mardi, 07 juillet 2009
Bibliographie sur les événements de "Yougoslavie"
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1992
Bibliographie sur les événements de «Yougoslavie»
Pour comprendre la question croate
Walter SCHNEEFUSS, Die Kroaten und ihre Geschichte, Wilhelm Goldmann Verlag, Leipzig, 1942.
Cet ouvrage a paru pendant la guerre, au moment où l'Allemagne hitlérienne soutenait l'Etat oustachiste d'Ante Pavélic. Son analyse de la réalité politique, par conséquent, est marquée par ce contexte et n'a plus aucun intérêt aujourd'hui. En revanche, son esquisse de l'histoire de la Croatie, depuis l'arrivée des premières tribus croates, en passant par les époques byzantines, italiennes, ottomanes et hongroises est l'une des présentations les plus claires de la question qui ait jamais été publiée en Europe de l'Ouest. L'auteur reconnaît les erreurs des administrations autrichienne et hongroise en Croatie, ce qui a suscité des désirs d'unification yougo-slave chez les intellectuels croates. Mais ces aspirations ont été dénaturées par la monarchie des Karageorgevitch. Les Croates ont alors revendiqué leur indépendance. Un livre à rechercher chez les bouquinistes!
Wolfgang LIBAL, Das Ende Jugoslawiens. Chronik einer Selbstzerstörung, Europaverlag, Wien/Zürich, 1991, 176 S., DM 29,-/öS 198,-. ISBN 3-203-51135-5.
Correspondant de plusieurs agences de presse et journaux allemands, suisses et autrichiens, Wolfgang Libal (né en 1912) est l'un des plus éminents spécialistes ès-affaires balkaniques de langue allemande. Son verdict: la «Seconde Yougoslavie» de Tito est morte. Elle vient de connaître le même sort que la «Première Yougoslavie» des Karageorgevitch. Elle a succombé à ses contradictions internes. Aucun des peuples de l'espace sud-slave n'a accepté l'hégémonie serbe puis serbo-communiste. Le poids du passé, des différences de tous ordres forgées au cours des siècles qui nous ont précédés, a pesé plus lourd que la volonté politique d'unir cette région d'Europe. Le livre de Libal retrace les péripéties de la vie politique et parlementaire yougoslave de 1918 à 1934, date de l'assassinat à Marseille du Roi Alexandre par les Macédoniens et les Oustachistes de Pavelic. Dans les querelles entre centralistes et fédéralistes, séparatistes et royalistes, nous retrouvons tous les clivages de l'espace yougoslave.
Jens REUTER, «Der Bürgerkrieg in Jugoslawien. Kriegsmüdigkeit, Kriegspsychose und Wirtschaftsverfall», in Europa Archiv. Zeitschrift für Internationale Politik, 1991/Nr. 24, 25.12.1991.
Bimensuel édité par la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik, Verlag für Internationale Politik, Bonn (Adenauerallee 131, D-5300 Bonn). ISSN 0014-2476.
L'auteur examine l'état des «mouvements pour la paix» (la «Marche des Mères», la «Caravane de la Paix», le «Referendum contre la guerre», etc.) en Serbie et en Voïvodine. Le gros de la population est hostile à la guerre. Mais le gouvernement tolère les parades de Tchetniks armés dans les rues et sur les places de marché de Belgrade. Le commerce des armes est libre et les partisans serbes peuvent vendre le produit de leurs pillages sur les marchés. Mais 30% seulement des réservistes serbes ont rejoint leurs unités lors de la mobilisation de l'automne 1991. A Belgrade, moins de 10%! Au Monténégro, 40% des rappelés ont répondu. A Zagreb, règne une psychose paralysante: les irréguliers serbes ne campent pas loin de la capitale croate.
Reuter se penche ensuite sur le problème des désertions, au début de l'automne 91: Bosniaques et Macédoniens ne veulent plus servir dans l'armée fédérale. En Macédoine, les fonctionnaires font disparaître les listes d'appelés; quelques jours plus tard, le Président macédonien Kiro Gligorov et son parlement décident officiellement de ne plus envoyer de soldats dans l'armée fédérale. La situation économique est catastrophique: en Serbie, la planche à billets fonctionne sans interruption, annonçant une inflation sans précédent; la Serbie a néanmoins pu dégager de substantiels surplus agricoles; en Croatie, l'économie est bloquée à cause des combats; la Slovénie a perdu 23% de son marché, qui était auparavant inter-yougoslave.
