jeudi, 01 mai 2025
Le camarade Canfora rêve d'une droite sociale péroniste et d'une gauche courageuse
Le camarade Canfora rêve d'une droite sociale péroniste et d'une gauche courageuse
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/il-compagno-canfora-sogna-la-de...
« Ce que fait Israël à Gaza est un génocide ». « L'axe franco-anglais veut faire la guerre à la Russie : le risque est très élevé ». Luciano Canfora, historien, journaliste, communiste et internationaliste, a fait ces dernières semaines des déclarations qui ont passablement embarrassé ses collègues europhiles face aux europhobes de Bruxelles et aux commanditaires de Tel-Aviv.
Mais comme l'âge avancé permet aussi de franchir les barrières de toutes sortes, le camarade Canfora (photo) s'est lancé dans des déclarations également embarrassantes pour la droite néo-méloniste. Dans une interview intelligente accordée à Michele De Feudis dans la Gazzetta del Mezzogiorno, Canfora affirme que « si la droite sociale n'était pas fascinée par l'atlantisme, elle devrait se proclamer péroniste et rencontrer la vraie gauche, qui se fait rare ici ».
Sacro-sainte déclaration. Toute droite sociale, par nature, DOIT être péroniste. Mais il y a un problème. Car, en fait, le péronisme était la seule forme de fascisme réalisée dans le monde en dehors de l'Italie. Avec toutes les différences internes, le fascisme avait des composantes de droite, de gauche, catholiques, laïques, étatistes, anarchistes, syndicalistes.
Mais qui explique aux camarades de Canfora qu'il est bon et juste de s'identifier à une force politique qualifiée de « fasciste » par le même intello de gauche qui rejette le peuple et toute mesure en faveur de ceux qui ne font pas partie du système de pouvoir ?
Et si Fra' Toianni s'énerve en pensant à Juan Domingo Peron et Evita ? Et si l'Anpi se met en colère en pensant au nombre d'Italiens et d'Allemands qui se sont réfugiés dans l'Argentine péroniste pour échapper aux massacres de l'après-guerre ?
Canfora rêve d'une rencontre entre la droite sociale et la vraie gauche au nom du péronisme. Mais Mélenchon et Sahra Wagenknecht ont montré qu'ils n'avaient pas la capacité, et encore moins le courage, de s'engager dans une telle voie.
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Douguine: "Semer la discorde entre la Russie et la Chine est «tout simplement impossible»"
Le philosophe russe antilibéral Douguine: "Semer la discorde entre la Russie et la Chine est «tout simplement impossible»"
Alexandre Douguine
Dans un article publié par le média russe Tsargrad.tv, le philosophe russe antilibéral Alexandre Douguine affirme que les États-Unis ne parviendront pas à semer la discorde entre la Russie et la Chine. « Quels que soient les efforts déployés par les forces tierces pour semer la discorde entre nous, c'est tout simplement impossible, car cela contredit le caractère de nos dirigeants, nos intérêts géopolitiques et le système de relations qui s'est formé entre nos pays », a déclaré A. Douguine.
"Un beau rituel diplomatique confucéen"
« Actuellement, nous jouissons d'un partenariat très étroit avec la Chine. Il existe une alliance géopolitique entre la Russie et la Chine. Et aucun autre processus de la politique mondiale ne peut, par définition, avoir une influence décisive sur cette alliance. Quels que soient les efforts déployés par des forces tierces pour semer la discorde entre nous, c'est tout simplement impossible, car cela contredit le caractère de nos dirigeants, nos intérêts géopolitiques et le système de relations qui s'est formé entre nos pays.
« La visite de Wang Yi [à Moscou les 31 mars et 1er avril] était en effet rituelle, car elle ne change rien et ne peut rien changer à nos relations, qui se développent selon leur propre logique et impliquent des échanges similaires de visites de représentants de ministères et d'agences à différents niveaux. C'est un beau rituel diplomatique confucéen: des rencontres régulières de représentants plénipotentiaires des deux grandes puissances, pôles du monde multipolaire, pour discuter de problèmes urgents. Et à cet égard, la visite d'aujourd'hui s'inscrit bien dans la structure de l'étiquette diplomatique et géopolitique.
« Cependant, les relations russo-américaines ont également été discutées avec Wang Yi, ainsi que tous les derniers événements liés à Donald Trump. Ces développements introduisent de nouveaux éléments significatifs dans notre géopolitique commune [avec la RPC] et exacerbent en partie les relations des États-Unis avec la Chine. La façon dont Trump modifie la géopolitique dans les relations avec ses partenaires européens, ainsi que la nouvelle situation politique qui se développe aux États-Unis eux-mêmes, influencent directement la Chine et nous.
« Nous sommes affectés parce que nous sommes en guerre avec les États-Unis en Ukraine. Et bien que Trump, comme il semble, veuille s'en retirer, l'accord qu'il nous propose ne convient à personne : ni à nous, ni à l'Ukraine, ni à l'Europe. L'approche précipitée ne fonctionne pas, et cela ne peut évidemment que frustrer Trump. La situation évolue donc vers une sorte de petite escalade. Naturellement, ce n'est pas la situation précédente, mais localement, les tensions dans notre relation avec les États-Unis s'intensifient à nouveau. Tout comme dans les relations entre les États-Unis et la Chine. Et bien sûr, il était nécessaire de discuter de tout cela lors de la visite du chef de la politique étrangère chinoise en Russie. Je pense que les positions de la Russie et de la Chine sont à peu près les mêmes.
« Nous ne surestimons pas Trump et nous ne pensons pas qu'il va nous apporter la victoire [dans la guerre avec l'Ukraine] sur un plateau. C'est impossible. Mais nous le jugeons sainement, en notant les nombreux aspects positifs du trumpisme. Ainsi, nous saluons même le retour aux valeurs traditionnelles et bien d'autres facteurs détaillés. C'est évident : [cette politique] est bien meilleure que [celle de] l'administration américaine précédente. Toutefois, cette sympathie pour le trumpisme ne signifie pas que nous sommes prêts à abandonner la poursuite de nos propres lignes fondamentales en politique internationale pour quelques promesses douteuses et ardues.
Le 1er avril 2025, le président russe Vladimir Poutine a rencontré le membre du Bureau politique du Comité central du PCC et ministre des Affaires étrangères Wang Yi à Moscou. « Vladimir Poutine a demandé à Wang Yi de transmettre ses sincères salutations au président Xi Jinping et s'est réjoui de voir les différents accords communs conclus avec le président Xi Jinping être effectivement mis en œuvre. Les relations entre la Russie et la Chine continuent de se développer à un niveau élevé, la coopération pratique s'approfondissant dans divers domaines et les « Années culturelles Russie-Chine » en cours suscitant des réactions positives et enthousiastes, consolidant ainsi le soutien du public à l'amitié bilatérale », a déclaré le ministère chinois des affaires étrangères. (Source: Fmprc.gov.cn, 1er avril 2025)
« Wang Yi a transmis les salutations chaleureuses du président Xi Jinping au président Vladimir Poutine. Il a déclaré que, sous la direction stratégique et les efforts conjoints des deux chefs d'État, une relation Chine-Russie mature, résiliente et stable, avec une confiance mutuelle politique approfondie, une coordination stratégique plus étroite et une coopération pratique renforcée, sauvegardait le développement et la revitalisation des deux nations et leurs intérêts communs dans les grandes affaires internationales et régionales. La coopération entre la Chine et la Russie ne vise jamais une tierce partie et reste imperméable à toute ingérence extérieure. Les relations entre la Chine et la Russie continueront à s'élargir et non à stagner. L'amitié entre la Chine et la Russie n'est pas axée sur le présent, mais sur un avenir à long terme », a déclaré le ministère chinois des affaires étrangères (Source : Fmprc.gov.cn, 1er avril 2025)
« L'agressivité des États-Unis se déplace légèrement de la Russie vers la Chine, mais ce n'est ni fondamental ni irréversible.
