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L'astronomie des plus anciens Indo-Européens

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L'Astronomie des plus anciens Indo-Européens

par Ralf Koneckis

Au début de notre siècle, les archéologues imaginaient encore que les grandes pierres dressées de Stonehenge et des sites bretons (Carnac, etc.) étaient les vestiges d'un culte des morts. Le déchiffrement des hiéro-glyphes égyptiens et de l'écriture cunéiforme de la Mé-sopotamie ont attesté par ailleurs qu'il existe depuis la plus haute antiquité (au moins 3000 av. notre ère) une astronomie assez précise. En Europe, aucune trace ar-chéologique ne permettait d'affirmer que les autoch-tones possédaient eux aussi un savoir pareil à celui des Egyptiens et des Mésopotamiens. L'archéologue et mathématicien F.K. Ginzel, pourtant, signalait dès le début de notre siècle, que toute culture supérieure pro-cédait d'un savoir astronomique solide, permettant de comptabiliser le temps, de le segmenter et de l'ordonner, d'établir des chronologies. Les travaux ré-cents des archéologues contemporains ont rendu de plus en plus plausible la thèse suivante:
- les alignements mégalithiques ouest-européens sont des ruines d'anciens observatoires astronomiques pré-historiques;
- ces alignements sont plus anciens que les sources écrites égyptiennes et mésopotamiennes, attestant la présence d'une science astronomique;
- par conséquent, l'Europe disposait d'un savoir astro-nomique poussé avant l'Egypte ou la Mésopotamie.

Si cette thèse s'avère exacte, il faudra réviser bien des livres d'histoire et des manuels scolaires. Et il faudra compter sur la résistance et l'obstination des profes-seurs établis. Comme Schliemann pour Troie, il faudra que des marginaux de génie fassent passer le mes-sage...

Comment accroître notre savoir scientifique relatif aux connaissances astronomiques de nos plus lointains an-cêtres européens? En explorant notre patrimoine my-thologique et ses travestissements post-chrétiens dans les contes et légendes populaires. Dans la version mé-diévale des passages introductifs de l'Edda scandinave, l'auteur évoque la création du monde à partir de la ma-tière primordiale (uphafi  en vieil-islandais, soit la "haute-mer", l'élément aqueux primordial également évoqué par Thalès de Milet). De ce texte, on peut dé-duire que, pour les anciens Scandinaves, une force extérieure aux hommes règle la marche des astres (himintunglr)  et de la Terre. L'homme est soumis à cette force mais détient aussi le droit d'intervenir sur la trame des événements: en posant des actes historiques et en perpétuant le souvenir des actes historiques fon-dateurs. De fait, les grandes traditions mythologiques nord-européennes ont été véhiculées par voie orale. De cette tradition orale, mutilée par les chrétiens, nous n'avons conservé que des légendes et des contes, soit des fragments infimes et déformés. L'une des tâches futures des philologues, des mythologues et des folk-loristes sera de mettre en rapport le contenu des mythes et le savoir astronomique.

Pour Koneckis, le nom donné à la première partie de l'Edda  ‹Gylfaginning‹  indique déjà qu'il est par-faitement légitime de suivre une piste astronomique. Ce nom composé vieil-islandais signifie:
- gylla = jaune, doré;
- fagr = beau, mesuré, ordonné, harmonieux (nous ci-tons ici plusieurs termes français pour éclairer les di-verses nuances de ce terme islandais);
- ginn = très grand, immense [ce qui suggère l'infinitude cosmique].
Une traduction littérale moderne dirait: "la grande im-mensité dorée", ce qui signifie peu de choses. Surtout si l'on se souvient que les Scandinaves parlait par allu-sions poétiques et que chaque ver, chaque mot, avaient un sens caché que seuls les initiés pouvaient déchiffrer. Selon son hypothèse, Koneckis traduit: "l'infinie har-monie dorée", où l'harmonie est cosmique donc im-mense, infinie. Quant à "doré", c'est la couleur bril-lante qu'acquièrent les étoiles quand elles entrent dans une constellation. Notre soleil évolue dans le ciel exactement de la même façon: il entre et sort de constellations diverses à des rythmes temporels régu-liers. Nos ancêtres observaient ces mouvements, ces entrées et ces sorties, et les contaient en un langage imagé: la mythologie n'est donc pas le reflet d'intérêts économiques (comme le laissent accroire les interpréta-tions matérialistes) ni de désirs psycholo-giques exprimés ou refoulés (comme le laissent ac-croire les interprétations psychanalytiques), mais le fruit d'une observation empirique de laquelle on retire un savoir pratique pour la vie quotidienne et pour af-fronter le monde. La thèse de Koneckis indique qu'il y avait un rapport constant entre la marche du cosmos et les préoccupations de nos ancêtres, sans intervention aucune de dieux consolateurs ou jaloux.

Cette thèse, déjà amorcée par Frobenius, Drews, Stauff et quelques autres, la scandinavistique moderne semble l'ignorer, se condamnant ainsi à ne pas comprendre le sens ultime des textes sacrés, patrimoine le plus ancien de l'Europe germanique et sans doute aussi de la plus lointaine Europe préhistorique. Leo Frobe-nius (1873-1938), dès 1904, dans son Das Zeitalter des Sonnengottes  (= L'Age du Dieu solaire), a jetté les bases intellectuelles des recherches de Koneckis. Son livre expliquait que les formes de contes et d'histoires les plus ancien(ne)s procédaient de descriptions de phénomènes naturels; elles sont des compilations d'expériences face aux rythmes de la nature. Les formes les plus récentes, elles, ont une connotation moralisante; elles ajoutent un commentaire moral au ré-cit. Si un récit est seulement descriptif, c'est qu'il est très ancien. S'il est assorti d'un commentaire moral, c'est qu'il est récent. Le type primitif animalier-solaire raconte des histoires d'animaux et, dans ses récits, les astres du ciel deviennent des animaux, reçoivent des noms d'animaux (reliquat contemporain: le Zodiaque). Ensuite, la Weltanschauung cosmologique-solaire prend le relais: il n'y a plus de référents animaliers di-rects mais une désignation des astres en tant que tels. Cette "rationalisation" permet d'établir les premiers ca-lendriers, donc d'accéder à un niveau de culture supérieur. Mais au cours de cette phase de "rationalisation", on assiste à la confiscation du savoir astronomique par des castes de prêtres qui transforment les récits my-thologiques animaliers, accessibles à tous, en des for-mules sacrées et magiques ésotériques. La mythologie n'a alors plus d'assises concrètes dans le peuple et dé-choit en de simples contes et récits tronqués et impré-cis.

Leo Frobenius ajoute que jamais les mythologies des Naturvölker ne contiennent des récits de nature histo-rique. La différence était faite entre la marche du cos-mos et les événements historiques. Les interprétations qui voient dans les mythologies des sublimations d'événements historiques procèdent donc d'une erreur d'appréhension. Quand de fortes personnalités histo-riques marquent le mental d'un peuple, elles sont asso-ciées et non pas surajoutées à la mythologie cos-mique. Le héros est associé à un astre voire à l'astre ou à la constellation présente au moment de sa naissance ou de son acte héroïque.

Sur base de l'assertion de Frobenius, qui dit que les Naturvölker forgent leurs mythologies sur l'observation du monde, Koneckis en déduit que la mythologie européenne, dont l'Edda est le témoignage le plus récent et le plus accessible, procède d'une ob-servation du mouvement des astres tel qu'il est visible sous nos latitudes (de la Scandinavie à l'Europe cen-trale). Le ciel, comme l'indique le schéma dessiné par Koneckis, est une roue et la Terre un "cercle inté-rieur". Les neuf foyers (Heime)  de la Terre corres-pondent à des portions de 20° de latitude (9 x 20° = 180°), où le Helheim couvre l'espace s'étendant du Pôle Nord à la Norvège. A ces neuf "foyers" terrestres correspondent neuf foyers célestes. Les astres des neuf foyers célestes sont les archétypes des figures mythologiques. Les histoires de dieux sont des histoires d'astres en mouvement; leurs rencontres narrées constituent la mise en image des rapprochements pé-riodiques des astres, ce qui explique la permanence des récits mythologiques à travers les siècles et les millé-naires. Si la mythologie n'était que de l'histoire événémentielle sublimée, elle n'aurait pas son caractère permanent.

Nos lointains ancêtres observaient le ciel très longue-ment. Ce qui leur permit de découvrir que les astres se meuvent autour de l'axe du ciel, passant très près de l'étoile polaire. En ce lieu se situe donc le "conducteur des astres", le Gimlê de Snorri Sturluson, rédacteur du texte de l'Edda dont nous disposons aujourd'hui. A cet axe céleste correspond un axe terrestre, "père de toutes choses". Le Gimlê siège donc face au neuvième foyer, le Helheim, soit l'espace sis entre le pôle et la Scandi-navie septentrionale. Et comme la Terre opère elle aussi une révolution elliptique sur elle-même à la façon d'une toupie, elle possède également un axe dans le plus pro-fond d'elle-même, axe situé immédiatement sous le Gimlê, à hauteur du pôle. Les positions du Gimlê et de l'axe terrestre dans le Nebel-hel-heim sont au Nord, di-rection sacrée pour toutes nos mythologies euro-péennes. D'où le mythe de l'Ultima Thulé.

La méthode mise au point par Koneckis permet d'analyser d'une façon entièrement neuve les récits et contes nord-européens, retranscrits par les frères Grimm au XIXième siècle, qui avaient parfaitement conscience que les contes et légendes de nos pays avaient des racines mythologiques profondes. Kone-ckis a soumis à ses grilles d'analyse le conte du Lièvre et du Hérisson, la légende du voyage de Saint-Rein-hold et surtout notre vieille légende du Cheval Bayard, dont on retrouve des traces à Termonde, dans les Ar-dennes et dans la Ruhr. Son analyse des mythes de Saint-Reinhold et du Cheval Bayard illustre bien sa méthode. Les mythes naissent au moment où les constellations se rencontrent ou rencontrent des astres précis. Ainsi, la légende des marques de sabot du Che-val Bayard naît entre 500 et 1000 de notre ère car l'étoile sise dans le ciel à la hauteur du sabot du Cheval Bayard (Constellation du Lion/Cheval) rencontre le soleil vers le 29 août. A cette époque en effet, le Soleil se situait au niveau du sabot; aujourd'hui, il est à hau-teur de la poitrine du Cheval. Pour les Européens du Nord, la Constellation du Lion, animal qu'ils ne connaissaient pas, était la Constellation du Cheval.

Autre exemple: le conte de Blanche-Neige (le Soleil), des Sept Nains et de la Méchante Reine (la Reine Lune), retranscrit par Grimm, est un mythe solaire et solsticial, explicitant en termes imagés, la course hi-vernale du Soleil dans la Voie Lactée où il perd de son intensité (la forêt avec ses méchants animaux où Blanche-Neige risque de mourir). Pendant cette course, c'est la Lune qui "est la plus belle", ce qui est effectivement le cas en hiver. En février, au milieu de l'hiver, le Soleil se rapproche des Pléïades (Sept petites étoiles au milieu de la Voie Lactée, d'où les Sept Nains) et la Lune craint à juste titre de perdre la domi-nation qu'elle a exercé pendant tout l'hiver. Et c'est sous les oripeaux d'une vieille femme déclinante que la méchante Reine-Lune se rend chez Blanche-Neige (le Soleil) qui est auprès des Sept Nains (les Pléïades) pour la tuer et conserver sa place. Le Soleil s'approche alors de la Constellation des Gémeaux que le langage populaire appelle la civière, le brancard, comme le rap-porte Grégoire de Tours (540-594). C'est sur ce bran-card que Blanche-Neige ressuscite et que le printemps revient.

Voilà donc le mythe ramené à ses dimensions concrètes réelles. Mais comment le dater? Le Soleil était dans la Constellation des Gémeaux en 5500 avant notre ère (en 2300 avant notre ère, il était dans les Pléïades). Et en effet, dans les gravures rupestres scandinaves de l'Age du Bronze, on trouve un brancard portant le Soleil! L'histoire de Blanche-Neige remonte donc à près de 7500 ans! Plus tard, quand la carte céleste s'est modi-fiée, est née la légende du Petit Chaperon Rouge, autre figure solaire, parce que le Soleil entre dans la Constellation du Loup. L'interprétation astronomique des légendes permet leur datation précise.

La méthode de Koneckis offre les avantages suivants:
- interpréter les mythes de manière empirique et non plus subjective;
- prouver que l'Europe dite "préhistorique" a eu son astronomie;
- prouver en même temps que toutes les lumières ne viennent pas de l'Orient;
- prouver qu'il y a continuité plurimillénaire entre le paganisme cosmique de nos plus lointains ancêtres et les intuitions de Grimm.

Une dernière remarque, qu'une lecture attentive du livre d'Armin Mohler sur la Révolution Conservatrice nous permet de formuler: les religiosités antiques étaient cycliques dans le sens où elles procédaient d'une observation du mouvement des astres, observa-tion qui permet de constater le déroulement de cycles de 36 ans et de 25.920 ans, chiffres qui apparaissent dans les spéculations d'Héraclite d'Ephèse. Cette cy-clicité se repère également dans les formes tardives de la religiosité antique, où apparaissent des figures de "sauveurs". Ces figures ont été étudiées par le philo-sophe catholique germano-italien Romano Guardini. Ce dernier a constaté que tous les "sauveurs" pré-chrétiens ou non chrétiens (Mithra, etc.) reconduisaient les hommes dans le giron de la nature, dans ses rythmes cycliques. Seul le Christ, qui dit justement n'être pas de ce monde, brise le lien entre la nature et les hommes, fracasse les cycles et inaugure l'ère des "lignes", soit de la vision linéaire de l'histoire. Il les sauve ainsi de l'imbrication inéluctable dans les cycles naturels. D'un point de vue païen et révolutionnaire-conservateur, on peut dire que de cette façon le chris-tianisme a ouvert la boîte de Pandore et permis l'éclosion de tous les subjectivismes, y compris les plus délétères. Romano Guardini avouait même que les progrès techniques avaient été rendu possible parce que le christianisme avait vaincu le respect craintif que cul-tivaient les anciens à l'égard des rythmes naturels et cosmiques. Le combat que nous engageons vise à re-venir dans CE monde, pour le respecter comme notre oikos, notre lieu destinal, pour nous soumettre hum-blement aux mouvements du cosmos et y inscrire nos actes libres. Koneckis a le mérite de nous rappeler l'origine concrète de nos dieux et figures mythiques.

Sources:
- Ralf Koneckis, "Himmelskunde in Alteuropa", in Elemente, Nr.2, Jan.-März 1987.
- Ralf Koneckis, "Astrale Grundmuster im deutschen Volksmär-chen. Der Hase und der Igel", in Sterne und Weltraum,  12/1988.
- Ralf Koneckis, Sternbilder im Deutschen Volksmär-chen I,  tiré à part d'une conférence tenue à Trèves le 11 octobre 1987.
- Ralf Koneckis, "Eine astrale Deutung der Legende. Der große Wagen und die Fahrt des hl. Reinold", in Ruhr-Nachrichten,  Nr. 6, 8 Jan. 1988.
- Ralf Koneckis, "Reinolds Wunderroß Bayard reitet am Sternen-himmel: Sonne stand vor 1000 Jahren am Hinterhuf des Löwen-pferdes", in Ruhr-Nachrichten, 30 Jan. 1988.

Nos lecteurs qui souhaitent entrer en contact avec Ralf Koneckis peuvent lui écrire: R.K., Schneiderstraße 96, D-4600 Dortmund 50 (Deutschland).

[Synergies Européennes, Combat Païen, Juillet 1990]

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vendredi, 14 décembre 2007 | Lien permanent

Éloge du consumérisme de Noël

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Éloge du consumérisme de Noël: contre Natacha Polony

Les agapes de Noël  sont régulièrement  l’occasion de condamnations aussi vertueuses qu’hypocrites sur la débauche de consommation. Elles sont le prétexte à des considérations superficielles contre la ”société de consommation”, le ”libéralisme”, l’ ”argent”, le” capitalisme”, etc. Et cela, souvent au nom d’une vision aussi ignorante du fonctionnement de l’économie que de la ferveur religieuse.

