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lundi, 31 décembre 2007

Restauration poutinienne et nouvelles perspectives géopolitiques

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Robert Steuckers :

Russie : restauration poutinienne et nouvelles perspectives géopolitiques

 

Si l’on évoque la restauration poutinienne en Russie, après le terrible ressac vécu par l’ancienne superpuissance communiste sous le règne, somme toute assez bref d’Eltsine (1), il convient de le faire correctement : non pas dans le simple but d’énoncer des faits qui concernent un monde différent du nôtre, mais bel et bien dans la perspective de construire une alternative géopolitique solide face aux projets d’assujettissement de l’Europe et du reste du monde, projets que cultive la seule hyperpuissance encore en lice, à savoir les Etats-Unis.

 

Cette perspective géopolitique ne saurait être une construction de l’esprit, toute nouvelle, sans racine. Les relations euro-russes ont au contraire des racines anciennes et l’Axe Paris/Berlin/Moscou que préconisait naguère Henri de Grossouvre est, outre une impérieuse nécessité, le prolongement et la réactualisation d’un projet vieux de près d’un quart de millénaire. La perspective eurasienne, dans notre famille politique malheureusement fort réduite en nombre et en taille, se réfère assez souvent au rêve du national-bolcheviste allemand Ernst Niekisch, qui avait imaginé, dans les années 20 et 30 du 20ième siècle, une alliance germano-slave, fondée sur le paysannat et le prolétariat, prête à bousculer un Occident vermoulu, idéologiquement arrêté aux schématismes des Lumières du 18ième. Plus fondamentalement, nous percevons, aujourd’hui, après l’inévitable détour par Niekisch, des préludes cohérents à l’Axe de Henri de Grossouvre dans l’Alliance des Trois Empereurs sous Bismarck et sous les tsars germanophiles du 19ième et dans l’alliance de facto qui, dans le dernier quart du 18ième, unissait la France de Louis XVI, l’Autriche et la Russie de Catherine II, permettant de battre la thalassocratie anglaise à Yorktown en 1783 et à chasser les Ottomans de la Mer Noire et à les contenir dans les Balkans (2). La Révolution française ruinera cette unité et ces acquis, qui auraient pu faire le salut de l’Europe, en lui permettant de garder sa cohérence et de parachever l’assaut contre les Ottomans.

 

1759 : année clef

 

Mais déjà avant cette alliance générale, à la veille de 1789, la France, l’Autriche et la Russie avaient uni leurs forces pendant la Guerre de Sept Ans. Un historien anglais actuel vient de démontrer que ce conflit intérieur européen avait permis à l’Angleterre, puissance insulaire située en marge et en face du continent, de jeter les bases réelles de son futur empire extra-européen, à partir de l’année clef que fut 1759 (3). L’art des historiens anglo-saxons de remettre l’histoire intelligemment en perspective ramène ainsi à notre mémoire vive deux faits géostratégiques devenus permanents : 1) utiliser une puissance européenne pour déséquilibrer le continent et rompre son unité ; l’instrument de cette stratégie fut à l’époque la Prusse ; 2) profiter des guerres européennes pour porter la guerre hors d’Europe, sur des fronts plus dégarnis et y engranger de solides dividendes territoriaux et stratégiques sans grandes pertes et sans gros frais, comme ce fut le cas au Canada et en Inde, d’où fut évincée la France.

 

Lorsque nous analysons aujourd’hui le réveil russe de Poutine, c’est donc dans la perspective de retrouver les alliances stratégiques stabilisatrices d’avant 1789, où les idéologies modernes, bellogènes à l’extrême en dépit de leur pacifisme autoproclamé, ne jouaient encore aucun rôle déstabilisateur. Entrons maintenant dans le vif du sujet.