« Où, je sais que certains trumpistes voudraient proposer à la Russie une alliance avec les États-Unis pour remplacer notre alliance avec la Chine. Mais c'est tout simplement naïf et irréaliste. Une autre chose serait que les pôles déjà établis du monde multipolaire - les États-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde - se mettent d'accord ensemble sur de nouvelles règles pour l'ère post-libérale, post-mondialisation. Ce serait une bonne chose.
« Il est grand temps de discuter sérieusement de la redistribution des zones d'influence et des intérêts des États-civilisation souverains. D'ailleurs, ces États-civilisation ont beaucoup plus de points communs que de différences. Ceux qui le pensent naïvement ne comprennent ni Poutine ni Xi Jinping.
« Il est donc impossible de semer la discorde entre nous et la Chine, car nous avons des valeurs communes, des intérêts communs et une stratégie commune - le [projet] de la Grande Eurasie. Tout cela ne fait l'objet d'aucun commerce, ne peut être vendu, tout comme notre Victoire et nos intérêts nationaux (et, soit dit en passant, tout comme les intérêts américains). À cet égard, nous pouvons nous comprendre et trouver un consensus. Un long chemin nous attend. C'est une bonne chose que nous nous y soyons déjà engagés, mais Trump a beaucoup à apprendre dans un monde multipolaire. De notre côté, la Chine et nous vivons dans ce monde, nous l'avons créé et nous le construisons.
« Bien sûr, l'Amérique trumpiste a aussi sa place digne dans ce monde multipolaire, mais elle n'est pas le seul hégémon et le seul pôle [de puissance]. Par conséquent, Trump ne peut pas poursuivre une politique de 'diviser pour régner', en particulier en opposant la Russie à la Chine, en essayant de régner sur nous. Cela ne passera certainement pas. Quoi qu'il en soit, dans ces circonstances, il est important que nous vérifiions nos positions et que nous démontrions notre conscience commune, partagée avec la Chine, quant aux processus en cours, y compris l'évaluation des nouveaux facteurs qu'apporte Trump dans la politique mondiale.
« En fait, tout cela est devenu le sujet et le contenu principal de la visite de Wang Yi en Russie. Et, pour autant que je sache, au cours des discussions, les parties se sont parfaitement comprises, et nos évaluations ont complètement coïncidé. Il est vrai que les risques augmentent et que l'agressivité des États-Unis se déplace légèrement de la Russie vers la Chine, mais cela n'est ni fondamental ni irréversible. La meilleure façon de sauvegarder sa souveraineté est d'être prêt à repousser toute agression, d'où qu'elle vienne. C'est le principe fondamental que nous poursuivons et le principal moyen de rendre le monde juste : comprendre et respecter les autres et ne pas franchir les « lignes rouges ».
« En un mot, l'exemple de diplomatie démontré aujourd'hui par la Russie et la Chine au monde entier est utile non seulement dans nos relations bilatérales, mais aussi dans les relations de nos pays avec le reste du monde. Alors, faites comme les Russes, faites comme les Chinois, et vous serez heureux ».
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Une théorie des civilisations dans les années 1920-1940: Feliks Koneczny
Une théorie des civilisations dans les années 1920-1940: Feliks Koneczny
Pierre Le Vigan
« Il n’est pas possible d’être civilisé de deux manières », dit Feliks Koneczny. Cette formule est vertigineuse. Elle bat en brèche l’universalisme. Elle ne dit pas qu’il y a « nous » et « les barbares ». Elle dit que l’on n’accède à cette forme universelle d’évolution de l’homme qu’est la civilisation que par plusieurs voies. En d’autres termes, il y a bien des façons d’être civilisé, mais il faut choisir : on ne peut être civilisé à cheval entre deux cultures (ou plus). On peut certes connaitre l’influence de diverses cultures, mais l’une doit être clairement prédominante. Dans l’histoire de l’humanité, la civilisation consiste précisément en ce qu’il y a toujours plusieurs civilisations. De même que l’existence d’une nation suppose qu’il y ait à côté d’autres nations.
On peut considérer que la formule de Koneczny (1862-1949) est celle de l’ethno-différentialisme ou du culturo-différentialisme. Trop de différences fait que l’on s’enlise dans les différences: on ne les surmonte pas. Mais qui est cet auteur peu connu ? C’est ce qu’Antoine Dresse nous fait découvrir dans son dernier essai publié sous le patronage de l’Institut Iliade. Polonais, Koneczny nait à Cracovie. Cette ville est alors rattachée à l’Empire d’Autriche qui devient la double monarchie en 1867: l’Empereur d’Autriche est aussi roi de Hongrie. Cracovie, à l’extrême ouest de la Galicie est rattaché à la partie autrichienne de l’Empire, la Cisleithanie. Cracovie est alors la capitale d’une Province appelée Petite Pologne.
La famille de Koneczny a des origines en Silésie, polonaise jusqu’au XIVe siècle, rattachée ensuite brièvement à la Bohème, puis autrichienne, et enfin prussienne depuis sa conquête par Frédéric II de Prusse, conquête validée au traité de 1763. Et de nouveau polonaise depuis 1945. L’histoire de la Silésie fut aussi très liée à celle de la Bohème et de la Moravie (l’actuelle Tchéquie). Koneczny est donc issu des marches occidentales de la Pologne. Il est slavophile et défend, à une époque où la germanité de la population silésienne ne faisait pas de doute, son caractère historiquement slave. Historien renommé à son époque, puis oublié, et redécouvert récemment, Koneczny est l’auteur de nombreux livres sur l’histoire de la Pologne et sur certaines de ses grandes figures, et aussi auteur d’une Histoire de la Russie, exercice d’autant plus intéressant que Pologne et Russie furent des puissances à la fois liées et presque toujours rivales.
Koneczny cherche à expliquer comment les nations peuvent avoir plus qu’une histoire nationale, c’est-à-dire portent un modèle de civilisation et peuvent en être les garants. C’est là que l’historien devient aussi un philosophe de l’histoire. Dans cette perspective, à partir des années 1920 – celles de la renaissance de la Pologne, étendue jusqu’à Vilna/Vilnius –, Koneczny défend la thèse comme quoi la Pologne représente en Europe le pôle de la chrétienté latine. Elle est, plus précisément, ce qui, dans le pôle latin, se situe le plus à l’est. Et c’est justement parce que la Pologne est « entre Orient et Occident » selon ses propres termes, qu’elle doit savoir ce qu’elle est pour continuer à exister. Pour perdurer dans son être, disait Dominique Venner.
Feliks Koneczny publie ses premiers livres relevant de la philosophie de l’histoire, ou plutôt d’une méta-théorie de l’histoire dans l’entre-deux guerres. Bien que conservateur et « nationaliste » polonais, il n’a pas que des amis dans la droite polonaise. Il est mal vu du chef de l’Etat, Pilsudski. Ce dernier, ainsi qu’une partie des intellectuels nationalistes polonais, défend l’idée d’une union de nations de la Baltique à la Mer Noire, c’est à dire de la Pologne à la Roumanie, cette dernière alliée de la France pendant la Grande Guerre (la Pologne, quant à elle, n’existait pas comme Etat mais en 1916, les puissances centrales créent un Etat croupion en Pologne ex-Russe).
