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Rechercher : hommage à Jean Haudry

Au revoir, Jean Haudry !

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Au revoir, Jean Haudry !

Bonjour à toutes et à tous,

Quelques minutes après vous avoir annoncé hier la parution de l’ouvrage d’Hermann Bickler consacré à l’histoire de l’Alsace-Lorraine (http://www.ladiffusiondulore.fr/index.php?id_product=1040...), nous apprîmes le décès de son traducteur, le prof. Jean Haudry, survenu le matin même ; il avait 88 ans.

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Nous gardons le souvenir d’un érudit très « accessible » et empli d’humilité (ne sont-ce pas là les qualités des Grands?).

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L’année 2013, lorsque nous demandâmes au prof. Haudry de rédiger une présentation pour notre publication de la sainte Bhagavad-Gîtâ (http://www.ladiffusiondulore.fr/index.php?id_product=379&...), ce dernier accepta volontiers et fut enthousiasmé par notre initiative, d’autant plus que la traduction du sanskrit par Emile Burnouf utilisée, n’était pas la traduction avec laquelle Jean Haudry avait l’habitude de travailler.

Nous tenons à rendre hommage à son travail et à son humanité ; qu’il soit ici remercié.

A n’en point douter, Jean Haudry a mérité le Paradis des Aryas.

Professeur Haudry, présent !

Jules Dufresne, le 24 mai 2023

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mercredi, 24 mai 2023 | Lien permanent

Disparition de Jean Haudry

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Disparition de Jean Haudry

Armand Berger

Source: https://institut-iliade.com/disparition-de-jean-haudry/

Il va sans dire que Jean Haudry va beaucoup nous manquer. Travailleur infatigable, personne d’une humilité exemplaire, érudit aimable et bienveillant.

Le professeur Jean Haudry est décédé ce matin à 7 heures, à l’âge de 88 ans. Avec cette triste nouvelle, nous apprenons le départ d’un grand savant dont la carrière de chercheur était pleinement consacrée à l’étude de la linguistique et de la civilisation indo-européennes.

Le parcours de Jean Haudry a été exemplaire. Élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, il est reçu au concours de l’agrégation de grammaire en 1959. Il a enseigné successivement aux universités de Montpellier et de Paris comme assistant de latin et de linguistique, avant d’être nommé maître de conférences de sanskrit et de grammaire comparée à l’université de Lyon. Il a soutenu une thèse en 1977 et, cinq années plus tard, fondé un Institut d’études indo-européennes dans la même université. Par ailleurs, Jean Haudry a été élu directeur d’études de grammaire comparée des langues indo-européennes à la IVe section de l’École pratique des hautes études en 1976. Il est devenu professeur émérite en 1998. Parallèlement à son enseignement, Jean Haudry a exercé les fonctions de directeur d’UER dans l’ancienne université Lyon II et de doyen de la Faculté des Lettres et Civilisations de l’université Lyon III. La liste des publications de Jean Haudry est particulièrement abondante : elle comprend plus de cent cinquante titres, dont une dizaine de monographies, traduites pour certaines dans plusieurs langues. Par ailleurs, ses articles ont été publiés dans les revues les plus savantes de linguistique ou d’études indo-européennes : Bulletin de la société de linguistique de Paris, Journal Asiatique, The Journal of Indo-European Studies ou encore Revue des études latines.

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Jean Haudry a été l’élève de grands maîtres desquels il se réclamait. Pour le sanskrit, dont il deviendra un éminent spécialiste, il est redevable à Armand Minard et Louis Renou. Pour la linguistique, à André Martinet. Pour l’indo-européen, à Émile Benveniste. Pour le grec, à Michel Lejeune. Pour le latin, à Jacques Perret. Sa solide formation universitaire, acquise auprès de ces savants, l’a conduit à devenir un indianiste hors-pair. La publication en 1977 de sa thèse sur l’Emploi des cas en védique : introduction à l’étude des cas en indo-européen était déjà signe de recherches inédites et prometteuses. Toutefois, Jean Haudry s’est éloigné de la reconstruction phonétique et morphologique indo-européenne, bien que la morphologie soit abordée dans un ouvrage intitulé Préhistoire de la flexion nominale indo-européenne en 1982. Ses connaissances en linguistique indo-européenne lui ont permis de publier dans la collection « Que sais-je ? » des Presses Universitaires de France un volume sur L’Indo-européen en 1979 qui, en dépit de la difficulté du sujet, a connu un grand succès d’édition et fut réimprimé à plusieurs reprises. L’éditeur commande alors un second livre à Jean Haudry, portant cette fois-ci sur les Indo-Européens. Le sujet ne touchant pas à la linguistique, il fallait donc se documenter. La présentation de l’exposé doit beaucoup aux trois fonctions duméziliennes. Alors qu’il rédige l’ouvrage, Jean Haudry découvre la traduction française de L’origine polaire de la tradition védique de Bâl Gangâdhar Tilak, dans la traduction de Jean Rémy. Il trouve une idée similaire également chez Ernst Krause : le postulat d’un habitat circumpolaire à un stade précoce de la formation du peuple indo-européen.

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Commence alors une nouvelle phase de recherche, centrée sur la notion de « tradition indo-européenne », que Jean Haudry a développé à partir des années 1985-86. Jusqu’alors, les chercheurs qui s’efforçaient de reconstituer la culture des Indo-Européens le faisaient au moyen de la paléontologie linguistique. Toutefois, un certain nombre d’irrégularités ou d’archaïsmes ont été relevés, et ont posé problèmes. L’exemple bien connu de la crainte que l’aurore ne revienne pas, dans la tradition védique, constitue tout simplement une donnée héritée, transmise. Et ce n’est pas en Inde, évidemment, que cette tradition a pu naître. L’introduction de la notion de tradition a changé complètement les perspectives en matière d’études indo-européennes, comprenant désormais une dimension diachronique, et a permis d’intégrer des réalités beaucoup plus anciennes que celles avec lesquelles on opérait habituellement. Pour revenir à la chronologie, on situe les derniers Indo-Européens, c’est-à-dire les locuteurs de l’indo-européen commun, au quatrième millénaire, dans la steppe pontique. En tenant compte des données de la tradition, on peut en revanche identifier un héritage qui remonte au septième millénaire. Toutefois, une telle perspective ne permet pas de remonter indéfiniment à des états antérieurs. Ce que les linguistes appellent « Indo-Européens » appartiennent à la période reconstruite. L’existence d’une tradition indo-européenne dont ils sont les héritiers permet de dégager de nouvelles perspectives.