 

De Gorbatchev à Eltsine, la Russie semblait galoper tout droit vers le chaos, vers une nouvelle « Smuta », un nouveau « Temps des Troubles » : perte du glacis est-européen, perte de la périphérie balte et caucasienne, perte des acquis territoriaux en Asie centrale, etc., effondrement de la monnaie et ressac social et démographique sur toute la ligne. Eltsine, figure d’abord positivement médiatisée pour avoir annoncé la fin du communisme, juchée sur un char d’assaut ; en dépit de cette image, il inaugurera toutefois un régime sans aucune colonne vertébrale : les oligarques en profitent pour acquérir personnellement, par toutes sortes de stratagèmes douteux, les richesses du pays. Dans l’industrie pétrolière, ils font augmenter la production de brut grâce à des prêts du FMI, de la Banque mondiale et de la Banque de New York et cèdent à des consortiums pétroliers américains et britanniques des parts importantes dans l’exploitation des hydrocarbures russes. Poutine, dès son accession au pouvoir en janvier 2000, met vite un holà à ces déviances. Immédiatement, puissances anglo-saxonnes, pétroliers, oligarques et idiots de service dans le monde médiatique se mobilisent contre lui et lui déclarent la guerre, une guerre qui sévit toujours aujourd’hui. Terrorisme tchétchène d’Ahmed Zakaïev (avec ses appuis turcs), révolution des roses en Géorgie et révolution orange en Ukraine sont les fruits âcres d’un vaste et sinistre complot destiné à affaiblir la Russie et à défenestrer Poutine. Seul l’ex-oligarque Roman Abramovitch fera amende honorable (4), rendra les biens acquis sous Eltsine à l’Etat russe, deviendra gouverneur du Kamtchatka pour redonner vie à cette région déshéritée mais hautement stratégique. Il servira également d’intermédiaire entre Poutine et Olmert dans les litiges russo-israéliens.

 

Russie : puissance orthodoxe

 

Après l’effondrement du communisme et le retour des valeurs religieuses, surtout dans l’aire musulmane, en Afghanistan d’abord, dans l’Asie centrale ex-soviétique ensuite mais dans une moindre mesure, la Russie se trouve déforcée par les décennies de propagande anti-religieuse du système soviétique, qui a mis à mal la vigueur de l’orthodoxie dans les populations slaves et a généralisé une asthénie spirituelle déliquescente, mais n’a pas autant entamé l’islam centre asiatique, qui fut de surcroît revigoré par l’argent saoudien et l’appui américain aux moudjahiddins afghans. Qui plus est, dans les premières années du post-communisme, la vague du matérialisme occidentaliste secoue de fond en comble une Russie déboussolée mais, comme le remède croît toujours en même temps que le péril, le retour à l’orthodoxie d’une partie de la population (60% selon les sondages) redonne partiellement au pays une identité religieuse et politique traditionnelle, dont l’Europe occidentale est depuis longtemps dépourvue. Alexandre Soljénitsyne exhortait le peuple russe à retrouver l’esprit de l’Orthodoxie et le Patriarche Alexis II apporte son soutien à Vladimir Poutine, qui, lui, définissait son pays comme « une puissance orthodoxe », lors de sa visite au Mont Athos en Grèce en septembre 2005. Ce retour à l’orthodoxie ravive un certain anti-occidentalisme, bien lisible dans les déclarations d’un concile d’avril 2006, où l’église orthodoxe russe a promulgué sa propre « Déclaration des droits et de la dignité de l’homme », où sont fustigés et l’individualisme occidental et la volonté d’ingérence étrangère cherchant à imposer des droits de l’homme de facture individualiste en Russie et en toutes les autres terres orthodoxes. Le texte ajoute : « Il est des valeurs qui ne sont pas inférieures aux droits de l’homme, tels la foi, la morale, le sacré, la patrie », où le philosophe de l’histoire décèlera un refus de la rupturalité calamiteuse que représente l’idéologie des droits de l’homme de 1789 à la vulgate médiatique actuelle, quand on la manipule avec l’hypocrisie que nous ne connaissons que trop bien. Le 17 mai 2007, les églises russes en situation de diaspora depuis les années 20 se réconcilient avec le Patriarcat de Moscou (5), ce qui rend plus difficile la tâche de monter les options de l’orthodoxie russe les unes contre les autres.

