jeudi, 20 mars 2025
L'Europe dans l'abîme
L'Europe dans l'abîme
Jordi Garriga
« Le pacifisme est un rêve noble, mais malheureusement, pour l’instant, c’est un rêve qui produit des cauchemars. »
José Manuel Sánchez Ron (*), journal ABC, 15 mars 2025.
Les intellectuels proches de Bruxelles et de Washington ont déjà lancé une campagne sentimentale et émotionnelle pour adopter l’européisme comme moyen de défense de la démocratie et de la liberté sur notre continent. Ils basent leurs arguments sur l’histoire, les guerres et la menace russe, et les assaisonnent d’attaques contre Trump, lui reprochant de ne pas être assez démocrate et même de ne pas être un bon dirigeant.
On voit donc qu’ils veulent diffuser un nationalisme non nationaliste… Un européisme basé sur les valeurs mondialistes « de l’inclusion, de la diversité, de la liberté », etc. Comme un déguisement pour la soumission la plus claire à l’impérialisme américain, pour un bellicisme contre une Russie dépeinte comme le mal absolu pour avoir osé se défendre.
La Russie a démontré depuis plus de 30 ans qu’elle n’a jamais voulu envahir quoi que ce soit. Elle a toujours voulu faire partie du monde de l’après-guerre froide, mais elle a été mise à l’écart et méprisée par le racisme occidental.
L'OTAN a progressé, l'ex-URSS s'est fragmentée et un conflit ouvert n'a éclaté qu'après plusieurs « révolutions de couleur », après la guerre du Donbass, après huit années de tromperie occidentale et la menace de l'Ukraine de rejoindre l'OTAN.
La Russie s’est impliquée en Ukraine parce qu’elle n’avait pas d’autre choix. Ils utilisent désormais des exemples historiques pour tenter de transformer la Russie en une nouvelle Allemagne (hitlérienne), en faisant appel à la mémoire collective afin de ne pas avoir à recourir à la simple logique et à la raison.
Le plan continue : alors que les États-Unis se concentrent sur leur confrontation globale avec la Chine, l’Europe restera un champ de bataille contre la Russie. Pour y parvenir, il y a une contradiction à surmonter : créer une conscience européenne unitaire, mais centrée sur la haine de la Russie ; fier des valeurs mondialistes mais pas des siennes ; une unité, mais non souveraine, car orientée vers les objectifs du Maître. Alors que le nationalisme et la différenciation sont encouragés en Russie par les Yankees, ces mêmes Yankees interdisent aux Européens d’être nationalistes, d’être identitaires, d’être fiers de chacun de leurs peuples.
L’histoire des coalitions occidentales en conflit avec la Russie s’est TOUJOURS mal terminée. Appeler à une croisade contre la Russie est un peu compliqué de nos jours : l’Europe ne croit pas en Dieu, la Russie oui ; personne ne se bat jusqu’à la mort dans un autre pays, pour son propre pays, oui; personne ne meurt pour la démocratie, les droits LGBTI ou les phoques... Pour Dieu et la patrie, oui.
C’est pourquoi ils appellent avec émotion à la défense de l’Europe. Le problème est de le faire après 80 ans de propagande accusatrice, après 80 ans de dénigrement des valeurs de sacrifice, de patriotisme et d’honneur ; après 80 ans à proclamer l'Europe comme le contraire de la guerre, pour laver nos « horribles péchés contre l'humanité » commis au fil des siècles... Ont-ils l'intention de renverser rapidement toute cette sale propagande, ou tout cela n'est-il qu'un coup de pub ? Peut-être que les intellectuels officiels gagnent simplement leur salaire en écrivant et en agissant contre toute logique, afin que leurs maîtres soient contents et que tout le système puisse continuer.
Si la guerre éclate enfin et que nos amis américains restent là à regarder, avec nos pays ruinés et notre jeunesse disparue... De qui diront-ils que c'est la faute ?
Pour lutter « pour la démocratie et la liberté », un régime dictatorial sera établi dans toute l’Union européenne. Ils nous diront que c'est une « situation exceptionnelle temporaire » et ils la maintiendront pendant des années, avec tous les droits sociaux abrogés, au nom de la légalité la plus pompeuse. Il ne sera plus nécessaire d’écarter les candidats présidentiels gênants. Les partis (les « mauvais », bien entendu) seront interdits et il n’y aura pas d’élections.
Les quatre points essentiels pour que l’Europe, avec l’UE, devienne une entité souveraine (unité politique, diplomatie et armée communes, expulsion du personnel militaire américain et pactes avec la Russie) ne sont absolument pas satisfaits par ces appels. Ils représentent l’Europe qui est tombée dans l’abîme creusé par l’UE. Il s’agit d’une compétition interne entre les peuples colonisés, et non d’une unité ; Il n’existe pas d’armée commune et de la diplomatie étrangère sans la permission des Yankees ; les Yankees ne partent pas malgré toutes les promesses de Trump, et tout est centré sur l'agression contre la Russie comme seule chose qui justifierait l'existence de l'UE.
De même qu’en Espagne et dans d’autres pays, le seul patriotisme accepté est celui qui tente de plaire à ceux qui détestent l’Espagne, celui qui est obéissant et non critique envers le régime, dans l’UE, le seul patriotisme sera celui des Européens avec des valeurs yankees, des drapeaux arc-en-ciel et des consommateurs zombifiés.
Note:
(*) Né en 1949, il est physicien théoricien et professeur d'histoire des sciences. Il a étudié en Grande-Bretagne et aux États-Unis et est entré à l'Académie royale espagnole avec le discours « Éloge du métissage ».
10:04 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : urope, actualité, affaires européennes | |
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