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jeudi, 30 janvier 2025

L’extrême-droite en Europe: tout va changer pour que rien ne change

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L’extrême-droite en Europe: tout va changer pour que rien ne change

Pierre-Emile Blairon

Toujours en retard d’une guerre ou, en l’occurrence, d’un changement de pouvoir aux Etats-Unis, l’extrême-droite française tente de sauver la face en vantant les mesures radicales prises par la nouvelle administration Trump ; c’est le choix fait in extremis par Marion Maréchal en étant présente à l’investiture du nouveau Président américain ; elle tente de sauver les meubles face au Président du RN, Jordan Bardella, qui a stupidement moqué les figures politiques françaises qui ont fait le voyage à Washington.

Las, cette « extrême-droite » n’est plus crédible : en voulant se « dédiaboliser », c’est-à-dire en renonçant à ses fondamentaux et à ses convictions, elle a donné trop de gages à l’idéologie « woke » qui régissait l’ancienne administration américaine qui n’a plus sa place aux Etats-Unis. Mais qui sévit toujours en France et en Europe (celle de Bruxelles) pour le plus grand bonheur de Trump qui verrait d’un mauvais œil une nouvelle Europe se réveiller et redevenir une concurrente pour l’Amérique qu’il espère great again.

Ce n’est donc pas L’Amérique américaine de Trump qui servira de modèle à une éventuelle Europe dont Trump ne veut pas mais, comme si l’ancien deepstate de Biden avait choisi de se réfugier en Europe, c’est sur les bases décadentes de ce dernier que va se restructurer la nouvelle élite européenne où l’extrême-droite prendra vraisemblablement une position dominante.

L’Europe identitaire des peuples, des menhirs et des cathédrales, de l’honneur et des combats, c’était celle d’hier et ce n’est pas encore celle de demain.

Chauve qui peut !

« Je suis revenu d’entre les chauves » a récemment déclaré au Parisien l’ancien Premier ministre Edouard Philippe qui, souffrant d’alopécie, a vu soudain, ô miracle, ses cheveux repousser.

Il est surtout revenu d’entre les morts… politiques grâce à Marion Maréchal qui a ressuscité l’un des personnages les plus falots de la vie politique française.

Elle a en effet émis l’hypothèse que, dans une (très) large coalition de la « droite », il serait envisageable « qu’on puisse un jour travailler avec des gens comme Edouard Philippe ou une partie des macronistes de centre-droit[1] » (RMC les Grandes Gueules, 23 janvier 2025)

Il faut dire que « l’Etat profond » français n’a pas cessé de soutenir le Young world leader Edouard Philippe (promotion 2011) après son départ de Matignon le 3 juillet 2020.

Il va alors créer en 2021 un parti nommé Horizons qui se situera à « droite » de la majorité présidentielle pour annoncer, en 2024, qu’il sera candidat à la Présidence en 2027.

Ce que j’appelle « l’Etat profond » français est essentiellement constitué par les classes politique, médiatique et oligarchique (la dernière, représentée par la petite caste des milliardaires français, possédant la deuxième qui, elle-même, influence la première).

Cette expression, « Etat profond », en traduction française mot à mot, a une signification plutôt approximative.

En anglais, ou plutôt en américain, « deep state », elle désigne habituellement les forces occultes (qui me paraît une traduction plus judicieuse), qui gouvernaient l’Amérique avant la prise de pouvoir de Trump et qui sont en passe d’être éradiquées tout au moins aux Etats-Unis.

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Quelle mouche a piqué Marion Maréchal ?

Les observateurs, comme on dit, ne s’attendaient pas à une telle prise de position de la belle et fringante députée européenne, surtout quelques jours après le décès de son mythique grand-père qui voit, une fois de plus et, cette fois post-mortem, son combat trahi au sein de sa propre famille. On appréciera à sa juste valeur la remarque ironique -mais cinglante - de Campagnol tvl : « La petite fille de l'éborgné fricote avec l'éborgneur », l’éborgneur désignant Edouard Philippe dans sa gestion féroce de la révolte des Gilets jaunes.

Car, dans l’exercice que s’est imposé Marion Maréchal, il faut maîtriser l’art du grand écart, ou celui de la schizophrénie (dans ce dernier cas, il ne s’agit pas d’une maladie psychiatrique, mais de la faculté de se dédoubler avec élégance, en n’y laissant rien paraître) pour, en même temps, comme dirait l’autre, pratiquer le discours souverainiste, si ce n’est nationaliste, constitué de l’annonce de mesures fermes et de bon sens qu’attendent les Français qui ont apporté leurs voix à « l’extrême-droite » et, d’un autre côté, prôner un rapprochement avec des politicards de métier (la « droite ») dont elle sait pertinemment qu’ils n’ont pas la moindre conviction, sinon celle de leur durée pantouflarde et rémunératrice au sein du Système et qu’ils se contentent de gesticulations verbales pour faire croire qu’ils vont prendre, enfin !, des décisions.

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L’affaire Retailleau-Némésis

La récente affaire Retailleau-Némésis est symptomatique, voire caricaturale, de ce comportement.

Selon Sud-Ouest-AFP du 24 janvier 2025, « mardi, lors d’une conférence sur la sécurité intérieure, Bruno Retailleau a voulu « féliciter » Alice Cordier, présidente et fondatrice du collectif Némésis présente dans la salle, qui lui avait demandé la dissolution de La Jeune Garde antifasciste, un mouvement d’extrême gauche. « Bravo pour votre combat. Vous savez que j’en suis très proche », a déclaré le ministre… »

Mais le ministre de l’Intérieur a rapidement fait marche arrière en répondant à la journaliste Sonia Mabrouk : « J’ai vu, après, que c’était une association qui avait des positions très radicales, qui avait très brutalement d’ailleurs, par exemple, attaqué Valérie Pécresse, et je ne me sens pas du tout proche de cette association en tant que telle. »

Marion Maréchal a accordé à Benjamin Duhamel un entretien sur BFMTV le 23 janvier 2025 [1].

Le journaliste lui demandait, après avoir souligné que la députée RN Laure Lavalette avait dit de Bruno Retailleau qu’il « pourrait être le porte-parole du RN », ce qu’elle pensait du ministre de l’Intérieur qui félicitait la présidente du groupe Némésis, en précisant toutefois que ses proches avaient souligné que Retailleau « ne semblait pas tout à fait savoir ce qu’était le collectif Némésis ».

Marion Maréchal, qui avait anticipé, en toute connaissance de cause, ce qui allait se passer avait répondu qu’elle approuvait totalement les paroles de Retailleau sur Némésis avec, toutefois, un bémol « Je ne suis pas dans la tête de Bruno Retailleau, j’espère qu’il n’y aura pas de rétropédalage » prouvant ainsi qu’elle n’était pas dupe du comportement de cette droite dont elle souhaite rassembler les diverses composantes.

Le refus d’être soi-même et de défendre ses convictions

C’est l’art du mensonge et de l’illusion, une attitude qui peut payer à court terme, qui peut donner le change, artificiellement et superficiellement, mais qui ne tient pas sur la longue durée, ni confrontée à la vérité et aux exigences morales et spirituelles qui se font jour à nouveau contre le délitement de notre cadre de vie et la décadence de nos élites.

Le double discours, mais surtout la double attitude de Marion Maréchal, comme celle de sa tante Marine Le Pen ou du président du RN, Jordan Bardella, n’a pas de quoi nous surprendre ; c’est une constante depuis l’éviction de Jean-Marie Le Pen de son propre parti, le Front national, par sa fille en manque de respectabilité « républicaine » et, surtout, depuis le premier débat présidentiel Marine Le Pen-Emmanuel Macron où l’on a vu Marine le Pen refuser de donner ses propres arguments pour contrer les attaques de Macron, et bis repetitam avec le deuxième débat des présidentielles pour la deuxième investiture de Macron à la présidentielle. Nous avons régulièrement traité de ces curieux comportements qui s’apparentent à de véritables forfaitures dans nos colonnes depuis de nombreuses années.

Ce double discours a cependant permis au RN de rassembler les voix de près de 11 millions de Français ainsi grugés, et souvent contents de l’être, et ces voix constituent désormais un réservoir à disposition de qui saura habilement les utiliser puisqu’il semble que le légitime détenteur de ce pactole, le RN, ne sait pas quoi en faire et, en tout cas, n’en fait rien, sauf à profiter pour ses députés des ors de la République car il y a longtemps que Macron aurait pu être dégagé par une motion de censure.

Rappelons enfin que le discours de l’actuelle « extrême-droite » essentiellement représentée par le RN et, à un degré moindre, par Reconquête, s’appuie presque exclusivement sur la dénonciation de l’immigration incontrôlée et de l’insécurité qui en découle, et il ne s’agit plus alors que de vœux pieux ou, encore une fois, de gesticulation verbale car les Etats européens n’ont aucune possibilité d’agir dans ce domaine en restant affiliés à l’Union européenne qui dicte avec de plus en plus d’intransigeance ses lois à l’ensemble des pays adhérents et, particulièrement en ce qui concerne la gestion idéologique de l’immigration qui va à l’encontre des intérêts des pays membres à qui l’Union européenne impose des frontières-passoires et l’impossibilité juridique d’expulser ses clandestins.

Pour toutes les autres questions de société, « l’extrême-droite » ne se distingue en rien de la droite molle, voire de la gauche, sur des sujets aussi importants et scandaleux que la pseudo pandémie, les pseudo vaccins dont on commence à constater les effets létaux, la guerre de l’OTAN contre la Russie sous faux drapeau ukrainien, les énormes sommes d’argent supposées alimenter cette guerre grâce à nos impôts mais dépensées en pure perte puisque destinées à un gouvernement ukrainien corrompu qui les détourne, la blague du réchauffement climatique et toutes les contraintes absurdes qui en découlent comme la discrimination sociale par la vignette crit’air, (qui en parle ? qui la dénonce ?), la désindustrialisation de la France par la mise en place d’une dictature pseudo écologiste (nos fabricants automobiles acculés à la faillite, les ventes à l’encan de nos perles technologiques…), l’avortement constitutionnel, l’extension des théories du genre dans nos écoles primaires… et il y aurait des dizaines d’autres récriminations à formuler si « l’extrême-droite » française avait encore la moindre conscience politique et la moindre attention pour le peuple dont elle a su s’attirer les voix.

Tous ces importants problèmes qui nous pourrissent quotidiennement la vie sont justement ceux que l’administration Trump a pris en compte dès le premier jour de son arrivée aux affaires par la signature de centaines de décrets qui vont abolir toutes ces incongruités que le deep state américain avait mis en place sous la présidence de la marionnette sénile, Joe Biden.

Marion Maréchal n’a que peu de légitimité à invoquer les mesures radicales effectivement prises par le président Trump alors que la plupart de ces mêmes scandales n’ont pas été dénoncés, ne serait-ce qu’en paroles, ni par elle ni par sa tante lorsqu’il en était temps, alors que certaines questions de société ou de politique prônées par le macronisme, la gauche et l’U.E. ont même été appuyées par l’une et l’autre, et aussi par le président du RN Bardella, tout simplement pour faire plaisir au Système et à la bien-pensance en vertu de la fameuse « dédiabolisation », et pour donner des gages de soumission sans même qu’on le leur demande.

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Les Young leaders

Revenons à notre mouton, Edouard Philippe, dont les sondages truqués annoncent régulièrement la victoire aux lointaines élections de 2027 alors que le personnage est totalement ignoré et oublié par l’ensemble des Français, mais c’est un Young leader, et c’est pour cette raison qu’il est poussé dans cette voie par ses mandants oligarques.

Qui sont ces Young leaders ? Il s’agit des alumni, mot latin qui signifie élèves, issus d’un programme mis en place par une école créée en 1981, un organisme privé d’obédience américaine, la French-American Foundation.

Cette école est le lien qui existe entre des personnages aussi disparates que François Hollande, Leonardo Di Caprio, Elon Musk, Nicolas Dupont-Aignan, Thomas Pesquet, Hillary Clinton, Valérie Pécresse, Charlize Théron, Emmanuel Macron, Marlène Schiappa, Christine Ockrent…

Difficile de leur trouver des points communs et de déterminer une méthode de sélection ; le fait est que beaucoup d’entre eux se sont bien intégrés dans le Système jusqu’à en devenir des piliers et d’autres s’en sont éloignés et ont réussi différemment.

Le Monde diplomatique de novembre 2016, sous la signature de Jean-Michel Quatrepoint, nous indique le but de cette entreprise : « Depuis 1981, cette fondation privée organise des séminaires de deux ans où une douzaine de jeunes Français côtoient les élites américaines de la même classe d’âge. Officiellement, l’objectif est de favoriser le dialogue franco-américain. En réalité, il s’agit de bien faire comprendre aux futurs décideurs français — entrepreneurs, responsables politiques, journalistes — les bienfaits de la mondialisation à l’anglo-saxonne. Certes, on constatera ultérieurement que, ici ou là, l’opération de séduction a échoué (avec M. Nicolas Dupont-Aignan, par exemple). Mais, dans l’ensemble, ces jeunes gens effectueront une brillante carrière au sein des structures de pouvoir et dans les affaires. Des personnalités qui ne feront pas dans l’antiaméricanisme…

Ce programme est révélateur de la stratégie d’influence des États-Unis. Celle-ci s’exerce de manière encore plus spectaculaire à travers le pantouflage des élites, notamment européennes, dans de grandes entreprises américaines. »

Est-ce une structure qui va perdurer avec l’arrivée au pouvoir de l’administration Trump ?

Voilà qui me paraît fort vraisemblable parce que cela ne peut que faire perdurer l’influence américaine en Europe ou, pour être plus précis, la soumission de cette dernière aux diktats américains.

L’extrême-droite européenne : une cible idéale pour Trump et Musk

La doctrine de Trump et de Musk consiste à protéger l’Amérique et les Américains des dérives décadentes qui ont empoisonné son pays à l’intérieur et, à l’extérieur, de maintenir coûte que coûte la prépondérance du dollar et l’hégémonie financière, industrielle et économique des USA, l’une et l’autre mises en danger par la création des Brics.

Dans un article fort intéressant paru dans Euro-synergies intitulé « Cher Monsieur Musk, nous n'avons pas besoin que vous nous disiez comment rendre l'Europe formidable [2] », l’auteur, Lorenzo Maria Pacini, démonte l’entreprise de séduction menée par Elon Musk afin de rallier à la cause américaine les extrêmes-droites européennes qui sont l’élément faible de la classe politique européenne, puisqu’elles sont novices en politique, pour la plupart sincères dans leur démarche, quelque peu naïves donc, puisque leurs idées n’ont jamais réussi à les porter au pouvoir jusqu’à une période très récente ; elles sont, d’autre part, prêtes à composer avec toutes les forces qui leur permettront d’accéder à ce pouvoir qu’elles briguent depuis tant d’années.

C’est donc principalement dans cette frange de l’offre politique que les Américains vont tenter de raffermir leur contrôle sur cette Union européenne qu’ils ont créée, ne l’oublions pas, après-guerre le 9 mai 1950, tel que nous l’annoncions dans notre article du 4 mars 2023 : L’Ukraine, berceau et tombeau des Européens [3] ? : « Cette Amérique sera tout aussi présente après la guerre pour créer un organisme à sa botte qui s’appellera l’Union Européenne. L’un des fondateurs de cette structure sera Jean Monnet, agent de la CIA selon Marie-France Garaud, Philippe de Villiers, François Asselineau et bien d’autres, tandis que d’autres fondateurs de cette institution comme Robert Schuman et le belge Paul-Henri Spaak tiendront le rôle de simples exécutants au service des États-Unis. »

C’est donc dans cette même perspective que Lorenzo Maria Pacini écrit pertinemment :

« La campagne de restructuration de l'élite politique européenne a littéralement commencé, avec le même spoil system qui est déjà utilisé depuis un certain temps aux États-Unis et qui se poursuivra bientôt, avec Trump au pouvoir à toutes fins utiles, à un rythme soutenu.

Comme l'a noté l'analyste italien Matt Martini, le soutien à l'AfD, à Meloni, à Le Pen, voire à Farage, visera probablement à renforcer le bloc militaire euro-atlantique et israélien, mais sans aucune possibilité de croissance pour l'Europe, qui devra être définitivement désindustrialisée en faveur de la réindustrialisation des États-Unis, selon toute vraisemblance.

L'idée serait de consolider un bloc euro-atlantique, au moins temporairement, avec des Etats-Unis renforcés et dotés d'une plus grande profondeur stratégique (idéalement après l'annexion du Canada et du Groenland s'ils y parviennent), avec une Europe, réduite à un tampon militaire et économique pour contenir la Russie. La même chose sera recherchée dans le Pacifique en direction de la Chine.

Incapables d'éviter l'urgence multipolaire, les États-Unis chercheront à ériger de hautes clôtures en se retranchant dans leurs propres zones d'influence ».

C’est donc en toute logique que Marion Maréchal suggère un rapprochement avec Edouard Philippe que les Américains du deepstate de l’époque Biden avaient choisi pour succéder à Macron.

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C’est aussi en toute logique que Marion Maréchal prend pour modèle Giorgia Meloni qui s’insère elle aussi dans cette restructuration de l’élite européenne soumise à l’Amérique, d’une part parce que le mari de la députée française est, lui aussi, député européen dans le groupe de Giorgia Meloni, Frères d’Italie, et, d’autre part, parce que cette dernière est pleinement en accord avec les options pro-européennes et pro-guerre de Marion Maréchal, ou vice-versa, et aussi parce qu’elle proche d’Elon Musk et d’Ursula von der Leyen.

Dans France-Soir, Xavier Azalbert, dans un article titré : Giorgia Meloni : un peuple averti en vaut deux, daté du 11 août 2023, écrit ceci qui va dans le sens du présent article et de ses références :

« Allons droit au but. Giorgia Meloni est un cheval de Troie. Volontairement ou involontairement, peu importe, elle permet la continuité d’une politique par d'autres moyens que la conviction et le respect de la parole électorale donnée. (…) Présentée comme une féroce adversaire à l'Union européenne, présentée à tort ou à raison comme responsable de tous les maux de l'Italie, la voilà désormais dans ses déclarations pro-UE, pro-Euro et pro-Otan. Un virage à 180°, à la vitesse d'une Maserati, qui a déjà été pris lors de plusieurs déplacements et rencontres internationales.

(…) Hé oui ! Cela se vérifie à chaque fois : l’engouement unanime des médias mainstream pour un ou une candidat(e) qui semble sortir des clous ou être le garant d'un renouveau se révèle systématiquement être le Cheval de Troie d'une politique pro-européenne et atlantiste. Les promesses n'engagent évidemment que ceux qui y croient mais, diable ! Jusqu'à quand?

Mais quid aujourd'hui des millions d'Italiens qui, eux, n'ont pas vu venir l'affaire et n'ont pas su reconnaître un authentique produit du système ? Que vont devenir leurs espoirs déçus devant tant d'hypocrisie ? »

Nous pouvons en dire autant des personnalités de l’extrême-droite française, hélas, et nous l’avons dit, qui vont nous concocter, avec leur homologues européens, une Europe au rabais sous la férule américaine.

Pierre-Emile Blairon

Notes:

[1] A partir de 20’ : https://www.bfmtv.com/replay-emissions/tout-le-monde-veut-savoir/marion-marechal-invitee-de-bfmtv-23-01_VN-202501230933.html

[2] http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2025/01/25/cher-monsieur-musk-nous-n-avons-pas-besoin-que-vous-nous-dis-6532532.html

[3] https://nice-provence.info/2023/03/04/ukraine-berceau-tombeau-europeens/

Le rapprochement surprise du Danemark avec Gazprom à propos de Nord Stream

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Le rapprochement surprise du Danemark avec Gazprom à propos de Nord Stream

Source: https://report24.news/daenemarks-ueberraschender-schulter...

Le Danemark a donné son feu vert au géant énergétique russe Gazprom pour entreprendre des travaux sur le gazoduc endommagé Nord Stream 2. Une décision qui fait sensation en pleine période de sanctions occidentales contre la Russie. Cela pourrait également être lié aux ambitions de Trump concernant le Groenland.

L’Agence danoise de l’énergie a accordé à Nord Stream 2 AG, une filiale de Gazprom, l’autorisation d’effectuer des "travaux de maintenance" en mer Baltique. Officiellement, selon un rapport récent, il s’agit d’installer des obturateurs spéciaux aux extrémités ouvertes des tuyaux afin d’empêcher toute nouvelle fuite de gaz. Un argument environnemental tout à fait compréhensible – si ce n’était les implications politiques. Il y a encore quelques mois, Copenhague figurait parmi les plus virulents accusateurs de Moscou concernant les explosions qui avaient détruit le gazoduc en septembre 2022. Ce revirement intervient à un moment particulièrement sensible: le Danemark est actuellement en plein bras de fer diplomatique avec l’administration Trump au sujet de la souveraineté sur le Groenland.

L’Agence danoise de l’énergie estime que la quantité de gaz restante dans le gazoduc endommagé est d’environ 9 à 10 millions de mètres cubes. « Les travaux visent à éviter d’autres dommages environnementaux », indique le communiqué officiel. Ce rapprochement avec Moscou intervient à un moment remarquable. Alors que la Première ministre danoise Mette Frederiksen parcourt les capitales européennes pour obtenir du soutien contre les ambitions de Trump sur le Groenland, son pays ouvre la porte au conglomérat d’État russe, lequel est sous sanctions.

Pendant ce temps, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a confirmé des discussions sur un possible envoi de troupes au Groenland – une proposition que le Danemark rejette jusqu’à présent. Après tout, le Groenland ne fait pas partie de l’Union européenne, et le déploiement de troupes de l’UE sans l’accord du gouvernement autonome de la plus grande île du monde s’apparenterait de facto à une occupation.

Dès le départ, le gazoduc, d’un coût de 11 milliards de dollars, a été une pomme de discorde entre Washington et Berlin. Alors que les États-Unis ont toujours considéré le projet comme un instrument géopolitique de la Russie, l’Allemagne y voyait une infrastructure clé pour son approvisionnement énergétique. Une question se pose alors: la coopération surprise du Danemark avec Gazprom est-elle un coup tactique dans le jeu géopolitique complexe autour du Groenland ? Ou bien est-ce le signe d’une approche européenne plus pragmatique vis-à-vis de la Russie ? Après tout, la crise énergétique est loin d’être terminée – et le gaz russe pourrait apporter un certain répit.

Jusqu’à présent, le gouvernement américain ne s’est pas exprimé sur la décision danoise. Mais étant donné les efforts de Trump pour ramener Moscou à la table des négociations, la réaction de Washington pourrait bien être mesurée.

Le Royaume-Uni est la véritable menace pour la paix en Ukraine

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Le Royaume-Uni est la véritable menace pour la paix en Ukraine

M. K. Bhadrakumar (*)

Source: https://geoestrategia.eu/noticia/44000/politica/la-verdad...

La capacité du MI6 à influencer le régime de Kiev ne doit pas être sous-estimée.

Article publié le 8 janvier, la veille de la réunion du format Ramstein. Néanmoins, l'analyse reste valable car elle donne un aperçu du contexte régional européen.

L'administration Biden n'a pas renoncé à la guerre en Ukraine. Une réunion du format Ramstein, présidée par le secrétaire américain à la défense sortant, Lloyd Austin, doit se tenir en Allemagne jeudi afin d'examiner les besoins de l'Ukraine en matière de défense, qui seront également abordés par le président ukrainien, V. Zelensky.

