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mardi, 06 février 2024

Médecine et géopolitique

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Médecine et géopolitique

par le groupe de réflexion géopolitique "Katehon" (Moscou)

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/medicina-e-geopolitica

Lors du forum de Davos, un sujet a été abordé qui a immédiatement attiré l'attention de tous les participants, indépendamment de leurs préférences politiques et de leurs régions. Il s'agissait d'une discussion sur une certaine épidémie X, qui pourrait s'avérer beaucoup plus grave que le coronavirus. Les défenseurs des valeurs traditionnelles y ont vu, à juste titre, une nouvelle phase du programme malthusien, à savoir la réduction artificielle de la population par une épidémie contrôlée à l'aide d'armes biologiques.

Dans le même temps, sous prétexte de prévenir de telles épidémies, on tente manifestement d'élaborer une sorte de norme internationale ("accord sur les pandémies"), ainsi que de réformer les règlements sanitaires internationaux. Tout cela sous prétexte de lutter efficacement contre les menaces sanitaires grâce à une communication rapide et transparente et à une coopération efficace entre les États. Dans le même temps, les mondialistes se rendent compte que, compte tenu des tensions géopolitiques croissantes, une telle coopération ouverte - en particulier en temps de crise - est de plus en plus improbable par rapport à 2021, date à laquelle les négociations sur un accord de lutte contre la pandémie ont commencé.

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Dans ce cas, les "tensions géopolitiques" font référence à l'augmentation des conflits interétatiques résultant de revendications de puissance et de zones d'influence concurrentes. L'action géopolitique se caractérise donc par l'utilisation de ressources économiques ou politiques pour promouvoir les intérêts nationaux et étendre l'influence politique. On le voit déjà dans les négociations de l'accord sur la pandémie, la Chine, la Russie et même les États-Unis ayant rejeté l'idée que l'accord devrait contenir des obligations de transparence et de responsabilité envers l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autres parties contractantes, tant en ce qui concerne les épidémies que les investissements publics dans les fournitures médicales nécessaires pour y faire face.

La géopolitique joue également un rôle dans le commerce des produits médicaux et la gestion des chaînes d'approvisionnement médical. Même pendant la période Covid-19, par exemple, la Chine a utilisé le commerce des produits médicaux pour réaliser ses intérêts nationaux dans d'autres domaines politiques et tenter d'étendre son influence sur les pays en développement.

Les actions dictées par des considérations géopolitiques dans le secteur de la santé peuvent avoir des conséquences considérables dans le monde entier. En Occident, elles sont considérées comme exceptionnellement négatives parce qu'elles limitent leurs propres monopoles. Dans d'autres pays, la médecine sert d'outil politique et idéologique, comme à Cuba, où des brigades médicales sont envoyées en mission en Amérique latine, en Afrique et en Asie depuis des décennies, bien que Cuba soit elle-même soumise à de sévères sanctions américaines et n'ait pas grand-chose à montrer pour ses réalisations économiques.

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Il est intéressant d'examiner la politique de santé mondiale des États-Unis à cet égard. À l'exception de la présidence Trump, au cours de laquelle les États-Unis ont tourné le dos à l'OMS, le pays a toujours cherché à jouer un rôle de premier plan dans la politique de santé mondiale. La stratégie de sécurité nationale de l'administration Biden le démontre également en faisant référence à la politique de santé mondiale. La stratégie de sécurité met l'accent sur la coopération avec des "partenaires partageant les mêmes idées" sur les questions de santé et critique le comportement de la Chine pendant la pandémie de grippe aviaire de 19 ans. En outre, elle souligne le rôle des États-Unis en tant que donateur à l'OMS et au Fonds de lutte contre les pandémies de la Banque mondiale et, en particulier, en tant que promoteur du Plan d'urgence du président américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR), lancé en 2003. Tout cela peut être considéré comme une volonté marquée des États-Unis de façonner la santé mondiale. Façonner pour contrôler et imposer ses propres règles.

Cette stratégie a été renforcée lorsque plusieurs bureaux préexistants ont été fusionnés pour créer le Bureau de la sécurité sanitaire mondiale et de la diplomatie du département d'État en août 2023. Le chef du Bureau décrit la sécurité sanitaire mondiale comme un "élément clé" de la politique étrangère des États-Unis, et la diplomatie sanitaire est également au centre de deux nouvelles divisions au sein du Bureau : le Bureau de la diplomatie sanitaire et du renforcement des capacités et le Bureau de la diplomatie régionale et multilatérale. La diplomatie est donc considérée comme essentielle pour créer de nouvelles alliances dans le domaine de la gouvernance sanitaire. Une fois de plus, il s'agit d'alliances dirigées par les États-Unis qui répondent à la volonté de Washington.

Le PEPFAR, avec un budget de près de 7 milliards de dollars pour 2023, est le programme le plus important du Bureau. Lors du débat sur la prolongation du programme, ses partisans au Congrès ont souligné, entre autres, son "soft power" et sa capacité à jouer un rôle important sur le continent africain, d'autant plus que la Chine y étend son influence par le biais de la diplomatie de la santé.

On ne sait pas encore si le bureau recevra les ressources financières nécessaires dans les années à venir, d'autant plus que la politique américaine en matière de santé mondiale est elle-même appelée à changer après les élections de novembre. De nombreux républicains conservateurs sont favorables à l'imposition de conditions au financement du PEPFAR et cherchent à exclure les établissements qui fournissent des services de conseil ou d'avortement. Ainsi, la question de la santé mondiale n'est pas seulement politisée en raison des rivalités systémiques entre les pays, mais elle est également utilisée à des fins politiques au niveau national.

En conclusion, bien que les efforts américains en matière de santé mondiale soient de plus en plus caractérisés par des conflits politiques internes et des conditions connexes, une chose est claire : les États-Unis utilisent la politique de santé mondiale pour étendre leur sphère d'influence géopolitique, en particulier en concurrence avec la Chine, et cherchent à créer diplomatiquement de nouvelles alliances pour lutter ensemble contre les menaces sanitaires.

La Chine a une approche différente. Même avant Covid-19, la Chine coopérait avec les pays du Sud sur les questions de santé dans le cadre de l'initiative "Une ceinture, une route". Cette coopération s'est intensifiée pendant la pandémie dans le cadre de ce que l'on appelle la diplomatie chinoise des masques et des vaccins. L'approche du gouvernement chinois diffère de celle des États-Unis dans la mesure où la souveraineté nationale a été consacrée comme la pierre angulaire de l'initiative de sécurité mondiale de la Chine. En substance, les gouvernements étrangers qui reçoivent une aide de la Chine conservent le contrôle de leurs propres politiques de santé, ce qui signifie que l'initiative de sécurité globale de la Chine et sa diplomatie en matière de santé n'imposent pas de contraintes explicites aux pays bénéficiaires potentiels.

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En ce qui concerne la vaccination contre le virus Covid-19 en particulier, la Chine a comblé une lacune alors que d'autres pays du Nord sont revenus au "nationalisme vaccinal". En outre, la Chine est apparue comme un défenseur des intérêts des pays du Sud dans les négociations de l'accord sur la pandémie, notamment en ce qui concerne les droits de propriété intellectuelle, l'accès et le partage des bénéfices. On peut supposer que la Chine espère que ces pays soutiendront en retour ses aspirations géopolitiques.

En fin de compte, les ambitions géopolitiques de la Chine s'expriment également dans sa politique de santé mondiale. D'une part, la Chine étend sa sphère d'influence par le biais du commerce de produits médicaux ; d'autre part, elle forge de nouvelles alliances dans le Sud.

La Russie a également sa propre approche, similaire à la stratégie chinoise. En outre, en raison des sanctions, la Russie doit créer sa propre capacité de production de produits médicaux pour couvrir la demande intérieure nécessaire. En matière de politique étrangère, Moscou a également fourni une aide humanitaire à plusieurs pays sans imposer de conditions. Actuellement, les directions stratégiques sont les pays d'Afrique, où la Russie peut réaliser de nombreux projets dans le domaine de la médecine. En Bolivie, avec l'aide de la société Rosatom, un centre de recherche nucléaire a récemment été ouvert, qui fournira des produits radiologiques non seulement à la Bolivie, mais aussi à d'autres pays d'Amérique latine.

Globalement, la Russie dispose d'un bon potentiel, compte tenu de la montée des partisans de la multipolarité et de la critique des différents projets mondialistes. De plus, les enquêtes sur les activités des laboratoires biologiques du Pentagone contribuent à la lutte contre l'hégémonie américaine.

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mercredi, 16 novembre 2022

Ecroulement physique, fin du carbone et dépeuplement

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Ecroulement physique, fin du carbone et dépeuplement

par Nicolas Bonnal

La population française est de plus en plus inerte et prostrée. Elle est affaiblie et incapable de se défendre contre le régime Macron. Tout cela est voulu bien entendu. La fin du carbone est symbolique aussi. Nous rappelions récemment grâce au Figaro :

Tout le monde est vanné :

« Cette perte de motivation n’est sans doute pas sans lien avec la fatigue accumulée à l’occasion des épreuves occasionnées par la pandémie. En effet d’après notre enquête, 41% des Français se sentent plus fatigués qu’avant la crise Covid après un effort physique, contre 54% qui ne ressentent pas de changement et seulement 5% qui ont la sensation d’être moins fatigués qu’avant suite à un effort physique. »

Plus amusant encore l’effondrement des capacités de la cage thoracique :

« Les problèmes physiques de la population et de la jeune génération sont régulièrement documentés depuis plusieurs années maintenant. Ainsi, lorsqu’on compare les résultats à certains tests physiques passés par les adolescents des années 1990 avec ceux passés par les adolescents contemporains, on s’aperçoit que ces derniers ont perdu par exemple un quart de leur capacité pulmonaire en raison du développement de la sédentarité alimentée notamment par les écrans. Conséquence : les jeunes de 2022 mettraient 90 secondes de plus à courir 1600 mètres qu’il y a trente ans. »

Soyons précis : cela veut dire que la « jeune génération » a 30% d’air en moins dans les poumons. Elle n’a rien dans le ventre et pas grand-chose entre les oreilles, pour reprendre un vieux slogan des années 80.

Et nous ajoutions :

« Certes tout cela a commencé avec Loft Story et la culture du confinement née de l’addiction à la technologie, qui crée ce virtuel dont nous crevons maintenant (lire Baudrillard dans Le Paroxyste indifférent à ce propos). »

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Evidemment cela rend la résistance difficile :

« Allez manifester râler et tempêter après cela. Macron, les résistants, il peut les attendre longtemps, et en ricanant encore. Qu’ils viennent me chercher ? Ils ne viendront pas, Manu. Tu n’auras même pas besoin de tes coûteuses automitrailleuses. Le mec il dort. Ou il clique. Ou il mate. »

C’est là que cet affaiblissement lié à la télé, la technologie, la sédentarité, rejoint les buts de Davos. Ne plus consommer de carbone… Lisons Eric Verhaege à ce propos :

« Dans l’hypothèse où Macron, en bon élève du mondialisme, déciderait de pousser les feux sur cette question, quel calendrier de mise en place pouvons-nous imaginer ?

La stratégie bas carbone publiée par le gouvernement a posé un jalon fort pour 2025. L’article de BFM souligne l’importance de l’effort que les ménages doivent fournir pour baisser leur consommation énergétique :

Pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, les experts estiment que l’empreinte carbone d’un Français ne devrait pas dépasser l’équivalent de 2 tonnes de CO2 par an. Elle est aujourd’hui estimée en moyenne à 9 tonnes, selon les dernières données pré-Covid du ministère de la Transition énergétique. »

Le Français est condamné à disparaître – famine, pénurie, puis élimination physique pure et simple ; tout cela pour sauver la planète et le climat.

Eric ajoute implacable :

« Autrement dit, il faudrait diviser la production des ménages par 4,5 pour tenir les objectifs… On mesure ici l’ampleur du désastre, et on peut penser que Macron compte fortement sur le renchérissement des prix, présenté comme une conséquence de la guerre en Ukraine, pour faire accepter les efforts. »

L’effondrement de la consommation de carbone sera comme dit H16 l’effondrement de nous-mêmes, l’effacement de l’espèce voulu par des élites psychopathes obéissant à un agenda évidemment satanique, la destruction de l’homme important plus à Satan que celle de Dieu contre qui il ne peut rien. Il a eu l’âme et l’esprit (voir mon texte sur Rudolf Steiner et les vaccins), il veut le corps maintenant avec la dévitalisation des organismes (vaccin, sous-alimentation, immobilisation, prostration chimique et télégénique, contrôle numérique forcené, etc.).

Les génies comme Goethe (voyez mes textes) avaient vu cela venir :

« — Notre population des campagnes, en effet, répondit Goethe, s’est toujours conservée vigoureuse, et il faut espérer que pendant longtemps encore elle sera en état non-seulement de nous fournir de solides cavaliers, mais aussi de nous préserver d’une chute et d’une décadence absolues. Elle est comme un dépôt où viennent sans cesse se refaire et se retremper les forces alanguies de l’humanité. Mais allez dans nos grandes villes, et vous aurez une autre impression. Causez avec un nouveau Diable boiteux, ou liez-vous avec un médecin ayant une clientèle considérable, il vous racontera tout bas des histoires qui vous feront tressaillir en vous montrant de quelles misères, de quelles infirmités souffrent la nature humaine et la société. »

Ajoutons que le G20, autre symbole de ce « démon des organisations » occidental, va imposer les passes sanitaires pour lutter contre les épidémies qui seront conçues et gérées par Bill Gates et ses acolytes.

Mais comme dit l’autre, on va se révolter… Ce ne seront pas « tous les gars du monde » de Paul Fort mais tous les gouvernements qui s’y mettront pour anéantir leur troupeau électoral cocu, désireux de sauver le climat. Aux dynamiques/éveillés de s’en sortir. Le reste finira comme dans Soleil vert.

Sources :

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/11/15/bfm-sonde-lo...

https://reseauinternational.net/de-la-montee-de-la-flemme...

https://twitter.com/f_philippot/status/1592834204798423041

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/07/12/lecon-libert...

https://h16free.com/2022/11/14/72682-le-suicide-par-ecolo...

https://myessentielles.fr/culte-des-vaccins-et-declin-de-...

https://lesakerfrancophone.fr/mon-nom-est-legion-locciden...

http://www.cultivonsnous.fr/si-tous-les-gars-du-monde/

 

17:15 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pandémie, nicolas bonnal, médecine, santé | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 18 juin 2022

La santé émotionnelle des générations futures a-t-elle été sacrifiée su l'autel de la pandémie?

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La santé émotionnelle des générations futures a-t-elle été sacrifiée su l'autel de la pandémie?

SOURCE : https://www.theunconditionalblog.com/la-salute-emotiva-delle-generazioni-future-e-stata-sacrificata-sullaltare-del-covid/

Je n'apporte rien de nouveau en publiant la traduction de cet article paru hier sur HART, mais je le fais parce que je crois qu'il est important de maintenir l'attention sur les très graves dommages subis par nos enfants au cours de cette pandémie et avec l'espoir, je ne sais pas si un tel espoir est bien de mise vu les décideurs actuels, qu'il y ait un changement de stratégie. Je tiens également à souligner que les mesures prises en Grande-Bretagne (dont traite l'article) étaient très différentes et beaucoup plus légères que celles prises en Italie.

(Prof. Maurizio Matteoli)

Le 4 avril 2022, l'Ofsted (Office for Standards in Education, Children's Services and Skills) a publié son dernier rapport sur les implications de la pandémie sur les enfants, en se concentrant sur les praticiens de la petite enfance. Cela donne une lecture intimidante.

La santé physique des enfants a été la moins affectée par le Covid, mais ce qui les a le plus blessés, c'est la réaction des travailleurs actifs dans le domaine de la petite enfance. Des politiques gouvernementales très discutables, mises en œuvre en théorie pour "arrêter la propagation", ont porté préjudice aux êtres les plus vulnérables de notre société. La plupart des gens étaient tellement terrifiés qu'ils ont adopté ces procédures sans réfléchir et ont transféré leurs angoisses sur les jeunes enfants. Au cours de la période de panique, les risques pour la santé émotionnelle ont été remplacés par les risques pour la santé physique dans l'esprit de beaucoup ; cela reflétait l'attention exclusive du gouvernement, des services de santé et des médias sur les taux de mortalité. Les enfants ont un taux de survie de 99,995 %, mais leur développement personnel, social et émotionnel a été considérablement compromis par ceux qui étaient censés les protéger. Ils ont suivi des directives fondées sur une science douteuse, fomentées par la peur et sans esprit critique apparent.

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Le rapport de l'Ofsted est une lecture intimidante. Les personnes travaillant dans le domaine de la santé, des soins aux enfants, de l'éducation, du développement de l'enfant et de la traumatologie devraient savoir, de par leur formation, à quel point les premières années de la vie sont cruciales pour le développement du cerveau. Pourtant, des pratiques profondément néfastes continuent d'être adoptées pour les jeunes enfants. Masques faciaux, confinements et barrages de toutes sortes, éloignement et isolement social, messages de peur constants, services de garde d'enfants incohérents et irréguliers, interdiction aux parents d'entrer dans les locaux pour déposer et récupérer leurs enfants. Cette liste est l'antithèse de ce dont les enfants ont besoin pour se développer en tant que membres sains, heureux et sûrs de la société.

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Il est extrêmement décourageant de voir des masques faciaux portés autour des nourrissons et des jeunes enfants. Le préjudice résultant pour nos enfants, tel que décrit dans le rapport de l'Ofsted, était prévisible :

"Les enfants ont une confiance limitée ou nulle en leur vocabulaire. En outre, certains enfants avaient du mal à répondre aux expressions faciales de base. Les praticiens ont signalé que les enfants étaient particulièrement anxieux et peu habitués à voir des visages différents et beaucoup ont noté des retards dans les processus de parole et de langage des enfants."

La capacité de voir des visages entiers est cruciale pour le bon développement du cerveau des enfants. Les expressions invisibles sont très désorientantes et déroutantes. Indubitablement, cela aura souvent porté atteinte de manière significative au processus de création de liens et d'attachement entre les parents et leurs enfants, entraînant potentiellement de graves effets négatifs sur la santé mentale de ces derniers, voire des deux.

"Certains praticiens continuent de constater des retards dans le développement physique des enfants, avec des retards dans l'apprentissage du ramper et de la marche. Certains ont rapporté que les enfants avaient régressé dans leur autonomie et leur capacité à prendre soin d'eux-mêmes. En outre, un opérateur a fait remarquer que les enfants semblaient avoir passé plus de temps sur les écrans et avaient commencé à parler avec des accents et des voix qui ressemblaient au matériel qu'ils regardaient."

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Presque quotidiennement, de nouveaux rapports et des données choquantes sont publiés, soulignant les dommages supplémentaires causés à la prochaine génération par la pandémie de peur qui dure depuis deux ans. Il s'agit notamment de :

    - Les taux d'augmentation de l'IMC (indice de masse corporelle) ont presque doublé, avec un taux d'évolution 2,5 fois plus élevé qu'avant la pandémie pour les enfants âgés de 6 à 11 ans.

    - Une baisse de près de 20 points de ce qui devrait être plus ou moins équivalent au QI, réalisée en seulement 2 ans, pour des enfants âgés de 3 mois à 3 ans. Les enfants de cet âge apprennent des choses qu'ils ne pourront pas apprendre plus tard, comme la reconnaissance précoce du langage, aidée par l'observation et l'interaction avec des personnes qui montrent leur visage complet (non caché derrière un masque).

    - Les enfants nés pendant la pandémie ont souffert de retards de développement et peuvent être retardés par le niveau de stress de leur mère. Des chercheurs de l'Université de Columbia aux États-Unis affirment que les confinements, le travail et les problèmes de santé peuvent affecter le développement des nourrissons.

    - Selon une étude de l'UCL, 60.000 élèves du secondaire de plus en Angleterre ont sombré dans la dépression clinique.

    - Les enfants confinés sont incapables de parler ou de jouer correctement, selon les données du Royal College of Speech and Language Therapists. Les évaluations montrent qu'un enfant sur cinq ne répond pas aux normes à l'âge de 2 ans et demi. Ces pourcentages interviennent alors que l'on prévient que les diagnostics ont doublé depuis la pandémie et que les thérapeutes sont incapables de suivre le rythme.

    - Les dentistes ont prévenu que 20.000 enfants ayant des dents cariées ont perdu la possibilité de subir des opérations pour améliorer leur santé, le nombre d'extractions ayant diminué de moitié au cours de la première année de la pandémie.

    - Les services de santé mentale pour enfants en Angleterre sont surchargés au point que les jeunes attendent jusqu'à deux ans pour être traités. Et ce, après une décennie au cours de laquelle le gouvernement a promis que les maladies mentales bénéficieraient d'un "traitement égal" à celui des maladies physiques.

Il est honteux que les thérapeutes tenant compte des traumatismes ne se soient pas exprimés - si tant est qu'ils le fassent - pour protéger la précieuse vie émotionnelle et le développement délicat du cerveau des enfants. De même, il est remarquable que les adultes chargés de les soigner et de les protéger aient permis que les enfants soient traités de la sorte. Le fait que les parents aient généralement consenti est un témoignage supplémentaire du pouvoir de la peur pour influencer le comportement.

Dans un article que j'ai écrit pour HART en octobre 2021, intitulé "Can a trauma-informed approach and adherence to Covid-19 guidelines ethically co-exist ?", j'ai longuement documenté comment la réponse à la pandémie entravera profondément le développement émotionnel des enfants et que les professionnels et les soignants qui sont "trauma-informed" devaient reconnaître cela et remettre en question les politiques aberrantes. Malheureusement, cette prophétie d'un préjudice généralisé pour nos enfants était exacte. S'il est peut-être trop tard pour les personnes déjà touchées, il n'est pas trop tard pour veiller à ce que ces politiques ne soient plus jamais infligées à nos enfants. Utiliser les jeunes comme boucliers humains pour protéger les adultes de cette manière est antisocial, abusif et non scientifique ; cela ne doit plus jamais se reproduire.

Article original sur HART - Traduction par le Dr Maurizio Matteoli

samedi, 12 février 2022

Les vérités du professeur Perronne

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Les vérités du professeur Perronne

par Georges FELTIN-TRACOL

Spécialiste français de la maladie de Lyme, le professeur Christian Perronne a fondé la fédération française de cette maladie dont il fut le vice-président et le responsable du conseil scientifique. Président de la commission des maladies transmissibles de 2001 à 2006 au Conseil supérieur d’hygiène publique de France entre-temps devenu le Haut-Conseil de la santé publique, ce médecin participe dans le cadre de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) entre 2007 et 2016 au groupe d’experts sur la politique vaccinale en Europe. Il a enfin été chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Raymond-Poincaré à Garches. Sommité en matière d’épidémie, il se fait connaître du grand public à l’occasion de la pandémie coronavirale.

En juin 2020, il publie chez Albin Michel Y a-t-il une erreur qu’ILS n’ont pas commise ?, un réquisitoire nuancé et argumenté contre la gestion gouvernementale de l’actuelle crise virale. Cet ouvrage aurait dû susciter le débat si une chape de plomb médiatique ne l’avait pas recouvert. Pis, le professeur Perronne a perdu sa responsabilité de chef de service. Pour quelle faute professionnelle gravissime ? Ne pas souscrire à la narration officielle du covid-19 et pratiquer le doute systématique. On aura tout vu en Macronie !

Avec Décidément, ILS n’ont toujours rien compris ! (Albin Michel, 2021, 280 p., 17,90 €), Christian Perronne sort l’artillerie et arrose d’une ironie grinçante et d’un sarcasme de bon aloi les dirigeants et les sachants qui empoisonnent la vie des Français sous prétexte de combattre le covid, le variant Delta et Omicron. Ses accusations se fondent sur des faits précis, référencés et faciles d’accès pour tout chercheur intéressé. Cette catégorie ne concerne bien sûr pas les plumitifs à la solde du Régime.

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Sa démarche irrite. Christian Perronne est le premier à le reconnaître. « J’ai d’abord été baptisé critique, puis dissident, mais aujourd’hui c’est fait, je suis chef de service du Complotisme ! » Dommage qu’il ne montre pas que ses contradicteurs inversent volontiers la charge de la preuve. Parce qu’il s’interroge sur les conséquences politiques, sociales, économiques, environnementales et psychologiques de la pandémie, et qu’il donne son point de vue, divergent par rapport au discours des autorités répercuté par des radios et des télévisions complaisantes, il subit des persécutions.

