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mardi, 27 mars 2007

Stratégie du système pour manipuler l'opinion et la société

La stratégie du Système pour manipuler l'opinion publique et la société

1) La stratégie de la diversion

Elément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes.

La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. “Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser ; de retour à la ferme avec les autres animaux.” (extrait de “Armes silencieuses pour guerres tranquilles”)

2) Créer des problèmes, puis offrir des solutions

Cette méthode est aussi appelée “problème-réaction-solution”. On crée d’abord un problème, une “situation” prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter.

Par exemple : laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.

3) La stratégie du dégradé

Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en “dégradé”, sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution si ils avaient été appliqués brutalement.

4) La stratégie du différé

Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme “douloureuse mais nécessaire”, en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que “tout ira mieux demain” et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.

Exemple récent : le passage à l’Euro et la perte de la souveraineté monétaire et économique ont été acceptés par les pays Européens en 1994-95 pour une application en 2001. Autre exemple : les accords multilatéraux du FTAA que les USA ont imposé en 2001 aux pays du continent américain pourtant réticents, en concédant une application différée à 2005.

5) S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge

La plupart des publicités destinées au grand public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental. Exemple typique : la campagne TV française pour le passage à l’Euro (”les jours euro”).

Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? “Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans.” (cf. “Armes silencieuses pour guerres tranquilles”)

6) Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion

Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…

7) Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise

Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. “La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être de la plus pauvre sorte, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures.” (cf. “Armes silencieuses pour guerres tranquilles”)

8) Encourager le public à se complaire dans la médiocrité

Encourager le public à trouver “cool” le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…

9) Remplacer la révolte par la culpabilité

Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution !…

10) Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes

Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le “système” est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

Source: www.nation.be

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Eurorus-Congres: Boodschap uit Duitsland

Boodschap uit Duitsland

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door David Pattyn

Geachte aanwezenden,

Het streven naar eenheid der Europese volkeren is een natuurlijke ontwikkeling, die de konsekwentie is van een gemeenschappelijke oorsprong. Noord-Europa was zowat de wieg van de Europese kultuurvolkeren. Door volksverhuizingen vond een verspreiding van noordse mensen over gans Europa plaats, waardoor hun kultuur de grondslag legde voor alle Europese kulturen.
De verschillende omstandigheden van de omgeving in Europa, alsook de gebeurtenissen in de geschiedenis, leidden tot ver schillende ontwikkeling van deze kulturen, die steeds duidelijkere scheidingslijnen tussen de verschillende kultuurvolkeren teweeg bracht. Deze verschillen zorgden ervoor, dat ze zich afwisselend vriendschappelijk, dan weer vijandelijk tegenover elkaar stonden, nog tot in de jongste geschiedenis. De oorlogen, die in Europa plaats vonden, waren steeds broederoorlogen.
En net zoals in een familie broers, in hun jeugdige zelfverwerkelijkingsdrang, ruzie maken, brengt de volwassenheid de broers weer eendrachtig samen. De wens van de Europese volkeren om zich te verenigen, zonder dat ze daarbij hun identiteit verliezen, toont aan dat de rijpheid der volwassenheid weldra bereikt is.

Het streven naar de eenheid van Europa wordt heden sterk tegengewerkt. Er wordt door de media en lobbies gemanipuleerd en geïntrigeerd. Wanneer we echter willen vaststellen, wie daar achter steekt, is het maar al te makkelijk, de USA met hun Britse partner de schuld te geven. Op het eerste gezicht mag het wel zo lijken, alsof de USA en Groot-Brittannië de vijanden van Europa zijn, daadwerkelijk zijn ze echter enkel middelen, die gebruikt worden – misbruikt worden – door die krachten die niet op de voorgrond werken, maar steeds overal hun hand in ’t spel hebben, en in feite de werkelijke draadtrekkers achter de koelissen zijn.
Al te vaak stelt men vast, dat de USA en Groot-Brittannië als vijandbeeld gebruikt worden. Daardoor worden we van de werkelijke vijand afgeleid, verspillen daarbij niet enkel onze energie, maar doen zelfs het werk voor hun.
Sommigen stellen dan weer hun verwachtingen in de UNO, omdat ze de UNO als het geschikte instrument aanzien, in de hoop met hun hulp de zogenaamde oorlogsophitsers te kunnen stoppen. Echter wordt precies de UNO helemaal door die krachten gekontroleerd, die juist hun interesses daarin zien, de staten tegen elkaar uit te spelen, om ze dan te kunnen beheersen.
Het is die verborgen internationaal opererende groep die we niet uit het oog mogen verliezen. Hun grootste angst is de eenheid van de Europese volkeren. Zij kennen namelijk het potentiaal dat dan daardoor zou worden vrijgezet. Nog eens scheiding tussen de Europese volkeren, of zelfs een broederoorlog, kunnen we niet toestaan. Reeds meermaals werden de Europese Volkeren in oorlogen tegen elkaar gestort, werden daarbij sterk gedecimeerd, wat de ontwikkeling van Europa zeer benadeeld heeft. Nog altijd lijden we onder de naweeën van de laatste wereldoorlog, en het zal nog een lange weg zijn, voordat ook deze overwonnen zijn.

