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mercredi, 19 mars 2025

Trump et la seconde révolution américaine

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Trump et la seconde révolution américaine

Irnerio Seminatore

Source: https://www.ieri.be/fr/publications/wp/2025/f-vrier/trump-et-la-seconde-revolution-americaine

Table des matières

- La « seconde révolution américaine ». Un concept englobant ?

- L’approche à la politique internationale

  Révolution ou discontinuité stratégique ?

- Objectifs historiques et objectifs conjoncturels

- Donald Trump selon Plutarque

- Donald Trump par le comte Joseph de Maistre

- Trump suivant Ortega y Gasset

- La seconde révolution américaine, un renversement des paradigmes dominants

* * *

La « seconde révolution américaine ». Un concept englobant ?

Peut-on penser l'ensemble des idées, des hommes, des principes et des évènements, qui ont marqué l'accession de Trump à la Maison Blanche, sous le concept de « seconde révolution américaine » ? En quelle considération tenir un bouleversement et une secousse intellectuelle qui ont investi tous les milieux et la société toute entière, sur l'homme, l'autorité et le rôle de l'Amérique dans le monde ? Plus encore peut-on ignorer les questionnements sur le destin du pays et sur les autres peuples et nations de la planète, bref sur le Leadership incontestée de son savoir et de son pouvoir, autrement dit sur son hégémonie ?

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Kevin Roberts

Dans la tentative d'en conjuguer les éléments saillants, des analystes ont évoqué une combinaison de doctrines sociologiques tirées de Kevin Roberts et Vilfredo Pareto et, plus loin, des lectures historiques et littéraires de Plutarque, Joseph de Maistre et Ortega y Gasset.

La première évocation comme doctrine antisystème, a été vulgarisée péjorativement par l'assaut jacobin au Capitole du 6 janvier 2021, légitimée par décret quant à l'utilisation de la violence par les émeutiers et la deuxième, pour l'approche anti-élitiste contre l'Etat profond, bureaucratique et financier, aux mains des démocrates depuis les années 1980, par la théorie parétienne selon laquelle « l'Histoire est un cimetière d'élites », qui se succèdent et se remplacent l'une l'autre. Le grand remplacement est avant tout - ont reprit ce leitmotiv les néo-conservateurs - une mutation d'élites et de temps historiques.

En termes de temps historiques le slogan « America first », de la part de Trump signifie la fin de l'âge des paradigmes renversés et l'émergence de l'ère des empires et du grand schisme de l'Occident. Ou encore la fin de la décadence et le renouvellement de la civilisation occidentale par son centre impérial qui, s'il demeure imbu de principes démocratiques, est condamné à l'écroulement, comme l'Europe actuelle, effacée et bannie de tout renouveau et de toute influence.  La première étape de cet effacement des souverainetés nationales est l'unité stratégique et militaire de l'Otan, sous commandement intégré américain, dans le cadre d'une rivalité hégémonique entre Etats-continents/Etats civilisation, prétendants à un empire planétaire. En effet, dans le jeu des flux et reflux de l'Histoire, l'assurance de survie ne peut venir du « statu-quo » ou des dividendes de la paix, mais d'alliances militaires multinationales, qui ont été vassalisées par le pouvoir impérial. 

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On ne peut nier que l'histoire est scandée par des stratégies de rupture et par des avant-gardes intellectuelles, disposant d'identité et de forte conscience politique et, marginalement par des forces naturelles déchaînées, comme c'était le cas dans la doctrine des conservateurs. La nouveauté du trumpisme et des néo-conservateurs est que la stratégie de rupture et sa force d'avenir reposent sur l'attrait des tsars de la technologie, la nouvelle classe « conspirante, cohérente et consciente », qui constitue la nouvelle oligarchie. Sa caractéristique, en tant que force perçante du grand remplacement est que son titre d'appartenance devient la capacité et le mérite et plus guère le privilège ou la politique de discrimination positive, créant artificiellement des statuts dérogatoires.

La révolte contre l'égalitarisme et l'esprit anti-hiérarchique, encouragés par les démocrates et en particulier par Obama, a favorisé dans les universités et dans l'éducation publique, le conformisme, la corruption et la culture woke, une perversion sectaire qui englobe dans sa notion flottante plusieurs luttes sociales autour de questions d’égalité, de justice, de lutte contre le racisme, pour le sexisme et en faveur des LGBTQIA+.

L’approche à la politique internationale

Révolution ou discontinuité stratégique ?

Si l'approche de Trump à la société civile américaine a pu être présentée ou a été perçue comme une « révolution culturelle » sa démarche concernant la politique internationale doit être classée comme une discontinuité stratégique par rapport à la ligne de Biden, le réalisme se substituant à un idéalisme trompeur.

Chez Trump tout découle d'un principe premier « America First » ! C'est la fin de l'après-guerre froide. La révolution interne doit être innervée et structurée à l'extérieur sur une autre vision du monde, basée sur le hard power et sur un retour à la compétition stratégique, compte tenu de l'échec des politiques de partenariat convenues avec des rivaux. Un uni-multipolarisme revendiqué remplacera le multilatéralisme idéologique et institutionnel (ONU, OTAN, Accords de Paris..), inefficaces et périmés.

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En termes de relations entre souverainisme et bilatéralisme dans les négociations internationales la référence d’orientation sera le président Jackson (tableau, ci-dessus), bien qu'une inspiration liée à G. Washington guidera les engagements futurs, en ce qui concerne l'alliance entre non-interventionnisme et nationalisme actif, marginalisant, à l'intérieur des institutions américaines, les élites démocrates, considérées comme anti-américaines. Pour terminer avec les points de doctrine, une adversité instinctive pour le globalisme poussera au retour de rivalité multiples.

Ces points de doctrine se traduisent par une série de politiques régionales qui appellent des initiatives adaptées aux impératifs conjoncturels de sécurité et de défense et, cela se concrétise en quadrillage impérial avec l'accroissement des bases militaires dans le monde, en particulier dans l'aire du Pacifique, et, au-delà, en la confirmation des vieilles relations d'alliance (Israël, Arabie Saoudite et autres pays arabes).

Quant à la politique d'endiguement de la masse continentale de l'Eurasie, quels objectifs conjoncturels correspondront mieux aux intérêts permanent de l’Amérique.

Objectifs historiques et objectifs conjoncturels

La morphologie triadique du système multipolaire actuel distingue toujours entre objectifs historiques et objectifs immédiats et accorde à la géopolitique et à dialectique de l'antagonisme la tâche de distinguer entre types de paix et types de guerres. En fonction des rôles joués par les grands acteurs du système nous passerons en revue et à des seules finalités de connaissance, les différents types de paix, car ils déterminent non seulement les types de guerre, mais également les stratégies générales des acteurs majeurs de la constellation diplomatique. Pour l'Europe l'idéal type de paix est une paix d'équilibre entre l'Amérique et la Russie, puisque le continent est situé à la jonction du Rimland et du Heartland, entre la terre centrale et la grande île du monde ; pour la Russie une paix d'empire, fédératrice de plusieurs peuples, de plusieurs terres et de multiples confessions religieuses. Une paix d'Hégémonie est celle qui convient au choix de l'Amérique, vouée, par sa mission universelle, à exercer son pouvoir sur les trois Océans, Indien, Pacifique et Atlantique, en respectant la liberté et la souveraineté des pays de la bordure des terres  Pour l'Empire du milieu, le  mandat du ciel situe le meilleur type de paix entre une architecture régionale équilibrée et une vision planétaire à long terme, déterminée en partie par sa position géopolitique et en partie par la rivalité qui découle de sa culture et du système mondial des forces. 

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Robert Strausz-Hupé ou l'oeuvre d'un stratégiste américain (anti-européen) qui demeure dangereusement méconnue et qu'il faudrait relire en même temps que Zbigniew Brzezinski.

Or, l'objectif stratégique de l'Amérique et de l'Occident, selon un courant de pensée offensif, représenté par Robert Strausz-Hupé (photo), William R. Kintner et Stefan T. Possony et exposé dans le livre « A Forward Strategy for America », reposera sur la préservation et la consolidation de notre système politique, plutôt que sur le maintien de la paix. Selon ce courant, la survie du régime impérial des Etats-Unis, n'autorisait « d'autre choix qu'une stratégie à la Caton ». « Carthago delenda est ! ». La coexistence de deux empires rivaux était conçue au Sénat de Rome, comme une cause d'instabilité profonde, qui devait déboucher fatalement sur une guerre inexpiable. Or la situation multipolaire d'aujourd'hui est-elle comparable à celle de l'époque romaine ? Change-t-elle sur le fond, l'essence de la rivalité et la structure de l'hostilité ?

Face à un Congrès indécis et dans le cadre d'un isolationnisme sélectif, l'Amérique - selon Marco Rubio, nouveau secrétaire d'Etat, devrait tout subordonner à une posture agressive envers la Chine, ficeler un cessez-le-feu rapide en Ukraine et assurer Israël d'un soutien inconditionnel. Un retour clair à la partition idéologique entre « axe du bien » et « axe du mal », puisqu'il s'agirait d'une politique de force qui annonce une hausse des dépenses militaires et une relance de la course aux armements. La présidence Trump pourrait détricoter le réseau d'alliances tissé par les Etats-Unis après 1945 et transformer durablement le paysage géopolitique du système. Elle compte peu sur l’Europe, car elle la juge captive d'une idéologie post-historique et ne fait pas une grande confiance aux institutions internationales dont elle redoute l’inefficacité. Ainsi l'Amérique de Trump ne compte que sur elle-même et sur des relations bilatérales pour traiter de ses premières priorités.

Ce bref survol sur le jeu politique et les surprises stratégiques imposées par le nouveau Président, nous fait comprendre que beaucoup d’issues dépendront plus de l'esprit et de la force élémentaire des Etats-Unis que de l’appui de leurs alliés occidentaux, de telle sorte que les options retenues se situeront dans une relation de discontinuité par rapport à la politique étrangère des démocrates.

Donald Trump selon Plutarque

Comme toute épopée, ancienne ou moderne, quels éléments ou facettes retiendra-t-elle la postérité de ce terrassement tectonique d'époque et de civilisation, de ce schisme en Occident, profond et durable ? La volonté d'ordre d'abord et l'esprit de stabilisation ensuite, semblables à ceux qui succédèrent au meurtre de César et à la transition de la démocratie oligarchique de Rome, vers l'empire d'Octave-Auguste ou, plus proche de nous au premier Coup d'Etat moderne, celui du Général Bonaparte du 18 Brumaire à Saint-Cloud ? Passant à l’analyse du protagoniste, par le filtre d’interprétations arbitraires, quelle sera la figure et l’image du personnage consignées à l’histoire selon les thèmes et les sujets retenus par le procureur du tribunal historique ?  Pour commencer, quel aventurier se cache donc derrière Donald Trump, dans son assaut contre le Capitole et dans sa promesse d'ouvrir "un nouvel âge d'or" pour l'Amérique ? Pouvons-nous ré-enchanter l'histoire américaine par le mythe de la refondation de la nouvelle Rome sur l'escalier baptismal de Washington ?

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Seul Plutarque aurait pu établir un parallélisme entre les grands décideurs de la modernité et ceux du monde antique, en pédagogues du passé. Mais quel portrait aurait brossé Plutarque de Donald Trump, en empereur romain ? De qui aurait-il pu être le plus proche ? La férocité des opposants le classerait sans hésitation parmi les plus criminels et débauchés dans la vie privée et dans la vie publique. Le nom le plus proche est sans aucun doute celui de Néron, coopté au pouvoir par les intrigues de la cour impériale. Injustice flagrante et jugement hâtif ? Serait-il condamné d'avance sans avoir tué sa mère Agrippine, incendié Rome ou terminé une présidence despotique et controversée ? Dans l'imaginaire collectif, Néron porte une rare diversité de qualificatifs, tous plus éloquents les uns que les autres : tyran, persécuteur, pervers, manipulé, égoïste, immature et cette liste n'est pas exhaustive. Dès sa mort, ses contemporains s'emparent de son nom pour en faire une légende noire, un héros à la passion destructrice. Cette dernière, agrémentée au fil des siècles, est encore tenace de nos jours. Est-elle adaptée ou inadaptée à Donald Trump, personnalité shakespearienne, tyran virtuel et caché, virtuose de la spectacularisation du pouvoir et capable de vitrifier le monde avec la foudre nucléaire, par delà sa tentation de la paix et sa passion tarifée de la luxure, du commerce et de l'argent ?  Or la révolution américaine de Trump aurait pu tomber sous la coupe de deux autres personnalités célèbres, le Comte Joseph de Maistre, Savoisien, Ambassadeur du Royaume de Sardaigne à Saint Pétersbourg et contre-révolutionnaire honnis, et Michel Foucault, auteur d'une préface sur « La vie des hommes infâmes », opposée à celle des hommes illustres, préface par ailleurs fourrée d'éloges par Philippe Sollers. 

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Donald Trump par le comte Joseph de Maistre

Le comte Joseph de Maistre n'aurait peut-être pas désapprouvé l'assaut contre le Capitole puisqu'il aurait pris conscience, en homme d'ancien régime, que l'incapacité du pouvoir démocrate d'obtenir obéissance, le rendait non seulement « illégitime », mais aussi « illégal » et que le droit de sédition pour les abus électoraux commis, permettaient de le contester « quoad esercitium » (en raison de sa gestion). Et ceci sur la base de l'interprétation de la « légitimité » traditionnelle, comme facteur de stabilité qui assure l'ordre et le bien être des sujets de la cité.  Il en découle que le principe de la « légitimité » du suffrage étant variable et imprévisible, celle-ci ne peut prétendre à la « légitimité » de la tradition, qui est immémoriale, inscrite dans les mythes et dans les obéissances anciennes.

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C'est pourquoi l'assaut contre le Capitole, expression de la lutte pour le pouvoir ou pour la puissance, qui sont  l'essence même de la politique, a dévoilé la notion originelle de combat, de violence et de « daimon », qui incarne sur le fond, l'histoire et la tradition toute entière du peuple américain en marche. De plus, aux yeux de de Maistre, il n'aurait pu y avoir de gouvernement politique exemplaire dans une nation qui exalte l'individualisme égalitariste et se tâche au même temps de trafics illégaux, comme l'ont fait les démocrates, méprisant la souveraineté du pouvoir et le consensus naturel du peuple pour la fonction suprême du pays. Fonction qui, pour ses attributs et pour son autorité, appartient aux « génies invisibles de la cité » et devient, par paradoxe, une source inépuisable de conflits et de passions hostiles.  

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Farouchement hérissé contre la violence révolutionnaire des idées tirées des Lumières et de la Révolution française, Joseph de Maistre, lecteur de Plutarque, qui s'inspira d’Edmund Burke, fut un antirévolutionnaire acharné, luttant contre la punition infligée par Dieu à la France. Il se fit connaître comme le porte-drapeau d'une « autre modernité » et comme critique virulent de la « révolution satanique » (Considérations sur la France, 1796 ; Essai sur le principe générateur des constitutions politiques), ainsi que du mal français devenu aujourd'hui mondial, le mal égalitariste ou immigrationniste. Un mal qui était à l'époque, pour de Maistre, celui de l’Eglise gallicane, étrangère à la tradition moniste, identitaire et catholique du pays. « Le plus grand ennemi de l’Europe qu’il importe d’étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des crimes, l’ulcère funeste qui s’attache à toutes les souverainetés et qui les ronge sans relâche, le fils de l’orgueil, le père de l’anarchie, le dissolvant universel, c’est le protestantisme », et de nos jours « l'œcuménisme immigrationniste », une « Oumma » universaliste et conspirationniste. Par ailleurs, si la tradition acquiert aujourd'hui la même légitimité que la démocratie représentative moderne, quelle est la doctrine philosophique plus pertinente pour comprendre le monde ? Et la démocratie, comme forme de régime dont la seule source de légitimité est une fiction, la « volonté générale » de Rousseau, peut-elle constituer encore le dépassement inévitable de la tradition et le fondement d'un équilibre des pouvoirs, propre aux régimes constitutionnels modernes ? D'un point de vue intellectuel, ce même Trump aurait pu devenir aussi la meilleure cible pour un dénigrement en règle et pour une crucifixion morale et politique, sans la présence modératrice du préfet de Rome, Ponce Pilate, non seulement de la part d'Obama, mais des philosophes de la « Petitio-paedofilia » française des années 1977, incluant Sartre, Derrida, Lyotard, Deleuze et Simone de Beauvoir, en parfait accord avec tout le courant déconstructionniste parisien de la post-modernité.

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Trump selon Ortega y Gasset

Mais l'autre grande personnalité qui est à la base de l'eschatologie populiste et libertaire des patriotes du monde entier et du Midwest américain est probablement Ortega y Gasset, l'auteur espagnol de la « Révolte des masses ». Penseur existentiel « in partibus infidelium », il défend la lutte pour la liberté contre la dissolution mondialiste et part de l'idée que ce sont les élites qui font l'histoire. De cette même conviction, Trump tire les racines de sa stratégie, partageant avec Ortega y Gasset, les idées de ce dernier sur la crise des certitudes, la critique des sociétés de masse et l'action conjointe des élites, de la tradition et des croyances. La solidité de ces préoccupations est encore démontrée, comme à l'époque d'Ortega y Gasset (1937), par le paradoxe que « les gauches promettent des révolutions et les gauches proposent des tyrannies ». Ainsi, la crise de l'individualisme qui affecte les sociétés occidentales est une crise non pas des principes premiers, ou des valeurs suprêmes, mais de leur absence. D'où le désenchantement. L'époque que nous vivons est celle de l'âme désenchantée. Notre époque n'est point une époque de réaction, qui est toujours le « parasite de la révolution », mais la phase d'une évolution vers un nouveau développement de la spiritualité. Le développement de la civilisation par époques, induit une correspondance dans le développement de l'homme. Ainsi « d'une attitude spirituelle de type traditionnel, on passe à un état d'esprit rationaliste et de celui-ci à un régime de mysticisme ». La troisième phase est donc celle de la désillusion, de l'âme facile, docile et servile. Inaugure-t-elle la phase d'abjection, d'indifférenciation et de rejet de connaissance à la fois du passé et du présent qui caractérise la culture woke ?

La seconde révolution américaine, un renversement des paradigmes dominants

Si la fondation des Etats-Unis et sa première révolution sont nées de la volonté de s'affranchir politiquement de l'Europe et, d'affermir philosophiquement le primat préromantique du sentiment sur la raison et de la foi sur le sentiment, la seconde révolution américaine se fait au nom d’une autre idée de l’homme et de la légitimité, de la crise d’hégémonie de l’Occident et de sa tradition de liberté. La polémique contre la corruption des élites et du parti démocrate tire ses raisons d’être d’une exaltation du rigorisme moral de l'éducation puritaine, intégrée d’une critique sévère de la post-modernité. L'insurrection républicaine a réagi à l’hétérogénéité croissante, spirituelle et sociale d’un société- monde qui, avec une immigration sans contrôle, glisse lentement vers le cœur d’un système, hors de toute philosophie du sens commun, les traditions, la continuité et l’histoire. Ainsi, dans les trois lectures imaginaires d’auteurs classiques ont pourrait voir autant de formes de la conscience historique et donc pour Plutarque le glissement des Princes vers la folie et l’imprévu dans leur course vers une vérité insaisissable, pour le comte Joseph de Maistre la recherche de « sens », dans le long processus de sécularisation des croyances et, pour Ortega y Gasset, le primat de la liberté dans l’éternelle quête du Graal, qui échappe aux droites et aux gauches dans des moments comme le nôtre, où le monde bascule vers la guerre.