Cet apport considérable de Jean Haudry aux études indo-européennes, qui travaille dès lors en diachronie, l’a conduit à s’intéresser à la religion cosmique des Indo-Européens. Il publie sur le sujet une monographie en 1987, dans laquelle il développe une thèse des trois cieux indo-européens. Dans cet ouvrage dense et érudit, Jean Haudry est parvenu à montrer le souvenir précis d’une dimension circumpolaire dans la tradition indo-européenne en se fondant sur les cycles temporels. Cette dimension circumpolaire est une thèse intéressante, car elle est aujourd’hui confirmée par de récentes découvertes en paléogénétique qui ont permis de retrouver les traces d’un héritage génétique de chasseurs-cueilleurs septentrionaux chez les populations des steppes pontiques de la fin du Néolithique.

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Jean Haudry a également exploré la tradition indo-européenne en prenant en compte les nombreuses données de correspondances linguistiques qui sont à la base du formulaire. La reconstruction du formulaire indo-européen, fondée sur la concordance de séquences de formes superposables dans deux ou plusieurs littératures indo-européennes (dans les Védas, chez Homère, mais aussi dans l’Avesta voire dans l’ancienne poésie germanique), sous la forme de syntagmes nominaux composés d’un substantif et d’un adjectif épithète, permet d’approcher la tradition poétique indo-européenne ainsi que d’accorder de l’importance aux notions. C’est ainsi que Jean Haudry relève de nombreuses occurrences formant la triade pensée – parole – action, dont il tire un livre en 2009.

Jean Haudry s’est également intéressé à la présence du feu dans la tradition indo-européenne, en particulier dans un copieux ouvrage paru en 2016. La présence très ancienne du feu, attestée bien avant l’apparition des Indo-Européens – elle se trouve déjà en Europe plus de 300 000 ans avant notre ère – a été intégrée très tôt à la mythologie. Cette réalité ancestrale du feu constitue l’un des points essentiels de la première période de la tradition indo-européenne, celle des temps immémoriaux.

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Jusqu’aux derniers moments de sa vie, Jean Haudry a été un savant prolixe. Preuve en est la parution de deux ouvrages aux éditions Yoran Embanner. Le premier, publié l’an passé, est intitulé Sur les pas des Indo-Européens, et se présente sous la forme d’un recueil d’articles déjà parus ou inédits, précédé d’un bel entretien et complété par une bibliographie exhaustive de ses travaux académiques. Un autre livre a été publié il y a un mois : le Lexique de la tradition indo-européenne. Il s’agit sans aucun doute du grand œuvre de Jean Haudry, élaboré pendant au moins une décennie. La matière contenue dans cette somme montre l’étendue de l’érudition d’un savant qui connaissait aussi bien les langues védiques que la poésie vieil-anglaise, qui était à tu et à toi avec les dieux la Grèce ancienne et de l’Iran.

Il va sans dire que Jean Haudry va beaucoup nous manquer. Travailleur infatigable, personne d’une humilité exemplaire, érudit aimable et bienveillant. Autant de qualités rassemblées en un seul homme qui demeure, pour des générations de linguistes et d’historiens des religions, un véritable mentor dont la gloire est impérissable.

Armand Berger
Membre du Pôle Études de l’Institut Iliade

 

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mardi, 23 mai 2023 | Lien permanent

Jean Haudry, le professeur qui nous a appris d'où nous venons

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Jean Haudry, le professeur qui nous a appris d'où nous venons

Enric Ravello Barber

Source: https://www.enricravellobarber.eu/2023/05/jean-haudry-el-profesor-que-nos-enseno.html

C'est avec une grande tristesse que nous avons appris la nouvelle du départ de Jean Haudry. Avec sa disparition, notre famille de pensée perd son plus grand universitaire, la figure d'un très grand prestige académique et intellectuel.  Il a consacré sa vie à l'étude et à l'enseignement du monde indo-européen, en tant que professeur à l'Université de Lyon III et fondateur de la prestigieuse revue Etudes Indo-Européennes.

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Dans les années 80, notre jeune génération de militants était formée par la lecture d'auteurs européens, parmi lesquels les membres du GRECE étaient une référence obligée, et c'est ainsi que j'ai entendu pour la première fois le nom de Jean Haudry, que j'ai immédiatement inclus dans ma liste d'auteurs préférés, car le sujet qu'il traitait m'intéressait particulièrement.  Ce n'est que quelques années plus tard, au début des années 1990, que j'ai pris conscience de la dimension intellectuelle de Haudry ; j'étais en la dernière année de mes études universitaires lorsque le professeur d'histoire ancienne a terminé un cours en recommandant la lecture d'un ouvrage : Juno Moneta. Aux sources de la monnaie, de Jean Haudry. Haudry était une référence non seulement pour notre monde idéologique, mais aussi pour le monde universitaire, et je me suis dit : "Nous avons raison. Haudry en est la preuve".