Entre-temps, Kiev a lancé une attaque dans la région de Koursk à la veille de l'événement de Ramstein, le qualifiant de « début de l'événement ». L'opération, bien que soulignée par la presse britannique, n'est menée que par deux chars et quinze véhicules blindés et sera sans aucun doute écrasée par les drones russes et leurs hélicoptères de combat Ka hautement létaux, capables d'opérer de jour comme de nuit, dotés d'une grande capacité de survie et d'une puissance de feu élevée.

Pour l'essentiel, Zelensky ne renonce jamais à faire étalage de sa puissance devant un public occidental. Jeudi, il espère montrer qu'il reste encore un peu de courage dans les forces armées ukrainiennes. Malheureusement, il sacrifie quelques dizaines de soldats ukrainiens dans ce mélodrame qui risque de détourner l'attention de la ligne de front, alors que les forces russes sont entrées dans Chasiv Yar et ont atteint les faubourgs de Pokrovsk dans le cadre d'une opération d'encerclement de cette ville.

Avec la chute de Chasiv Yar et de Pokorovsk, la bataille pour le Donbass approche de sa dernière ligne droite et ouvre la voie à une avancée massive de la Russie vers le fleuve Dniepr si le Kremlin n'a d'autre choix que de mettre fin à la guerre selon ses propres termes (voir un article récent sur la future carte de l'Ukraine par le principal analyste stratégique de Moscou, Dmitry Trenin, intitulé "À quoi devrait ressembler l'Ukraine après la victoire de la Russie").

En effet, les espoirs de voir Donald Trump mettre fin à la guerre le 20 janvier, premier jour de sa présidence, se sont évanouis. La réunion de Ramstein est un acte de défi de la part de Zelensky et de ses partenaires européens, car Trump doit bientôt rencontrer le président russe Vladimir Poutine.

Le 18 décembre, Zelensky a rencontré à Bruxelles le chef de l'OTAN, Mark Rutte, et plusieurs dirigeants européens pour discuter de la stratégie de guerre. Ses interlocuteurs européens tentent également d'élaborer leurs propres plans si M. Trump, qui s'est engagé à mettre fin rapidement à la guerre, débranche le régime de Kiev ou l'oblige à faire des concessions.

Le thème principal de la réunion de Bruxelles était les garanties de sécurité, a rapporté le bureau présidentiel. Zelensky a souligné sa « discussion détaillée en tête-à-tête » avec le président français Emmanuel Macron, qui s'est concentrée sur les priorités pour renforcer davantage la position de l'Ukraine « en ce qui concerne la présence de forces en Ukraine qui pourraient contribuer à stabiliser le chemin vers la paix ».

Avant la réunion à Bruxelles, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré aux journalistes que la priorité était de garantir la « souveraineté de l'Ukraine et qu'elle ne sera pas forcée de se soumettre à une paix imposée », mais il a averti que toute discussion sur le déploiement de troupes sur le terrain serait prématurée.

Rutte lui-même a conseillé aux alliés de Kiev de se concentrer sur l'augmentation des livraisons d'armes afin de garantir que l'Ukraine soit en position de force. M. Rutte a estimé que l'Ukraine avait besoin de 19 systèmes de défense aérienne supplémentaires pour protéger l'infrastructure énergétique du pays.

Il est intéressant de noter que Rutte a annoncé que le nouveau commandement de l'OTAN dans la ville allemande de Wiesbaden était désormais « opérationnel » et qu'il coordonnerait l'assistance militaire occidentale à l'Ukraine et assurerait la formation de l'armée ukrainienne. Il est peu probable que Trump s'en tienne au format Ramstein.

En bref, l'Europe, y compris le Royaume-Uni, n'a pas la capacité de remplacer l'assistance militaire américaine à l'Ukraine. Pour que l'UE puisse remplacer les États-Unis, elle devrait doubler son aide militaire à l'Ukraine. Mais la situation politique actuelle en Europe, associée aux capacités militaires réelles des différents pays européens, rend cet objectif impossible à atteindre (voir l'analyse de Samantha de Bendern à Chatham House).

L'Allemagne, principal donateur militaire de l'Europe à l'Ukraine, a plongé dans le chaos politique avec l'effondrement de la coalition dirigée par Scholz. Macron, un fervent partisan de l'Ukraine, a perdu le contrôle de la politique intérieure française depuis les élections législatives de juin, au cours desquelles il a perdu sa majorité. Ailleurs en Europe, les partis politiques d'extrême droite et d'extrême gauche ayant des sympathies pro-russes se multiplient.

Les Européens courent comme des poulets sans tête. La visite surprise du Premier ministre italien Giorgia Meloni en Floride pour rencontrer Trump et regarder un film avec lui à ce moment critique de la guerre en Ukraine montre que le Premier ministre italien n'a pas confiance en des personnalités comme Macron.

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Mme Meloni entretient des relations cordiales avec Elon Musk, un proche de Trump, et tente de renforcer les liens commerciaux avec les États-Unis. « C'est très excitant. Je suis ici avec une femme fantastique, le Premier ministre italien », a déclaré Trump à la foule réunie à Mar-a-Lago, ajoutant de manière expansive: "Elle a vraiment pris l'Europe d'assaut".

L'Italie, grande puissance de l'OTAN donnant sur la Méditerranée, est un fervent défenseur du transatlantisme et mène une politique nuancée sur la guerre en Ukraine qui pourrait être utile à Trump pour jeter des ponts avec l'Europe. Meloni prend position.

L'Italie a fermement condamné l'annexion de la Crimée par la Russie et l'intervention subséquente de Moscou dans l'est de l'Ukraine, et s'est jointe aux sanctions de l'UE contre la Russie. Elle a démontré son soutien militaire à l'Ukraine en lui accordant une aide militaire substantielle dans le cadre d'un accord de coopération en matière de sécurité (sous le précédent gouvernement dirigé par le Premier ministre Mario Draghi).

Cela dit, Rome a souvent cherché à équilibrer les réponses de l'UE avec ses intérêts nationaux vis-à-vis de la Russie. Ainsi, le ministre des affaires étrangères de Meloni a récemment réaffirmé, alors même que Biden autorisait l'Ukraine à déployer des missiles américains à longue portée contre des cibles militaires en Russie, que « notre position sur l'utilisation d'armes (italiennes) par l'Ukraine n'a pas changé. Elles ne peuvent être utilisées que sur le territoire ukrainien ».

En fin de compte, c'est le cours de la guerre qui décidera des conditions de la paix en Ukraine. L'évolution de l'Europe vers des gouvernements de droite (l'Autriche en est le dernier exemple) pourrait aider la Russie. Cependant, le nœud du problème est que tant que les agences d'espionnage britannique et américaine travailleront ensemble pour manipuler les gouvernements au pouvoir à White Hall (travaillistes et conservateurs), l'administration Trump aura un sérieux problème sur les bras.

Bien sûr, Trump est parfaitement conscient du rôle central joué par le Royaume-Uni dans le complot contre la Russie, qui a affecté sa présidence. La réduction du rôle de la Grande-Bretagne pourrait être un facteur décisif pour la paix en Ukraine.

Mais la capacité du MI6 à influencer le régime de Kiev ne doit pas être sous-estimée. L'ancien premier ministre britannique Boris Johnson a joué un rôle clé dans le torpillage de l'accord Russie-Ukraine négocié lors des pourparlers de paix organisés par la Turquie en mars-avril 2022, quelques semaines seulement après le début du conflit. Même si Trump conclut un accord avec Poutine, ce qui est en soi très problématique dans l'état actuel des choses, Londres ne manquera pas de le saper d'une manière ou d'une autre à la première occasion qui se présentera, étant donné son obsession russophobe d'infliger une défaite stratégique à la Russie.

Trump savoure peut-être l'attaque incessante d'Elon Musk contre le gouvernement britannique. « L'Amérique devrait libérer le peuple britannique de son gouvernement tyrannique », a écrit Musk sur X. Mais les politiciens britanniques ont la peau d'un rhinocéros. Sir Keir Starmer donne le meilleur de lui-même. Le défi de Trump consiste à mettre fin à la relation spéciale avec le Royaume-Uni.

(*) MK Bhadrakumar, ancien diplomate indien.

Vers un cinéma civilisationnel russe

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Vers un cinéma civilisationnel russe

par Alexandre Douguine

Alexandre Douguine affirme que la Russie doit surmonter la dictature de la médiocrité dans sa sphère culturelle pour établir un cinéma civilisationnel distinct et récupérer son identité culturelle unique dans un monde multipolaire.

Si nous, Russes, avons l'intention de construire un monde multipolaire, alors chaque civilisation doit avoir sa propre sorte d'Oscar, un prix pour les meilleures performances, le meilleur scénario, la meilleure musique et les meilleurs costumes.

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Nombreux sont ceux qui savent que l'Inde possède ce qu'on appelle Bollywood, sa propre industrie cinématographique. Elle a ses propres prix et ses propres héros, qui peuvent être totalement inconnus en Occident ou même dans la Chine voisine. Mais pour leur civilisation (et l'Inde est pratiquement un continent entier), ces films et leurs Oscars sont d'une importance énorme.

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Il en va de même pour la Chine. Il y a des films et des acteurs chinois qui sont totalement inconnus dans d'autres pays, mais qui sont immensément populaires en Chine. Cela s'explique par le fait que la Chine et l'Inde sont des civilisations indépendantes, avec leurs propres traditions cinématographiques. Aujourd'hui, le développement d'un cinéma propre est devenu un facteur de civilisation.

Nous, les Russes, devons également créer notre propre prix eurasien. Mais pour ce faire, nous devons développer notre propre cinéma, distinct et original. Et pour cela, des individus brillants et talentueux sur le plan culturel doivent prendre la tête des processus culturels de la Russie. Des Russes, bien sûr, au sens culturel du terme.

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Valery Abisalovich Gergiev (photo) est un merveilleux exemple de talent extraordinaire, reconnu et apprécié pour ce qu'il est (1). D'origine ossète, il connaît et ressent la culture, l'art et l'esprit russes mieux que beaucoup d'autres en Russie - peut-être mieux que quiconque.

On dit du maestro Valery Gergiev qu'il est un génie doté d'une baguette magique.

Pour organiser un Oscar russe digne de ce nom, nous avons besoin de talents du même calibre dans notre industrie cinématographique. Oui, nous avons des acteurs talentueux, et même quelques réalisateurs remarquables, mais il nous manque une industrie cinématographique russe complète et distincte.

Par exemple, de nombreux pays dans le monde ont des philosophes locaux mais n'ont pas de tradition philosophique unique. De même, certains pays produisent des films et ont donc des acteurs et des réalisateurs, mais n'ont pas de tradition cinématographique distincte.

Cela est dû au fait que le code culturel n'est pas conceptualisé ou compris. Et parce qu'il n'y a pas une concentration suffisante d'individus passionnés et de génies qui pourraient former un cercle créatif, comme cela s'est produit au 19ème siècle lorsque la musique classique russe a émergé autour de la « Mighty Handful » (2) ou lorsque la culture de l'âge d'argent russe (3) a vu le jour.

Aujourd'hui, en revanche, tout est fragmenté. Même lorsque Valery Gergiev monte une nouvelle production, celle-ci ne fait l'objet que de critiques formelles. Le sens profond de ce que le maestro essaie de transmettre n'est presque jamais discuté - ni dans les médias fédéraux, ni dans les canaux Telegram, où les gens se disputent sans fin sur des sujets triviaux, souvent vulgaires.

Ainsi, pour que nous devenions un pays doté d'un cinéma civilisationnel à part entière, nous devons d'abord apprendre à rechercher et à soutenir les vrais génies. Nous devons les rassembler dans une sorte de club, un cercle de génies, aussi petit soit-il, où ils auront toutes les chances de s'épanouir. Un lieu où les vrais philosophes interprètent les œuvres des vrais artistes et où les vrais acteurs suivent les conseils des vrais maîtres.

Actuellement, cependant, notre sphère créative est encombrée de couches de déchets accumulés au cours des périodes libérales soviétique et post-soviétique. En conséquence, notre intelligentsia créative est largement médiocre, à de rares exceptions près, comme Gergiev, Bashmet et quelques autres.

Nous ne devrions pas aspirer à avoir notre propre Oscar comme référence - nous devons créer notre propre art civilisationnel.

Ce n'est qu'en nous concentrant sur cet objectif que nous pourrons développer une forme d'art propre à la civilisation, y compris le cinéma. Pour l'instant, je le répète, nous avons des génies individuels, mais nous manquons d'art. Ainsi, au lieu de célébrer la nomination aux Oscars de tel ou tel acteur talentueux, en particulier ceux qui travaillent en Occident, nous devrions nous concentrer sur ce point.

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À propos, outre Bollywood, il y a maintenant Nollywood, l'industrie cinématographique nigériane. Nous la regardons avec horreur et nous nous demandons ce que c'est, mais beaucoup de gens l'apprécient. En fait, dans certains pays africains, même les conflits militaires ont été interrompus pour la sortie d'une nouvelle série de films nigérians sur des événements et des dynamiques tribales qui nous semblent totalement incompréhensibles. Le cinéma philippin est un autre exemple - unique et original.

Il est essentiel pour nous d'entretenir la diversité de notre monde multipolaire. Nous ne devrions pas viser les Oscars, mais plutôt créer des concours de films civilisationnels distincts afin de priver l'Occident collectif de son monopole sur le cinéma mondial. Et si nous reconnaissons enfin les fondements uniques et profonds de l'esthétique russe, nous évaluerons nos acteurs, nos musiciens, nos artistes et nos poètes en fonction de leur alignement ou non sur notre code culturel.

L'écume pseudo-culturelle qui domine actuellement notre scène culturelle ne correspond manifestement à aucun code culturel. Elle n'est que la périphérie de l'Occident, et c'est la raison pour laquelle nous cherchons à tout prix à être reconnus en Occident, en tant qu'imitateurs serviles de nos maîtres. À de rares exceptions près, il ne s'agit pas d'art, mais d'une forme de mimétisme obséquieux.

C'est pourquoi je pense que la participation aux Oscars - dominés par l'agenda libéral occidental - n'aurait de sens que si Trump sécurise son emprise sur le pouvoir et que les valeurs traditionnelles dominent les festivals occidentaux. Si nous développons notre propre cinéma, nous pourrons alors rivaliser sur la base de valeurs traditionnelles partagées.

Vivrons-nous assez longtemps pour voir le jour où les valeurs traditionnelles domineront les festivals de cinéma occidentaux ?

Mais pour l'instant, nous n'avons pas de cinéma qui reflète nos valeurs traditionnelles. Cela est dû au fait que certaines personnes, qui ont pris le contrôle de la sphère culturelle, agissent comme des caillots dans un vaisseau sanguin, bloquant le flux d'un véritable développement culturel en Russie. Elles tentent de censurer et de diriger la production créative, mais elles sont tellement mesquines, insignifiantes et incompétentes que le résultat est une image pathétique et peu attrayante - surtout lorsque la médiocrité tente de censurer le talent.

Dans l'Empire russe, en revanche, les censeurs étaient des philosophes, des penseurs et des publicistes remarquables, comme Konstantin Leontiev. La censure est une question très délicate. Il faut savoir reconnaître le génie, même lorsqu'il ne s'inscrit pas dans des cadres rigides. En même temps, il faut aussi identifier et supprimer les tendances néfastes, qui ne sont pas toujours évidentes au premier abord.

La censure est un grand art. En bref, ce dont nous avons le plus besoin aujourd'hui, c'est de mettre un terme à la dictature de la médiocrité qui s'est installée en Russie au cours des dernières décennies.

Notes:

(1) Valery Gergiev, né à Moscou en 1953 de parents ossètes, est un chef d'orchestre et directeur d'opéra réputé. En décembre 2023, il a été nommé directeur artistique du théâtre Bolchoï, devenant ainsi la première personne à diriger simultanément les théâtres Mariinsky et Bolchoï. Le lien de Gergiev avec la culture russe est profond. Il a contribué à promouvoir la musique et les artistes russes sur la scène internationale, à défendre de jeunes talents comme la soprano Anna Netrebko et à faire revivre des opéras russes moins connus comme La ville invisible de Kitège de Rimski-Korsakov et Les fiançailles dans un monastère de Prokofiev.

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(2) La « Puissante poignée », également connue sous le nom des « Cinq », était un groupe de compositeurs russes du XIXe siècle - Mily Balakirev, César Cui, Modest Moussorgski, Nikolaï Rimski-Korsakov et Alexandre Borodine - qui se sont unis dans les années 1860 pour développer un style national distinct de musique classique, libre des influences de l'Europe de l'Ouest.

(3) L'âge d'argent russe désigne une période culturelle dynamique qui s'étend de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle, soit approximativement de 1890 à 1917. Cette époque a connu un essor exceptionnel de la poésie, de la littérature et des arts russes, marqué par l'émergence de divers mouvements artistiques, dont le symbolisme, l'acméisme et le futurisme. Parmi les figures marquantes de cette époque figurent des poètes tels qu'Alexandre Blok, Anna Akhmatova, Boris Pasternak et Marina Tsvetaeva. L'âge d'argent est souvent considéré comme une renaissance de la vie culturelle russe, comparable à l'âge d'or du début du XIXe siècle. Cependant, cette explosion créative a été freinée par la révolution russe de 1917 et les changements politiques qui ont suivi, qui ont conduit à un renforcement de la censure et de la répression, mettant fin à cette période remarquable de l'histoire culturelle russe.

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Est-ce la fin du néolibéralisme progressiste?

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Est-ce la fin du néolibéralisme progressiste?

par Alessandro Volpi

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/29723-ales...

Nous devons rester fermes, debout dans le train de l'histoire, parce que les sièges de la raison et de l'erreur sont tous occupés. Nous pourrions résumer ainsi la position que nous, en tant que Slingshot, devrions à nouveau adopter, mais en général, nous, en tant qu'ensemble de citoyens luttant pour une démocratie sociale accomplie, concrète.

Rester ferme ne signifie pas ne pas vouloir voir les transformations en cours et la reconfiguration politique qui, d'une manière ou d'une autre, met un terme à la dernière décennie populiste, nous ne savons pas quelle durée elle aura, mais pour la première fois, nous sommes face à un projet sans précédent. Nous ne pouvons pas ne pas voir comment il y a, dans la nouvelle alliance entre les pouvoirs économiques et politiques de ce nouveau gouvernement Trump, un saut quantique par rapport à celui de 2016.

L'alliance avec Musk et les élites économiques des secteurs les plus avancés du capitalisme américain et l'objectif désormais atteignable d'occuper les appareils militaires et bureaucratiques marque une différence avant tout en termes de capacité à produire une transformation concrète : non plus, comme en 2016, un populisme de droite "au pouvoir", mais une nouvelle idée concrète qui devient "le pouvoir". Cela ne signifie pas que des résistances ne subsistent pas dans divers secteurs de l'appareil militaire, bureaucratique et économico-financier, mais on peut dire - du moins nous semble-t-il à ce jour - que Trump a la possibilité de produire un réarrangement hégémonique intégral.

Ensuite, et c'est le complément nécessaire des aspects plus « structurels », Trump, tout en maintenant des éléments génériquement attribuables à une idéologie de droite conservatrice avec des traits populistes, a en fait réussi, avec cette alliance, à créer un nouveau discours, non plus projeté seulement vers un retour au passé glorieux, mais avec une idée du futur: la colonisation de Mars représente ce désir renouvelé de pouvoir, médiatisé par l'imagination des milliardaires. Ce qui rend cette nouvelle articulation hégémonique inédite, c'est précisément qu'elle a perfectionné ce dispositif du désir: il ne s'agit pas seulement d'une nostalgie, d'une passion ambiguë, mais aussi d'un puissant désir de jouissance projeté vers un avenir glorieux. En ce sens, Musk était ce dont Trump avait besoin pour faire le saut. Cela ne signifie pas - il faut le préciser à nouveau - que cette expérience est nécessairement destinée à réussir, mais qu'il a fait un saut quantique qui lui permet de la faire.

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Il semble donc que les jours de ce que nous avons combattu pendant des années sous le nom de néolibéralisme progressiste soient révolus. Et cela implique, en termes stratégiques, une réflexion. Oui, parce qu'en fait, ce qui a vaincu le néolibéralisme progressiste, ce n'est pas une option émancipatrice, populaire et sociale de quelque nature que ce soit, mais une droite qui semble vouloir aller au-delà des deux termes, mais réaffirmer ensemble une nouvelle domination du capitalisme financier sur une base nationale, le contrôle impérial américain, bien que redéfini sur d'autres objectifs que celui, propre à une époque, du bellicisme démocratique, le tout dans une perspective culturellement conservatrice et politiquement autoritaire. Ceux qui aujourd'hui se réjouissent en quelque sorte de la fin de l'ère du néolibéralisme progressiste avec toutes ses dérives culturelles échangent une défaite contre une victoire, à moins que l'objectif ait été, comme c'était légitimement le cas pour une partie de la droite, de gouverner cette transition hégémonique dans un sens régressif.

Pour ceux, en revanche, qui se reconnaissent dans une vision politique radicalement démocratique, populaire et sociale, cette transformation ne peut en aucun cas être considérée comme leur propre victoire, ni comme un processus pouvant tactiquement bénéficier à cette perspective. A moins de considérer la fin attendue du wokisme et la transformation culturelle qui en découle comme sa propre grande victoire, dans l'illusion que le nexus néolibéralisme/progressisme était un nexus structurel, que l'élimination de l'un permettrait d'éliminer l'autre. Ce fantasme qui a conquis une partie de la gauche s'est enivré d'un essentialisme égal et opposé à celui de ceux qui, à gauche, n'ont pas su reconnaître le néolibéralisme progressif parce qu'ils pensaient encore en termes de lien nécessaire entre le conservatisme culturel et le capitalisme, ne comprenant pas ce qu'a été et est l'engouement néolibéral.

En outre, ce type de discours réapparaît largement au sein de la gauche. Il est facile aujourd'hui de montrer comment le capitalisme financier et un conservatisme particulier (en fait celui qui présente des traits futuristes) ont recomposé un nouveau dispositif pour gouverner sous des formes de plus en plus autoritaires la crise galopante de l'Occident.

Mais il est tout aussi facile - et c'est un risque que nous ne pouvons pas nous permettre - de finir par penser qu'autour de ce même bloc politique qui a ouvert la voie à ce changement de paradigme, laissant définitivement les masses populaires aux mains des droitiers, peut renaître aujourd'hui une gauche fadement plus sociale qui défend la démocratie contre les risques autoritaires du trumpisme. Cette volonté de recomposer un front antifasciste faussement social-démocrate est déjà une réalité et constitue la tentative désespérée de certains secteurs des élites politiques et culturelles du néolibéralisme progressiste de continuer à flotter sur la marée noire qui les a submergés. Pour donner un exemple, et pour reprendre un aspect que nous avons évoqué, de même qu'une certaine tendance réactionnaire confond la fin du wokisme avec la fin du néolibéralisme, d'un autre côté, il y a ceux qui pensent qu'une nouvelle gauche peut être relancée sur la justification du wokisme en crise, en partant du fait que la critique du wokisme de droite, qui a triomphé, a jeté le bébé (l'émancipation au sens large) avec l'eau du bain (dérive linguistique, sectarisme, moralisme, etc.). Comme si le wokisme n'avait été que le rideau idéologique du néolibéralisme qui a desservi les combats qu'il était censé défendre.