Le 10 décembre 2021, après l’avoir harcelé à deux reprises, le Conseil national de l’Ordre des médecins porte plainte contre lui et le professeur Didier Raoult pour de supposés « propos controversés ». Quelques semaines auparavant, le tristement célèbre CSA (Censure sociétaliste de l’audio-visuel) adressait à RMC (Radio Monte-Carlo) une mise en demeure pour « non-maîtrise de l’antenne ». En effet, le 31 août dernier, lors de son passage à l’émission « Les Grandes Gueules », Christian Perronne ne mâchait pas ses mots. Le CSA aurait-il une quelconque compétence médicale ? Christian Perronne sera-t-il la première victime d’une prochaine loi liberticide condamnant le                                    « covidoscepticisme » et toute « contestation virologique » ? Il n’est pas le seul. L’hebdomadaire des Monts du Lyonnais, Le Pays du 20 janvier 2022, rapporte qu’un pompier d’une trentaine d’années, par ailleurs conseiller municipal de la commune de Saint-Symphorien-sur-Coise dans le Rhône, a été suspendu en septembre dernier avant que le conseil de discipline lui inflige un mois d’exclusion dont quinze jours avec sursis. Dans une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux, il établissait un lien entre le vaccin anti-covid et les risques d’AVC ! N’est-ce pas insupportable ? Remarquons cependant que les sanctions ne sont pas pénales. L’éventualité d’un procès pour des « propos controversés » doit en tout cas intriguer tous les avocats inquiets de l’étiolement accéléré de la liberté d’expression et de l’évaporation de la liberté de réflexion. Soulignons que les habituelles associations subventionnées toujours prêtes à dénigrer la Hongrie, la Pologne ou le Bélarus ne réagissent pas…

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Bien plus percutant que le précédent, l’ouvrage de Christian Perronne explique pourquoi l’hydroxychloroquine, l’azithromycine, l’ivermectine, l’Artemisia annua, la nigelle (ou cumin noir) appartiennent aux « traitements qui marchent » si le malade en reçoit dans les premières heures de l’infection et non au stade terminal comme le prescrit le protocole officiel. Leur mise à l’écart médiatique s’explique par le poids massif du « pantouflage », c’est-à-dire « le fait de bosser pour l’État, puis pour une boîte privée, puis à nouveau pour l’État, puis encore dans le privé, etc. ». Cette connivence légale engendre d’inévitables conflits d’intérêts et encourage une large corruption. Un rapport de l’ONU signale que le domaine de la santé est l’un des secteurs les plus corrompus au monde. Envisager la vaccination de tous comme un facteur de grande rentabilité financière ne relève pas du complotisme. N’y a-t-il pas à ce sujet un véritable problème de déontologie quand 86 % des fonds de l’Agence européenne du médicament (EMA en anglais) proviennent de Big Pharma ? Plus sensationnelle que les costumes de François Fillon, cette information ne fait pas les gros titres. On se demande bien pourquoi…

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Christian Perronne dénonce le déséquilibre structurel de la gestion sanitaire de crise. D’un côté, « on a un président de la République et 2 ministres plus 13 conseils, agences ou organismes existants spécialistes de la santé, note-t-il. On en met 10 de plus, et une conseillère ». De l’autre, la loi de financement de la Sécurité sociale « prévoit 900 millions d’euros d’économies dans les hôpitaux en 2021 ». La crise sanitaire n’empêche pas les coupes budgétaires, le rationnement des soins, la réduction du nombre de lits et la compression du personnel hospitalier. La république macronienne est avare, chaotique et sur-administrée… pour un résultat minable. Or, on peut mobiliser des ressources financières importantes. Pour preuve, depuis le 1er février 2021, la dotation matérielle allouée aux députés a été augmentée pour atteindre un supplément annuel de 2842,50 € ! Que les élus de la majorité ne se plaignent pas ensuite d’être détestés et de recevoir quelques baffes…

Le covid-19 sert enfin de justification anxiogène pour museler et domestiquer les « Gaulois réfractaires ». Peu de temps avant de trépasser, Axel Kahn déclarait sur France Culture, le 6 octobre 2021, que « face à une pandémie, c’est un inconvénient d’être dans une démocratie ». Et face à une immigration allogène de peuplement ? Le professeur Perronne ne s’attarde pas malheureusement sur l’origine véritable de l’« Absurdistan sanitaire hexagonal ». Emmanuel Macron ne pardonnera jamais à la population d’avoir largement soutenu le mouvement des « Gilets jaunes » qui aurait dû emporter sa funeste présidence. Il se venge méthodiquement depuis bientôt deux ans. Il soumet le pays à un sadisme consommé et facilite l’hystérie médiatique. Gare presque à celui qui se mouche en public, il risque le lynchage !

L’ouvrage du professeur Christian Perronne contribue au combat contre le despotisme sanitaire et l’apartheid vaccinal qui en découle. Il dévoile les interactions profondes entre les entreprises audio-visuelles et le pouvoir. Ce livre fait l’objet d’une relative conspiration du silence. Par les exemples donnés, c’est pourtant une œuvre salutaire qui risque, un beau matin, de se retrouver par inadvertance « tolérante et démocratique » brûlée en place publique pour « crime de vérité ».    

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 19, mise en ligne le 8 février 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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dimanche, 13 décembre 2020

Immunité physiologique et immunité sociale

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Immunité physiologique et immunité sociale

Laurent Ozon

Les études de biologie et d’immunologie révèlent la centralité de la notion d’immunité dans le paysage médical contemporain sous l’effet de l’augmentation foudroyante des pathologies immunitaires. D’autres études de psychologie évolutionnistes révèlent simultanément que la notion d’immunité pourrait, sans risque d’abus, être la clé de lecture des marqueurs politiques et idéologiques dans les sociétés occidentales. A l’heure des épidémies faut-il s’attendre à un retour brutal des stress de conservation ?

Le soi, le non-soi et le soi-modifié

Selon le Larousse, l’immunité est définie comme « l’ensemble des mécanismes de défense d’un organisme contre les éléments étrangers à l’organisme ». Les immunologistes la considèrent comme un mécanisme de conservation : « la physiologie du système immunitaire est conservatrice et auto-réactive. Et les pathologies dérivent des défaillances de ces mécanismes de conservation ». Le système immunitaire repose donc sur la capacité initiale à reconnaître le soi, le non-soi et le soi-modifié, c’est à dire à identifier les corps étrangers ou devenus étrangers (soi modifié) puis ensuite, à identifier ceux qui doivent être combattus, détruits ou compensés. Les pathologies immunitaires peuvent être classées en trois catégories : les pathologies liées à une immunité déficiente, celles liées à une immunité exubérante et les pathologies dites auto-immunes. Les premières relèvent d’un affaiblissement et parfois d’une disparition totale du système immunitaire où l’organisme ne se défend plus. Les secondes, dites exubérantes, désignent des réponses excessives du système immunitaire (la plupart des mécanismes allergiques) et les troisièmes, dites auto-immunes, s’attaquent aux constituants normaux de l’organisme en ignorant ses pathogènes par le fait que le système immunitaire ne reconnaît plus le soi du non-soi.

Un regard immunologique sur les sociétés humaines

Diabète de type 1, Sclérose en plaques, maladie de Crohn, Lupus, polyarthrite rhumatoïde, cancer et maladies cardiovasculaires, dépression, SIDA, mais aussi épidémie de Coronavirus, l’explosion des maladies liées à des pathologies immunitaires a placé la notion d’immunité au cœur des problématiques médicales actuelles.

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En énonçant ces généralités, on comprend pourquoi de nombreux intellectuels, critiques sociaux ou scientifiques ont été tenté d’extrapoler en définissant les mécanismes et les contours d’une immunologie sociale, vers un regard immunologique porté sur la société humaine.

Les mécanismes immunitaires sociaux suppléent aux mécanismes immunitaires individuels.

On a tout d’abord parlé d’« immunité sociale » pour désigner les mécanismes sociaux par lesquels une collectivité établit une immunité collective. Nathalie Stroeymeyt, Sylvia Cremer ou Janine Kievits, ont ainsi étudié les mécanismes d’immunité sociale chez les insectes sociaux, à savoir la résistance des colonies aux pathogènes grâce à des mécanismes sociaux (organisation, relation, etc.). Des recherches qui ont révélé les liens entre la faible immunité individuelle et la forte immunité sociale des colonies : « l’abeille a moins de gènes de défense, situation probablement liée au fait qu’elle dispose d’autres moyens pour lutter contre les microbes et parasites. Car l’abeille a d’autres armes : elle vit en colonies. ».

Les mécanismes immunitaires sociaux viendraient ainsi suppléer aux mécanismes immunitaires individuels. D’autres chercheurs (par exemple Simon Babyan de l’Université d’Edimbourg) ont étendu cette notion d’immunité sociale à toutes les espèces sociales, rappelant que dans les espèces sociales, et bien évidemment dans les sociétés humaines , « la combinaison du contrôle comportemental de l'infection - par exemple, la ségrégation des malades, l'élimination des morts, l'évaluation de la qualité des aliments et de l'eau - et l'agrégation des individus immunisés, peuvent protéger les membres non immunisés contre la maladie ». A ce stade, l’on évoque la façon dont un groupe social se dote de mécanismes immunitaires collectifs qui viennent compléter les défenses individuelles de ses membres face à des agressions d’agents pathogènes extérieurs.

De l’immunité sociale à la sociabilité immunitaire

C’est à ce stade que les recherches de Joshua Tyburg, (professeur agrégé de psychologie enseignant à l’Université Libre d’Amsterdam) permettent d’approfondir et surtout d’élargir l’approche immunitaire pour comprendre les sociétés. Il s’agit de passer de l’étude de l’immunité sociale (stratégies sociales à fonctions immunitaires) à une socialité immunitaire, c’est à dire à une réinterprétation des stratégies et comportements sociaux d’un point de vue immunitaire.

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Joshua Tyburg, cherche à expliquer les bases du comportement humain conservateur en remontant aux sources du dégout comme transposition de comportements d’évitements anti- pathogènes, afin de permettre à la société de passer du «rejet à l’acceptation ». Il mobilise ainsi dans ses recherches les études démontrant que la perception du dégoût est à proportion plus forte chez les individus aux opinions les plus conservatrices sur le plan des mœurs, des valeurs et en matière politique.

Tyburg cherche en effet à mieux comprendre les comportements humains et en particulier les stratégies d’accouplement, la moralité et la perception des risques pathogènes en vue de faciliter selon lui le passage « du rejet à l’acceptation ». Sa méthodologie de travail le porte à étudier les causes et manifestations du dégoût (répulsion puis évitement) pathogène, sexuel et moral. Des manifestations dont les bases génétiques ont été largement prouvées par une étude de l’American Psychologist Association en 2015. Cette étude prétendait, elle aussi, contribuer à mieux comprendre les nombreux comportements normaux auxquels le dégoût est lié, y compris les préférences de partenaire les idéologies politiques et l'évitement social.

Dégoût et immunité

Les recherches de Joshua Tyburg comme celles Debra Lieberman (Département de psychologie de l’Université de Miami) ont permis d’avancer sur plusieurs constats. D’abord, la perception de dégoût peut être considérée comme une manifestation immunitaire, au moins dans la mesure où le dégoût des pathogènes en particulier, influence naturellement l'évitement des contacts mais aussi le choix des aliments, la coopération sociale et le choix du partenaire et donc les orientations sexuelles (Current Opinion in Psychology 2016, 6/7/11).

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Ces manifestations de rejet ne sont pas anodines puisque plusieurs scientifiques du XXe et du XXIe siècle ont noté que de nombreux objets qui provoquent le dégoût contenaient objectivement des agents pathogènes (Drs. Curtis, Aunger et Rabie du Département de Biologie de la Royal Society, 2004), que la sensibilité et la perception de dégoût diminuait avec l’âge (comme l’efficacité du système immunitaire), que le sentiment de dégoût est un facteur central dans les apprentissages des normes, de valeur et de culture (P. Rozin, A. Fallon, American Psychological Association, 1987). Ainsi, des études ont démontré que les femmes avaient des manifestations de dégoût et des perceptions xénophobes nettement plus accentuées en période d’ovulation et plus largement durant leur âge de reproduction. Je n’ai trouvé aucune étude symétrique concernant les modifications hormonales affectant les capacités de reproduction, leurs éventuels liens avec une diminution de l’efficacité immunitaire, l’atténuation des manifestations de dégoût ou la xénophobie.

Les liens entre stress immunitaire et conservatisme

Enfin, et logiquement, Tyburg, dans une étude publiée en 2015 par Evolution and Human Behavior s’est penché à nouveau sur la triangulaire dégoût (répulsion et évitement), stratégies sexuelles (fréquence des rapports, choix des partenaires, etc.) et système de valeurs (plutôt progressiste ou plutôt conservateur). Sans surprise, les résultats confirmèrent que le stress contre le parasitisme et la sensibilité au dégoût individuel (réaction à des images ou situations « dégoûtantes ») se manifestent plus fortement chez les individus adhérents à des normes traditionnelles ».

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Il existe donc bien une relation empirique entre la réaction immunitaire de dégoût et les options idéologiques dites « conservatrices » recensées ainsi: rejet de l’immigration, rejet de l’homosexualité, moindre confiance sociale élargie, mais aussi préférence pour des formes politiques moins éloignées et moins nombreuses, valorisation de la méritocratie plutôt qu’aspiration à l’égalité, intérêt pour les causes écologiques de proximité plutôt que mondiales, préférence pour la culture et les coutumes traditionnelles plutôt que l’expérimentation sociale, favoritisme intra-groupe, etc.

Tyburg note par ailleurs (Evolution and Human Behavior, novembre 2015, Vol. 36, n°6, Pages 489–497), qu’il convient de distinguer le conservatisme social (promotion d'un changement favorisant des traditions culturelles de longue date) d’un « conformisme social » ou d’une acceptation ou volonté de protection des acquis (salaire minimum ou prise en charge des frais de santé ) qui, eux, ne font pas apparaître chez leurs partisans, de corrélations particulières avec des manifestations immunitaires plus marquées de dégoût. De là à confirmer que le conservatisme idéologique est une manifestation immunitaire il n’y a qu’un pas, pas que Tyburg ne franchit évidemment pas.

Récapitulons : premièrement, les individus disposent d’un système immunitaire permettant à leur organisme de résister aux agressions extérieures et ce système fonctionne sur la capacité initiale à distinguer le soi, le non-soi et le soi-modifié. C’est l’altération de cette capacité de reconnaissance, fondamentalement conservatrice, qui engendre les pathologies immunitaires au nombre desquelles on compte la plupart des maladies dites génétiques ou de civilisation de notre époque. Deuxièmement, les groupes sociaux développent des capacités immunitaires c’est-à-dire des règles de communication et d’organisation qui assurent la prise en charge d’une part de ces fonctions immunitaires et, de ce fait, enlèvent à l’individu une partie de ses facultés immunitaires par transfert de compétences ou d’aptitudes. Troisièmement, les manifestations de dégoût par répulsion ou évitement sont largement corrélées à des manifestations idéologiques de dégoût ou d’évitement sexuels, moraux et sociaux. Quatrièmement, l’objet de ces manifestations de dégoût est lié à des pratiques factuellement à risque sur le plan pathogène, et par transfert, lié à des changements d’état importants sur le plan sociétal, social, sanitaire, axiologique et politique. Enfin, les chercheurs qui tentent d’analyser les phénomènes de « rejets » dans l’optique d’une amélioration de l’ingénierie sociale pour favoriser « l’acceptation » de ces changements, identifient un mécanisme immunitaire qui sous-tend les marqueurs idéologiques conservateurs.

Stress et révolutions « conservatrices »

De fait, l’immunité devient un concept étendu à la psychologie sociale et donc à l’étude des marqueurs idéologiques et politiques de notre époque. A l’heure de la crise du coronavirus, de l’immigration de masse, les conservateurs sont-ils les agents d’une réaction immunitaire qui s’ignore ? Si oui, la question d’une lecture « immunitaire » des marqueurs idéologiques dits « progressistes » serait, elle aussi, sans aucun doute utile.

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Pour ne pas conclure, et sans avoir décrit précisément les mécanismes de compensation sociale des stress immunitaires, il serait utile d’évaluer l’impact de la pandémie du Covid19, de ses conséquences sur la confiance des populations à l’égard de la prise en charge immunitaire du groupe. Utile aussi de mesurer ses effets sur la diffusion des marqueurs idéologiques conservateurs dans la population, pour mieux comprendre ces mécanismes à l’avenir. Car si les groupes sociaux développent bien des capacités immunitaires qui délestent les individus d'une partie de leurs facultés immunitaires, une prise en charge insatisfaisante de ces fonctions par les collectivités, pourraient bien favoriser des stress durs qui alimentent la diffusion des marqueurs idéologiques conservateurs. Des marqueurs qui précèdent des révolutions, au fond toujours "conservatrices" dans leurs aspirations.

Laurent Ozon

laurent.ozon@me.com

mardi, 07 avril 2020

Semmelweis: pionnier de l'épidémiologie et héros de Céline

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Semmelweis: pionnier de l'épidémiologie et héros de Céline

Par Jacques DUFRESNE

Ex: https://metainfos.fr

Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865). Voici le nom qui se présente avec le plus d’insistance à mon esprit dans le contexte des deux grands débats actuels : sur le virus covid-19 et sur la violence faite aux femmes. Il se trouve que ce «sauveur des mères» a eu un biographe de génie, lui aussi médecin des pauvres : Louis-Ferdinand Céline. Dans son Semmelweis, qui fut sa thèse de doctorat en médecine, soutenue en 1924, s’ébauche  un style qui s’accomplira huit ans plus tard dans le Voyage au bout la nuit, mais qui déjà, dans sa verdeur, transporte le lecteur dans une région de la vérité à laquelle aucun autre livre ne lui avait donné accès. Ce fut en tout cas mon expérience lors de ma première lecture à la fin de la décennie 1970. J’en suis à ma cinquième ou sixième lecture et je m’exclame de nouveau, avec plus d’enthousiasme encore que jadis : voici un livre qui devrait être une lecture obligatoire dans toutes les facultés de médecine !  J’ai lu quelques grandes biographies, parmi les œuvres de Plutarque, de Saint-Simon et de Stéphan Zweig notamment, aucune ne m’a donné autant que celle de Céline le sentiment de l’unité de l’auteur et de son sujet. Il m’est devenu impossible de les dissocier. Céline cite Semmelweis à quelques reprises, je me demande chaque fois s’Il s’agit vraiment d’une citation.

product_9782070755837_195x320.jpgJe n’hésite plus à mettre entre parenthèses tout ce qu’on sait au croit savoir sur l’antisémitisme de Céline, suivant en cela l’exemple de l’homme qui aurait eu le plus de raisons de jeter l’anathème sur lui, George Steiner, un juif bien formé et bien informé qui, au lieu de nier le génie là où il le voyait associé aux passions les plus funestes, s’inclinait devant le mystérieux scandale de leur coexistence dans un même être,  sans jamais exclure que, dans les mêmes circonstances , il aurait pu lui-même dériver vers les mêmes excès. Je reviens sur cette question dans un article distinct sur Steiner.

Semmelweis est celui qui, en 1848, quarante ans avant les découvertes de Pasteur sur l’infection par les microbes, a trouvé le remède à la plus tragique, la plus durable, la plus récurrente et la plus occultée des épidémies : celle qui, dans les grandes villes européennes du XIXème siècle notamment, frappaient les femmes pauvres réduites à accoucher dans les hôpitaux publics. Le taux de mortalité y était souvent de 40% et plus.

On ne sait plus qui de Socrate ou de Platon, il faut admirer le plus, tant le génie littéraire du second a contribué à la gloire du premier. Semmelweis a devant l’histoire la même dette à l’endroit de Céline que Socrate à l’endroit de Platon. Comparaison disproportionnée, m’objectera-t-on, l’œuvre de Platon est un sommet unique en son genre, tandis que la découverte de l’asepsie par Semmelweis, car c’est de cela qu’il s’agit, ne serait qu’un heureux événement parmi une foule d’autres semblables en médecine. Quand on a lu attentivement la thèse de Céline, on a au contraire et à jamais la conviction qu’il s’agit de deux plaidoyers en faveur de la même vérité, l’un au plus haut degré d’abstraction compatible avec la poésie, l’autre au ras du sol, comme dans les grands romans policiers mais jumelé à une poésie encore plus déchirante : celle de la compassion pour les malheureux.

« Semmelweis était issu d’un rêve d’espérance que l’ambiance constante de tant de misères atroces n’a jamais pu décourager, que toutes les adversités, bien au contraire, ont rendu triomphant. Il a vécu, lui si sensible, parmi des lamentations si pénétrantes que n’importe quel chien s’en fût enfui en hurlant. Mais, ainsi forcer son rêve à toutes les promiscuités, c’est vivre dans un monde de découvertes, c’est voir dans la nuit, c’est peut-être forcer le monde à entrer dans son rêve. Hanté par la souffrance des hommes, il écrivit au cours d’un de ces jours, si rares, où il pensait à lui-même : ‘’Mon cher Markusovsky, mon bon ami, mon doux soutien, je dois vous avouer que ma vie fut infernale, que toujours la pensée de la mort chez mes malades me fut insupportable, surtout quand elle se glisse entre les deux grandes joies de l’existence, celle d’être jeune et celle de donner la vie.’’ »[1]

Le Semmelweis de Céline est une chose unique dans l’histoire de la littérature. Tous les genres littéraires s’y entrelacent dans une harmonie impossible et pourtant bien atteinte : essai sur la méthode scientifique, roman policier, étude de caractères, évocation du génie des villes, histoire d’une époque et, à travers cette époque, témoignages saisissants sur la condition humaine. Quand on ferme le livre, on ne sait pas si l’on sort d’une fiction ailée ou d’un méticuleux rapport de laboratoire, d’une page de l’évangile ou d’une compilation de statistiques, mais on est sûr d’avoir fait quelque progrès dans l’inconnu de la vérité.

Semmelweis lui-même, comme Céline, est un être double, plein de compassion, mais aussi orgueilleux, intolérant et maladroit au point de nuire à ses propres recherches en se mettant inutilement à dos des collègues dont le soutien lui était nécessaire. Chercheurs du monde entier, en scaphandre, reliés par Internet et disposant d’ordinateurs tout puissants, la forme que prend aujourd’hui la recherche médicale, dans le cas des épidémies en particulier, rend très difficile pour nous de comprendre les génies solitaires du passé. Semmelweis fut peut-être le plus solitaire de tous. Et pour l’histoire des sciences telle qu’on la conçoit aujourd’hui, il n’a le mérite de la grandeur ni en tant que théoricien ni en tant que technicien : il ne fut qu’un observateur servi aussi bien par ses défauts, son orgueil, son entêtement que par ses qualités, son amour des vivants et son horreur de l’a peu près.

« L’ à peu près est la forme agréable de l’échec, consolation tentante…

Pour le franchir, l’ordinaire lucidité ne suffit pas, il faut alors au chercheur une puissance plus ardente, une lucidité pénétrante, sentimentale, comme celle de la jalousie. Les plus brillantes qualités de l’esprit sont impuissantes quand plus rien de ferme et d’acquis ne les soutient. Un talent seul ne saurait prétendre découvrir la véritable hypothèse, car il entre dans la nature du talent d’être plus ingénieux que véridique.

Nous avions pressenti, par d’autres vies médicales, que ces élévations sublimes vers les grandes vérités précises procédaient presque uniquement d’un enthousiasme bien plus poétique que la rigueur des méthodes expérimentales qu’on veut en général leur donner comme unique genèse.»[2]

De-Celine.jpgDans l’hôpital de Vienne où Semmelweis travaillait en tant qu’obstétricien, il y avait deux services de maternité, celui du professeur Bartch et celui du professeur Klin, dont il était l’adjoint. Après avoir éliminé une à une toutes les hypothèses, aussi farfelues les unes que les autres, rassemblées dans la littérature médicale de l’époque, il n’avait plus comme point de départ de son enquête qu’un seul fait : les femmes mouraient plus dans le service de Klin que dans celui de Bartch. Une différence entre les deux sautait aux yeux : dans le pavillon de Bartch le service était rendu par des sages-femmes, dans celui de Klin par des internes. Il a suffi à Semmelweis de signaler ce fait pour se mettre à dos et son patron et bon nombre de ses collègues. Il a en outre exigé avec une insistance incorrecte que les internes se lavent les mains entrant dans le pavillon de Klin; ce dernier, pour qui une telle précaution paraissait dénuée de tout fondement scientifique, le congédia. Les protecteurs de Semmelweis, car il en avait quelques-uns à Vienne, organisèrent pour lui un repos de deux mois à Venise, où il se rendit avec son ami Markusovsky. La merveille ici c’est la façon dont Céline, dans son roman biographique, raconte le séjour de Semmelweis et y voit le prélude à ses découvertes futures.

«Jamais Venise aux cent merveilles ne connut d’amoureux plus hâtif que lui. Et cependant, parmi tous ceux qui aimèrent cette cité du mirage, en fut-il un plus splendidement reconnaissant que lui ?

Après deux mois passés dans ce grand jardin de toutes les pierres précieuses, deux mois de beauté pénétrante, ils rentrent à Vienne. Quelques heures seulement se sont écoulées quand la nouvelle de la mort d’un ami frappe Semmelweis. Semblable cruauté du sort n’est-elle point normale dans sa vie ? »[3]

Le malheur n’a laissé aucun répit à Semmelweis. Il avait peu de temps auparavant perdu sa mère et son père. À son retour à Vienne, il apprend la mort de son meilleur ami, Kolletchka. Cette mort, comment se fait donc la science?  enfermait la preuve que cherchait Semmelweis. Kolletchka s’était blessé à un doigt en pratiquant une autopsie : la vérité se dévoilait tragiquement : une quelconque particule cadavérique avait contaminé le sang de cet homme. Les internes transportaient cette substance dans les entrailles des mères. Semmelweis eut droit à un nouveau poste à son hôpital, cette fois dans le service de Bartch. Dans le but de préciser le contour de sa preuve, il obtint de son patron que les sages-femmes soient remplacées par des internes le temps d’une expérience. Le taux de mortalité s’accrut immédiatement. Semmelweis appliqua alors la solution technique qu’il avait à l’esprit depuis un moment : avant chaque intervention, obliger les sages-femmes et les internes à se laver les mains avec une solution de chlorure de chaux. Le taux de mortalité descendit à son niveau actuel.

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Il existait toutefois d’autres causes d’infection que les particules cadavériques. Ces causes ne manquèrent pas de se manifester en certaines occasions. Les adversaires de Semmelweis les invoquèrent pour achever de discréditer leur collègue et l’empêcher de progresser dans la défense de sa thèse. Semmelweis devait tenter par la suite de rallier les plus grands médecins d’Europe à sa cause. Peine perdue, la plupart d’entre eux, y compris le grand Virchow, ne répondirent même pas à ses lettres.