De son côté, contrairement à Pilsudski, Koneczny défend l’idée d’un nationalisme strictement polonais sans dissolution de l’identité nationale, même dans une union avec la Lituanie, qui aurait alors repris le schéma historique de la confédération Polono-Lituanienne (il y a du reste un contentieux lituano-polonais dans l’entre-deux guerre puisque Vilna, la capitale historique de la Lituanie est rattachée à la Pologne, la Lituanie ayant comme capitale Kaunas). Après l’occupation allemande qui frappe lourdement sa famille, Koneczny trouve plus que difficilement sa place dans la Pologne stalinienne de l’après-guerre. Il est redécouvert après 1989. Une de ses sentences devient emblématique de la droite polonaise : « La Pologne sera catholique ou ne sera pas. »
* * *
La théorie des civilisations de Koneczny a un point commun avec celle de Spengler. Ce dernier disait : « Ou bien l’humanité est un concept zoologique, ou bien elle est un mot vide de sens ». Koneczny est d’accord avec ce point de départ. Il développe une définition de la civilisation comme « la somme de tout ce qui est commun à une certaine fraction de l’humanité et en même temps la somme de tout ce par quoi cette fraction diffère des autres. »
Koneczny est influencé par des pensées sur l’histoire qui l’ont précédé. Il a lu avec intérêt Vico (La science nouvelle, 1725), sa théorie cyclique de l’histoire et sa vision des trois âges, celui des dieux, des héros, des hommes (qui correspondent à enfance-adolescence-âge mur). Koneczny est aussi influencé par Herder (Une nouvelle philosophie de l’histoire, 1774 ; Idées pour une philosophie de l’histoire de l’humanité, 1791)[1]
Koneczny reprend l’organicisme de Herder mais récuse par contre la conception morphologique des civilisations de Spengler qui lui parait trop abstraite. Il lui préfère une méthode plus empirique. Ses références sont Francis Bacon (Novum organum, 1620) et sa méthode scientifique, Montesquieu, et (moins connu) Kollataj, l’auteur de la Constitution polonaise de 1791 (en une période tragique de liquidation de la Pologne, avec les trois partages de 1772, 1793, 1795). Ajoutons que Koneczny est aussi proche du néo-thomisme (avec notamment Jacques Maritain) – plein de vitalité dans l’entre-deux guerres en Europe, et notamment en France.
Pour Koneczny, « la civilisation et avant tout un principe d’organisation de la vie collective ». Son approche n’est pas métaphysique, même si nous avons vu qu’il n’est pas indifférent aux questions philosophiques. Mais l’essentiel est pour Koneczny de voir comment les hommes mettent en œuvre des principes d’organisation collective de la vie, et ce dans tous les domaines, matériels et spirituels, ou si l’on préfère, mentaux. La vie collective nécessite en effet une organisation. Or, ce qu’observe Koneczny dans les différentes civilisations, c’est une diversité des droits, et une diversité des valeurs. Les deux domaines étant bien entendu en lien. Le droit, les mœurs et les représentations forment un ensemble. Ainsi, observe Koneczny, qui dit société polygame dit organisation clanique, et donc faible développement économique. La diversité des droits s’applique principalement au droit de la famille, au droit de propriété et au droit de l’héritage.
On voit donc tout de suite se profiler la question des rapports entre le public et le privé, et la question de la transmission, l’héritage n’étant pas seulement une question matérielle (léguer une maison de famille avec la bibliothèque familiale n’est pas une simple question matérielle, c’est aussi un acte à forte charge symbolique). Les valeurs, quant à elles, sont vérité, bonté, beauté, santé, prospérité. Des valeurs de l’esprit, et des valeurs du corps. Et une valeur qui participe des deux: la beauté.
Ce schéma permet de distinguer différentes civilisations. Mais comment cela s’articule-t-il avec les autres différenciations de l’humanité: races, religions ? Pour Koneczny, les races existent mais elles ne coïncident pas avec les civilisations pas plus qu’elles ne les expliquent entièrement. Les deux cartes, races et civilisations, ne se superposent pas (même s’il peut y avoir des recoupements partiels). La race n’est pas en amont de la civilisation. Ce n’est pas la race qui fait la civilisation, c’est la civilisation qui fait la race. A partir du moment où il y a civilisation, il y a race car il y a endogamie. C’est ainsi que s’était créée une sorte de « race » pied-noir, issus des mélanges entre Européens d’Algérie. C’est ainsi que s’est créée une sorte d’ « ethnie israélienne », les Israéliens étant pourtant un mélange composite[2].
La carte des religions ne se superpose pas non plus avec la carte des civilisations. Les Allemagnes protestante et catholique appartiennent à la même civilisation. Néanmoins, Koneczny souligne que la religion est toujours l’élément le plus important d’une civilisation – plus important que la race. Il introduit en ce sens une typologie entre civilisation sacrales, non sacrales, semi-sacrales. Ce n’est pas l’aspect le plus convaincant de la théorie de Koneczny, ne serait-ce que parce qu’il existe plusieurs conceptions de la sacralité, et aussi des sacralités cachées (par exemple dans l’Occident, la religion du réchauffement climatique[3]).
Dans la notion de sacralité, Koneczny indique des éléments plus précis sur lesquels on peut s’accorder : le rapport au temps (vision linéaire du temps ou vision cyclique), le rapport entre droit public et droit privé (prédominance de l’un ou de l’autre, fusion ou séparation). Mais aussi les sources du droit : l’éthique ou la Loi (judaïsme). Enfin, l’existence ou non d’un sentiment national. En effet, selon Koneczny, appartenir à une civilisation est la condition de création d’une nation, même si toutes les civilisations ne donnent pas naissance à une nation. Ce n’est en tout cas pas l’Etat qui peut créer une nation, tout juste peut-il la conforter, ou la détruire si l’Etat est aux mains d’oligarques malfaisants (cf. le cas de la France).
* * *
Koneczny distingue 21 civilisations qui ont existé et 7 qui existent en son temps (les années 1930 et 1940). Dans sa typologie, fondée sur un certain type de conduite collective de la vie, le rapport au sol, au territoire n’est pas important. Une grande différence avec Spengler. La civilisation n’est pas non plus liée à la race comme on l’a vu plus haut. Ainsi, les Magyars sont devenus chrétiens bien que non Indo-européens (sans compter que bien des Indo-européens, comme les Afghans ou les Iraniens, sont musulmans). Koneczny souligne aussi que des peuples proches du point de vue ethnique, tels les Polonais et les Russes peuvent relever d’une civilisation différente (selon lui). De plus, au sein d’une même civilisation, il existe plusieurs cultures. Ainsi, la culture italienne au sein de la civilisation latine.
Précisément, comment Koneczny définit-il les civilisations qu’il dénombre ? La civilisation qu’il appelle « latine » est ce que l’on nomme usuellement la civilisation occidentale. Elle se caractérise par l’importance de la personne. Elle est aussi marquée par une culture de l’action, ce que Spengler appelait l’esprit faustien. Ce qui est original (et discutable) dans l’analyse de Koneczny, c’est de considérer que dans la civilisation latine, l’Etat est dissocié du sacré. Tout césaro-papisme est donc écarté. Toute intervention du temporel dans le spirituel au nom de ce que le pouvoir politique serait détenteur d’une sacralité au moins aussi importante que celle de l’Eglise est rejetée. C’est pour Koneczny une très bonne chose que le sacré soit écarté du politique. L’empire de Charlemagne[4] (800), puis le Saint Empire Romain germanique (962) – exactement le « Saint Empire romain de la Nation germanique » – sont donc exclus de la civilisation latine ainsi définie. Car ils prétendaient au sacré. Pas d’Empire sans sacralité. Et donc, pas de civilisation latine s’il y a un Empire. Nous sommes dans une vision de l’Europe proche de celle, très anti-germanique, d’Henri Massis (Défense de l’Occident, 1926). Comme le dit très bien Antoine Dresse, Koneczny est de ce point de vue plus « guelfe » que « gibelin ».