En 2006 et 2009, j'ai eu l'honneur de partager une tribune avec lui. Il s'agissait des 11ème et 14ème Tables Rondes de l'organisation identitaire Terre et Peuple, présidée par Pierre Vial, dont Jean Haudry était vice-président. La photo - sur laquelle apparaît également l'intellectuel portugais Duarte Branquinho - montre le souvenir de cette journée inoubliable de 2009 qui, sous le titre explicite "Pour la Reconquête, reviens Charles Martel !", a été un point de rencontre et de réflexion pour le mouvement identitaire européen. L'événement de 2006 avait lui aussi un titre clair et retentissant : "Face au Mondialisme les Patries Charnelles".

Depuis lors, nous avons entretenu une relation épistolaire constante, centrée sur le thème des origines indo-européennes, et sur ses articles à ce sujet, de la linguistique aux origines, en passant par les institutions et la religion, pour laquelle il a inventé le terme de "religion de la vérité".

Haudry allait bien au-delà du terme étroit d'intellectuel, c'était un militant et un combattant courageux.  Lorsque son collègue universitaire à Lyon III, Bruno Gollnisch (professeur de droit), alors numéro deux du Front national dirigé par Jean Marie Le Pen, a été victime d'une ridicule persécution idéologique, Haudry, ainsi que Pierre Vial, se sont présentés devant la commission disciplinaire de Lyon III en habits de professeurs d'université pour exprimer ouvertement et notoirement leur soutien à Gollnisch.

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Il y a une vingtaine d'années, un matin de printemps, je prenais congé de Miguel Serrano, après avoir passé quelques jours chez lui à Santiago du Chili, et il m'a dit : "n'oubliez pas de faire ce dont nous avons parlé hier, sans faute. C'est très important". Le brillant écrivain et diplomate faisait référence à notre conversation de la veille, au cours de laquelle il m'avait parlé de l'importance du livre de B. G. Tilak, The Artic home of the Veda, et m'avait ordonné - car tel est bien le mot approprié - de le faire traduire et publier en espagnol. L'ordre a été exécuté et, en 2012, The Arctic Home of the Vedas a vu le jour en version espagnole. Dix ans plus tard, en 2022, une nouvelle édition parait chez Editorial EAS. Cette nouvelle édition de qualité méritait d'être mise en valeur. Nous avons donc demandé à Jean Haudry, le plus grand spécialiste de la linguistique indienne/aryenne, d'en rédiger l'avant-propos. La première page de l'édition EAS indique : "avec nos remerciements au Prof. Dr. Jean Haudry, qui a eu l'amabilité et le désintéressement de rédiger un superbe texte d'introduction à la présente édition de l'ouvrage de B. G. Tilak". Une étude de la plus haute qualité scientifique dans laquelle Haudry réaffirme l'origine nordique des peuples dits "indo-européens".

Au cours des dernières années et jusqu'à aujourd'hui, la relation épistolaire avec lui a été permanente. Des conversations longues et profondes, toujours sur les différents aspects de notre monde originel, récemment il a montré sa disponibilité pour m'aider dans tous les aspects où j'aurais besoin de ses conseils académiques pendant l'élaboration de ma thèse de doctorat, qui touche des sujets proches de ceux dans lesquels il était un spécialiste absolu.

Jean Haudry n'est plus parmi nous, il est retourné à l'Aryenyo vajo, notre patrie primordiale à laquelle il a consacré sa vie intense.

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mardi, 30 mai 2023 | Lien permanent

Texte d'hommage à Jean Haudry, héraut de la tradition indo-européenne

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Texte d'hommage à Jean Haudry, héraut de la tradition indo-européenne
 
par Frédéric Andreu-Véricel
 
Un hommage est une révérence d'âme ou il n'est rien. Celui que je rends ici publique est d'autant plus spirituel que je n'ai rencontré le professeur Haudry qu'à deux ou trois reprises. Je me souviens notamment d'une randonnée pédestre dans le sud de la France organisée par l'association Terre et Peuple. Tout en arpentant les sentes de l'arrière-pays provençal, de jeunes gens phosphoraient avec le professeur sur les Indo-Européens. J'en étais. Un paysage sec et aride nous entourait, contrastant avec la forêt des livres dans lequel je me perdais souvent !

418AMFV15EL._SX314_BO1,204,203,200_.jpgDepuis, mon chemin, devenu plus littéraire que scientifique, se ponctue de poèmes et de romans, mais à cette époque, le Samkhya de l'Inde - une des productions les plus lumineuses des Indo-Européens - occupait l'essentiel de mon temps libre. J'avais donc adressé quelques questions par courrier au professeur. Ce dernier eut la courtoisie de me répondre. Ma gratitude à son égard - qui motive aujourd'hui cet hommage - est d'autant plus grande que son courrier eut un impact décisif sur la suite de mes recherches. Il faut dire qu'il apportait un débouché inattendu à un questionnement ancien et tenace, l'origine des trois couleurs traditionnelles - le blanc, le rouge et le noir - que l'on retrouve dans le Samkhya.

Les faits remontent aux années 2000, et si ma mémoire en trahit la lettre, elle n'en trahit pas l'esprit. C'est là un trait du professeur Haudry, où la rigueur de la démonstration linguistique n'a d'égal que la courtoisie des échanges.

Bref, le courrier-réponse du professeur impulsa en moi une nouvelle phase de recherche. Esseulé dans le labyrinthe inextricable de textes anciens et de rapports archéologiques, je tenais maintenant un fil d'Ariane. En Inde, il y a pléthore de correspondances ; leur exploration fut longue et laborieuse. Certaines Upanishads intègrent les trois couleurs à des conceptions plus ou moins ésotériques des feux sacrés, de l'eau et de la nourriture ; certaines écoles de yoga distinguent un karma blanc, celui des bonnes actions, un rouge et un noir. Mais l'application aux "gunas" du Samkhya m'a paru la plus solide.
En Europe, le symbolisme des couleurs se limite aux structures sociales. Le blanc codifie la fonction sacerdotale ; le rouge, la fonction guerrière et le noir, toutes les autres activités qui ne sont ni religieuse ni guerrière.

