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mardi, 04 mars 2025

L'Europe entre deux blocs: sortie de l'OTAN, pacte avec la Russie ou parapluie de la Chine?

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L'Europe entre deux blocs: sortie de l'OTAN, pacte avec la Russie ou parapluie de la Chine?

Par Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/02/europa-zwischen-den-bloec...

L'Europe ressemble à un vieux manoir: magnifique à regarder, mais dont les fondations s'effritent, tandis que les concierges de Bruxelles se disputent sur la couleur des rideaux. Le monde transatlantique qui portait le continent après 1945 est en train de s'effondrer - non pas parce que Donald Trump brandit le boulet de la démolition, mais parce que les Etats-Unis voient depuis longtemps l'Europe comme le décor de leurs propres jeux de grande puissance. L'analyse de Foreign Policy du 18 février (v. https://foreignpolicy.com/2025/02/18/europe-eu-nato-us-russia-ukraine/) met les cartes sur la table: le continent doit se repositionner. Mais comment? Trois options se dégagent du brouillard, toutes radicales, toutes fascinantes. L'une d'entre elles en particulier a le potentiel de réveiller la force enfouie de l'Europe. Un coup d'œil sur les possibilités montre qu'il s'agit de plus que de simple stratégie - il s'agit d'identité.

Option 1: Sortir de l'OTAN - un acte de libération risqué

L'OTAN est une relique qui a vécu. D'une alliance défensive, elle est devenue un instrument administratif transatlantique - l'Europe fournit les moyens, Washington la feuille de route. Foreign Policy parle de « dépendance asymétrique », mais c'est une formule polie: il s'agit d'une relation dans laquelle Bruxelles fait les comptes et les Etats-Unis encaissent les bénéfices. Que se passerait-il si l'Europe brisait ces chaînes ?

Avec plus d'un billion de dollars - cinq pour cent du PIB européen - le continent pourrait mettre sur pied sa propre force militaire, qui ne ferait pas seulement impression, mais apporterait une véritable liberté. La menace d'une sortie pourrait à elle seule forcer Washington à traiter l'Europe comme son égale - une ironie qui sauverait peut-être l'alliance en rendant sa nature visible. Mais Bruxelles manque de courage. Les élites chantent dans les chœurs du transatlantisme alors que les caisses restent vides et que la souveraineté s'effrite. Une idée audacieuse - mais peut-être pas la plus intelligente.

Option 2 : un pacte avec la Russie - une chance historique pour l'Europe

La Russie comme partenaire? A Bruxelles, on trésaille comme si quelqu'un avait versé de la vodka dans l'eau bénite. Mais la sagesse géopolitique ne connaît pas de théâtralité morale. Foreign Policy effleure l'idée que l'Europe et la Russie ont plus en commun que ne l'admettent les prédicateurs qui réclament sans cesse plus de sanctions - et c'est précisément là que réside une vision qui va au-delà du simple pragmatisme. Il ne s'agit pas d'une ostalgie (une nostalgie de l'Est - Ost) sentimentale, mais d'une logique historique qui va de Richelieu à de Gaulle: l'Europe gagne à s'équilibrer avec l'Est plutôt que de le diaboliser.

Les opportunités sont évidentes: la Russie offre de l'énergie, un marché de 140 millions de personnes et une profondeur stratégique qui pourrait protéger l'Europe des caprices des crises mondiales. L'Ukraine - stylisée par Washington comme un sujet de préoccupation permanent - pourrait devenir un pont: un espace neutre favorisant le commerce et la stabilité, plutôt que d'attirer les missiles et de cultiver le ressentiment. Cela ne présuppose pas un amour aveugle pour le Kremlin, mais une froide raison: la Russie n'est pas un ennemi juré idéologique, mais un voisin dont les intérêts pourraient être en harmonie avec ceux de l'Europe - si on les prend au sérieux.

Mais l'UE trébuche, se prend les pieds. Les sanctions contre Moscou - un diktat transatlantique - ont coûté des milliards à l'économie européenne, tandis que les Etats-Unis envoient allègrement des méthaniers à Hambourg. C'est un spectacle absurde: le continent se fait du tort à lui-même pour acheter les faveurs de Washington, qui sont depuis longtemps révolues. Un pacte avec la Russie serait plus qu'un simple accord commercial - ce serait un acte d'affirmation de soi. Historiquement, ce n'est pas une vue de l'esprit: Bismarck savait qu'on n'isolait pas la Russie, mais qu'on l'intégrait; Adenauer a cherché le contact avec l'Est malgré la guerre froide. Alors pourquoi cette hostilité dogmatique aujourd'hui?

La réponse se trouve dans l'incapacité de Bruxelles à voir plus loin que le bout de son nez (américain). Une alliance avec la Russie pourrait libérer l'Europe de son rôle d'éternel junior, lui donner une voix propre - non pas comme appendice de l'Occident, mais comme force autonome entre les blocs. Ce serait la redécouverte d'un art ancien: la diplomatie, qui place les intérêts au-dessus des idéologies.

Mais pour cela, il faut des têtes qui pensent au lieu de déclamateurs - et elles sont rares à Bruxelles.

Option 3 : le parapluie protecteur de la Chine - un dangereux tango

Pourquoi se laisser imposer la haine de la Chine par Washington ? Foreign Policy se demande pourquoi l'Europe fait d'une superpuissance un adversaire qu'elle pourrait soutenir économiquement. Un arrangement avec Pékin - non pas une course aux accolades, mais une froide opportunité - pourrait libérer le continent de sa dépendance vis-à-vis d'une Amérique qui poursuit depuis longtemps ses propres plans. La Route de la soie chinoise est une offre que Bruxelles ignore - par pur entêtement.

Mais le prix à payer est élevé: moins de blabla sur les valeurs, plus de sagesse commerciale - et un partenaire qui dicte ses règles. L'UE sacrifie son industrie pour un « ordre basé sur des règles » qui ne sert que l'Oncle Sam, tandis que la Chine fait signe en tant que sauveur. Une option séduisante - mais danser avec le dragon reste risqué, car Pékin ne joue pas par amour du prochain.

Conclusion : le destin de l'Europe - entre découverte de soi et perte de soi

Les trois voies - sortie de l'OTAN, pacte russe, alliance avec la Chine - ne sont pas des issues faciles, mais des pierres de touche pour la volonté de l'Europe. Foreign Policy en montre les symptômes, mais le diagnostic est évident : le continent a perdu sa souveraineté. Les Etats-Unis veulent son marché, la Russie est sa proximité, la Chine offre sa capacité d'innovation - et l'Europe ? Elle se contente de fournir ce qu'on lui demande.

La réponse la plus intelligente pourrait se trouver à l'Est: un pacte avec la Russie ne recèle pas seulement des opportunités économiques, mais aussi une profondeur historique qui pourrait redonner à l'Europe son rôle d'acteur. Il faut une Europe des nations - sûre d'elle, non dissoute dans la bouillie bruxelloise - qui protège ses frontières, renforce son économie et ne brade pas son identité pour le bénéfice de puissances étrangères. Les grandes puissances avancent leurs pions - quand l'Europe comprendra-t-elle que sa place est sur l'échiquier ?

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