Voici le diagnostic de Céline sur cette infection de la raison humaine par les passions. 

« ‘’S’il s’était trouvé que les vérités géométriques pussent gêner les hommes, il y a longtemps qu’on les aurait trouvées fausses.’’ (Stuart Mill)

Ce philosophe, tout absolu qu’il paraisse, demeure cependant bien au-dessous de la vérité, voici la preuve. La plus élémentaire raison ne voudrait-elle pas que l’humanité, guidée par des savants clairvoyants, se fût pour toujours débarrassée de toutes les infections qui la meurtrissaient, et tout au moins de la fièvre puerpérale, dès ce mois de juin 1848 ? Sans doute.

Mais, décidément, la Raison n’est qu’une toute petite force universelle, car il ne faudra pas moins de quarante ans pour que les meilleurs esprits admettent et appliquent enfin la découverte de Semmelweis.»

Déchiré par la contradiction entre l’amour de ses patientes et l’impuissance déraisonnable de sa profession, Semmelweis perdit le reste de prudence qu’il avait en réserve. Il tenta de dresser l’opinion publique contre ses collègues en les traitant de criminels sur des affiches. « Assassins ! je les appelle tous ceux qui s’élèvent contre les règles que j’ai prescrites pour éviter la fièvre puerpérale. »[4] Il sombra ensuite dans une démence aussi ardente que l’avait été son amour de la vérité et des mères : il fit un jour irruption dans une salle de dissection, s’empara d’un scalpel, trancha les chairs d’un cadavre et se blessa à une main. Il s’ensuivit une infection semblable à celle qui avait emporté Kolletchka, mais plus violente et plus longue.

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La démence de Semmelweis inspira à Céline, sur la maladie mentale, quelques pages qui portent la marque de son génie comme tant d’autres dans son livre.  Savoir raison garder ! La raison, qu’il assimile au bon sens, est cette limite, cette chaîne, qui tempère en nous une intelligence capable de toutes les démesures.

« Rapidement il devint le pantin de toutes ses facultés, autrefois si puissantes, à présent déchaînées dans l’absurde. Par le rire, par la vindicte, par la bonté, il fut possédé tour à tour, entièrement, sans ordre logique, chacun de ses sentiments l’agissant pour son compte, paraissant uniquement jaloux d’épuiser les forces du pauvre homme plus complètement que la frénésie précédente. Une personnalité s’écartèle aussi cruellement qu’un corps quand la folie tourne la roue de son supplice.[…] Semmelweis s’était évadé du chaud refuge de la Raison, où se retranche depuis toujours la puissance énorme et fragile de notre espèce dans l’univers hostile. Il errait avec les fous, dans l’absolu. »

Semmelweis avait participé dans une euphorie excessive et irresponsable à la révolution hongroise de 1848. Pensant aux poètes de la même époque, romantique, Céline rappelle ensuite les risques de la fuite dans l’irrationnel. « S’ils se doutaient, les téméraires, que l’enfer commence aux portes de notre Raison massive qu’ils déplorent, et contre lesquelles ils vont parfois, en révolte insensée, jusqu’à rompre leurs lyres ! S’ils savaient ! De quelle gratitude éperdue ne chanteraient-ils point la douce impuissance de nos esprits, cette heureuse prison des sens qui nous protège d’une intelligence infinie et dont notre lucidité la plus subtile n’est qu’un tout petit aperçu. »[5]

N’en faisons pas une théorie. Céline écrivain éclipse ici Céline psychiatre. Retenons toutefois qu’avant lui Platon et Aristote avaint rattaché l’idée de raison à celle de limite et à arrêtons-nous à la pertinence de ce livre dans le contexte actuel. Semmelweis était un solidaire. Modeste sur le plan théorique par rapport à celles de Pasteur et de Virchow plus tard dans le même siècle, sa découverte, celle de l’asepsie, n’en n’est pas moins l’une des plus importantes de l’histoire de la médecine et elle a l’avantage par rapport à la plupart des découvertes postérieures de donner lieu à des applications qui ne coûtent rien, qui présentent le meilleur rapport coût/efficacité dont on puisse rêver. Rappelons aussi que Semmelweis a jeté les bases de ce qu’on appellera un siècle plus tard la médecine basée sur les faits.

Le même chercheur solitaire aurait sans doute été heureux de disposer des technologies et des moyens de communications offerts aux chercheurs d’aujourd’hui, mais on peut aussi se demander si la médecine ne se prive pas d’occasions de grandes découvertes en misant trop exclusivement les technologies de pointe. Faut-il exclure qu’il y ait dans le cas du cancer, de la maladie d’Alzheimer ou de tel ou tel virus grippal des causes échappant aux radars les plus sophistiqués, des causes simples que seul pourrait découvrir un génie rassemblant tous les facteurs de réussite que Céline a su repérer dans la vie et le caractère de Semmelweis. C’est parce qu’Il se posait les mêmes questions que, dans un livre intitulé Chercher, René Dubos, celui à qui l’on doit la découverte du premier antibiotique, se prononça en faveur de la recherche dans les petites universités comme complément à la recherche dans les grands instituts. Voici ce qu’il a observé dans les petites universités du Middle West : « Ce qui m’impressionne, c’est le nombre de jeunes gens à l’esprit très ouvert de qui sortiront les idées les plus originales, les plus inattendues, alors que si vous allez à Harvard, ou à l’Institut Rockefeller, vous trouverez des gens admirables, mais qui se sont engagés dans une voie dont ils ne pourront pas sortir.»[6]


[1]Louis-Ferdinand Céline, Semmelweis, Gallimard, Paris 1990, p. 81-82.

[2] Ibid., p.80

[3] Ibid., p.74

[4] Ibid., p.111

[5] Ibid., P.121

[6] René Dubos, Jean-Paul Escande, Chercher, Éditions Stock, 1979, p.55

SOURCE : http://encyclopedie.homovivens.org/

vendredi, 20 mars 2020

L'incompatibilité entre la médecine et le capitalisme

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L'incompatibilité entre la médecine et le capitalisme

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ceci avait été précédemment affirmé par quelques médecins généralistes ayant peine à survivre avec les revenus que leur impose la "réforme" du système de santé voulue par Emmanuel Macron

Les évènements actuels le démontrent amplement

Le gouvernement chinois avait été accusé dans le monde occidental de dissimuler les premiers épisodes de Covid-19 apparus à Wuhan. Cependant le 29 février 2020, la communauté scientifique mondiale était informée par les chercheurs et médecins chinois de la situation de l'épidémie en Chine ainsi que de premières analyses concernant le virus, sa propagation et de son degré de pathogénie. Ceci a été fait sans respecter les règles convenues en matière de communication scientifique, afin de gagner du temps vu l'urgence – ce qui leur a été immédiatement reproché par des « experts » auto-institués.

Le  communiqué de l'Élysée le 29 février a annoncé des mesures qui aujourd'hui apparaissent inappropriées, celle d'isoler sans la rigueur nécessaire les foyers déjà déclarés de l'Oise et de Haute-Savoie. Il n'a pas tenu compte du fait que les malades ne sont pris en charge que 6,5 à 8 jours après le début des symptômes et que pendant la période d'incubation de 4 jours en moyenne (2 à 7 jours), les porteurs asymptomatiques peuvent être transmetteurs. Il en résultera une rapide contamination de la majorité de la population française.

arton1928.jpgAgnes Buzin, médecin et alors ministre des Solidarités et de la Santé, avait alors voulu « rassurer », sans doute à la demande d'Emmanuel Macron, en affirmant que le pays avait les moyens de combattre l'infection. . Elle a envoyé la totalité des masques chirurgicaux disponibles aux Chinois qui ne les avaient pas demandés créant une pénurie nationale. Les commandes de nouveaux masques, qu'aucune entreprise française n'apparait capable de fabriquer, ne seront livrées qu'à la mi-avril.

La fermeture des cafés, des lieux d'enseignement et de culte, des commerces autres qu'alimentaires décidée alors n'était pas une véritable mesure de confinement. L'encouragement au travail à distance alors que la plupart des établissements scolaires et des petits commerces ne disposent ni des matériels ni du savoir-faire nécessaires n'est pas une réduction efficace de risque quand ne sont pas interdits ou sévèrement limités des transports en commun toujours ouverts. Aujourd'hui encore les médecins de ville qui sont en première ligne dans le diagnostic et les premiers soins n'ont pas de masque pour se protéger et protéger les patients qui les consultent, en dépit de la circulaire ministérielle qui impose aux pharmaciens de ville de leur en délivrer en priorité. La rupture des stocks est générale sur le territoire national.

Il en a été de même du maintien incompréhensible du premier tour des élections municipales. Toutes les observations ont montré que la plupart des électeurs ne respectaient pas les contraintes de distance et surtout qu'ils se retrouvaient en groupe, avant ou après le vote, pour discuter des enjeux politiques de ces élections. Au contraire, les élections locales et municipales au Royaume Uni, prévues pour le 7 mai, seront reportées d'un an en raison de l'épidémie.

Plus généralement, pourquoi la France n'a-t-elle pas formé suffisamment d'épidémiologistes et virologues. Les étudiants en médecine après 10 années d'études supérieures austères sont moins encouragés à choisir la médecine de ville que la chirurgie ou la médecine esthétique, très rémunératrices. Les disciplines qui ne conduisent pas à des travaux immédiatement convertibles en profit ne sont guère estimables et peu fréquentées par les étudiants.

Plus généralement les moyens alloués à la recherche fondamentale ne cessent de s'amoindrir. Plus du tiers des chercheurs sont des vacataires en situation précaire. Précédemment les manifestations des chercheurs demandant une augmentation des crédits de la recherche ont été traitées avec mépris et considérées comme un phénomène corporatiste. Bientôt, il n'y aura plus en France de recherche indépendante du privé et les travailleurs précaires constitueront la moitié des chercheurs. Comment encourager le travail de virologues auxquels on soustrait les moyens de faire fonctionner leurs laboratoires ? Aujourd'hui, beaucoup pensent que la recherche fondamentale qui aurait pu mettre en œuvre très rapidement des techniques fiables, rapides, non coûteuses et généralisables de diagnostic.

Il en est de même de la recherche d'un vaccin fiable. On annonce que ceci demandera plusieurs années. L'opinion a peine à y croire, vu ce que peut faire la science dans d'autres domaines. Chacun sait que les laboratoires privés hésitent à s'engager dans la recherche de vaccins efficaces craignant qu'en cas de succès le nombre prévisible de malades s'effondre, au détriment de la demande des vaccins qu'ils pourraient produire.

Il en est surtout de même du secteur hospitalier public dont l'on constate la saturation, obligeant de n'y accepter que les patients les plus atteints. C'est à ce même secteur hospitalier qu'il y a peu de temps encore Emmanuel Macron voulait imposer des milliards d' »économies »

Dans un article précédent, nous indiquions qu'Emmanuel Macron devra choisir entre le soutien à l'Etat-providence et la privatisation des systèmes de santé.Tout laisse craindre que malgré l'épidémie actuelle qui paralyse la France, il ne poursuivre la privatisation et la commercialisation des systèmes de santé, les réservant à la classe politique minoritaire qui l'a élu.

Quant au confinement généralisé qu'il se voit aujourd'hui obligé d'imposer, sauf aux commerces de première nécessité, on ne voit pas pourquoi un vendeur de produits alimentaires ou même un pharmacien accepterait de se faire contaminer. Le bon sens lui imposera de fermer boutique.

 

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samedi, 07 mars 2020

L'épidémie de grippe dite « espagnole » et sa perception par l’armée française (1918-1919)

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L'épidémie de grippe dite « espagnole » et sa perception par l’armée française (1918-1919)

par Olivier Lahaie
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Résumés

En 1918, la France compte plus de 22.000 morts aux armées du fait de la grippe. Le Service de santé entreprend de sensibiliser toutes les régions militaires sur les mesures prophylactiques à adopter, mais le corps médical est globalement impuissant à enrayer une pandémie dont les origines restent obscures. Sa virulence, sa facilité à se propager laissent penser qu’elle n’est pas l’œuvre du hasard, mais plutôt celle des bactériologistes d’outre-Rhin. S’agit-il même d’une grippe ? Rien n’est moins sûr, surtout pour les services de renseignements français qui doutent devant les manifestations de la maladie. S’il est un fait incontestable aujourd’hui, c’est que la maladie s’est répandue chez tous les belligérants et qu’elle a durement frappé le camp allemand, affaibli par la pénurie alimentaire. Inutile de préciser qu’elle s’est évanouie sans que le contre-espionnage français ait pu arrêter (et pour cause) un agent allemand, porteur d’éprouvettes remplies de souches virales non identifiés.

1 Meyer (J.), Ducasse (A.), Perreux (G.), Vie et mort des Français 1914-1918, Paris, Hachette, 1960, (...)
2 Archives du Val-de-Grâce, citées par : Darmon (P.), « La grippe espagnole submerge la France »,, L (...)
3 Dans L’Illustration du 19 octobre 1918, le docteur F. Heckel note « l’extension et la persistance (...)
4 Barbier (Dr M.), « La grippe de 1918-1919 dans un service de l’Hôpital Saint-Antoine », 1919, cité (...)


Le 13 octobre 2004, la revue Nature présente le fruit des travaux d’une équipe de biologistes américano-japonais et met un terme à une énigme vieille de près de 90 ans : ces chercheurs sont parvenus à reconstituer, par génie génétique, le virus de la grippe dite « espagnole ». Cinq des huit gènes du virus de 1918 ayant été prélevés sur des cadavres congelés de victimes de la pandémie, on a pu obtenir en laboratoire les protéines « H » et « N », caractéristiques de la souche espagnole. Inoculés à des souris, les virus reconstitués ont engendré des symptômes grippaux sévères, souvent mortels, entraînant des atteintes inflammatoires aux poumons. Mais quel était donc le fond de cette « énigme » que nous venons de mentionner ? C’est finalement – et aussi étrange que cela puisse paraître – que cette épidémie de 1918 était bien une grippe ! Mais revenons aux faits. En 1916 déjà, la France est frappée par une épidémie de grippe, rappelant « l’influenza » du passé et que l’on surnomme à l’époque « la grippe vertigineuse » 1. Quelques cas de pneumonie et de pleurésie purulente surviennent en 1916-1917 parmi les Annamites, avec des taux de mortalité voisins de 50 % 2. Mais ces épisodes ne sont rien, comparés à la véritable saignée démographique que provoque l’épidémie de grippe dite « espagnole » en 1918 ; du jamais vu en quelque sorte, depuis l’épidémie de peste noire 3. « Nous ne retrouverons pas, dans nos cas, de complications ou de faits qui aient déjà été signalés dans une épidémie antérieure » 4, ainsi que le souligne le corps médical d’alors.

5 Madrid est alors fortement touchée et l’ambassade de France doit cesser ses activités.
 
Cette grippe frappe l’Europe en trois vagues successives (printemps 5, automne, hiver 1918). En France, celles-ci sont ressenties de la manière suivante :

6 Entre le 10 et le 20 avril 1918, des cas de grippe sont répertoriés dans les tranchées à Villers-s (...)

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L’épidémie débute entre le 10 et le 20 avril 1918, aux armées 6 comme dans les villes. Elle dure jusqu’à la fin de juin 1918 et se traduit par une poussée de fièvre bénigne ; elle est remarquable par sa forte contagion, puisque la maladie dépasse les frontières nationales.

7 Le 22 septembre, Le Matin avait annoncé, un peu hâtivement, que la maladie était éradiquée. Paris (...)

La 2e vague dure de septembre à octobre 1918 ; c’est la plus meurtrière d’entre toutes et elle se répand cette fois dans le monde entier 7.

La 3e vague dure de la fin de 1918 au printemps 1919. Toute aussi dangereuse que la précédente, ses symptômes sont comparables à ceux de la peste pneumonique ou de la forme respiratoire du charbon.

8 Dopter (C.), Les maladies infectieuses pendant la guerre (étude épidémiologique), Paris, Alcan, 1 (...)
9 Service historique de la Défense, archives de la guerre (SHD/GR), 7 N 170 : « Épidémie de grippe ; (...)
10 Note du 26octobre1918, citée dans J.-J. Becker, op.cit., p. 83.
11 Meyer (J.), Ducasse (A.), Perreux (G.), op.cit., p. 357.
12 Becker (J.-J.), op.cit., p. 82.


Dès l’année 1918, la France déplore plus de 22 000 morts aux armées du fait de la grippe. C’est vrai, les conditions de vie dans les tranchées se sont améliorées depuis la fin de 1914 ; mais l’eau souillée, la saleté, la vermine (rats, puces, mouches), les cadavres sommairement enterrés ou déterrés par les bombardements, expliquent toujours qu’un large panel de « germes infectieux aient toutes facilités pour se propager et exercer à l’envi leurs ravages » 8. La promiscuité facilite quant à elle la propagation du virus grippal. En cette dernière année de guerre, cette maladie particulièrement contagieuse a donc un poids économique, humain et, par ricochet, des conséquences militaires 9. Une note des Renseignements généraux fait d’ailleurs remarquer qu’au Palais de justice de Paris, « on parle beaucoup plus de la grippe, et des ravages qu’elle exerce, que de la guerre et de la paix » 10. Car bien évidemment, à l’arrière, la population n’est pas épargnée. En automne 1918 : « On compta bientôt les morts par milliers. À l’hôpital de Joigny, un homme par heure quitte ce monde. Lyon, qui manque de corbillards et de cercueils, est obligé – je l'ai vu, de mes propres yeux vu – de transporter les cadavres dans des linceuls improvisés, à même les charrettes, et d’enterrer la nuit. Des scènes identiques se déroulent à Paris, où, dans la dernière semaine d’octobre, meurent 300 personnes par jour et où les ensevelissements ont lieu très tard dans la soirée. En un mois, la grippe espagnole a causé, dans la capitale, plus de mal que les avions et les canons en quatre ans de guerre. » Pendant la semaine du 10 au 17 octobre 1918, 1 263 Parisiens décèdent de la grippe ; 1 700 si l’on ajoute ceux qui en sont morts de façon indirecte, par surinfection 12. Très contagieuse, la maladie exerce facilement des ravages au sein d’une population affaiblie par quatre années de privations alimentaires. Il faut souligner qu’en 1918, la ration quotidienne de pain n’est que de 300 grammes à Paris. Cependant, la grippe touche aussi des hommes jeunes et vigoureux. Elle a ainsi fait de terribles ravages aux États-Unis et en Suisse, pays qui n’étaient pas affectés par une quelconque pénurie alimentaire. Entre 1918 et 1919, la grippe va tuer 550 000 Américains, civils ou militaires, soit plus que les deux guerres mondiales, la guerre de Corée et celle du Viêt-nam réunies.

13 Heckel (Dr F.), « La grippe épidémique actuelle », L’Illustration, no 3948, 2novembre1918, p. 425. (...)
14 Heckel (Dr F.), article paru dans L’Illustration du 19 octobre 1918, op.cit., p. 373.
15 Idem.


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Cette maladie opportuniste profite des brassages ethniques importants, nés de la guerre, pour se répandre rapidement dans toutes les régions du globe et parmi toutes les couches sociales. Toute négligence à isoler une personne se sachant atteinte se traduit immanquablement par « des contagions de voisinage qui peuvent décimer une famille, un village, parfois toute une population » 13. « Pour la grippe, il semble bien que très peu de personnes puissent résister à une exposition prolongée ou répétée ; la seule cause (de contamination) réelle, indispensable, est le contact avec le contage microbien, encore contesté de cette maladie, qu’il soit fourni par un malade déjà atteint, ou par un objet inerte précédemment contaminé, ou même par une personne qui, non atteinte elle-même, porte sur elle le germe pris auprès d’un malade. » 14 Le personnel médical doit être particulièrement vigilant et veiller à circonvenir les risques de propagation du virus. « L’ignorance et la légèreté de la masse du public, l’incompréhension des nécessités d’isolement, de prophylaxie, prolongent depuis près de six mois une épidémie dont la durée habituelle ne dépasse pas six semaines » 15, regrette un praticien.

16 SHD/GR, 7 N 170 : « Au sujet de la grippe ; Note du sous-secrétariat d’État du Service de Santé Mil (...)


Le service de santé entreprend de sensibiliser toutes les régions militaires sur les mesures à adopter : « Il m’est signalé que, dans quelques circonstances, les mesures destinées à lutter contre la grippe et ses complications broncho-pulmonaires n’ont pas été appliquées avec toute l’exactitude, la précision et la célérité indispensables. Ces faits sont exceptionnels ; mais il importe qu’aucune lacune ne subsiste dans une action prophylactique d’aussi haute importance. S’il est vrai que la prophylaxie est particulièrement difficile et demeure souvent inopérante vis-à-vis d’une maladie extrêmement contagieuse, dont le germe spécifique est d’ailleurs mal déterminé, il faut reconnaître que des mesures intelligemment et consciencieusement appliquées doivent limiter la contagion, réduire le nombre des foyers, abaisser le chiffre des cas compliqués et le taux de mortalité : il importe donc de persévérer sans relâche dans l’effort prophylactique. » 16

17 Heckel (Dr F.), article paru dans L’Illustration no 3948, 2 novembre 1918, op.cit. p. 425.
18 « Complication la plus redoutable par la rapidité avec laquelle elle peut menacer la vie du malade, (...)
19 Heckel (Dr F.), article paru dans L’Illustration du 19 octobre 1918, op.cit. p. 373.
20 Crosby (A. W. Jr.), Epidemic and Peace 1918, London, ed.Westport, 1976.
21 Combinaison de phénétidine et d’acide citrique, découverte par le Dr J. Roos. Utilisé comme antithe (...)
22 Heckel (Dr F.), article paru dans L’Illustrationdu 2 novembre 1918, op.cit. et Darmon (P.), op.cit. (...)


Ce qui frappe les observateurs, c’est aussi la brutalité de cette nouvelle maladie : quatre mois après leur infection, ce sont 90 % des malades qui sont passés de vie à trépas ; « à son début, une grippe promenée conduit souvent au cimetière » 17. Elle envahit l’organisme par les muqueuses aériennes supérieures (nez, pharynx), puis se propage dans les voies broncho-pulmonaires. Les symptômes vont ensuite crescendo en se déclinant de la façon suivante : des courbatures, des douleurs stomacales, de fortes fièvres (au-dessus de 40 degrés), un sentiment d’oppression, des crachats sanglants répétitifs, suivis de graves complications pulmonaires (pneumonies, broncho-pneumonies, œdèmes 18, congestions) et même d’infarctus. Les patients qui en réchappent sont, pendant plus d’un mois, dans un état d’extrême faiblesse. Profitant de la situation, d’autres microbes opportunistes s’associent à la grippe ou prennent sa suite (staphylocoques, streptocoques, pneumocoques), ce qui accroît encore le nombre de décès 19. « Le fait important et le plus incompréhensible à propos de la grippe espagnole est qu’elle a tué des millions de personnes en une année ou moins. Jamais rien, ni maladie, ni guerre, ni famine, n’a tué autant en si peu de temps. » 20 Démuni, le corps médical est impuissant à enrayer la pandémie et préconise pêle-mêle : l’alitement, la pose de ventouses, les saignées, les injections sous-cutanées d’oxygène, de toniques cardiaques (caféine, digitale, huile camphrée, adrénaline, essence de térébenthine), l’administration d’antithermiques (quinine, cryogénie, citrophène 21), les enveloppements froids de la poitrine, l’alimentation liquide et légère. Le quidam y ajoute, sans plus de succès, des remèdes de grand-mères 22.

23 Ou de Saint-Sébastien.

À l’époque, les origines de cette pandémie demeurent obscures. Son caractère hautement infectieux, sa facilité à se répandre laissent penser qu’elle n’est pas née – et qu’elle ne se diffuse pas – « par hasard », mais qu’elle est plutôt l’œuvre des bactériologistes d’outre-Rhin. En avril 1918, la presse française parle d’ailleurs d’une maladie « venant d’Allemagne », se manifestant par un affaiblissement des patients et une chute brutale de leur température corporelle. Elle ne sous-entend pas par là que les premiers malades sont des Allemands (puisque la maladie a d’abord frappé la Chine, l’Amérique, l’Angleterre et la Suisse), mais qu’après les gaz de combat, cette dernière est, à n’en point douter, une nouvelle et terrible invention germanique. Pourtant, des bruits insistants situent son origine en Espagne 23.

24 Berger (M.) et Allard (P.), Les secrets de la censure pendant la guerre, Paris éd. des Portiques, 1 (...)
25 Service de manipulation bactériologique dépendant du Nachrichtenbüro allemand, chargé de répandre c (...)
26 Crozier (J.), En mission chez l’ennemi, Paris, éd. A. Rédier, 1930, p. 118.


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S’agit-il même d’une grippe ? Rien n’est moins sûr, surtout au sein des services de renseignement français ; devant les manifestations de la maladie, le doute s’installe. « La grippe, la terrible grippe "espagnole″, ou bien la peste ! », avance-t-on dans les milieux bien informés 24. Son caractère décimateur la fait incontestablement comparer à la terrible peste noire qui se répandit au Moyen Âge en Europe. À l’état-major de l’armée, on s’interroge et si des bacilles de peste avaient été répandus, à dessein, par le redoutable service « S » germanique, basé en Espagne ? 25 : « Vous souvenez-vous de cette maladie mystérieuse qui nous vint du front français ou bien du front allemand et qui infesta d’ailleurs les deux armées ? On la dénomma grippe espagnole et c’était en réalité la peste. Mais ceci est une autre histoire… Quel jeu de répandre ces microbes dans les agglomérations, sans que personne puisse découvrir ou même soupçonner l’origine du mal », écrit un ancien agent secret français dans l’entre-deux-guerres 26.

