lundi, 18 août 2025
La fin du « monde unique »: communication, pluralité culturelle et changements politiques
La fin du « monde unique »: communication, pluralité culturelle et changements politiques
Pendant des décennies, la mondialisation a promis un monde unifié sous la bannière culturelle de l'Occident, avec les États-Unis comme centre rayonnant. Mais les technologies mêmes qui ont alimenté ce rêve d'homogénéisation ont ouvert la voie à un scénario inattendu : l'essor de récits multiples, d'identités rebelles et de puissances émergentes qui ont brouillé l'ancienne hégémonie.
Lic. Andrés Berazategui
Source: https://politicar.com.ar/contenido/996/el-fin-del-mundo-u...
Au cours des dernières décennies, les communications ont connu un essor spectaculaire dans la transmission des valeurs, des cultures et des expériences, à tel point que dans les années 1990 et au début des années 2000, la conviction dominante était que le monde allait devenir un village global doté d'une « culture » hégémonique standardisée avec une forte empreinte occidentale, mais surtout nord-américaine. On pensait qu'une fois la guerre froide terminée, l'expansion du modèle d'ordre international libéral, fondé sur les marchés ouverts, la démocratie et les droits de l'homme, serait tôt ou tard acceptée de manière irrévocable par l'ensemble de la planète.
Les États-Unis étant le moteur de cette expérience, on croyait que, parallèlement à l'expansion du capitalisme – et suivant sa logique d'uniformisation de la réalité en espaces d'achat et de vente –, ce modèle d'ordre transmettrait également les goûts, les produits et les « industries culturelles » propres aux États-Unis. À cette époque, les raisons de confirmer cette hypothèse ne manquaient pas: l'expansion de la télévision par câble, la naissance d'Internet et l'apparition des réseaux sociaux confirmaient que la technologie contribuait de manière accélérée à l'homogénéisation du monde sous l'influence de la diffusion culturelle américaine.
Si nous parlons de notre expérience personnelle, dans les années 1990, alors que nous étions adolescents (et en grande partie aussi par nouveauté), nous regardions les informations internationales sur CNN ; pour la musique, nous nous tenions au courant grâce à MTV, où l'on écoutait principalement de la musique chantée en anglais, originaire et/ou produite aux États-Unis. Bien sûr, les chaînes de cinéma diffusaient essentiellement des films hollywoodiens. Nous regardions même le basket de la NBA ! L'influence s'est même étendue à la cuisine: il était à la mode d'acheter des repas rapides (fast food) dans une certaine chaîne de « golden arches » qui allait devenir un symbole de cette américanisation planétaire.
Bien sûr, cette situation a conduit de nombreux critiques à souligner que cette homogénéisation mondiale constituait un réel danger. Les critiques étaient multiples et provenaient de divers points de vue: on disait que la mondialisation n'était pas un simple effet des communications, mais une expansion du capitalisme et de sa logique de marché ; que l'hégémonie médiatique américaine masquait l'imposition de valeurs étrangères ; que la standardisation des normes obligerait tous les pays à se plier à l'unique hégémon mondial ; que la culture américaine relevait d'une grossièreté orientée vers la consommation qui balayerait les complexités et les richesses des différentes traditions. Ces critiques, et bien d'autres encore, ont été adressées à la mondialisation occidentale, chacune avec sa part de raison et de crainte.
Cependant, à la surprise générale, ce sont précisément les médias et la technologie qui ont servi ce processus d'uniformisation qui ont abouti à exactement le contraire: les récits se sont multipliés et une multitude de cultures, de coutumes et même de modes sont apparues. Et nous ne parlons pas seulement de « cultures » au sens national-occidental du terme, tel que nous l'entendons ici. Divers types de revendications sociales, environnementales, historiques, etc. ont également émergé.
Les médias et les réseaux sociaux sont devenus les catalyseurs d'une multiplicité de voix qui, auparavant, ne pouvaient pas exprimer leurs réalités. Du « basic english » à l'ethnopluralisme. De la centralisation de l'autorité à la fluidité de l'action et des expériences. D'un récit unifié qui légitimait l'hégémonie occidentale à la préférence pour ce qui est propre et au rejet de l'imposition culturelle. Or, dans ce contexte, l'ancienne puissance hégémonique mondiale ne veut pas perdre son statut dominant, car la lutte pour le pouvoir, l'espace et le modèle d'ordre international à construire reste finalement importante. Cependant, le sentiment que l'hégémonisation du monde n'a été qu'un épisode éphémère, une note en bas de page dans le livre de l'histoire, est de plus en plus évident.
Les symboles de la mondialisation unique sont aujourd'hui presque des pièces de collection nostalgiques.
Le monde contemporain a vu le retour des grandes puissances qui, à mesure qu'elles retrouvent leur base matérielle de subsistance, deviennent des acteurs majeurs de la politique internationale dans un monde dont la nature humaine et politique ne change pas, car le pouvoir reste le pivot des relations internationales. La Chine est déjà l'un des grands acteurs, mais l'Inde et une Russie revitalisée le sont également. L'Europe semble gagner peu à peu en autonomie (est-ce vrai ?). Comme si cela ne suffisait pas, la diversité est également subnationale et transnationale, ce qui complique encore les choses. Les liens traditionnels et les identités nées de la postmodernité se disputent la loyauté des individus. L'émergence de nouvelles demandes peut rendre les systèmes politiques plus instables, et ainsi l'ancienne « unité nationale » est remise en question par de nouveaux acteurs sociaux qui renforcent leur participation politique et menacent la souveraineté des États.
Un monde marqué par la diversité croissante des cultures, la concurrence stratégique entre les puissances et la fluidité des loyautés nous invite à la prudence dans nos prévisions. Comme si cela ne suffisait pas, l'intelligence artificielle commence à être une technologie disruptive qui pourrait avoir une influence structurelle sur la dynamique de la politique internationale. En tout état de cause, elle est déjà un espace de concurrence de premier plan dans la lutte pour l'hégémonie.
Quoi qu'il en soit, ce que nous avons dit au début reste vrai : le monde est passé d'un processus de standardisation mondiale à un processus pluralisant, voire à des ruptures politiques et sociales. Et sur ce point — celui des ruptures —, la seule chose que nous osons dire, c'est que cela ne fait que commencer.
15:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, monde unique, pluralité, pluralisme | |
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