Selon Jean Haudry, ces couleurs proviennent d'une réalité céleste bien antérieure à leur application. La cosmogonie des Indo-Européens se compose non pas d'un ciel mais de trois ! curieuse conception que celle-là ! Elle implique une révolution des repères habituels rendue possible en se plaçant sous les latitudes nordiques marquées par de longues nuits hivernales. Les cieux y sont perçus comme "tournants" et non fixes. L'un est blanc, c'est le grand jour de l'année qui succède à la longue nuit cosmique (le ciel noir) ; le troisième ciel correspond à la suite d'aurores identifiée à un "ciel rouge".
Le rapprochement entre les ciels et des gunas se justifie en vertu des couleurs et du nombre. Mais il fallait surtout retenir que sous ces latitudes nordiques, les réalités cosmiques prédisposent à un découpage binaire, voire ternaire du monde. Un long jour succède à une longue nuit.

81YK1fj8XFL.jpgNous savons que Georges Dumézil a observé l'existence de "trois fonctions" dans la structure sociale, mais avait-il en tête cette réalité cosmique ? Je l'ignore. Ses écrits desservis par une plume allègre, lesquels ne font pas allusion clairement à ma cosmogonie hypernordique et très peu aux couleurs, allaient me renvoyer une nouvelle fois, à l'instar d'un élastique, au Samkhya de l'Inde !

Il faut dire que ce système indien qui envisage l'énumération systématique des éléments constitutifs de l'univers (c'est le sens même du mot "Samkhya") ne pouvait pas échapper à la perspicacité du maître. Au fil du temps, ma méditation sur le Samkhya ne cessa de résonner (et raisonner) avec certains mythes de la tradition. J'ai même osé un comparatif entre le Samkhya et l'Odyssée d'Homère ! Cette comparaison inhabituelle, et peut être inédite, m'a permis d'observer des parallèles troublants. Dans l'Odyssée, la reine Pénélope tisse un linceul dans l'attente éplorée d'Ulysse, parti à la guerre. J'ai proposé d'y voir une allégorie de la prakriti du Samkhya car Pénélope tisse un linceul en attendant Ulysse tout comme la Mula-Prakriti produit la substance du monde ; la déesse-mère non manifestée rend possible toutes les manifestations, physiques et psychiques, qui nous entourent. Le Samkhya est un système de résolution et la Manifestation implique un "spectateur" nommé Purusha pour ainsi prendre conscience d'elle-même.

Le comparatiste trouve dans Ulysse richesse à comparaison. Ulysse ressemble symboliquement à Purusha : plus il parcourt le monde au gré d'aventures multiples, et plus il ressent la nostalgie du retour.

Il quitte Calypso et d'autres créatures aimantes, autant d'étapes du processus libérateur, autant de fausses identifications de l'Esprit avec la Matière. Quant au massacre des prétendants, j'y ai vu une épreuve qualifiante de deuxième fonction. Cependant, en l'absence des deux autres fonctions de la triade, impossible de vérifier le schéma dumézilien !

Plus que les mythes du corpus IE, toujours sujets à interprétations contradictoires, le Samkhya m'est apparu proche de la conception ancienne d'un univers "image de la vérité" chère à Jean Haudry.

s-l400.jpgEn effet, le Samkhya est perçu comme un système dont la clé de résolution n'est autre que dans l'observation elle-même. J'ai été amené à penser que cette conception prévalait pour la première période, pré-sacerdotale, et qu'elle fut recouverte ensuite par une conception imposée par les castes dominantes contemporaines aux périodes plus tardives.

Une communauté "primitive", telle qu'on peut en observer encore dans quelques contrées reculées du monde, n'a pas de clergé et les chefferies, lorsqu'elles existent, sont tournantes. Ce ne sont pas des castes. Le clergé constitué modifie toujours la religion primitive à son avantage et cela pour une raison simple : il faut que cette caste s'impose comme intermédiaire indispensable entre la divinité et le peuple.

À un moment ou à un autre, tous les peuples ont connus ce désencastrement de la première fonction magico-religieuse et les pathologies sociales consécutives. Le conflit entre le pharaon Akhenaton et les prêtes d'Ammon en est un exemple emblématique. Dans l'Histoire, on ne connait qu'un seul peuple auto-proclamé "clergé international", celui qui inventa le Dieu unique.

Bref, les anciens mythes et légendes me sont apparus comme une sorte d'allégorie cryptée du processus auto-libérateur du monde, pré-cléricale. Ils sont la source vivante de la tradition. Insistons sur le point suivant : la rationalité du Samkhya n'est pas un argument contraire à son archaïque. C'est le contraire qui est vrai : les ethnologues ont montré que les tribus primitives ont une représentation extrêmement rationnelle du monde où les proportions mathématiques, les philosophies ne sont pas rares. Contrairement au mythe du bon sauvage, les "primitifs" produisent des modèles scientifiques mais sans y croire, au rebours de nos sociétés développées.

pensee_parole_action_haudry.jpgPar la suite, j'ai essayé d'élargir mon comparatisme à d'autres mythes et thèmes mythiques du corpus IE. Le thème du labyrinthe m'est apparu comme chargé d'une autre allégorie d'un monde "image de la vérité". L'inspiration y est elle aussi d'ordre cosmique : Thésée, vainqueur du Minotaure, peut symboliser le soleil dans sa quête ; Ariane, peut personnifier la déesse aurore.

J'ai donc proposé de voir dans le labyrinthe une occurrence symbolique de la "traversée de la ténèbre hivernale", thème du formulaire reconstruit par Jean Haudry. En ouvrant à nouveau Homère, il m'est apparu que la ville de Troie pouvait être perçue comme un labyrinthe symbolique, et la Belle Hélène comme l'aurore qui attend d'être libérée...