 

Ukraine : la révolution orange patine

 

L’ingérence occidentale s’effectue essentiellement par le biais des « révolutions colorées » (6), nouveau mode de pratiquer la « guerre indirecte » et de grignoter les franges extérieures de l’ancien empire des tsars et de l’URSS, dont les républiques caucasiennes et l’Ukraine. On sait que la révolution orange fut finalement un fiasco pour ces commanditaires occidentaux ; Victor Iouchtchenko, le Président élu pour son programme pro-occidental, n’a guère fait bouger les choses, ni dans un sens ni dans l’autre, en dépit de sa volonté de faire entrer l’Ukraine dans l’UE et dans l’OTAN. L’icône féminine de l’effervescence orange de 2005, Youlia Timochenko, a basculé dans la corruption et la démagogie la plus plate, sans aucune assise idéologique claire. Ianoukovitch, l’ancien leader pro-russe d’Ukraine orientale, demeure pragmatique : l’Ukraine n’est pas mûre pour l’OTAN et l’UE ne veut pas de Kiev, dit-il. Fin septembre 2007, pour les élections, pas de manifestations dans les rues. Le calme. Les agences occidentales ne paient plus. Pour l’écrivain Andreï Kourkov, les personnages de la révolution orange étaient des marionnettes : le pouvoir demeure aux mains des gestionnaires de l’économie ukrainienne, liée à l’économie russe (7).

 

En Géorgie, où l’actuel Président Mikhail Saakachvili avait pris le pouvoir en novembre 2003 à la suite de la révolution des roses, une contre-révolution vient d’éclater, sans leader bien profilé (8), qui déstabilise la créature de l’américanosphère, l’icône masculine des médias téléguidés depuis les Etats-Unis, hissée en selle il y a quatre ans. En dépit de sa victoire et de la mise au pas de l’Adjarie sécessionniste en mai 2004, Saakachvili n’a pas réussi à dompter une autre province dissidente, l’Ossétie du Sud, arc-boutée à la chaîne du Caucase. Ce territoire d’à peine 75.000 habitants ne compte que 20% de Géorgiens ethniques. Sa population est fidèle à la Russie. En agissant sur le mécontentement populaire face à la politique pro-occidentale (et donc néo-libérale/globaliste) de Saakachvili et sur les spécificités ethniques adjars et ossètes, Poutine a trouvé le moyen de contrer les effets d’une révolution colorée et de forger les armes pour disloquer celles qui, éventuellement, émergeraient demain.

 

Octobre 2007 : Sommet de Téhéran

 

Autre succès majeur de Poutine : la vaste stratégie pétrolière qu’il a déployée, en Europe et en Asie. Il a réussi à disloquer la cohésion des oligarques (9), à apaiser les dangers de conflit qui existaient entre riverains de la Caspienne. Le sommet de Téhéran en octobre 2007, qui réunissait les dirigeants de la Russie, de l’Iran, du Kazakhstan, de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan, avait pour objet de stabiliser la situation sur les rives de la Caspienne et d’y organiser un modus vivendi pour l’exploitation des ressources locales d’hydrocarbures et de gaz. Les accords qui en découlent stipulent, notamment, que les pays riverains, participant à la conférence, ne permettront pas que leurs territoires respectifs servent de base à des puissances hors zone pour agresser un quelconque Etat co-signataire. Iran compris, cela s’entend (10).

 

