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dimanche, 30 janvier 2022

Hommes de Davos et élites hostiles : le point par Samuel Huntington

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Hommes de Davos et élites hostiles: le point par Samuel Huntington

par Nicolas Bonnal

Pouvons-nous enfin répondre à la question du jour : qui est en train de nous ruiner, de nous contrôler, bientôt de réduire notre nombre ? La réponse est oui. Il y a une élite mondiale, apparue grâce aux guerres mondiales, et dont le but est d’unifier le monde sous son talon de fer. Mandell House, Gustave Le Rouge ou Jack London en parlent dès les années 1910. Les institutions internationales, qui imposent la dictature du virus partout, en sont le reflet. Et le virus permet un formatage planétaire.

Universitaire de Harvard, proche un temps de Jimmy Carter, Samuel Huntington est connu pour son intéressant et mal perçu (parce que pas lu) livre sur le choc des civilisations. Cet universitaire enraciné et conservateur a aussi écrit en 2004 un texte passionnant sur ces élites hostiles que sont les hommes de Davos (c’est à Davos que se passe la montagne magique de Thomas Mann). Obsédés comme Klaus Schwab de maths, de finances, de mouvements, de mécanisation (leur but comme nous dit Lucien Cerise est d’automatiser la planète) ces super-cerveaux ont formaté, depuis cinquante ans, des hommes politiques toxiques. Pour eux l’homme est un robot à reprogrammer et surtout un animal à dégraisser. Le grand RESET et le virus sont d’eux comme on sait.

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Dans son texte sur les âmes mortes, la dénationalisation des élites US, Huntington explique cette gestation. La source de ces âmes mortes n’est pas Gogol mais un lai de Sir Walter Scott.

Huntington souligne d’entrée la différence entre les peuples et leurs élites :

« Les opinions du grand public sur les questions d’identité nationale diffèrent considérablement de celles de nombreuses élites. Le public, dans son ensemble, est préoccupé par la sécurité physique mais aussi par la sécurité de la société, qui implique la durabilité – dans des conditions d’évolution acceptables – des modèles existants de langue, de culture, d’association, de religion et d’identité nationale. Pour de nombreuses élites, ces préoccupations sont secondaires à la participation à l’économie mondiale, au soutien du commerce international et de la migration, au renforcement des institutions internationales, à la promotion des valeurs américaines à l’étranger et à l’encouragement des identités et des cultures minoritaires au pays. La distinction centrale entre le public et les élites n’est pas l’isolationnisme contre l’internationalisme, mais le nationalisme contre le cosmopolitisme… »

Bref les objectifs ne sont plus les mêmes. Cette surclasse que notre impayable Attali a rendue célèbre en France s’oppose au peuple :

« Une réponse contemporaine à la question de Scott est la suivante: oui, le nombre d’âmes mortes est petit mais en augmentation parmi les élites commerciales, professionnelles, intellectuelles et universitaires américaines. Possédant selon les termes de Scott «des titres, du pouvoir et du lucre», ils ont également des liens décroissants avec la nation américaine. En revenant en Amérique après avoir vécu à l’étranger, ils ne seront probablement pas submergés par des sentiments profonds d’engagement envers leur «terre natale». Leurs attitudes et comportements contrastent avec le patriotisme écrasant et l’identification nationaliste du reste du public américain. Un fossé majeur se creuse en Amérique entre les âmes mortes ou mourantes parmi ses élites et son public «Dieu merci pour l’Amérique».

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J’ai parlé pour les gens de Davos de manipulateurs de symboles, belle expression venant du courageux Robert Reich, qui travailla un temps avec Clinton et expliqua dans The Work of Nations à quelle sauce ces manipulateurs de symboles allaient nous siroter. Huntington va dans le même sens :

« La mondialisation implique une énorme expansion des interactions internationales entre les individus, les entreprises, les gouvernements, les ONG et d’autres entités; la croissance du nombre et de la taille des multinationales investissant, produisant et commercialisant à l’échelle mondiale; et la multiplication des organisations, régimes et réglementations internationaux. L’impact de ces développements diffère selon les groupes et selon les pays. L’implication des individus dans les processus de mondialisation varie presque directement avec leur statut socio-économique. Les élites ont des intérêts, des engagements et des identités transnationaux plus nombreux et plus profonds que les non-élites. Les élites américaines, les agences gouvernementales, les entreprises et autres organisations ont joué un rôle bien plus important dans le processus de mondialisation que ceux des autres pays. Il y a donc des raisons pour que leurs engagements envers les identités nationales et les intérêts nationaux soient relativement plus faibles. »