Dans la vision Samkhya où sa version cryptée, je retenais que chez les IE, l'univers est perçu comme une "image de la vérité". Les cycles cosmiques révèlent le mécanisme dynamique du monde que l'on retrouve dans les gunas. J'ai fait litière de cette idée que le Ur-Volk concevait le monde comme une sorte de "samkhya cosmique" dont la clé de résolution n'est autre que dans l'observation.

Dans le Samkhya, la trame substantielle du monde, sans cesse en mouvement, tisse toute réalités à partir de trois fils, un blanc, un rouge et un noir. Ces couleurs sont celles des ciels de la tradition nordico-primordiale.

Le Samkhya contient un processus auto-libérateur. Il n'implique pas donc aucun clergé. Une conception du monde proche du Samkhya prévalait peut-être dans la première période indo-européenne, pré-sacerdotale. Fut-elle recouverte ensuite par une autre religion sacerdotale teintée de superstitions ? Je l'ignore.

indo-europeens_jean_haudry_F_S.jpgJe sais en revanche qu'une communauté primitive - telle que celle que l'on peut observer dans certaines contrées reculées du monde - n'a pas de clergé et les chefferies, lorsqu'elles existent, sont tournantes. Ce ne sont pas des castes. Le clergé modifie toujours la religion primitive en privatisant l'accès au sacré à son avantage et cela pour une raison simple : il faut que le clergé justifie sa place, ses privilèges.

Les anciens mythes et légendes me sont apparus comme une sorte d'allégorie cryptée de cette "image de la vérité" de la première période pré-cléricale. Ils sont la source vivante de la tradition que l'on appelle "héroïque". Même si cette tradition héroïque est aujourd'hui en dormition dans nos sociétés modernes, il est remarquable d'en observer les traces dans les sagas projetées sur écran, comme les Seigneurs des Anneaux !

Les comparaisons que j'observais entre mythes et système, couronnées de succès ou non, ne visaient qu'un but : reconstruire la vision que les Indo-Européens posaient sur le monde. Sans la prise en compte du milieu circumpolaire, mes travaux de l'époque seraient restés de simples conjectures.

Caractérisé par la longue nuit cosmique, l'habitat nordique explique bien des choses, les calendiers anciens, les rites et les fêtes. Sous des latitudes plus australes, à Rome ou à Athènes, où les rites ne se justifient plus, ces derniers continuent à être observés par tradition.

À la conception d'Indo-Européens nordiques de Jean Haudry, j'apportais par la suite un bémol. L"origine" n'implique pas forcémment un équivalent dans la réalité historique. Le grand Nord arctique est-il le berceau du Ur-Volk ou celui du mythe ? Je pense plutôt pour la seconde proposition.

Pour moi, la question centrale n'est pas dans la localisation réelle de l'habitat (lequel n'est d'ailleurs pas confirmée par l'archéologie) mais dans le lieu où la tradition identifie cette origine.

De tous les peuples que j'ai pu visiter, aucun d'eux ne place son "origine" dans l'endroit où il réside. Le "paradis" est toujours "nostalgique", il provient d'un lieu fantasmé et qui métaphorise un ailleurs spirituel. À mon avis, les Indo-Européens ne font pas exception. Cependant, il se trouve que la tradition affectionne le "nord" et que les princesses de nos contes sont souvent blondes. Devrait-on nier ces faits, récurrents et nombreux, ou au contraire en faire une religion de la preuve ? Pour ma part, je pense que la question est résolue sans preuve archéologique.

mzjeanhaudry.jpgLa Weltanschauung des IE. affectionne le nord et c'est là l'essentiel. La cosmogonie d'une grande nuit cosmique suivie d'un jour est une des pièces qui manquaient au puzzle. Quant à la religion des IE, je n'ai cessé d'interroger les mythes dont la vision dynamique du Samkhya m'a paru donner une sorte de "décryptage".

Le Samkhya de maître Kapila reste en effet le seul système indo-européen, connu de moi, où l'observation directe est la clé de résolution. Aucun clergé n'y est nécessaire. À mon avis, le Bouddhisme en est le prolongement historique. L'Occident ne connait point de système comparable sauf à voir dans l'Odyssée une sorte de "Samkhya crypté"...

Après tout, pourquoi pas ? On a prétendu que la bibliothèque d'Alexandrie était remplie d'études et commentaires de l'Iliade et de l'Odyssée !

En dépit de mes comparaisons, Je n'ai jamais pu déterminer la nature du type d'analogie qui unit l'Odyssée et le système Samkhya. Sont-ils reliés par une origine commune ou par des invariants anthropolog

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dimanche, 28 février 2021 | Lien permanent

Jean Haudry sur Radio Courtoisie

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Mercredi 15 décembre 2010 :

Jean Haudry sur Radio Courtoisie…

Le professeur Jean Haudry présentera son livre Les INDO-EUROPÉENS, le mercredi 15 décembre de 19 h 30 à 21 h 00, à Radio Courtoisie.

Il sera présent pour la signature de son livre à la Librairie Facta, le samedi 18 décembre de 15 à 18 h 00 (Librairie FACTA : 4 rue de Clichy, 75009 Paris. Tel : 01 48 74 59 14).

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dimanche, 05 décembre 2010 | Lien permanent | Commentaires (5)

Entretien avec Jean Haudry

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1990

 

Entretien avec Jean Haudry

 

propos recueillis par Xavier Cheneseau

 

1- Professeur à l'Université Lyon III, vous dirigez «l'Institut d'Etudes Indo-euro­péennes». Pouvez-vous nous dire en quelques mots qui étaient les Indo-Euro­péens?