Dans cette reconfiguration des deux camps, notre tâche, comme toujours, est celle de l'autonomie par rapport aux deux dérives : nous n'avons pas gagné avec Trump comme nous n'aurions pas gagné avec Harris, nous n'avons pas gagné en Italie avec Meloni comme nous ne gagnerons pas avec Schlein. Une fois de plus, le camp du bien et le camp du mal sont occupés et nous ne pouvons que continuer à nous tenir fermement à nos raisons, à nos analyses, en essayant de comprendre les temps à venir.

 

mercredi, 29 janvier 2025

L’antiwokisme, quel "conservatisme" ?

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L’antiwokisme, quel "conservatisme"?

Claude Bourrinet

L'antiwokisme (le biberon de cnews et de tous les soi-disant "conservateurs" (pour autant qu'il y ait encore quelque chose à "conserver" !), qui se couchent devant la puissance américaine est, comme l'anti-immigrationnisme (souvent teinté d'islamophobie et d'une pincée de racisme) le parement ostentatoire d'une réalité tout ce qu'il y a de plus commune et sordide : une machine idéologique à prendre le pouvoir et à gérer le capitalisme local, tout en étant intégré à l'oligarchie mondialiste.

Ni Trump, ni Meloni, ni le RN, ni l'AfD, ni Orban (etc.) n'ont le dessein de rompre avec le mondialisme. Ils sont des libéraux, qui croient au marché, au progrès, à la croissance, et qui, comme tous les dirigeants du monde tel qu'il est advenu depuis deux siècles et plus, pensent d'abord en termes de puissance économique, la politique, l'idéologie, et, pour certains, les divisions de blindés (et maintenant les missiles, les drones, les relais satellitaires, l’Intelligence artificielle etc.) étant l'ombre qui accompagne ce projet d'arraisonnement techno-industriel et marchand de la nature. Tout le reste n'est que verbiage.

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Ce qu’il y a de plus sublime, en l’homme, ce n’est pas seulement qu’il soit une « merveille », comme le clame le chœur, dans Antigone, de Sophocle, c’est-à-dire ce vivant qui a accès au Logos et, partant, transmute la nature selon son hybris, mais qu’il soit cet être protéique, changeant, modifiable, modulable comme de la pâte, justement parce qu’il est une « merveille », et que son véritable royaume, ce n’est pas la réalité terre-à-terre, mais le Verbe, l’imagination, comme le souligne Pascal, qui l’a défini de manière définitive. Un animal, si dépendant d’un écosystème impitoyablement tyrannique, ne se laisserait pas prendre par ses folies. Mais son génie inventif souffre d’un défaut rédhibitoire, de sa propension itérative à tomber immanquablement dans les vieilles ornières, comme un ivrogne du samedi soir. Son asservissement aux délices paradisiaques des lendemains enchantés le ramène toujours sur le sol détrempé, en haillons, et avec les tuméfactions de rigueur. Ce surhomme est aussi un idiot.

La liste de ses délires prophétiques est trop longue pour en faire le dénombrement. Il suffit d’invoquer les idéologies mortifères du siècle dernier. Si l’on tient compte des deux systèmes de valeurs qui se sont affrontés, après la deuxième guerre mondiale, une fois les fascismes terrassés, à savoir le communisme et le libéralisme, on ne sera pas assez sot pour prendre pour argent comptant ce que chacun avançait en guise de « vérité ». Cette « vérité », dans les faits les plus crus, c’était le combat, souvent par intermédiaires entraînés dans des massacres de masse, entre deux prédateurs géants, voulant se partager le monde. Les échafaudages rhétoriques qui se tissaient autour de ces tueries étaient là pour cacher le fauve sanglant, comme autant de mensonges dont étaient dupes les militants, mais pas du tout les dirigeants.

30878999533-1266845211.jpgUn de Gaulle, par exemple, parlait des Russes, non des « communistes russes ». Il avait raison : l’empire soviétique, une fois qu’on eut dressé, après 1989, le constat historique, n’apparut que comme l’empire tsariste modernisé. Pour reprendre concepts et terminologie marxistes, la nation slave dont le centre était Moscou était devant la nécessité, pour ne pas disparaître, de procéder à une accumulation monstrueuse de Capital industriel, pour faire face au danger d’être disloqué par les puissances occidentales, et par la logique centrifuge de cet immense territoire, qui s’étendait de la Pologne au détroit de Béring, et surtout jusqu’aux vastes territoires bariolés de l’Asie centrale et du Caucase. Sans parler d’une paysannerie pléthorique et « retardataire », qu’il s’agissait d’anéantir, comme nous l‘avons fait de manière moins brutale. Les terrifiantes dévastations humaines, culturelles, nationales, civilisationnelles, naturelles, qu’entraîna le stalinisme, furent la réponse à ce défi. Notons que le mot d’ordre de la Russie « moderne » fut, depuis Lénine jusqu’à la Fédération actuelle, de rattraper et de dépasser l’Amérique.

L’industrialisation lourde de l’empire des Tsars avait imposé ce programme, et tout le reste ne fut qu’un fil que l’on tira, jusqu’au point de rupture. L’américanisme, pour autant, n’est qu’un vocable générique, qui dépasse les limites nationales des États-Unis. Là aussi, une téléologie guidait le Nouveau Monde, dès lors qu’il avait pris son envol, mû par un messianisme calqué sur l’Ancien Testament. L’Éden à construire se devait d’être industriel, et c’est ainsi que les Américains en prirent vraiment conscience, en détruisant le Sud agricole des États-Unis. L’extermination des Indiens en fut la phase préliminaire, puisqu’il fallait commencer par une page blanche. Puis l’esclavage des Noirs se révéla trop mesquin pour un si vaste programme d’arraisonnement de la Nature vierge d’un ensemble territorial, qui avait les dimensions d’un continent. Il fallait arrimer la société à la marchandise, et surtout à la chaîne du travail, idée qui s’était laborieusement mise en place depuis la Renaissance, et qui avait eu du mal à convaincre une Vieille Europe décidément trop attachée à ses plaisirs décadents. Tout le reste découla de cette entreprise démesurée : la volonté de dominer le monde pour lui inculquer les règles calvinistes d’une civilisation saine, celle de la machine et de la liberté du renard dans le poulailler, conduisit à enchaîner guerre sur guerre, ainsi que, progressivement, une grande partie des peuples et des nations de la planète, tout en dévastant la Terre et les singularités culturelles.

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N’oublions pas que, dans les années 70, il n’était pas rare que l’on parlât, à propos de ces deux camps antagonistes, de « convergences ». La Russie se développait, et on voyait bien qu’elle aboutirait, un jour, à une ressemblance économique, donc sociale, avec son ennemie affichée, ne serait-ce que parce que s’était développée en son sein une classe moyenne avide de consommation – celle-là même qui fit tomber l’empire soviétique ; et l’Occident, à cet époque, déployait un État proliférant, qui se mêlait de tout, comme dans le monde socialiste, tout en multipliant les bureaucrates et les techniciens.

Le monde actuel n’est pas si différent, parce qu’il est encore motivé par les mêmes causes : le déploiement d’une technoscience prométhéenne, l’entrée dans une modernité radicale, susceptible de changer cet homme modulable dont nous avons parlé plus haut, c’est-à-dire de forger un « nouvel homme », irritation intermittente qui agace le genre humain depuis l’absorption et la digestion du message biblique.

Le wokisme (qui ne touche pas que la gauche, mais qui se rencontre aussi dans les milieux « conservateurs », lesquels ne se bousculent pas, d’ailleurs, le dimanche, dans les églises pour assister et participer à l’office divin !) n’est qu’une déclinaison somme toute secondaire d’un plus vase dessein, qui est de pousser la « modernité » technoscientifique et capitaliste jusqu’aux fibres les plus intimes du vivant, neurones compris. Et donc d’abolir l’homme, celui auquel les Temps anciens attribuaient ridiculement une « âme » - et où se trouve-t-elle, cette âme ? Dans le ventre ? Le cœur ? Sous le crâne ? Dans quel neurone ? Qu’on me montre la molécule de l’âme, Nom de Dieu ! (s’écrie M. Homais, apothicaire).

Le « Nouvel homme » est, en fait, relativement vieux : c’est la créature nihiliste, matérialiste, utilitariste (seul ce qui sert vaut quelque chose), béotienne, pesante et dévastatrice, sans aucune aspiration à la beauté, que les Russes (Tourgueniev, Dostoïevski…) ont décrite admirablement, et que les Américains ont si génialement illustrée, malgré quelques réfractaires, comme Emerson, Thoreau, Edgar Poe… Les dissensions de surface qui opposent les uns et les autres, nations de l’Est, de l’Ouest, du Nord, du Sud, et les partis selon la dichotomie désuète de « droite » et de « gauche », quand bien même elles expriment des intérêts réels (mais d’importance inégale : la réticence des Russes à se faire avaler par l’Occident n’est pas à mettre sur le même plan qu’une camarilla politicienne cupide et avide de gamelle), ne sont pas à prendre pour le cœur du monde actuel, lequel possède des racines lointaines, qui est plutôt le faustisme et le prométhéisme, dont l’une des réalisations est le transhumanisme (aussi bien en voie d’achèvement en Amérique qu’en Chine, ou en Russie, ou ailleurs).

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Il est bien évident que certaines « actions » ne sauraient être évitées sans que l’on perdît en soi sa nature humaine. Il y a des situations qu’on ne peut accepter, car elles anéantissent le monde vivable. Je laisse à chacun le choix de ces circonstances, car cela dépend de l’intériorité de chaque homme. Mais on voit bien que la véritable ligne de partage, qui oppose deux mondes, et qui est est éternelle, comme l’homme, c’est l’affrontement entre l’ombre et la clarté. Autrement dit, le véritable combat est dans notre âme. La politique, si l’on y accorde une importance trop grande, qui est mensonge et diabolique perte de son intégrité, ne saurait remplacer notre véritable dimension, d’homo religiosus. Si nous savons, si nous pouvons ancrer notre être jusqu’au plus profonde de notre âme, tout le reste en découlera, et le monde sera plus vivable.

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La tempête financière (parfaite) que l'administration Trump s'apprête à déclencher en Europe

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La tempête financière (parfaite) que l'administration Trump s'apprête à déclencher en Europe

par Alessandro Volpi (*)

Bron: https://www.lantidiplomatico.it/dettnews-la_tempesta_fina...

La présidence de Trump est en passe de déclencher une tempête contre l'Europe. Les signaux sont nombreux. Les « Big Three » — Vanguard, BlackRock et State Street — ont décidé d'étendre leur empire infini en utilisant deux outils supplémentaires.

Le premier, en parfait accord avec la vision trumpienne, réside dans l’adhésion complète aux bitcoins qui, selon Larry Fink, pourraient atteindre une valeur de 700.000 dollars. Ce message, envoyé par le PDG de BlackRock, est véritablement impressionnant par les effets qu'il aura sur les marchés. Cela signifie que l'épargne européenne sera massivement orientée vers les cryptomonnaies, un secteur dans lequel l'Europe est pratiquement absente.

Le deuxième signal vient encore de Larry Fink, qui a exprimé son intérêt pour les titres européens et, surtout, pour l'épargne du Vieux Continent: un intérêt accentué par les craintes de rencontrer davantage d'obstacles sur les marchés américains en raison des « politiques » du nouveau président. Dans ce contexte, les choix de Vanguard et BlackRock, grands actionnaires des banques italiennes par exemple, seront déterminants pour les opérations en cours chez Unicredit, MPS, Mediobanca et BPM. Il est probable, à la lumière de cela, que ces fonds se rangent du côté de ceux qui continuent à leur garantir le monopole de notre épargne gérée.

Il est vraiment curieux, alors, que Giorgia Meloni s’efforce de soutenir et de définir comme nationale une opération telle que celle de la banque MPS, pleinement intégrée dans l'œuvre de colonisation de l'Europe par la finance américaine. En ce sens, avec Trump comme président, la soumission européenne risque d’être encore plus rude, car elle sera l’objet d’une action convergente des Big Three et de l’élite même du président, à commencer par la famille Musk. Et l’Italie se trouve véritablement au cœur de la tempête, incapable de se défendre tout en continuant à pratiquer le culte du capitalisme.

(*) Post Facebook du 27 janvier 2025

Disney déclare formellement sa défaite dans la «bataille du woke»: les raisons de son changement de cap idéologique

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Disney déclare formellement sa défaite dans la «bataille du woke»: les raisons de son changement de cap idéologique

Par José María Carrera

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/disney-declara-formalme...

Le meurtre de George Floyd, le 25 mai 2020 à Minneapolis, a ébranlé les fondements mêmes de l'activisme social progressiste. Sa mort a été l'élément déclencheur d'un courant apparemment dirigé contre les abus raciaux, le mouvement woke, mais qui a fini par être le bras armé de l'amalgame proposé par la pensée dominante, de la théorie critique de la race ou du féminisme à la laïcité, en passant par la légende noire ou les soi-disant droits des transgenres.

Des entreprises comme Disney n'ont pas hésité à rejoindre le mouvement « woke » en plein essor et son bras armé, la cancel culture, ce qui s'est traduit par l'assurance qu'ont donnée leurs dirigeants qu'il était « plus que jamais temps de renforcer notre engagement en faveur de la diversité et de l'inclusion. Nous avons l'intention de continuer aussi longtemps qu'il le faudra pour créer un véritable changement ».

Un discours qui, en 2022, a commencé à se modérer, le PDG de l'époque, Bob Chapek, affirmant que les déclarations officielles de ce type « ne font pas grand-chose pour changer les mentalités ».

Aujourd'hui, le militantisme de Disney est sur le point d'être réduit à une lettre morte, après que l'actuel PDG Bob Iger a fait remarquer que la mission de l'entreprise « devrait être de divertir » et « ne pas être guidée par un programme » : Disney a récemment renoncé à imposer ce « changement de monde » à ses téléspectateurs et a annulé la première d'une histoire transgenre, Win or Lose, qui devait être diffusée sur Disney+ le 19 février.

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Une décision d'une telle ampleur, prise par une entreprise que des dizaines de millions de personnes suivent chaque jour - que ce soit sur les plateformes, dans les films, dans les cinémas, dans les parcs... - suscite le doute et l'incompréhension. Qu'est-ce qui a motivé ce changement ? Pourquoi la direction de Disney est-elle passée de la promesse de pratiquer l'inclusion forcée de personnages LGBT dans ses films - malgré les pertes - à leur retrait de son programme ? Est-ce par intérêt économique, politique, par conviction... ? Et surtout, combien de temps durera ce changement ?

Ce qui est certain, c'est que l'incorporation de Disney dans la « pensée unique » et l'endoctrinement woke remontent avant même l'origine de l'engouement woke et de la culture de l'annulation.

En 2014, Disney a été au centre d'une importante controverse autour de la série Good Luck, Charlie et de sa décision d'y intégrer Susan et Cheryl, les « deux mères » de Taylor, l'amie du personnage principal. L'objectif, explique l'un des responsables des émissions, était de « refléter les questions de diversité et d'inclusion » - également connues sous le nom de DEI, Diversity, Equity and Inclusion policies - mais le scandale, loin d'être de « refléter » cette situation, était aussi la normalité avec laquelle elle était accueillie par le reste des personnages : « Pas de surprises ou de situations embarrassantes. Pas de discussion avec les enfants sur ce que tout cela 'signifie' », a déclaré le Wall Street Journal.

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Ce qui n'était au départ qu'une apparition ponctuelle d'une seconde est rapidement devenu la norme. Depuis cette apparition, une myriade d'exemples ont émergé qui, pour l'instant, semblaient viser exclusivement les questions LGBT.

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On peut le voir dans Star vs. the Forces of Evil de Disney Channel, une série pour mineurs qui, en 2017, était déjà célèbre pour ses scènes de dessins animés de facture gay, ses personnages transgenres et même la promotion de cette dernière tendance: « Peu importe qu'il soit un garçon », dit l'un d'eux à propos du personnage transgenre, « rien de ce qu'il nous a dit n'était mal ». Un autre affirme: « Il peut être une princesse s'il le souhaite ».

Les plateformes du géant du divertissement, en particulier Disney+ et Disney Channel, ont fonctionné comme principal moyen de diffusion de l'endoctrinement, reléguant les films à des détails subtils et occasionnels, mais lourds de sens.

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C'est le cas de Buzz l'éclair, sorti en 2022, qui a montré au public le premier baiser gay de l'entreprise, d'à peine 2 secondes mais bien visible, ou de Strange World, sorti en novembre 2022, avec un couple ouvertement gay dans le film. Sa productrice exécutive, Latoya Raveneau, a reconnu avoir mis en œuvre un programme gay dans la programmation, ainsi qu'un contenu queer:

« Nos patrons ont très bien accueilli mon programme gay, qui n'est pas si secret. J'ai ressenti une impulsion, le sentiment que je n'avais pas à craindre que deux personnages (homosexuels) s'embrassent. J'ai ajouté du contenu homosexuel à la programmation chaque fois que je le pouvais. Personne ne pouvait m'arrêter », a-t-elle déclaré à l'époque dans une vidéo.

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D'autres éléments de la doctrine « woke », tels que la théorie critique de la race, ont été mis en œuvre dans des reboots tels que La petite sirène, où Latondra Newton a engagé une actrice noire pour jouer le rôle d'Ariel, qui, au départ, était rousse et caucasienne. Les échecs de Newton en matière de diversité ont finalement conduit à son licenciement en 2023, après six ans de productions avec sa signature « woke ».

Le contenu transgenre, gay, queer et la théorie critique ont commencé à dominer toutes les productions pour enfants dans le cadre d'une décision applaudie par les dirigeants de Disney. Les déclarations quasi simultanées des dirigeants de Disney en 2022 ont été particulièrement controversées et représentatives de ce mouvement cohérent.

Vivian Ware, responsable de la diversité et de l'inclusion chez Disney, a reconnu que l'entreprise avait supprimé tous les « ladies, gentlemen, boys and girls » de ses parcs en tant que salutations sexuées: « Nous avons formé tous les membres de notre équipe à ce sujet, de sorte qu'ils savent désormais qu'il faut dire “bonjour tout le monde”. Nous disons « rêveurs de tous âges » ».

Allen March, coordinateur de la production de la société, a également déclaré son engagement à promouvoir les histoires homosexuelles et s'est distingué en déclarant officiellement l'existence d'un « quota » LGBT dans les films, qui devait être augmenté pour créer suffisamment de « personnages non-conformes au genre, trans ou bisexuels non-conventionnels ».

Dans la lignée de Ware et March, la présidente de Disney General Entertainment, Karey Burke, a affirmé l'importance de normaliser le contenu gay : « Nous avons beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnages LGBTQI, et pourtant nous n'avons pas assez de récits où les personnages gays deviennent simplement des personnages et n'ont pas besoin d'être des histoires gays ».

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Toutefois, si la politique de Disney en matière d'homosexualité a été coordonnée entre les lobbies, les parcs et les productions, le véritable coup de bélier a été porté par ses plateformes, où, loin d'être résiduel ou anecdotique, le contenu était au centre des préoccupations. L'un des exemples paradigmatiques a été sa série Little Demon, sur Disney +, pleine de rituels, de nudité et de sexe explicite, avec une intrigue qui se présente comme suit:

"Treize ans après être tombée enceinte de Satan, une mère et sa fille Antichrist tentent de mener une vie ordinaire mais sont continuellement contrariées par des forces démoniaques, dont Satan, qui souhaite avoir la garde de l'âme de sa fille".

Lucy est la protagoniste de Little Demon, une série de FX-Disney sur les expériences de la fille de 13 ans, Antéchrist.

Ce sont les exemples les plus représentatifs, mais pas les seuls, de la course à l'enfilade à laquelle Disney promet d'avoir mis fin.

Pourquoi ?

Parmi les nombreuses raisons qui peuvent l'expliquer, certaines sont particulièrement significatives.

D'une part, la tendance politique vers des gouvernements conservateurs ou dits de « nouvelle droite », qui combattent frontalement les tendances woke et progressistes et qui accordent, au moins en principe, une plus grande considération à la famille. Cette tendance se reflète dans la nouvelle victoire de Trump aux États-Unis ou dans l'importance croissante du Rassemblement National en France - les deux pays où se trouvent les sièges des principaux parcs à thème de Disney, Orlando et Paris.

En outre, la tendance sociale elle-même témoigne d'une nette lassitude à l'égard de la politique d'éviction. Non seulement les gouvernements, mais la société elle-même et les familles cessent de voir un rapport entre leur vie quotidienne et les propositions à la sauce woke, et en viennent à les considérer comme faisant partie d'un « agenda-setting » ou de la création de besoins et de problèmes qui n'existent pas, plutôt que comme une réalité latente. En d'autres termes, ni les parents ni les enfants n'exigent un contenu étranger ou contraire à leur réalité, la plupart ne veulent pas voir de personnages transgenres, d'homosexuels ou la fille de Satan, comme dans Little Demon.

Et cela se reflète sur le plan économique. Le client ne pardonne pas et il suffit de regarder les chiffres du box-office et les véritables « flops » des principaux bastions de Disney.

Dans le cas de La Petite Sirène, il s'agit d'un véritable flop sur le marché asiatique, avec seulement 2,5 millions de dollars de bénéfices en Chine, et des résultats similaires en Corée du Sud et au Japon. Les critiques en Amérique latine ont également été décisives. « Le nouveau film La Petite Sirène est en tous points inférieur à l'inoubliable film original », a rapporté La Nación.

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Au box-office, l'attachant Disney « habituel » triomphe, le nouveau échoue

Une comparaison permet de se rendre compte de la réalité. En 2024, Inside Out 2 est devenu le film d'animation le plus rentable de l'histoire, rapportant 1,5 milliard de dollars à Disney. Les critiques catholiques ont fait l'éloge du film et Sean Fitzpatrick, qui ne se doute de rien, le décrivant comme « un film familial propre, sans messages libéraux ni clins d'œil intellectuels [idéologiques] ».

« C'est une histoire simple racontée avec imagination et dynamisme, sans les pièges idéologiques qui sont souvent présents en marge des films de ce genre, en particulier ceux issus de l'empire Disney (voir Lightyear ou Elemental ; en fait, inutile de le regarder...). Inside Out 2 n'a pas fait l'objet d'un tel battage médiatique, et je constate que les gens l'ont apprécié. C'était vraiment un film familial, sans qu'il y ait besoin d'expliquer après coup ou de s'interroger sur son impact sur l'imagination des enfants », écrit-il dans le Catholic World Report.

La relation semble claire: moins le message est woke, plus le public est nombreux et plus le box-office est élevé. Un scénario très différent de celui de films comme Elemental ou Strange World, ce dernier, sorti en 2022, a perdu plus de 197 millions de dollars. L'intrigue ? Encore une fois, il s'agissait d'un film « ultra-racaille » selon le Washington Times, avec une histoire d'amour entre adolescents gays, un message environnemental, pas de princesse et une famille composée d'un couple marié biracial, d'un fils gay et d'un chien à trois pattes, avec de nombreux autres personnages apparemment « non binaires », des femmes masculines, des hommes féminins.