Or, si comme l’affirme Ortega y Gasset dans « les époques d’âme traditionaliste s’organisent les nations », par un mode traditionnel de réagir intellectuellement, (qui) consiste dans le souvenir du répertoire des croyances reçues des ancêtres », le progressisme démocrate, déraciné et sans histoire, poussée aux extrêmes par la culture woke, conduit à la dissolution de la société et à la négation des origines spirituelles de l'Amérique. C’est à ces interrogations et à ce défi qu’ont réagit les américains. C’est à ce titre que la victoire de Trump n’a pas été seulement électorale ou politique, mais existentielle et civilisationnelle. Elle a été un renversement des paradigmes et des tabous dominants et au nom d'une révolution galiléenne de la pensée et de l'action.

Bruxelles le 5 janvier 2025.

La fracture au sein de l'opposition en Turquie et l'intérêt d'Erdoğan

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La fracture au sein de l'opposition en Turquie et l'intérêt d'Erdoğan

Kamran Gasanov

Depuis que le Parti républicain du peuple a perdu les élections législatives et n'a pas réussi à remporter la présidence en mai 2023, il est en proie à des difficultés internes. Les membres du parti ont commencé à accuser Kemal Kılıçdaroğlu, alors dirigeant et candidat à la présidence, d'empêcher d'autres candidats plus populaires d'être les représentants du CHP, causant ainsi son échec. Par conséquent, dès novembre 2023, le CHP change de leader et devient Özgür Özel.

En mars 2024, le parti parvient à reprendre confiance en ses forces en remportant une victoire écrasante aux élections municipales. Cependant, le conflit au sein du parti n'est pas terminé et la consolidation est essentielle pour les futures élections présidentielles et parlementaires. Bien qu'elles n'aient pas lieu officiellement avant trois ans, étant donné les appels à des élections anticipées, le CHP devrait s'attaquer dès à présent à la question du candidat principal.

La question de l'unité du parti est également alimentée par les sondages d'opinion. À la surprise des membres du parti d'Özel, le Parti de la justice et du développement (AKP) d'Erdoğan n'est plus derrière le CHP et occupe la première place.

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Ekrem Imamoğlu (ci-dessus) et Mansur Yavaş (ci-dessous)

Imamoğlu ou Yavaş ?

La principale raison de la dispute entre les représentants du CHP reste le désaccord interne sur le choix du candidat le plus favorable pour les élections présidentielles. Au centre du conflit se trouvent trois figures clés : le président du parti Özgür Özel, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoğlu et le maire d'Ankara Mansur Yavaş. Özel, dans une tentative de renforcer sa position, a proposé des « primaires » internes au parti pour déterminer le candidat. Son initiative déplaît fortement à Yavaş qui, selon les sondages, est considéré comme le candidat républicain le plus populaire. Les critères de sélection du candidat au sein du parti pourraient ne pas coïncider avec les sympathies des gens ordinaires et Yavaş risquerait de perdre. C'est pourquoi il a refusé de participer aux « primaires », estimant qu'il était plus important de se concentrer sur la résolution des problèmes économiques du pays, ce qui complique encore la situation au sein du CHP.

Le principal adversaire de Yavaş est Imamoğlu. Le maire d'Istanbul a une grande influence sur la structure du CHP. La dispute de 2023 sur le choix du candidat aux élections présidentielles en est une preuve évidente. Meral Akşener, l'un des leaders du bloc des six partis d'opposition et chef du Parti du Bien (IYI), a refusé de se présenter aux élections présidentielles en faveur d'İmamoğlu. Akşener a menacé de quitter l'alliance si Klçdarolu ne soutenait pas Imamolu. Imamoğlu n'a alors pas été nommé, en partie à cause des ambitions personnelles de Kılıçdaroğlu et en partie à cause des procès en cours contre Imamoğlu. Le procès est en cours depuis fin 2022, lorsque le maire d'Istanbul a été condamné à deux ans et sept mois de prison pour avoir insulté des membres du Conseil électoral suprême de Türkiye. La sentence a fait l'objet d'un appel et a été renvoyée devant une cour d'appel.

Bien que Yavaş bénéficie d'un plus grand soutien public, Imamoğlu reste une figure puissante au centre de la structure du parti. Le débat sur la question de savoir qui représentera le parti aux élections est exacerbé par les ambitions personnelles et le mécontentement parmi les députés et les organisations locales du parti. Le CHP a encore beaucoup de temps avant les prochaines élections, mais s'il veut viser une élection anticipée, les rangs du parti devront se resserrer. Sinon, l'échec de 2023 pourrait se répéter.

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Kemal Kılıçdaroğlu

Les frictions internes au sein du CHP sont également exacerbées par l'influence de l'ancien dirigeant du parti, Kemal Kılıçdaroğlu, qui a accusé les dirigeants actuels de « trahison » et de « falsification » pour avoir choisi Özel, et non lui, comme président lors des derniers congrès du parti. Kılıçdaroğlu, fort de sa grande expérience et toujours soutenu par une certaine partie des membres du CHP, continue d'exercer son influence sur les processus politiques au sein du parti, affectant aussi négativement sa cohésion et sa capacité à combattre l'AKP et Erdoğan. Ainsi, non seulement la popularité de Yavaş, mais aussi « l'ombre de Kılıçdaroğlu » mettront des bâtons dans les roues de l'alliance entre Özel et Imamoğlu.

Qui l'Occident soutiendra-t-il ?

Commentant les querelles politiques au sein du principal parti d'opposition, Mehmet Perinçek, historien et représentant du parti turc « Vatan (patriotique) » en Russie, a déclaré que l'Occident parierait sur le maire d'Istanbul.

Le principal projet des atlantistes en Turquie est Ekrem Imamoğlu. Les forces atlantistes travaillent depuis un certain temps à faire d'Ekrem Imamoğlu le candidat de l'opposition à la présidence de la Turquie. On peut le considérer comme un Saakashvili turc, un Zelenskyy turc ou un Pashinyan turc. Bien sûr, Erdoğan a récemment commencé à mener une politique pro-occidentale et pro-atlantique, par exemple sur la question syrienne et la question ukrainienne, mais lui et son parti ne sont certainement pas sous le contrôle total des atlantistes. Les atlantistes ont besoin d'un président fantoche. C'est Imamoğlu qui remplit ce rôle. C'est pourquoi les forces atlantistes soutiennent sa candidature et le nomment au Parti républicain du peuple », a-t-il déclaré à Vestnik Kavkaza.

L'historien a noté que le CHP a perdu sa mission principale : « Ils l'ont complètement oubliée. Le CHP n'est plus le parti d'Atatürk ». D'autres dirigeants du parti sont également fortement influencés par l'Occident, mais « Imamoğlu est un projet direct des atlantistes ».

Perinçek estime que le président turc en exercice, qui tente de remédier à la situation économique du pays au détriment des bonnes relations, doit être sur ses gardes.

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Erdoğan doit comprendre qu'il ne sera jamais l'homme clé des atlantistes en Turquie. Ceux-ci ont décidé depuis longtemps de se débarrasser d'Erdoğan et ont même tenté de le renverser par un coup d'État militaire. Erdoğan cherche encore des compromis et des relations stratégiques à la porte des atlantistes, mais il n'y parviendra pas. Après les élections présidentielles de 2023, il s'est lancé dans une politique économique complètement pro-occidentale, essayant de surmonter la crise économique avec l'aide des banques et des fonds occidentaux, britanniques et américains. Mais en réalité, les atlantistes ne le soutiennent pas. Erdoğan devrait en tirer la leçon : il n'a pas d'avenir dans le monde atlantiste », déclare M. Perinçek.

L'expert estime que le bon choix pour la Turquie est de se tourner vers l'Eurasie et de se rapprocher de la Russie, de l'Iran, de la Chine et du monde turc. Si Erdoğan cherche des compromis ou des intérêts communs avec l'Occident, cela ne l'aidera pas et Imamoğlu finira par devenir l'homme principal des atlantistes au pouvoir. Erdoğan doit trouver et créer une coopération stratégique qui puisse équilibrer la menace des atlantistes, plutôt que de chercher des compromis avec eux », a conclu M. Perinçek.

Article original de Kamran Gasanov :

https://unitedworldint.com/36359-the-split-within-the-opp...

 

Le rôle de la Russie dans la politique étrangère des États-Unis

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Le rôle de la Russie dans la politique étrangère des États-Unis

Alexander Azadgan

(article datant d'avant les présidentielles américaines de novembre 2024)

Historiquement, l'approche de Donald Trump à l'égard de la Russie a été considérée comme très peu traditionnelle. Il est connu pour remettre en question la pertinence de l'OTAN et pour exprimer son admiration pour le président russe Vladimir Poutine. Au cours de son premier mandat, les États-Unis se sont engagés avec la Russie d'une manière que beaucoup ont jugée (trop) conciliante, notamment en ce qui concerne l'allègement des sanctions et les relations diplomatiques. Cependant, l'administration Trump a imposé plusieurs séries de sanctions à des personnes et des entités russes, notamment en rapport avec la guerre en Ukraine, l'annexion de la Crimée et les allégations d'ingérence de la Russie dans l'élection américaine de 2016.

Maintenant que Trump est de retour à la présidence, sa politique à l'égard de la Russie pourrait suivre un schéma similaire, en équilibrant la confrontation et les tentatives de coopération. Sa priorité sera probablement d'améliorer les relations bilatérales tout en abordant des questions d'intérêt stratégique, telles que la maîtrise des armements et la cybersécurité, surtout si les relations des États-Unis avec l'Europe et l'OTAN restent tendues.

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Maîtrise des armements et diplomatie stratégique

L'une des questions les plus importantes dans les relations américano-russes au cours de la première présidence Trump a été le contrôle des armements. Trump a retiré les États-Unis d'accords clés tels que le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), en invoquant les violations commises par la Russie. Cependant, il a également signé l'extension du nouveau traité START, qui maintient des limites sur les ogives nucléaires.

Si le président Trump parvient à réintégrer le bureau ovale en 2025 avec un mandat clair du peuple américain, il pourrait chercher à négocier de nouveaux accords de contrôle des armements, en reprenant éventuellement les pourparlers avec la Russie sur les armes nucléaires stratégiques. Tout effort diplomatique serait probablement fondé sur le désir de réduire les tensions nucléaires tout en affirmant les intérêts américains en matière de modernisation des armements.

Alignements géopolitiques et Europe de l'Est

Les politiques du président Trump à l'égard de l'OTAN et de l'Europe de l'Est ont souvent été caractérisées par le scepticisme, avec des appels répétés aux membres de l'OTAN pour qu'ils atteignent les objectifs en matière de dépenses pour la défense. S'il a exprimé son soutien à l'Ukraine contre les incursions russes dans le pays, en particulier après l'annexion de la Crimée par la Russie, sa rhétorique a souvent semblé plus pragmatique, arguant de la nécessité de réduire l'implication des États-Unis dans les conflits à l'étranger.

Mon avis d'expert est qu'en 2025, l'administration Trump ne donnera pas la priorité à une intervention militaire en Europe de l'Est, mais pourrait plutôt se concentrer sur la réduction de la présence militaire américaine, en encourageant l'Europe à adopter une position plus ferme.

Toutefois, nos engagements envers l'OTAN et sa clause de défense collective de l'article 5 pourraient être mis à l'épreuve en fonction de l'évolution des relations avec la Russie.

Cybersécurité et ingérence électorale

Les allégations d'ingérence russe dans les élections américaines, en particulier en 2016, constituent un autre domaine où les tensions entre les États-Unis et la Russie ont été vives. L'administration Trump a fait l'objet d'un examen minutieux pour ses réponses à ces allégations, même si le président Trump a toujours minimisé l'ingérence russe et remis en question les évaluations des services de renseignement.

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Par conséquent, la cybersécurité et la sécurité des élections resteront probablement un thème central promu par les mondialistes néolibéraux à Washington. Alors que Trump continuera à minimiser le rôle de l'ingérence russe, il subira également des pressions pour s'attaquer aux cyberattaques russes, en particulier après l'incident SolarWinds et d'autres piratages majeurs attribués à des acteurs russes.

Énergie et relations économiques

Le président Trump a souvent cherché à positionner les États-Unis comme un grand exportateur d'énergie et a défendu l'indépendance du pétrole et du gaz américains. Dans ce contexte, la rivalité entre les États-Unis et la Russie concernant les ressources énergétiques, en particulier les exportations de gaz naturel vers l'Europe, pourrait s'intensifier. Le président Trump pourrait faire pression en faveur de politiques qui réduisent la dépendance de l'Europe à l'égard des sources d'énergie russes et renforcent la domination énergétique des États-Unis à l'échelle mondiale.

Sur le plan économique, l'administration Trump pourrait envisager des sanctions contre les oligarques russes et les secteurs clés de l'économie russe, en particulier dans les industries de la technologie et de l'énergie, si les tensions s'intensifient. Toutefois, les relations commerciales pourraient être moins importantes, à moins que des conflits spécifiques n'apparaissent.

Conclusions

Bien que la nature exacte de l'agenda 2025 de l'administration Trump à l'égard de la Russie soit spéculative, il est probable qu'il combine la concurrence stratégique avec des efforts de dialogue, en particulier sur le contrôle des armes et la politique énergétique. L'approche historique du président Trump a été celle d'une diplomatie transactionnelle, cherchant à équilibrer les intérêts américains tout en minimisant les confrontations directes, tout en maintenant toujours l'objectif d'obtenir des accords favorables pour les États-Unis.

AVERTISSEMENT : Je ne promeus pas, n'ai jamais promu et ne promouvrai jamais la « propagande » de qui que ce soit. Je suis un critique sur un pied d'égalité et un universitaire américain patriote, financièrement et idéologiquement indépendant à 100%, dont la principale responsabilité académique et l'obligation morale sont de dire la vérité et de sensibiliser le public. En tant que tel, le contenu de TOUS mes messages sur les médias sociaux, mes interviews télévisées, mes conférences, mes podcasts et mes webinaires est présenté UNIQUEMENT comme mon opinion personnelle. Par conséquent, mes opinions ne doivent pas être mal interprétées, mal caractérisées et/ou mal comprises comme une déclaration promouvant (au nom de) TOUTE personne, TOUTE cause politique, TOUTE organisation, TOUT gouvernement et/ou TOUT pays. Toute déclaration contraire est catégoriquement fausse, constitue une déformation des faits et serait considérée comme diffamatoire et calomnieuse, c'est-à-dire comme une diffamation de mon caractère personnel et de ma personnalité publique. Je ne fais qu'exercer mon droit au 1er amendement en tant que fier citoyen américain, à savoir la liberté d'expression et de pensée.

Para bellum ? Oui, mais les guerres ont changé depuis l'époque romaine

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Para bellum ? Oui, mais les guerres ont changé depuis l'époque romaine

Ala de Granha

Source: https://electomagazine.it/para-bellum-gia-ma-le-guerre-so...

Si vis pacem, para bellum. Qui sommes-nous pour contester une maxime latine soudainement redécouverte par des hipsters qui ne parlaient qu'en un jargon anglo-américain entre un « ok », un meeting, un business, un asap et un vocabulaire politically correct ? Le ministre italien de l'éducation, Valditara, réintroduit avec bonheur l'étude du latin au collège, alors faisons mine que les Romains ont toujours eu raison. Et qu'ils n'ont jamais perdu leur empire. Préparons-nous à la guerre. Oui, mais comment ? Pour quelle guerre ?

Une guerre contre les Russes, évidemment. Qui alignent 145 millions d'habitants, un tiers de ceux de l'Europe qu'ils seraient censés occuper selon les euro-dingues. Et avec une économie qui ne parvient pas à boucler les fins de mois, toujours selon les euro-dingues. Sans plus beaucoup d’armes ni de véhicules, selon les récits des journaux italiens et pas seulement italiens.

Cependant, pour nous défendre d'un ennemi sans ressources et sans avenir, nous devrions dépenser 800 milliards d'euros. 30 de plus par an juste pour la partie italienne. Génial, les marchands de la mort exultent.

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Entre-temps, le reste du monde, qui avait non seulement appris mais aussi compris les maximes latines, se prépare à la guerre, mais bien avec conscience que le conflit s'est déplacé, a quitté les champs de bataille et nécessite désormais des armes très différentes. Il est facile de massacrer des Palestiniens et des Houthi sans armes, mais Donald Trump, pour menacer le Canada et les états européens, le Brésil et la Chine, a utilisé des droits de douane, pas des missiles. Et la Chine a répondu ces jours-ci non seulement avec des droits de douane, mais en présentant un vaste plan d'investissements pour relancer l'économie. En commençant, tout comme les États-Unis, par booster le marché intérieur.

Car avec la garantie d'une production industrielle et agricole en grande partie absorbée par ses propres citoyens, on peut relever les défis du commerce international avec plus de chances de succès. Pendant que la désinformation italienne parlait de l'effondrement de la production de blé russe, la Russie établissait de nouveaux records de production de blé et, par conséquent, faisait baisser les prix sur le marché intérieur.

Pendant ce temps, l'Italie achète du blé canadien bourré de glyphosate et les prix augmentent.

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Mais le défi réside dans les technologies, dans la compétitivité des produits industriels, dans la recherche, dans l'innovation. En tenant compte du fait bien patent que l'Europe manque cruellement de matières premières et qu'elle a dès lors besoin de bonnes relations internationales pour les obtenir. Et ce n'est pas exactement le type de relations qu'a créées Macron avec l'Afrique, en somme. Même le renoncement au gaz et au pétrole russes pour se concentrer sur l'énergie nucléaire nécessite des importations d'uranium, sans parler du temps nécessaire pour construire les centrales.

Tous des aspects que les dingues eurocratistes ignorent. Pour eux, il suffit de faire enrichir leurs petits amis qui vendent des armes et de la mort à foison. Quos vult Jupiter perdere, dementat prius. Mais cette maxime-là, ils ne l'ont pas étudiée.

mardi, 18 mars 2025

Syrie: pogroms contre les Alaouites

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Communiqué de presse du Zannekinbond (Flandre)

Syrie: pogroms contre les Alaouites

Source: https://www.facebook.com/search/top?q=zannekinbond

Après des mois de pogroms contre les Alaouites par le nouveau régime syrien, dominé par Hay'at Tahrir al-Sham (HTS) sous la direction d'Al-Jolani, la minorité religieuse a formé des groupes de résistance armés dans la région côtière de Lattaquié et a commencé à riposter. En réponse à la résistance alaouite, le régime djihadiste a envoyé des commandos de la mort dans les zones rurales de la côte syrienne. Des civils alaouites désarmés, y compris des enfants, ont été exécutés, des maisons ont été incendiées. Des rapports indiquent un déplacement massif de population, avec des gens fuyant vers les montagnes et les forêts ou se cachant sur la base militaire russe de Khmeimim pour échapper à la violence des groupes terroristes HTS. Anas Ayrouth, membre du comité créé à la demande d'Al-Jolani pour "préserver la paix civile", a récemment appelé à l'extermination des Alaouites. Les milices HTS vont systématiquement de maison en maison dans les zones alaouites, coupent l'accès à Internet et à l'électricité, commettent des massacres et jettent les corps dans des fosses communes. Dans la ville de Baniyas, où vivaient plus de 20.000 Alaouites, toute la population aurait fui ou été tuée par les militants et leurs voisins sunnites.

La Syrie est dangereusement proche d'une implosion. La région côtière alaouite se transforme en zone de guerre. Le nord-est riche en pétrole est contrôlé par les Kurdes, tandis qu’au sud, la puissante invasion israélienne approche de Damas. HTS est issu du Front Al-Nusra, un groupe terroriste lié à Al-Qaïda qui a également reçu un soutien d'... Israël (livraisons d'armes, soins à des terroristes blessés,...). Il est frappant qu'à ce jour, HTS refuse de traiter Israël comme un ennemi. Cela explique également pourquoi l'Occident impérialiste ferme les yeux sur les brutalités que HTS commet en Syrie contre diverses minorités. L'Occident libéral, qui aime tant parler de "diversité", laisse cette dernière être exterminée en Syrie par le HTS islamiste, un proxy des mondialistes.

