Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : allais

Leçons d'histoire pour donneur de leçons de morale

 

141806ee0cb0c1e22710fd39d819754d.jpg

 

Une leçon d'histoire pour les donneurs de leçons de morale

 

Depuis plus d’un siècle les Etats-Unis se sont arrogé le monopole de la vertu politique internationale, s’octroyant ainsi le privilège de mener leurs guerres impériales sous le couvert de la morale. Un dossier paru, ce mois de novembre 99, dans la revue Historia (n° 635 bis) consacré aux grandes manipulations de l’histoire, vient à propos rappeler que les Etats-Unis n’ont jamais cessé d’agir avec le plus parfait cynisme et la plus constante brutalité pour asseoir leur hégémonie mondiale. Leur domination est le fruit d’une technique éprouvée. Cette technique, assez grossière, n’en est pas moins d’une redoutable efficacité. Elle se décline en quatre temps :

 

Le premier temps est celui où l’ennemi à abattre est choisi en fonction des priorités d’expansion économique du moment.

 

Le second temps est celui où l’ennemi est diabolisé aux yeux de l’opinion publique.

 

Le troisième temps vise à créer les conditions qui acculeront l’ennemi à la faute, si possible à l’agression directe contre les Etats-Unis ou l’un de ses alliés. Dans l’hypothèse où cette agression ne se produirait pas, une opération de désinformation est systématiquement organisée pour faire croire à cette agression.

 

Le quatrième temps est celui de la guerre totale. L’ennemi doit non seulement être détruit mais ses dirigeants remplacés par des hommes de paille.

 

Le scénario est exposé. Il convient, maintenant, de le vérifier à l’aune de la politique de conquête poursuivie par les Etats-Unis depuis la guerre de Sécession. On peut, en effet, affirmer que c’est à partir de l’expérience acquise lors de ce conflit que (1861-1865) l’élite du Nord des Etats-Unis a mis en place la machinerie idéologique et militaire qui allait lui assurer l’accès à la suprématie planétaire.

 

En 1861, l’Union américaine était divisée en deux zones – pour schématiser le Nord et le Sud – aux intérêts antagonistes. Le Nord était industriel et le Sud agricole. Dans les Etats du Nord, l’esclavage (*) avait été aboli, non par générosité d’âme, mais pour créer une main d’œuvre mobile, disponible, servile, et à bon marché. Le Nord était protectionniste, tourné vers son marché intérieur et animé par l’égalitarisme distillé par les loges maçonniques. Le Sud était quant à lui libre-échangiste, orienté vers l’Europe – c’était là sans doute sa plus grave faute – mû par un esprit de tradition. La confrontation était inévitable. Les élites du Nord étaient toutefois bridées dans leur volonté de domination du Sud, par le droit de sécession que prévoyait la constitution fédérale. La guerre ne pouvant se faire au nom du droit se ferait donc au nom de la morale. Les manœuvres contre le Sud commencèrent dès 1832. Cette année là, le Congrès fédéral (dominé par le Nord) imposa unilatéralement à la Caroline du Sud un nouveau tarif douanier, qui menaçait tous les équilibres fondamentaux de son économie.

 

(*) L’auteur tient à signaler que ce développement a pour seul but d’éclairer le lecteur sur la politique impériale américaine. Il n’est ni d’une manière directe, indirecte, inconsciente ou subluminale, une apologie de l’esclavage, ce qui est cohérent avec sa position de refus de l’asservissement des peuples, européens en particulier, aux idées reçues et son refus de toute forme d’avilissement.

 

La Case de l’Oncle Tom : instrument de propagande

 

Cet Etat tenta de s’opposer au tarif douanier en question, mais dut finalement se soumettre devant la menace d’une intervention armée des troupes fédérales, brandie par le président Jackson. Le galop d’essai était un succès. Le scénario de la provocation/répression/soumission était rodé. Mais il fallait encore préparer les consciences à la guerre civile. Tel fut le rôle « confié » à certains intellectuels, dont Harriet Beetcher-Stowe faisait partie. Son ouvrage La case de l’oncle Tom (1852), fut l’un des premiers ouvrages de propagande de l’ère moderne et produisit l’émotion voulue. Dans les années suivantes, le parti Républicain (créé en 1854) sous l’influence du lobby industriel, fit du thème de l’abolition de l’esclavage son unique discours politique. Celui-ci était ostensiblement orienté contre les Etats du Sud. En novembre 1860, l’élection du candidat républicain Abraham Lincoln fut donc vécue par les Etats du Sud comme une véritable déclaration de guerre. En effet, ce président très minoritaire, élu avec seulement avec 39,8% des voix, n’avait pas l’intention d’abandonner son programme qui condamnait dans la pratique toute la structure politique, économique, culturelle et sociale des Etats du Sud. Face à ce péril, la Caroline du Sud, le Mississippi, la Floride, le Texas, La Géorgie, le Texas, la Louisiane, se retirèrent – conformément à leur droit – de l’Union et formèrent le 8 février 1861 un nouvel Etat baptisé « Les Etats confédérés d’Amérique ». Cet Etat voulut naturellement exercer sa sou­veraineté sur un certain nombre de places fortes fédérales situées sur son territoire : Sumter à Charleston (Ca­roline du Sud) et Pickens  à Pensacola (Floride), ce à quoi leurs commandants fédéraux s’opposèrent. De­vant ce refus, les troupes confédérales organisèrent leur siège. C’est alors que Lincoln saisit l’opportunité po­li­tique et stratégique que son parti avait réussi à créer et se décida à engager la guerre civile, fort de sa posture d’agressé. La suite est connue. La leçon tirée du conflit par les dirigeants du Nord fut inestimable : les foules ai­maient être ébahies par la propagande humanitaire et le sentiment du bon droit (*). Elles allaient être servies.

 

1898 : Ecraser l’Espagne !

 

A la fin du siècle dernier, les Etats-Unis se donnèrent de nouveaux objectifs impériaux : le contrôle exclusif de l’accès à l’Amérique du Sud, et la percée dans le Pacifique. Une puissance s’opposait à ce dessein : l’Espagne. Cependant, l’éloignement et l’expérience diplomatique du nouvel ennemi rendaient les tentatives de manipulation difficiles. Pour pallier l’absence d’agression espagnole, les Etats-Unis allaient exploiter l’ex­plo­sion accidentelle du cuirassier Maine (1898) au large de Cuba, et faire croire, à leur opinion publique, qu’il s’agissait d’une attaque surprise de l’Armada espagnole. Sur la base de ce motif, inventé de toutes pièces, les hostilités furent ouvertes. Après de courtes batailles navales, les Etats-Unis remportèrent une victoire totale et acquirent, en retour, la mainmise sur Porto Rico, Cuba, les Philippines et l’île de Guam. Tout cela n’était pas très moral, mais les formes (mensongères) y étaient.

 

(*) A ceux qui douteraient que la propagande abolitionniste du Nord n’était que poudre aux yeux,  il est rappelé les faits suivants : presque tous les noirs libérés de l’esclavage se retrouvèrent aux lendemains  de la guerre dans une situation de misère insoutenable. L’économie ruinée du Sud ne pouvant plus leur fournir d’emplois, ils émigrèrent vers le nord où ils furent employés à vil prix et dans des conditions souvent plus déplorables que leur ancien esclavage. Bien que libérés, ils durent attendre un siècle pour obtenir leurs droits politiques. Quant aux Indiens, les seuls véritables américains, ils durent attendre 1918 pour recevoir... la nationalité américaine.

 

La seconde guerre mondiale allait donner l’occasion aux Etats-Unis de décliner le scénario décrit plus haut sur une  grande échelle. L’ennemi cette fois était le Japon qui menaçait les fruits de la victoire sur l’Espagne (Philippines et Guam) et qui était en passe de devenir une superpuissance mondiale par son industrie et ses conquêtes asiatiques. A partir de ce moment, le conflit était inéluctable. Il débute le 28 juillet 1941, par la décision de Roosevelt de geler les avoirs du Japon aux Etats-Unis et d’étendre l’embargo aux livraisons du pétrole à destination du Japon. Cette décision accule les Japonais à l’intervention militaire. Mais cette intervention militaire est diligentée par les services secrets américains, dont on a aujourd’hui (cf. dossier du magazine Historia) la certitude qu’ils en suivaient pas à pas les préparatifs. Ainsi, l’intervention japonaise sur Pearl Harbor était non seulement connue dans ses détails mais désirée pour créer l’électrochoc qui permettrait de mobiliser tout un peuple dans une guerre totale contre un autre, déclaré perfide et immoral, bon à réduire en poussières atomisées.

 

La seconde guerre mondiale à peine achevée les Etats-Unis se donnent un nouvel objectif stratégique : évincer les Européens de l’Ouest – ceux de l’Est ont été donnés par Roosevelt en pâture à Staline - de leurs colonies pour s’emparer de leurs ressources. Dans cette logique, les Etats-Unis arment le Viêt-cong et le F.L.N. en Algérie contre les Français Au Viêt-nam, leur objectif est atteint, mais le résultat de leur action est mitigé par l’existence d’un Etat communiste hostile au nord. L’opinion publique américaine est selon sa tradition hostile à une intervention sans motif. Qu’à cela ne tienne l’administration de Lyndon Johnson va, en 1963, lui en tailler un sur mesure en accusant la marine Nord Vietnamienne d’avoir attaqué leur destroyer l’USS Maddox dans le golfe du Tonkin. Ce qui était là aussi un pur mensonge, mais un mensonge suffisant pour justifier une intervention directe.

 

La démonisation de Noriega 

 

La défaite contre les Vietnamiens allait refroidir quelque temps l’expansionnisme américain. Il n’allait, toutefois, pas tarder à se réchauffer et à employer les bonnes vieilles recettes du succès. D’abord contre le Panama, où la venue au pouvoir d’un certain Général Noriega (face d’Ananas selon l’expression américaine) avait tout pour déplaire à Washington. L’homme s’opposait à la fois au FMI, critiquait l’action de la CIA aux côtés des Contras au Nicaragua, et menaçait de réviser les clauses du traité régissant les droits octroyés aux Etats-Unis sur le Canal de Panama. La réaction américaine fut foudroyante. Une campagne de presse fut savamment organisée dans laquelle Noriega était présenté à la fois comme le grand organisateur du trafic mondial de la drogue, un être satanique, et l’adorateur d’Adolf Hitler. L’opinion publique américaine soigneusement mijotée, Georges Bush put sans résistance interne lancer, le 20 décembre 1989, son opération militaire contre Panama, dénommée « Juste cause » - tout un programme. Cette intervention effectuée en violation totale du droit international, ne suscita que quelques rodomontades diplomatiques sans conséquence sur l’influence américaine dans la zone. En 1991, l’ennemi suivant était l’Irak, une proie pétrolifère de choix. Cette fois la recette fut cuisinée avec un degré de raffinement jamais atteint. D’un côté les autorités américaines pressaient les Koweïtiens de mettre le couteau sur la gorge des Irakiens en les incitant à leur refuser l’aménagement de la dette contractée à leur égard, de l’autre ils faisaient savoir à Saddam Hussein, par la voix de leur ambassadrice à Bagdad, que dans l’éventualité où l’Irak attaquerait le Koweït ils observeraient une bienveillante neutralité.

 

L’Europe, rivale éternelle…

 

Le piège était tendu il allait fonctionner à merveille. La préparation concoctée par les services secrets était si subtile que pour la première fois la potion morale américaine allait se marier au droit international Les dupes européennes qui suivirent l’empire sans barguigner en furent pour leurs frais. La potion était plus amère que le fumet de pétrole qui s’en échappait. Malgré leur aide inconditionnelle et benoîte, les puissances européennes perdaient pied dans la région et dans le même temps la sécurité de leurs approvisionnements en hydrocarbures. On aurait pu penser que la tempête du désert une fois passée, les élites qui nous gouvernent auraient recouvré un peu d’esprit critique. Que nenni ! Inlassablement elles demandent à être resservie du même brouet infâme, aussi furent-elles comblées avec le Kosovo, où la CIA grande manipulatrice de l’UCK parvint à pousser Milosevic à la faute qui justifierait sa nouvelle campagne morale contre le droit. Quel était l’objectif stratégique de cette guerre ? Mais voyons toujours le même : l’Europe, le rival éternel, la civilisation à abattre.

 

J’allais oublier un détail : la recette impériale américaine ne produit tous ses effets qu’avec le bombardement des populations civiles : celles de Tokyo, de Hiroshima, de Nagasaki, de Dresde, de Hanoi, de Hué, de Phnom Penh, Panama, de Bagdad et de Belgrade. Juste quelques petits millions de morts et de carbonisés. Pas de quoi émouvoir, une conscience humanitaire bien trempée.

(© Charles Magne – Novembre 99).

Lire la suite

dimanche, 30 septembre 2007 | Lien permanent

TERRE & PEUPLE Magazine N°50

Communiqué de "Terre & Peuple"Wallonie

TERRE & PEUPLE Magazine N°50

Fiche de lecture

 

bbbb3821314138.jpgLe numéro 50 de TP Magazine est centré autour d’un dossier bien fourni sur le thème ‘Demain l’apocalypse ?’

 

Dans son éditorial, Pierre Vial souligne l’échec de la démocratie de marché dans sa manœuvre des printemps arabes, ses agents révolutionnaires se révélant sans autre capacité que de mettre en selle ses ennemis islamistes. Il promet au contraire que notre rêve révolutionnaire sera un cauchemar pour l’ennemi.

 

Pour situer les Hyperboréens aux yeux bleus chez qui Apollon passe ses hivers, Claude Perrin cite Jürgen Spanuth, Samivel, la ‘civilisation alésienne’ (qui rattache Alésia à Eleusis), René Guénon, la Thulé de la ‘Géographie’ de Strabon, Pythéas le Massaliote, Pline et son ‘Histoire naturelle’, Tilak et ‘The Artic Home in the Veda’ qui reporte la venue des Indo-Européens à la période d’Orion (-4500), les ‘Royaumes de Borée’ de Jean Raspail et l’Ancient Circumpolar World des anthropologues américains.

 

Pierre Vial ouvre le dossier sur l’apocalypse avec le film ‘2012’ de l’Américain Roland Emmerich. Grâce aux vaisseaux spatiaux de survie mis au point par un chercheur noir, véritables arches de Noé, une nouvelle humanité métissée dès le départ survit à la catastrophe.

 

Il note que l’apocalypse, révélation de la fin prochaine du monde, est le privilège du peuple élu. Seuls à en émerger, les fidèles de Yahvé jouiront ensuite d’une abondance totale et sans fin. Lorsque les souverains séleucides de Syrie qui règnent sur la Palestine veulent y interdire les rites ancestraux, dont la circoncision, et installer le culte de Zeus dans le Temple de Jérusalem, ils ouvrent un courant incessant d’apocalyptique militante zélote, avec une succession de révoltes, depuis celle des Machabées (-167) jusqu’à celle de Bar Cochba sous l’Empereur Hadrien (+135). Mais finalement la vengeance viendra le jour où le Messie, monarque sage et puissant, anéantira les païens par le feu et placera pour mille ans les survivants sous la coupe du peuple élu. L’Apocalypse de saint Jean fait le pont entre la tradition juive et le christianisme. Les premiers Pères de l’Eglise promettent aux chrétiens persécutés une vengeance sanglante (Irénée, Lactance). Saint Bernard et sainte Hildegarde guettent dans les guerres et les famines les signes annonciateurs de la fin des temps, le Saint Empire romain étant la quatrième et dernière domination.

