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Rechercher : hommage à Jean Haudry

Avec Jean-François Gautier disparait un Pic de La Mirandole contemporain

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Avec Jean-François Gautier disparait un Pic de La Mirandole contemporain

par Thierry Monvoisin et Philippe Le Grand

Ex: Https://www.breizh-info. com

Ce jour, notre ami et collaborateur Jean-François Gautier nous a quittés. Il a rejoint aux Champs Elysées les héros et personnes remarquables de la Grèce antique qu’il a étudiés et admirés avec passion depuis sa jeunesse.

Issu d’une vieille famille charentaise, né à Paris le 9 janvier 1950 où il passe ses premières années, Jean-François Gautier se retrouve en Normandie à Caen en 1965 quand son père devient directeur de la fabrication chez Moulinex en plein essor.

9782742701681-475x500-1.jpgIl y obtiendra son doctorat de philosophie sous la conduite en particulier du professeur Jerphagnon à qui il vouera une grande reconnaissance pendant toute sa vie pour l’avoir initié à la culture grecque et romaine antique. Julien Freund sera un autre de ses maîtres à penser. En parallèle, il suivra des cours de musique, qui sera un autre domaine de son expertise.

Dès son enfance, il se prendra de passion pour la navigation en mer, qu’il pratiquera avec brio. De nombreux scouts bénéficieront de sa connaissance du monde marin.

Après son doctorat, il fera un service militaire de coopérant à l’université de Libreville au Gabon pendant un an comme enseignant. Cela lui ouvrait la porte d’ une carrière sans histoire de mandarin. Mais, sur place, Michel Combes lui fait découvrir le GRECE, école de pensée plus connue sous le nom de « Nouvelle droite ».

Est-ce la raison de son changement d’orientation ? A son retour, il ne s’engagera pas dans le cursus de professeur universitaire et se lancera dans ses propres recherches.

Son intérêt pour la culture le fera directeur d’édition puis directeur général des Éditions Atlas et journaliste du groupe Valmonde.

Ensuite, il élargira encore son champ de compétences en entamant de brillantes études d’étiopathie sous la houlette de Christian Trédaniel. Il quittera Paris et créera son cabinet d’étiopathe à Châteauneuf sur Charente, renouant ainsi avec ses racines familiales. Brillant thérapeute – il avait  » l’intelligence de la main » -, il deviendra également enseignant de cette discipline et formera de nombreux confrères.

Nous l’avons connu quand nos enfants se sont retrouvés dans un mouvement scout dont il s’occupait. Au fur et à mesure de notre relation, Jean-François nous est apparu comme un Pic de La Mirandole contemporain, cet homme de la Renaissance exalté par la découverte des textes de l’Antiquité, qui avait la réputation de s’intéresser à tous les domaines de la connaissance de son temps.

519X0JHWD5L._SX244_BO1,204,203,200_.jpgMême si cela est devenu très difficile avec l’extension des études et des recherches depuis cette époque, la curiosité et le travail de Jean-François faisaient de lui un véritable puits de science. Nous ne sortions jamais d’une rencontre sans qu’il ne nous ait ouvert un champ de réflexion sur l’Univers, la vie, les peuples, les hommes. Chacun pourra en juger à travers tous les sujets de ses livres et de ses articles ou son entretien avec Paul Marie Couteaux sur TVL.

Outre sa participation comme journaliste à Valeurs actuelles, il  collaborera à la revue Éléments, où depuis plusieurs années, il tenait la rubrique « Anti-manuel de Philosophie ». Il donnera aussi des contributions à la revue Nouvelle École créée par Alain de Benoist et à Antaios animée par Christopher Gérard. N’oublions pas les brillants articles publiés sur Breizh Info sur la musique, la médecine, les sciences etc.

Comme philosophe, le produit de sa réflexion sur la réalité du monde s’exprimera dans son livre consacré à la cosmophysique L’Univers existe t-il ?  chez Actes sud en 1999. Celle sur la marche du monde sera développée dans son ouvrage Le sens de l’histoire, une histoire du messianisme  chez Ellipses.

Il venait de publier un essai, «  A propos des Dieux, l’esprit des polythéismes « , une sorte de testament,  sur lequel Christopher Gérard écrit : «  L’un des leitmotiv pourrait bien être « Pourquoi pas ? ». Pourquoi pas des correspondances entre Hermès et Hestia, entre Apollon et Dionysos ? Pourquoi ne pas faire le pari de la malléabilité, de l’assimilation et de l’identification ? Pourquoi ne pas comprendre le divin comme fluide, en perpétuel mouvement ? ».

Dans La sente s’efface (Éditions Le Temps qu’il fait,1996), il s’intéresse à la poétique du paysage.

Comme musicologue, il publiera des essais remarqués comme Palestrina ou l’esthétique de l’âme du monde en 1994 chez Actes Sud ou Claude Debussy, la musique et le mouvant chez Actes Sud en 1999.

Dans le domaine médical, il a notamment publié Logique et pensée médicale en 1991, Le syndrome CNV en 1993, Le système circulatoire en 1994.

Mais Jean-François n’était pas seulement un penseur, c’était un homme d’engagement qui se préoccupait de l’avenir de nos enfants. il a largement contribué à l’organisation de camps scouts. Plus récemment, il a été une cheville ouvrière de la création de l’Institut Iliade. Celui-ci a pour objectif de transmettre aux jeunes générations la culture millénaire de la civilisation européenne.

Enfin et surtout, en homme de la Renaissance, il aimait la vie et les rencontres. Sa maison de Châteauneuf était largement ouverte aux amis de passage, qui en profitaient pour bénéficier de ses soins d’étiopathe… et de sa cuisine qui était fameuse !  C’était un conteur riche de mille anecdotes, fruits de ses expériences multiples et de sa curiosité sans limite.

Jean-François nous manque déjà.

Nous pensons à ses enfants et petits-enfants auxquels toute l’équipe de Breizh Info adresse son affectueuse sympathie.

Thierry Monvoisin et Philippe Le Grand


[cc] BREIZH-INFO.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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dimanche, 06 décembre 2020 | Lien permanent

Jean Thiriart : un professeur pour la Patria Grande ibéro-américaine

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Raphael Machado:

Jean Thiriart : un professeur pour la Patria Grande ibéro-américaine

Ex: https://novaresistencia.org/2022/03/22/jean-thiriart-um-professor-para-os-defensores-da-patria-grande-ibero-americana/?fbclid=IwAR1RS7wPU_ymrdgQKbOhC_dl-RMliHRtvKAzntzAmxBcYkLL5vFHRPky2ag

La journée d'hier marquait le 100ème anniversaire de la naissance de Jean Thiriart, théoricien national-révolutionnaire et continentaliste européen, grand critique de l'OTAN et défenseur d'une alliance entre l'Europe et le Tiers-Monde contre les USA. Inconnu dans notre pays, mais ayant influencé les défenseurs de l'idée de la Patria Grande, Thiriart doit encore être étudié attentivement pour les leçons qu'il a à donner à tous les dissidents ibéro-américains.

    "Les Grecs de l'Antiquité n'ont pas compris la progression nécessaire de la Cité-État à l'État-Territoire. La grande majorité des Européens ne comprend pas la progression nécessaire des États territoriaux vers les États continentaux. Il en va de même pour l'Amérique latine." - Jean Thiriart

Le 22 mars 2022 marquera les 100 ans de la naissance de Jean Thiriart. Ce nom n'évoque des souvenirs que chez quelques rares Européens que l'on pourrait appeler, aujourd'hui, des dissidents, des opposants à la pensée hégémonique. Pour les Ibéro-Américains, même parmi les dissidents, Thiriart reste un grand inconnu.

Bien qu'il ne soit pas de notre ressort de tenter de présenter la totalité de la vie, de l'œuvre et de la pensée de Thiriart, notre intention est de signaler quelques idées et réflexions intéressantes qui peuvent instruire les dissidents ibéro-américains qui se positionnent comme défenseurs de l'idée d'une Patria Grande.

Contours biographiques

Thiriart est né le 22 mars 1922 à Bruxelles, en Belgique, dans une famille libérale à tendance socialiste. Adolescent, il est actif dans des organisations telles que la Jeune Garde socialiste unie et l'Union socialiste antifasciste, mais au début de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint la Ligue Fichte, une organisation nationale-populaire (ou völkisch) qui suit une ligne que l'on pourrait considérer comme nationale-bolchévique. À la même époque, il rejoint l'association des Amis du Grand Reich allemand, une organisation qui rassemble tous les éléments de l'extrême gauche socialiste belge qui prônent le collaborationnisme avec l'Allemagne.

Il ne s'agit pas ici d'un virage nationaliste dans un sens bourgeois ou d'extrême droite, mais d'une évolution logique et directe d'un socialisme hétérodoxe vers un paneuropéanisme "national-bolchevique" (ou, plus précisément, communautaire). Le collaborationnisme de Thiriart suivait une logique simple : l'Europe doit être unifiée et doit le faire selon des lignes anti-libérales, anti-capitalistes, anti-atlantiques, quelle que soit la puissance qui soit le moteur de ce processus. Pour lui, même en tant que jeune homme, c'était une question de survie.

Il revient à la politique en 1960, au sein du Comité d'action et de défense des Belges d'Afrique, qui deviendra le Mouvement d'action civique. Dans cette période délicate, où le monde assistait aux processus de décolonisation, Thiriart a compris que, d'un point de vue géopolitique, l'Europe avait besoin d'une connexion méridionale, d'une sortie vers le sud - vers l'Afrique - afin de se protéger des armes de la tenaille représentée par les États de dimension continentales qu'étaient alors les États-Unis et l'URSS. Le soutien apporté par la Jeune Europe (l'organisation paneuropéenne qu'il avait fondée en 1960) à l'"Organisation de l'Armée Secrète" (OAS), une conspiration militaire française qui s'opposait à la décolonisation de l'Algérie, s'inscrit dans une logique similaire. L'idée était d'utiliser l'Algérie comme un pont, comme un "poumon extérieur" pour gonfler un processus révolutionnaire dans toute l'Europe. Date également de la même période, l'effort (infructueux) pour construire un soi-disant "Parti national européen", rassemblant des nationaux-révolutionnaires de tout le continent.