 

jean-haudry.pngBien que je ne dirige plus l'Institut (mon ami Allard m'a remplacé dans cette fonc­tion), je continue à me consacrer aux études indo-européennes. Les Indo-Euro­péens ne peuvent se définir, dans un pre­mier temps, que comme «locuteurs de l'in­do-européen reconstruit», comme des in­do-européanophones comme il existe des «francophones», etc. C'est seulement dans un deuxième temps, à partir de la recons­truction (fondée en grande partie sur celle de la langue) de la civilisation matérielle et de la culture, en particulier de la «tra­dition indo-européenne» qu'on peut parler de «peuple indo-européen», et chercher à le situer dans l'espace et dans le temps, c'est-à-dire par rapport aux sites archéo­logiques actuellement connus.

 

2- Peut-on parler d'unité des Indo-Euro­péens? A quand remonte celle-ci? Comment s'est formée la communauté primitive?

 

On peut sans aucun doute parler d'une «période commune» de l'Indo-Européen et donc de ses locuteurs les Indo-Européens; sinon, la notion même d'indo-européen, lan­gue commune dont sont issues les lan­gues indo-européennes par un pro­ces­sus de dialectalisation, serait vide de sens. Cette période commune se situe au Néo­lithique et se termine avec ce que cer­tains préhistoriens nomment «l'âge du cuivre»: le nom du «cuivre» (*áyes-)  figure en effet dans le vocabulaire reconstruit, tandis qu'on n'y trouve ni le nom du bronze, ni celui du fer. La localisation la plus pro­bable du dernier habitat commun est le site dit des «Kourganes», en Ukraine, aux Vième et IVième millénaires. Quant à la formation de l'ethnie, je persiste à croire, après E. Krause, Tilak, et quelques au­tres, qu'elle s'est effectuée dans les ré­gions circumpolaires arctiques. Mais, en l'absence de confirmation archéologique, ce n'est là qu'une hypothèse, et qui ne fait pas, tant s'en faut, l'unanimité.

 

3- Existe-t-il un type physique spécifique­ment indo-européen?

 

La réponse à cette question ne peut être que «statistique»: aucune langue n'est liée par nature et définitivement à une ethnie ou à une race. Mais de même que la grande majorité des locuteurs des langues bantu sont de race noire, et que la grande majorité des locuteurs du japonais sont de race jaune, on peut affirmer sans ris­quer de se tromper que la grande majo­rité des locuteurs de l'indo-européen étaient de race blanche. On peut même préciser, en se fondant sur la tradition indo-européenne, qui associe constam­ment le teint clair, les cheveux blonds et la haute stature à son idéal social et mo­ral, que la couche supérieure de la po­pu­lation, au moins, présentait ces trois ca­ractères. Les documents figurés de l'é­poque historique confirment cette hypo­thèse; mais l'archéologie préhistorique, sans l'infirmer positivement, ne la con­firme pas non plus: il semble bien que les migrations indo-européennes n'aient pas été des mouvements massifs de popula­tions. Par là s'explique l'apparente contra­diction entre les deux points de vue: un petit groupe peut véhiculer et trans­met­tre l'essentiel d'une tradition, mais il ne laisse guère de traces anthropologiques de sa présence sur le terrain.

 

4- Quelle était la vision du monde des Indo-Européens?

 

Le formulaire reconstruit (plusieurs cen­taines de formules) exprime manifeste­ment les idéaux et les valeurs d'une «so­ciété héroïque», un type d'organisation so­ciale pré-féodale bien connu, qui se pro­longe à l'âge du bronze et même au début de l'âge du fer. On peut supposer qu'elle était déjà constituée en ce qui concerne les Indo-Européens, au Néolithique final (à l'«âge du cuivre»). Dans cette «société héroïque», la gloire et la honte sont les deux forces principales de pression (et de répression) sociales. Il s'agit de ce que les ethnologues nomment shame culture,  par opposition aux guilt cultures, dans les­quelles ce rôle revient au sens du péché. Gloire et honte affectent à la fois l'in­dividu (qui, par la «gloire impérissable» atteint la forme supérieure de la survie) et sa lignée toute entière, ascendants et descendants. D'où une inlassable volonté de conquête et de dépassement de soi, et des autres.

 

5- Que signifie le concept «d'idéologie tri­partite»? Avait-il un objectif précis?

 

On nomme «idéologie tripartite» la ré­par­tition de l'ensemble des activités cosmi­ques, divines et humaines en trois sec­teurs, les «trois fonctions» de souverai­neté magico-religieuse, de force guerrière et de production et reproduction, mise en lu­mière par Georges Dumézil. On ne sau­rait parler d'un «objectif» quelconque à propos de cette tripartition: il s'agit en ef­fet d'une part (essentielle) de la tra­di­tion indo-européenne, et non d'une cons­truc­tion artificielle, comme celles des «idéo­logues». C'est pourquoi le terme d'«i­déologie» ne me paraît pas très heureux; il conduit à cette confusion, quand on n'a pas présente à l'esprit la définition qu'en a donné Dumézil.

 

6- «La révolution française» semble avoir fait disparaître la conception trifonction­nelle de la société, êtes-vous d'accord avec cette vision des choses?

 

Est-il sûr que la conception trifonction­nelle était vivante dans la société d'An­cien Régime finissant? J'en doute. L'a­bolition des trois ordres, qui repré­sen­taient effectivement une application du mo­dèle trifonctionnel n'a fait qu'entériner un changement de mentalité et un chan­gement dans les réalités sociales. La no­blesse avait depuis longtemps cessé d'être une caste guerrière et privée de ses der­niers pouvoirs politiques par Louis XIV, il ne lui restait que des «privilèges» dont la justification sociale n'était pas évidente. On peut à l'inverse estimer que la Révo­lution a donné naissance à une nouvelle caste guerrière sur laquelle Napoléon Bo­naparte a tenté d'édifier un nouvel ordre social.

 

7- Est-il possible d'adapter une nouvelle tripartition à nos sociétés post-indus­trielles?