 

Par rapport au mythe de la fin des temps, Jean Haudry situe la tradition indo-européenne dans la conception d’une succession des âges du monde, attestée par Hésiode (VIIIe AC), les Lois de Manou (IIe AC) et la Vision de la Voyante dans l’Edda (XIIe PC), en homologie aux cycles temporels du jour et de l’année, avec une partie lumineuse et une partie obscure séparée par deux parties crépusculaires, comme l’est l’année des régions circumpolaires. Dans la doctrine indienne des âges du monde des lois de Manou, l’année des hommes est un jour des dieux et les quatre âges d’un cycle correspondent aux quatre castes. La conception d’Hésiode, qui en est proche, peut être considérée comme héritée de la précédente. Dans la conception des poèmes eddiques, le cycle suit également la hiérarchie des fonctions, mais l’essentiel se produit chez les dieux. Dans les trois textes, le modèle retenu est la décadence morale et non le progrès. Dans la conception de l’Iran médiéval, après 6000 ans de paix consacrés aux deux créations, la bonne et la mauvaise, Ahura Mazda (Seigneur-sagesse) et Ahriman (Fureur agressive) s’affrontent pendant 3000 ans. Azhi, le serpent barbare (identifié dans l’envahisseur arabe) enchaîné par un héros se libère, mais est tué par un autre héros et la bonne création prend le dessus avec Zarathustra. Le tri est fait entre les bons et les mauvais et Ahriman est renvoyé pour toujours dans les ténèbres. Le Ragnarok, comme le Beowulf anglais, ont été rapprochés de la conception iranienne. Le Mahâbhârata est, selon Dumézil, la transposition dans le monde des hommes de la hiérarchie des trois fonctions. L’intrigue est une crise des structures et une renaissance. Cette interprétation a été probablement inspirée par le récit de la bataille de Brâvellir (‘Gesta Danorum’ de Saxo Grammaticus, XIIe PC), qui accumule les détails originaux identiques entre les récits indien et scandinave. Comme c’est également le cas pour des récits de la royauté étrusque de Rome et des débuts de la république romaine.

 

Pour Robert Dragan, les catholiques traditionalistes s’alignent sur le pape Léon XIII, qui invite à interpréter l’écriture « en ne s’écartant en rien du sens littéral et comme évident »… et à aller de défaite en défaite vers la victoire du Christ.

 

Yvan Lajehanne pose la question ‘Que faire pour survivre dans la débâcle ?’ Il y a bien la BAD (Base Autonome Durable), à laquelle il préfère le RAD (réseau autonome durable) avec l’amorce d’une contre-société où se débarrasser de ses faux besoins. Pour la défense de ces noyaux de sécurité, acheter le livre de Piero San Giorgio est un bon investissement.

 

Alain Cagnat ébauche cinq scénarios ‘catastrophe’. Dans le premier, l’Internationale capitaliste échouant à colmater ses brèches, les bons élèves d’Europe du Nord se réfugient dans une zone Deutsche Mark, qui chavire bientôt, en même temps que la Chine s’effondre comme ses exportations. Les grandes surfaces sont pillées et fascistes et communistes se disputent la rue. Dans le deuxième, sur fond de guerre ethnique, le Front Républicain écarte Marine Le Pen au second tour, pendant que le Parti Islamique de France s’empare de nombreuses villes. Les contrôles se renforçant, les trafics cessent d’être rentables et les banlieues s’embrasent, les comités d’autodéfense et les communautés s’arment, la composante religieuse l’emportant sur l’ethnique. Le troisième scénario est celui des printemps arabes, avec l’islamisation de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient qui dresse une profonde hostilité contre l’Occident américano-sioniste. Les prix des carburants explosent. Le quatrième est celui de la guerre contre l’Iran pour laquelle les faucons ont mis toutes les bases US en alerte. Mais les alliés du Golfe se montrant réticents, le raid se déroule dans de mauvaises conditions. Les Occidentaux ont retardé le programme nucléaire iranien de plusieurs années, mais le prix payé est énorme. Les Palestiniens se révoltent avec l’aide du Hesbolah et l’Etat juif laisse les Anglo-saxons s’empêtrer. Les marchés s’écroulent (voir scénario n°1). Le scénario n°5 est celui de la guerre contre la Chine, où les Américains, impatients de profiter de ce qui leur reste encore d’avance technologique (et d’effacer l’énorme créance chinoise) se rapprochent de l’Inde tandis que le Pakistan s’aligne sur la Chine. Dans un sixième scénario, il ne se passe rien, sinon que la crise s’aggrave car les illusionnistes continuent de tirer des milliards de leurs manches pour sauver le capitalisme financier. L’immigration progresse et la Chine conquiert la planète en douceur : c’est le plus probable.

 

Le même Alain Cagnat fusille la Gauche pour avoir trahi la classe ouvrière car, si le Parti Communiste est sorti triomphant de la Seconde Guerre (leurs cent mille fusillés) et, s’il l’est resté jusqu’à la révolution des intellos de mai 68, les Accords de Grenelle vont faire des ouvriers des bourgeois conservateurs. La Gauche se fabrique à présent d’autres masses de prolétaires avec les immigrés, lesquels ont tout à craindre des nouveaux arrivants.

 

Pour Aristide Corre, l’apocalypse, c’était hier, avec la Seconde Guerre Mondiale qui a achevé le sale boulot de la première, avec la décolonisation qui a volatilisé nos ressources naturelles pour nous embarrasser ensuite des trop-pleins du Tiers Monde, avec la destruction de la cellule familiale (libération sexuelle, avortement, consumérisme hédoniste), avec une Europe qui nous livre à un nouvel ordre mondial, avec la submersion de la race blanche. C’est donc l’instant de réagir.

 

Pour Roberto Fiorini, la dictature financière est bien résolue à se renforcer : il s’agit pour elle de sauver le triple AAA de la démocratie de marché et tant pis pour les populations. A nous de faire passer notre message, celui d’un protectionnisme continental modéré, le message de Maurice Allais.

 

Robert Dragan retrace l’histoire du génocide des Vendéens ordonné par la Convention républicaine. L’œuvre de sa vie que Reynald Secher lui a consacrée fait l’objet d’un article détaillé dans ce même numéro.

 

Jean-Patrick Arteault poursuit sa généalogie du mondialisme occidental par l’instrumentalisation par le Groupe Milner de la Conférence de la Paix de 1919. Milner, qui avait provoqué l’éclatement du Parti Libéral au pouvoir au Royaume-Uni, avait placé ses pions au secrétariat du nouveau premier ministre Lloyd George et s’était placé lui-même avec Léo Amery dans le Cabinet de Guerre de cinq membres qui coiffait le conseil des ministres, un autre de ses pions était l’adjoint du ministre des Affaires étrangères et un autre dirigeait le Renseignement politique. Lorsqu’il s’est agi d’arrêter les termes du Traité de paix, ceux de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ou les structures de la Société des Nations, entre les délégations britannique et américaine s’est manifestée une cohérence profonde par une communauté de vision sur le monde à construire et sur des projets politiques, produit des réflexions des cercles The Round Table (et de sa revue du même nom) et de son homologue américain The Inquiry (et sa revue Foreign Affairs Magazine) et enfin du Royal Institute of International Affairs et de son pendant américain le Council on Foreign Relations.

 

Ancien diplomate croate et professeur de sciences politiques dans une université américaine, notre ami Tomislav Sunic, témoin privilégié de la malignité de la balkanisation et de la cohabitation multiculturelle, démontre que le capitalisme mondialiste s’est révélé plus efficace en la matière que le communisme.  Aux rebelles contemporains, que ne choquent pas la connivence entre le commerçant et le commissaire pour détruire leur race et leur culture, la figure de l’anarchiste est désuète autant que celle du partisan face à un système de surveillance totale. Toutefois, leur situation biologique, culturelle, spirituelle est loin d’être désespérée : comme le système soviétique avant son écroulement, le système capitaliste moribond affecte contre toute vraisemblance d’être toujours la seule voie de l’avenir.

 

bb.jpg


 

Lire la suite

jeudi, 26 janvier 2012 | Lien permanent

La boussole s’est rompue par Costanzo PREVE

 

La boussole s’est rompue

par Costanzo PREVE

 

I

 

costanzop.gifOn ne peut décemment demander au marin de partir en mer sans compas, surtout lorsque le ciel est couvert et que l’on ne peut s’orienter par les étoiles. Mais qu’arrive-t-il, si l’on croit que le compas fonctionne, alors qu’il est falsifié par un aimant invisible placé dessous ? Eh bien, voilà une métaphore assez claire de notre situation présente.

 

II

 

En Italie, avec le gouvernement Monti, les choses sont devenues à la fois plus claires et plus obscures. Plus claires, parce qu’il est bien évident que la décision politique démocratique (dans son ensemble, de gauche, du centre, de droite) a été vidée de tout contenu; et que nous sommes devant une situation que n’avaient jamais imaginée les manuels d’histoire des doctrines politiques (bien évident : du moins pour ces deux pour cent de bipèdes humains qui entendent faire usage de la liberté de leur intelligence; je ne tiendrai pas compte ici des quatre-vingt dix-huit pour cent restant).

 

En bref, nous sommes devant une dictature d’économistes, à légitimation électorale référendaire indirecte et formelle. Il est évident  que cette dictature s’exerce pour le compte de quelqu’un, mais ce serait se tromper que de trop « anthropomorphiser » ce quelqu’un : les riches, les capitalistes, les banquiers, les Américains, etc. Cette dictature d’économistes est au service d’une entité impersonnelle (que Marx aurait qualifiée de « sensiblement suprasensible »), qui est la reproduction en forme « spéculative » de la forme historique actuelle du mode de production capitaliste (1). À ce point de vue, les choses sont claires.

 

Ce qui n’est pas clair du tout, et même obscur, c’est la manière dont cette junte d’économistes peut « conduire l’Italie hors de la crise ». Elle est au service exclusif de créanciers internationaux; son unique horizon est la dette. La logique du modèle néo-libéral consiste à « délocaliser » de Faenza jusqu’en Serbie la fabrication des chaussures Omca, afin de pouvoir payer les ouvrier deux cents euros.

 

Dans cette situation, le maintien du clivage Droite/Gauche n’est plus seulement une erreur théorique. C’est potentiellement un crime politique.

 

III

 

Dernièrement, je suis resté ébahi en lisant un tract du groupuscule La Gauche critique. Je ne comprenais même pas pourquoi, et puis tout d’un coup j’ai cru comprendre. Le terme même de « gauche critique » est une contradiction, puisque le présupposé principal et très essentiel de toute critique, sans lequel le terme de « critique » perd tout son sens, est justement le dépassement de cette dichotomie « Droite/Gauche ». On ne peut plus être à la fois critiques, et de gauche; non plus que de droite, ce qui revient au même.

 

Comunitarismo.jpgJe viens de renvoyer au dernier livre de Diego Fusaro. Dans cette histoire philosophique du capitalisme, depuis ses origines au XVIe siècle jusqu’à aujourd’hui, ces deux petits mots, Droite et Gauche, n’apparaissent absolument jamais, par ce fait tout simple et nu que la mondialisation capitaliste, et la dictature des économistes qui   nécessairement en est la forme, a entièrement vidé ces catégories de leur sens. Norberto Bobbio (2) pouvait encore en parler en toute bonne foi, en un temps où existait encore une souveraineté monétaire de l’État national, et où les partis de « gauche » pouvaient appliquer des politiques économiques de redistribution plus généreuses que celle des partis « de droite ». Mais aujourd’hui, avec la globalisation néo-libérale, le discours de Bobbio ne correspond plus à la réalité.

 

Il y a, bien sûr, un problème, du moment que la dictature « neutre » des économistes a cependant toujours besoin d’être légitimée constitutionnellement par des élections, fussent-elles vides de tout sens de décision. C’est donc ici que se met en scène une comédie à l’italienne; personnages : la « gauche responsable » : Bersani, D’Alema, Veltroni, tout le communisme togliattien recyclé; le bouffon qui fait la parade, Vendola, dont on sait bien a priori que  ses suffrages iront de toute façon au Parti démocrate (3); les « témoins du bon vieux temps » Diliberto et Ferrero, dont les suffrages iront toujours au même Parti démocrate, sous le prétexte du péril raciste, fasciste, populiste, etc.; les petits partis à préfixe téléphonique (respectivement Pour la refondation de la IVe internationale bolchevique, Refondateurs communistes), de Turigliatto et Ferrando, fidèles au principe olympique « L’important n’est pas de vaincre, mais de participer »; enfin, les « Témoins de Jéhovah » du communisme (Lutte communiste), dans l’attente du réveil du bon géant salvifique, la classe ouvrière et salariée mondiale (4).

 

L’idéal serait que, selon la fiction du romancier portugais José Saramago, personne n’allât plus voter; je souligne : personne. Si personne n’allait plus voter, la légitimation formelle de la dictature des économistes s’écroulerait. Le magicien capitaliste trouverait encore le moyen de tirer un nouveau lapin de son chapeau, mais on s’amuserait bien en attendant. Hélas ! Cela est un rêve irréalisable. La machine Attrape-couillons est trop efficace pour qu’on la laisse tomber en désuétude.

 

IV

 

Et pourtant, la solution pourrait bien être à la portée de la main : une nouvelle force politique radicalement critique à l’égard du capitalisme libériste mondialisé, et tout à fait étrangère au clivage Droite/Gauche. Une force politique qui laisse tomber tous les projets de « refondation du communisme » (la pensée de Marx est encore vivante, mais le communisme historique est mort), et qui retrouve plutôt des inspirations solidaristes et communautaires (5). En théorie, c’est l’œuf de Christophe Colomb; en théorie, il faudra encore plusieurs décennies, à moins d’improbables accélérations imprévues de l’histoire, pour que l’on comprenne bien que la boussole est hors d’usage, et que « droite » et « gauche » ne sont plus désormais que des espèces de panneaux de signalisation routière.

 

V

 

Et c’est ici que je vais donner l’occasion à tous les scorpions, araignées, et vipères de m’accuser : « Preve fasciste ! ». Il est vrai que, si l’on a peur de briser les tabous, mieux vaut se reposer et lire des romans policiers.

 

Voici : un cher ami français vient de m’envoyer le livre qu’a écrit Marine Le Pen (6). Je sais déjà qu’on va parler d’une astucieuse manœuvre d’infiltration populiste par l’éternel fascisme; mais ce livre, lisez-le, au moins. Il est étonnant. Moi, il ne m’étonne pas, puisque je connais bien la dialectique de Hegel, l’unité des contraires, et la logique du développement tant de la gauche que de la droite depuis une vingtaine d’années.

