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mercredi, 29 septembre 2021

L'homme est obsolète

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L'homme est obsolète

Carlo Gambescia

Ex: https://cargambesciametapolitics.altervista.org/luomo-e-antiquato/?fbclid=IwAR3VB5zpBJmInJasZpuPge6wsMyaHJOERDtmJ3mcSzo7eiI4UfJaV0vWb3s

Le titre est tiré d'un livre de Günther Anders, Die Antiquiertheit des Menschen, (= L'obsolescence de l'homme), philosophe allemand, pacifiste, figure culte de la gauche post-marxiste, mais néanmoins imprégnée d'utopisme négatif, cette même gauche, aujourd'hui au pouvoir, qui se "contente" (pour ainsi dire) de la transition écologique.

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Une cause également épousée par les élites politiques libérales-socialistes (tout récemment, célébrée hier en Allemagne), un peu parce qu'elle est à la mode, un peu parce qu'elle est utile à la cause anticapitaliste. Et enfin par l'église populiste, incarnée par le pape François.

Anders a souligné l'insuffisance de l'homme par rapport à la technologie. Au cœur de sa philosophie, gravite l'idée d'un retour au monde pré-technologique et pré-industriel, pour équilibrer les comptes, entre l'humain et le non-humain (la technologie).

Ceci, comme nous l'avons dit, l'a rendu très populaire parmi les écologistes et les anticapitalistes, déclarés ou non. Ce qui explique aussi - c'est presque une blague - son divorce en 1937 d'avec Hannah Arendt, la "philosophe" par excellence, qui, si elle avait des défauts cognitifs, était coupable d'un excès de réalisme politique. Le contraire de son ex-mari : pessimiste oui, mais tourné vers le passé, vers le paradis pré-technologique perdu.

En réalité, l'homme est démodé pour une autre raison. Parce qu'il a toujours préféré croire plutôt que de comprendre. Il a donc besoin de croire, ou plutôt, si vous préférez, de "légendiser" la science et la technologie. Et, à son tour, de combattre ces derniers, au nom d'une sorte de retour à l'âge de pierre. Pour faire simple, il s'agit de passer de la légende B à la légende A. Si vous me permettez ce jeu de mots : du culte du Conseil supérieur de la santé aux cultes du soleil ou du dieu de la pluie.

Le fait est que la raison a un cours oscillant. Aujourd'hui encore, nous ne réalisons pas pleinement que deux à trois siècles de progrès technologique et scientifique, mais aussi de civilisation des bonnes manières, sont historiquement l'exception et non la règle. Ou en tout cas, un point culminant de la pensée humaine qui peut être suivi d'une chute verticale dans la direction opposée. En résumé, voilà comment les choses se présentent : les hauts et les bas de la pensée cognitive. Ça pourrait être le titre d'un livre. Probablement avec des ventes faibles...

Malheureusement, l'âge de raison, détesté par les droites les plus conservatrices et réactionnaires, a pour principal ennemi l'homme lui-même. Il remplace la raison par des légendes sur la raison, ouvrant ainsi des espaces sans fin aux ennemis de la raison et de la technologie, qui en est le prolongement naturel.

Prenons l'exemple de ce qui s'est passé ces deux dernières années. Un homme à l'ancienne, à tous les niveaux politiques (haut et bas), a cru à la légende de l'épidémie, pardon de la pandémie, et au pouvoir absolu, nous dirions salvateur, de la science médicale et de la science de l'organisation politique. Les conséquences sociales, économiques et culturelles désastreuses sont visibles pour tous.

La légende de l'épidémie semble désormais être remplacée par celle de la transition écologique. En bref, il n'y a rien à faire : les gens préfèrent encore croire plutôt que de comprendre. Le problème n'est pas la technologie, en tant que telle, mais le retard cognitif hoquetant de l'homme, qui - attention - peut le pousser à mettre la science au service de la réaction.

Après tout, en quoi consistait le discours d'Anders ? Dans la critique de la modernité, du point de vue d'un homme qui pourrait s'en passer en réduisant ses besoins.

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Tout cela n'est-il pas la transition écologique ? Bien sûr, pour adoucir une pilule amère, l'avenir est amplifié. Ici, cependant, ce n'est plus Anders qui parle, mais l'État, avec ses moyens extrêmement puissants. Excellent pour finir de plier les consciences sous la bannière "On sera tous plus libres après", "Quelques 'petits' sacrifices, etc...".

Bref, un avenir qui a un "cœur antique"... Le titre d'un livre de Carlo Levi, datant des années 1950, dans lequel il faisait l'éloge de l'Union soviétique en tant que gardienne des valeurs traditionnelles. Une pure absurdité utopique. Et pourtant, les gens continuent à "croire" à ces absurdités.

Y a-t-il une issue ? La droite est incapable de proposer une quelconque recette (hier, par exemple, nous avons lu un article dans lequel Veneziani faisait l'éloge de Saint Padre Pio, qui doit être en colère là-haut). La gauche libérale-socialiste fait un clin d'œil complaisant aux mouvements écologiques. Et les gens ordinaires "préoccupés" par "l'avenir de la planète" applaudissent, ou presque.

Oui, l'homme est obsolète.

