jeudi, 27 février 2025
L'USAID gouverne en Serbie - Analyse de la Dr. Dragana Trifković (Belgrade)
L'USAID gouverne en Serbie
Analyse de la Dr. Dragana Trifković (Belgrade)
Source: https://unser-mitteleuropa.com/160234
Dragana Trifković, directrice générale du Centre d'études géostratégiques à Belgrade, a analysé l'influence profonde de l'United States Agency for International Development (USAID) en Serbie depuis 2001, lors d'une interview le 19 février de cette année.
Coopération américaine avec le gouvernement serbe
Dans un article publié sur geostrategy.rs, qui est basé sur l'interview, Dragana Trifković a examiné l'influence significative de l'USAID en Serbie depuis 2001. Elle a mis en lumière non seulement les investissements massifs et les projets de cette agence américaine, mais aussi les controverses qui les entourent et les critiques massives qui lui sont adressées. Selon des données officielles américaines, les investissements de l'USAID en Serbie s'élèveront à environ 937 millions de dollars d'ici 2024, principalement en coopération avec le gouvernement serbe.
Grâce à un investissement financier de haut niveau depuis 2001, l'USAID a investi presque 937 millions de dollars en Serbie, le gouvernement serbe agissant comme partenaire central. Ces fonds ont été alloués à une variété de projets, y compris :
- Réformes judiciaires
- Promotion de la démocratie et des droits de l'homme
- Programmes d'éducation et économiques
- Protection de l'environnement et efficacité énergétique
- Égalité des sexes
- Soutien à l'intégration européenne de la Serbie.
De plus, l'USAID a entretenu des coopérations étroites avec le secteur privé et la société civile. Environ 500 organisations et 250 médias locaux ont reçu un soutien financier, afin de promouvoir les droits des citoyens, la liberté de la presse et l'entrepreneuriat.
Scepticisme croissant aux États-Unis
Récemment, le gouvernement de Donald Trump a ordonné une suspension de 90 jours de l'ensemble des projets de l'USAID pour soumettre leur utilisation des fonds alloués à un examen approfondi. Cela fait suite à des soupçons de mauvaise gestion des fonds publics, accusation qui a déclenché une vague de critiques sur l'efficacité des investissements de l'USAID en Serbie.
Dragana Trifković soutient cet examen critique et souligne qu'en dépit des sommes colossales, aucun progrès institutionnel significatif n'est visible en Serbie. Au contraire, les problèmes fondamentaux suivants persistent :
- Un système judiciaire difficile d'accès pour les citoyens
- Un niveau de corruption structurellement ancré
- Des restrictions de la liberté de la presse
- Des lacunes dans la protection des droits de l'homme
Gouvernement serbe dans une position précaire
Dragana Trifković a vivement critiqué le gouvernement serbe pour avoir dissimulé sa propre responsabilité en matière de mauvaise gestion des fonds, en détournant plutôt l'attention vers le secteur de la société civile. En réalité, l'État serbe a toujours été le principal bénéficiaire des fonds de l'USAID.
Un autre point central de son analyse était la redirection des fonds occidentaux vers le budget de l'État serbe. De nombreuses ONG, qui étaient auparavant financées directement par l'USAID, reçoivent désormais leurs fonds directement du budget serbe, donc de l'argent public. Cela soulève la question de savoir comment l'État serbe poursuit ces programmes qui étaient à l'origine soutenus par les États-Unis.
Influence des ONG occidentales sur les structures gouvernementales serbes?
Dragana Trifković a souligné un phénomène qu'elle considère comme particulièrement préoccupant: l'intégration systématique d'anciens membres d'ONG occidentales dans l'administration serbe. Elle a explicitement cité les exemples suivants :
- Ana Brnabić, Première ministre de 2017 à 2024, qui a travaillé avec des organisations occidentales avant sa carrière politique.
- Marko Blagojević, ministre dans son gouvernement.
- Jelena Milić, actuelle ambassadrice serbe en Croatie, également issue des ONG pro-occidentales.
Selon Dragana Trifković, cette interconnexion représente un problème sérieux pour la souveraineté nationale de la Serbie. Elle a remis en question l'indépendance des institutions étatiques et a évoqué la possible influence d'intérêts étrangers à cet égard.
Réforme judiciaire : un projet coûteux mais inefficace?
L'USAID a investi des sommes considérables dans la réforme du système judiciaire serbe, mais Dragana Trifković considère ces investissements comme largement inefficaces. Malgré un soutien financier énorme, le système judiciaire serbe demeure inefficace et sous influence politique. Elle a posé la question fondamentale des véritables intentions de ces réformes et de la transparence dans l'utilisation des fonds.
Manipulation de l'opinion par le gouvernement Vučić
Dragana Trifković a vivement critiqué la stratégie du gouvernement serbe visant à faire de l'USAID un bouc émissaire pour ses propres problèmes. Selon elle, le régime d'Alexandar Vučić tente de manipuler la perception internationale par une rhétorique habile.
Vis-à-vis de la Russie, le gouvernement serbe présente les récents mouvements de masse dans le pays comme une "révolution de couleur" orchestrée par l'Occident.
En revanche, face à l'Occident, il attise la peur de l'influence russe sur le mouvement de protestation.
Selon DraganaTrifković, Vučić poursuit avec cette double narration l'objectif de consolider sa propre position politique en exploitant les tensions géopolitiques existantes.
L'article basé sur l'interview avec Dragana Trifković dresse donc un tableau critique de la coopération entre l'USAID et le gouvernement serbe. D'une part, d'importants moyens financiers ont été investis, d'autre part, les résultats tangibles sont absolument désenchantants. L'examen critique de ces investissements par les États-Unis eux-mêmes suggère qu'il existe des doutes considérables quant à l'efficacité et à l'utilisation correcte des fonds.
De plus, l'intégration renforcée d'anciens membres d'ONG occidentales dans l'administration serbe ainsi que le financement étatique de projets soutenus par l'USAID soulèvent des questions sur l'indépendance de la Serbie.
Enfin, Dragana Trifković a dénoncé la manière dont le gouvernement serbe utilise ces dynamiques complexes à des fins politiques, en rendant les ONG et les acteurs étrangers responsables des problèmes actuels.
14:20 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dragana trifkovic, serbie, usaid | |
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