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mardi, 18 juin 2019

Note sur une grande influence en France

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Note sur une grande influence en France

par Georges FELTIN-TRACOL

Le témoignage de Frédéric Pierucci (avec l’aide de Matthieu Aron) paru chez Jean-Claude Lattès sous un titre explicite, Le piège américain. L’otage de la plus grande entreprise de déstabilisation économique témoigne (postface d’Alain Juillet, JC Lattès, 2019), comporte deux niveaux de lecture :

– un récit glaçant sur les conditions de détention ainsi que sur l’aveuglement systématique de la supposée « justice » aux États-Unis (cf. « À l’intérieur du système carcéral étatsunien » et « Otage des États-Unis »),

– un rappel bienvenu sur la vente forcée d’Alstom à General Electric (GE) qui éclaire et confirme l’excellent documentaire plusieurs fois diffusé sur LCP, Guerre fantôme de David Gendreau et d’Alexandre Leraître.

Bien que condamné aux États-Unis à trente mois de prison, Frédéric Pierucci reste un innocent, d’abord victime de la rapacité d’affairistes outre-Atlantique de mèche avec le Department of Justice (DOJ) qui joue au Zorro planétaire pas très Robin des Bois.

Cet ouvrage passionnant signale en outre l’immense influence qu’exerce Washington auprès des cliques médiatique, politique et économique de l’Hexagone. L’auteur se montre très surpris de l’attentisme et du manque d’attention des médiats au moment du bradage d’Alstom. Son arrestation et son incarcération aux États-Unis dans une prison de haute sécurité ne soulevèrent pas la curiosité immédiate des journalistes, ni même des autorités françaises. Le contraste est saisissant par rapport au tintamarre orchestré autour des islamistes dits « français » condamnés à mort en Irak et de leurs gamins qui devraient rentrer en France…

Certes, Frédéric Pierucci et ses proches n’ont pas cherché à médiatiser cette prise d’otage terroriste économique, car ils ont craint d’éventuelles représailles du DOJ qui agit en digne imitation de la mafia. Ainsi reconnaît-il que son épouse ne donna aucune suite aux demandes de Fabrice Arfi de Médiapart. Le 27 mai 2014, Martine Orange et lui sortaient une enquête décapante sur la « Vente d’Alstom : l’enjeu caché de la corruption ». Ils notaient que l’arrestation d’un nouveau cadre d’Alstom aux îles Vierges étatsuniennes « a pu être utilisée comme un ultime moyen de pression sur l’état-major d’Alstom, juste avant qu’il ne signe avec GE (p. 232) ». Lors de leur première rencontre, Frédéric Pierucci se montra presque paranoïaque envers Matthieu Aron, alors journaliste à France Inter avant de rejoindre la rédaction de L’Obs.

À l’époque, il s’étonne que l’avenir d’Alstom ne suscite aucun débat public. Il apprendra plus tard que la direction d’Alstom débloquera 262 millions d’euros « en communication, en montage financier, et en assistance juridique. Alstom, pour mener à bien la vente, a eu recours à dix cabinets d’avocats, deux banques conseils (Rothschild & Co, Bank of America Merrill Lynch) et deux agences de communication (DGM et Publicis). Côté General Electric, on dénombre trois banques conseils (Lazard, Crédit Suisse, et Bank of America), l’agence de communication Havas et de nombreux cabinets d’avocats (pp. 357 – 358) ». Afin de remporter la bataille décisive de l’opinion publique française, le patron de GE Jeff Immett « a porté son choix sur Havas, dont le vice-président, Stéphane Fouks, est un ami intime du Premier ministre Manuel Valls (p. 234) ». Le sinistre locataire de Matignon ne voulait pas offrir un boulevard à son principal opposant interne au sein du Parti socialiste, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg qui refusât avec raison et au nom de l’intérêt national la cession d’Alstom. Cet ardent défenseur fut écrasé par la foudroyante contre-offensive du PD-G d’Alstom, Patrick Kron qui « s’est entouré de deux experts trois étoiles : Franck Louvrier, l’ancien gourou de la communication de Nicolas Sarkozy, et Maurice Lévy de Publicis (très proche de Clara Gaymard, la présidente de GE France (p. 235) ». Point culminant d’une moralité très made in USA, « dans ses tractations avec GE, Alstom est conseillé par un cabinet d’avocats dirigé par Steve Immett… le propre frère de Jeff Immett, le patron de General Electric ! On n’est jamais aussi bien servi que par son propre clan… (p. 232) ». Le conflit d’intérêts n’est-il pas ici flagrant ? Aveuglés par leur suffisance, les si sourcilleux limiers du DOJ n’ont bien sûr rien vu… Seraient-ils en réalité des handicapés profonds ?

Si la vente bradée d’Alstom confirme l’atlantisme intrinsèque du PS en général, courant de Montebourg mis à part, et de François Hollande en particulier, Le Piège américain mentionne le jeu trouble d’Emmanuel Macron comme secrétaire général-adjoint de l’Élysée, puis en tant que ministre de l’Économie. Il révèle en outre l’apport déterminant de la Sarkozie dans cette félonie économique. L’ancien président de la République de 2007 à 2012 garda un silence assourdissant, lui qui avait sauvé Alstom quelques années auparavant. Patrick Kron est d’ailleurs l’un de ses très grands amis qui assista au Fouquet’s le soir de l’élection élyséenne de l’ancien maire de Neuilly. Les réseaux sarkozystes résistèrent à Montebourg. Celui-ci sollicita la DGSE qui lui opposa une fin de non-recevoir, car elle « ne met pas les pieds sur les plates-bandes d’un allié aussi puissant que les États-Unis (p. 211) ».