Même après la dissolution de l'OAS, le militantisme de Thiriart reste fébrile et la Jeune Europe s'étend à pratiquement tous les pays d'Europe occidentale. Cette période des années 1960, fertile en non-conformisme politique, voit de nombreux périodiques animés par le mouvement, tels que "L'Europe communautaire",  "Jeune Europe" et "La Nation européenne". Au cours de la même période, il a tenté de créer un syndicat continental et une association universitaire continentale.

Du point de vue de la politique étrangère, Thiriart passe de la défense de l'Euro-Afrique à la défense d'une alliance égale Europe-Tiers Monde. La théorie a été assortie de la pratique. Déjà proche de Ceausescu et par son intermédiaire, Thiriart parvient en 1966 à rencontrer Zhou Enlai, ministre des Affaires étrangères de la Chine maoïste. En 1967, il cherche une connexion algérienne. En 1968, il rencontre Nasser en Egypte et se rend en Irak à l'invitation du Ba'ath. Thiriart et son organisation vont également tisser des liens plus étroits avec la Résistance palestinienne (Roger Coudroy, le premier Européen à mourir pour la cause palestinienne, était un militant de Jeune Europe). Plusieurs personnalités de ces gouvernements et d'autres gouvernements du tiers-monde et non-alignés collaboreraient aux publications de Jeune Europe. L'objectif principal de tous ces contacts était d'obtenir un soutien matériel pour la formation des soi-disant Brigades européennes, qui auraient leur baptême du sang dans la lutte pour la libération palestinienne et débarqueraient en Europe en tant qu'armée de libération.

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Le lien entre Jean Thiriart et Juan Domingo Peron, chef d'orchestre de l'Argentine de 1946 à 1955, mérite un commentaire séparé, en raison de son importance pour les Ibéro-Américains. Pendant son exil à Madrid, Perón a personnellement rencontré Thiriart et les deux hommes sont devenus amis. Le chef d'Etat argentin était un lecteur assidu de La Nation européenne et a été interviewé par Thiriart lui-même pour la publication. Il serait impossible de mettre en évidence une influence à sens unique entre les deux, car l'immense synchronisation entre eux, notamment entre les idées qu'ils ont tous deux exprimées à partir de la fin des années 1960, indique une forte influence mutuelle entre tous les niveaux de leur pensée.

La synchronicité théorique entre Perón et Thiriart est particulièrement pertinente pour nous, mais avant d'en venir, enfin, aux leçons que les Ibéro-Américains devraient tirer de Thiriart, nous clôturerons le cycle biographique du penseur.

Après avoir été déçu par le manque de soutien à ses projets, Thiriart s'est à nouveau retiré de la politique pendant plus de 12 ans, n'y revenant qu'au début des années 1980 pour republier ses œuvres et soutenir le parti de la Communauté nationale européenne. Pendant 10 ans encore, jusqu'à sa mort en 1992, Thiriart a étendu son influence sur une nouvelle génération de dissidents, dont le philosophe russe Alexandre Douguine, prônant non plus la construction d'un empire européen entre les États-Unis et la Russie, mais une Europe de Dublin à Vladivostok.

De l'État-nation à l'État-continent

    "Seules les nations de dimension continentale ont un avenir". - Jean Thiriart

Une première évaluation par Thiriart de la condition européenne est basée sur la perception que les États-nations européens (France, Allemagne, Italie, etc.), tels qu'ils se sont constitués, sont trop faibles pour s'opposer aux États-continents dans leur processus de consolidation du pouvoir. Par conséquent, aucun des pays européens n'était porteur de la souveraineté. En pratique, cela a conduit les nations européennes à graviter autour des États-continents, l'Europe occidentale étant devenue une simple péninsule de la thalassocratie américaine.

Si l'Europe est une péninsule, l'Amérique ibérique est une arrière-cour. Le terme "arrière-cour" est déjà un classique pour désigner la condition de subalternité de la myriade de pays artificiels qui peuplent notre continent. La fragmentation de l'Ibéro-Amérique n'était pas accidentelle, mais le résultat d'une stratégie thalassocratique propre à l'Empire britannique. Le Brésil, colonisé par le Portugal, a failli suivre le même sort, mais a réussi à préserver son unité grâce à l'autorité impériale qui, par le charisme qui lui était propre et par la force des armes, a garanti la stabilité territoriale.

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Ne nous y trompons pas : malgré ses dimensions, même le Brésil ne peut se libérer. Dans une perspective réaliste, malgré sa taille, le Brésil devra tout de même prendre soin de ses frontières. De plus, c'est un pays sans armes nucléaires. Afin de garantir une souveraineté authentique, il est nécessaire qu'un processus de libération se déroule de manière concomitante dans toute l'Amérique ibérique, comme l'a commenté Perón dans l'interview, déjà mentionnée, accordée à Thiriart.

Dans la géopolitique des "Grands Espaces", il n'est pas encore défini si l'Ibéro-Amérique constituerait concrètement un ou deux Empires, mais même si nous prenons la version la plus petite, celle d'un Empire ibéro-américain du Sud, nous nous projetterions comme un État-continent avec plus de 400 millions d'habitants, les plus grandes réserves d'eau douce du monde et un rôle fondamental dans la géopolitique alimentaire, en plus d'immenses réserves de lithium, d'uranium, d'or, de cuivre et du très important pétrole.

Peron lui-même serait évidemment tout à fait d'accord sur ce point, et tous ses efforts sont allés dans ce sens, comme le commente L'Heure du peuple. Le géopolitologue Marcelo Gullo aborde également le sujet, de manière très actuelle, à travers le concept de "seuil de pouvoir", c'est-à-dire d'un niveau de pouvoir nécessaire pour qu'une structure politique soit considérée comme véritablement souveraine. Dans cette perspective, à partir du moment où les Américains sont arrivés dans le Pacifique, seuls les États de dimension continentale peuvent être considérés comme souverains.

Le libéralisme est pire que le communisme

    "Nous devons nous débarrasser de l'approche simpliste, en noir et blanc, qui voit le communisme et le national-socialisme comme des pôles opposés l'un à l'autre. Ils étaient bien plus des concurrents que des ennemis". - Jean Thiriart

Jean Thiriart était proche de l'extrême droite nationaliste française au début des années 1960, à l'époque du Mouvement d'Action Civique et des liens avec l'OAS. Ce bref contact avec ce secteur politique a fixé en Thiriart un rejet de l'anticommunisme, du racisme, du capitalisme et des déviations libérales de la mouvance nationaliste bourgeoise.

Dans une optique qui renverse axiologiquement la logique des réflexions poppériennes, Thiriart (comme d'autres grands de son temps, tels que Drieu la Rochelle) a perçu que le fascisme et le communisme étaient beaucoup plus proches l'un de l'autre que la plupart de leurs propres adhérents ne l'avaient compris et que l'anticommunisme viscéral des secteurs patriotiques (comme l'antifascisme virulent des secteurs socialistes) les rendait tous plus facilement cooptés et instrumentalisés par la thalassocratie libérale.

Si ce point de vue était perspicace dans les années 1960, il est aujourd'hui encore plus valable, plus évident, mais on continue à l'ignorer. Aujourd'hui, des personnalités comme Diego Fusaro et Alain Soral défendent une politique transversale, dans le style d'une "gauche du travail, droite des valeurs" et critiquent l'antifascisme et l'anticommunisme comme des outils du libéralisme hégémonique. Le péronisme lui-même était l'exemple d'un type de construction politique qui réunissait des figures issues des deuxième et troisième théories politiques, pour construire une nouvelle métapolitique et une nouvelle praxis politique.

Avec Moscou, contre Washington

    "[...] l'objectif doit être d'expulser à tout prix les Américains d'Europe. La puissance tutélaire, les USA, a créé en Europe des habitudes de sécurité, de facilité et, de fil en aiguille, de renoncement à l'initiative personnelle et, finalement, de soumission. L'atlantisme est l'opium de l'Europe politique [...]". - Jean Thiriart

Comme Thiriart comprenait le jeu géopolitique de son époque, l'Europe occupée depuis la Seconde Guerre mondiale par les États-Unis, n'était qu'une tumeur apposée surle flanc ouest de l'URSS. Fragmentée en États-nations et sous occupation militaire, elle n'avait pas d'existence propre, pas de destin.

Le cours de la guerre froide a conduit Thiriart, déjà dans les années 1980, à réaliser qu'entre les États-Unis et l'URSS, les États-Unis représentaient un mal infiniment plus grand. En fait, si dans les années 1960, il avait adopté une position typique "Ni Washington ni Moscou", à partir des années 1980, il a adopté une position "Avec Moscou, contre Washington", prônant la conquête de l'Europe occidentale par l'Armée rouge et l'unification d'un État continental englobant l'Europe et la Russie dans une structure unique.

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L'effondrement soviétique et la guerre froide n'ont pas affaibli l'évaluation de Thiriart ; au contraire, ils ont rendu encore plus évidente la nature néfaste de l'action atlantiste américaine et internationale. L'effondrement soviétique a garanti l'hégémonie mondiale aux États-Unis. La bipolarité a été remplacée par l'unipolarité.

Si dans les derniers moments de la guerre froide, même en période de bipolarité, il était possible de voir la nécessité de soutenir Moscou contre Washington, dans les conditions de l'unipolarité, il ne peut y avoir aucun doute : Moscou ne représente pas

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mercredi, 23 mars 2022 | Lien permanent

Jean Haudry: Aux sources de notre identité

Jean Haudry:

"Aux sources de notre identité : les racines Indo-Européennes"

Conférence de Jean Haudry "Aux sources de notre identité : les racines Indo-Européennes", organisée par le Cercle Afl Okkat le 07 octobre 2015 à Strasbourg.

Présentation :

L’Europe, confrontée à des défis sans précédent qui menacent de bouleverser irrévocablement son paysage ethnique et culturel, se cherche un destin et s’interroge sur son identité.

L’Europe, ce n’est ni Lampedusa, ni Bruxelles : il ne s’agit ni d’un espace aux frontières fluctuantes, ouvert à tous vents et porteur d’un système de valeurs abstraites et universelles, ni d’un espace économique voué à s’étendre au-delà de l’Atlantique, au mépris des réalités géopolitiques.