De eenheid van Europa betekent een sterke soevereine macht, die de internationale hoogfinans het hoofd kan bieden, en evenzo de Europese volkeren een vrije geestelijk-kulturele ontwikkeling mogelijk maakt. Daarom kan de “As Parijs – Berlijn – Moskou” niet enkel een op ekonomische en militaire samenwerking berusten, maar is er een overkoepelende gemeenschappelijke geestelijk-kulturele en politieke basis nodig waarop deze gemeenschap gebouwd wordt. Deze geestelijk-kulturele en politieke basis waar de Europese volkeren zich samen kunnen in vinden is de “Rijksgedachte”.
De “Rijksgedachte” heeft niets te maken met imperialisme. En het is precies deze “Rijksgedachte”, die vandaag de dag in het Duitse volk weer opbloeit. Sinds meer als 60 jaar wordt het woord “rijk” met een negatieve betekenis bedekt, want het establishment had ingezien, welke geweldige krachten kunnen worden vrij gezet, wanneer de Europese volkeren in één Rijk verenigd zijn. Doch de leugen valt uiteen en het Duitse volk begint de Rijksgedachte opnieuw te ontdekken.
Om deze ontwikkeling in het Duitse volk te kunnen begrijpen, moet men voor ogen houden, dat aan het einde van de Tweede Wereldoorlog het Duitse Rijk niet gekapituleerd heeft. Het Duitse Rijk werd zelfs in haar bestaan bevestigd door de geallieerden. Er werd een bezettingskonstruktie opgericht, die het Duitse Rijk opdeelde in de BRD (Bondsrepubliek Duitsland), de DDR (Duitse Demokratische Republiek) – die in het jaar 1990 door de BRD geannexeerd werd – en de BRO (Bondsrepubliek Oostenrijk). Oost-Duitsland bleef tot op heden onder Pools en Russisch bestuur, evenals het Sudetenland onder Tsjechisch bestuur.
De voortbestaan volgens het volkerenrecht werd zelfs door het zogenaamde “Bundesverfassungsgericht” bevestigd. Deze kennis verbreidt zich meer en meer in Duitsland, dit niet enkel in politieke kringen, maar zelfs ver daarbuiten. Strijders voor burgerrechten en zelfs eenvoudige private personen, zonder enige politieke binding, houden zich met dit onderwerp bezig.
Na jarenlange onderdrukking heeft zich nu sinds enkele jaren een geestelijke vrijheidsstrijd ontwikkeld, die niet meer te stoppen is.
Het Duitse Rijk zal werkelijkheid worden, want het is de wil van het Duitse volk.
Ontelbare groeperingen in Duitsland houden zich met de Rijksgedachte bezig, en verlangen daarnaar de Duitse geestelijkheid en kultuur weer te laten opbloeien.

Maar wat is nu deze Duitse geestelijkheid? Het gaat hier om het bewustzijn van vrijheid en waarheid. De ziel van een volk kan enkel haar opdracht vervullen, wanneer zij zich in vrijheid en waarheid kan ontwikkelen. Het tijdperk der dogma’s en leugens moet een einde gezet worden. Ideologieën en werkelijkheidsvreemde fantasieën moeten verdwijnen, we moeten terugvinden tot waarhaftige Europese geestesprinzipes en ware wetmatigheden, die het leven en de openbare gemeenschap als basis dienen.
Deze geestelijke ontwikkeling is reeds volop aan de gang. De internationale hoogfinans weet dat zeer goed. Zij heeft daarom reeds maatregelen getroffen, om dat proces op te houden. Het is aan ons, het nieuwe bewustzijn van vrijheid en waarheid werkelijkheid te laten worden. Enkel met deze geestelijkheid kan het ons lukken de moeilijkheden en problemen op te lossen, die momenteel Europa en de mensheid bedreigen. Gezien het sterk aangetaste milieu, het tekort aan energie en grondstoffen, de massa-immigratie, kultuurvernietiging en andere problemen, kunnen vele mensen de hoop verliezen. We moeten er echter van bewust zijn, dat voor al deze problemen een oplossing bestaat. De kennis, om deze problemen op te lossen, is reeds veelvuldig aanwezig, deze wordt echter onderdrukt, om angst en hopeloosheid op te wekken.
Daarom is het evenzo noodzakelijk, naast het samenbrengen der Europese volkeren, ook de leugens, waar de volkeren mee gemanipuleerd en onderdrukt worden, bloot de leggen. We zijn allen opgegroeid in een wereld van de leugen, dit moeten we erkennen. De leugen is zeer uiteenlopend en doordringt verschillende gebieden van de maatschappij, zij is in de geschiedschrijving, de wetenschap, de politiek enz. De volledige hedendaagse westerse maatschappij is op de leugen opgebouwd, en wie dit in de kern niet inziet, zal samen met dit leugengedrocht ten ondergaan. Pas als de grote leugens en leugenaars, die heden het maatschappelijk leven bepalen en deze chaos veroorzaakt hebben, ontmaskerd zijn, kunnen we de ware en noodzakelijke wijzen erkennen, die de Europese volkeren weer kulturele soevereiniteit en een levenswaardige toekomst in vrede en vrijheid mogelijk maken.

Pas wanneer we aan de alomtegenwoordige leugen een einde brengen, komen we tot waarheid en tot vrijheid.
Enkel in het bewustzijn van vrijheid en waarheid kunnen de Europese kultuurvolkeren wederom opbloeien. En dit is de ware zin van de As Parijs-Berlijn-Moskou.

Het Duitse volk groet haar broedervolkeren zeer hartelijk.

Eurorus-Kongress: Botschaft aus Deutschland

Botschaft aus Deutschland

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David Pattyn

Sehr geehrte Anwesende,

das Streben nach Einigkeit der europäischen Völker ist eine natürliche Entwicklung, welche die Konsequenz einer gemeinsamer Herkunft ist. Der nordeuropäische Raum war sozusagen die Wiege der europäischen Kulturvölker. Durch Auswanderungen fand eine Verbreitung der nordischen Menschen über ganz Europa statt, womit ihre Kultur zur Grundlage aller europäischen Kulturen wurde.
Die unterschiedlichen Umweltverhältnisse Europas, sowie die geschichtlichen Ereignisse, bewirkten eine unterschiedliche Entwicklung dieser Kulturen, welche immer deutlichere Trennlinien der verschiedenen europäischen Kulturvölker hervorbrachte. Diese Unterschiede sorgten dafür, daß sie sich einmal einander freundlich dann wieder feindlich gegenüberstanden, noch bis in die jüngste Geschichte. Die Kriege, die in Europa stattfanden, waren nichts anderes als Bruderkriege.
Und so, wie in einer Familie Brüder sich im jugendlichen Selbstverwirklichungsstreben streiten, so führt die Erwachsenheit die Brüder wieder einträchtig zusammen. Der Wunsch der europäischen Völker zu einer Einigkeit zu gelangen, ohne ihre Identität dabei zu verlieren, zeigt daß die erwachsene Reife nahe ist.

