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dimanche, 13 mai 2007

Céline et Robert Poulet

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Céline et Robert Poulet

Trouvé sur : http://louisferdinandceline.free.fr/index2.htm...

C’est une monumentale biographie que notre compatriote Jean-Marie Delaunois consacre à Robert Poulet. Céline n’en est naturellement pas absent. En 1958, Poulet fut le premier à consacrer un livre à l’auteur du Voyage, et, quelques années après sa mort, il fut l’éditeur de la suite de Guignol’s band.

L’enthousiasme de Poulet à exhumer du chaos Le Pont de Londres va se ternir lorsqu’il apprendra que Céline l’avait – un peu – éreinté dans Rigodon, rédigé quelques mois avant sa mort, mais édité en 1969. Dans cet ouvrage, l’écrivain pique en effet l’auteur des Ténèbres. Lequel a confessé : "J’eus le chagrin d’y trouver, à mon endroit, une aigreur tout à fait absurde et gratuite." Rigodon s’ouvre sur ces mots, sans gravité en fait : " Je vois bien que Poulet me boude... Poulet Robert condamné à mort... il parle plus de moi dans ses rubriques... autrefois j’étais le grand ceci... l’incomparable cela... maintenant à peine un petit mot accidentel assez méprisant. Je sais d’où ça vient, qu’on s’est engueulé... à la fin il m’emmerdait à tourner autour du pot !... vous êtes sûr que vos convictions ne vous ramènent pas à Dieu ? – Putain que non !... je suis bien sûr ! (...) La civilisation chrétienne ! Création, Poulet ! imagination ! escroquerie ! imposture ! – Tout de même ! création du grand. – Métissage ! destruction de vingt siècles, Poulet ! (...) Je n’ai jamais revu Poulet... j’ai lu ses articles de temps en temps... des petites allusions... pas plus... je l’ai un peu vexé... "

Que s’était-il passé ? "J’étais accusé, a expliqué Poulet, d’avoir voulu convertir Louis-Ferdinand, et, repoussé avec pertes et fracas, d’avoir puni le mécréant en le privant d’une partie de mon estime littéraire". Mais le premier émoi passé, il n’en a pas tenu rigueur à sa mémoire : "Connaissant mon Louis, je n’étais dupe ni des reproches ni des éloges, et je prenais soin de ne laisser ni les uns ni les autres s’insinuer dans nos conversations." Il ne cessera de lui consacrer des articles élogieux, dont un portrait enlevé dans son recueil de critiques Le Caléidoscope, publié en 1982.

"De ses rares familiers, je suis peut-être le seul qu’il n’ait jamais furieusement et soudainement rabroué ; sans doute parce qu’il devinait que je ne l’eusse pas supporté", disait-il. Pierre Monnier assure que l’auteur d’Handji a compté pour Céline : "Une place doit être faite à Robert Poulet, critique qu’il respectait pour son intelligence intransigeante". Toujours est-il que le 1er juillet 1961, il a été l’un des rares amis appelés à Meudon, avec Roger Nimier, Marcel Aymé, Lucien Rebatet, l’actrice Arletty, pour se recueillir devant la dépouille de l’écrivain, et l’accompagner, trois jours plus tard, à sa dernière demeure, après avoir veillé son corps. En 1963, il participera, avec Jean-Louis Bory et Pierre-Henri Simon entre autres, au troisième numéro des Cahiers de l’Herne, qui rendaient hommage à l’auteur de Mort à crédit.

 

Jean-Marie DELAUNOIS (Bulletin célinien n°242, mai 2003)


Jean-Marie DELAUNOIS. Dans la mêlée du XXe siècle. Robert Poulet, le corps étranger (préface de Jean Vanwelkenhuyzen), Éditions De Krijger, 2003, 540 p., 30 illustrations, avec annexes, notes et index des noms. Prix : 35 € + 10 € de port). Disponible auprès du Bulletin célinien.

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