L’Europe, c’est d’abord un ensemble de peuples héritiers d’une très ancienne culture commune, vieille de plusieurs millénaires, qui s’est déployée à partir de son foyer originel jusqu’aux confins de l’Asie. De cette matrice, à laquelle les spécialistes ont donné le nom de culture « indo-européenne », sont notamment issues les langues et les civilisations grecques, latines, celtiques, germaniques, baltes et slaves.

Prendre conscience de la richesse de cet héritage commun constitue plus que jamais pour les Européens enracinés un enjeu majeur : « qui contrôle le passé, contrôle le présent », affirmait George Orwell. C’est aussi la raison pour laquelle certains idéologues, s’appuyant sur une argumentation pseudo-scientifique pour promouvoir l’idée de culture « métisse », prétendent littéralement « déconstruire » notre passé en refusant à notre civilisation toute origine spécifiquement européenne.

Ces attaques en règle contre notre « longue mémoire », récemment renouvelées avec l’appui des media, ne résistent cependant pas à un examen scientifique sérieux, prenant en compte les données de la linguistique, de la mythologie comparée, de l’archéologie et de la génétique des populations.

Soucieux de contribuer à la nécessaire ré-information sur ce sujet essentiel, le cercle Afl Okkat fait appel à un éminent spécialiste, le professeur Jean Haudry.

Normalien, agrégé de grammaire, professeur émérite de l'Université Lyon III, ancien doyen de la faculté des lettres, ancien directeur d’étude à l'École Pratique des Hautes Etudes, Jean Haudry est l’auteur de nombreuses études sur la linguistique et la civilisation indo-européennes (notamment deux manuels parus dans la collection « Que sais-je ? »). Il prépare actuellement un « Dictionnaire de la tradition européenne ».

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mercredi, 11 novembre 2015 | Lien permanent

Hommage à Pierre Monnier

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Hommage à Pierre Monnier,

par Marc Laudelout

Pierre Monnier est décédé le 27 mars 2006 à Nice, où il s’était retiré depuis plusieurs années. Il allait avoir 95 ans. 
Tout célinien a dans sa bibliothèque Ferdinand furieux, ce bouquin épatant dans lequel il raconte dans quelles circonstances il rencontra Céline après la guerre et les relations qui se nouèrent entre eux. Il est difficile aujourd'hui d'imaginer à quel point l'écrivain était alors non seulement victime d'une conspiration du silence, mais considéré par nombre de ses pairs comme un écrivain fini, voire démodé. 


Pierre Monnier m’a souvent dit que les amis de Céline demeurés fidèles se comptaient alors sur les doigts d’une seule main. Et de citer invariablement Marie Canavaggia, Arletty, Daragnès et André Pulicani. Dans ces années-là, Céline lui-même disait : «Autant de cloches à Montmartre que de potes qui m’ont renié». Monnier, qui n’avait pas 40 ans, se lança dans cette entreprise folle qu’est l’édition pour redonner à l’écrivain qu’il admirait l’occasion de se faire entendre à nouveau. Ce ne fut pas sans difficultés mais ce serait sans nul doute faire injure aux lecteurs de ce Bulletin que de rappeler plus avant ces faits bien connus d’eux.


En juin 1993, ce bulletin lui rendit hommage suite à un déjeuner-débat qui eut lieu à Bruxelles et dont il avait été l'invité d'honneur. J'écrivais ceci : «Les qualités du conférencier sont aussi celles de l’homme. Sincérité, lucidité, chaleur, générosité, enthousiasme : tels sont les mots qui se bousculent sous ma plume lorsqu’il me faut définir Pierre Monnier.» C'est bien ainsi qu'il m'est toujours apparu. Et c'est sans aucun doute cet amour de la vie qui transcendait toute sa personnalité. Pourtant les fées ne s'étaient pas penchées sur son berceau. Parlant de son père, officier de carrière mort au combat en 1915, il disait : «J’ai eu peu de temps pour l’aimer». Orphelin de guerre dès l’âge de quatre ans, il dut, adolescent, gagner sa vie tout en suivant des cours à l’École des Beaux-Arts. Rude apprentissage, comme on s’en doute, mais qui n’entama jamais le caractère volontaire de ce Breton féru de peinture, de littérature et de... politique. Dans ses livres de souvenirs, il a raconté son compagnonnage avec l’Action Française, puis cette étonnante aventure de L’Insurgé, éphémère hebdomadaire nationaliste et progressiste fondé en 1937 par Jean-Pierre Maxence et Thierry Maulnier, et dont il fut le secrétaire de rédaction. Il y tenait aussi une chronique sociale qui marquait la volonté de réconcilier syndicalisme et nationalisme. De 1940 à 1942, il participa à la création et au développement des «Centres d’apprentissage des jeunes», créés par Vichy en zone occupée. Après la guerre, il vécut, difficilement, de la peinture et des dessins de presse (notamment dans Aux Écoutes), puis de l'édition sous le nom de « Frédéric Chambriand», avant de faire une belle carrière à L'Oréal. Sa retraite fut très active puisqu'il écrivit pas moins de dix livres, dont deux sur Céline. Et il se voua aussi à l'amitié, ayant pendant de nombreuses années le bonheur d'avoir auprès de lui, dans sa ville d'adoption, ses amis Louis Nucéra et Alphonse Boudard. Une vie assurément variée et bien remplie.


Ceux qui l'ont connu garderont de lui un souvenir lumineux. C'était un homme attachant, loyal, fidèle à ses convictions et d'une humeur joyeusement roborative. Un être d'exception que nous n'oublierons pas. Il n'est que juste de saluer ici sa mémoire.

Marc Laudelout

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mardi, 15 avril 2008 | Lien permanent

Hommage à Pierre-Guillaume de Roux

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Hommage à Pierre-Guillaume de Roux

par Juan Asensio

Pierre-Guillaume de Roux n'est plus.

Le 26 janvier dernier, il m'écrivait pourtant être en convalescence, se remettant d'une péritonite opérée en urgence. Il me disait aussi qu'il espérait que cette nouvelle année n'allait pas nous entraîner dans les derniers précipices.

Il fut le premier éditeur (il travaillait alors au Rocher, place Saint-Sulpice) digne de ce nom, courageux en diable et indépendant, qui me fit confiance, m'accueillant dans un bureau (évidemment !) intégralement occupé par des livres, et publia ma Critique meurt jeune, à une époque où, déjà, plus aucun éditeur ne voulait entendre parler de critique littéraire. Auparavant, je l'avais rencontré alors qu'il dirigeait les éditions des Syrtes, où il fit paraître les monumentales Approximations du grand critique Charles Du Bos.

Je n'oublie pas qu'il me conseilla de lire, bien des années plus tard, Les Fous du Roi de Robert Penn Warren, accomplissant ainsi l'office de tout véritable lecteur : transmettre, servir avant que de se servir. Je lui devais, dès lors, une reconnaissance éternelle comme on dit !

Je pleure un ami grand lecteur qui m'aura toujours été fidèle, malgré de vives oppositions sur le talent de tel ou tel (comme Richard Millet, pour n'en citer qu'un), car jamais il ne lui serait venu à l'idée de me reprocher les chroniques assassines que j'ai consacrées à ce prétendu dernier écrivain de langue française autoproclamé. Peu importe. J'aurais aussi fait ce que j'ai pu pour lui conseiller de publier tel ou tel; il m'écouta au moins une fois.

Pierre-Guillaume a rejoint son père Dominique, qui jamais ne s'en laissa compter, fit découvrir de grands noms à une époque où les prudents s'en tenaient très prudemment éloignés avant, bien sûr, de se bousculer aux portillons pour être les premiers à prétendre les consacrer en colloques et volumes de La Pléiade.

Ainsi, Pierre-Guillaume de Roux honorait de la plus belle des manières, la seule qui vaille, celle de la ténacité et de la constance, la très vive mémoire de son père, avec lequel, maintenant, il doit contempler cette triste époque de saccage de la littérature, de massacre de la langue, de destruction du Verbe, tout simplement.

À la mémoire de Pierre-Guillaume de Roux, donc, cette étude sur un roman immense qu'il me fit découvrir en 2008 ou 2009, amusé que je n'en sache rien (vous, le Stalker !).

Je l'avais déjà remercié, je le refais, dans cette longue note publiée en 2010.

Adieu, cher Pierre-Guillaume.

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Tous les Hommes du Roi de Robert Penn Warren

À Pierre-Guillaume de Roux, qui le premier me parla de Tous les Hommes du Roi.

Ex: https://www.juanasensio.com

Robert Penn Warren dans la Zone.

 
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«Sous les yeux au regard aigu, les mâchoires pétrissaient une chique d’un mouvement lent, méticuleux, implacable comme l’évolution historique. Le Temps n’est rien pour un cochon et pour l’Histoire.»
Robert Penn Warren, Tous les Hommes du Roi.

«La vérité est une chose terrible. On commence par y poser le bout du pied, sans rien éprouver. Quelques pas de plus, et on s’aperçoit qu’elle vous entraîne comme le ressac, vous aspire comme un remous. D’abord, la vérité vous attire à elle d’un mouvement si lent, si régulier, si mesuré, qu’on s’en rend à peine compte; et puis le mouvement s’accélère, et puis c’est le tourbillon vertigineux, le plongeon dans la nuit. Car la vérité a ses ténèbres. On assure qu’il est terrible d’être saisi par la grâce divine.»
Ibid.


Je remets en une la note que j'ai consacrée en 2010 aux Fous du roi ou plutôt, à Tous les Hommes du Roi, titre plus fidèle à l'original sous lequel ce roman génial vient de paraître chez Monsieur Toussaint Louverture. Cette parution, tout autre chose que la photocopie de mauvaise qualité de l'édition originale que Les Belles Lettres ont donnée dans la collection fourre-tout de Jean-Claude Zilberstein, constituera à coup sûr l'un des seuls, sans doute le seul, des événements médiatiquement gonflés, voire fabriqués de toutes pièces, de cette rentrée dite littéraire, et qui l'est à peu près autant que toutes celles qui l'ont précédée et qui le sera autant que toutes celles qui la suivront.
Je suis aussi vraiment ravi que mon sombre constat sur l'édition et (que dire de) la réception, en France, des romans de Robert Penn Warren, soit en partie atténué (1) par ce geste éditorial d'importance, même s'il faut encore hélas constater que Robert Penn Warren, et cela probablement pour de longues années encore, n'est absolument pas connu en France comme il le mériterait. Pour que le lecteur ne soit pas trop désorienté, j'ai systématique remplacé dans mon article l'ancien titre du roman par le nouveau.


