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lundi, 08 avril 2024

La fonction religieuse et astronomique des monuments mégalithiques

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La fonction religieuse et astronomique des monuments mégalithiques

Mario Alinei & Francesco Benozzo

Source: https://melmothlibros02.blogspot.com/2024/04/la-funcion-religiosa-y-astronomica-de.html

La fonction astronomique des mégalithes, en particulier en relation avec leur fonction religieuse, est peut-être leur aspect le plus fascinant.

Niée avec obstination par les spécialistes jusqu'à récemment, elle est aujourd'hui universellement acceptée, après qu'Atkinson [1979] l'a clairement démontrée pour Stonehenge. Par la suite, cette fonction a été vérifiée pour les autres monuments.

Comme le dit Cunliffe (2001), même si "une partie de ce qui a été écrit est complètement fallacieux et une autre partie n'est pas prouvée, il reste un fait indiscutable que plusieurs de nos tombes mégalithiques les plus impressionnantes ont été conçues avec une immense habileté pour se rapporter précisément à d'importants événements solaires ou lunaires".

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Il suffit de rappeler, parmi les exemples les plus connus, que la tombe irlandaise de Knowth (ci-dessus) a une orientation équinoxiale, associée au début de la saison des semailles et des récoltes.

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Newgrange (ci-dessus), situé à peu de distance de Knowth, est l'un des cas les plus illustratifs. Il s'agit d'un sanctuaire mégalithique, daté entre 2475 et 2465 avant J.-C., qui consiste en une tombe à couloir.

La tombe a été construite de telle sorte que la ligne du couloir ou du passage d'accès à la chambre centrale était orientée vers le point de l'horizon où le soleil se lève le 21 décembre, le jour du solstice d'hiver le plus court de l'année (en termes religieux modernes, le jour de Noël).

La fonction à la fois scientifique et religieuse du monument est ici évidente. Le solstice, que le monument "capture" avec une précision absolue, marque à la fois la fin du principal cycle annuel de la nature, le cycle agricole, et l'aube d'un nouveau cycle : la nuit de la Saint-Sylvestre.

De plus, la lumière du soleil solsticial tombant sur le tombeau au centre du monument, il est clair que la résurrection du soleil devait impliquer celle des morts et assurer la même renaissance à tous les vivants, héritiers ou sujets de l'enseveli.

L'importance de ces observations pour l'interprétation des mégalithes est énorme, car elle permet de comprendre le lien entre la résurrection du soleil et la résurrection des morts. Plus généralement, la fonction du monument était à la fois scientifique, funéraire et magico-religieuse.

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Les fouilles récentes ont également montré que les alignements, c'est-à-dire les rangées simples ou multiples de pierres placées les unes à côté des autres (très répandus en Bretagne) ont probablement une fonction mixte, rituelle et astronomique (cette dernière étant liée aux collines environnantes).

Les études menées au cours des vingt dernières années ont fourni des preuves statistiques impressionnantes que les bâtisseurs de mégalithes et les communautés mégalithiques observaient constamment le cycle de la lune.

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Un exemple emblématique est Le Grand Menhir Brisé en Bretagne, aujourd'hui interprété comme le plus grand observatoire lunaire de l'Europe néolithique.

MARIO ALINEI - FRANCESCO BENOZZO : Origines des mégalithes européens

Rationnement numérique

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Rationnement numérique

par Georges FELTIN-TRACOL

De 2014 à 2017, Najat Vallaud-Belkacem occupa le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sous la présidence du calamiteux François « Flamby » Hollande. Sous sa direction catastrophique, la bureaucratie pédagogiste déconstruisit encore plus les programmes de français, de mathématiques et d’histoire – géographie, et introduisit sans grand succès immédiat le gendérisme. Contre la bonne vieille notation sur dix ou sur vingt, elle encouragea une « évaluation » positive, simpliste et compréhensible par tous, censée valoriser les progrès de l’élève et qui accompagne ses initiatives superficielles.

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En militante socialiste zélée, elle avait auparavant exprimé son envie d’accorder aux élections locales le droit de vote des étrangers présents en France depuis au moins cinq ans. Battue aux élections législatives en 2017, elle se retire de la vie politique politicienne. Dès 2019, l’éditeur Fayard l’engage pour animer la collection « Raison de plus ». Elle organise en parallèle à Sciences-Po Paris, ce guêpier wokiste, un plan en faveur de l’égalité femmes – hommes dans les politiques publiques. En 2020, elle devient la directrice de la branche française de l’ONG One. Fondée par le chanteur Bono du groupe U2, cette association lutte contre l’extrême pauvreté et les maladies infectieuses en Afrique. En 2022, elle prend enfin la présidence de l’ONG France Terre d’Asile, une officine subventionnée qui contribue à la subversion migratoire et au grand remplacement démographique.

