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samedi, 22 mars 2008

Guerres latentes et stratégie des "Contras"

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Guerres latentes et stratégie américaine des "Contras"

Parmi les éléments clefs de la doctrine de Reagan, intro­dui­te au début des années 80, il y avait l'application de la tac­tique de la guerre indirecte, par le truchement de groupes criminels, agissant au titre de marionnettes (cf. les termes "War by proxy", guerre par procuration, et "Contras strategy", stratégie des contras). Cette stratégie a été ap­pliquée à grande échelle au Nicaragua, un pays qui, pen­dant plusieurs années consécutives, a subi une attaque de la part des Etats-Unis, par le biais d'unités composées de ban­dits (les "Contras"), entièrement financées, armées et en­traînées par les Etats-Unis.

La Cour de La Haye avait condamné les stratégies américaines

En vue d'examiner la stratégie américaine consistant à me­ner des guerres indirectes (la "stratégie des Contras") à la lu­mière de la législation internationale positive, il faut préalablement se référer à la décision de la Cour Inter­na­tio­nale de La Haye, qui constitue un précédent valable. En 1986, cette Cour a condamné les actes de terrorisme in­ter­national, tels qu'ils avaient été mis en forme par la politi­que étrangère américaine à la suite de la "Doctrine Rea­gan". Au cours du procès "Nicaragua against the US", la Cour internationale a dit que les Etats-Unis avaient violé la lé­gi­slation internationale, à la suite d'actes d'agression prou­vés. La sentence de la Cour a été énoncée comme suit:

«(3) Considérant que les Etats-Unis, en entraînant, fournis­sant, finançant, équipant et armant les forces des Contras, et également en encourageant, maintenant et organisant des opérations militaires et para-militaires contre le Nica­ra­gua et sur le territoire de ce pays, ont agi contre la Répu­blique du Nicaragua, en contrevenant de manière flagrante les normes de la législation internationale communément acceptée, en intervenant dans les affaires intérieures d'au­tres pays.

(4) [La Cour] estime dès lors que les Etats-Unis d'Amérique ont commis des attaques armées contre Puerto Sandino le 13 septembre et le 14 octobre 1983, et ont également com­mis d'autres actes d'intervention, tels que mentionnés dans le paragraphe 3 de la présente sentence, y compris l'usage de la force militaire contre la République du Nicaragua, en contrevenant de manière flagrante les normes de la législa­tion internationale communément acceptée, qui rejettent les interventions dans les affaires intérieures d'autres pays» (1).

«L'élément, la composante, de violence est particulière­ment évidente dans le cas d'une intervention soutenue par l'usage de la force - dans sa forme ouverte, par un usage di­rect de la force militaire, ou dans sa forme latente, par le soutien apporté aux actions terroristes et subversives se déroulant sur le territoire d'un autre Etat» (3).

En outre, il nous semble bon de rappeler ici que, durant les sessions du Premier Tribunal Russell International, qui examinait les crimes de l'armée américaine au Vietnam, le célèbre philosophe britannique Lord Bertrand Russell, de con­cert avec Jean-Paul Sartre, a déclaré, en tant que re­pré­sentant principal de ce Tribunal, que "les Etats-Unis con­sidéraient le Vietnam de la même façon que Hitler avait considéré l'Espagne". Si Lord Russell était toujours vivant, il ajouterait aujourd'hui que les Etats-Unis considèrent la You­goslavie comme Hitler considérait l'Espagne.

Dans son message adressé au Second Tribunal Russell In­ter­national, qui examinait les crimes contre la paix et contre l'hu­manité, ainsi que les crimes de guerre américains en A­mérique latine, Lord Russell a déclaré: «Les formes moder­nes d'agression internationale consistent à établir des régi­mes marionnettes, servant les intérêts d'Etats étrangers. La caractéristique principale de ces régimes marionnettes ré­si­de dans leur fonction, qui est de garantir la continuité des investissements étrangers (soit l'expansionnisme géopoliti­que étranger). Ces gouvernements marionnettes liquident bru­talement tous les opposants politiques qui osent dé­non­cer le comportement collaborationniste de ces marionnet­tes… Les Etats-Unis emploient la CIA dans ce sens et dépen­sent des millions de dollars pour acheter, tuer ou renverser les gouvernements qui résistent à l'impérialisme américain" (4).