Autre civilisation : ce que Koneczny appelle la civilisation touranienne. Elle se caractérise par la non-reconnaissance de la personne humaine. Tout est dans l’Etat. Il n’y a pas de distinction droit public/droit privé. Le droit relève en fait du pur arbitraire d’un pouvoir despotique. Touranien : cela veut dire turco-mongol ou (plus largement) ouralo-altaïque. Pour Feliks Koneczny, la civilisation touranienne, c’est la Russie. Si la Rus’ (ou Rous) de Kiev était en partie latine, la Russie, héritière de la Moscovie, ne l’est quasiment plus, du fait de l’influence des invasions mongoles. La Russie a aussi cessé d’être byzantine et donc césaro-papiste. Elle n‘est plus que touranienne, c’est-à-dire spirituellement turco-mongole bien que sa population soit en grande partie slave. Décidément, la civilisation n’est pas la race. Et c’est la Turquie – cette Prusse du Proche-Orient – qui se retrouve un peu byzantine, en tout cas plus que la Russie, nous dit Koneczny. Il est d’ailleurs flagrant qu’à la chute de Constantinople en 1453, les Turcs musulmans aient essayé de s’approprier le prestige sacral de l’ancien Empire romain d’Orient.
Ce que Korneczny appelle « civilisation byzantine » s’est incarné un temps dans l’Empire romain d’Orient, l’Empire « grec » (ou « gréco-oriental ») mais ne s’y identifie pas. Le byzantinisme comme forme d’organisation de la vie collective préexistait à cet Empire. C’est un Etat tout puissant et bureaucratique. C’est l’Etat qu’était devenu l’Empire romain décadent. Le modèle byzantin correspond à l’orientalisation de l’Empire romain. Le droit privé existe mais est limité. Le centralisme est la règle. Le pouvoir temporel (politique) prime sur le pouvoir spirituel. En fait, il l’incarne et fusionne avec lui. Dans ce modèle byzantin, le fédéralisme est impossible, nous dit Koneczny – qui aspire à un fédéralisme européen centré autour du modèle de la civilisation latine. L’Empire selon Koneczny est le contraire du fédéralisme (qu’il souhaite sous la forme des Etats-Unis d’Europe).
Nous rencontrons un lourd problème à propos de la civilisation byzantine : le modèle byzantin est, selon Koneczny, celui de l’Allemagne. « Byzantinisme allemand » : l’expression très critique, vient d’Edgar Quinet. Au contraire, Constantin Leontiev considérait que le byzantinisme était positif, permettait de juguler le féodalisme et de moderniser un pays[5]. Asiatiste et non pas slavophile, C. Leontiev voyait dans le modèle de Byzance une troisième voie, ni slavophile ni occidentaliste. Avec la conception du byzantinisme que développe Feliks Koneczny, l’Allemagne est vue comme contraire aux principes de la civilisation latine, c’est-à-dire occcidentale. Nous sommes à l’opposé de Spengler (et de C. Leontiev) qui voyait l’Empire carolingien puis le Saint-Empire romain germanique comme marquant la fondation de l’Europe, en enjambant les frontières de l’Empire romain, en associant l’ancienne Europe romaine et l’Europe centrale non romanisée.
Selon Koneczny, l’Europe byzantine, c’est-à-dire l’Europe germanique, est opposée à la civilisation latine et est inassimilable par sa volonté de faire prévaloir le pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel. Hypothèse audacieuse, mais non totalement infondée : il est vrai qu’il y eut des liens entre Byzance et le Saint Empire. La princesse byzantine Theophania épousa (972) l’Empereur germanique Otton II. L’Empereur byzantin Manuel 1er Comnène épousa (1146) la princesse allemande Berthe de Sulzbach. Les liens matrimoniaux allaient de pair avec une alliance. Défendant sa thèse d’une Allemagne « byzantine », Koneczny rappelle que l’installation du protestantisme dans une grande partie de l’Allemagne renforce l’indépendance du pouvoir politique par rapport à tout pouvoir spirituel, donc papal. Ensuite, logiquement, la victoire de la Prusse sur l’Autriche (1866) marquerait la victoire en Allemagne du modèle byzantin sur le modèle latin. Point de vue qui reste surprenant compte tenu de ce que le Saint Empire a été longtemps tenu par la maison autrichienne des Habsbourg, catholique, et (moins longtemps) par les Wittelsbach de Bavière, eux aussi catholiques. N’ignorant nullement ces faits, Koneczny ne les pensait pas de nature à invalider sa théorie. Le Saint Empire n’était pour lui aucunement un relais du pouvoir papal mais une instance voulant s’y substituer.
Koneczny inclut dans sa typologie une civilisation juive. Cela peut étonner. 13 millions de juifs dans le monde et 7 millions en Israël, pour prendre les chiffres actuels, cela forme-t-il une civilisation ? Il ne s’agit pas d’une question de qualité mais parler de civilisation a-t-il un sens à une échelle aussi modeste ? Ne faut-il pas plutôt parler de culture ? Il existe une culture juive assurément, ou plutôt deux cultures, celle des Séfarades et celles des Ashkénazes, ces derniers étant dominants en Israël et pionniers de l’idée d’Israël. Selon Koneczny, l’essence du judaïsme est le messianisme. Il remarque que le marxisme (ajoutons : tel qu’il s’est fossilisé) est un décalque du messianisme juif. Il avance aussi la thèse comme quoi l’hitlérisme serait un judaïsme inversé (idée qui fut aussi celle de Maurras), les Allemands devenant le nouveau peuple élu. Cette idée, tout comme la première concernant le marxisme (entendons ici le marxisme-léniniste) comporte une part de vérité. Bertrand Russell, allergique à tous les messianismes, la reprendra d’une manière à la fois percutante et caustique. Il y a assurément une « eschatologie nazie » (Johann Chapoutot) de la fin des temps, croyant dans le triomphe final de l’Aryen, dont le Germain est la manifestation la plus éclatante.
Une part de vérité mais non toute la vérité.
Il faudrait nuancer cela par la prise en compte d’un élément très important dans l’hitlérisme : le darwinisme social. Il reste que regrouper sous le vocable « civilisation juive » tous les messianismes laisse perplexe. Les judaïsmes sionistes et non sionistes, le marxisme comme para-judaïsme athée et matérialiste, le contre-judaïsme d’Hitler dans la même catégorie ? Difficile d’être convaincu par cette catégorie. Mais aussi : qu’en est-il des aspects futuristes du communisme russe, du « cosmisme » soviétique ? Comment cela peut-il rentrer dans le schéma d’une « civilisation juive » de Koneczny ? Il est très aventureux de suivre le théoricien polonais sur ce terrain.
* * *
Ce qui est stimulant avec Koneczny est son opposition avec la théorie de Spengler. Le Polonais est loin de l’Allemand, et pourtant géographiquement si proche. Pour Spengler, les civilisations sont des organismes vivants qui connaissent une naissance, une jeunesse, une maturité, un vieillissement et la mort. Cette approche biologisante ne convainc pas Koneczny. Il pense qu’il faut s’interroger sur l’adéquation des civilisations à des lois de l’histoire sans guetter une « maturité » ou un « vieillissement » inéluctable. En sortant du calque trop facile de concepts biologiques pour voir ce qu’il en est réellement.
