien n’est plus à la mesure de son talent que ce nouveau drame autour de lui. Céline pense déjà sans doute au parti qu’il pourra en tirer (à condition, naturellement, de s’en tirer d’abord). C’est pourquoi Chateaubriand peut l’intéresser : en tant qu’auteur historico-personnel), qui a renouvelé non seulement la conscience, mais surtout l’expression, du passage de l’être dans le temps.
Céline et Proust auraient du reste en commun ce précurseur fondamental. Proust en avait retenu le truc, ou le déclic, de la mémoire involontaire. Le chant d’une grive, entendu par hasard, chez Chateaubriand, pas grand-chose en fait, devient aussi chez lui, transposé en madeleine, aubépine ou pavé, un détail opportun qui rappelle soudain tout un monde. Par contre, ce que Chateaubriand propose pour Céline, c’est une organisation du récit comme pseudo-chronique.
À cet égard, l’Itinéraire de Paris à Jérusalem serait encore plus probant que les Mémoires. Victor Hugo s’en est peut-être inspiré pour Notre-Dame de Paris, où des sortes d’essais, notamment sur l’architecture, sont intercalés dans la fiction. Mais, comme il les dispose en chapitres distincts, et non pas au milieu de l’intrigue, Hugo n’exploite guère tout l’avantage du procédé. Céline, au contraire, l’applique judicieusement.
Dans ses Mémoires, Chateaubriand raconte toute sa vie, alors qu’il relate, dans l’Itinéraire, un long mais unique voyage. Une grande partie de son œuvre romanesque, en particulier Le Génie du christianisme, utilise ainsi le truchement d’un voyageur. Mais dans l’Itinéraire, du moins au départ, le domaine est contemporain (l’Empire ottoman jouant le rôle du Reich nazi dans la trilogie célinienne). Chateaubriand ne fait d’ailleurs pas que décrire ce qu’il découvre. Avec une attention multiforme, et continuellement renouvelée, il traverse le paysage et l’habitat, il touche à l’histoire et à la politique, il témoigne du siècle et de son ambiance, il traite de l’archéologie et de la religion, il transcrit la faune et la flore, etc. Même circonscrite au bassin méditerranéen, c’est la relation d’un voyage presque universel, par un voyageur éprouvant cette quasi-universalité. Ce touriste est d’abord un pèlerin – allant jusqu’en Espagne, pour y rejoindre une femme… D’une étape à l’autre, les aspects innombrables sont juxtaposés, voire télescopés, dans un texte prolifique et pluriel, qui correspond, par leur évocation même, aux sentiments de l’écrivain.
Cet art du contraste inopiné de retrouve en plein dans le mélange célinien. À l’instar de Chateaubriand, Céline rapproche alors, dans un laps verbal très court, et comme à l’improviste (bien sûr il n’en est rien), des éléments parfois disparates ou fort éloignés. Certes, son texte, à première vue, paraît désordonné. Mais bientôt il s’organise d’une manière librement rigoureuse. C’est le résultat d’une économie, toujours structurale et stylistique, permettant un maximum de dérogation. Car ici le langage, par son caractère elliptique, accentue essentiellement ce phénomène.
Si Chateaubriand est le premier auteur moderne, en France du moins, Céline est déjà, dans sa génération, bien au-delà du postmoderne. On pourrait aussi les comparer sur d’autres points, et notamment sur leur usage, comme autobiographes, de la mystification ou du mensonge. Enfin, tous les deux s’appuient sur l’émotion, plutôt que sur la raison, pour exprimer le vécu et surtout le vivant.
Chateaubriand était partisan du dynamisme existentiel. Céline au fond n’a jamais changé d’opinion sur la vie : « La vraie maîtresse des véritables hommes ». Il a cependant varié sa technique pour en saisir le mystère et puis le rendre au plus près. Vu l’évolution du monde, il a vite estimé que, désormais, civilisation = robotisation. C’était sa croyance la plus intime, qui n’avait que faire de toute idéologie. Quelle prophétie, au demeurant, pour notre époque !