27 Sur ce plan, la population range : grippe, canons à longue portée Berthas, bombardiers Gothas et Ze (...)
28 Becker (J.-J.), op.cit., p. 83.
29 Du 1er septembre 1918 au 29 mars 1919, l’épidémie fait 210 victimes/jour dans la capitale, soit 10 (...)
30 Préfecture de la Seine, direction de l’hygiène : « Épidémie de grippe à Paris ; 30 juin 1918-26 avr (...)
31 Cité par : Darmon (P.), op.cit., p. 83.
32 Idem.
33 Cf. « Ce que le docteur Roux, de l’Institut Pasteur, pense de la grippe », Le Petit Journal, 27 oc (...)

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Quelle que soit la nature du virus, on s’accorde donc à dire que l’épidémie est une création de l’ennemi, ce dernier visant à répandre la mort à peu de frais derrière la ligne de front 27. Les rumeurs les plus folles circulent : « Des bruits couraient dans le public que la maladie avait été provoquée par des conserves venues d’Espagne et dans lesquelles des agents allemands auraient introduit des bacilles pathogènes. » 28 À Paris, la mortalité s’aggravant, de semaine en semaine 29, fait que la population affiche une anxiété grandissante puisque alimentée par d’innombrables ragots 30. Le 20 septembre, un rapport adressé par un inspecteur de la brigade spéciale au préfet de police de Paris tente d’y voir clair : « D’après les médecins militaires, l’épidémie de grippe dite « espagnole » aurait pour origine la consommation de conserves alimentaires de provenance espagnole et dans lesquelles auraient été introduit des bacilles. On a dit aussi que de nombreuses fabriques de conserves sont entre les mains des Allemands. On prétend que les oranges ont aussi subi des injections de même nature. » 31 Une lettre, postée par un soldat à Toulon, est bloquée par la censure : il avance que si la pandémie se répand, c’est à cause d’ « un vaccin empoisonné, fourni par les Boches » 32. Aussitôt, le contre-espionnage français cherche des indices, quête qui – bien entendu – s’avère vaine. Le 27 octobre, un journaliste du quotidien Le Petit Journal procède à l’interview d’un chercheur de l’Institut Pasteur, cherchant à recueillir l’avis d’un spécialiste pour confirmer certaines rumeurs sur l’origine de la maladie : « Des médecins et des fonctionnaires ont émis des doutes sur la nature de cette épidémie. On a été jusqu’à suggérer que ça pourrait ne pas être la grippe, mais une maladie mystérieuse contre laquelle on serait désarmé. À votre avis, Docteur, quelle est cette épidémie ? » Le scientifique garde les pieds sur terre et confirme qu’il s’agit bien du virus de la grippe, déjà identifié en 1889 et 1910 33.

34 Statistique citée par : Darmon (P.), op.cit. p. 83.
35 Commentaire recueilli par un policier et cité dans P. Darmon, op.cit., p. 84.
36 À Lyon, on parle d’ailleurs de grippe « chinoise ».
37 Il semble aujourd’hui que le cheminement ait été successivement : la Chine, les États-Unis, la Fr (...)


Grippe ou pas, le service de santé de l’armée est légitimement inquiet et envisage toutes les éventualités. De septembre à novembre 1918, ce sont 230 000 soldats qui sont contaminés, la promiscuité aidant 34. Au moment où les alliés reprennent l’initiative des opérations militaires (et où la fabrication des munitions est vitale), la maladie semble faire le jeu des Allemands puisqu’elle paralyse l’activité économique et la vie sociale en France. « Ce fléau est plus terrible que la guerre ou que les Berthas et les Gothas » se lamente une ménagère parisienne 35. S’agissant de localiser le berceau de l’épidémie, la communauté scientifique ne peut apporter de réponse précise : compte tenu des premiers cas observés, doit-on affirmer qu’elle est née en Chine (Canton) ? A-t-elle été rapportée en France par des marins 36, ou est-elle apparue dans un camp militaire de Caroline du Sud aux États-Unis, puis a-t-elle « débarqué » avec les Sammies à Brest ? Mystère 37. Comment expliquer par ailleurs que cette grippe ne disparaisse pas avec l’été ? Nouveau mystère. Après une baisse des cas enregistrés en juin (12 000 cas dont 14 mortels) et en juillet (moins de 3 000 malades et 6 décès), l’épidémie repart de plus belle en août. Il y a alors 3 135 soldats hospitalisés (243 décès) ; ce nombre passe à 24 282 en septembre (2 124 décès), 75 519 en octobre (6 017 décès). Entre août et octobre, le nombre exact de malades et de morts parmi les civils est inconnu.

38 Provoquée par le coccobacille de Pfeiffer ; virus A° (1889) et virus A2 (1890). Becker (J.-J.), op. (...)
39 Heckel (Dr F.), article paru dans L’Illustration no 3948, 2 novembre 1918, op.cit., p. 425.
40 Témoignage du Dr Weil de Nantes cité dans P. Darmon, op.cit., p. 82.


L’Académie de médecine, l’Institut Pasteur et le Val-de-Grâce, loin de rassurer civils et militaires, se perdent en conjectures sur l’origine de cette pandémie. On croit un temps reconnaître le virus de l’épidémie de grippe de 1889-1890 38. Mais finalement, le plus urgent n’est pas là ; il faut absolument parvenir à ralentir le nombre des contaminations, lequel s’accroît de manière exponentielle. « La maladie n’est pas seulement redoutable par sa virulence ; elle l’est encore par son caractère insidieux et ses traîtrises. » 39 Les médecins avouent leur dépit : « On a laissé un matin un pneumonique en bon état avec un ou deux foyers de condensation et, le soir, on le retrouve dyspnéique, inquiet, s’agitant dans son lit, avec les lèvres cyanosées. L’homme devient bleu, baigné de sueurs profuses, commence à râler et la mort survient.» 40

41 SHD/GR, 7 N 170 et 7 N 2003 : courriers divers traitant de ces questions immobilières, en rapport (...)
42 Barbier (Dr M.), La grippe de 1918-1919 dans un service de l’Hôpital Saint-Antoine, 1919, cité dans (...)
43 Témoignage du Dr Merklen, Morbihan et Finistère, cité dans P. Darmon, op.cit., p. 82.


Devant l’ampleur du phénomène, l’ensemble du corps médical se trouve vite débordé. L’armée doit trouver des locaux pour isoler ses malades et remet donc en activité des casernes désaffectées 41. Dans le même temps, elle détache des médecins auprès des hôpitaux civils pour soigner les malades qui s’y accumulent. « Nous nous trouvions vraiment en face d’une grande épidémie, devant laquelle nous nous sentions impuissants. Certains, même, devant la gravité des symptômes et l’allure foudroyante de la maladie, allèrent jusqu’à penser à la peste, au choléra » 42, se souvient avec angoisse un médecin. Il ne s’agit donc pas simplement de « fabulation populaire, qui parle de sujets morts après quelques heures de maladie, devenant noirs, de peste, de choléra et qui veut qu’il s’agisse là d’une maladie nouvelle »43. C’est tout le corps médical qui se met à douter.

44 Ludendorff (maréchal E.), Souvenirs de guerre, Paris, Payot, 1921, t. 2, p. 257.
45 Miquel (P.), La Grande Guerre, Paris, Fayard, 1978, p.566.


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S’il est un fait incontestable aujourd’hui, c’est que la maladie s’est répandue chez tous les belligérants et qu’elle a durement frappé le camp allemand, affaibli par la pénurie alimentaire née du blocus franco-britannique. Dans ses Souvenirs de guerre, Ludendorff écrit ainsi (juin 1918) : « La grippe se répandit un peu partout ; le Groupe d’armées du Kronprinz Rupprecht fut particulièrement atteint. C’était pour moi une occupation sérieuse d’entendre chaque matin, de la bouche des chefs, les chiffres élevés des cas de grippe et leurs plaintes sur la faiblesse des troupes, si les Anglais se décidaient tout de même à attaquer. » 44 Le Matin du 6 juillet 1918 se réjouit un peu vite du fait que la France se soit faite, avec la grippe, une nouvelle alliée : « En France, elle est bénigne ; nos troupes, en particulier, y résiste merveilleusement. Mais de l’autre côté du front, les Boches sont très touchés. Est-ce là le symptôme précurseur de la lassitude, de la défaillance des organismes dont la résistance s’épuise ? Quoi qu’il en soit, la grippe sévit en Allemagne avec intensité. » Bel exemple de « bourrage de crânes », puisqu’on dit bientôt que la grippe se répand en France « à la vitesse d’un train express » 45.

46 Becker (J.-J.), op.cit., p. 82. Un compte rendu du 2e bureau de l’EMA sur « L’état sanitaire de l’A (...)

Début octobre 1918, une dépêche venant de Zurich parle néanmoins de « 420 000 cas de grippe dans l’armée du Reich » ce qui prouve à tous que, d’une part, l’ennemi n’est pas épargné, et que d’autre part, s’il est vraiment responsable du fléau, il doit désormais le regretter amèrement 46.

47 Perreux (G.), La vie quotidienne des civils pendant la Grande Guerre, Monaco, Hachette, 1966, p. 13 (...)

« Alors qu’en 1914, la grippe ordinaire a causé 3 946 morts, en 1915, 5 068, en 1916, 4 997, en 1917, 4 845, c’est 91 465 décès qu’il faut inscrire au bilan de la grippe espagnole pour la seule année 1918. » 47 On tente pourtant de réagir face au fléau. Facultés de médecine et « comité permanent d’hygiène » diffusent avertissements et procédés prophylactiques par voie de presse. Le service de santé tente de protéger l’armée en diffusant dans tous les corps une circulaire au titre évocateur : « Mesures à prendre en temps d’épidémie de choléra, de grippe, de peste et de typhus », rédigée en 1895 à l’usage des troupes coloniales. Le 4 octobre, le sous-secrétaire d’État à l’Intérieur Albert Fabre envoie des instructions aux préfets pour coordonner la lutte contre l’épidémie et réussir à endiguer sa propagation : désinfection des lieux publics, fermeture éventuelle de ceux-ci, limitation des activités et des déplacements. Dans les hôpitaux, il faut d’abord isoler les malades, tendre des draps autour des lits, se laver mains et bouche après les soins, porter des masques ou des tampons de gaze imprégnés de désinfectant, des blouses et des gants de caoutchouc, utiliser de l’huile phéniquée en pulvérisations nasales ou buccales. Des trains spéciaux sont aménagés pour séparer militaires et civils, ceci afin d’éviter la contagion de l’avant à l’arrière ou vice versa ; après chaque transport, les wagons sont désinfectés. Dans les commissariats de quartier, un cycliste est désigné chaque nuit pour aller chercher les médicaments prescrits dans les pharmacies de garde.

48 Becker (J.-J.), op.cit., p. 82.
49 Darmon (P.), op.cit., p. 85.


Le 8 octobre 1918, une commission est nommée par l’Académie de médecine pour tenter d’éradiquer la maladie. Une série de vaccins et de sérums voit alors le jour, mais tous restent inefficaces. Le 10 octobre, la municipalité de Caen décide la fermeture des salles de spectacle, interdit les réunions et réduit les cérémonies religieuses de la Toussaint 48. Le rhum – qui entre dans l’arsenal de la pharmacopée antigrippale – est délivré sur ordonnance ; à Paris, 500 hectolitres sont débloqués par le ministre du Ravitaillement. Rien n’y fait. Le 17 octobre, Le Matintitre : « L’épidémie de grippe ne décroît pas » ; deux jours plus tard, le conseil municipal de Paris réclame d’autres mesures de protection ; le 25, des députés interpellent le gouvernement, prenant prétexte de la faiblesse des moyens mis en œuvre pour lutter contre la grippe. Il faut bientôt fermer les lycées pour éviter la contagion. En octobre 1918, ce sont 616 Parisiens qui meurent des suites de leur infection 49.

50 Le docteur Armand Gautier guérit quelques patients à l’« Hôpital des enfants assistés » (service d (...)
51 En septembre 1918, l’armée française déplore 2 000 morts du fait de la grippe ; le 11 novembre 1918 (...)


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Début novembre, les chercheurs pensent avoir mis au point un vaccin 50, mais l’espoir est de courte durée puisque la parade se révèle une nouvelle fois inopérante. La science demeure impuissante à juguler cette grippe qui tue trois fois plus de militaires que de civils. Seule reste donc la prophylaxie pour espérer limiter la mortalité, ce qui est notoirement insuffisant. De mai 1918 à novembre 1918 51, ce sont 22 618 soldats français qui décèdent de la grippe, et encore 30 382 de plus entre novembre 1918 et août 1919. La grippe a ainsi contaminé 130 soldats sur 1 000 (soit 436 000 hommes), et en a tué près de 10 sur 1 000 (soit l’équivalent de six divisions) entre le 1er mai 1918 et le 30 avril 1919. De manière inexpliquée, une légère amélioration s’est cependant dessinée courant novembre 1918. La baisse du nombre des contaminés a malgré tout constitué un faux espoir puisque l’épidémie est repartie début 1919, frappant jusqu’à fin avril. Entre 1918 et 1919, la pandémie a ainsi provoqué la mort de près de 20 à 25 millions de personnes dans le monde (sur un milliard de malades) dont 165 000 à 210 000 en France. À titre de comparaison, la Grande Guerre a tué 13 millions de personnes. Inutile de préciser qu’elle s’est évanouie sans que le contre-espionnage français ait pu arrêter – et pour cause – un agent secret allemand, venu de Madrid (ou d’ailleurs), et porteur d’éprouvettes remplies de souches virales non identifiés…

Notes

1 Meyer (J.), Ducasse (A.), Perreux (G.), Vie et mort des Français 1914-1918, Paris, Hachette, 1960, p. 356, note 2.

2 Archives du Val-de-Grâce, citées par : Darmon (P.), « La grippe espagnole submerge la France »,, L’Histoire, no 281, novembre 2003, p. 80.

3 Dans L’Illustration du 19 octobre 1918, le docteur F. Heckel note « l’extension et la persistance anormale de l’épidémie grippale » frappant la France. Voir son article : « La grippe ; son traitement préventif, prophylactique et abortif », p. 373.

4 Barbier (Dr M.), « La grippe de 1918-1919 dans un service de l’Hôpital Saint-Antoine », 1919, cité dansJ.-J. Becker, « 20 millions de morts ! La grippe espagnole a frappé », article paru dans L’Histoire, no 40, décembre 1981, p. 82.

5 Madrid est alors fortement touchée et l’ambassade de France doit cesser ses activités.

6 Entre le 10 et le 20 avril 1918, des cas de grippe sont répertoriés dans les tranchées à Villers-sur-Coudun.

7 Le 22 septembre, Le Matin avait annoncé, un peu hâtivement, que la maladie était éradiquée. Paris est frappée à partir du 8 octobre 1918 par l’épidémie.

8 Dopter (C.), Les maladies infectieuses pendant la guerre (étude épidémiologique), Paris, Alcan, 1921, p. 3.

9 Service historique de la Défense, archives de la guerre (SHD/GR), 7 N 170 : « Épidémie de grippe ; Note du Président du Conseil, ministre de la Guerre, à MM. Les Généraux commandant les Régions Nord, 3 à 13, 15 à 18, 20 et 21, le Général commandant les troupes françaises de l’Afrique du Nord », signée « P.O. le Général faisant fonction de Chef d’état-major de l’Armée Alby », 16octobre1918.

10 Note du 26octobre1918, citée dans J.-J. Becker, op.cit., p. 83.

11 Meyer (J.), Ducasse (A.), Perreux (G.), op.cit., p. 357.

12 Becker (J.-J.), op.cit., p. 82.

13 Heckel (Dr F.), « La grippe épidémique actuelle », L’Illustration, no 3948, 2novembre1918, p. 425. Cependant, le rapport contaminés/décédés est encore relativement faible, c’est-à-dire de l’ordre de 3 %. Becker (J.-J.), op.cit., p. 83.

14 Heckel (Dr F.), article paru dans L’Illustration du 19 octobre 1918, op.cit., p. 373.

15 Idem.

16 SHD/GR, 7 N 170 : « Au sujet de la grippe ; Note du sous-secrétariat d’État du Service de Santé Militaire à MM. Les Directeurs du Service de Santé de toutes les Régions, GMP, Région du Nord, Afrique du Nord, Tunisie », signée « Louis Mourier », 3 octobre 1918.

17 Heckel (Dr F.), article paru dans L’Illustration no 3948, 2 novembre 1918, op.cit. p. 425.

18 « Complication la plus redoutable par la rapidité avec laquelle elle peut menacer la vie du malade, parfois en quelques heures [par] une poussée de congestion menaçant de submerger l’organe pulmonaire tout entier en faisant disparaître la fonction respiratoire ». Idem.

19 Heckel (Dr F.), article paru dans L’Illustration du 19 octobre 1918, op.cit. p. 373.

20 Crosby (A. W. Jr.), Epidemic and Peace 1918, London, ed.Westport, 1976.

21 Combinaison de phénétidine et d’acide citrique, découverte par le Dr J. Roos. Utilisé comme antithermique et analgésique, ce médicament a donné de bons résultats contre la fièvre typhoïde, la tuberculose, la migraine et les névralgies. Littre (E.), Guilbert (A.), Dictionnaire de médecine, de chirurgie, de pharmacie et des sciences qui s’y rapportent, Paris, éd. J.-B. Baillère, 21e éd., 1908, p. 337.

22 Heckel (Dr F.), article paru dans L’Illustrationdu 2 novembre 1918, op.cit. et Darmon (P.), op.cit. p. 84.

23 Ou de Saint-Sébastien.

24 Berger (M.) et Allard (P.), Les secrets de la censure pendant la guerre, Paris éd. des Portiques, 1932, p. 353.

25 Service de manipulation bactériologique dépendant du Nachrichtenbüro allemand, chargé de répandre chez les alliés (ou dans les pays neutres ravitaillant les puissances de l’Entente) les bacilles de la morve et du charbon dans le but de décimer les chevaux militaires et le cheptel (porcs et bovins essentiellement). Voir : Riviere (commandant P.-L.), Un centre de guerre secrète, Madrid (1914-1918), Paris, Payot, 1936, p. 99 et suiv.

26 Crozier (J.), En mission chez l’ennemi, Paris, éd. A. Rédier, 1930, p. 118.

27 Sur ce plan, la population range : grippe, canons à longue portée Berthas, bombardiers Gothas et Zeppelins sur un pied d’égalité.

28 Becker (J.-J.), op.cit., p. 83.

29 Du 1er septembre 1918 au 29 mars 1919, l’épidémie fait 210 victimes/jour dans la capitale, soit 10 059 morts.

30 Préfecture de la Seine, direction de l’hygiène : « Épidémie de grippe à Paris ; 30 juin 1918-26 avril 1919 ».

31 Cité par : Darmon (P.), op.cit., p. 83.

32 Idem.

33 Cf. « Ce que le docteur Roux, de l’Institut Pasteur, pense de la grippe », Le Petit Journal, 27 octobre 1918.

34 Statistique citée par : Darmon (P.), op.cit. p. 83.

35 Commentaire recueilli par un policier et cité dans P. Darmon, op.cit., p. 84.

36 À Lyon, on parle d’ailleurs de grippe « chinoise ».

37 Il semble aujourd’hui que le cheminement ait été successivement : la Chine, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Suisse (juin), le Danemark et la Suède (juillet), la Hollande et la Suède (août), la Grèce (septembre).

38 Provoquée par le coccobacille de Pfeiffer ; virus A° (1889) et virus A2 (1890). Becker (J.-J.), op.cit., p. 83. La première semaine de janvier 1890, le virus avait tué 960 Parisiens. Darmon (P.), op.cit., p. 85.

39 Heckel (Dr F.), article paru dans L’Illustration no 3948, 2 novembre 1918, op.cit., p. 425.

40 Témoignage du Dr Weil de Nantes cité dans P. Darmon, op.cit., p. 82.

41 SHD/GR, 7 N 170 et 7 N 2003 : courriers divers traitant de ces questions immobilières, en rapport avec l’épidémie.

42 Barbier (Dr M.), La grippe de 1918-1919 dans un service de l’Hôpital Saint-Antoine, 1919, cité dans J.-J. Becker, op.cit., p. 82.

43 Témoignage du Dr Merklen, Morbihan et Finistère, cité dans P. Darmon, op.cit., p. 82.

44 Ludendorff (maréchal E.), Souvenirs de guerre, Paris, Payot, 1921, t. 2, p. 257.

45 Miquel (P.), La Grande Guerre, Paris, Fayard, 1978, p.566.

46 Becker (J.-J.), op.cit., p. 82. Un compte rendu du 2e bureau de l’EMA sur « L’état sanitaire de l’Allemagne » se rapportant à la progression de la grippe entre le 28 octobre 1918 et le 3 novembre 1918 figure au Service historique de la Défense (SHD/GR, 7 N 937). Fin octobre, la maladie se répand aussi au Danemark.

47 Perreux (G.), La vie quotidienne des civils pendant la Grande Guerre, Monaco, Hachette, 1966, p. 130.

48 Becker (J.-J.), op.cit., p. 82.

49 Darmon (P.), op.cit., p. 85.

50 Le docteur Armand Gautier guérit quelques patients à l’« Hôpital des enfants assistés » (service du Dr Variot).

51 En septembre 1918, l’armée française déplore 2 000 morts du fait de la grippe ; le 11 novembre 1918, on compte encore 16 383 soldats hospitalisés. Du côté allemand, 187 000 soldats en sont morts et, dans le camp britannique, 112 000. Quid, Paris, 2004, p. 216 ; Becker (J.-J.), op.cit., p. 82-83.

Olivier Lahaie, « L’épidémie de grippe dite « espagnole » et sa perception par l’armée française (1918-1919) », Revue historique des armées, 262 | 2011, 102-109.
Référence électronique

Olivier Lahaie

Source

vendredi, 31 janvier 2020

Comment la santé est devenue un enjeu géopolitique

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Comment la santé est devenue un enjeu géopolitique

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Ni l’altruisme ni la philanthropie n’expliquent la préoccupation des grandes puissances pour la santé mondiale. Mais plutôt des intérêts tantôt sécuritaires, tantôt économiques ou géopolitiques. Néanmoins, l’Europe pourrait mieux utiliser les fonds octroyés aux institutions internationales. La priorité revient à l’Afrique francophone, où se concentrent les défis des décennies à venir.
 
En 2000, cent quatre-vingt-treize Etats membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) et vingt-trois organisations internationales se fixent huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) : atteindre, d’ici à 2015, des « niveaux de progrès minimum » en matière de réduction de la pauvreté, de la faim, des inégalités, et d’amélioration de l’accès à la santé, à l’eau potable ainsi qu’à l’éducation (lire « Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) relatifs à la santé »).

D’emblée, Mme Gro Harlem Brundtland, alors directrice de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), identifie une priorité : dégager des financements à la hauteur du défi. Elle confie à M. Jeffrey Sachs, conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, la commission « Macroéconomie et santé » visant à accroître les investissements en faveur de la réalisation rapide des OMD dans la santé.

Entre 2000 et 2007, les financements mondiaux des pays en développement, provenant de partenariats public-privé associant le secteur industriel et commercial, notamment les fabricants de vaccins et de médicaments, ont été multipliés par quatre — par trois pour la période 2001-2010, atteignant un pic de 28,2 milliards de dollars en 2010. Les fonds américains publics et privés en constituent la plus grande part. La Fondation Bill et Melinda Gates a donné à elle seule près de 900 millions de dollars en 2012. L’Afrique aurait reçu 56 % des financements en 2010. L’aide mondiale au développement a augmenté de 61 % sur cette période, pour atteindre 148,4 milliards de dollars en 2010.

Aux Etats-Unis, une question sécuritaire

Pourtant, 2015 approche, et la réalisation des OMD demeure toujours aussi lointaine en Afrique subsaharienne. L’insuffisance des financements n’explique qu’en partie ces retards : d’autres facteurs, moins connus, ont aussi joué un rôle important. Il est utile d’y revenir, alors que se prépare l’élaboration des « nouveaux objectifs » à mettre en œuvre après 2015.

De nombreuses études et recherches montrent que l’allocation de l’aide mondiale ne repose pas seulement sur des critères épidémiologiques, de population, ou de charge de maladie, mais aussi sur ces puissants vecteurs que furent et que demeurent les intérêts commerciaux, les relations historiques et les rapports géopolitiques (lire « Mission inaccomplie en Afrique de l’Ouest »).

La relecture de l’histoire de la santé indique que la tenue des premières conférences internationales sur le sujet, au XIXe siècle, était moins motivée par le désir de vaincre la propagation de la peste, du choléra ou de la fièvre jaune que par la volonté de réduire au minimum les mesures de quarantaine, qui s’avéraient coûteuses pour le commerce… Ces tensions entre la médecine, la santé, les intérêts marchands et le pouvoir politique forment les termes d’une équation paradoxale inhérente à la question de la santé publique mondiale. L’accès des populations pauvres aux médicaments dans le cadre des Accords sur les aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (Adpic) exprime bien ces tensions, qui, dans le monde contemporain, peuvent aller jusqu’au bras de fer.

Les fondateurs et les partenaires du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme présupposent que les stratégies de lutte contre ces trois maladies sont pertinentes dans tous les pays et qu’« il ne manque plus que l’argent ». Pour comprendre cette vision financière des enjeux de santé et ses limites en termes d’efficacité, il faut revenir sur le contexte dans lequel le Fonds mondial a été créé.

