samedi, 05 janvier 2008
Renaissance évolienne en Hongrie
Claudio MUTTI :
Renaissance évolienne en Hongrie
Le message évolien circule particulièrement bien dans l'Est de l'Europe.
Juste après avoir édité sous forme de brochure les résultats d'une recherche que nous avions menée sur les activités de Julius Evola dans certains pays de l'Europe centrale, et sur l'influence des écrits de cet auteur traditionaliste dans ces régions (Julius Evola sul fronte dell'Est, Ed. All'insegna del Veltro, Parma, 1998), nous avons eu connaissance de faits nouveaux qui confirment l'idée de départ de notre enquête, à savoir, la certitude d'une présence évolienne active et opérationnelle dans cette partie de l'Europe.
A cent ans de la naissance de ce penseur italien, l'intérêt des Hongrois pour l'œuvre d’Evola est un facteur culturel important, à tel point que le professeur Imre Madarasz, directeur du Département d'études italianistes de l'Université de Debrecen, dans un essai intitulé Un traditionaliste antitraditionnel: la découverte de Julius Evola, parle même d'un phénomène de « Renaissance évolienne ». D'autre part, les traducteurs du volume de mise à jour du Vlagirodalmi Lexikon (= Dictionnaire littéraire mondial), paru en 1996, ont jugé opportun d'insérer, aux pages 347-348, une nouvelle entrée : « Evola, Julius ». En ce qui concerne l'essai du professeur Madarasz, le sens de ce titre étrange est justifié par l'auteur lui-même par ces mots: « Le paradoxe suprême, le plus grand, le plus caractéristique et le plus instructif de l'œuvre et de la philosophie de Julius Evola est qu'en Europe aucun philosophe anti-traditionaliste n'a jamais été aussi actif que Julius Evola, qui est considéré comme l'un des (voire le plus significatif) penseurs traditionalistes les plus significatifs.
Pour l'homme européen, la Tradition (Hagyomany), celle qu'on écrit avec un grand « T », représente exactement ce qu’Evola, de plus en plus énergiquement au fil de ses activités, a toujours condamné et réfuté de façon presque totale: l'Antiquité classique, le Christianisme (dont Novalis usait comme d'un synonyme d'Europe par le biais de la conjonction « oder » (= « ou »)), l'Humanisme de la Renaissance, synthèse des deux termes précédents, et tous ces courants qui en conservent, augmentent et développent ultérieurement l'héritage, comme le rationalisme, l'idéologie des Lumières, les libéralismes nationaux et la démocratie. Tout ce qui se place en dehors de ces linéaments ne fait pas partie de cette « Tradition », car il n'y a pas, alors, de continuité. Ce qui existait avant ces « traditions » se réduit à des hypothèses, des spéculations, voire des légendes. Ce qui s'est opposé à tout cela ne mérite pas beaucoup de gratitude de la part de l'Europe moderne: et c'est précisément “cela” qu’Evola a appelé « Tradition positive ».
On pourrait objecter que le rapport d’Evola avec l'Antiquité (même celle dite « classique ») et avec le Christianisme est un peu plus complexe que le tableau qui nous en esquisse le professeur Madarasz. Mais, à part cela, pourquoi s'occuper de l'œuvre d’Evola, si on ne partage pas la conception évolienne de la Tradition et si on refuse sa position par rapport aux courants de pensée qui ont marqué de leur sceau la culture européenne ?
D'après le professeur Madarasz, l'œuvre d’Evola a la valeur d'un défi. Puisque la menace d'une interruption de la tradition culturelle européenne, cette tradition où réside le seul remède possible pour guérir les maux de l'Europe (et en particulier de l'Europe centrale et orientale) est bien réelle ; aujourd'hui plus que jamais, trouver ce remède équivaudra à « trouver la réponse la plus authentique au défi lancé par Evola ».
Toujours à l'occasion du centenaire de sa naissance, deux écrits d’Evola sont parus dans un volume de mélanges intitulé Tradicio, à côté d'auteurs classiques (Guénon, Burckhardt, Hossein Nasr, Hamvas, etc.) ; ensuite un article de Robert Horvath sur le thème évolien de l'anarchisme de droite est également paru ; enfin, une maison d'éditions de Budapest, Stella Maris, a réuni trois courts textes d’Evola (La doctrine aryenne de lutte et de victoire, Ethique aryenne et Orientations) dans un petit livre édité par Robert Horvath. D'autres traductions d'écrits évoliens sont parues entre 1997 et 1998 dans le magazine Sacrum Imperium, édité par la Kard-Kereszt-Korona Szovetség (= Association Epée-Croix-Couronne). Mais l'événement le plus marquant dans le cadre de la Renaissance évolienne en Hongrie reste la parution, en 1977, de l'édition magyare de Révolte contre le monde moderne, auprès de la maison d'éditions Kotet, dans une collection qui porte le titre évolien de « Les livres du Chemin du Cinabre ».
Claudio MUTTI.
Article paru dans Orion n°166 (n° 7/ nouvelle série) - juillet 1998 - pages 13-14. Trad.franç. : LD.
00:05 Publié dans Révolution conservatrice, Traditions | Lien permanent | Commentaires (1) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
coquille à la fin, il s'agit de 1997 et pas de 1977
Écrit par : Stouc | samedi, 22 novembre 2014
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