En avril 2024, Bob Iger avait retenu la leçon. « Les histoires que vous racontez doivent vraiment refléter le public que vous essayez d'atteindre, mais ce public, qui est si diversifié... peut être rebuté par certaines choses. Nous devons simplement être plus sensibles aux intérêts d'un large public. Ce n'est pas facile », a-t-il déclaré à CNBC.

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Perdre la bataille politique

Un autre facteur qui pourrait avoir joué un rôle important dans le revirement d'Iger, et donc de Disney, est la perte du conflit qui avait été engagé avec le gouverneur de la Floride, le républicain Ron DeSantis, où se trouve le grand parc Disney World.

Le combat a commencé en 2022, avec l'adoption de la loi mal nommée « Don't say gay », vendue comme une érosion des droits LGBT, mais en réalité codifiée comme une « loi de défense des droits parentaux dans l'éducation » dans le but, selon DeSantis, de protéger les mineurs de l'endoctrinement idéologique à l'école.

« Les parents de jeunes enfants ne veulent pas qu'on leur inocule cela à la crèche. Ils ne veulent pas que les enseignants disent aux enfants qu'ils peuvent choisir d'être du sexe opposé, que le transgendérisme devrait être inclus dans les écoles maternelles et élémentaires. En Floride, nos politiques continueront à être basées sur ce qui est dans le meilleur intérêt des citoyens de Floride et non sur les élucubrations d'entreprises 'woke' », a expliqué le gouverneur.

Disney n'avait pas été invité à la controverse car les concours étaient éducatifs, mais sa réponse a été une déclaration de guerre au gouverneur de l'État où se trouve le grand parc : « Nous resterons engagés à soutenir les organisations nationales qui travaillent dans ce sens, et nous sommes déterminés à défendre les droits des membres LGBTQ+ de la famille Disney, ainsi que ceux de la communauté à travers le pays ».

Deux ans plus tard, Disney a vu sa marque s'éroder, se positionnant auprès des électeurs républicains comme une entreprise officiellement favorable à l'endoctrinement de leurs enfants:

Selon une enquête de WPA Intelligence de septembre 2022, le taux d'approbation de la marque Disney parmi les Américains de toutes orientations politiques était de 51% (37% parmi les électeurs républicains), alors qu'en mars 2021, il était de 77%.

Et ce n'est pas tout. En 2023, la grande entreprise a aussi directement perdu la bataille contre DeSantis, qui a réussi à mettre fin au système d'autogestion dont jouissait Disney sur le district de Reedy Creek, où se trouve le parc.

A partir de mars 2023, la zone reviendrait sous le contrôle de l'Etat de Floride, rebaptisé « Central Florida Tourist Oversight District », à un nouveau conseil d'administration choisi par DeSantis -et non plus par Disney-, un conseil visiblement conservateur et non woke, qui devrait garder le contrôle sur Disney : Bridget Ziegler, cofondatrice de Moms for Liberty; Ron Peri, président de Gathering USA, un réseau d'apostolat chrétien; et trois avocats, dont le président de la section d'Orlando de la Federalist Society.

Bilan : ce que Disney a perdu et ce qu'il a gagné avec le dada woke

Après des années de militantisme woke actif et agressif, ce que Disney a perdu est bien plus que ce qu'il a gagné: son incursion dans les productions endoctrinantes a été une catastrophe à la fois pour ses finances et pour ses clients. Son image de marque a été sévèrement écornée, et ce n'est qu'après des années de rejet des politiques de l'IED - diversité, équité et inclusion - et avec le retour à sa politique traditionnelle « favorable à la famille » qu'il pourra peut-être regagner la confiance de tous les citoyens.

Politiquement, il a également perdu, son administration sur le grand parc d'Orlando a été bousculée et maintenant il y a les conservateurs qui supervisent son activité avec DeSantis à la tête, mais sans le soutien du progressiste Biden et avec un Donald Trump renforcé, avec quatre longues années de gouvernement devant lui. Quant à ce qu'il a gagné, on peut supposer que ce n'est pas beaucoup plus que le soutien de certains lobbies, puissants et variés -woke, LGBT et raciaux- mais avec une concrétisation difficile à déterminer.

Combien de temps durera cette nouvelle phase chez Disney ? Pour l'instant, elle durera aussi longtemps que Bob Iger restera PDG de la grande entreprise, ce qui ne devrait pas durer très longtemps : Disney a confirmé qu'il cherchait déjà le successeur de Iger, dont le nom sera annoncé en 2026.

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Sur Trump et cette «Amérique qui se moque du monde»…

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Sur Trump et cette «Amérique qui se moque du monde»…

Nicolas Bonnal

C’est Dominique de Villepin, preux et vain orateur pacifiste en 2003, depuis récompensé par divers scandales qui compromirent son cursus présidentiel, qui a parlé, à propos de Trump, de l’Amérique « qui se moque du monde ». Il faut dire en effet que le Donald a mis les bouchées doubles et qu’il étourdit son monde sans lui laisser de répit. Et que je t’ordonne d’arrêter ta guerre, et que je te demande de me refiler ton pays, le Canada, ou la plus grande île (et dernière île vierge ou presque) du monde, le Groenland, et que je te demande de te taire, et que j’ordonne à ton électorat de voter pour l’extrême-droite allemande devenue plus très souverainiste du coup...

Elle aurait tort de se gêner l’Amérique. Sa balance commerciale extraordinairement déficitaire lui permet de faire chanter tout le monde ou presque, en particulier l’Europe (déjà ruinée sinon anéantie par Biden et son minyan – voyez Kunstler), ou l’arrière-cour latino, toujours plus dépendante de la puissance US. C’est Todd qui remarque - p. 240 de la Défaite - comme ça en passant (mais pourquoi seulement en passant ?) que le Mexique est devenu le satellite industriel de l’Amérique après avoir fait longtemps office de résistant numéro un à l’ogre-oncle Sam: de la même manière la république (et tant pis pour Philippe Roger…) est devenue un larbin intégral des Américains, et ce, vingt ans après le discours de Villepin à l’ONU, en ayant élu en 2007 un président présumé gaulliste ou néo-gaulliste, car on ne sait plus. Les andouilles qui faisaient, depuis Cochin, confiance à Chirac auraient dû regarder d’un peu plus près le CV des députés-maires du 92 en 1983: Sarkozy, Devedjian, Balkany, Noir, Barzach, tous plus socialistes, européens et mondialistes les uns que les autres. Mais le gaullisme fait partie des mythes froncés, et on ne les changera pas ces froncés.

Trump va humilier et ruiner l’Europe un peu plus donc. Le problème est que, tropisme démocrate aidant, les Français et les Européens aiment se faire plumer et humilier par les Huns-démocrates, pas par les autres dits républicains (voyez mon texte et le nom de vos places et de vos rues – Wilson, Roosevelt, Truman, Kennedy…). Ils n’aiment pas Trump puisque leurs médias aux ordres leur ont dit de le détester et que Trump qui a dû lire Guénon comme Bannon pratique la technique de la « folie apparente/sagesse cachée ». Il intrigue ou scandalise et donc imposera plus facilement le programme de la coulisse.

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On pourrait donc, comme le pitre Bardella, dénoncer Trump et se mettre un peu plus aux ordres d’Ursula et de son ordre nouveau européen qui passe par toujours plus de vers et d’insectes, toujours plus de vaccins et toujours plus de guerres et d’éoliennes ; et comme Ursula n’est pas en reste, elle va promouvoir comme Adolf la guerre contre l’Amérique après celle contre la Russie. Gageons que quelques frappes commerciales suffiront à calmer l’ire des fous de Bruxelles.

Mais voyons l’argument optimiste. L’idée première serait donc que Trump allant trop loin, et son monsieur Musk qui joue au pitre aussi, bras tendu ou non, le monde européen redresserait la tête et s’éloignerait du parrain américain.

Je ne le crois pas une seconde. Viscéralement russophobes, les pays de l’Est suivront jusqu’en enfer le Donald ; la France totalement « conifiée par les mots » (Céline) et gauchiste à en crever, reniement national inclus, ne peut rien proposer aux Européens qu’un suicide plus rapide. Leur Europe est soit promise à une guerre d’extermination contre la Russie, qui renforcera les intérêts américains, soit à une guerre d’attrition industrielle, qui en terminera avec son économie. Dans les deux cas Trump joue gagnant. On verra comment il mettra au pas séparément chaque pays des Brics. Comme je disais plus haut, cela sert d’avoir le plus gros déficit commercial du monde, déficit éternel que l’on renfloue simplement en imprimant ce dollar-qui-doit-disparaître-très-prochainement. Notre ami Shamir a rappelé que ni le rouble ni le yuan ne jouent de rôle secondaire: ce gentil rôle est échu à l’euro, que les Américains feront disparaître sur ordre, notamment en le faisant numériser par leur agent Christine Lagarde: tout le monde le fuira et ce sera la débandade.

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La domination culturelle américaine aussi va se maintenir, surtout s’il faut tenir compte de la montée en puissance de la débilité planétaire. Car la montée de l’intelligence artificielle depuis les années 90 s’accompagne d’un effondrement universel des QI, d’un écroulement des ambitions et des contenus culturels. Relisez Barzun ou Zweig, et comparez le contenu littéraire français du début du vingtième siècle au nôtre pour comprendre. Les dix films les plus vus en 2024 (voir source sur Wikipédia) sont des dessins animés pour enfants (et adulescents, si on veut faire court et gentil): autrement dit Hollywood reste aux commandes mais a liquidé les acteurs, qui n’ont pas pu de ce fait peser sur la dernière élection US ; ils n’existent plus. Dans un monde où l’homme n’existe plus et où le public s’en fout, il va devenir facile de faire régner avec trois oligarques l’intelligence artificielle, dût-on laisser son pré carré à la Chine rétive et surtout moins active que jamais sur le plan géostratégique. Après, on diminuera la taille du troupeau des citoyens superflus et tout le monde sera content. Comprenez le grand incendie en ce sens : l’acteur est aboli. Le nouveau Néron de l’ère numérique, qui abolira l’humain, l’a aboli l’humain. Est-ce un être de chair et de sang ou déjà une matrice informatique qui a bouffé le monde ?

L’Amérique, explique Céline dans le Voyage, c’est le pays de la technique – de la technologie comme on dit aujourd’hui. On sait ce qu’en a dit Bernanos dans sa France contre les robots, France qui n’aura comme prévu par d’autres, opposé aucune résistance. Voyez Cochin ou Drumont et mes textes à ce sujet.

Le Donald lui a parlé d’âge d’or ; il a même parlé de « Our God », notre dieu maçonnique et bien américain. On a aussi cité la quatrième églogue de Virgile et cet âge d’or qui devait revenir après le règne du christianisme, et dont a parlé Dick dans une elliptique et énigmatique (enfin, pas pour moi) nouvelle de neuf pages nommée L’œil de la sibylle.

Tout cela pour dire que l’Amérique se moque du monde et qu’elle a bien raison de le faire.  Avec les adversaires qu’elle a ou plutôt qu’elle n’a pas en face d’elle, elle joue gagnant à court et moyen terme.

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mardi, 28 janvier 2025

Un nouveau câble endommagé en mer Baltique

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Un nouveau câble endommagé en mer Baltique

Source: https://report24.news/wieder-wurde-ein-datenkabel-in-der-...

Dans les premières heures de ce dimanche matin, un incident s’est produit en mer Baltique, aggravant la situation déjà tendue dans la région: un important câble de données sous-marin reliant la Lettonie à la Suède a été endommagé, le troisième incident de ce type en seulement trois mois.

Le câble à fibre optique concerné, qui relie la ville portuaire lettone de Ventspils à l’île suédoise de Gotland, a été endommagé à un moment où les tensions géopolitiques dans la région atteignent des sommets. Le Centre letton de radio et télévision a confirmé la perturbation, tout en assurant que des itinéraires de transmission alternatifs ont été activés pour maintenir la connexion des données.

La Première ministre lettone, Evika Siliņa, a réagi immédiatement, soulignant que l’incident était traité en priorité : « Nous travaillons en étroite collaboration avec nos alliés suédois et l’OTAN pour enquêter sur cet incident », a-t-elle déclaré dans un communiqué officiel. Les autorités ont déjà ouvert une enquête pénale et renforcé la surveillance dans la région.

Fait particulièrement préoccupant: au cours des 18 derniers mois, trois incidents similaires ont été enregistrés, où des navires marchands se rendant ou revenant de ports russes ont été soupçonnés d’avoir endommagé des câbles sous-marins. Bien que des responsables occidentaux, comme l’a rapporté le Washington Post, attribuent plutôt ces incidents à des accidents maritimes qu’à des actes de sabotage délibérés de la part de la Russie ou de la Chine, l’inquiétude quant à la vulnérabilité des infrastructures critiques ne cesse de croître.

La répétition de ces incidents a déjà conduit à des mesures concrètes. Le géant technologique Meta prévoit, selon TechCrunch, une nouvelle route de câbles sous-marins en forme de “W” autour du globe, spécialement conçue pour éviter les zones de tensions géopolitiques. Cette nouvelle route reliera la côte est des États-Unis à Cape Town et Durban en Afrique du Sud, puis passera par Mumbai en Inde, Darwin en Australie, avant de traverser le Pacifique pour rejoindre la côte ouest des États-Unis.

Poker arctique: les États-Unis et la Chine se disputent l’avenir du Groenland

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Poker arctique: les États-Unis et la Chine se disputent l’avenir du Groenland

Source: https://report24.news/arktis-poker-usa-und-china-ringen-u...

Au Groenland, une confrontation géopolitique se profile à l’horizon. Ce qui pourrait apparaître à certains comme une simple étendue glacée surdimensionnée devient le théâtre d’un jeu stratégique entre les grandes puissances mondiales. Washington et Pékin manifestent un intérêt croissant pour la plus grande île du monde.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: avec une population d’à peine 56.000 habitants et un PIB modeste de 3,4 milliards de dollars (en 2024), le Groenland peut sembler être un poids plume économique. Pourtant, cette immense île repose sur une poudrière géopolitique susceptible de bouleverser l’équilibre mondial des pouvoirs. Une lutte d’influence oppose les États-Unis, l’Union européenne, la République populaire de Chine et la Fédération de Russie.

Un sondage récent attire particulièrement l’attention: 57% des Groenlandais se disent favorables à une appartenance aux États-Unis. Une évolution qui provoque des inquiétudes à Copenhague, où le Danemark détient encore officiellement les rênes en matière de politique étrangère et de sécurité.

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Deux routes maritimes potentielles traversant l’Arctique – le passage du Nord-Ouest longeant la côte nord-américaine et la route transpolaire au centre de l’océan Arctique – font de cette région un carrefour maritime d’importance croissante.

Alors que les États-Unis tentent de renforcer leur position, la Russie a déjà pris une longueur d’avance. Sa flotte de brise-glaces conventionnels et nucléaires dépasse de loin celle des Américains. Les nouveaux brise-glaces russes de la classe Projet 22220 peuvent traverser en continu des glaces atteignant 3,2 mètres d’épaisseur, soit plus de deux fois les capacités du plus puissant navire américain, l’USCGC Healy.

La coopération croissante entre la Russie et la Chine dans cette région aggrave encore la situation. La Chine, premier constructeur naval mondial, et la Russie, qui détient 53% de l’Arctique, ont uni leurs forces – une alliance qui fait retentir des alarmes à Washington.

Le gouvernement danois est face à un dilemme: d’un côté, il souhaite maintenir son lien colonial avec le Groenland; de l’autre, il manque des ressources nécessaires pour sécuriser efficacement la région et exploiter ses ressources naturelles. L’aide annuelle de 600 millions de dollars est à peine suffisante pour maintenir l’infrastructure de base.

La base spatiale américaine de Pituffik, anciennement connue sous le nom de Thule Air Base, avec ses 700 employés, constitue déjà un facteur économique important. Mais face à l’aggravation de la situation géopolitique, cela pourrait n’être qu’un premier pas vers une présence américaine renforcée.

Les parallèles avec l’histoire du canal de Panama, où la Chine a acquis une influence significative, sont pour les stratèges américains un avertissement. La région arctique, riche en terres rares et autres ressources naturelles, ne doit, selon eux, pas tomber entre de mauvaises mains. La question n’est plus de savoir si les États-Unis renforceront leur position au Groenland, mais comment. Que ce soit sous forme de protectorat ou autrement, les dés dans ce poker arctique ne sont pas encore jetés.

Le triomphe de la stupidité

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Le triomphe de la stupidité

Par Juan Manuel de Prada

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/el-triunfo-de-la-estupi...

Dans son dernier essai, El triunfo de la estupidez (publié chez Plaza y Janés), Jano García aborde une question politique épineuse, à savoir l'intronisation par tout dirigeant malin de la stupidité humaine comme mortier sur lequel fonder son pouvoir. Cette intronisation de la stupidité atteint son paroxysme, selon l'auteur, dans la démocratie, où les masses sont flattées comme dans aucune autre forme d'organisation politique, car le dirigeant a besoin de leur soutien pour rester au pouvoir, et où les passions viles sont élevées au rang de vertus publiques, en particulier l'envie. En fait, en établissant ce lien entre l'envie et la démocratie, Jano García ne va pas plus loin que ce contre quoi de nombreux maîtres nous ont mis en garde ; souvenons-nous, par exemple, de ces vers d'Unamuno qui nous avertissaient que lorsque « l'envie déverse son fiel sur une foule vide/de reconnaissance à l'appel sourd/elle la quitte habituellement et la transforme en une horde/qu'elle est la mère de la démocratie ».

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Bien sûr, cette « mère de la démocratie » doit se déguiser en justice sociale. Non seulement pour piller les riches, comme le souligne Jano García, mais en général pour dégrader et humilier tout ce qui est bon ou beau, car les envieux ont besoin de voir piétinées les vertus qu'ils ne peuvent atteindre. L'envieux, comme le souligne Jano García, « ne sera jamais assez satisfait du pillage dont souffre son prochain jusqu'à ce qu'il soit réduit au même niveau que lui ».

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C'est en effet le cœur pourri de la démocratie qui, dans cette dernière phase de dégénérescence, atteint son paroxysme par l'intronisation de démagogues qui, en attisant les basses passions de la foule, réalisent leurs desseins les plus néfastes. Dans son essai, Jano García expose avec brio les ravages que cette « envie égalitaire » - pour reprendre l'expression de Gonzalo Fernández de la Mora - est en train de causer à la communauté politique.

Dans son ouvrage de référence La démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville avait déjà prévu ces ravages: « Les nations de notre temps ne peuvent éviter l'égalité des conditions dans leur sein, mais il dépend d'elles que cette égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, à la civilisation ou à la barbarie, à la prospérité ou à la misère ». Tocqueville a averti que la démocratie favoriserait une nouvelle forme de despotisme, dans laquelle il suffirait au despote d'aimer l'égalité, ou même de faire semblant de l'aimer, pour que les masses rejettent toute atteinte à l'égalité, en renonçant en échange à leur liberté politique. C'est cette recette qu'utilise le Dr Sánchez, face à une société qui ne bronche pas et à une droite molle, enfermée dans la cage mentale de ses distorsions cognitives.

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Jano Garcia nous montre comment l'égalité des chances, si nécessaire au maintien d'une société saine, s'est dégradée en un égalitarisme avilissant qui prétend que les ignorants peuvent réduire au silence les sages, que les paresseux peuvent vivre dans l'opulence aux dépens des travailleurs, que les vils peuvent mépriser et stigmatiser les nobles de manière olympique. Comme l'observait Tocqueville, l'égalité produit deux tendances: l'une conduit directement les hommes à l'indépendance, l'autre les conduit par une voie plus longue et plus secrète, mais plus sûre, au servage. Sans doute notre époque maudite a-t-elle choisi la voie de la servitude, qui aboutit à ce que Tocqueville lui-même appelle « la tyrannie de la majorité », où s'imposent un égalitarisme castrateur et une subversion de toutes les hiérarchies. Et cette passion égalitaire devient encore plus monstrueuse lorsqu'elle se mêle à l'obsession du bien-être, qui transforme l'être humain en victimaire avide de confort matériel et de « nouveaux droits ».

Dans un passage de son ouvrage, Jano García affirme que les stupides sont beaucoup plus dangereux que les méchants, « car un méchant, pour réaliser son plan diabolique, a toujours besoin de la participation des autres pour atteindre son but ». Un dirigeant malfaisant a en effet besoin de masses crétinisées pour se hisser et se maintenir au pouvoir. Mais si ce sont les méchants qui mobilisent les stupides, les méchants sont sans doute les plus dangereux, car ils sont à l'origine du mal, même si l'union des stupides est tragique. En effet, un noble souverain peut transformer les stupides en gens laborieux ; il peut stimuler chez eux les conduites les plus vertueuses et les plus bienfaisantes ; il peut susciter chez eux un désir d'émulation et les ennoblir, enfin, jusqu'à l'héroïsme ou à la sainteté. En revanche, un chef méchant, outre qu'il flatte les stupides, peut aussi les rendre méchants en suscitant en eux les passions les plus viles.

Un noble souverain s'efforce d'ordonner la société de façon hiérarchique, de telle sorte que les capacités de chacun, en prenant la place qui leur revient, agissent au profit des capacités des autres, en les renforçant. Le mauvais souverain, au contraire, ne fera rien d'autre que d'exciter l'envie de ceux qu'il gouverne, pour laquelle il a besoin de subvertir toutes les hiérarchies humaines, de détourner l'éducation, de frelater l'opposition, d'encourager les exigences les plus iniques et les pillages les plus sanglants. Et ainsi de suite, jusqu'à transformer la société qu'il gouverne en un pandémonium où triomphent les satans les plus bas. Mais il y a toujours des hommes bons qui parviennent, avec l'aide de Dieu, à vaincre le mal et la bêtise. Jano García en parle également dans son splendide essai ; mais il doit s'agir d'hommes prêts à être mis en pièces par la meute.

L'IA chinoise DeepSeek déplace le capital technologique de Palo Alto à Hangzhou

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L'IA chinoise DeepSeek déplace le capital technologique de Palo Alto à Hangzhou

Source: https://dissident.one/chinas-deepseek-ai-verplaatst-de-ho...

En l'espace de quelques jours, la nouvelle de la sensation chinoise en matière d'IA, DeepSeek R1, est passée d'une légère brise à un ouragan de force 5. Il est désormais clair que personne dans la Silicon Valley ou à Washington DC n'avait la moindre idée que son monde serait bouleversé par un nouveau produit innovant qui ferait pencher la balance géopolitique plus à l'est, écrit Mike Whitney.

C'est pourtant ce qui s'est passé. Et ce n'est pas seulement parce que la dernière version de DeepSeek égale ou dépasse les performances du meilleur modèle américain, OpenAI, mais parce qu'elle est moins chère, plus accessible et transparente. L'IA est à la portée de tous, quels que soient leur statut et leurs revenus. Son émergence soudaine « de nulle part » a suscité des doutes quant à la capacité des géants occidentaux de la technologie à anticiper les capacités de leurs concurrents ou à diriger une industrie essentielle pour que Washington maintienne son emprise de plus en plus lâche sur le pouvoir mondial. Voici un bref résumé de Venture Beat :

... grâce à la sortie de DeepSeek R1, un nouveau modèle de langage étendu qui effectue un « raisonnement » similaire au meilleur modèle disponible actuel d'OpenAI o1 - prenant plusieurs secondes ou minutes pour répondre à des questions difficiles et résoudre des problèmes complexes, tout en réfléchissant à sa propre analyse étape par étape ou « chaîne de pensée ».