À titre d’exemple, je cite ici deux textes, l’un de l’excellente Natacha Polony, (« Grande braderie de Noël » ), qui, une fois n’est pas coutume, n’est vraiment pas inspirée ; et l’autre, de la romancière Solange Bied-Charreton, ( « A-t-on perdu l’esprit de Noël ? » ) (1) qui s’indigne de la sécularisation de Noël par le consumérisme. Deux analyses aussi emblématiques l’une que l’autre d’un état d’esprit habile à manier les clichés les plus lourdement idéologiques et les plus déconnectés de la réalité. 

Critique des idées fausses 

Natacha Polony s’est fait un nom dans la défense, souvent talentueuse, des traditions, des enracinements, dans la dénonciation de l’effondrement de l’Éducation nationale ; mais aussi dans la défense de l’agriculture traditionnelle et familiale contre l’agriculture et l’élevage industriels (elle a raison) mais son romantisme terrien a quelque chose de fabriqué, de faux, d’urbain. Tout comme sa critique puritaine des festivités de Noël.

  « Ces fêtes de Noël qui sont devenues la mise en scène gargantuesque du règne de la consommation sur nos existences », écrit-elle. L’excès même de la formule l’affaiblit. Nous serions «gavés de biens ». Trop riches en somme, ramollis comme les Romains de la décadence ? Elle fustige avec hypocrisie un « libéralisme » qui serait pire que le communisme (alors que les libéraux n’ont pas voix au chapitre dans ce pays) et aussi « les ardeurs de l’enrichissement personnel », comme s’il s’agissait d’un péché. Alors que la France crève d’assistanat, de fuite des cerveaux et des entrepreneurs, de fiscalisme confiscatoire, de sous-travail, ces intellectuels inconscients se dressent contre le goût de l’enrichissement privé qui est le  moteur de la prospérité, de la créativité et du dynamisme d’une nation, comme l’a démontré Schumpeter. 

Elle estime, dans une formule pompeuse que « ce qui constitue le phénomène majeur de ce début du XXIe siècle est l’extension du marché à l’ensemble des domaines de l’expérience humaine ». Ah bon ? Dans une société française collectiviste et corporatiste où 57% du PIB échappe au marché pour se reporter sur les redistributions, l’assistanat, les aides et les dépenses publiques ? Où l’emploi marchand ne cesse de reculer au profit de l’emploi fonctionnarisé ou aidé qui frôle les 6 millions d’agents ? Natacha Polony, comme tous les intellectuels parisiens, formule de grands principes globalement fondés sur l’ignorance et l’idéologie. Dans un pays où le collectivisme, le réglementarisme et l’étatisation (même de la Santé) ne cessent de progresser, ce genre de formule laisse pantois.  C’est au contraire le rétrécissement du marché qui est la règle dans la société française. Et nos idéologues nous disent, désignant un chat : « observez ce chien ».

Fustigeant le « Divin Marché », elle vilipende la timide Loi Macron comme le symbole d’un libéralisme débridé, alors que c’est un pet de nonne : « le libéralisme de la loi Macron qui porte atteinte à l’indépendance de la France au nom d’une petite logique comptable qui va à l’encontre de l’idée même de République ». Elle fait allusion à la vente aux Chinois d’une partie du capital de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, sans comprendre une seconde que la cause de cette vente n’est pas le libéralisme mais… le socialisme fiscal : pour survivre, cette entreprise avait besoin d’apport en capital. Or, les investisseurs français, assommés de taxes et d’impôts, ne peuvent pas suivre. C’est le collectivisme socialiste qui pousse à brader le patrimoine national, pas le libéralisme qui, au contraire, permet la prospérité et les marges nettes des investisseurs nationaux ! Brader le patrimoine national, les ”bijoux de famille” au nom des besoins de financement et d’endettement ? C’est la conséquence perverse du socialisme. C’est lui qui aboutit à la cession patrimoniale par l’État et, paradoxalement, pas le capitalisme libéral !   

Natacha Polony, reprenant une sociologie de bazar soixante-huitarde déplore en ces termes fantasmés la ”marchandisation” de nos existences : « tout dans les actions des individus relève de la recherche  de rentabilité et de performance ». Hélas, c’est l’inverse ! « La vie individuelle, se lamente-t-elle, se gère comme un budget ». On est sidéré par la déconnection de tels clichés. Nous vivons, au contraire, en France, dans une société où l’idéal de performance, de responsabilité économique individuelle, d’entrepreneuriat, de récompense du mérite est abrogé au profit de l’assistanat et du corporatisme – notamment syndical. Comment Natacha Polony, qui est tout de même très intelligente, peut-elle se méprendre à ce point ? La réponse est claire : l’intellectualisme aveugle et abêtit parce qu’il remplace le bon sens et l’observation par l’idéologie paresseuse. D’origine marxiste, même à droite.

Mais revenons à nos moutons avec cette autre charge contre le consumérisme de Noël, issue de la romancière Solange Bied-Charreton (1) (« A-t-on perdu l’esprit de Noël ? »). Elle aussi se lance dans des considérations de sociologie de comptoir : « Noël est devenu cette grande fête de la matière, de la richesse et de la dépense » Comme si cela empêchait la spiritualité… Donc, vive la pauvreté, le dénuement, le dépouillement, comme idéaux sociaux ? Elle fustige, dans un anti-matérialisme convenu « l’envoûtement affiché pour le luxe, pour les plaisirs du ventre, cette compulsion consommatoire » ; en même temps, elle se moque, dégoûtée, de la débauche « de chocolats industriels, de mauvais champagne, de sapins abattus à la chaine (2), de fourrures synthétiques, de jouets et de bonbons ».  Elle, a sans doute les moyens de s’offrir du bon champagne et du chocolat de pâtissier… Bref, le petit peuple serait malvenu de faire des réveillons chaleureux et de s’offrir des cadeaux de Noël ; il ferait mieux de se recueillir et de se coucher tôt.

La romancière poursuit en se scandalisant de cette « profusion délétère », de la « féérie fétichiste de la marchandise », multipliant les formules de la langue de bois gauchisante : « l’histoire de l’Occident des deux derniers siècles est celle de l’avènement du capitalisme comme « fait social total » (Marcel Mauss). L’esprit du Noël capitaliste infuse l’idée selon laquelle le bonheur réside dans la consommation. Rite religieux d’une économie qui ne sait plus quoi faire de sa surproduction ». Âneries économiques ; nullités sociologiques hors-observations ; clichés snobs , généralisations, formules toutes faites, rhétorique qui remplace la réflexion. Relier cela au combat contre les crèches des laïcards (islamophiles par ailleurs) est stupide ; elle confond deux problèmes distincts. On croirait entendre un pasteur calviniste ou un curé janséniste du XVIIe siècle : « l’immortalité est un moindre mal, Dieu existe et châtie. Mais c’est un monde sans Dieu qui désormais entend diffuser cet ”esprit de Noël” ». Degré zéro de l’analyse. Dans un autre article  (« Un chant de Noël pour les vaches, pour la terre et pour les hommes ») (3) Natacha Polony réitère son aversion pour « la débauche d’achats et de l’orgie de nourriture ». Elle passera donc le réveillon de Noël à manger quelques dattes et des fèves arrosées d’eau minérale.

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Le puritanisme hypocrite

 Les clichés contre le marché, le consumérisme, l’argent, qui fédèrent toute la classe intellectuelle française de droite comme de gauche,  relèvent d’une puissante hypocrisie. Ils témoignent aussi d’une ignorance profonde du fonctionnement de notre société comme de l’histoire. Le spiritualisme et la ferveur religieuse populaire n’ont jamais été synonymes – sauf chez des minorités monacales ascétiques ou des sectes – d’austérité et de dépouillement, mais, bien au contraire, de profusion festive et conviviale. Prenons le christianisme : si le Christ a chassé les ”marchands du Temple”, c’est parce qu’ils commerçaient dans un lieu inapproprié, mais il n’a jamais condamné les débordantes Noces de Cana. Et que pensent nos nouveaux Cathares de la ville de Lourdes, dont toute la prospérité, commerçante, hôtelière, touristique, dépend du culte marial ? Est-ce une profanation ? Les sommes colossales dépensées par l’Église dans la Chapelle Sixtine ou les cathédrales sont-elles condamnables ?

La vision myope selon laquelle notre société est beaucoup plus mercantile et obsédée par l’argent que les sociétés traditionnelles est totalement fausse. Une preuve éclatante en est fournie par le fait incontournable que, de la plus haute Antiquité jusqu’à la Révolution, la noblesse ne se définissait pas seulement par les qualités militaires mais surtout par la richesse, condition de son acquisition. À Rome, les noblesses équestre et sénatoriale étaient strictement fondées sur la fortune financière et foncière, selon un barème précis. Et de l’Athènes de Périclès jusqu’à la France de Louis Philippe, le vote était censitaire, c’est-à-dire fondé sur la capacité fiscale. 

Dans les délires anti-consuméristes de Natacha Polony, on retrouve cette idée de frustrés que Noël n’est pas une fête, que tout ce qui est ”matériel” est mal. Comme si le recueillement était antinomique de la fête ; comme si la spiritualité était antinomique du principe de plaisir. Les marchés de Noël seraient ”impurs”, parce qu’ils inciteraient à la consommation et parce qu’ils seraient des ”marchés” ? On n’est pas très éloigné d’une dérive mentale puritaine partagée par les Talibans et autres djihadistes…   Beaucoup plus intelligente, et proche du réel, est la réflexion de l’écrivain Denis Tillinac (Noël envers et contre tout, in Valeurs Actuelles, 18/12/2014) qui associe étroitement la magie religieuse (culturelle et cultuelle à la fois) de la Nativité à la convivialité des agapes des cadeaux et du banquet familial du réveillon. 

On ressent un malaise devant ces plaintes sur la ”surconsommation” de Noël. Comment peut-on s’indigner que les commerces fassent du chiffre d’affaire à Noël alors que cela crée des emplois et fournit du travail ? Un éleveur de volailles du Gers ou un ostréiculteur charentais n’apprécieraient certainement pas des propos incitant à ne pas trop ”consommer” pour cette période de fin d’année. Un grand nombre de PME et de TPE – qui portent à bout de bras une économie plombée par le parasitisme fiscal de l’État Providence, font une partie indispensable de leur chiffre d’affaires à Noël – et au premier de l’An. C’est mal ?

Dans toutes ces critiques du matérialisme marchand, on repère évidemment une gigantesque hypocrisie puisqu’elles proviennent d’urbains nantis. Il faut avoir l’esprit hémiplégique, pour penser que le plaisir de consommer, de faire la fête, d’échanger des cadeaux au moment de Noël est contraire à la spiritualité et à la tradition de la Nativité. Fêter Noël sans agapes, c’est absurde. Ces lamentations sur la ”profanation” de Noël par la fête relève d’une incapacité à penser ensemble le sacré et le profane, à envisager une célébration familiale et cultuelle avec ces composants naturels que sont l’abondance et la dépense. Faut-il rejeter aussi les repas de noces ? Et la tradition des cadeaux baptismaux en or et en argent ? Le dépouillement et l’ascèse (dans plusieurs religions) relèvent d’un idéal monacal, d’une exception.

Le marché conçu comme péché

 Le grand paradoxe des sociétés marchandes et libérales, non étatistes, non collectivistes, c’est qu’elles sont moins individualistes, moins égoïstes et plus solidaires, plus organiques que les régimes de l’État Providence, « puissance tutélaire » selon Tocqueville, qui substitue aux solidarités familiales et autres l’assistanat public. Voilà une idée à creuser. La mentalité marxiste, qui imprègne sourdement nos élites, est d’ailleurs fondée sur un type d’économie anti-marchande qui reprend subrepticement l’idée du Capital de Marx : en revenir à une société de troc programmé, archaïque et pré-monétaire, mais aussi surplombée par un Big Brother redistributeur et égalisateur. C’est cette utopie qui a fourvoyé et foudroyé l’URSS et le monde communiste. Et dont la tentation est toujours vivante, infectieuse, dans l’État français. 

 Sociologiquement, – et économiquement – l’idée de dictature du marché et de la consommation ne correspond pas à ce qu’on observe dans la société française. Certes, oui, sur le plan quantitatif, on consomme plus qu’en 1900. Partout dans le monde. Mais – et c’est ce qui importe – la part de la consommation marchande et

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mardi, 30 décembre 2014 | Lien permanent

La boursouflure de l’art dit contemporain est d’origine psycho-patho-sociologique

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«La boursouflure de l’art dit contemporain est d’origine psycho-patho-sociologique»...

Entretien avec Nicole Esterolle

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Nicole Esterolle, cueilli sur Le Comptoir et consacré à l'art dit contemporain. Nicole Esterolle a récemment publié un essai intitulé La bouffonnerie de l'art contemporain (Jean-Cyrille Godefroy, 2015).

Après plusieurs années de chroniques féroces témoignant d’une saine pédagogie de l’humour orienté contre l’art contemporain, sa coterie, ses codes et ses inepties, Nicole Esterolle faisait paraitre à la fin du printemps l’essai La Bouffonnerie de l’art contemporain. Nous l’avons donc interrogée, pour compléter ou synthétiser le propos de ce très recommandable essai qui, qu’on en accepte le propos ou qu’on le trouve excessif, a le mérite d’engager au débat sur l’art d’aujourd’hui. Un art qui, en particulier en France, semble ressembler à une institutionnalisation des positions et attitudes qui furent autrefois les audaces des avant-gardes et n’apparaissent aujourd’hui que comme un académisme stérilisant.

Dénoncer l’art contemporain : pourquoi ?

Le Comptoir : Afin d’éviter tout malentendu, commençons par un éclairage. Vous avez exprimé votre intérêt pour de nombreux artistes présents, dont les noms sont cités çà et là dans votre livre et vos chroniques. Quand vous parlez d’art contemporain, de quoi parlez-vous au juste ?

Nicole Esterolle : Il y a des centaines d’artistes d’aujourd’hui – donc contemporains – que je connais, dont j’aime le travail et que je défends sous ma vraie identité. Il m’est arrivé en effet d’en citer quelques-uns dans mes chroniques de Nicole. Ces artistes-là sont ceux de l’intériorité sensible, de la mise en forme, du savoir-peindre et/ou dessiner, du plaisir de l’inattendu, du mystère : tous les ingrédients qui constituent pour moi la vraie substance artistique.

Et puis il y a l’aberration historique des dits “contemporains”, c’est-à-dire ceux qui se sont attribués abusivement ce qualificatif ; ceux pour qui  « les attitudes sont bêtement devenues formes »[i] ; ceux de la posture, de l’extériorité spectaculaire ; ceux de la subversion et du non-sens convenus et subventionnés ; ceux de la « processualité discursive »[ii] ; ceux de la rhétorique de plus en plus délirante ; ceux dont l’énormité du discours pallie le vide intérieur, mais surtout génère de la médiatisation, du buzz, de la visibilité et du pognon au bout de l’embrouille.

Je me fais volontiers l’avocat du Diable, reprenant un propos qui est facilement énoncé : « Si ça ne vous plaît pas, vous n’avez qu’à pas vous en mêler ! Personne ne vous force ! » Si vous ne l’appréciez pas, pourquoi vous opposez-vous alors à l’art contemporain ?

italic-magazine-lart_contemporain_est-il_beau_.jpgDifficile d’ignorer l’occupant. Impossible d’accepter cette métastase imbécile et envahissante qui tue l’art et les artistes et occulte la vraie création actuelle. Cette boursouflure de l’art dit contemporain est d’origine psycho-patho-sociologique et est systémique. Le Diable est d’origine mécanique… et, en l’occurrence, d’une mécanique d’ordre bureaucratique et financier où fonctionnaires, professeurs, critiques d’art et spéculateurs jouent à être plus stupides les uns que les autres pour mieux servir les appareils de pouvoir et d’argent dont ils sont les rouages. Il faut flinguer la crétinerie qui met l’art en danger, mais aussi l’humanité.