Dem Streben nach der Einigkeit Europas wird aber heute energisch gegengearbeitet. Es wird durch Medien und Lobbies manipuliert und intrigiert. Wenn wir aber feststellen möchten, wer dahinter steckt, ist es nur all zu leicht, den USA mit ihrem Britischen Partner die Schuld zuzuschieben. Vordergründig mag es zwar so erscheinen, als seien die USA und Groß-Britanien die Feinde Europas, doch tatsächlich sind sie nur Mittel, welche benutzt werden - ausgenutzt werden - durch jene Kräfte die nicht in den Vordergrund treten, aber überall ihre Hand mit im Spiel haben und die wahren Drahtzieher hinter den Kulissen sind.
All zu oft stellt man fest, daß die USA und Groß-Britanien zum Feindbild gemacht werden. Dadurch werden wir vom wirklichen Feind abgelenkt, verschwenden dabei nicht nur unsere Energie, sondern tun sogar die Arbeit für sie.
Manche setzen dann wieder ihre Erwartungen in die UNO, weil sie die UNO als geeignetes Instrument ansehen, in der Hoffnung, den sogenannten Kriegstreibern mit ihrer Hilfe das Handwerk legen zu können. Doch wird gerade die UNO voll und ganz von jenen Kräfte kontrolliert, deren Interesse es ist, die Staaten gegeneinander auszuspielen, um sie dann beherrschen zu können.
Es ist jene verborgene international operierende Gruppe, welche wir nicht aus dem Auge verlieren dürfen. Ihre größte Angst ist die Einigkeit der europäischen Völker. Sie kennen nämlich das Potential, das dadurch entstehen würde. Doch eine erneute Spaltung der europäischen Völker, oder gar einen neuen Bruderkrieg, dürfen wir nicht zulassen. Schon öfters wurden die europäischen Völker gegeneinander in Kriege geführt und stark dezimiert, was die Entwicklung Europas stark beeinträchtigt hat. Noch immer leiden wir unter den Nachwehen des letztes Weltkrieges, und es wird noch ein langer Weg sein, bevor wir diese überwunden haben.

Die Einigkeit Europas bedeutet eine starke souveräne Macht, welche der internationalen Hochfinanz die Stirn bieten und den europäischen Völkern eine freie geistig-kulturelle Entwicklung gewährleisten kann. Daher sollte eine Achse Paris-Berlin-Moskau nicht nur auf ökonomischer und militärer Zusammenarbeit beruhen, sondern es bedarf einer übergeordneten gemeinschaftlichen geistig-kulturellen und politischen Grundlage auf der diese Gemeinschaft gründet.
Diese geistig-kulturelle und politischen Grundlage auf der die europäischen Völker zusammenfinden können, ist der Reichsgedanke.
Der Reichsgedanke steht fern vom Imperialismus. Und es ist gerade jener Reichsgedanke, welcher im Deutschen Volke heute wieder aufblüht. Über mehr als 60 Jahre wurde das Wort „Reich“ mit einer negativen Bedeutung versehen, denn das Establishment hatte erkannt, wie gewaltig die Kräfte sind, die frei kommen könnten, wenn die europäischen Völker in einem Reich vereinigt sind. Doch die Lüge zerbröckelt und das deutsche Volk beginnt den Reichsgedanken neu zu entdecken.
Um diese Entwicklung im Deutschen Volk verstehen zu können, gilt es auch zu beachten, daß am Ende des Zweiten Weltkrieges das Deutsche Reich nicht kapituliert hat. Das Deutsche Reich wurde sogar in seiner Existenz durch die Alliierten bestätigt. Es wurde ein Besatzungskonstrukt hergerichtet, welches das Deutsche Reich aufteilte in die BRD (Bundes Republik Deutschland), die DDR (Deutsche Demokratische Republik) – welche 1990 durch die BRD annektiert wurde – und die BRÖ (Bundesrepublik Österreich). Ost-Deutschland blieb bis heute unter polnischer und russischer Verwaltung sowie das Sudetenland unter tschechischer Verwaltung.
Der völkerrechtliche Fortbestand des Deutschen Reiches wurde sogar durch das sogenannte Bundesverfassungericht mehrmals bestätigt. Dieses Wissen findet immer mehr Verbreitung in Deutschland. Dies nicht nur in politischen Kreisen, sondern weit darüber hinaus. Bürgerrechtler und einfache Privatpersonen ohne jegliche politische Bindung greifen dieses Thema auf.
Nach jahrzehntelanger Unterdrückung hat sich nun seit einigen Jahren ein geistiger Freiheitskampf entwickelt, der nicht mehr aufzuhalten ist.
Das Deutsche Reich wird Wirklichkeit werden, denn es ist die Wille des deutschen Volkes.
Unzählige Gruppen in Deutschland beschäftigen sich mit dem Reichsgedanken und sehnen sich danach die deutsche Geistigkeit und Kultur wieder aufleben zu lassen.