C’est à ce double titre qu’elle publie une tribune parue le 18 mars 2024 « Libérons-nous des écrans, rationnons Internet ! ». S’agit-il d’un texte politique ? Oui ! En 2021, elle entre au conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes dans lequel elle dirige le groupe Socialistes, écologistes et démocrates. Pourquoi ne mentionne-t-elle pas son mandat politique ? En aurait-elle honte ou bien le cacherait-elle ?

Sa contribution critique l’usage d’Internet qui « est moins souvent une solution qu’un facteur aggravant ». Toutefois, ne rêvons pas ! L’autrice n’a pas rallié les néo-luddites et semble toujours méconnaître les essais de Jacques Ellul, de Bernard Charbonneau et d’Ivan Illich. Elle affirme qu’« il y a une urgence numérique comme il y a une urgence climatique. Elle ne consiste pas à envoyer dans l’espace des satellites supplémentaires, mais à débrancher la prise, à éteindre nos écrans et à commencer à revivre, enfin ». Relevons que, pour elle, l’urgence migratoire n’existe pas…

Ainsi envisage-t-elle « une action politique d’ampleur, dont les conséquences seront bénéfiques à bien des niveaux : en terme de développement cognitif, pour la santé, mais aussi pour lutter contre les discriminations, le harcèlement, le réchauffement climatique », etc. Elle souhaite aussi que « la contrainte vienne d’ailleurs : donc de la loi, donc de l’État ». Quelle serait cette action contraignante majeure ? Najat Vallaud-Belkacem propose « de rationner internet, par exemple en accordant un nombre limité de gigas à utiliser quotidiennement ». Elle met « giga » au pluriel comme s’il s’agissait d’une unité de mesure quelconque alors que l’usage correct serait d’écrire « giga-octets ». Cette putophobe revendiquée qui a fait adopter une sinistre loi misandrique pénalisant les clients des prostituées n’aurait certainement pas mentionné des... « méga-bits » !

Pour elle, « une telle mesure est profondément progressiste: parce qu’elle permet concrètement de faire face à l‘une des grandes sources de pollution – le numérique; parce qu’elle favorise la lutte contre le cyberharcèlement et les violences et les discriminations en ligne ». Pourquoi ? « Si nous savons que nous n’avons que trois gigas à utiliser sur une semaine, nous n’allons sans doute pas les passer à mettre des commentaires haineux ou fabriquer des fakes. » L’usager désormais limité ne consulterait plus les sites pornographiques ou des vidéos en ultra haute-définition. Raisonnement spécieux ! En pratique, ce sera surtout une censure préventive à l’encontre des sites non conformes de ré-information. L’accès à Radio Méridien Zéro deviendrait peut-être plus difficile.

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Paraphrasant le théoricien de la « sobriété heureuse », Pierre Rabhi, l’ancienne ministresse se félicite que « la rareté oblige à une certaine sagesse ». Elle réclame même le retour du papier, du stylo et des crayons ! Elle sait que les écoles de la Silicon Valley ont abandonné maint équipement informatique au profit de ces outils classiques... Un lecteur décroissant assidu de Serge Latouche pourrait s’en réjouir si Najat Vallaud-Belkacem, à l’époque en fonction rue de Grenelle, n’avait pas signé en 2015 un partenariat avec la multinationale Microsoft. Elle somma en outre de distribuer à tous les élèves une tablette qui fonctionne rarement. Elle insista pour que toutes les disciplines organisent des séances en salle informatique. N’assiste-t-on pas là à un arroseur arrosé 2.0?

Membre de tous les gouvernements de Hollande, elle fut solidaire de son bilan. N’est-ce pas sous ce quinquennat déplorable que s’accéléra la dématérialisation des services publics ? Sauf cas vraiment exceptionnel, tous les contribuables français doivent désormais faire leur déclaration fiscale en ligne. Ce temps serait-il comptabilisé dans l’hypothétique rationnement numérique ? Et comment se débrouiller dans ce cadre restrictif avec Parcoursup ou la prise de rendez-vous médical en ligne ? L’actuelle titulaire à l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, vient de suspendre la messagerie interne de l’espace numérique de travail des collégiens et des lycéens à la suite de piratages commis par des terroristes ou des mauvais plaisantins. Élèves, enseignants, parents d’élèves et personnels de direction se retrouvent en partie démunis, preuve que la numérisation du monde scolaire s’ancre dorénavant profondément.