Pour ce faire, Feliks Koneczny établit six grandes « lois » de l’histoire.
1. La cohésion entre les valeurs. Le système de valeurs ne doit pas être contradictoire. Ainsi, une société libérale-libertaire ne peut être fondée sur des valeurs « traditionnelles » comme le goût du travail bien fait, la durabilité, etc.
2. L’acceptation de l’inégalité sociale. Les hommes n’ont pas des talents égaux. La justice n’est pas l’égalité. La volonté que personne ne vive dans la misère n’implique pas l’égalité. Pour que les pauvres vivent mieux, il n’est pas nécessaire ni souhaitable de supprimer les gens riches du fait de leurs talents.
3. Une civilisation doit se protéger contre l’immigration de masse venue d’autres civilisations. Elle se peut que perdre son identité à vouloir intégrer des populations dont la façon de vivre et de voir la vie est très différente.
4. Il faut être lucide sur l’impossibilité de faire coexister dans une civilisation des éléments issus de deux (ou plus) civilisations différentes. Un exemple historique est l’Empire d’Alexandre le Grand. Indépendamment de la mort précoce de l’élève d’Aristote, l’Empire gréco-perse qu’il avait fondé n’était pas viable compte tenu de son hétérogénéité culturelle, et malgré le fait que les peuples grecs et iraniens étaient tous deux indo-européens.
5. Les mélanges de civilisations sont tous conflictuels. Dans ces mélanges, il y a toujours un gagnant et un perdant, et au pire il y a deux perdants. Le mélange ne peut se faire qu’au profit du triomphe du relativisme, du consumérisme, voire du nihilisme.
6. Dans un mélange, c’est toujours l’élément inférieur qui domine (point très lié au point précédent). Il y a élément inférieur car Koneczny ne croit pas à l’égalité des civilisations (alors que Spengler pense qu’il est impossible de les hiérarchiser tant elles se placent sur des plans différents. C’est ce que l’on pourrait appeler un différentialisme absolu). Pour l’historien polonais, la médiocrité est plus facile que l’excellence, et si les deux sont côte à côte, la médiocrité, la bassesse l’emporteront. Pour prendre un exemple historique, il est plus facile d’être épurateur en 1944 que d’être résistant en 1942. Ce pourquoi les épurateurs étaient bien plus nombreux que les Résistants.
Tels sont les six lois de l’histoire des civilisations selon Koneczny.
La pérennité d’une civilisation, explique-t-il, implique que l’on soit conscient de la nécessité de lutter pour sa survie et même sa vitalité. Les civilisations sont en effet en lutte les unes contre les autres. Ne pas croire en soi, c’est laisser le champ libre à ceux qui croient en eux, à leur système de valeurs, à leur mode de vie, à leurs représentations du beau, du vrai et du bien.
* * *
On voit que bien des points de vue de Koneczny sont discutables, non pas tant dans les six points parfois un peu redondants mais pertinents qui caractérisent une civilisation, que dans sa typologie des sept civilisations. Et à propos de celles-ci, nous n’avons évoqué que celles relatives à l’Europe. Il faudrait la culture d’un René Grousset pour porter un jugement sur l’analyse par Koneczny des autres civilisations (Inde, Chine…).
Heureusement, le théoricien polonais de l’histoire ne prétendait pas que son système était à prendre ou à laisser. Son mérite est d’ouvrir sur des intuitions à coup sûr intéressantes. Ainsi, la guerre Russie-Ukraine, même si elle est avant tout une guerre Russie-OTAN, relève néanmoins aussi de la friction entre le monde « latin » (l’Ukraine occidentale) et le monde « touranien » russe, en tout cas l’univers impérial russe qui est autant une civilisation qu’une nation, voire d’abord une civilisation.
Enfin, l’immigration bouleverse l’identité européenne (Koneczny aurait dite « latine », ou « occidentale »), avec l’immigration arabo-musulmane, mais aussi indienne, touranienne-musulmane (Ouzbékistan et peuples turciques…), d’Indo-européens-musulmans (Pakistan, Afghanistan, …), et d’originaires d’Afrique noire, musulmans et chrétiens. Enfin, autre élément d’actualité de la théorie du méta-historien polonais, l’Union européenne technocratique – une « terreur sèche », peut-on dire en reprenant une expression d’Augustin Cochin – ne relève-t-elle pas ce que Koneczny appelait la « civilisation byzantine », c’est-à-dire un Etat inquisiteur, bureaucratique et prétendant exercer une fonction spirituelle ? Même si la spiritualité de l’UE consiste surtout à avoir des « gestes éco-citoyens », à trier ses ordures et à être ouvert à « l’accueil de l’Autre » : « Ouvert à l’ouverture », comme disait plaisamment Philippe Muray. Ainsi qu’à croire en la « religion réchauffiste », ce qui est à peu près le contraire de l’écologie intelligente telle qu’elle fut fondée par Ernst Haeckel. Autant dire que, plus de 70 ans après sa mort, mêmes les désaccords que l’on peut avoir avec Feliks Koneczny sont et seront – espérons qu’il soit mieux connu – sources de réflexions fécondes.
Pierre Le Vigan.
Antoine Dresse, La guerre des civilisations. Introduction à l’œuvre de Feliks Koneczny, La Nouvelle librairie/Institut Iliade, 2025, 104 p., 9 Euros.
L’auteur de cet article a publié récemment (papier et numérique pour la barque d’or) :
Les démons de la déconstruction. Derrida, Levinas, Sartre, la barque d’or, 2024 (diffusion amazon)
Trop moche la ville. Comment nos villes sont devenues laides (et obèses), la barque d’or, 2025 (diffusion amazon)
Clausewitz, père de la théorie de la guerre moderne, Perspectives libres-Cercle Aristote, 2024.
Nietzsche, un Européen face au nihilisme, La barque d’or, 2024.
Notes:
[1] Herder était un critique « de gauche » des Lumières, contrairement à Joseph de Maistre qui le détestait. Herder héritier de Leibniz et de Rousseau, et perspectiviste comme le sera Nietzsche, développa l’idée d’une nécessaire diversité des peuples et des bienfaits de l’altérité. Herder était aussi parfaitement démocrate au sens où tout pouvoir doit être légitimé par le peuple, et hostile à tout suprématisme comme celui de la Grande Bretagne sur l’Irlande ou de l’Angleterre sur l’Ecosse.
[2] En 1850, les Juifs de Palestine ne représentent que quelque 3 % des 340 000 habitants, et leurs descendants sont une petite minorité de la population juive d’Israël. Ainsi, l’immense majorité des descendants des Hébreux de l’Antiquité sont les Arabes de Palestine, qu’ils soient musulmans ou chrétiens. Aux rares Hébreux restés juifs en Palestine se sont ajoutés, en Israël, les Séfarades, c’est-à-dire des descendants de Berbères convertis au judaïsme, et les Ashkénazes, descendants de Khazars turco-mongols, convertis au VIIIe siècle, mais aussi des descendants de Sémites de Mésopotamie et du monde gréco-romain, de Cananéens, sans oublier des Européens d’origine indo-européens judaïsés par exemple par le mariage, plus des juifs Mizrahim venus d’Afrique, Inde, Iran, Irak, etc.
[3] Ne serait-ce pas le seul problème écologique qui n’existe pas et qui permet d’occulter tous les autres, qui sont infiniment plus préoccupants ? Cela serait cohérent avec la logique du Capital qui cherche de nouvelles injonctions publiques sources de profits privés au nom d’une écologie falsifiée.
