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mardi, 25 avril 2017

Elections présidentielles françaises : un échec collectif

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Elections présidentielles françaises: un échec collectif

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

A l’issue d’une campagne pénible, polluée par les interventions de la justice, où onze candidats, dont quatre étaient réduits au simple témoignage, se sont affrontés, le premier tour a abouti au duel Macron / Le Pen, celui-là même que tous les sondages indiquaient depuis plusieurs semaines, mais l’ordre prévu a été inversé. Aucun candidat, même les deux finalistes, ne peut s’estimer être sorti vraiment vainqueur de cette confrontation.

Avec 24,01% des voix, Emmanuel Macron est sorti finalement en tête, en ayant bénéficié d’un report de voix favorable à la fois de la droite du PS, du centre et de la gauche de LR, mais aussi d’un soutien médiatique sans faille et de l’action des réseaux Hollande. Candidat créé artificiellement par le système politico-médiatique, sans assise populaire, n’ayant jamais été candidat à la moindre élection même locale, représentant par excellence de la bobocratie, il a su donner l’illusion d’être un homme neuf, libre de tout appareil politicien comme des fameuses « Primaires » qui ne survivront sans doute pas à 2017. En réalité, il a été soutenu par les plus démonétisés et « has been » de la classe politique française, de Robert Hue à Alain Madelin, et par tous les « philosophes » du conformisme le plus béat.

Avec 21,3% des voix, Marine Le Pen réussit à accéder pour la première fois au second tour d’une élection présidentielle. Sa présence était prévue par tous les instituts de sondage depuis plus d’un an, mais en tête et plus près des 27% que des 20%. Or elle a bien failli être éliminée, François Fillon obtenant 20,01% des voix et Jean-Luc Mélenchon 19,58%. Les sondages montraient en effet cette dernière semaine un tassement des intentions de vote en faveur de Marine Le Pen. Les raisons de cette contre-performance sont multiples.

Elle a été concurrencée sur le terrain du vote protestataire par Jean-Luc Mélenchon, sur le terrain de l’Europe, où Nicolas Dupont Aignan a proposé un souverainisme modéré, renonçant à tout départ de l’UE ou de tout abandon de l’euro, et enfin sur le terrain des valeurs conservatrices par François Fillon. Ce dernier a repris à droite ce qu’il a perdu au centre, mais de manière insuffisante. Son pari insensé, alors que l’affaire « Pénélope » l’avait plombé, a bien failli réussir. Il était néanmoins difficile de penser qu’il pourrait vaincre Macron. Certains ont ainsi proposé un vote stratégique, en cherchant à opposer Marine Le Pen et Fillon au second tour, garantissant ainsi l’élimination de la gauche et du candidat médiatique Macron.

D’autres raisons ont pu amener à décourager certains électeurs en sachant que 80% de ceux-ci ont voté Marine Le Pen pour signifier leur opposition à l’immigration sous-entendue extra-européenne. Les prises de position en faveur d’une coopération avec l’Afrique, les aides annoncées aux DOM-TOM, message qui a été fort bien entendu par les domiens par ailleurs, sa modération sur l’islam, devenu compatible avec la république selon elle, auront déstabilisé certains électeurs. Elle aura aussi subi les effets pervers de la dédiabolisation, faisant apparaître Jean-Luc Mélenchon comme davantage contestataire du système en place qu’elle-même. Ses positions sur l’Union Européenne et l’euro ont maintenu entre elle et l’électorat de droite un cordon sanitaire naturel.

La surprise est venue du vote des DOM en sa faveur. 23,5% à la Réunion, 27,3% à Mayotte (île à 99% bantoue et musulmane), 32,5% en Polynésie Française ou encore plus de 25% en Guyane. Une façon de marquer leur sentiment d’appartenance à la France ? Ou bien plutôt la marque des « vertus » de la démagogie socialisante sauce mariniste dans ces territoires ? A Paris, elle ne fait que 5% des voix, score lamentable, pour 12,6% en moyenne en Ile de France. L’ouest reste rétif (15,3% en Bretagne seulement), l’Est, le Nord et le sud-est sont forts. La Corse voit le FN atteindre presque 28% des voix, les nationalistes n’hésitant pas à la soutenir au niveau national alors qu’ils la rejettent au niveau régional.

Fillon échoue de peu, n’ayant néanmoins jamais réussi à remonter la pente. Mélenchon absorbe la gauche du PS sur une ligne plébéienne où il incarne un côté robespierrien, évoquant sa « patrie bien aimée » dans un étrange discours de défaite.

Avec 6,36% des voix, le candidat du Parti Socialiste, Benoît Hamon, prend une correction dans les urnes. Pris en tenailles entre un Mélenchon qui pouvait espérer le second tour et un Macron rejoint par plusieurs ténors du PS, il était contraint à faire de la figuration. Le score du PS laisse augurer d'une future extinction.

Nicolas Dupont-Aignan, avec 4,7% des voix, échoue de peu à voir sa campagne remboursée. Cette perte financière va certainement limiter ses ambitions qu’il annonçait immenses au moment des résultats. Il n’a pas apporté de soutien à Marine Le Pen dimanche soir. Il est douteux qu’il le fasse car cela signifierait un ralliement implicite, dans un contexte où la dédiabolisation du FN a échoué, même si l’anti-fascisme de bazar semble adouci par rapport à 2002, car aucun dirigeant politique, aucune personnalité, n’a annoncé son soutien à la candidate du FN.

Le sympathique quoique peu audible Lassalle sort premier des petits candidats avec 1.2% des voix. Les gauchistes Poutou (1,09%) et Arthaud (0,64%) montrent la réalité électorale de leur activisme de rue, à savoir qu’ils ne représentent personne. Avec 0,92% des voix, Asselineau réalise une performance pour quelqu’un de parfaitement inconnu du plus grand nombre en dehors des réseaux sociaux, même si son score reste très modeste. L’européiste identitaire que je suis ne va pas pleurer sur son sort.  Cheminade, n’ayant obtenu que 0,18% des voix seulement, la colonisation de Mars prend du plomb dans l’aile.

Au second tour, Marine Le Pen peut espérer un report favorable des électeurs de Dupont-Aignan, d'au moins la moitié des électeurs de François Fillon du premier tour, d'une petite part de mélenchonistes. Elle devrait pouvoir dans un contexte gauche/droite réunir 40% des voix, si comme tout le laisse penser, beaucoup de gens de gauche répugnent à voter pour Macron et restent chez eux. Ses chances réelles de victoire sont néanmoins très faibles.

Enfin un troisième tour, avec les élections législatives, peut laisser espérer à la droite classique de prendre sa revanche. Il est douteux que le mouvement "En marche", très composite et sans colonne vertébrale, puisse réunir autour de lui une majorité, à moins d'une "grande coalition" très hypothétique au centre.

Thomas Ferrier (Le Parti des Européens)

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