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Alexandre Douguine: un combat pour une civilisation spécifique et originale

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Alexandre Douguine: un combat pour une civilisation spécifique et originale

Questions de Marina HAKIMOVA-GATZEMEYER

Source: http://www.moya-semya.ru/index.php?option=com_content&view=article&id=20308%3A2023-09-11-13-37-20&catid=94%3A2011-06-23-06-47-08&Itemid=172&fbclid=IwAR2ZslHtf2PHD_HByaRdxoCpSXwqhCro8Ph5b752K4RaQc-z4LfGJxn1I0c

Alexandre Douguine "Un véritable intellectuel, un homme pour qui sa propre pensée est plus importante que son existence physique" : c'est ainsi que l'on parle du penseur russe Alexandre Douguine. Et la presse occidentale qualifie le philosophe de "mentor de Poutine", de "cerveau du Kremlin", de "fondement idéologique du NWO". Il y a un an, des terroristes ont fait exploser la fille de Douguine, Daria, pour le détruire. Pourquoi est-elle morte et quelles sont les idées défendues par Douguine lui-même ?

- Alexandre Gelievitch, on vous désigne souvent par le terme peu clair d'"Eurasiste". Qu'est-ce que l'eurasisme ?

- Il s'agit d'une vision du monde qui a émergé il y a une centaine d'années parmi les émigrants blancs. Les fondateurs de cette philosophie politique sont le grand linguiste et penseur Prince Nikolai Sergeïevitch Troubetskoy, l'économiste russe, géographe et spécialiste des sciences culturelles Piotr Savitsky, le fils de l'académicien Vladimir Vernadsky, l'historien George Vernadsky, le philosophe Vladimir Ilyin, le philosophe Lev Karsavin et d'autres encore. La société russe du 19ème siècle était dominée par l'idée que la Russie était une puissance européenne. Les fondateurs de l'eurasisme soutenaient que la Russie ne faisait pas partie du monde romano-germanique, mais constituait une civilisation indépendante. Nous ne sommes pas une Europe orthodoxe-slave particulière, mais un monde à part, héritant à la fois de la tradition byzantine et mongole, des cultures des peuples turcs, caucasiens et finno-ougriens. Et ce n'est pas un inconvénient, mais un avantage. C'est la conception de la Russie en tant qu'empire supranational.

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Lev Karsavin, Piotr Savitski et Lev Goumilev.

L'historien Lev Nikolaïevitch Goumilev constitue un maillon intermédiaire entre les premiers Eurasistes et nous, les néo-eurasistes. Nous avons repris sa ligne de pensée dans les années 80 et l'avons appliquée à de nouvelles conditions historiques. Nous avons élargi notre critique du monde romano-germanique et l'avons déplacée vers le monde anglo-saxon, qui a aujourd'hui atteint sa pleine et terrible dégénérescence. Nous avons continué à critiquer l'Occident, à défendre la Russie en tant que civilisation distincte, à défendre la mission russe dans l'histoire. Cette idéologie aurait pu devenir le destin de la Russie immédiatement après l'effondrement de l'Union soviétique. Malheureusement, dans les années 90, notre pays s'est retrouvé dans une impasse, empruntant une voie totalement erronée. Elle nous a conduits à l'abîme, à la guerre, à l'effondrement. Aujourd'hui, nous essayons de sortir de ce gouffre historique, où nous nous sommes effondrés avec les réformateurs libéraux occidentaux. Telle est l'essence du moment historique d'aujourd'hui.

- Pouvons-nous dire que nous nous battons aujourd'hui pour que la Russie devienne une civilisation à part entière ?

- Oui, en effet. De nombreux exemples nous permettent de parler de notre confrontation avec la civilisation occidentale. Les Eurasistes ont d'abord insisté sur le fait que la civilisation occidentale était hostile, empoisonnée, agressive envers la Russie, et que ses prétentions à l'universalité constituaient une menace pour notre existence. Dans l'affrontement actuel avec l'Occident dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce, cela devient évident. Une autre question est de savoir si notre peuple, notre société, nos dirigeants comprennent que c'est le scénario eurasien qui est en train de se réaliser.

Nous avons toujours dit que si nous ne construisons pas une civilisation souveraine indépendante de l'Occident, nous serons constamment dans une position humiliée. L'Occident est un modèle raciste égoïste avec lequel il nous est impossible de nous entendre. Nous avons proposé de nous fermer à l'Occident ou de ne prendre de lui que ce qui nous renforce, et d'être toujours prêts pour une guerre sérieuse. En ce sens, il est très intéressant que les émigrants blancs qui sont allés à l'Ouest aient réalisé par leur propre expérience qu'il n'y a rien de plus dangereux pour un Russe que le monde occidental. Nous en sommes aujourd'hui convaincus par l'exemple de notre propre vie.

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Le deuxième point, sur lequel ma fille Daria Douguina a souvent attiré l'attention, concerne la composition de notre front. Elle a d'ailleurs souvent parlé de la composition de notre front. Le concept de "fraternité de combat eurasienne" en est la meilleure définition: le front est constitué non seulement d'une fraternité de nations, mais aussi de représentants de différents groupes ethniques. Les Russes en forment le noyau, mais les Tchétchènes, les Tatars, les Finno-Ougriens, les Bouriates et les Kalmouks combattent aux côtés de ce noyau russe. Ils sont unis non seulement par leur appartenance à un même État, mais aussi par de profondes valeurs traditionnelles.

- J'aimerais vous parler de deux musiciens, Sergueï Kouryokhin et Yegor Letov, qui se considéraient comme vos disciples et vos élèves. Malheureusement, ils sont décédés prématurément, mais ils sont des idoles incontestées de la jeunesse. Les chansons de Letov sont aujourd'hui interprétées par des rappeurs. Est-il vrai que vous les avez influencés ?

- J'étais ami avec Yegor Letov et Sergueï Kouryokhin. Je les ai rencontrés alors qu'ils avaient déjà une personnalité bien affirmée, et je ne peux donc pas me considérer comme leur professeur. Quant à Yegor Letov, c'est un grand poète, un merveilleux musicien, un artiste, un peintre. Et ses textes, ses chansons sont dotés d'une énorme signification philosophique. Si vous voulez, c'est un représentant des poètes maudits de notre époque. Toutes ses chansons sont écrites avec du sang, payées avec des risques. Il était ce qu'un poète devrait être : il s'est sacrifié à la poésie. Et Sergueï Kouryokhin est beaucoup plus rationnel, calibré, retenu, plus ironique.

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Sergueï Kouryokhine et Yegor Letov.

- Il y a trente ans, Kouryokhin disait que la seule forme d'art véritable était la politique.

- Il était un expérimentateur en la matière. Par exemple, il proposait de donner des conférences sur la zoologie et l'anthropologie dans des discothèques à la musique discrète. Et inversement, pendant les cours à l'institut, de danser. Dans les discothèques, on écouterait une leçon sur Kant, et pendant les cours, on danserait. Il a suggéré de combiner les loisirs et l'éducation, le sérieux et le non-sérieux, la politique et l'art. Je trouve cela intéressant. Après tout, de nombreuses personnes se sont lancées dans la politique pour changer le monde. Et pour cela, il faut du romantisme, de l'imagination. Kouryokhin, Letov, Edouard Limonov et beaucoup d'autres de mes amis se caractérisaient par une telle attitude globale - combiner différents aspects de la vie. Ils s'intéressaient à la politique en tant que voie vers une liberté impossible. La liberté dans la société est inaccessible, mais sa recherche est la tâche principale de l'être humain. Malheureusement, Letov et Kouryokhin ne sont pas appréciés à leur juste valeur. Le milieu culturel banal de l'ère du libéralisme ne les a pas compris du tout. En passant du côté de l'antilibéralisme, ils ont bien sûr signé leur propre jugement. Mais je pense que leur heure viendra.

- Est-il vrai qu'en tant que jeune homme travaillant comme concierge, vous avez appris neuf langues en autodidacte ?

- Vous savez, je n'aime pas la jeunesse. Ni la mienne, ni celle des autres. Je pense que c'est une période humiliante où l'on se sent inférieur, où l'on veut devenir adulte le plus vite possible. Se réjouir de la jeunesse, c'est comme un invalide qui se réjouit de ne pas avoir de bras. Se réjouir de ne pas avoir encore réussi. C'est pourquoi depuis ma jeunesse, depuis la fin des années 70, je me suis efforcé de ne plus être jeune. Je ne supportais pas d'être jeune, ni les autres jeunes. J'étais ami avec des gens beaucoup plus âgés que moi. Oui, pendant la période soviétique, j'ai travaillé comme concierge. Une courte période, cependant. Il me semblait que ce travail me donnait le maximum de temps pour étudier la philosophie, la théologie, la linguistique et d'autres sciences. La société ne me donnait pas la possibilité de faire ces choses, alors j'ai choisi cette sorte d'ermitage. Ce choix était dicté par le désir de cesser d'être jeune le plus tôt possible. J'ai essayé d'apprendre des langues, de lire autant de livres que possible, de traduire, d'étudier, de faire des recherches. C'était l'essence même de ma vie.

En général, ce qui compte, ce n'est pas votre position dans la société, c'est ce que vous êtes. Il y a des gens parfaits parmi les concierges et les personnes exerçant des professions simples. De même, il y a des fous, des crétins et des monstres parmi les universitaires ou les hauts fonctionnaires. Le philosophe allemand Nietzsche a écrit : "Je prévois une époque où les derniers nobles seront considérés dans la société comme de la racaille. Et, au contraire, la racaille constituera l'élite dirigeante". Malheureusement, il semble parfois que les temps prophétisés par Nietzsche soient arrivés.

- Votre père, Heli Alexandrovitch, lieutenant général de la Direction principale des renseignements de l'État-major général, partageait-il vos opinions ?

- Il a très mal réagi. C'était un homo sovieticus, dévoué au marxisme-léninisme. Il travaillait au sein du Comité de sécurité de l'État, où il occupait de hautes fonctions. Mon père a divorcé de ma mère lorsque j'avais trois ans, il ne vivait pas avec nous, même si nous le rencontrions de temps en temps. De son vivant, nous n'avons pas eu de relations. Mais nous étions unis par le fait que nous étions tous deux patriotes. À la fin de sa vie, mon père était très inquiet pour la Russie, pour le déclin de l'État, pour les changements libéraux des années quatre-vingt-dix. Cela nous a rapprochés. Mais en général, il n'avait aucune influence sur moi. Bien qu'il m'ait parfois pris de nombreux livres à ma demande, à contrecœur, mais en obéissant à son devoir de père, et qu'il les ait photocopiés sur son lieu de travail - dans les entrailles du KGB. Sans attirer l'attention. À l'époque, dans les années 80, il n'y avait pas de photocopieuses dans le domaine public. Je me souviens de lui, déconcerté et même meurtri, me tendant une énorme pile de pages contenant le traité alchimique de Basil Valentine en vieil allemand.

- Et que pensait votre mère, docteur en médecine, de vos loisirs de jeunesse?

- Ma mère était médecin et elle aussi regardait mes centres d'intérêt avec horreur et incompréhension. Mais pour moi, ce n'était pas fondamental. J'ai surtout détesté la jeunesse et l'état dans lequel vous n'êtes pas encore une personne à part entière, et vous êtes déjà mis sur les rails qui mènent à un endroit où vous ne grandirez jamais en tant que personne à part entière. Grâce à Dieu, j'ai rencontré des parents spirituels, des personnes qui m'ont beaucoup plus influencée, pour de vrai. Aujourd'hui, je réalise à quel point l'institution des parents spirituels, des parrains et marraines, est importante. Autrefois, les parents naturels élevaient les enfants jusqu'à l'âge de treize ans, jusqu'à la puberté. Ensuite, les enfants étaient confiés aux parrains et marraines. Pourquoi cette rotation ? Parce que les parents physiques ont des limites. Ils ont l'habitude de s'occuper, disons, de l'aspect corporel de leurs enfants, ils en sont responsables. Et parfois, ils n'ont pas le temps de s'occuper du développement spirituel et culturel. L'institut des parrains et marraines a été créé pour aider les jeunes à devenir des personnes spirituelles. C'est un autre niveau d'éducation et de formation. Ainsi, à l'âge de dix-huit ans, j'ai rencontré des parents spirituels qui ont joué un rôle décisif pour moi. Ils étaient philosophes, métaphysiciens, religieux, porteurs d'un esprit d'opposition, défenseurs de la tradition, défenseurs du sacré. C'est parmi eux que j'ai trouvé ma famille spirituelle. Et quand j'ai eu ma propre famille, j'ai essayé de les combiner - de faire de mes enfants physiques mes enfants spirituels en même temps. C'est d'ailleurs très difficile et très risqué.

- Votre fils Arthur est également philosophe, mais aussi musicien. Il crée une musique qui, à mon avis, est similaire à celle que vous avez créée dans votre jeunesse. Pouvez-vous dire qu'il poursuit votre œuvre ?

- Arthur est une personne totalement indépendante, et sa musique est différente. Il s'intéresse à l'art, il est philosophe, mais il a choisi le domaine de l'esthétique et de la création artistique. C'est pourquoi il peint et fait de la critique d'art. Le problème des pères et des enfants est classique. Dans ma jeunesse, je me suis rebellé contre mon père, qui était communiste et général du KGB. D'une certaine manière, mon fils Arthur s'est lui aussi rebellé contre mes opinions à une certaine époque, afin de devenir lui-même libre et indépendant. C'est ainsi qu'il a surmonté cette crise. J'ai essayé de ne pas lui mettre la pression, j'ai essayé de faire en sorte qu'il cesse d'être un jeune homme le plus tôt possible. Arthur est un penseur établi, le créateur de sa propre famille philosophique et artistique. Je suis heureux qu'il partage mon principal vecteur, même s'il a une position particulière. Et c'est ce que j'encourage.

- Il y a un an, Arthur s'est marié. Récemment, j'ai vu sur Internet une photo de vous avec un petit enfant dans les bras. Un petit-fils ?

- Comme tout ce qui me concerne comporte un risque, je ne l'expliquerai pas. C'est pour cela que les gens vont participer

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mardi, 12 septembre 2023 | Lien permanent

La métaphysique de la guerre

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La métaphysique de la guerre

Daria Douguina

Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/metafisica-da-guerra

La guerre est une réalité, et une réalité multidimensionnelle de surcroît. Nous avons exploré ses dimensions stratégiques, géopolitiques, économiques et sociales, mais elle est aussi métaphysique. Daria Dugina nous rappelle l'essence métaphysique de la guerre, et pourquoi nous en avons besoin.

Aujourd'hui, je voudrais partager mon point de vue sur la métaphysique de la guerre et la compréhension philosophique de ce qui se passe. Sans cette compréhension, nous ne serons pas en mesure d'appréhender toute la profondeur de la confrontation actuelle. Inutile de dire que je surveille de près l'espace d'information et que je le commente en direct. Cependant, aujourd'hui, je voudrais examiner les événements actuels d'un point de vue philosophique.