[4] Charles 1er était roi des Francs depuis 768 et roi des Lombards depuis 774. Napoléon Bonaparte se fera, avec un mimétisme significatif, Empereur des Français en 1804 et roi d’Italie en 1805. Pour résumer son projet, Napoléon disait : « Je suis Charlemagne ». Lire Jean-Claude Valla, La nostalgie de l’Empire, Librairie nationale, 2004.
[5] Lire Gregoire Quevreux, « Constantin Léontiev : l’homme le plus réactionnaire de l’empire russe », Philitt, 26 novembre 2020.
12:47 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, philosophie de l'histoire, feliks koneczny, pologne | |
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France-Algérie: la querelle révèle l’état de désagrégation avancée des deux nations
France-Algérie: la querelle révèle l’état de désagrégation avancée des deux nations
Pierre-Emile Blairon
Les causes du différend
Elles trouvent, évidemment, leurs véritables origines dans la cession par De Gaulle, en 1962, d’une partie importante du territoire français qu’il a abandonnée entre des mains qui ne la méritaient pas et qui n’ont pas su la faire grandir et prospérer bien qu’elles aient eu toutes les chances de leur côté.
Le Figaro du 14 avril énumérait les cinq étapes qui, en quelques mois, avaient conduit à la crise diplomatique actuelle qui oppose les gouvernements français et algérien.
Reconnaissance du Sahara occidental par la France
« Le 30 juillet 2024, M. Macron adressait en effet au roi du Maroc, Mohammed VI, un courrier consacrant solennellement le ralliement de la France à la thèse de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. »
Rappel de l’ambassadeur de l’Algérie en France
Le gouvernement algérien décidait, le 30 juillet 2024, le « retrait avec effet immédiat » de son ambassadeur en France, après l’annonce du soutien français au plan d’autonomie marocain pour le territoire contesté du Sahara occidental (ancienne colonie espagnole de 266.000 km2 (la moitié de la France), riche en eaux poissonneuses et en phosphates ; l’Algérie soutient le Front Polisario qui revendique ce territoire).
Arrestation de Boualem Sansal
Arrêté à l’aéroport d’Alger le 16 novembre 2024, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été condamné le 27 mars à cinq ans d’emprisonnement pour avoir critiqué les frontières actuelles de l’Algérie dans le magazine Frontières, en reprenant la position du Maroc (voir ci-dessus).
Plusieurs influenceurs algériens arrêtés
Ces « influenceurs » présentent tous le même profil : exerçant leurs activités en France, ils sont Algériens ou Franco-Algériens, ils soutiennent le pouvoir en place en Algérie et ils dénoncent, insultent ou menacent d’égorgement ceux de leurs compatriotes qu’ils estiment traîtres à leur patrie (d’origine) ; la même patrie qui les renvoie en France lorsqu’ils sont expulsés par la France. On ne s’étonnera pas que l’un d’entre eux « présentait les membres de la diaspora algérienne en France comme des « soldats dormants » prêts à devenir « des martyrs ».
« Ces derniers jours, plusieurs ressortissants algériens ou franco-algériens ont été arrêtés en France après avoir posté des vidéos sur TikTok propageant des appels à la haine et ont été mis en examen. Hier, jeudi 9 janvier 2025, l’un d’entre eux a été envoyé en Algérie avant d’être renvoyé en France, l’Algérie l’ayant interdit de territoire.
« L’Algérie cherche à humilier la France », a estimé ce vendredi le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. » (Ouest-France, 10 janvier 2024)
Une « influenceuse » franco-algérienne, Sofia Benlemmane (photo), qui « avait été interpellée elle aussi début janvier, avait insulté une femme : Nique ta mère toi et ta France, lui avait-elle lancé. J’espère que tu seras tuée, j’espère qu’ils vont te tuer. »
Si elle critiquait vivement le président algérien Abdelmadjid Tebboune dans une vidéo de 2020, son discours a depuis radicalement changé et elle affiche désormais un soutien au gouvernement d’Alger. »
Les autorités françaises ne semblent pas s’offusquer outre-mesure de ce qui, en d’autres temps et, surtout, en d’autres pays, constituerait, de l’aveu même des protagonistes, une « cinquième colonne » ; cette femme a été condamnée à du sursis et à des « heures de travail d’intérêt général »…
L’attentat de Mulhouse
Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect, qui a tué une personne et en a blessé six autres, faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refusé à dix reprises. « Il n’y aurait pas eu d’attentat à Mulhouse si l’Algérie avait respecté le droit et ses obligations » a-t-il déclaré.
Il s’est ensuivi ce feuilleton ridicule où les deux parties expulsent à tour de bras et réciproquement les agents consulaires adverses.
Ainsi, « Samedi 12 avril, Alger a vivement protesté contre la mise en examen la veille d'un de ses agents consulaires. L'homme est soupçonné d'être impliqué dans l'enlèvement sur le sol français d'un influenceur et opposant algérien. » (France Info du 13 avril 2025)
Une question d’honneur ?
On a beaucoup parlé dans cette affaire d’humiliation et d’honneur bafoué.
Cette histoire prend une tournure pathétique, les représentants de ces deux pays largement déconsidérés dans le monde (pour les raisons que nous allons évoquer dans les chapitres suivants) ne cessant de bomber le torse comme des coquelets qui tentent d’affirmer leur virilité devant leurs basses-cours goguenardes et invoquant des questions d’honneur dont ni les uns ni les autres ne sont en mesure de prouver qu’ils savent de quoi ils parlent [1], parce que tout, dans le passé dont ils sont comptables, ou dans leur attitude dans la gestion des affaires actuelles vient infirmer leur compétence en ce domaine, à commencer par le président Macron, qui n’a pas hésité à fouler aux pieds les prises de position de ses ministres en les contredisant et venant soutenir les… Algériens et leur président Tebboune. Les Pieds-Noirs n’auront pas oublié que, le 15 février 2017 à Alger, il avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité ».
Pour remonter le niveau sur ce sujet, et pour bien montrer la différence abyssale qu’il peut exister entre nos ancêtres européens et les paltoquets au pouvoir à notre présente époque, je vais évoquer le glorieux fait d’armes rapporté par Bernard Lugan dans son livre Histoire des Algéries [2], qui s’est déroulé lors de la première guerre punique opposant les Romains et les Carthaginois : « En 255 av. J.-C., ils [les Romains] mirent ainsi à terre un corps expéditionnaire à proximité de Carthage. Le consul Marcus Atilius Regulus qui le commandait remporta une première victoire, puis il fut battu par le grec Xanthippe, chef des mercenaires carthaginois. Capturé, il fut libéré sur parole deux ans plus tard contre la promesse de se constituer prisonnier en cas d’échec de la mission de paix dont les Carthaginois l’avaient chargé. Regulus prit la parole devant le Sénat romain et il défendit au contraire l’option de la guerre ; puis, respectant sa parole, il retourna à Carthage pour s’y constituer prisonnier… Les Carthaginois l’auraient torturé à mort. »
La France des « repentants », incluant tout le médiocre personnel diplomatique macronien, ne comprenant rien à la mentalité des peuples à qui ils ont affaire, ont eu, dans cette aventure grotesque, une attitude exactement à l’inverse de ce qu’il convenait de faire ; les Arabes, dans ce domaine, ne respectent que la force. Au contraire des atermoiements craintifs de nos politiciens indigents, il suffisait de taper du poing sur la table (ou simplement du pied sur le sol) pour se faire respecter, accompagnant cette fermeté de ton de quelques mesures immédiates et sans équivoque, comme de couper toutes les aides trop généreusement consenties à l’Algérie à laquelle la France ne doit rien. Bien au contraire. La députée européenne Sarah Knafo a chiffré à 9 milliards d’euros par an les aides apportées par la France à l’Algérie, soit 3 fois le budget de nos départements d’outre-mer et plus que le budget accordé chichement à nos paysans qui meurent…
Pourquoi la France s’est-elle emparée de l’Algérie?