Note
(1) Signalons la toute récente réédition de La grande forêt traduite par Jean-Gérard Chauffeteau et préfacée par Laurent Mauvignier chez Point. La préface n'a aucun intérêt et le texte est truffé de fautes.

Nul besoin de lire la très belle préface (devenue, depuis, postface) de Michel Mohrt, intitulée Robert Penn Warren et le mythe du hors-la-loi, dans l'édition épuisée depuis plusieurs années que donna Le Livre de poche (1), pour nous convaincre que Tous les Hommes du Roi constitue un authentique chef-d'œuvre littéraire, d'une ampleur que l'on doit comparer aux romans les plus puissants de William Faulkner, duquel le romancier n'a pas manqué d'être rapproché, et qu'il admirait, du reste.
 
Grand œuvre s'il en est par son ambition à connaître la réalité dans ses plus infimes détails comme dans sa magnifique ampleur historique, Tous les Hommes du Roi pourrait bien être un de ces romans faustiens comme le sont La mort de Virgile, Absalon, Absalon !, 2666, Moby Dick, Au-dessous du volcan ou encore Nostromo.
 
Roman total, selon l'expression consacrée qui est ici de mise, Tous les Hommes du Roi peut être considéré comme une quête de la connaissance, que l'homme est chargé de poursuivre de toutes ses forces. Illustrant par son propre exemple sa thématique, le roman de Penn Warren se conclura-t-il par quelque avancée sur le chemin de cette connaissance ? Leçon ambiguë, nous le verrons. Pour le moment, la voie tortueuse est tracée, implacablement : «Le but de l’homme est la connaissance, mais il est une chose qu’il ne peut pas savoir. Il ne peut pas savoir si la connaissance le sauvera ou le tuera. Il mourra, bien sûr, mais il ne sait pas s'il meurt à cause de la connaissance qu’il acquiert, ou à cause de celle qui lui manque et qui le sauverait s’il la possédait. La griffe glacée est plantée dans votre estomac, mais vous ouvrez l’enveloppe, vous devez ouvrir l’enveloppe, puisque le but de l’homme est la connaissance» (p. 43).
 
Qu'est-ce que la connaissance selon Robert Penn Warren ? «C'est la vie, tout simplement, ou plutôt, la vie n'est tout entière qu'un Mouvement en direction de la Connaissance» (cf. p. 248, je respecte la graphie de l'auteur). L'impression, naïve, d'être embarqués lorsque commence la lecture de ce roman prodigieux n'est donc pas simplement un argument de vente. Mouvement, en effet, longue dérive, comme si l'auteur lui-même semblait perdre de vue, durant des pages voire des chapitres tout entiers de son roman, l'amer qu'il a fixé, se jurant qu'il l'atteindra quoi qu'il arrive. Un grand roman nous échappe. Tout autant, il échappe à son propre auteur, qui s'avance lui aussi réellement sur le chemin de la connaissance, dont son livre est chargé de fixer la perpétuelle fuite. Le livre fixant la révélation de la connaissance est par essence impossible : ou alors, sa dernière ligne lue, nous serions condamnés à devoir mourir.
Robert Penn Warren ajoute, à cette métaphore du mouvement, ces phrases évoquant l'histoire et admettant implicitement que sa fin coïncidera avec la fin de l'homme, filant ainsi la métaphore de la connaissance : «la Vie est un feu qui brûle un morceau de ficelle, à moins que ce ne soit la mèche d’un baril de poudre que nous nommons Dieu ? – Et cette ficelle représente ce que nous ne connaissons pas, notre Ignorance; le filet de cendres qu’elle laisse s’il ne souffle pas de rafale, et qui permet de suivre la forme de la ficelle, c’est l’Histoire, la Connaissance de l’Homme, mais elle est dépourvue de vie, et, quand le feu aura consumé toute la ficelle, alors la Connaissance de l’Homme sera égale à la Connaissance de Dieu, et il n’y aura plus de feu, c’est-à-dire de vie» (p. 249).

201767.jpgIl serait bon que les écrivants français contemporains (je leur refuse le terme d'écrivain, pas même celui de romancier) puissent déployer, à l'instar d'un William H. Gass ou d'un Robert Penn Warren, de pareilles considérations sur l'histoire, plutôt que de se borner à de petites mises en scène romanesques pas franchement dépourvues d'arrière-pensées, comme nous pouvons le constater avec Haenel et Binet.
 
Mais il est vrai que Laurent Binet et Yannick Haenel n'ont probablement jamais entendu parler de Robert Penn Warren car, de honte, la plume leur fût tombée des mains. Ne rêvons pas. N'accordons point, à ces deux vendeurs de livres, des angoisses morales dont la simple lecture de leur plus récent ouvrage suffit à dissiper l'inconcevable existence.
 
Jack Burden, narrateur et héros de cette magnifique histoire que nous conte le grand Penn Warren, est l'étrange ordonnateur, frère lointain du narrateur du génial Maître de Ballantrae de Stevenson, des éléments éparpillés de sa vie et de celle de celui que l'auteur se contente le plus souvent d'appeler le patron, Willie Stark, dont la carrière qui à bon droit peut être considérée comme foudroyante, est typiquement nord-américaine en ce sens que son enseignement est celui d'une parabole biblique : l'homme n'est rien, quelle que soit la puissance que lui confèrent sa volonté et son intelligence et ce rien, il ferait bien de toujours le garder à l'esprit car la ruine, comme un lion cherchant qui dévorer, le guette. Comme tout grand roman aussi, celui de Penn Warren longe sans cesse une faille qui menace de l'engloutir, comme le néant menace à tout instant d'engloutir la vie. Ainsi un grand roman est-il celui qui de la vie donne son image la plus juste et poignante : la fragilité.
 
Tous les Hommes du Roi, s'ils n'étaient que la relation de la grandeur et décadence d'un homme politique qui, après tout, est semblable à bien d'autres de ces traînées de bolide fendant la nuit, n'auraient que bien peu de différences avec une de ces très longues sagas dont la littérature nord-américaine a été (et est encore) friande. Le roman de Robert Pen Warren est majestueux parce qu'il mine cette inlassable exigence de tout connaître : c'est en effet le triste sort de l'homme moderne que d'être creux, donc incapable de faire preuve d'une volonté très tenace. Inconstance de l'homme, son extraordinaire fragilité. Grandeur et misÃ

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lundi, 15 février 2021 | Lien permanent

L'hommage de Richard Roudier à Guillaume Faye

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L'hommage de Richard Roudier à Guillaume Faye

Richard Roudier, Président de la Ligue du Midi

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Photo: Guillaume Faye à Béziers en 1983, entre Maryvonne Roudier et Raymond Morell

Triste nouvelle que d’apprendre le départ d’un homme qui aura tant fait pour la cause, pour notre cause, pour la grandeur de cette Europe que nous chérissons, au point d’y laisser la peau…

Car Guillaume était un être entier qui aura mis sa substance vitale au service de son idéal ! Je plains les personnes qui ne l’auront pas connu car il ne leur restera qu’une seule facette du personnage que la lecture de ses ouvrages leur permettra d’appréhender. Car oui, Guillaume était un génie et il aura laissé une œuvre qui aura marqué une génération.

Le Système à tuer les peuples, l’Archéofuturisme, la Colonisation de l’Europe -et demain, sort « Guerre civile raciale » -… Ces lecteurs n’auront que la version de Guillaume en 2D et il leur manquera éternellement le contact avec l’homme. Car Guillaume était un penseur, mais loin de l’image de l’intellectuel éthéré, il était une véritable torche. Il embrasait son auditoire et touchait au cœur par son inspiration magnétique. Son charisme a marqué tous ceux qui l’ont côtoyé.

Je me souviens de ce débat organisé en novembre 1983 à Béziers où, en pleine possession de ses facultés, il avait présenté sa vision futuriste d’un Empire Européen face aux démons de la société de consommation américaine. Il est vrai que l’Europe était loin de la colonisation qu’elle subit actuellement. Aussi, c’est un tout autre discours qu’il avait tenu voici dix ans lorsque nous l’avions reçu à Lunel.

Guillaume, rejoins donc la place qui te revient au panthéon des Maîtres aux côtés de Jean, Maurice, Dominique et les autres !

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dimanche, 10 mars 2019 | Lien permanent

TERRE & PEUPLE Magazine n°72 - Hommage à Dominique Venner

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Communiqué de "Terre & Peuple-Wallonie" -

TERRE & PEUPLE Magazine n°72

Le numéro 72 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré sur le message de notre maître et ami Dominique Venner, qui s'est sacrifié le 21 mai 2013 pour que nous nous maintenions en éveil.  A cet appel, nous répondons : « Présent. »

Dans son éditorial intitulé 'Le poison libéral', Pierre Vial recadre et met en relief la réflexion que Michel Onfray, philosophe inclassable, a confiée à Valeurs Actuelles sur Macron : « produit d'appel du grand capital vendu avec ses méthode marketing », « marionnette de l'Etat maastrichien placée sur le trône ».  Il était temps -car un vent de révolte se levait sur la République- et les larbins des media sont radieux, avec une pointe d'inquiétude.  En effet, le triomphe libéral est fondé sur 67,3% d'abstentions ou bulletins blancs ou nuls.  Et, sur 573 députés, les 444 élus REM le sont par moins de 25% des électeurs.  La Corse, avec ses trois élus nationaux, montre la voie qui prime : celle de la survie de l'identité.

Jean-Pierre Dereu se fonde sur le tout récent film germano-danois Under Sandet (Les oubliés) pour nous rappeler le devoir de mémoire du martyr des vaincus, ici les milliers de très jeunes (15 à 18 ans) soldats allemands faits prisonniers dans les derniers jours de la guerre et utilisés ensuite, au mépris superbe de la Convention de Genève qui interdit toute exploitation des militaires prisonniers, notamment pour le déminage !  Le film les montre réels, vulnérables et transis d'effroi.  Plus de mille seront gravement mutilés, quand ils n'auront pas perdu la vie.  L'auteur de l'article renvoie au documentaire Quand les Allemands reconstruisaient la France, eux aussi des soldats prisonniers de guerre.  La guerre étant alors finie, plus de vingt mille y laisseront leur vie !  Les mutilés n'ont même pas été répertoriés.