Fondamentalement, la guerre a toujours été perçue comme quelque chose de nécessaire. Héraclite l'appelle "le père et le roi de toutes choses". La guerre a toujours constitué la paix. S'il n'y a pas de guerre, il n'y a pas de division, mais pas de paix non plus. Ainsi, en un sens, la guerre est comprise comme un acte cosmologique. Les théoriciens de la guerre, Thucydide et Socrate, ont romancé la guerre. En même temps, une division très intéressante se produit. Il me semble qu'elle est cruciale pour nous lorsque nous analysons les conflits aujourd'hui. Les guerres sont divisées en bonnes et mauvaises guerres.

Les bonnes guerres sont des guerres contre un ennemi extérieur. Elles sont acceptables selon Thucydide ou Socrate ou Xénophon. En outre, il existe des guerres mutuellement destructrices qui sont perçues de manière négative. Plus tard, dans les Lois de Platon, elles seront caractérisées comme des guerres extérieures. Platon utilise le terme grec "polemoi", par opposition à guerre interne - discorde. Naturellement, les Grecs de l'antiquité justifiaient les guerres menées contre un ennemi extérieur. Une guerre extérieure était considérée comme une guerre avec les autres, avec des étrangers, avec des barbares, qui pouvaient généralement être soumis. En revanche, une guerre de discorde, que les cités grecques avaient également l'habitude de mener, comme la guerre entre Athènes et Sparte, selon Platon et ses prédécesseurs, aurait dû conduire à la réconciliation, mais en aucun cas à la destruction.

En parlant du conflit d'aujourd'hui, de la confrontation entre la Russie et l'Ukraine, la question se pose. S'agit-il d'une guerre extérieure ou d'une guerre intérieure? C'est une question très compliquée. Hier encore, je me suis exprimé sur la chaîne de télévision République. Mon adversaire, une collègue ukrainienne, Polina, de Kiev, ancienne conseillère du ministre de la Défense, a déclaré, je cite : "Il n'y a pas de gens comme les Russes, mais s'ils existent, il faut les tuer". Après l'avoir écoutée, j'en ai conclu que cette guerre (bien qu'on pourrait plutôt dire qu'il ne s'agit pas d'une guerre mais de l'imposition de la paix) n'est plus interne, elle est menée contre un ennemi extérieur. C'est-à-dire que ceux qui s'opposent à nous, qui ont commis des actes d'agression contre le peuple russe pendant huit ans et qui ont interdit aux Russes de vivre, leur ont interdit de parler leur langue, leur ont interdit d'avoir leur culture propre, ne sont plus nos frères slaves. Il s'agit d'une autre entité.

J'étais occupé par cette pensée, c'est-à-dire une tentative de comprendre le conflit comme une lutte contre un ennemi extérieur, comme un "polémos". Et cet "polémos", selon Platon, doit être combattu avec un grand courage. De plus, la guerre, selon Platon, est à bien des égards une conséquence de l'imperfection humaine. Cependant, elle doit être menée de manière équitable et doit établir le bon ordre. Le plus élevé est le principe contemplatif, et le plus bas, le principe luxurieux.

Si nous examinons la structure du pouvoir ukrainien, nous verrons qu'au cours des huit dernières années, depuis 2014, les subventions militaires américaines ont totalisé 20,5 milliards de dollars en équivalents de gros équipements militaires. Il en va de même dans d'autres domaines. Si l'on parle du volume total des investissements dans la société civile par les fondations américaines, de la manière dont je vois les choses, la somme totale était beaucoup plus faible là-bas, jusqu'à 1,5 milliard de dollars, je pense. Mais c'est quand même beaucoup d'argent.

Si vous prenez ces proportions en considération, la question se pose de savoir si l'Ukraine est un État fantoche dirigé par un comédien, ce qui, soit dit en passant, est déjà ridicule. Quel intéressant symbole sacré que celui-ci. Par exemple, Héraclite était appelé "le philosophe qui pleure" parce qu'il ne riait jamais. Démocrite, quant à lui, était appelé le "philosophe rieur" car il riait tout le temps et était une sorte d'homme maudit par l'Antiquité. Ce n'est pas un hasard si ses livres ont été brûlés par les platoniciens et les pythagoriciens. Et par Platon lui-même, selon la légende.

L'anti-Russie et son front n'est pas seulement un front politique mais un pôle géopolitique oppositionnel. C'est une sorte d'acteur mandataire du principe américain, de la civilisation américaine, de l'ordre américain, c'est-à-dire d'un ordre mondialiste. Il sert également d'autre modèle anti-russe, à la fois existentiel et métaphysique. C'est un modèle où les valeurs sont chamboulées. La luxure y règne, c'est-à-dire le principe inférieur luxurieux qui est associé à l'idée de "ventre" chez Platon. Le ministère russe de la Défense a annoncé aujourd'hui que notre pays n'a pas engagé les hostilités, mais qu'au contraire, la Russie y met fin. Et la fin de ces hostilités est en fait le rétablissement de la justice.

Vous vous souvenez peut-être aussi, puisque vous avez déjà mentionné des concepts philosophiques, du concept de "guerre juste". Cela s'applique ici. Et d'ailleurs, cette guerre juste est prise comme argument par de nombreux néo-conservateurs lorsqu'ils mènent des opérations militaires dans le monde. Regardez comme nous agissons différemment. Ils réduisent simplement chaque quartier en ruines, comme ils l'ont fait en Irak. Déforestation massive de zones résidentielles et non résidentielles. Leurs sociétés militaires privées tirent sur des civils. Au contraire, nous agissons pour le bien des vivants. Malgré les gaffes et les erreurs, malgré le fait que le peuple ukrainien ait été fasciné et même hypnotisé par le récit, un Logos différent, qui lui est étranger, les casques bleus russes ne veulent pas leur mort.

Tout le monde dit maintenant que cette opération aurait dû être réalisée en un jour. Non, ça n'aurait pas dû l'être. Parce que c'est un processus très complexe. Cependant, dans l'ensemble, nous constatons que les Russes se comportent de manière très humaine en établissant cet ordre sacré. Pas de la manière dont le principe de luxure fonctionne. Pas en commettant des crimes de guerre.

En principe, ce sont les principaux points que je voulais partager avec vous. Il y a matière à réflexion et à discussion. Il s'avère que, d'une part, les Russes font la guerre à un ennemi extérieur, les États-Unis. D'autre part, ils comprennent que les corps des personnes de l'autre côté sont extérieurs à nous. Les corps et les âmes de ces personnes sont notre propre reflet. Mais il s'agit d'une réflexion qui s'est égarée dans un monde lointain et complètement faux, d'une ontologie différente, avec une hiérarchie de valeurs différente. D'une part, il s'agit donc d'une guerre extérieure, la guerre avec un ennemi extérieur, avec des civilisations extérieures, avec le Logos de Cybèle, avec le Logos de la luxure, voire avec le mythe de la luxure, avec l'obsession. Avec la consommation, aussi. Ce que nous voyons en Ukraine est une véritable société du spectacle. Comme mon collègue vient de le noter avant moi, il y a une asymétrie dans la guerre de l'information. D'autre part, il s'agit également d'une guerre interne. C'est une sorte de discorde qui devrait mener à la paix. En fait, il s'agit d'une discorde entre les deux principes d'une même âme, comme le disait Platon. Il existe deux principes de l'âme : un berger et un cheval. Notre armée russe est donc semblable à un berger qui tente d'apaiser ce cheval noir en colère.

C'est l'interprétation que je suggère, en tant qu'historienne de la philosophie et du platonisme. J'espère que ce sujet sera développé davantage. C'est nécessaire, car nos collègues américains, par exemple les néoconservateurs, fondent leurs théories sur le platonisme. Prenez Leo Strauss, l'inspirateur idéologique de tout le néoconservatisme. Il est un expert unique de la philosophie de Platon. Ou, par exemple, l'idée de faux qu'il justifie. Leo Strauss affirme que Platon avait l'idée d'une "noble tromperie". Par conséquent, pour établir un ordre mondial juste, c'est-à-dire l'ordre mondial américain, il est tout à fait acceptable d'utiliser certaines formes de cette "noble tromperie".

indexlsplpro.jpgSans doute pouvons-nous décrire le conflit sans métaphysique, sans philosophie, mais dans ce cas, il manquera quelque chose d'essentiel. Pour en revenir à votre question, Nikolay, à savoir si cette guerre est une expiation. Je suppose que oui. En gros, la guerre est menée par les Russes afin d'établir la paix. En russe, il existait deux orthographes du mot "мир" ("monde") : avec un "i" décimal, avec un point, et dans la version moderne - avec un "и" octal. L'un n'est qu'une donnée, et l'autre est le résultat d'une guerre, une sorte de pacte conclu après la séparation. Cette façon de penser est donc typique pour nous : d'abord vient la séparation, puis suivent les retrouvailles. Et les Russes veulent définitivement la paix. Dans la philosophie russe de la fin du 19ème - début du 20ème siècle, il y avait une idée de conciliarité. Cette conciliarité devrait se manifester dès maintenant dans les relations avec le peuple ukrainien. Nous essayons de surmonter cette séparation. Je souhaite à notre armée un réel succès ; je crois que l'histoire va se réaliser maintenant. Pour le dire à la manière de Heidegger, ce qui se passe maintenant est une "Ereignis" ou une "occurrence". Manifestation de l'être russe dans l'histoire.

Et je crois que nous devrions sincèrement prier pour ceux qui sont là, sur la ligne de front. Certes, j'aimerais beaucoup appeler à la prière pour les ennemis, afin qu'ils reprennent leurs esprits. Mais pour l'instant, je ne suis pas encore prêt à me l'avouer. C'est dur pour moi, c'est dur après avoir vu toutes les vidéos, après les menaces qui arrivent. Je crois que nous devrions nous en tenir à cela pour le moment et prier pour nos artisans de la paix.

Nous devons réfléchir à qui nous sommes. Car lorsque nous rencontrons de l'autre côté, les Slaves de l'Est, nous voyons qu'ils ont des contours de leur propre identité. Oui, c'est complètement artificiel. Oui, elle n'est pas fondée sur l'histoire. Il s'agit d'images éparses et de combinaisons du nazisme libéral et du mondialisme. Il est intéressant de noter qu'il s'agit d'un projet financé par Soros. Il a soutenu les nazis ukrainiens et les nationalistes. Le principal critère pour lui était la haine du monde russe. En d'autres termes, ils ont une identité. C'est artificiel, ils ne peuvent y adhérer, cela tourne à la folie, mais au moins cela s'exprime d'une manière ou d'une autre.

Nous devons nous demander quelle est notre identité. Dans le Northern Sun, Nikolay et moi avons parlé de la question des valeurs traditionnelles et du projet de décret, dont la discussion a été temporairement suspendue, mais qui est toujours à l'ordre du jour. C'est essentiel. Je crois que la question de la réflexion sur nos valeurs traditionnelles, notre identité, notre idéologie, la compréhension de la nouvelle situation géopolitique est pour nous la priorité numéro un. Si l'opération d'imposition de la paix se termine avec succès, nous devons savoir comment procéder. Comment contrôler ce "Grossraum" en termes d'idéologie, et non de forces militaires, de politique ou d'économie ? C'est exactement ce que Carl Schmitt appelle le "Grossraum".

Sur quoi repose ce "Grossraum" ? C'est une question ouverte. Je suppose que la réponse vient du mot clé, qui serait "valeurs traditionnelles". Cependant, nous devons étudier et définir ces valeurs de manière très précise car l'histoire évolue beaucoup plus vite qu'auparavant. Et maintenant, nous devons saisir ces significations, ces mythologèmes, les nœuds sémantiques de notre histoire, à une vitesse cent fois plus rapide que ces huit dernières années.

Nous devons de toute urgence nous faire une idée, une vision de cette idéologie et comprendre à qui faire confiance. Chez les slavophiles ? Je pense que oui, ils sont nécessaires ici. Sur les idées des panslavistes ? Bien sûr. Vous vous demandez peut-être pourquoi. Ils sont incompatibles avec l'eurasisme, n'est-ce pas ? Rendons-les compatibles. Voyons comment ces concepts peuvent être combinés. Eurasianisme ? Absolument. Je crois que l'eurasisme est l'idéologie permettant d'unir le vaste espace de l'Eurasie.

Que faut-il de plus ? Nous avons également besoin d'une dimension religieuse, d'une dimension traditionaliste, d'une dimension géopolitique et d'une dimension métaphysique, que nous venons d'évoquer aujourd'hui. C'est la tâche numéro un.

Je m'adresse maintenant à tous ceux qui nous regardent et qui écoutent les programmes du Northern Sun. Je vous encourage à réfléchir dans cette direction. Parce que ce que nous avons maintenant est un déséquilibre. L'autre camp a des arguments, une idéologie et une obsession. Et nous avons aussi tout cela... Mais cela ne se manifeste pas de la même manière. Cela signifie que nous ignorons quelque chose. À un moment donné au cours de cette période de huit ans, nous n'avons pas avancé alors que nous aurions dû le faire. Peut-être avons-nous manqué quelque chose. Mais rien n'est perdu tant que tout n'est pas perdu. Je pense que tout ce travail peut être fait rapidement.

Il existe de nombreuses conditions préalables. Je me contenterai de désigner les petits points clés. Il s'agit de l'eurasianisme, du néo-eurasianisme, de la quatrième théorie politique, de la théorie du dépassement de la modernité et du traditionalisme. De plus, il ne faut pas oublier tout le condensé de la philosophie russe, depuis les Slaves et jusqu'à la philosophie de l'âge d'argent. Elle doit être étudiée et être une source d'inspiration. Très probablement, l'idée de conciliation et, peut-être, la sophiologie sont les repères les plus importants de l'âge d'argent. Il en va de même pour les œuvres de Pavel Florensky.

Je pense que ce sont les points clés, ou les clés qui nous aideront à ouvrir la porte de l'avenir russe que nous devons construire.

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mardi, 10 janvier 2023 | Lien permanent

La technocratie, un obstacle à surmonter pour promouvoir l'avènement d'un ordre mondial multipolaire

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La technocratie, un obstacle à surmonter pour promouvoir l'avènement d'un ordre mondial multipolaire

Catarina Leiroz

Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/tecnocracia-como-obstaculo-ser-vencido-para-ascensao-de-uma-ordem-mundial-multipolar

Article d'opinion de Catarina Leiroz sur les plans occidentaux visant à mettre en place une technocratie mondiale et sur la manière dont ce programme pourrait affecter l'avènement d'un monde multipolaire.

L'Antiquité classique nous a laissé une leçon très importante qui a été simplement oubliée par la modernité depuis au moins le siècle des Lumières: la démocratie - une partie déjà décadente du cycle de développement politique, selon Platon - précède la transition vers la tyrannie.

La mise en œuvre et l'expansion de la démocratie libérale, la propagande massive du progrès technologique universel et unilatéral à travers les films hollywoodiens, ainsi que les illusions transhumanistes des élites mondialistes occidentales, préparent depuis longtemps le terrain pour l'annonce d'un objectif clair : la "réinitialisation" de l'ordre mondial pour la mise en œuvre de la tyrannie "verte" et de la technocratie en tant que type de "globalisme 2.0".