En outre, DeepSeek R1 a obtenu des résultats aussi élevés, voire plus élevés, que le modèle o1 d'OpenAI sur divers benchmarks de tiers... et aurait été formé pour une fraction du coût..., avec beaucoup moins d'unités de traitement graphique (GPU), dans le cadre d'un embargo strict imposé par les États-Unis, le pays d'origine d'OpenAI.

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Mais contrairement à o1, qui n'est disponible que pour les abonnés payants de ChatGPT du niveau Plus (20 $ par mois) et des niveaux plus coûteux (comme Pro pour 200 $ par mois), DeepSeek R1 a été publié en tant que modèle entièrement open source, ce qui explique également pourquoi il a rapidement grimpé dans le classement des modèles les plus téléchargés et les plus actifs de la communauté de codage de l'IA Hugging Face. Pourquoi tous les acteurs de l'IA s'inquiètent de DeepSeek? Venture Beat nous l'explique:

« Flipper » est probablement l'euphémisme du siècle. La Silicon Valley est en pleine crise émotionnelle et la voie à suivre est loin d'être assurée. Comme nous le verrons plus loin, les mandarins occidentaux de la technologie devront revenir à la case départ et adapter leur approche à la nouvelle réalité. En bref, l'ordre du jour est fixé par des personnes qui ont des priorités, des valeurs et des croyances différentes et qui vivent à 10.000 kilomètres de là. Ils ne souscrivent pas à l'idée que les progrès technologiques doivent renforcer la surveillance policière ou d'autres formes répressives de contrôle social (comme c'est le cas en Occident). Leur vision de l'avenir est totalement différente, mais invariablement optimiste.

Avez-vous remarqué que « DeepSeek R1 a obtenu un score aussi élevé, voire plus élevé, que l'o1 d'OpenAI (alors qu'un embargo américain strict était en vigueur) » ?

En d'autres termes, ces petits génies chinois ont créé leur version de pointe avec une main attachée dans le dos. Ils se sont affranchis des lourdes sanctions imposées par Washington et ont battu l'Oncle Sam à son propre jeu, ce qui est un véritable exploit (Forbes : « Les contrôles américains à l'exportation sur les semi-conducteurs avancés étaient destinés à ralentir les progrès de la Chine en matière d'IA, mais ils ont peut-être involontairement stimulé l'innovation »). Et ce n'est pas tout :

Grâce à son caractère entièrement libre, des personnes ont déjà affiné et formé de nombreuses variantes du modèle à des fins spécifiques, par exemple en le rendant suffisamment petit pour qu'il puisse fonctionner sur un appareil mobile ou en le combinant avec d'autres modèles libres. Même si vous souhaitez l'utiliser à des fins de développement, les coûts de l'API de DeepSeek sont inférieurs de plus de 90 % à ceux du modèle o1 équivalent d'OpenAI. Reposons la question: pourquoi tous les acteurs de l'IA s'inquiètent de DeepSeek?  Venture Beat, une nouvelle fois, répond:

Moins cher, plus adaptable et transparent. Y a-t-il plus ? Oui, il y a davantage :

Le plus impressionnant, c'est qu'il n'est même pas nécessaire d'être ingénieur logiciel pour l'utiliser : DeepSeek dispose d'un site web et d'une application mobile gratuits, même pour les utilisateurs américains, avec une interface de chatbot pilotée par R1 très similaire à ChatGPT d'OpenAI. Seulement, DeepSeek a de nouveau sapé ou « giflé » OpenAI en liant ce puissant modèle de raisonnement à la recherche sur le web - ce qu'OpenAI n'a pas encore fait... Voilà pourquoi tout le monde dans le domaine de l'IA s'affole à propos de DeepSeek.

L'auteur a-t-il raison ? Les magnats de la technologie et leurs alliés fortunés sont-ils en train de « paniquer » à propos de DeepSeek ou considèrent-ils qu'il s'agit d'un petit accroc sur la voie de la suprématie de l'IA ? Voici sa réponse à cette question :

Un article circule sur Blind... suggérant que Meta est en crise à cause du succès de DeepSeek parce qu'il a si rapidement dépassé les propres efforts de Meta pour devenir le roi de l'IA open source avec ses modèles Llama.

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Il semble que beaucoup de gens soient inquiets, et pour de bonnes raisons. DeepSeek est une bombe atomique qui a explosé au cœur de la Silicon Valley. C'est un véritable défi lancé à la famille royale de facto des brahmanes américains de la technologie, qui pensaient que leur règne serait éternel. Ils doivent maintenant « rattraper » un groupe émergent d'intellos qui voient leur monde s'effondrer autour d'eux. Plus important encore, l'avenir de l'IA se décide à Hangzhou et non à Palo Alto, ce qui signifie que nous pourrions assister à une pause dans les guerres, l'Oncle Sam ayant plus de mal à financer ses effusions de sang sans fin. Ce serait un soulagement bienvenu.

L'auteur de l'article ci-dessus cite même l'un de mes analystes préférés de l'X, Arnaud Bertrand, une source inestimable d'informations impartiales sur les développements en Chine. Voici ce qu'il a dit :

« Il n'est pas exagéré de dire à quel point cela change profondément tout le jeu. Et pas seulement en ce qui concerne l'IA, il s'agit également d'une énorme mise en accusation de la tentative malavisée des États-Unis d'arrêter le développement technologique de la Chine, sans lequel Deepseek n'aurait peut-être pas été possible... »

Oui, l'embargo sur les semi-conducteurs a échoué de manière spectaculaire, prouvant une fois de plus que nous sommes gouvernés par des gens incompétents et stupides qui aiment punir les gens pour des violations de règles qu'ils inventent sur place. Il suffit de voir le gâchis que ces « génies » ont créé.

Nous terminons avec la critique astucieuse de Bertrand sur le projet Stargate de Trump, d'une valeur de 500 milliards de dollars, qui sera obsolète avant même que la première pierre ne soit posée :

Si le projet Stargate va de l'avant, il risque de devenir l'un des plus grands gâchis de capitaux de l'histoire. En effet :

1) Il repose sur des hypothèses dépassées concernant l'importance de l'informatique évolutive dans l'IA (le dogme « plus gros ordinateurs = meilleure IA »), dont DeepSeek vient de prouver la fausseté.

2) Elle suppose que l'avenir de l'IA réside dans des modèles fermés et contrôlés, malgré la préférence manifeste du marché pour des alternatives démocratisées et à source ouverte.

3) Il s'en tient à un scénario de guerre froide, présentant la domination de l'IA comme une course aux armements matériels à somme nulle, ce qui est en fait diamétralement opposé à la direction que prend l'IA (encore une fois : logiciels libres, communautés mondiales de développeurs et écosystèmes collaboratifs).

4) Elle mise tout sur OpenAI, une société confrontée à des problèmes de gouvernance et à un modèle d'entreprise qui remet sérieusement en question l'avantage de coût de 30 fois celui de DeepSeek.

En bref, cela revient à construire une ligne Maginot du numérique d'un demi-milliard de dollars : un monument très coûteux pour des hypothèses dépassées et erronées. C'est l'OpenAI et, par extension, les États-Unis qui mènent la dernière guerre.  (voir: @RnaudBertrand)

Ou, comme l'a dit Jim Fan : le futur de l'IA est la démocratisation.... C'est le raz-de-marée de l'histoire sur lequel nous devons surfer, et non pas nager à contre-courant. (Jim Fan: @DrJimFan).

En effet.

lundi, 27 janvier 2025

Comme le chat avec les souris (comment construire une alternative à Trump)

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Comme le chat avec les souris (comment construire une alternative à Trump)

par Vincenzo Costa

Source : Vincenzo Costa & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/come-il-gatto-coi...

Trump joue avec la culture progressiste comme le chat avec les souris. Rien de ce qu’il dit n’est réel, et pour construire une alternative, il faut commencer par se soustraire à son jeu. Lorsque Trump ou Musk parlent ou agissent, ils n’expriment pas ce qu’ils pensent, et leurs gestes ne sont même pas des symboles : ce sont des simulacres, des représentations destinées à d’autres.

Ce ne sont ni des erreurs, ni le signe d’un état d’ébriété avancé, ni d’un trouble quelconque. À ces niveaux, rien n’est involontaire : tout repose sur des analyses, des études, des projets. Ces actes ont un sens, mais ce sens n’autorise pas à révéler leur projet ; il est de forcer le débat sur autre chose.

Leurs paroles et même certains décrets exécutifs ne disent rien de leurs intentions véritables. Leur fonction est opposée : détourner, concentrer l’attention sur autre chose.

Ce sont des milliardaires qui possèdent des données et savent comment fonctionne l’opinion publique progressiste: idéologique, réactive, et, au fond, naïve. Ils le savent très bien et jouent avec cette naïveté. Ils savent que lancer des absurdités, signer certains décrets ou poser des gestes ambigus produit des effets immédiats, envahit et sature l’espace public. Cela le vide de sa substance.

Personne ne sait vraiment ce que Trump fera, ou quel est le projet de Musk. Mais il est certain qu’ils en ont un, et qu’il est puissant. Dans quatre ans, nous vivrons dans un monde différent. L’histoire subira une terrible accélération dans cette période, à tous points de vue.

Et même si nous ignorons leurs intentions, il faut comprendre, si nous voulons vraiment construire une alternative, que ces déclarations sont des spectacles pour captiver le public. Leur but est de diriger l’attention sur certains sujets, pour éviter de parler d’autres questions.

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L’objectif est de vider l’espace public : si personne ne sait ce que Trump veut vraiment faire (en Ukraine, face à la Chine, avec la technologie, ou pour l’ordre mondial), alors l’espace public ne peut discuter de rien de concret. Il ne peut que réagir.

Cela empêche l’expression, dans la sphère publique, du malaise qui traverse nos sociétés et l’émergence d’une perspective différente du libéralisme oligarchique dominant.

Trump sait que toute la mythologie progressiste a perdu sa crédibilité. Il va en jouer sans relâche. Lorsque la culture progressiste l’attaque, elle le renforce, car Trump a construit son soutien précisément de cette manière, en exacerbant ces thèmes. Chaque attaque renforce Trump. Il est donc avantageux de stimuler l’indignation de la culture progressiste: décrédibilisée, de plus en plus rhétorique et hypocrite, sourde et arrogante face aux problèmes réels des gens, plus elle critique Trump, plus elle le renforce.

Trump et Musk le savent, car ils disposent des données, ils savent ce qui agite le monde ordinaire. Ils dictent l’agenda : « Parlez de ceci, reprenez vos discours vieux de 40 ans, qui n’ont plus aucun impact sur le réel et que les gens perçoivent comme hypocrites. Nous tirerons de la force de vos critiques. »

Ils savent que les progressistes crieront immédiatement, que l’« antifascisme esthétique » se déclenchera automatiquement. Et ils savent que les gens normaux ont d’autres préoccupations, et que cet antifascisme esthétique ne leur sert à rien.

Cela empêche la naissance d’une alternative qui parle aux gens, qui porte leurs besoins d’émancipation – lesquels ne s’expriment pas dans les termes utilisés par la gauche progressiste de ces 40 dernières années.

Ces simulacres servent à empêcher le débat de se concentrer sur la réalité : c’est la réalité qui ne doit pas apparaître. Et ils savent qu’ils peuvent compter sur les réactions d’une culture aveugle, sur ces idiots qui parlent de « démocratie délibérative », alors que tout le monde au café vous dira : « Mais il n’y a rien à délibérer ! »

Si nous voulons construire une alternative réelle et concrète, il ne faut pas contrer Trump de manière réactive. Il faut comprendre que tout ce qu’ils font et disent ne révèle rien : cela dissimule, cela cache. Personne ne sait quel est leur projet, mais il existe, et il est puissant et déterminé.

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Ces simulacres sont une lutte dans le discours. L’alternative ne naîtra pas en laissant Trump et Musk dicter les sujets. Elle naîtra en imposant d’autres thèmes, qui ne peuvent pas être les vieux chevaux de bataille de la culture progressiste des 40 dernières années.

On ne construit pas une alternative avec cet horizon que les gens ont littéralement vomi, ce qui a perdu toute crédibilité. On ne la construit pas avec des figures qui ont détruit leur propre crédibilité. Rien ne naîtra de discours mièvres et rhétoriques.

Trump et Musk savent qu’ils peuvent compter, aux États-Unis comme en Europe, sur une arme redoutable : l’absence de crédibilité de toute alternative. Ils savent qu’en déclenchant ces mécanismes, la crédibilité de toute opposition diminuera encore davantage.

Si l’on veut – et il le faut – construire une alternative, il faut changer de discours, changer d’horizon de pensée, abandonner les icônes et toute la culture des dernières décennies.

Si cette culture était réellement utile, nous ne serions pas ici. Et si nous en sommes là, c’est parce qu’elle est inutile, sectaire, aveuglante. On peut en faire des séminaires, mais on ne peut pas l’utiliser pour construire une alternative populaire et de masse, qui parle aux gens concrets et donne voix à leurs besoins et à leurs désirs.

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Bernanos et la dévaluation des hommes aux temps totalitaires

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Bernanos et la dévaluation des hommes aux temps totalitaires

Nicolas Bonnal

On a la tyrannie européenne (avec l’euro tout sera terminé), la guerre, le terrorisme climatique, l’invasion migratoire, mais tout ce la masse réclame c’est plus de censure ici, ou de lutte contre Trump et Poutine et Elon Musk là-bas. Revenons à Bernanos alors, qui croyait avoir tout vu et tout subi en 1945.

Bernanos avait rêvé, au début juste après la Libération, et ça donne la légendaire France contre les robots, livre dépassé un an ou deux après. Le grand esprit déchante vite (« votre place est parmi nous ! » lui chantait de Gaulle qui part vite aussi) et cela donne ensuite les prodigieuses conférences de « la Liberté, pour quoi faire ? », où le grand esprit pragmatique et non visionnaire remet tout le monde à sa place : la démocratie vaut les dictatures et le christianisme est crevé, surtout celui qui veut se moderniser. On relira mon texte fondamental (je pèse mes mots, car on est en enfer, on y est vraiment) sur Bruckberger qui va plus loin que Bernanos quand il découvre que l’Inquisition est la source et le prototype des méthodes totalitaires modernes. Les chrétiens via von der Leyen, Barnier ou Bayrou sont aujourd’hui aux avant-postes du terrorisme néo, béni par Bergoglio.

On commence par « cette masse affreusement disponible » qui vote pour l’Europe, pour Macron-antifasciste-républicain-humaniste, pour la guerre, pour le vaccin, pour l’Europe, pour l’Otan, pour le mondialisme, pour le Grand Reset, pour le totalitarisme informatique, pour tout.

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Or cette masse bascule de Pétain à de Gaulle comme cela, par mouvement mécanique, par mouvement de balancier ; et Bernanos écrit donc :

« Il y a des millions et des millions d’hommes dans le monde qui n’ont pas attendu notre permission pour soupçonner que la France de 1940- formée d’une majorité de gaullistes et d’une poignée de pétainistes – ne forme réellement qu’UNE SEULE MASSE AFFREUSEMENT DISPONIBLE, dont l’événement de Munich avait déjà permis de mesurer le volume et le poids, qui s’est retrouvée presque tout entière à l’Armistice pour rouler dans le pétainisme par le seul effet de la pesanteur, jusqu’à ce que l’invasion de l’Afrique du Nord, rompant l’équilibre, l’ait fait choir sur l’autre pente… La masse française, cette masse électorale suicidaire, cherche aujourd’hui à tâtons un autre fait irréparable… Au terme de notre évolution, il ne subsistera de l’Etat qu’une police, une police pour le contrôle, la surveillance, l’exploitation et l’extermination du citoyen (la liberté pour quoi faire ?). »

Et d’ajouter :

« Il y a des millions et des millions d’hommes dans le monde qui n’ignorent plus que la Résistance ayant été l’œuvre d’une poignée de citoyens résolus, qui électoralement ne pouvaient pas compter pour grand-chose, il était fatal que la réorganisation de la Démocratie parlementaire réduisît la Résistance à rien. »

monde-d-hier-2266346308.jpgStefan Zweig écrit sur cette masse affreusement disponible dans son inoubliable Monde d’hier: 

« la masse roule toujours immédiatement du côté où se trouve le centre de gravité de la puissance du moment ». Monde d’hier, Livre de Poche, p. 469, pour les curieux. On ajoute pour les gourmets : Ceux qui criaient aujourd’hui « Heil Schuschnigg ! » hurleraient demain « Heil Hitler ! ». C’est la page suivante… Heil Biden ! Heil Davos ! Heil Ursula ! Heil climat !…

On connaît le nombre exorbitant (mais toujours insuffisant) d’homosexuels dans nos élites françaises, européennes et mondialistes. Zweig ajoute cette note page 365 :

« Déjà les sociétés secrètes fort mêlées d’homosexuels étaient plus puissantes que ne le soupçonnaient les chefs de la république… »

On relira mes textes sur Zweig et sur les eunuques de Balasz qui, dans la Chine ancienne, drivaient déjà une économie et une société totalitaires (on ne pouvait ni marcher ni se vêtir comme on voulait, comme au temps du Covid et du changement climatique…). Voir la bureaucratie céleste, Tel, Gallimard, pp. 36-37, 73-75., où Balasz décrit des guerres d’extermination des eunuques, guerres de proportions… bibliques.

Bernanos n’aime pas qu’on le dise pessimiste (le terme est fatigant, c’est vrai) ; mais voici ce qu’il écrit sur l’optimiste :

« L’optimisme est un ersatz de l’espérance, dont la propagande officielle se réserve le monopole. Il approuve tout, il subit tout, il croit tout, c’est par excellence la vertu du contribuable. Lorsque le fisc l’a dépouillé même de sa chemise, le contribuable optimiste s’abonne à une revue nudiste et déclare qu’il se Promène ainsi par hygiène, qu’il ne s’est jamais mieux porté. »

Sur le pessimisme :

« Le mot de pessimisme n’a pas plus de sens à mes yeux que le mot d’optimisme, qu’on lui oppose généralement. »

Le problème, le vrai problème c’est la dévaluation du matériel humain ; et là Bernanos surprend avec des arguments… en or massif (Zweig en parle aussi au début de ses mémoires) :

« Les événements n’ont pas plus de volume qu’avant, ce sont les hommes qui sont dévalués. La dévaluation de l’homme est un phénomène comparable à celui de la monnaie. N’attendez pourtant pas que les dévalués conviennent de leur dévaluation! Si le billet de mille francs pouvait parler, il dirait que le bifteck est devenu aussi précieux que l’or, il n’oserait jamais avouer que c’est lui qui ne vaut plus que cent sous. Ainsi les hommes dévalués préfèrent se venger sur l’histoire de leur dévaluation. Ils sont de plus en plus enclins à nier l’histoire, à ne voir en elle que l’ensemble des fatalités historiques… »

La fin de l’étalon-or a signifié pendant la guerre la tuerie interminable : le citoyen ne valait plus rien et l’Etat pouvait imprimer et exterminer tout ce qu’il voulait.

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La fin des hommes c’est la Révolution Française, et la conscription par la Convention ; et Bernanos, qui encense 89 dans la France contre les robots ensuite écrit :

« En décrétant la conscription obligatoire, la Convention nationale a trahi la civilisation et fondé le monde totalitaire. Dès qu’il suffit d’un décret pour que tous les citoyens appartiennent à l’Etat, pourquoi ne lui appartiendraient-ils pas toujours, de la naissance à la mort ? ».

L’homme moderne assisté et dissuadé (cf. mon texte sur Virilio) veut être soulagé ; comme disait le génial australien Pearson, le fardeau de sa personnalité (personne alitée…) lui pèse, et ce, cinquante ans déjà avant Beckett ou Ionesco (voir aussi Nietzsche ou Drumont qui dans ses grands moments le vaut presque) :

Le combat contre l’homme et la liberté est le même partout, derrière les slogans (« tu es à la solde de Wall Street et du mikado ! ») ; Bernanos toujours :

« Tout homme qui pense a compris que l’Amérique et la Russie s’opposent plus économiquement qu’idéologiquement, une nation de trusts est toujours menacée de devenir brusquement totalitaire. La Russie s’emploie de plus en plus à créer un type d’ouvrier à grand rendement aussi semblable que possible à l’ouvrier… »

Les extrêmes (d’ailleurs jamais si éloignés que cela, on l’a vu au moment de notre « pandémie ») ont vite fait de se rejoindre :

« Car ce monde n’est pas nouveau. Capitaliste ou marxiste, libéral ou totalitaire, il n’a cessé d’évoluer vers la centralisation et la dictature. Le régime des trusts ne saurait nullement s’opposer au collectivisme d’Etat, puisqu’il n’est qu’une phase de l’évolution que je dénonce. »

On se demande si Bernanos aurait fini libertarien (Chesterton était considéré comme un chrétien-libertarien, mais vous imaginez un parti ?) : no state, no war, no taxes, comme disent nos amis de lewrockwell.com. Trop simple ou trop évident ?