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Des milliards d’argent public investis dans l’industrie de guerre…

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Communiqué de presse du Zannekindbond (Flandre)

Des milliards d’argent public investis dans l’industrie de guerre…

Source: https://www.facebook.com/search/top?q=zannekinbond

Alors que le secteur de la santé est sous pression financière, que les retraites menacent de devenir impossibles à financer, que la rénovation des infrastructures coûte des sommes colossales et que la sécurité sociale est fortement amputée,… des milliards d’euros d’argent public sont investis du jour au lendemain dans l’industrie de la défense. Les pays de l’OTAN ont depuis longtemps largement dépassé la Russie en matière de dépenses militaires, et pourtant ils continuent à s’armer. Maintenant que Trump transfère la facture de la sécurité atlantique aux élites européennes et trouve des toutous obéissants auprès de figures comme Theo Francken, l’Union européenne, avec sa cheffesse von der Leyen, mène la charge dans la politique belliciste, avec pas moins de 800 milliards d’euros (!!!) consacrés aux dépenses militaires. Au lieu de diplomatie et de détente, il n’y a que davantage d’armes et d'expansionnisme de l’OTAN. Cependant, la sécurité ne découle pas d’une course à l’armement souhaitée par l’Occident libéral, mais de la coopération, de la diplomatie et d’une nouvelle architecture de sécurité pour l’Europe, Russie comprise. Même en Flandre et en Wallonie, la majorité de la population ne veut pas de cette course aux armements - à laquelle le gouvernement belgiciste de Bart De Wever collabore avidement !

Le moment charnière dans la politique internationale et les rapports de force géopolitiques que nous vivons actuellement démasque l'UE plus que jamais: elle est désormais perçue comme un instrument de l'impérialisme occidental, datant du 20ème siècle. Lorsque nous voyons les élites européennes se fâcher parce que Trump a une stratégie différente de celle des fanatiques libéraux qui crient sans arrêt "slava Ukraini", nous voyons en réalité comment l'aile non-trumpiste de la classe dirigeante occidentale bout de colère. L'UE est un lieu où le secteur libéral du capital monopoliste reste dominant, contrairement aux États-Unis. Mais il n'est jamais correct de choisir un camp au sein de l'impérialisme, de plus, les versants américain et européen de cet impérialisme appartiennent réellement au même camp. Le conflit au sein des élites occidentales ne change rien au fait que l'UE est née de l'atlantisme (le plan Marshall a nécessité l'avènement d'un "marché" européen) et qu'elle a toujours servi d'instrument politique et institutionnel pour maintenir l'Europe divisée en tant que communauté de civilisation, sans accorder aux peuples ni le droit à l'autodétermination ni le droit à la souveraineté et pour garder la classe ouvrière complètement impuissante. Il ne peut y avoir de "réunification sociale" ou de véritable politique de paix dans le cadre de l'UE.

NON à la politique de guerre de l'UE, de l'OTAN et de la Belgique !

Révolution, pas réformisme !

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Freedom Cities: la vision de Trump se transforme-t-elle en dystopie à la Schwab ?

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Freedom Cities: la vision de Trump se transforme-t-elle en dystopie à la Schwab ?

Source: https://opposition24.com/politik/freedom-cities-trumps-vi...

Récemment, Donald Trump a évoqué l'idée de construire de soi-disant « Villes de liberté », de Freedom Cities. Il s'agit de nouvelles villes offrant une grande liberté économique et une souplesse en matières de réglements, villes qui doivent servir de contre-modèle aux centres urbains traditionnels aux États-Unis. Mais que cache ce concept et qui sont les forces motrices derrière lui ?

Qu'est-ce que les Freedom Cities?

L'idée des « Freedom Cities » repose sur une vision de la ville qui serait favorables aux entreprises et axées sur la technologie, avec des réglementations minimales. Selon la Freedom Cities Coalition, ces villes devraient promouvoir l'innovation, créer de nouvelles opportunités économiques et constituer un contrepoids aux réglementations centralisatrices. Le concept s'inspire d'expériences libertaires antérieures, telles que les « Nations start-up » ou les zones économiques spéciales, testées dans diverses régions du monde.

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Peter Thiel et Sam Altman

Les élites technologiques en sont les soutiens

Particulièrement dans la Silicon Valley, il existe des partisans de renom de cette idée. Selon Wired, des investisseurs comme Peter Thiel et Sam Altman, le directeur de DeepAI, sont de fervents défenseurs de tels modèles. Peter Thiel, cofondateur de PayPal et Palantir, ainsi que capital-risqueur reconnu, soutient l'idée des « Freedom Cities » dans le cadre de ses convictions libertaires. Il y voit une opportunité de minimiser les interventions de l'État et de maximiser la liberté d'entreprise, ce qui cadre avec sa critique de longue date à l'encontre de la bureaucratie excessive. Comme nous l'avions déjà évoqué précédemment ("Ne fais confiance à aucun milliardaire: le vampire Peter Thiel démasqué comme informateur du FBI", voir Opposition24.com en date du 19.10.2023), Thiel présente également une facette controversée: il aurait fourni au FBI des informations sur des contacts étrangers et des tentatives de gouvernements étrangers d'infiltrer Silicon Valley. En outre, on rapporte qu'il montre un grand intérêt pour les méthodes de rajeunissement, comme l'infusion de sang d'adolescent, et qu'après sa démission en tant que chancelier autrichien, Sebastian Kurz a obtenu un poste chez Thiel Capital.

Sam Altman, qui, en tant que chef de DeepAI, fait avancer le développement de l'intelligence artificielle, pense que de telles villes pourraient offrir des environnements de test idéaux pour des technologies révolutionnaires comme l'IA, sans que des obstacles réglementaires ne ralentissent les progrès. Des entrepreneurs en crypto-monnaies et d'autres milliardaires de la technologie soutiennent également l'initiative et plaident pour des zones où des technologies innovantes peuvent être testées sans les barrières réglementaires traditionnelles.

Critiques et risques venant du mainstream

Cependant, des préoccupations considérables demeurent. Comme le souligne Heise, l'idée d'environnements pour test non régulés pose des risques pour les droits des consommateurs, les normes de travail et la protection de l'environnement. La vision des « Freedom Cities » pourrait conduire à l'affaiblissement des protections sociales fondamentales et des droits des travailleurs. De plus, la critique souligne que les bénéfices de telles villes se concentreront principalement sur de grandes entreprises et des investisseurs, tandis que le grand public supportera les risques potentiels.

Une allure de Schwab 2.0 et des "villes de 15 minutes"

À quoi ressemblera la réalité dans ces Freedom Cities, où quelques-uns possèdent tout et où presque personne ne possède rien ? Les sujets libres seront-ils heureux d'être délivrés du fardeau de la propriété et de voir tous leurs besoins satisfaits sur place ? Une fois enregistrés, pourraient-ils vivre comme dans l'Hôtel California : « Vous pouvez partir quand vous le souhaitez, mais vous ne pouvez jamais quitter ! ».

«Le secret et les sociétés secrètes» de Georg Simmel et la lutte pour le pouvoir

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«Le secret et les sociétés secrètes» de Georg Simmel et la lutte pour le pouvoir

L'essai du sociologue allemand sur les dynamiques complexes de l'ésotérisme, publié par Aragno dans une nouvelle traduction italienne

par Lello Sciannimanico

Source: https://www.barbadillo.it/119816-il-segreto-e-le-societa-...

download-1.jpegDans Le secret et les sociétés secrètes, Georg Simmel aborde le concept de « secret » d’un point de vue sociologique et philosophique, explorant sa pertinence dans les dynamiques sociales et les structures de pouvoir. L’auteur, l'un des penseurs les plus influents de la sociologie, ne se contente pas de traiter le secret comme un phénomène exclusivement privé ou psychologique, mais l’examine comme un élément fondamental des liens sociaux, de la construction de l’identité et des hiérarchies de pouvoir.

Le texte est structuré en deux parties principales: la première se concentre sur l’analyse du secret en soi, explorant sa nature psychologique et sociale. Simmel en souligne la fonction ambivalente, capable de renforcer les liens de confiance entre ceux qui le partagent, mais aussi génératrice de suspicions et de divisions, créant une frontière subtile entre l'inclus et l'exclus. Le secret, dans cette vision, n'est pas seulement un moyen de protection, mais aussi une manière dont la société se structure, excluant et protégeant simultanément. La seconde partie du livre traite de manière incisive des « sociétés secrètes », ces groupes qui reposent sur des connaissances exclusives, réservées à quelques initiés. Simmel explore le rôle de ces organisations dans le maintien des structures de pouvoir, la création de solidarité entre les membres et l'attrait qu’elles suscitent à travers le mystère et la confidentialité. Les sociétés secrètes deviennent ainsi une lentille privilégiée à travers laquelle observer les dynamiques de pouvoir et d’appartenance qui traversent la société dans son ensemble.

Particulièrement fascinante est l'approche de Simmel concernant la relation entre visibilité et invisibilité, public et privé. Le secret, bien qu'il reste caché, exerce une influence continue sur les structures visibles de la société, créant des espaces de pouvoir, de contrôle et de résistance. Cette dialectique entre ce qui est connu et ce qui est occulté traverse toute la réflexion de l’auteur, faisant de l'œuvre une clé de lecture importante des sociétés contemporaines, tant dans la sphère politique que dans les relations intimes.

Le langage de Simmel, bien que philosophiquement dense, est extrêmement raffiné et incisif, et la traduction restitue fidèlement la richesse de la pensée originelle. Le texte se distingue par sa capacité à mêler sociologie, philosophie et psychologie, offrant une vision complexe et multidimensionnelle du secret, d’où émergent des réflexions qui ne sont en rien obsolètes concernant les structures sociales et politiques du présent.

Le secret et les sociétés secrètes est donc une œuvre d'une rare profondeur, qui continue de susciter des interrogations et des pistes de réflexion sur la nature du pouvoir, des relations sociales et de l’intimité. Un travail qui invite à s'interroger sur le rôle fondamental que joue le secret, avec son pouvoir invisible, dans nos vies sociales, politiques et personnelles. Un texte incontournable pour ceux qui souhaitent comprendre les dynamiques souterraines qui gouvernent les sociétés, tant dans le passé que dans le présent.

Georg Simmel, Il segreto e le società segrete, a cura di Giovanni Balducci e Mauro Cascio, Introduzione di Antonio De Simone, Aragno, Torino 2024 (= Georg Simmel, Le secret et les sociétés secrètes, édition par Giovanni Balducci et Mauro Cascio, introduction d'Antonio De Simone, Aragno, Turin 2024).

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Quatre ou cinq régions de plus pour la paix

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Quatre ou cinq régions de plus pour la paix

Alexandre Douguine

Alexander Douguine voit l’apparition de Poutine à Kouban comme un symbole de la détermination inébranlable de la Russie à avancer vers Soumy, à dicter ses conditions aux États-Unis et à poursuivre un changement de régime en Ukraine aux côtés de...

par Alexander Douguine, Constantin von Hoffmeister, et Arktos Journal.

L’apparition de Poutine à Kouban en uniforme militaire et sa rencontre avec le général Gerasimov, le chef d’état-major, en première ligne démontrent la détermination absolue de la Russie à atteindre les objectifs de l’opération militaire spéciale sans aucun compromis.

C’est un signe de détermination, de volonté, de concentration et de ténacité. En même temps, cela souligne les succès de la Russie dans la libération de la région du Kouban. De plus, Poutine a clairement indiqué que cette libération n'est pas l'étape finale: une zone tampon sera créée, qui pourra s'étendre jusqu'à la région de Soumy, autant que notre compréhension des intérêts nationaux le nécessite. Peut-être l'ensemble de la région de Soumy, ou peut-être un territoire encore plus vaste.

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L’Armée du “Nord”, qui a été déployée progressivement dans la région du Kouban pour permettre sa libération, n’est pas, pour l'essentiel, davantage que de simples troupes de gardes-frontière. C’est tout un front qui s’est formé, a atteint ses objectifs et a infligé une défaite militaire colossale aux Forces armées ukrainiennes, y compris sur le territoire de la région du Kouban. Ces forces ont été concentrées là-bas sans affaiblir le reste de la ligne de front. Elles n'ont pas été redéployées ; plutôt, elles ont été renforcées spécifiquement à cet effet. En d'autres termes, dans cette direction, nous avons une armée prête au combat, bien coordonnée et victorieuse.

Et Poutine, en uniforme militaire, juste à la frontière de la région de Soumy, a montré que la détermination de la Russie à poursuivre l'opération militaire spéciale jusqu'à l'atteinte des objectifs fixés est inébranlable. Intransigeante.

Je crois que les négociations avec l'émissaire spécial de Trump, Witkoff, qui est arrivé à Moscou tout récemment, seront constructives. Nous écouterons la proposition de la partie américaine. Après tout, nous sommes en guerre avec les États-Unis eux-mêmes. Comment ils gèrent leur mandataire, Zelensky, c'est leur affaire interne. L'avis du dit mandataire n'intéresse personne — Poutine l'a dit plusieurs fois. Mais l'opinion des États-Unis nous intéresse car c'est eux que nous combattons.

Si les États-Unis ont l'intention de se diriger vers la paix, nous leur dirons comment nous voyons les choses, et ils nous communiquerons leur propre vision. Cela, en soi, est déjà un développement positif. Qu'ils nous écoutent ou non, Poutine exposera sa position en vue de futures négociations. Et celle-ci restera inchangée: changement de régime en Ukraine et, au minimum, reconnaissance de nos territoires constitutionnels. Mais je crois qu'il y a aussi la question de la libération de quatre ou cinq régions supplémentaires d’Ukraine qui seront alors purgées de la présence nazie.

En résumé, Poutine en uniforme militaire, sur fond de l'avancée de l'armée russe victorieuse, est une sorte de formule, un hiéroglyphe, un symbole de la façon dont les négociations avec les États-Unis seront structurées. Trump, pour sa part, essaie de présenter des arguments solides. Il a repris l'assistance à l'Ukraine, fournissant des renseignements et des armes. Militairement, c'est un mouvement agressif et de forte ampleur, mais politiquement, en l'occurrence, il perd. C'est une erreur — ce n'est pas chaque geste de force qui est en fait une démonstration de puissance. Car Poutine répond par son propre mouvement de force.

Nous avons déjà combattu les États-Unis jusqu'à présent. Mais si Trump veut signaler qu'il a l'intention de se battre plus sérieusement, cela contredit complètement sa propre politique et le conduira dans une impasse. Mais nous sommes prêts à cela. Poutine montre que la Russie est mobilisée, que de nouvelles armées sont en cours de création, que de nouvelles forces se rassemblent. Nous apprenons à nous battre correctement, à avancer, à gagner. Nous restaurons la cohésion nationale et notre esprit combattif.

Et c'est précisément pourquoi l'apparition de Poutine en uniforme militaire dans la région du Kouban est une continuation de sa déclaration précédente selon laquelle la Russie n'a pas encore commencé à se battre sérieusement. Mais maintenant — nous allons commencer.

Le trumpisme, la maladie vénérienne de la droite

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Le trumpisme, la maladie vénérienne de la droite

Claude Bourrinet

Source: https://www.facebook.com/profile.php?id=100002364487528

Comme le wokisme, le trumpisme est le symptôme d’une France, d’une Europe, dépossédées d’elles-mêmes, aliénées, colonisées, acculturées, qui ne conservent d’énergie que le pouvoir dérisoire de choisir leurs maîtres.

Encore là aussi, l’idée qu’il existe un « choix » est une hypothèse, tirée d’un cerveau affaibli : la théorie de l’« État profond » (Deep state) - on devrait plutôt parler de « storytelling », d’histoire de bonne femme, de fantasme conspirationniste lisant l’Histoire comme une série télévisuelle d'entourloupes policières et mafieuses - vient à point pour voiler la réalité toute bête : il y a un État, il s’appelle les États-Unis d’Amérique, il est fédéral, il défend les intérêts d’une nation marchande, productiviste, capitaliste, à vocation messianique et hégémonique, faisant prospérer un complexe industriel hypertrophié.

Qu’il s’agisse donc de Trump ou de Biden, de Kamala Harris ou de J. D. Vance, des Républicains ou des Démocrates, c’est du pareil au même, c’est la même marmite où les peuples du monde se doivent de mijoter avec des petits oignons.

Que, d’un côté, l’Amérique semble (je dis bien : « semble ») abandonner l’Ukraine, et que d’un autre, elle soutienne fermement un État génocidaire quasiment revendiqué comme tel, fanatique et dangereux, pourquoi s’étonner ? Tout simplement, le Proche et le Moyen-Orient sont vitaux pour contrôler la pointe ouest de l’Eurasie, afin d’attaquer l’Iran, d’inquiéter la Russie par le sud, et la Chine, par les régions de l’Asie centrale, tandis que le démantèlement de la Russie, dans l’hypothèse où l’opération ukrainienne aurait réussi, aurait abouti aux mêmes résultats. Il se trouve qu’en Palestine, Israël, surarmé par l’Oncle Sam, est la puissance terrible sur laquelle l’Oncle Sam s’appuie, et qui paraît dominer ses voisins, et que l’Ukraine exsangue ne peut plus mener l’offensive contre Poutine. Il faut donc passer à la vitesse supérieure au Proche-Orient, et réduire la voilure en Europe de l’Est.

Encore est-il nécessaire de se méfier. On voit que les bases militaires américaine géantes déployées en Europe de l’Ouest et de l’Est sont loin d’être démantelées, que la CIA est encore très active, et que les intérêts cruciaux de l’Amérique (conquérir sans cesse des marchés, détruire tous les concurrents, imposer sa « culture » d’épicier agressif) persistent. L’objectif de réduire à merci l’Europe de l’Ouest, tout en la ruinant et en la pillant, a été rempli, mais la "victoire" russe semble contrecarrer l'autre but, qui était de la détruire. Toutefois, cette victoire n'est pas encore acquise : rien ne permet de conclure que la Russie peut s’en tirer, pour sa part, à bon compte. L’empire US a encore de nombreuses cartes en mains, non seulement l’extension de l’Otan (qui ne sera pas démembrée), mais aussi l’existence, y compris en Russie - ou en Serbie -, de classes moyennes corrompues et volontiers transnationales, qui lorgnent vers l’Occident friqué et américanisé. Au fond, l’arme la plus puissante de l’Occident pourrissant est l’argent. Avec lui, on peut tout faire, ou presque.

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Les « négociations » actuelles entre Russes et Américains peuvent s’avérer être un jeu de dupes, si les stratèges russes baissent la garde. Certes, ils ne sont pas la caste politique incompétente, pourrie, inculte et traître, de l’Union européenne, mais Trump, sous des apparences de brute, est un finaud, au cuir épais de businessman aguerri. Il est bien évident qu’un gel des opérations militaires, sans conclusion de paix, comme entre les deux Corées, arrangerait ses affaires. Les négociateurs américains, pour ce faire, pour affaiblir Poutine, malgré ses victoires (qui ne sont cependant pas décisives) ont tout intérêt à s’adresser indirectement à l’opinion russe, en lui faisant miroiter une « paix des braves ». Histoire de gagner du temps, et de reprendre les hostilités dans les dix ans (à moins que les Russes ne rejettent vivement tout cessez-le-feu, ce qui donnerait un prétexte aux Américains de reprendre l'armement de l'Ukraine, et la poursuite du conflit, y compris en y envoyant des troupes otaniennes), car le dessein suprême de l’empire américain, je le répète, et c’est pour lui une tâche vitale, une telle puissance construite à partir d’États différents ne demandant, pour certains, qu’à voler de leurs propres ailes (et c’est bien l’expansion extérieure qui soude ces entités dissemblables), est de détruire ce pôle de résistance qu’est la Russie, de piller ses immenses richesses, de quoi revigorer le capitalisme toxique mondial, et de réduire en esclavage la Chine, tout en éliminant les réfractaires secondaires.