Marc HANREZ,
© Le Siècle de Céline, éd. Dualpha, 2006.
1. Le Journal de la Culture, n° 11, novembre-décembre 2004, pp. 57-65.
samedi, 19 avril 2008 | Lien permanent
Céline naufragé
6 janvier 1940 : Louis-Ferdinand Céline n’a pas été directement mobilisé en raison des nombreuses blessures qu’il avait reçues pendant la première guerre mondiale. Il a cependant tenu à servir la France en s’engageant comme médecin dans la marine. Le 6 janvier 1940, le navire sur lequel il officie, heurte un bâtiment britannique au large de Gibraltar et fait naufrage. Céline, selon ses propres mots: “a suturé pendant quatorze heures et piqué dans tous les sens – toute la nuit coupaillé ici et là!”.
mercredi, 06 janvier 2010 | Lien permanent
”Masculinité et nationalisme”: Shakespeare doit maintenant être gommé des mémoires
"Masculinité et nationalisme": Shakespeare doit maintenant être gommé des mémoires
Source: https://zuerst.de/2024/04/02/maennlichkeit-und-nationalismus-jetzt-soll-shakespeare-demontiert-werden/
Londres. La mode "woke" et la haine du blanc s'attaquent de préférence aux grandes figures de l'histoire (intellectuelle) européenne. C'est maintenant au tour du poète national anglais Shakespeare (1564 - 1614). Une étude de l'université de Roehampton, réalisée pour le compte du Arts and Humanities Resarch Council du gouvernement britannique, accuse désormais le grand dramaturge d'être responsable, par son héritage littéraire, d'une culture théâtrale "sexiste" et "raciste".
Selon le Telegraph britannique, le directeur de l'étude, Andy Kesson, déplore que "la masculinité et le nationalisme aient été les principales motivations de l'ascension de Shakespeare au rang de référence en matière de grandeur littéraire" et avertit : "Nous devons considérer la place de Shakespeare dans le théâtre contemporain avec beaucoup, beaucoup plus de méfiance".
En revanche, l'étude fait l'éloge d'un contemporain de Shakespeare, John Lyly (1553/54 - 1606), aujourd'hui largement inconnu. La pièce "Galatea" de ce dernier offrirait un regard bien plus varié sur la société et serait donc bien plus susceptible d'être mise en avant en tant que bien culturel national. En revanche, la raison du succès de Shakespeare est une culture de la virilité et du nationalisme, estime l'auteur de l'étude, Kesson.
L'opinion publique britannique n'apprécie pas le démantèlement du poète national. Ainsi, le député conservateur Jane Stevenson, membre de la commission culturelle du gouvernement britannique, souligne : "Les œuvres de Shakespeare ont été traduites dans une centaine de langues et continuent manifestement d'influencer les gens dans le monde entier. L'amour, la haine, l'ambition, la perte, la jalousie - toutes ces émotions sont universelles et nous pouvons tous encore nous identifier à elles".
Le satiriste et journaliste nord-irlandais Andrew Doyle est du même avis : "Il y a une très bonne raison pour laquelle Shakespeare est si souvent joué et John Lyly si rarement. Shakespeare était de loin le dramaturge supérieur. Les idéologues réduisent une fois de plus le grand art à de simples mécanismes de promotion d'une idéologie" (mü).
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mercredi, 03 avril 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)
Henri Mondor et Céline
Henri Mondor et Céline
par Marc Laudelout
C’est au printemps 2011, lors du colloque « Céline à l’épreuve », que Cécile Leblanc, agrégée de lettres classiques, nous présenta la correspondance Céline – Henri Mondor. Mise sous scellés à la bibliothèque Jacques Doucet pour la période légale de 50 ans après la mort du destinataire, elle fait enfin l’objet d’une édition soignée dans la collection « Blanche » de Gallimard ¹.