Cet esprit de résistance a été galvanisé par des anciens résistants contre le nazisme, tels Mikis Theodorakis, aujourd’hui âgé de 87 ans, et Manolis Glezos, 90 ans. Tous deux ont été la cible des forces de l’ordre lors des manifestations du 12 février dernier, lorsque des flacons de gaz lacrymogène ont été lancés directement à leurs pieds.
Juste avant ces manifestations, Theodorakis avait publié une « Lettre ouverte à l’opinion publique internationale », où il écrit : « Il existe une conspiration globale en vue de la destruction de mon pays. Elle a débuté en 1975, visant la culture grecque moderne, puis en déformant l’histoire récente de notre pays et notre identité nationale, et aujourd’hui en cherchant à nous détruire physiquement par le chômage, la faim et la misère. Si le peuple grec ne montre pas la volonté de se lever et d’arrêter ces gens, il y a un réel risque de voir s’éteindre la Grèce. Je crois que ceci va arriver d’ici dix ans. De nous tous, les Grecs, ne subsistera que la mémoire de notre civilisation et de nos combats dans l’histoire pour la liberté. »
La lettre appelle également à former un « Front de résistance et de solidarité » de toutes les forces politiques afin « d’expulser la Troïka », les forces d’occupation constituées par le Fond monétaire international (FMI), la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE), et accuse les banques européennes et cette Troïka d’avoir détruit le vie des gens tout en cherchant maintenant à précipiter la Grèce vers « un âge des ténèbres » comparable à l’occupation nazie.
La lettre rappelle que 300 000 Grecs sont morts de famine lors de l’occupation allemande. « Le fantôme de la faim est de retour dans notre pauvre pays calomnié », écrit-il. « Ils menacent de nous expulser hors de l’Europe. Si l’Europe ne veut pas de nous 1 fois, nous ne voulons pas de cette Europe “Merkel-Sarkozy” 10 fois ! (…) Pourquoi ? A cause du chantage du FMI et de l’Eurogroupe. (…) Ces cercles économiques nous détestent (…) et portent la seule responsabilité de notre situation dramatique. (…) Il y a une autre solution ! Nous devons changer radicalement notre parcours et nous tourner vers la Russie pour une coopération économique et créer un partenariat qui nous aidera à retrouver la croissance de la richesse naturelle de notre pays, dans des termes respectant notre intérêt national. »
Theodorakis termine sa lettre en ces termes : « Je m’engage pleinement en vue de cet objectif et je crois que les événements montreront qui j’ai finalement eu raison. J’ai combattu, prenant les armes contre l’occupation hitlérienne. J’ai passé du temps dans les prisons de la Gestapo. J’ai été condamné à mort par les Allemands et j’ai miraculeusement survécu. En 1967, j’ai fondé le Front national contre la dictature (NAF), le premier mouvement de résistance contre la junte militaire grecque. J’ai combattu dans la clandestinité. J’ai été pris et emprisonné dans l’“abattoir” du Comité de sécurité de la junte. Et j’ai survécu à nouveau.
« Aujourd’hui, j’ai 87 ans et très probablement je ne verrai pas le salut de mon pays bien-aimé. Mais je mourrai la conscience tranquille, car je crois être encore en train de faire mon devoir envers les idéaux de liberté et de respect de la Loi, jusqu’à la fin ! »
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