Je ne crois pas que la tripartition fonc­tionnelle représente un idéal éternel et intangible, tel le dharma  hindou. La fonc­tion guerrière a perdu aujourd'hui une grande part de sa spécificité, écartelée entre la science et la technique d'une part, l'économie de l'autre. Quant à la fonc­tion magico-religieuse, on peut se de­mander qui en est aujourd'hui le repré­sentant. Elle se répartit sur un certain nombre d'organisations (et une multitude d'individus) dont on ne peut attendre une régénération de nos sociétés, bien au con­traire. Mais nombre de sociétés indo-eu­ropéennes anciennes n'étaient pas orga­nisées sur le modèle trifonctionnel. Seuls, les Indo-Iraniens et les Celtes, en dé­ve­loppant une caste sacerdotale, ont réalisé à date ancienne une société trifonction­nelle. Or, ce ne sont pas les peuples qui ont le mieux réussi dans le domaine po­litique.

 

8- Est-ce à dire que cette nouvelle triparti­tion puisse être un élément de renouveau de nos civilisations?

 

Un renouveau de nos civilisations (je di­rais plutôt: une régénération de nos peu­ples) ne saurait venir d'un retour à un type d'organisation politique, économique et social des périodes médiévales ou pro­to­historiques. Je sais bien qu'il existe dans nos sociétés des gens qui ont pour idéal l'«âge d'or» de la horde primitive vivant de cueillette. L'archaïsme et la régression sont des phénomènes typiques des pé­rio­des de décadence; ils sont la contre-partie sociale de l'infantilisme sénile. Le renou­veau ne peut venir que d'un retour aux for­ces vives de la tradition, c'est-à-dire aux idéaux et aux valeurs qui ont fait le succès historique des peuples indo-euro­péens, qui a abouti à l'émergence du mon­de civilisé, industrialisé et développé. Il s'agit d'abord de la volonté d'être, dans le monde et dans la durée: d'aimer la vie, de la transmettre, de lutter contre toutes les formes de mort, de décadence, de pourri­ture. Il s'agit aussi de la volonté d'être soi, de maintenir la différence capitale en­tre le sien et l'étranger. Ces deux idéaux ne sont d'ailleurs pas spécifiques: ils sont communs à tout groupe humain qui sou­haite exister comme tel et avoir un ave­nir. Nos ancêtres indo-européens ont vou­lu davantage: on constate dans leur tra­dition une volonté d'être «plus que soi», de se dépasser, de conquérir, et pas seule­ment des territoires, d'accéder à cette sur­humanité que certains d'entre eux —les Grecs— ont nommés «héroïque» et que tous, même sans la nommer, ont connue. C'est dans cette perspective que le modèle trifonctionnel peut être un élément de re­nouveau: comme échelle de valeurs, et non comme principe d'organisation socia­le.

Professeur Haudry, nous vous remercions de nous avoir accordé cet entretien.

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lundi, 13 septembre 2010 | Lien permanent

Le Prof. Jean Haudry à Strasbourg

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lundi, 28 septembre 2015 | Lien permanent

Qui était Jean Thiriart ?...

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Qui était Jean Thiriart ?...

Les éditions Pardès publient cette semaine, dans leur collection Qui suis-je, un Thiriart signé par Yannick Sauveur. Docteur en sciences de l'information et de la communication, ni ancien membre du mouvement Jeune Europe ni hagiographe de Thiriart, Yannick Sauveur nous livre un portrait attendu d'une figure essentielle du nationalisme européen de l'après-guerre.

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Jean Thiriart (1922-1992): «J'ai déjà pesté et tonné il y a 30 ans contre les petits nationalismes , le français, l'anglais, l'allemand. J'étais loin d'imaginer la déchéance dans laquelle nous allions tomber à la fin de notre siècle: la déchéance de l'esprit politique avec les micro-nationalismes.» (1992.)

Naître à Bruxelles dans un pays où l'on se sentira toujours à l'étroit, cela scelle un destin européen. Au-delà d'un itinéraire qui l'amènera du socialisme au communisme spartiate via le national-socialisme et le soutien à l'OAS, une permanence habite Jean Thiriart : celle de l'unification européenne, qui sera son obsession tout au long de sa vie publique. Avec Jeune Europe, mouvement transnational qu'il crée en 1963, puis Un Empire de 400 millions d hommes : l'Europe, écrit en 1964, enfin avec la revue mensuelle La Nation européenne (1966-1969), Thiriart offre une vision géopolitique des grands espaces en opposition avec les nationalismes étroits. La Société d'optométrie d'Europe, qu'il fonde en 1967 et qu'il présidera jusqu'en 1981, préfigure, dans son domaine professionnel, l'Europe unitaire et communautaire qu'il appelait de ses vœux. Loin de l'activisme militant, il réapparut au début des années 80 en tant que théoricien avec une hauteur de vues qui dénote la clairvoyance de celui qui a toujours su se placer dans la longue durée et en dehors des contingences politiciennes. Son voyage à Moscou, en 1992, où il rencontre des personnalités de tous bords, précède de peu sa mort, que nul n'attendait si tôt. Ce « Qui suis-je?» Thiriart a pour ambition de sortir de l'oubli un homme injustement méconnu, dont un des mérites fut de dépasser les clivages droite/gauche. Révolutionnaire inclassable, « jacobin de la très Grande Europe », son esprit visionnaire, puisant son inspiration chez Machiavel et Pareto, demeure d une grande actualité dans un monde en pleine mutation.