Doch was ist denn diese deutsche Geistigkeit? Es geht hier um das Bewußtsein der Freiheit und der Wahrheit. Die Seele eines Volkes kann nur ihrer Aufgabe gerecht werden, wenn sie sich in Freiheit und Wahrheit entwickeln kann. Der Ära der Dogmen und Lügen muß ein Ende gesetzt werden. Ideologien und wirklichkeitsfremde Traumtänzereien müssen verschwinden, wir müssen zurückfinden zu wahrhaftigen europäischen Geistesprinzipien und den wahren Gesetzmäßigkeiten, die dem Leben und dem Gemeinwesen zugrunde liegen. Diese geistige Entwicklung ist bereits voll im Gange. Die internationale Hochfinanz weiß das ganz genau. Sie hat deswegen schon Maßnahmen eingeleitet, diesen Prozeß aufzuhalten. Es liegt an uns, das neue Bewustsein der Freiheit und der Wahrheit Wirklichkeit werden zu lassen. Nur mit dieser Geistigkeit kann es uns gelingen die Schwierigkeiten und Probleme zu bewältigen, welche jetzt Europa und die Menschheit bedrohen. Angesichts der stark geschädigten Umwelt, dem Mangel an Energie und Rohstoffen, der Masseneinwanderung, Kulturzerstörung und anderer Probleme mag bei vielen Menschen die Hoffnung schwinden. Jedoch dürfen wir gewiß sein, daß für all diese Probleme eine Lösung besteht. Das Wissen, diese Probleme zu bewältigen, ist schon vielfach da, es wird nur unterdrückt, um Angst und Hoffnungslosigkeit zu schüren.
Daher ist es ebenso notwendig, neben der Zusammenführung der europäischen Völker, auch die Lügen, mit denen die Völker manipuliert und unterdrückt werden, aufzudecken. Wir sind alle aufgewachsen in einer Welt der Lüge, das müssen wir erkennen. Die Lüge ist vielfältiger Natur und durchdringt sämtliche Lebensbereiche, sie ist in der Geschichtsschreibung, der Wissenschaft, der Politik, usw. Die gesamte heutige und gerade die westliche Gesellschaft ist auf der Lüge aufgebaut, und wer das nicht tiefgründig erkennt, wird zusammen mit diesem Lügengebäude untergehen. Erst wenn die großen Lügen und Lügner, die heute das gesellschaftliche Leben bestimmen und das Chaos herbeigeführt haben, entlarvt sind, können wir die wahren und notwendigen Lösungswege erkennen, die den europäischen Völkern wieder kulturelle Selbstbestimmung und eine lebenswerte Zukunft in Frieden und Freiheit ermöglichen.

Erst wenn wir der allgegenwärtigen Lüge ein Ende bereiten, kommen wir zur Wahrheit und zur Freiheit.
Nur im Bewußtsein der Freiheit und Wahrheit können die europäischen Kulturvölker wieder zur Blüte kommen. Und das ist der wahre Sinn der Achse Paris-Berlin-Moskau.

Das Deutsche Volk grüßt seine Brudervölker ganz herzlich.

Aux sources de l'européisme contemporain

Robert Steuckers:

Les visions d'Europe à l'époque napoléonienne

Aux sources de l'européisme contemporain

Les visions d'une Europe unifiée et autarcique ne datent pas de Locarno et d'Aristide Briand, ni de la seconde guerre mondiale ni des pères fondateurs des communautés européennes. Elles ont eu des antécédents dès l'âge de la philosophie des Lumières. Bon nombre de conceptions se sont précisées à l'époque napoléonienne.

L'Europe dans l'optique des philosophes des Lumières est:
× un espace de ³civilisation² et de ³bon goût²;
× une civilisation marquée par le déclin et l'inadaptation (due à l'industrie montante);
× une civilisation où la raison décline;
× une civilisation marquée par la gallomanie et déstabilisée par les réactions nationales face à cette gallomanie omniprésente.
Les philosophes des Lumières considèrent déjà que l'Europe est coincée entre la Russie et l'Amérique. Ils se partagent entre russophiles et russophobes.. Tous estiment toutefois que l'Amérique est une Nouvelle Europe, une Europe remise en chantier au-delà de l'Atlantique et où de multiples possibilités sont en jachère.

Les ³Lumières² et Herder

Dans le cadre de la philosophie des Lumières et de la gallomanie ambiante, Herder développe une vision critique de la situation intellectuelle en Europe et réfléchit en profondeur sur le sens de l'individualité historique des constructions collectives, fruits de longues maturations, ciselées et façonnées par le temps. Il jette les bases d'une critique positive de la gallomanie, comme culte artificiel des styles gréco-romains imités, à l'exclusion de tous les autres, notamment du gothique médiéval. Rousseau abonde dans le même sens, voit l'histoire comme une dialectique harmonieuse entre les nations et l'universel, mais estime que l'Europe en déclin, derrière les façades néo-classiques du XVIIIième siècle, est moralement condamnable car perverse et corrompue. Herder veut réhabiliter les cultures populaires plus enracinées, faire revivre les cultures autochtones que les processus d'urbanisation et de rationalisation, propres de la civilisation, ont marginalisées ou taraudées. Pour lui, l'Europe est une famille de nations (de peuples). Contrairement à Rousseau, il estime que l'Europe n'est pas condamnable en soi, mais qu'elle doit se ressaisir et ne pas exporter en Russie et en Amérique l'européisme abstrait au vernis gréco-romain, expression d'une artificialité sans racines permettant toutes les manipulations et engendrant le despotisme. Herder connaît l'Europe physiquement et charnellement pour avoir voyagé de Riga à Nantes, pérégrinations sur lesquelles il nous a laissé un journal fourmillant d'observations pertinentes sur l'état des mentalités au XVIIIième. Il compare avec minutie les cultures régionales des pays qu'il traverse, pose une série de diagnostics, mêlant constats de déclin et espoirs de guérison  ‹la guérison d'un peuple passant par la résurrection de sa langue, de ses traditions et des racines de sa littérature. Sur base de cette expérience vécue, il veut faire des Pays Baltes, sa patrie, et de l'Ukraine (avec la Crimée) l'atelier d'une Europe rénovée, tout à la fois
× respectueuse des modèles grecs classiques (mais surtout homériques; Herder réhabilite pleinement la Grèce homérique, donnant l'impulsion aux recherches philologiques ultérieures) et
× fidèle à ses héritages non grecs et non romains, médiévaux et barbares (slaves ou germaniques).
Cette Europe rénovée se forgera par le truchement d'un système d'éducation nouveau, nettement plus attentif que ces prédécesseurs aux racines les plus anciennes des choses, des entités politiques, du droit, de l'histoire charnelle des peuples, etc.  Dans ce sens, l'Europe espérée par Herder doit être, non pas une société d'Etats-personnes, mais une COMMUNAUTÉ DE PERSONNALITÉS NATIONALES.