En excellente socialiste, Najat Vallaud-Belkacem propose d’interdire, de réglementer, de brimer, de contrôler, de pénaliser et de punir des comportements privés. En effet, ce possible contingentement serait un indéniable empiétement du domaine public sur la dimension privée. Une nouvelle fois, la distinction entre le privé et le public s’estompe dangereusement. Or comment pourrait-on rationner Internet alors que les autorités publiques peinent déjà à éliminer les points de deal ? Faut-il imaginer que tous les appareils informatiques intègrent un mouchard obligatoire ? Les données personnelles ne risquent-elles pas d’être aspirées et détournées par des États soumis aux transnationales mondialistes (les GAFAM, par exemple) ?

Dans une tribune collective parue dans Le Monde du 18 janvier 2024, « Agissons enfin contre les pédocriminels en ligne ! » signée, entre autres, par Laurence Rossignol, sénatrice socialiste du Val-de-Marne, et Ursula Le Menn, d’Osez le féminisme, soutient le règlement dit européen qui « impose aux plates-formes de détecter, signaler et supprimer les vidéos des crimes sexuels sur mineurs ». Cette tribune réclame « l’adoption du texte initial, avec une détection systématique jusque dans les messageries privées ». Derrière les bonnes et louables intentions affichées se cachent des dispositions liberticides préoccupantes. Les satrapes du premier tiers du 21ème siècle se féminisent… La demande de Najat Vallaud-Belkacem ne résout pas l’emprise effrayante de la cybertechnique, en particulier les réseaux dits sociaux, tant sur les adolescents que sur les adultes. Il se profile au-delà de cette exigence une menace considérable bien pire : le crédit carbone individuel quotidien. Au moyen d’un puçage obligatoire, la moindre action, le moindre achat serait décompté d’un certain nombre de points carbone personnels. L’esclavage numérique atteindrait son acmé !

Najat Vallaud-Belkacem conclut son intervention seulement mise en ligne sur – ô paradoxe ! - le site du Figaro en confirmant que « c’est bien l‘écran qu’il nous faut éteindre ». Oui, mais pas seulement, Madame la conseillère régionale d’Auvergne – Rhône-Alpes. Ce sont toutes les Lumières de la Modernité, vos chères Lumières, qu’il importe de souffler… définitivement.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 109, mise en ligne le 2 avril 2024 sur Radio Méridien Zéro.

Communisme et communautarisme

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Communisme et communautarisme

Carlos X. Blanco

Le communautarisme de Costanzo Preve se démarque de tout mouvement intellectuel nostalgique qui cherche à retourner à la communauté organique vierge. Le philosophe italien la présente comme une sorte de déduction sociale de catégories socio-ontologiques. Elle naît de « la détection des contradictions dégénératives du monde moderne et de la même réflexion autocritique radicale sur la même expérience du communisme historique » (De la Comuna a la Comunidad, Fides, Tarragone, 2019, p. 126; édition par Carlos X. Blanco, désormais les citations en sont tirées).

Cela n’a aucun sens de parler d’une opposition abstraite entre l’individu et la société. Les deux pôles sont des « concepts conjugués » au sens de Gustavo Bueno: des paires de concepts qui naissent ensemble mais qui s'entrelacent et s'opposent tout au long de leur développement historique, avec lesquels nous nous retrouvons dans une situation où non seulement l'un exige de l'autre, et vice-versa, mais les deux concepts co-déterminent et influencent le développement réciproque. Il n’y a jamais eu d’individu sans société ni de société sans individu mais, par ailleurs, le rôle que joue chacun des pôles pour son opposé/complémentaire est le résultat d’une évolution, une évolution qui forme le contexte environnant de déterminations réciproques.

L'individu est le fruit de la société (trouver un partenaire, procréer de nouveaux individus, fermer un couple et un environnement familial aux étrangers, etc.) et les actes sociaux sont des actes dans lesquels se forment des communautés et des individus, co-déterminant les deux extrêmes, l'individualité et le groupe communautaire. L’« individu » n’est pas le même à Rome, au Moyen Âge ou dans le capitalisme: précisément l’individu moderne différencié est le résultat de conditions socio-économiques et historiques très spécifiques. L’individu véritablement différencié est le résultat d’un processus graduel, d’un développement qui coïncide avec la « société bourgeoise » et, par conséquent, la fin de cette même société bourgeoise (et non la fin du capitalisme) peut signifier la fin de l’individu différencié.