Dans le contexte actuel, où l’atlantisme appelle une nouvelle fois au carnage et où l’un de ses chiens de Pavlov, en la personne du sarköziste et ex-socialiste Kouchner, joint ses aboiements sinistres au lugubre concert des bellicistes, cette disposition du sommet de Téhéran bloque toute velléité américaine d’ingérence en Asie centrale et préserve le territoire iranien sur son flanc nord, alors que l’Iran est aujourd’hui dangereusement encerclé entre les bases US du Golfe, d’Irak et d’Afghanistan. L’Iran est la pièce centrale, et non encore contrôlée, d’un territoire qui correspond à l’USCENTCOM (lequel s’étend de l’Egypte à l’Ouest au Pakistan à l’Est). Ce territoire, dans la perspective des stratégistes américains inspirés par Zbigniew Brzezinski, doit servir à terme, avec son « Youth Bulge » (son trop-plein démographique et sa natalité en hausse constante, sauf en Iran), de marché de substitution au bénéfice des Etats-Unis, car l’Asie garde des réflexes autarcistes et l’Europe possède un marché intérieur moins accessible, avec, en plus, une démographie en net recul. Le contrôle de cet espace implique évidemment l’élimination de l’Iran, pièce centrale et aire nodale d’une impérialité régionale plurimillénaire, l’éloignement stratégique de la Russie et son refoulement de tous les territoires conquis depuis Ivan le Terrible, le contrôle de la Mésopotamie et des hauteurs afghanes et la dislocation des cultures masculinistes et, partant, anti-consuméristes, de cette vaste aire, certes islamisée, mais recelant encore beaucoup de vertus et de vigueurs pré-islamiques, tout en demeurant rétive au fanatisme wahhabite.

 

South Stream et North Stream

 

Les accords sur la Caspienne auront une implication directe sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Le système d’oléoducs et de gazoducs « Nabucco », favorisé par les Etats-Unis, qui entendaient, par son truchement, diminuer les influences russes et iraniennes sur la distribution d’énergie, se verra compléter par le système dit « South Stream », qui partira de Novorossisk sur les rives de la Mer Noire pour aboutir aux côtes bulgares (donc sur le territoire de l’UE), d’où il partira vers l’Europe centrale, d’une part, et vers l’Albanie et, de là, vers l’Italie du Sud, d’autre part. L’ENI italienne est partie prenante dans le projet (11). La réalisation de celui-ci, à travers la partie pacifiée des Balkans, ruine automatiquement les manœuvres dilatoires des forces atlantistes en Baltique, où les Etats-Unis incitent les petites puissances de la « Nouvelle Europe », chère à Bush, à annihiler le projet d’acheminer le gaz russe vers l’Allemagne au départ de Königsberg/Kaliningrad ou du Golfe de Finlande, impulsé par le Chancelier Schröder à l’époque bénie  -mais si brève-  de l’Axe Paris-Berlin-Moscou. Le système de gazoducs de la Baltique porte le nom de « North Stream » (12) : son parachèvement est aujourd’hui bloqué par l’opposition de Tallinn à tous travaux le long de la côte estonienne. Ce blocage est dicté en ultime instance par Washington qui excite en sous-main les Pays Baltes et la Pologne contre tous les projets de coopération euro-russe ou germano-russe, restituant ainsi de facto le « Cordon sanitaire » de Lord Curzon et les effets mutilants du Rideau de Fer sur les dynamiques intérieures de l’Europe dans son ensemble. Ce qui a toujours été le but des puissances thalassocratiques.

 

La victoire électorale de Poutine en décembre 2007 démontre, outre sa réelle popularité en dépit des campagnes des oligarques et des médias, que les stratégies de « révolutions colorées » ont fait long feu : à celles-ci, Poutine a répondu par une mobilisation citoyenne et patriotique en créant le mouvement « Nachi » (= « Les Nôtres ») qui a tenu la rue en lieu et place de sycophantes comme Kasparov ou autres écervelés sans intelligence géopolitique ou géostratégique.

 

L’Europe ne peut vouloir une Russie déstabilisée et plongée dans le chaos, car, dans ce cas, elle serait automatiquement entraînée, sinon dans un chaos similaire, du moins dans une récession dont elle pourrait bien se passer, vu son déclin démographique, sa relative stagnation économique et les signes avant-coureurs d’une réelle paupérisation dans les classes laborieuses, fruit de près de trente ans de néo-libéralisme.