 

Voyons cela. À la page 135, Marine Le Pen écrit : « Je n’ai pour ma part aucun état d’âme à le dire : le clivage entre la gauche et la droite n’existe plus. Il brouille même la compréhension des enjeux réels de notre époque ». Je vois que ses principales références philosophiques dont deux penseurs « de gauche » : Bourdieu et Michéa (p. 148). Je vois que Georges Marchais, ce représentant du vieux communisme français, est cité, favorablement. Plus de Pétain ni de Vichy. Sarkozy est condamné tant pour sa politique extérieure au service des États-Unis que pour sa politique intérieure qui aggrave l’inégalité sociale. Sur la question du marché, sa principale référence théorique est Polanyi (p. 26). Le non français à la guerre d’Irak de 2003 est revendiqué (p. 37). Marx est cité (p. 61); le grand économiste Maurice Allais est souvent cité, pour soutenir l’incompatibilité du marché et de la démocratie. Mais surtout, j’y ai retrouvé avec plaisir ce qui me séduisait dans le communisme des années soixante, à savoir que la parlotte polémique à courte portée marche derrière, et non devant : le livre commence par un long chapitre intitulé, à la française « Le mondialisme n’est pas un humanisme ». La globalisation est très justement qualifiée d’« horizon de renoncement », et il y est réaffirmé que « l’empire du Bien est avant tout dans nos têtes », ce qui est vrai.

 

Je pourrais continuer. Je sais que j’ai donné aux vipères et aux scorpions une belle occasion de m’outrager; et c’est ce qui va arriver.

 

Mais pour moi, tout ce que je veux, en réalité, c’est faire réfléchir.

 

VI

 

Pour comprendre ce que sont aujourd’hui la Droite et la Gauche, nul besoin de s’adresser à des défenseurs « idéal-typiques » de la fameuse dichotomie, en termes de valeurs éternelles et de catégories de l’Esprit, comme un Marco Revelli. Il suffit de lire des défenseurs du système comme Antonio Polito (dans le Corriere della sera, 25 février 2012). Polito dit ouvertement que la compétition politique peut désormais avoir lieu dans le seul cadre, tenu pour définitif, de l’économie globalisée; que tout le reste, du pitre Nichi Vendola (Mouvement pour la gauche) à Forza Nuova (d’« extrême droite »), n’est qu’agitation insignifiante; que cela est notre destin.

 

Que proposent donc les « gauches » encore en activité, d’Andrea Catone à Giacche et à Brancaccio ? Une relance du keynesisme  et de la dépense publique en déficit, à l’intérieur de l’Union européenne ? Une nouvelle mise en garde après tant d’autres contre la menace du racisme, de la Ligue du Nord, du populisme ? Une « alter-globalisation à visage humain » ? À présent que le Grand Putassier n’occupe plus le devant de la scène, avec quoi va-t-on continuer à fanatiser comme des supporters de foot le « peuple de gauche » ?

 

Si on lit le dossier « Chine 2020 » de la Banque mondiale, récemment présenté à Pékin, on verra que la dictature des économistes s’étend sur le monde entier. Aujourd’hui, la révolution n’est pas mûre; elle n’est à l’ordre du jour ni selon sa variante stalinienne (Rizzo), ni selon sa variante trotskiste (Ferrando). Ni même le réformisme, puisque le réformisme suppose la souveraineté de l’État national. Et il y en a encore qui jouent comme des enfants avec la panoplie du petit fasciste contre le petit communiste ? Ou du petit communiste contre le petit fasciste ? Aujourd’hui, l’ennemi, c’est la dictature des économistes néo-libéraux. Avec ceux-ci, pas de compromis ! Voilà le premier pas. Si on le fait, on pourra faire les suivants.

 

Deux

Lire la suite

mercredi, 23 mai 2012 | Lien permanent | Commentaires (1)

Terre & Peuple n°49 - Histoire et métapolitique

Communiqué de Terre & Peuple/Wallonie

Terre & Peuple n°49

 Histoire et métapolitique

Le numéro 49 de TERRE & PEUPLE Magazine est axé sur le thème de l’Histoire en tant qu’arme métapolitique.

Pierre Vial, dans son éditorial, souligne le retard qu’a pris notre conscience ethnique sur les Maghrebins et les Sub-sahariens qui nous entourent, lesquels s’appellent « Frères ». Il revendique pour sa part d’être le frère des martyrs, le frère d’Hypathie, le frère des Saxons, le frère des loups.

Joseph-Macé Scaron, journaliste-écrivain dans le vent fait l’objet d’une exécution en règle pour ses impudents plagiats répétés.

Robert Blanc invite non seulement à recenser ses ascendants, mais à compléter sa généalogie avec les étapes essentielles de leur vie (date et lieu de naissance, de mariage, de décès) et leurs activités professionnelles ou autres. Et surtout à recueillir les témoignages des survivants.

Alain Cagnat remarque que, au lieu du peace and love promis, le XXIe siècle n’apporte que violences et turpitudes. Profitant de l’effondrement de l’URSS pour mettre la main sur les ressources de la planète, le lobby militaro-industriel et les major pétrolières ont soutenu les stratèges du PNAC (Project for a new american century), lesquels ont appelé de leurs vœux (voir ‘Joint Vision 2020’ du Pentagone) un ‘coup au cœur’, seul en mesure de gagner le peuple américain à ce projet conquérant.  Ils ont été entendus du ciel américain, d’où ont été frappée les Twin Rowers, par un Axe du Mal incarné par Al-Qaida. Sur les multiples incohérences de la version officielle, de nombreuses questions ont été soulevées. Les autorités se sont malencontreusement précipitées pour évacuer un maximum d’indices. Il en est resté une quantité que l’auteur passe en revue. Ceux qui ont des doutes (46% des Américains) sont traités de ‘conspirationnistes’.

Entre temps, la seconde guerre d’Irak  a été déclenchée sur des ‘preuves’ d’armes de destruction massive qui se sont révélées grossièrement mensongères. Entre temps ensuite, les alliés de la ‘communauté internationale’ ont arraché une partie de la Serbie à son peuple, mais elles ont subi un cuisant échec en Ossétie du sud, où elle ont bien dû laisser Poutine humilier leur allié Saakachvili. Entre temps enfin, on a procédé à la désintégration de Ben Laden, patient prodigieusement coriace (sous dialyse rénale) devenu inutilement encombrant, afin de pouvoir claironner « The job is done » (alors que sur le terrain les Talibans ont gagné la guerre) !

En juillet 2008, les banksters américains en ont été réduits à faire la manche. Ils avaient incité les petites gens à acquérir leur habitation en s’endettant bien au-delà de leurs moyens. Ils ont revendu aux investisseurs institutionnels (banques, assurances, fonds de pension) ces créances pourries, que les prophètes de malheur estimaient à 100 milliards de dollars en 2007, alors que l’encours s’est révélé en 2008 cinquante fois supérieur, quand la bulle a explosé ! To big to fail, Lehmann Brother a quand même fait faillite. Pour restaurer une confiance abusée, les Etats ont injecté des milliards qu’ils ne possédaient pas. L’endettement global américain atteint 170.000 dollar par habitant, lequel n’a même pas les moyens d’en assumer les intérêts ! Comment en est-on arrivé là ? D’abord par la suspension par Nixon de la convertibilité du dollar en or. Ensuite par le capitalisme de plus en plus sauvage du tandem Reagan-Tatcher, qui autorise les banques à ne plus posséder que 2% de couverture pour les fonds qu’elles prêtent ! Elles prêtent aux particuliers pour stimuler la consommation, aux entreprises pour financer la production et aux Etats pour soutenir leur politique démocratique. Les Américains ont imprimé tant de dollars et placé tant de Bons du Trésor qu’ils dépendent de plus en plus de leurs créanciers. L’or qui valait 35$ sous Nixon dépasse les 1.900 $. Pour Alain Minc, conseiller de Sarkozy, il n’y a que trois solutions possibles à la crise : la guerre, l’inflation ou l’austérité.

La guerre raciale menace l’Europe : En France en 2005, il y a eu dix mille voitures incendiées, 200 millions d’euros de dégâts, 4 morts et 126 policiers blessés, 2.900 arrestations et deux douzaines de condamnations. Le calme n’est revenu qu’à l’intervention d’imams influents et de parrains inquiets pour leurs business. En 2011, on remet cela en Grande-Bretagne.

Les révolutions arabes ont regonflé les maniaques de la démocratie à tout crin, qui ont rêvé d’une transition dans le style des révolutions de couleur d’Europe orientale, néo-libérales et mondialistes. Alors que, pour les peuples arabes, démocratie ne signifie rien d’autre que niveau de vie européen. En Egypte et en Syrie, ce sont l’armée et les Frères Musulmans qui se disputent l’influence. En Libye, en Jordanie, au Yémen, vient s’y mêler l’influence des tribus. L’affaire libyenne ne s’est réglée qu’avec l’intervention des unités spéciales françaises et anglaises. Ce chaos est pain béni pour Israël pour qui, son crédit international faiblissant, la situation devenait critique.

Le système pourrissant est aux mains d’une hyper-classe caractérisée par l’immoralité et l’immunité. En passe de profiter de l’incurie des Américains, pour qui les guerres d’Irak et d’Aghanistan sont des désastres, il y a leurs deux bêtes noires : le Pakistan et l’Iran. Des prochaines échéances électorales, il n’y a de signifiante que le duel Medvédev-Poutine. Poutine est notre favori.

Jean-Patrick Arteault, interrogé par Pierre Vial, poursuit sont étude des origines du mondialisme occidental. L’occident est d’abord une trajectoire historique (des sources gréco-romaines et judéo-chrétiennes aux révolutions libérales en passant par la synthèse de la renaissance et de la réforme calviniste avec ses élus messianiques), ensuite la réalisation militante d’un projet par des alliés, enfin une perception externe par des non-occidentaux. La sphère occidentale (Europe de l’ouest-Amérique du nord-Australie-Nouvelle Zélande-Japon), certaine de sa supériorité, se croit la mission d’englober le monde. C’est le décalque exact de l’idée anglophone (des Ruskin-Rhodes-Milner Kindergarten) d’une vocation des démocraties à libérer le monde des démons du dirigisme autoritaire, fût-ce par des ingérences musclées, justifiées par leurs bienfaits passés, notamment leur victoire sur le nazisme. Cette alliance de militants se structure entre 1890 et 1940, à travers des institutions privées (la revue et les groupes de la Table Ronde), semi-privées (le CFR ou Council on Foreign Relations) et publiques (les Conférences impériales des dominions, qui débouchent sur le Commonwealth, et la Charte atlantique anglo-américaine de 1941. Ensuite, grâce à la guerre froide, les groupes anciens sont doublés par des nouveaux (Bilderberg, Trilatérale) et par les institutions publiques mondiales ou régionales (Bretton Woods, ONU, OTAN). Avec la crise se dessine une relève des puissances occidentales par les puissance émergentes (BRICS), mais toujours dans la mise en conformité du monde à l’ordre occidental par les IDE (investissements directs à l’étranger) sous la direction d’une élite mondialiste. Ce qui peut sembler une conjuration n’est qu’une ‘conspiration à ciel ouvert’, mais dont seule une élite est consciente, la masse se laissant leurrer par la démocratie. Le réseau des organisations mondialistes entretient en son sein une certaine contestation entre libéraux et dirigistes, ce qui lui permet une alternance d’oppositions intégrées.  Entre l’oligarchie anglo-saxonne et l’oligarchie financière juive, la relation est soit d’amitié ou d’affaires, soit liée aux questions du Proche et Moyen-Orient (autour de la route des Indes et du pétrole), soit enfin liée à la relation anglo-américaine autour des deux conflits mondiaux et de la décolonisation. L’auteur passe en revue les cas personnels de Philip Kerr, Robert H. Brand, William Waldorf Astor, Léo Amery, l’auteur de la Déclaration Balfour. Il note qu’à l’origine le sionisme, qui a eu son siège à Berlin jusqu’en 1914, est favorable à l’Allemagne, jusqu’en 1909, quand l’allié turc de celle-ci passe sous l’influence des Jeunes Turcs, lesquels sont des jacobins réfractaires, à la différence de l’Empire ottoman, à toute entité autonome, juive ou autre.

Le combat méta-politique étant celui des idées, l’histoire y est une arme déterminante. Indépendamment de la vocation scientifique de l’Histoire,PierreVial en souligne le rôle à la fois thérapeutique et militant. Elle fait l’objet de manipulations de la part des idéologies qui y puisent une imagerie qui vient justifier leurs projets. Pour ne pas contrarier le projet mondialiste, il s’agit à présent d’effacer de la mémoire identitaire les événements significatifs pour les remplacer par des chiffres et des statistiques. Pour la rendre correcte conformément au projet mondialiste, il faut notamment faire passer les Indo-Européens pour un mythe.

Suit le témoignage vivant d’un professeur d’histoire, pour qui il s’agit de susciter chez l’élève une attitude critique de recul face à l’actualité. Il lui faut pour cela combattre l’idéologie ambiante libérale-libertaire, qui dévalorise le savoir au profit d’une philosophie consumériste, utilitariste et ludique : les élèves aspirent à du clé-sur-porte (l’écologie c’est bien, Hitler c’est mauvais), utile en termes de notes, la vraie vie étant le jeu. La matière du programme, déconnectée des personnages et des événements historiques et de la chronologie au profit des statistiques, leur parait inintéressante. Il en est ainsi au moins pour les néo-barbares issus des classes sociales sans capital culturel familial, ce qui consacre les inégalités. Là où il s’agirait pour l’élève d’élargir l’histoire de son peuple à celle du monde. Mais existe-t-il encore une histoire commune à une population multiraciale ?

Dominique Venner, avec son livre ‘Le choc de l’Histoire’, donne à Pierre Vial l’occasion de souligner qu’il importe pour nous de découvrir l’Histoire en y prenant notre part. La civilisation européenne, expression de l’identité des peuples d’Europe, est menacée de mort par le mondialisme économique, au profit des requins de la finance. Leur réveil viendra de notre combat contre cette religion de l’humanité : les hommes n’existent que par ce qui les distingue. Pour Dominique Venner, il s’agit de prendre pied sur la tradition, notre boussole intérieure, et de revenir au message d’Homère. Inspiré par les dieux et la poésie, il nous a légué la source de notre tradition, avec une triade où arrimer nos âmes et nos conduites : la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon.

Roberto Fiorini s’inquiète qu’ébranlés par la crise les banquiers régnants s’apprêtent à abattre leur dernière carte : le gouvernement mondial que le Pape juge d’une urgente nécessité. Les états sont déjà neutralisés par les institutions supranationales et ils sont les esclaves de leurs dettes. Ayant abandonné leur souveraineté monétaire, ils n’ont pas la possibilité, comme les USA, l’Angleterre, la Chine et même la Suisse, de jouer sur les changes. Le Prix Nobel Maurice Allais comparait les banques centrales à des faux monnayeurs. Seule l’Europe fait peser la charge des intérêts énormes qu’elle paie au marché sur ses contribuables les plus faibles (car taxer les riches les fait fuir !). Il faut une révolution pour sortir des pièges dans lesquels on nous a fait tomber.

Lionel Franc sort la fiche de santé de l’économie américaine : métastases dans leur phase terminale. La dette de l’Etat fédéral dépasse 100% du PIB (14.700 milliards $) et celle des Etats et des municipalités 2.375 milliards $. Quand on y ajoute l’endettement des ménages et des entreprises, on atteint 370% du PIB. Nombre d’Etats et de villes sont en cessation de paiement, notamment des traitements et des pensions ne sont plus payés que partiellement ou plus du tout. L’infrastructure routière n’est plus entretenue. Des services publics sont arrêtés. La poste licencie 138.000 employés et la Bank of America 30.000. Les bénéficiaires de l’aide alimentaire, qui étaient déjà 27 millions en 2007 sont à présent 44 millions et on estime que 14,7% des Américains sont sous-alimentés. Les campements de SDF se multiplient dans les villes. Et Obama, Bernanke (Fed. Res.) et Geithner (Secr. Trésor) s’évertuent à rassurer leur public. Pays le plus inégalitaire de la planète, aux USA les riches sont de plus en plus riches.