En 1996, M. William Clinton, alors président des Etats-Unis, publie une directive appelant à une stratégie davantage orientée vers les maladies infectieuses. Il s’agit là moins d’un élan d’altruisme que d’une préoccupation de sécurité nationale. Propagation, conséquences économiques, retard dans le développement de nouvelles molécules, résistance des agents infectieux aux antibiotiques, mobilité des populations, croissance des mégapoles, faiblesse des systèmes de santé des pays pauvres : ces sujets inquiètent l’administration américaine, et ce bien avant les attentats du 11 septembre 2001.

Dès 1997, l’Institut de médecine, instance de référence scientifique américaine, publie un rapport expliquant que la santé mondiale est « d’un intérêt vital pour les Etats-Unis ». Pour la première fois apparaît l’expression global health, que nous traduisons par santé mondiale : « Les pays du monde ont trop en commun pour que la santé soit considérée comme une question relevant du niveau national. Un nouveau concept de “santé mondiale” est nécessaire pour traiter des problèmes de santé qui transcendent les frontières, qui peuvent être influencés par des événements se produisant dans d’autres pays, et auxquels de meilleures solutions pourraient être envisagées par la coopération. »

Alors que le sida se propage en Afrique australe de manière spectaculaire, la publication en 1999 par le ministère de la défense sud-africain de taux élevés de prévalence de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) chez les militaires de nombreux Etats d’Afrique alarme les autorités. Les capacités de défense nationale ne seraient, à court terme, plus suffisantes pour faire face à des conflits internes ou externes. Selon l’International Crisis Group (ICG), de nombreux pays « ne seront bientôt plus en mesure de contribuer aux opérations de maintien de la paix ». Sur la période 1999-2008, le Conseil national des services de renseignement du gouvernement américain, le National Intelligence Council (NIC), centre de réflexion stratégique, publie six rapports sur la santé mondiale. Fait inédit, ces documents définissent une maladie comme un « agent de menace non traditionnel » pour la sécurité des Etats-Unis, dont les bases militaires constellent la planète.

Cette « menace » va parvenir jusqu’aux Nations unies. Pour la première fois de son histoire, le 10 janvier 2000, à New York, le Conseil de sécurité inscrit à l’ordre du jour de sa réunion un thème qui n’est pas lié à un risque direct de conflit : « La situation en Afrique : l’impact du sida sur la paix et la sécurité en Afrique ». Les Etats-Unis président les échanges, avec le vice-président Albert Gore le matin et l’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, Richard Holbrooke, l’après-midi. Il en sortira plusieurs résolutions. L’article 90 de la résolution de la session spéciale de l’Assemblée générale des Nations unies du 27 juin 2001 appelle à la création d’un « fonds mondial santé et VIH-sida afin de financer une réponse urgente à l’épidémie selon une approche intégrée de prévention, de prise en charge, de soutien et de traitement, et d’appuyer les Etats dans leurs efforts contre le sida, avec une priorité donnée aux pays les plus touchés, notamment en Afrique subsaharienne et dans les Caraïbes ».

Le Fonds mondial voit le jour grâce à la mobilisation des membres du G8 par M. Annan. Loin du « fonds santé et sida » recommandé, le mandat du partenariat public-privé (PPP) mondial porte seulement sur le sida, la tuberculose et le paludisme. La politique de sécurité nationale américaine se nourrit de peurs plus ou moins fondées contre lesquelles il faut lutter : le communisme, le terrorisme, les maladies… Tels sont les « traumatismes » inspirant les politiques de défense des Etats-Unis, qui n’hésitent pas, pour défendre leurs positions sur les enjeux de santé mondiale, à instrumentaliser le Conseil de sécurité des Nations unies.

Après une décennie marquée par la guerre en Afghanistan et en Irak, la stratégie de M. Barack Obama consiste à emmener son pays vers d’autres combats que les « conflits à l’extérieur ». Il s’agit de « restaurer le leadership américain à l’étranger », y compris pour relever les défis liés au contrôle des épidémies, thème expressément mentionné dans la stratégie de sécurité nationale en 2010. Lorsque le gouvernement annonce, en juillet 2012, la création au sein du département d’Etat de l’Office of Global Health Diplomacy — institué juste avant le départ de Mme Hillary Clinton —, il affirme vouloir prendre le contrôle et le pouvoir. « Nous avons recommandé de passer du leadership en interne [c’est-à-dire entre les agences nationales de coopération sanitaire] au leadership mondial par le gouvernement américain », précise le communiqué. « Les Etats-Unis ont bien compris qu’au fond la véritable puissance, aujourd’hui, c’est de pouvoir jouer dans les deux sphères, interétatique et transnationale », analyse l’historien des relations internationales Georges-Henri Soutou. 

Choix financiers sous influence

L’analyse des facteurs qui ont façonné les politiques sanitaires de ces dernières décennies permet de distinguer trois conceptions : la santé mondiale comme investissement économique, comme outil sécuritaire et comme élément de politique étrangère (sans même parler de charité ou de santé publique, deux composantes supplémentaires qui, d’après David Stuckler et Martin McKee, complètent l’ensemble). En politique, la notion de sécurité implique l’urgence, le court terme et le contrôle des maladies contagieuses, plutôt que l’approche holistique et systémique de long terme qu’exigerait le renforcement des capacités institutionnelles des systèmes de santé. La pérennité des interventions financées pendant près de quinze ans en est fragilisée.

Ces observations aident à comprendre pourquoi l’aide n’est que d’une efficacité limitée : quels que soient les montants alloués par le Fonds mondial ou par le gouvernement américain au travers du plan d’urgence de lutte contre le sida (Pepfar ), les performances de ces programmes sur le terrain s’avèrent décevantes. La pertinence des financements en faveur de la prévention, ou l’ajustement des interventions à des dynamiques démographiques, urbaines, sociales, économiques ou conflictuelles, et aux spécificités nationales de la propagation, sont autant d’éléments fondamentaux relativement peu pris en compte.

Trente ans après le début de la pandémie, peu de moyens sont alloués à la recherche locale, épidémiologique, anthropologique et économique au service de la décision. Pour deux personnes mises sous traitement, cinq nouvelles infections se produisent. Le retentissement des violences sexuelles sur la féminisation de la pandémie en Afrique n’est pas même une hypothèse de recherche, sur un continent où les conflits armés se multiplient ! A l’échelle internationale, le détournement de quelques millions de dollars du Fonds mondial suscite davantage l’indignation que l’absence d’analyse, dans les pays mêmes, de l’efficacité des stratégies. Opérés sous influence, les choix financiers privilégient pourtant le paradigme curatif de la santé, au bénéfice de l’industrie pharmaceutique, plutôt que la prévention de la transmission du VIH.

De la multiplication des acteurs de l’aide au développement émergent des conflits de gouvernance entre « décideurs » et « partenaires », ce qui entraîne une dilution des responsabilités : qui doit rendre des comptes sur l’utilisation des financements alloués au travers de partenariats mondiaux ou de mécanismes innovants, quelle que soit la thématique ? Pour les aspects financiers, la responsabilité relève du conseil d’administration du Fonds mondial, plutôt que du seul secrétariat exécutif. Les aspects techniques et stratégiques sont censés être traités par les pays et leurs partenaires (Onusida, Fonds des Nations unies pour l’enfance — Unicef — et OMS). Si les agences de l’ONU ont apporté un appui technique aux Etats, leurs équipes ont-elles su les accompagner vers une vision stratégique qui tienne compte de leurs spécificités pour enrayer les trois pandémies ? Si la réponse est non, il est temps de l’assumer.

L’Afrique, la France et l’Europe seront confrontées au cours des décennies à venir à des défis hors normes. La population du continent noir va doubler d’ici à 2050, passant de un à deux milliards d’habitants, soit 20 % de la population mondiale. D’après l’économiste François Bourguignon, invité au Collège de France pour présenter son ouvrage sur la « mondialisation de l’inégalité », la pauvreté — au sens strict — sera un problème exclusivement africain d’ici à 2040 ou 2050.

Transitions démographique et épidémiologique sont en marche sur un continent qui s’urbanise rapidement, et où des maladies chroniques dont nous n’avons pas encore mesuré l’ampleur deviennent plus massives : cancers, diabètes, maladies cardio-vasculaires et respiratoires, problèmes de santé mentale, maladies liées aux pollutions environnementales… Ces affections, non ou tardivement dépistées et diagnostiquées, se propagent telles de nouvelles pandémies, en plus des accidents sur la voie publique, ajoutant à la charge de travail de personnels de santé déjà en nombre très insuffisant.

Les inégalités de santé s’inscrivent dans le sillage des inégalités économiques et sociales. Les systèmes d’assurance- maladie et de protection sociale se mettent en place trop lentement et inégalement d’une région à l’autre. La « couverture sanitaire universelle » serait utile aux populations pauvres si elle était un moyen au service d’une politique fondée sur les priorités nationales, et en particulier sur la prévention.

Compte tenu des liens historiques et des relations politiques, économiques et commerciales que la France et l’Europe entretiennent avec l’Afrique subsaharienne depuis quelques siècles, la contribution politique, leur expertise et leurs financements sont encore attendus, et ne doivent pas s’effacer derrière les priorités américaines. La situation en Afrique francophone de l’Ouest et du centre appelle des réactions massives sur le long terme.

A faire converger les objectifs de développement avec ceux du développement « durable » pour le monde d’après 2015, nous prenons le risque de ne nous intéresser qu’aux enjeux mondiaux communs, et de négliger une nouvelle fois les Etats fragiles et les populations les plus vulnérables. Les priorités, pour ceux-ci, sont plutôt l’éducation des filles (jusqu’au niveau de l’enseignement supérieur), la santé des femmes enceintes, les maladies tropicales ignorées et les capacités institutionnelles à élaborer et à gérer des politiques complexes.

Ne perdons pas de temps à plaider en faveur de la santé : « Ceux qui se posent la question de savoir si une meilleure santé est un bon instrument de développement négligent peut-être l’aspect le plus fondamental de la question, à savoir que santé et développement sont indissociables, insiste Amartya Sen. Il n’est pas nécessaire d’instrumentaliser la santé pour en établir la valeur, c’est-à-dire d’essayer de montrer qu’une bonne santé peut également contribuer à stimuler la croissance économique. » Privilégions, pour chacun sur la planète, l’idée d’une santé durable, plutôt que le seul mécanisme de financement qu’incarne la couverture sanitaire universelle, désormais présentée comme un objectif de développement durable.

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dimanche, 14 octobre 2018

Semmelweis/Céline: la rencontre de deux génies délirants

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Semmelweis/Céline: la rencontre de deux génies délirants

Par Yann P. Caspar

Ex: https://visegradpost.com

« Voici la terrible histoire de Philippe Ignace Semmelweis ». C’est ainsi que le Docteur Destouches amorce la préface de 1936 à la première édition commerciale de sa Thèse de Médecine, soutenue douze ans plus tôt à Paris, et ayant pour sujet la vie et l’oeuvre du plus célèbre médecin hongrois. Alors qu’on omet aisément de rappeler qu’avant de s’illustrer par une production littéraire hors du commun, Céline est avant tout un médecin sincèrement convaincu de sa vocation, cette thèse peut se lire comme l’étincelle qui allumera la flamme du style célinien et une lumineuse évocation du destin maudit des deux hommes.

D’une patte narguant continuellement les standards de la rédaction scientifique, Céline raconte le toujours plus insoutenable agacement de ce jeune obstétricien hongrois découvreur de l’asepsie face à la crasse et jalouse ignorance de ses confrères viennois. Peignant un monde médical majoritairement composé d’esprits invariablement tièdes, étroits et mesquins, Céline fait de Semmelweis l’archétype du génie s’acharnant passionnément à vouloir imposer ce qu’il pense être juste et vrai, sans bien sûr s’encombrer inutilement du moindre tact mondain. Quiconque sait le parcours de Céline pourra ainsi voir dans ce texte de 1924 une étonnante et splendide prophétie auto-réalisatrice rédigée par le futur prostré de Meudon, où vivant chichement ses dernières années de pestiféré avec sa femme Lucette, coupé du monde et clochardesque devant ses rares visiteurs, il écrira coup sur coup trois chefs d’oeuvre absolus : D’un château l’autre, Nord et Rigodon.

Semmelweis_572.jpgQuel est donc le génie d’un Semmelweis ? Exerçant dans une clinique où la fièvre puerpérale ravage les femmes en couche, surtout lorsque celles-ci sont tripotées par des étudiants ayant plus tôt effectué des dissections, Semmelweis comprend que cette mortalité massive est directement liée à la propagation de miasmes cadavériques dans les organes génitaux féminins. Déjà persuadé que la cause de ces décès se trouve au sein de la clinique même, son déclic survient le jour où son ami Kolletschka, souffrant d’une blessure au scalpel contractée lors d’une dissection, meurt des suites de symptômes similaires à ceux de la fièvre puerpérale.

Commentant cette révélation, Céline se plaît à souligner qu’elle intervient au retour du jeune Hongrois d’un voyage de plusieurs mois à Venise. Profondément ému par la beauté de cette ville, Semmelweis aurait tout naturellement flairé l’évidence : la pourriture cadavérique est à l’origine de la fièvre puerpérale. Ébloui par le génie de Philippe, Louis préfigure alors le sien : « La Musique, la Beauté sont en nous et nulle part ailleurs dans le monde insensible qui nous entoure. Les grandes œuvres sont celles qui réveillent notre génie, les grands hommes sont ceux qui lui donnent une forme »1.

Les accoucheurs se lavent les mains et la mortalité se met à dégringoler. Aux quatre coins de l’Europe, les médecins, tout réputés qu’ils soient, se mobilisent contre ce ridicule et vaniteux Hongrois, et entendent bien mettre un terme à cette folie hygiéniste. Semmelweis est mis à l’index, on l’humilie et l’invite prestement à rejoindre Budapest. Il arrive dans une capitale hongroise en pleine effervescence, peu de temps après le déclenchement des événements de 1848. Ce trentenaire banni de médecine s’éprend de politique avant de plonger dans une sérieuse dépression suite à la défaite des révolutionnaires. Bien que Céline n’ait jamais montré de tropisme centre-européen — et a fortiori une passion pour la Hongrie —, il met brillamment le doigt sur un caractère national hongrois : la propension magyare à savourer trop rapidement une victoire avant de se laisser happer par un état de mélancolie aggravé ; en somme, la Hongrie : une nation dont l’histoire n’est qu’une succession de sauteries sans lendemain.

L’histoire de Philippe Ignace Semmelweis, c’est celle de Louis-Ferdinand Céline. C’est celle de deux tarés se sentant dès leur adolescence investis d’une mission contre la bassesse et la lourdeur de notre monde. Reniés, exclus, ils crient, vocifèrent ; ils délirent. Ils savent que le talent est monnaie courante, alors que le génie est rare. Le talent procède de la matière grise, il est froid. Ils montrent qu’il n’y a guère que la chaleur des émotions et des tripes pour transformer le talent en génie. Imposer son génie à la société est possible en maîtrisant les codes des relations humaines — qualité que possédait assurément Louis Pasteur pour théoriser et faire reconnaître ce que le furieux Semmelweis avait senti avant lui.

1 Louis-Ferdinand Céline, Semmelweis, Collection L’Imaginaire, Gallimard, 1999, Paris, p. 67

lundi, 28 novembre 2016

L’avenir est à la postpsychiatrie

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L’avenir est à la postpsychiatrie

Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Les temps changent, les déficits se creusent, les audits se multiplient, les migrants en précarité doivent être placés en sécurité…Les structures de la psychiatrie, presque partout en audit, sont sous pression. Le nouveau directeur médical des Services psychiatriques du Jura bernois veut « secouer le cocotier » d’une institution tentaculaire, qui a bénéficié depuis des lustres d’une rente de situation et qui doit maintenant se redimensionner et se frotter aux réalités économiques du « coût-efficacité ».Tant mieux et bonne chance, car il lui en faudra pour réformer ce système à forte inertie avec une multitude d’activités parallèles alibis, souvent d’essence antipsychiatrique, occupationnelles et de développement personnel. Il n’est pas un inconnu dans la région puisqu’il s’était impliqué dans l’excellent programme pro-famille qui laissait aux proches de patients psychiatriques lourds la possibilité de développer des habiletés  pour affronter des symptômes déstabilisants pour eux et de trouver des ressources, des solutions, un espace de parole et d’écoute. On sait aussi qu’il compte développer une approche de médiation neurocognitive permettant de modifier  pratiquement des  croyances, affronter mieux la réalité et qu’il pratique la thérapie cognitive, plus démocratique et collaborative. On ne peut que se réjouir de voir se tourner la page de la Bonne Parole psychanalytique et de son idolâtrie du Savoir et du Pouvoir.

Le plus réjouissant est son projet de recentrer la pratique des soins sur les soins. Et d’externaliser les approches nombreuses collatérales dispendieuses et occupationnelles. L’art-thérapie, les sorties accompagnées qualifiées de thérapeutiques, les congés thérapeutiques, les bricolages occupationnels calibrés pour handicapés mentaux, rien qui ne permette vraiment le retour dans la vie réelle communautaire. Ces thérapies ont leur place, c’est certain, mais dans l’ambulatoire au long terme et doivent être découplées des soins aigus et de crise. Les soins psychiatriques échappent encore  trop à la modernité des approches médicales (psychopharmacologie restaurant le sommeil et diminuant le stress, techniques d’anesthésie aujourd’hui de maniement sûr et simple), approche cognitive et résolution des problèmes. Elle reste encore trop fortement une pratique asilaire, éloignée des centres urbains, basée sur les activités occupationnelles, une sorte de club Med pour faire passer le temps de la crise, sans la résoudre avec des moyens adéquats. On y est beaucoup placé à fin d’assistance, en attendant que les proches reprennent un peu leur souffle. C’est bien, mais insuffisant.

Il est grand temps, comme l’a fait à l’époque Basaglia, précurseur de la désinstitutionalisation en Italie, que les désordres et  troubles mentaux soient traités de manière non discriminante, à l’hôpital général par exemple, sans approche au rabais ou demi-mesures condescendantes. Les traitements longs contraints devraient être en minorité et décidés, contrôlés par une autorité non médicale. Le modèle antipsychiatrique, naïf (le fou est normal, c’est la famille, la société, le psychiatre qui sont fous !) n’a plus de sens. Des séjours brefs, de crise, en collaboration avec le suivi ambulatoire devraient être organisés dans l’hôpital général et s’appuyer essentiellement sur le réseau extérieur prévu pour intervenir sur le long terme. Le modèle c’est les soins palliatifs en psychiatrie, avec une éthique de respect des convictions individuelles, un refus de la coercition sur le long terme. La nouvelle équipe réussira-t-elle à implanter des soins à l’hôpital de Moutier, en collaboration avec la psychiatrie jurassienne qui à l’époque n’a pas été soutenue dans cette démarche de précurseur car victime de la majorité constituée par ceux qui voulaient faire le contraire (que des hôpitaux de jour !), ceux qui voulaient pour eux faire la même chose et tous ceux qui ne voulaient rien faire. La résistance va être rude, il faudra s’accrocher.

 

Dominique Baettig, 27.11.2016

dimanche, 01 novembre 2015

Les progrès de la médecine, est-ce fini ? C’est peut-être pire encore.

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Les progrès de la médecine, est-ce fini ? C’est peut-être pire encore

 
Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Anne-Laure Boch est une pasionaria de la vie de l’esprit mais aussi de la vie du corps. Elle a d’abord étudié la médecine, ce qui l’a conduite à devenir neurochirurgienne à  l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ensuite elle a obtenu un doctorat en philosophie. Elle voulait  comprendre ce qu’elle faisait comme médecin, et pourquoi. C’est cette méditation sur le sens de la médecine qu’elle a partagé avec les étudiants de l’institut Philanthropos à Fribourg. Devant eux, elle a posé la question de savoir si l’on pouvait encore attendre des progrès en médecine. Elle en doute et craint que la médecine ne produise désormais plus de méfaits que de bienfaits.

Elle n’a évidemment pas nié que la médecine occidentale a fait d’énormes progrès dans les trois derniers siècles.  Mais rien ne nous garantit que des progrès passés engendrent des progrès pour l’avenir. Les communistes croyaient dur comme fer aux progrès de la science et ils ont bien placé Gagarine en orbite. Mais au-delà, plus rien ou presque. Ce n’est pas seulement que le progrès peut s’arrêter mais que, sur sa lancée, il peut produire du déclin, l’accélérer même. Une fusée, en retombant, peut faire des dégâts. La fusée de la médecine et des recherches qui lui sont associées est-elle en train de retomber ? On peut le craindre et c’est à repérer les raisons de cette crainte qu’Anne-Laure Boch s’est attachée.

La vocation de la médecine est de guérir. A-t-elle guéri le cancer par exemple ? Non, elle a fait de lui une maladie chronique, mais de guérison, point ! Si le but de la médecine est de faire survivre à n’importe quel prix, alors, oui, elle parvient effectivement à faire vivre plus longtemps les malades du cancer ? Mais le but de la médecine est la guérison du malade, pas son maintien en vie avec acharnement thérapeutique. Là, c’est l’échec, malgré les milliards investis dans la recherche depuis 50 ans. Faut-il se résigner à voir dans la médecine ce qui nous amène aux chaises roulantes, au semainier avec ingestion quotidienne de pilules, à un cheminement de plus en plus chevrotant avant la tombe ? Anne-Laure Boch ne s’y est jamais résignée. Pourquoi ?

Parce que, pour elle, l’être humain n’est pas un « tas de molécules » dont il faudrait comprendre le fonctionnement pour les rendre plus performantes. Elle a noté en passant que si nous ne sommes qu’un tas de molécules, l’amour se réduit à un frottement de chairs suivis de l’émission d’un liquide gluant. Pouvons-nous encore aimer si nous sommes un tas de molécules ?

La science ne connaît que des choses, et la technique « désanime » les êtres. De plus en plus dominée par la science, la médecine est devenue une « grande découpeuse » qui coupe le corps en tranches de plus en plus fines, comme le font d’ailleurs les images produites par un scanner médical. Plus encore, ce découpage conduit aujourd’hui à des greffes d’organes qui, à terme et selon certains, devraient nous permettre de vivre des centaines d’années (pour peu que les banques d’organes s’enrichissent…) Le philosophe Jean-Luc Nancy a témoigné de son expérience de greffé du cœur et du sentiment qu’il a eu d’être devenu « autre » après son opération. Or devenir autre, c’est se sentir aliéné. La médecine moderne s’est engagée sur un chemin qui, si elle le poursuit, pourrait non seulement faire de nous des assistés en chaise roulante, mais aussi des êtres qui se sentiraient étrangers à eux-mêmes. J’entends déjà caqueter les vautours de la vie à tout prix : « Au moins ils seraient vivants ! » Une vie mortelle, peu importe comment ! Étrange caquetage, puisque cette vie, nous devrons la quitter. Anne-Laure Boch n’est pas allée aussi loin mais je crois qu’elle me pardonnera de le faire. Je ne résiste pas toujours au plaisir d’extrapoler.

Nous ne sommes pas des choses dont la destination ultime serait de fonctionner le mieux possible dans le temps et dans l’espace. Si tel était le cas, alors oui, il faudrait tout faire pour nous rendre plus performants, plus propres, plus sains. Qui serait cet homme performant dont la figure transparaît en filigrane dans toutes les injonctions à ne pas fumer, à ne pas manger de viande, à ne pas boire le gras du lait, pour… éviter le cancer, les maladies cardiovasculaires, le diabète ou même la grippe lorsqu’arrive l’automne ? Cet homme, a souligné Anne-Laure Boch, serait un « homme nouveau ». Il serait si propre, si fonctionnel que, dans l’imaginaire des peuples modernes, il  échapperait à la mort. Il suffit de se tourner vers les propositions du transhumanisme pour voir se dessiner le visage de cet homme nouveau ou surhomme. Pas tout à fait un visage encore, puisqu’il est question, dans ce transhumanisme, d’utérus artificiel ou de cerveau agrandi, mais le visage apparaîtra bien un jour. Il y a des chances pour que ce soit celui de Frankenstein, couturé de cicatrices en raison des greffes subies, le regard perdu en raison des pilules absorbées.

Voilà ce qui inquiète Anne-Laure Boch : l’image presque toute-puissante d’un homme nouveau qui a échappé à la condition humaine, à sa condition d’homme mortel. C’est cette image qui guide, oriente, soutient la médecine moderne qui a oublié sa vocation première, guérir, pour participer à une grande marche vers une nouvelle terre et de nouveaux cieux. Chacun connaît la formule prononcée aux enterrements : « tu es né de la poussière et tu redeviendras poussière ». Eh bien, pas du tout pour la médecine d’aujourd’hui qui promeut un homme nouveau ! Elle n’est pas consciente, ajouterai-je, de s’être faite le promoteur de cet homme, mais elle n’en est pas moins orientée par lui. Était-il conscient de ce qu’il promouvait, cet expert de l’OMS qui expliquait récemment que la viande rouge augmente les risques de cancer du côlon ? Il est probable qu’interrogé, il aurait nié vouloir promouvoir un homme que la mort ne limiterait plus. Pour autant, le rapport de L’OMS sur la viande rouge tueuse n’en suggérait pas moins qu’à long terme, la mort pourrait être éradiquée non seulement par les greffes d’organes mais aussi par une prévention systématique dont on devinait que, une fois mise en place, elle nous conduirait vers d’enchantés pâturages où broutent déjà les adeptes du « véganisme ».

Les gardiens ou gargouilles d’une médecine orientée par pilotage automatique vers un homme nouveau abondent. Mais il n’y a pas que cela. Anne-Laure Boch nous a rendus attentifs au fait que différentes infrastructures se sont mises en place autour de la promotion de l’homme nouveau : structures d’accueil pour la fin de vie, personnel soignant pour ces structures, industrie pharmaceutique qui renforce le mythe d’une nouvelle vie grâce au viagra et autres pilules roses.