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La course au gigantisme :

« Les trusts ont concentré peu à peu la richesse et la puissance autrefois réparties entre un très grand nombre d’entreprises, pour que l’Etat moderne, le moment venu, distendant sa gueule énorme, puisse tout engloutir d’un seul coup, devenant ainsi le Trust des Trusts, le Trust-Roi, le Trust-Dieu… Non, ce monde n’est pas nouveau. »

Répétons qu’on est en enfer :

« Qui peut croire ce monde digne d’amour? A quoi bon aimer ce qui s’est voué soi-même à la haine ? Dieu n’y réussit même pas, il se résigne à laisser subsister l’enfer. Le Fils de Dieu est mort et on pourrait dire que l’enfer survit au Fils de Dieu. Oh! vous pouvez parfaitement trouver scandaleux de m’entendre comparer le monde moderne à l’enfer. Mais c’est là une impression que n’ont pu manquer d’avoir les habitants de Nagasaki, à moins que le temps hélas ! ne leur ait fait défaut pour cela. »

Car le lendemain de la guerre, rebelote avec déjà le plan Monnet et les prémisses de leur Europe vendue aux trusts et aux bureaucrates (donc démocratie intouchable…) :

« La France a des raisons de ne pas s’enthousiasmer pour le plan Monnet! On lui demande de construire des machines, encore plus de machines, de se sauver par la machinerie. Elle ne croit plus à la multiplication indéfinie des machines… »

Pierre Gille (d’ailleurs écarté depuis) remarque dans son excellente préface :

« Bernanos attendait de la Libération de la France une insurrection des forces de l’esprit…Et que voit-il, ce même monde recommencé comme si rien ne s’était passé…. »

C’est qu’il a ses adeptes ce monde religieusement adoré de l’américanisme. Céline parle dans des pages immortelles des Français parfaitement enthousiastes, Bernanos des amateurs de radiations (elles les rendent radieux !) :

« Supposez que demain – puisque nous sommes dans les suppositions, restons-y – les radiations émises sur tous les points du globe par les usines de désintégration modifient assez profondément leur équilibre vital et les sécrétions de leurs glandes pour en faire des monstres, ils s’arrangeront très bien de leur condition de monstres, ils se résigneront à naître bossus, tordus, ou couverts d’un poil épais comme les cochons de Bikini, en se disant une fois de plus qu’on ne s’oppose pas au progrès. Le mot de progrès sera le dernier qui s’échappera de leurs lèvres à la minute où la planète volera en éclats dans l’espace. »

Et dans ce monde, comme au moment du refus du vaccin nocif et inutile l’homme libre sera la brebis égarée du troupeau Bergoglio et le monstre à abattre :

« La menace qui pèse sur le monde est celle d’une organisation totalitaire et concentrationnaire universelle qui ferait, tôt ou tard, sous un nom ou sous un autre, qu’importe ! de l’homme libre une espèce de monstre réputé dangereux pour la collectivité tout entière, et dont l’existence dans la société future serait aussi insolite que la présence actuelle d’un mammouth sur les bords du lac Léman. Ne croyez pas qu’en parlant ainsi je fasse seulement allusion au communisme. Le communisme disparaîtrait demain, comme a disparu l’hitlérisme, que le monde moderne n’en poursuivrait pas moins son évolution vers ce régime de dirigisme universel auquel semblent aspirer les démocraties elles-mêmes. »

En 45, Hitler a gagné la guerre (voyez l’amusant livre homonyme de Graziano). Schwab et Ursula y mettront bon ordre :

« Il est clair qu’il reste partout des foyers d’infection totalitaire dans le monde. Le totalitarisme a été battu grâce à ses propres méthodes, par des méthodes totalitaires… Les dictatures ont été les symptômes d’un mal universel, dont souffre toute l’humanité. La civilisation des machines a considérablement amoindri dans l’homme le sens de la liberté. Les disciplines imposées par la technique ont peu à peu sinon ruiné, du moins considérablement affaibli les réflexes de défense de l’individu contre la collectivité. »

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On sait que tout passe par le contrôle de l’Etat, surtout aux USA, pays du simulacre libéral, et ce depuis Wilson et Roosevelt et leurs guerres totalitaires contre l’Allemagne (lisez le toujours excellent Goldberg et son essai sur le fascisme libéral) :

« La plupart des démocraties, à commencer par la nôtre, exercent une véritable dictature économique. Elles sont de véritables dictatures économiques. La dictature économique survit presque partout aux nécessités de la guerre, par lesquelles on prétendait la justifier. Il serait difficile de nier que le cadre de l’activité économique… »

Ensuite Bernanos se rapproche du banc des accusés (ben oui…) :

« On voudrait nous faire croire que l’Etat nazi fut une sorte de monstre imprévu, imprévisible, un phénomène absolument fortuit, une espèce de chose tombée de la lune. Mais cet État hitlérien ne différait pas spécifiquement de certains Etats modernes prétendus démocratiques, en voie d’évolution vers la forme totalitaire et concentrationnaire. Démocratique ou non, l’Etat moderne a économiquement tous les droits. »

Je le disais libertarien ? Voyez là :

« Lorsqu’un État prétend disposer, en certains cas, de 83 % du revenu du citoyen, contre la promesse, d’ailleurs toujours révocable, de lui garantir ce qui lui reste, on a bien le droit de se demander où s’arrêteront ses prétentions. Qui dispose des biens finit toujours par disposer un jour des personnes. »

Confiscation de l’épargne, du corps (soumis à la tyrannie vaccinale, voyez Kennedy), des maisons, de de la liberté de se déplacer, demandez le programme !

A la fin on comprend que l’Etat et les partis (presque tous libéraux ou socialos) qui le contrôlent ne rêvent que d’une chose : la grande et belle extermination du citoyen-électeur distrait.

« Et cette bureaucratie, chez les plus atteints, se décomposait elle-même jusqu’à la forme la plus dégradée de la bureaucratie, qui est la bureaucratie policière. Au terme de cette évolution, il ne subsiste de l’État qu’une police, une police pour le contrôle, surveillance, l’exploitation et l’extermination du citoyen. »

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Dans ce désastre il ne faut rien attendre des chrétiens (pour ceux qui auraient encore des doutes) ; ici aussi le matériel humain a été dégradé, édulcoré ou autre :

« Des chrétiens sans cervelles, de pauvres prêtres sans conscience, épouvantés à l’idée qu’on va les traiter de réactionnaires, vous invitent à christianiser un monde qui s’organise délibérément, ouvertement, avec toutes ses ressources, pour se passer du Christ, pour instaurer une justice sans Christ, une justice sans amour, -la même au nom de laquelle l’Amour fut fouetté de verges et mis en croix. »

Pour terminer une magnifique remarque : on dégénère en s’endurcissant.

« Le drame de l’Europe, le voilà. Ce n’est pas l’esprit européen qui s’affaiblit ou s’obscurcit depuis cinquante ans et plus, c’est l’homme européen qui se dégrade, c’est l’humanité européenne qui dégénère. Elle dégénère en s’endurcissant. Elle risque de s’endurcir au point d’être capable de résister à n’importe quelle expérience des techniques d’asservissement, c’est-à-dire non pas seulement de les subir, mais de s’y conformer sans dommage. »

Allez, cessons de déprimer : le froncé considère que le danger vient de Trump...

Nicolas Bonnal sur Amazon.fr

Alexandre Douguine: MAGA - MEGA - MRGA. L'écouméne chrétien tripolaire

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MAGA - MEGA - MRGA. L'écouméne chrétien tripolaire

Alexandre Douguine explore le potentiel d'une alliance tripolaire entre le MAGA, le MEGA et le MRGA pour résister au libéralisme mondialiste.

Alexandre Douguine

L'UE, dirigée par les mondialistes libéraux d'extrême gauche, est clairement hostile aux États-Unis de Trump. Mais le mouvement MEGA ("Make Europe Great Again") relève d'une tendance plus délicate. Reconnaissant envers les États-Unis pour s'être libérés de la dictature mondialiste, le mouvement MEGA ne peut pas être un simple outil obéissant aux Américains. Où est la grandeur ? Certainement pas dans la soumission totale.

MEGA ne peut donc pas être inconditionnellement pro-américain. Lorsque Steve Bannon est venu en Europe en 2017 pour tenter de soutenir le populisme de droite, il a découvert que la droite européenne (la Nouvelle Droite en premier lieu) était bien différente de ce qu'il présumait. Elle est gaulliste, sociale, anticapitaliste et anti-américaine. MEGA partage avec MAGA le rejet de DEI ("Diversity, Equity, Inclusiveness"), du wokisme, du libéralisme, du globalisme. Bien sûr, mais les valeurs traditionnelles de la vieille Europe diffèrent considérablement des valeurs traditionnelles du Nouveau Monde - initialement colonie de culture protestante anglo-saxonne, suffisamment éloignée de l'anglicanisme pour ne pas parler de la distance qui la sépare de l'Europe du Sud catholique.

L'Europe en tant que continent n'est pas une simple prolongation des États-Unis, comme pourrait le croire le MAGA. Le mondialisme libéral de gauche n'est pas la seule source d'hostilité virtuelle à l'Amérique de Trump.

Je propose une triple alliance contre le mondialisme: MAGA + MEGA + MRGA ("Make Russia Great Again", pour l'Empire russe, l'Eurasie). Ces trois univers ont des points communs et en même temps des différences. Mais il y a un ennemi commun - les mondialistes libéraux de gauche, le wokisme, le Swamp, Soros.

Les trois univers ont un ennemi intérieur - les élites libérales de gauche sont le principal obstacle pour Trump, pour le populisme européen et pour la Russie également (l'héritage d'Eltsine). Il est facile de prévoir quelle stratégie ces élites adopteront.

Les élites libérales aux États-Unis, en Europe et en Russie essaieront d'opposer les États-Unis à l'Europe et à la Russie, l'Europe aux États-Unis et à la Russie. La Russie à MAGA et MEGA. Elles joueront sur les différences et les gestes impérialistes maladroits de chaque pôle, inévitables avec la montée du patriotisme post-libéral.

Les États-Unis, l'Europe et la Russie ne sont pas des ennemis absolus les uns des autres. L'élite mondialiste libérale de gauche est l'ennemie absolue des États-Unis, de l'Europe et de la Russie. Et cette élite libérale mondialiste tente d'opposer chacun d'entre nous à l'autre en travaillant de l'intérieur. Divide et impera.

MAGA - MEGA - MRGA. Ecoumène tripolaire chrétien.

Ni unis, ni hostiles, ni divisés. Coexistence dynamique.

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dimanche, 26 janvier 2025

Le "deep state" européen

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Le "deep state" européen

par Enrico Tomaselli

Source : Giubbe rosse & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-deep-state-eur...

On a beaucoup dit et écrit à propos du deep state américain – et, inévitablement, on en a dit tout et son contraire, au point de perdre complètement de vue ce qu’il est réellement –, mais on n’a jamais parlé d’un deep state européen. Pourtant, il existe, et il devient de plus en plus visible. Il y a bien sûr une différence fondamentale avec celui des États-Unis, qui représente un ensemble composite, certes, mais néanmoins focalisé sur le maintien de l’hégémonie américaine sur le monde, tandis que celui de l’Europe est avant tout centré sur la préservation de lui-même et de son propre pouvoir.

Ce deep state européen est essentiellement composé de politiciens, de bureaucrates, de grands commis et de lobbyistes, en connexion croissante avec des militaires du commandement de l’OTAN. Il constitue de fait une sorte de franc-maçonnerie européenne, fortement engagée dans la promotion et la défense de ses membres, mais surtout dans l’exercice d’un pouvoir supranational de plus en plus envahissant – et de plus en plus antidémocratique.

Ce deep state s’est formé principalement au cours des 10 à 15 dernières années et a progressivement dépouillé les divers gouvernements nationaux – les seuls à disposer d’une quelconque légitimité démocratique – de tout pouvoir réel. La Commission européenne s’est de plus en plus caractérisée comme une toute autre "commission" : une véritable coupole de super-pouvoir dépourvue de toute légitimité démocratique.

De manière de plus en plus évidente, des figures occupant des rôles essentiellement représentatifs (président de la Commission européenne, secrétaire général de l’OTAN) ont commencé à agir et à se présenter comme des autorités suprêmes au pouvoir, non soumises à un quelconque contrôle de la part des pays qu’elles sont censées représenter – et qui, de toute façon, ayant progressivement renoncé à tout pouvoir effectif, continuent largement à ne pas s’y opposer, renforçant ainsi le rôle (abusif) de cette coupole.

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Cette prise de pouvoir insidieuse s’est réalisée grâce à un parfait alignement avec le bloc de pouvoir dominant aux États-Unis – à savoir l’alliance entre les démocrates et les néoconservateurs – dans l’ombre duquel le deep state européen a prospéré. En d’autres termes, il s’est fait l’instrument docile de la faction dominante du deep state américain, trouvant dans cette soumission docile la garantie de son propre pouvoir sur le continent.

Inévitablement, donc, le changement des équilibres au sein du deep state américain provoque un bouleversement imprévu, et les membres du deep state européen ne savent plus très bien comment se positionner, indécis entre la subalternité historique à l’empire d’outre-Atlantique et la cohérence avec les axes politico-stratégiques auxquels ils se sont longtemps subordonnés.

L’émergence de la vérité brute sur la nature de la relation entre l’empire et ses pays vassaux – avec le désintérêt, voire le mépris, de la nouvelle administration américaine ouvertement affichés – s’ajoute à la prise de conscience qu’une période de marginalisation accrue, mais aussi de plus grande soumission, s’ouvre devant eux. Cela ébranle la coupole du pouvoir européen. La perspective d’une guerre aux portes orientales du continent, et surtout la crainte de devoir y faire face seuls, désoriente les membres du deep state européen, qui cherchent désormais, de manière confuse, à trouver un nouveau point d’équilibre, essentiellement pour préserver leur jardin.

Alors que l’axe géopolitique mondial se déplace inéluctablement vers l’Asie et que les structures de pouvoir européennes vacillent, les élites qui dirigent le continent depuis plusieurs décennies se referment sur elles-mêmes. La restriction des espaces de liberté et de démocratie – déjà largement amorcée pendant la pandémie, puis fortement relancée avec la guerre en Ukraine – devient de plus en plus une obsession dominante.

Pour l’instant, l’absence de forces véritablement antisystème (on ne voit que des mouvements d’opposition partielle) menace tout au plus le personnel politique de haut niveau, mais pas le système en lui-même.

Tristement, la seule perspective visible qui pourrait remettre en question cet état de choses serait une défaite dans la guerre, spectaculaire – et douloureuse.

Identité politico-civilisationnelle et période axiale chez l'égyptologue et philosophe allemand Jan Assmann

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Identité politico-civilisationnelle et période axiale chez l'égyptologue et philosophe allemand Jan Assmann

NdlR: Soucieux d'approfondir les thèses énoncées par Jan Assmann, nous présentons ici un résumé succinct des deux thèmes majeurs de sa pensée, en attendant de nous immerger plus complètement dans les méandres de celle-ci. Aborder la notion de "période axiale" implique de se rappeler des thèses de Karl Jaspers et de Karen Armstrong. Les réponses ci-dessous sont "neutres" et ne révèlent pas notre approche critique de cette notion qui interpelle directement notre vision de l'histoire, Armin Mohler et Giorgio Locchi nous ayant légué également une interprétation rupturaliste de la notion de "période axiale".

Le philosophe allemand contemporain Jan Assmann a écrit des pages d'une grande profondeur sur "l'écriture, la mémoire et l'identité politique dans les hautes cultures de l'antiquité". De même, il a consacré un ouvrage à la "période axiale" de l'histoire, thème qu'avait inauguré le philosophe protestant Karl Jaspers. Pouvez-vous nous dire en quoi consiste sa vision de l'identité politique des hautes civilisations de jadis et en quoi consiste son approche des "périodes axiales de l'histoire, et, accessoirement, quelle est la différence entre son approche et celle de Karl Jaspers? 

1) La vision de Jan Assmann sur l'identité politique des hautes civilisations

Jan Assmann, égyptologue et spécialiste de la mémoire culturelle, explore comment les civilisations antiques ont construit leur identité politique autour de pratiques mémorielles, d'institutions religieuses et de formes spécifiques d'écriture. Sa réflexion repose sur plusieurs idées centrales :

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L’écriture et la mémoire culturelle

Assmann distingue la mémoire culturelle de la mémoire communicative.

La mémoire culturelle est le socle d’une identité collective, transmise sur plusieurs générations, souvent à travers des supports écrits, des mythes, des rituels et des monuments.

Les civilisations antiques, comme l'Égypte, ont utilisé l’écriture pour archiver leurs lois, rituels religieux et récits fondateurs, qui servaient à structurer et légitimer leur identité politique et culturelle.

L’écriture permet ainsi de figer le temps et de relier les générations présentes aux mythes fondateurs, en construisant une continuité historique et une légitimité politique.

Identité politique et théologie

Assmann souligne que, dans les hautes cultures, l'identité politique est souvent enracinée dans une conception théologique du pouvoir. Par exemple, en Égypte ancienne, le pharaon n’est pas simplement un dirigeant politique, mais l’intermédiaire entre les dieux et les hommes. Cette fusion du pouvoir divin et politique est un trait clé des premières civilisations complexes.

Il introduit également le concept de "distinction mosaïque", en opposition au polythéisme, pour analyser l’émergence du monothéisme (notamment dans le judaïsme) et son rôle dans la formation d’identités politiques exclusives, fondées sur des frontières entre le "vrai" et le "faux" dieu.

Le rôle des récits fondateurs

Les mythes, lois et rituels ne sont pas de simples traditions, mais des outils politiques puissants pour consolider le pouvoir, maintenir l’ordre social et justifier les institutions.

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2) La "période axiale" chez Jan Assmann et Karl Jaspers

Le concept de "période axiale" selon Karl Jaspers

Karl Jaspers, philosophe protestant, a introduit le concept de période axiale dans son ouvrage Vom Ursprung und Ziel der Geschichte (1949). Il identifie une période historique charnière, située entre 800 et 200 avant notre ère, où plusieurs civilisations à travers le monde ont simultanément connu des révolutions spirituelles et intellectuelles majeures.

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Cette période voit l'émergence de grandes figures fondatrices comme Confucius, Bouddha, Socrate, les prophètes hébraïques, et des textes fondamentaux tels que les Upanishads ou les dialogues platoniciens.

Pour Jaspers, cette période marque un tournant où l’humanité prend conscience de la transcendance, de l’individu et de l’éthique universelle.

La relecture de la période axiale par Jan Assmann

Jan Assmann reprend le concept, mais il y apporte une approche anthropologique et culturelle :

Il insiste sur le rôle des pratiques mémorielles et des textes écrits dans la transmission des idées de la période axiale. Selon lui, cette période est également marquée par une transition vers des formes d'identités collectives basées sur des textes fondateurs et des traditions mémorisées (ex. la Torah dans le judaïsme ou les Védas dans l’hindouisme).

Contrairement à Jaspers, qui met l’accent sur une évolution presque spirituelle et universelle de l’humanité, Assmann analyse les spécificités culturelles et historiques de chaque civilisation. Il soutient que les changements de la période axiale ne sont pas universels, mais fortement dépendants des contextes sociaux, politiques et religieux locaux.

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Différences entre Jaspers et Assmann

Approche universaliste vs particulariste :

Jaspers interprète la période axiale comme une évolution collective et presque simultanée de l’esprit humain vers des valeurs transcendantales.

Assmann, au contraire, insiste sur le rôle des systèmes de transmission culturelle et les diversités de chaque culture.

Centralité des textes et de la mémoire :

Jaspers met en avant les idées philosophiques et spirituelles universelles, tandis qu’Assmann insiste sur le rôle des textes écrits et des institutions mémorielles dans la formation des identités politiques et religieuses.

Émergence du monothéisme :

Assmann explore davantage les implications de la période axiale pour l'émergence du monothéisme, qu’il considère comme une révolution culturelle ayant des conséquences profondes sur les identités collectives.

3) En résumé

Jan Assmann apporte une profondeur anthropologique au concept de Jaspers, en examinant comment les textes, les pratiques mémorielles et les institutions ont contribué à structurer les identités politiques et religieuses des hautes civilisations. Là où Jaspers voit une évolution universelle de l'esprit humain, Assmann met en lumière la diversité des réponses culturelles et historiques, tout en montrant comment elles ont influencé la mémoire collective et l’organisation sociale.

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Et quel est le rapport entre ces deux philosophes allemands, qui ont planché sur la notion de "période axiale" et les travaux de Karen Armstrong dans l'anglosphère qui, elle aussi, réanime cette thématique philosophique qui avait été quelque peu oubliée?

Karen Armstrong, dans l’anglosphère, reprend et développe le concept de "période axiale" introduit par Karl Jaspers, en y apportant une perspective qui dialogue indirectement avec les travaux de Jan Assmann et enrichit l'approche en l'adaptant à des préoccupations contemporaines. Voici les liens et divergences entre ces trois penseurs :

1) Karl Jaspers et la conceptualisation initiale

Jaspers introduit l’idée d’une période axiale comme une époque historique entre 800 et 200 avant notre ère où les grandes civilisations du monde (Inde, Chine, Proche-Orient, Grèce) ont connu des transformations spirituelles et intellectuelles fondamentales.

Pour lui, cette époque marque la naissance des grands cadres de pensée universelle, comme la quête de transcendance, la réflexion éthique, et l’idée de l’individu en tant qu’agent moral.

Cette vision universaliste a marqué la réflexion philosophique et reste un socle théorique pour les travaux ultérieurs.

2) Jan Assmann et l’approche anthropologique

Assmann reprend l’idée de Jaspers, mais en s'intéressant aux mécanismes culturels qui ont permis la transmission des idées axiales.

Il met un accent particulier sur la mémoire culturelle et les textes fondateurs comme outils de transmission et de structuration des sociétés. Il explore notamment le rôle du monothéisme, qui émerge dans cette période, et ses implications sur l’identité collective et politique.

Là où Jaspers voyait une évolution presque simultanée et universelle de l’humanité, Assmann insiste sur les variations culturelles et les contextes historiques spécifiques des transformations de cette période.

3) Karen Armstrong et la réhabilitation de la période axiale

Dans son ouvrage The Great Transformation (2006), Karen Armstrong revisite le concept de période axiale avec un objectif clair: démontrer la pertinence contemporaine de cette époque fondatrice pour répondre aux crises éthiques, spirituelles et politiques actuelles.

Elle met en avant une lecture plus théologique et humaniste des figures et courants de cette période (Bouddha, Confucius, Socrate, les prophètes hébreux, etc.), en insistant sur leur quête commune: résoudre la souffrance humaine et instaurer une éthique universelle basée sur la compassion et la justice.

Elle partage avec Jaspers l’idée que ces transformations ont eu lieu simultanément dans des régions éloignées, mais elle souligne également leur intemporalité, en montrant comment elles peuvent inspirer le monde contemporain.

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4) Points de convergence entre Armstrong, Jaspers et Assmann

Une humanité en quête de transcendance et d'éthique :

Tous trois voient la période axiale comme une étape cruciale où l’humanité a développé des outils pour penser la condition humaine, la souffrance et le sens de l’existence.

Importance des figures fondatrices :

Jaspers met l’accent sur les grands penseurs, Assmann sur leurs textes et contextes, tandis qu’Armstrong explore leur message moral et spirituel.

Relecture de cette période pour le présent :

Armstrong, comme Assmann, fait un lien explicite entre les enseignements de cette époque et les défis contemporains, qu’il s’agisse de violence religieuse, de crise de sens ou de conflits identitaires.

5) Différences entre Armstrong et les philosophes allemands

Avec Jaspers :

Armstrong dépasse la vision purement philosophique ou métaphysique de Jaspers en mettant l’accent sur les dynamiques sociales et pratiques des religions de la période axiale. Elle insiste notamment sur leur rôle dans la création d’une éthique universelle fondée sur la compassion, une dimension que Jaspers aborde moins directement.

Avec Assmann :

Là où Assmann explore la période axiale à travers le prisme de la mémoire culturelle et des textes, Armstrong adopte une approche plus narrative et accessible, centrée sur les enseignements moraux des grandes figures axiales.

Armstrong insiste davantage sur les éléments de continuité spirituelle entre cette période et les enjeux actuels. Assmann, pour sa part, est plus attentif aux ruptures qu’elle introduit, notamment avec la "distinction mosaïque" et les tensions qu’elle crée dans les conceptions religieuses.

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6) Une synthèse des trois approches

Karen Armstrong peut être vue comme un pont entre les travaux de Jaspers et Assmann :

Elle partage avec Jaspers une fascination pour les révolutions spirituelles universelles et leurs implications philosophiques.

Elle s’aligne avec Assmann dans son intérêt pour les contextes historiques et culturels spécifiques, mais sans adopter son analyse érudite des textes ou son insistance sur les institutions mémorielles.

Sa vision, plus pratique et centrée sur l’éthique contemporaine, cherche à rendre la période axiale pertinente pour un large public, en tant qu’inspiration pour résoudre les crises modernes.

Conclusion

Les trois auteurs enrichissent le concept de période axiale de manières complémentaires : Jaspers offre une vision philosophique et universaliste, Assmann une lecture anthropologique et contextuelle, tandis qu’Armstrong donne une interprétation théologique et humaniste, axée sur les enjeux contemporains. Ensemble, leurs approches forment une constellation d’idées qui approfondissent notre compréhension de cette période fondamentale de l’histoire humaine.