 

SOLID est une association sympathique de solidarité active avec tous les identitaires qui, par le monde, sont persécuté à cause de leur identité, que ce soit par l’effet de la globalisation marchande ou par un régime autoritaire qui leur refuse le droit de vivre leur identité sur la terre de leurs ancêtres. Solid appuie notamment l’action de Solidarité-Kosovo en faveur des enclaves serbes. Solid soutient la lutte du

Lire la suite

mercredi, 16 novembre 2011 | Lien permanent | Commentaires (4)

Une leçon d'histoire pour les donneurs de leçons de morale

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1999

Une leçon d’histoire pour les donneurs de leçons de morale

 

uncle-samxxxx.jpgDepuis plus d’un siècle les Etats-Unis se sont arrogé le monopole de la vertu politique internationale, s’octroyant ainsi le privilège de mener leurs guerres impériales sous le couvert de la morale. Un dossier paru, ce mois de novembre 99, dans la revue Historia (n° 635 bis) consacré aux grandes manipulations de l’histoire, vient à propos rappeler que les Etats-Unis n’ont jamais cessé d’agir avec le plus parfait cynisme et la plus constante brutalité pour asseoir leur hégémonie mondiale. Leur domination est le fruit d’une technique éprouvée. Cette technique, assez grossière, n’en est pas moins d’une redoutable efficacité. Elle se décline en quatre temps :

 

Le premier temps est celui où l’ennemi à abattre est choisi en fonction des priorités d’expansion économique du moment.

Le second temps est celui où l’ennemi est diabolisé aux yeux de l’opinion publique.

Le troisième temps vise à créer les conditions qui acculeront l’ennemi à la faute, si possible à l’agression directe contre les Etats-Unis ou l’un de ses alliés. Dans l’hypothèse où cette agression ne se produirait pas, une opération de désinformation est systématiquement organisée pour faire croire à cette agression.

Le quatrième temps est celui de la guerre totale. L’ennemi doit non seulement être détruit mais ses dirigeants remplacés par des hommes de paille.

 

Le scénario est exposé. Il convient, maintenant, de le vérifier à l’aune de la politique de conquête poursuivie par les Etats-Unis depuis la guerre de Sécession. On peut, en effet, affirmer que c’est à partir de l’expérience acquise lors de ce conflit que (1861-1865) l’élite du Nord des Etats-Unis a mis en place la machinerie idéologique et militaire qui allait lui assurer l’accès à la suprématie planétaire.

 

En 1861, l’Union américaine était divisée en deux zones – pour schématiser le Nord et le Sud – aux intérêts antagonistes. Le Nord était industriel et le Sud agricole. Dans les Etats du Nord, l’esclavage (*) avait été aboli, non par générosité d’âme, mais pour créer une main d’œuvre mobile, disponible, servile, et à bon marché. Le Nord était protectionniste, tourné vers son marché intérieur et animé par l’égalitarisme distillé par les loges maçonniques. Le Sud était quant à lui libre-échangiste, orienté vers l’Europe – c’était là sans doute sa plus grave faute – mû par un esprit de tradition. La confrontation était inévitable. Les élites du Nord étaient toutefois bridées dans leur volonté de domination du Sud, par le droit de sécession que prévoyait la constitution fédérale. La guerre ne pouvant se faire au nom du droit se ferait donc au nom de la morale. Les manœuvres contre le Sud commencèrent dès 1832. Cette année là, le Congrès fédéral (dominé par le Nord) imposa unilatéralement à la Caroline du Sud un nouveau tarif douanier, qui menaçait tous les équilibres fondamentaux de son économie.

 

(*) L’auteur tient à signaler que ce développement a pour seul but d’éclairer le lecteur sur la politique impériale américaine. Il n’est ni d’une manière directe, indirecte, inconsciente ou subluminale, une apologie de l’esclavage, ce qui est cohérent avec sa position de refus de l’asservissement des peuples, européens en particulier, aux idées reçues et son refus de toute forme d’avilissement.

 

La Case de l’Oncle Tom : instrument de propagande

 

Cet Etat tenta de s’opposer au tarif douanier en question, mais dut finalement se soumettre devant la menace d’une intervention armée des troupes fédérales, brandie par le président Jackson. Le galop d’essai était un succès. Le scénario de la provocation/répression/soumission était rodé. Mais il fallait encore préparer les consciences à la guerre civile. Tel fut le rôle « confié » à certains intellectuels, dont Harriet Beetcher-Stowe faisait partie. Son ouvrage La case de l’oncle Tom (1852), fut l’un des premiers ouvrages de propagande de l’ère moderne et produisit l’émotion voulue. Dans les années suivantes, le parti Républicain (créé en 1854) sous l’influence du lobby industriel, fit du thème de l’abolition de l’esclavage son unique discours politique. Celui-ci était ostensiblement orienté contre les Etats du Sud. En novembre 1860, l’élection du candidat républicain Abraham Lincoln fut donc vécue par les Etats du Sud comme une véritable déclaration de guerre. En effet, ce président très minoritaire, élu avec seulement avec 39,8% des voix, n’avait pas l’intention d’abandonner son programme qui condamnait dans la pratique toute la structure politique, économique, culturelle et sociale des Etats du Sud. Face à ce péril, la Caroline du Sud, le Mississippi, la Floride, le Texas, La Géorgie, le Texas, la Louisiane, se retirèrent – conformément à leur droit – de l’Union et formèrent le 8 février 1861 un nouvel Etat baptisé « Les Etats confédérés d’Amérique ». Cet Etat voulut naturellement exercer sa sou­veraineté sur un certain nombre de places fortes fédérales situées sur son territoire : Sumter à Charleston (Ca­roline du Sud) et Pickens  à Pensacola (Floride), ce à quoi leurs commandants fédéraux s’opposèrent. De­vant ce refus, les troupes confédérales organisèrent leur siège. C’est alors que Lincoln saisit l’opportunité po­li­tique et stratégique que son parti avait réussi à créer et se décida à engager la guerre civile, fort de sa posture d’agressé. La suite est connue. La leçon tirée du conflit par les dirigeants du Nord fut inestimable : les foules ai­maient être ébahies par la propagande humanitaire et le sentiment du bon droit (*). Elles allaient être servies.

 

1898 : Ecraser l’Espagne !

 

A la fin du siècle dernier, les Etats-Unis se donnèrent de nouveaux objectifs impériaux : le contrôle exclusif de l’accès à l’Amérique du Sud, et la percée dans le Pacifique. Une puissance s’opposait à ce dessein : l’Espagne. Cependant, l’éloignement et l’expérience diplomatique du nouvel ennemi rendaient les tentatives de manipulation difficiles. Pour pallier l’absence d’agression espagnole, les Etats-Unis allaient exploiter l’ex­plo­sion accidentelle du cuirassier Maine (1898) au large de Cuba, et faire croire, à leur opinion publique, qu’il s’agissait d’une attaque surprise de l’Armada espagnole. Sur la base de ce motif, inventé de toutes pièces, les hostilités furent ouvertes. Après de courtes batailles navales, les Etats-Unis remportèrent une victoire totale et acquirent, en retour, la mainmise sur Porto Rico, Cuba, les Philippines et l’île de Guam. Tout cela n’était pas très moral, mais les formes (mensongères) y étaient.

 

(*) A ceux qui douteraient que la propagande abolitionniste du Nord n’était que poudre aux yeux,  il est rappelé les faits suivants : presque tous les noirs libérés de l’esclavage se retrouvèrent aux lendemains  de la guerre dans une situation de misère insoutenable. L’économie ruinée du Sud ne pouvant plus leur fournir d’emplois, ils émigrèrent vers le nord où ils furent employés à vil prix et dans des conditions souvent plus déplorables que leur ancien esclavage. Bien que libérés, ils durent attendre un siècle pour obtenir leurs droits politiques. Quant aux Indiens, les seuls véritables américains, ils durent attendre 1918 pour recevoir... la nationalité américaine.

 

La seconde guerre mondiale allait donner l’occasion aux Etats-Unis de décliner le scénario décrit plus haut sur une  grande échelle. L’ennemi cette fois était le Japon qui menaçait les fruits de la victoire sur l’Espagne (Philippines et Guam) et qui était en passe de devenir une superpuissance mondiale par son industrie et ses conquêtes asiatiques. A partir de ce moment, le conflit était inéluctable. Il débute le 28 juillet 1941, par la décision de Roosevelt de geler les avoirs du Japon aux Etats-Unis et d’étendre l’embargo aux livraisons du pétrole à destination du Japon. Cette décision accule les Japonais à l’intervention militaire. Mais cette intervention militaire est diligentée par les services secrets américains, dont on a aujourd’hui (cf. dossier du magazine Historia) la certitude qu’ils en suivaient pas à pas les préparatifs. Ainsi, l’intervention japonaise sur Pearl Harbor était non seulement connue dans ses détails mais désirée pour créer l’électrochoc qui permettrait de mobiliser tout un peuple dans une guerre totale contre un autre, déclaré perfide et immoral, bon à réduire en poussières atomisées.

 

La seconde guerre mondiale à peine achevée les Etats-Unis se donnent un nouvel objectif stratégique : évincer les Européens de l’Ouest – ceux de l’Est ont été donnés par Roosevelt en pâture à Staline - de leurs colonies pour s’emparer de leurs ressources. Dans cette logique, les Etats-Unis arment le Viêt-cong et le F.L.N. en Algérie contre les Français Au Viêt-nam, leur objectif est atteint, mais le résultat de leur action est mitigé par l’existence d’un Etat communiste hostile au nord. L’opinion publique américaine est selon sa tradition hostile à une intervention sans motif. Qu’à cela ne tienne l’administration de Lyndon Johnson va, en 1963, lui en tailler un sur mesure en accusant la marine Nord Vietnamienne d’avoir attaqué leur destroyer l’USS Maddox dans le golfe du Tonkin. Ce qui était là aussi un pur mensonge, mais un mensonge suffisant pour justifier une intervention directe.

 

La démonisation de Noriega 

 

La défaite contre les Vietnamiens allait refroidir quelque temps l’expansionnisme américain. Il n’allait, toutefois, pas tarder à se réchauffer et à employer les bonnes vieilles recettes du succès. D’abord contre le Panama, où la venue au pouvoir d’un certain Général Noriega (face d’Ananas selon l’expression américaine) avait tout pour déplaire à Washington. L’homme s’opposait à la fois au FMI, critiquait l’action de la CIA aux côtés des Contras au Nicaragua, et menaçait de réviser les clauses du traité régissant les droits octroyés aux Etats-Unis sur le Canal de Panama. La réaction américaine fut foudroyante. Une campagne de presse fut savamment organisée dans laquelle Noriega était présenté à la fois comme le grand organisateur du trafic mondial de la drogue, un être satanique, et l’adorateur d’Adolf Hitler. L’opinion publique américaine soigneusement mijotée, Georges Bush put sans résistance interne lancer, le 20 décembre 1989, son opération militaire contre Panama, dénommée « Juste cause » - tout un programme. Cette intervention effectuée en violation totale du droit international, ne suscita que quelques rodomontades diplomatiques sans conséquence sur l’influence américaine dans la zone. En 1991, l’ennemi suivant était l’Irak, une proie pétrolifère de choix. Cette fois la recette fut cuisinée avec un degré de raffinement jamais atteint. D’un côté les autorités américaines pressaient les Koweïtiens de mettre le couteau sur la gorge des Irakiens en les incitant à leur refuser l’aménagement de la dette contractée à leur égard, de l’autre ils faisaient savoir à Saddam Hussein, par la voix de leur ambassadrice à Bagdad, que dans l’éventualité où l’Irak attaquerait le Koweït ils observeraient une bienveillante neutralité.

 

L’Europe, rivale éternelle…

 

Le piège était tendu il allait fonctionner à merveille. La préparation concoctée par les services secrets était si subtile que pour la première fois la potion morale américaine allait se marier au droit international Les dupes européennes qui suivirent l’empire sans barguigner en furent pour leurs frais. La potion était plus amère que le fumet de pétrole qui s’en échappait. Malgré leur aide inconditionnelle et benoîte, les puissances européennes perdaient pied dans la région et dans le même temps la sécurité de leurs approvisionnements en hydrocarbures. On aurait pu penser que la tempête du désert une fois passée, les élites qui nous gouvernent auraient recouvré un peu d’esprit critique. Que nenni ! Inlassablement elles demandent à être resservie du même brouet infâme, aussi furent-elles comblées avec le Kosovo, où la CIA grande manipulatrice de l’UCK parvint à pousser Milosevic à la faute qui justifierait sa nouvelle campagne morale contre le droit. Quel était l’objectif stratégique de cette guerre ? Mais voyons toujours le même : l’Europe, le rival éternel, la civilisation à abattre.

 

J’allais oublier un détail : la recette impériale américaine ne produit tous ses effets qu’avec le bombardement des populations civiles : celles de Tokyo, de Hiroshima, de Nagasaki, de Dresde, de Hanoi, de Hué, de Phnom Penh, Panama, de Bagdad et de Belgrade. Juste quelques petits millions de morts et de carbonisés. Pas de quoi émouvoir, une conscience humanitaire bien trempée.

(© Charles Magne – Novembre 99).