Notre époque n’aime pas les dogmes religieux, mais elle avale tout cru le dogme du progrès en général, le dogme du progrès de la médecine en particulier. C’est contre lui qu’Anne-Laure Boch s’est élevée avec, comme bélier pour enfoncer les portes de cette nouvelle citadelle dogmatique, Ivan Illich. Ce prêtre philosophe a en effet montré combien le dogme du progrès conduit à penser que, quoi qu’il arrive, on va vers le mieux, plus de bien-être, plus de bonheur. Staline déclarait en 1936 que les Russes étaient de plus en plus heureux, juste après avoir fait mourir de faim des millions d’Ukrainiens et juste avant d’organiser des grandes purges avec des centaines de milliers d’assassinats. Mais les gens l’ont cru, tant la soif de bonheur et d’immortalité est grande en nous.

Est-ce que, parmi des déambulateurs, des chaises roulantes, des drogués au Prozac, nous continuerons à bêler notre credo sur les bienfaits de la médecine et de la recherche ?

Pour Anne-Laure Boch ce n’est pas sûr. Nous voyons grandir la proportion des gens qui préfèrent mourir plutôt que d’être pris en charge par une médecine qui risque de faire d’eux des morts-vivants. Rejoindre le cortège des chevrotants ne les tente guère. Un autre facteur est que la schizophrénie s’aggrave chez les soignants : d’un côté ils sont encouragés à manifester de la bienveillance envers les malades – d’un autre côté, on leur dit que ces mêmes malades sont un « tas de molécules ». Viendra un jour où soigner des patients « molécularisés » n’aura plus de sens. Ce jour-là, il sera peut-être possible de retrouver une médecine qui se contente de guérir plutôt que de s’acharner à faire survivre à n’importe quel prix.

Jan Marejko, 28 ocotobre 2015

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jeudi, 29 octobre 2015

Une catastrophe sanitaire programmée…

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Une catastrophe sanitaire programmée…

 
Anne Lauwaert
Ecrivain belge
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Je vous raconte une histoire belge qui circule sur le net :

"Dans le village flamand de Sijsele il y a un supermarché Lidl. En face il y a un centre pour requérants d’asile. Les pensionnaires du centre pour requérants d’asile vont flâner entre les rayons du supermarché, ouvrent des bouteilles et les boivent, ouvrent des confections et en mangent le contenu et quand ils arrivent à la caisse ils disent “no money”. Alors on appelle la police mais la Croix Rouge intervient pour expliquer que “c’est leur culture”… Alors les habitants de Sijsele ne font plus leurs courses dans leur supermarché Lidl mais vont les faire dans le village voisin de  Moerkerke et les seuls clients qui restent à Sijsele c’est ceux qui ne payent pas…

Un commentateur ajoute “et chez nous ils ouvraient même les pots de confiture et les vidaient comme ça”…

Un autre précise qu’on a engagé un cuisinier mais celui-ci a été refusé, d’ailleurs “la nourriture est trop belge”…

Un autre ajoute qu’ils n’ont ni faim, ni soif mais ce qu’ils veulent c’est de l’argent…

Et vous savez quoi ? Ben, on constate un mécontentement croissant parmi la population… "

 Signé “Wannes”

Une histoire allemande. Ma voisine est allemande et écoute l’heure pendant laquelle les auditeurs peuvent s’exprimer à la radio. Et vous savez quoi? Ben, il y a un médecin qui a dit que les hôpitaux sont bondés et posent la question “qui va payer tout ça?” Mais c’est pas tout, ce médecin dit que ces gens qui arrivent de partout dans les conditions les plus désastreuses apportent avec eux des germes qui peuvent faire réapparaitre chez nous des maladies qui ont été éradiquées grâce à des décennies de soins, campagnes d’hygiène, vaccinations etc.

Les gens commencent à oser en parler…

La santé c’est mon domaine alors je vais y ajouter mon grain de sel. Comme je l’ai raconté dans mon livre “Les oiseaux noirs de Calcutta”, dans les pays du Tiers Monde il y a des maladies endémiques comme la gale ( scabieuse) qui est une maladie de la peau extrêmement contagieuse qui est une véritable calamité quand elle se répand dans une école, un home, un hôpital… à tel point qu’un chirurgien refusait d’hospitaliser les enfants qui en étaient porteurs de peur de contaminer tout le service et de devoir le fermer.

Il y a aussi la tuberculose qui est résistante aux médicaments dont nous disposons. Il y a aussi tout ce qui est amibes, bactéries ou vers intestinaux. A côté de ça le SIDA semble moins grave car c’est une maladie que nous connaissons mieux.

Il y a quelque temps un médecin français expliquait que le tourisme médical voit arriver en France des maladies graves comme des insuffisances rénales qui vont finir par la dialyse et des médicaments à vie mais que, étant donné que dans leur pays d’origine ces gens ne peuvent pas se soigner, il était impossible de les renvoyer chez eux, par contre ils ont  le droit de faire venir leurs familles. Qui paye ? Ca c’est un type de problème. Le problème des maladies importées par les “migrants” est d’un autre type: il s’agit de l’importation de germes qui peuvent produire des contaminations et ensuite des épidémies. Ces gens n’ont pas non plus une constitution physique adaptée à nos conditions de vie, ni à notre environnement climatique.

Voici ma cerise sur notre gâteau: la poliomyélite ou paralysie infantile.

Je ne vais pas vous faire un cours de médecine mais le sujet est tellement grave que je vous recommande chaudement d’aller lire ce que dit Wikipédia de tout ça.

Toujours est-il que quand j’étais à l’école primaire dans mon petit village flamand de Strijtem, en 1952 nous, les petits élèves nous avons été vaccinés contre la polio – j’ai encore ma carte de vaccinations. Depuis, grâce à la vaccination, chez nous, la polio a pratiquement disparu mais il y a eu des épisodes d’épidémies surtout au sein de sectes religieuses qui refusent les vaccinations. J’ai un cousin qui n’avait pas été vacciné, qui a été contaminé, en a gardé des paralysies aux jambes et maintenant à l’âge de 55 ans il souffre d’un syndrome de post polio. C’est là qu’on se rend compte du caractère terrible de la polio car non seulement elle laisse des séquelles graves comme des paralysies, mais elle ne disparait jamais et avec l’âge reprend vigueur et continue la lente destruction les muscles jusqu’à ce que la personne se retrouve en chaise roulante. Pire: si le virus attaque les muscles de la cage thoracique c’est soit le poumon d’acier, soit la mort par asphyxie.

Mais, étant donné que cette maladie a pratiquement disparu chez nous, elle n’est plus enseignée dans les universités et les médecins ne la connaissent pas. Il n’est pas rare que les patients, comme mon cousin,  soient considérés comme des simulateurs… Pendant mes études de physiothérapie j’ai eu la chance d’avoir comme professeurs des kinés qui avaient encore participé à la lutte contre la polio avant la découverte du vaccin.

Puisque la polio ne se rencontre plus, de nombreux parents refusent de faire vacciner leurs enfants. Je suis tout à fait d’accord, les vaccins ne sont pas inoffensifs et il faut bien peser les pours et les contres. Mais en l’occurrence  les conséquences de la polio peuvent être beaucoup plus graves que celles de la coqueluche ou de la grippe.

Actuellement l’OMS a beau se gargarise avec “L’éradication de la polio”, elle n’est pas éradiquée du tout dans le Tiers Monde et par exemple pour un tas de raisons, voir Internet, en Afghanistan les talibans s’en prennent aux vaccinateurs.

Tout ça pour dire que parmi les chercheurs de vie meilleure il va fatalement y avoir des porteurs de germes de toutes sortes mais aussi de la polio et nous ne sommes pas du tout à l’abri d’épidémies, ni préparés à les affronter.

Ce n’est pas leur faute: ces gens ne savent pas d’être porteurs, mais ils peuvent contaminer puisqu’ils circulent dans les transports publics, les magasins, les WC etc. Le pire c’est quand ils ne connaissent pas les règles d’hygiène et ne font pas leurs besoins naturels dans des WC et ne se lavent pas les mains avec du savon…Dans leurs pays … s’ils n’ont pas de quoi acheter à manger, ils n’ont  certainement pas de quoi acheter du savon, serviettes hygiéniques, tampax, ni même des WC ou du papier WC… Ces gens s’essuient avec la main gauche… et mangent avec la main droite…  A Calcutta, dans Park Street, la rue chic, devant la Oxford Library, j’ai vu un monsieur descendre du trottoir, s’accroupir et déféquer. A l’arrêt du bus j’ai vu un jeune homme bien habillé genre employé, s’arrêter et uriner, même pas derrière un arbre, ni un poteau, non comme ça. Ils toussent et crachent tout le temps et partout. Cela signifie une dissémination et une prolifération de germes inimaginable à laquelle nous ne sommes pas préparés, nos hôpitaux non plus, notre assurance maladie non plus. Qu’est ce qui va se passer, qui va payer, comment allons-nous empêcher notre système sanitaire de s’écrouler ? A la limite, allons-nous disposer d’assez de vaccins ?

Pourquoi je vous brosse un tableau aussi effrayant? Parce qu’il faut décider de priorités et la priorité la plus urgente, c’est, avant toute autre chose, d’enseigner à ces personnes les règles d’hygiène pour éviter une catastrophe sanitaire. Il est beaucoup plus urgent qu’ils apprennent à ne pas cracher par terre qu’à parler français. Dans ma profession j’ai appris qu’il faut prévoir le pire pour ne pas être pris au dépourvu. Je ne sais pas si nos gouvernements le font, bien que gouverner ce soit justement…  prévoir. En tous cas je conseille aux parents qui n’ont pas fait vacciner leurs enfants d’en parler avec leur médecin.

Anne Lauwaert

jeudi, 20 août 2015

MIT wetenschapper: In 2025 is helft alle kinderen autistisch dankzij genvoedsel

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MIT wetenschapper: In 2025 is helft alle kinderen autistisch dankzij genvoedsel

Daar bovenop: CDC verwacht dat over 10 jaar 1/3 alle kinderen door vaccins aan neurologische stoornis zal lijden – CDC: Moeders moeten (tijdelijk) stoppen met borstvoeding, anders werken vaccins niet goed

Een complete generatie mensen lijkt te worden verwoest door een fatale combinatie van genetisch gemodificeerd voedsel (GMO, kortweg genvoedsel) en vaccinaties. Een hooggeplaatste wetenschapper van het gezaghebbende MIT waarschuwde eerder dit jaar dat in 2025 maar liefst de helft (!!) van alle kinderen een autistische stoornis zal hebben als gevolg van het consumeren van genvoedsel. Daar bovenop komt het recente bericht dat het Amerikaanse CDC (Centers for Disease Control) verwacht dat in datzelfde jaar minstens 1/3 van alle kinderen een neurologische stoornis zal hebben opgelopen door alle vaccinaties die worden toegediend.

Volgens MIT bioloog dr. Stephanie Seneff –die in ruim 30 jaar al meer dan 170 wetenschappelijke artikelen publiceerde- is glyfosaat, een ingrediënt van het omstreden product ‘Round-Up’ van het beruchte concern Monsanto, een van de belangrijkste veroorzakers van de autisme epidemie, die in het komende decennium een ware pandemie dreigt te worden. Het veelvuldig gebruik van glyfosaat veroorzaakt onder andere Alzheimer, autisme, kanker, hartziekten, stofwisselingstoornissen en mineralen- (zink en ijzer) en voedingsgebreken.

Over 10 jaar heeft helft alle kinderen autisme

Dr. Seneff verklaarde in het voorjaar op een conferentie dat het aantal kinderen met autisme inmiddels zo snel toeneemt, dat in 2025 –bij ongewijzigd beleid- maar liefst de helft van alle kinderen aan een autistische stoornis zal lijden, wat de Amerikaanse samenleving jaarlijks $ 400 miljard zal kosten. Op dit moment is 1 op de 68 nieuw geborenen in de VS autistisch, wat al een stijging van bijna 120% is ten opzichte van het jaar 2000.

De MIT wetenschapper wees erop dat de symptomen van glyfosaat vergiftiging sterk lijken op die van autisme. Ook had ze een consistent verband gevonden tussen het gebruik van het bestrijdingsmiddel Round-Up (en het creëren van ‘Round-Up-ready’ genetisch gemodificeerde gewassen) en de sterke stijging van kinderen met autisme.

Glyfosaat zit in bijna alles

In de VS zijn zo goed als alle graan- en sojaproducten genetisch gemodificeerd en daarom besmet met Round-Ups glyfosaat. Hetzelfde geldt voor bijna alle soorten voedsel waarin graan/maïs en soja is verwerkt, inclusief frisdranken met veel fructose, stroop, chips, cornflakes, snoep en sommige soja-proteïne repen. Bovendien krijgen runderen en ander vee vaak genvoedsel te eten, waar eveneens sporen van glyfosaat in zitten.

Ook tarwe wordt vlak voor de oogst in veel gevallen besproeid met Round-Up chemicaliën, wat betekent dat brood en broodproducten eveneens niet veilig zijn, tenzij ze uitdrukkelijk ‘niet GMO’ en/of ‘organisch’ op het etiket hebben staan.

Niet afzonderlijk product, maar optelsom is fataal

Het komt er dus op neer dat de Amerikanen –en dankzij de EU straks ook de Europeanen- bijna niet kunnen ontkomen aan het consumeren van voedsel en dranken waarin glyfosaat is verwerkt, waarvan aangetoond is dat het diverse stoornissen en ernstige ziekten veroorzaakt. Dr. Seneff zei dat de hoeveelheid glyfosaat in ieder afzonderlijk product weliswaar niet groot is, maar dat het de optelsom is van talloze geconsumeerde ‘GMO’ producten die fataal is – zozeer, dat sommige zwangere vrouwen zelfs glyfosaat in hun bloed, urine en foetuscellen hebben. (1)

CDC: Borstvoeding slecht voor vaccins

Bij dit ronduit schokkende nieuws kwam recent nog eens het bericht van het Amerikaanse CDC (Centers for Disease Control) dat over 10 jaar minstens 1/3 van alle kinderen een neurologische stoornis zal hebben opgelopen door alle vaccinaties die worden toegediend (2). Desondanks adviseert datzelfde CDC dat moeders het geven van borstvoeding rond de tijd dat hun baby wordt gevaccineerd tijdelijk zouden moeten opgeven, omdat de immuun versterkende cellen in borstmelk de virusdeeltjes in ieder vaccin aanvallen, waardoor het vaccin mogelijk minder effectief wordt.

Critici wijzen erop dat dit CDC-onderzoek enkel bewijst dat het immuunsysteem van baby’s, als dat wordt ondersteund en versterkt door borstvoeding, uitstekend in staat is om zichzelf te verdedigen, en zo’n vaccin dus helemaal niet nodig is. Als het CDC niet zo afhankelijk zou zijn van de grote farmaceutische bedrijven, die jaarlijks miljarden verdienen aan het produceren van onbewezen en overbodige –en veelal schadelijke- vaccins, dan zouden moeders ongetwijfeld nooit het krankzinnige advies krijgen om te stoppen met het geven van immuun versterkende borstvoeding. (3)

Xander

(1) Infowars
(2) Infowars
(3) Infowars

Zie ook o.a.:

05-06: EU moet zwaar giftige chemicaliën toelaten door vrijhandelsakkoord met VS
30-04: Nieuwe wet Californië: Niet gevaccineerde kinderen mogen niet meer naar school
11-11: Artsenorganisatie: VN steriliseert miljoenen vrouwen in Kenia met tetanus vaccin
28-09: Gevaarlijk virus treft enkel gevaccineerde kinderen in VS en Canada (/ Recente onderzoeken bewijzen dat gezondheid fors en permanent wordt beschadigd door vaccins)
26-09: Nieuw onderzoek: Autisme en leukemie door cellen geaborteerde baby’s in vaccins
06-09: CDC wetenschapper erkent verband vaccins en autisme

mercredi, 19 août 2015

Cambridge Universiteit: Mensheid wordt steeds zwakker, zieker en dommer

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Cambridge Universiteit: Mensheid wordt steeds zwakker, zieker en dommer

Ex: http://xandernieuws.punt.nl

Wetenschappers van de gerenommeerde universiteit van Cambridge hebben een onderzoek gepubliceerd waaruit exact het tegendeel blijkt van wat de evolutietheorie beweert. Ondanks alle technologische vooruitgang blijkt de mens vergeleken met zijn voorouder van nog maar enkele duizenden jaren geleden zwakker, kleiner en vatbaarder voor ziektes. Ook onze hersenen nemen in omvang af, waardoor we steeds dommer worden. De beste atleten van nu zijn zelfs een lachertje vergeleken bij hoe sterk de doorsnee mens in de oudheid was.

Mensen die geloven in voortdurende vooruitgang en ontwikkeling, zoals de evolutietheorie stelt, zullen wellicht even moeten slikken bij de conclusies van het onderzoek. ‘Zelfs onze beste atleten verbleken bij onze voorvaderen,’ aldus dr. Colin Shaw. ‘Wij zijn zonder twijfel zwakker dan we vroeger waren.’

De wetenschappers onderzochten onder andere skeletten met een ouderdom van 1160 tot 7300 jaar. Vastgesteld werd dat de botten van de benen van boeren in het jaar 5300 voor Christus net zo sterk waren als die van doorgetrainde professionele veldlopers in onze tijd.

Mensheid krimpt

Uit eerdere vergelijkbare onderzoeken aan de universiteit bleek al dat onze lichamen en hersenen ‘duidelijk kleiner’ zijn dan die van de mensen die duizenden jaren geleden leefden. ‘Aangetoond is dat de mensen krimpen. De mensheid is het hoogtepunt voorbij. De huidige mensen zijn 10% kleiner en smaller dan hun voorvaderen, die als jagers en verzamelaars onderweg waren.’

De algemeen aanvaarde gedachte dat de mensen in de loop der eeuwen steeds groter zijn geworden, is hiermee ontkracht. Dat geloof is namelijk enkel gebaseerd op de meest recente lichamelijke ontwikkelingen, niet op die over een periode van duizenden jaren. Belangrijkste oorzaken van de teruggang van het menselijk ras zijn de beperktere voeding (zowel kwantitatief als kwalitatief) en de verstedelijking, waardoor de algemene gezondheid wordt aangetast en ziektes zich steeds sneller kunnen verspreiden.

Steeds meer schadelijke genen

Onze genen wordt dus niet steeds sterker door zogenaamde ‘natuurlijke selectie’, maar juist steeds zwakker en slechter. Volgens dr. John Sanford van de Cornell Universiteit –auteur van Genetic Entropy & The Mystery of the Genome) draagt ieder mens inmiddels tienduizenden schadelijke mutaties in zich mee, en geven wij minimaal 100 tot 300 nieuwe mutaties –waarvan verreweg de meeste schadelijk zijn- aan ons nageslacht door.

Veel genetici geloven dan ook dat dit uiteindelijk tot een ‘mutatie meltdown’ zal leiden. De schadelijke genen zullen zich in toekomstige generaties opeen hopen, met fatale gevolgen voor de toekomst en het voorbestaan van hele mensheid.

Niet slimmer, maar dommer

Gezien de snelle technologische ontwikkelingen lijkt ook de conclusie dat we steeds dommer worden tegenstrijdig. Toch tonen alle onderzoeken aan dat dit wel degelijk het geval is. (En als u ‘live’ bewijs wilt zien hoeft u enkel naar het ‘niveau’ van de meeste hedendaagse TV-programma’s te kijken – die worden door critici niet voor niets ‘hersenloos vermaak’ genoemd).

Biologie professor Gerald R. Crabtree (Universiteit van Stanford) schreef in twee wetenschappelijke artikelen in het vakblad Trends in Genetics dat de mens zelfs al 2000 tot 6000 jaar zijn intellectuele capaciteiten aan het verliezen is. Ook Crabtree noemt genetische mutaties –de basis van de neo-Darwinistische evolutietheorie- als de belangrijkste oorzaak. In de afgelopen 3000 jaar, een periode met zo’n 120 generaties, zijn er 5000 nieuwe mutaties ontstaan. Volgens Crabtree was daarvan slechts 2% tot 5% schadelijk, maar heeft de optelsom geleid tot een neerwaartse spiraal die niet meer te stoppen is. (1)

Geen Utopia, maar ondergang

De achteruitgang lijkt zich de afgelopen decennia fors te versnellen. De doorsnee mens schijnt anno 2015 in vrijwel niets anders geïnteresseerd te zijn dan stompzinnig vermaak en een dagelijks gevulde koelkast. De meeste tieners kunnen ook met een schooldiploma nauwelijks nog een zin correct in hun moedertaal schrijven. En misschien zijn ook het steeds vaker nemen van krankzinnige financieel-economische besluiten (EU / eurozone) en de snel over de wereld verspreidende waanzinnige islamistische ideologie –een cultus die voornamelijk dood en verderf nastreeft- wel signalen dat onze beschaving niet op een Utopia, maar op ondergang afstevent.

Xander

(1) KOPP

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jeudi, 07 mai 2015

Choses sales excellentes pour la santé

Choses sales excellentes pour la santé

Auteur : Dr. Mercola
Traduction Jean-Marc Dupuis
Ex: http://zejournal.mobi

Les allergies sont provoquées par une réaction excessive du système immunitaire.

Convaincu qu'il est attaqué par de dangereux microbes, notre corps fait tout ce qu'il peut pour s'en débarrasser : il nous fait éternuer pour nettoyer nos poumons et nos fosses nasales, il produit du mucus qui s'écoule abondamment par notre nez, il nous fait pleurer pour nettoyer nos yeux, provoque une inflammation entraînant des rougeurs sur la peau et de la conjonctivite (yeux qui grattent) pour détruire les agents étrangers.

Ces réactions sont provoquées par un puissant cocktail d'histamines, de leucotriènes et de prostaglandines fabriquées par les mastocytes, des cellules du système immunitaire qui se trouvent sur nos muqueuses et qui servent à détecter les agents étrangers.

Mais nos mastocytes se trompent ! Nous ne sommes pas attaqués par un dangereux microbe, mais par d'innocents grains de pollen, poils de chats ou autres poussières.

Pour lutter contre les allergies, notre corps doit donc apprendre à distinguer les corps étrangers dangereux de ceux qui ne le sont pas.

Or, il ne peut apprendre que s'il est souvent confronté à une grande diversité de microbes.

L'hygiène excessive le prive d'occasions nécessaires de s'exercer.

C'est là une raison possible de la forte augmentation des allergies dans les sociétés industrialisées. À force de vouloir tout nettoyer, désinfecter, stériliser, nous avons déboussolé notre système immunitaire.

Alors qu'arrive le printemps et que s'annoncent les premières vagues de pollen, voici quelques découvertes récentes tout à fait passionnantes qui vous aideront à mieux lutter contre les allergies.

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Le lave-vaisselle favorise les allergies

Des chercheurs de l'université de Gothenburg, en Suède, ont récemment découvert que les enfants élevés dans des maisons sans lave-vaisselle ont deux fois moins d'allergies que les autres.

Ils avaient beaucoup moins de tendance à l'eczéma, à l'asthme et au rhume des foins.

Cela pourrait être dû au fait que le lave-vaisselle chauffe à très haute température, bien plus fort que la chaleur que nous pouvons supporter en lavant notre vaisselle à la main.

Les ustensiles de cuisine sortent donc largement stérilisés du lave-vaisselle. La plupart des microbes ont été éliminés.

Les personnes qui mangent avec ces ustensiles sont donc moins exposées aux bactéries et autres antigènes (corps étrangers provoquant une réaction immunitaire). Leur système immunitaire est moins sollicité, il perd de sa précision et risque plus souvent de se tromper, de réagir alors que c'est inutile (provoquant des allergies).

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Les aliments fermentés et les produits de la ferme diminuent le risque d'allergie

Les enfants qui mangent des aliments fermentés et des produits de la ferme non pasteurisés (beurre, fromage, lait), des fruits et des légumes ramassés tels quels et non traités, ont aussi moins d'allergies que les autres.

On peut là aussi faire un lien avec les bactéries et microbes avec lesquels les enfants sont en contact, et qui leur font un vaccin naturel.

Les recherches montrent que les femmes qui prennent des probiotiques (bactéries bonnes pour la santé) durant leur grossesse ont des enfants plus résistants aux allergies.

Les enfants qui prennent des probiotiques quotidiennement voient leur risque d'eczéma baisser de 58 %.

Concernant les aliments frais de la ferme, les enfants qui grandissent dans des intérieurs aseptisés, sans être en contact ni avec les animaux, ni avec la terre, les insectes, les plantes, les fleurs, les pollens, ont plus de risques de souffrir d'asthme et de rhume des foins que ceux qui vivent dans des maisons un peu sales.

Dans une étude, les enfants d'âge scolaire buvant du lait cru ont eu 41 % de risques en moins d'avoir de l'asthme, et 50 % de risques en moins d'avoir le rhume des foins que les enfants qui buvaient du lait UHT.

Autres choses « sales » qui peuvent être bonnes pour la santé

Notre société est obsédée par la propreté, en particulier pour les enfants. Mais il devient de plus en plus clair que le contact avec la nature, avec les choses naturelles considérées comme sales, est bon et sans doute même essentiel pour maintenir le corps en bon ordre de fonctionnement.

Un biochimiste de l'université du Saskatchewan au Canada a été jusqu'à prétendre, par exemple, que les crottes de nez, ou mucus nasal, ont un goût sucré afin de donner envie de les manger !

En faisant cela, selon lui, les enfants introduisent des microbes pathogènes dans leur organisme. Ils stimulent alors leur système immunitaire, ce qui renforce leurs défenses naturelles.