Manigances post-démocratiques aux USA

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Manigances post-démocratiques aux USA

par Georges Feltin-Tracol

La momie de la Maison Blanche, Joe Biden, a prononcé dans la soirée du 15 janvier 2025 son ultime allocution télévisée. Au cours de cette intervention pathétique, il a dénoncé l’avènement d’une oligarchie. Il visait les soutiens de Donald Trump originaires de la Silicon Valley, en particulier Elon Musk et Peter Thiel.

En bon pantin de l’État profond yankee, Biden pratique l’inversion accusatoire. Son parti est depuis des décennies la marionnette de l’hyper-classe cosmopolite qui met en coupe réglée les États industriels de la planète. Son attaque insidieuse signale que la ploutocratie mondialiste à la tête de l’Occident global commence à s’inquiéter pour son avenir.

Le samedi 18 janvier, des anti-Trump manifestaient dans diverses villes contre l’investiture du 47e président des États-Unis. On lisait sur leurs banderoles: « Nous sommes le peuple ». Quelle prétention ! Ces manifestants ont perdu dans les urnes avec un écart de deux millions et demi de voix et ils persistent à croire qu’un nouveau Duce s’apprête à bâillonner la statue de la Liberté. Cette expression politique représente un autre symptôme de la post-démocratie dans l’Occident terminal.

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En effet, la fin de l’année 2024 a connu de graves événements guère commentés par les officines médiatiques de grand chemin. Le 6 décembre, la Cour constitutionnelle roumaine fomentait un coup d’État en invalidant le premier tour de l’élection présidentielle deux jours avant le second tour et en annulant l’ensemble du scrutin. Tous nommés en alternance par les deux formations naguère hégémoniques du paysage politique roumain, les sociaux-démocrates et les nationaux-libéraux, les membres de cette instance justifient leur décision inouïe par la publication de rapports issus des services de renseignement de Bucarest, documents déclassifiés et autorisés par le président de la République, Klaus Iohannis alias la madone des aéroports internationaux.

Tout au long de ses deux mandats consécutifs de cinq ans, Iohannis a parcouru tous les continents aux frais des contribuables roumains. Populaire en 2014, il aurait dû quitter ses fonctions sous une impopularité record. Il renomme à la charge de premier ministre le social-démocrate Marcel Ciolacu pourtant arrivé troisième à la présidentielle avortée. Le succès inattendu d’une personnalité trouble, Calin Georgescu, ancien haut-fonctionnaire à l’ONU (22,94%), s’accompagne, le 1er décembre suivant, d’une forte poussée nationale-populiste aux élections législatives (31,88 % pour l’AUR – Alliance pour l’union des Roumains -, SOS Roumanie et le Parti de la Jeunesse). Marcel Ciolacu dirige maintenant une coalition gouvernementale pro-européenne et pro-atlantiste avec les sociaux-démocrates, les nationaux-libéraux et les représentants de la minorité hongroise.

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Le 12 janvier dernier, des milliers de personnes ont manifesté à Bucarest contre l’interruption du processus électoral présidentiel, la formation d’un gouvernement de vaincus et le maintien en place d’un chef de l’État illégitime. Il faut craindre que ces gigantesques démonstrations de force ne servent à rien. Il devient même plausible que Calin Georgescu ne puisse pas poser sa candidature pour les 4 et 18 mai prochains. Les autorités l’accusent de s’être servi des réseaux sociaux financés par la Russie. Or les dernières enquêtes démontrent au contraire l’intervention massive et discrète des nationaux-libéraux sur Internet dans les derniers jours de la campagne afin de contrecarrer le candidat national-conservateur George Simion. Mais Georgescu ne s’est-il pas inspiré de la campagne victorieuse de Barack Obama en 2008 ?

Depuis la pseudo-révolution de Noël 1989 marquée par la première grande opération de désinformation sur les charniers de Timisoara, la structure politique roumaine procède d’un puissant État profond. D’abord d’émanation gorbatchévienne, il s’est vite tourné vers l’atlantisme, l’occidentalisme et le financiarisme. Aujourd’hui encore, bien des politiciens roumains sont des pions de l’Occident globalitaire.

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L’annulation de l’élection présidentielle roumaine indispose le premier ministre slovaque Robert Fico. Il n’oublie pas les réactions faibles et timorées des soi-disant démocraties de l’Ouest quand un illuminé, poète raté, lui tira dessus, le 15 mai 2024 à Handlova. Par chance, Robert Fico échappa à la mort malgré de graves blessures. Cet attentat concluait des semaines de campagne de presse violente orchestrée par des journaux, des radios et des télévisions inféodés au parti de la guerre contre la Russie. Bien sûr, si le déplorable Keir Starmer, premier ministre britannique de son état, avait reçu le moindre postillon de la part d’un fan d’Elon Musk, ce dernier aurait subi une tempête d’accusations maximales !

Les manigances post-démocratiques frappent un autre État européen au cœur du Caucase: la Géorgie. On assiste aux législatives du 26 octobre 2024 au triomphe du parti gouvernemental, Le Rêve géorgien, fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili (53,93%). L’opposition pro-OTAN n’accepte pas sa défaite cuisante. Elle accuse la majorité de manipulations électorales, de corruption des électeurs et de trucages dans les urnes. Elle organise une révolution de couleur. Trump et Le Rêve géorgien gagnent les élections en 2016 et en 2024 grâce aux tricheries nombreuses et à l’ingérence numérique de Moscou selon cette opposition. En revanche, Joe Biden en 2020 et même Emmanuel Macron en 2017 accèdent à la présidence par le choix éclairé des électeurs hors de toute fraude ou de tout coup fourré médiatico-judiciaire. L’Occident global donne l’impression d’être très mauvais perdant. Du côté pile d’une pièce de monnaie, il gagne et, du côté face, son adversaire perd !

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Dès le soir de l’élection parlementaire, des opposants protestaient à Tbilissi avec l’appui remarquée de la présidente de la République en fin de mandat, l’ancienne diplomate française Salomé Zourabichvili (photo). Les psychiatres locaux devraient ausculter ces Géorgiens qui brandissent le drapeau de l’Union dite européenne. Il est rare d’observer des personnes prêtes à rejoindre un bagne à ciel ouvert et une prospérité économique illusoire qui masque l’endettement, la spéculation et le wokisme. Certes, la constitution géorgienne mentionne une obligation à moyen terme d’adhésion à l’OTAN et à l’UE. Mais le premier ministre géorgien ré-investi, Irakli Kobakhidze, ne goûte guère les mises en garde péremptoires et les sanctions économiques de la mafia de Bruxelles, d’où la suspension des négociations d’adhésion avec l’UE.

Le 14 décembre, le Parlement géorgien a élu un nouveau chef d’État, le premier au suffrage universel indirect, suite à une révision constitutionnelle adoptée en 2017. Le collège électoral compte 150 députés et 150 élus délégués des conseils municipaux et régionaux. Le nouveau président, Mikheïl Kavelachvili, est un ancien footballeur professionnel, d’abord passé au Rêve géorgien avant de fonder le mouvement Le Pouvoir au peuple. Cette élection a suscité un déluge de commentaires désagréables, expression d’un indéniable mépris de classe. Les manifestants conspuent Mikheïl Kavelachvili qui, faute de diplôme universitaire et incapable de parler l’anglais, n’aurait pas le niveau pour assumer sa charge. C’est du racisme de classe. Paris les encourage et oublie qu’en 1998, lors de la victoire douteuse des Français à la Coupe du monde de football, des milliers d’imbéciles beuglaient sur les Champs Élysées « Zidane président ! »…

Salomé Zourabichvili prétend toujours être la seule présidente légitime. Elle a néanmoins eu la bienséance de libérer le palais présidentiel avant l’arrivée de son successeur, connu pour son franc-parler. Soutenue par le complexe occidental euratlantique, l’opposition aurait aimé renverser le gouvernement en place. Fort heureusement, la Géorgie possède d’excellents kinés de rue, de brillants ostéopathes casqués et d’exceptionnels masseurs en plein air. Sous le label générique de forces de police, ces spécialistes des chocs musculaires et osseux ont su avec dextérité, sang-froid et professionnalisme favoriser la circulation sanguine, l’assouplissement des articulations et la résistance du corps et du crâne de leurs compatriotes hypnotisés par l’eurofolie collective.

Tout en s’occupant des affaires intérieures roumaines et géorgiennes, le marécage politico-médiatique occidental s’indigne des supposées ingérences d’Elon Musk au Royaume Uni et en Allemagne. L’hypocrisie est totale. Les dernières semaines indiquent donc un moment où l’élection reste le prétexte futile pour travestir et détourner les justes aspirations populaires de changement radical. Jusqu’à quand cette mascarade institutionnelle va-t-elle durer ?  

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 140, mise en ligne le 21 janvier 2025 sur Radio Méridien Zéro.

 

Le Progrès, une idée de paresseux (Baudelaire)

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Le Progrès, une idée de paresseux (Baudelaire)

par Claude Bourrinet

L’idée que l’homme puisse être perfectible est, du point de vue chrétien, une hérésie. Si l’on accepte le postulat biblique du Péché originel, il n’est pas envisageable qu’il existe un quelconque progrès véritable. L’art de la table est susceptible de jouir d’améliorations succulentes, l’électricité a pu être appliquée à des machines, et aboutir à voiler les étoiles du ciel, les armes devenir plus performantes et témoigner du génie humain, les transports voués à la vélocité la plus vertigineuse, de façon que l’on se rend plus vite à son poste d’ennui, les divertissements démultipliés et à la portée de toutes les consciences, de tous les rêves, et la société arrimée au port démocratique, si bien que l’on rend grâce aux urnes d’être arrivé à bon port, la clé du bonheur ayant enfin été trouvée, il n’en demeure pas moins que, égrugée la mince pellicule de civilité laborieusement enduite sur la peau du citoyen satisfait, se découvre encore la chair du Vieil homme éternel.

Il n’y a guère de différence entre un Tatar de la Volga, brave guerrier de l’empire Mongol, et un client bedonnant de McDo, excepté que le premier aura été plus leste pour sauter à cheval. Mais la même soif de sang gît au fond de leurs cœur. Et il en est ainsi pour tous les hommes du présent, du passé, et de l’avenir. Seule l’occasion diffère, pour manifester sa puissance de haine, et son talent de tuer.

Le monde moderne est donc, depuis plusieurs siècles, fondé sur un sophisme. Et, en passant, l'Eglise moderne s'adonne au pélagianisme. La prétention des adeptes du progrès à avoir rendu l’homme meilleur, je ne dis pas seulement moralement, mais aussi dans son aspiration à la beauté, est une escroquerie, qui ne rencontre de succès que grâce à la fatuité de ceux qui entendent ce discours, et qui s'estimeront toujours supérieur à Marc-Aurèle, qui ne connaissait pas le rasoir électrique. En vérité, si, du point de vue de la morale, toutes choses étant égales par ailleurs, un Français du XXIe siècle est aussi vicieux qu’un Hellène du Ve siècle av. J.C., il n’est pas certain que sa capacité à exister sous le soleil soit plus intense.

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Au contraire. A ce niveau-là, nous avons régressé. L’homme rapetisse. Il aura bientôt atteint la taille du nain. Le monde est devenu une foire à la monstruosité la plus répugnante, parce que le crime, universel, se pare sans vergogne des oripeaux du Bien. Jadis, quand on trucidait son prochain selon la loi de la nature, on avait le meurtre franc et pour tout dire, honnête. Maintenant, il faut tortiller du croupion sur la chaise d’un Conseil de sécurité quelconque, pour débarrasser la terre de millions de coquins qui la polluaient.

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Explosions du Nouvel An - Jeux de guerre et excitation cryptographique

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Explosions du Nouvel An - Jeux de guerre et excitation cryptographique

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2025/01/09/uuden-vuoden-rajahdyks...

« Si vous vous sentez inutile, rappelez-vous qu'il a fallu vingt ans, des milliers de milliards de dollars et quatre présidents américains pour remplacer les talibans par des talibans », commente le politologue et historien Norman Finkelstein à propos des erreurs de la politique étrangère et de sécurité américaine en Afghanistan.

Pour Fabio Vighi, ces actions n'ont pas été vaines pour les États-Unis et leurs sbires. « Les décennies consacrées à la destruction de pays comme l'Afghanistan et l'Irak et au massacre de leurs populations ont été très rentables pour les grandes institutions financières et le complexe militaro-industriel », corrige-t-il.

Plus important encore, elles ont fourni « un levier géopolitique-idéologique crucial pour retarder l'effondrement imminent d'un système qui a subi sa première convulsion majeure avec la crise financière de 2007-2008 ».

« En fin de compte, l'impulsion décisive derrière ces offensives militaires passées et, maintenant, les guerres par procuration en Ukraine, à Gaza et en Syrie est enracinée dans la peur et le déni - un refus de faire face à l'obsolescence d'un capitalisme simulé, hyperfinanciarisé et fondé sur l'endettement », explique M. Vighi pour éclairer l'interaction entre les opérations militaires et les transferts économiques.

Que nous réserve l'horizon 2025 ? Pour Fabio Vighi, il est « difficile d'imaginer une issue à la situation de manipulation intense dans tous les domaines, des données économiques aux opérations sous fausse bannière ». Chaque « événement » est désormais encadré par la logique d'exploitation du « capitalisme de crise », qui reste obstinément dépendant de la « création de crédit pour gonfler les bulles financières ».

« En conséquence, l'horizon de notre monde se replie sur lui-même. La boucle de rétroaction de la dette, de la finance, de la frénésie impérialiste résiduelle, de la récession économique et du contrôle idéologique des perceptions se poursuivra pendant des années encore, obscurcissant notre jugement critique et affaiblissant notre imagination », conclut l'universitaire italien.

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Incapable de faire face à sa maladie, l'Occident en phase terminale ne cessera de déverser sa fureur sur tous ses "bons ennemis" pour s'en servir comme levier géopolitique. Cette stratégie ne tente même plus de se déguiser en agence d'exportation de la démocratie ou en défense des droits de l'homme. La violence se révèle désormais comme « la sauvagerie débridée d'une civilisation agressive qui refuse de reconnaître sa dégénérescence et ses limites ».

La question, selon Vighi, n'est pas de savoir « s'il y aura une nouvelle urgence mondiale, mais à quel moment elle se produira ». D'un point de vue géopolitique, l'Iran - un pays déjà aux prises avec une forte inflation, des pénuries d'énergie et un chômage croissant - est un candidat évident pour la prochaine cible.

« Le démantèlement de la République islamique d'Iran, tout comme le démembrement en cours de la Syrie, semble être un objectif aussi urgent que l'était le démantèlement de l'Irak dans le passé », ajoute Vighi avec emphase, en rappelant la liste des États à démanteler, dressée par les États-Unis après le 11 septembre.

Une fois de plus, la pression de la guerre est « un mécanisme de défense intrinsèquement psychotique contre l'introspection systémique ». Elle protège l'Occident contre « l'effondrement de son mode de renouvellement socio-économique surfinanciarisé et surendetté, qui est devenu stérile, dysfonctionnel et socialement destructeur ».

Attiser les flammes du chaos aux confins de l'empire nécessite, entre autres, « le maintien de l'entité sioniste ». À cet égard, Donald Trump, de concert avec Israël, a un rôle crucial à jouer pour accroître la pression sur Téhéran. Une attaque contre l'Iran pourrait retarder le processus de dédollarisation et créer en même temps une crise économique mondiale, qui donnerait un prolongement à la politique actuelle des banques centrales.

Il existe une relation très étroite entre l'élite économique et la guerre. La structure du pouvoir occidental est également caractérisée par un obscur système de portes tournantes: les mêmes technocrates inefficaces et souvent discrédités tournent dans différentes institutions.

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Maintenant que l'ancien secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a pris la présidence du groupe Bilderberg, l'oligarchie qui se cache derrière la société secrète économico-politique s'apprête-t-elle à privilégier les interventions militaires pour renforcer sa fiction financière ? Les hommes d'argent qui détiennent l'industrie de l'armement peuvent espérer un retour important sur les investissements militaires et de défense.

Vighi souligne qu'au-delà du lobbying véreux qui ressort des réunions des Bilderberg, les conflits géopolitiques doivent également être considérés comme « le revers de la médaille des marchés financiers surgonflés par des escroqueries boursières comme celle de Tesla, provoquée par l'une des plus grandes bulles spéculatives de l'histoire du monde ». Les entreprises technologiques surévaluées engrangent des profits insensés tout en favorisant l'automatisation et la hausse du chômage.

« Lorsque les nations encourent des coûts qui dépassent leurs moyens financiers, déclencher de nouvelles guerres devient le moyen le plus rapide de produire de nouvelles monnaies qui n'ont aucune valeur intrinsèque, mais qui ne font que prolonger la douleur et obscurcir l'issue inévitable », explique Vighi.

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Si les visions de nombreux techno-moguls ressemblent à une dystopie scientifique, la réalité est que nous vivons déjà dans « le Far West numérique, où le capitalisme de casino surfe actuellement sur la vague de la crypto-tempête ». Pour preuve, la crypto-monnaie humoristique Fartcoin a atteint une valeur de marché explosive de 1,5 milliard de dollars quelques mois seulement après son lancement.

Les jeunes investisseurs en crypto-monnaies jouent avec des obligations de pacotille pour devenir millionnaires. Cependant, les nouvelles financières ne révèlent pas que « la volonté actuelle de rendre les crypto-monnaies courantes, associée à la déréglementation des marchés financiers, contribue à un changement à l'échelle du système vers un panopticon mondial pour toute la tokenisation » (1 - ndt).

Alors que nous approchons d'un tournant critique dans un piège de la dette potentiellement cataclysmique, il semble approprié de nourrir le public de réalités alternatives, de l'incitation à « devenir un roi de la crypto » à la nouvelle montée prévisible du « terrorisme islamique » (comme l'ont montré les événements du jour de l'an à la Nouvelle-Orléans et à Las Vegas).

Vighi estime que le système a besoin d'un « nouveau sauvetage d'urgence ». La prochaine crise « imprévue » obligera la Fed et ses alliés à augmenter la masse monétaire en raison d'un obstacle insurmontable. Et bien qu'il y ait toujours de la place pour l'entropie et l'imprévisibilité systémiques, il est raisonnable de supposer que ceux qui sont assis au sommet, le plus près de la presse à billets, éviteront la plupart des conséquences désagréables, les citoyens ordinaires payant une fois de plus la facture finale.

La société du travail, qui fournissait une valeur socio-économique par le biais de l'emploi, s'évapore à présent dans une « société de la jungle » atomisée où les distinctions de classe traditionnelles n'ont plus cours et où « les critiques de gauche de l'économie politique se sont dissoutes dans un culturalisme insidieux », rappelle avec insistance le professeur Vighi dans son livre Critical Theory.

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Les conflits sociaux ont été reconditionnés par les médias appartenant aux entreprises pour façonner les perceptions des masses, et le pouvoir ne peut plus être associé uniquement à « la classe capitaliste qui possède les moyens de production », mais plutôt à « l'élite qui contrôle les flux d'argent, les urgences de la guerre, les opérations psychologiques de type coro na et la vie, plus ou moins directement, de populations de plus en plus jetables ».

Nous avons atteint « un nouveau niveau de misanthropie capitaliste où le travail a été invalidé en tant que médiateur social, tout en étant soumis à une exploitation et à une manipulation sans précédent ». « Soit nous trouvons les moyens de résister à cette tendance destructrice, soit elle nous écrasera », affirme Vighi, qui, comme de nombreux théoriciens, ne propose pas de moyens concrets pour remédier à la situation.

Note:

(1) Voici ce que répond l'IA à la question qui lui demande de définir la "tokenisation"? Nous ne partageons pas son optimisme quant à cette nouvelle "technique de financiarisation":

En économie, le terme tokenisation désigne le processus consistant à convertir un actif ou un droit en un token numérique. Ces tokens sont souvent émis sur une blockchain, ce qui permet de les échanger ou de les transférer de manière sécurisée, transparente et décentralisée. Voici une explication détaillée :


1. Principe de base de la tokenisation

La tokenisation implique de diviser un actif en unités numériques (tokens), qui représentent chacun une fraction ou un droit associé à cet actif. Ces tokens peuvent ensuite être achetés, vendus ou échangés.

Par exemple :

  • Un immeuble peut être tokenisé : chaque token représente une part de propriété de cet immeuble.
  • Une œuvre d'art peut être divisée en tokens, permettant à plusieurs personnes de posséder une fraction de l'œuvre.
  • Les droits sur un flux de revenus (comme des redevances) peuvent également être tokenisés.

2. Pourquoi la tokenisation est-elle pertinente en économie ?

Accessibilité accrue :

La tokenisation permet à des actifs, souvent réservés à des investisseurs fortunés (immobilier, œuvres d'art, etc.), de devenir accessibles à un plus grand nombre de personnes grâce à une fractionnalisation. Par exemple, au lieu d'acheter un immeuble entier, un individu peut acheter un ou plusieurs tokens représentant une part de cet actif.

Liquidité accrue :

Les tokens peuvent être échangés rapidement sur des marchés numériques, augmentant ainsi la liquidité des actifs traditionnellement illiquides (comme l'immobilier ou les objets de collection).

Réduction des intermédiaires :

Grâce à la blockchain, il est possible de réduire les coûts et la complexité associés aux transactions traditionnelles (comme les frais notariés ou les coûts de gestion).

Transparence et sécurité :

Les transactions sont enregistrées sur une blockchain, offrant une traçabilité complète et une protection contre la fraude.


3. Exemples d'applications concrètes

  • Immobilier : Une entreprise peut tokeniser un immeuble de bureaux. Chaque token donne à son détenteur une part de propriété et, potentiellement, un droit aux revenus locatifs.
  • Financement participatif : Les start-ups peuvent lever des fonds via des tokens, où chaque token représente un droit de propriété ou de vote.
  • Marchés financiers : Des actions, obligations ou autres produits financiers peuvent être émis sous forme de tokens.
  • Objets de collection : Les œuvres d’art ou les objets rares peuvent être divisés en tokens pour permettre une copropriété.

4. Différence avec les cryptomonnaies

La tokenisation ne doit pas être confondue avec les cryptomonnaies comme le Bitcoin. Les cryptomonnaies sont des actifs numériques natifs de la blockchain, tandis que les tokens sont généralement adossés à un actif sous-jacent (immobilier, art, flux de revenus, etc.).


5. Enjeux et défis

  • Réglementation : Les juridictions n’ont pas toutes encore défini un cadre clair pour la tokenisation, ce qui peut limiter son adoption.
  • Complexité technique : Le fonctionnement des blockchains et des smart contracts doit être sécurisé pour éviter les failles.
  • Fiabilité des actifs sous-jacents : La valeur des tokens dépend directement de celle des actifs qu’ils représentent.

En résumé, la tokenisation est une révolution économique en cours, permettant de rendre les actifs plus accessibles, liquides et transparents grâce à la technologie blockchain.

19:19 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, fabio vighi, financiarisation, économie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 25 janvier 2025

L'étude du latin est-elle réactionnaire?

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L'étude du latin est-elle réactionnaire?

par Antonio Catalano

Source : Antonio Catalano & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/studiare-il-latin...

Il fallait du camphre pour dire quelque chose de sensé, contre l'hystérie de notre gauche progressiste qui, face à la proposition de réforme du ministre Valditara, pour ne pas changer, crie "au fascisme!'... Eïa, eïa, alalà !