Après les troubles et les bouleversements de la Révolution française, après la prise du pouvoir par Napoléon Bonaparte, bon nombre d'observateurs politiques européens commencent à percevoir l'Europe comme un BLOC CONTINENTAL (Bertrand de Jouvenel sortira un maître ouvrage sur cette thématique). Avec le blocus continental, l'idée d'une autarcie économique européenne prend corps progressivement. Elle a surtout des exposants français, mais aussi beaucoup de partisans allemands, comme Dalberg, Krause ou le poète Jean Paul (dont l'héritier direct au 20ième siècle sera un autre poète, Rudolf Pannwitz; cf. Robert Steuckers, "Rudolf Pannwitz: ³Mort de la Terre², Imperium europæum et conservation créatrice", in Nouvelles de Synergies Européennes, n°19, avril 1996).

Le Baron von Aretin

Le Baron von Aretin (1733-1824), Bavarois se revendiquant d'un héritage celtique, sera un partisan de Napoléon, en qui il voit un champion de la romanité et de la catholicité en lutte contre le ³borussisme², l'³anglicisme² et le ³protestantisme². Cependant, des protestants allemands développeront à leur tour un européisme pro-napoléonien, non pas au nom d'un mélange idéologique de celtitude, de romanité et de catholicisme, mais au nom de l'idéal protestant qui consiste à s'opposer systématiquement à toute puissance universelle, comme entend l'être la thalassocratie britannique. Le protestantisme, dans cette optique, s'est dressé hier contre les prétentions universalistes de l'Eglise de Rome; il se dresse aujourd'hui non plus contre l'universalisme de la Révolution et du Code Napoléon, mais contre l'universalisme économique de la thalassocratie anglaise. Cet idéal, à la fois protestant et européiste, se retrouvait essentiellement dans la bourgeoisie négociante d'Allemagne du Nord (Brème, Hambourg, mais aussi Anvers). Pour cette catégorie d'hommes, il s'agissait de briser les monopoles anglais et de les remplacer par des monopoles européens (ils préfigurent ainsi les théories de l'économiste List). L'objectif était l'éclosion d'une industrie autochtone européenne, capable de se développer sans la concurrence des produits coloniaux anglais, vendus à bas prix.

Le mémorandum de Theremin

Parmi les autres théoriciens allemands de l'autarcie et de l'indépendance continentale européenne, citons le Prussien Theremin, qui, dans son memorandum de 1795 (Des intérêts des puissances continentales relativement à l'Angleterre), constate que l'Angleterre colonise commercialement l'Europe et les Indes et qu'elle constitue de la sorte un despotisme maritime (Theremin est clairement un précurseur du géopolitologue Haushofer). Après 1815, plusieurs théoriciens allemands éprouvent une claire nostalgie de l'autarcie continentale. Ainsi, Welcker plaide pour une alliance franco-prussienne ³pour organiser l'Europe². Glave, pour sa part, prône une alliance franco-autrichienne pour exclure la Russie et l'Empire ottoman de l'Europe. Woltmann, dans Der neue Leviathan  (= Le nouveau Léviathan), plaide pour l'unification européenne afin de faire face à ³l'universalisme thalassocratique². Bülow entend promouvoir une ³monarchie européenne universelle² qui aura pour tâche de conquérir l'Angleterre, afin qu'elle cesse de nuire aux intérêts du continent, et formule un ³projet culturel² d'inspiration européiste afin d'annuler les incohérences et les pressions centrifuges que génèrent les nationalismes locaux.

Le Comte d'Hauterive

Les théoriciens français de l'autarcie européenne à l'époque napoléonienne abandonnent définitivement le romantisme exotique, orientalisant, après le double échec des opérations militaires de Bonaparte en Egypte et en Palestine. Désormais, les protagonistes du grand continent raisonnent en termes exclusivement ³européens² voire, avant la lettre, ³européo-centrés². Réactualisant, dans la France impériale de Napoléon, le ³Testament de Richelieu², ces visionnaires français de l'Europe future, dans leurs projets, font de la France la base de l'unification continentale. Contre l'Angleterre et sa flotte ubiquitaire et puissante, il faut organiser le blocus, fermer l'Europe au commerce anglais et faire de cette fermeture un ³système général². Ainsi le Comte d'Hauterive, dans son ouvrage, De l'Etat de la France à la fin de l'an VIII (= 1800), écrit que l'idéal pour la France en Europe avait été la situation de 1648 mais que cette situation avait par la suite été bouleversée par la montée de la Prusse et de la Russie et par la domination navale de l'Angleterre. La France aurait eu intérêt à contrer la montée en puissance de ces trois facteurs. Néanmoins, après les guerres de la Révolution, une situation nouvelle émerge: le Continent, dans son ensemble, fait désormais face à la Mer, dominée par l'Angleterre, grâce, notamment, aux victoires de Nelson en Méditerranée (Aboukir et Trafalgar). Dans ce contexte, la France n'est plus simplement une partie de l'Europe, opposée à d'autres parties, mais l'hegemon du Continent, le moteur dynamisant de la nouvelle entité continentale européenne. D'Hauterive, dont l'idéologie n'est nullement révolutionnaire, renoue explicitement avec une perspective carolingienne, également opposée au protestantisme en Europe.

