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lundi, 15 février 2016

Cette « douce » colonisation de l’Europe

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Cette « douce » colonisation de l’Europe

par Arnaud FERRAND-LÉGER

Parue en 1999, l’enquête du journaliste Rémi Kauffer montre que les firmes transnationales d’origine américaine ont déclaré la guerre aux États européens – donc à l’Union européenne. Dans cette guerre, tous les moyens sont utilisés parmi lesquels la désinformation. « Arme d’excellence du grand affrontement idéologique Est-Ouest, elle s’est muée en un instrument de guerre industrielle et commerciale redoutable » parce qu’il faut constamment conquérir de nouvelles parts de marché au détriment des rivaux. Quand la qualité du produit vendu ne suffit plus ou pas assez, « cette guerre se traduit par le conditionnement de l’opinion, la manipulation des consommateurs, le discrédit jeté sur la concurrence. En bref, le formatage des esprits ». Rémi Kauffer expose alors quelques facettes de ce conflit dans lequel la Grande-Bretagne joue la balance, tantôt du côté américain, tantôt du côté des Européens. Les exemples qu’il prend sont éclairants. Pourquoi la firme Total a-t-elle été violemment dénigrée par la presse internationale après qu’elle ait conclu un accord pétrolier avec la junte socialiste birmane ? Parce que les compagnies américaines guettaient le pétrole birman et elles se sont vengées d’être écartées du marché…

 

L’auteur consacre plusieurs chapitres à l’industrie du médicament. L’univers pharmaceutique est une véritable jungle hyper-concurrentielle où se côtoient des entreprises que Kauffer dépeint comme des « éléphants », des « tigres » et des « serpents » (les entreprises européennes). En s’appuyant sur des cas d’affrontements tels que le Redux/Isoméride ou le Prozac, il plonge le lecteur dans un univers peuplé de chausse-trappes et de pièges diaboliques destinés à faire perdre des milliards de dollars aux concurrents. Dans ce contexte de tensions permanentes, la désinformation « vise soit à jeter le discrédit sur un médicament par le mensonge et l’insinuation, soit, au contraire, à en vanter les mérites par l’hyperbole et la rumeur ». En évoquant la domination du « pharmanglais », il souligne aussi la grande attirance du modèle américain et n’hésite pas à montrer l’« américano-dépendance » psychologique des chercheurs européens exaspérés par les lourdeurs administratives et universitaires en cours en Europe. Il mentionne le copinage entre les firmes pharmaceutiques et la direction des universités américaines qui reçoivent des premières d’importantes subventions, déguisées ou non, et entre ces mêmes firmes et l’administration. Enfin, Rémi Kauffer présente l’ambition secrète de l’industrie pharmaceutique : médicaliser l’ensemble du corps social afin de ne découvrir que des malades imaginaires et ainsi d’écouler ses produits. En partant de cette intention, les campagnes de presse contre la médication biologique, voire contre le refus de la vaccination obligatoire, ne seraient-elles pas en fin de compte financées par les entreprises du médicament ?

 