 

Conclusions

 

En conclusion, le phénomène Poutine doit nous amener à penser notre destin politique dans les catégories mentales suivantes :

 

-          Ne pas tolérer le poids d’oligarques de toutes natures dans nos sphères politiques, qui aliènent richesses, fonds et capitaux par l’effet de pratiques de délocalisation ; selon le bon vieux principe du primat du politique sur l’économique, que Poutine a réussi à faire triompher ;

 

-          Comprendre enfin la nécessité d’une cohésion religieuse visible et visibilisée (comme le voulait Carl Schmitt), plus difficile à restaurer en Occident vu les dégâts profonds qu’ont commis sur le long terme le protestantisme, le sectarisme diversifié et chaotique qui en est issu et la déliquescence du catholicisme depuis le 19ième siècle et Vatican II ;

 

-          Susciter une vigilance permanente contre les manipulations médiatiques qui ont conduit en France aux événements de mai 68 (pour chasser De Gaulle), aux grèves de 1995 (pour faire fléchir Chirac dans sa politique nucléaire à Mururoa), aux révolutions colorées ; il faut être capable de générer une contre-culture offensive contre ce que les agences d’outre Atlantique tentent de nous faire gober, afin de provoquer par les effets de ce « soft power » rudement bien rodé des mutations politiques favorables aux Etats-Unis ;

 

-          Il faut viser une indépendance énergétique grande-continentale, ne permettant pas aux pétroliers américains de contrôler les flux d’hydrocarbures sur la masse continentale eurasienne, au bénéfice de leurs seuls intérêts et au détriment de la cohésion du Vieux Monde ;

 

-          Il faut suivre Poutine dans ses offensives diplomatiques en Asie, surtout en direction de l’Inde et de la Chine ; l’Europe a intérêt à être présente dans le sous-continent indien et en Extrême-Orient, dans une perspective d’harmonisation des intérêts, comme l’avait d’ailleurs déjà préconisé la Chine dans ses réponses aux tentatives occidentales d’ingérence intellectuelle (le « soft power », qui bute contre la culture impériale chinoise).

 

Les coopérations euro-russes, euro-indiennes et euro-chinoises ouvrent des perspectives autrement plus séduisantes que le sur-place atlantiste, que notre triste macération dans le graillon de la dépendance médiatique et politique, où nous sommes plongés pour notre honte. Tous les peuples de la Terre attendent le réveil de l’Europe. Celle-ci n’est viable que branchée sur l’Eurasie, à commencer par la Russie, comme au temps des grandes alliances, amorcé à l’époque de la Guerre de Sept Ans.

 

Robert STEUCKERS,

Forest-Flotzenberg, décembre 2007.

 

Notes :

(1) Cf. « L’eredità di Eltsin », in Linea, 15 novembre 2007 (article tiré de la revue sud-africaine Impact (Box 2055, Nooserkloof, Jeffreys Bay, 6331, South Africa). 

(2) Cf. Victor-L. TAPIE, L’Europe de Marie-Thérèse. Du baroque aux Lumières, Fayard, 1973 ; également, Henri TROYAT, Catherine la Grande, Flammarion, 1977.

(3) Frank McLYNN, 1759. The Year Britain Became Master of the World, Pimlico, London, 2005.

(4) Dr. Albrecht ROTHACHER, « Das Schicksal zweier Oligarchen. Beresowskis Kampf gegen Putin aus dem Exil und der Lagerhäfltling Chodorkowski“, in zur Zeit, Nr. 42/2007; Dr. A. ROTHACHER, „Superreich und willfährig. Oligarch Roman Abramowitsch: Putins Statthalter in Russisch-Fernost“, in zur Zeit, Nr. 46/2007.

(5) Marie JEGO, « La Fédération de Russie », in : La Vie/Le Monde Hors-Série, L’Atlas des Religions, s.d. (paru en kiosque en novembre 2007). Voir également : Alexandre SOLJENITSYNE, La Russie sous l’avalanche, Fayard, 1998, plus spécialement le chapitre : « L’Eglise orthodoxe par ce Temps des Troubles », p. 301 et ss.

(6) Cf. Le dossier du Temps de Genève, en date du 10 décembre 2004, intitulé „L’internationale secrète qui ébranle les dictatures de l’Est“; ce dossier est accompagné d’un entretien avec le stratégiste et théoricien des guerres indirectes, Gene Sharp, intitulé « L’essentiel est de diviser le camp adverse ». Cf. surtout Viatcheslav AVIOUTSKII, Les révolutions de velours, Armand Colin, 2006 (ouvrage capital !).