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Le magnum opus de Spengler, Le déclin de l'Occident, est le lieu où nous pouvons en apprendre davantage sur cette profonde transformation de l'Europe et des pays qui ont hérité de sa culture: la conversion de sociétés d'individus différenciés en sociétés de « fourmis ». Dans des cages de ciment, de béton et de verre, sont enfermés des millions d'êtres humains, détachés de toute parcelle et de tout flux de tradition et de sang, des hommes froids et sans « caste », très semblables les uns aux autres, absolument interchangeables, produits après d'innombrables mélanges somatiques et spirituel. Le capitalisme tardif considère l’individu de « caste », quelle que soit sa race, comme un obstacle et un ennemi. Le capitalisme cosmopolite nourrit la décadence sociale et produit des fourmilières humaines; il est l’ennemi de la personnalité individuelle. Seul le communisme – la seule solution rationnelle au post-capitalisme – peut signifier le retour de la personnalité individuelle.

L'accumulation capitaliste est destructrice. Cela dissout non seulement la communauté humaine mais le concept même d’individu (p. 129). La création de poches et de bastions communautaires, ainsi que la fortification de ceux qui existent et qui survivent, constituent un défi à l’accumulation capitaliste et une plate-forme pour un avenir communiste. C’est ramer et nager à contre-courant: le courant néolibéral qui, à partir du protestantisme ultra-individualiste, détruit l’individu, doit être contrebalancé et vaincu par le communautarisme.

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La proposition de Costanzo Preve est extrêmement innovante et provocatrice: éliminons chez Marx la lecture « futuriste » de son œuvre et plaidons pour une interprétation « traditionaliste ». Selon l’auteur italien « Marx est un épisode d’une tradition (…) née en Grèce (…) qui s’oppose de manière cyclique aux tendances dissolvantes et destructrices de l’accumulation anomique des richesses individuelles… » (p. 169). Et aujourd’hui, alors que nous approchons du premier tiers du 21ème siècle, cette tendance anomique et atomiste est de plus en plus forte. Nous vivons une vague d’intense atomisation et de centrifugation sociale. Les deux classes sociales appelées à la lutte « motrice » qui pousse l’Histoire (bourgeoisie et prolétariat) s’effondrent. Le prolétariat d’Occident s’est affaibli, et la gauche est allée chercher des poches de population « offensées » pour des raisons partielles ou identitaires afin de capter des voix, et refaire « le sujet anticapitaliste ». Mais ces poches d’« offensés » sont des minorités qui, même si elles peuvent parfois être marginalisées, discriminées, etc., prises comme des catégories abstraites, finissent, quand les choses évoluent, en groupes parfaitement intégrés au système capitaliste: loin de rejeter le système, les groupes LGTBIQ+, les groupes d'immigrés, les régionalistes et les nationalistes fractionnaires, les écoféministes , etc., ont tendance à chercher un bon ancrage dans le système, et même à le renforcer, pour peu qu'ils reçoivent (au moins en partie) un traitement privilégié. La vraie gauche doit commencer à comprendre que les causes partielles et identitaires n’ont rien à voir avec la lutte anticapitaliste. La vraie gauche doit s’éloigner définitivement de « l’identitarisme » car sa logique interne coïncide et fonctionne avec la dynamique du mode de production capitaliste. Ce régime, comme ceux qui l'ont précédé, tend à ségréguer les classes privilégiées qui, en échange de servir loyalement les services du capital, détournent une partie de la population de l'exploitation pure et simple, et la placent dans une situation privilégiée grâce à certaines miettes de pouvoir, la plus-value extraite.

Mais non seulement la classe ouvrière disparaît face à ces « nouveaux collectifs » identitaires qui usurpent les fonctions de la classe ouvrière, devenant en réalité des serviteurs du Capital, mais la bourgeoisie disparaît également. Comme l’écrit Preve, le capitalisme « a licencié » la bourgeoisie, sans même la remercier pour les services rendus. La bourgeoisie, comme le dit le Manifeste du Parti Communiste, a démoli toutes les frontières et tous les murs – ceux de l’Ancien Régime, avec ses résidus féodaux, et les murs des cultures exotiques, c’est-à-dire extra-européennes. De même, la bourgeoisie historique a franchi le Rubicon de la science et de l’innovation technologique. Sous et autour d’elle s’étaient créées diverses couches de classes moyennes qui garantissaient le recrutement efficace d’ingénieurs, de professeurs, de chefs d’entreprise, de professionnels libéraux, etc. qui, sans remettre en cause le régime capitaliste, l'a soutenu. Ils ont garanti la reproduction de ce qu’on appelle aujourd’hui le « capital humain » ou « capital cognitif » et ont multiplié les emplois bien rémunérés qui, à mesure qu’ils se développent, donnent une apparence de capitalisme mésocratique, toujours plus stable et apaisé. Mais si la bourgeoisie disparaît aujourd'hui, ces emplois et groupes mésocratiques disparaissent aussi et la dualisation de la société se fait encore plus féroce et dangereuse: en haut, nous avons une super-élite chaque fois plus réduite en nolmbre et éloignée du reste, non seulement de la nation mais de la réalité. En bas, une masse indifférenciée de précaires et de sous-prolétaires .

