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jeudi, 25 avril 2024

Nous et les Perses

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Nous et les Perses

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/noi-e-i-persiani/

L'Iran. Iran... il est facile de dire Iran aujourd'hui. Sur toutes les lèvres, cité à l'envi. Mais combien savent vraiment, même parmi les experts, ce qu'est l'Iran ? Et combien son histoire séculaire a contribué à notre civilisation ? À la civilisation occidentale/hespériale, je veux dire. Celle que l'on fait commencer généralement par la Grèce. Et les Iraniens, sous la forme des Perses, ne sont que marginalement inclus dans notre récit scolaire. Ils sont surtout représentés comme des ennemis. Un peu comme des extraterrestres.

L'une des mystifications de l'histoire opérée, surtout récemment, par nous... les Occidentaux.

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Je me souviens d'un roman de Gore Vidal, un excentrique et brillant écrivain américain d'origine vénitienne Création. Il m'a révélé pour la première fois que les Perses n'étaient pas les "barbares" arrêtés aux Thermopyles par le courageux Léonidas et ses trois cents guerriers. Il s'agissait d'une civilisation très ancienne. Et, à bien des égards, l'une de nos matrices.

L'Athènes de Périclès. Le génie d'Ictinos et de Phidias. Mais elle est venue après la Persépolis achéménide. Dont elle a imité les bâtiments et les temples. En utilisant toutefois du marbre. Et non du bois et du stuc comme dans la capitale de l'empire perse.

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Démocrite, le philosophe que nous considérons comme le premier théoricien de l'atomisme, était originaire d'Abdère. Mais, comme son maître Leucippe, il semble avoir voyagé loin. Peut-être jusqu'en Inde. Plus probablement jusqu'en Perse. Où il avait rencontré les idées de Gosala, un élève de Mahavira le Jiaina (statue, ci-dessus), surnommé "le mangeur d'atomes". Pendant des siècles, l'empire perse a été le trait d'union entre la civilisation grecque et l'Orient. Une chaîne de transmission d'idées, de philosophies, de modèles artistiques et culturels.

La Perse n'était pas considérée comme étrangère par les Grecs. Au contraire, elle était leur voisine. Avec lequel on pouvait se confondre, certes. Mais elle n'en était pas moins une source d'échanges continus dans tous les domaines.

Juste quatre souvenirs, des fragments, jetés au hasard. Dire que l'Iran n'est pas, et n'a jamais été, quelque chose de lointain et d'étranger. Tout au long de son histoire complexe. Pleine de contradictions.

C'est un autre visage de notre propre civilisation.

Lisez Rumi. Vous y trouverez d'extraordinaires consonances artistiques et spirituelles avec Dante et Cavalcanti. Qui, lui non plus, ne l'a pas connu. Mais l'atmosphère culturelle et spirituelle était similaire. Si ce n'est identique.

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Lisez Nezami. Ferdowsi le céleste. Lisez Shah Nameh, le Livre des Rois. Et vous y trouverez Alexandre le Grand, transformé en figure mythique. De l'épos iranien.

Puis, vous vous arrêtez à l'image déformée que nous transmettent les médias. Et qui pourrait, d'une certaine manière, être résumée dans le film de Snyder "The 300". Basé sur le roman graphique du génial Frank Miller.

Les Perses sont l'ennemi absolu. Barbares, corrompus, despotiques.

L'horrible Orient contre notre civilisation démocratique.

Ce n'était pas le cas. Cela n'a jamais été le cas. Et ce n'est pas non plus le cas aujourd'hui.

Commentaires

Excellent ....
Ne fait qu'effleurer ce vaste sujet, cependant.