Parler de l’art contemporain pour l’encenser ou le dénoncer conduit nécessairement à Marcel Duchamp et au dadaïsme. Leur héritage matriciel est fréquemment la cible des critiques, et l’on a pu lire ces dernières années de très brillants écrits critiques sur Duchamp et son héritage, notamment d’Alain Boton ou de Jean-Pierre Cramoisan. Or, l’art abstrait – Kandinsky, Malevitch, Mondrian en premier lieu – a le premier ouvert la voie à l’arbitraire (de l’artiste et du “critique”) en imposant le discours comme préalable ou partie intégrante de l’œuvre, discours souvent proportionnel à la pauvreté formelle. Dès lors, si l’on veut être cohérent, ne faut-il pas interroger, voire dénoncer aussi l’art abstrait ?

Art abstrait, art figuratif : je ne vois pas pourquoi opposer l’un à l’autre quand l’un comme l’autre peuvent contenir ce qui m’intéresse, c’est-à-dire la qualité sensible, la poésie, une lumière, un mystère. Non, s’en prendre à l’art abstrait serait une grave erreur. Comment ne pas aimer Serge Poliakoff par exemple et tant d’autres ? Mais, il vrai que les Vassily Kandinsky, Kazimir Malevitch, Piet Mondrian sont, pour moi, des “abstraits” sans émotion et qui, à cause de cela, ont été les précurseurs de ce que je déteste : la rupture gratuite, l’intellectualité décérébrée, le manque d’inventivité formelle, la posture, le système, le pathos, le discours d’emballage du vide. Entre une aquarelle de Joan Miró pleine de sincérité, de nécessité intérieure et une de Kandinsky, pur exercice formel sans contenu, il y a une différence fondamentale.

Si l’art abstrait, en soi, n’est pas à l’origine de la calamité “art contemporain”, le surréalisme et le dadaïsme non plus. Car chez les dadaïstes, il y avait d’abord de la mise en forme poétique… et ensuite de la provocation “déconstructive”, qui s’appuyait sur une création préalable. Sauf que Marcel Duchamp s’est glissé parmi eux pour en faire une habile déconstruction et un foutage de gueule systématique, qui a pu ensuite être récupéré par les génies de la comm’ que sont les acteurs de l’art dit contemporain. Je ne pense pas, au contraire d’Alain Boton, qu’il y ait une énigme ou un message caché dans l’ “œuvre” maigrelette de ce vieux dandy farceur gigolo rigolo de Duchamp, ni de signification particulière. Du rien, simplement… mais bien emballé. Une belle mystification qui fonctionne encore.

Qu’est l’art contemporain et comment fonctionne-t-il ?

Reproche commun : “vous critiquez beaucoup… Mais vous ne proposez rien !” Vous énoncez, par exemple, que la bureaucratie a détruit « les bons mécanismes de reconnaissance ou de légitimation qui ont fait notre patrimoine artistique ». Quels pourraient être alors de sains mécanismes de reconnaissance et de légitimation ? Quelles solutions alternatives suggérez-vous (voire existent déjà) ? Que vous semble devoir être le rôle de l’État ?

Effectivement, parmi les nombreuses réactions que j’ai pu recevoir après la sortie de mon livre, il y a celle-ci qui est assez fréquente : « Bon, je suis d’accord avec vous pour fustiger un système globalement détestable, mais faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Au lieu de détruire, ne pourriez-vous pas essayer d’être constructive ? Et puis, c’est bien beau de vouloir la fin d’un système, mais que proposez-vous à la place ? »

Il est vrai que si la réponse à ces questions était inscrite dans mes textes, elle n’était sans doute pas assez explicite. Je vais donc essayer d’être plus claire et, pour ce faire, je dirai ceci : quand vous tentez de stopper les ravages d’une logique ou d’une mécanique incontrôlable et décérébrée, qui écrase et casse tout dans le paysage de l’art, ça n’est pas pour mettre autre chose à sa place, c’est simplement pour arrêter le carnage et faire en sorte que la nature reprenne ses droits. Quand une personne s’est fait enlever un énorme fibrome qui empoisonnait sa vie, elle ne demande pas au chirurgien de lui mettre autre chose à la place, non, ce qu’elle souhaite c’est revivre normalement et librement. Quand on dit qu’il faut arrêter l’usage des engrais, pesticides, etc., qui tuent les sols, ça n’est pas pour qu’ils soient remplacés par d’autres poisons,  c’est pour permettent aux micro-organismes vivants, à la flore et à la faune de se reconstituer naturellement. Hé bien, dans le domaine de l’art, je pense que c’est la même chose. S’il faut absolument se débarrasser au plus vite de ce bulldozer bureaucratico-financier institutionnel stupide et dévastateur qui sévit depuis quatre décennies, ce n’est pas pour le remplacer. C’est simplement pour que toutes les floraisons artistiques puissent à nouveau s’épanouir naturellement et librement dans toute leur diversité.

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J’ai l’impression que l’essentiel des voix critiques contre l’art contemporain est constitué de personnes de 60 ans et plus. Quid de la relève ? Voyez-vous émerger des voix critiques du côté des jeunes intellectuels et artistes ?

Non , non ! Ça c’est une impression, il y a des quantités de formidables jeunes artistes qui sont victimes de l’idéologie dévastatrice “art contemporain”, bien plus que de plus-de-60-ans, pour la bonne raison qu’il y a davantage de bons artistes aujourd’hui, qu’il n’y en avait voilà quarante ans.

Comment peut-on expliquer l’adhésion à l’art contemporain – qui semble profiter essentiellement à une classe privilégiée de bourgeois petits et grands – de la part de personnes qui n’en tirent aucun bénéfice professionnel ou financier ? Je pense en particulier aux médiateurs, stagiaires, étudiants en arts plastiques qui deviendront, plus tard, des artistes galériens. Je pense aussi aux “amateurs” et critiques qui ne vivent pas cette passion. Comment expliquez-vous ce phénomène ? Par ailleurs, tandis qu’on a souvent lu qu’il constituait un nouvel académisme, vous êtes plus précise et qualifiez l’art contemporain d’“art néolibéral” et d’“art de classe” : quelle est sa fonction idéologique, selon vous ?

Il y a un travail urgent à faire là-dessus de la part des sociologues. C’est à eux d’analyser et de démonter le phénomène, qui n’est d’ailleurs pas très compliqué à comprendre. Mais c’est encore un sujet tabou qui attirerait des ennuis de carrière à ceux parmi les jeunes sociologues qui le choisiraient comme sujet de thèse, tout comme les sociologues en Union soviétique risquaient le goulag. L’art contemporain, c’est un marqueur tribal ou communautariste ; c’est un signe d’appartenance de classe ; c’est l’expression d’une puissance intellectuelle et sociale. C’est bête comme chou ! Pas besoin d’être sociologue pour comprendre ça. Mais n’empêche : ils devraient s’emparer de la question s’ils étaient un peu plus libres et courageux.

Le cas “Pinault/Aillagon/Versailles”[iii] a mis, quoique trop discrètement sans doute, en évidence un cas de confusion entre intérêts privés et publics. Le malaise est-il systémique ou bien ce cas est-il exceptionnel ?

Il y aurait des centaines d’exemples à citer, car le conflit d’intérêt, la collusion privé-public, le mélange des genres, font partie du jeu et sont consubstantiels à l’art contemporain. Le cas de l’art contemporain pourrait être très vite réglé par des moyens juridiques et les cours des Comptes nationale et régionales, mais voilà : il existe une sorte de dérogation tacite à la loi dans ce domaine de non-sens et de non-droit. Ahurissante, cette histoire d’Aillagon, ex-directeur du centre Pompidou, ex-Ministre de la Culture, puis employé par le ploutocrate Pinault à sa fondation de Venise, puis directeur du Château de Versailles et qui met ce patrimoine public à disposition des appareils financiers du spéculateur Pinault pour la survalorisation des produits Koons, Mukakami, McCarthy, etc. Dans aucun autre domaine et en aucun autre pays on pourrait envisager ça ! Mais c’est ça l’exception culturelle française que l’on doit à cette vieille saucisse botoxée de Jack Lang qui sévit encore.

L’art contemporain et le monde politique

Les personnalités du monde politique, a priori, ne bénéficient pas de l’art contemporain de façon directe. Il semble qu’il y ait, au mieux, une sorte de distance (on pense n’avoir pas les clefs pour comprendre et l’on cède au chantage intellectuel d’une certaine “gauche” libérale-libertaire parisienne), au pire, une arrogante ignorance (Fleur Pellerin et son tweet sur l’art dégénéré est en ceci symptomatique). Vous écrivez : « […] c’est que soviétisme et ultra-libéralisme deviennent, de fait, les alliés objectifs d’un troisième réjouissant partenaire […” : le Front national ». Pouvez-vous expliciter ? Et pouvez-vous nous dire quel est, selon vous, le rapport entre monde politique et monde de l’art contemporain ?

conversation-piece-munoz_483.jpgL’art contemporain de type français est un effet pervers de la bonne intention culturelle du socialisme mitterrandien des années 80. L’enfer est pavé de bonnes intentions merdiques, qui se retournent sur elles-mêmes puisqu’elles elles n’ont pas assez de contenu et de rigueur morale et intellectuelle. En fait la gauche culturelle a créé un appareil qui s’est mis à la remorque du grand libéralisme, de telle sorte qu’aujourd’hui le système en place allie les vertus du soviétisme et celle du capitalisme le plus débridé : c’est un comble !

En fait, l’art contemporain n’a pas de couleur ni d’odeur politique. Il est a-politique comme il est a-artistique. Il est le produit d’une logique d’appareil, et pour cela, insaisissable comme un cambouis visqueux par les élus qui s’en méfient comme de la peste, qui bottent en touche, qui ont peur de passer pour des ringards quand ils en parlent et qui laisse ça aux “spécialistes” de leur services. L’art contemporain

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dimanche, 18 octobre 2015 | Lien permanent

«Les droits de l’homme érigés en religion détruisent les nations»

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«Les droits de l’homme érigés en religion détruisent les nations»: Jean-Louis HAROUEL

Source : Grand Entretien du FigaroVox avec Jean-Louis Harouel à propos de son dernier livre : « Les droits de l’homme contre le peuple ».

 

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Par Alexandre Devecchio

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - À l'occasion de la sortie de son livre Les droits de l'homme contre le peuple, Jean-Louis Harouel a répondu au FigaroVox. Il dénonce une nouvelle religion séculière centrée sur l'obsession de la non-discrimination qui paralyse la politique des pays occidentaux.

Jean-Louis Harouel est professeur agrégé de droit à Paris II et auteur de «La grande falsification. L'art contemporain», «Le vrai génie du christianisme» et «Revenir à la nation» (Editions Jean-Cyrille Godefroy). Son dernier ouvrageLes droits de l'homme contre le peuple est paru aux éditions desclée de Brouwer.

FIGAROVOX. - Après le massacre d'Orlando, les commentaires et les mises en accusation se sont succédé. On s'est focalisé sur l'aspect homophobe du crime, on a pointé du doigt les mouvements conservateurs et les religions monothéistes. L'islamisme est passé au second plan. Les démocraties occidentales sont-elles de nouveau tombées dans le piège de ce que vous appelez «la religion des droits l'homme»?

Jean-Louis HAROUEL. - Autant il est aisé de condamner au nom de l'Évangile les violences provoquées ou cautionnées par la religion chrétienne, autant il n'est guère possible de condamner la violence musulmane au nom des textes saints de l'islam, dès lors que l'invitation à la violence y est expressément et abondamment inscrite. Concernant l'homosexualité masculine - la seule ayant été prise en compte -, les sociétés chrétiennes l'ont certes longtemps réprouvée et punie sévèrement au motif que la Bible (Genèse, 19) rapporte que Yahvé a lancé le feu du ciel sur Sodome et Gomorrhe. Mais, déjà dans la France de Louis XV, ainsi que l'a constaté l'historien Maurice Lever dans son livre Les bûchers de Sodome (1985) où il notait l'absence des bûchers à cette époque, la royauté de droit divin faisait preuve d'une grande modération. Au contraire, les textes saints de l'islam sont féroces. Il y a en particulier un hadith terrible du Prophète qui invite les croyants à tuer les homosexuels: «L'envoyé d'Allah - Bénédiction d'Allah et Salut sur Lui - a dit: Qui que vous trouviez qui agit à la manière des gens de Loth, tuez l'actif et le passif». Ce texte figure dans la Sunna (rassemblant les actes, dires et approbations de Mahomet: les hadiths) dont la réunion avec le Coran constitue la Charia. Or celle-ci est le guide de ceux qui veulent revenir au respect de la loi divine. Le lien avec le massacre d'Orlando est plus qu'évident.

C'est un déni de réalité que de mettre systématiquement sur le même plan les religions monothéistes afin de ne pas avoir à prononcer de critique envers l'islam.

C'est un déni de réalité que de mettre systématiquement sur le même plan les religions monothéistes afin de ne pas avoir à prononcer de critique envers l'islam. Ce déni de réalité est pratiqué par les démocraties occidentales au nom d'un «politiquement correct» qui n'est qu'un aspect d'une religion séculière que l'on peut appeler religion des droits de l'homme.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, cette religion a très largement occupé le vide creusé en Europe occidentale à la fois par l'effondrement de la pratique religieuse chrétienne et par l'implosion du communisme soviétique.

Avatar de la religion de l'humanité, le culte des droits de l'homme a remplacé depuis quelques décennies le communisme - dont il partage la nature de religion séculière - dans son rôle d'utopie censée instaurer le règne du bien sur la terre. Dans cette nouvelle religion séculière, les droits de l'homme sont en charge de la promesse du royaume de Dieu sur la terre, en charge du projet d'une humanité réconciliée grâce à l'instauration d'une société parfaite, au moyen de la mutation du monde ancien en un monde nouveau entièrement cosmopolite et fondé exclusivement sur les droits des individus.

À la suite de François Furet, l'historien américain Samuel Moyn a confirmé en 2010 dans The last Utopia que l'hégémonie de l'idéologie des droits de l'homme depuis les dernières décennies du XXe siècle s'est édifiée sur les ruines des idéologies révolutionnaires. C'est de l'implosion des utopies antérieures qu'est née la «dernière utopie» que sont les droits de l'homme comme norme suprême censée faire advenir un monde meilleur.

En quoi les islamistes se servent-ils des droits de l'homme pour accroître leur influence?

Dans la mesure où ils favorisent le succès des revendications musulmanes, les droits de l'homme contribuent à la montée en puissance de l'islam en France et dans les autres pays occidentaux. Lorsque, au nom du principe de non-discrimination, des droits individuels sont reconnus (par la loi, le juge ou l'administration) à des membres d'un groupe identitaire au titre de leur appartenance à ce groupe, ces droits deviennent des droits du groupe, et donc des droits collectifs. La sacralisation des droits individuels par la religion séculière des droits de l'homme aboutit finalement à la mise en place de droits identitaires, ce dont l'islam a su tirer un grand profit.

L'islam ne manque jamais d'utiliser l'arme des droits de l'homme pour contraindre les pays européens à adopter un profil bas face à la population musulmane qui y vit. Sous couvert de non-discrimination et de respect de la liberté religieuse, c'est une civilisation antagoniste de la civilisation européenne qui poursuit son entreprise de conquête et de domination.

En Europe occidentale, l'islam a profité à plein des droits de l'homme. C'est sur eux que se fondent les revendications vestimentaires, alimentaires et autres des musulmans.

En Europe occidentale, l'islam a profité à plein des droits de l'homme. C'est sur eux que se fondent les revendications vestimentaires, alimentaires et autres des musulmans, lesquelles relèvent en réalité d'une prise de pouvoir de nature politique, d'une appropriation de territoires, d'une domination de secteurs de la société. L'islam combinant en lui le politique, le juridique et le religieux, toute concession faite à l'islam comme religion est aussi une concession faite à l'islam politique et juridique, avec pour effet de transformer peu à peu les pays européens concernés en terres musulmanes.