La "guerre contre la terreur" mise en œuvre par les États-Unis après le 11 septembre, ainsi que leur désir mégalomaniaque d'être la police du monde, semble avoir été le point à partir duquel la "démocratie" n'est plus qu'un slogan de propagande sans contenu réel. Les invasions américaines constantes des pays qui composent le Rimland (les frontières du Heartland de Mackinder, selon Spykman) avec cette fausse "justification démocratique" le prouvent.

La pandémie de Covid-19, en revanche, a été plus importante pour justifier la mise en œuvre d'une "Grande Réinitialisation" de fait. Klaus Schwab l'a utilisée comme justification lors de la 50ème réunion annuelle du Forum économique mondial dans le but de reconfigurer la société et l'économie pour qu'elles deviennent plus "durables". Des pandémies comme Covid-19 ont déjà été prédites par des milliardaires comme Bill Gates, avec comme solution la défense de la tyrannie sanitaire. Une "solution" toujours accompagnée, bien sûr, de données de haute technologie. Cependant, les élites occidentales n'ont pas prévu le début de l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, qui a sans aucun doute affecté et retardé leurs projets.

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Comme on le sait, la conquête du Heartland (qui est le centre de l'"île mondiale" dans la théorie de Mackinder) est sans aucun doute l'un des principaux objectifs géopolitiques de l'Occident. C'est avec cette conquête en tête que l'Occident s'est efforcé de répandre la mentalité russophobe et néonazie parmi les voisins de la Russie, créant ainsi des hostilités, des conflits et une déstabilisation. Ce faisant, les élites et les stratèges occidentaux espéraient empêcher la montée de la Russie en tant que puissance régionale dans l'espace postsoviétique de l'Eurasie.

Il existe même des raisons fondées de croire que l'Occident envisageait de faire avancer ces plans géopolitiques antirusses par le biais de la guerre biologique. Ce n'est pas une coïncidence si Washington a maintenu ses laboratoires militaires en Ukraine pendant longtemps avant que la Russie n'intervienne. Selon les conclusions de la commission d'enquête russe, le plan des États-Unis avec les laboratoires biologiques était de créer une sorte d'"arme biologique universelle", en développant des agents pathogènes capables d'affecter les personnes, les animaux et les cultures agricoles sur le territoire et aux frontières de la Russie. Les stratèges occidentaux espéraient apparemment ainsi neutraliser la Russie en tant qu'État et faire avancer leurs projets mondialistes et technocratiques.

Mais la Russie a réagi militairement et l'Occident peut désormais compter sur la défaite de Moscou pour que le mondialisme 2.0 puisse enfin se réaliser, mais cette fois-ci par des moyens militaires. C'est pourquoi l'OTAN envoie systématiquement des armes à l'Ukraine et fomente des conflits dans d'autres régions sous influence russe, tout en essayant de déclencher un conflit en Asie-Pacifique avec la Chine, le principal allié de la Russie.

Du point de vue occidental, vaincre la Russie est une nécessité pour la réussite du programme mondialiste. Cependant, si la Russie gagne, ces plans échoueront et la conséquence immédiate sera l'établissement d'un ordre mondial multipolaire - ce que le philosophe russe Alexandre Douguine a appelé le "Grand Réveil" par opposition à la "Grande Réinitialisation".

Cependant, si l'Occident a du mal à "neutraliser" la Russie, vaincre l'hégémonie occidentale n'est pas non plus une tâche facile pour Moscou et les puissances multipolaires. Les difficultés sont nombreuses, d'autant plus que les technologies de surveillance et de traitement des données sont entre les mains d'entreprises pro-occidentales telles que Google, Apple, Microsoft, Meta et Amazon. Le complexe Big Tech est un atout américain important et travaille actuellement au service de la Grande Réinitialisation.

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Outre le probable espionnage mondial auquel se livrent ces entreprises (avec la collecte de diverses données, y compris audio et vidéo d'utilisateurs sans leur consentement), leur capacité de propagande, de guerre de l'information et d'influence sur les masses est absolument indéniable. Il serait donc naïf, d'un point de vue analytique, de parler de la montée de la multipolarité sans mentionner ces puissants obstacles qui doivent être surmontés.

La solution ne doit cependant pas résider dans la compétition technocratique. On ne peut pas jouer le jeu de l'ennemi pour éviter de tomber dans le même paradigme occidental. L'axe non occidental ne doit pas adhérer à l'idée d'une numérisation totale de la société. La Russie, la Chine et les autres puissances multipolaires doivent s'opposer fermement à la mise en œuvre d'une monnaie et de documents exclusivement électroniques (comme le propose la monnaie numérique de la Banque centrale) et éviter d'adhérer à tout pacte mondial établi selon le programme de la Grande Réinitialisation du WEF et la prophétie de Klaus Schwab sur le thème "n'avoir rien et être heureux". C'est précisément en décidant souverainement de dire "non" aux prétentions occidentales qu'il sera possible de réaliser pleinement la multipolarité.

En vérité, ce sont des étapes difficiles à franchir. Il y a un risque, surtout pour les pays en développement qui dépendent exclusivement ou presque de la technologie américaine et occidentale. Mon but n'est cependant pas de proposer l'utopie d'un monde pré-high-tech, car ce n'est évidemment pas quelque chose qui peut être mis en pratique. La technologie a atteint un tel niveau qu'elle ne peut - et ne doit - pas être ignorée. Elle doit donc être traitée avec une responsabilité absolue par les différents peuples du monde. La proposition de "souveraineté technologique", mise en œuvre de manière bien planifiée et responsable, est un pas intéressant vers l'indépendance par rapport aux réseaux technologiques sous contrôle occidental.

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Nous avons déjà quelques cas de grands pays qui ont choisi de suivre la voie de la souveraineté technologique, les principaux étant la Russie, la Chine et l'Inde. Par exemple, la grande majorité des pays du monde dépendent exclusivement ou partiellement du GPS américain. Mais la Russie et la Chine sont des exemples de souveraineté à cet égard, puisqu'elles disposent toutes deux de systèmes de positionnement, de navigation et de géolocalisation par satellite entièrement nationaux (GLONASS et Beidou, respectivement). Dans le même ordre d'idées, l'Inde est dans un processus très avancé d'obtention de systèmes indépendants de haute technologie, devenant de moins en moins dépendante du GPS américain. En outre, ces trois pays sont également enthousiastes dans d'autres domaines, tels que le développement aérospatial, investissant dans la haute technologie à des fins clairement souveraines.

Comme vous pouvez le constater, cette voie semble être la plus réaliste à l'heure actuelle. Tant qu'elle sera travaillée sans prétention idéologique universelle, mais au service de chaque peuple dans les limites imposées par sa propre vision culturelle, religieuse et historico-civilisationnelle du monde, la technologie retrouvera son statut d'outil subordonné à l'homme, et non l'inverse.

Mais pour cela, la coopération entre les pays qui veulent faire partie des futurs pôles du monde multipolaire est indispensable. La Russie et la Chine en sont un exemple, une fois de plus, car elles ont fait preuve de solidarité, en particulier avec les pays africains, en leur apportant une aide technique, financière et militaire afin qu'ils puissent atteindre une véritable souveraineté. En d'autres termes, il est nécessaire de renforcer la coopération internationale afin que les pays parviennent à un développement technologique suffisant pour atteindre leurs objectifs nationaux, en rejetant toute forme d'agenda mondial.

Il est donc impératif que les pays recherchent l'indépendance et la souveraineté et n'aient pas peur de prendre des risques. Sinon, ils continueront à être à la merci de ce qui est dicté par les élites engagées dans l'agenda technocratique tyrannique de l'Occident.

Source : https://novaresistencia.org

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Textes de Catarina Leiroz: https://novaresistencia.org/tag/catarina-leiroz/

En français: 

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/11/25/l-exemple-de-daria-douguina-discours-a-la-jeunesse-dissidente.html

 

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jeudi, 05 octobre 2023 | Lien permanent

La revue de presse de CD - 28 août 2022

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La revue de presse de CD

28 août 2022

EN VEDETTE

Notre hommage à Darya Douguine

Darya Douguine est morte assassinée hier soir dans l’explosion d’une bombe destinée à son père Alexandre Douguine, non loin de Moscou. La rédaction d’Éléments a le cœur déchiré et adresse toutes ses pensées à la famille Douguine.

revue-elements.com

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AFRIQUE

Terrorisme au Sahel : l’heure du bilan, par Bernard Lugan

Après 9 ans de présence, l’armée française a quitté le Mali sans que les problèmes structurels du pays et les causes du terrorisme ne soient réglés. La France et les Occidentaux ont commis, dès le début de l’intervention, une série d’erreurs qui ont conduit à l’imbroglio actuel.

revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/terrorisme-au-sahel-lheure-...

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Terrorisme au Sahel : l’exception mauritanienne

Au Sahel, la Mauritanie est le seul pays à ne pas avoir connu d’attaques djihadistes depuis 2011, alors même que la région connaît une forte dégradation sécuritaire et que son voisin malien subit des attaques répétées. Cette « exception mauritanienne » s’explique par une stratégie à la fois multidimensionnelle et spécifiquement sahélienne, pragmatique et adaptée à la guerre dans le désert.

revueconflits.com/

https://www.revueconflits.com/terrorisme-au-sahel-lexcept...

BRÉSIL

La foi pentecôtiste a conquis le Brésil

Le visiteur qui débarque aujourd’hui pour la première fois au Brésil est sans doute surpris. Les églises évangéliques sont partout. Pas une bourgade sans un lieu de culte, aussi modeste soit-il. Un simple garage suffit parfois. Dans les lointaine banlieue de São Paulo ou de Rio, sur les ondes, à la télévision, au cinéma, sur les réseaux sociaux, les pasteurs, ministres du culte, frères de diverses obédiences se succèdent. Ils sont omniprésents. Très religieuse, mystique, souvent superstitieuse, la société brésilienne était un terrain fertile pour l’expansion des organisations pentecôtistes et néo-pentecôtistes.

revueconflits.com

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COMPLOTISME (?) – « c’est celui qui l’dit qu’y est »

Plandemic Indoctornation (vidéo de 2020, VOSTFR)

Une vidéo de 75 minutes montrant l’emprise du dr Fauci et de Bill Gates sur la politique de la santé dans le monde. Pas ragoûtant, sinon révoltant. Heureusement, selon Le Monde du 25 mai 2022, « Trois jours après sa publication, les principales plates-formes en ligne ont supprimé la vidéo, alors qu’elle dépassait les 7 millions de « vues » sur YouTube. Facebook et Instagram ont expliqué que la vidéo était interdite sur leurs plates-formes principalement parce qu’elle incite les spectateurs à ne pas respecter les consignes sanitaires en vigueur. ». Ouf, la censure est sauve !

https://crowdbunker.com/search?q=plandemic

crowdbunker.com

https://crowdbunker.com/v/iWH6K4GvuH

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DÉCONSTRUCTION

Ce que la fermeture de Tavistock révèle sur les dangers de la « transition de genre »

Le couperet est tombé : la clinique britannique de soins pédiatriques Tavistock fermera l’année prochaine. C’est l’établissement spécialisé dans la « transition de genre » le plus important au monde. La décision des autorités de santé était inévitable. Et pourtant… Il a fallu 17 ans pour que la voix des lanceurs d’alerte soit enfin entendue malgré la pression des activistes et la lâcheté des gouvernants épouvantés à l’idée d’être traités de « transphobes ». Le scandale devenait trop grand… C’est donc une excellente nouvelle malgré les dommages terribles qu’ont subis des enfants et des adolescents vulnérables pendant tant d’années. Mais les détails de l’enquête qui a provoqué cette décision doivent alerter les parents et les autorités des autres pays, relève Bernard Lane pour Quillette (voir son article en lien).

laselectiondujour.com

https://www.laselectiondujour.com/ce-que-la-fermeture-de-...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ

Revue de presse RT du 14 au 20 août 2022

Exercice hebdomadaire de remise en question : la découverte d’une autre information, celle venue de Russie ! Cette semaine sur RT, l’Ukraine toute proche de la banqueroute, l’Europe qui voit arriver l’hiver avec déjà des frissons dans le dos et le monde multipolaire que se construit.

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-14-au...

ÉCONOMIE

Tiens, un imprévu dans le Nouvel Ordre Mondial

Surprise : le nouvel ordre mondial monopolaire occidental n’a pas vu le jour et un nouveau nouvel ordre mondial apparaît. Ainsi, pendant que la France continuait sa descente dans les absurdités macronesques habituelles sur le mode « Vite, vite, faisons venir à grands frais des pompiers étrangers au statut vaccinal inconnu pour ne surtout pas réintégrer les pompiers français non vaccinés », pendant que la situation internationale continuait de se dégrader à tous points de vue tant du côté de l’Asie que de l’Ukraine, et pendant que tout ceci se déroulait avec forces gros titres et fines analyses dans les médias grand public, une nouvelle fracassante passait totalement inaperçue.

contrepoints.org

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L’ordre néolibéral s’effondre… la suite dépend de nous

Dans une interview, l’historien Gary Gerstle se demande en quoi Donald Trump et Bernie Sanders sont des symptômes, l’un de droite, l’autre de gauche de la débâcle néolibérale, de quelle manière la Nouvelle Gauche a involontairement contribué à la montée du néolibéralisme, et pourquoi selon lui, « le capitalisme n’est pas aux commandes » en cette période tumultueuse. Une critique intéressante du libéralisme vu de gauche.

les-crises.fr

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ÉNERGIES

Électricité : pourquoi le Développement durable autorise un peu partout la construction de centrales nucléaires et n’accepte pas les européennes ?

A l’heure où on boucle les centrales nucléaires grâce au slogan Sortir du Nucléaire, j’ai découvert à ma grande surprise que les centrales nucléaires fleurissent un peu partout sans que les mainstreams et la sphère écolo ne dénoncent l’info. Résultat ? Des pays comme la France ou la Suisse risquent de payer très cher l’instabilité de l’approvisionnement électrique tant au niveau des foyers les plus précaires qu’au niveau des activités économiques, voire au niveau de la sécurité de nos agglomérations.

Le blog de Liliane Held Khawam

https://lilianeheldkhawam.com/2022/08/21/pourquoi-le-deve...

ÉTATS-UNIS

La CIA et les médias (4/6) – Time, Newsweek, ABC et NBC

Comment les médias les plus puissants d’Amérique ont travaillé main dans la main avec la Central Intelligence Agency et pourquoi la Commission Church les a couverts.

les-crises.fr

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FRANCE

Comment Macron tente de contrôler les médias

Depuis cinq ans, Emmanuel Macron use de multiples ressorts pour accentuer sa mainmise sur les médias : lois anti-fake news, organe de déontologie, commission de régulation, subventions sous conditions : Juin 2020. Une chute de 60 % des ventes en à peine deux mois. Des pertes estimées à 1,9 milliard d’euros. Des recettes publicitaires qui s’évaporent. Une offre numérique qui peine à séduire. La presse française paye un lourd tribut à la pandémie de Covid-19. Alors l’État décide de donner un coup de pouce aux titres qui souffrent. Le Figaro, le Monde, Libération … La majorité des grands médias touchent d’importants subsides : 483 millions d’euros, exactement. Seuls quelques titres font exception à la règle. Votre journal, Valeurs actuelles, est l’un de ces parias. « À ce niveau-là, c’est pire que de l’exclusion », estime Marc Baudriller, rédacteur en chef de Boulevard Voltaire. Le journaliste parle de ce qu’il connaît : le si

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dimanche, 28 août 2022 | Lien permanent

Escalade en Ukraine: l'espoir de paix meurt-il avec des annonces de guerre réciproques?