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samedi, 10 décembre 2016 | Lien permanent

En souvenir de Jean Mabire

Robert Steuckers:

En souvenir de Jean Mabire

jm2.jpgPour autant que je m’en souvienne, j’ai dû lire Jean Mabire pour la première fois en 1972, dans un numéro spécial d’“Historia”, sans trop bien me souvenir si l’article était signé Henri Landemer ou de son nom propre. C’était la belle époque de nos adolescences, que je narre très superficiellement dans mon hommage à Yves Debay, camarade d’école, futur directeur des revues “Raids” et “L’Assaut” et bien entendu, fervent lecteur précoce, lui aussi, de Jean Mabire. Finalement, par le biais des premiers numéros d’“Eléments”, au début des années 70, l’image de Jean Mabire, écrivain, se précise pour moi: non seulement, il est celui qui narre, avec simplicité et puissance, la geste des soldats de tous horizons mais il est aussi celui qui s’intéresse aux réalités charnelles et vernaculaires, au vécu des gens, disciple qu’il est, à ce niveau-là, d’Olier Mordrel, l’ancien directeur de la revue nationaliste bretonne “Stur”, pour qui l’engagement devait être dicté par les lois du vécu et non par des abstractions et des élucubrations intellectuelles. Mordrel et Mabire sont en ce sens nos “Péguy” païens, ceux qui nous d

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lundi, 20 octobre 2014 | Lien permanent

Jean de Brem

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Jean de Brem

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

En 1964, les Éditions de la Table Ronde publient Le testament d’un Européen. Le titre de cette formidable fresque historique européenne revient à l’éditeur. En effet, l’auteur, Jean de Brem, avait été assassiné par des flics, quelques mois plutôt, le 18 avril 1963 dans le Ve arrondissement près du Panthéon et de la Montagne Sainte-Geneviève.

JdB-1.jpgLe lieu de la mort de Jean Nicolas Marcetteau de Brem, né le 2 août 1935, est un tragique clin d’œil pour ce défenseur de la civilisation chrétienne européenne. Sous-lieutenant parachutiste, il combat en Algérie et, sous les ordres du colonel Château-Jobert, futur doctrinaire « contrerévolutionnaire », participe à l’intervention de Suez en novembre 1956.

Démobilisé, le cousin du futur ministre gaulliste Olivier Guichard continue la lutte à Paris Match, à Combat et dans la revue L’Esprit public, bientôt considérée comme la tribune quasi-officielle de l’OAS dont Brem est par ailleurs un membre actif. Poète, il adapte en français le chant militaire allemand J’avais un camarade qu’il nomme La Cavalcade. Mais son grand œuvre demeure Le testament d’un Européen.

Cette épopée en deux volumes se compose de cinq parties, de « L’Antiquité. L’exemple des grands anciens » au « Grand séisme. Les quatre révolutions » en passant par « Le classicisme. L’Europe des cousins », « La Renaissance. Le temps des capitaines » et « Le Moyen Âge. Le temps de la foi ». L’auteur ne cache pas ses convictions chrétiennes, à la fois viriles et œcuméniques puisqu’il prend en compte l’Orthodoxie, spiritualité gréco-byzantine de l’« Europe d’Orient », et le protestantisme, croyance germano-nordique de l’« Europe septentrionale ».

Il inclut dans la longue durée historique les paganismes antiques aux différentes phases temporelles et géographiques du christianisme. Guelfe d’Empire – il salue l’ouverture du concile Vatican II -, il se montre sévère à l’égard de Frédéric II de Hohenstaufen et n’hésite pas à parler de « Jeune Europe », d’« Europe nation », de « Grand Empire » romain qu’il qualifie d’« État-nation de la “ Mare Nostrum ”, premier gouvernement mondial (p. 118) ». Il célèbre bien sûr Charlemagne, le Grand Duc d’Occident Charles le Téméraire, Charles Quint, Philippe II de Habsbourg et même Louis XIV, maître de facto entre 1700 et 1713 d’un empire mondial franco-espagnol. Jean de Brem ne s’attarde pas sur Napoléon Bonaparte; on peut supposer qu’il avait l’intention de développer cette dernière tentative de bâtir une Europe unie française…

JdB-3.jpgDes cinq parties, la dernière est la plus courte et la moins aboutie. Il faut préciser que Jean de Brem fut tué en pleine correction du premier jeu d’épreuves. Il prévoyait en outre un troisième volume dans lequel il eût exposé sa vision européenne. Avait-il des notes ? Ses proches ont-ils conservé ses brouillons ? Par cet ouvrage, il voulait « exalter les martyrs et les grands capitaines qui ont installé sur le monde la domination de l’Europe [… et] dénoncer les apprentis sorciers qui ont provoqué le recul de l’Occident et préparent maintenant son écrasement total (p. 12) ».

Anti-communiste virulent, Jean de Brem approuve le projet d’Eurafrique et soutient toutes les luttes coloniales de l’Occident européen. « L’Afrique, source d’énergies futures, continent à la mesure de la politique planétaire, peut et doit devenir le théâtre de la Renaissance européenne, au profit des Africains comme des Blancs. […] La confédération eurafricaine est la plus grande force de dissuasion que nous puissions édifier (p. 15). » Brem estime que « l’Europe, pour être plus forte, doit premièrement s’unifier. Ensuite elle doit s’allier étroitement au “ moindre mal ” américain. Ce qui manque aux États-Unis, ce colosse cybernétique sans âme, l’Europe l’a depuis plusieurs millénaires : des raisons de se battre, un idéal à défendre ! (p. 13) ».

Écrit dans un style épique qui donne un indéniable souffle historique à ce panorama – hélas inachevé ! – de la geste européenne, Le testament d’un Européen a paradoxalement influencé Dominique Venner et Jean Mabire au moment d’Europe-Action. Nonobstant son arrière-plan catholique, le plaidoyer de Jean de Brem en faveur de la nation européenne emporte l’adhésion.

Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, souhaite vérifier la qualité des manuels de l’enseignement primaire. Quand des éditeurs oseront-ils concevoir des manuels destinés aux collégiens et aux lycéens ouvertement inspirés du Testament d’un Européen ?

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 13, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 2 janvier 2018 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

• Disponible, Le testament d’un Européen peut être commandé à Francephi : https://francephi.com/livre/le-testament-dun-europeen

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lundi, 29 janvier 2018 | Lien permanent

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