Selon vous, les droits de l'homme sont mis au service d'une «immigration colonisatrice». Beaucoup d'immigrés viennent en Europe et en France pour mieux vivre ou par attrait pour le modèle occidental et non pour nous coloniser ….

Je suis bien d'accord avec vous: beaucoup d'immigrants s'introduisent et s'incrustent en Europe occidentale simplement pour des raisons d'intérêt personnel, pour jouir d'un niveau de vie et de conditions d'existence infiniment meilleurs que dans leur pays. Ils n'ont pas d'arrière-pensées colonisatrices ou conquérantes. Mais les Wisigoths, les Burgondes et les Francs jadis autorisés par le pouvoir impérial à trouver refuge et à s'installer sur le territoire de l'Empire romain d'Occident n'avaient pas non plus d'intentions conquérantes. Simplement, deux générations plus tard, ils avaient pris le pouvoir et s'étaient taillé des royaumes sur le territoire de l'Empire anéanti. L'histoire montre par de nombreux exemples qu'une immigration numériquement minoritaire mais vigoureuse peut s'emparer durablement du pouvoir et dominer la population autochtone.

Aussi bien certaines personnalités musulmanes ne cachent-elles pas leurs intentions conquérantes en Europe. Tel le cheikh Youssouf al Quaradawi, l'un des principaux de l'UOIE (Union des organisations islamiques européennes, dont la branche française est l'UOIF), qui déclarait en 2002: «Avec vos lois démocratiques nous vous coloniserons. Avec nos lois coraniques nous vous dominerons.»

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Que faites-vous des réfugiés?

On ne peut pas ne pas secourir les réfugiés. Pour autant, nous n'avons pas les moyens de les accueillir sur la base des niveaux de vie et modes de vie occidentaux. Ils ne peuvent raisonnablement attendre de nous que des conditions de logement ainsi que des prestations sociales et médicales minimales. De plus, il ne faut pas leur laisser penser qu'ils vont s'installer durablement chez nous. Il faut leur faire savoir que, dès que la situation sera rétablie dans leur pays, ils seront invités à y repartir. D'ailleurs, autant l'accueil s'impose moralement pour les enfants, les mères et les vieillards, autant la place normale des hommes jeunes et adultes n'est pas ici mais dans leur pays, sur le sort duquel ils semblent avoir bien vite tiré un trait. Dans bien des cas, la qualité même réelle de réfugié dissimule plus ou moins une immigration motivée par la recherche d'une vie plus facile, c'est-à-dire une immigration économique.

Étant donné l'énorme accroissement démographique au sud de la Méditerranée, l'Europe doit s'attendre à voir prochainement déferler une immigration économique d'une ampleur encore jamais vue.

Or, étant donné l'énorme accroissement démographique au sud de la Méditerranée, l'Europe doit s'attendre à voir prochainement déferler une immigration économique d'une ampleur encore jamais vue, se comptant en dizaines de millions d'individus s'invitant dans nos pays dans l'espoir d'y améliorer leurs conditions de vie. Mais l'Europe occidentale sera incapable d'absorber une telle masse d'immigrés. Elle périra à moins que les immigrants économiques ne soient systématiquement reconduits dans leur pays. Cependant, pour que les États concernés acceptent de favoriser la reconduite de leurs ressortissants, il est évident qu'il sera indispensable de rétribuer leur bonne volonté par une énorme augmentation de l'aide au développement. Spécialiste reconnu des questions de développement, Claude Sicard, dans un article de la Revue politique et parlementaire (n° 1076, décembre 2015), préconise la création par les pays européens d'une taxe de 50% sur les dépenses publicitaires, destinée à financer le retour le retour dans leurs pays respectifs des immigrants économiques reconduits chez eux.

En quoi les droits de l'homme nous condamnent-ils à l'impuissance collective?

Pour mettre fin à l'appel d'air permanent qui attire par millions les immigrants d'origine extra-européenne, il faut restaurer la discrimination fondatrice de l'idée de cité: celle qui traite différemment le citoyen et le non-citoyen, le national et l'étranger. Il faudrait idéalement qu'il n'y ait plus d'intérêt matériel à s'incruster illégalement sur le sol français. Or cela va à l'encontre de la religion séculière des droits de l'homme.

Dès l'aube des années 1980, Marcel Gauchet avait bien vu que, si les démocraties européennes faisaient des droits de l'homme leur politique, elles se condamneraient à l'impuissance collective. La religion des droits de l'homme handicape très dangereusement la France face au déferlement de l'immigration et à la présence sur son sol d'un islam de masse. Instaurant une morale d'État vertueusement suicidaire, la religion des droits de l'homme interdit à nos dirigeants d'envisager ces problèmes et d'y répondre d'un point de vue politique.

La religion des droits de l'homme est la négation des droits collectifs des nations européennes. Elle refuse à la collectivité nationale le droit de vivre comme elle le souhaite. La souveraineté démocratique consiste dans la propriété d'un groupe humain sur lui-même, son destin, son identité, son sol, son patrimoine matériel et immatériel. Refusant cette souveraineté, la religion des droits de l'homme détruit l'idée de patrimoine d'un groupe humain, elle prétend le contraindre à le partager, le mettre en commun. Bref, c'est une nouvelle forme de communisme.

Pour combattre la menace islamiste, faut-il renoncer à ce que nous sommes, nous trahir? Les droits de l'homme ne font-ils pas partie des fondamentaux de l'Occident au même titre que les racines chrétiennes?

La religion séculière des droits de l'homme n'est pas, malgré les apparences, d'origine chrétienne, car elle découle de deux grandes hérésies: la gnose et le millénarisme. Les droits de l'homme comme religion ne sont pas un prolongement du christianisme: c'est un système de croyances post-chrétien.

La religion (ou utopie) des droits de l'homme qui règne aujourd'hui ne relève pas des «fondamentaux de l'Occident» au même titre que ses racines chrétiennes. Inspirée par une compassion cosmique indifférente aux États et aux nations, sa conception des droits individuels est profondément différente de la conception classique, celle des déclarations américaines et française de la fin du XVIIIe siècles, lesquelles ont établi avant tout les libertés publiques des citoyens au sein des États-nations démocratiques. D'ailleurs, ces deux réalités très différentes sont désignées dans la langue anglaise par des appellations distinctes: pour les droits de l'homme actuels, human rights, terme apparu

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mardi, 28 juin 2016 | Lien permanent

TERRE & PEUPLE Magazine n°84

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Communiqué de "Terre & Peuple-Wallonie"

TERRE & PEUPLE Magazine n°84

Le numéro 84 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré sur le thème ‘Souveraineté et souverainisme’.

L’éditorial de Pierre Vial est titré ‘La haine contre les Blancs’. Elle s’affiche sans aucune retenue, y compris par les Blancs ethno-masochistes, empressés d’implorer pardon.  Le mécanisme du conditionnement est bien rodé, au besoin en trafiquant les faits, notamment les circonstances de la mort du célèbre et célébré George Floyd.  On évacue le fait que, sur les quatre policiers accusés, deux ne sont pas des Blancs.  60% des policiers US sont des Noirs, alors que ceux-ci ne sont que 12% de l’ensemble de la population, mais sont les auteurs de 43% des meurtres.  Ils ne seraient violents que parce qu’ils sont victimes d’injustices.  Ces énormités, qui justifieraient les vols, incendies, viols, expliquent probablement que 47% des Français déclarent que pour eux le racisme anti-Blancs est une réalité vécue.  C’est la guerre raciale ?  Il n’est pas trop tard pour la faire.

unnamedgddsie.jpgLes gens du vulgaire qui comme nous lisent et relisent avec humilité la contribution de Jean Haudry à cette livraison de TERRE & PEUPLE Magazine, ‘La souveraineté dans la tradition indo-européenne’, ne peuvent guère que pressentir, avec un religieux vertige, la masse presque surhumaine des connaissances en la matière que les initiés ont collectées et triées.  Et ils ne peuvent que prier, non seulement pour qu’elles puissent être précieusement conservées, mais pour que ses héritiers cultivent l’héritage et, comme le disent joliment les gens du rugby, que leurs champions transforment l’essai.  Et prier pour que les peuples indo-européens sachent à nouveau qu’ils sont depuis toujours propriétaires de ce précieux patrimoine.

Jean-Patrick Arteault livre trois notes substantifiques sur la nation, sur la souveraineté et sur l’Union européenne.  Etymologiquement, le terme nation évoque l’origine commune des nationaux.  Depuis le XIXe siècle, on oppose cette conception ethno-culturelle à la conception contractuelle du vouloir vivre ensemble, attribuant la première aux Allemands et la seconde aux Français libérateurs républicains universels.  Comme à l’ensemble indo-européen d’avant la Dispersion, on oppose souvent la nation moderne qui en serait une fragmentation.  Toutefois, l’unité d’origine était déjà fragmentée en Latins, Grecs, Celtes, Germains, Scandinaves, Baltes et Slaves. L’auteur se dit surpris par le fait que, pour résister au Remplacement, l’inconscient national ethnicise la République.  Mais le réel qu’on refuse a tôt fait de se venger : c’est le cadre national qui parle le plus aux contemporains.  Pour ce qui est de la souveraineté, une autorité n’en dispose sur un territoire que lorsqu’elle n’y est soumise à aucune autre, tant dans les domaines juridique que militaire, que financier et monétaire.  A la question de la souveraineté effective de la France, la réponse est négative, tant au plan juridique (UE, CEDH), que militaire (OTAN), que monétaire (Zone Euro) et que financier (FMI, BRI, les tribunaux US pour tout échange en dollar).  Il s’agit de récupérer cette triple souveraineté, en particulier pour pouvoir mener une politique de rémigration.  Les souverainistes français (Cercle Aristote, Union Populaire Républicaine) travaillent avec intelligence, mais ils réduisent l’identité à la nation citoyenne (c’est sur la race que de Gaulle fondait son idée de la France).  Ils sont souvent anti-allemands, alors que la RFA n’a plus rien de l’Allemagne éternelle.  Longtemps fidèle au modèle du capitalisme rhénan, le capitalisme allemand a réalisé sa mue occidentaliste.  Il utilise la monnaie unique pour réaliser son programme de premier de la classe occidentale.  L’UE a rendu l’Europe détestable pour nombre d’Européens. 

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Dans sa préhistoire, on relève trois influences : le mondialisme anglo-saxon du Groupe de Milner, où Jean Monnet a fait ses premières armes ; le fédéralisme pan-européen de Coudenhove-Kalergi ; l’expérience internationaliste et pacifiste de la SDN, compromis entre l’idéologie de Milner et la république maçonnique française.  Des historiens communistes ont démontré le rôle joué par d’anciens Kolabos non-épurés dans la construction européenne, pour en faire une retranscription acceptable d’un projet des nazis.  Dans l’avant-guerre, la préoccupation européenne des nazis n’était que marginale.  Avec l’invasion de l’URSS et la participation de corps de volontaires, l’idée a germé d’une croisade européenne.  Après la guerre, les vaincus y ont retrouvé une certaine virginité.  Par contre, l’occidentalisme de l’UE est le pur produit de la victoire des USA dans la compétition pour la domination mondiale.  En fin de compte, la philosophie qui a présidé à la gestation de l’UE est libérale, libre-échangiste, occidentaliste, atlantiste, cosmopolite.

imagesathena.jpgRobert Dragan pose la question ‘Souverain sur quoi et pour quoi ?’, la souveraineté étant le pouvoir décisif, d’abord sur soi-même et ensuite sur le cadre de vie, celui-ci s’étendant du clan primaire à la Cité traitée par Aristote.  La guerre désigne les chefs parmi les acteurs de la deuxième fonction, laquelle fournira les décideurs politiques.  Première et deuxième fonction relèvent souvent de la même aristocratie, aux mains de laquelle le peuple abdique en échange de la sécurité et de l’équilibre.  Victime d’un capitalisme sauvage, une fraction du peuple a remis en cause l’ordre social et politique.  Aujourd’hui, des syndicats de travailleurs soutiennent les ennemis des Gilets Jaunes !  C’est pourtant des rangs des soldats de la Grande Guerre que sont sortis les militants de la révolution fasciste, contestataires des guerres intra-européennes.  Ceux qui doutaient de la légitimité des gens au pouvoir étaient de plus en plus nombreux.  C’est alors que la banque souveraine a offert la consommation à la troisième fonction.  Vrais souverains du monde moderne, les créateurs de monnaie, receleurs de capitaux, nous donnent à croire que les représentants politiques du peuple détiennent le pouvoir.  Grâce à l’Internet, les dénonciateurs de ce coup d’état parviennent à toucher un auditoire de plus en plus large.  Mais, quand on en appelle aujourd’hui à la nation, s’agit-il de la Nation contractuelle ou de l’héritage ancestral ?  Soucieux de faire prospérer un populisme tolérable, les dirigeants populistes ont intérêt à entretenir la confusion. 

En France, le RN incarne cette synthèse (avec ses gages antiracistes, ses positions pro-avortement, son conformisme historique) en recyclant l’idéologie libérale.  On court ainsi à un double échec.  Faire naître des idées neuves au sein de mouvements installés est un pari improbable (le RN éjecte depuis dix ans toute trace de radicalisme).  Par ailleurs, en Europe, un clivage se marque entre les pays peu endettés (RFA, Pays-Bas) et ceux du Club Méditerranée (Italie, Espagne, France).  L’avenir de nos enfants se trouve peut-être chez leurs futurs conjoints allemands, néo-zélandais, russes ou Blancs américains, alors qu’une quatrième guerre franco-boche opposerait des franco-maghrébins à des germano-turcs ?  Mais le premier problème est celui de la crise économique générée par le Covid-19.  Trois solutions sont envisageables : l’Etat mondial de Jacques Attali ; l’explosion de l’UE, chaque état reprenant ses billes ; les Albo-Européens édifient l’Empire sur une base raciale.  Le problème serait alors de détruire l’argent-dette surnuméraire sans affecter l’économie réelle ni l’épargne des particuliers : objectif réalisable par la création d’une monnaie unique fiduciaire, appuyée sur la richesse concrète des économies, et en ne dépouillant que les grands détenteurs (Soros, Gates…) de capitaux.

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Jean-Patrick Arteault dresse le compte des Européens que l’euro ruine insidieusement.  Pour les européistes tels que Jean Monnet, une monnaie commune est un moyen d’unifier et d’affaiblir les Etats-nation, à qui on retire un attribut de leur souveraineté, et d’augmenter la fluidité du Marché Commun.  Avec la chute du Mur de Berlin, en 1989, la RFA absorbe la RDA.  Mitterrand, qui redoute que l’Allemagne s’émancipe des Communautés Européennes, pousse alors avec le Traité de Maastricht et l’absorption du Mark dans la Zone Euro à une solidarité européenne.  Mais les Allemands ne sacrifient leur Mark, symbole de leur renaissance, que sous condition : l’euro obéira à la même idéologie monétaire que le Mark.  Comme la BUBA (Bundes Bank), la BCE sera indépendante des Etats, qu’il lui est interdit de financer en concurrence des banques commerciales.  Elle veillera que l’inflation n’excède pas 2%. 

Les Etats s’engagent à maintenir leurs déficits budgétaires inférieurs à 3% de leur PIB.  L’euro n’est pas la monnaie unique des Européens, mais une simple monnaie commune, qui ne dispose pas de mécanismes pour compenser les déséquilibres entre les pays riches et les pays pauvres.  Disparates, les Etats membres acceptent de le rester, comme d’être liés à l’OTAN.  Huit d’entre eux n’ont pas l’euro comme monnaie.  Si l’UE venait à organiser des transferts des pays riches vers les pauvres, cela pourrait coûter à l’Allemagne jusqu’à 10% de son PIB, alors que 40% de ces riches Allemands ne détiennent aucun patrimoine et tiennent les habitants des pays pauvres de l’UE pour des incapables, voire des fainéants !  La circulation des travailleurs au sein de l’UE n’est fluide que pour les surqualifiés et serait quasi nulle pour la base (alors que celle-ci aurait été décisive en faveur du Brexit. 