La raison a été simplement et d’une manière très concise expliquée dès la première phrase de l’excellent livre de Georges Fleury, Comment l’Algérie devint française ? : « Ainsi que les Algériens l’affirmeront en inaugurant leur indépendance en 1962, les guerres d’Algérie ont commencé lorsque le général de Bourmont s’empara d’Alger pour le compte de Charles X le 5 juillet 1830 avec, hormis l’Angleterre, la bénédiction des Etats européens dont les ressortissants étaient en Méditerranée victimes de la piraterie barbaresque [3]. »
On estime que les pirates barbaresques qui ont commencé à écumer la Méditerranée après l’invasion des Arabes en Afrique du Nord ont soumis en esclavage jusqu’à 1.250.000 chrétiens, pratiquant leurs razzias jusqu’en Islande.
En Provence, vers 889, un raid de Sarrasins s'empara de Fraxinetum, La Garde-Freinet, où ils fortifièrent un nid d’aigle à partir duquel ils purent effectuer des razzias tout le long de la future Côte d’Azur jusqu’en Italie et remonter les Alpes. C’est seulement en 973, 84 ans plus tard, qu’une coalition provençale et piémontaise commandée par le comte de Provence Guillaume put les battre. L’Histoire retiendra son nom et sa geste en le dénommant Guillaume le Libérateur [4].
« Les corsaires barbaresques ont capturé des milliers de navires chrétiens et ont attaqué à plusieurs reprises la plupart des localités côtières des rives nord de la mer Méditerranée. En conséquence, les résidents ont abandonné leurs anciens villages côtiers en Espagne, France et en Italie et en ont construit d'autres, souvent fortifiés, au sommet des buttes et des collines. Les raids ont été un tel problème que les côtes sont restées en partie désertes jusqu'au début du XIXe siècle… Après les guerres napoléoniennes et le Congrès de Vienne de 1814-1815, les puissances européennes sont convenues d'éliminer complètement les corsaires barbaresques, et leur menace a largement été atténuée. Des incidents occasionnels se sont produits, y compris deux guerres barbaresques entre les États-Unis et les États barbaresques, jusqu'à ce que leur activité ait finalement pris fin avec la conquête française d'Alger en 1830. » (Wikipédia).
Les barbaresques auront donc accompli leurs forfaits pendant 1000 ans.
Le grand écrivain espagnol Miguel de Cervantes fut capturé en mer par les barbaresques le 26 septembre 1575 et resta prisonnier des pirates pendant 5 ans à Alger : « On me mit une chaîne, plutôt en signe de rachat que pour me tenir en esclavage, et je passais ma vie dans ce bagne, avec une foule d'hommes de qualité désignés aussi pour le rachat. Bien que la faim et le dénuement nous tourmentassent quelquefois, et même à peu près toujours, rien ne nous causait autant de tourment que d'être témoins des cruautés inouïes que mon maître exerçait sur les chrétiens. Chaque jour, il en faisait pendre quelques-uns ; on empalait celui-là, on coupait les oreilles à celui-ci et cela pour si peu de chose, ou plutôt tellement sans motif, que les Turcs eux-mêmes reconnaissaient qu'ils ne faisaient le mal que pour le faire et parce que son humeur naturelle le portait à être le meurtrier de tout le genre humain ».
La Constitution des deux pays est fondée sur deux gros mensonges
J’ai bien parlé, dans le titre de cet article, de la « désagrégation avancée des deux nations », et non pas « des deux gouvernements » ou « des deux Etats » car il faut inclure les peuples français et algérien dans cette déliquescence en cours parce que ni l’un ni l’autre, sauf quelques courageuses exceptions, ne s’est levé pour arrêter le processus de déclin initié par leurs gouvernements corrompus ni pour se libérer des contraintes que les hommes de pouvoir ont fait peser sur eux.
Ce n’est pas seulement le corps physique de ces nations qui a été atteint mais aussi le corps éthérique, vital, l’âme, que des forces extérieures malsaines ont commencé à ronger.
Ce processus de décadence a commencé en 1962, pour les deux pays, lors de l’exode massif des Européens d’Algérie obligés de se réfugier, pour la plupart, en France - cette France qui les avait abandonnés - sous la menace des barbares islamistes qui ont pris le pouvoir en Algérie et qui ne leur ont laissé d’autre choix que « la valise ou le cercueil », et ce n’était pas juste une formule. Beaucoup d’entre eux ont payé de leur vie sa vérification.
Les indigènes, d’origine kabyle d’abord et arabe ensuite, qui ont proliféré[5] sur le territoire que les Français ont dénommé « Algérie », parce qu’il fallait bien lui trouver un nom, se sont rapidement retrouvés sans ressources alors que la France, représentée par les Français d’Algérie, leur avait laissé un morceau du pays (13 départements français en parfait état de fonctionnement[6]) qu’ils ont lentement laissé se dégrader, ne voulant pas, et ne sachant pas, l’entretenir.
La première Constitution algérienne a vu le jour en 1963, constamment révisée, elle a consacré la dictature du parti unique islamique, le FLN, aux mains des militaires au pouvoir depuis 1962.
En France, la Constitution du 4 octobre 1958 est celle qui a fondé la Cinquième République et qui est toujours valide. Ce sont les Européens d’Algérie qui en sont à l’origine puisque ce sont eux qui ont alors appelé De Gaulle pour rétablir l’ordre en Algérie d’abord et, par voie de conséquence, en France.
Le Mensonge de De Gaulle en 1958 : il n’a jamais eu l’intention de garder l’Algérie à la France
Ce que les Pieds-Noirs ont reproché à De Gaulle, ce sont surtout ses mensonges et les conditions épouvantables[7] dans lesquelles ils ont été contraints de quitter leur terre.
De Gaulle est arrivé au pouvoir grâce aux Pieds-Noirs en leur faisant croire qu’il œuvrerait pour le maintien de la France en Algérie alors qu’il savait déjà qu’il ne respecterait pas les nombreuses promesses qu’il avait faites à la foule des Français d’Algérie et des musulmans fidèles à la France réunis par dizaine de milliers dans les villes d’Algérie en 1958 auprès de laquelle il venait porter la (fausse) bonne parole. Ne déclarait-il pas pertinemment le 16 septembre 1959 à l’ancienne RTF : « Depuis que le monde est monde, il n’y a jamais eu d’unité, ni à plus forte raison, de souveraineté algérienne. Carthaginois, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes syriens, Arabes de Cordoue, Turcs, Français, ont tour à tour pénétré le pays sans qu’il y ait eu à aucun moment, sous aucune forme, un Etat algérien. »
D’autant plus que le terme lui-même, « Algérie », a été inventé par le général Schneider en 1839. Cette seule citation de De Gaulle suffirait pour exonérer les Français d’Algérie de tout procès d’occupation d’un « pays qui ne leur appartenait pas », puisqu’il n’appartenait à personne[8] et qu’ils ont su le mettre en valeur et mettre en valeur ses richesses au-delà de toute espérance. On se souviendra de la phrase du Bachaga Boualem (photo), qui fut un temps vice-président de l’Assemblée nationale française, chef de la tribu des Beni-Boudouane, musulmans fidèles à la France, né à Soukh Arhas (comme le « pied-noir » de l’époque romaine, Saint-Augustin) : « Que de volonté il a fallu à ces premiers Pieds-Noirs dans ce pays hostile, luttant contre la fièvre, la chaleur, les pillards. Le fils à la charrue, la fille à pétrir le pain, la femme à soigner les musulmans, ils ont tout sacrifié à cette terre[9]. »
De Gaulle avait confié à Alain Peyrefitte, qui l’a retranscrite dans C’était de Gaulle, cette assertion : « Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ! ».