Wolfgang WAGNER, «Acht Lehren aus dem Fall Jugoslawien», in Europa Archiv. Zeitschrift für internationale Politik, 1992/2, 25.1.1992 (réf. et adresse ci-dessus).
Wagner énonce huit leçons de la crise yougoslave.
1. Quand l'Europe était partagée en deux blocs, elle vivait davantage en paix qu'à l'heure actuelle, où cette confrontation globale a disparu.
2. Les élections libres ne sont plus une garantie de voir les peuples vivre côte à côte en harmonie.
3. Il est faux de croire que la guerre a cessé d'être perçue comme moyen de la politique en Europe, malgré les expériences tragiques des deux guerres mondiales.
4. Les Etats-Unis ne veulent pas intervenir en Europe. Ils estiment que c'est le rôle des Européens de faire respecter les grands principes humanitaires dans les Balkans.
5. L'idée qu'il faut intervenir dans les affaires intérieures d'un Etat qui ne respecte pas les droits de l'homme reste une pure vue de l'esprit. Les réalités politiques continuent à s'imposer, dans toutes leurs dimensions tragiques, en dépit de ce vœu pieux, lancinant depuis la SDN.
6. Les moyens d'empêcher toute effusion de sang dans un conflit politique demeurent faibles.
7. Vu leur impuissance à agir et à résoudre les conflits, les gouvernements cherchent des dérivatifs humanitaires ou diplomatiques, non pas pour résoudre les problèmes par d'autres voies mais pour éviter qu'on ne leur reproche leur inaction.
8. Ni l'Europe ni le monde ne disposent d'une organisation internationale capable d'enrayer et d'arrêter les conflits contre la volonté de leurs protagonistes.
Waldemar HUMMER u. Peter HILPOLD, «Die Jugoslawien-Krise als ethnischer Konflikt», in Europa Archiv. Zeitschrift für internationale Politik, 1992/4, 25.2.1992.
Les auteurs partent du constat qu'en dépit des expulsions massives de minorités (surtout allemandes) après 1945, les conflits inter-ethniques en Europe demeurent aigus. La crise «yougoslave» en est la plus sanglante illustration. Tito avait réussi à maintenir l'équilibre entre les différents peuples de Yougoslavie en introduisant des mécanismes de rotation du personnel politique et administratif. Mais cet équilibre était précaire. Dès la mort du Maréchal, les troubles ont commencé au Kosovo, conduisant, par la suite, Belgrade à réduire l'autonomie accordée en 1963 à cette province ethniquement albanaise à 90%. Hummer et Hilpold analysent les textes de la nouvelle constitution croate et constatent que les règles de protection des minorités, telles qu'elles ont été élaborées par les instances européennes, sont respectées. La constitution croate prévoit également l'autonomie des communes de la Krajina, où les Serbes sont majoritaires. Les Serbes, opposés au nouvel Etat fédéral croate, contestent le principe de territorialité qui préside à l'attribution ou à la non-attribution des droits de minorité, comme l'emploi de la langue serbe (rédigée en caractères cyrilliques). Pour eux, l'emploi de la langue serbe devrait être possible partout sur le territoire de la Croatie indépendante. Ensuite, les droits des minorités doivent reposer sur le principe de réciprocité: si l'Etat A accorde des droits à la minorité B, majoritaire dans l'Etat B voisin, cet Etat B doit accorder les mêmes droits à la minorité A, majoritaire dans l'Etat A. Les Croates sont prêts à accorder ces droits aux Serbes de Croatie, à la condition que les Croates de Serbie jouissent exactement des mêmes droits. Les Slovènes ont exigé de l'Italie qu'elle accorde les mêmes droits aux 100.000 Slovènes d'Italie qu'accorde la Slovénie aux 3000 Italiens qui résident sur son territoire. Rome a refusé!
00:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, yougoslavie, balkans, bibliographie, histoire, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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