L’euro a pour effet de figer les parités monétaires et de supprimer la dévaluation compétitive : lorsque les importations d’un pays étaient supérieures à ses exportations, sa monnaie se dévaluait, rendant les importations plus coûteuses et ses exportations plus attrayantes.  L’euro avantage une Allemagne exportatrice et appauvrit les autres Européens.  Les soldes TARGET 2 sont une autre menace liée aux excédents commerciaux de l’Allemagne.  L’euro n’est, en réalité, qu’une appellation commune à dix-sept monnaies supervisées chacune par sa banque centrale nationale. Le système TARGET 2 permet les échanges entre banques commerciales.  La banque centrale en est garante en échange du dépôt d’actifs ‘éligibles’ (or, actions, obligations). 

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La BCE joue à l’égard des banques nationales le rôle de super banque centrale.  Toutefois, les banques centrales de la zone euro ne déposent pas d’actifs, mais de simples promesses !  Depuis la crise de 2008, les échanges monétaires sont en déséquilibre croissant (le solde créditeur de l’Allemagne atteint 1000 milliards d’euros !).  Si un pays débiteur venait à quitter la zone, son solde devenant alors exigible, il ferait probablement défaut, à charge du contribuable allemand.  Sauf à faire valser la planche à billets, avec un risque écrasant d’inflation.  L’accord Macron-Merkel sur un emprunt de 500 milliards d’euros repose l’adoption de la mutualisation des dettes, déjà rejetée par quatre pays.  Elle rendrait impossible tout nouveau départ de l’UE.  A l’Allemagne se pose la question « Comment continuer de profiter de l’euro pour ses exportations, tout en se dégageant du piège de l’euro ? »

8LBVSrHHAEHUCnLAg07Th-jFLE4.jpgJean-Patrick Arteault s’applique à situer la nébuleuse des souverainistes en France.  Ils sont d’origines et d’affinités variées, voire adverses.  Leur cœur nucléaire se trouve dans le dégagement des traités internationaux auxquels le pays a souscrit, soit l’UE, la CEDH et tous les traités onusiens.  Et dans le désengagement de la monnaie commune.  Dans les figures et les mouvements concernés, on épinglera Paul-Marie Coûteaux, l’Union Populaire Républicaine de François Asselineau, Florian Phillipot et son parti Les Patriotes, Djordje Kuzmanovic et son mouvement République Souveraine.  Sur le terrain métapolitique, on relève le Cercle Aristote avec Pierre Rougeyron et la revue Perspective Libre, carrefour de (presque) tous les souverainistes.  Il importe de signaler les réactions souverainistes à l’UE qu’on peut relever chez Les Identitaires, chez Nicolas Dupont-Aignant de Debout la France, chez les nationalistes du Parti de la France, chez les royalistes d’Action Française ou de Nouvelle Action Royaliste, chez Civitas d’Alain Escada, dans la Fondation Polemia de Jean-Yves Le Gallou et chez Egalité & Réconciliation d’Alain Soral.  Le Rassemblement National a choisi de ne pas attaquer frontalement l’UE et l’euro, ce qui risquait de ne pas être compris par une majorité. La logique voudrait qu’il y ait par la suite convergence.  Notre point de vue identitaire nous place en désaccord important avec nombre de souverainistes qui, sur le contenu ethnique et autochtone de la nation, sont trop accommodants.  Il est vrai qu’il n’existe pas à proprement parler de nation européenne, mais bien une Civilisation Européenne, faite d’anthropologies et de langues cousines.  Les alliances à privilégier sont en Europe, la Russie y comprise.  L’objectif primordial est la révolution identitaire pour faire des autochtones albo-européens les maîtres de la terre qui leur appartient de tradition immémoriale.

Alain Cagnat dresse une fiche signalétique détaillée de l’OTAN :

1945 : L’URSS occupe la moitié de l’Europe et menace l’autre

1947 : Plan Marshall d’aide américaine (intéressée) à la relance des pays sinistrés

1948 : Le Kominform fédère les états vassaux de l’URSS.  Le Blocus de Berlin contraint à mettre en place un Pont aérien gigantesque

1949 : Création de l’OTAN, solidarité de défense assujettie aux USA

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1950 : Les armées de la Coré

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dimanche, 04 octobre 2020 | Lien permanent

Les «Aryas»: qui sont-ils et d’où viennent-ils?

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Les «Aryas»: qui sont-ils et d’où viennent-ils?

Pavel Tulaev

Les nouvelles publications sur l'histoire, l'archéologie et la religion des anciens « Aryens », parues dans les premières années post-soviétiques, ont donné lieu à une discussion scientifique méthodologiquement importante qui s'est déroulée dans les pages de la revue Ancestral Legacy (n°4, 1997 ; n°5, 1998). Aujourd'hui, le mot "Aryens" (de l'ancien ind. arya) a reçu de nombreuses interprétations, dont certaines sont insuffisamment étayées ou trop politisées. Nous pouvons donc rejeter d'emblée toutes les significations négatives que les profanes, victimes de la propagande anti-hitlérienne, ont introduites dans le concept d'"Aryens". Il est scientifiquement prouvé depuis longtemps que les Allemands ne sont qu'un des peuples blancs et que la slavophobie allemande est le reflet de luttes séculaires pour l'espace vital en Europe. L'explication du mot "aryen" qui serait dérivé d’oratai, c'est-à-dire le "laboureur", est également insuffisante. Selon l'interprétation scientifique moderne, les "Aryens" sont les descendants des Indo-Iraniens et des Indiens du Nord, qui ont adopté leur culture et leurs anciennes traditions. Les "Aryens" au sens large sont dès lors perçus comme des personnes ‘’de race blanche, de race noble et de profonde connaissance spirituelle’’.

Où a eu lieu exactement la formation du noyau aryen? Un endroit qui pourrait être appelé la patrie ou le foyer ancestral des Aryens? Était-ce une seule région ou y en avait-il plusieurs ? Toutes ces questions restent encore ouvertes.

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L'archéologue Shilov Y.A., qui a fait des recherches sur les tumuli dans le nord de la région de la mer Noire et a découvert la relation avec la culture védique, pense, comme indiqué ci-dessus, que le foyer ancestral des Aryens peut être considéré comme le bassin du Dniepr et du Danube. Au IVe millénaire avant J.-C., le centre de la civilisation Aratta s'est formé dans la zone de l'actuelle région de Tcherkassy, que les archéologues appelaient autrefois, au conditionnel, la "culture Tripolye". "La structure de cet État - écrit Y. Shilov - ressemblait au système de la polis de la future Grèce. Aratta était un complexe de grandes cités-polis (jusqu'à 500 hectares), chacune entourée de petits villages" (Patrimoine ancestral, n°2, p.8). Un état développé de "démocratie sacrée" s'est formé ici, où le rôle principal était joué par les prêtres et où l'institution sacerdotale unique, tournant autour de l’idée du "salut", s’y est développée. S'appuyant sur des données issues de fouilles archéologiques, Shilov retrace la généalogie des dieux indo-européens tels que Divus-Zevus-Dyaus ou Kupala-Apollo-Gopalan. Il établit des parallèles entre la patrie aryenne dans la région de la mer Noire et l'ancien monde slave. Ainsi l'archéologue ukrainien ne se préoccupe presque pas de la théorie hyperboréenne. Selon Shilov, l'Hyperborée doit être comprise comme un système de sanctuaires-observatoires allant de Stonehenge à Arkaim, qui s'étendait le long de la frontière nord de la zone où émergea l'agriculture entre le 7ème et le 3ème millénaire avant J.-C. Les recherches de Y. A. Shilov concordent avec Indoarica in the Northern Black Sea Region de O.N. Trubachev (Moscou, 1999) et Ukrainian Indoarika de S.I. Nalivaiko (K., 2007).

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Les auteurs qui ont publié l'anthologie Antiquité: les Aryens ont une opinion différente sur ce problème (cf. Les Slaves (M., 1996). Son rédacteur responsable, la Dr. I. D. Natalia Romanovna Guseva, est une défenderesse active de la théorie polaire. En plus des conclusions de Warren et Tilak, cette scientifique et indologue a sollicité les données de la géologie, de la géographie et de l'archéologie modernes. Elle présente les nouveaux matériaux du chercheur indien R. K. Prabhu L'année arctique des Aryens védiques, sollicite également le Livre du Pigeon pour l'analyse, attire l'attention sur l'image d'un cheval blanc sacrificiel, compare Indra avec Indric. N. R. Guseva est très attachée aux parallèles entre slaves et indiens. Elle consacre un article séparé à la parenté du sanskrit avec la langue russe et fournit un résumé convaincant des mots ayant les mêmes racines (aïeule - pramatr, thy - twa, this - etat, first - purva, to love - lubh, to create - tvar, to swim - paraplu, cup - chashaka, deva - devi, door - dvar, hole - drka etc). À l'initiative de Guseva, la collection comprend l'article de D. P. Shastri intitulé The relationship between the Russian language and Sanskrit, qui établit également des parallèles éloquents. Par exemple, en sanskrit, deux cent trente-quatre serait dvishata tridasha chatvari, et la phrase "cette maison est la tienne, celle-ci est la nôtre" sonnerait : Tat vas d'am, etat nas d'am. N. R. Guseva cite également des parallèles dans les termes religieux et mystiques: Vedat - Veda, Veles - Vala, Dajbog - Daksha, Indric - Indra, Lada - Lata, Fire - Agni, Perun - Varuna, Rod - Rudra, Svarog - Svarga, Yarilo - Yar et d'autres, qui nécessitent des recherches supplémentaires (Voir également: N. R. Guseva. Les Russes à travers les millénaires. La théorie de l'Arctique. - M., 1998 ; N. R. Guseva. Les Slaves et les Aryens. La voie des dieux. - М., 2002 ; N.R.Guseva, Le Nord de la Russie - une terre ancestrale des Indo-Slaves. - М., 2003)

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L'historienne de l'art S. V. Zharnikova (1945-2015), auteur de Racines archaïques de la culture traditionnelle du Nord russe (Vologda, 2003) et de Fil d'or (Vologda, 2003) travaille dans une direction similaire. Dans la lignée de la tradition de la culturologie comparative (A. N. Afanasiev, I. I. Sreznevsky, A. Zhuravsky, V. A. Gorodtsov, A. V. Miller, etc.), la chercheuse de Vologda cite des sources et des faits supplémentaires pour étayer la relation entre les Aryens du Nord et du Sud (il est intéressant de noter qu'elle fait référence à un ouvrage peu connu d'A. Zhuravsky intitulé La Russie polaire, publié en 1911 dans Izvestia of the Society of the Russian North Studies, numéros 9-11). À l'aide des textes védiques, Zharnikova tente de localiser et d'identifier géographiquement avec précision les lieux mentionnés dans le Rigveda et l'Avesta. Svetlana Vasilievna pense que les montagnes sacrées Meru (dans la légende indienne), Hara (dans les sources iraniennes) et les montagnes Ripei (chez les Grecs anciens) font référence au même prototype réel. Ce prototype, selon elle, est l'Uvaly du Nord, situé au nord-ouest des montagnes de l'Oural. C'est ici, selon la description des textes anciens, que se trouve la ligne de partage des eaux des bassins des mers du Nord et du Sud, c'est ici que prennent naissance la Dvina du Nord, la Kama et le grand fleuve Volga (les noms anciens sont Ra, Rha), et c'est ici que l'on peut observer l'étoile polaire au zénith. Dans le bassin de la Volga-Oka, entre le 7ème et le 6ème millénaire avant J.-C., il existait des cultures primitives de tribus de chasseurs, auxquelles les archéologues ont donné le nom de Butovo et Ienev. Au cours des 3ème et 2ème millénaires avant J.-C., la célèbre culture de Volos s'est développée dans la même région. Ces noms purement archéologiques, Svetlana Vasilievna les relie aux anciennes tribus mentionnées dans le Mahabharata (le livre Forest), où l'on trouve une description de la géographie du nord de l'Eurasie. Ce qui est extrêmement intéressant, mais nécessite une vérification supplémentaire. Les recherches les plus précieuses du point de vue archéologique de Zharnikova sont publiées dans son recueil Traces of Vedic Rus (Moscou, 2015).

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En plus des résultats linguistiques de N. R. Guseva et D. P., l'auteur de Vologda fournit une liste impressionnante d'hydronymes du Nord russe qui ont des parallèles directs avec les mots sanskrits: Ganga (rivière dans la province d'Archangel) et Ganga (le principal fleuve en Inde), Dan (rivière dans la région d'Ust'-sol'sk) et Danu (rivière dans le "Rigveda"), Indiga (rivière dans la région de Murmansk) et Indus (rivière dans le Nord-Ouest de l'Inde), Kama (affluent gauche de la Volga) et Kam (eau, bonheur en sanskrit), Sura (rivière dans la région de Pinega) et Sura (eau, coulant), et bien d'autres.

Une autre discussion publique sur le ‘’problème aryen’’ a eu lieu à Kiev. Son épicentre était l'ouvrage de Y. A. Shilov The Paths of the Aryans (une des versions de sa thèse) et une monographie de Y. M. Kanygin, The Path of the Aryans, qui a connu 10 éditions. Le point de vue de l'archéologue professionnel a été donné avec suffisamment de détails, et nous décrirons brièvement les essais scientifiques et de vulgarisation de son homonyme comme suit. Se distinguant par la grande rigueur et la légèreté de sa plume, Y. M. Kanygin inscrit l'histoire de l'Ukraine dans le contexte des couches les plus anciennes de l'histoire humaine. Mythologisant les sources (l'histoire est racontée au nom d'un "gourou") et la Bible comme source incontestée de vérité, Kanygin considère la côte nord de la mer Noire comme le centre et le carrefour de tous les événements mondiaux. Pour lui, Jésus-Christ lui-même, un Galiléen, était un Ukrainien (Galicien). Bien que l'auteur parle russe, son ukraino-centrisme est trop extrême dans son œuvre, atteignant parfois le niveau de la caricature.

En Russie, cet opus de l'ancien secrétaire scientifique du présidium de la branche sibérienne de l'Académie des sciences de l'URSS sur les sciences humaines n'a pas reçu d'écho significatif, et en Ukraine même, il a fait scandale. Un groupe d'auteurs: S. Kruk, M. Chaikovsky et P. Ivanchenko lui ont consacré une brochure spéciale. Ils ont accusé Kanygin d'utiliser des méthodes manifestement non scientifiques, allant jusqu'à falsifier l'histoire et la Bible.

1617091893_1421.istoriya_evrazii__istoki._gipotezi._otkritiya___v_2_h_tomah_.jpgCe genre particulier, qui est un mélange de compilation scientifique et de journalisme, se retrouve aussi dans l'œuvre du colonel N. I. Kikeshev, ancien correspondant de guerre, Le monde slave et ses géniteurs (M., 2003). Il est largement connu en tant que chef de l'Union internationale des associations publiques, All-Slavic Council, et auteur d'un roman de fiction populaire sur la guerre d'Afghanistan Stand up and walk qui a connu plusieurs éditions. Cependant, nous voyons ici un analyste qui tente de résumer des données provenant de plusieurs domaines de recherche historique à la fois. Kikeshev cite d'autres auteurs (A.G. Kifishin, Yu. Shilov, P. Tulaev, Y. Shavli) dans des sections et chapitres entiers, leur empruntant des illustrations et des cartes.

Ce livre devrait plutôt être appelé une collection collective ou une anthologie, où Nikolaï Ivanovitch, agissant sous le nom de l'"Institut international slave d'égyptologie, de sumérologie et de syndologie", institut virtuel, apparaissant dans le titre honorifique du compilateur. Les propres conclusions de Kikeshev comprennent la chronologie définitive de la civilisation slave: de la Proto-Aratta à la période vénéto-russe, ainsi que la carte de répartition des Sindo-aryens du 20ème millénaire avant J.-C., qu'il situe à Sumer, en Iran, dans les Balkans, en Allemagne, en Chine, en Mongolie, dans la région d'Arkhangelsk et même au Japon.