Ce qui s’est effectivement produit, avec et sans De Gaulle, qui n’a pris aucune mesure pour empêcher cette invasion alors qu’il en était encore temps et qu’il était donc parfaitement conscient du danger. Il a disposé de six années pour contrer cette menace. Qu’a-t-il fait ?
Que ce départ des Français d’Algérie ait été inéluctable est une autre question, question d’autant plus épineuse que les militaires français avaient gagné sur le terrain la bataille contre les terroristes islamiques du FLN.
Cette victoire est d’autant moins étonnante que, même après les horribles massacres dont ils ont été victimes, les musulmans fidèles à la France étaient au moins 4 fois plus nombreux que les partisans de la séparation.
Selon Bernard Lugan, qui se base sur des sources parlementaires algériennes, les trois-quarts des 2 millions de porteurs de la carte de moudjahidine sont des faux. « Le mythe d’un peuple unanimement dressé contre le colonisateur connaît donc de sérieuses lézardes. D’autant plus que ceux que l’histoire officielle présente comme une minorité de « collaborateurs » et de « traîtres » semblent avoir été plus nombreux que les moudjahidines… En effet, (…) alors que le processus menant à l’indépendance était clairement engagé, 307.146 Algériens servaient alors dans l’armée française (selon les minutieux registres de cette même armée, NDLR) contre environ 65.000 moudjahidines. »
C’est à ce même moment de victoire totale de la France contre les rebelles que De Gaulle leur a offert cet immense territoire français (2.382.000 km2, dont 2.000.000 de km2 pour le seul Sahara qui regorge de ressources naturelles, notamment pétrolifères) sans contrepartie, si ce n’est ces scandaleux « Accords d’Evian » qui n’ont jamais été respectés par le FLN.
Pourquoi avoir envoyé à la mort ces dizaines de milliers de soldats français, de Pieds-Noirs, de harkis, sachant que c’était en pure perte[10] ?
Cette félonie ne lui a pas réussi puisqu’il a été obligé de quitter le pouvoir six ans après sa trahison. La décadence française n’a cessé de s’amplifier après sa forfaiture, chaque président de la France se révélant plus nocif et plus anti-Français que son prédécesseur, chacun rivalisant d’ingéniosité pour détruire le pays qu’il était chargé d’administrer, jusqu’à l’apothéose : Macron. Il faut beaucoup d’imagination pour concevoir pire que lui dans l’avenir.
Le Mensonge du pouvoir algérien en 1954 : le FLN était composé d’islamistes et non d’indépendantistes
Dans une interview au Monde datée du 4 décembre 1980, Ben Bella, le premier président de la République algérienne déclarait : « Plus que l’arabisme, c’est l’islamisme qui offre le cadre les plus satisfaisant, non seulement parce qu’il est plus large et donc plus efficace » et il avouera au même journaliste que le nationalisme ne fut « qu’une posture, une tactique, une ruse ».
« D’aucuns diraient une manifestation de la taqîya, disposition coranique qui autorise la dissimulation de ses objectifs religieux… » rajouteront les journalistes de Valeurs actuelles dans le remarquable hors-série n° 21 qu’ils ont publié sur la guerre d’Algérie.
C’est donc le chef du FLN lui-même qui reconnaît que l’objectif principal qui avait motivé cette rébellion n’était pas d’ordre politique mais religieux ; ce n’était pas le nationalisme, façon romantique, dont s’étaient entiché les progressistes de l’époque (qui serviront de « porteurs de valise » aux terroristes), ni même le panarabisme qui était le but de ce soulèvement brutal et inattendu, mais l’islamisation de la population indigène[11]. On comprendra ensuite que ce qui intéressait vraiment les moudjahidin, les « combattants de la foi », c’était le djihad, la guerre sainte et puis, ensuite, la prise de pouvoir et la mise en place d’une organisation stricte pour garder ce pouvoir, et surtout pour contrôler le profit que génèrera l’énorme cadeau que leur avait fait De Gaulle en leur offrant le Sahara.
Il suffisait de désigner la colonisation et la France comme uniques responsables des déboires de leur population afin de masquer la corruption des dirigeants et leur incapacité à gouverner ; j’ai décrit dans un article précédent daté du 8 juin 2024, Les Algériens exigent de la France repentance et compensations : Ah bon ? Et de quel droit ? la façon dont les dirigeants algériens ont, depuis leur accession au pouvoir en 1962, élaboré et entretenu un sentiment de haine de la France et des Français auprès de leur population, et particulièrement de leur jeune population, ce qui explique le comportement excessivement agressif et les intolérables exactions des jeunes Algériens, Franco-Algériens ou Français d’origine algérienne à l’encontre du pays qui les accueille et qui les nourrit[12].
Pierre-Emile Blairon
Notes:
[1] https://tvl.fr/algerie-macron-l-humiliation-de-trop-jt-du-mercredi-16-avril-2025
[2] Bernard Lugan, Histoire des Algéries des origines à nos jours, 2025, p.19., édition Ellipses.
[3] Y compris la Russie, NDLR.
[4] Voir mon ouvrage : Guide secret de la Côte d’Azur, éditions Ouest-France, p. 18-19.
[5] La population indigène a été estimée à 2,5 millions d’habitants en 1830, 12 millions en 1962 et elle est évaluée à 47 millions en 2025 ; voir aussi les études du CDHA : https://www.cdha.fr/partie-1-levolution-demographique-de-lalgerie-francaise-et-ses-consequences
[6] L’Algérie n’était pas une « colonie » française comme on ne cesse de le répéter ; c’était une partie du territoire français constituée par 13 départements français.
[7] Voir notre article : https://nice-provence.info/2023/07/07/oran-5-juillet-1962-fin-un-monde/
[8] « Le dey Mustapha Pacha régnait en maître absolu au nom du sultan de Constantinople sur les 40 000 habitants d’Alger et, de manière plus informelle, sur les 2 millions d’Arabes et de Berbères qui peuplaient le reste du pays divisé en plus de 1000 tribus dont à peine le tiers lui acquittait l’impôt. » (Comment l’Algérie devint française, Georges Fleury, éditions Perrin)
[9] Pour remettre les idées à l’endroit, prenez le temps de regarder cette courte vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=fZGWsnc1SJ8
[10] Nous pourrions nous retrouver dans la même situation si Macron persiste à provoquer la Russie alors que tout le monde connaît l’issue de cette bataille qui serait fatidique pour la France.
[11] Les premières victimes et les plus nombreuses de la guerre d’Algérie (environ 200 000) furent des musulmans pour la plupart abominablement torturés, que les membres du FLN voulaient montrer en exemple à leurs coreligionnaires afin de les dissuader de collaborer avec les Français, ce qu’ils avaient fait en toute bonne conscience depuis des générations.
[12] Voir mon article du 8 juin 2024 : https://nice-provence.info/2024/06/08/algeriens-exigent-france-repentance-compensations-de-quel-droit/
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