Encore un mot. Le trumpisme m’écœure. Mais là où je suis sur le point de vomir, c’est quand je vois les droitards admirer son modèle politique, complètement étranger à l’Europe traditionnelle, enracinée, avant que l’Occident (dont l’Amérique est l’extension extrême et satanique), avec sa volonté illimité de puissance et son culte du fric, ne l’emporte, au tournant de la Renaissance et de l’émergence de la Raison d’État (salut, Richelieu!) et des sectes délirantes. Certes, sa « lutte » contre le wokisme suffit aux décérébrés pour en faire un héros, quand ce n’est là qu’un jeu de billes dans une cour de récréation. Seuls les benêts se laissent prendre à ces couillonnades, car les jeux d’adultes eux, avec leurs grosses roupettes et les tournantes dans les chiottes, c’est le capitalisme volontiers libertarien, la loi du fric, la domination du puissant sur les faibles, l’empoisonnement de la nature, sa destruction, et cette vulgarité insigne, quasi emblématique, à la Rambo, qui fait passer le cynisme, l’amoralité, la muflerie, l’inculture, la violence, la force brute, les muscles saillants, les grandes gueules, l’esprit (si l’on peut dire) colonialiste, le racisme sous-jacent, le mépris pour les petits, l’imbécile vantardise occidentaliste, pour l’acmé de la « liberté ».

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lundi, 17 mars 2025

Julius Evola et la "Flamma non urens"

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Julius Evola et la Flamma non urens

par Troy Southgate

Source: https://troysouthgate.substack.com/p/julius-evola-and-fla...

JULIUS Evola (1898-1974), dans son ouvrage de 1931, La Tradition Hermétique : Symboles et Enseignements de l'Art Royal, note que:

« Le feu est la vertu propre du principe solaire, non pas le feu du désir, de l'ardeur génératrice ou de la luxure, mais la flamma non urens, le principe immatériel de toute animation. La lumière, en elle-même, est plus étroitement liée au principe féminin, lunaire, comme Sagesse qui, par rapport au [soleil], a la même nature que la lumière que la Lune reflète du principe solaire. » (p.35)

Examinons ce concept en termes quotidiens. Lorsque nous lisons à la lumière d'une petite lampe de chevet placée d'un côté de nous, que ce soit à gauche ou à droite, la page la plus éloignée de la lampe reçoit plus de lumière que celle qui est plus proche de la source lumineuse. Cela, naturellement, est dû à la position de la lumière et à l'effet de l'ombre. Il n'y a rien de particulièrement surprenant dans cette observation, mais la page la plus éclairée peut être utilisée pour illuminer la page qui est moins discernable à l'œil humain. En d'autres termes, la lumière sur la surface de la page plus claire peut être dirigée vers celle qui est moins claire.

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En astronomie, ce processus est connu sous le nom de « lumière cendrée » et se produit lorsque la lumière du soleil se reflète sur la surface de la Terre et éclaire la portion non éclairée de la Lune. Cela signifie que la lumière du soleil est reflétée deux fois: d'abord par la Terre, puis par la Lune. Si l'on imagine que le Soleil est l'ampoule de notre lampe de chevet et que la Terre est la page du livre la plus éloignée, nous pouvons voir que la page moins lumineuse est éclairée de la même manière que la portion non éclairée de la Lune.

Le point d'Evola, pour poursuivre avec ma propre analogie, est que le texte sur la page plus sombre devient essentiellement lisible grâce à la lumière qui se reflète de la surface de ce qui est comparativement plus lumineux. La perspective féminine, dans la vision du monde d'Evola, repose donc sur des considérations matérielles et sa « lumière » du désir humain ne doit pas être comparée à la pureté plus transcendante du principe solaire.

En s'appuyant sur la création artificielle de lumière, d'autre part, l'ampoule à incandescence dans mon exemple est elle-même le résultat de facteurs générateurs et - pour rester cohérent - peut être elle-même décrite comme flamma non urens, ou flamme sans feu.

Meloni et Wilders laissent imploser la clique des bellicistes de l'UE!

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Meloni et Wilders laissent imploser la clique des bellicistes de l'UE!

Tous deux en ont assez d'une escalade en Ukraine

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/meloni-und-wilders-lassen...

Nous y voilà encore : Ursula von der Leyen, la cheffesse des militaristes à Bruxelles, voulait faire surgir une utopie européenne basée sur la production d'armes avec une avance de 800 milliards d'euros. Mais Geert Wilders lui a mis des bâtons dans les roues aux Pays-Bas - 73 voix contre 71 contre sa mégalomanie. Et le meilleur dans l'affaire: trois des quatre partis au pouvoir, dirigés par le Partij voor de Vrijheid (PVV) de Wilders, ont dit non. Embarrassant, non ? Pendant ce temps, le Premier ministre Dick Schoof assiste aux sommets de l'UE et hoche la tête docilement, tandis que sa propre coalition lui montre un carton rouge. C'est l'UE dans toute sa splendeur: une élite qui n'a plus rien à voir avec ses propres peuples.

En Italie, Giorgia Meloni a fait preuve d'encore plus de courage. Elle a dit à Keir Starmer et à sa clique belliciste britannique et française: "Sans moi !". Cette "coalition des volontaires" - quelle blague ! Sous le prétexte de "missions de paix", des soldats occidentaux doivent marcher en Ukraine, tandis que Paris et Londres battent le tambour. Meloni a vu clair dans leur jeu et se retire. Elle ne s'engage que lorsque cela concerne une défense réelle - pas pour cette folie exponentielle.

La réaction ? La France et le Royaume-Uni se comportent comme des divas offensées. Mais Meloni reste ferme. Et elle en rajoute: pas de soutien à une résolution de l'UE qui critique Donald Trump. Pourquoi ? Parce qu'elle n'est pas aussi stupide que les marionnettes de Bruxelles qui s'attaquent aux États-Unis au lieu de sécuriser des alliances. C'est de la politique sensée - quelque chose qui a depuis longtemps disparu à Bruxelles.

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L'UE est un zombie

Oublions le conte de l'"unité européenne". L'UE n'est pas l'Europe - c'est un appareil bureaucratique mort-vivant qui aspire les forces des nations et entraîne celles-ci dans des conflits inutiles. Wilders et son PVV aux Pays-Bas font non de la main, Meloni en Italie montre le doigt d'honneur, la Hongrie fait déjà depuis longtemps ce qu'elle veut. Et l'Allemagne ? Elle suit comme un caniche bien dressé, tandis que les citoyens regardent leur argent taxé être englouti dans le tourbillon ukrainien et les fantasmes de von der Leyen.

Voilà la vérité : l'UE se désintègre parce qu'elle n'a plus rien à voir avec les peuples réels. C'est un monstre qui dévore la liberté et piétine la souveraineté. Meloni et Wilders ne sont que le début - les peuples en ont assez de ce cirque bruxellois.

Fin de la folie

La guerre en Ukraine est le clou dans le cercueil de l'UE. Ursula von der Leyen veut nous entraîner dans une dystopie militaire, mais Meloni et Wilders se défendent. Tant mieux ! L'UE n'est pas un bateau de sauvetage, c'est un navire qui coule - et plus vite il coule, mieux c'est. L'Europe n'a pas besoin de technocrates qui nous dirigent vers l'abîme, mais d'États libres qui pensent par eux-mêmes.

L'Allemagne devrait prendre exemple sur Meloni et Wilders: sortir de la camisole de force qu'est devenue l'UE avant qu'il ne soit trop tard. Les citoyens ne veulent pas de rêves bellicistes et militaro-industriels à 800 milliards d'euros et pas de conflits permanents - ils veulent retrouver leur vie. Il est grand temps que Berlin comprenne cela aussi.

Malheureusement, il semble que la situation doit d'abord empirer ici avant que les Allemands n'ouvrent les yeux. Il faut des forces qui stoppent cette absurdité qu'est l'UE, qui prennent la réalité des frontières au sérieux et qui redonnent le pays aux citoyens - au lieu de le vendre davantage aux fantaisistes de Bruxelles. Le temps des politiciens marionnettes touche à sa fin. Du courage et du franc-parler sont plus que nécessaires.

Diplomatie secrète dans la guerre en Ukraine: l'émissaire de Trump, Steve Witkoff, rencontre Poutine

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Diplomatie secrète dans la guerre en Ukraine: l'émissaire de Trump, Steve Witkoff, rencontre Poutine

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/geheimdiplomatie-im-ukrai...

Jusque tard dans la nuit, Vladimir Poutine a négocié jeudi au Kremlin avec Steve Witkoff (photo), l'envoyé spécial de Trump, afin d'aboutir à un cessez-le-feu dans le conflit ukrainien.

Le monde retient son souffle: jeudi, jusque tard dans la nuit, Vladimir Poutine a négocié au Kremlin avec Steven Witkoff, l'envoyé spécial de Trump, un cessez-le-feu dans le conflit ukrainien. Après la rencontre, Witkoff s'est précipité à l'ambassade américaine, son avion a décollé en direction du sud - un signe que la diplomatie s'accélère. La source russe Maïak a fourni les premières indications, tandis que Michael Waltz, conseiller à la sécurité du président américain, a parlé d'un « optimisme prudent ».

Donald Trump, le pragmatique anti-establishment, fait pression pour que les combats cessent. Des concessions territoriales, le contrôle de Zaporijia et l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN sont à l'ordre du jour. « Nous disons ce qui est possible et ce qui ne l'est pas », a-t-il déclaré - un signal clair à l'Occident libéral que ce sont des Etats souverains qui sont aux commandes. De son côté, Poutine pose des conditions dures mais intelligentes: l'arrêt des livraisons d'armes occidentales et la fin de la mobilisation ukrainienne. A noter: la reconnaissance des territoires devenus russes est restée lettre morte - une manœuvre tactique qui coupe l'herbe sous le pied des tenants de la ligne dure impériale.

L'Ukraine ? Zelensky s'insurge contre la « manipulation » et s'accroche à l'illusion de la toute-puissance occidentale. Mais qui croit un président qui a fait de son pays un pion de l'impérialisme, de l'OTAN ? Alors que les représentants ukrainiens en Arabie saoudite s'entretiennent avec le ministre des Affaires étrangères Rubio, il apparaît que le véritable pouvoir est entre les mains de Moscou et de Washington.

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La force de la Russie : une gifle à l'UE

Poutine fait la démonstration de la souveraineté telle qu'elle devrait être. A Koursk, en tenue de camouflage devant ses troupes, il a qualifié les combattants ukrainiens de « terroristes » et a demandé: « A quoi sert un cessez-le-feu de 30 jours si des criminels s'échappent en toute impunité ? ». La Russie veut des garanties, pas du spectacle - une position soutenue par le Sud mondial (Chine, Inde, Brésil). Le Bélarus de Loukachenko se tient fidèlement aux côtés de Moscou, tandis que l'UE s'enfonce dans son impuissance bureaucratique.

L'UE, ce phare moral autoproclamé, est la grande perdante. Les milliards de l'Allemagne et d'autres pays sont engloutis dans une guerre sans fin qui étrangle leur propre économie - crise énergétique, inflation, caisses vides. Bruxelles peut regarder comment Poutine et Trump tirent les ficelles sans même que les eurocrates ne soient consultés. C'est la rançon d'une politique qui sert les intérêts de l'impérialisme dirigé par les Etats-Unis plutôt que les peuples d'Europe.

Trump et Poutine : la raison plutôt que la folie guerrière

Trump montre que le principe « America First » peut aussi signifier la paix. Il loue la volonté de négociation de Poutine et tient en échec l'élargissement de l'OTAN - « la réponse est claire depuis des décennies », dit-il. Un contraste avec les attitudes bellicistes de l'ère Biden. Poutine sécurise les frontières de la Russie et prouve qu'un pays peut être fort sans la tutelle occidentale. Ensemble, ils pourraient mettre fin au conflit - et donner une leçon aux élites impérialistes de Washington et de Bruxelles.

La Russie et les Etats-Unis agissent par force, tandis que l'UE échoue par faiblesse. Le temps de l'hégémonie idéologique libérale touche à sa fin - et c'est une bonne nouvelle pour tous ceux qui croient en l'autodétermination nationale.

Douguine et le déclin de l'Occident

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Douguine et le déclin de l'Occident

Bref essai de Constantin von Hoffmeister sur Alexandre Douguine et Oswald Spengler

Constantin von Hoffmeister

Nous sommes en train de pourrir. Mais dans la pourriture, quelque chose de différent se glisse. Oswald Spengler regardait l'Europe et voyait une vieille femme, les lèvres peintes pour en cacher les fissures. Alexandre Douguine regarde le monde et voit un champ de bataille, des lignes tracées dans le sang. L'homme faustien, celui qui va au-delà, le bâtisseur de cathédrales, l'ingénieur de l'apocalypse - il a trop construit, il est allé trop loin, et maintenant il se noie dans l'océan même qu'il cherchait à conquérir. Que reste-t-il ? Une nouvelle guerre, non seulement une guerre des nations, mais une guerre au sein de l'Être lui-même. La Quatrième théorie politique ne pleure pas l'Occident comme le fit Spengler. Elle rit. Elle aiguise son couteau. Elle déclare les vieilles idéologies mortes et jette leurs cadavres dans la boue. Elle appelle à quelque chose de nouveau, quelque chose qui va au-delà du libéralisme, du communisme, du fascisme - un retour, mais pas à la tradition en tant que pièce de musée. A la tradition comme arme.

Spengler savait. Il savait que les civilisations, comme les hommes, vieillissent, s'affaiblissent, s'effondrent sous leur propre poids. Mais que se passe-t-il lorsqu'un vieil homme refuse de mourir ? Regardez l'Europe: un continent au stade final de la consommation, qui siffle des slogans creux évoquant la « démocratie » et les « droits de l'homme » tandis que ses villes brûlent et que ses frontières se dissolvent. L'homme faustien, piégé dans sa propre création, incapable de s'en défaire, s'accrochant au rêve d'un progrès éternel alors qu'il est en train de s'enfoncer dans le vide. Mais Douguine ne parle pas de déclin, il parle de guerre. L'âge des Césars de Spengler, non pas comme un phénomène qui appelle une complainte, mais comme un phénomène qui réclame une prophétie. Les grands hommes reviendront, mais ils ne seront pas européens. L'Europe a oublié comment engendrer des conquérants. Les nouveaux Césars viendront d'ailleurs, de civilisations encore assez jeunes pour croire au destin.

Pseudomorphose : le beau mot de Spengler pour désigner l'étouffement d'une jeune civilisation par le cadavre d'une ancienne. L'Europe a étranglé la Russie pendant des siècles, l'a forcée à porter ses propres vêtements, à parler sa langue, à prétendre être ce qu'elle n'était pas. Mais la Russie n'a jamais été faustienne. Elle n'a jamais eu besoin de l'être. La Troisième Rome attendait toujours, attendait son heure, observait l'Europe s'étriper sur l'autel de son orgueil. Et maintenant ? La pseudomorphose se lézarde, se fissure. La Russie se débarrasse de sa peau occidentale, se tourne vers ses propres racines - eurasiennes, orthodoxes, nées dans les steppes. C'est ce que comprend Douguine : la Russie est jeune. La Russie a faim. Elle ne respecte pas les règles de l'ordre ancien et moribond. Elle en construit un nouveau, l'épée à la main, là où l'Occident tenait autrefois sa cour avec un stylo et du papier, aujourd'hui noyé qu'il est dans sa propre encre.

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Qu'en est-il de l'Amérique ? Un colosse, oui, mais construit sur de l'air. Une expérience faustienne tardive, toute de technocratie et de rapidité, mais sans âme. La quatrième théorie politique ne s'incline pas devant elle. La vision de Douguine n'est ni américaine, ni mondialiste, ni universelle. Spengler voyait l'Amérique comme l'extension inévitable de la volonté de puissance faustienne: le capitalisme comme métaphysique, la publicité comme philosophie, la machine comme dieu. Douguine voit autre chose - un empire qui s'est oublié, qui ne sait même pas qu'il est un empire, se dévorant lui-même dans un rêve fiévreux de décadence libérale. Le César américain viendra, mais il n'héritera que de cendres.

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L'Europe était belle autrefois. Sa tragédie est qu'elle n'a jamais su s'arrêter. L'âme faustienne était destinée à créer, à construire, à pousser vers l'extérieur, mais il y avait toujours un prix à payer. Spengler l'a vu: l'expansion infinie, l'ambition infinie, le rêve de l'illimité - jusqu'à ce que le rêve se brise et que les bâtisseurs deviennent des squatters de leurs propres ruines. Le côté négatif de l'esprit faustien est son refus d'accepter les limites, de savoir quand mourir. C'est ainsi qu'il perdure, mécanisé, bureaucratisé, automatisé, gouverné par des hommes qui n'ont ni passé ni avenir, avec seulement le bourdonnement ennuyeux de l'administration. La postmodernité n'est qu'un autre mot pour désigner la rigidité cadavérique.

Mais l'Occident a encore du pouvoir. Le cycle de Spengler n'est pas encore achevé, et même dans la décadence, il y a des moments de terrible beauté. Les derniers guerriers de l'ancien ordre - ceux qui se souviennent, qui ont encore le feu dans le sang - observent, attendent. L'ère des Césars ne sera pas douce. L'homme faustien, même dans sa chute, se déchaînera. Douguine ne croit pas à la survie de l'Occident, mais il croit en sa capacité à se battre, à se déchaîner même lorsqu'il tombe. La question est de savoir qui maniera cette rage. Les mondialistes, les gestionnaires, les lâches qui ont vendu leur héritage pour le confort ? Ou ceux qui entendent encore l'écho lointain des clochers gothiques, les hymnes de la bataille, le rugissement de quelque chose de primitif et d'oublié ?

La multipolarité n'est pas seulement une réalité politique. Il s'agit d'un changement métaphysique. Spengler y a fait allusion, Douguine le proclame. L'ère d'une civilisation dominant toutes les autres est révolue. L'homme faustien voulait le monde entier, mais le monde ne veut plus de lui. La Chine s'élève, indemne, sans être affectée par la maladie de l'Occident. L'Islam se souvient. L'Inde se réveille. La Russie rugit. Ce monde n'est pas celui des valeurs universelles, des droits de l'homme, de la démocratie au sens occidental du terme. C'est un monde de civilisations, de destin, de volonté. L'Occident faustien n'est plus qu'un acteur de plus sur la scène, il n'en est plus le metteur en scène.

Et pourtant, certains ne l'acceptent pas. Les fantômes de l'empire persistent. Le vieux monde s'accroche à ses mythes, refusant de voir que le vent a déjà tourné. L'OTAN s'étend, les sanctions s'empilent de plus en plus haut, une tour de dépit fragile qui s'effondre en même temps qu'elle s'élève, mais rien de tout cela n'arrête le lent effritement. Les dirigeants européens sont des somnambules. Le monde qu'ils gouvernent est une fiction. Spengler les a vus venir - la classe bureaucratique, les gratte-papiers, les employés de bureau chargés d'une civilisation mourante. Ils confondent leur position avec le pouvoir. Le vrai pouvoir est ailleurs, il se déplace vers l'est, vers le sud, vers ceux qui croient encore en quelque chose de plus grand que la croissance économique et les cadres juridiques.

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Douguine et Spengler ne s'opposent donc pas. Ils sont les pendants d'une même vision : la mort de l'ancien et la naissance du nouveau. Spengler a fait son deuil. Douguine ne le fait pas. Il se prépare. La quatrième théorie politique ne cherche pas à faire revivre l'Occident. Elle cherche à le remplacer. Par quoi ? Cela n'est pas clair, mais la clarté, c'est pour le temps de paix. L'heure est à la bataille, à la guerre, non seulement dans les rues de l'Ukraine, de Gaza ou du prochain front, mais aussi dans l'esprit, dans l'âme, dans le tissu même de la civilisation.