D’autres proches du sarkozysme, cette calamité hexagonale, ont participé à cette duperie industrielle nationale. Frédéric Pierucci évoque la succulente « Valérie Pécresse dont le mari a été parachuté en 2010 chez Alstom à la tête du business des énergies renouvelables et qui sera bientôt nommé en charge de l’intégration des équipes GE/Alstom, puis de l’ensemble des activités Power Renewable de GE, dépendant directement de Jeff Immelt (p. 231) ». Il s’attarde sur le cas de Clara Gaymard. Présidente du Women’s forum et considérée par le magazine Forbes en 2011 comme la trentième femme la plus influente au monde, la fille du professeur Jérôme Lejeune dirige à l’époque GE France. Malgré un attachement public au catholicisme, ce membre de la Commission Trilatérale ne cache pas un tropisme libéral, progressiste et LGBTiste. Au civil, elle est l’épouse de Hervé Gaymard, président Les Républicains du Conseil départemental de la Savoie et éphémère ministre de l’Économie en 2005 contraint de démissionner suite à des travaux d’aménagement coûteux de son logement de fonction.

Il ne fait guère de doute qu’Emmanuel Ratier aurait apprécié toutes ces connivences. Les numéros d’alors de son excellente lettre confidentielle d’informations Faits & Documents insistaient déjà sur la mainmise des États-Unis dans l’Hexagone. L’influence russe existe bien en France, mais, n’en déplaise aux complotistes officiels, elle demeure négligeable. Elle est sans commune mesure avec l’influence des États-Unis. Toutes les élites de l’Hexagone se pressent pour jouer aux larbins satisfaits de Washington.

Georges Feltin-Tracol

L'avion de combat européen de nouvelle génération

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L'avion de combat européen de nouvelle génération

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Un certain nombre de grands pays étudie actuellement ce qui est nommé un chasseur de 6e génération. Ce terme est un peu ambiguë car il nécessite de définir de que sont les avions des générations précédentes, notamment la 5e génération. Un consortium Dassault Aviation et Airbus a résolu la difficulté.

Ils viennent de présenter au Salon du Bourget (17 au 26 juin 2019) ce qu'ils nomment un avion de combat de la prochaine génération «Next generation fighter». Celui-ci sera destiné à remplacer le Rafale français et l'Eurofighter européen d'ici 2040 -ce qui laisse notons-le, encore de beaux jours pour le Rafale. Celui-ci est réputé le meilleur avion de combat du monde, ou tout au moins l'équivalent du  Soukhoï Su-57 modernisé russe ou de l'actuel Soukhoï T-50 de conception russo-indienne, tous les deux présentés comme des avions de combat de 5e génération.

La maquette du futur chasseur européen se trouve en grandeur réelle au 53e salon aéronautique du Bourget. Les concepteurs n'ont pas caché qu'il s'agira « d'un avion européen pour les Européens, indépendant des technologies américaines ». Mais ce futur avion ne sera pas seulement le successeur potentiel du Rafale ou de l'Eurofighter. Il constituera la pièce maîtresse du Système de combat aérien du futur (SCAF) lancé par Emmanuel Macron et Angela Merkel afin de renforcer, selon les termes employés, l'autonomie stratégique européenne.© SPUTNIK . IRINA K

Initialisé en 2017, le SCAF est conçu comme un système associant avion de combat de nouvelle génération, drones, futurs missiles de croisière et drones évoluant en essaim. Il sera connecté à des avions, des satellites, des systèmes de l'Otan et des systèmes de combat terrestres et navals français et allemands. Paris et Berlin pensent investir environ quatre milliards d'euros dans le SCAF d'ici 2025, dont 2,5 milliards pour la France, leader du projet piloté par Airbus et Dassault Aviation. L'Espagne vient d'annoncer qu'elle rejoindra le projet et participera donc en principe à la réalisation du futur avion de combat.

L'avion est destiné à entrer en service comme indiqué à l'horizon 2040. Il est actuellement développé par un tandem franco-allemand, qui a été rejoint récemment par l'Espagne. Outre Dassault Aviation et Airbus, Safran, le groupe allemand MTU Aero Engines, Thales et MBDA (Airbus, BAE Systems et Leonardo) participent au projet. La France vient de débloquer 150 millions pour contribuer aux futures études.

Paris et Berlin pensent investir environ quatre milliards d'euros dans le SCAF d'ici 2025, dont 2,5 milliards pour la France, leader du projet piloté par Airbus et Dassault Aviation, selon l'AFP se référant à des sources au ministère français de la Défense. Les 150 millions annoncés doivent financer les premières étapes du démonstrateur espéré vers 2026.

Reste à savoir si le projet sera mené à son terme. De nombreuses voix feront certainement valoir que d'autres dépenses devraient être prioritaires. Nous ne partageons évidemment pas ce point de vue, même si aucun conflit avec notamment les Etats-Unis et la Russie n'est raisonnablement prévisible.