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Puis Huntington précise à propos des élites transnationales :

« Les idées et les personnes transnationales se divisent en trois catégories: universalistes, économiques et moralistes. L’approche universaliste est, en fait, le nationalisme et l’exceptionnalisme américains poussés à l’extrême. De ce point de vue, l’Amérique est exceptionnelle non pas parce qu’elle est une nation unique mais parce qu’elle est devenue la «nation universelle». Elle a fusionné avec le monde par l’arrivée en Amérique de personnes d’autres sociétés et par l’acceptation généralisée de la culture et des valeurs populaires américaines par d’autres sociétés. »

Chez ces élites, Huntington souligne une haine des nations autant que du nationalisme (cf. « la culture française n’existe pas »…) :

« L’approche moraliste dénonce le patriotisme et le nationalisme comme forces du mal et soutient que le droit international, les institutions, les régimes et les normes sont moralement supérieurs à ceux des nations individuelles. L’engagement envers l’humanité doit remplacer l’engagement envers la nation. Ce point de vue se retrouve chez les intellectuels, les universitaires et les journalistes. Le trans-nationalisme économique est enraciné dans la bourgeoisie, le trans-nationalisme moraliste dans l’intelligentsia. »

C’est ce que j’ai appelé ailleurs la bourgeoisie sauvage. Nos élites républicaines et européennes se veulent citoyennes du monde (cf. les Lumières et leur penchant pour l’homme-machine ou l’automate qui s’acheva en Terreur) :

« Ces élites sont assurément cosmopolites: elles parcourent le monde et leur champ de responsabilité est mondial. En effet, ils se considèrent comme des «citoyens du monde». À maintes reprises, nous les avons entendus dire qu’ils se considéraient davantage comme des « citoyens du monde » qui se trouvent être titulaires d’un passeport américain que comme des citoyens américains qui se trouvent travailler dans une organisation mondiale. Ils possèdent tout ce qu’implique la notion de cosmopolite. Ils sont sophistiqués, urbains et universalistes dans leur perspective et leurs engagements éthiques. »

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… Et elles vivent dans une bulle, comme le pensionnaire de l’Élysée :

« Avec les « élites globalisantes » d’autres pays, ces cadres américains habitent une « bulle socioculturelle » en dehors des cultures des nations individuelles et communiquent entre eux dans une version anglaise des sciences sociales, que Hunter et Yates qualifient de « parler global ».

L’obsession mécanique et commerciale est leur trait :

« Toutes ces organisations mondialisées, et pas seulement les multinationales, opèrent dans un monde défini par des « marchés en expansion », le besoin d’un « avantage concurrentiel », d’une « efficacité », d’une « rentabilité », de « maximiser les avantages et de minimiser les coûts », de « marchés de niche », et de « résultat net ». Elles justifient cette focalisation au motif qu’elles répondent aux besoins des consommateurs du monde entier. C’est leur circonscription. »

« Une chose que la mondialisation a faite », a déclaré un consultant d’Archer Daniels Midland, « c’est de transférer le pouvoir des gouvernements au consommateur mondial ». Alors que le marché mondial remplace la communauté nationale, le citoyen national cède la place au consommateur mondial.

Alors apparaît comme un diable, le « cosmocrate » :

Les transnationales économiques sont le noyau d’une superclasse mondiale émergente. Le Global Business Policy Council affirme :

« Les avantages d’une économie mondiale de plus en plus intégrée ont fait naître une nouvelle élite mondiale. Étiqueté «hommes de Davos», «cols en or» ou. . . «cosmocrates», cette classe émergente est habilitée par de nouvelles notions de connectivité mondiale. Il comprend des universitaires, des fonctionnaires internationaux et des cadres d’entreprises mondiales, ainsi que des entrepreneurs prospères de haute technologie. »

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Estimée à environ 20 millions en 2000, dont 40% étaient américains, cette élite devrait doubler de taille d’ici 2010.