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Escalade en Ukraine: l'espoir de paix meurt-il avec des annonces de guerre réciproques?

Alexander Markovics

Henry Kissinger a lancé un avertissement : les Etats-Unis sont sur le point de déclencher une guerre mondiale avec la Russie et la Chine, qui pourrait prendre des proportions nucléaires. Ceux qui connaissent le CV de ce belliciste américain sont surpris que cette annonce vienne de lui. Ces jours-ci, Kissinger critique régulièrement et publiquement les élites américaines. Cette circonstance résulte du fait que les États-Unis ont fait un mauvais calcul en faisant la guerre à la Russie. La lutte pour "l'échiquier eurasien" (Brzezinski) est sur le fil du rasoir pour Washington. C'est précisément pour cette raison que les propos de cet homme de 99 ans, qui se situe bien au-dessus de l'élite américaine en termes de compétences politiques et qui la critique régulièrement, donnent à réfléchir. Mais face au risque d'embrasement du monde, comment désespérer de ce conflit ? Une désescalade n'est possible que si l'on analyse et situe concrètement les différentes parties et leur implication dans ce conflit qui fait rage depuis 2014. Les États-Unis, qui jouent probablement le rôle le moins glorieux dans ce conflit, ouvrent la voie.

Les États-Unis : le plus grand belligérant en Ukraine, mais le vent va-t-il tourner avec les midterms ?

Pour l'instant, les États-Unis sont le principal soutien de l'Ukraine. Avec un total de 25 milliards d'euros d'aide militaire (Allemagne : 1,2 milliard) et plus de 10 milliards d'euros de soutien financier (Allemagne : environ 1 milliard) à l'Ukraine, les États-Unis sont de loin le plus grand soutien du régime de Zelenski. Les États-Unis ne se contentent pas de fournir à l'Ukraine des systèmes de défense antiaérienne Stinger, des pièces d'artillerie, des grenades et des complexes antichars Javelin - comme l'a rapporté le journal Deutsche Stimme -, mais ils aident aussi massivement l'armée ukrainienne en formant des soldats et en divulguant les données de leurs propres satellites de reconnaissance. En outre, d'"anciens" soldats américains sont apparus en Ukraine sous la forme de la société de mercenaires Academi, ainsi que d'équipes d'opérateurs et d'unités spéciales. De plus, des employés de la CIA sur place à Kiev coordonnent les attaques terroristes du SBU, les services secrets ukrainiens, contre des cibles civiles en Russie, telles que des journalistes - par exemple Daria Douguina, comme l'a rapporté Deutsche Stimme - et des infrastructures civiles, voir l'attaque du pont de Kertch.

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Volodimir Zelenski est désormais considéré comme l'"Osama Ben Laden européen" - le fou de Kiev réclame même une attaque nucléaire préventive contre Moscou. Mais aucune opération ne se fait sans la bénédiction de Washington. Voilà pour les développements menaçants du soutien américain à l'Ukraine. Mais le front de la guerre froide commence à s'effriter: Elon Musk, qui soutenait jusqu'à présent l'Ukraine avec ses sellettes Starlink, s'est fait le défenseur d'un plan de paix associé à des référendums dans les régions retournées à la Russie. De même, à l'approche des élections de mi-mandat, certains républicains de premier plan se sont engagés à remettre en question le soutien à l'Ukraine. Cette position est notamment motivée par les nombreuses crises que traversent les Etats-Unis, de l'effondrement des infrastructures aux graves problèmes socio-économiques, en passant par l'inflation et la crise énergétique. La fin du soutien américain à Kiev signifierait la fin de la "guerre jusqu'au dernier Ukrainien" et un nouveau départ pour une solution diplomatique.

L'UE : vassale des États-Unis

Si l'on considère l'UE, son soutien institutionnel est le deuxième plus important pour l'Ukraine après les États-Unis. Mais alors que l'UE investit relativement peu d'argent (2,5 milliards d'euros) dans l'armée ukrainienne, un dixième des prestations américaines, son soutien financier à la poursuite des activités de l'État ukrainien (12,3 milliards d'euros) est même plus important que celui de Washington. Le potentiel d'escalade de l'UE se situe principalement dans certains États membres: le gouvernement allemand, par exemple, envisage d'envoyer en Ukraine non seulement des chars Guépard et des obusiers blindés, mais aussi le "Tierpanzer" (Baerbock) allemand Leopard II. Le problème est que l'Allemagne devrait envoyer des officiers avec les chars, ce qui signifierait qu'elle enverrait officiellement des soldats à la guerre, ce qui ferait d'elle une partie prenante au conflit et impliquerait donc l'OTAN. La France fournit également des canons Caesar à l'Ukraine et veut lui accorder des crédits pour l'achat d'armes françaises, mais le président Macron ne veut pas prendre le risque d'une implication directe de cet État traditionnellement plutôt prorusse. Enfin, c'est surtout la Pologne qui a le potentiel de faire dégénérer le conflit: en février déjà, la Pologne a fait pression pour que ses propres "forces de maintien de la paix" soient envoyées en Ukraine, et il a également été question d'un échange circulaire de jets occidentaux pour la Pologne contre des jets polonais pour l'Ukraine. Mais Varsovie s'est montrée réticente à l'idée d'une plus grande implication militaire. Voilà pour l'Occident, mais quel est le potentiel d'escalade de la Russie et de ses alliés ?

Russie: de l'opération antiterroriste à la frappe nucléaire tactique

Aux yeux des médias occidentaux, la Russie est au bord de l'effondrement depuis le premier jour de l'opération militaire. Pourtant, jusqu'à présent, Moscou donne l'impression que malgré les revers subis à Kharkov, elle n'envisage pas de baisser les bras, bien au contraire. Avec la mobilisation partielle des forces armées russes, 300.000 hommes supplémentaires devraient participer au combat en Ukraine, ce qui relativisera l'infériorité numérique parfois importante des forces russes. De plus, le nouveau commandant en chef russe, le général Surovikin, laisse entendre que la nature de l'opération est en train de changer. La transformation de celle-ci en une opération antiterroriste est dans l'air, ce qui implique des frappes directes contre le gouvernement ukrainien et les infrastructures civiles comme cela s'est fait le 10 octobre dernier. Une nouvelle escalade de l'opération jusqu'à la définir comme une guerre à part entière et l'utilisation d'armes nucléaires tactiques est envisageable compte tenu des provocations occidentales. Sur le champ de bataille, c'est surtout l'allié biélorusse qui pourrait être à l'origine d'une extension des hostilités.

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Biélorussie : jusqu'à 500.000 hommes en Ukraine

Le dirigeant Loukachenko a l'intention d'envoyer jusqu'à 500.000 hommes en Ukraine en cas d'agression occidentale. Depuis l'escalade du conflit, une poignée d'opposants biélorusses se battent en Ukraine du côté de Kiev et Minsk craint un débordement du conflit. Elle a donc formé un groupe de combat commun avec la Russie. Celui-ci n'engage pas seulement des forces ukrainiennes, mais peut également avancer vers Kiev depuis le nord.

Corée du Nord : 100.000 soldats pour Poutine ?

Selon les propagandistes occidentaux, ce pays isolé d'Asie est également considéré comme un soutien à l'opération de la Russie en Ukraine. Les Etats-Unis ont affirmé en août que la Corée du Nord avait envoyé des munitions d'artillerie et des fusils d'assaut de fabrication soviétique pour soutenir l'effort de guerre russe en Ukraine. Il a également été question de 100.000 soldats que Pyongyang mettrait à la disposition de Moscou. Pyongyang lui-même a rejeté les accusations américaines. Il n'existe à ce jour aucune preuve de la présence de Nord-Coréens en Ukraine. Un soutien nord-coréen à la Russie n'aurait en outre aucun sens, car la production d'armements de Moscou ne montre aucune faiblesse. Le plus probable serait que des travailleurs nord-coréens aident à la reconstruction du Donbass.

L'Iran : des drones Kamikaze pour Moscou ?

L'Iran est un autre allié de Moscou, considéré comme un Etat voyou aux yeux de l'Occident. En Syrie déjà, des soldats iraniens appartenant aux "Gardiens de la révolution" ont combattu aux côtés de pilotes russes. Grâce à leur coopération en Syrie, ils ont pu débarrasser 95% du pays des terroristes. Alors que la Russie était peu présente au début de l'opération militaire, il ne se passe plus un jour sans que des drones russes Kamikaze n'explosent sur des positions ukrainiennes.

Alors que Kiev parle de drones iraniens, Téhéran nie les avoir livrés à la Russie. Les drones Geran-2 utilisés par Moscou sont probablement une réplique du Shahed-13 iranien, qui est désormais produit en Russie. Outre la possibilité d'éliminer des cibles situées profondément derrière le front avec ces drones, l'artillerie de l'Iran peut être rendue encore plus précise grâce à la reconnaissance. L'Iran refusant de livrer des armes à l'une des deux parties au conflit, seul l'échange de technologies avec la Russie augmentera à long terme. Enfin, un accord sur le programme nucléaire se profile à l'horizon, sous l'impulsion massive de Moscou.

La Chine : un courtier honnête pour l'Ukraine ?

Compte tenu de l'implication directe de nombreuses puissances, peu d'Etats se proposent comme médiateurs. Pékin, qui soutient également le plan de paix d'Elon Musk, peut jouer un rôle crédible. Le dragon pourrait ainsi réunir l'aigle et l'ours autour d'une table. Certes, tout semble actuellement se jouer sur le terrain, mais l'espoir d'une paix rapide est le dernier à mourir.

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mardi, 25 octobre 2022 | Lien permanent

Xavier Faure: ”Pourquoi je souhaite devenir russe!”

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Xavier Faure: "Pourquoi je souhaite devenir russe!"

Propos recueillis par Alexandre Latsa

Ex: http://fr.rian.ru/

Sur le même sujet: Un pilote de montgolfière français souhaite devenir Russe comme Depardieu

 
Alors que l’affaire Depardieu n’en finit pas de faire des remous médiatiques, on peut cependant déjà tirer une conclusion de ce Buzz planétaire: la Russie pour des centaines de millions de gens apparaît comme un pays dans lequel on peut désormais envisager de s’installer.

 

On peut même imaginer que l’affaire Depardieu a fait plus pour l’image de la Russie que la plupart des grands cabinets de PR qui travaillent pour l’Etat! Depardieu n’est cependant pas le seul à vouloir devenir russe. Les lecteurs de RIA Novosti ont pu lire une nouvelle surprenante vendredi dernier affirmant qu’un pilote de Montgolfière français, du nom de Xavier Faure, souhaitait lui aussi devenir Russe!

 

J’ai donc voulu en savoir plus sur ses motivations à "souhaiter devenir russe".

 

Xavier Faure bonjour et merci de bien vouloir rependre a mes questions, tout d’abord, pourriez vous vous présenter?

 

J'ai 37 ans, célibataire, né à Reims en Champagne. J'ai étudié le Russe comme première langue étrangère au collège. Je n'étais pas un très bon élève mais j'ai toujours porté ce pays dans mon cœur. J'ai ensuite étudié dans le domaine technique et obtenu un brevet de technicien en électrochimie, avant de travailler dans diverses usines, de simple operateur jusqu'à chef d'équipe. J'ai ensuite travaillé comme équipier de montgolfière, un métier au contact du public et de la nature. Puis j'ai passé mon brevet en contrat de qualification. En 2006, je suis devenu pilote professionnel après 150 heures de vols et avoir piloté des montgolfières de gros volumes dans différentes grosses sociétés en France et à l'étranger. Du fait de la précarité et de la saisonnalité de cette activité, j'ai essayé en parallèle de trouver une activité stable qui me correspondrait.

 

J'ai donc passé un examen professionnel en sérigraphie en 2001, puis un BTS en agriculture Biologique en 2007 mais les belle promesses sur le Bio ne sont pas suivis de financement. Parallèlement donc j’ai travaillé sur d'autres sujets: l'eau sous tous ces aspects, des traitements naturels a la potabilisation, les médecines alternatives et quantiques et aussi sur les systèmes énergétiques innovants. Je suis en relation avec des chercheurs et expérimentateurs dans ces domaines et j'écris quelques articles dans des revues spécialisés. En gros je fais de la veille technologique.

 

Si j’ai bien compris vous résidez actuellement à Koungur, une petite ville dans l’Oblast (région) de Perm. Pourriez-vous nous présenter la ville, et ce que vous y faites? Comment y est la vie?

 

C'est une très petite ville de province, source de quelques moqueries de la part des habitants des grandes villes, mais c'est surtout une étape sur la voie du transsibérien. Elle est traversée par trois rivières. Le Héros Ermak y serait arrivé en Bateau et aurais fait étape avant de conquérir les territoires sibériens et battre les tatares. Les Armes de la ville sont la corne de l'abondance et les cristaux de l’Oural, ainsi que le bateau d’Ermak.

 

Koungur possède de nombreuses et magnifiques églises et il est possible de se baigner dans les rivières en été comme en hiver, c'est même le sport local préféré, me semble-t-il. Il y a une grotte très rare ou il y de la glace toute l'année, plusieurs usines et de la place tout autour pour se poser en montgolfière. Comme partout en Russie les femmes y sont très belles.

 

La nature est très riche avec les paysages typiques des contreforts de l’Oural, plats avec de la forêt trouée par de grandes étendues de champs peu cultivés et des vallées fluviale plus prononcés mais parfois encaissées. En France, cela pourrais ressembler à un mélange de régions entre Colmar au pied des Vosges et les Ardennes entre Charleville-Mézières et Gisors.

 

Il y a quelques usines comme "Маштаб" qui fabrique des camions et emploie entre 3.000 et 4.000 personnes, deux usines de transformation de viande dont la célèbre "Телец", deux usines de limonade "Пикон", le "Молокобинат" pour le lait, deux scieries et d'autres que je ne connais pas encore.

 

La vie y est dure et douce en même temps. Dure économiquement car il me semble qu’il faille au moins deux activités pour vivre correctement. Il y beaucoup de "débrouille" mais tous le monde se connaît et il y a une forte entraide et une importante solidarité que je ne connais pas chez nous en France, en tout cas pas à cette échelle. J'entends malgré tout, souvent, que c'est moins fort qu'il y a 10-15 ans en arrière. L'esprit de la surconsommation effrénée et l’hyper matérialisme me semble porter atteinte à l'âme des gens et ici comme ailleurs les mêmes causes produisent les mêmes effets. Mais il y encore de la marge avant d'arriver à la même situation qu'en France. Les habitants sont patriotes, ils aiment leur pays et l'affichent. La ferveur religieuse est aussi très présente et importante.