Lire la suite

mardi, 04 mai 2010 | Lien permanent

Synthèse de Terre & Peuple Magazine (n°45)

Synthèse de T&P Magazine n°45

Réalisée par le prévôt de la bannière Wallonie de TP

 

TP45.jpgLe numéro 45 de notre revue TERRE & PEUPLE Magazine est construit autour d’un dossier sur le thème ‘Croire et combattre’. En tête de ce dossier Pierre Vial, qui dans son éditorial a souligné l’insécurité grandissante, prévient que ‘l’arbre Rom ne doit pas dissimuler la forêt africaine’. Il nous avertit que ne survivront que ceux qui sont déterminés à combattre, ceux qui ont la foi en eux-mêmes, alors qu’on nous invite à nous résigner. Il dénonce, dans cette démission, le poison de la ‘modernité’, pensée issue de la renaissance, qui méprisant les traditions et les valeurs médiévales donnera naissance aux prétentions cartésiennes. Et, bientôt, au rationalisme matérialiste, aux Lumières et au scientisme du XIXe siècle, ce positivisme sur lequel la bourgeoisie va asseoir un économisme forcené, qui conduit la désacralisation du monde. Dans cette inversion des valeurs, les frères jumeaux libéralisme et marxisme se donnent mission de réordonner l’humanité. En réaction à cette agression du capitalisme bourgeois, un socialisme français est né, produit par de hautes figures : Proudhon, Blanqui, Sorel. La vision de ceux-ci est la nôtre : refus de l’exploitation de l’homme par l’homme, de la dictature de l’argent et de la prévalence d’intérêts individuels sur l’intérêt communautaire. Nous épousons la cause des Communards, prêts à combattre jusqu’au sacrifice. Pour offrir sa vie, il faut avoir la foi. La foi en quoi ? La croyance en notre communauté. La croyance de notre communauté, car comme le disait encore Alain de Benoist en 2009 : « Il n’y a pas de communautés d’hommes sans relation concrète formelle (…) ». La religion romaine reposait sur l’accomplissement scrupuleux des rites et le sénat avait dans ses fonctions d’y veiller. Chez les Celtes et les Germains comme en Grèce, c’est également avec le ciel qu’on tisse les liens qui resserrent la communauté. Voilà  près de 2000 ans, une religion étrangère, qui faisait miroiter une fascinante évasion hors d’un réel trop lourd à porter, nous a été imposée comme unique et obligatoire. A une phase radicale, où le martial saint Martin détruit les sanctuaires et les arbres sacrés, succédera une phase de récupération par l’Eglise d’une large part des anciens cultes :  nombre de cathédrales sont élevées sur d’anciens sites sacrés. Récupération aussi de traditions païennes, tel le compagnonnage guerrier qui produira la chevalerie et les ordres militaires (celui du Temple notamment). Aujourd’hui, nous devons revivifier le grand élan communautaire des croisades contre des envahisseurs, à qui l’islam sert avant tout d’alibi. Tous croyants, chrétiens comme païens, nous devons nous unir pour cette guerre qui sera très longue (la Reconquista a duré quelques siècles). Par foi en nous-mêmes, en nos enfant et en les enfants de nos enfants. Pierre Vial complète ce texte par un portrait de ‘Blanqui l’Enfermé’ (qui a passé trente-trois ans de sa vie en prison) et par celui du mouvement ‘Thule Seminar’ qu’a fondé notre ami Pierre Krebs afin de restituer au peuple allemand, en même temps que la mémoire qu’on lui a volée, la conscience de son identité. Il souligne à cet égard une‘libération de la parole’ qui est consacrée aujourd’hui en Allemagne par le livre de Thilo Sarrazin, haut responsable politique qui démontre le danger mortel de l’immigration-invasion et rencontre une énorme adhésion.

 

Robert Dragan, qui est l’auteur (sous la direction de Pierre Vial) du beau livre ‘Fêtes païennes des quatre saisons’, se laisse une fois encore interroger par lui sur le rôle déterminant qu’a joué la finance américaine dans l’aboutissement de la révolution bolchevique. La source essentielle de l’information sur cette matière se trouve dans trois livres d’une série consacrée à Wall Street par Anthony Sutton, de l’université Stanford le tout synthétisé par Pierre de Villemarest dans ‘Complicité et financement soviéto-nazi’. Qu’il y ait eu une source allemande au financement de la révolution bolchevique n’est que logique : l’Allemagne, prise entre deux fronts, avait un intérêt vital à affaiblir l’armée tsariste. Au contraire, un financement par les Américains apparaît comme paradoxal au moment même où les Etats-Unis s’engagent sur le front de l’ouest et que les bolcheviques vont libérer l’armée allemande du front de l’est. C’est précisément cette trahison cynique des capitalistes qui a motivé l’auteur à mener sa recherche, au moment où les marchands d’armes de son pays vendaient au Vietnam de quoi tuer les jeunes Américains. Mais ce n’était pas que leur sordide intérêt que poursuivaient les banquiers anglo-américains. En finançant non seulement la révolution bolchévique, mais la construction de l’URSS (Staline n’a-t-il pas déclaré en 1944 à Harriman : « Les deux tiers de nos industries de base sont dus à votre aide et assistance technique. »), c’est leur objectif mondialiste qu’ils poursuivent. La Russie tsariste était la seule puissance occidentale à refuser la création d’une banque centrale privée. Otto Kahn, d’American International Corp, pourra dire aux bolcheviques: “Ce qui nous oppose, ce n’est pas tant ce qui doit arriver que comment cela arrivera.”

Le dossier est complété par la recension du livre de Philippe Martin ‘A la recherche d’une éducation nouvelle. Histoire de la jeunesse allemande’. Il y retrace le grand mouvement du peuple allemand en réaction contre les méfait de l’industrialisation, par le retour vers l’éducation physique et sportive, artistique et musicale, le travail artisanal et l’aide sociale d’une jeunesse rebelle à la vie dans les villes industrielles.

 

 

 

Jean-Paul Lorrain clôture le dossier en tressant une couronne de martyr au communard Louis Rossel, figure sublime d’un officier français fusillé pour désertion, alors qu’il avait décidé au contraire de reprendre le combat, indigné par « la capitulation d’une forteresse intacte gardée par une armée intacte ». Sa lettre de demande de grâce au président de la république est tout sauf une supplique et elle restitue, paradoxalement, toute sa dimension héroïque à son sacrifice.

 

Roberto Fiorini accuse le trait du libéralisme qu’on béatifie, alors qu’on diabolise le protectionnisme qui n’est pourtant que la résistance des peuples à la destruction systématique de leur identité. La Chine, qu’on se plaît à leur dénoncer, ne fait pourtant rien d’autre que profiter du système mondialiste libéral, lequel corrompt politiciens et syndicalistes pour tenter de légaliser le laisser faire et le laisser délocaliser. Pendant ce temps, les capitaux sont orientés vers la spéculation financière plutôt que vers la production, moins rentable mais créatrice d’emplois. Les Chinois ne sont plus limités à recopier nos produits à bas prix, ils forment des spécialistes et n’auront bientôt plus besoin de nos compétences. Grâce aux montagnes d’argent accumulées par leurs exportations, ils rachètent nos entreprises, les matières premières précieuses, les terres agricoles afin d’avoir la maîtrise alimentaire. Disposant d’un pouvoir autoritaire fort, ils sont en mesure de contraindre leur main-d’œuvre à produire à des conditions rentables. Finançant nos dettes (dont les intérêts leur sont servis par nos populations), ils ont les moyens de nous prendre à la gorge. Il est temps de réagir et de protéger notre communauté contre ses prédateurs. Non, le protectionnisme n’est pas la guerre. Le commerce est déjà une forme de guerre.  Maurice Allais, prix Nobel d’économie, avertissait en décembre 2009 encore de l’urgente nécessité d’un protectionnisme à l’échelle européenne.  Seule une telle vision politique nous sortira des griffes du piège économique.

 

Jean-Patrick Arteaud reprend sa conversation avec Pierre Vial sur ‘Les racines du mondialisme occidental’ en remarquant que le mondialisme anglo-saxon est avant tout américain. Si seules les sources britanniques ont été explorées jusqu’ici (Ruskin, Oxford, le Bloc Cecil Rhodes et le Groupe Milner, la Fédération mondiale dans la foulée du Commonwealth), les Etats-Unis sont naturellement appelés à réintégrer cette fédération impériale, quitte à en déplacer le centre vers l’Amérique. C’est Philip Kerr, un aristocrate anglais (il est le petit-fils du Duc de Norfolk), qui va être l’acteur de ce recentrage. Brillant produit d’Oxford et lié à plusieurs membre du Milner Kindergarten, il va être bientôt l’éditeur de la revue du groupe, ‘The Round Table’. Il le restera jusqu’en 1917, pour devenir le secrétaire du Premier Ministre Lloyd George. Entre temps, il est fréquemment ‘missionnaire’ de l’idée anglophone en Amérique. Pour lui, cette idée, hors de tout racialisme, est un mélange de démocratie contrôlée, de confiance dans le progrès, d’individualisme et de capitalisme libéral. Aux Etats-Unis, son problème est de faire des Noirs de bons Anglophones. Mais un autre aspect de sa mission est de contrer la menace de l’Empire allemand : ses colonies africaines font obstacle au projet de Cecil Rhodes d’unifier le continent ; son fort développement industriel porte ombrage à l’industrie britannique ; le Kaiser ne cesse de renforcer sa puissante flotte de guerre ; enfin, autocratie militariste, l’Allemagne est comparable à la rude Sparte. Comme Athènes pour les guerres du Péloponnèse, l’Angleterre, brillante et cultivée, doit pour défendre la civilisation en péril se trouver des alliés. Pour Philippe Kerr, quel meilleur allié se faire que les Etats-Unis. Il se voue alors à la mise en place d’une fédération anglo-saxonne qui doit dominer les mers, garantir la paix et mettre en échec l’impérialisme germanique. Il se lie au journaliste américain Walter Lippmann qu’il va aider à lancer un journal, The New Republic, qui sera à la fois d’orientation sociale (Fabian Society) et de soutien, dès le déclenchement de la guerre, au point de vue britannique tel qu’il est exprimé par The Round Table. Bien que Lippmann ait soutenu Theodor Roosevelt, candidat aux présidentielles évincé par Woodrow Wilson, le conseiller de ce dernier, le ‘colonel’ Mandell House, ne le choisit pas moins pour faire partie de The Inquiry et d’en devenir bientôt secrétaire général. Il s’agit d’ule n groupe de travail qui prépare les fameux 14 points de Wilson, dans lesquels il introduit la pensée de la Table Ronde. Lippmann est alors une des chevilles ouvrières du CFR, le Council of Foreign Relations, cénacle du mondialisme anglo-saxon. Cette institut international financé par la fondation Carnegie (J.P. Morgan et Rockefeller) est la réplique américaine d’une institution privée financée par le Groupe Milner sous la dénomination Royal Institute of International Affaires (RIIA) et ensuite sous le nom de son siège, Chattam House. D’un côté comme de l’autre, on professe que les valeurs anglo-saxonne sont le summum humain, que la masse populaire doit être élevée (formatée) et que la démocratie est la bonne voie, pour autant que le peuple fasse le bon choix. On parviendra à l’y amener grâce aux ‘agents psychologiques du changement’, outils de manipulation des masses de formes très diverses (y compris la terreur, notamment par le bombardement des villes allemandes) et des méthodes nouvelles de propagande, que Lippmann appelle la fabrique du consentement. Ce qui devrait faire douter de la possibilité de persuader les peuples par des idées pertinentes.

 

 

 

Eric Delcroix reprend cette balle au bond à propos des prétentions à l’action métapolitique de la Nouvelle Droite telles qu’elles sont exprimées dans le numéro d’été de la revue Eléments. Notre ami reboutonne paternellement Alain de Benoist qui y a affirmé n’avoir nullement changé de cap, mais avoir été mal compris à l’origine. Eric Delcroix, qui lui n’a rien oublié, le rappelle à l’ordre, mais sans l’ombre d’une acidité, veillant même à larder la langue de ses conclusions, sinon d’une précision raffinée, de l’une ou l’autre expression populaire à la fois juteuse et croustillante. Michel Marmin, cité pour mémoire, tient à rassurer les peuples : son violon n’est pas désaccordé et il aime autant l’avenir qui nous est promis, si pas mieux.

 

Alain Cagnat, dans ‘L’Afrique sans les Blancs’, administre un vomitif, avec le catalogue révoltant des faillites, des gabegies, des coups d’état, des dictatures sordides, des mascarades démocratiques, des cascades de chaos en ethnocides et de mutineries en débâcles sanitaires, pour le profit de quelques clans de repus, de quelques ONG et d’entreprises américaines et chinoises. Le texte de ce catalogue ne se résume pas : c’est un révulsif qui s’avale d’un coup, sans sucrette, en se pinçant le nez. Avec la consolation de l’aveu de quelques sages Africains, tel Jean-Paul Ngoupandé : « Crevons donc, si tel est notre choix, mais ne nous en prenons qu’à nous-mêmes. »

 

Lire la suite

mardi, 04 janvier 2011 | Lien permanent

Céline vient de débarquer

celine_1_louis-ferdinand-celine-0045_1262086184.jpgCéline vient de débarquer...

Lucien Rebatet

Ex: http://zentropa.splinder.com/

"Quand un matin du début de novembre 1944, le bruit se répandit dans Sigmaringen : « Céline vient de débarquer », c’est de son Kränzlin que le bougre arrivait tout droit. Mémorable rentrée en scène. Les yeux encore pleins du voyage à travers l’Allemagne pilonnée, il portait une casquette de toile bleuâtre, comme les chauffeurs de locomotive vers 1905, deux ou trois de ses canadiennes superposant leur crasse et leurs trous, une paire de moufles mitées pendues au cou, et au-dessus des moufles, sur l’estomac, dans une musette, le chat Bébert, présentant sa frimousse flegmatique de pur parisien qui en a bien connu d’autres. Il fallait voir, devant l’apparition de ce trimardeur, la tête des militants de base, des petits miliciens : « C’est ça, le grand écrivain fasciste, le prophète génial ? » Moi-même, j’en restais sans voix.  Louis-Ferdinand, relayé par Le Vigan, décrivait par interjections la gourance de Kränzlin, un patelin sinistre, des Boches timbrés, haïssant le Franzose, la famine au milieu des troupeaux d’oies et de canards. En somme, Hauboldt était venu le tirer cordialement de ce trou, et Céline, apprenant l’existence à Sigmaringen d’une colonie française, ne voulait plus habiter ailleurs.

La première stupeur passée, on lui faisait fête. Je le croyais fini pour la littérature. Quelques mois plus tôt, je n’avais vu dans son Guignol’s Band qu’une caricature épileptique de sa manière (je l’ai relu ce printemps, un inénarrable chef d’œuvre, Céline a toujours eu dix, quinze ans d’avance sur nous). Mais il avait été un grand artiste, il restait un grand voyant.  Nous nous sommes rencontrés tous les jours pendant quatre mois, seul à seul, ou en compagnie de La Vigue, de Lucette, merveilleuse d’équilibre dans cette débâcle et dans le sillage d’un tel agité. Céline, outre sa prescience des dangers et cataclysmes très réels, a été constamment poursuivi par le démon de la persécution, qui lui inspirait des combinaisons et des biais fabuleux pour déjouer les manœuvres de quantités d’ennemis imaginaires. Il méditait sans fin sur des indices perceptibles de lui seul, pour parvenir à des solutions à la fois aberrantes et astucieuses. Autour de lui, la vie s’enfiévrait aussitôt de cette loufoquerie tressautante, qui est le rythme même de ses plus grands bouquins. Cela aurait pu être assez vite intolérable. Mais la gaité du vieux funambule emportait tout.

Le « gouvernement » français l’avait institué médecin de la colonie. Il ne voulait d’ailleurs pas d’autre titre. Il y rendit des services. Abel Bonnard, dont la mère, âgée de quatre-vingt-dix ans, se mourait dans une chambre de la ville, n’a jamais oublié la douceur avec laquelle il apaisa sa longue agonie. Il pouvait être aussi un excellent médecin d’enfants. Durant les derniers temps, dans sa chambre de l’hôtel Löwen, transformée en taudis suffocant (dire qu’il avait été spécialiste de l’hygiène !) il soigna une série de maladies intrinsèquement célinesques, une épidémie de gale, une autre de chaudes-pisses miliciennes. Il en traçait des tableaux ébouriffants.  L’auditoire des Français, notre affection le ravigotaient d’ailleurs, lui avaient rendu toute sa verve. Bien qu’il se nourrît de peu, le ravitaillement le hantait : il collectionnait par le marché noir les jambons, saucisses, poitrines d’oies fumées. Pour détourner de cette thésaurisation les soupçons, une de ses ruses naïves était de venir de temps à autre dans nos auberges, à l' « Altem Fritz », au « Bären », comme s'il n'eût eu d'autres ressources, partager la ration officielle, le « Stammgericht », infâme brouet de choux rouges et de rutabagas. Tandis qu'il avalait la pitance consciencieusement, Bébert le « greffier » s'extrayait à demi de la musette, promenait un instant sur l'assiette ses narines méfiantes, puis regagnait son gîte, avec une dignité offensée.