Jean-Patrick Arteault esquisse le portrait de Jean Monnet, puissance et domination qui trône dans l'empyrée du mondialisme occidental et est, dans le même temps, un illustre inconnu.  Qui sait qu'il a animé la reconstruction de l'économie française dans l'immédiat après-guerre et conseillé Roosevelt durant celle-ci et qu'il a été, au nom des Américains, le numéro 2 de la Société des Nations.  C'est lui qui a décidé de rester dans l'ombre, conscient que le vrai pouvoir ne s'expose pas à la lumière.  Né en Charente dans une famille de la bourgeoisie moyenne, il a été un élève intelligent, mais indiscipliné, qui n'a même pas décroché le bac !.  Son père, producteur de cognac, l'envoie en 1904 en apprentissage auprès d'un contact commercial londonien.  Il est heureusement réformé quand éclate la guerre, en août 1914. Il n'a alors que 26 ans, mais obtient aussitôt du président du Conseil René Viviani un rendez-vous , pour lui suggérer un plan d'approvisionnement unitaire franco-britannique, qui est aussitôt approuvé !  Ce prodige s'explique par les liens de confiance et d'amitié qu'il a su nouer, au cours de la décennie écoulée, avec de jeunes aristocrates anglais.  Ceux-ci, membres de structures philosophico-politiques telles que la fondation de Cecil Rhodes ou le 'Kindergarten' de Lord Alfred Milner, s'estimaient investis d'une mission quasi-messianique d'éduquer, dans le cadre d'une société ouverte (open society !), les peuples du monde entier à la culture anglo-saxonne (on notera que les deux Clinton ont tous deux été des boursiers Rhodes).   Très lié au mouvement pan-européen du comte Coudenhove-Kalergi, il va, au cours de sa période bancaire à Wall Street entre 1920 et 1940, passer d'un engagement pro-Britannique à un engagement pro-américain.  Commissaire général au Plan, il va devenir l'homme de l'américanisation de l'économie française et, ensuite, l'inspirateur des Communautés européennes conformes aux intérêts américains et à la pensée du mondialisme occidentaliste.

Avec sa générosité coutumière, Claude Valsardieu gratifie les lecteurs par une substantielle explication, richement documentée, des bonnes raisons pour lesquelles certains se sont choisi sainte Barbe comme patronne.  Il s'agit notamment des mineurs de fond ou encore des pompiers et de ceux qui protègent contre le feu néfaste, mais aussi des métallurgistes et autres manipulateurs du feu purificateur, tels les artilleurs.  C'est pour ces mêmes raisons sans doute que l'Eglise conciliaire se montre réticente à l'endroit de cette sympathique personnalité.  Un de ses attributs est une tour, que les alchimistes voient comme l'inverse de la cavité d'un puits.  L'auteur remarque que celui de la crypte de la cathédrale de Chartres, puits celtique, s'enfonce à 39 mètres et se trouve représenté sur le portail nord sous la forme d'une tour ronde, alors que, dans cette crypte, se tient encore une barbare vierge noire appelée Notre-Dame-de-Dessous-Terre.  Il n'y a pas lieu de s'étonner que soient évoquées plus loin les gravures rupestres de la Vallée des Merveilles, dans le parc du Mercantour.  Un autre attribut de sainte Barbe est sa couronne, où notre ami retrouve les consonnes de Kronos, et celles de cairn, et même celles de Coran !

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Claude Perrin remarque que ses quelques dizaines de millénaires d'occupation de la planète par l'Homo Sapiens Sapiens (qui sait qu'il sait) n'en font pas le propriétaire définitif, quand on note que les dinosaures l'ont tenue 150 millions d'années.  Des civilisations antiques, qui ont rayonné des siècles, sont aujourd'hui ensevelies dans les sables de déserts.  L'humain paraît destiné à disparaître, non pas à cause de la surproduction de CO², mais par la destruction, voire l'extinction, d'espèces végétales et animales, qu'il cause à un rythme sans cesse accéléré par la surconsommation et le gaspillages et par une explosion démographique.

Rappelant que le 21 mai est désormais la date de commémoration du geste sacrificiel de Dominique Venner, Pierre Vial introduit le dossier central qui lui est consacré avec une citation tirée du livre de Dominique Venner 'Histoire et tradition des Européens' : « Vivre selon la tradition, c'est se conformer à l'idéal qu'elle incarne, cultiver l'excellence par rapport à sa nature, retrouver ses racines, transmettre l'héritage, être solidaire des siens.  Cela veut dire également chasser de soi le nihilisme, même si l'on sacrifie en apparence aux normes pratiques d'une société qui lui est asservie par le désir.  Cela implique une certaine frugalité afin de se libérer des chaînes de la consommation.  Cela signifie retrouver la perception poétique du sacré dans la nature, l'amour, la famille, le plaisir et l'action. »

Claude Jaffres évoque Dominique Venner « jeune et charismatique chef de guerre » qu'il a côtoyé au sein du Mouvement Jeune Nation, un grand frère qui était soucieux qu'on comprenne le sens profond du combat mené, un combat avant tout politique, malgré la dimension militaire qu'il a parfois été amené à prendre.  Témoin des derniers temps, il s'émerveille que Dominique Venner ait su « garder la vertu de jeunesse ».

Alain Cagnat retrace l'histoire, au début des années '60, de la fondation de la revue Europe Action par Dominique Venner en collaboration avec Jean Mabire.  C'est le temps où les gaullistes, appelés au pouvoir pour sauver l'Algérie française, viennent de la larguer au prix du sang des Pieds-noirs et des Harkis.  L'un comme l'autre ont fait la guerre en première ligne. Venner a fait de la prison comme membre de l'OAS.  Pour lui, n'est légitime que le pouvoir qui respecte les lois non-écrites de la Nation révélées par l'histoire.  Ce sont ses buts qui caractérisent une révolution.  Les moyens utilisés sont fonction des circonstances.  Il croit, comme Georges Sorel, qu'il n'y a pas de révolution sans violence.  Celle-ci nous restitue à nous-mêmes.  Il fallait plus d'audace pour crier Europe Action à Saint-Denis que pour voyager dans l'espace.  La somme de sang et d'effort consentis exige le succès complet et durable.  Pour Jean Mabire, rédacteur en chef, le nationaliste révolutionnaire doit être bien conscient de

la réalité actuelle, « car l'histoire ne repasse jamais les plats ».  Dans un opuscule qu'il a rédigé en prison, Dominique Venner dénonçait déjà le penchant à la mythomanie de nombre de militants identitaires : « La révolution n'est pas un bal costumé. »  Il dénonçait « la dictature hypocrite du capitalisme international sur les démocraties d'Occident», au profit d'une caste nombreuse de privilégiés liés par la complicité, qui monopolisent le pouvoir politique et économique, sous couvert d'une démocratie qui est « le nouvel opium des peuples ».  Il est le premier à démasquer l'entreprise délibérée de destruction des Européens blancs par leur auto-culpabilisation : « Celui qui prêche l'amour de l'agresseur (Ils n'auront pas ma haine.) n'est pas un moraliste, mais un complice. »  Dans le même temps, Jean Mabire stigmatise, dans la liberté promise dans « l'empire mondial, universaliste et indifférencié », la plus gigantesque des tyrannies, empressée d'effacer la longue mémoire de l'identité.  Dès 1964, Dominique Venner désigne l'immigration comme l'arme fatale dirigée contre les peuples blancs, dont la démographie faiblit.  Le plan, mûrement concerté des groupes financier (qui dissimulent mal derrière des idéaux prétendument humanistes de liberté et de décolonisation leur unique objectif d'accélérer la croissance de leur puissance) est de dissoudre l'identité des peuples européens, arrogants et exigeants, « dans un grand brassage universel ».  En 1966, Jean Mabire écrit : « Des masses innombrables attendent dans l'ombre des continents exotiques l'heure de la vengeance.  Ils n'en veulent pas seulement à nos empires.  Ils en veulent d'abord à nos consciences, à notre volonté de vivre et de lutter contre le monde entier, même sans armes et même sans amis. »   Dans le numéro 47 d'Europe Action, Dominique Venner, qui pensait être devenu inaccessible au désespoir, laissait déjà un testament : « L'homme libre qui veut le rester, ou mieux le devenir et assurer la liberté de sa descendance, est voué à se battre sur tous les fronts, celui de la connaissance, de l'art, de la pensée, de la politique. (...) Nous savons bien qu'un noyau homogène, habile, tenace et audacieux peut tout espérer, car son gigantesque adversaire est atteint par son propre poison : la désintégration. »

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Pour situer la dimension mystique de l'ordre de chevalerie que postule Dominique Venner, Pierre Vial cite 'Balticum'(Laffont, 1974) et l'épopée des Corps Francs (1918-1923), les volontaires qui ont su préserver l'Allemagne de la vague rouge des bolcheviques.  Il témoigne que, en 1958, Dominique Venner avait tout d'un chef de Corps Franc, d'un pêcheur d'âmes : Pierre Vial, qui avait alors 15 ans, avait écrit une lettre enthousiaste à la revue 'Jeune Nation'.  Il n'escomptait pas une réponse et avait été surpris que Venner fasse le déplacement et, après l'avoir sondé, sorte une liasse de journaux et se mette, en plein centre de Lyon, à crier à tue-tête : « Jeune Nation pour l'Algérie française, contre De Gaulle, contre le système ».  Coupant ainsi avec ses réflexes bourgeois, il lui a montré l'exemple du militantisme de terrain.  Selon la tradition guerrière, le chef passe le premier.  C'est l'éthique du chevalier, celui qui figure en couverture de son livre-testament 'Un samouraï d'occident', le Chevalier, la Mort et le Diable, de Dürer.  Fraternité guerrière initiatique, la chevalerie s'est développée dans un moyen-âge où la culture est une synthèse des traditions grecque, romaine, celte et germanique dans un syncrétisme pagano-chrétien.  La caution morale et religieuse de la Milice du Temple est saint Bernard de Clervaux, qui définit la vocation des Templiers à réunir les fonction de la prière et de la guerre, la guerre juste où tuer n'est pas homicide, mais malicide.  Mais la guerre, totale, n'est pas que militaire et économique, elle est aussi idéologique et culturelle, c'est pourquoi Dominique Venner a choisi d'appliquer l'essentiel de son énergie au levier qu'est l'histoire : « J'étais voué à l'épée.  Il en est sûrement resté quelque chose dans l'acier de ma plume. »  Il l'a mise au service des deux revues qu'il a fondées, 'Enquête sur l'histoire' et 'La nouvelle revue d'histoire'.  Pierre Vial révèle que, avec ses voeux pour la nouvelle année 2013, Dominique Venner lui a confié : « En cette année 2013 se posera une nouvelle fois pour moi la question 'Que faire,'.  Mais je connais la réponse.  Elle sera en accord avec ce qui a soudé notre amitié combattante. »  L'Institut Iliade s'est donné pour mission de transmettre l'héritage de Dominique Venner.