Le dernier ouvrage de N. I. Kikeshev sur le sujet des civilisations anciennes est intitulé Metahistory. D'où venons-nous ? Mythes, hypothèses et faits" (M., Niola-Press, 2010). Il s'agit d'une suite du thème de l'ascendance, complétée par de nouvelles données, notamment celles obtenues sur Internet. L'accent est mis sur la théorie du déplacement des pôles de la Terre à la suite d'une catastrophe mondiale, l'histoire des Sumériens, les anciennes civilisations de la Sibérie et d'autres phénomènes mystérieux.

Une grande quantité de données et de découvertes scientifiques sur les anciennes racines des Indo-Européens ont été accumulées par les généticiens et les anthropologues, dont on a déjà parlé dans le cadre de l'examen des théories raciales de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

À notre époque, plusieurs scientifiques exceptionnels travaillent sur cet éventail de problèmes. A. F. Nazarova et S. M. Altukhov ont réalisé une étude générale sur la compilation du Portrait génétique du monde (Moscou, 1999), où l'ADN des tribus eurasiennes apparentées par haplogroupes est analysé et comparé. En 2000, leur travail a été complété par A. M. Mashurov, élargissant ainsi la géographie des études. Il a ainsi été prouvé que les marqueurs génétiques les plus anciens, datant de 70.000 à 40.000 ans, appartiennent aux habitants de l'Altaï et de l'Asie centrale. L'importance des Hattiens en tant que composante ethnique originale pour les Cimmériens, les Étrusques, les Gérusques et d'autres peuples européens a été révélée. Génétiquement, les Russes et les Polonais, les Finlandais et les Altaïens, les Indiens et les Ukrainiens, les Polonais et les Biélorusses sont proches. De même, les Russes et les Allemands s'avèrent être étroitement liés. Les résultats globaux de ces études sont résumés dans la monographie de l'auteur A. F. Nazarova Population Genetics and the Origin of the Eurasian Peoples. Genetic Portrait (Moscou : White Alva, 2009).

V. Balanovskaya et O. P. Balanovsky, assistés d'autres spécialistes, ont été les premiers à effectuer une analyse complète des différentes sciences sur le patrimoine génétique du peuple russe en se basant sur la technologie géno-géographique. Ils ont combiné les données actuellement disponibles sur l'apparence physique, les groupes sanguins, les marqueurs d'ADN, les composantes de la peau et même les noms de famille des populations russes dans leur développement historique. En conséquence, les scientifiques ont produit des cartes fondées sur des données scientifiques qui peuvent être utilisées pour retracer l'évolution du portrait racial de notre peuple. Elles complètent et précisent essentiellement les reconstructions sculpturales de l'anthropologue soviétique M. M. Gerasimov. L'aire ethnique de la nation russe n'a cessé de s'étendre au fil des siècles, en partant du noyau racial d'Europe de l'Est pour atteindre l'Oural, le Caucase, la Sibérie et l'Extrême-Orient. [Balanovskaya E.V., Balanovsky O. P., Russian gene pool on the Russian plain. - Moscou : Luch, 2007].

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Anatol A. Klyosov.

Le scientifique connu, professeur de l'Université de Harvard, A. A. Klyosov, auteur du livre Origine des Slaves. ADN-Généalogie contre la théorie normande, Moscou, 2016), développant la ligne générale des études mentionnées, prouve l'origine des anciens Slaves à partir des Aryens, les habitants autochtones de la plaine russe. Ceci est mis en évidenc

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samedi, 17 avril 2021 | Lien permanent

Asturies, mythologie et identité

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Un pays ignoré, un livre inconnu

Asturies, mythologie et identité

Compte rendu du livre de Cristobo de Milio Carrín: La Creación del mundo y otros mitos asturianos.

La création du monde et autres mythes asturiens

par Carlos X. Blanco, Professeur de philosophie (Ciudad Real)

Source: https://decadenciadeeuropa.blogspot.com/2022/04/un-pays-ignore-un-livre-inconnu.html

cristobo.jpgRésumé :

Nous proposons une critique de ce livre sur la mythologie asturienne, La Creación del Mundo, y otros Mitos Asturianos, où sont exposés les mythes du folklore asturien recueillis à la lumière de comparaisons avec la mythologie celtique et d'autres domaines. Carrin expose les survivances d'une ancienne religion européenne, répandue dans la zone atlantique, mais occultée par l'obsession espagnole pour tout ce qui tourne autour du latin et de la Méditerranée. Ils fournissent également des indices sur les raisons pour lesquelles les asturiens ignorent largement ces questions cruciales.

We offer a review of this book on Asturian mythology, La Creación del Mundo, y otros Mitos Asturianos where myths are exposed in Asturian folklore collected in the light of comparisons with Celtic mythology and other fields. Carrin exposes the survivals of an ancient European religion, widespread in the Atlantic area, but obscured by the Spanish obsession for all things around Latin and Mediterranean. Also provide clues about why asturianists largely ignore these critical issues

Un excellent livre

Le manque de temps, une substance fugitive, nous impose la restriction de n'écrire des critiques que sur des livres excellents. Si, en plus de l'excellence, nous ajoutons la condition d'être inconnu, inaccessible, peu fréquenté, nous nous trouvons devant ce que l'on peut sans doute qualifier de "trésor" (ayalga est le mot asturien qui vient à l'esprit). La création du monde et autres mythes asturiens, de Cristobo de Milio Carrín, est, sans aucun doute, l'un de ces trésors cachés, peu connus, qui méritent une plus large audience (Carrín, 2008). Un trésor, une ayalga.

Cristobo de Milio a travaillé pendant de longues années de silence et sans aucun soutien officiel ou académique (pour autant que je sache), à la rédaction d'un volume épais mais lisible consacré à la mythologie asturienne. L'édition, réalisée par l'auteur lui-même, est soignée et comporte quelques photographies dans ses pages centrales. La structure du livre en différentes parties, avec un résumé à la fin de chacune d'elles, ainsi que des conclusions et une bibliographie étendue, font de ce travail un objet précieux pour l'étudiant érudit de la mythologie, non seulement asturienne et péninsulaire, mais européenne en général.

Centré sur la mythologie asturienne, le livre de Cristobo est l'une des rares tentatives, je ne sais pas si c'est la première, visant à son interprétation au-delà de la vulgarisation. La mythologie asturienne est une grande inconnue, et ce sont les folkloristes des XIXe et XXe siècles qui ont tenté d'extraire un catalogue d'êtres féeriques des légendes populaires, de la tradition orale du peuple paysan.

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Dès l'époque du romantisme du XIXe siècle, le courant de la culture celtique a commencé à se répandre parmi les chercheurs les plus périphériques d'une Espagne qui se reconnaissait officiellement plus latine et méditerranéenne qu'atlantique. Comme on le sait, c'est en Galice que la culture celtique a attiré le plus grand nombre d'adeptes et que la production littéraire et savante celtique est encore assez abondante (Beramendi, 2007).

Celtisme et Covadonguismo.

Nous pouvons maintenant comparer la Galice à une Asturie qui est aveugle à elle-même, à ses propres sources ethnologiques et historiques, une Asturie victime du "Covadonguismo", c'est-à-dire victime d'une idéologie que ses propres élites propagent depuis de nombreuses années : que "les Asturies sont l'Espagne et le reste est une terre conquise", que les Asturies n'ont d'entité et d'importance historique et ethnologique que dans la mesure où elles ont dû être le "berceau" d'une nation espagnole pratiquement éternelle, préexistante dès la préhistoire et, bien sûr, en gestation dans cet étrange acte de Covadonga, au début du VIIIe siècle.

Parmi certains rochers féroces, on prétend que des Asturcantabriens non moins féroces, dirigés par un Goth et avec l'objectif de restaurer une monarchie gothique perdue au profit des Maures - une monarchie plutôt inamicale et éloignée des intérêts et des motivations des farouches montagnards asturiens - ont vaincu la plus grande puissance de l'époque, l'Islam. Ce n'est pas le moment de revenir sur la bataille de Covadonga, elle-même un mythe fondateur, bien que basé sur des événements réels. Mais il est important dans cette revue d'expliquer la raison du blocage du celtisme dans les Asturies et, par la suite, la raison de la méconnaissance du livre de Cristobo Carrín.

Covadonga, le Gesta ou mythe fondateur, est un mythe classique "des débuts", mais des débuts de quoi ? De la nation espagnole uniquement? Ce préjugé, cette idée non critique et neutralisante, l'idée d'une Espagne déjà préexistante au VIIIe siècle, et même renaissante à partir des précédents goths et romains, est ce qui a bloqué l'idée de Covadonga comme acte fondateur, comme "Mythe des commencements" d'une autre peuple, le peuple asturien sensu stricto. Le fait que les Asturiens aient en partie absorbé l'idée qu'"ils sont les Espagnols purs", a bloqué la recherche objective des racines celtiques des Asturiens qui, comme les Cantabres, les Galiciens et d'autres peuples du nord-ouest de la péninsule ibérique, sont partagés dans un continuum difficile à remettre en question du point de vue archéologique, ethnique, folklorique, etc.

Bien sûr, le celtisme du XXIe siècle est très différent de celui qui était défendu dans le passé. Aujourd'hui, il s'agit du sauvetage d'une civilisation, la civilisation celtique, qui était globale et large, et qui existait bien au-delà de la diversité des races et des ethnies que ce monde mental rassemblait. L'élément religieux et culturel est le plus remarquable de tous ceux qui l'ont caractérisé, bien que l'art, les armes, les sépultures et autres témoignages matériels ne fournissent guère de preuves complètes de l'univers mental des Celtes. Dans la péninsule ibérique, et plus encore dans le Nord-Ouest de celle-ci à l'époque préromaine et romaine (étant donné la latinisation superficielle de ces régions, même après l'arrivée des musulmans), nombreux sont ceux qui préfèrent parler de culture "atlantique", comme si le choix d'un terme géographique réduisait les connotations raciales indésirables - pour certains - qui sont généralement attachées au terme celte. Mais peu importe: plus personne n'accepte l'homogénéité raciale des peuples celtiques, et il n'existe pas de critère trop objectif pour indiquer le plus haut degré de "celtisme" d'un peuple.

Au siècle dernier, on a utilisé le critère de la survie linguistique: il n'y a pas de survie des langues celtiques dans la péninsule ibérique, a-t-on dit, comme dans les îles britanniques et en Bretagne, et par conséquent, l'astur, le cantabrique et le galicien seraient en dehors de cet univers mental. Il est aujourd'hui reconnu, au contraire, que le Nord-Ouest de la péninsule - dans son ensemble - était une région importante de la civilisation celtique. Les témoignages linguistiques, archéologiques, ethnologiques, etc. s'accumulent pour former une masse énorme que la romanité académique s'acharne inutilement à ignorer.

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Romanomanie

Nous appelons romanomanie (Carrín et Álvarez Peña, 2011) toutes les tentatives académiques, surtout archéologiques, visant à minimiser l'importance des cultures "indigènes" ou "préromaines" du Nord-Ouest de la Péninsule, et surtout des Asturies, mettant plutôt en évidence la mission civilisatrice de l'Empire romain dans une zone dont l'influence - incontestable, par ailleurs - était plutôt pauvre ou discrète par rapport aux autres régions de l'ancienne Hispanie (le Nord-Ouest était une véritable limite de la barbarie, c'est-à-dire de la non-romanité, par rapport aux régions levantines et méridionales de l'Espagne, par exemple). L'agrandissement d'un Gijón/Xixón romain, d'une supposée "Ruta de la Plata", la dissimulation et l'abandon délibéré des importantes fortifications défensives de La Carisa, et un long etc, ont dessiné le paysage d'une Archéologie d'un Gijón/Xixón romain et ont dessiné le paysage d'une archéologie asturienne fortement infiltrée par les débats idéologiques, dans laquelle Rome apparaît - curieusement et pittoresquement - pour certains politiciens et gestionnaires régionaux et municipaux - comme une transcription de l'"Espagne", tandis que les Asturiens, n'étant pas reconnus comme un peuple homogène et suffisamment fort pour constituer un contre-pouvoir résistant à l'Empire, contre toute évidence scientifique, apparaissent désormais comme les fantômes nationalistes ou séparatistes qui menacent le rêve centraliste jacobin d'une Espagne unitaire.

Il est pour le moins curieux que des événements qui se sont déroulés il y a deux mille ans suscitent autant de boursouflures parmi les forces centralistes représentées dans les Asturies (PSOE, PP, VOX, Podemos), et que les Asturiens, bien que par des moyens inconscients et à travers des complexes psychologiques difficiles à expliquer, continuent d'être un peuple inconfortable. Ces Asturiens qui ont résisté à Rome (et plus tard à l'Islam) semblent être l'archétype de ce que les Asturiens continuent d'être au fond d'eux-mêmes : un groupe ethnique qui ne semble colonisé et oublieux de lui-même qu'en apparence. Ceux qui souffrent de cette romanophilie ont tendance à se placer idéologiquement dans la sphère du nationalisme espagnol, un type de nationalisme qui exclut normalement les périphéries et qui s'identifie, de manière raisonnée ou non, à l'idée de l'Empire. L'Empire hispanique (aujourd'hui, simplement, le Royaume d'Espagne) serait le prolongement de cet Empire de Rome.

L'université tourne le dos

Dans les Asturies, l'introduction tendancieuse, voire le veto à l'introduction elle-même, de certaines sciences humaines et sociales (comme l'anthropologie culturelle ou l'ethnologie) à l'Université a dépendu de diverses circonstances curieuses, circonstances qui remontent à la fin de l'ère franquiste. Le rôle joué par des egos trop influents et très valorisés, comme celui de Gustavo Bueno, a empêché jusqu'à présent la création d'études académiques en Anthropologie (ou Ethnologie), qui pourraient mettre en valeur l'énorme patrimoine que le peuple asturien nous a laissé dans son histoire. La culture asturienne a été négligée par l'Université d'Oviedo, une institution absente de tant de réalités fondamentales de la Principauté, et surtout inattentive aux choses du pays où se trouve l'Université. Dernièrement, des manuels ou des ouvrages généraux consacrés à l'étude de la culture ou de l'anthropologie des Asturies sont apparus (par exemple, Adolfo García, 2008), mais dans ce domaine, il me semble que la fertilisation et la culture continuent de dépendre des efforts individuels plutôt que du soutien institutionnel.

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Le travail des individus

Si l'on laisse de côté l'inaction des universitaires et des institutions en matière d'ethnologie, il convient de souligner le travail méritoire de certaines personnes qui mettent au jour l'immense patrimoine oral du peuple asturien, sans le moindre préjugé romanomaniaque ou espagnoliste. Je fais référence au collectif Belenos qui, depuis de nombreuses années, publie une excellente revue (Asturies, Memoria Encesa d'un País) et organise des rencontres scientifiques au cours desquelles, malgré le climat hostile qui règne dans les Asturies à l'égard de la culture celtique, il transmet à la société l'image correcte de ce pays : un vieux pays atlantique, fortement lié aux autres peuples du nord-ouest de la péninsule ibérique (Galice, Lleón, Cantabrie), mais avec des liens très anciens et plus étroits qu'on ne le pense avec les autres pays atlantiques.