— Gaffe Bébert ! disait Ferdinand. Il se laisserait crever plutôt que de toucher à cette saloperie... Ce que ça peut être plus délicat, plus aristocratique que nous, grossiers sacs à merde ! Nous on s'entonne, on s'entonnera de la vacherie encore plus débectante. Forcément !

Puis, satisfait de sa manœuvre, de nos rires, il s'engageait dans un monologue inouï, la mort, la guerre, les armes, les peuples, les continents, les tyrans, les nègres, les Jaunes, les intestins, le vagin, la cervelle, les Cathares, Pline l'Ancien, Jésus-Christ. La tragédie ambiante pressait son génie comme une vendange. Le cru célinien jaillissait de tous côtés. Nous étions à la source de son art. Et pour recueillir le prodige, pas un magnétophone dans cette Allemagne de malheur ! (Il en sort à présent cinquante mille par mois chez Grundig pour enregistrer les commandes des mercantis noyés dans le suif du « miracle » allemand.)

Dans la vaste bibliothèque du château des Hohenzollern Céline avait choisi une vieille collection de la Revue des Deux Mondes, 1875-1880. Il ne tarissait pas sur la qualité des études qu'il y trouvait : « Ça, c'était du boulot sérieux... fouillé, profond, instructif... Du bon style, à la main... Pas de blabla. » C'est la seule lecture dont il se soit jamais entretenu devant moi. Il était extrêmement soucieux de dissimuler ses « maîtres », sa « formation ». Comme si son originalité ne s'était pas prouvée toute seule, magnifiquement.

De temps à autre, quand nous nous promenions tous deux sans témoin, le dépit lui revenait de sa carrière brisée, mais sans vaine faiblesse, sur le ton de la gouaille :
— Tu te rends compte ? Du pied que j'étais parti... Si j'avais pas glandé à vouloir proférer les vérités... Le blot que je me faisais... Le grand écrivain mondial de la « gôche »... Le chantre de la peine humaine, de la connarderie absurde... Sans avoir rien à maquiller. Tout dans le marrant, Bardamu, Guignol, Rigodon... Prix Nobel... Les pauvres plates bouses que ça serait, Aragon, Malraux, Hemingway, près du Céline... gagné d'avance... Ah ! dis donc, où c'est que j'allais atterrir !... « Maî-aître »... Le Nobel... Milliardaire... Le Grand Crachat... Doctor honoris causa... Tu vois ça d'ici !

Bien entendu, il ne fut pas question un seul instant d’employer Céline à une propagande quelconque, hitlérienne ou française. Moi-même, tout à fait indifférent aux bricolages « ministériels », je passai l’hiver à compulser les livres d’art du Château et à grossir le manuscrit de mon roman, les Deux Etendards.

Nous devions en grande partie ces privilèges à notre ami commun, le cher Karl Epting, qui avait dirigé l’Institut allemand à Paris, le vrai lettré européen, demeuré d’une francophilie inaltérable, même après les deux années de Cherche-Midi dont il paya.

Outre  cette amitié précieuse, la mansuétude de tous les officiers allemands était acquise à Céline. Et il la fallait très large, pour qu’ils pussent fermer leurs oreilles à ses sarcasmes. Car Louis-Ferdinand était bien le plus intolérant, le plus mal embouché de tous les hôtes du Reich. Pour tout dire, il ne pardonnait pas à Hitler cette débâcle qui le fourrait à son tour dans de si vilains draps. C’était même le seul chapitre où il perdît sa philosophie goguenarde, se fît hargneux, méchant. Par réaction, par contradiction, l’antimilitariste saignant du Voyage se recomposait un passé, une âme de patriote à la Déroulède. Ah ! l’aurai-je entendu, le refrain de son fait d’armes des Flandres, « maréchal des logis Destouches, volontaire pour une liaison accomplie sous un feu d’une extrême violence », et du dessin qui l’avait immortalisé à la première page de l’Illustré National.

– En couleurs… Sur mon gaye… Au galop, le sabre au vent… Douzième cuirassier !... Premier médaillé militaire sur le champ de bataille de la cavalerie française… C’est moi, j’ai pas changé. Présent !... qui c’est qui me l’a tiré ma balle dans l’oreille ? C’est pas les Anglais, les Russes, les Amerlos… J’ai jamais pu les piffer, moi les Boches. De les voir se bagotter comme ça partout, libres, les sales « feldgrau » sinistres, j’en ai plein les naseaux, moi, plein les bottes !

– Mais enfin, Louis, tu oublies. Ils sont chez eux, ici !

– J’oublie pas, j’oublie pas, eh ! fias ! C’est bien la raison… Justement… Les faire aux pattes, sur place ! Une occasion à profiter, qui se retrouvera pas… Au ch’tar, les Frizons, tous, les civils comme les griviers. Au « Lag », derrière les barbelés, triple enceinte électrique… Tous, pas de détail. Voilà comment je la vois, moi, leur Bochie.

Il écumait, réellement furieux. Alors qu’il reniflait des traquenards sous les invites les plus cordiales, qu’il se détournait d’un kilomètre pour éviter une voiture dont le numéro ne lui paraissait « pas franc », il se livrait devant les Allemands à son numéro avec une volupté qui écartait toute prudence. Karl Epting avait projeté de constituer, pour notre aide, une Association des intellectuels français en Allemagne. Un comité s’était réuni, à la mairie de Sigmaringen. Céline y avait été convié, en place d’honneur. Au bout d’une demi-heure, il l’avait transformée en pétaudière dont rien ne pouvait plus sortir.

Un dîner eut lieu cependant le soir, singulièrement composé d’un unique plat de poisson et d’une kyrielle de bouteilles de vin rouge. De nombreuses autorités militaires et administratives du « Gau » s’étaient faites inviter, friandes d’un régal d’esprit parisien. Il y avait même un général, la « Ritterkreuz » au cou. Céline, qui ne buvait pas une goutte de vin, entama un parallèle opiniâtre entre le sort des « Friquets », qui avaient trouvé le moyen de se faire battre, mais pour rentrer bientôt chez eux, bons citoyens et bons soldats, consciences nettes, ne devant des comptes à personne, ayant accompli leur devoir patriotique, et celui des « collabos » français qui perdaient tout dans ce tour de cons, biens, honneur et vie. Alors ; lui, Céline, ne voyait plus ce qui pourrait l’empêcher de proclamer que l’uniforme allemand, il l’avait toujours eu à la caille, et qu’il n’avait tout de même jamais été assez lourd pour se figurer que sous un pareil signe la collaboration ne serait pas un maléfice atroce. Mais les hauts militaires avaient décidé de trouver la plaisanterie excellente, ils s’en égayèrent beaucoup, et Ferdinand fut regretté quand il alla se coucher.

Les Allemands passaient tout à Céline, non point à cause de ses pamphlets qu'ils connaissaient mal, mais parce qu'il était chez eux le grand écrivain du Voyage, dont la traduction avait eu un succès retentissant. Le fameux colonel Boemelburg lui-même, terrible bouledogue du S.D. et policier en chef de Sigmaringen, s'était laissé apprivoiser par l'énergumène. Il fallait bien d'ailleurs que Céline fût traité en hôte exceptionnel pour être arrivé à décrocher le phénoménal « Ausweis », d'un mètre cinquante de long, militaire, diplomatique, culturel et ultra-secret, qui allait lui permettre, faveur unique, de franchir les frontières de l'Hitlérie assiégée.

Il n'avait pas fait mystère de son projet danois : puisque tout était grillé pour l'Allemagne, rejoindre coûte que coûte Copenhague, où il avait confié dès le début de la guerre à un photographe de la Cour son capital de droits d'auteur, converti en or, et que ledit photographe avait enterré sous un arbre de son jardin. L'existence, la récupération ou la perte de ce trésor rocambolesque n'ont jamais pu être vérifiées. Mais sur la fin de février ou au début de mars, on apprit bel et bien que Céline venait de recevoir le mythique « Ausweis » pour le Danemark.

Deux ou trois jours plus tard, pour la première fois, il offrit une tournée de bière, qu'il laissa du reste payer à son confrère, le docteur Jacquot. À la nuit tombée, nous nous retrouvâmes sur le quai de la gare. Il y avait là Véronique, Abel Bonnard, Paul Marion, Jacquot, La Vigue, réconcilié après sa douzième brouille de l'hiver avec Ferdine, deux ou trois autres intimes. Le ménage Destouches, Lucette toujours impeccable, sereine, entendue, emportait à bras quelque deux cents kilos de bagages, le reliquat sans doute des fameuses malles, cousus dans des sacs de matelots et accrochés à des perches, un véritable équipage pour la brousse de la Bambola-Bramagance. Un lascar, vaguement infirmier, les accompagnait jusqu'à la frontière, pour aider aux transbordements, qui s'annonçaient comme une rude épopée, à travers cette Allemagne en miettes et en feu. Céline, Bébert sur le nombril, rayonnait, et même un peu trop. Finis les « bombing », l'attente résignée de la fifaille au fond de la souricière. Nous ne pèserions pas lourd dans son souvenir. Le train vint à quai, un de ces misérables trains de l'agonie allemande, avec sa locomotive chauffée au bois. On s'embrassa longuement, on hissa laborieusement le barda. Ferdinand dépliait, agitait une dernière fois son incroyable passeport. Le convoi s'ébranla, tel un tortillard de Dubout. Nous autres, nous restions, le cœur serré, dans l'infernale chaudière. Mais point de jalousie. Si nous devions y passer, du moins le meilleur, le plus grand de nous tous en réchapperait.
                  
Lucien REBATET, Mémoires d’un fasciste II, Pauvert, 1976, p. 218 – 224.

Lire la suite

samedi, 20 février 2010 | Lien permanent

TERRE & PEUPLE Magazine n°54

tp54.jpg

TERRE & PEUPLE Magazine n°54

Communiqué de Terre & Peuple-Wallonie - 12 mars 2013

Le numéro 54 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré autour du thème de l’Empire. Dans son éditorial, Pierre Vial épingle la mobilisation ethnique à laquelle Obama doit sa victoire : 93% des Noirs et 71% des Latinos ont voté pour lui, contre 25% des Blancs, lesquels sont moins conditionnés par les ligues de vertu que les Blancs européens. Dans les sociétés multiculturelles, la logique ethnique reste la clé du monde de demain. Sous le titre ‘Le vase déborde’, il remarque à la suite que les grands hebdomadaires L’Express et Le Point ont traité en couverture de l’immigration. L’Epress pour s’obstiner à y voir un atout économique, niant malgré la multiplication par 6 de l’aide médicale les conclusions de l’étude solide des Contribuables Associés sur son coût réel. Le Point dénonce pour sa part la tactique du grignotage des islamistes et leurs provocations pour tester la résistance des autochtones : la porte est ouverte aux revendications sans fin.

Jean-Louis Roumégace situe la pensée du MAS sur la quête d’identité dans une France où les communautés organiques sont malmenées depuis plus de deux siècles. L’identité se nourrit d’un imaginaire où se mêlent histoire, culture, religion, tradition populaire. La tradition, c’est ce qui ne passe pas.  Elle nous permet d’évoluer en restant nous-mêmes.  Ce qui est fondamental, c’est d’entretenir la conscience commune. Lénine parlait de ‘conscience de classe’.

Le même explique ensuite les affinités du MAS avec Casa Pound Italia et Pierre Vial enchaîne en rapportant l’heureuse expérience de sa visite à la Casa Pound romaine, car on sait que Casa Pound a essaimé dans toute l’Italie et, outre dans la solidarité avec les Italiens sinistrés, sur tous les terrains, clubs sportifs, syndicats étudiants, groupes musicaux, etc.

Pour introduire le dossier sur l'Empire, Pierre Vial souligne combien le concept évoque la grandeur. Celle-ci n’effraie que ceux qui la confondent avec les prétentions impérialistes des Anglo-Saxons sur le monde. Pour nos patries charnelles européennes, l’idée d’empire ouvre la perspective d’une confédération euro-sibérienne des peuples.

Jean Haudry rappelle que, dans notre tradition, le roi de France, régnant aussi sur des Allemands, des Flamands, des Bretons, des Catalans, des Provençaux, était devenu ‘empereur en son royaume’. L’Empire se définit alors comme une monarchie multinationale. L’institution du ‘Roi des Rois’ est une réalité ancienne, apparue dès le quatrième millénaire AJC en Egypte et en Orient. C’est Alexandre qui la transmettra aux Romains. Dans ses origines, l’Empire n’a pas de limites : il porte jusqu’où s’étend le pouvoir. L’empereur perse Cyrus II est Roi du monde; Rome est édifiée autour du ‘mundus’. Toutefois, la défaite de Varus devant Arminius arrête la conquête du monde au ‘limes’ et contraint l’Empire romain à la défensive. Chez les Indo-Européens, les notions de roi du monde et d’empire universel sont anciennes, mais plus on remonte et plus la notion se limite à la part qu’on connaît du monde. Cela légitime les razzias. A la période des migrations, Celtes et Germains n’ont jamais formé que des confédérations occasionnelles. La conquête de matières premières des grands empires asiatiques, avec un pouvoir central fort et une langue véhiculaire qui se superpose aux langues particulières, tout cela est étranger aux peuples indo-européens.

Pierre Vial évoque la nostalgie des clercs médiévaux pour la paix romaine garantie par les légions, mythifiée comme toute ‘belle époque’. Le couronnement de Charlemagne à Rome par le Pape Léon III est ressenti à Constantinople, la Seconde Rome, comme un camouflet pour l’Impératrice Irène. Si Charlemagne donne des gages à l’Eglise (il impose par force le christianisme aux Saxons et aux Frisons), il ordonne dans le même temps de recueillir la littérature épique païenne. Son fils le Débonnaire en fera brûler le recueil, mais les textes seront ensuite portés par une tradition orale, les ‘vulgares cantilenae’. Réaliste, l’Empereur permet à chaque région de ‘vivre du sien’, avec son droit particulier, avec ses assemblées générales annuelles des hommes libres. Othon, élu roi par les cinq peuples, germain, lorrain, souabe, bavarois, franconien et saxon, forces d’équilibre d’un pouvoir souverain, tint à se faire couronner à Aix-la-Chapelle, et pas à Rome. Conrad II a réintégré la Bourgogne dans l’empire, mais sous son fils Henri IV le Pape réussit à échapper au contrôle de l’empereur. Le conflit du césaro-papisme et de la théocratie, qui va les dresser l’un contre l’autre pendant deux siècles, rebondit avec Frédéric Barberousse et avec son petit-fils, Frédéric II. Avec les Hohenstaufen,  ‘race de vipères’ que le pape n’eut de cesse d’exterminer, l’empire semblait condamné. Les Habsbourg lui permettront de survivre.