La rivalité industrielle entre les deux rives de l’Atlantique se retrouve à propos d’Airbus. Pour conquérir 50 % du marché mondial et déjouer les nombreux coups tordus des avionneurs américaines, Airbus a usé des mêmes méthodes de guerre psychologique, avec succès ! Grâce à l’auteur, on découvre sa préhistoire. Dans les années 1960, chaque mois se réunit au restaurant La Trinité Saint-Honoré à Paris le Charles’Club. Fondé par le héros Pierre Clostermann, ce club informel regroupe onze gaullistes, anciens résistants ou de la France libre, et un douzième coopté, bien qu’il fut trop jeune pour avoir vécu les exploits de ses aînés. Un jour, le club invite Henri Ziegler dit « Zig ». Grand résistant, spécialiste de l’aéronautique et administrateur-directeur général de la Société des ateliers d’aviation Louis-Bréguet, l’ancien président d’Air-France dénonce avec virulence le projet franco-britannique du Concorde voulu par le Général de Gaulle. Il juge ce projet contraire à l’émergence d’une Europe industrielle à très haute qualification technique débarrassée de l’atlantisme. Comme alternative industrielle crédible, il suggère l’Aérobus qui deviendra plus tard Airbus. Enthousiasmés par le projet, les douze convives décident de le soutenir. Le cadet du groupe se transformera en porte-parole de « Zig » auprès du Premier ministre Georges Pompidou : il se nomme Jacques Chirac… Avec quarante ans d’avance, Henri Ziegler avait cerné et compris les enjeux stratégiques et économiques d’une industrie aéronautique européenne indépendante. Certes, Airbus continue à subir l’atlantisme de certains gouvernements. Sa version militaire d’avion transporteur A-400 M reste en suspens du fait des réticences budgétaires de Berlusconi. Les Européens ont là un instrument – très concret – d’affirmer leur émancipation de la tutelle américaine. En auront-ils l’audace ?

 

Dans ce livre très riche en anecdotes révélatrices des coups fourrés, Kauffer ne rate pas les turpitudes bruxelloises en matière de désinformation. Lors de la crise de la vache folle, une note interne de la Commission déclarait : « Sur le plan général, il faut minimiser cette affaire en pratiquant la désinformation. Il vaut mieux dire que la presse a tendance à exagérer… » En janvier 1999, une autre note interne allait plus loin en exposant qu’« une dose de cynisme – et parfois d’hypocrisie – dans la manière de diffuser l’information est parfois nécessaire ». Et après, la Commission s’étonnera de la réaction violente des peuples ! On se demande parfois si les hauts fonctionnaires de Bruxelles n’auraient pas été formés par le KGB ? L’ouvrage de Rémi Kauffer a l’immense mérite d’indiquer que la puissance ne se restreint pas à la politique ou à la défense. Elle innerve toutes les sphères, de la santé à l’éducation, de la culture à la technique. Les Européens doivent réagir dans tous les domaines.

 

Arnaud Ferrand-Léger

 

Rémi Kauffer, L’arme de la désinformation. Les multinationales américaines en guerre contre l’Europe, Grasset, 1999, 311 p., 19,67 €.

 

D’abord paru dans L’Esprit européen, n° 10, été 2003.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=4687

mercredi, 12 novembre 2014

R&A: Tsunami mondialiste sur l'Europe?...

Tsunami mondialiste sur l'Europe?...

La revue Réfléchir et agir publie dans son dernier numéro (n°48 - automne 2014), disponible en kiosque, un dossier sur l'offensive mondialiste en Europe...

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Au sommaire du dossier :

Le tsunami mondialiste sur l'Europe

L'Union européenne

Le traité transatlantique

Les Young Leaders

Entretien avec Emmanuel Ratier

Les multinationales veulent faire les lois

La société de l'indécence

La Chine, l'autre acteur du mondialisme en Europe

La Croatie, du communisme au mondialisme

La Bulgarie : le droit à l'oubli ?

Gouverner par le chaos

On trouvera aussi un entretien avec l'auteur de polars Joël Houssin, des articles sur l'amour courtois, sur Ponce Pilate, sur le groupe de rock français La Souris  Déglingué ou sur le cinéaste Terry Gilliam, fondateur des Monthy Python, ainsi que de nombreuses notes de lectures et une rubrique musique...

dimanche, 13 septembre 2009

Las practicas mafiosas de las multinacionales farmaceuticas

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Las prácticas mafiosas de las multinacionales farmacéuticas

Boicot a la mafia farmacéutica / http://antimperialista.blogia.com/

(Extracto del artículo "Mafias farmacéuticas" de Ignacio Ramonet. Fuente: Rebelion.org) Muy pocos medios de comunicación lo han comentado. La opinión pública no ha sido alertada. Y sin embargo, las preocupantes conclusiones del Informe final, publicado por la Comisión Europea el pasado 8 de julio,  sobre los abusos en materia de competencia en el sector farmacéutico merecen ser conocidas por los ciudadanos y ampliamente difundidas.

