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jeudi, 16 novembre 2017

Bashar al-Assad définit l'arabisme du 21e siècle

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Bashar al-Assad définit l'arabisme du 21e siècle

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans ce qui est considéré comme le plus important discours de sa carrière, le président Syrien Bashar al-Assad a défini ce qu'il a nommé l'Arabisme du 21e siècle. Il l'a fait à Damas devant l' Arab Forum for Confronting the Zionist-US Reactionary Alliance and Supporting the Resistance of the Palestinian People, dont l'intitulé résume le programme.

Il a mis l'accent sur l'importance de cet Arabisme du 21e siècle pour rassembler tous les peuples au sein du monde arabe qui se veulent fidèles aux anciennes traditions mais se veulent aussi ouverts à toutes les formes de progrès.

On peut considérer ce long discours comme la version panarabe de la pensée du président chinois Xi Jinping qui propose un « socialisme doté de caractéristiques chinoise pour une nouvelle ère ». Il est caractéristique qu'il n'a en rien définit ce panarabisme comme devant s'opposer au socialisme chinois. Dans une certaine mesure, il en sera le pendant.

Pour lui, l'arabisme est un mouvement qui unit tous les peuples parlant la langue arabe et luttant contre l'impérialisme américain et l'hégémonie des entreprises financières soutenues par Washington. Ceci exclut donc d'emblée l'Arabie saoudite et les pétro-monarchies arabes.  

Il voit dans le sionisme, non pas la défense du peuple juif, mais le dernier aspect de l'entreprise coloniale à l'oeuvre depuis des décennies pour diviser le monde arabe.

Il a présenté son armée, l'Armée Arabe Syrienne, comme le seul instrument s'étant montré capable de défendre le monde arabe contre de multiples attaques extérieures provenant de l'impérialisme américain et des complices qu'il s'était donné dans certains Etats du Moyen-Orient.

Concernant l'islam, il a affirmé qu'il n'y avait pas de conflit entre lui et l'arabisme, comme il n'y a pas – ou ne devrait pas y avoir - de conflits entre ce dernier et le monde chrétien. L'un et l'autre doivent être considérés comme instituant une atmosphère civilisée entre des peuples exaltant leurs traditions individuelles et familiales tout en s'efforçant de construire des Etats modernes au service notamment d'une élévation du niveau de vie.

L'arabisme doit en conséquence rejeter l'ethno-nationalisme de même qu'une vision sectaire de la religion. Celle-ci a toujours été utilisé par les ennemis du monde arabe comme une façon de le diviser et de lui susciter des ennemis extérieurs. L'aide depuis longtemps apportée par ces derniers aux divers djihadismes n'est que la forme moderne de cet effort de division.

Quelques remarques

- Bashar al-Hassad, tout en s'en félicitant, n'a pas mis l'accent sur l'importance de l'aide apportée par la Russie à la République Arabe de Syrie. Ceci peut s'expliquer pour des raisons évidentes, qu'il n'est pas utile de développer ici.

- Parallèlement, il a pris soin de distinguer la République islamique d'Iran de la République Arabe de Syrie. Même si ces deux pays partagent une vision religieuse commune, la seconde n'est pas systématiquement au service du monde arabe.

- Il considère enfin que si enfin Israël ne renonce pas à ses prétentions sur la Palestine, qui pour lui fait partie du monde arabe, et s'il continue à faire appel pour sa défense aux forces américaines, il ne pourra pas y avoir de détente entre les deux pays.

- Observons que si Bashar al-Assad définit le panarabisme comme unissant tous les peuples parlant la langue arabe, il réunit de facto les arabisants du monde arabe tels que son panarabisme veut les regrouper sous sa direction, et d'autres Etats principalement arabisant comme ceux d'Afrique du Nord. Il n'est pas certain que ceux-ci accepteraient d'être ainsi enrôlés sans avoir été consultés.

- On notera enfin que Bashar al-Assad n'a pas mentionné l'athéisme comme un facteur possible d'union entre le monde arabe et le monde occidental, il n'en a pas fait cependant un ennemi à combattre par le nouvel arabisme. Les athées du monde entier ne manqueront pas, disons-le non sans ironie, de s'en réjouir.

Note

On peut noter la synchronisation de ce discours avec la quasi officialisation en cours de l'alliance entre Mohammed bin Salman et Israël au détriment de l'autonomie palestinienne.
 

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