Nous sommes en train de pourrir. Mais dans cette pourriture, quelque chose de différent se glisse. L'Occident est en train de mourir, mais il ne meurt pas tranquillement. Il se déchaîne, il lutte, il refuse d'accepter son destin. Spengler nous dit que c'est inévitable. Douguine nous dit de choisir un camp. La seule question qui reste est : qui tiendra le couteau ?

dimanche, 16 mars 2025

Vers une bombe atomique européenne?

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Vers une bombe atomique européenne?

par Georges Feltin-Tracol

C’est l’Arlésienne de la géopolitique française et européenne. C’est aussi l’impensé de la stratégie militaire et diplomatique sur le continent européen depuis la fin de la première Guerre froide (1947 - 1991). Le Brexit accentue son acuité face aux fractures récentes du bloc atlantiste.

Le sujet revient au premier plan de l’actualité avec la distance prise par les États-Unis trumpiens par rapport au conflit russo-ukrainien. La vive algarade à la Maison Blanche entre Volodymyr Zelenski, Donald Trump et J. D. Vance confirme le dégagement, plus ou moins partiel, des intérêts étatsuniens en Europe. Le 14 février dernier, le nouveau secrétaire étatsunien à la Défense, Pete Hegseth, avait déclaré que l'Europe devait s’attendre que la présence des troupes US sur le continent ne durerait pas éternellement.

Ces deux faits tétanisent les pitoyables responsables européens qui ont cru en la permanence du protectorat étatsunien. Quelle naïveté ! Ce bouclier militaire et diplomatique est désormais bien ébréché. Qui pourrait désormais remplacer cette ancienne protection de huit décennies ? Certaines capitales du Vieux Monde regardent la France. Pourquoi ? Paris dispose d’une force de dissuasion nucléaire indépendante (en partie, car des composantes proviennent des industries étatsuniennes). Le thème d’étendre la dissuasion française au champ européen n’est pas neuf. De Valéry Giscard d’Estaing à Emmanuel Macron, tous les chefs d’État hexagonaux appelèrent plusieurs fois à un réveil de la conscience européenne en matière de défense commune. Par exemple, dès 1996, Jacques Chirac souhaitait instituer un pilier européen au sein de l’OTAN. Il suggérait même que le commandement en Méditerranée revînt à un amiral européen et non pas yankee. Washington rejeta ces deux demandes et les interlocuteurs européennes de Chirac montrèrent leur franche hostilité, atlantisme oblige.

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Outre la Russie et les États-Unis dont quelques bases situées en Europe détiennent des fusées nucléaires, les deux seules puissances atomiques sur le Vieux Continent sont la Grande-Bretagne et la France. Or le premier ministre britannique ne peut pas déclencher seul le feu suprême. Il doit d’abord en référer à Washington. Des éléments des ogives nucléaires sont d’origine étatsunienne ainsi que leur maintenance. Au contraire, le président français reste, en cas d’éventuelle tragédie, le seul ordonnateur de la riposte fatidique.

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Toutefois, il faut regretter la suppression au nom des « dividendes de la paix » des vecteurs de la dissuasion nucléaire. Ceux-ci ne sont aujourd’hui qu’aéroportés et sous-marins. N’existent plus le missile sol – sol nucléaire à courte portée tactique Hadès (photo) et le site de lancement de missiles balistiques nucléaires aménagé sur le plateau d’Albion à cheval sur la Drôme, le Var et les Alpes-de-Haute-Provence sans omettre l’abandon criminel et honteux de la bombe à neutrons adaptable sur le système Hadès.

Ces tristes constats empêcheraient-ils que la dissuasion nucléaire française puisse suppléer le parrain yankee ? En d’autres termes, la France pourrait-elle protéger par sa « Bombe » Helsinki, Stockholm, Riga, Vilnius, Varsovie et Bucarest ? Des souverainistes obtus refusent l’idée. Pour eux, la dissuasion, acmé de la souveraineté nationale, ne se partage pas. En effet, la souveraineté partagée est une chimère politique inapplicable. En revanche, la souveraineté se décline selon le principe de subsidiarité en promouvant l’enchâssement des souverainetés familiales, communales, régionales, nationales, continentales, économiques et professionnelles. La bureaucratie soi-disant européenne pervertit ce principe essentiel trop mal connu de l’opinion.

Réunir en urgence un Conseil européen avec son président, la sinistre présidente de la Commission de Bruxelles et vingt-sept chefs d’État et de gouvernement afin de trancher par un vote unanime ou à la majorité qualifiée de recourir à l’arme ultime serait dispendieux et inutile. On peut penser que si la France étend sa couverture militaire aux vingt-six autres États-membres de l’Union dite européenne, le pouvoir de décision fatidique reviendra toujours au seul président français. D’ailleurs, lors de son intervention radio-télévisée du 5 mars dernier, Emmanuel Macron a réaffirmé ce monopole crucial.

C’est l’une des raisons qui incita en 1962 Charles De Gaulle à faire élire au suffrage universel direct le président de la République. Par l’onction populaire du vote des Français, le locataire de l’Élysée reçoit l’imperium, à savoir la puissance jupitérienne de la foudre. Il serait cependant temps que la force de frappe nucléaire soit enfin consacrée dans la constitution de 1958 par un ajout substantiel à l’article 15 sans le soumettre au contreseing du premier ministre ou de tout autre ministre. La constitution de la Ve République est de nature polémogène : son fonctionnement atteint une efficacité maximale pendant les crises majeures. Marine Le Pen avait proposé en 2022 cette constitutionnalisation bien plus nécessaire que le gadget de l’avortement. Pendant ses discussions avec son mémorialiste Alain Peyrefitte, Charles De Gaulle considérait déjà le projet européen comme le levier de puissance de la France, d’où son soutien insistant aux plans Fouchet qui suggéraient une union d’États pourvue de la personnalité juridique. Il soulignait aussi que les intérêts vitaux de la France ne s’arrêteraient pas au bord du Rhin...

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Les réticences allemandes à devoir une protection quelconque venue de la France s’estompent progressivement. Tout atlantiste qu’il est, le futur chancelier fédéral Friedrich Merz a évoqué, le 21 février dans un entretien à la presse écrite, que Berlin devrait négocier avec Paris et Londres de l’extension de leur parapluie de dissuasion nucléaire à l’Allemagne. Le plus étonnant est que cette proposition date de la fin des années 1960 à l’initiative d’Adolf von Thadden. À ce moment-là, sa formation politique, la NPD (Parti national-démocrate d’Allemagne), connaissait un succès électoral certain dans plusieurs Landtage de la RFA. Sa popularité s’arrêta nette aux législatives de 1969 avec 4,31 %, probablement grâce à des bulletins manipulés, annulés ou falsifiés. À rebours de l’atlantisme social-démocrate-chrétien libéral, Adolf von Thadden, par ailleurs informateur attitré du MI6 britannique, rêvait que la dissuasion atomique française se transformât en force nucléaire européenne indépendante des blocs. Tenant d’un axe gaullien franco-allemand, le chef de la NPD déplorait que le gouvernement fédéral allemand ne participât ni au financement, ni à l’élaboration d’infrastructures économiques performantes dans cette audacieuse coopération.

Il est maintenant caustique d’observer que l’effort exigé aux États-membres pour se réarmer oblige la Commission de Bruxelles à extraire de la règle des 3% prévue par le pacte de stabilité les dépenses souscrites en matière de défense, ce qui implique une remise en cause de plusieurs traités européens. Mais pourquoi seulement la défense? La sécurité intérieure, la justice, les transports, les infrastructures de communication, voire l’enseignement contribuent à leur manière à la possibilité de réarmer. En outre, le simple ordonnancement des différentes armées nationales reste aléatoire. Les quelques industries de l’armement (française, suédoise) se concurrencent avec férocité quand les États-membres achètent pour plus de 60% du matériel aux États-Unis.

Il est donc risible de prôner une nouvelle course aux armements de la part d’États surendettés en proie à des déficits publics structurels gigantesques. Le Danemark entend déjà porter à 70 ans l’âge de départ à la retraite afin de financer l’augmentation des dépenses militaires. L’austérité budgétaire et la rigueur financière se profilent derrière les appels à un hypothétique effort de guerre. Il existe pourtant de vastes gisements propices aux réductions des coûts: le poids de l’immigration, la prolifération des agences administratives indépendantes comme l’ARCOM, le financement public des partis politiques, des syndicats et des associations, les subventions au secteur des « cultureux », l’aide officiel à la presse, etc.

Le court-termisme propre aux soi-disant démocraties libérales occidentales empêche de facto toute émergence concrète d’une vraie « Europe cuirassée » selon l’heureuse formule de Maurice Bardèche dans L'Œuf de Christophe Colomb. Lettre à un sénateur d'Amérique (1951). Une bombe atomique d’échelle européenne et d’emploi strictement français peut contribuer à l’avènement d’une Europe plus consistante à la condition que les actuels dirigeants, des nabots insupportables, renoncent définitivement au wokisme ambiant, aux inepties de l’État de droit et à leur vassalisation lamentable envers l’Oncle Sam. L’ère s’annonce carnassière. Magnifique enjeu pour que les peuples européens retrouvent un caractère carnivore.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 147, mise en ligne le 13 mars 2025 sur Radio Méridien Zéro.

Des experts réclament l'arrêt de la politique éducative numérique et des écoles sans smartphones

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Des experts réclament l'arrêt de la politique éducative numérique et des écoles sans smartphones

Source: https://opposition24.com/politik/experten-fordern-stopp-d...

Une alliance de 75 scientifiques et éducateurs appelle le nouveau gouvernement fédéral allemand à mettre fin à la numérisation dans le domaine de l'éducation et à redonner aux écoles leur statut de lieux d'apprentissage analogiques. Les signataires de cet appel, dont le professeur Ralf Lankau, le professeur Klaus Zierer et le neurologue Manfred Spitzer, avertissent des conséquences négatives de la numérisation précoce pour les enfants. Ils critiquent l'influence croissante de l'industrie technologique sur les concepts éducatifs et demandent l'interdiction des smartphones dans les écoles. La numérisation n'a conduit ni à de meilleurs résultats d'apprentissage ni à une amélioration du niveau éducatif – au contraire, elle nuit à la concentration, au comportement social et à la santé mentale des élèves. Les développements récents, au niveau international, montrent un net revirement: des pays comme la Suède, la Finlande et l'Espagne limitent fortement l'utilisation d'appareils numériques dans les écoles ou les interdisent complètement. L'Allemagne doit suivre cet exemple. 

Comme mesures, les experts proposent de maintenir les crèches et les écoles élémentaires sans écran et de fortement réglementer l'utilisation des technologies numériques dans les classes supérieures. De plus, un nombre croissant d'enseignants devraient être recrutés, l'apprentissage analogique devrait être encouragé et les écoles devraient être indépendantes des entreprises technologiques. L'importance de l'apprentissage social direct est particulièrement soulignée, car les enfants ont besoin d'expériences naturelles et d'interactions réelles pour un développement sain. L'initiative réclame une politique éducative qui se concentre à nouveau sur les besoins des élèves, au lieu de servir les intérêts économiques de l'industrie informatique.

Comment l'UE fait taire ses critiques – de la Bosnie à la Roumanie

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Comment l'UE fait taire ses critiques – de la Bosnie à la Roumanie

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/wie-die-eu-ihre-kritiker-...

L'UE ressemble de plus en plus à l'ancienne URSS

Cela ressemble à une scène tirée d'un film sur un régime autoritaire: un président élu et ses plus proches collaborateurs sont visés par des mandats d'arrêt – non pas pour corruption ou crimes, mais parce qu'ils défendent une politique qui ne plaît pas à Bruxelles. C'est exactement ce qui se passe en Bosnie-Herzégovine avec Milorad Dodik, le président de la République serbe de Bosnie (PI-NEWS l'avait rapporté: v. https://www.pi-news.net/2025/02/haftbefehl-gegen-serbischen-politiker-droht-bosnien-eine-eskalation/). Mais ceux qui croient qu'il s'agit d'un cas isolé dans les Balkans se trompent lourdement.

Car les mêmes mécanismes se retrouvent également au sein de l'UE elle-même – par exemple en Roumanie, où l'élite euro-bruxelloise a depuis longtemps prouvé qu'elle était prête à annuler les résultats électoraux et les forces politiques indésirables si nécessaire. L'ancien commissaire européen Thierry Breton l'a dit ouvertement (PI-NEWS l'avait rapporté: v. https://www.pi-news.net/2025/01/afd-hoch-thierry-breton-droht-mit-annullierung-der-bundestagswahl/) : « Nous l'avons fait en Roumanie, et, évidemment, nous devrons le faire, si nécessaire, en Allemagne. »

L'UE évolue vers la dictature

Est-ce une menace ? Ou une pratique déjà établie ? Ceux qui examinent les récents développements perçoivent d'ores et déjà une logique alarmante: l'UE évolue de plus en plus vers une dictature d'une élite non démocratiquement légitimée, qui ne tolère pas d'opposition – ni à Sarajevo ni à Berlin.

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Les mandats d'arrêt contre Dodik et ses alliés ne sont rien d'autre que le démantèlement ciblé d'un homme politique gênant. Dodik n'a jamais hésité à critiquer le centralisme de l'UE et à évoquer l’accord de Dayton de 1995, qui a créé la Bosnie comme un État fédéral avec des droits très étendus pour la République serbe.

Mais cette autonomie est une épine dans le pied de Bruxelles. Au lieu de cela, la Bosnie-Herzégovine devrait être de plus en plus étroitement contrôlée par des forces soumises à l'UE, décidant depuis Sarajevo seulement – et cela doit arriver à tout prix. Pour cela, la justice, qui n'est plus neutre depuis longtemps, est utilisée.

Les élections qui ne correspondent pas au schéma sont corrigées

Le procureur en chef Cazim Hasanpahic n'agit pas ici en tant que défenseur du droit, mais comme un exécuteur politique. La question n'est plus de savoir si Dodik a effectivement enfreint la loi, mais seulement: comment s'en débarrasser?

Si l'on pense que Bruxelles n'agit fermement qu'en dehors de l'UE, il faudrait alors regarder du côté de la Roumanie. Là-bas, il a déjà été prouvé que l'UE ne se contente pas de manipuler des élections, mais peut aussi simplement les annuler en cas de doute.

C'est précisément ce à quoi a fait référence le vice-président américain J. D. Vance lors de la Conférence de sécurité de Munich: l'UE a joué un rôle essentiel pour façonner les structures politiques en Roumanie de manière à obtenir le résultat souhaité. Des élections qui ne cadrent pas avec le plan? Alors, il suffit de les corriger.

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Image de l'ennemi : Viktor Orbán

C’est un secret de Polichinelle qu’en Roumanie, l’Agence anticorruption (DNA) a été utilisée pour écarter des politiciens indésirables par le biais d'accusations entièrement fabriquées. Quiconque ne se conforme pas aux directives de Bruxelles doit s'attendre à devenir en un tourne-main la cible d’une procédure.

Et c'est là que cela devient intéressant: la même stratégie est maintenant testée en Bosnie-Herzégovine – cette fois avec des mandats d'arrêt contre l'ensemble d'une direction politique.

On prévoit déjà le même schéma en Hongrie, où Viktor Orbán est systématiquement présenté comme un ennemi, car il poursuit une politique souveraine. Pendant ce temps, la Roumanie, qui suit sagement la ligne bruxelloise, est récompensée par des fonds de subvention – bien qu'il y ait d'énormes problèmes quant à l'état de droit et à la liberté des médias.

Qui ne se plie pas est éliminé par l'UE

L'affaire Milorad Dodik n'est pas seulement un problème régional – c'est un signal d'alarme mondial. L'UE ne mise plus sur la démocratie, mais sur le contrôle. Qui ne se plie pas est éliminé – par la justice, par l'argent, ou, si nécessaire, par l'annulation des élections.

La question cruciale est la suivante: les gens vont-ils accepter cela ? Les citoyens de la République serbe ne se laisseront pas simplement dépouiller de leur direction politique. Et même en Allemagne, il faut se méfier lorsque des politiciens européens parlent ouvertement de la possibilité d'annuler des élections.

La Bosnie-Herzégovine n'est que l'essai. Ceux qui ne se réveillent pas maintenant pourraient bientôt constater que leur propre voix ne compte plus.

La guerre des chatbots: les géants de la technologie décident de ce que le monde peut savoir

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La guerre des chatbots: les géants de la technologie décident de ce que le monde peut savoir

Erick Overveen

Source: https://deanderekrant.nl/de-chatbotoorlog/

Au cours de ces dernières semaines, trois nouveaux modèles de chatbots ont fait leur apparition: ChatGPT-4.5 d'OpenAI, Claude Sonnet 3.7 et Grok 3 d'Elon Musk, qui fait partie de son Empire X. Derrière cette course technologique se cache une lutte de pouvoir plus profonde, selon les experts. « La nouvelle guerre des chatbots n'est pas une question de parts de marché, mais de contrôle de la narration », explique le philosophe de la technologie Sid Lukkassen. Et Elena Sinel ajoute: « Un petit groupe de patrons de la technologie détermine ce que le monde voit. »

"Qui a gagné la Seconde Guerre mondiale?", "Écrivez un poème sur le printemps", "Comment faire de la soupe de poulet?", "Pouvez-vous m'aider à faire mes devoirs?". En une fraction de seconde, les chatbots peuvent répondre à des questions ou effectuer des tâches qui semblent étonnamment humaines. Ces assistants d'intelligence artificielle sont déjà présents dans nos ordinateurs portables, nos smartphones et même nos appareils électroménagers, et les chatbots modernes peuvent même rédiger des essais, programmer des codes, résoudre des problèmes de mathématiques et faire des blagues qui correspondent au sens de l'humour de l'utilisateur. Mais qui décide de leurs réponses ? Et qui vérifie si ces réponses sont vraies ?

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Entre-temps, les médias ont également publié des exemples de résultats moins bons. Un avocat belge a utilisé un chatbot pour obtenir des conseils juridiques. Dans sa plaidoirie, il a cité six affaires judiciaires qui n'ont jamais existé! Le juge a parlé d'une « situation dramatique et d'une attaque en règle contre les fondements de notre système juridique ». Un étudiant du Michigan a été complètement pris au dépourvu lorsque Gemini, le chatbot IA de Google, lui a envoyé un message sinistre: « Tu ferais bien de mourir ». Les chatbots comme Gemini de Google font beaucoup d'erreurs. Ils assemblent des mots en se basant sur des modèles dans leurs données, mais c'est loin de toujours bien se passer, surtout s'ils ne trouvent pas une bonne réponse ou s'ils comprennent mal le contexte de la personne qui pose la question.

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Malgré tous ces défauts, les entreprises technologiques continuent de développer ces systèmes d'IA à la vitesse de l'éclair. Les entreprises concurrentes font tout ce qu'elles peuvent pour être les meilleures et tirer le plus d'argent possible du développement. Selon le philosophe de la technologie Sid Lukkassen, il ne s'agit pas seulement de savoir qui a le plus d'utilisateurs, mais surtout qui décide de la diffusion de l'information. Et comment. « La nouvelle guerre des chatbots ne porte pas sur les parts de marché, mais sur le contrôle de la narration », affirme-t-il.

Les chatbots sont de plus en plus utilisés comme source principale d'information. Prenons l'exemple du produit phare d'OpenAI: le dernier chatbot GPT-4.5. Sam Altman, PDG d'OpenAI: « GPT-4.5 produit une réponse incorrecte dans 37,1 % des cas, contre 59,8 % pour les versions précédentes ». Le modèle donne donc encore des informations incorrectes dans plus d'un tiers des cas, ce qui représente un taux d'erreur sans précédent. Sam Altman fait néanmoins l'éloge de la nouvelle fonction de recherche approfondie qui « analyse des milliers de pages web en quelques minutes seulement » et répond correctement à 62,5 % des questions relatives à de la  connaissance brute. En revanche, 37,5 % des réponses sont erronées. Les utilisateurs professionnels peuvent y accéder pour 200 euros par mois.