Carlo Gambescia

Marx et le délire administratif à la française

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Marx et le délire administratif à la française

par Nicolas Bonnal

La dictature sanitaire est une aubaine pour notre administration traditionnellement tyrannique. Elle est aussi parfaitement acceptée par 80% ou plus de la population. Comprenons pourquoi car les causes sont anciennes. Tocqueville écrit déjà dans des lignes immortelles :

« Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages, que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? »

En bon aristocrate libéral, Tocqueville accuse l’égalité :

« C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l'emploi du libre arbitre; qu'il renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu à chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même. L'égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait. »

En réalité l’égalité est une conséquence et pas une cause ; elle est aussi un leurre pour tromper la masse ; on sait en plus que les élites au pouvoir sont moins égales que nous pour parler comme Orwell.  C’est le pouvoir moderne, le minotaure de Bertrand de Jouvenel, qui a enflé comme la grenouille. Et Marx écrit quelques années seulement après Tocqueville, quand le bonapartisme a tout phagocyté en France terre de liberté et des droits de l’homme ; c’est dans le Dix-huit brumaire de Louis-Napoléon, le texte le plus jamais important jamais écrit sur la condition française :

« Ce pouvoir exécutif, avec son immense organisation bureaucratique et militaire, avec son mécanisme étatique complexe et artificiel, son armée de fonctionnaires d’un demi-million d’hommes et son autre armée de cinq cent mille soldats, effroyable corps parasite, qui recouvre comme d’une membrane le corps de la société française et en bouche tous les pores, se constitua à l’époque de la monarchie absolue, au déclin de la féodalité, qu’il aida à renverser. »

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Apprécions cette expression de corps parasite : n’oublions que pour Marx (ce n’est pas pour rien que le maître libertarien Rothbard l’appréciait) rêve de la disparition de l’Etat. Et ajoutons que les corps parasites, hauts fonctionnaires, médecins vaccinateurs, journalistes 100% subventionnés et étatisés, profs socialistes de père en fils et autres butors de la police et de la gendarmerie s’en donnent à cœur joie en ce moment. On a cherché des Jean Moulin et on n’en a pas eu plus qu’en 1940 ; car ce fut cet étatisme (liberté, carrière, retraite) qui engendra notre soumission à Vichy.

Marx rappelle  notre histoire moderne :

« La première Révolution française, qui se donna pour tâche de briser tous les pouvoirs indépendants, locaux, territoriaux, municipaux et provinciaux, pour créer l’unité bourgeoise absolue : la centralisation, mais, en même temps aussi, l’étendue, les attributs et l’appareil du pouvoir gouvernemental. Napoléon acheva de perfectionner ce mécanisme d’État. »

On arrive à la perfection sous la monarchie de Juillet (voyez mes textes sur Balzac et lisez son bref et génial Z. Marcas) :

« La monarchie légitime et la monarchie de Juillet ne firent qu’y ajouter une plus grande division du travail, croissant au fur et à mesure que la division du travail, à l’intérieur de la société bourgeoise, créait de nouveaux groupes d’intérêts, et, par conséquent, un nouveau matériel pour l’administration d’État. Chaque intérêt commun fut immédiatement détaché de la société, opposé à elle à titre d’intérêt supérieur, général, enlevé à l’initiative des membres de la société, transformé en objet de l’activité gouvernementale, depuis le pont, la maison d’école et la propriété communale du plus petit hameau jusqu’aux chemins de fer, aux biens nationaux et aux universités. »

Il n’y a rien de français en France en résumé. Tout est étatique. Et Marx observe tristement :

« Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’État comme la principale proie du vainqueur. »

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J’ai comparé il y a bientôt cinq ans Macron à Louis-Napoléon. C’est l’ère de l’hyper-présidence comme disait un imbécile de la télé. Marx écrit :

« Ce n’est que sous le second Bonaparte que l’État semble être devenu complètement indépendant. La machine d’État s’est si bien renforcée en face de la société bourgeoise qu’il lui suffit d’avoir à sa tête le chef de la société du 10 Décembre, chevalier de fortune venu de l’étranger, élevé sur le pavois par une soldatesque ivre, achetée avec de l’eau-de-vie et du saucisson, et à laquelle il lui faut constamment en jeter à nouveau. »

Et d’expliquer la tristesse française :

« C’est ce qui explique le morne désespoir, l’effroyable sentiment de découragement et d’humiliation qui oppresse la poitrine de la France et entrave sa respiration. Elle se sent comme déshonorée. »

Depuis on est descendu plus bas. Dans ses admirables et inépuisables Commentaires, Guy Debord écrit après avoir cité Marx :

« Voilà qui sonne tout de même un peu bucolique et, comme on dit, dépassé, puisque les spéculations de l’État d’aujourd’hui concernent plutôt les villes nouvelles et les autoroutes, la circulation souterraine et la production d’énergie électronucléaire, la recherche pétrolière et les ordinateurs, l’administration des banques et les centres socio-culturels, les modifications du « paysage audiovisuel » et les exportations clandestines d’armes, la promotion immobilière et l’industrie pharmaceutique, l’agroalimentaire et la gestion des hôpitaux, les crédits militaires et les fonds secrets du département, à toute heure grandissant, qui doit gérer les nombreux services de protection de la société. »

Debord prophétisait aussi une nouvelle élite. Elle est arrivée au pouvoir avec Macron. Et je me risque non pas à une prophétie mais à une simple observation : il ne partira pas. Macron ne partira pas, Macron ne quittera pas le pouvoir, pas plus que sa clique qui se régale aux affaires en dépeçant la France.

Et tant mieux si je me trompe.

Sources :

https://www.dedefensa.org/article/balzac-et-la-prophetie-...

http://classiques.uqac.ca/classiques/Marx_karl/18_brumain...

http://achard.info/debord/CommentairesSurLaSocieteDuSpect...

http://classiques.uqac.ca/classiques/De_tocqueville_alexi...