Il n'y a pas de meilleure réponse aux réactions hystériques de notre gauche suite à la publication des lignes directrices récemment énopncées pour les programmes scolaires que le ministre Valditara a brièvement annoncées, il y a quelques jours, que celle de Luciano Canfora, dont on peut tout dire sauf qu'il est un partisan du gouvernement Meloni (par lequel il a également été poursuivi en justice il y a quelque temps).

Ces lignes directrices concernent certaines interventions :

- Réintroduction (facultative) du latin au collège, à raison d'une heure par semaine, pour renforcer le lien avec le patrimoine culturel italien et la langue latine.

- Fin de la géo-histoire, retour à un enseignement séparé de l'histoire (qui portera sur la civilisation grecque, la civilisation romaine, le christianisme, la Renaissance et l'histoire contemporaine occidentale) et de la géographie (fleuves, montagnes...).

- Plus de place pour la lecture et l'écriture, y compris pour des poèmes à apprendre par cœur.

- Des classiques comme Homère, Pascoli, Saba et des auteurs contemporains.

- Aperçu des épopées classiques, de la mythologie grecque et des sagas nordiques.

- Étude de la Bible pour comprendre son rôle dans l'histoire et l'art (considérée comme un texte aux racines culturelles occidentales, à introduire à l'école primaire).

- Accent mis sur la musique: chant choral, instruments de musique et civilisations.

- Renforcement des ateliers artistiques et de l'étude du patrimoine italien.

Une proposition de réforme qui semble aller dans le bon sens pour rendre à l'école sa vocation première, celle d'être un lieu d'éducation capable de former des citoyens dignes de ce nom. Mais il y a encore beaucoup à faire pour rendre à l'école toute sa dignité, car si l'on ne remplace pas définitivement les socles de piètre qualité sur lesquels reposent "l'école de l'autonomie", "l'école des projets", "l'école des compétences", soit l'école de l'abolition des contenus, l'école de l'Agenda 2030, la réforme envisagée par Valditara échouera inévitablement, malgré les bonnes intentions.

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Bref, il a suffi qu'une telle réforme se profile pour que notre gauche s'emballe littéralement, elle qui se prétend le meilleur rempart contre cette idée de désintégration des savoirs au profit d'une idéologie de pacotille qui utilise à tout bout de champ et de manière obsessionnelle le petit mot d'« inclusion ». Un petit mot vague et apparemment anodin, mais qui cache insidieusement l'idéologie fondée sur l'idée dystopique de l'effacement des identités (une fixation du mondialisme, fils de la suprématie du capital financier sur le monde de la production réelle). La tactique est toujours la même: sous prétexte d'inclusion, d'éducation au respect (voir Rome de Gualtieri), des cours d'éducation sexuelle sont introduits dans les écoles selon les critères de la soi-disant « identité de genre ».

« La culture progressiste s'interprète comme une tentative d'imposer ce qui doit être à un monde qui n'a pas d'être propre, des valeurs à un monde qui n'en a pas, comme si les communautés n'avaient pas les leurs, comme si le monde de la vie n'était pas déjà un horizon de significations reliées entre elles par des chaînes de renvois, comme si les systèmes d'interactions et les formes de liens n'étaient pas déjà structurés en lui. Pour le code interprétatif du système culturel de la gauche progressiste, les formes de lien existantes deviennent simplement du 'désordre' » (Vincenzo Costa, Catégories de politique).

La secrétaire du PD, Mme Schlein, lors du congrès sur l'école qu'avait organisé son parti, rejette la proposition de réforme comme quelque chose de répressif et de réactionnaire, une vision qui représente « le désir impossible d'un passé qui ne peut pas revenir » et qui risque de faire reculer le système éducatif italien dans le temps ».

Anna Ascani, également figure du PD, députée et vice-présidente de la Chambre des députés, dans une intervention sur FanPage, ne ménage pas sa peine, allant même jusqu'à dire que Valditara s'attaque à la démocratie, que ses orientations proposent « la pire forme d'inégalité possible, celle qui concerne les enfants, qui n'ont ni mérite ni défaut à être nés là où ils sont nés ». Et que Valditara pense à une école élitiste et autoritaire dont le but est de diviser les bons et les mauvais, les suffisants et les insuffisants.

Comme on dit, le masque tombe, démontrant une fois de plus que cette gauche progressiste continue à considérer la réalité comme son principal ennemi. La réalité d'une école en déroute, sans contenu, simplifiée et banalisée, produisant des diplômés ultra-déqualifiés... mais inclusifs. Ils s'en contentent.

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Il a donc fallu l'illustre intellectuel Luciano Canfora pour énoncer une évidence, mais comme vous le savez sûrement, nous sommes à l'époque où pour affirmer que l'herbe est verte, il faut tirer l'épée.

« Je sais ce que je sais par cœur », dit notre philologue classique, mais aussi helléniste et historien de la Grèce antique. « La mémoire est l'outil qui nous donne tout ce que nous savons, alors que ce que nous avons oublié n'est plus dans notre esprit. La mémoire doit donc être exploitée au maximum, elle doit être exercée. Vraiment, il me semble que cette insurrection contre l'exercice de la mémoire est un peu hors de toute logique, c'est risible ».

On n'a jamais compris pourquoi le latin devait être considéré comme de droite : c'est pathétique comme raisonnement ». L'étude du latin n'a rien de réactionnaire : « Je ne veux pas citer Concetto Marchesi, un grand latiniste, un des principaux représentants du communisme italien... Je pense qu'il est beaucoup plus sérieux de rappeler que l'étude de l'italien ou de l'espagnol ou du français présuppose une très grande proximité avec la connaissance du latin». "Gramsci disait que l'on étudie le latin non pas pour apprendre à parler latin, mais pour apprendre à étudier".

Il ajoutait ensuite quelque chose de très sérieux: vivifier l'étude historique d'une langue, c'est partir de ses origines. Il est anti-culturel de protester de manière générale contre la connaissance du latin: personne n'est mort du latin jusqu'à présent ».

Sur l'étude de la Bible, qui a provoqué un véritable bouleversement dans la galaxie de la gauche progressiste, Canfora déclare: « Il me semble un peu approximatif de parler de la Bible, parce qu'il s'agit de textes d'une importance historique énorme qui ont été amalgamés au fil du temps, mettant ensemble, avec une certaine difficulté, une tradition juive et une tradition chrétienne ».

Mais Canfora (interviewé par Radio Cusano), se référant à une idée de Beniamino Placido, va plus loin: « La connaissance du grec et du latin, à partir d'un texte simple et très (du moins, espérons-le) connu comme l'Évangile de Marc, est une idée qui est tout sauf à jeter, elle n'est ni rétrograde ni subversive ».

Et à ceux qui objectent qu'il vaudrait mieux approfondir l'étude de l'anglais, Canfora répond que c'est « une façon banale d'éluder une discussion sérieuse, parce que les deux choses ne sont pas en contradiction l'une avec l'autre; il s'agit donc d'une pseudo-objection qui n'a aucune valeur d'un point de vue conceptuel ».

Un Canfora clair et lucide, qui, dans ce cas, fait un peu penser à l'enfant du célèbre conte d'Andersen qui dit le vrai sur les habits neufs de l'empereur. Sauf que notre grand érudit n'a que quelques années de plus.

Cher Monsieur Musk, nous n'avons pas besoin que vous nous disiez comment rendre l'Europe formidable

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Cher Monsieur Musk, nous n'avons pas besoin que vous nous disiez comment rendre l'Europe formidable

Lorenzo Maria Pacini

Source: https://telegra.ph/Caro-signor-Musk-non-abbiamo-bisogno-c...

L'Amérique OU la Russie ? Les réflexions de Lorenzo Maria Pacini sur la « renaissance » de l'Europe.

Pardonnez d'emblée le ton de cet article - qui sera moins géopolitique et stratégique et plus politique - car je veux être clair dès le départ : ce n'est pas à Musk de nous dire comment rendre l'Europe grande à nouveau....

Des conseils non sollicités

Il était clair que cela devait arriver tôt ou tard: le nouveau (ou l'ancien, mais caché ?) leader du mouvement MAGA, le milliardaire transhumaniste Elon Musk, a jeté la pierre à l'Europe, histoire de bien faire comprendre quels sont ses projets d'avenir.

Sur son profil X, il a appelé et dit: « Make Europe Great Again ».

Un choix d'infoguerre exceptionnel. L'acronyme MEGA, en effet, en grec ancien μέγα, signifie « grand » et a connu à l'époque moderne un grand succès, devenant le premier élément de nombreux mots composés, notamment dans la terminologie scientifique, puis a été utilisé au 20ème siècle dans le marketing de masse, les dessins animés et les jeux vidéo. MEGA est un mot qui, au-delà de quelques linguistes spécialisés et attentifs, ne résonne pas beaucoup dans l'esprit des générations Baby Boomer et Boomer, mais qui évoque quelque chose d'excitant dans la mémoire des Millennials (aujourd'hui plus ou moins trentenaires) et des générations suivantes Z et Alpha.

Un message clair envoyé aux générations « du futur » ou, plutôt, à ceux qui font aujourd'hui de la politique et qui en feront bientôt, dès qu'ils seront en âge de le faire et qu'ils auront terminé leurs études. Une provocation lancée loin, plus loin qu'il n'y paraît, comme une pierre jetée dans une citerne, qui roule et résonne puissamment.

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La campagne de restructuration de l'élite politique européenne a littéralement commencé, avec le même spoil system qui est déjà utilisé depuis un certain temps aux États-Unis et qui se poursuivra bientôt, avec Trump au pouvoir à toutes fins utiles, à un rythme soutenu.

Comme l'a noté l'analyste italien Matt Martini, le soutien à l'AfD, à Meloni, à Le Pen, voire à Farage, visera probablement à renforcer le bloc militaire euro-atlantique et israélien, mais sans aucune possibilité de croissance pour l'Europe, qui devra être définitivement désindustrialisée en faveur de la réindustrialisation des États-Unis, selon toute vraisemblance.

L'idée serait de consolider un bloc euro-atlantique, au moins temporairement, avec des Etats-Unis renforcés et dotés d'une plus grande profondeur stratégique (idéalement après l'annexion du Canada et du Groenland s'ils y parviennent), avec une Europe, réduite à un tampon militaire et économique pour contenir la Russie. La même chose sera recherchée dans le Pacifique en direction de la Chine.

Incapables d'éviter l'urgence multipolaire, les États-Unis chercheront à ériger de hautes clôtures en se retranchant dans leurs propres zones d'influence.

[...] Et comme le rappelait un général américain après la Seconde Guerre mondiale, l'objectif est toujours le même :

Garder les Américains à l'intérieur, les Allemands à terre et les Russes à l'extérieur ».

En bref, les soi-disant « souverainistes » ont très bien réussi à restaurer la souveraineté de l'Europe... ah, non, à restaurer la souveraineté des États-Unis !

Ce qui est bien, c'est que tout cela était déjà prévisible avant les élections, il suffisait de regarder les matrices, les CV, les affiliations aux ordres du pouvoir des candidats choisis, mais le peuple moyen se contente d'un peu de dopamine politique en regardant les talk-shows télévisés, du bien commun de l'état il s'en fout. Chacun, consciemment ou inconsciemment, a ce qu'il mérite.

Il est clair que dans la logique de la protection de la renaissance des Etats-Unis, l'Euro devra rester là où il est, bien maintenu artificiellement, parce qu'il est une arme de contrôle de l'Europe qui a trop de valeur pour les Américains. Peu importe que les banques s'effondrent et manquent de liquidités, que l'énergie coûte aussi cher qu'un dîner au restaurant tous les soirs et que les matières premières soient rares, l'important est de donner l'impression esthétique d'aller bien, en prenant des selfies à l'heure de l'apéritif.

Rien de nouveau, en somme: la soumission d'après-guerre reste telle qu'elle était. Simplement, nous sommes davantage sous la coupe des Etats-Unis et moins sous celle du Royaume-Uni. La classe politique européenne a été correctement préparée à exécuter les ordres qui viennent, tour à tour, de Tel Aviv, de Londres et de Washington.

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Spoilers sur la fin de l'épisode : la devise MAGA l'emporte sur la devise MEGA.

Les Américains n'ont aucune intention de nous rendre la liberté, ils ont seulement intérêt à nous remettre un peu sur les rails pour nous préparer à une guerre par procuration afin que nous nous battions à nouveau pour eux.

Si vous saviez l'histoire de l'Europe...

Mais revenons à Elon Musk.

Quand l'Europe était grande, quand il y avait déjà des universités, de l'art, de la science, mon cher M. Musk, dans votre pays d'origine, vous ne saviez pas encore lire et écrire, tout comme en Amérique - cette Amérique que les parias anglais ont envahie et colonisée et où vous vivez maintenant la belle vie d'un milliardaire - là où se trouvent les bâtiments du gouvernement, il y avait des moutons qui broutaient.

Nous n'avons pas besoin que vous nous disiez comment redevenir grands.

Nous n'avons pas besoin de leçons de civilisation de la part de gens qui veulent désintégrer, manipuler et virtualiser la civilisation.

Nous n'avons pas besoin de leçons de politique de la part de gens qui se sont enrichis sur la souffrance d'innombrables peuples, exigeant d'exporter leur modèle à tout prix.

Nous n'avons pas besoin de votre monnaie, créée pour affamer les peuples et les soumettre.

Nous n'avons pas besoin de votre économie ultra-libérale, qui provoque l'esclavage et la destruction de la dignité du travail humain.

Nous n'avons pas besoin de vos guerres, faites-les vous-mêmes, allez d'abord au front au lieu d'imposer la mort aux enfants des autres nations.

Nous n'avons pas besoin de vos « valeurs » qui sont la mort de la civilisation.

Nous n'avons pas besoin de vous.

Nous, Européens, avons des millénaires d'histoire et de civilisation que vous ne daignez même pas essayer d'honorer - mais l'honneur est une vertu disparue aujourd'hui - tout au plus essayez-vous de la copier esthétiquement, en reproduisant les formes, mais en oubliant le contenu. Nous sommes des peuples qui ont construit des empires non pas au cours du siècle dernier, mais pendant des millénaires. Sans notre culture, ou plutôt nos cultures, même l'« Amérique » telle que vous l'avez construite, sur le sang des indigènes qui n'avaient pas non plus besoin de vous, n'aurait jamais vu le jour.

L'Europe redevient grande grâce à l'Europe, pas à l'Amérique

L'Europe est destinée à redevenir grande grâce à l'Europe, et non à l'Amérique.

Pour réveiller l'esprit européen, le Logos qui nous appartient, nous avons de nombreux amis et voisins qui sont bien meilleurs que vous.

La Russie, par exemple, est en partie européenne, tant par sa géographie que par sa culture, et elle est plus proche de nos valeurs et de notre histoire que vous ne l'êtes. Nous sommes conscients que nous séparer de la Russie était une étape essentielle pour maintenir le joug américain sur l'ensemble de l'Europe. Mais la volonté des élites n'est pas celle des peuples.

L'aide que la Russie apporte à l'Europe s'inscrit dans une organicité historique, culturelle et politique qui n'existe pas avec l'Amérique. Alors que les États-Unis tentent de nous exploiter jusqu'au dernier homme et jusqu'au dernier centime, la Russie nous offre la possibilité de nous aider à nous émanciper, à lutter pour supprimer le jeu de l'occupation impérialiste et à réaffirmer ce que nous sommes. C'est de cela dont nous avons besoin, pas de fast food politique américain.

C'est la seule Grande Europe que nous voulons. Et nous voulons être prêts à nous battre pour la défendre contre les États-Unis.

Article original The Strategic Culture Foundation

14:56 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : états-unis, elon musk, europe | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le curieux cas azéri

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Le curieux cas azéri

Par Enrico Tomaselli

Source : Giubbe Rosse & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/lo-strano-caso-az...

L’Azerbaïdjan, un pays bien situé dans la zone stratégiquement croissante de l’Asie centrale, se trouve, d’un point de vue géopolitique, dans l’orbite des pays turcophones et constitue sans aucun doute le meilleur allié d’Ankara. Le gouvernement de Bakou a récemment ravivé ses revendications envers l’Arménie, tant concernant l’enclave du Haut-Karabagh (question réglée par le rapide conflit de septembre 2023) que, surtout, sur la question du corridor de Zanguezour, censé relier la République autonome du Nakhitchevan au reste de l’Azerbaïdjan, en passant par la région arménienne du Syunik.

De son côté, l’Arménie, traditionnellement située dans l’orbite russe, a récemment amorcé un rapprochement progressif avec l’Occident (UE, OTAN), s’éloignant de Moscou. Après la désastreuse défaite de 2023, dont Erevan porte une part importante de responsabilité, ce rapprochement s’est encore accentué, notamment via la France – un pays traditionnellement ami, qui accueille une importante communauté issue de la diaspora arménienne.

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La question du corridor de Zanguezour est en effet au cœur de tensions plus larges, car l’Iran s’y oppose fermement. Sa création couperait les voies de transit iraniennes vers le nord-ouest, via l’Arménie. De plus, l’Azerbaïdjan – grâce aux oléoducs turcs – est un fournisseur clé de pétrole pour Israël, avec lequel Bakou entretient d’excellentes relations, notamment dans le domaine de la défense. Téhéran a donc plusieurs raisons de se retrouver en conflit avec son voisin.

Par ailleurs, Bakou et Ankara manœuvrent pour mettre l’Iran sous pression, notamment dans le domaine énergétique. La société d’État azérie Socar a annoncé des investissements de plus de 17 milliards de dollars en Turquie, principalement dans la production de composants nécessaires au raffinage. Ainsi, le pétrole azéri, acheminé par l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui transporte le brut de la mer Caspienne à la Méditerranée via la Turquie, sera raffiné sur place, renforçant encore davantage le lien entre les deux États.

Cependant, la région du Moyen-Orient élargi est un tel enchevêtrement d’intérêts qu’il peut s’y passer n’importe quoi.

Et voici qu’un accord trilatéral (en cours de définition) entre la Russie, l’Iran et l’Azerbaïdjan est annoncé. Celui-ci prévoit la construction d’un gazoduc qui, traversant l’Azerbaïdjan, fournira initialement à l’Iran 2 milliards de mètres cubes de gaz par an, avec pour objectif d’atteindre 55 milliards de mètres cubes. La capacité maximale prévue de ce gazoduc devrait être équivalente à celle du Nord Stream. Cet accord, d’une durée de 30 ans, permettra de livrer du gaz russe à l’Iran, tant pour la consommation intérieure que pour les pays voisins.

Bien que l’Iran détienne la deuxième plus grande réserve mondiale de gaz naturel (34 trillions de mètres cubes, après la Russie), il fait face à une pénurie de carburant, la demande en gaz dépassant la production. La plupart des réserves restent inexploitées en raison des sanctions imposées par les États-Unis, qui bloquent les investissements et les avancées technologiques. De plus, les principaux gisements de gaz iraniens sont situés dans le sud du pays, alors que les principaux consommateurs se trouvent dans le nord, où le climat est particulièrement rigoureux. Ainsi, en hiver, l’Iran doit faire face à un déficit quotidien d’au moins 260 millions de mètres cubes de gaz, mettant à rude épreuve l’approvisionnement en électricité.

Évidemment, Bakou, en plus de tirer des revenus des droits de passage, pourrait également bénéficier d’une partie du gaz transporté. Si, comme cela semble probable, l’accord est finalisé, une situation d’intérêts partagés plus forte pourrait se créer entre les trois pays. Cela pourrait, à terme et dans une certaine mesure, mener à une résolution négociée des différends entre l’Iran et l’Azerbaïdjan, ainsi qu’à une réduction limitée de l’influence turque dans la région.

En somme, le grand jeu géopolitique continue…

Réalisme croate et fantaisies allemandes

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Réalisme croate et fantaisies allemandes

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/realismo-croato-e-fantasie-tede...  

Zoran Milanović a été réélu président de la Croatie. Rien d’extraordinaire. Sa popularité est indiscutable, et il y avait peu de doutes quant à sa reconduction.

Cependant, ce qui compte vraiment, et qui, à bien des égards, étonne, c’est son discours d’investiture.

Un discours décidément inconfortable. Duquel, évidemment, nos grands médias n’ont pas soufflé mot.

Car Milanović a repris les récentes déclarations de la ministre des Affaires étrangères allemande, sans même la citer nommément. Quand je dis "la citer", je parle de Madame Annalena Baerbock, qui aderrière elle une brillante (enfin, façon de parler) carrière d’écologiste chez les Verts, mais  sans la moindre expérience en politique internationale.

Et pourtant, depuis 2021, elle dirige le ministère des Affaires étrangères en Allemagne. Elle s’est distinguée par quelques initiatives louables, comme celle qu'elle fit en faveur du Nigeria: la restitution de milliers d’objets d’art entreposés dans les musées allemands.

Pour le reste, son rôle en tant que ministre des Affaires étrangères de Berlin s’est surtout fait remarquer par un alignement total sur les décisions de l’administration Biden: soutien inconditionnel à Zelensky et guerre contre la Russie.

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Oui, « guerre ». Car c’est bien le mot qu’a utilisé la maladroite ministre à plusieurs reprises.

Que les dirigeants de l’UE, surtout ceux qui ne sont pas élus, comme les bureaucrates de la Commission, fassent la guerre à la Russie, c’est chose connue et évidente. Cependant, par souci de bienséance, on évite de le dire. D’autant plus qu’au front, ce sont les Ukrainiens qui combattent et meurent, grâce au zèle de Zelensky.

Mais, apparemment, cela ne suffit pas à la belliqueuse ministre allemande, totalement ignorante des règles non écrites, mais bel et bien en vigueur, de la diplomatie. Elle se laisse aller à de telles déclarations, mettant encore plus en difficulté le pauvre Scholz. Ce chancelier, encore en fonction pour un temps limité, a toujours tenté, en vain pour l’essentiel, de donner l’impression que l’Allemagne n’est pas une marionnette entre les mains de Biden et de ses alliés. Et surtout, qu’elle ne mène pas une guerre contre Moscou.

Une fiction pitoyable, et même un peu ridicule, certes. Mais qui, au moins, cherchait à sauver les apparences.

Puis arrive Madame Baerbock et… Je suppose qu’à ce stade, le pauvre Scholz doit attendre avec impatience la fin de ce calvaire.

Le président croate, quant à lui, en profite. Il déclare – rappelons-le, à peine réélu – que si l’Allemagne est en guerre avec la Russie, il lui souhaite bien du courage. Surtout, ajoute-t-il, "espérons que cela ne finisse pas comme la dernière fois…".

Au-delà de la plaisanterie, le discours de Milanović montre clairement une chose:

De plus en plus de pays européens manifestent leur exaspération face à cette politique de confrontation avec Moscou.

De plus en plus, ils revendiquent leur indépendance, leur droit à décider sans subir les diktats de la Commission de Bruxelles.

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Les positions bellicistes de cette dernière sonnent de plus en plus faux. Surtout parce que ce ne sont pas les bureaucrates de Bruxelles qui doivent aller combattre et mourir. Et encore moins se priver de quoi que ce soit. Bien au contraire...

La Croatie a clairement exprimé son opinion sur cette guerre. Elle n’est ni la seule, ni la première à le faire.

L’Allemagne, de son côté, se rapproche des élections. Après quoi, vraisemblablement, Madame Baerbock retournera s’occuper des pinsons et des phoques moines. À condition, bien sûr, que les Verts existent encore au Bundestag, ce qui est loin d’être certain.