Llorenç Perrié Albanell souligne le caractère agraire et aristocratique de la société des états sudistes américains.  Il en fait un peuple antinomique de celui des états nordiste, avec une morale de l'honneur et de la responsabilité du fort à l'égard du faible (auquel le nordiste dit : « Sois libre... et que le diable t'emporte ! »).  La prohibition de l'esclavage n'est que le prétexte de la guerre civile du Nord industriel, préfigurant le capitalisme débridé, contre le Sud agricole, attaché aux valeurs traditionnelles.  L'élection de Lincoln mettra le feu aux poudres.  Le génie militaire du général Lee, qui osera marcher sur Washington, donnera même une chance de victoire aux sudistes.  Le premier Ku Klux Klan mènera d'utiles opérations de représailles contre les occupants et leurs kollabos.  Dans 'Le blanc soleil des vaincus', Dominique Venner professe que si « le Sud est mort, il continue de vivre dans le coeur des hommes généreux. »

Robert Dragan effeuille 'Le coeur rebelle', récit autobiographique de la jeunesse de Dominique Venner (1935-1960).  Enfant de bonne famille, qui a vécu la guerre, il fugue à 14 ans pour rejoindre la Légion, à l'instar d'Ernst Jünger.  Au cours de la guerre d'Algérie, il monte l'opération Gerfaut, un coup de main armé sur l'Elysée.  En 1956, il anime le raid sur le siège parisien du tout-puissant parti communiste, lors de l'insurrection de Budapest.  Démobilisé, il devient combattant de rue pour l'Algérie française.  Les effectifs sont squelettiques (2 contre 10), pour des raids éclairs, dans « une petite guerre féodale, sans batailles rangées ni beaucoup de morts, une petite guerre qui s'était trompée de siècle », ou on a la révélation de l'imposture et de la calomnie.  « Défendant nos berceaux et nos cimetières, nous menions une guerre cent fois plus juste qu'en 1914 et en 1939. »  Il ressent la décolonisation  comme « un phénomène essentiellement raciste : chasser le Blanc. »  Sa violence est née de sa souffrance à voir son pays cultiver la bassesse et abandonner les siens.  Robert Dragan confie que le retrait de Dominique Venner dans le seul combat culturel, avec comme objectif de réveiller l'Europe de sa dormition, posture d'observateur, l'a plusieurs fois « énervé », ses écrits paraissant propres à endormir les lecteurs plutôt qu'à réveiller sa résistance.  Mais, à l'écart de la médiocrité du combat politique, on doit à nouveau évoquer Jünger et la position de l'anarque :  nous servons à dire la vérité qui rend libre.

Roberto Fiorini fait parler deux camarades qui ont entrepris de présenter sur leur blog et sur leur compte Facebook, à la manière de Zentropa (une image et un petit texte), l'oeuvre et la personne de Dominique Venner.  Ils soulignent d'abord que son choix de la cathédrale comme lieu de son sacrifice, loin d'être une profanation, est une 'devotio', une re-sacralisation pour réveiller notre résistance.  Pour

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dimanche, 17 septembre 2017 | Lien permanent

Gerd Bergfleth (1936-2023) : adieu à un penseur inconfortable

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Gerd Bergfleth (1936-2023) : adieu à un penseur inconfortable
 
Bernard Lindekens

Source: Nieuwsbrief Deltapers - No. 178, mars 2023

Le 20 janvier de cette année, Gerd Bergfleth est décédé à Tübingen. Cet événement n'a pas été l'occasion d'éloges funèbres, d'appels à l'action et d'in memoriam. Bien au contraire. Les médias ont fait ce en quoi ils excellent traditionnellement, à savoir le silence. Même son ancien éditeur, Matthes & Seitz, s'est montré très avare de commentaires. Mais qui était Gerd Bergfleth?

Né en 1936 à Dithmarschen, il a étudié la philosophie, la littérature et le grec à Kiel, Heidelberg et Tübingen de 1956 à 1964, où il s'est finalement installé. À partir de 1975, il devient éditeur, traducteur et interprète de l'œuvre théorique de l'écrivain, philosophe, poète et surréaliste dissident français Georges Bataille (1897-1962). Michael Krüger, de la Frankfurter Rundschau, a écrit à propos de son livre sur la "Théorie du gaspillage/del la dépense" de Bataille (1): "Une étude qui n'est pas seulement l'une des meilleures jamais écrites sur la théorie du gaspillage/de la dépense de Bataille, mais aussi un brillant morceau de philosophie indépendante : en se glissant virtuellement dans la peau de Georges Bataille, en devenant presque "identique" à lui, Bergfleth a eu l'occasion de pousser sa pensée plus loin, pour ainsi dire". Mais il ne s'est pas contenté de présenter une introduction ambitieuse à l'œuvre théorique de Bataille, il s'est aussi passionné pour d'autres auteurs peu visibles comme le Marquis de Sade, Maurice Blanchot, Pierre Klossowski ou Jean Baudrillard. Bergfleth s'intègre ainsi parfaitement dans le concept d'édition qu'avait pensé Axel Matthes et devient peu à peu le philosophe attitré de la toute jeune maison d'édition Matthes & Seitz.

L'enfant terrible

igbzkpvmages.jpgAprès l'effondrement du Troisième Reich, lorsque l'Allemagne a connu sa "Stunde Null", son "Heure Zéro", certains philosophes et professeurs d'avant-guerre sont revenus en Allemagne. Les adeptes de l'Ecole de Francfort ne s'étaient jamais vraiment imposés dans le monde universitaire anglo-saxon et allaient bientôt installer leur hégémonie en Allemagne. Le moyen d'y parvenir sera la théorie critique. Des personnalités comme Theodor Adorno, Max Horkheimer et surtout Herbert Marcuse développent une approche critique de la philosophie axée sur la critique sociale et politique, et notamment du capitalisme. En faisant appel à la raison, elle permettait aussi indirectement de rejeter toute pensée qui n'était pas en accord avec elle en la qualifiant d'irrationnelle. Mais des dissonances ne tardent pas à apparaître. La revue conservatrice Criticon était peut-être de loin la plus connue à l'époque, à côté d'un certain nombre d'autres revues de droite. L'éditrice Claudia Gerhke, par exemple, a organisé des réunions de 1976 à 1980, au cours desquelles est née l'idée d'une revue politico-littéraire : le Konkursbuch (en réaction au Kursbuch, plutôt de gauche, de Hans Magnus Enzensberger 1929-2022). Le premier Konkursbuch est paru le 1er avril 1978 sur le thème "Raisonnabilité et émancipation" et Gerd Bergfleth s'y est illustré. Même lorsque Axel Matthes fonde le magazine maison Der Pfahl, Bergfleth est présent. Mais c'est avec son livre Zur Kritik der palavernden Aufklärung (2) qu'il établira sa réputation d'enfant terrible. Il s'agit d'une petite anthologie où l'on trouve, outre des textes de Bergfleth lui-même, des textes de Jean Baudrillard ("Die Fatalität der Moderne") et de George Bataille ("Nietzsche"), entre autres.  Dans l'un de ses essais du livre, "Zehn Thesen zur Vernunftkritik"(= "Dix thèses pour une critique de la Raison), Bergfleth constate l'échec de la raison en tant qu'agence dominante de la philosophie et explique le clivage entre sa vision personnelle et les lumières de la gauche. Bergfleth s'insurge contre la pensée produite par le mouvement de la gauche - libérale - des années 1970 et pense pouvoir annoncer l'alliance entre la Raison, assortie de ses interdits, et le pouvoir porté par les technocrates. Le livre a aussi immédiatement provoqué un petit scandale lorsque, dans un autre essai de la même anthologie, il a subrepticement inversé la pensée de Walter Benjamin et en a cherché la clé dans la judéité de la Théorie critique. Les plaintes pour antisémitisme n'ont pas manqué de se manifester. Axel Matthes a cependant défendu son auteur avec ferveur. À juste titre d'ailleurs, car Bergfleth citait en fait une lettre de Walter Benjamin à Gershom Scholem. Malgré tout, Bergfleth sera qualifié par le journal Die Zeit de "Matthes & Seitz -Faschist". 

Le fait est que, malgré ce que certains appelleront sa francophilie, Bergfleth a réussi à révéler le fond allemand qui se cache derrière de nombreux textes français. Et c'est précisément grâce à sa connaissance pénétrante des styles de pensée avant-gardistes de Foucault, Derrida et Baudrillard qu'il a pu extraireet remettre en exergue les mondes mentaux de Nietzsche, Klages et Heidegger. Des mondes mentaux qui avaient été habilement enterrés dans la RFA d'alors au nom de l'"Aufklärung" ... 

Le fait que l'esprit refoulé du soi-disant "pré-fascisme allemand" revienne par la porte dérobée de la pensée française du postmodernisme a déclenché toutes les sonnettes d'alarme parmi les disciples de Jürgen Habermas. Plus tard, il collaborera à la brillante revue Etappe et au journal Staatsbriefe. Il a également contribué à l'ouvrage pionnier Die selbstbewußte Nation. En dehors de l'Allemagne, il a également collaboré au numéro sur l'écologie de la revue française Krisis et est intervenu au 27e colloque du G.R.E.C.E. sur le même thème (3).

