vendredi, 27 décembre 2024
La Syrie « libérée » par ses démolisseurs
La Syrie « libérée » par ses démolisseurs
par Manlio Dinucci
Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-siria-liberata...
Abu Mohammed al-Jolani, qui détient de facto le pouvoir à Damas aujourd'hui, a une histoire surprenante: il a commencé son militantisme djihadiste dans les rangs d'al-Qaeda en tant qu'associé d'Abu Bakr al-Baghdadi, le "calife" qui a fondé en 2013 l'ISIS, l'"État islamique d'Irak et de Syrie". En 2011, lors de la phase préparatoire, al-Baghdadi l'a envoyé en Syrie avec d'importants fonds pour créer le Front al-Nusra, une faction formellement autonome mais appartenant en réalité à l'État islamique.
Depuis sa création, la faction d'al-Jolani a participé à l'opération menée par les États-Unis et l'OTAN pour démolir l'État syrien. L'une des raisons de cette opération est le fait que la Syrie, l'Iran et l'Irak avaient signé un accord en juillet 2011 pour un gazoduc censé relier le champ iranien de South Pars, le plus grand du monde, à la Syrie et donc à la Méditerranée et à l'Europe, créant ainsi un corridor énergétique alternatif à ceux passant par la Turquie donc par d'autres routes contrôlées par des entreprises américaines et européennes.
La guerre couverte en Syrie a commencé par une série d'attentats terroristes, principalement perpétrés à Damas et à Alep. Des centaines de spécialistes des forces d'élite britanniques SAS opèrent en Syrie, aux côtés d'unités américaines et françaises. Les opérations sont commandées depuis les navires de l'OTAN dans le port d'Alexandretta, en Turquie. La force de frappe est constituée d'une armée de groupes islamiques originaires d'Afghanistan, de Bosnie, de Tchétchénie, de Libye et d'autres pays. Les armes arrivent via un réseau international organisé par la CIA, qui les fournit aux groupes infiltrés en Syrie, déjà entraînés dans des camps installés sur le territoire turc et jordanien. L'opération est dirigée depuis le quartier général avancé de l'US Central Command dans la base aérienne qatarie d'Al Udeid. C'est alors que Moscou décide en 2015, à la demande de Damas, d'intervenir directement en soutien à l'armée syrienne. L'intervention, menée avec des forces aériennes, prouve que la « coalition anti-ISIS » dirigée par les États-Unis faisait semblant de combattre ISIS. En un peu plus de deux ans, la coalition russo-syrienne a libéré environ les trois quarts du territoire du pays, qui étaient tombés aux mains de l'ISIS et d'autres mouvements soutenus par les États-Unis.
En 2016, al-Jolani a officiellement rompu ses liens avec al-Qaïda, renommant le groupe Jabhat Fatah al-Sham, puis Hayat Tahrir al-Sham (HTS) en 2017. Sous la direction de Jolani, le HTS est devenu la force dominante à Idlib, le plus grand bastion « rebelle » du nord-ouest de la Syrie. Soutenue notamment par la Turquie, la faction al-Jolani se prépare pendant un an à l'opération en Syrie. Pour ce faire, elle est armée par des canaux secrets et entraînée par les forces spéciales Khimik du renseignement ukrainien.
Pénétrant en Syrie le 8 novembre, la faction islamiste armée d'al-Jolani progresse rapidement et conquiert Damas le 7 décembre. L'armée syrienne n'oppose pas de résistance significative, symptôme d'une désintégration interne attestée par le fait que, tandis que le président Assad reçoit l'asile en Russie, le personnel de l'ambassade syrienne à Moscou hisse le drapeau des « rebelles » islamistes qui viennent de conquérir Damas.
Alors que les Etats-Unis confirment être en contact avec les « rebelles » via la Turquie, Israël s'empare d'un autre morceau du territoire syrien sur le plateau du Golan et mène des centaines de frappes aériennes, qualifiées de « défensives », contre les ports et les aéroports syriens. La conquête de la Syrie par ces forces constitue un coup dur à la fois pour l'Iran, qui voit s'affaiblir le front de résistance à l'offensive israélienne au Moyen-Orient soutenue par les États-Unis, l'OTAN et l'UE, et pour la Russie, qui perdra presque certainement l'accès au port syrien de Tartous, seul poste d'amarrage pour ses navires militaires en Méditerranée, et risque de ralentir ou d'interrompre le corridor de transport Nord-Sud qui, à travers le Moyen-Orient, lui permet de contourner le blocus de l'Occident.
17:22 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, syrie, hts, al-jolani | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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