Écrit par : Oscar | vendredi, 26 avril 2024

La culture de Sintashta, faussement nommée "indo-iranienne" (ce qui donne l'impression qu'elle venait de l'Inde et de l'Iran), férocement guerrière, digne héritière en cela de la culture Yamnaya, provenait d'un peuple balto-slave, à 75% yamnaya selon les paléogénéticiens.
S'étendant depuis son site initial, au sud de l'Oural, autant à l'Est et au Sud qu'à l'Ouest, elle donna l'ensemble scythe (alias gète), nommé saka par les iraniens et les indiens.
En Asie Centrale la culture de Sintashta a d'abord dérivé en une culture d'Andronovo. Rien n'indique quand les andronoviens sont devenus scythes. Ce sont juste des étiquettes.
Événement majeur .... Une première vague andronovienne s'écrasa sur la civilisation de l'Oxus, au sud de l'Asie Centrale, vers 1700 BC et la détruisit, tout en s'en trouvant modifiée. De là, les indo-aryens ont commencé leur migration vers l'Inde, adoptant en majorité la culture védique. Ceux restés en Asie Centrale y restèrent longtemps. Largement influencés par la culture oxienne, ils perdirent leur religion, devinrent zoroastriens .... Les voilà les iraniens. Vers 800 BC les mèdes et perses firent leur irruption.

Écrit par : Oscar | vendredi, 26 avril 2024

(Je continue)
Soit dit en passant, c'est évidemment une imbécillité de se référer à l'ère chrétienne quand il s'agit de ces temps anciens. Dans quelques pages que je publierai, je propose ce que j'appelle l'ère Maïkop du nom d'une culture caucasienne ayant participé (métallurgie, début de l'âge du bronze) à l'ethnogenèse. La culture de Maïkop est graduellement apparue, environ 3900 BC soit il y aura bientôt 6000 ans.
En temps EM (ère de Maïkop) le choc entre la civilisation de l'Oxus, alias BMAC (bactria margiana archeological complex), et la première andronovienne, s'est faite vers 2200 EM puis les premiers textes védiques, marquant le début de l'ère védique, sont apparus en 2400 EM à une époque où les indo-aryens continuaient d'être nombreux en Bactriane (nord de l'Afghanistan + Ouzbékistan etTadjikistan).
Le début de l'empire achéménide a mis un terme, en 3400 (environ 500 BC) à cette époque védique, lors de la bataille de Cyrus le Grand, allié avec les scythes orientaux (ancêtres des sogdiens) contre les scythes massagètes qui, eux, étaient alliés à des indo-aryens alors encore présents sur place. L'expansion du bouddhisme, à cette même époque, fut un autre désastre pour ces véritables descendants d'européens qu'étaient restés les indo-aryens, avec leur religion polythéiste et leur langue richement flexionnelle, le sanskrit, similaire au lituanien. Puis vint un 3ème désastre, qui allait se lier au 2ème : l'arrivée des grecs.
Tout s'est mis alors à basculer.
Mais il faut encore tenir compte de la guerre de la dynastie Han contre les xiongnous (race métisse, issue de la culture d'Afanassievo), avec comme alliés les "yuezhis", peuple 100% blanc afanassiévien, qui mirent un terme au royaume gréco-bactrien avec l'aide chinoise (bataille des chevaux célestes, contre un bastion grec dans la vallée de Fergana), pour comprendre comment l'Asie Centrale allait se faire turco-mongoliser puis islamiser. Ce dernier point renvoie aux guerres de l'empire perse sassanide contre les byzantins et à ses évidentes erreurs stratégiques, incluant l'offre faite aux turcs pour venir se battre contre les hephtalites.
Les perses, achéménides puis sassanides (entrecoupés de 5 siècles d'empire parthe), se sont montrés arrogants, imbus d'eux mêmes, inaptes à mesurer la gravité des dangers qui les menaçaient.
"Aryanisés" par la civilisation de l'Oxus, ils ont ressemblé aux occidentaux judéo-chétinisés que nous sommes. Ils ont perdu leur véritable identité. Sans surprise les iraniens actuels sont plus proches des arabes que des anciens scythes.

Écrit par : Oscar | vendredi, 26 avril 2024

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