Dans cette situation, la gauche postmoderne développe de fausses idéologies – de la plus fausse conscience – malhonnêtes et insensées: abolition du travail, répartition du travail, revenu de base, salaire universel à vie… Nourrir le vice de la paresse, un vice antimarxiste, partout où il y en a - et les rêves de l'adolescence (passer sa vie à ne rien faire, mais avoir de l'argent pour ses vices et ses caprices), la tristement célèbre gauche de la postmodernité (ou du capitalisme tardif) ne fait rien d'autre que de produire les produits les plus idéologiques appropriés à la phase actuelle de l'évolution tardive du capitalisme: habituer les masses à une existence misérable, inactive, improductive et simplement consumériste.

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La société que crée le turbo-capitalisme est une non-société: anomique, individualiste et, comme le dit Preve, sujette à l'extorsion fiscale, à la précarité de l'emploi, au nomadisme forcé (mobilité géographique pour des raisons professionnelles) et destructrice de la famille. Avec les mêmes titres avec lesquels on l'appelle « post-bourgeois », on peut aussi l'appeler « post-prolétarien ».

Preve est le philosophe marxiste idéal pour s’habituer aux temps difficiles à venir. En Occident, au moins, nous nous étions habitués à un travail stable et durable, à une famille stable (famille monogame, hétérosexuelle à vocation procréatrice), et sur cette base, à un État doté d'une certaine homogénéité ou de bon voisinage ethnique, garant de services publics d'une certaine qualité, avec des matelas qui atténuent les chutes ou les rechutes dans la pauvreté, etc. Eh bien, tout cela est parti. Depuis mai 1968, la gauche « radicale » ridiculise un monde bourgeois lié à un système économique, mais la critique des années 60 , qui inclut des développements structuralistes et autres développements non marxistes (Foucault, etc.), s'en est prise à la bourgeoisie en elle-même, et non à la bourgeoisie en tant que système injuste, irrationnel et exploiteur qui jusqu’alors pilotait la bourgeoisie.

Mais maintenant, en plus, la super-élite a expulsé la bourgeoisie ou l'a soumise, l'a placée sous sa domination, et le prolétariat a été désorganisé, réduit ou a été recruté dans des contingents qui se trouvent à l'étranger, très loin (délocalisation) ou a été importé en masse via les taxis cayuco, les « papiers pour tous » (réglementation massive) et d’autres techniques visant à promouvoir une migration massive visant à détruire le marché du travail national.

Mais une chose doit être claire. Si aujourd’hui le prolétariat ne peut pas être la classe véritablement révolutionnaire en Occident, il ne pouvait pas non plus l’être à l’époque de Marx. Jamais. La « mythologie du prolétariat » est, pour Preve, une irrationalité du mouvement communiste que le père fondateur lui-même, Marx, a alimenté:

« Le communisme continue de gérer le mythe sociologique du prolétariat comme seule classe « véritablement » révolutionnaire, un mythe philosophique de la fin de l’histoire (évidente sécularisation positiviste d’une religion messianique antérieure), une contrainte stupide à l’abolition de la religion, de la famille et de l'État, résultat d'une avant-garde extrêmement dépassée, d'une tendance incontinente à réglementer la liberté d'expression humaine de manière bureaucratique, d'un progressisme inertiel qui manque désormais de justification historique et, surtout, d'une conception collectiviste de la société" (p. 110).

La proposition précédente , comme on le sait, consiste à insérer le communisme dans une philosophie communautaire, ce qui implique de dissiper les nuages sombres qui ont éclipsé Marx (dans la vie) et, bien pire encore, le marxisme (c'est-à-dire post mortem). Le meilleur de la pensée de Marx consiste en une continuation de la pensée aristotélicienne: l'homme est par nature un animal politique; ainsi que de l'idéalisme allemand: l'homme est action, praxis transformatrice. Un régime de production qui l’annule, qui le castre, le rendant incapable de transformer le monde… est un régime qui doit à son tour être transformé (par des moyens révolutionnaires). Et il faut qu’il en soit ainsi avant qu’il ne soit trop tard.