 

Les institutions locales et fédérales sont socialement très présentes surtout après des enfants, écoles, bibliothèques, maison des activités de l'enfance pour les petits, maison des jeunes et du tourisme, parcs pour les enfants et installations de jeux enfantins, le sport et les installations sportive, stades, piscine, salles d’entraînement etc. Il y a aussi des musées dont celui de la conquête spatial et enfin le collège des Artistes et son foyer ou j'habite et dont les conditions matérielles pourraient paraître spartiates pour un Européen normal. Il y partout de grands quartiers d'isbas traditionnelles et parfois un ensemble d'immeubles au milieu. On trouve des petits magasins partout et quelques hypermarchés de types super U, et il y a aussi un club très actif d'école de pilotes de montgolfière, dirigé par Andreï Vertiproxov, ancien pilote de Mig.

 

Mes occupations sont diverses. J'ai fait quelques interventions dans une école locale ou on y enseigne le Français en deuxième langue. L'administration issue de l'époque Eltsine pousse pour l'anglais en première langue et le français ainsi que l'allemand font de la résistance. Je suis sinon fort occupé par mes démarches administratives (pour obtenir un passeport Russe) et les nombreuses interviews que j’ai commencé à donner a ma grande surprise. Enfin et surtout j’apprends le russe.

 

Pourquoi avoir choisi une aussi petite ville, alors que généralement les étrangers s’installent plus généralement dans des grandes villes russes?

 

J'aime les petites villes car la nature est à porté de la main, c'est très important pour moi. Je ne supporte plus, en France comme ailleurs, l'absurdité de la vie dans les grandes villes. Passer sa précieuse vie dans les embouteillages à dépenser une énergie de plus en plus rare, tout ça pour un travail qui ne sert qu’à perpétuer un système moribond, me parait complètement aberrant.

 

Mais surtout, j'ai trouvé un endroit ou je me sens à ma place.

 

Grâce à Daria Gissot de l'association So!art qui représente la ville de Perm à Bruxelles,  j'ai cet été participé à "небесная ярмака", le festival de montgolfière annuelle de Koungur. Elle m'avait souvent parlé de sa Région natale et c'est un projet que nous avions depuis longtemps.

 

J'ai rencontré ici de nombreuses personnes avec qui je me suis profondément lié d'amitié, une équipe municipale dynamique et volontaire, ainsi qu'une population chaleureuse. Une sorte de liberté et de joie de vivre malgré les soucis quotidiens, règne ici. Une ville, belle, historique avec un potentiel de développement important. Bref, un petit morceau de paradis, comme il en existe beaucoup en Russie.

 

Comment arrive-t-on de France (Lille?) à Koungur? Je veux dire physiquement bien sûr mais aussi mentalement? Quelles sont les raisons ou motivations qui vous ont poussé à quitter la France?

 

Et bien en voiture déjà, car je suis parti avec ce qui me semblais essentiel à emporter et j'ai traversé toute l'Europe et le pays baltes. Après, moralement, je ne sais pas expliquer comment, c'est à l'intérieur que cela se joue et je n'ai pas les mots pour le dire, il faut le vivre. Comme ont dit en Russe "просто так" simplement comme ça! Quelques habits chauds, une volonté de fer de rester et d'y vivre et un forte envie de pleurer de joie tout les jours quand je me lève et que je regarde par la fenêtre et ce malgré les difficultés.

 

Les raisons sont diverses et nombreuses. D’abord je crois que fondamentalement j'ai toujours voulu habiter en Russie, donc c'est un rêve d'enfant que je devais réaliser avant d'être trop âgé.  Ensuite la situation en France est devenue intenable sur beaucoup de plan. La vie est excessivement chère, cela se dégrade chaque jours et ne va pas s'arranger de si tôt, je pense même que cela va fortement se dégrader cette année. La situation économique et sociale est exécrable. Je n'y ai plus de perspectives d'emploi. Les projets et idées que j'ai eues n'ont rencontré aucun écho. Je trouve que beaucoup de gens sont fermé d'esprit ne s'intéressent qu'a eux et sont vieux dans leur tête. Les politiques n'en ont que faire du peuple et ne vivent que pour eux et leurs petites magouilles personnelles. Il n'est pas possible ne montrer qu'on aime son pays, comme en Russie. Je ne me sentais plus de rester en France. C'est mon pays que j'aime, j’aime son histoire qui me rend fier, j’aime sa culture et sa cuisine, il a été grand, mais je n'arrive plus à m'y projeter dans le futur.

 

Aujourd'hui, la France est un pays en faillite qui ne peut plus payer ses militaires en opération depuis 8 mois et qui fait enlever les culasses des armes quand le président visite une caserne!

 

J'ai vécu une expérience intéressante l'hiver dernier qui m'a décidé à partir. En revenant d'Afrique, j'ai remarqué qu'en nous posant à Orly les même gens qui était joyeux dans l'avion devenait soudain apathique comme si un couvercle leur était tombé dessus. C'est là que j'ai réalisé qu'il y avait une atmosphère particulière qui planait sur la France. J'ai eu la confirmation de ce phénomène par beaucoup de personnes qui ont voyagé ainsi que sur le blog de Pierre Jovanovic : nombreux sont ceux qui ont ressentis la même chose. Personnellement, je suis de nature joyeuse mais c'était un effort de tous les instants de ne pas être contaminé par cet apathie générale et c'était très énergivore et fatiguant.

 

En Russie il y a beaucoup de problèmes à régler mais ma vie c'est transformé d'un mauvais film de série B en aventure de tous les instant. Il m'arrive ici des choses qui n’auraient pas été possible en France!

 

L’image de la Russie est mauvaise, tout le monde le sait. Vous habitez dans ce pays depuis quelques mois et dans des conditions normales (pas en tant qu’expatrié), quelle est votre opinion sur l’image de la Russie par rapport à ce qu’est la Russie en réalité? Ou du moins telle que vous la vivez?

 

La vision médiatique est complètement fausse et n'a pas grand chose à voir avec la réalité. Il règne ici une forme d’insouciance, un joyeux bazar organisé, (les russes disent всё нормално!) à tout bout de champs pour les choses un peu curieuse et il y a une envie de vivre que j'ai aussi rencontré en Afrique noire et qui à a mon avis disparu depuis longtemps de chez nous dans nos pays Européens.

 

Sinon c'est une démocratie représentative comme les autres, ni plus ni moins avec ses particularités propres, qui sont une administration parfois lente et lourde et des différences sociales très marqués, résultat sans doute de l'hyper-libéralisation de l'économie des années 90. Les Russes sont comme les autres humains, ils y en a des bons, des très bons, des mauvais et des très mauvais, mais heureusement ceux que je connais ont un cœur "grand comme ça".

 

Surtout, je m'y sens plus libre que ces dernières années en France. Il y plein de choses, aussi simple que de se baigner librement en rivière par exemple, qui ne sont plus possible en France. Gérard Depardieu à dit que: "La Russie est une grande démocratie". La Russie est une démocratie comme la France (qui d’ailleurs à été un modèle dans la rédaction de la constitution russe) et c'est un pays à l'échelle d'un continent donc oui, techniquement "c'est une grande démocratie".

 

Comparativement à la France et dans le cadre du quotidien vécu: quel est le plus grand atout de la Russie et aussi ce qu'il faut améliorer en priorité?

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vendredi, 25 janvier 2013 | Lien permanent

Forum eurasiste de Chișinău : une plateforme non-alignée contre le globalisme

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Forum eurasiste de Chișinău : une plateforme non-alignée contre le globalisme

par Pierre-Antoine Plaquevent

Ex: http://www.les-non-alignes.fr

L’événement métapolitique le plus important de la fin de l’année 2017 fût sans conteste le second forum eurasiste de Chisinau. Un colloque qui fera date tant par l’appui que lui a apporté l’exécutif moldave que par la qualité de ses participants et de leurs interventions. Surtout, les perspectives tracées par ces rencontres internationales ouvrent des voies inédites dans le sens d’un non-alignement contre-globaliste contemporain. Un non-alignement qui transcenderait enfin les cadres caduques de la petite politique anachronique pour se hisser à la hauteur des changements de civilisation en cours et de la grande politique. Un colloque à la hauteur de la venue des « grands temps » qui s’annoncent pour la civilisation européenne. Retour sur cet événement fondateur.

Les 16 et 17 décembre dernier s’est tenu en Moldavie le second forum eurasiste de Chișinău qui avait pour thème : « Quelle alternative au capitalisme financier pour le 21 ème siècle ? ». Colloque organisé avec l’appui et le soutien du Président de la République de Moldavie, Igor Dodon. Ce séminaire international a réuni pendant plusieurs jours un aréopage d’intellectuels et de spécialistes de renommée internationale parmi lesquelles : Alexandre Douguine, Hervé Juvin, le Géorgien Levan Vasadze ou encore l’écrivain suédois Jan Myrdan. Le Président Dodon a par ailleurs ouvert les travaux avec un discours fondateur qui résumait les enjeux politiques face auxquels la Moldavie se trouve confrontée.

De nombreuses personnalités, issues du monde politique ou de la société civile, sont ainsi venues apporter leur contribution aux travaux du forum : l’homme d’affaires britannique Chris Poll, l’ancien conseiller de Syriza Dimitris Konstantakopoulos, la juriste Valérie Bugault, l’écrivain Slobodan Despot, le président de l’association Lombardie-Russie et membre éminent de la Ligue du Nord Gianluca Savoini, le journaliste Alessandro Sansoni, membre du conseil national italien de l’ordre des journalistes et bien entendu Emmanuel Leroy et Iurie Rosca : organisateurs pivots des deux colloques de Chisinau avec Daria Dugina. Sont aussi intervenus Volen Siderov, président du parti bulgare « Ataka », le Roumain Bogdan Herzog, l’Allemand Manuel Ochsenreiter, président du German Center for Eurasian Studies, un think-tank proche du parti souverainiste AFD et aussi l’essayiste et homme politique Yvan Blot.

Avec la présence dans le public d’auteurs bien connus des Français tels que Marion Sigaut ou encore de Lucien Cerise et de son éditeur, on peut dire que ce second forum de Chisinau réunissait une part importante de la pensée politique française et européenne contemporaine pour un événement inédit en son genre. Evènement qui fera date et dont on peut considérer qu’il marque le début d’une nouvelle ère en matière d’anti-globalisme. De part la variété des intervenants et du public présent, la vraie gauche anti-mondialiste et la droite conservatrice authentique se sont retrouvées à Chisinau afin de penser et de projeter l’alternative possible à la marche en cours vers le globalitarisme néolibéral.

Au cours de ces journées de nombreux thèmes ont ainsi pu être abordés, la plupart des interventions publiques sont disponibles ici : flux.md/fr et flux.md/en ainsi que sur le site du saker : lesakerfrancophone.fr ou sur geopolitica.ru. Une équipe de TV-Libertés était présente afin de couvrir l’ensemble de l’événement visible ici.

Un événement qui se tenait dans un contexte géopolitique difficile : la Modavie s’efforce de maintenir une position d’équilibre entre Est et Ouest, entre Union-Européenne et Union Eurasiatique malgré les tensions entre Occident et Russie. A la fin de la première journée de travail, le Président Dodon a ensuite accueilli les journalistes présents pour une conférence de presse exclusive dans le palais présidentiel de Chișinău.

Conférence de presse à laquelle nous avons pu assister et au cours de laquelle le Président Dodon a développé plus avant ces thématiques et a répondu aux questions des journalistes présents. Ici un entretien réalisé pour TV-Libertés dans lequel il résume certaines de ses positions : tvlibertes.com/igor-dodon-ne-cedera-pas.

Igor_Dodon_(01.2017;_cropped).jpgIgor Dodon, un président illibéral et continentaliste sous pression

Issu à l’origine du centre-gauche, le Président Dodon a profité de son discours inaugural lors du colloque de Chișinău pour affirmer la compatibilité d’un discours social avec les valeurs de la droite conservatrice. Une ligne de « gauche du travail et de droite des valeurs » qu’il est peut-être le seul président européen en fonction à affirmer aussi clairement. Il a ainsi affirmé la nécessité de se débarrasser des mythes libéraux du retrait de l’Etat et de la « main invisible du marché » afin de renouer avec les conceptions d’un Etat stratège et interventionniste dans les secteurs stratégiques et vitaux de l’économie nationale.

Le Président Dodon a ouvert les travaux par un discours d’affirmation centré sur les notions de souveraineté, de nationalisme économique et de continentalisme politique. Après avoir rappelé la situation géographique et culturelle de la Moldavie qui fait d’elle un carrefour entre Europe occidentale et orientale, entre catholicité et orthodoxie, entre mondes latin et slave, il a évoqué la situation économique critique de la Moldavie qui se trouve face à une grave hémorragie de ses forces vives en direction de l’Union-Européenne. Une hémorragie qui ne pourra être freinée que par une relocalisation partielle de l’économie moldave. Moldavie qui n’a pas vocation à être juste une réserve de main d’oeuvre à bon marché en direction des pays occidentaux. Bien que l’un des pays les plus pauvres d’Europe, la Moldavie n’est pas condamnée au destin de périphérie de l’UE livrée au pillage de l’impérialisme économique de multinationales apatrides. La Moldavie a une carte stratégique à jouer en se positionnant comme interface géoéconomique et géostratégique entre l’Union Européenne et l’Union Eurasiatique; notamment dans la perspective de la nouvelle route de la soie et dans celle du déplacement du centre de gravité économique mondial vers l’Eurasie. De là découle le continentalisme politique affirmé à plusieurs reprises par le Président Dodon au cours de ces interventions lors du forum. Ainsi, après s’être défini comme « résolument souverainiste », Igor Dodon a rappelé la nécessité de revenir à la vision Gaullienne d’une Europe-puissance et à l’axe stratégique Paris-Berlin-Moscou comme alternative à la construction européenne actuelle. La voie de l’indépendance pour une nation de la taille de la Moldavie passe par le multilatéralisme et le non-alignement plutôt que par l’unipolarité et l’adhésion univoque à l’agenda occidental.

Dans cette perspective, Igor Dodon s’était prononcé en 2017 en faveur d’une annulation par son parlement de l’accord commercial signé avec l’Union européenne en 2014, espérant ainsi rétablir des relations économiques normalisées avec la Russie. Position qui lui vaut d’être mis en difficulté par le parlement moldave où les élus pro-UE sont majoritaires. La République de Moldavie se caractérisant par un régime parlementaire laissant une marge de manoeuvre réduite pour le Président.

Igor Dodon a par ailleurs développé l’idée que le patriotisme économique peut transcender les différences culturelles internes de la Moldavie et les tensions identitaires que pourraient être tenté d’attiser les forces de la Société Ouverte. Forces à l’affût d’une émancipation trop grande de la République Moldave face aux standards de l’UE et soucieuses d’allumer un nouveau foyer de discorde supplémentaire entre la Russie et l’Europe. Peuplée d’une population russophone nombreuse et d’une grande minorité russe, le Président moldave a clairement évoqué le risque d’un scénario de type ukrainien : provoquer une agitation de l’opinion publique visant à le destituer, agitation politique qui pourrait être suivi de provocations inter-ethniques attisées depuis l’étranger. L’équilibre politique moldave étant fragilisé par la question de la Transnistrie.