Détruire tout Etat souverain existant et le transformer en marionnette obéissante

L'établissement de régimes marionnettes est historique­ment l'une des méthodes traditionnelles, bien éprouvée, de la politique américaine pour détruire la souveraineté des pays et pour réduire les peuples en esclavage. Dans cette optique, il est désormais nécessaire de considérer ces mé­tho­des comme des actes d'agression, relevant de tribunaux internationaux. Ce type d'agression a été baptisé "guerre la­tente" (5), qui se présente assez souvent comme des for­mes de conflits internes ou de guerres civiles, qui sont, en coulisses, et à tous les niveaux pratiques, dirigés par des hommes de l'Amérique ou par des marionnettes. Le but d'une "guerre latente" et des politiques de coercition me­nées par les Etats-Unis est "de détruire tout Etat souverain existant ou de le transformer en une marionnette obéissan­te" (6). La condamnation de la doctrine Reagan, telle qu'el­le a été formulée par le Tribunal international de La Haye, n'a pas eu le moindre effet sur la logique terroriste de la politique internationale des Etats-Unis. Aspirant à exercer une domination absolue sur la planète entière, guidés par une idéologie impérialiste et par un nihilisme et un révi­sion­nisme en matière de droit international, les Etats-Unis, après la désintégration de l'Union Soviétique, sont enclins à mettre en œuvre des tactiques voire à déclencher une guer­re indirecte même en Europe: ce fut le cas en Bosnie et au Kosovo.

D'après les témoignages recueillis par le Tribunal Interna­tio­nal chargé d'investiguer les crimes de guerre américains en Yougoslavie, et dirigé par l'ancien Ministre américain de la Justice, Ramsey Clarke, il appert clairement que la CIA a créé, armé et financé de toutes pièces un gang de terro­ristes albanais (la soi-disant "Armée de Libération du Koso­vo", ALK, ou, en albanais, UCK) en Yougoslavie. Dans le but de financer cette ALK, la CIA a installé partout en Europe des structures criminelles et mafieuses, très bien orga­ni­sées sur le plan de la contrebande de stupéfiants et du nar­co-trafic.

Narco-trafiquants tchétchènes et albanais: héritiers des Contras du Nicaragua

Quand on lit les témoignages apportés à ce Tribunal Inter­na­tional et concernant l'organisation par les Etats-Unis de bandes criminelles armées sur le territoire de la Yougo­sla­vie, on peut aisément tracer un parallèle avec les bandes similaires de Tchétchénie. Dès 1995, des informations di­verses permettaient d'attester que les bandits guerilleros sé­paratistes de Dudaïev avaient été entraînés dans des camps de la CIA au Pakistan et en Turquie. Désormais plus aucun observateur sérieux ne peut infirmer que les terro­ris­tes guerilleros tchétchènes sont les équivalents des Contras du Nicaragua ou que les combattants de l'UCK (ALK) du Ko­sovo actuel.

Le ministre russe de la défense, le Maréchal Igor Sergueïev, a déclaré à juste titre que les Etats-Unis visent à "établir un contrôle complet sur le Caucase du Nord", d'où le conflit qui oppose l'armée russe aux gangs tchétchène, qui sont un pion dans les manipulations géopolitiques des Etats-Unis.

Le Maréchal Igor Sergueïev observe ensuite que le conflit militaire de Tchétchénie est une forme intermédiaire d'a­gres­sion militaire américaine contre la Russie. Les troupes russes qui luttent contre les gangs tchétchènes, résistent en fait contre une attaque de l'expansionnisme américain, visant à installer l'hégémonie des Etats-Unis dans le Cau­ca­se.

Nikolaï von KREITOR.

(Texte russe: http://lieber-engel.virtualave.net/vk-6.htm... )

Notes:

(1)     "Nicaragua vs. The United States of America" [1986, I.C.J., June 27, 1986 / Opinion de la Court]; cf. également Michael Riesman & Chris Antonius, The Laws of War, Vintage Books, New York, 1994, pp. 17-18.

(2)     Ibid., p. 98 (§205).

(3)     Ibid., p. 98 (§205), p. 99 (§209); cf. également Antonio Cassese, Violence, War and the Rule of Law in the Inter­national Community, in: David Held (ed.), Political Theory To­day, Stanford University Press, Stanford, 1991, p. 269.

(4)     Message de Bertrand Russell au "Tribunal contre le Crime du Si­­lence", in: Proceedings of the International War Crimes Tri­bunal, Clarion Books, Simon & Schuster, New York, 1970, p. 38.

(5)     Harry Magdoff, The Age of Imperialism, Monthly Review Press, New York, 1969; voir également, International Security - The Mi­litary Aspect, Report of Panel II of the Special Studies Pro­ject of Rockefeller Brothers Fund, Doubleday and Co., New York, 1958, p. 24.

(6)     Antonio CASSESE, id., p. 267; Tom Farer, «Political and Eco­no­mic Coercion in Contemporary International Law», in: Ame­ri­can Journal of International Law, 79, 1985, p. 408.

 

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