Gilles Gaillez, qui passe toute leur lignée en revue, rappelle leur sage souci, sous la constante menace de l’anarchie, d’équilibrer la composante germanique par les composantes magyare et slave et de refaire l’unité en rempart contre la perpétuelle menace turque. C’est par d’astucieux mariages qu’ils établiront leur dynastie et par le principe de la primogéniture qu’ils parviendront à la faire durer trois quarts de millénaire, installée sur les domaines impériaux héréditaires. Lorsque l’impératrice Marie-Thérèse épouse le duc François de Lorraine, la puissance de l’empire est à son apogée et les Turcs en passe d’être reconduits au Bosphore. C’est la révolution libérale et bourgeoise qui aura raison de lui, bien plus que la Prusse, qui l’écrase militairement en 1866, à Sadowa. A la surprise de l’Europe, le reliquat de leur empire, l’ensemble hétéroclite austro-hongrois, va conserver une cohésion inattendue et c’est la première guerre qui va permettre au projet mondialiste d’étouffer dans l’œuf le projet trop prometteur des Habsbourg d’une triple monarchie austro-slavo-hongroise.

Pour Gabriele Adinolfi, la contradiction n’est qu’apparente entre la Res Publica, le bien commun communautaire de la Ville, et l’empire. Mais, si le fascisme italien a épousé le mythe de l’Empire romain, c’est dans le sens de la mystique fasciste, qui oppose Rome à Carthage, en ensuite à Londres et Jérusalem. Au contraire de la pulsion impérialiste à tout soumettre à un modèle unique, l’idée impériale fasciste, c’est le respect dans la participation directe, anticolonialiste.

Pour Willy Freson, l’Union européenne n’est que le décombre impuissant de l’Empire éclaté, dominion le moins problématique des Etats-Unis. Et le demi-siècle de paix prétendue qu’on affiche à présent à son crédit n’a rien à voir avec la Pax Romana, produit d’une puissance décisive. Prophétique, Krouchtchev parlait à l’époque avec dédain d’un « mariage d’homosexuels », infécond. Divisée en une poussière d’entités instables dont les nations actuelles sont les héritières, l’Europe révèle par contre une identité fondée sur sa géographie et plus encore sur des racines communes. L’ « équilibre européen » n’est pas l’aboutissement d’une convergence d’entités étrangères, mais la résultante d’un mode politique et d’un moule historique communs. C’est l’héritage d’Alexandre le Grand et d’un autre visionnaire inégalé, César. Celui-ci avait préféré s’assurer de l’hinterland gaulois de l’Italie, plutôt que céder au mirage de l’orient. Son héritier politique, Auguste, parachèvera la tâche en Europe centrale et orientale. C’est Tibère qui va ordonner le repli sur la ligne Rhin-Danube, pour de simples motifs de politique intérieure et non de contrainte extérieure. Eut-il tenu le front, le choc des grandes migrations s’en serait trouvé dévié et le noyau de la vigueur germanique aurait désormais agi en faveur de l’Empire. « Et il aurait rendu improbable qu’un suppôt de guerre civile comme Constantin fît du messianisme chrétien l’idéologie dominante du monde romain, et improbable de même la survie du judaïsme et l’émergence de l’islam. »  Tacite rapporte, avec mépris, que quand le feu sacrilège a été mis au Capitole, en 69, des Gaulois avaient alors présagé que la souveraineté du monde irait aux Transalpins. La prophétie ne s’est réalisée qu’en 800, autour du noyau continental Meuse-Oder-Tibre, que s’ingénieront à maintenir les empereurs germaniques et auquel fera obstacle la prétention française. Mais quand reviendront les temps où les Chinois nous désigneront à nouveau par ‘Ta Tsin’, la Grande Chine ?

Llorenc Pierre Albanell est un Catalan  pénétré de la légitimité que peut conférer à un mouvement indépendantiste un million et demi de manifestants qui se pressaient dans les rues de Barcelone le 11 septembre dernier. Pour lui autant que pour nous, l’ordre nouveau européen doit y aller fort : les états-nations doivent disparaître. Ils ne sont plus adaptés. Ils viennent contrecarrer les collaborations inter-régionales, fécondes pour la gestion politique, économique, écologique. Le système à trois bases Europe-Nation-Région génère lenteurs et coût inutiles. Le principe de base doit être la subsidiarité et, dans l’ordre nouveau, l’Europe n’a à intervenir que pour ce qui excède les capacités régionales, notamment pour la défense et la politique étrangère. Comme le recommandait le prix Nobel d’économie Maurice Allais, l’Europe doit pratiquer un protectionnisme continental, préserver son indépendance énergétique et alimentaire et garder le contrôle des produits médicaux et d’intérêt stratégique. Notamment par la nationalisation des productions nécessaires à la survie (eau, gaz, électricité, transports) et par le contrôle des banques, de manière à éliminer toute mainmise de cartels politico-financiers. Enfin, les terres arables ne doivent appartenir qu’aux allochtones.

Alain Cagnat fait la chronique du cynisme machiavélique de la politique pétrolière des Anglo-saxons au Moyen-Orient. Ils ont commencé avec la Guerre de Crimée, dans laquelle ils sont parvenus, sous prétexte de défendre les Turcs contre les Russes, à entraîner les Français (qui y perdront 95.000 hommes, contre 25.000 Anglais !). Il s’agissait d’empêcher les Russes de libérer les populations slaves opprimées et surtout de développer leur puissance en obtenant un accès aux ‘mers chaudes’. Avec l’invention du moteur Diesel, en 1885, il était devenu urgent pour la Royal Navy de contrôler les champs de pétrole du Moyen-Orient, car, sur la Mer Caspienne, les navires russes fonctionnaient déjà au mazout depuis 1870 ! Les Anglais commenceront par s’installer en Egypte, avant de conquérir progressivement la péninsule arabique et l’Irak. Mais, pendant ce temps, l’Allemagne, alliée des Turcs, est devenue une menace dans la région, car elle construit une ligne ferroviaire Bagdad-Berlin. La première guerre mondiale se dessine alors que les Anglais envahissent le Koweit en 1912 et que la Deutsche Bank acquiert pour la Bagdad Rail les droits de passage pour les pétroles de la très riche région de Mossoul : c’est le casus belli. Le premier prétexte suffira. C’est à ce moment que T.E.Lawrence va promettre l’indépendance à l’émir de La Mecque, son ‘ami’ Hussein ibn Ali, qu’il trahira. C’est dès cette époque que les Anglais vont déployer 1,4 millions d’hommes au Moyen-Orient, au détriment de leurs alliés français ! Cela n’empêchera pas Clémenceau d’offrir ensuite Mossoul à l’Angleterre « au nom de l’amitié franco-britannique » !  Les Anglais, qui ne veulent en aucun cas des embarras d’une unité arabe, vont jouer ensuite les Saoudiens contre les Hachémites (lesquels se feront massacrer). Lorsqu’Ibn Saoud va reprendre à son compte l’unification de la péninsule, les Anglais  fractionneront celle-ci entre l’Arabie saoudite, l’Irak, le Koweït le Yémen et la Jordanie.  Jusqu’à ce que les Américains jouent à leur tour Ibn Saoud contre leurs alliés anglais. C’est ainsi que s’explique le mariage contre nature de la Première Démocratie du Monde avec des Bédouins pillards et esclavagistes, fanatiques religieux fondamentalistes et commanditaires de terroristes, « gardiens légitimes des Lieux Saints ».

 

Lire la suite

jeudi, 14 mars 2013 | Lien permanent | Commentaires (1)

La décennie d’« Europe Maxima »

almof24b309e87183e8a83992f1.jpg

La décennie d’« Europe Maxima »

Entretien avec Georges Feltin-Tracol

 

Bastien Valorgues : En ce 6 août 2015, le site Europe Maxima dont tu es l’un des fondateurs et le rédacteur en chef, fête ses dix ans d’existence. Peux-tu revenir sur les raisons de sa création  ?

 

Georges Feltin-Tracol : Le lancement du site Europe Maxima, le 6 août 2005, est la conséquence directe de l’arrêt définitif, six mois plus tôt, de la revue L’Esprit européen animée par Jacques Marlaud et moi-même sous les pseudonymes respectifs d’Yves Argoaz et de Maximilien Malirois.

 

Après avoir animé l’antenne locale du « Collectif Non à la Guerre », collé des autocollants du C.N.G. sur les affiches électorales régimistes et manifesté à Lyon contre les bombardements de l’ignoble O.T.A.N. sur Belgrade en 1999 et  Jacques Marlaud eut l’idée de relancer notre idée charnelle européenne qui est d’ailleurs la seule qui vaille. Au départ, son intention, très ambitieuse, visait à créer une fondation, nommée « Fondation Europe ». Mais, renseignements pris, la somme d’argent exigée et la complexité des démarches firent nous rabattre sur une association loi 1901, « Refondation Europe », éditrice de L’Esprit européen.

 

Le premier numéro sortit en hiver 1999 – 2000. D’abord trimestriel, il fut vite contraint de prendre un rythme semestriel du fait des coûts toujours plus élevés de l’impression et, surtout, des envois postaux. Cahin-caha et sans aucune aide officielle, L’Esprit européen dura cinq ans, réalisa treize numéros et publia de nombreux entretiens avec le Prix Nobel d’économie Maurice Allais, les princes Charles-Edmond de Bourbon et Charles Napoléon, l’agro-écologiste Pierre Rabhi, le régionaliste normand Didier Patte, l’écologiste indépendant Antoine Waechter, le corporatiste social-catholique Benjamin Guillemaind, les écrivains Gabriel Matzneff et Jean-Claude Albert-Weil…

 

C’est avec regret qu’on décida d’arrêter la parution de L’Esprit européen au treizième numéro consacré à l’Europe et aux Napoléon. Outre la lassitude, le nombre d’abonnés stagnait tandis que les hausses postales devenaient insupportables. Les abonnés furent toutefois surpris d’être remboursés pour les numéros qu’ils auraient dû recevoir. Fait rare à souligner !

 

La fin de L’Esprit européen ne brisait cependant pas la volonté de Jacques Marlaud, celle de Rodolphe Badinand et la mienne de promouvoir un point de vue euro-réfractaire au consensus ambiant. Un parent, spécialisé dans la conception de sites, m’évoqua Internet, sa souplesse d’utilisation et son prix modique. Rodolphe Badinand et moi-même acceptèrent de lancer le projet baptisé Europe Maxima (et non Europæ Maxima, faute latine voulue) afin de se distinguer de la défunte revue, L’Esprit européen, dont la version internautique conduite par Jacques Marlaud lui-même allait bientôt paraître.

 

Bien que méfiant, voire réticent envers le Web (je fus longtemps hostile à l’ordinateur et à la connexion Internet et je ne me soumets ni à Facebook, ni à Twitter, ni à d’autres « réseaux sociaux »), je dois admettre qu’Internet facilite la large diffusion des pensées hétérodoxes.

 

B.V. : Une décennie plus tard, le site connaît-il un succès franc et massif ?

 

G.F.-T. : Europe Maxima a connu trois physionomies successives. L’actuelle remonte à septembre 2009. On constate que cette année-là, le site reçut reçoit 4 001 visiteurs différents (sur les quatre derniers mois), puis en 2010, 26 77, en 2011, 26 555, en 2012, 30 674, en 2013, 41 905, en 2014, 38 140, et en 2015, à la date de la présente mise en ligne, 23 241. Le succès n’est ni franc ni massif : c’est surtout un succès d’estime.

 

Il faut néanmoins remarquer que depuis 2005, diverses contributions parues sur Europe Maxima ont été reprises par des sites amis tels Polémia, Vox N.-R., Euro-Synergies, Au cœur du nationalisme, Alternative Europe, Novopress, L’info nationaliste, etc., ainsi que par des blogues personnels (Yann Redekker, Jean-Marie Lebraud, etc.). Ces reprises, possibles et souhaitables du fait du caractère viral d’Internet, ont accru la réputation d’Europe Maxima même si le quidam l’ignore complètement.

 

Et n’oublions pas nos détracteurs ! Quelques années après son apparition, Europe Maxima fut cité en heureuse compagnie par les habituelles ligues de petite vertu. Ainsi, en novembre 2009, le M.R.A.P. sortit son rapport sur Internet, enjeu de la lutte contre le racisme. Rapport annuel, dans lequel notre site préféré était ainsi décrit : « Se veut d’un haut niveau intellectuel, parfois néo-païen, plutôt pro-israélien, admire Éric Zemmour, atypique par rapport à d’autres sites identitaires ». Plus loin, le rapport le range dans la « droite extrême ».  Le 27 janvier 2012, le blogue du Monde, « Droite(s) Extrêmes(s) », mentionnait Europe Maxima et Francis Cousin parce que ce dernier fût cité par Marine Le Pen dans son Pour que vive la France. La gloire ! La réclame gratuite est toujours bonne à prendre.

 

Je tiens à revenir sur certains commentaires précédents. Néo-païen ? Oui, mais pas seulement ! Pro-israélien ? En 2009, une polémique opposa deux rédacteurs : André Waroch, plutôt favorable à cet État, et Claude Bourrinet, pro-palestinien. Mais Europe Maxima ne peut se résumer à ces deux personnalités. Sur ce sujet bien précis et à titre personnel, je récuse à la fois la cohabitation territoriale (l’imbrication même !) de deux États israélien et palestinien et un État unique binational. Je soutiens au contraire un ensemble étatique grand-syrien envisagé par le Libanais Antoun Saadé (1904 – 1949) et son Parti social nationaliste syrien.

 

B.V. : Longtemps, j’attendais chaque dimanche soir avec impatience la lettre informant la mise en ligne de deux nouveaux articles. Or, depuis février 2013, plus rien ! Pourquoi ?

 

G.F.-T. : Les premiers temps, les mises en ligne furent aléatoires et assez chaotiques. Mais, très vite, notre secrétaire de rédaction, Rodolphe Badinand, conscient qu’Europe Maxima se devait d’être un site de réflexions et d’analyses et non pas un diffuseur d’informations en flot continu comme le sont Fdesouche ou Le Salon beige. Après les tâtonnements initiaux, il fut décidé de mettre en ligne une fois par semaine (le dimanche, jour de repos) deux articles, plus ou moins longs.

 

spartiate.jpgAfin d’élargir l’audience d’Europe Maxima et aidés par des amis qui nous fournirent les premières adresses électroniques de personnes susceptibles d’être intéressées par le contenu, Badinand réalisa la fameuse lettre hebdomadaire qui fonctionna jusqu’au début de l’année 2013. Là, le nombre de retour en courriers indésirables (ou spams) devint considérable. Agacée par ces rejets, l’équipe arrêta le courriel hebdomadaire, pariant que les lecteurs intéressés auront mis Europe Maxima dans leurs favoris. N’étant pas un site marchand, refusant toute publicité et défendant la gratuité, Europe Maxima peut se permettre cette liberté qui n’a pas de prix.

 

B.V. : Quand on parcourt l’ensemble du site Europe Maxima, ses douze rubriques, quarante-trois sous-rubriques et leurs quelque huit cents articles, on reste surpris par la grande diversité des points de vue exposés et des sujets traités. Est-ce voulu ?