En face de la Mare Nostrum, la Méditerranée, il y avait jusqu'à l'époque moderne une autre mer, plus au nord, qui devait aussi être un vecteur de communication et de jumelage des peuples. En fait, comme on le disait dans l'Antiquité, les Asturies étaient bordées au nord, avec la mer entre les deux, par les îles britanniques et les côtes d'Aquitaine et de Bretagne. Avant l'obsession de l'asphalte des autoroutes et la manie de l'AVE [train à grande vitesse], qui afflige tant d'Asturiens aujourd'hui, la mer était un moyen de communication culturelle plus rapide et plus efficace, bien plus que ces chemins de chèvres qui, presque jusqu'à aujourd'hui, faisaient communiquer la Principauté avec le plateau, c'est-à-dire avec l'Espagne. Ces routes, d'ailleurs, étaient fermées aux calèches pendant les chutes de neige de l'hiver. Les Asturies ont été liées pendant des milliers d'années à ces autres régions et pays d'Europe.

Alberto Álvarez Peña est membre de Belenos et auteur prolifique de livres sur la mythologie asturienne (Álvarez Peña, 2001). Nombre de ses textes peuvent être lus dans la maison d'édition Picu Urriellu, des livres dans lesquels apparaissent de magnifiques dessins du chercheur et diffuseur du folklore asturien lui-même. Contrairement à ses prédécesseurs, comme Aureliano del Llano ou Constantino Cabal, l'œuvre d'Alberto A. Peña n'est pas contaminée par des préjugés espagnolistes, castillanisants.

Il est bien connu que les précédents chercheurs en folklore asturien avaient tendance à considérer la culture asturienne comme un sous-système de la supposée culture espagnole, parallèlement à leur conception de la langue: ils avaient tendance à considérer l'asturien (dont les informateurs s'exprimaient toujours dans certaines de ses variantes) comme un sous-système de l'espagnol ou du castillan. Le celtisme plus ou moins diffus, mais jamais aussi explicite que celui de la Galice, me semble avoir été subordonné à la théorie de l'"héritage commun" des Hispaniques, sans parler des liens atlantistes avec la Bretagne, l'Irlande, l'Écosse, le Pays de Galles... Alberto Peña rompt avec cette tendance, il fait aussi du travail de terrain, c'est-à-dire qu'il profite des derniers informateurs

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dimanche, 03 avril 2022 | Lien permanent

Friedrich List et l'économie politique de l'État-nation

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Friedrich List et l'économie politique de l'État-nation

Par David Levi-Faur

Ex : https://blog.ignaciocarreraediciones.cl/friedrich-list-y-la-economia-politica-del-estado-nacion-por-david-levi-faur/

(Traduction espagnole de Gonzalo Soaje, gonzalosoaje@ignaciocarreraediciones.cl)

Note de l'éditeur : Cet ouvrage synthétise les principales thèses de l'économiste allemand Friedrich List et notamment les idées de son ouvrage Das nationale System der politischen Ökonomie (Le système national d'économie politique, 1841). Certaines des considérations de David Levi-Faur sur le nationalisme "éclairé", la nature "imaginaire" de l'identité communautaire, le libre-échange et la mondialisation sont ses propres interprétations et ne sont pas nécessairement la seule conclusion que l'on peut tirer des idées de List - ni celle que nous en tirerions - ce qui n'enlève rien à la pertinence de son analyse minutieuse de l'économie politique du penseur allemand. C'est pourquoi nous avons décidé de traduire ce texte et d'en faire le premier d'une série de billets de blog sur la doctrine économique nationale, le protectionnisme, l'autarcie et les modèles de développement économique centrés sur l'État-nation. - G.S.

Et la patrie et l'humanité.

(Friedrich List)

À l'ère du changement mondial, le sort de l'État-nation revêt une importance cruciale pour tous les spécialistes de l'économie politique. Cela se reflète en effet dans la grande attention et le vaste débat sur l'État-nation et le processus de mondialisation. Malheureusement, la vision de l'économie politique du nationalisme reste largement inexplorée dans cette discussion (1). Le nationalisme est rarement reconnu comme une source de légitimité et d'orientation pour la gestion de l'économie de l'État-nation. Peu de choses ont changé depuis que l'économiste britannique Joan Robinson a affirmé qu'"au milieu de toute cette confusion, il existe une masse solide et immuable d'idéologie que nous tenons tellement pour acquise qu'on la remarque rarement, à savoir le nationalisme". La nature même de l'économie est enracinée dans le nationalisme" (Robinson, 1962 : 124). Au-delà de l'importance de la déclaration de Robinson, aucune théorie "positive" du nationalisme économique n'a émergé depuis lors. Nos étudiants peuvent en savoir beaucoup sur le libéralisme économique et le socialisme économique, mais ils en savent généralement très peu, voire rien, sur le nationalisme économique (2). Bien sûr, ce n'est pas la faute des étudiants ; très peu de choses ont été écrites sur le sujet de l'économie politique du nationalisme et, à cet égard, les enseignants sont confrontés à un problème similaire à celui de leurs étudiants.

Pour une économie politique plus fertile et productive, il convient d'explorer l'interaction entre l'économie et le nationalisme. En effet, il s'agit d'un problème des plus urgents. À une époque d'"interdépendance en cascade" (lire mondialisation), le fait de négliger le nationalisme - son interaction avec l'économie et ses effets sur l'élaboration des politiques - nuit à notre capacité de comprendre l'importance de la notion d'État-nation et d'analyser les changements actuels dans ses fonctions économiques. Les principales revendications de cet article sont que pour discuter du destin de l'État-nation, nous devons être en mesure de clarifier ses fonctions économiques et que cela peut être fait en discutant l'économie politique de Friedrich List. Cela pourrait nous amener à conclure que les affirmations actuelles sur le "déclin de l'autonomie de l'État" et sur "l'impératif de mondialisation" ont été surestimées dans le cadre des conceptions de l'économie politique fondées sur le laissez-faire. Les rôles économiques de l'État-nation doivent être clarifiés non seulement d'un point de vue marxiste et de laissez-faire (comme il apparaît couramment dans tous les manuels d'économie politique). Après tout, en termes d'influences idéologiques, l'État-nation est initialement plus un produit du nationalisme que de ses rivaux paradigmatiques et idéologiques, que ce soit le socialisme ou le libéralisme.

Cet article porte donc sur les travaux de Friedrich List, l'un des premiers hérauts de l'économie politique du nationalisme et l'une des figures les plus influentes parmi ses partisans en Allemagne et en Europe (3). La vie de Friedrich List est un sujet fascinant. Son activité politique et son expérience de vie ouvrent une fenêtre non seulement sur la nation allemande libérale mais aussi sur l'histoire économique américaine de la première moitié du XIXe siècle. Cependant, il faut souligner que la discussion de cet article ne doit pas conduire le lecteur à une adhésion non critique au nationalisme ou nous empêcher de procéder à un examen critique de l'activité politique de Friedrich List et surtout de sa position morale sur les questions de guerre et de paix et de son pangermanisme (4). Une image complète de List et une discussion des opinions politiques de List dépassent malheureusement le cadre de cet article, qui se limite aux implications de ses écrits pour l'économie politique de l'État-nation. Toutefois, une excellente présentation des idées et des activités politiques de Friedrich List en faveur d'une Allemagne unifiée et libérale est à la disposition des lecteurs dans Friedrich List ; Economist and Visionary (Henderson, 1983).

Friedrich List (1789-1846) est né à Reutlingen, dans le sud de l'Allemagne, et a été fonctionnaire dans son État natal, le Wurtemberg. En 1817, il est nommé professeur d'administration à l'université de Tübingen. List a participé activement au mouvement pour l'abolition de la fiscalité interne en Allemagne et a été élu à la chambre basse de la Diète du Wurtemberg. Ses opinions politiques dissidentes lui valent d'être renvoyé de l'université, expulsé de la Diète et accusé de trahison. List est condamné à dix mois de travaux forcés, mais après avoir purgé six mois, il est libéré à condition d'émigrer en Amérique. Sa période américaine (1825-1830) culmine avec sa nomination au poste de consul américain à Leipzig, où il continue à œuvrer pour l'unification économique et politique de l'Allemagne. Les difficultés économiques, les désillusions politiques et la tristesse ont provoqué une profonde dépression qui l'a conduit au suicide. L'influence de List sur les décideurs politiques ainsi que sur la théorie du développement est considérable (Wendler, 1989). (5)

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Il existe de nombreuses formes de nationalisme et encore plus d'interprétations du nationalisme ; il est donc très regrettable que les versions nazies, fascistes et conservatrices du nationalisme soient largement perçues aujourd'hui (principalement dans le monde anglo-saxon) comme représentant le type idéal. Historiquement, analytiquement et académiquement, le nationalisme a toujours été plus que ces dangereuses idéologies, et si nous nous efforçons de comprendre correctement le nationalisme, ce fait doit être pris en compte. Des versions rationnelles et bienveillantes du nationalisme ont toujours fait partie de l'histoire de l'humanité, et cela est tellement évident qu'il semble superflu de fournir des exemples. De plus, le fait qu'un tel nationalisme puisse être fondé sur une philosophie éclairée a été soutenu de manière convaincante par de nombreuses personnes (par exemple, Tamir, 1993). De plus, si nous refusons le nationalisme, nous devons également refuser le droit à l'autodétermination, qu'il soit palestinien ou juif, tchétchène ou russe. Si, comme moi, on considère le nationalisme comme une sorte d'identité communautaire "imaginaire" mais importante, le multiculturalisme et le nationalisme se renforcent plutôt que de se contredire.

En affirmant l'existence d'un nationalisme "positif" et éclairé, sans nier l'existence de versions malignes (ou même d'aspects malins) du nationalisme, cet article suggère que l'idéologie du nationalisme a ses propres impératifs économiques ; reconnaître l'existence de ces impératifs devrait nous permettre de faire la lumière sur la manière dont les rôles économiques de l'État ont été façonnés dans le passé et peuvent continuer à l'être à l'avenir. La première partie du document abordera donc la notion de pouvoirs productifs nationaux et leur relation avec le concept de mondialisation. Deux visions de la mondialisation seront proposées. La première met l'accent sur les aspects matériels de l'activité économique et découle de la notion de développement d'Adam Smith, tandis que la seconde met l'accent sur les aspects politiques et le capital humain de l'activité économique et se rapporte au concept de développement de List. La deuxième partie de l'article se concentrera sur quatre caractéristiques des "économies développées". La troisième partie s'appuiera sur ces caractéristiques pour discuter du rôle de l'État dans l'économie politique de List. Dans la dernière partie, nous dirons que le rôle de l'État n'a pas changé de manière substantielle dans notre "ère de la mondialisation". Ainsi, il soutiendra que de nombreuses affirmations actuelles sur le soi-disant "déclin de l'autonomie de l'État" ainsi que sur "l'impératif de mondialisation" ont été surestimées sous l'influence de conceptions de l'économie politique fondées sur le laissez-faire.

I. LES POUVOIRS PRODUCTIFS ET LE PROCESSUS DE MONDIALISATION

List est reconnu comme l'un des pères de la théorie des "industries naissantes". Toutefois, cette reconnaissance peut difficilement témoigner de toute l'étendue de son importance et de sa contribution à l'étude de l'économie politique. On peut se faire une idée plus complète de son économie politique en se référant à l'utilisation et à l'élaboration du concept de puissance productive nationale (6). L'expression "pouvoirs productifs" a été utilisée pour la première fois par List dans ses Outlines of American political economy (1827) (7). Le terme a été approfondi dans Le système naturel de l'économie politique (1838) (8), ainsi que dans son magnum opus Das nationale System der politischen Ökonomie (Le système national de l'économie politique, 1841). Le concept de puissance productive de List est d'abord fondé sur une distinction entre les causes de la richesse et la richesse elle-même (9). Selon List,

une personne peut posséder des richesses, c'est-à-dire une valeur d'échange ; si, toutefois, elle ne possède pas le pouvoir de produire des objets d'une valeur supérieure à celle qu'elle consomme, elle s'appauvrit. Une personne peut être pauvre ; si, toutefois, elle possède le pouvoir de produire une plus grande quantité d'articles de valeur qu'elle n'en consomme, elle devient riche.

(List, 1841 : 133)

Les pouvoirs productifs sont constitués de trois types de capitaux : le capital de la nature (ou capital naturel), le capital de la matière (ou capital matériel) et le capital de l'esprit (ou capital mental). Le capital nature comprend la terre, la mer, les rivières et les ressources minérales. Le capital matériel comprend tous les objets, tels que les machines, les outils et les matières premières, qui sont utilisés directement ou indirectement dans le processus de production. Enfin, le capital mental comprend les compétences, la formation, l'industrie, l'entreprise, l'entreprise, les armées, la puissance navale et le gouvernement (List, 1827 : 193-4) (10). La création de richesses est le résultat de l'interaction entre les compétences, l'industrie et l'initiative humaines, d'une part, et le monde naturel et matériel, d'autre part.

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Selon List, ces trois types de capital se distinguent en fonction de leur importance relative pour la création de richesse : le capital naturel et matériel est inférieur au capital mental. Toutes choses étant égales par ailleurs, la formulation de politiques économiques visant à développer le capital mental donnera de meilleurs résultats que les politiques économiques visant à développer le capital naturel et matériel. Pour clarifier ce point, List a donné l'exemple de deux familles, chacune ayant une ferme et cinq enfants. Le père de la première famille dépose ses économies à la banque et fait travailler ses enfants à la main. En revanche, le père de la deuxième famille utilise ses économies pour l'éducation de ses enfants et leur donne à la fois du temps et du soutien pour leur culture personnelle. Deux de ses fils sont formés pour devenir des propriétaires terriens compétents, tandis que les autres apprennent des métiers et d'autres professions. Après la mort des parents, selon List, l'avenir de ces deux familles sera différent en raison des politiques différentes des deux pères. Le déclin de la fortune de la première famille semble être une perspective inévitable, car leur patrimoine devra être divisé en cinq parties et géré comme auparavant. La zone agricole qui répondait autrefois aux besoins d'une famille devra désormais répondre aux besoins de cinq familles. Le destin de la première famille sera donc celui de la pauvreté et de l'ignorance. En revanche, après la mort du second père, son patrimoine sera divisé en deux seulement, et grâce à la bonne éducation de ces héritiers capables, chaque moitié pourra rapporter autant que l'ensemble cédé auparavant. Les trois autres frères et sœurs auront déjà gagné un revenu sûr dans la profession qu'ils exercent. Grâce à l'éducation des fils (List n'a pas mentionné de membres féminins de la famille), la diversité de leurs forces et talents mentaux aura été cultivée et augmentera probablement au fil du temps et des générations.

Bien que dans les deux cas, les parents aient eu à l'esprit le bien-être de la famille, ils avaient des conceptions différentes de la richesse qui ont donné des résultats différents. Le premier parent a identifié la richesse au capital matériel et a donc négligé la culture des capacités mentales de ses enfants. Le second a identifié la richesse au capital mental et a donc investi dans l'éducation de ses enfants. Cette histoire illustre la forte conviction de List selon laquelle les différents types de capital ont un ordre hiérarchique, et que le capital mental est le plus important. Cette distinction lui permet également d'affirmer que le premier père a agi selon les conceptions matérialistes des disciples d'Adam Smith, tandis que le second père a agi selon une théorie de l'élaboration des politiques axée sur le capital humain. Cet exemple nous donne l'occasion d'examiner de manière critique la notion de capital humain dans l'économie classique et sa distinction entre la richesse et les causes de la richesse. Je soutiens qu'en suivant la théorie économique classique d'Adam Smith, on ne parvient pas à identifier correctement les causes de la richesse.

En fait, Adam Smith a fait de la distinction entre la richesse et les causes de la richesse un élément central de sa critique des perceptions mercantilistes du rôle de l'argent et de l'or comme sources de richesse. Comme alternatives à l'or et à l'argent, Smith proposait la division du travail et l'accumulation du capital comme cause première du développement. Cela a toutefois conduit la théorie économique néoclassique à adopter une notion matérialiste du changement social et du développement économique. En fait, c'est la division du travail qui a retenu le plus l'attention d'Adam Smith. C'est cette notion qui ouvre La richesse des nations : "Le progrès le plus important dans les pouvoirs productifs du travail, et une grande partie de l'aptitude, de l'habileté et de la sagesse avec lesquelles il est partout appliqué ou dirigé, semblent être la conséquence de la division du travail" (Smith, 1776 : 3). La division du travail est une réalisation d'une économie développée et n'existe pas dans les économies sous-développée

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jeudi, 30 décembre 2021 | Lien permanent

Un nouvel ordre génétique ?