A l'occasion de son 80ème anniversaire, la revue allemande Sezession (4) écrivait que c'était le grand mérite de cet intrépide penseur non-conformiste d'avoir redécouvert cette autre Allemagne, plus sombre, à travers la France et d'avoir ainsi redonné à l'esprit allemand son pouvoir de séduction. Bergfleth appartenait à ce groupe de penseurs solitaires qui n'ont jamais fondé d'école, et c'est heureux. Bergfleth mérite d'être redécouvert. Le monde et la vie n'appartiennent pas à la seule raison.

Bernard Lindekens

 
Notes: 
(1) Gerd Bergfleth, Theorie der Verschwendung. Einführung in das theoretische Werk von Georges Bataille, 1985, Matthes & Seitz, Berlin, 146 p. ISBN : 978-3-88221-359-1

(2) Gerd Bergfleth et al, Zur Kritik der palavernden Aufklärung, 1984, Matthes & Seitz, Berlin, 198 pp. ISBN : 978-3-88221-344-2 (dans la série "debatte")

(3) XXVIIe colloque national du GRECE, Les Enjeux de l'écologie, Paris, 28/11/1993  

(4) Voir le site Internet : https://sezession.de/57200/gerd-bergfleth-zum-80-geburtstag
Sur Bergfleth, voir aussi : http://www.archiveseroe.eu/bergfleth-a48275783

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vendredi, 17 mars 2023 | Lien permanent

En hommage à Pierre-Guillaume de Roux: petit témoignage personnel sur «l’éditeur des proscrits»

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En hommage à Pierre-Guillaume de Roux: petit témoignage personnel sur «l’éditeur des proscrits»

Par Michel LHOMME

Ex: https://metainfos.com

Il faut reconnaître que mis à part les crétins du Monde ou du Nouveau Magazine littéraire, tous pressés de surligner au cas où l’on n’aurait pas compris son engagement droitier pour l’ostraciser jusque dans le tombeau de peur sans doute de voir de potentiels lecteurs se précipiter à la Nouvelle Librairie pour se procurer les ouvrages qu’il édita, les hommages furent unanimes pour saluer ce qui restera le plus grand éditeur français du début du vingtième-et-unième siècle. Et on peut lire ce florilège sur le site d’Eléments. (https://www.revue-elements.com/pierre-guillaume-de-roux-c...)

Nous avions, pour notre part, rencontré l’éditeur Pierre-Guillaume De Roux par deux fois, la première très jeune et tout juste débutant en écriture, la deuxième récemment rue de Richelieu, fin juillet 2017, il y a déjà quatre ans. Après chaque rendez-vous, il n’édita rien car comme Diderot et Leibniz – excusez du peu ! – j’ai, semble-t-il, de par mes voyages et mes déplacements incessants, fait le vœu secret de ne travailler qu’à une œuvre posthume. (https://unmondelitteraire.com/ces-ecrivains-celebres-a-ti...). Lol !…. Pourtant, alors qu’il était souvent débordé et pressé, avare par nécessité de son temps, notre conversation dura à chaque fois quelques heures. C’est cela qui demeure le plus surprenant et dont je voulais témoigner.   

La première fois, je lui amenai du Pérou, je me souviens dans un sac rouge Air France un essai-diatribe, resté d’ailleurs toujours dans une malle quelque part. C’était il y a vingt-ans, place St-Sulpice, en 2001, pour les Editions du Syrte. Il l’avait lu et m’avait complimenté, il est vrai d’un air hautain au début un peu désagréable mais pas de bol, il était alors en pleine tourmente avec les propriétaires de la maison et allait devoir bientôt quitter les lieux. Quant à moi, je repartais très vite par monts et par vaux, cette fois-ci en Inde, je crois pour me perdre dans quelques ashrams à Tiruvamalei, ma quête devant en passer un temps par Sri Aurobindo, Ramana Maharshi, la théosophie et l’expérience communautariste d’Auroville.

Mais c’est là bien sûr qu’est mon problème : je ne suis jamais là où il faudrait être, toujours parti et dans le milieu littéraire,  il faut répondre au téléphone et surtout fréquenter St-Germain en bon normalien ou fin aristocrate. Or j’ai indéniablement des manières de fils d’ouvrier avec en plus ce petit air de délinquant, la voix de stentor qui ne révèle pas de bonnes manières, tout l’opposé, oui, de ce qu’il était, lui, Pierre-Guillaume, élégant, cravaté, de très bonne éducation et irrésistiblement de la capitale !

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Après une petite correspondance entre nous, la deuxième rencontre eut lieu dans son bureau capharnaüm de la rue de Richelieu. Je me souviens, que, dans un coin, derrière une pile de livres, Patrice Jean était absorbé par envoyer aux service de presse les exemplaires tout neuf de ce qui restera le roman phare de l’ année 2017, L’homme surnuméraire (https://institut-iliade.com/lhomme-surnumeraire-un-splend...) avec un autre roman tout aussi ambitieux et peu remarqué l’Opera Palas publié chez un autre très bon éditeur aujourd’hui en arrêt, Alexipharmaque.

Nous conversâmes ce jour là assez longuement : je lui avais apporté un volume de pièces de théâtre que je venais de fignoler et puis une nouvelle traduction complète et annotée de l’œuvre complète de Rupert Brooke que j’avais potassé en m’enfermant littéralement, éditions anglaises et américaines sur toutes les banquettes dans un pavillon sans charme de Raiatea où tous ceux qui venaient me voir ne pouvaient même pas s’asseoir et où comble de ma situation géographique du moment, je n’allais même me prélasser comme tous mes collègues sur un motu ou voir la mer.

41ojdU7edkL._SX316_BO1,204,203,200_.jpgMais ce fut encore raté, il venait de publier sur le poète britannique, un Barthelet,  Le ciel de Cambridge Rupert Brooke, la mort et la poésie, qui n’avait obtenu qu’un succès d’estime et sans le rejeter, il ne voyait pas l’intérêt de publier maintenant du Brooke dont tout le monde se fichait.

Quant au théâtre, il n’en publiait pas !… Fermons le ban ! … Je vous l’ai dit : je suis condamné, par mon idiotie et ma connerie, au posthume…

C’est alors que très curieusement et sans m’y attendre, il dériva la conversation sur Mayotte puisque je venais tout juste de descendre cette fois-ci de l’Airbus d’Air Austral en provenance de la Réunion. L’anecdote a de quoi surprendre mais alors qu’on remarque souvent que la politique politicienne ne l’intéressait pas, il était très au courant de ce qui se passait dans le cent-et-unième département français, du « lâchage » de Paris, de l’arrivée permanente des kwassas, embarcations clandestines des Comores, désormais remplies de plus en plus d’Africains des grands lacs, de l’insécurité qui conduit la population locale, les Mahorais de souche qui seront sans doute un jour les futurs pieds-noirs de la République, à se défendre par eux-mêmes sous forme de milice.

Comme moi, il y voyait la dégradation à l’œuvre du pays tout entier et son futur probable et il ne cessa de m’interroger, d’en décrire un peu plus voulant en quelque sorte tout savoir. Rétrospectivement et pas seulement pour cet hommage, cela me surprit énormément, lui que je voyais éthéré et complètement absorbé par la littérature.

C’est alors qu’il tint à me remercier – tiens donc, mais pourquoi ! – mais c’est qu’il avait lu – il trouvait donc le temps de surfer sur internet ! – l’hommage bref que j’avais rédigé en 2015 quelques jours seulement après l’annonce du décès de l’érudit André Coyné, traducteur du portugais Pessoa et spécialiste du poète péruvien César Moro, sur l’ancien site Metamag (aujourd’hui devenu metainfos.com).

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Et de là, nous en vînmes forcément à évoquer son père qu’André Coyné accompagnait quotidiennement à Lisbonne, à l’Amérique latine, à la revue Exil mais aussi, signe de nos temps apocalyptiques, à toutes ces bibliothèques d’érudits que l’on retrouve au petit matin sur les trottoirs de la capitale ou dispersés dans les enchères au point que l’été, je lui avouais qu’à Paris, je commençais à faire les poubelles par cet amour maladif et compulsif des livres qui finalement me définit. Car comme tant d’autres, de la bibliothèque de Coyné, il ne reste plus rien, l’appartement ayant été vidé par des héritiers incultes en un seul week-end comme le fut l’été dernier à Boulogne-sur-Mer la bibliothèque unique et quasi complète d’une grande dickensienne française. Pierre-Guillaume avait tout de même réussi, me dit-il, à retrouver et à racheter par hasard la correspondance de Coyné avec son père auquel il tenait tant dans une petite salle de ventes ! Mais du reste et surtout des derniers manuscrits de l’auteur sur César Moro, Martin Adan et de nouveau Pessoa, des derniers travaux laissés en plan par Coyné, nous ne savons rien.

Là encore de Coyné auquel récemment Luc-Oliver D’Algange a dédié un article « Fernando Pessoa. Un cartulaire héraldique » dans la revue franco-russe Méthode (http://www.revuemethode.org/m122027.html) , il voulut tout savoir et aborda en particulier la question de son homosexualité, sachant peut-être que je l’accompagnai à Lima ces dernières années dans la chasse aux garçons…

De là, nous en vînmes à évoquer à brûle-pourpoint Ernest Psichari (curieusement dans l’hommage que lui a rendu le critique littéraire Rémi Soulié, son évocation réapparaît), Max Jacob, Marcel Jouhandeau et Elise, puis soudainement, sur mon initiative, un autre grand britannique, le nouvelliste Somerset Maugham. Nouvelle surprise et qui l’aurait cru : il en était un happy few !…

Coup de chance : cela tombait bien, je préparai une longue étude aujourd’hui achevée sur Somerset Maugham mais il était midi et un autre rendez-vous pour un déjeuner plus sérieux attendait à la porte… Je dus m’éclipser : il me raccompagna comme il se devait et sur le palier me souhaitant bien sûr « Bon voyage » – je repartais cette fois-ci pour l’Afrique !- il me promettait : « Somerset !… ah ça !… Oui !… ». Qui l’eut cru,  de son affection pour Willy comme de sa mort si soudaine !…

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mercredi, 24 février 2021 | Lien permanent

L’œuvre méconnue de Guillaume Faye, le penseur incontournable du système à tuer les peuples

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L’œuvre méconnue de Guillaume Faye, le penseur incontournable du système à tuer les peuples

Source: https://www.breizh-info.com/2024/03/07/230764/loeuvre-meconnue-de-guillaume-faye-le-penseur-incontournable-du-systeme-a-tuer-les-peuples/

Il y a cinq ans aujourd’hui, Guillaume Faye nous quittait. Ce sulfureux, volcanique, flamboyant théoricien de la « Nouvelle Droite » a marqué plusieurs générations de militants et changé la vision du monde de nombre de nos contemporains. Hélas, peut-être pas assez, car une foisonnante œuvre de jeunesse reste encore largement méconnue.