Dans le camp hostile à Napoléon et à l'hegemon de la France, on plaide généralement pour un ³équilibre des puissances², clef de voûte de la diplomatie conservatrice à l'époque. Chaque Etat doit se limiter, écrivent des auteurs comme Martens, von Gentz ou Ancillon. Si les Etats ne se limitent pas, ne brident par leur puissance et leurs propensions à l'expansion, l'ensemble européen connaîtra le déclin à la suite de guerres incessantes, épuisant la vitalité des peuples. Pour ces conservateurs prussiens, il faut élaborer un système de contre-forces et de contre-poids (ce qui, envers et contre leur bonne volonté, s'avèrera bellogène au début du 20ième siècle). Le camp des européistes anti-napoléoniens est diversifié, nous y trouvons des monarchistes d'ancien régime, des représentants du paysannat (hostiles au Code Napoléon et à certaines de ses règles de droit), des républicains puristes (qui voient dans le bonapartisme un retour à des formes monarchiques), des représentants de la fraction de la bourgeoisie lésée par le blocus, des révolutionnaires déçus parce que l'idéal de fraternité n'a pas été incarné en Europe.

Fichte, Arndt, Jahn

Dans ce contexte, les Romantiques, dont Novalis, Müller et les frères Schlegel, préconisent un retour au christianisme médiéval, c'est-à-dire à un idéal d'avant la fracture de la Réforme et de la Contre-Réforme qu'ils croient capable de surmonter les cruelles divisions internes de l'Europe. Les nationalistes (allemands), comme Fichte et Jahn, sont républicains, hostiles à la forme française de la Révolution, mais tout aussi hostiles à une restauration pure et simple de l'ancien régime. Pour Fichte, Arndt et Jahn, la Prusse est un simple instrument, mais très efficace, pour forger une nouvelle et puissante nation allemande. Fichte est volontariste: la constitution volontaire de cadres étatiques nationaux conduira à un telos universel, à un monde organisé selon autant de modalités différentes qu'il y a de peuples. L'harmonie universelle viendra quand chaque espace national aura reçu, à sa mesure, une structure de type étatique. Dans ce sens, l'universalisme fichtéen n'est pas monolithique mais pluriel. Pour ces nationalistes, la nation, c'est le peuple opposé à l'arbitraire des princes et des monarques. A ce volontarisme et à ce nationalisme centré sur le peuple s'ajoute, notamment chez Arndt, une dialectique Nord/Sud, où le Nord est libertaire et le Sud développe une fâcheuse propension à trop obéir à l'Eglise et aux Princes. Arndt, par exemple, propose pour la future Allemagne unie, qu'il appelle de ses v¦ux,  le modèle suédois, modèle élaboré par une nation homogène, exemple d'une germanité plus authentique et fort puissante, organisé selon des critères étatiques solides, depuis les réformes civiles et militaires du Roi Gustav-Adolf au XVIIième siècle; un roi qui avait voulu devenir le champion du protestantisme ‹mais d'un protestantisme organisé et non générateur de sectes impolitiques, comme les dissidents anglais et les puritains américains‹  contre Rome et l'Empire catholique du fanatique Ferdinand II, qui préférait, disait-il, régner sur un désert plutôt que sur un pays peuplé d'hérétiques! (On peut parfaitement comparer les réformes de Gustav-Adolf à certaines créations de Richelieu, comme la mise sur pied d'une Académie Royale, destinée à organiser le savoir abstrait et pratique pour consolider l'Etat).

La Sainte-Alliance et Franz von Baader

Pendant la Restauration, c'est l'Autrichien Metternich qui donne le ton et tente de forger et d'asseoir définitivement une Europe réactionnaire, traquant partout tous les résidus de la Révolution française. L'instance internationale de l'époque est la Sainte-Alliance de 1815 (Grande-Bretagne, Russie, Prusse, Autriche), qui devient la Pentarchie en 1822 (quand la France se joint aux quatre puissances victorieuses de 1814-15). La Restauration permet l'éclosion d'un romantisme contre-révolutionnaire, incarné notamment par Franz von Baader. Elle vise aussi à organiser rationnellement l'Europe sur base des acquis de l'ancien régime, remis en selle en 1815. Franz von Baader envisage une Union religieuse des trois confessions chrétiennes en Europe (protestantisme, catholicisme, orthodoxie), pour s'opposer de concert aux principes laïcs de la Révolution et pour aplanir les contentieux qui pourraient survenir entre les composantes majeures de la Sainte-Alliance. Ce projet est rejeté par les catholiques les plus intransigeants, qui refusent d'accepter qu'un destin commun les lie aux protestants et aux orthodoxes. Franz von Baader perçoit la Russie comme le bastion de la restauration et comme l'ultime redoute de la religion face au déferlement de la modernité. La ³révolution conservatrice² des premières décennies du 20ième siècle reprendra cette idée, sous l'impulsion d'Arthur Moeller van den Bruck, traducteur de Dostoïevski, qui prétendra, dans la foulée, que la Russie avait maintenu intacts ses instincts anti-libéraux malgré la révolution bolchevique. De ce fait, aux yeux du conservateur Moeller van den Bruck, la Russie soviétique devenait un allié potentiel de l'Allemagne face à l'Ouest.

Schmidt-Phiseldeck

Le diplomate danois au service de la Prusse Schmidt-Phiseldeck prône dans le contexte de la restauration un autocentrage de l'Europe sur elle-même  ‹même idée que celle du bloc continental napoléonien mais sous des signes idéologiques différents‹  et avertit les nations européennes contre toute aventure coloniale qui disperserait les énergies européennes aux quatre coins de la planète, déséquilibrerait le continent et provoquerait des rivalités d'origine extra-européennes entre Européens contre l'intérêt même de l'Europe en tant que famille de peuples, unis par un même destin géographique. Schmidt-Phiseldeck veut une ³intégration intérieure², donc une organisation structurelle de l'Europe, et perçoit clairement le danger américain (qui se pointe déjà à l'horizon). Pour lui, la seule expansion possible de l'Europe est en direction de l'Anatolie turque et de la Mésopotamie. L'ancienne aire byzantine toute entière doit redevenir européenne, par la force si besoin s'en faut et par une union indéfectible de toutes les forces militaires de la Pentarchie, capables de culbuter les armées ottomanes dans une campagne de brève durée. On peut dire a posteriori que Schmidt-Phiseldeck est un précurseur (anti-ottoman) de la ligne aérienne et ferroviaire Berlin-Bagdad, mais sans hostilité à l'égard de la Russie.