(7) Andrej KURKOW, « Die Last des Siegens », in : Der Spiegel, 39/2007, pp. 138-139.

(8) „Überall Feinde“, in : Der Spiegel, 46/2007, p. 121. Cf. Eugen GEORGIEV, „Angespannte Lage in Südossetien“, in : Aula, Oktober 2007.

(9) www.barnesreview.org / Un texte issu de ce site a été traduit en italien. Il s’agit de : «Vladimir Putin : le sue riforme e la sua tribu di nemici / Il sostegno atlantico agli oligarchi russi”, in Linea, 28 novembre 2007.

(10) Fulvia NOVELLINO, “Il vertice di Teheran per il petrolio del Mar Caspio”, in Linea, 19 octobre 2007.

(11) Filippo GHIRA, “South Stream pronto nel 2013”, in Linea, 23 novembre 2007.

(12) Andrea PERRONE, “L’Estonia sfida la Russia sulla condotta North Stream”, in Linea, 18 octobre 2007. Rappelons toutefois que le projet d’un oléoduc (ou gazoduc) vers l’Allemagne et la Pologne n’est pas une idée neuve. En décembre 1959, Soviétiques, Polonais et Est-Allemands signent un accord à Moscou pour la construction de la « branche nord de l’oléoduc de l’amitié ». Le « North Stream », dont question ici, n’en est que la réactualisation, dans un contexte qui n’est plus marqué par la guerre froide.  

   

00:10 Publié dans Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (2) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Salut Maître Steuckers,

Comme d’habitude un bon texte dans le diagnostique et, ce qui est toujours plus audacieux et rare, avec des solutions a offrir.

A moi Putin me semble, en effet, une espèce de dernière espoir de l’Europe, et je pense q’une part de notre combat est fortement lié à ce qui se passera en Russie : si le pays sera capable de combattre les tentatives d’étranglement géopolitique et de résister à la diffusion des idées dites « libérales» ou non (sais pas se je dois être optimiste)…

En tout cas, il y a une chose en ce texte qui me pose des doutes : ce que paraît être une défense de la voie chrétienne traditionaliste. Bon, ça c’est une vieille question et qui n’a de réponses faciles, mais pour moi reste vrai qui le venin initial a 2000 ans, c’est là qu’on découvre le mythe fondateur de beaucoup des idées qui nos ont affaibli, tares égalitaires, pour la première fois l’équivalence de les autres avec les nôtres, la souche de l’invidualisme, par ce salut individuelle des âmes, le dédain du monde matériel par le spirituel et leur séparation , et de là aussi l’introduction de la vision eschatologique du monde et de l’histoire, prédéterminé, perversion historiquement juif et qui est, au final, antithétique à la psychologie européenne, enfin, elles sont aussi là «des racine de le déracinement communautaire européenne», me paraît…

Alors, il est nécessaire d’aborder 2 arguments contre le dépassement du mythe chrétien :

1- l’argument «réaliste»

Je me souviens des paroles de Maurice Bardèche en disant que les « nationalistes» devrait aller au rencontre du people, de ce qu’il est et connaît et de ses préoccupations réelles et non pas de ce qu’on voulait que le peuple était. Bon, c’est vrai que, autant qu’on le haine, le peuple reste surtout connaisseur de l’idée chrétienne. Mais, si on sait qu’en celle idée on retrouve la genèse du problème, comment peu on désirer une « reconquista» culturel et intellectuelle, ne le dénonçant pas ? On doit propager un mythe destructif parce que, dans le court terme, la rupture religieuse peut sembler étrange ou avoir des coûts politiques pour qui l’essaie ?… mais elle servira les prochaines générations… le fait déjà, j’y pense.