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Un article récent du centre de presse de Donetsk résume dans ses grandes lignes la situation politique moldave :

« (…) La tension dans la république est liée à l’opposition entre le président pro-russe Igor Dodon, l’opposant Renato Usatii et le bloc politique pro-européen dirigé par Vlad Plahotniuc. Il y a un an, la Moldavie était au bord d’une guerre civile entre citoyens pro-russes et pro-européens, compte tenu de l’augmentation significative des sentiments pro-russes dans le pays ces dernières années, nous ne pouvons pas exclure le scénario ukrainien en Moldavie. 

Récemment, (…) la Cour constitutionnelle a décidé de suspendre les pouvoirs d’un des principaux opposants politiques de Plahotniuc, l’actuel président de la Moldavie, Igor Dodon (NDA : le 5 janvier 2018). Le champ politique de la Moldavie, sous prétexte de lutter contre la corruption, a été presque entièrement débarrassé de ses opposants. »

Au cours de sa conférence de presse lors du forum de Chișinău, le Président Dodon a plusieurs fois exposé le rôle de l’oligarque Vlad Plahotniuc. Un rôle qu’évoque l’article de l’agence Donipress :

« Personne n’avait entendu parler de Plahotniuc comme politicien avant la fin de 2010. Auparavant, Vlad Plahotniuc appartenait à un certain nombre de grands hommes d’affaires moldaves, dont les domaines d’intérêt étaient les banques, les hôtels, les médias et le commerce du pétrole. Mais même à ce moment-là, il a été surnommé « le méchant », puisque l’homme d’affaires était déjà crédité de fraudes, de saisies de vols, de commerce d’armes et de proxénétisme et de nombreuses autres activités illégales. (…) Vlad Plahotniuc a commencé comme membre du Parti Communiste moldave, mais aux élections législatives de 2010 il est devenu membre du Parti Démocrate, où il a immédiatement pris la deuxième place honorable dans la liste. C’est à partir de ce moment qu’a commencé le crépuscule du Parti Communiste en Moldavie (…) L’oligarque Plahotniuc est, depuis décembre 2016 , le chef du Parti Démocrate. Il est intéressant de noter qu’en même temps, officiellement, il n’est pas membre du parti. Aujourd’hui, Vlad Plahotniuc n’occupe aucun poste au gouvernement, mais reste un homme qui contrôle pleinement l’économie, le pouvoir législatif et exécutif dans un petit État, sans aucune responsabilité en tant que fonctionnaire.« (1)

Vlad_Plahotniuc.jpgDonipress rappelle ensuite le « multilatéralisme » de Plahotniuc en matière de corruption :

« (…) Il n’y a pas si longtemps, Vlad Plahotniuc faisait l’objet d’une enquête de la part d’Interpol Italie dans le dossier de la « mafia russe », mais sa position anti-russe déclarée reste la principale raison de la complaisance des États-Unis et de l’UE envers Plahotniuc. (…) Vlad Plahotniuc fait beaucoup d’efforts pour devenir un politicien européen respectable pour l’Occident, il paie périodiquement des publications dans de prestigieux magazines européens et américains. Vlad a même embauché une société de lobbying américaine bien connue, le groupe Podesta, qui a travaillé avec Hillary Clinton. (…) Aujourd’hui, le « maître de la Moldavie » est toléré plutôt qu’approuvé et sera remplacé à toute occasion par un véritable homme politique européen qui n’a pas le stigmate de l’appartenance à la « mafia russe ». » (2)

Dans cette perspective les prochaines élections législatives en Moldavie constitueront un test pour affirmer ou infirmer la solidité des orientations choisies par le Président Dodon et ses soutiens. Elections qui seront aussi l’occasion pour les citoyens moldaves de rejeter ou non les orientations crypto-mafieuses des libéraux enkystés dans leur parlement :

« Selon les sondages sociologiques, le rejet de Plahotniuc et de son gouvernement atteint 80 %. Dans de telles circonstances, la dernière chance pour Vlad de rester au pouvoir sera de provoquer l’escalade du conflit en Transnistrie et de lancer un appel à l’UE et aux États-Unis pour qu’ils exigent une protection contre l’agression russe. L’Europe n’a absolument pas besoin d’un second conflit armé à ses frontières, qui entraînera inévitablement une augmentation du nombre de réfugiés, contribuera au commerce illégal des armes et à la propagation de la criminalité. En novembre 2018, la Moldavie organisera des élections législatives, qui peuvent constituer un test difficile non seulement pour la République de Moldavie, mais aussi pour l’UE dans son ensemble. » (3)

La Moldavie se trouve aujourd’hui sur l’une des lignes de fracture de la tectonique gé

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jeudi, 18 janvier 2018 | Lien permanent

La marionnette nordique du sorcier occidental

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La marionnette nordique du sorcier occidental

Daria Korotina

Source: https://www.geopolitika.ru/article/severnaya-kukla-zapadnogo-kolduna

La Finlande des contes de fées, élue pays le plus heureux du monde depuis un an, s'est soudain mise en grève. Des rayons de magasins vides, des chauffeurs de transports publics qui refusent de monter dans leurs véhicules, des enseignants et des médecins qui ne veulent plus faire preuve d'altruisme. Le gouvernement finlandais semble être devenu une souris dans les griffes de son propre peuple après la décision d'adhérer à l'OTAN. Ou bien l'OTAN a-t-elle fait du pays nordique une marionnette gesticulant selon ses humeurs, tirant les ficelles rouges et le contrôlant ? Quel est donc le rôle de la petite Finlande dans le Grand Jeu ?

Le peuplement du territoire finlandais a commencé à l'ère glaciaire, quelque 8800 ans avant notre ère. Malgré ce passé considérable, la Finlande n'a accédé à l'indépendance que très récemment. Ainsi, au 13ème siècle, le territoire finlandais est resté sous l'influence du pape à la suite des croisades et a fait partie de la ligue hanséatique médiévale.

Le pape a été suivi par un nouveau suzerain de la Finlande, la Suède et Novgorod luttant pour le contrôle de la région, ce qui a culminé en 1323 avec le traité d'Orechowiec, mais aussi avec le passage de la plus grande partie de la Finlande sous la domination suédoise. Cependant, bien qu'elle ait pris le contrôle de la région, la Finlande a plutôt servi de bouclier bon marché entre la Suède et son voisin oriental, ce qui explique que les frontières aient souvent été modifiées à la suite des nombreuses guerres. Malgré ce rôle humiliant, les Finlandais ne se sont jamais considérés comme proches de leur voisin oriental, c'est-à-dire nous, les Russes, mais ont toujours aspiré à la paix et à vivre selon les valeurs européennes. Ces valeurs ont été défendues, par exemple, pendant la guerre de Trente Ans, lorsque les Finlandais ont combattu au sein de l'armée suédoise.

Le voisin oriental n'a cependant pas renoncé à sa présence dans ce territoire septentrional et, à l'issue de la guerre de 1808 et 1809, l'Empire russe a repris la Finlande à la Suède. La Finlande devint ainsi un État autonome et fut placée sous le patronage de l'Empire russe jusqu'à son indépendance en 1917. Malgré l'amour de la Finlande pour tout ce qui est européen, une grande partie de la Finlande actuelle a été reconstruite au bon moment pour échapper à l'oppression de son voisin de l'Est, dont les Finlandais étaient désireux de s'affranchir le plus rapidement possible.

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Juho Kusti Paasakovi et Urho Kekkonen

En 1906, la Finlande s'est dotée de son propre parlement, qui a été créé et dont les élections ont eu lieu en 1907. Le parlement se compose de 200 représentants, dont la majorité sont des sociaux-démocrates, favorables à l'indépendance et à la neutralité de la Finlande (regardez bien ce qu'ils sont devenus aujourd'hui). Bien que le parlement ait été formé en 1907, la Finlande n'a déclaré son indépendance que le 6 décembre 1917. Le parlement finlandais a été dissous sept fois par le président, d'abord 14 ans après sa création en 1924 par Kaarlo Juho Stolberg (du Parti national progressiste), puis en 1929 et 1930 par Lauri Kristian Relander (de l'Internationale libérale, membre de l'Union agraire), en 1953 par le président Juho Kusti Paasikivi (parti de la "Coalition nationale"), et plusieurs fois par le président Urho Kekkonen (parti "Union agraire" - membre de l'Internationale libérale). Il convient de mentionner Juho Kusti Paasikivi, car c'est sous sa direction que la politique de rapprochement avec l'Union soviétique a été adoptée suite à la Seconde Guerre mondiale, sous la pression de laquelle un membre du parti communiste a été introduit dans le gouvernement. Paasikivi forme un second gouvernement en 1945, soutenu par les trois factions du Parlement : les communistes, les sociaux-démocrates et l'Union agraire.

Tout au long de l'histoire du parlement finlandais, il y a eu une rivalité entre le parti de la coalition nationale et les sociaux-démocrates. La plupart du temps, ce sont ces derniers qui tinrent le haut du pavé, mais depuis 2022, les choses vont de plus en plus mal pour les sociaux-démocrates, jusqu'à la décision fatidique d'adhérer à l'OTAN.

L'histoire de l'échec du parti social-démocrate (SPDF) lors des dernières élections est assez intéressante. La déclaration de principe du parti se lit comme suit: "L'objectif du SPDF est une société dans laquelle la liberté l'emporte sur la subordination, l'humanité sur l'intolérance et la justice sur l'égoïsme. Les valeurs fondamentales sont la liberté, l'égalité et la solidarité".

Le Parti social-démocrate est apparu en Finlande en 1899, avant même la création de son propre parlement, l'Eduskunta. Le parti est né à Turku (appelé familièrement Åbo, d'après le suédois Åbo), où, pendant quatre cents ans, la paix de Noël a été proclamée le 24 décembre depuis le balcon de l'ancien hôtel de ville. Le nom actuel du parti, Suomen Sosialidemokrattinen Puolue, a été adopté en 1903, à la suite d'une réunion du parti tenue à Forssa, où le premier programme principal du parti (ou programme de Forssa) a été officiellement proclamé. Il traite de l'égalité entre les hommes et les femmes en matière de droit de vote et de l'obligation de voter, prévoit une journée de travail de huit heures et un enseignement secondaire obligatoire, aborde des questions telles que l'amélioration des conditions de travail et l'affaiblissement de l'influence de l'Église, entre autres.

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Le SDPF a été influencé par la révolution qui a eu lieu dans l'Empire russe en 1905 et a formé une aile gauche radicale au sein de sa direction, dont les représentants ont rencontré à plusieurs reprises V. I. Lénine. Le poste de président du parti est promu pour la première fois et c'est Väinö Tanner qui l'occupe. C'est également à cette époque que l'Association des syndicats finlandais voit le jour et reste active jusqu'à aujourd'hui.

ba7ca43d4825c59c874142c838eb8659.jpgLe SPDF fait partie du gouvernement en 1916 et 1917 et en 1926, cette dernière année avec Väinö Tanner (photo, ci-contre) comme premier ministre du parti. Väinö n'a pas participé à la guerre civile finlandaise (1918), mais on lui attribue le mérite d'avoir fait évoluer le mouvement ouvrier finlandais vers un système parlementaire. La guerre civile modifie radicalement le schéma du parti: l'aile radicale, qui avait soutenu les Rouges et formé un gouvernement révolutionnaire à Helsinki, se sépare du SDPF après la victoire des Blancs et devient le Parti communiste de Finlande en 1918, qui s'installe à Moscou. Tanner a restructuré le modèle du parti pour tenir compte du lien perdu, en conservant la neutralité militaire pour le SPDF. Il est intéressant de noter que c'est Tanner (pendant la maladie du président Lauri Relander) qui, en 1927, a assumé le rôle de commandant suprême de la Garde blanche finlandaise et a organisé un défilé commémorant le premier décret de la victoire de la Révolution blanche. Après la guerre soviéto-finlandaise, au cours de laquelle il fut ministre des Affaires étrangères, Tanner fut condamné à 5,5 ans de prison en tant que criminel de guerre (il avait été l'un des organisateurs de la résistance finlandaise contre l'Union soviétique), mais il fut amnistié en 1948.

Pendant la période de fragmentation du parti entre 1957 et 1966, le SPDF n'a pas participé au gouvernement, pas plus qu'il n'a participé à la période d'opposition lors des élections de 1991. Les premiers ministres du parti pendant cette période ont été Karl-August Fagerholm (1948-1950, 1956-1957, 1958-1959), Rafael Paasio (1966-1968 et 1972), Mauno Koivisto (1968-1970 et 1979-1982), Kalevi Sorsa (1972-1975, 1977-1979 et 1982-1987) et Paavo Lipponen (1995-1999, 1999-2003).

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En 2008, la première femme Premier ministre du parti était Jutta Urpilainen (photo), qui travaillait comme institutrice. Fille d'un conseiller parlementaire, Jutta aspirait à sortir de ce rôle et, en commençant comme assistante parlementaire, a bien réussi dans ses entreprises, devenant la première femme de l'histoire finlandaise à diriger le SDPF. Son ascension parlementaire a été rapide : elle a commencé par être élue députée de sociaux-démocrates pour la première fois en 2003 et est devenue Premier ministre en 2008.

Jutta Urpilainen a été réélue pour trois mandats consécutifs, au cours desquels elle a fait une déclaration plutôt fracassante sur la sortie de la Finlande de la zone euro et a également mené une politique dure sur la crise économique grecque, ce qui a influencé sa défaite aux élections de 2014. Cependant, la carrière politique de Jutta ne s'est pas arrêtée en 2014 et, en 2017, Urpilainen a été nommée envoyée spéciale auprès du ministre finlandais des affaires étrangères.

Le véritable point culminant de sa carrière est survenu en 2019, lorsqu'elle est devenue la première représentante finlandaise auprès de la Commission d'Ursula von der Leyen en tant que commissaire européenne à la coopération internationale. En tant que commissaire, Jutta Urpilainen est responsable de la coopération entre l'UE et 126 autres pays, principalement des pays africains. Pendant son mandat au SDPF, les décisions relatives à l'adhésion de la Finlande à l'OTAN n'ont pas fait l'objet d'un débat ou d'une discussion générale. La Finlande a maintenu sa neutralité et n'était pas pressée de s'encombrer d'un carcan nucléaire propre et impeccable.

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Antti Rinne (photo) a été choisi comme nouveau premier ministre du parti en 2014, mais il a transmis la plupart de ses pouvoirs à Sanna Marin, qui était déjà tacitement considéré comme le premier ministre du parti à mi-parcours du mandat de M. Rinne, et comme un leader presque incontesté lors des élections du parti en 2019. Et c'est ce qui s'est passé. La jolie jeune femme a réussi à faire en sorte que le SDPF reste longtemps en tête des classements de popularité des partis politiques du pays en 2018, et en 2019, Sanna Marin a été élu à l'unanimité comme nouveau premier ministre du parti.