Autre théoricien de l'époque, Constantin Frantz (cf. Robert Steuckers, "Constantin Frantz", in Encyclopédie des ‘uvres philosophiques, PUF, 1992), critiquera également les expansions coloniales dans des termes analogues, préfigurant ainsi les thèses de Christoph Steding (cf. Robert Steuckers, "Christpoph Steding", in Encyclopédie des ‘uvres philosophiques, PUF, 1992), du géopolitologue Arthur Dix et de Jäkh, auteur, pendant la première guerre mondiale, d'un mémorandum justifiant l'alliance germano-ottomane dans le sens d'une exploitation commune de l'espace entre Constantinople et le Golfe Persique. La Guerre du Golfe est ainsi, à la lumière de ces analyses posées successivement au fil du temps par Schmidt-Phiseldeck, Frantz, Steding, Dix et Jäkh, une guerre préventive contre l'Europe, dont la seule expansion possible est en direction du Sud-Est, comme les principales vagues indo-européennes de la proto-histoire et de l'antiquité se portaient également dans cette direction, fondant successivement la Grèce archaïque, l'Empire Hittite, les Empires perse et mède, les royaumes aryens d'Inde. [ajout d'avril 2000: Le sort de l'Europe se tient par le Sud-Est: la puissance qui barre la route de l'Europe dans cette direction est celle qui la maintient la tête sous l'eau, empêche son développement harmonieux. C'est aujourd'hui, clairement, la stratégie choisie par l'alliance américano-turque, qui vient de ré-implanter une présence ottomane dans les Balkans, par Bosnie et Albanie interposées, pour s'opposer aux pénétrations pacifiques et économiques de l'Allemagne, de l'Autriche, puissances civiles et industrielles capables de développer les Balkans, et de la Russie, capable de donner une garantie militaire et nucléaire à ce projet. Pire, il s'agit d'une stratégie qui conteste à la Russie sa présence en Mer Noire, ruinant les acquis de Catherine la Grande].

Görres et l'hegemon allemand

Pour sa part, Görres, autre théoricien allemand de l'époque de la Restauration, envisage une Allemagne unifiée et re-catholicisée comme hegemon de l'Europe, en lieu et place de la France napoléonienne. Cette Allemagne serait civile et spirituelle et non pas guerrière à la façon bonapartiste. Elle viserait la paix perpétuelle et serait la puissante fédératrice par excellence, ayant des frontières communes avec toutes les autres nations européennes. Le destin géographique de l'Allemagne, la multiplicité de ses voisins, en font la fédératrice de l'Europe par destin géographique. L'universalité (ou la catholicité au sens étymologique du terme) de l'Allemagne provient justement de la simple existence bien concrète de ces voisinages multiples et diversifiés, permettant à l'intelligentsia allemande de jeter en permanence un regard varié et pluriel sur les événements du monde, sans vouloir les biffer à l'aide d'une idéologie toute faite. Elle seule peut intégrer, assimiler et synthétiser mieux que les autres, grâce à cette proximité territoriale et physique pluri-millénaire.

Leopold von Ranke, historien nationaliste allemand, développe, quant à lui, une vision plus romano-germanique de l'Europe, d'essence chrétienne. Il évoque un ³génie occidental², contrairement à von Baader qui valorise la virginité russe face au déclin rationaliste de l'Ouest. Pour von Ranke, l'Orient est ³sombre folie², car ni l'Etat ni l'Eglise n'y pénètrent au fond du peuple.. L'Occident, pour lui, est le système le plus parfait. Ce système est l'élu de Dieu sur la Terre. Ranke est donc à l'origine des options occidentalistes du nationalisme allemand ultérieur.

Constantin Frantz et l'équilibre pentarchique

Constantin Frantz s'oppose à trois forces politiques majeures, actives dans les Etats allemands de son époque: l'ultramontanisme, le particularisme catholique en Bavière, le national-libéralisme prussien (et, partant, le capitalisme). Ces forces politiques sont centrifuges, maintiennent la division de l'ensemble mitteleuropéen, parce qu'elles raisonnent en termes partisans et fractionnistes. Pour lui, le Reich moderne, le Reich à venir après l'abrogation en 1806 du Reich historique sous la pression napoléonienne, devra s'étendre à toute l'Europe centrale (la ³Mitteleuropa²) et se donner une organisation fédéraliste, tenant compte des diversités de notre continent. L'équilibre européen, pour Frantz, doit rester pentarchique et centripète dans le cadre géospatial européen. Toute extraversion colonialiste est un danger, si bien qu'à ses yeux, l'Angleterre n'est plus une nation européenne mais un empire maritime en marge du continent; la France a, elle aussi, cessé d'être pleinement européenne depuis qu'elle a pris pied en Algérie et en Afrique: elle devient une nation eurafricaine qui l'éloigne a fortiori des problèmes spécifiquement européens et la distrait des tâches structurelles dont le continent a fortement besoin, au moment où l'accroissement de la population et l'industrialisation impliquent un changement d'échelle et impulsent un volontarisme et une imagination politiques pour que les sombres prévisions de Malthus ne deviennent pas le lot inéluctable des grandes masses déracinées, urbanisées et prolétarisées. La politique sociale de Bismarck et le socialisme de la chaire seront des réponses à ce défi.

L'extraversion colonialiste

Frantz critique sévèrement l'Angleterre et la France, puissances ayant au préalable commis le péché d'extraversion, pour avoir fait la Guerre de Crimée contre la Russie. Elles se sont ainsi opposées à un Etat constitutif de la Pentarchie européenne au profit d'un Etat qui n'en faisait pas partie (l'Empire ottoman), ce qui, pour Frantz, constitue une entorse très grave à l'esprit d'unité de la Sainte Alliance, censée apporter une paix définitive en Europe, de façon à faire de celle-ci un bloc civilisationnel cohérent et solide, s'étendant de l'Atlantique au Pacifique. La Guerre de Crimée aliène la Russie vaincue par rapport au reste de l'Europe, car une violente réaction anti-occidentale, entraînant l'Allemagne et l'Autriche neutres dans cet opprobre, se constitue et se consolide chez les intellectuels russes.  Ceux-ci ne pardonnent pas aux autres Européens cette trahison abjecte de la Russie, qui s'était longuement battue pour l'Europe en libérant la rive nord de la Mer Noire et le Caucase du joug ottoman entre 1750 et 1820.