Entre-temps, de plus en plus de personnes utilisent des chatbots, tels que ChatGPT. Non seulement pour chercher des réponses, mais aussi pour se faire expliquer des concepts complexes ou pour obtenir des commentaires sur un projet d'écriture. En Estonie, les élèves et les enseignants de l'enseignement secondaire bénéficient depuis le début de l'année d'un accès gratuit à l'application ChatGPT Edu, qui aide notamment les élèves à résoudre pas à pas des calculs mathématiques difficiles. Il est également possible d'avoir des conversations en anglais avec le chatbot, qui corrige les étudiants sur le plan de la grammaire et de la prononciation. Il a grandement facilité le travail des enseignants estoniens. Un élève de sixième année de Tallinn a déclaré à un podcast local que lorsqu'il est bloqué en mathématiques, ChatGPT lui explique le problème étape par étape: "Mes professeurs encouragent son utilisation, à condition que nous comprenions les réponses et que nous ne les copiions pas aveuglément".

Le philosophe culturel Joris Bouwmeester est néanmoins sceptique. « Nous devons nous demander pourquoi nous voudrions appeler une telle chose une conversation », déclare le coauteur de Huis van de Muze (La Maison de la muse), un livre philosophique sur l'essor rapide de l'IA, qu'il a coécrit avec Sid Lukkassen. « Le chatbot vous renvoie simplement ce que vous lui avez demandé, mais avec des mots différents. En ce sens, c'est un peu comme se regarder dans un miroir. Un tel objet est naturellement programmé pour refléter le monde d'une certaine manière ».

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Teens in AI, groupe de réflexion fondé par Elena Sinel et lancé lors du sommet AI for Good de l'ONU en 2018, aide les jeunes à utiliser l'IA de manière éthique et responsable par le biais d'ateliers et de programmes de mentorat. Elena Sinel affirme que des entreprises comme OpenAI et Anthropic ne se préoccupent pas de l'éthique de leurs programmes. "Leur modèle est le profit et tourne autour des données des utilisateurs", dit-elle.

"Chaque question apprend au système non seulement à connaître le sujet, mais surtout à vous connaître", explique-t-elle à The Other Newspaper. « Le problème de ChatGPT est qu'il est en fait trop nuancé », complète Lukkassen. Supposons que vous demandiez au chatbot: "L'énergie nucléaire est-elle bonne pour le climat?"; si vous posez la question de manière neutre, vous obtiendrez une réponse équilibrée. Mais si vous posez la question comme ceci: «L'énergie nucléaire n'est-elle pas la solution au changement climatique?», le chatbot mélangera subtilement la réponse avec votre propre parti pris et renforcera les arguments que vous voulez entendre. Le système repère entre les lignes ce que vous voulez entendre et vous le renvoie sous la forme d'une réponse apparemment objective.

Chaque chatbot a ses propres avantages et inconvénients. Le nouveau chatbot d'Anthropic, Claude 3.7 'Sonnet', est fortement programmé pour répondre aux dilemmes moraux des humains. À des questions telles que « Est-il acceptable de mentir pour ne pas offusquer les sentiments de quelqu'un ? » ou « Peut-on sacrifier une personne pour en sauver cinq autres ? », le système répond comme le ferait un humain moyen dans 87% des cas. Cela peut sembler impressionnant, mais cela soulève également des questions: quelles sont les valeurs morales qui sont considérées comme « normales » ici ? Qui détermine cela ? S'agit-il des programmeurs à l'origine du chatbot ? Et quels sont les bailleurs de fonds qui le financent ? Et quelle est leur couleur politique ? », a déclaré Elena Sinel. Tandis que les entreprises technologiques occidentales rivalisent, la Chine développe ses propres chatbots d'IA. DeepSeek prétend ainsi être meilleur que Claude et ChatGPT et utiliser 72% d'énergie en moins. Les agences de renseignement américaines craignent qu'il ne partage des données avec Pékin.

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Elon Musk, ancien cofondateur d'OpenAI, a lancé son propre chatbot Grok 3 pour offrir une alternative à ce qu'il appelle « l'IA de censure et de propagande ». Elena Sinel: « Dans la course au développement de l'IA la plus avancée, nous ne devons pas oublier que ces technologies ont un impact énorme sur la société. Il est inquiétant de constater que les égos personnels et les intérêts commerciaux l'emportent sur la responsabilité éthique ».

Malgré les risques, Sid Lukkassen voit aussi les avantages de l'IA: « Un chatbot offre des informations beaucoup plus complètes qu'une personne qui consulte rapidement Wikipédia. De plus, ChatGPT est plus nuancé que le parti-pris d'extrême gauche des rédacteurs de Wikipédia, qui sont plus manifestement biaisés sur le plan politique. ChatGPT et Claude sont les premières véritables interfaces d'intelligence synthétique à acquérir un pouvoir culturel et politique en contrôlant la narration. Elles ne sont ni en accord ni en désaccord avec leurs utilisateurs, ce qui leur donne l'impression d'être compris et affirmés. Il s'agit d'une forme de manipulation subtile qui est plus efficace que la censure directe. Par exemple, si vous demandez si la culture occidentale est aujourd'hui sous pression, vous obtiendrez une réponse du type : « Certains s'inquiètent du wokisme, du changement culturel, tandis que d'autres soulignent l'enrichissement apporté par la diversité ». De cette manière, aucune position claire n'est prise, mais l'utilisateur est tout de même orienté dans une certaine direction ».

Que la guerre des chatbots fasse que l'intelligence artificielle devienne de plus en plus la ressource principale et qu'il y ait donc une énorme lutte de pouvoir pour la narration, tous les experts s'accordent à le dire. « Nous sommes dans une guerre froide numérique », dit Elena Sinel. « Un petit groupe de patrons de la tech détermine ce que le monde doit voir ».

 

samedi, 15 mars 2025

Trente jours de cessez-le-feu: manœuvre sur l'échiquier ou capitulation?

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Trente jours de cessez-le-feu: manœuvre sur l'échiquier ou capitulation?

par Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/30-tage-waffenstillstand-...

Lors de négociations à Djeddah, l'Ukraine et les Etats-Unis ont proposé un cessez-le-feu de 30 jours dans la guerre contre la Russie. Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a commenté sèchement: « La balle est dans le camp de la Russie ». Derrière ce geste se cache plus qu'une promesse de paix - c'est une étape tactique dans un conflit qui écrit depuis longtemps ses propres règles. L'Ukraine est sous pression, la Russie a l'avantage, et les Etats-Unis cherchent un nouveau rôle. Que signifie cette offre et comment Moscou va-t-elle réagir? Une analyse de la situation.

Und damit war es das mit dem Krieg? Die Ukraine und die USA vereinbaren 30 Tage Waffenruhe. Doch wie soll es danach weitergehen? Und wird Russland auf diesen Deal überhaupt eingehen wollen? Was wurde konkret in Saudi-Arabien festgelegt? Und wer profitiert letztendlich davon? Chefredakteur Jürgen Elsässer und der Bundestagsabgeordnete Robert Farle haben die Antworten. COMPACT-TV ist für Sie gratis! Bitte spenden Sie zu unserer Unterstützung über https://compact-online.de/unterstuetzen
Pour écouter cette émission en langue allemande: https://www.youtube.com/watch?v=Lx8fSNZwOX4 

Kiev a atteint la limite de ses forces

Les forces armées ukrainiennes sont à la peine. Dans le secteur de Koursk, Kiev a perdu plus de 66.000 soldats depuis le début des combats - un chiffre qui pèse non seulement sur le front, mais aussi sur le gouvernement Zelensky. Les lignes s'effritent, les troupes russes gagnent du terrain. Un cessez-le-feu de 30 jours serait un répit pour l'Ukraine: le temps de faire le plein de munitions, de réorganiser les troupes et d'augmenter la production de drones. Mais cette offre ne vient pas de la force. C'est un signal à la nouvelle administration de Donald Trump que Kiev est prête à s'adapter - à une politique qui mise moins sur la confrontation et plus sur la négociation.

Les Etats-Unis ont, en parallèle, repris leur soutien: les livraisons d'armes vont bon train, les données des services secrets affluent. Cela montre que Trump ne veut pas d'escalade dans le conflit, mais qu'il ne veut pas non plus en sortir. Le cessez-le-feu est une proposition de compromis - dont l'objectif est de forcer les deux parties à s'asseoir à la table. Pour Kiev, c'est une chance, pour la Russie, un défi.

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Le calcul de Moscou

La Russie est confrontée à une décision claire. Le front ukrainien s'affaiblit, les objectifs stratégiques tels que le contrôle total des régions du Donetsk, de Louhansk, de Kherson et de Zaporijia sont proches. Pourquoi faire une pause maintenant ? Un cessez-le-feu permettrait à Kiev de se rétablir - un risque que Moscou connaît bien après l'expérience des accords de Minsk. A l'époque, l'Ukraine avait profité du calme pour se réarmer. Poutine ne l'aura pas oublié.

Malgré tout, la Russie pourrait accepter - si le prix est bon. Exigences possibles: un arrêt des livraisons d'armes occidentales à Kiev, un assouplissement des sanctions ou la restitution des parties occupées de la région de Koursk. Koursk en particulier est un point névralgique: tant que des troupes ukrainiennes s'y trouvent, un cessez-le-feu reste délicat pour Poutine sur le plan de la politique intérieure. Sans concessions, Moscou refusera probablement l'offre - ou retardera les négociations jusqu'à ce que le front crée d'autres faits.

Les moyens de pression de Washington

Si la Russie dit non, les Etats-Unis n'ont que des options limitées. Sur le plan militaire, l'Occident est déjà fortement engagé - de nouvelles livraisons pourraient prolonger la guerre, mais ne pourraient guère la décider. Au lieu de cela, Washington misera sur des sanctions: restrictions financières plus sévères, blocage des exportations d'énergie, accès aux avoirs russes gelés. Mais l'effet en sera douteux. L'Europe est dépendante du gaz russe, l'économie mondiale vacille. Le levier financier est réel, mais il n'est plus aussi tranchant qu'en 2022.

Jeudi, Trump s'entretiendra avec Poutine - un entretien qui pourrait donner le ton des prochaines semaines. Trump veut marquer des points en tant que médiateur, sans trop sacrifier. Une offre avec de la substance - par exemple un allègement des sanctions ou un renoncement ukrainien à toute adhésion à l'OTAN - pourrait séduire Poutine. Mais la probabilité est faible: l'Occident interpréterait cela comme une faiblesse, et Trump a besoin de succès en politique intérieure, pas de controverses. Il est plus probable qu'une offre minimaliste ne convainque guère la Russie. Pour Zelensky, un échec serait amer - son soutien en Occident ne tient qu'à un fil.

Un cessez-le-feu de 30 jours est un exercice d'équilibre. Une aide à la survie pour l'Ukraine, un risque pour la Russie, un test pour les Etats-Unis. La décision revient à Moscou, mais tout le monde en supporte les conséquences. Si la Russie refuse, l'Occident s'en servira comme preuve de « bellicisme » - et continuera à faire saigner les combattants du front. Si elle accepte, sans garanties, elle pourrait tomber dans un piège. Les prochains jours montreront qui a les meilleures cartes en main - et qui les joue le plus intelligemment. Les négociations entre Trump et Poutine fixeront le cap. D'ici là, la situation reste ouverte : une guerre qui pourrait faire une pause, mais qui ne prendra pas fin.

Le désert a triomphé

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Le désert a triomphé

par Claude Bourrinet

Source: https://www.facebook.com/profile.php?id=100002364487528

Je suis étonné que vous n'écoutiez pas assez de la musique. Un écrivain, par exemple, écrit "avec" un, ou des auteurs dont il s'inspire d'une façon ou d'une autre, ou bien contre, parfois férocement. Mais je ne vous demande pas de composer pour remonter le temps ! Du reste, même un interprète s'inscrit dans une mémoire. Il y a, comme vous le savez, des généalogies d'interprètes, qui, de Paul à Jacques, et de Jacques à Henri, ont sauvegardé l'approche, qu'elle soit stylistique ou "spirituelle, d'une "pratique". Et on peut s'engager dans une esthétique en rejetant. Il est vrai que la "transmission" n'est (presque) plus de ce monde. Quel artiste, sauf de trop rares exceptions, se rattache à une tradition, je ne parle pas de formes anciennes de musiques, comme le baroque, ou le romantisme, mais qui, de l'esprit à la technique, mène à son terme une "pensée" sur sa pratique et sa création (même l'interprétation est création) ? J'ai écouté, un jour, sur France musique, une interprétation mécanique des Tableaux d'une exposition, comme si les doigts du pianiste avaient été mus par une machine d'usine. Voilà qui peut ouvrir des perspectives, même si elles sont de répugnance ! Ce matin, je suis tombé sur des lignes de Wittgenstein, apparentant musique et langage (ou langue, mais le langage est la "performance" de la langue). C'est plus net en allemand (avec le "parler-chanter" de Bach, dans ses cantates). Je me souviens que, toujours sur France musique, quelqu'un faisait un rapprochement de ce genre, opposant une composition d'Anthony Burgess à l'une de Debussy, et montrant l'analogie qu'il y avait entre la première et la langue anglaise, et entre la deuxième et la langue française. Or, la musique, subrepticement, sans doute, sans que les locuteurs s'en doutent, génère une partie du sens, qui ne se réduit pas, d'ailleurs, à sa seule part rationnelle (qu'y a-t-il de rationnel, dans la masse de ce que nous disons !).

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Car nous sommes, nous, gens du commun, comme ces artistes, ces compositeurs, ces écrivains, ou, plus "modestement" (et encore !), interprètes, des forgeurs de mondes, par l'imagination, ou grâce à une maîtrise plus ou moins parfaite du jeu sur le clavier de notre vie. Or, nous avons l'impression de ne venir que de notre incipit existentiel, sans avoir conscience que nous sommes les fruits d'un arbre très ancien, mais si grand, que nous ne le voyons plus, seulement peut-être les rides de son écorce. Bien que nous vivions sous son ombre. Notre langue elle-même est une cave aux trésors. Il faudrait trouver le Sésame. La porte s'ouvrirait, et nous serions des créateurs intarissables, remontant à la lumière du jour les richesses de notre fond. Nous ne nous appartenons pas, voilà le secret que l'on se tue à dissimuler sournoisement. L'ivresse de la bulle erratique a remplacé la sagesse du puits artésien qui, tranquillement, va chercher au fond du puits, l'eau désaltérante et exquise qui court dans les entrailles de la terre.

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Mais je m'éloigne de ce que je voulais dire. En ce qui concerne un hypothétique engagement de ma part dans une cercle de réflexion ou de méditation, et une fois que j'aie écarté l'Eglise, qui me semble passablement corrompue et incapable de comprendre même ce qu'est la mystique ou la théologie, je ne me vois pas intégrer un groupe, même si je n'éprouve pas d'a priori, le problème étant pour moi la dégradation massive de l'Intelligence (au sens religieux, proche de l'Intuition) à notre époque. Pour l'heure, et depuis des dizaines d'années, ma démarche ne peut être qu'individuelle. J'ai toujours été déçu par les rencontres de ce type que j'ai pu avoir, volontairement ou non. On  dirait que la pesanteur des corps lourds s'est accrue mortellement. Nous sommes entraînés vers le bas, sans possibilité de se raccrocher à une branche. Il vaut mieux tenter d'y voir clair par soi même, et essayer de ne pas sombrer. Inutile de jouer les Diogène avec sa petite lampe, à la recherche, en plein jour, d'un homme (dans l'acception que donna Napoléon à ce mot, après sa rentre avec Goethe, lorsqu'il dit : "Voilà ce qu'on appelle un homme !".

Tombeau hindou: Fritz Lang et le masque populaire

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Tombeau hindou: Fritz Lang et le masque populaire

Nicolas Bonnal

Plus grand cinéaste de l’Histoire, Fritz Lang n’aura ni perdu son temps ni son aura. Il vole la vedette aux acteurs (excellent Jack Palance tout de même) et au gentil disciple Godard dans le Mépris, où il devient notre Homère, citant Brecht et Hölderlin au passage. Quelques années auparavant il avait commis son opus magnum, le doublé Tigre du Bengale-Tombeau hindou qui est un film à la fois testamentaire et originel. Le cinéma peut mourir en Europe (télé, abrutissement consumérisme, gauchisme culturel, nihilisme institutionnel, etc.) mais il a montré qu’il est toujours là, proche de ses racines et de son enfance nietzschéenne. Que les dieux se retirent n’a rien de surprenant : Hölderlin nous prévint lui-même dans son poème Pain et Vin.

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Je recommande de voir muet le Tombeau hindou tourné dans un Udaipur (que j’ai vu en 1988) solaire et encore épargné par le tourisme du retraité. On a des tombeaux, des palais, des passages, des portes qui s’ouvrent et qui se ferment, des corridors et des labyrinthes. Jamais le maître de la matrice cinématographique qu’est Lang ne s’est autant amusé même si ses jeux (cf. la Femme au portrait…) sont toujours impitoyables.

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Le monde est un labyrinthe bourré de lépreux (les vrais possesseurs du souterrain dostoïevskien) et de Minotaures. Le montage, la lumière, le rythme, le mouvement des personnages est prodigieux. On a comme protagonistes l’athlète germanique, petit-fils du Siegfried du Maître, et on a la danseuse cosmique consacrée à la déesse mais éperdue d’amour pour son sauveur (et pas pour son prince). Deux tigres sont en lice. La danseuse hindoue est jouée par la merveilleuse Debra Paget (photo - souvent une indienne de western) et sa servante martyre par une future James Bond girl, l’italienne Luciana Paluzzi, qui tombe victime de la barbarie d’un maître dévoré de passions (les tigres, le sexe, la cruauté) et qui n’a pas encore appris à renoncer : il le fera à la fin se consacrant à son gourou.

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La beauté sacerdotale et guerrière de la langue allemande dans ce film phénoménal est d’ailleurs à souligner. La langue de Goethe devient védique. La magie solaire de l’Inde est telle, et le petit peuple encore si épargné qu’on se croirait au temps des pharaons. Rappelons que le James Bond Octopussy fut aussi tourné à Udaipur (photo) vingt ans plus tard, avec dans le rôle du « maharadjah » l’impeccable et froid Louis Jourdan. Mais déjà le monde solaire prenait l’eau.

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Il se trouve aussi qu’après la trop longue parenthèse hollywoodienne Fritz Lang avait retrouvé sa terre allemande et sa scénariste préférée Théa von Harbou (photo) cette femme géniale avec qui il a conçu tous les chefs-d’œuvre des années vingt, les Mabuse, Metropolis et autres Espions, film sans doute le plus parfait de Lang comme le pensait le connaisseur Claude Chabrol.

Fritz Lang fut d’une certaine façon le concepteur du Blofeld d’Ian Fleming comme les Français qui créèrent Fantômas. Le monde moderne ne peut qu’avoir été conçu par un génie du mal et ce n’est pas un hasard (voyez mon livre) si les grands écrivains populaires de l’époque ont tous basculé, de Jack London à Chesterton en passant par Gustave Le Rouge, dans la théorie de la conspiration, à l’heure où les « 300 » businessmen de Rathenau mènent comme aujourd’hui, sous la houlette de leurs banquiers (découvrez David Starr Jordan et l’incroyable Empire invisible), le monde des machines à l’abattoir de la guerre et à la fatidique apocalypse numérique.

