dimanche, 23 mars 2025
Les vues géopolitiques de James Burnham
Les vues géopolitiques de James Burnham
Federico Bordonaro, Ph.D.
Source: https://www.linkedin.com/pulse/james-burnhams-geopolitica...
Le parcours de James Burnham, au départ trotskyste puis stratégiste de la guerre froide, a connu une transformation radicale. Dans les années 1930, il était un intellectuel marxiste, mais dans les années 1940, il est devenu l'un des critiques les plus virulents du communisme, préconisant une stratégie agressive des États-Unis pour contrer l'influence soviétique.
Son premier ouvrage important, The Managerial Revolution (1941 - en français: L'ère des organisateurs), prédisait un monde dominé par trois super-états: un bloc dirigé par les États-Unis, un noyau germano-européen et une sphère japonaise-asiatique. Il sous-estimait la résilience de l'Union soviétique, s'attendant à ce qu'elle se fragmente. Cependant, son point de vue géopolitique en évolution l'a conduit à considérer le stalinisme non pas comme une distorsion du marxisme, mais comme son aboutissement logique.
L'adoption du réalisme politique par Burnham a été façonnée par des penseurs comme Machiavel et Pareto. Dans Les Machiavéliens (1943), il a soutenu que la politique est motivée par des luttes de pouvoir, et non par des idéaux moraux. Les élites dirigeantes, affirmait-il, maintiennent le contrôle par des mythes politiques et consolidant leurs intérêts sectoriels, plutôt que par un engagement envers des principes démocratiques.
En 1947, dans La Lutte pour le monde, Burnham avait formulé une vision claire des enjeux de la guerre froide: l'Union soviétique visait à la domination mondiale, utilisant l'idéologie comme un outil d'expansion géopolitique. Il interprétait les mouvements de Staline à travers le prisme de la théorie du Heartland continental d'Halford Mackinder, voyant la poussée de l'URSS en Europe, au Moyen-Orient et en Asie comme partie d'une grande stratégie pour contrôler la masse continentale eurasiatique.
Burnham a divisé l'expansion soviétique en cercles concentriques. Le premier incluait des États satellites comme la Mongolie et les nations baltes; le deuxième comprenait des zones contestées comme l'Allemagne de l'Ouest et le nord de la Chine; le troisième impliquait des pays vulnérables à l'infiltration idéologique soviétique, tels que l'Italie, la Grèce et l'Amérique latine. Pour contrer cela, affirmait-il, les États-Unis devaient faire davantage que contenir le communisme: ils devaient l'éliminer.
Il critiquait la politique étrangère initiale de l'administration Truman car il la considérait naïve, parce qu'elle posait l'URSS comme une puissance traditionnelle plutôt que comme un empire idéologique expansionniste. Bien qu'il ait reconnu que la doctrine Truman marquait un changement vers une position plus ferme, il a averti que le seul endiguement ne suffirait pas. La victoire dans la guerre froide nécessitait de saper l'influence soviétique, et pas seulement de limiter sa propagation.
Les idées de Burnham ont influencé toute la politique américaine ultérieure, notamment l'approche agressive de Reagan pour affronter l'URSS dans les années 1980. Sa vision de la géopolitique, façonnée par le réalisme classique et la prévoyance stratégique, reste aujourd'hui un outil puissant pour comprendre les dynamiques de pouvoir dans le monde.
Pour en savoir plus sur cet auteur et d'autres penseurs géopolitiques anglo-américains, cliquez ici : https://federicobordonaro.blogspot.com/2023/09/la-geopoli...
12:46 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : james burnham, géopolitique, géopolitique américaine, guerre froide | |
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