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mardi, 26 mai 2015

Eloge de l’homme

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Eloge de l’homme

Il faut haïr l’homme présent. 

Je hais l’homme moderne, celui qu’on nous montre partout, celui qui accuse réception de ses sentiments, qui s’écoute, qui est sensible avant d’être sensé. L’homme d’aujourd’hui est laid, bête et méchant. 

Il la ramène constamment. Pour dire des inepties. Si ce n’est pas pour parler de sa queue, c’est pour parler de sa vie, et quoi de pire que de l’entendre disserter sur sa morne subsistance, sans lumière, sans saveur, sans beauté. 

L’homme moderne est à l’image de cette société, creux, crépusculaire, agonisant dans des mares de vinaigre, sécrétées par sa propre morgue.

Quant à parler de son esprit, son âme est sépulcrale, sourde au saisissement. Il jacte, il ne jouit pas, il ingère et recrache. C’est une poubelle. Il en possède la fonction: servir de réceptacle momentané aux immondices.

Nous voulons des hommes beaux, qui se taisent, qui nous regardent plutôt que de se louanger.

Nous voulons des hommes sans doute. Ou bien s’il vient à douter, par pitié qu’il le fasse en silence. La lancinante complainte de son infortune, ses combines miteuses, ses disettes céphaliques, nous fatigue au plus haut point. Sa ruine atteint des abîmes étourdisants lorsqu’immanquablement, il est content de lui-même, content de la vilaine bectance qu’il se prépare, qu’il te prépare.

L’homme moderne a totalement ingéré sa part de féminité (et la tienne, et même celle de ta mère au passage) en renonçant à sa part masculine.

L’homme moderne est un hermaphrodite récessif. 

Homme, nous te désirons hautain, le port altier, élégant et sans réserve. Fier mais rogue. Licencieux, sans être lascif. Sors un peu de ta condition de victime de ton temps. Imagine toi bien que derrière toi se tiennent roides les postérités de tes ancêtres, il ne s’agirait pas de faillir maintenant, bonhomme.

Et par pitié, ne te défile point, ou alors, arrange-toi pour que l’on ne te recroise plus, nous n’avons pas besoin d’hommes qui s’expriment, qui geignent, qui manifestent ce qu’ils ont à l’intérieur, derrière le gras-double, juste après la tripaille, leur anorexie. on veut des taiseux, silencieux et taciturnes. 

Par trop souvent, de nos jours, l’homme moderne est un anti-homme.

Louise Demory.

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