Et il existe bien d'autres facteurs associés à une baisse des allergies : le fait d'avoir un chien ou des animaux domestiques ; le fait pour un bébé d'aller à la garderie avant l'âge de 1 an, le fait, encore, de recevoir un extrait d'acariens et d'autres allergènes deux fois par jour entre l'âge de 6 mois et 18 mois.

Les acariens sont un des allergènes les plus répandus. Ils déclenchent fréquemment les symptômes de l'asthme. Mais le contact régulier avec les acariens réduit l'incidence des allergies de 63 % chez les enfants à haut risque, dont les deux parents sont allergiques.

Des chercheurs ont aussi constaté que les bébés citadins exposés aux cafards, aux souris, aux acariens et à d'autres allergènes dans la poussière de la maison durant la première année de leur vie avaient moins de risques de souffrir d'allergies à l'âge de 3 ans.

La conclusion est claire : l'environnement est un facteur important d'allergie. Un enfant qui grandit dans une maison trop propre et éloignée de la nature souffrira d'un manque de stimulation de son système immunitaire.

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Les bébés qui mangent de la cacahuète ont moins de risques d'allergie à la cacahuète

Entre 1 et 3 % des enfants en Europe occidentale, Australie et Etats-Unis, sont allergiques aux cacahuètes. Il est donc classique de conseiller aux parents de ne pas donner aux jeunes enfants de produits contenant de la cacahuète (arachides).

L'allergie aux cacahuètes est aussi en train de se répandre en Asie et en Afrique. Les réactions allergiques à la cacahuète peuvent varier en gravité, allant de difficultés à respirer au gonflement de la langue, des yeux et du visage, des douleurs d'estomac, des nausées, des démangeaisons et, dans les cas les plus graves, un choc anaphylactique pouvant conduire à la mort.

Cependant, une récente étude indique qu'éviter les cacahuètes dans l'enfance pourrait justement favoriser l'apparition des allergies. Les enfants qui, entre l'âge de 4 et 11 mois, ont reçu des aliments contenant de la cacahuète plus de 3 fois par semaine ont eu 80 % de risques en moins de développer une allergie à la cacahuète, par rapport à ceux qui n'en avaient jamais reçu.

Même chez les petits qui manifestaient déjà des signes d'allergie à la cacahuète, les chercheurs ont réussi à guérir l'allergie en donnant de toutes petites quantités de cacahuète et en augmentant progressivement la dose.

Notez bien que les cacahuètes entières doivent absolument être évitées avec les nourrissons qui risquent de s'étouffer. L'idéal est de donner aux enfants du beurre de cacahuète (peanut butter) en petites quantités.

Je me permets néanmoins de souligner que les cacahuètes sont loin d'être un aliment idéal. Je ne les recommande certainement pas pour nourrir les petits enfants. Le but de l'opération est uniquement d'éviter plus tard une allergie gênante mais aussi dangereuse.

Faites la vaisselle à la main… et autres conseils pour réduire le risque d'allergie

Si la théorie de l'hygiène est vraie, et les données s'accumulent dans ce sens, vous auriez intérêt à faire régulièrement la vaisselle à la main. Souvenez-vous simplement que la plupart des lave-vaisselle doivent être utilisés au moins une ou deux fois par mois pour éviter que certaines pièces ne se dessèchent et endommagent la machine.

Vous pouvez aussi éviter de devenir « trop propre », et ainsi aider à renforcer et réguler vos réactions immunitaires naturelles, en :

- laissant vos enfants se salir. Laissez-les jouer dehors, gratter dans la terre, jouer avec des vers de terre, des insectes, des racines. Même s'ils mangent leurs crottes de nez, ce n'est pas la fin du monde.

- Lorsque vous faites le ménage, contentez-vous régulièrement de faire la poussière, sans utiliser de produit désinfectant ou nettoyant.

- Evitez les savons antibactériens et les autres produits ménagers qui désinfectent de façon trop brutale (eau de javel par exemple). Votre corps a besoin d'être exposé aux micro-organismes. Le simple savon et l'eau chaude suffisent amplement à vous laver les mains. Les antibactériens chimiques comme le triclosan sont très toxiques et favorisent la croissance de bactéries dangereuses.

- Evitez les antibiotiques inutiles. Souvenez-vous que les antibiotiques sont inefficaces contre les infections virales (donc la plupart des rhumes, rhinites, grippes, gastro, otites) ; ils ne marchent que contre les infections bactériennes.

- Mangez des produits bio, si possible que vous aurez cultivés vous-même dans votre potager, avec du bon compost et du bon fumier pleins de micro-organismes vivants.

Enfin, si vous faites partie des millions de personnes qui souffrent d'allergie, notez que vous pouvez faire de nombreuses choses sans aller remplir les poches de l'industrie pharmaceutique.

Mangez de la nourriture saine, naturelle, peu transformée (légumes et fruits frais), peu cuite, et même crue quand c'est possible, dont des aliments fermentés, optimisez votre taux de vitamine D. Corrigez votre ratio oméga-3/oméga-6 (qui doit être idéalement entre 1/1 et 1/5, non 1/20 ou 1/30 comme c'est en général le cas dans le régime moderne) et vous donnerez à votre système immunitaire les bons fondements pour se réguler naturellement.

Pour un soulagement immédiat de vos symptômes allergiques, irriguez vos sinus avec un spray d'eau de mer, essayez l'acupuncture et servez-vous de la plante suprême contre les allergies, le plantain qui est à la fois émollient, adoucissant, anti-inflammatoire, expectorant, antispasmodique bronchique et immunostimulant :

- Contre les rhinites asthmatiques et l'asthme : prendre 3 gélules d'extrait sec par jour.

- En cas de conjonctivite, appliquer sur les yeux clos une compresse imbibée d'une infusion à 4 % de feuilles de plantain (40 grammes de feuilles pour 1 litre d'eau).

Il existe également de très nombreuses solutions en gemmothérapie (bourgeons), aromathérapie (huiles essentielles) et oligothérapie (éléments-trace) qui sont détaillées dans le dernier numéro de Plantes & Bien-Être, dans un dossier passionnant réalisé par Danielle Roux, qui est docteur en pharmacie et l’une des meilleures spécialistes européennes de phytothérapie (médecine par les plantes).

Pour un traitement de fond de vos allergies, envisagez une désensibilisation chez un allergologue. Enfin, si vous avez des enfants, envisagez très sérieusement avec votre pédiatre de leur donner régulièrement de la cacahuète sous forme de beurre de cacahuète. La même approche avec les autres allergènes pourrait fonctionner également pour empêcher l'apparition future d'allergies.

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mercredi, 01 avril 2015

Angelina Jolie, « icône du courage » ou victime de charcutiers ?

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Angelina Jolie, « icône du courage » ou victime de charcutiers ?
 
Ecrivain, musicienne, plasticienne
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Dans la saison 1, Angelina Jolie s’était fait changer les seins. Pour démarrer la saison 2, la star s’est débarrassée de ses ovaires et de ses trompes de Fallope. Et pour la saison 3, quoi de neuf ?

C’était en 2013. La planète, émue, rendait un hommage appuyé à Madame Brad Pitt. C’est que l’actrice, atteinte d’un gène prédisposant au cancer, s’était fait enlever les deux seins, ce qui, disait-on, constituait « un message d’espoir pour les femmes ».

Bref, amputée de ses deux seins, « Angelina Jolie est un modèle à suivre », nous a-t-on dit en 2013. Et la directrice de l’ARC, fondation pour la recherche contre le cancer, de déclarer alors sur RTL : « Toutes les femmes qui ont un risque de cancer devraient se faire retirer les seins, et la Sécurité sociale devrait prendre ces opérations en charge au titre de la prévention. » Rebelote samedi dernier où la même dame, sur Europe 1 cette fois, a déclaré : « Angelina Jolie est un merveilleux exemple pour la prévention et le dépistage », c’est « une icône du courage » et toutes les femmes… etc. Bis repetita.

Je lisais récemment le dossier sur le cancer d’un éminent docteur qui court le monde entre recherches et conférences. Il y parlait « des mutations défavorables qui touchent en particulier les gènes BRCA1 et et BRCA2 », lesquels « sont devenus célèbres grâce à l’actrice Angelina Jolie qui leur doit l’amputation préventive de ses deux seins ». L’une des chercheuses de l’institut Curie précise bien que « le risque de cancer de l’ovaire cumulé à l’âge de 70 ans pour une femme porteuse de BRCA1 est de l’ordre de 40 % et de 20 % pour celles porteuses de BRCA2, contre 1,5 % pour la population générale ».

Résumons-nous : 40 % ou 20 % de risques de développer un cancer à 70 ans. Ce qui offre également 60 % ou 80 % de chances de ne pas en développer, mais à l’évidence cela paraît nettement moins intéressant abordé sous cet angle. Question, donc, primordiale : faut-il, comme on le recommande tous azimuts, conseiller aux femmes de telles mutilations préventives ?

Je ne suis pas médecin mais je commence à me méfier de la généralisation des « dépistages-ablations » intrusifs, sans doute bientôt pratiqués dès le berceau et même in utero, cela au nom du principe de précaution. Dépistages qui trouvent à chacun ou presque des embryons de maladies encore virtuelles pour celui qui pourrait un jour en être atteint, mais bien réelles pour celui qui encaisse des actes médicaux (en l’espèce, des actes chirurgicaux) et lourdes de conséquences pour celui qu’on charcute préventivement. On a connu cela dans le passé, où l’on retirait utérus et ovaires à des gamines de 15 ans et lobotomisait hardiment les récalcitrants dans les hôpitaux psychiatriques.

Le monsieur cité plus haut – un iconoclaste, assurément – dit que « les porteurs de ces mutations (BRCA1 et BRCA2) ne font pas seulement plus de cancers du sein, mais aussi des ovaires, de la prostate, du pancréas, des mélanomes, des leucémies… » Si bien qu’il considère « l’ablation des seins d’Angelina Jolie et des autres femmes dans son cas pour le moins contestable puisque ces mutations prédisposent à bien d’autres cancers ». Et de conclure : « Pourquoi ne lui a-t-on pas alors retiré aussi la vulve, le col utérin, les ovaires, le foie, le pancréas, les globules blancs, la peau et le cerveau ? Voilà, de mon point de vue, un exemple d’abus techno-réductionniste non éthique qui devrait être beaucoup mieux cadré. »

Au fait, un dernier conseil pour notre jolie Angelina. Qu’elle se méfie : avec ses deux implants mammaires, elle pourrait bien avoir récolté un lymphome anaplasique à grandes cellules. Autrement dit… une cochonnerie de cancer ! Totalement artificiel, celui-là.

 

lundi, 16 mars 2015

The HIV/AIDS Hypothesis

 

 

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Fallacies in Modern Medicine: The HIV/AIDS Hypothesis

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

This commentary was published in the Journal of American Physicians and Surgeons Volume 20, Number 1, Pages 18-19, Spring 2015.

Modern medicine has spawned great things like antibiotics, open heart surgery, and corneal transplants. And then there is antiretroviral therapy for HIV/AIDS.

A civic-minded, healthy person volunteers to donate blood but, tested for HIV (human immunodeficiency virus), is found to be HIV-positive. This would-be donor will be put on a treatment regimen that follows the (285-page) Guidelines for the Use of Antiretroviral Agents in HIV-1-Infected Adults and Adolescents [1] and will be thrust into a medical world peppered with acronyms like CD4, ART, HIV RNA, HIV Ag/Ab, NRTI, NNRTI, PI, INSTI, PrEP, and P4P4P.

Adhering to these government-issued guidelines, a “health care provider” will start this healthy blood donor on antiretroviral therapy (ART). For the last two decades the standard for treating HIV infection is a three-drug protocol—“2 nukes and a third drug.” The “2 nukes” are nucleoside reverse transcriptase inhibitors (NRTI) and DNA chain terminators, like AZT (azidothymidine – Retrovir, which is also a NRTI). The “third drug” is a non-NRTI (NNRTI), a protease inhibitor (PI) or an integrase strand transfer inhibitor (INSTI). [2]

These drugs are toxic. With prolonged use they can cause cardiovascular disease, liver damage, premature aging (due to damage of mitochondria), lactic acidosis, gallstones (especially with protease inhibitors), cognitive impairment, and cancer. The majority of people who take them experience unpleasant side effects, like nausea, vomiting, and diarrhea.

AZT, the most powerful “nuke” in the ART arsenal actually killed some 150,000 “HIV-positive” people when it started being used in 1987 to the mid-1990s, after which, if the drug was used, dosage was lowered. [3] When an HIV-positive person on long-term ART gets cardiovascular disease or cancer, providers blame the virus for helping cause these diseases. Substantial evidence, however, supports the opposite conclusion: it is the antiretroviral treatment itself that causes cancer, liver damage, cardiovascular and other diseases in these patients. [3] They are iatrogenic diseases.

The orthodox view holds that HIV causes AIDS (acquired immunodeficiency syndrome)—one or more of an assemblage of now 26 diseases. Reinforcing this alleged fact in the public’s mind, the human immunodeficiency virus is no longer just called HIV, it is now “HIV/AIDS.”

A new development in HIV care, called preexposure prophylaxis (PrEP), promotes universal coverage with antiretroviral drugs to prevent HIV infections, based on the tenet that prevention is the best “treatment.” Given their unpleasant side effects, however, many people stop taking their antiretroviral drugs. An answer for that in the HIV/AIDS-care world is addressed by its P4P4P acronym (pay for performance for patients). With P4P4P, now under study, patients are given financial incentives to encourage them to keep taking the drugs. [2]

Could the hypothesis that the multi-billion-dollar HIV/AIDS medical-pharmaceutical establishment bases its actions on be wrong? In 1987, Peter Duesberg, a professor of molecular and cell biology at the University of California, Berkeley, who isolated the first cancer gene, and in 1970 mapped the genetic structure of retroviruses, published a paper in Cancer Research questioning the role of retroviruses in disease and the HIV/AIDS hypothesis in particular [4]. Then, in 1988, he published one in Science titled “HIV is Not the Cause of AIDS.” [5] As a result, Dr. Duesberg became a pariah in the retroviral HIV/AIDS establishment, which branded him a “rebel” and a “maverick.” Colleague David Baltimore labeled him “irresponsible and pernicious,” and Robert Gallo declared his work to be “absolute and total nonsense.”

Skeptics of the HIV/AIDS hypothesis are chastised and subjected to ad hominem attacks. Anyone who questions this hypothesis is now branded an “AIDS denier,” which is analogous to being called a Holocaust denier. Nevertheless, non-orthodox scholars have been questioning the HIV/AIDS paradigm for thirty years; and now, in the 21st century, as Rebecca Culshaw puts it, “there is good evidence that the entire basis for this theory is wrong.” [6]

A key feature of the HIV/AIDS hypothesis is that the virus is sexually transmitted. But only 1 in 1,000 acts of unprotected intercourse transmits HIV, and only 1 in 275 Americans is HIV-positive!  Drug-free prostitutes do not become HIV-positive, despite their occupation. [3,7]

HIV is said to cause immunodeficiency by killing T cell lymphocytes. But T cells grown in test tubes infected with HIV do not die. They thrive. And they produce large quantities of the virus that laboratories use to detect antibodies to HIV in a person’s blood. HIV infects less than 1 in every 500 T cells in the body and thus is hard to find. The HIV test detects antibodies to it, not the virus itself. For these and other reasons a growing body of evidence shows that the HIV theory of AIDS is untenable. [7]

A positive HIV test does not necessarily mean one is infected with this virus. Flu vaccines, hepatitis B vaccine, and tuberculosis are a few of the more than 70 things that can cause a false-positive HIV test. In healthy individuals, pregnancy and African ancestry conduce to testing HIV positive. In some people a positive test may simply indicate (without any virus) that one’s immune system has become damaged, from heavy recreational drug use, malnutrition, or some other reason. [8]

If HIV does not cause AIDS, then what does? The classic paper on AIDS causation, published in 2003 by Duesberg et al., implicates recreational drugs, anti-viral chemotherapy, and malnutrition. [9]

If the theory is wrong, how can it persist? In a review of The Origin, Persistence, and Failings of the HIV/AIDS Theory by Henry Bauer, the late Joel Kaufman writes:

“One of the most difficult things to write is a refutation of a massive fraud, especially a health fraud, in the face of research cartels, media control, and knowledge monopolies by financial powerhouses… The obstacles to dumping the dogma are clearly highlighted as Dr. Bauer discusses the near impossibility of having so many organizations recant, partly because of the record number of lawsuits that would arise.” [10]

Henry Bauer, professor emeritus of chemistry and science studies and former dean of the Virginia Tech College of Arts and Sciences, also presents a concisely reasoned refutation of the HIV/AIDS hypothesis in a 28-page online study, “The Case Against HIV,” with 51 pages of references—now 896 of them, which he continually updates. [3]

In a review of Harvey Bialy’s book, Review of Oncogenes, Aneuploidy, and AIDS: A Scientific Life and Times of Peter Duesberg, my colleague Gerald Pollack, professor of bioengineering at the University of Washington, writes:

“The book reminds us that although over $100 billion has been spent on AIDS research, not a single AIDS patient has been cured—a colossal failure with tragic consequences. It explains in too-clear terms the reasons why AIDS research focuses so single-mindedly on this lone hypothesis to the exclusion of all others: egos, prestige, and money. Mainstream virologists have assumed the power of the purse, and their self-interests (sometimes financial), propel them to suppress challenges. This is not an unusual story: challenges to mainstream views are consistently suppressed by mainstream scientists who have a stake in maintaining the status quo. It’s not just Semmelweis and Galileo, but is happening broadly in today’s scientific arena.” [11]

Adhering to the erroneous hypothesis that HIV causes AIDS, the U.S. government spends billions of dollars annually on HIV/AIDS programs and research—$29.7 Billion for fiscal year 2014. It is a waste of money. It fleeces taxpayers and enriches the HIV/AIDS medical establishment and the pharmaceutical companies that make antiretroviral drugs. The annual cost of HIV care averages $25,000-$30,000 per patient, of which 67-70 percent is spent on antiretroviral drugs. [2]

The tide is beginning to turn, as evidenced in the Sept 24, 2014, publication by Patricia Goodson of the Department of Health and Kinesiology at Texas A&M University. She notes that “the scientific establishment worldwide insistently refuses to re-examine the HIV-AIDS hypothesis,” even while it is becoming increasingly “more difficult to accept.” She writes:

“This paper represents a call to reflect upon our public health practice vis-à-vis HIV-AIDS… The debate between orthodox and unorthodox scientists comprises much more than an intellectual pursuit or a scientific skirmish: it is a matter of life-and-death. It is a matter of justice. Millions of lives, worldwide, have been and will be significantly affected by an HIV or AIDS diagnosis. If we – the public health work force – lose sight of the social justice implication and the magnitude of the effect, we lose ‘the very purpose of our mission.’” [12]

Despite its long-term, widespread acceptance, the HIV/AIDS hypothesis is proving to be a substantial fallacy of modern medicine.

REFERENCES

  1. These Guidelines are available at: http://aidsinfo.nih.gov/contentfiles/lvguidelines/adultandadolescentgl.pdf . Accessed Dec 15, 2014.
  2. “10 Changes in HIV Care That Are Revolutionizing the Field,” John Bartlett (December 2, 2013) Available at: http://www.medscape.com/viewarticle/814712 . Accessed Dec 15, 2014.
  3. The Case Against HIV, collated by Henry Bauer. Available at: http://thecaseagainsthiv.net/ . Accessed December 15, 2014
  4. Duesberg PH. Retroviruses as Carcinogens and Pathogens: Expectations and Reality. Cancer Research. 1987;47:1199-1220.
  5. Duesberg PH. HIV is Not the Cause of AIDS. 1988;241:514-517. Available at: http://www.duesberg.com/papers/ch2.html   Accessed Dec 15, 2014.
  6. Culshaw R. Science Sold Out: Does HIV Really Cause AIDS?, Berkeley, CA: North Atlantic Books; 2007.
  7. Bauer H. The Origin, Persistence and Failings of HIV/AIDS Theory, Jefferson, NC: McFarland; 2007.
  8. Duesberg PH. Inventing the AIDS Virus, Washington, D.C.: Regnery Publishing; 1996.
  9. Duesberg PH, Koehnlein C, Rasnick D. The Chemical Basis of the Various AIDS Epidemics: Recreational Drugs, Anti-viral Chemotherapy, and Malnutrition. J Biosci 2003;28:384-412. Available at: http://www.duesberg.com/papers/chemical-bases.html. Accessed Dec 15, 2014.
  10. Kauffman JM. Review of The Origin, Persistence, and Failings of the HIV/AIDS Theory, by Henry H. Bauer, Jefferson, NC, McFarland, 2007. J Am Phys Surg. 2007;12:121-122.
  11. Pollack G. Statement on HIV/AIDS at: http://www.aras.ab.ca/aidsquotes.htm Accessed Dec 15, 2014.
  12. Goodson P. Questioning the HIV-AIDS hypothesis: 30 years of dissent. Frontiers in Public Health. 2014; 2[Article 154]: 1-11. Available at: http://journal.frontiersin.org/Journal/10.3389/fpubh.2014.00154/full . Accessed Dec 15, 2014.

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mardi, 13 janvier 2015

Benutzt euer Gehirn!

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Benutzt euer Gehirn!

von Moritz Scholtysik

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Der bekannte Gehirnforscher Manfred Spitzer warnt in seinem Buch vor „digitaler Demenz“. Und erklärt Ursachen und Folgen. Neu ist nicht alles – aber wichtig.

Digitale Medien sind ein fester Bestandteil unseres Lebens. Kaum einer mag noch bestreiten, dass sie keine Auswirkungen auf unser Denken und Handeln hätten. Die Frage ist nur: Sind sie positiv oder negativ zu bewerten? Für das populärwissenschaftliche Magazin Geo steht jedenfalls fest: „Digital macht schlau!“

Allerdings ist auch Kritik an der Elektronisierung aller Lebensbereiche nicht selten – vor allem in kultureller Hinsicht. Spitzer argumentiert seinem Beruf entsprechend vor allem aus psychologischer und medizinischer Perspektive. Gerade der in den Neurowissenschaften Unkundige erfährt in Digitale Demenz Grundlegendes über die Funktionsweise des Gehirns – auf bewusst einfache Weise.

Wesentliches statt Multitasking

Spitzer entlarvt zwei hartnäckige Mythen: Zum einen den der „Digital Natives“, dieser vermeintlichen „Generation von digitalen Wunderkindern“. Sie gebe es nicht. Diese Generation sei mehr von Bildungsverfall als von Medienkompetenz gekennzeichnet. Zum anderen wendet sich Spitzer den angeblichen Vorzügen des Multitaskings zu: Dieses führe zu Störungen der Selbstkontrolle sowie zu „Oberflächlichkeit und Ineffektivität“. Des Psychiaters Appell: „Konzentrieren wir uns lieber ganz auf das Wesentliche!“

Apropos Selbstkontrolle: Diese gehe bei übermäßigem Konsum digitaler Medien verloren, was mit Stress gleichzusetzen sei und zu Aufmerksamkeitsstörungen sowie mehreren chronischen Erkrankungen führen könnte. Beispiele sind Sucht, Schlaflosigkeit, Übergewicht, Probleme im Herz-​Kreislauf-​System, Demenz. Bei all diesen Erläuterungen und Ausführungen spricht Spitzer immer wieder mögliche Einwände und Fragen an und vermeidet meist allzu komplizierte Formulierungen und Fachtermini.

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Keine Laptops für Schulen

Spitzer, Leiter der Psychiatrischen Universitätsklinik in Ulm und des Transferzentrums für Neurowissenschaften und Lernen, ist vielen Lesern bereits durch sein Buch Vorsicht Bildschirm! und zahlreiche Fernsehauftritte bekannt. In Digitale Demenz zeigt er auf, dass sich unser Gehirn durch dessen Nutzung, also durch Lernen, an den sogenannten Synapsen verändert. Dies führe zu einem Wachstum einzelner, spezialisierter Bereiche. Gebrauche man sie jedoch nicht, verkümmerten sie. Unser geistiges Leistungsvermögen hänge also von unserer geistigen Betätigung ab. Und wir lernten besser, je mehr und je tiefer wir uns mit dem Gegenstand des Lernens auseinandersetzten. Computer jedoch nähmen uns viel geistige Arbeit ab und ließen uns oberflächlicher lernen. Die Verfügbarkeit gespeicherter Daten führe zudem dazu, dass wir uns sie weniger merkten. Spitzer verwirft daher auch den vielfach forcierten und teuren Plan, Schulen mit Laptops und Smartboards, also digitalen Tafeln, auszurüsten.

Teletubbies und „Killerspiele“

Bei Kindern und Jugendlichen steht vor allem die private Nutzung von Computer und Internet im Vordergrund. Darunter können nicht nur die Schulnoten leiden, sondern auch eine gesunde Entwicklung des noch nicht ausgereiften Sozialverhaltens. Es klingt ironisch, wenn Letzteres gerade durch die sogenannten sozialen Netzwerke gefährdet sei. Als mögliche Folgen nennt Spitzer „mangelnde Selbstregulation, Einsamkeit und Depression“. Auch die Kleinsten seien von den negativen Auswirkungen betroffen. „Baby-​TV“ störe die Sprachentwicklung und Computernutzung im Vorschulalter beeinträchtige die Lese– und Schreibfähigkeit.

In den letzten Jahren wurde besonders kontrovers über die Auswirkungen von Computerspielen, insbesondere der Ego-​Shooter, diskutiert. Spitzer weist als Folge dieser Spiele „zunehmende Gewaltbereitschaft, Abstumpfung gegenüber realer Gewalt, soziale Vereinsamung und eine geringere Chance auf Bildung“ nach. Es mag ihn bestätigen, wenn die Reaktionen auf diese Erkenntnis oftmals aggressiv und beleidigend ausfallen – wie viele Kommentare im Netz zeigen.