Le but de ces quelques lignes n’est donc pas tant d’évoquer l’homme – haut en couleur ! – mais d’inviter de nouveaux lecteurs à découvrir ses travaux, ô combien éclairants : s’il traite des thèmes les plus importants, dans ses écrits, pas de jargon d’intello, pas de blabla de pseudo-sachants, pas de phrases incompréhensibles où l’on peine à démêler le sujet des trente compléments d’objet, sa lecture est accessible à tous.

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Guillaume Faye lors du colloque du GRECE, à Paris en 1978.

Car Faye, bien que titulaire d’un doctorat en sciences politiques et solidement formé à la culture classique, était à des années lumières de ces ennuyeux rats de bibliothèque qu’il raillait avec piquant (et ces derniers le lui rendaient bien !). Homme aux mille facettes, plurielles comme sa pensée, remarquable dans tout ce qu’il entreprenait, il fut tour à tour essayiste, orateur (exceptionnel !), journaliste traitant de sujets compliqués comme des pires futilités, auteur de nouvelles érotiques et de BD, animateur de radio (le caustique Skyman qui défrayait la chronique sur Skyrock, c’était lui ), organisateur de canulars, excessif et touche-à-tout, on lui prête même un passage dans l’industrie pornographique. (Mais, faute de preuves, il s’agit probablement d’un énième canular.) Mu par une insatiable curiosité, il fréquentait les milieux les plus divers, toujours en quête de débat, d’échange d’idées, aimant à se confronter à toutes les réalités possibles pour en extraire la matière de ses analyses.

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Guillaume Faye, 1982.

Réalité… en voilà un maître-mot ! Elle est à la base de toutes ses réflexions. Fidèle aristotélicien, réitérant qu’ « il faut partir du réel pour changer nos idées et non pas chercher à changer le réel avec nos fantasmes. »

Psychorigides s’abstenir

Présageant qu’une convergence de catastrophes mènera à la fin du monde occidental tel que nous le connaissons, Guillaume Faye théorise l’Archéofuturisme, un mélange de techno-science et de retour aux valeurs ancestrales. L’Archéofuturisme, se veut l’esprit de la post-catastrophe, la philosophie qui devrait sous-tendre le monde de demain. Il prône, entre autres, l’autarcie des grands espaces et sonne le glas de l’égalitarisme vite rattrapé par la réalité. Méritant plus que quelques lignes de description, nous en avions publié un résumé en trois parties (première partie, deuxième et troisième ici: 1: https://www.breizh-info.com/2022/10/27/209857/larcheofutu... , 2: https://www.breizh-info.com/2022/10/29/209873/larcheofutu... et 3: https://www.breizh-info.com/2022/10/30/209878/guillaume-f... ).

« Il ne faut pas être passéiste, ni restaurateur, ni réactionnaire, puisque le passé des quelques derniers siècles a généré la vérole qui nous ronge. Il s’agit de redevenir archaïque et ancestral tout en imaginant un futur qui ne soit plus le prolongement du présent. Contre le modernisme, le futurisme. Contre le passéisme, l’archaïsme. »

Lire Faye, c’est donc en finir avec la réaction incapacitante, avec la nostalgie stérile. Lire Faye, c’est comprendre, posséder les clés, mais dans le but de l’action.

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Guillaume Faye et Jean-Marc Vivenza, historien des avant-gardes futuristes en Italie et en Europe, à l'Université d'été de "Synergies Européennes", Trentin, 1998. 

Dans La colonisation de l’Europe, discours vrai sur l’immigration et l’Islam publié en l’an 2000, il revient sur plusieurs de ses articles traitant de la société multiraciale, datant des années 80. Sa clairvoyance sur les dangers de l’immigration de masse qu’il était alors le seul à aborder dénué de tout politiquement correct reste inégalée. Il n’y dévoile pas seulement les mécanismes de « la colonisation massive de peuplement de la part de peuples africains, maghrébins et asiatiques », mais revient aussi sur « l’ethnomasochisme » et « le Sida mental » qui affligent les peuples européens : l’écroulement de leurs défenses immunitaires, conséquence du lavage de cerveau égalitariste qu’ils subissent depuis des décennies. Un constat implacable et sévère, dont on voit les résultats aujourd’hui.

On citera aussi datant de la même période Avant-guerre: Chronique d’un cataclysme annoncé ; Le coup d’État mondial ; Sexe et dévoiement, un texte décapant où il aborde la famille, la sexualité, l’amour, le féminisme etc. du point de vue archéofuturiste (à lire absolument !) ; Comprendre l’Islam, une analyse sans filtre ni tabou sur la religion (à nouveau) à l’assaut du vieux continent ; La nouvelle question juive, un essai largement incompris (quand il a été lu) et même objet de fausses interviews dont il rétablira la vérité ici: https://web.archive.org/web/20061005035115/http://fr.novo... ; La guerre raciale…

Une œuvre provocante qui vise à susciter le débat, mais extrêmement argumentée : on ne sera pas d’accord avec tout, mais il sera souvent ardu de lui donner tort.

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Faye à l'Université d'été de Synergies Européennes, Lombardie, 2000.

Un penseur incontournable pour comprendre l’Occident contemporain

La première phase de sa production métapolitique, autour des années 1975 -1987 (notamment lorsqu’ il animait le pôle « études et recherches » du GRECE) fut une phase florissante de son œuvre. De nombreux textes ont gardé toute leur pertinence et méritent amplement d’être redécouverts, qui plus est dans le moment historique que nous traversons : l’absurdité d’une société où « On marche sur la tête » est de plus en plus manifeste à nos concitoyens, et les tracteurs qui affluent vers Bruxelles sont le signe qu’ils ont compris que les décisions ne sont plus élaborées dans les capitales mais au sein d’officines apatrides déconnectées du réel. Et c’est là que l’œuvre première de Guillaume Faye gagnerait à être diffusée.

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Guillaume Faye et Robert Steuckers à l'Université d'été de "Synergies Européennes" à Vlotho im Wesergebirge, 2001. 

En 1981, et en une formule géniale, il qualifie le pouvoir de « Système à tuer les peuples ». Dans cet essai absolument visionnaire, il rend limpide le fonctionnement du système techno-économique occidental qui entend transformer le monde en une société planétaire anonyme et uniformisée. Mais sus au complotisme ou aux réductions marxisantes : ce système fonctionne tel un mécanisme, sans chef d’orchestre. Le Système n’a pas besoin des formes usuelles de domination politique, étant économique et technique, il s’autorégule.

« Une civilisation, même mondiale, se fonde toujours sur un passé culturel et vise, plus ou moins, à se perpétuer dans l’avenir. Une civilisation reste humaine. Un système, en revanche, a quelque chose de mécanique et d’intemporel. »

« Le Système, comme chacun de ses rouages, fonctionne sans autre fin que son propre fonctionnement. (…) Le système occidental fait vivre les peuples – ou plus exactement les fait mourir – au rythme de ses autorégulations à court terme. Inutile évidemment de se demander où est passée la notion de destin. Elle n’ est même pas contestée : elle n’existe tout simplement pas. »

Aux décisions des États – spécifiques et adoptées jadis pour la communauté -, se substituent des choix stratégiques pris dans le cadre de réseaux (grandes entreprises privées, organismes bancaires, spéculateurs, officines supranationales). Plus besoin de chefs d’État, des régulateurs suffiront. À mesure que croît la dépolitisation de la société, la spectacularisation de la politique s’intensifie. On comprend aisément l’actualité d’une telle description.

Dans sa « Critique du système occidental », il établit la distinction entre Occident et Europe a un moment où la droite se définissait toute entière occidentaliste par opposition au communisme. Un texte composé il y a 44 ans mais qui n’a pas pris une ride et fut d’inspiration à beaucoup d’autres :

« La civilisation occidentale n’est pas la civilisation européenne. Elle est le fruit monstrueux de la culture européenne, à laquelle elle a emprunté son dynamisme et son esprit d’entreprise, mais à laquelle elle s’oppose fondamentalement, et des idéologies égalitaires issues du monothéisme judéo-chrétien. Elle s’accomplit dans l’Amérique qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lui a donné son impulsion décisive. La composante monothéiste de la civilisation occidentale est d’ailleurs clairement reconnaissable à son projet, identique en substance à celui de la société soviétique : imposer une civilisation universelle fondée sur la domination de l’économie comme classe-de-vie et dépolitiser les peuples au profit d’une “gestion” mondiale. »

La Nouvelle Société de Consommation, Contre l’économisme, L’Occident comme déclin, Le sens de l’histoire, Les héros sont fatigués, Pour en finir avec le nihilisme, Les titans et les dieux, La société du non-travail, Qu’est-ce que la realpolitik, tous les articles sur la technique et l’esprit faustien… plusieurs dizaines de textes et d’entrevues brillantes, directes, claires et atemporelles, qu’il faudrait absolument relire. Tel son Pourquoi nous combattons, paru en 2001 mais qui est en fait une augmentation du Petit lexique du partisan européen qu’il avait rédigé dans les années 80. Ce Manifeste de la résistance européenne, conçu comme un dictionnaire de 177 mots-clés, y répond de façon limpide :

« Nous combattons pour l’héritage de nos ancêtres et pour l’avenir de nos enfants. »

Impuissants sur la scène internationale, sans volonté de se perpétuer, les peuples d’Europe sont sortis de l’histoire. Colonisés culturellement, ils se laissent envahir. Au seuil de cette convergence de catastrophes –  chaos migratoire, ruine économique et financière, effondrement démographique, vide politique, multiplication des conflits armés sur le sol européen… – avoir les idées claires sur les raisons d’un juste combat identitaire, comprendre le monde qui nous entoure et les idéologies qui le portent, former sa pensée, savoir présenter des arguments vali

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jeudi, 07 mars 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

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