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Un nouvel ordre génétique ?

par Edouard Rix

En quelques années, ce sont quelques-uns des dogmes les plus sacrés de la vulgate scientiste antiraciste et égalitariste qui viennent de voler en éclat. Mauvaise passe pour les tenants du politiquement correct scientifique…

D’abord, le mythe de l’Out of Africa, dont Yves Coppens a signé l’arrêt de mort en affirmant dans Sciences et Avenir de juin 2011 que « l’Afrique n’est pas le seul berceau de l’Homme moderne » (1). Prenant en compte les toutes dernières découvertes scientifiques, le paléoanthropologue réfute définitivement le paradigme diffusionniste au profit de l’hypothèse multirégionale : « Je ne crois pas que les hommes modernes aient surgi d’Afrique il y a 100 000 à 60 000 ans (…) Je pense que les Homo sapiens d’Extrême-Orient sont les descendants des Homo erectus d’Extrême-Orient » (2). De même, les Homos sapiens d’Europe résultent d’une hominisation indépendante de l’hominisation africaine.

Denisova, le troisième homme

Autre dogme littéralement pulvérisé par les progrès d’une science nouvelle, la paléogénétique : la croyance en l’unité du genre humain. Car le séquençage de l’ADN, loin de se limiter aux seuls êtres vivants, s’applique désormais à des individus morts depuis des millénaires, y compris à des espèces aujourd’hui disparues. En effet, l’ADN se conserve près de 100 000 ans dans un environnement ni trop chaud, ni trop humide. En prélevant d’infimes quantité d’ADN résiduel dans les squelettes, les paléogénéticiens arrivent à reconstituer la totalité du génome grâce à une technique d’ampliation qui permet de multiplier les séquences.

Rappelons que, depuis 100 000 ans, plusieurs espèces d’hominidés ont disparu : Néandertal en Europe, Denisova en Sibérie, l’Homme de Florés en Indonésie. Un fossile de ce dernier, datant de 13 000 ans, a été découvert en 2003 dans une grotte de l’île indonésienne de Florés. Le séquençage de cet Homo floresiensis, un individu de faible corpulence possédant un crâne et un cerveau très petits – d’où le surnom de « Hobbit » dont on l’a affublé -, a échoué par deux fois, l’ADN retrouvé ayant été fortement détérioré par le climat tropical régnant dans la zone de la sépulture. Par contre, les généticiens ont réussi à séquencer Néandertal et Denisova, alors que cette dernière espèce ne nous est connue que par un os de la phalange d’un auriculaire et deux molaires.

C’est en 2008 qu’ils ont été retrouvés dans une caverne à Denisova, dans les monts Altaï, au sud de la Sibérie. Des objets présents au même niveau que les fragments osseux ont pu être datés par le carbone 14 entre 30 000 et 40 000 BP (3). En mars 2010, une équipe internationale de phylogénistes moléculaires (4) de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionnaire de Leipzig, en Allemagne, conduite par le biologiste suédois Svante Pääbo, publie dans Nature une première analyse de l’ADN mitochondrial (ADN mt), d’origine strictement maternelle, prélevé dans ce bout d’os. Grâce au séquençage de cet ADN, les chercheurs affirment avoir découvert une troisième espèce d’hominidé, contemporaine de l’Homo sapiens et appelée Homme de Denisova. « La famille des hommes semblerait donc avoir été beaucoup plus diverse qu’on ne l’avait cru jusqu’à présent » s’étonne Le Figaro (5).

Les mêmes s’attaquent ensuite à l’ADN nucléaire, ADN du noyau cellulaire issu de la fusion du patrimoine génétique des parents. Un seul individu offre ainsi un échantillon statistique de la population qui l’a précédé. Les résultats, annoncés le 23 décembre 2010 dans les colonnes de Nature, confirment que l’Homme de Denisova forme une branche distincte de l’arbre généalogique du genre Homo. Il aurait donc existé deux formes distinctes d’hommes archaïques en Eurasie : à l’Ouest Néandertal, à l’Est Denisova. La branche des Dénisoviens aurait divergé de celle qui mène à l’homme moderne il y a 800 000 ans, et de celle qui conduit à Néandertal il y a 640 000 ans. En comparant l’ADN de Denisova avec celui d’hommes modernes actuels, les scientifiques ont découvert que 5% du génome de certains Mélanésiens, en l’occurrence les Papous de Nouvelle-Guinée et de l’île de Bougainville, provient des Dénisoviens. L’équipe de l’Institut dresse l’hypothèse que ces derniers auraient croisé la route de sapiens, il y a 55 000 ans, vers le Proche-Orient, et que les descendants issus de cette rencontre auraient traversé l’Océan pour s’installer en Mélanésie il y a 45 000 ans.

En août 2012, les chercheurs annoncent dans Science être parvenu à décoder entièrement son génome. Pour cela, ils ont dû inventer une technique leur permettant de déméler la double hélice de l’ADN pour en analyser séparément chacun des brins. Il en résulte que les Dénisoviens étaient porteurs de matériel génétique aujourd’hui associé avec une peau sombre, des cheveux bruns et des yeux marrons.

Il y a du Néandertal en nous !

Dès 2010, la même équipe de paléoanthropologues et de paléogénéticiens avait séquencé 60% du génome nucléaire de Néandertal (6), dont l’apparition remonte à 400 000 ans et qui se sont éteints il y a 30 000 ans. Les résultats contredisaient les études antérieures sur l’ADN mitochondrial qui n’avaient trouvé aucune contribution néandertalienne à notre génome. Il s’avère, finalement, que du fait de croisements entre Homo neanderthalensis et Homo sapiens, des hommes modernes non-africains (les Chinois Han, les Français, les habitants de Papouasie-Nouvelle-Guinée) ont hérité de 1 à 4 % de leurs gènes de Néandertal. Cette découverte conforte l’hypothèse d’une hybridation entre les deux espèces avant que les Néandertaliens ne s’éteignent. Une nouvelle étude, menée par Damian Labuda, professeur au département de pédiatrie de l’Université de Montréal, révèlera qu’une partie du chromosome X de toutes les populations non africaines provient des Néandertaliens (7).

Devant cette véritable révolution anthropologique, Le Monde se devait de sonner l’alarme, à moins que cela ne soit le glas : « L’année 2010 aura donc été très riche pour la paléogénomique. C’est celle de la découverte de la part néandertalienne chez les non-Africains actuels, et de l’héritage dénisovien chez les Papous. Les généticiens savent que ces avancées peuvent ressusciter des thèses racialistes. Aussi prennent-ils soin de préciser que cet ADN en héritage est non codant, c’est-à-dire qu’il n’a pas de fonction connue. Mais “ quand bien même il commanderait des gènes, la différence génétique ne saurait justifier le racisme “ insiste Pascal Picq » du Collège de France (8). Même les pires négationnistes de l’antiracisme ne peuvent plus ignorer que certains groupes raciaux et ethniques vivant aujourd’hui sont issus de croisement, intervenus il y a plusieurs milliers d’années, d’hommes modernes et d’hommes archaïques, et que certains gènes dont ils ont hérité concernent plus particulièrement l’organisation du cerveau et le fonctionnement des synapses neuronales. Différents et inégaux ? « C’est dans la Genèse et l’enseignement des Pères de l’Eglise, rappelle Guillaume Faye, qu’il faut déceler l’origine de ce mythe ethnocidaire de l’unité du genre humain, et de l’archétype d’un homme universel, entité monogénique issue d’une même souche, modèle par lequel les identités sont dévalorisées » (9). L’édifice égalitariste et universaliste bi-millénaire forgé par le judéo-christianisme et perpétué sous une forme laïcisée par les idéologies modernes vient de s’écrouler. Nous ne pouvons que nous en réjouir.

Edouard Rix, Réfléchir & Agir, hiver 2013, n°43, pp. 37-38.

 

 

 

Notes :

 

 

 

(1) Sciences et Avenir, juin 2011, n°772.

(2) Idem.

(3) L’expression Before Present (BP), « avant le présent » est utilisé en archéologie pour désigner les âges exprimés en nombre d’années comptées vers le passé à partir de l’année 1950 du calendrier grégorien. Cette date, fixée arbitrairement comme année de rférence, correspond aux premiers essais de datation au carbone 14.

(4) La phylogénie moléculaire consiste à comparer des gènes dans le but d’établir des classifications d’espèce.

(5) Le Figaro, 25 mars 2010.

(6) Science, 7 mai 2010, vol. 328, n° 5979, pp. 710-722.

(7) Molecular Biology and Evolution, juillet 2011, 28 (7).

(8) Le Monde, 24 décembre 2010.

(9) G. Faye, Les nouveaux enjeux idéologiques, Le Labyrinthe, Paris, 1985, p. 45.

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mardi, 08 avril 2014 | Lien permanent

La Légion, «parfaite illustration du dénuement, de l’anonymat et de l’abnégation»

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La Légion, «parfaite illustration du dénuement, de l’anonymat et de l’abnégation»

Ex: http://www.les4verites.com

Editeur chez Bouquins (Robert Laffont), Christophe Parry a dirigé la publication d’un Dictionnaire de la Légion étrangère, sous la direction d’André-Paul Comor.

Les 4 Vérités : Avec le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, ancien déporté, vétéran de l’Indochine et de l’Algérie, qui engagea le 1er régiment étranger de parachutistes dans le putsch des généraux en avril 1961, vient de disparaître l’une des figures les plus prestigieuses de la Légion. Comment se rattache-t-il à l’histoire et à l’esprit de cette troupe d’élite ?

Christophe Parry : Personne mieux que le commandant de Saint Marc, à mon avis, n’a illustré à la fois la devise de la Légion étrangère : « Honneur et Fidélité », le code d’honneur du légionnaire, qui stipule notamment que la mission est sacrée et qu’il faut l’exécuter jusqu’au bout, « s’il le faut, en opérations, au péril de [s]a vie », mais également le code d’honneur « de l’ancien légionnaire », et en particulier son article 4 : « Fidèle à mon passé à la Légion étrangère, l’honnêteté et la loyauté sont les guides permanents de ma conduite. »

C’est en son sein qu’il est parvenu à se reconstruire après Buchenwald – et ce alors qu’en Indochine nombre de ses camarades de combat parlaient la langue de ses bourreaux ; en son sein aussi qu’il a retrouvé la fraternité qui unit ceux qui mettent leur peau au bout de leurs idées, pour paraphraser un autre ancien du 1er REP, Pierre Sergent. En son sein encore, malheureusement, alors qu’il a l’ordre d’abandonner aux Viêt-minh les combattants thôs qu’il a formés, qu’il éprouve la honte de « la trahison, l’abandon, la parole bafouée » – il l’éprouvera une nouvelle fois en Algérie…

La Légion étrangère, a-t-il écrit dans ses Mémoires, fut « la grande affaire » de sa vie. Issu d’une famille catholique caparaçonnée de valeurs ancestrales, il n’a pu rester indifférent à cette foi légionnaire si particulière, qui anime des hommes venus d’horizons et de cultures différents afin de se mettre au seul service de la France. L’on évoque souvent une « mystique » du devoir : le terme prend tout son sens à la Légion. Il suffit d’assister à la commémoration de la bataille de Camerone, à Aubagne, pour comprendre : c’est une véritable liturgie. L’Ancien qui a l’honneur de porter la main articulée du capitaine Danjou jusqu’au monument aux morts remonte la « Voie sacrée », entouré de deux camarades, en une procession des plus émouvantes.

Saint Marc, qui a naturellement une notice dans notre livre, a eu le temps de nous faire passer deux mots de commentaire, par son ami Étienne de Montety : « Bravo et merci ». Autant vous dire que nous en sommes particulièrement fiers…

Vous avez supervisé la publication dans la collection « Bouquins » (Robert Laffont) d’un dictionnaire de la Légion étrangère. Pourquoi ce livre ? Qu’apporte-t-il de nouveau par rapport à la bibliographie déjà importante consacrée à la Légion ?

La Légion, avec près de 150 nationalités représentées en ses rangs, appartient nolens volens au patrimoine mondial de l’humanité. Ne serait-ce qu’à ce titre, il est normal qu’elle fasse l’objet d’une étude historique comme celle-ci, dont l’ampleur – près de 50 historiens français et étrangers, plus de 850 entrées – est sans précédent. Il y a effectivement de nombreux ouvrages consacrés à la Légion, mais ce sont le plus souvent des panégyriques, des mémoires d’anciens, voire des pamphlets : il manquait une étude historique dépassionnée et documentée (les archives de la Légion étrangère, souvent inédites, ont été exploitées pour notre plus grand profit), qui ne traite pas seulement des glorieux faits d’armes, des opex contemporaines, des unités et des « grandes gueules » de la Légion – ils y sont bel et bien –, mais aussi des aspects sociaux, économiques, cultuels et culturels – une étude en somme qui participe au renouveau de l’histoire militaire. Figurent ainsi dans ce « Bouquin », outre le dictionnaire proprement dit, une imposante bibliographie, des cartes, des illustrations et des partitions (celle du fameux Boudin notamment), une filmographie et une discographie, toutes deux inédites, ainsi qu’une anthologie – quelques morceaux choisis de littérature légionnaire. « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir, et plus encore, sur la Légion étrangère, sans oser le demander ! », a pu écrire le lieutenant-colonel Rémy Porte sur son blog (http://guerres-et-conflits.over-blog.com). Mais André-Paul Comor – le maître d’œuvre – et moi-même avons choisi surtout de n’occulter aucun sujet, même ceux qui « fâchent » les bonnes consciences contemporaines : les meilleurs spécialistes traitent donc aussi de la désertion, de la reddition, des bordels de campagne et des maladies (et pas seulement du « cafard »…), d’espionnage ou encore de l’usage de la torture. Naturellement, la guerre d’Algérie, le putsch de 1961 et l’OAS sont longuement étudiés, mais au même titre que la Commune, la Résistance ou la France Libre. À cet égard, qu’il me soit permis de remercier ici tous les auteurs, civils et militaires, français et étrangers, qui ont accepté de participer à cette aventure sous la direction éclairée d’André-Paul Comor.

Pourquoi la Légion étrangère continue-t-elle de susciter autant d’intérêt, en France comme à l’étranger ?

La réputation de la Légion n’est plus à faire, et le succès qu’elle rencontre sur les Champs-Élysées, tous les ans, dit assez l’estime que lui portent les Français. D’ailleurs, le CD qu’a enregistré la Musique de la Légion étrangère, Héros, paru en avril 2013 à l’occasion du 150e anniversaire de la bataille de Camerone, était disque d’or trois mois après sa sortie : succès d’estime, donc, mais aussi commercial. La Légion fait assurément vendre !

Mais au-delà de sa réputation militaire – établie –, ou sociale – école de la deuxième chance, la Légion est un parfait modèle d’intégration –, l’institution fascine parce qu’elle est la parfaite illustration du dénuement, de l’anonymat et de l’abnégation, alors que ne sont plus vénérés aujourd’hui que le fric, l’individualisme et l’indifférence…

Et puis, Étienne de Montety, par ailleurs 1re classe d’honneur de la Légion étrangère, l’explique très bien dans sa magnifique préface : « la littérature à ne pas en douter » confère à cette institution « son essence particulière ». Plus que tout autre, en effet, le légionnaire est présent dans les romans, mais aussi au cinéma, dans les chansons : le mythe du légionnaire au passé mystérieux, tatoué, cafardeux, bagarreur et amateur de femmes et de pinard fait florès. Il sent bon le sable chaud et a mauvaise réputation…

 

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La Légion étrangère, histoire et dictionnaire, sous la direction d’André-Paul Comor, coll. Bouquins, Robert Laffont, 2013. 1152 p, 32 €. A commander ici

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mercredi, 04 décembre 2013 | Lien permanent | Commentaires (1)

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