Plus de parti

Sanna Marin a suscité l'intérêt des électeurs non seulement en raison de son âge (elle est devenue la plus jeune première ministre de l'histoire de la Finlande), mais aussi en raison de sa famille d'un type nouveau: après le divorce de sa mère d'avec son père alcoolique, la jeune fille a été élevée par sa mère et sa petite amie, avec qui elle était en couple. Selon la politicienne, elle avait à peine de quoi se nourrir lorsqu'elle était jeune, si bien que le rêve de faire des études supérieures était l'objectif principal de Sanna Marin, alors âgée de 18 ans.

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À 27 ans, Sanna Marin a été diplômée de l'université de Tampere et, après avoir réalisé son rêve, elle fait des plans de carrière grandioses. À 21 ans, elle rejoint le SPD où, huit ans plus tard, elle devient vice-premier ministre du parti, avec Antti Rinne. Bien qu'elle soit entrée en fonction en tant que Thémis, réglant les revendications des grévistes, l'attitude de l'opinion publique à l'égard de Marin est passée du vif enthousiasme grâce à sa jeunesse à un franc mécontentement.

L'inauguration a été accompagnée sur les médias sociaux par le hashtag #newgeneration, c'est ainsi que la Finlande a été baptisée après la victoire électorale de Marin: ce n'était plus un conte de fées nordique, mais la patrie de la "nouvelle génération". Bien que les médias sociaux ne soient pas populaires en Finlande, Sanna Marin tient son propre blog, où elle partage non seulement des textes ou des informations sur ses réalisations dans le domaine social, mais aussi sur l'éducation de sa fille.

Mais comment se fait-il que les slogans optimistes de Sanna Marin en 2019 aient conduit aux grèves les plus massives de l'histoire finlandaise en 2023, puis à l'adhésion officielle de la Finlande à l'OTAN et au déclin du SDPF ?

Les deux années difficiles de la pandémie ont laissé leur marque sur la ligne du parti et la position de la population active en Finlande. Politico a qualifié Marin de "star de la gauche européenne", mais a souligné que les préoccupations des citoyens concernant l'économie avaient coûté la victoire électorale aux sociaux-démocrates. Progressivement, la question de la détérioration des conditions de travail et des pressions croissantes exercées sur la plupart des industries, tant pendant la pandémie coronavirique qu'après celle-ci, a fait son chemin dans la société. Le ressentiment s'est transformé en une grève de deux mois qui a affecté la vie quotidienne des Finlandais dans tout le pays. Les chauffeurs, les nettoyeurs, les fournisseurs, les vendeurs, les enseignants, les médecins, les dockers et les travailleurs de l'industrie se sont mis en grève. Les rayons des supermarchés et des épiceries finlandaises se sont rapidement vidés de leurs fruits, légumes et autres articles remplissant généralement le panier de la ménagère.

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Dans le contexte de ces grèves, la nouvelle de la construction d'une barrière entre la Finlande et la Russie, s'étendant jusqu'à 200 kilomètres, a commencé à faire surface. L'opinion publique a été inégalement divisée, la majorité ne soutenant pas la politique de rupture avec la Russie et l'interruption totale des relations commerciales et économiques. En outre, la Finlande est sur une liste d'attente permanente depuis six mois pour sa candidature à l'adhésion à

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samedi, 20 mai 2023 | Lien permanent

Le phénomène turkmène

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Le phénomène turkmène

Ex: https://katehon.com/ru/article/fenomen-turkmenii

L'une des anciennes républiques soviétiques les plus fermées montre des merveilles de résilience. Cependant, il y a aussi ses faiblesses.

Presque immédiatement après l'effondrement de l'URSS, Achkhabad a proclamé une politique de "neutralité", qui a finalement conduit à un isolement de facto par rapport aux anciens alliés soviétiques. Cette politique est le résultat d'un choix personnel du président Saparmurat Niyazov. Une analyse objective de ce qui se passe dans la république est difficile car de nombreuses données ne sont pas rendues publiques ou sont publiées sous une forme délibérément déformée.

Le Turkménistan a hérité de l'Union soviétique d'importantes ressources souterraines, notamment du gaz naturel, dont les réserves prouvées le placent au quatrième rang mondial. Aux dépens du budget général de l'URSS, les industries d'extraction et de transformation - pétrole et gaz, chimie et construction de machines - ont été construites dans la république dans les années 1990. Saparmurat Niyazov s'était initialement fixé pour objectif de construire une économie qui combinerait des éléments des principes du marché avec la domination de l'État, créant ainsi un système de capitalisme monopolistique d'État aux caractéristiques asiatiques. Comme ses voisins de la région, le Turkménistan a entrepris un certain nombre de réformes après l'effondrement de l'URSS, principalement liées à la formation d'autorités et de structures de gouvernance spécifiques, ainsi que d'institutions économiques de base.

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Toutefois, contrairement aux autres pays du P5 d'Asie centrale, les réformes du Turkménistan étaient de nature limitée, voire quasi-marchande, et visaient à adapter le secteur des exportations de l'économie nationale à l'intégration aux marchés extérieurs des matières premières et, en partie, des capitaux. À tous les autres égards, le rôle prédominant de l'État, avec des inclusions de socialisme, devait être maintenu. Dans un premier temps, Achkhabad a été contraint d'entretenir les relations les plus étroites possibles avec Moscou : seule la Russie pouvait garantir la sécurité de la république post-soviétique la plus méridionale. Dans les premières années de l'indépendance, de nombreux officiers russes ont servi dans l'armée du Turkménistan. Pour cette raison, les citoyens russophones du pays ont été autorisés à posséder une double nationalité jusqu'au début des années 2000. Cependant, en termes de priorités de développement, Ashgabat s'est de plus en plus concentré sur la nature fermée de son économie. Dans les années 2000, le Turkménistan a créé un modèle d'économie fusionnée avec l'État, qui est devenu le principal distributeur et contrôleur des ressources matérielles et financières. Une monnaie nationale, le manat, a été mise en circulation, un système bancaire à deux niveaux dominé par des banques d'État a été mis en place et les systèmes budgétaire et fiscal ont été restructurés. Les investissements étrangers et les investissements en capital propre ont été orientés vers la création de grandes entreprises industrielles, parmi lesquelles il faut mentionner la raffinerie de pétrole de la ville de Turkmenbashi, l'aéroport d'Ashgabat, les entreprises de traitement du coton et de production de produits textiles prêts. Mais le cours des réformes du marché a été plutôt lent. On peut dire que les principales réformes se sont développées après 2007, sous le deuxième président, Gurbanguly Berdymukhamedov. En particulier, le marché des valeurs mobilières, y compris le marché des valeurs mobilières d'État, n'a été établi que dans les années 2010.

Le changement de pouvoir a été un événement marquant pour le Turkménistan. Le 21 décembre 2006, Niyazov est décédé d'une crise cardiaque. Les rênes du pouvoir sont passées de manière inattendue à Gurbanguly Berdymukhamedov, 49 ans, qui aurait été choisi par le Turkmenbashi lui-même pour lui succéder. Il avait déjà été vice-premier ministre du Turkménistan pendant cinq ans. La passation de pouvoir s'est déroulée de manière impressionnante. Cependant, aucun miracle ne s'est produit : le nouveau président a globalement poursuivi le cours politique et économique de son prédécesseur et mentor, à savoir "geler" le Turkménistan, en remplaçant le culte de la personnalité de Niyazov par le sien. Et pourtant, pendant un certain temps, il y a eu quelques progrès dans la vie sociale et économique. Les bibliothèques qui avaient été fermées en 2005 par le décret de Saparmurat Niyazov ont été rouvertes, les dix années de scolarité, précédemment réduites d'une année, ont été rétablies, l'Académie des sciences a été relancée et l'institution d'études de troisième cycle et de doctorat dans les universités du pays a été relancée.

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En 2013-2014, les écoles sont passées à un système éducatif de douze ans. Des programmes publics ont été lancés pour soutenir la formation de spécialistes locaux à l'étranger, dans des pays tels que la Malaisie et la Turquie, dans une série de professions requises par le secteur pétrolier et gazier. Ces réformes visaient non seulement à indiquer un vecteur de développement légèrement plus libéral que son prédécesseur, mais aussi à rétablir les qualifications du personnel de direction. Dans l'ensemble, cependant, malgré des réformes structurelles limitées, la production et les exportations de gaz constituent toujours l'épine dorsale de l'économie turkmène sous le nouveau président. Cela entraîne une forte dépendance du budget aux prix mondiaux des produits de base, et aucun mécanisme n'a été créé pour atténuer les effets négatifs des changements défavorables de la situation du marché du commerce extérieur, ce qui a déjà obligé les autorités à commencer à réduire les programmes sociaux depuis le milieu des années 2010. Les seules évolutions positives sont perceptibles dans l'agriculture : le Turkménistan a non seulement réussi à atteindre l'autosuffisance en céréales, dont les cultures se sont développées au détriment du coton, mais il a également commencé à exporter du blé.

La privatisation post-soviétique au Turkménistan a été extrêmement modeste, se limitant au transfert aux mains du secteur privé de petites entreprises, principalement dans les services, le commerce et l'agriculture. Les terres et le sous-sol sont restés propriété de l'État, et il n'existe toujours pas de marché foncier. L'épine dorsale de l'économie turkmène depuis le début du XXIe siècle est constituée de grandes entreprises et banques d'État. La plupart d'entre eux sont des monopolistes dans leur domaine, notamment le complexe pétrolier et gazier, qui représente plus d'un tiers du PIB du Turkménistan. La production de gaz est concentrée au sein de l'entreprise publique Turkmengaz, qui exploite plus de 30 champs, dont Dovletabad, Shatlyk, Malay et Kerpichli. La production de pétrole est assurée par l'entreprise publique Turkmenneft, tandis que l'exploration géologique est assurée par Turkmengeologiya. Aux dépens des revenus pétroliers et gaziers, jusqu'en 2019, la population s'est vu fournir gratuitement, mais dans la limite de quotas établis par l'État, certains services de logement et d'utilité publique, ainsi que certains produits de première nécessité : carburant pour les propriétaires de voitures, sel et pain. Il s'agissait d'une sorte de contrat social sous Saparmurat Niyazov, qui était orienté vers la pratique des "pétrocraties" du Moyen-Orient - Arabie saoudite, Qatar, EAU. À son initiative, une stratégie de développement économique, politique et culturel sur sept ans a été adoptée en 2003 pour le Turkménistan, l'accent étant mis sur l'amélioration du niveau de vie. Il a promis d'augmenter les salaires au rythme impressionnant de 20 à 25 % par an, de multiplier par 5,3 le financement public des programmes sociaux et de préserver la gratuité de l'enseignement et des soins de santé. Cette stratégie avait des taux de croissance économique et industrielle absolument fantastiques, de 22 à 24 % en moyenne par an.

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Mais dans la pratique, la plupart des dispositions de ce document n'ont jamais été appliquées, ni en termes de croissance des revenus réels de la population, ni en termes de paramètres quantitatifs du développement économique et industriel. En outre, le Turkménistan est le seul pays post-soviétique dont les performances macroéconomiques ne bénéficient pas de la confiance des experts internationaux. Même le FMI a fini par abandonner l'utilisation des statistiques officielles turkmènes et a basé ses publications sur des estimations générées par la mission du FMI. Les recettes d'exportation n'ont pas été utilisées pour diversifier l'économie. Ils ont surtout été utilisés pour maintenir un certain niveau matériel de la population du pays dans le cadre d'un consensus social imposé d'en haut, mais sans grand succès. Il en résulte un gel du développement socio-économique du pays, un taux de chômage élevé, la dégradation humaine d'une population déjà peu urbanisée et le délabrement des systèmes de santé et d'éducation. Pour financer les projets prestigieux, le Turkmenbashi a ordonné la fermeture de tous les hôpitaux en dehors de la capitale, et la quasi-totalité de l'enseignement primaire a été concentrée sur l'étude du "livre saint", le Ruhnama. Cette évolution s'est accompagnée d'un exode notable de la population urbaine russophone, généralement instruite et hautement qualifiée.

Il y a également eu un revirement dans la politique de commerce extérieur. Saparmurat Niyazov, malgré son penchant pour l'isolationnisme, a préféré utiliser les liens économiques qu'il avait déjà établis avec la Russie et hérités du système économique unique de l'URSS. De ce fait, le gaz turkmène a été exporté vers la Fédération de Russie et l'Ukraine, ainsi que vers d'autres pays de la CEI par l'intermédiaire de Gazprom, et les livraisons ont dépassé 40 milliards de mètres cubes par an. Mais un conflit gazier a éclaté avec Moscou en 2007 au sujet des prix et des conditions de transit par le réseau de pipelines principaux russes, et le Turkménistan a alors commencé à mener une politique plus multisectorielle, à la recherche de nouveaux clients plus fiables. La Russie a finalement accepté d'acheter davantage de gaz et d'augmenter son prix d'achat, tandis que Gazprom devait commencer à construire un gazoduc est-ouest reliant les gisements de la province de Mary à l'infrastructure existante du gazoduc de la Caspienne. Cependant, en 2009, Achgabat a annoncé un appel d'offres international pour le projet, et un an plus tard, elle a annoncé qu'elle construirait elle-même les conduites. Cela a marqué la fin du partenariat gazier russo-turkmène, qui s'est traduit dans les années 2010 par le refus total de la Russie d'acheter du gaz naturel au Turkménistan. Dans ces circonstances, Ashgabat a commencé à se recentrer sur l'établissement de relations avec Pékin.

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Assez rapidement, la Chine est devenue un investisseur majeur dans le secteur du pétrole et du gaz. Trois tronçons du gazoduc Turkménistan-Ouzbékistan-Kazakhstan-Chine ont été construits avec son soutien financier, et un quatrième est actuellement en cours de construction. Il reliera les infrastructures gazières du Turkménistan, de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizstan pour fournir du gaz à la partie méridionale et centrale de la région autonome chinoise de Xinjiang-Uygur. En outre, la RPC investit massivement dans le traitement et la production de gaz turkmène : la China National Petroleum Corporation finance le développement des champs prometteurs du projet Galkynysh, et de nouvelles usines de traitement du gaz sont construites sur la rive droite de l'Amou-Daria. Toutefois, l'activité chinoise dans ce domaine se limite essentiellement à la purification du gaz extrait des impuretés et de l'humidité en vue de son exportation ultérieure vers la Chine.

Bien que les statistiques sur le partenariat gazier turkmène-chinois soient aussi fermées que possible, les experts estiment que la Chine contrôle en réalité plus de 80 % des exportations de gaz turkmène et 2/3 du traitement du gaz. Dans le même temps, la plupart des fournitures sont considérées comme des remboursements des prêts interétatiques qu'Ashgabat a obtenus de Pékin au cours des 10 à 12 dernières années, et ne profitent guère à l'économie ou au budget du pays. Et la manière traditionnelle dont la Chine met en œuvre des projets de construction conjoints en utilisant uniquement ses propres entreprises et sa propre main-d'œuvre provoque un mécontentement croissant au sein d'une population qui souffre de bas salaires et d'un chômage élevé. En d'autres termes, en acceptant un accord gazier avec Moscou, Achkhabad a simplement échangé sa dépendance à l'égard d'un acheteur contre une dépendance encore plus grande à l'égard d'un autre, et dans des conditions bien pires. L'économie turkmène, qui a perdu son élan sous le poids de ses problèmes accumulés, prend de plus en plus de retard, même par rapport à certains de ses voisins. Toutefois, selon certaines estimations, il existe déjà des perspectives de retour à une coopération gazière russo-turkmène à long terme.