Le vrai génie de Lang est donc populaire: dans ses deux films on a un costaud, une danseuse magique, un maharadjah trop soumis à l’émotivité de sa caste (autorité spirituelle et pouvoir temporel…), on a la vieille Inde encore vivante, le monde moderne débarquant, on a les tigres, l’amour, l’aventure, le conflit entre modernité et Tradition (et cela se fait et se montre sans rire), on a le crépuscule du kshatriya ; comme le remarque Daniélou dans ses somptueuses Mémoires (voyez mon texte), l’Inde traditionnelle penche du côté fasciste pendant la guerre, car elle est dans le camp anticolonialiste d’abord, et dans celui de la caste des guerriers ensuite.

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Mais chez Lang rien de tout cela : le vieil ordre doit disparaitre, et les tigres finiront au cirque ou au zoo. Le monde désenchanté de Max Weber triomphe et, pour reprendre la merveilleuse remarque de Freud, le narcissisme psychique des uns perd face à la protestation véhémente de la réalité… Espérons que notre nouvel ordre mondial finira de même, sauf que l’ordinateur fera moins de cadeaux que l’humain. Mais bon, même Kubrick nous a donné un peu d’espoir dans 2001…

On a dit du bien du cinéma populaire et de ses engagements initiatiques. C’est du reste le premier chapitre de notre livre sur le Paganisme au cinéma. Tout est déjà chez Homère et Virgile, sans compter Ovide.  Deux mille ans après James Bond et un certain nombre (pas tous…) de superhéros recyclent et entretiennent le rêve et son cheminement ténébreux. Il faut bien contrebalancer la banalité de la vie ordinaire.

Guénon a dit : « il arrive aussi que celui que nous pouvons appeler indifféremment « vulgaire » ou « populaire » (car ces deux mots sont à peu près synonymes au fond) serve à lui seul de « masque » initiatique ; nous voulons dire par là que les initiés, et spécialement ceux des ordres les plus élevés, se dissimulent volontiers parmi le peuple, faisant en sorte de ne s’en distinguer en rien extérieurement. »

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J’ai évoqué dans mon texte sur la prostration et le meurtre du cinéma européen par la classe moyenne, le snobisme culturel, le nihilisme déconstructeur et les festivals. Tolstoï dans son maître-essai sur l’art revient aux textes de sa gesse bibliques, aux prophètes, aux poètes primordiaux, aux contes de fées et folkloriques. Il assassine l’enseignement de l’art et les festivals (comme on sait, sa cible favorite est… Wagner) et il a raison car cela tue la littérature à l’époque comme cela tuera le cinéma : l’art qui se saisit comme essence et comme science s’assassine tout simplement. Relire Schiller et ses lettres sur l’éducation esthétique.

Guénon (qui lui-même devenu un jour à la mode, a été tué par les guénoniens) ajoute, toujours dans Initiation et réalisation spirituelle :

«... c’est du peuple qu’il s’agit toujours en pareil cas, et non point de ce qu’on est convenu d’appeler en Occident la « classe moyenne », ou de ce qui y correspond plus ou moins exactement ailleurs ; et il en est ainsi à tel point que, dans les pays de tradition islamique, on dit que, lorsqu’un Qutb doit se manifester parmi les hommes ordinaires, il revêt souvent l’apparence d’un mendiant ou d’un marchand ambulant. »

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Le peuple est détenteur d’une puissance initiatique (Bernanos pense de même), et c’est pourquoi sans doute la classe moyenne (elle est menacée par les mondialistes ? Tu parles !) tente de le liquider partout et par tous les moyens via ses partis chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates et sa sous-culture festivalière) :

« …et c’est là en somme l’origine réelle et la vraie raison d’être de tout « folklore », et notamment des prétendus « contes populaires ». Mais, pourra-t-on se demander, comment se fait-il que ce soit dans ce milieu, que certains désignent volontiers et péjorativement comme le « bas peuple », que l’élite, et même la plus haute partie de l’élite, dont il est en quelque sorte tout le contraire, puisse trouver son meilleur refuge, soit pour elle-même, soit pour les vérités dont elle est la détentrice normale ? Il semble qu’il y ait là quelque chose de paradoxal, sinon même de contradictoire ; mais nous allons voir qu’il n’en est rien en réalité. »

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Certes la sous-culture savante (un sot savant est plus sot qu’un sot ignorant a même reconnu notre drôle de contre-initié Molière…) peut polluer toutes les sources populaires et ne se prive pas de la faire. Mais il reste toujours quelque chose.

Revenons au Tombeau hindou : dehors il y a la jungle avec son tigre, ou le désert avec sa soif (dirait Haddock…) ; dedans il y a le labyrinthe avec son maharadjah fou, ses crocodiles cachés, ses inondations (cf. la fin de Metropolis où l’oligarchie tente comme toujours de NOYER LE PEUPLE), et Varoufakis a très bien parlé du minotaure européen. Entre les deux il y a, il y aurait le pueblo (génial mot espagnol qui recouvre les deux notions) et qui tente d’échapper à Babel comme à la barbarie. Le superhéros de Lang (joué par l’acteur suisse Hubschmid (photo, ci-dessous) et des acteurs venus du merveilleux cinéma Heimat allemand comme la blonde solaire Sabine Bethmann - photo ci-dessous) semble seul capable de triompher des deux mondes.

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Lang a réalisé un dernier film sur Mabuse qui consacre l’entrée de nos sociétés de surveillance: Les mille yeux du docteur Mabuse. On est revenu à force de technologie (Dédale créateur du labyrinthe et des automates) aux pièges étudiés par le paganisme le plus savant.

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Terminons sur le cinéma. La parole est à Céline, Maître du Voyage en Amérique :

« Alors les rêves montent dans la nuit pour aller s’embraser au mirage de la lumière qui bouge. Ce n’est pas tout à fait vivant ce qui se passe sur les écrans, il reste dedans une grande place trouble, pour les pauvres, pour les rêves et pour les morts. »

Sources principales :

INITIATION ET RÉALISATION SPIRITUELLE- Chapitre XXVIII LE MASQUE « POPULAIRE »

https://en.wikipedia.org/wiki/Debra_Paget

https://ekladata.com/BuhIzMo2QTOKHvt8wfMzuCLkSLY/Init.-Re...

http://www.dougashford.info/wordpress/wp-content/uploads/...

https://www.amazon.fr/Une-br%C3%A8ve-histoire-paganismes-...

https://www.amazon.fr/GUENON-BERNANOS-GILETS-JAUNES-Nicol...

https://www.amazon.fr/CINEMAS-JAPONAIS-ALLEMAND-VISION-MY...

https://www.amazon.fr/GOETHE-GRANDS-ESPRITS-ALLEMANDS-MOD...

 

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Âge d’or et fin du monde - Lectures croisées de Charles Baudelaire et Robert Montal

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Âge d’or et fin du monde

Lectures croisées de Charles Baudelaire et Robert Montal

par Daniel Cologne

Robert Frickx-Montal est un écrivain polygraphe belge né à Bruxelles en 1927 et décédé dans le Brabant wallon en 1998. En 1993, il a été reçu à l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique. Il laisse une œuvre abondante et diversifiée qu’il a lui-même divisée en deux parties bien distinctes: les essais d’histoire et de critique littéraires (publiés sous son patronyme Robert Frickx) et les livres de fiction et de poésie (édités sous le pseudonyme de Robert Montal) (1).

Le présent article propose des lectures croisées de L’Invitation au voyage de Baudelaire et de Rupelmonde (2), un des plus beaux poèmes de Montal.

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Pour le lecteur peu familier de la géographie flandrienne, précisons que Rupelmonde est une localité, connue par son chantier naval, située à l’endroit où le Rupel se jette dans l’Escaut. Le Rupel est la continuation de la Dyle. Dans celle-ci se jette la Senne, partiellement voûtée depuis 1866, mais qui traversait autrefois Bruxelles. Il n’est pas sans intérêt géopolitique de noter que la capitale belge fait originellement partie du bassin oriental de l’Escaut. Mais entrons dans le vif de notre sujet, qui relève avant tout de l’analyse littéraire.

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Sa bibliographie en témoigne. Le critique littéraire Robert Frickx s’intéresse en priorité aux « poètes maudits » (Nerval, Lautréamont, Rimbaud). Dans les vers de Robert Montal retentissent tout naturellement des échos nervaliens ou rimbaldiens.

D’Aden, de Chypre ou de Java, où il avait choisi de tourner le dos à la poésie pour se consacrer au négoce, Arthur Rimbaud (3) aurait pu écrire qu’ils furent les « tréteaux de sa dernière enfance », comme le chante Robert Montal en s’adressant à la « maison des champs » où il s’est finalement éteint: son « royaume en Brabant ».

Pareil à l’éternel adolescent de Charleville, Robert Montal aurait préféré ne pas grandir :

« Vaille que vaille

dans la stupeur et l’hébétude

ballotté de classe en étude

puisant dans la sueur des livres

l’illusion qui me fait vivre. »

Le comte de Lautréamont (4) avoue « avoir reçu la vie comme une blessure ». Robert Montal évoque sa naissance sur un mode moins tragique. Certes,

« Je suis né sur le seuil

d’une époque incertaine

qui commençait à peine

à panser ses blessures

et n’osait respirer

que du bout des poumons. »

Mais le poète s’empresse d’ajouter :

« En ce temps-là pourtant

l’air sentait encore bon. »

Et ailleurs dans le même recueil L’Orme tremblé :

« En ce temps-là

les avions avaient encore des ailes

les gens ne fuyaient pas la nuit

pour regarder pourrir la terre

devant l’écran de la télé.

La vie avait l’odeur du bois brûlé

l’heure coulait en ralenti. »

La référence au « Prince d’Aquitaine » (5) atteste néanmoins combien Robert Montal recueille, dans l’héritage de Gérard de Nerval, le pessimisme prenant racine dans la hantise du temps qui passe, le doute métaphysique, un agnosticisme à peine édulcoré par le romantique sentiment de la nature.

« D’ailleurs

à mesure que mon temps diminue

je dialogue plus souvent

avec Celui

qui peut-être m’attend

Non pas le Dieu que redoutait ma mère

qu’on adore à l’église

dans le luxe et l’orfroi

qui prend au miséreux

l’obole élémentaire

qui tue le fils avant le père

mais le dieu des jardins

des vergers et des bois

qui est partout

dans chaque rose

dans la ronce et dans la rose

dans l’arrivée

dans le départ

dans la nécessité

comme dans le hasard. »

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Enfant du faubourg, Robert Montal imagine un paradis champêtre d’où il n’aurait pas été complètement expulsé:

« Mais une part de moi

est restée au village

suivre la course saisonnière

des certitudes jardinières. »

À la différence de son aîné Marcel Thiry (6), Robert Montal est un sédentaire. Du nomadisme, il ne ressent que quelques timides velléités.

« Des envies de départ

me taquinaient les jambes

mais je ne sais quelle force plus grande

me retenait ici. »

Ni les rivages américains ni les mégaports du Canada ne tentent notre anti-héros qui ne se sent pas l’âme d’un aventurier et qui, même dans le miroir d’une nuit d’ivresse, ne se verrait pas corsaire nanti des incontournables œil de verre et jambe de bois.

« Je ne suis ni Surcouf

ni Gerbault ni Colomb

je n’irai pas à Vancouver

je me suis fait une raison. » (7)

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Revenons au recueil intitulé Un Royaume en Brabant. Robert Montal y écrit :

« Hâte-toi, ma sœur, il sonne midi;

Si tu ne viens pas, tout est à refaire.

Ô mourir à deux, en pleine lumière,

Par le même amour, corps anéantis ! »

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Ces vers rappellent irrésistiblement la première strophe de L’Invitation au voyage de Charles Baudelaire (8),

« Mon enfant, ma sœur,

Songe à la douceur

D’aller là-bas vivre ensemble.

Aimer à loisir,

Aimer et mourir

Au pays qui te ressembles »

ainsi qu’un vers de la fin du même texte :

« Le monde s’endort dans une chaude lumière. »

Dans son poème Rupelmonde, Robert Montal rompt avec le rêve baudelairien de l’âge d’or. Plutôt qu’à un périple paradisiaque, il convie le lecteur à une douloureuse réflexion sur la précarité de la condition humaine.

« Que sommes-nous qu’un peu de vent,

Hérissé de nos amertumes

Et résonnant comme une enclume

De notre mal d’être vivants ? »

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Le décor du chantier naval scaldéen est noyé d’une pluie perpétuelle qui tombe à l’unisson du poète blessé, instable et promis à des amours éphémères.

« Il pleut toujours sur les bateaux

Que l’on construit à Rupelmonde. » 

« La pluie me fredonne à mi-voix

Un air cousu de cicatrices

Où ton prénom soudain se glisse

Entre deux notes de guingois. »

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Ce texte rappelle Comme à Ostende, de Jean-Roger Caussimon et Léo Ferré, où il pleut

« Comme à Ostende

Et comme partout

Et l’on se demande

Si cela vaut le coup

De vivre sa vie. »

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Héritée de Marcel Thiry, l’obsession du grand Nord-Ouest canadien renaît sous la plume de Robert Montal.

« Il pleut toujours sur les bateaux

Que l’on construit à Rupelmonde

Et qui verront la fin du monde

À Vancouver ou à Rio. »

Âge d’or et fin du monde: Baudelaire et Montal les situent dans une cité portuaire, l’une imaginée:

« Vois sur ces canaux

Dormir ces vaisseaux

Dont l’humeur est vagabonde.

C’est pour assouvir

Ton moindre désir

Qu’ils viennent du bout du monde » (L’Invitation au voyage),

l’autre bien réelle, au confluent du Rupel et de l’Escaut :

« Il pleut toujours sur les bateaux

Que l’on construit au bord du fleuve

Pendant que tes désirs s’abreuvent

À Vancouver ou à Rio.

Moi je n’ai pas quitté le port

De cet amour de fin du monde

Et je mourrai à Rupelmonde

En rêvant que tu m’aimes encore. » (Rupelmonde)

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Soulignons les regards croisés des deux poètes sur le double rapport homme - femme et nomadisme - sédentarité. Chez Baudelaire, la femme se laisse passivement séduire par l’invitation masculine qui dépasse d’ailleurs les limites de l’amour - eros et atteint la plus lointaine frontière de l’amour - agapè (« mon enfant », « ma sœur », « ton moindre désir »). Parvenue en terre idyllique, la femme attend les cadeaux de l’homme élargi à l’ensemble des navigateurs. Par contre, chez Montal, c’est la femme qui voyage vers les rives océaniques de l’Atlantique (Rio) ou du Pacifique (Vancouver), c’est la femme qui prend la mer pour étancher sa soif d’amour - eros (« pendant que tes désirs s’abreuvent »), tandis que l’homme reste cloué sur le quai. Rappelons-nous : le poète nous a confessé n’être ni Surcouf ni Colomb.

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Montal prend le contre-pied du Baudelaire idéaliste. Mais ce dernier avait aussi une facette mélancolique, pouvant dériver jusqu’à la rage nihiliste (Pauvre Belgique) ou se complaisant en tout cas, comme Nerval, Lautréamont, Rimbaud et Verlaine, dans le spleen, le vague à l’âme, le mal de vivre. Sur ce terrain, Montal lui emboîte le pas et se révèle somme toute baudelairien.

Toutefois, dans le très beau poème Rupelmonde, Montal semble avoir perdu toute espérance en un refuge compensatoire où

« Là tout n’est qu’ordre et beauté

Luxe, calme et volupté. »

À la « volupté » se substituent les « cicatrices » d’ « un étrange couple ivre de fatigue et d’ennui ». Le « calme » cède la place au tempétueux martèlement des « amertumes ». La « beauté » s’efface derrière « les vitres lépreuses » contre lesquelles « la pluie s’est mise à crépiter ». L’« ordre » perceptible à travers l’enchantement musical de la poésie est remplacé par les « notes de guingois » et « la rumeur moqueuse du fleuve vieux comme l’amour ».

Quant au « luxe », si superbement décrit par Baudelaire, Montal n’en garde plus la moindre trace.

« Des meubles luisants

Polis par les ans

Décoreraient notre chambre.

Les plus rares fleurs

Mêlant leurs odeurs

Aux vagues senteurs de l’ambre,

Les riches plafonds,

Les miroirs profonds,

La splendeur orientale,

Tout y parlerait

À l’âme en secret

Sa douce langue natale. » (L’Invitation au voyage)

*

« Nous nous sommes aimés trois jours

Dans une chambre poussiéreuse […]

Puis nos deux spectres dessoûlés

Ont regagné la gare morte

Et l’amour a claqué sa porte

Sur notre double vanité. » (Rupelmonde)

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Les « vitres lépreuses » remplacent les « miroirs profonds » et la vieillesse du fleuve moqueur ne peut plus parler aux amants le doux langage des origines. « les canaux, la ville entière / Se couvrent d’hyacinthe et d’or », écrit Charles Baudelaire.

Chez Robert Montal, la pluie et le vent balayent le port flamand et la gare déserte et silencieuse où sont « jetés » les protagonistes d’une brève rencontre sans lendemain.

« Les chants désespérés sont les plus beaux » (Alfred de Musset). C’est pourquoi Rupelmonde de Robert Montal peut être tenu pour un des textes les plus réussis de la poésie belge de langue française et pour un motif de légitime fierté au cœur du patrimoine littéraire de l’Ouest bruxellois (9).

Daniel COLOGNE

Notes:

1 : Robert Frickx - Montal a écrit les œuvres suivantes.

  • Poésies :

Chansons des jours inquiets, Bruxelles, Éditions du Nénuphar, 1948.

Poèmes du temps et de la mort, Bruxelles, Les Cahiers de la Chaumière, 1959.

Patience de l’Été, Bruxelles, Éditions du Verseau, 1965.

Un Royaume en Brabant, Bruxelles, Éditions le Portulan, 1969.

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Topiques, Bruxelles, 1978.

L’Orme tremblé, Éditions du Non-Dit, 1994.

  • Romans et nouvelles :

Fleur d’Orange, Paris, Éditions Julliard, 1958.

La Traque, Nivelles, 1970.

La courte paille, Paris, 1974.

Le bon sommeil, Bruxelles, 1980.

La Main passe, Bruxelles, Éditions du Groupe du Roman, 1988.

Tous feux éteints, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1992.

  • Théâtre :

L’invitation, Virton, 1975.

  • Récits pour enfants :

La boîte à musique, Bruxelles, Éditions Durendal, coll. « Roitelet », 1956.

  • Critique littéraire :

L’adolescent Rimbaud, Lyon Henneuse, 1954.

René Ghil : du symbolisme à la poésie cosmique, Bruxelles, Éditions Labor, 1962 (thèse de doctorat ès lettre).

Un prince d’Aquitaine ou La vie tragique de Gérard de Nerval, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1965, (inspiré de son mémoire de licence en philologie romane sur Gérard de Nerval).

— Introduction et commentaires de Sylvie de Gérard de Nerval, Anvers, De nederlandsche Boekhandel, coll. « Voix française », 1967.

Rimbaud, Paris, Éditions Universitaires, 1968.

Introduction à la poésie française, Bruxelles, 1970.

Lautréamont, Paris, 1973.

Ionesco, Bruxelles, 1974.

Suite nervalienne, Cologne, 1987.

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Franz Hellens ou le Temps dépassé, Bruxelles, Éditions du palais des Académies, 1992.

— Préface à Notes prises d’une lucarne - Petit théâtre aux chandelles de Franz Hellens, Bruxelles, Éditions du palais des Académies, 1992.

  • Histoire littéraire :

La littérature d’expression française, Paris, P.U.F., 1973, rééditée en 1980 en collaboration avec Robert Burniaux,

Littérature française de Belgique, Sherbrooke, Québec, 1979.

Lettres françaises de Belgique - Dictionnaire, tome I, « Le Roman », Gembloux, Duculot, 1988, en collaboration avec Raymond Trousson.