2- l’argument «historique»

J’écoute aussi ceux qui disent que le Christianisme était le principe ordonnateur des anciennes sociétés européennes de type organique, hiérarchique et communautaire. Bon, ok, mais, je crois nécessaire de distinguer entre le christianisme et ses idées proprement dites, et le «traditionalisme» des églises catholique et orthodoxe, parce que ce «traditionalisme» était, en effet, dans ces institutions, le véhicule d’une conception humaine bien plus ancien que le christianisme, parce que, en part, cette Tradition n’est plus que la continuation des principes que existai déjà en Europe avant le christianisme et qui ont survie en lui, aussi parce que pour s’implanter entre les peuples européennes le christianisme a eu besoin de s’adapter a notre mondovision, de se connecter a ce qu’existait, créant une espèce de vérité qui existait au-delà de la «parole sacré».

En ce moment pourrons me dire : mais, et ça c’est précisément pourquoi on défend la restauration de l’église «traditionnelle», parce qu’est là qu’on peut trouver ce qui a survie d’une certain vision du monde qui était déjà la notre…

Le problème c’est que l’idée d’union entre le christianisme et la tradition est une contradiction en termes s’on parle d’une tradition qui serait européenne. Parce que la liaison entre le christianisme et le traditionalisme avait déjà en soi, intrinsèquement, la schizophrénie de toutes les antinomies qui sont forcée á créer quelque chose commune et cohérente.

a) l’idée traditionnelle est tributaire d’un principe religieux de continuité, de vérité toujours existant, qui s’oppose au principe de révélation qui est propre de toutes les religions sémites et qui est l’essence du christianisme. Ce principe de révélation marque une rupture avec le continuum, avec ce qu’existait antérieurement, et affirme sa seule authenticité.

b) Ce que les principaux protestantismes font ne me paraît plus que la colocation de la question qui s’impose, parce que ce qu’ils disent est tout simplement ça : mes amis, nous sommes vraiment chrétiens, alors, nous croyons que la parole de Christ est sacré et elle est la seul Vérité, et elle est dans la Bible, vous les catholiques, vous nous dissez qu’il y a aussi une vérité qui n’est pas écrit dans les évangiles, alors d’où vient votre vérité? Etc., etc.….Bon, nous savons comment le débat développe…la question ici, pour moi, n’est pas savoir qui a la raison, mais que le protestantisme peut s’affirmer comme un juste retour dans le vrai christianisme, et en ça restera toujours ça force. Ce que signifie que, même se le traditionalisme chrétien était restauré, la racine du problème resterait toujours là, espérant la récupération, parce qu’elle parvient du mythe chrétien, il même. Et par fin, dans une perspectif chrétien, la question est qui le christianisme peut exister hors cette tradition qui est cher a un certain catholicisme, il y serait, peut être, plus chrétien, mais la tradition hors le mythe serait une autre chose sans aucune liaison au christianisme, elle ne serai même chrétien.

c) Même les transformations du Vaticano II ne son plus que le résultat de ce phénomène, c'est-à-dire, le naturel confronte intrinsèque entre la parole, la lecture de la message de Christ, et une tradition q’existait au-delà de ça, souvent contre ça. Je dois dire aussi que même le principe d’impérialité qu’on retrouve dans le catholicisme traditionnel ne me semble approprié pour un idéal identitaire. Quand je vois des nationalistes catholiques essaient de m’expliquer que l’église avant le Vaticano II n’était pas l’institution destructif qui est aujourd’hui je les demande en quoi la message de l’église était adéquat a notre vision du monde et je n’ai jamais eu une réponse satisfaisant. La raison étant que la message «traditionnel» de l’église avant le Vaticano II n’était tant différent, pas nationaliste de tout. Elle était, plutôt, anti-juif, en leur accusant d’être en erreur, parce que la seul salvation était en Christ en dans l’Église. En ce sens là elle avait même des intentions plus universalistes que jamais.

Qu’est ce que vous pensez ?

Ps. Pardonne moi quelques éventuelles erreurs mais le français n’est que ma quatrième langue et il me résulte difficile de débattre en profondeur hors le portugais.

Écrit par : Rodrigo | mardi, 01 janvier 2008

Salut , c'est traduit et publié.

Écrit par : Rodrigo | dimanche, 27 janvier 2008

Les commentaires sont fermés.