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Le Turkménistan est le plus vulnérable en termes de sécurité conventionnelle, à savoir les conflits armés. Si les forces de sécurité intérieures du pays sont relativement efficaces pour empêcher le développement de sentiments dissidents et radicaux (d'après les sources ouvertes), la périphérie extérieure présente des zones vulnérables. A savoir, la frontière avec l'Afghanistan. Pendant la période de confrontation entre les talibans (interdits dans la Fédération de Russie) et les autorités officielles, les premiers ont utilisé la frontière avec le Turkménistan comme une sorte de camp d'entraînement, en bombardant les postes frontières. Incapable de résoudre le problème de quelque manière que ce soit, la partie turkmène a préféré payer les talibans en leur offrant des biens, du carburant et des lubrifiants en échange d'un cessez-le-feu. Il y a maintenant une accalmie à la frontière turkmène-afghane. Cependant, cette direction représente toujours le plus grand danger pour Ashgabat. Néanmoins, les dirigeants du pays restent attachés au principe de neutralité totale, sans conclure d'accords politico-militaires.

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samedi, 05 février 2022 | Lien permanent

L'uomo che cavalcava la tigre

L'uomo che cavalcava la tigre. Il viaggio esoterico del barone Julius

di Andrea Scarabelli

Ex: http://www.juliusevola.it

img781.jpgQuello che presentiamo è un autentico viaggio, realizzato attraverso le opere pittoriche evoliane, che ripercorre le tappe fondamentali della vita di quello che è uno dei protagonisti della cultura novecentesca. Un viaggio nel quale Evola non è una semplice comparsa ma autentico medium delle sue opere, trascinando il lettore all'interno del suo mondo, biografico ma soprattutto metabiografico.

Un passo per volta, però. Lo sfondo di queste pagine è il vernissage di un'ipotetica esposizione: “Ea, Jagla, Julius Evola (1898-1974), poeta, pittore, filosofo. Il barone magico. Attraverso questa Mostra, promossa dalla Fondazione Julius Evola, conosceremo l'Evola pittore futurista e dadaista. È questa la prima retrospettiva a lui dedicata nel XXI secolo” (p. 13). Henriet ci invita a questa esposizione immaginaria, all'interno della quale ogni dipinto prende vita, inaugura una dimensione metatemporale e ci conduce attraverso le sillabe alchemiche dell'universo pittorico evoliano. Senza però fermarsi alle tele, a futurismo e dadaismo ma estendendosi all'interezza della “tavolozza dai molti colori dell'Irrazionalismo evoliano” (p. 13), momento altresì fondamentale per accedere alla cultura continentale novecentesca. E chi conosce il pensiero di Evola sa bene che tipo di valenza conferire al termine “irrazionale”...

Ad accompagnare il lettore altri non è che Evola stesso, a volte sostituito dal suo doppio Ea (uno degli pseudonimi con cui questi firmava taluni dei suoi contributi su Ur e Krur, alla fine degli anni Venti). Ogni dipinto “esposto” in quella che può considerarsi una galleria anzitutto interiore ridesta nel filosofo ricordi, universi, dimensioni – realtà. In ognuno dei ventisei capitoli che costituiscono il volumetto – molti dei quali recano, non casualmente, i titoli di opere evoliane, come Five o' clock tea, Nel bosco e Truppe di rincalzo sotto la pioggia – il lettore percorre i labirinti di Evola, ognuno dei quali avente una via d'accesso differente ma tutti diretti verso il cuore della sua Weltanschauung.

In questa dimensione, a metà tra la realtà fisica ed una onirico-allucinatoria, personaggi reali interagiscono con figure fantastiche – questo l'intreccio, abilmente restituito dalle pagine di Henriet. Non è difficile così scorgere un Evola intento a leggere recensioni dei suoi dipinti sulle colonne di riviste intemporali, intrattenere conversazioni con personaggi fantastici, percorrere dimensioni ontologiche ultraterrene. Ma, al contempo, a questi itinerari sono accostati momenti storici ben precisi, con il loro corollario umano - appaiono allora Arturo Reghini, Sibilla Aleramo, Arturo Onofri, Giulio Parise e gli iniziati del Gruppo di Ur.

Ed ecco evocati, come d'incanto, gli anni Venti, delle avanguardie e dei cenacoli esoterici. Ecco le feste organizzate dagli aristocratici, frequentate dal giovane Evola, nella fattispecie una, tenutasi per festeggiare la fine della Prima Guerra Mondiale: “Julius è vestito di nero, ed ha il volto coperto da una maschera aurea, provvista di un lungo naso conico” (p. 16). È l'unico, in Italia, tra i futuristi, ad apprezzare l'arte astratta. Il futurismo non è che una maschera, gli rivela la duchessa de Andri, organizzatrice della festa, liberatevene. E, tra le boutade di Marinetti e gli abiti disegnati da Depero, “egli andò oltre” (p. 22).

Non è che l'inizio: la realtà onirica diviene visione “vera” e simboli percorrono le trame dei vari capitoli, rendendoli interdipendenti tra loro: l'ape austriaca che, muovendosi a scatti con un ritmo metallico, si posa sulla tela appena conclusa di Truppe di rincalzo sotto la pioggia è la stessa che accompagna il giovane poeta Arturo Onofri tra i colpi delle granate della Grande Guerra, nella quale “la voce di Evola è a favore degli Imperi Centrali: l'Austria e la Germania” (p. 26).

Attraversati gli scandalismi e i manifesti futuristi, percorso il nichilismo dadaistico, il cammino del cinabro evoliano procede: “In un dorato pomeriggio autunnale, in Roma, nel 1921, alle ore 17, infine Evola capì. Aveva da poco smesso di dipingere. Quell'esperienza artistica era giunta alla fine, nel senso che le sue potenzialità creative si erano esaurite: tutto quel che poteva fare attraverso i quadri per procedere nella sua ricerca interiore, ebbene, lo aveva fatto” (p. 28). Alle 17.15, Evola si libera del suo doppio dadaista per procedere oltre, dopo l'abisso delle avanguardie per poi risalire, senza incappare nell'impasse dell'inconscio freudiano surrealista e della scrittura automatica. Via, verso Ur e Krur, La Torre e la sua rivolta contro la tirannia della modernità.

Come già detto, il percorso tracciato da Henriet non si arresta all'esaurimento della fase artistica, ma procede, percorrendo tutte le sue fasi fondamentali. Un altro frammento di realtà, trasfigurato e sublimato nelle serpentine dell'ermetismo pittorico del futuro filosofo: il XXI aprile 1927, dies natalis Romae, coglie il Nostro affacciato alla finestra di una torre – non d'avorio ma “di nera ossidiana” – mentre assiste da lontano ad una parata. “Tutta l'Urbe è in festa, ma Ea preferisce restarsene da solo, nel proprio salone. Per lui, in fondo, il fascismo è troppo plebeo” (p. 41). Ed ecco comparire, a cavallo di farfalle che sorvolano la Città Eterna, gli altri membri del Gruppo di Ur, quasi a formare una delle loro catene nei cieli liberi sopra la città, sopra il mondo intero, al di sopra della storia. Henriet rievoca qui le vicende legate alla celebre Grande Orma (episodio con retroscena ancora da scoprire, come testimonia il recente ottimo libro di Fabrizio Giorgio, Roma Renovata Resurgat, Settimo Sigillo, Roma 2012): “Nel 1923 hanno donato al capo del Governo un fascio formato da un'ascia di bronzo che proviene da una misteriosa e antica tomba etrusca, e dodici verghe di betulla, legate con strisce di cuoio rosso” (p. 42). La Tradizione porge la mano alla Storia, aspettando una risposta. Sono anni cruciali, questi, nei quali in poche ore possono decidersi non solo i destini di un decennio ma le sorti di un'intera civiltà. Riuscirà il fascismo a farsi depositario del proprio destino romano? Sono in molti a chiederselo. Attonito, Evola assiste al Concordato, al vanificarsi di un sogno, “ancora una volta è solo”, “uno spirito libero e aristocratico, fuori tempo e fuori luogo” (p. 42): in una parola, inattuale, in senso nietzschiano. Così, mentre le piazze gorgogliano dei singhiozzi gioiosi di quegli stessi che all'indomani del fallimento del fascismo prepareranno le forche e accenderanno i roghi, Evola se ne rimane in disparte. Alla fine della scena, una camicia nera emerge dal buio della notte, gli si avvicina, pronunciando, con una voce d'acciaio, queste parole: Il Natale romano è finito, barone. Da ora in poi, il destino degli eventi a venire è già scritto.

Ed ecco la Seconda Guerra Mondiale, la guerra civile europea, l'inizio di un nuovo ciclo, sul quale già pesa il presagio dell'ipoteca. Il viaggio nella prima mostra evoliana del XXI secolo continua, tra anticipazioni e retrospettive. Nella camera magica, Evola vede quello che sarà il suo destino: “In piedi, tra le rovine fumanti d'Europa, al termine della Seconda Guerra Mondiale, si aggira per Vienna. 1945. Una visione di morte. La tigre diventa metallo: la carne si solidifica” (p. 47). Sbalzato contro un muro dallo spostamento d'aria causato da una bomba, trascorrerà il resto della sua esistenza affetto da una semiparalisi degli arti inferiori.

Il Barone è costretto su una carrozzella, novella tigre d'acciaio. Il secondo dopoguerra. Con una certa ironia (che non sarebbe dispiaciuta al Barone ma che forse non piacerà a certi “evolomani”, come scrive Gianfranco de Turris nella sua Introduzione) l'autore immagina che proprio a cavallo di questa nuova tigre il Nostro continui la sua battaglia. Inizia a dipingere copie dei suoi dipinti degli anni Venti, dispersi (ossia venduti) durante la celebre retrospettiva del 1963. Eppure, anche in questa nuova situazione, si profilano nuovi attacchi, nuove situazioni da superare, come i Rivoluzionari del Sesso (evidente richiamo alle dottrine di Wilhelm Reich). Ed ecco gli Anti-Veglianti, Signori dell'Occhio, che tentano di impiantare un Occhio televisivo al posto di quelli biologici, teso ad uniformare Evola al mondo moderno, alla tirannia dell'homo oeconomicus e dei Mezzi di Comunicazione di Massa, che al terzo occhio ne sostituiscono uno artefatto e anestetizzante, che riduce l'uomo a Uomo Banale e Mediocre. Ma Evola riesce a fuggire.

Ennesima anticipazione: questa volta in alta montagna, molti passi sul mare, ancora di più sull'uomo, come aveva scritto Nietzsche. Eccolo assistere in anteprima alla deposizione delle sue ceneri sul ghiacciaio del Lys. Allucinato da uno dei suoi quadri, Evola ha una visione di quel che sarà: “Il vento spira freddo, la luce del sole è netta, brillante. Il silenzio domina tutto. I ghiacci eterni scintillano. V'è una gran quiete, tesa, nervosamente carica di energia in potenza” (p. 36). Per disposizione testamentaria, il suo corpo viene cremato, le ceneri disperse sulle Alpi. Così vive la propria morte Ea, Jagla, il Barone – nel libro non la conoscerà mai più, fisicamente. Si addormenterà, sognando un'intervista realizzata per la televisione svizzera nei primi anni Ottanta. Il “diamante pazzo” che scaglia bagliori qua e là, illuminando ora l'uno ora l'altro frammento del firmamento occidentale, è seduto “sulla sua tigre a dondolo, in legno aromatico e dai colori smaltati in vernice brillante” (p. 67). Certo, pensa Evola beffardamente, parlare di certe cose nel mondo moderno, servendosi dei media (chissà che avrebbe pensato oggi, nell'epoca della Rete...), non è certo ottimale. Comincia a dubitare della sua decisione di concedere l'intervista. Questa posizione a cavallo della tigre comincia ad apparirgli un po' scomoda. Risponde alle domande, ribadendo le proprie posizioni di fronte al neospiritualismo, alle censure di certe cricche intellettuali e via dicendo. Ma la realtà del suo sogno inizia a sfaldarsi. Il suo pellegrinaggio nel kali-yuga lo ha prosciugato: “Evola non immaginava che sarebbe stato così difficile. Il sogno della realtà è diventato un caos indistinto di colori acidi” (p. 71). Abbandonandosi al disfacimento dell'architettura onirica nella quale si vive morente, si spegne, “gli occhi accecati da una radianza aurea intensissima” (Ibid.). Il confine tra sogno e realtà è disciolto per sempre: Evola, che aveva visto la propria fine vivente in uno dei suoi quadri, ora vive la propria morte in un sogno.

Scritto con un registro stilistico iperbolico ed evocativo, il libro di Henriet, come messo a fuoco da de Turris nella già citata introduzione, non è però solo una rassegna di queste esperienze, quanto piuttosto una ricognizione sul senso dell'interezza del sentiero del cinabro, portato a stadio mercuriale durante il corso della vita del Nostro. Come è noto, a partire peraltro dalla sua biografia spirituale, il Cammino del cinabro, Evola diede pochissimo spazio a dettagli di ordine personale, preferendo ad essi un'impersonalità attiva fatta di testimonianze ed opere. In uno degli ultimi capitoli, Henriet scrive: “Della vita privata di Ea si sapeva poco, era come se non gli fosse accaduto nulla di personale. Egli era semplicemente il mezzo, uno dei possibili, attraverso i quali l'Io originario – la Genitrice dell'Universo, una delle Madri di Goethe – operava su quel piano della realtà, governato dalle regole del tempo e dello spazio” (p. 62). In questo può risolversi l'esercizio della prassi tradizionale, per come interpretata dal filosofo romano. Una azione nella quale l'essere un mezzo di istanze sovraindididuali non annichilisce l'Io, come vorrebbero invece talune spiritualità fideistiche sempre avversate da Evola, ma lo potenzia, finanche a realizzarlo in tutti i suoi molteplici stati. Un monito, questo, quanto mai attuale, tanto per accedere all'universo evoliano quanto per attraversare illesi il mondo moderno, sopravvivendo alle sue chimere e fascinazioni.

Alberto Henriet, L'uomo che cavalcava la tigre. Il viaggio esoterico del barone Julius. Presentazione di Gianfranco de Turris, Gruppo Editoriale Tabula Fati, Chieti 2012, pp. 80, Euro 8,00.

 



titolo: L'uomo che cavalcava la tigre. Il viaggio esoterico del barone Julius

autore/curatore: Andrea Scarabelli
fonte: Fondazione Julius Evola
tratto da: http://www.fondazionejuliusevola.it/Documenti/recensioneScarabelli_Sito.doc
lingua: italiano
data di pubblicazione su juliusevola.it: 10/06/2013

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dimanche, 17 novembre 2013 | Lien permanent

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