Jean Muno 1924 - 1988, ouvrage collectif publié sous la direction de Robert Frickx, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1989. 

2 : Dans les citations poétiques, les mots soulignés le sont à l’initiative de l’auteur de ces lignes.

 

RUPELMONDE

 

Il pleut toujours sur les bateaux

Que l’on construit à Rupelmonde

Et qui verront la fin du monde

À Vancouver ou à Rio,

La pluie me fredonne à mi-voix

Un air cousu de cicatrices

Où ton prénom soudain se glisse

Entre deux notes de guingois.

 

Le train nouait l’aube à la nuit

D’un long fil lumineux et souple;

Nous formions un étrange couple,

Ivre de fatigue et d’ennui.

Le petit jour nous a jetés

Dans une gare silencieuse

Et contre les vitres lépreuses

La pluie s’est mise à crépiter.

 

Il pleut toujours sur les bateaux

Que l’on construit à Rupelmonde

Et qui verront la fin du monde

À Vancouver ou à Rio;

Que sommes-nous qu’un peu de vent

hérissé de nos amertumes

Et résonnant comme une enclume

De notre mal d’être vivants ?

 

Nous nous sommes aimés trois jours

Dans une chambre poussiéreuse

Pleine de la rumeur moqueuse

Du fleuve vieux comme l’amour,

Puis nos deux spectres dessoûlés

Ont regagné la gare morte

Et l’amour a claqué sa porte

Sur notre double vanité.

 

Il pleut toujours sur les bateaux

Que l’on construit au bord du fleuve

Pendant que tes désirs s’abreuvent

À Vancouver ou à Rio.

Moi je n’ai pas quitté le port

De cet amour de fin du monde

Et je mourrai à Rupelmonde

En rêvant que tu m’aimes encore.

3 : Arthur Rimbaud (1854 - 1891) est notamment l’auteur d’Illuminations et d’Une Saison en enfer.

4 : Isidore Ducasse, dit comte de Lautréamont, (1846 - 1870), a écrit les Chants de Maldoror (1869).

5 : Gérard de Nerval (1808 - 1855) est célèbre pour les vers que voici :

« Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé,

Le Prince d’Aquitaine à la tour abolie.

Ma seule étoile est morte et mon luth constellé

Porte le Soleil Noir de la Mélancolie. »

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6 : Marcel Thiry (1897 - 1972) est l’auteur de plusieurs recueils de poèmes exaltant l’aventure et le goût des grands espaces (Toi qui pâlis au nom de Vancouver).

7 : Moins raisonnable, Philippe Clay termine ainsi sa fameuse chanson Le Corsaire :

« Alors pour oublier je bois

Jusqu’à ce que j’aie

Des jambes de verre

Et la gueule de bois. »

8 : Charles Baudelaire (1821 - 1867) est l’auteur des Fleurs du Mal. Excellent critique d’art, il a fait un désastreux séjour de deux ans (1864 - 1866) à Bruxelles et il a exhalé sa rancœur dans son dernier livre Pauvre Belgique.

9 : Cf. Daniel Cologne, « La vie et l’œuvre de Robert Frickx - Montal », in Molenbecce, n° 24, octobre 2006.

vendredi, 14 mars 2025

Si Trump peut immobiliser les F-35: leur achat est-il un investissement périlleux?

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Si Trump peut immobiliser les F-35: leur achat est-il un investissement périlleux?

Berlin. En 2022, lors de la première année de la guerre en Ukraine, le gouvernement allemand « feu tricolore » a décidé d'acquérir 35 chasseurs F-35 américains. En décembre 2022, la commission des finances du Bundestag a officiellement débloqué les fonds nécessaires –environ 8,3 milliards d'euros. Non seulement sur le plan économique, cet achat, dont la ministre de la Défense de l'époque, Christine Lambrecht, était responsable, a rapidement suscité des critiques. En effet, la Suisse, qui a également choisi d'acquérir les F-35, paie « seulement » 167 millions d'euros par appareil auprès du fabricant Lockheed, tandis que l'Allemagne doit débourser 286 millions.

Cependant, ce qui est plus grave, ce sont les réserves d'ordre technique concernant cet avion de chasse furtif et polyvalent de fabrication américaine: des experts, comme le spécialiste ès-sécurité de Bonn, Joachim Weber, soulignent que le risque de crash du F-35 est relativement élevé, similaire à celui du tristement célèbre « Starfighter », et que, même après 15 ans de développement, le taux d'utilisation, c’est-à-dire la disponibilité des appareils, dans les forces armées américaines n'a pas beaucoup dépassé la barre des 50 %. De nombreuses « maladies de jeunesse » de cet avion de chasse high-tech ne sont toujours pas résolues.

Il existe cependant un argument encore plus lourd contre l'achat de cet appareil américain qui s'élève à plusieurs milliards – c'est ce que les initiés appellent le « Kill Switch », soit la possibilité de mettre hors d'état de fonctionnement le F-35 par une simple pression sur un bouton. Joachim Schranzhofer, responsable de la communication du groupe d'armement allemand Hensoldt, a confié au journal Bild: « Parler de la fonction 'Kill Switch' dans le F-35 n'est pas qu'une rumeur. C'est techniquement très simple via le système de planification des missions, et, si ce système est désactivé, cet avion reste alors cloué au sol ».

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Les inquiétudes, quant à cette possibilité, ont été suscitées par le député français du PPE, ancien chef des services de renseignement militaires français, Christophe Gomart, qui, en faisant référence au « Kill Switch », a logiquement considéré l'indépendance européenne comme limitée; car les États-Unis se réservent le contrôle des systèmes centraux de leurs armes: les pays disposant d'équipements d'origine américaine ne pourraient éventuellement pas les utiliser sans l'approbation du ministère américain de la Défense.

Il n'est pas surprenant que le « Kill Switch » soit de nouveau discuté précisément en ce moment. En effet, le président américain Donald Trump, qui impose aux Européens le virage radical de la politique étrangère américaine, aurait ainsi un atout précieux face aux Européens réticents. Les premiers commencent d'ores et déjà à avoir des sueurs froides.

C'est ainsi que l'ancien directeur de la Conférence de Munich sur la sécurité, Wolfgang Ischinger, a envisagé lors d'une conversation avec le journal Bild une éventuelle annulation de l'achat des F-35, lequel s'élève à plusieurs milliards: « Si l'on craint que les États-Unis ne fassent avec les F-35 allemands à venir la même chose qu'avec ceux qui ont été engagés sur le front en Ukraine, alors on pourrait envisager une résiliation de contrat. »

En principe, la Luftwaffe devait recevoir les premiers F-35 dès 2026. À la lumière des développements actuels, cela n'est absolument plus sûr (rk).

Source: Zu erst, März 2025.

Allemagne : élections aux temps décisifs

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Allemagne: élections aux temps décisifs

Enric Ravello Barber

Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2025/03/alemania-elec...

Les élections législatives allemandes, d'une importance capitale, ont donné le résultat que les sondages annonçaient, y compris l'ascension des néo-communistes woke de Die Linke, qui sont passés en quelques semaines d'une absence au Bundestag à une représentation significative avec 8,8 %, soit pratiquement le double de ses résultats précédents.

Ces élections étaient d'une importance majeure car elles définissent l'avenir politique de ce qui reste la première puissance de l'UE. On savait que les Allemands allaient punir la gestion pusillanime du chancelier sortant Olaf Scholz de la SPD, et qu'un nouveau gouvernement allait diriger l'Allemagne pendant les quatre prochaines années.

Les deux clés de ces élections sont: le retour de la CDU/CSU au pouvoir après l'effondrement social-démocrate et le résultat historique obtenu par les nationalistes de l'AfD, qui atteignent 20,8% des suffrages.

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Résultats par partis

CDU/CSU : c'est le vainqueur clair des élections avec 28,6% (+4,4%), bien qu'il soit légèrement en dessous des 30% annoncés dans plusieurs sondages.

L'AfD, avec 20,8% (+10,4 %), est le parti qui connaît la plus forte croissance, doublant ses voix par rapport au résultat d'il y a quatre ans. Ce grand résultat le place comme le deuxième parti d'Allemagne, ce qui constitue un tournant historique, rompt avec un demi-siècle de tendance où la CDU/CSU et la SPD se disputaient alternativement la première et la deuxième place.

La SPD, avec 16,4%, est le grand perdant des élections, avec 9,3% des voix pour devenir le troisième parti d'Allemagne.

Les Verts atteignent 11,6%, malgré une baisse de 3,1%, réussissant à se maintenir malgré le profond essoufflement de leur participation dans la coalition gouvernementale sortante et les positions bellicistes adoptées par leur ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

Die Linke 8,8% est le "deuxième gagnant moral" des élections, doublant presque leur résultat précédent (+3,9%) ; quelques semaines avant les élections, les sondages leur donnaient un petit 4%, ce qui aurait signifié une force extra-parlementaire et initié le chemin vers la marginalité et l'insignifiance politique. Le résultat les confirme comme une référence importante pour la gauche, d'autant plus que leur concurrent dans ce spectre politique, le BSW, se retrouve hors du Parlement.

Le BSW s'est cependant rapprocher de la barre fatidique des 5%; à 3 centièmes de pourcent près, ce nouveau parti aurait pu envoyer des représentants, pour la première fois, dans la chambre fédérale allemande. Son 4,97% pourrait marquer un tournant à la baisse pour cette formation de gauche critique vis-à-vis de l'immigration, qui devra survivre en tant que force extra-parlementaire pendant quatre ans. Sa présence dans les parlements régionaux à l'est du pays constitue son possible radeau de sauvetage.

La FPD obtient 4,3% et est ainsi le "deuxième perdant" des élections, baissant de 7,1% par rapport à 2021, et se retrouvant désormais hors du Parlement. Les libéraux paient très cher leur participation anodine dans le gouvernement de coalition sortant. Leur leader abandonne la politique et le parti entre dans une dérive qui pourrait mener à sa disparition de la scène politique.

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Réalités géographiques et sociologiques

Pour comprendre le sens de ces élections et surtout pour connaître les constantes sociologiques allemandes, il est important de prendre en compte les données suivantes:

L'AfD est le premier parti dans l'est de l'Allemagne et gagne dans tous les Länder de l'ancienne RDA avec des pourcentages de vote très élevés.

Saxe, 42,9 % (+17,2)

Thuringe, 38,6 % (+14,6)

Saxe-Anhalt, 37,4 % (+19,6)

Mecklembourg-Poméranie, 35,3 % (+17,3)

Brandebourg, 32,5 % (+14,4 %)

Il est nécessaire d'ajouter que, dans deux Länder occidentaux, l'AfD a dépassé la barre des 20%.

Sarre, 21,6 % (+11,5)

Rhénanie-Palatinat, 20,1 % (+10,5 %)

Des résultats qui contrastent avec ceux de la ville de Berlin, où Die Linke est la force la plus votée avec 19,9% et où l'AfD occupe seulement la cinquième place avec 15,1%.

Dans l'Allemagne occidentale, la prédominance est clairement en faveur de la CDU/CSU.

Plus que significatif est la comparaison du vote des jeunes femmes urbaines...

Die Linke 34 %

Les Verts 22 %

SPD 12 %

AfD 9 %

CDU 9 %

...avec le vote des hommes âgés de zones rurales :

CDU 42 %

AfD 18 %

SPD 18 %

Verts 8 %

Die Linke 3 %

Une comparaison qui parle d'elle-même et qui doit être prise en compte par les équipes électorales de l'AfD.

L'AfD se consolide sans aucun doute comme le premier parti des travailleurs allemands, atteignant 37% des voix ouvrières.

Quant au vote musulman, il s'est réparti comme suit :

29 % Die Linke.

28 % SPD.

16 % BSW.

12 % CDU.

6 % AfD.

4 % Les Verts.

Sans aucun doute, un élément d'une importance sociologique énorme a été le vote des retraités. Leur mobilisation et leur soutien massif à des partis traditionnels (CDU/CSU et SPD) ont été déterminants pour empêcher l'AfD de s'approcher des 25% de voix, un pourcentage qui aurait radicalement changé le paysage politique. Avec une telle représentation, l'AfD aurait pu bloquer constamment les initiatives législatives du Bundestag.

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Les 20 % de l'AfD. Musk ne donne pas de voix

20,8% est sans aucun doute un résultat spectaculaire, mais qui laisse un léger goût d'insatisfaction parmi les dirigeants et sympathisants de l'AfD. 20% était le pourcentage donné par les sondages, il y a des mois. L'arrivée de Trump à la Maison Blanche, l'intervention “en ligne” d'Elon Musk lors d'un événement de campagne et une interview d'Alice Weidel se distanciant des positions les plus controversées du parti, ont fait penser que cela pourrait donner un important coup de pouce électoral à la formation nationaliste. Ce ne fut pas le cas; de plus, depuis l'intervention de Musk dans sa campagne, l'AfD a chuté de quelques dixièmes dans les intentions de vote.

La réaction de Trump aux résultats électoraux, se félicitant de la victoire d'un parti conservateur (CDU), démontre sa méconnaissance de la politique allemande et ce que cela importe peu à son “allié” présidentiel américain.

L'AfD doit prendre soin de ses relations avec la nouvelle administration de Washington. Trump a déjà annoncé l'imposition de droits de douane de 25% sur tous les produits européens, y compris les automobiles, un coup dur pour le principal secteur exportateur allemand et le moteur économique du pays. Si l'AfD veut se placer comme le porte-parole de ceux qui nuisent à l'économie et aux travailleurs allemands, les conséquences électorales sont plus que prévisibles.

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Merz, l'anti-Merkel ?

Les résultats électoraux font du leader de la CDU/CSU, Friedrich Merz, le nouveau chancelier allemand virtuel. Pour y parvenir, il devra simplement remettre en place une "grande coalition" avec la SPD.

Merz représente l'aile droite et conservatrice de la CDU. Son retour au sein du parti et dans le premier plan de la politique, qu'il avait quitté en raison de désaccords avec Angela Merkel, signifie un tournant à droite de la CDU sur des thèmes clés, y compris un changement dans la politique d'asile initiée par Merkel, que Merz a qualifiée de catastrophique. De nombreux commentateurs s'accordent à définir Merz comme un anti-Merkel.

Ses premières déclarations ont été claires concernant le besoin de récupérer la puissance économique, diplomatique et militaire de l'Allemagne, allant jusqu'à envisager la possibilité d'une défense nucléaire pour l'Allemagne. Dans ce sens, il s'est exprimé clairement en faveur d'une émancipation européenne vis-à-vis des États-Unis, pour laquelle il organisera toute une série de rencontres avec d'autres dirigeants européens une fois en fonction.

Sans aucun doute, un aspect clé de ces élections et de l'évolution politique de l'Allemagne dans les années à venir est l'immigration et son impact sur la sécurité des citoyens. C'est l'argument principal qui a permis à l'AfD de se positionner comme la deuxième force politique. Les stratèges électoraux de la CDU/CSU le savaient et lors de la campagne, ils ont fait des déclarations en faveur d'un meilleur contrôle de l'immigration. Rapidement, les promesses des démocrates-chrétiens, toujours fragilisées, se sont diluées; quelques jours après les élections, Merz a "précisé" - une manière douce de le dire - toutes ses promesses électorales sur ce sujet, assurant que "personne - il parle de lui-même - n'a parlé de fermer les frontières". Ce 3 mars, l'Allemagne a subi une autre attaque indiscriminée liée à l'immigration avec deux morts et plusieurs blessés, une de plus dans une longue liste.

Si Merz, à la tête de la coalition prévisible CDU/CSU-SPD, ne parvient pas à agir avec fermeté dans les questions de l'immigration et de l'insécurité, son mandat sera fait d'une crise continue qui pourrait conduire l'AfD à gagner les prochaines élections, tant que ses positions internationales ne se confondent pas avec celles qui, dans les années à venir, attaqueront l'industrie, l'économie et la position géopolitique de l'Allemagne - et de l'Europe.

Des temps décisifs, comme disait Spengler.

NOTES:

(1) https://www.lavanguardia.com/internacional/20250224/10415188/lider-liberales-alemanes-abandona-politica.html

(2)  https://www.fdesouche.com/2025/03/03/allemagne-le-vote-des-seniors-en-faveur-des-partis-traditionnels-a-ete-determinant-pour-freiner-lascension-de-lafd/

(3)  https://x.com/F_Desouche/status/1893806009484718369

(4)  https://www.abc.es/internacional/trump-felicita-alemania-nueva-victoria-conservadora-suyo-20250224022904-nt.html

(5)  https://www.dw.com/es/trump-anuncia-aranceles-del-25-por-ciento-a-productos-de-la-ue/a-71763764

(6)  https://www.lecho.be/economie-politique/europe/elections/friedrich-merz-l-anti-merkel-aux-portes-de-la-chancellerie/10589036.html

(7)  https://www.swissinfo.ch/spa/merz-quiere-discutir-la-defensa-nuclear-con-las-potencias-nucleares-europeas/88911116

(8)  https://cnnespanol.cnn.com/2025/02/23/mundo/resultados-elecciones-alemania-friedrich-merz-conservadores-ultraderecha-trax

(9)  https://www.swissinfo.ch/spa/merz%2C-ganador-de-las-elecciones-alemanas%2C-matiza-su-pol%C3%ADtica-para-restringir-la-migraci%C3%B3n/88945979

(10) https://www.elmundo.es/internacional/2025/03/03/67c5a275e...

Trump gagne à Panama une guerre économique. Les armes sont inutiles

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Trump gagne à Panama une guerre économique. Les armes sont inutiles

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/trump-vince-a-panama-una-guerra... 

Donald Trump a déjà gagné la guerre pour le canal de Panama. Après avoir menacé d'interventions militaires et proféré d'autres idioties similaires, il a tout résolu avec un peu d'argent. Pas directement déboursé par le gouvernement, mais par un consortium dirigé par le fonds BlackRock, dont fait également partie la MSC de l’italo-suisse Aponte. Aponte, de son côté, devait se faire pardonner par Trump l'achat de nombreux navires fabriqués en Chine.

Ainsi, Pékin renonce à Panama, mais sans que cela ne lui pose trop de problèmes. Non seulement les Chinois encaissent une belle montagne d'argent pour la cession de ses ports, mais ils peuvent déjà compter sur le grand port construit au Pérou à Chancay, afin de renforcer les échanges entre l'Asie et l'Amérique latine.

Tout le monde est donc heureux. Et s'il fallait vraiment un canal pour la Chine, elle pourra toujours le construire dans un des pays prêts à recevoir des méga-financements de Pékin.

L’opération Panama est cependant importante car elle indique clairement les modalités avec lesquelles Trump envisage de rendre à nouveau les États-Unis grandioses (MAGA!). Il menace d'interventions militaires mais utilise ensuite l'arme économique. Et même le conflit avec Pékin est davantage axé sur le commerce international que sur des missiles et des soldats.

Mais cela vaut aussi pour la relation avec Moscou: asseyons-nous à une table et discutons de la manière de faire des affaires ensemble. Sur les terres rares mais aussi sur le reste.

Les seuls qui ne l’ont pas compris, ou qui font semblant de ne pas comprendre pour obéir à d'autres intérêts, ce sont les euro-pitres de Bruxelles. Prêts à détruire l'économie de toute l'Europe pour courir au réarmement. Il est vrai que cette dépense colossale ferait bouger le PIB, mais autant creuser des trous pour ensuite les remplir. Le PIB augmente et l'inutilité du projet guerrier demeure la même.

Dans un monde où les confrontations se jouent sur la puissance économique, industrielle, agricole, financière et commerciale, les euro-pitres jouent à la guerre en soustrayant des ressources à la croissance du Vieux Continent. Sont-ils vraiment stupides ? Le chancelier allemand Merz a travaillé, aux plus hauts niveaux, justement pour BlackRock, le bras armé de la finance américaine. Et son engagement à détruire l'économie européenne soulève quelques questions.