 

G.F.-T. : Oui ! Je soutiens l’éclectisme des références intellectuelles. Ce n’est pas sans raison que le site se place sous une citation de Dominique de Roux. Quand on consulte les deux textes fondateurs du site, ses manifestes « Pour l’Europe ! » et « Refonder l’Europe avec un esprit européen », on y relève l’apport intellectuel dela Révolution conservatrice allemande, des non-conformistes français des années 1930 (en particulier la Jeune Droite et le groupe L’Ordre nouveau), de l’Internationale situationniste, de la « Nouvelle Droite », de la Tradition pérenne (René Guénon, Julius Evola, Alain Daniélou), de l’écologie radicale, de l’ergonisme de Jacob Sher et des diverses « troisièmes voies » solidaristes et subsidiaristes. Cette variété se retrouve dans les thèmes abordés quand bien même on écarte un peu les sujets scientifiques. La diversité correspond aux contributeurs dont le parcours et l’engagement différent : quoi de commun en effet entre le traditionaliste radical païen Rodolphe Badinand, le traditionaliste évolo-guénonien Daniel Cologne, l’identitaire « de gauche » André Waroch, l’inter-collectif informel post-situationniste Gustave Lefrançais, le fin lettré classique Claude Bourrinet, le républicain grand-européen Pierre Le Vigan, l’euro-libéral néo-protectionniste Jacques Georges ou le Grand Européen dissident Tomislav Sunic, sinon la participation à un même site ? Les débats y sont parfois vifs, mais toujours souhaitables et indispensables. Aborder un problème sous des angles singuliers constitue notre marque de fabrique.

 

B.V. : Est-ce aussi une volonté de ta part de présenter autant de liens avec d’autres sites dont certains sont parfois rivaux avec d’autres ?

 

G.F.-T. : La discussion, la polémique, la disputatio – fut-ce par écran et clavier interposés – font partie de cet esprit européen qu’Europe Maxima entend promouvoir depuis une décennie. Certes, il ne s’agit pas de débattre avec nos ennemis : les discussions concernent principalement nos « milieux » qui manquent singulièrement de tonicité intellectuelle ! Europe Maxima leur donne volontiers du tonus ! C’est une école de formation permanente en ligne. Prenons toutefois garde de ne pas devenir des « Soldats 2.0 » ou des « geeks nationalistes », vecteurs plus ou moins conscients du nombrilisme et du truisme.

 

rom8g5pZqpC0.jpgB.V. : Jusqu’en 2011, quelques rédacteurs du site étaient qualifiés de « Uhlans ». Pourquoi ?

 

G.F.-T. : Sous ce terme de « Uhlans », je désignais de façon humoristique les premiers rédacteurs d’Europe Maxima : André Waroch, Daniel Cologne, Jacques Georges, Claude Bourrinet, Tomislav Sunic. Ces amis acceptèrent rapidement que le site reprenne leurs textes parus ailleurs avant qu’ils en offrent des inédits. Pourquoi « Uhlans » ? Ce sont des clins d’œil aux fameux « Hussards » qui ne formèrent jamais un groupe littéraire hom

Lire la suite

vendredi, 21 août 2015 | Lien permanent

L’engagement syndicaliste s’accompagne du combat identitaire

Syndicalisme.jpg

L’engagement syndicaliste s’accompagne du combat identitaire
Interview de Roberto Fiorini réalisée le 6 novembre 2015, préalablement à sa conférence

Ex: http://www.nice-provence.info

Nice Provence Info : Quel est votre sentiment sur la crise migratoire que l’Europe traverse actuellement ?

Roberto Fiorini : Tout d’abord, il faut se poser les bonnes questions. La première est celle des moyens mis à disposition de ces populations pour arriver en Europe. Comment se fait-il qu’elles puissent violer les frontières aussi aisément et que des moyens de transports comme des bus par exemple soient mis à leur disposition ?Comment passent ’elles d’un poste frontière fermé à un autre ouvert. Qui les informe ?
Tout cela arrive avec la complaisance
politique et économique de l’Allemagne, véritable tête de pont de cette immigration de masse, motivée par des raisons purement comptables. Ce pays connait un déficit démographique important qui ne lui permettra pas d’assurer le paiement de ses retraites. Les technocrates qui la gouvernent sont donc persuadés qu’il suffit d’assurer le remplacement de la population « de souche » par des travailleurs immigrés. Cette vision économique ne tient pas compte des facteurs sociaux et identitaires, comme le montre la situation dans de trop nombreux pays d’Europe. En outre, le modèle social de l’Allemagne est réduit à peau de chagrin et le capitalisme a très bien compris que cette immigration de masse permettra de faire sauter les dernières barrières sociales. Le patronat déjà réclame la suppression du SMIC…qu’ils n’ont pas encore mis en place, au prétexte de faciliter leur intégration. Immigration arme du capital pour faire baisser les salaire.

Nice Provence Info : Quid de l’intégration de ces populations alors ?

Roberto Fiorini : Michèle Tribalat, de l’Institut National d’Études Démographiques, a récemment mis en avant la fin du modèle français d’assimilation. Elle qui a tant voulu y croire, elle regarde désormais la réalité en face. Elle estime que l’afflux d’immigrés n’est plus supportable, mais  surtout, que les immigrés ne veulent pas s’intégrer, ce qui pose d’énormes problèmes cultuels et culturels.
J’ajouterai que nous n’assistons aujourd’hui qu’à l’arrivée de l’avant-garde, puisqu’un quart de la population mondiale sera africaine en 2050. Cette population devrait doubler et atteindre
2 milliards à cette échéance. À l’inverse, la population européenne devrait avoir perdu 20 millions d’habitants en 2050. Elle sera remplacée sur son propre sol, et en plus sera vieillissante. Il est temps de prendre conscience que « l’avenir prend racine dans le présent ».

Nice Provence Info : Vous ne prenez pas en compte le drame humain?

Roberto Fiorini : J’en tiens d’autant plus compte que je suis fils d’immigré italien. Mais mes parents étaient venus chercher du travail, pas des aides sociales. 10 % seulement de l’immigration est une immigration de travail : les 90 % restant pèsent sur les comptes sociaux. C’est un débat interdit : pour autant, il faut être lucide et admettre que l’on a une population de souche déjà en grande difficulté. Économiquement, l’intégration de ces populations est tout simplement impossible. Et de toute façon dans leur majorité,  ils ne le veulent pas ! C’est pour cette raison qu’il faut désormais privilégier l’argument identitaire sur l’argument émotionnel.
Je ne crois pas à un scénario de  décroissance ou de remigration
en l’état actuel des choses. Tant que les gens ne sont pas confrontés à la réalité des choses,  ils ne peuvent pas avoir de réaction. Et quand cela arrive, il est souvent trop tard pour réagir.

À un problème global, il ne peut y avoir que de solution globale. L’Afrique est en réalité un continent très riche pillé par une oligarchie, et il serait temps que ce continent et ses différents peuples prennent en main leur destin et leur histoire. Malheureusement, je pense que l’oligarchie n’a pas pour dessein de rendre la liberté et l’autodétermination à l’Afrique. L’histoire est là pour en attester. Alors il faudra que cela passe par la violence des peuples, car la démocratie est sous contrôle.

En outre, je pense que l’oligarchie capitaliste et mondialisée a tout à gagner dans la destruction de la spécificité des peuples à commencer par les peuples de l’Europe car leur histoire est celle d’une perpétuelle résistance :
• Résistance à l’environnement : L’Européen a dû sans cesse s’adapter à son milieu et notamment à la longue nuit d’hiver (réussir à passer l’hiver pour être vivant l’année d’après).
• Et résistance aux diverses formes d’oppressions sociale et économique (révolutions, jacqueries et autres révoltes paysannes, etc.)

Cette révolte permanente n’entre pas dans la tradition de l’homme oriental, et l’on peut constater aujourd’hui que ces populations fuient leur pays au lieu de se battre pour gagner leur liberté.
L’enjeu est donc de mettre fin à la cupidité et à la main mise d’une
très petite partie de la population mondiale sur les richesses de l’Afrique et du reste du monde. N’oublions pas que quand on parlait d’effacer la dette des Africains, cela nous semblait loin. Désormais nous sommes nous aussi dans la nasse.
Autre précision de taille : le projet multiculturel global passe par la destruction des identités et de la diversité : en refusant de nous métisser nous seuls les seuls véritables défenseurs de la diversité des peuples. Mais Big Brother est habile dans sa communication.

Nice Provence Info : Quelle doit donc être la réaction de l’Europe ?

Roberto Fiorini : Il faut verrouiller la méditerranée et rétablir de vrais contrôles à nos frontières comme le font les États-Unis et Israël par exemple. Chacun doit s’occuper de sa propre démographie. Pour ce qui est des pensées humanitaires, personne n’en a le monopole ni l’exclusivité. Nous ne sommes pas moins humains que les autres, nous pensons simplement qu’il y a des limités à notre générosit, et que si notre hospitalité n’est pas respectée, alors il faut en tirer les conséquences. Si l’Europe veut survivre, et mettre fin au pillage  économique qu’elle subit, elle devra mettre en place  un protectionnisme économique. Un protectionnisme Européen bien pensé était réclamé en son temps par Maurice Allais, prix nobel d’économie. Cela sonnera le réveil d’une Europe  mettra fin au pillage généralisé de nos entreprises et de nos richesses.

Syndicalisme-en-Russie.jpg

Nice Provence Info : Revenons à l’action syndicale pure. Quel est son avenir compte tenu notamment de la diminution constante des effectifs syndiqués ?

Roberto Fiorini : Je pense qu’il s’agit d’un faux argument propagé par ceux qui veulent salir le monde ouvrier. Cette situation résulte d’un choix fait après-guerre. En France, que tu sois syndiqué ou pas, tu bénéficies des accords de branches conclus entre les organisations syndicales patronales et salariales. Dans d’autres pays, le taux de syndicalisation est plus important certes. C’est le cas de la Belgique avec un taux de 54 %, conséquence du « système de Gand ». Le système de Gand est un système de relations professionnelles où l’appartenance à un syndicat conditionne l’accès à certains droits sociaux tels que l’assurance chômage ou l’assurance maladie. Il y a donc un taux de syndicalisation plus fort car ce sont les syndicats qui reversent l’assurance chômage. De même, aux États-Unis, pour bénéficier des avantages obtenus par les syndicats, il faut être syndiqué. Vous observerez au demeurant que les syndicats patronaux comptent aussi peu de syndiqués en France et que pourtant ils donnent des leçons à tout le monde…

Dans leur ensemble les salariés ne se tournent pas spontanément tant qu’ils ne sont pas menacés. Par contre ils sont bien contents de trouver des hommes et des femmes dévoués pour leur venir en aide lorsque la rigueur frappe.

Au demeurant, je pense que le capitalisme libéral  fait tout pour jeter l’opprobre sur les syndicats de salariés dont la mission est de s’assurer du respect du droit du travail. Rien ne doit entraver la « main libre du marché », alors tuons le droit du travail et ceux qui le font respecter.

Nice Provence Info : N’y a-t-il pas une différence entre les petits patrons et les grandes multinationales dans les relations patron-salariés ?

Roberto Fiorini : Effectivement, on a un  régime à deux vitesses. D’une part, les multinationales dont les actionnaires poursuivent un résultat boursier. Les gouvernements successifs sont à leurs ordres. Ceux-là mènent la lutte des classes et poursuivent la dérèglementation constante du droit du travail (travail nocturne et dominical, baisse des salaires,  etc.). Un patron de petite entreprise essaye déjà de survivre, et c’est souvent un crève-cœur que de devoir se séparer d’un des siens. Pour ces entreprises, artisans et commerçants, la taxation sur les bénéfices est proche de 30 %. Les multinationales ne le sont qu’à 8 % ! Vous comprenez qui est aux ordres de qui ? C’est pour cela que le  libéralisme contrôle le processus démocratique. La musique doit continuer.
L’économiste autrichien Friedrich von Hayek a parfaitement expliqué que la suppression des interventions sociales et économiques publiques, incarné dans la théorie libérale  de  l’État minimal, est un moyen d’échapper au pouvoir de la classe moyenne qui contrôle le processus démocratique. La classe moyenne peut ainsi imposer des politiques de taxation fiscales puis de redistribution. Par conséquent, l’objectif est d’affaiblir cette classe moyenne en la paupérisant, mais pas trop, afin qu’elle ne conduise pas la rébellion. Le grand capital est en train de gagner cette lutte des classes, qu’elle est par ailleurs la seule à mener, car les autres « internationalistes, ou altermondialistes » rêvaient de redistribution à travers une autre mondialisation. Ils ont perdu, et les peuples payent la facture.

verrerie-histoire.jpg

Nice Provence Info : Pourquoi les syndicats semblent-ils si passifs aujourd’hui ?

Roberto Fiorini : La réponse se trouve dans le processus de construction de l’Union Européenne qui a été accompagné par quasiment tous  les syndicats et même Lutte Ouvrière. Ils ont cru à la supranationalité du droit syndical, et trop souvent celui-ci est insuffisant. Ce faisant, ils se sont passés la corde au cou et demeurent aujourd’hui impuissants face aux dérives capitalistes et technocratiques de cette supranationalité Bruxelloise. Ils n’ont d’autres choix que de subir les règles de la mondialisation économique dérégulée et sans entraves, après avoir sacrifiés les nations et le système des frontières fermées. Les salariés et les entreprises crèvent de cette concurrence déloyale. Et les syndicats sont des acteurs impuissants qui essayent localement de retarder la chute.
L’Europe vit une réelle offensive néolibérale.
Mais  on peut cependant faire du syndicalisme intelligemment. C’est pour cela qu’il faut s’engager localement et combattre pour  aider ceux qui souffrent. En faisant cela on contribue à notre échelle, à mettre en place un  ordre social plus juste. Et puis on réapprend à se battre pour les autres. L’altruisme est véritablement la tare du camp national, identitaire ou patriote. S’engager, avec discipline, sans rien attendre en retour. C’est déjà beaucoup.

Dans nos entreprises, localement, on peut être raisonnable et signer des accords, si l’accord est gagnant/gagnant . Mais l’offensive libérale, voulue par Macron et Hollande à travers la rapport Combrexelles, propose le remplacement de la hiérarchie normative d’essence pyramidale par l’accord d’entreprise avec toutes les inégalités que cela peut entrainer. Pour faire simple ils voudraient qu’un accord signé dans l’entreprise soit plus fort que le code du travail ou que la convention collective ! Exit l’égalité entre les salariés et les entreprises, et bonjour la concurrence entre les salariés. Le danger est énorme !
L’offensive avait commencé dès 2013, avec l’Accord National Interprofessionnel  de janvier 2013 prévoyant la conclusion d’accords majoritaires pour établir
un plan de sauvegarde de l’emploi en matière de  licenciements économiques. Ces accords dits « défensifs »  prévoyaient de permettre la baisse des salaires si l’entreprise allait mal.
Désormais, la déconstruction sournoise du droit du travai
l  est encore plus forte avec  la loi Macron (passée en force grâce au 49.), qui autorise dorénavant les entreprises à passer des accords offensifs qui permettent de baisser les salaires même si l’entreprise va bien. Tout cela est rendu possible si des syndicats le signent localement. Voilà pourquoi j’invite vos lecteurs à s’intéresser aux questions syndicales dans les entreprises privées !
Enfin, on peut citer le projet de traité transatlantique en cours de négociation
entre l’Europe et les USA qui prévoirait la possibilité pour une multinationale d’attaquer la France ou l’Union européenne devant un tribunal arbitral international privé. On assiste réellement à une contre révolution néo-libérale, en vue de nous déposséder du pouvoir de légiférer, et de transférer cette compétence aux entreprises, c’est très grave.

Lire la suite

lundi, 30 novembre 2015 | Lien permanent

Page : 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11