Nichts neues, aber grundlegend

In den letzten beiden Kapiteln des Buches lässt Spitzer etwas nach: Er wiederholt sich, betont zu oft die Wissenschaftlichkeit der von ihm vorgestellten Studien und wird bei seiner Kritik an Politikern polemisch. Andererseits kann man diesen Ärger gut nachvollziehen, kennt man doch deren Untätigkeit aktuell aus vielen anderen Bereichen.

Er schließt das Buch jedoch gelungen, indem er einige praktische Tipps zur Prävention des geistigen wie körperlichen Abstieges gibt, den digitale Medien mitverursachen. Neben der einleuchtenden Empfehlung, diese zu meiden, schlägt er unter anderem gesunde Ernährung, tägliche körperliche Bewegung, Singen, den bewussten Genuss von Musik und den Gang in die freie Natur vor. Nichts wirklich neues, aber grundlegend.

Manfred Spitzer: Digitale Demenz. Wie wir uns und unsere Kinder um den Verstand bringen. Taschenbuch. 368 Seiten. München: Droemer Knaur 2014. 12,99 Euro.

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lundi, 17 novembre 2014

États-Unis: de McDo à Coca, le lent déclin des icônes de la malbouffe

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États-Unis: de McDo à Coca, le lent déclin des icônes de la malbouffe

Ex: http://fortune.fdesouche.com

 

 

 

Je ne suis pas certain que la place d’un fast-food soit au sein d’un hôpital“, raconte à l’AFP son ex-directeur, John Bluford, aujourd’hui retraité après avoir dirigé TMC pendant 15 ans.

C’était une décision fondée sur des raisons de santé. On s’est dit qu’on avait besoin de changer les règles du jeu et commencer à créer une culture de la santé“, se remémore-t-il.

Impensables dans les grands pays européens et notamment en France, ces partenariats se sont développés dans les années 90. Un peu moins d’une dizaine d’hôpitaux les ont rompus depuis cinq ans, date de début d’une campagne menée par l’ONG Corporate Accountability International.


Le centre pédiatrique Kosair dans le Kentucky (centre-est), qui avait fait entrer les “Big Mac” et autres Nuggets au chevet des patients dès son ouverture en 1986, a suivi l’exemple de TMC, confie à l’AFP Maggie Roetker, porte-parole de l’hôpital.

Désamour

Les ventes de McDonald’s, fondé en 1955, ont baissé de 3,3% aux Etats-Unis au dernier trimestre. La consommation de sodas est retombée l’an dernier aux niveaux de 1995, selon le centre de données spécialisé Beverage Digest. Les Américains qui buvaient en moyenne 51 gallons (1 gallon = 3,8 litres) de sodas en 1998 n’en buvaient plus que 44 gallons l’an dernier.

Cette baisse est encore plus marquée pour les boissons dites “light”: leurs ventes cumulées ont baissé de 6% aux Etats-Unis dans la foulée d’études controversées sur les effets supposés cancérigènes des édulcorants de synthèse comme l’aspartame.

Sollicités par l’AFP, ni McDonald’s, ni Coca-Cola ni PepsiCo n’ont donné suite.

On commence à voir poindre un désamour pour l’alimentation de masse au profit d’une cuisine faite maison“, analyse auprès de l’AFP le professeur et nutritionniste Keith-Thomas Ayoob de l’Albert Einstein College of Medicine à New York. “En tant que nutritionniste, je n’avais jamais pensé que la salade deviendrait à la mode dans ce pays“.

De plus en plus d’Américains font le lien entre la malbouffe, les sodas et les maladies comme l’obésité ou encore le diabète, assure à l’AFP Sriram Madhusoodanan de Corporate Accountability International. En décembre 2011, la ville californienne de San Francisco a obligé les chaînes de fast-food à augmenter la part de fruits et de boissons moins sucrées dans les menus pour enfants.

Ces efforts commencent à aboutir. Les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont annoncé fin février une baisse de 43% de l’obésité chez les enfants de 2 à 5 ans depuis 10 ans dans un pays où un fast-food est à tous les coins de rue.

Beaucoup reste à faire, selon l’organisation Trust for America’s Health: deux-tiers (68,5%) des adultes sont en surpoids ou obèses, selon son dernier rapport publié en septembre.

Nouvelles envies

L’industrie a “drastiquement réduit de 40% la part de sucre dans les sodas sur les dix dernières années“, défend auprès de l’AFP Christopher Gindlesperger, porte-parole de l’American Beverage Association, le lobby des producteurs de boissons. “Quand on regarde les données gouvernementales on voit que la part des calories issues des sodas n’est que de 4%“.

Mais le succès de la chaîne de restaurants Chipotle Mexican Grill symbolise les nouvelles envies du consommateur américain.

Créée en 1993, Chipotle affirme que ses “viandes ne sont pas élevées avec des hormones; nos légumes sont bio, cultivés par des producteurs locaux“, vante auprès de l’AFP Chris Arnold, un porte-parole. Ses ventes ont augmenté de 31% à 1,08 milliard au troisième trimestre et il se développe aussi en Europe.

McDonald’s laisse désormais les mains libres à ses franchisés mieux placés, selon lui, pour s’adapter aux goûts de leurs clients.

Mais pour Sriram Madhusoodanan, une réelle volonté de changement passe par “arrêter de cibler les enfants avec les jouets gratuits dans ses ‘Happy Meal’ et sa mascotte Ronald McDonald“. La chaîne Taco Bell a, elle, renoncé en juillet 2013 aux menus pour enfants.

Coca-Cola et PepsiCo multiplient les engagements à réduire davantage le sucre dans leurs boissons et se lancent dans les sodas fait-maison en s’associant aux spécialistes comme Keurig Green Mountain (Coca-Cola) ou SodaStream (PepsiCo) pour parer à la baisse des ventes. Un autre relais de croissance – les boissons énergisantes très prisées par les jeunes- s’offre également à eux.

Ils sont en train de changer. Ils doivent changer“, commente John Bluford.

AFP (via Le Parisien)

samedi, 01 octobre 2011

UN sollen anerkennen, dass »Junk Food« jährlich 36 Millionen Menschen tötet

UN sollen anerkennen, dass »Junk Food« jährlich 36 Millionen Menschen tötet

Sherry Baker

 

In diesem September findet in New York der UN-Gipfel zu nichtübertragbaren Krankheiten (NCD) statt. Mehr als 140 internationale Nichtregierungsorganisationen (NGO) und Gesundheitsorganisationen wollen das Treffen dazu nutzen, die UN mit einem wichtigen Problem zu konfrontieren. Sie wollen erreichen, dass die Vereinten Nationen einen klaren Standpunkt im Umgang mit der so genannten »Junk-Food«-Industrie (die als minderwertig und ungesund angesehene Lebensmittel produziert) und der Getränke-Industrie beziehen. Vertreter der Gruppen hatten zuvor bereits in der Internet-Vorabausgabe Online First der renommierten medizinischen Fachzeitschrift The Lancet ihre Kritik deutlich gemacht und gefordert, es sei nun an der Zeit, dass die Vereinten Nationen endlich klarstellten, dass viele Produkte und Vermarktungsstrategien für Produkte wie Erfrischungsgetränke, Zigaretten, Alkohol und minderwertige Lebensmittelerzeugnisse das Aufkommen und die Verbreitung von nichtübertragbaren Krankheiten fördern, an deren Folgen alljährlich 36 Millionen Menschen sterben.

 

»Hier zeichnen sich deutliche Konflikte für die Unternehmen ab, die von den Verkäufen von alkoholischen Getränken, Nahrungsmitteln mit einem hohen Salz-, Fett- und Zuckeranteil sowie Tabakprodukten profitieren – alle diese Produkte zählen zu vorrangigen Ursachen nichtübertragbarer Krankheiten«, erklärte einer der führenden Vertreter der NGO in einem Schreiben an Lancet.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/enthuellungen/sherry-baker/mehr-als-14-organisationen-fordern-von-den-vereinten-nationen-offiziell-anzuerkennen-dass-die-ju.html

vendredi, 08 juillet 2011

Psychopathologie: une introduction phénoménologique

Psychopathologie : une introduction phénoménologique

par Pierre LE VIGAN

Auteur d’un ouvrage de référence sur les personnalités hystériques, Georges Charbonneau, psychiatre, est aussi éditeur et animateur de la revue Le Cercle herméneutique. Il vient de publier un livre qui condense ses travaux et réflexions – et ceux de l’école de phénoménologie psychopathologique – depuis plus de vingt ans. Cette école, parfois aussi appelé psychothérapie existentielle, reste marquée par les noms d’Eugène Minkowski (Traité de psychopathologie), Ludwig Binswanger (Mélancolie et manie, Trois formes manquées de la présence humaine), Hubertus Tellenbach (La mélancolie), Wolfgang Blankenburg (La perte de l’évidence naturelle), Arthur Tatossian (La phénoménologie des psychoses) et quelques autres. En toile de fond c’est le Martin Heidegger d’Être et temps (1927) dont les hypothèses sont sollicitées et en quelque sorte remises au travail.

C’est une entreprise ambitieuse et féconde. Le premier tome de l’ouvrage de Charbonneau est essentiellement consacré aux névroses. Il concerne aussi les personnalités pathologiques. Le second tome est consacré aux psychoses : délire et paranoïa. Il aborde donc les crises du Soi, ce qu’on appelle l’ipséité. L’ouvrage remplit pour l’essentiel son cahier des charges : ouvrir un tableau articulé et dialectique des manifestations psychopathologiques et de leurs significations comme déformation, ou altération, de la présence humaine. Certes, le plan traduit quelques flottements : les dépressions non mélancoliques donc non psychotiques sont ainsi traitées dans le tome II essentiellement consacré aux psychoses; elles eussent été plus à leur place dans le tome I, à côté du chapitre sur la fatigue et ses différentes formes. Sans doute aussi, l’usage répété de certains termes « bricolés » (ruptivité, nostrité, mienneté, chacunité, sienneté…) peut agacer : la ressource de la langue française offre bien des possibilités et c’est la grandeur d’intellectuels généralistes comme Alain Finkielkraut, Luc Ferry ou André Comte-Sponville (ou Ludovic Maubreuil ou Éric Werner) d’énoncer des choses subtiles avec les mots de tout le monde et dans une langue compréhensible par tout homme de bonne volonté. L’usage de mots complexes ou pseudo-innovants vise bien souvent à créer une barrière artificielle, qui n’est autre qu’une barrière sociale de distinction au sens de Pierre Bourdieu, et crée une désagréable atmosphère d’élitisme autoproclamé.

Il n’en reste pas moins que le lecteur aurait tort d’en rester à ce possible et légitime agacement, non plus qu’au fait que le numéro de Krisis sur la psychologie n’est pas cité alors que les proximités de certaines des analyses développées avec celles du livre de Charbonneau sont évidentes et connues de l’auteur. Qu’importe. Krisis veut justement dire jugement. Et ce sont les idées qu’il faut juger. Or, dans le présent ouvrage, l’analyse des malaises dans l’homme, des délires, des décrochages existentiels, des ruptures d’avec le monde commun, de l’hystérie en termes de position dans l’espace, des pathologies de la personnalité en termes d’expérience du monde, et en termes d’analyse de l’humeur  c’est-à-dire le thymique, constituent de vrais points d’appui pour chacun d’entre nous, confronté à notre fragilité d’être-jeté-dans-le-monde. Par ailleurs, des développements de concepts sont bienvenus, tels l’historialité, l’auroréal et le vespéral (ou, pour le dire plus simplement, le matinal et le couchant) qui, pour avoir déjà été analysées (souvent par la sémiotique, avec notamment Jacques Fontanille et Claude Zilberberg) avaient rarement été synthétisés de manière aussi complète et dans une perspective unificatrice. Un livre indispensable pour mieux se comprendre, soi-même et les autres, soi-même avec les autres, soi même jamais tout à fait comme les autres.

Pierre Le Vigan

Georges Charbonneau, Introduction à la psychopathologie phénoménologique, MJWf éditions, diffusion Vrin, tome I, 236 p., 20 €, tome II, 215 p., 20 €.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=1991

vendredi, 13 mai 2011

Rébellion n°47

 

sciences boîte de Pandore.png

Rébellion n°47

Au sommaire :

Editorial

Le crépuscule de l’Odyssée


Sciences et capitalisme

>La science en péril

>La question de la science

>Courte réflexion sur la science et le cas du « nanomonde »

 

>Les Nanotechnologies : Aux frontières du réel ?

 

Entretien

Des animaux et des hommes, entretien avec Alain de Benoist

 

Chronique des livres

Des animaux et des hommes. La place de l’homme dans la nature d’Alain de Benoist

Clelia ou le pouvoir des prêtres, de Giuseppe Garibaldi

 

Disponible contre 4 euros à l'adresse :

 Rébellion C/O RSE - BP 62124 - 31020 TOULOUSE Cedex 02 FRANCE

dimanche, 27 mars 2011

Krebszahlen steigen weltweit...

Krebszahlen steigen weltweit, da in den Entwicklungsländer immer mehr amerikanische Nahrungsmittel gegessen und US-Produkte genutzt werden

David Gutierrez

Die Zahl der Krebskranken steigt weltweit an, besonders aber in den Industrienationen, heißt es in einem Bericht, der von der Amerikanischen Krebsgesellschaft (ACS) anlässlich des Weltkrebstages in der Fachzeitschrift der Gesellschaft – CA: A Cancer Journal for Clinicians – veröffentlicht wurde. In dem Bericht heißt es weiter, 2008 wurden schätzungsweise 12,6 Millionen neue Krebsfälle diagnostiziert und 7,6 Millionen Menschen starben an Krebs. Die überwältigende Mehrzahl dieser Fälle – 7,1 Millionen Erkrankungen und 4,8 Million Todesfälle – trat in den Industrienationen auf. Die Verbreitung einer sogenannten »Wohlstandskrankheit« wie Krebs auf die ärmeren Länder kann unter anderem darauf zurückgeführt werden, dass in diesen Regionen in zunehmendem Maße ungesunde Lebensweisen wie zum Beispiel Rauchen, Sesshaftigkeit und eine schlechte Ernährungsweise übernommen werden.

 

 

Die Forscher weisen darauf hin, dass ein Drittel der Krebstoten 2008 durch einfache Maßnahmen wie etwa Aufhören zu rauchen, weniger trinken von Alkohol, eine gesündere Ernährungsweise und mehr körperliche Bewegung sowie eine Reduzierung des Infektionsrisikos hätte verhindert werden können. Mehr als 7.300 Menschenleben könnten so täglich gerettet werden.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/medizin-und-gesundheit/gesundes-leben/david-gutierrez/krebszahlen-steigen-weltweit-da-in-den-entwicklungslaender-immer-mehr-amerikanische-nahrungsmittel-.html

vendredi, 25 mars 2011

Céline, le médecin invivable

Céline, le médecin invivable

 

par Jean-Yves NAU

 

Ex: http://lepetitcelinien.blogspot.com/

 

Voici un article de Jean-Yves Nau paru dans la Revue médicale Suisse des 23 février et 2 mars 2011. Vous pouvez télécharger l'article (format pdf) ici et . Merci à MF pour la communication de ce texte.

Quelques belles âmes plumitives (tricolores et souvent germanopratines) n’en finissent pas d’en découdre post mortem (c’est sacrément plus facile) avec les écrits du Dr Louis-Ferdinand Destouches ? Combien de temps encore se nourriront-elles de ce Céline, prénom emprunté à la mère de sa mère ? On tient régulièrement l’homme carbonisé. Et voici qu’il ne cesse de resurgir à l’air libre.

Dernière actualité le concernant dans une France où, décidément, les responsables gouvernementaux ne manquent aucune occasion de prêter leurs flancs aux fouets médiatiques : ces responsables entendaient «célébrer» l’œuvre du Dr Destouches. Aussitôt dit, aussitôt fait : tombereaux d’injures et rappels à l’essentiel… résurgence des vieux démons eugénistes ; démons comme toujours aussitôt confrontés aux génies de la créativité littéraire.

Céline ? On n’en sortira décidément jamais. «Célébrer» Céline ? Autant jeter des poignées de gros sel sur des milliers de plaies qui jamais ne cicatriseront. «Célébrer» ce docteur en médecine, écrivain de folie aux échos planétaires ? Qui ne voit là une erreur, une faute majeure, commise par le ministre français actuel de la Culture (Frédéric Mitterrand) ? C’est donc ainsi : on ne peut décidément pas laisser l’homme et son œuvre en paix. Et sans doute est-ce tant mieux.

Nous voici donc, une nouvelle fois, avec sur le marbre Louis-Ferdinand et la célébration contestée de sa naissance et de sa mort, de sa vie et de son œuvre. Célébrer Céline ? Il importe avant tout, ici, de se reporter aux écrits de l’un de ceux qui ont su l’autopsier au plus juste. Ainsi Henri Godard, dans les colonnes du Monde : «Doit-on, peut-on, célébrer Céline ? Les objections sont trop évidentes. Il a été l’homme d’un antisémitisme virulent qui, s’il n’était pas meurtrier, était d’une extrême violence verbale. Mais il est aussi l’auteur d’une œuvre romanesque dont il est devenu commun de dire qu’avec celle de Proust elle domine le roman français de la première moitié du XXe siècle (…) quatre volumes dans la Bibliothèque de la Pléiade)». Henri Godard : «Céline n’a réalisé que tard son désir d’écriture, publiant à 38 ans sous ce pseudonyme son premier roman, Voyage au bout de la nuit. Rien dans son milieu ne l’y prédestinait. Fils unique d’une mère qui tenait un petit commerce et d’un père employé subalterne dans une compagnie d’assurances, ses parents lui avaient fait quitter l’école après le certificat d’études. Le dur apprentissage de la vie dans la condition de commis au temps de la Belle Epoque joint à des lectures d’autodidacte n’avaient pas conduit Louis Destouches plus loin qu’un engagement de trois ans dans la cavalerie lorsque, en août 1914, la guerre vient bouleverser sa vie et les projets d’avenir de ses parents.»

Et Henri Godard de résumer à l’essentiel : une expérience du front qui ne dure que trois mois pour s’achever sur un fait d’héroïsme soldé par quelques sérieuses blessures. Puis l’homme en quête d’expérience sur trois continents. Puis l’homme, médecin dans un dispensaire de la région parisienne ; médecin qui entreprend «en trois ans de travail nocturne, de dire dans un roman qui ne ressemblera à aucun autre ce que la vie lui a appris». «Le livre fait l’effet d’une bombe. Il atteint des dizaines de milliers de lecteurs, les uns horrifiés de sa brutalité, les autres y trouvant exprimée, avec soulagement si ce n’est un sentiment de vengeance, la révolte qu’ils ne savaient pas toujours enfouie au plus profond d’eux-mêmes» écrit encore M. Godard.

La suite est connue, que nous rapporte ce légiste : «Du jour au lendemain écrivain reconnu, Céline met pourtant quatre ans à écrire un second roman, Mort à crédit, dans lequel il approfondit les intuitions que lui avait procurées le premier. Mais l’accueil est une déception. Ce semi-échec, joint à la découverte des réalités de l’URSS pendant l’été de 1936, cristallisa des sentiments peu à peu renforcés au cours des années précédentes, mais jusqu’alors encore sans virulence. L’année suivante, avec l’aggravation de la menace de guerre, dont il imputait la responsabilité aux juifs, Céline devint dans Bagatelles pour un massacre la voix la plus tonitruante de l’antisémitisme. Dans un second pamphlet, en 1938, il va jusqu’à prôner, toujours sur fond d’antisémitisme, une alliance avec Hitler. Après ces deux livres, il ne pouvait, la guerre venue, que se retrouver du côté des vainqueurs. Mais sa personnalité incontrôlable fait que les lettres qu’il envoie, pour qu’ils les publient, aux journaux collaborationnistes y détonnent tantôt par leurs critiques, tantôt par leurs outrances. Il se tient soigneusement à l’écart de la collaboration officielle.»

La suite, à bien des égards désastreuse, est peut-être moins connue. Question : quelle peut bien être la nature des liens entre des «exercices nocturnes» d’écriture et la pratique diurne de la médecine ; une médecine dans le sang et l’encre de laquelle cet invivable médecin n’a jamais cessé de puiser ?

Infâmes ou sublimes, les écrits du Dr Louis Ferdinand Destouches (1894-1961) n’ont rien perdu de leurs sombres éclats. A peine veut-on, un demi-siècle après sa mort, réanimer sa mémoire sous les ors de la République française que l’abcès, aussitôt, se collecte (Revue médicale suisse du 23 février). Céline revient, seul, comme toujours. Céline est là, à l’air libre ; Céline n’en finissant pas d’user de son invention, tatouée sur papier bible : ses trois points d’une infinie suspension. Trois points reliant au final Rabelais à Destouches, le rire joyeux au sarcastique, le corps jouissant au souffrant, la plume salvatrice à celle du désespoir radical.

Tout ou presque a été écrit sur Céline, sur son génie et ses possibles dimensions pathologiques. Les écrits sont plus rares pour ce qui est de l’intimité, chez lui, des rapports entre la pratique de l’écriture et celle de la médecine. C’est sans doute que l’affaire n’est pas des plus simples qui commence avec cette thèse hors du commun que Louis Ferdinand Destouches soutient en 1924 : La Vie et l’œuvre d’Ignace Philippe Semmelweis. Elle se poursuit avec la publication, l’année suivante de son seul ouvrage médical La quinine en thérapeutique édité par Douin et signé Docteur Louis Destouches (de Paris). Il y aura encore, en 1928, quelques articles dans La Presse médicale où il vante les méthodes de l’industriel américain Henry Ford et propose de créer des médecins-policiers d’entreprise, «vaste police médicale et sanitaire» chargée de convaincre les ouvriers «que la plupart des malades peuvent travailler» et que «l’assuré doit travailler le plus possible avec le moins d’interruption possible pour cause de maladie». Il n’est pas interdit d’avancer ici l’hypothèse de l’ironie. On a ajouté qu’il fut aussi, un moment, concepteur de documents publicitaires pour des spécialités pharmaceutiques.

Puis vint le Voyage au bout de la nuit (1932) rédigé en trois ans de travail nocturne ; puis le reste de l’œuvre, unique, immense objet de toutes les violences, de toutes les interprétations. Quelle part y a la médecine ? Sans doute majeure si l’on s’en tient à la place accordée aux corps irrémédiablement en souffrance. «Il s’agit de faire dire au corps ses ultimes révélations, tout comme on le souhaitait dans l’expérience clinique, écrit Philippe Destruel, docteur en littérature dans le remarquable dossier que Le Magazine Littéraire (daté de février) consacre à l’auteur maudit. La maladie va ponctuer le voyage initiatique du narrateur célinien, celui de la nuit, de la déchéance. La vérité de la maladie appelle une réponse que le médecin n’obtiendra jamais. Il devient alors non pas celui qui guérit, mais celui qui fait de l’affection morbide un processus d’accès à la conscience de la vie humaine, de l’abandon au monde, de la misère. Le médecin de l’écriture abandonne le masque social du démiurge malgré lui pour mêler la douleur de l’autre à l’imaginaire de l’écrivain.»

Dans le même dossier du Magazine Littéraire, Philippe Roussin (Centre de recherche sur les arts et le langage, Ecole des hautes études en sciences sociales) observe que, persuadé de son talent, Céline faisait prévaloir son statut de médecin de banlieue parisienne sur celui d’écrivain ; une manière d’affirmer un ancrage populaire et d’afficher son mépris pour les cercles littéraires. C’est ainsi, nous dit Philippe Roussin, qu’après la sortie du Voyage Céline accorda ses premiers entretiens à la presse (entre octobre 1932 et avril 1933) au dispensaire municipal de Clichy où il donnait des consultations. Les photographies le montrent alors en blouse blanche, entouré du personnel du dispensaire ; jamais à une table d’écrivain.

«Il adressait à des jurés du prix Goncourt des lettres sur papier à en-tête des services municipaux d’hygiène de la ville de Clichy, souligne Philippe Roussin. Un de ses premiers soutiens à l’Action française, Léon Daudet, écrivait du Voyage que "ce livre est celui d’un médecin, et d’un médecin de la banlieue de Paris où souffre et passe toute la clinique de la rue, de l’atelier, du taudis, de l’usine et du ruisseau".» Les choses s’inversèrent lorsqu’il lui fallut, après 1945, répondre de ses pamphlets antisémites. Le médecin se réclama alors l’écrivain, seule stratégie de défense pouvant avoir une chance de succès : on pardonne plus aisément à celui qui écrit qu’à celui qui agit. Et l’on sait jusqu’où, à cette époque, purent aller certains médecins.

Retour en France ; et en 1952 Féerie pour une autre fois, roman au centre duquel un narrateur est présenté comme «médecin assermenté», «médecin, anatomiste, hygiéniste», un «saint Vincent» écoutant «les plaintes de partout». Jusqu’à sa mort l’homme ne fut pas avare en entretiens. Autant d’occasions offertes de faire la part entre l’identité littéraire et l’identité médicale. Il déclarait, en octobre 1954 : «J’ai un don pour la littérature, mais pas de vocation pour elle. Ma seule vocation, c’est la médecine, pas la littérature.» Et encore : «Je ne suis pas un écrivain (...). Il m’est arrivé d’écrire ce qui me passait par la tête mais je ne veux être qu’un simple médecin de banlieue.» Ce qu’il fut, aussi.

Jean-Yves NAU
Revue Médicale Suisse, 23 février et 2 mars 2011

Photos : 1- Thèse de Doctorat de médecine de Céline
2-Philippe Ignace Semmelweis