¿Qué dice ese informe? En síntesis: que, en el comercio de los medicamentos, la competencia no está funcionando, y que los grandes grupos farmacéuticos recurren a toda suerte de juegos sucios para impedir la llegada al mercado de medicinas más eficaces y sobre todo para descalificar los medicamentos genéricos mucho más baratos. Consecuencia: el retraso del acceso del consumidor a los genéricos se traduce en importantes pérdidas financieras no sólo para los propios pacientes sino para la Seguridad Social a cargo del Estado (o sea de los contribuyentes). Esto, además, ofrece argumentos a los defensores de la privatización de los Sistemas Públicos de Salud, acusados de ser fosos de déficits en el presupuesto de los Estados.

El mercado mundial de los medicamentos representa unos 700.000 millones de euros; y una docena de empresas gigantes, entre ellas las llamadas " Big Pharma " -Bayer, GlaxoSmithKline (GSK), Merck, Novartis, Pfizer, Roche, Sanofi-Aventis-, controlan la mitad de ese mercado. Sus beneficios son superiores a los obtenidos por los poderosos grupos del complejo militar-industrial. Por cada euro invertido en la fabricación de un medicamento de marca, los monopolios ganan mil en el mercado. Y tres de esas firmas, GSK, Novartis y Sanofi, se disponen a ganar miles de millones de euros más en los próximos meses gracias a las ventas masivas de la vacuna contra el virus A(H1N1) de la nueva gripe.

Esas gigantescas masas de dinero otorgan a las " Big Pharma " una potencia financiera absolutamente colosal. Que usan en particular para arruinar, mediante múltiples juicios millonarios ante los tribunales, a los modestos fabricantes de genéricos. Sus innumerables lobbies hostigan también permanentemente a la Oficina Europea de Patentes (OEP), cuya sede se halla en Múnich, para retrasar la concesión de autorizaciones de entrada en el mercado a los genéricos. Asimismo lanzan campañas engañosas sobre estos fármacos bioequivalentes y asustan a los pacientes. El resultado es que, según el reciente Informe publicado por la Comisión Europea, los ciudadanos han tenido que esperar, por término medio, siete meses más de lo normal para acceder a los genéricos, lo cual se ha traducido en los últimos cinco años en un sobregasto innecesario de cerca de 3.000 millones de euros para los consumidores y en un 20% de aumento para los Sistemas Públicos de Salud. 

La ofensiva de los monopolios farmacéutico-industriales no tiene fronteras. También estarían implicados en el reciente golpe de Estado contra el presidente Manuel Zelaya en Honduras, país que importa todas sus medicinas, producidas fundamentalmente por las " Big Pharma ". Desde que Honduras ingresó en el ALBA (Alianza Bolivariana de los Pueblos de América), en agosto de 2008, Manuel Zelaya negociaba un acuerdo comercial con La Habana para importar genéricos cubanos, con el propósito de reducir los gastos de funcionamiento de los hospitales públicos hondureños. Además, en la Cumbre del 24 de junio pasado, los Presidentes del ALBA se comprometieron a "revisar la doctrina sobre la propiedad industrial", o sea, la intangibilidad de las patentes en materia de medicamentos. Estos dos proyectos, que amenazaban directamente sus intereses, impulsaron a los grupos farmacéuticos transnacionales a apoyar con fuerza el movimiento golpista que derrocaría a Zelaya el 28 de junio último.

...Es una batalla crucial. Y sería dramático que las mafias farmacéuticas la ganasen. Porque redoblarían entonces los esfuerzos para atacar, en Europa y en el resto del mundo, el despliegue de los medicamentos genéricos y la esperanza de unos sistemas de salud menos costosos y más solidarios. 

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