L’important est de liquider les frontières et les gouvernements qui résistent :

« Représentant moins de 4% de la population américaine, ces transnationaux ont peu besoin de loyauté nationale, considèrent les frontières nationales comme des obstacles qui, heureusement, disparaissent, et voient les gouvernements nationaux comme des résidus du passé dont la seule fonction utile est de faciliter les opérations mondiales de l’élite. Pour les années à venir, un dirigeant d’entreprise a prédit avec confiance que «les seules personnes qui se soucieront des frontières nationales sont les politiciens».

Une guerre de Sécession a été menée par les élites. Warren Buffet a parlé de la victoire de sa classe de milliardaires (en euros ou en dollars), et Huntington cite notre cher Robert Reich :

« Au début des années 90, le futur secrétaire au Travail, Robert Reich, est parvenu à une conclusion similaire, notant que « les plus hauts revenus d’Amérique … ont fait sécession du reste de la nation ». Cette élite en sécession est, comme le disent John Micklethwait et Adrian Wooldridge, de plus en plus coupée du reste de la société: ses membres étudient dans des universités étrangères, passent une période de temps à travailler à l’étranger et travaillent pour des organisations qui ont une portée mondiale. Ils constituent un monde dans un monde, liés les uns aux autres par une myriade de réseaux mondiaux mais isolés des membres les plus effacés de leurs propres sociétés… »

Comme on sait Facebook aussi – et les réseaux – créent une vaste communauté de crétins cosmopolites et ahanant chez les pauvres. Car dans le monde global le populo n’est pas toujours rebelle ; il est de plus en plus collabo – désolé de le rappeler. Dominique Noguez en parlait dans les années 90 quand il évoquait la fin du français et cette américanisation qui concernait les élites comme les pauvres.

Huntington est universitaire et donc il sait que sa caste est très gauchiste (voir Allan Bloom et le résultat aux USA en ce moment). Il ajoute :

« Les étudiants radicaux des années 1960 sont devenus des professeurs titulaires, en particulier dans des institutions d’élite. Comme l’observe Stanley Rothman, «les facultés de sciences sociales des universités d’élite sont majoritairement libérales et cosmopolites ou de gauche. Presque toutes les formes de loyauté civique ou de patriotisme sont considérées comme réactionnaires». Le libéralisme a également tendance à s’accompagner d’irréligiosité. Dans une étude réalisée en 1969 par Lipset et Ladd, au moins 71% des universitaires juifs, catholiques et protestants qui se sont identifiés comme libéraux se sont également identifiés comme étant «fondamentalement opposés à la religion».

844846.jpgEnfin la crapulerie des élites et leur hostilité fait qu’on se désintéresse de la politique :

« Depuis 1960, la participation a diminué dans pratiquement tous les domaines de l’activité électorale, des bénévoles qui travaillent sur les campagnes aux téléspectateurs qui regardent les débats télévisés. Les États-Unis comptaient 100 millions d’habitants de moins en 1960 qu’en 2000, mais malgré cela, plus de téléspectateurs ont écouté les débats présidentiels d’octobre en 1960 qu’en 2000. »

On pourrait ajouter que s’il n’y a plus de nations, il n’y a plus non plus de partis politiques. Le club Le Siècle le montre depuis des années en France. Les élites politiques se foutent du peuple, marchent sur ses brisées, privatisent, remplacent, démoralisent, dénationalisent le pays, se vendent au plus offrant international et imposent le diktat planétaire de Klaus Schwab et de son inquiétante ingénierie germanique, qui fait penser à Jules Verne (les 500 millions). Oncle Klaus me fait penser au monstre mort de Totenkopf dans le très bon film Sky captain et le monde de demain. Je rappelle que le meilleur épisode du Captain America évoque le projet Hydra : faire peur pour soumettre. Et ce qui n’a pas marché avec le 11 septembre marche merveilleusement avec le virus. La monarchie absolue se créa avec l’hôpital et le jésuitisme, nous le savons avec Foucault. Le fascisme global des hommes de Davos s’imposera avec le super-hôpital-prison planétaire et avec notre numérisation apocalyptique.

Car le destin du spectacle (la démocratie libérale avancée), disait Debord, n’est pas de finir en despotisme éclairé.

http://archive.wphna.org/wp-content/uploads/2013/12/04-03_The_National_Interest._Samuel_Huntington_Davos_Man.pdf

 

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