L'Allemagne en gestation et l'Autriche deviennent, quant à elles, des empires sans espace, coincés entre des puissances disposant de vastes étendues extra-européennes, centre-asiatiques ou sibériennes. A elles seules incombe désormais la tâche d'organiser en autarcie, comme il se doit, la portion d'Europe qui leur reste, mais sans pouvoir étendre ce principe constructif d'organisation structurelle et territoriale aux marges occidentales et orientales de notre sous-continent. L'Europe est dès lors dangereusement déséquilibrée et déstabilisée. Les guerres inter-européennes deviennent possibles, y compris pour régler des problèmes extra-européens, survenus dans les espaces colonisés. La Guerre de Crimée porte en germe l'horrible tragédie de 1914-1918.

Ernst von Lasaulx

Pour Ernst von Lasaulx, professeur de philologie classique à Würzburg et Munich, les diplomates européens doivent reconnaître les forces à l'¦uvre hic et nunc sur le continent, et répondre à la question: "Où nous trouvons-nous aujourd'hui dans le flux de l'histoire?". Seule cette interrogation permet de faire des projets cohérents pour l'avenir. Elle implique que l'homme d'Etat sérieux et efficace doit connaître le maximum de faits historiques (sinon, la totalité!), car tous ont une incidence, même fortuite, sur la structure du présent. L'avenir ne se construit que par recours au passé, à tout le passé. Celui qui l'ignore, ou le connaît mal, ou le connaît à travers le filtre d'images propagandistes, est condamné à faire des essais et des erreurs, à procéder par tâtonnements voués à l'échec. Catholique d'origine, influencé par Baader, Lasaulx est surtout un mystique germanique et un "pansophique". Dans cette optique, la vraie religion des époques historiques fortes, est expression de la vie, de la vitalité. En Europe, régulièrement, par cycles, des "peuples jeunes" ont régénéré les peuples vieillissants. Lors de l'effondrement de l'Empire romain, ce rôle a été dévolu aux Germains. Pour Lasaulx, les Slaves (surtout les Russes) prendront le relais. Ils seront le "Katechon" de l'Europe qui, sans eux, s'engloutirait dans la décadence, accentuée par les idées occidentales et françaises.

Conclusion:

Les visions d'Europe de l'époque napoléonienne et de la Restauration conservent une pertinence politique certaine; elles expliquent des permanences et des lames de fonds. La connaissance de ce dossier demeure à nos yeux un impératif de "sériosité" pour les hommes d'Etat.

Notre exposé contient sept idées majeures, toujours actuelles, qu'il faut toujours garder en tête quand on pense ou on veut penser l'Europe, comme espace de civilisation cohérent:
1. L'espace s'étendant des Pays Baltes à la Crimée doit être organisé selon des modalités propres sans hostilité au reste de la Russie (Herder).
2. L'Europe est une diversité (et le restera). Cette diversité est source de richesse, à condition qu'on l'harmonise sans la stériliser (Herder).
3. L'opposition Terre/Mer reste une constante de l'histoire européenne (Theremin, d'Hauterive) et, dans le concert des peuples européens, la France oscille entre les deux, car elle est capable d'être tantôt une puissance navale, tantôt une puissance continentale. Carl Schmitt et Karl Haushofer sont les héritiers intellectuels de Theremin et d'Hauterive. Dans les années 60 de notre siècle, Carl Schmitt a toutefois tenu compte d'un changement de donne stratégique et technologique, avec la puissance aérienne et la maîtrise des espaces circum-terrestres.
4. L'idée de Baader de forger une Union religieuse et de dépasser, de ce fait, les clivages confessionnels bellogènes, reste un impératif important. Les guerres inter-yougoslaves de 1991 à nos jours montrent clairement que les confessions ne sont pas neutralisées, qu'elles conservent une potentialité conflictuelle certaine. Pour nous, reste à savoir si les christianismes officiels peuvent apporter l'harmonisation du continent ou s'il n'est pas légitime, comme nous le pensons, de retourner aux valeurs pré-chrétiennes, pour donner un socle plus sûr à notre espace civilisationnel.
5. Avec Schmidt-Phiseldeck, force est de constater que la présence ottomane est une anomalie à l'Ouest de l'Egée et du Bosphore, empêchant notre continent de se "vertébrer" définitivement [ajout d'avril 2000:  Toute présence ottomane dans les Balkans interdit aux Européens d'organiser le Danube. L'objectif des Ottomans était de contrôler ce grand fleuve, au moins jusqu'à Vienne, la "Pomme d'Or". Ce projet a échoué grâce à la résistance héroïque des milices urbaines de Vienne, des armées impériales, hongroises et polonaises. Ce projet a failli réussir à cause de la trahison des rois de France, François I et Louis XIV].
6. Görres et Frantz ont théorisé clairement la nécessité de conserver à tout prix la cohésion du centre de l'Europe. Cette nécessité géographique doit être la base concrète d'une renaissance du Saint-Empire.
7. L'extraversion coloniale a ruiné l'Europe et importé en Europe des conflits dont l'origine était extra-européenne. L'Europe doit d'abord s'auto-centrer puis organiser sa périphérie, par la diplomatie et un dialogue inter-civilisations.

Ces sept recettes méritent d'être méditées.

Robert STEUCKERS.
(Extrait d'une conférence prononcée à l'Université d'été de "Synergies Européennes", Lourmarin, 1995).

06:05 Publié dans Affaires européennes, Géopolitique, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook