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lundi, 27 avril 2020

Préparer l'esprit et le corps pour le chaos

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Préparer l'esprit et le corps pour le chaos

Ex: https://survivreauchaos.blogspot.com

Avez-vous assez de force pour survivre à la prochaine crise ? C'est la seule chose que vous devriez vous demander maintenant, quels que soient votre âge, votre situation, et votre statut.

C'est une question délicate pour toute personne qui possède la moindre conscience de la situation. Cependant, en tant que survivalistes, nous devons l'aborder avec un sens particulier.

Vous devriez avoir une assez bonne idée de ce que seriez capable de gérer lors d'une situation de chaos, tout en continuant à vous rendre plus fort. Il y a plusieurs façons de s'y prendre...

Tout le monde connait le fameux adage de Juvénal "Un esprit sain dans un corps sain", vieux de presque deux mille ans. On le répète à tout bout de champ et on l'assaisonne à toutes les sauces, souvent sans même réaliser ce qu'il implique véritablement. Pourtant, ce simple adage - simple en apparence - résume exactement ce dont il est question lorsqu'on parle de survie.

La force d'un homme ne réside pas seulement dans ses muscles, loin s'en faut. Elle commence d'abord dans son esprit, même si notre monde moderne, focalisé sur les seules apparences, voudrait nous le faire oublier.

Cet article a pour but d'énumérer les différents aspects de ce qu'on appelle communément "la force", pour mieux l'appréhender, la comprendre, et la travailler. Pour mieux nous préparer aux épreuves à venir. De même que l'entretien des armes qu'il possède pour se défendre, le développement et l'entretien de son corps et de son esprit sont des nécessités évidentes pour le survivaliste qui veut passer le cap.

Alors commençons là où nous le pouvons au début de toute chose, avec le mental.

figure-medicale-3d-cerveau-surbrillance_1048-8345.jpg1. La force mentale

On peut réellement accroître sa force globale en commençant par celle de l'esprit. Votre tout premier objectif devrait être de fortifier votre esprit avant le chaos en ajustant votre conscience, votre attention, et votre intention. Ce sont les remparts de la fortification de l'esprit.

Que vous souhaitiez vous préparer pour une crise future non identifiée, ou simplement pour tenter de résoudre un problème de santé, vous pouvez être sûr d'une chose : les temps difficiles sont inévitables. C'est à ce moment que votre force mentale sera le plus éprouvée.

Sans force mentale suffisante, toute embûche que la vie mettra en travers de votre route vous emplira de doute, d'anxiété, de peur, de détresse et de nervosité. Ces sentiments négatifs et inconfortables mèneront à une pensée négative, qui est le pire des états dans lequel se trouver lorsque l'enfer se déchaîne.

En effet, cette pensée négative affectera automatiquement votre comportement. Tout ce qui est négatif entraîne toujours des conséquences négatives, à chaque fois. Pensez à la façon dont cette compréhension (ou son absence) peut vous affecter en cas de crise.

Pour rester fort, et jouer le rôle de leader si nécessaire, il faut gérer ses pensées, ses sentiments et ses comportements avec un soin particulier. Ce faisant, les autres capacités de l'esprit peuvent se libérer avec une relative facilité. En étant attentif à ces trois domaines uniquement, vous pouvez commencer à sortir de vos conflits beaucoup plus fort qu'auparavant.

Voici trois manières de développer sa force mentale :

1. Accepter la réalité

Accepter la réalité ne signifie pas nécessairement que l'on est d'accord avec le scénario ; cela signifie simplement qu'on le reconnait sous un angle réaliste. C’est la clé pour gérer toutes les situations de la vie, et la première étape pour décider comment réagir.

Accepter la réalité consiste à reconnaître ce qui est sous notre contrôle. Évidemment, il ne nous est pas souvent possible de modifier le scénario, mais nous pouvons toujours nous concentrer sur notre capacité à nous contrôler nous-même. Vous seriez surpris de ce qu'un tel comportement peut faire à lui seul dans votre vie.

Cette acceptation de la réalité vous aidera automatiquement à gérer vos pensées et à réguler vos émotions (ce qui nous amène au deuxième conseil…).

2. Se comporter de manière productive

Cela se résume aux décisions et aux choix que l'on fait lorsqu'on est confronté à des problèmes. Votre capacité à gérer cette fonction déterminera la rapidité avec laquelle vous pourrez trouver une solution. Même face à des problèmes que vous ne pouvez pas résoudre, vous devez quand même faire des choix sur la manière d'y répondre.

Tous les comportements improductifs tels que plaintes et gémissements vous maintiendront dans un vortex négatif, qui peut rapidement conduire à la mort. De tels comportements (ou n'importe lesquels du même acabit) vous priveront complètement de votre force mentale.

Avant de passer à l'action, demandez-vous toujours : "Quelle est LA chose que je puisse faire maintenant pour m'aider ?". Tout en maintenant le contrôle de vos pensées et de vos émotions, choisissez le meilleur comportement que vous pouvez adopter, et agissez.

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3. Contrôler les pensées bouleversantes

Comme vous pouvez le constater, le mental peut être votre meilleur outil, ou votre ennemi juré. Le choix vous appartient. Si vous tombez dans le panneau des mensonges suaves de vos pensées négatives, vos propres croyances auto-limitantes vous empêcheront de réaliser votre potentiel le plus élevé.

Le fait de penser que "cela ne fonctionnera pas" ou que "cela ne fonctionnera jamais" (aussi innocentes que vos pensées négatives trompeuses puissent paraître) vous engagera dans la mauvaise voie. Prenez garde si votre monologue intérieur devient un peu trop sombre ou déprimé. Le fait de simplement penser que quelque chose est vrai ne le rend pas vrai pour autant. Il faut veiller à ces pensées négatives avec un soin tout particulier.

Il est important de rester conscient des choix que l'on fait en tout temps. Cela garde la psyché à l'abri de la tentation de devenir un "malfaisant" au lieu d'une personne éclairée, serviable et compatissante, comme nous devrions tous nous efforcer d'être en période de détresse.

Une fois que vous maîtriserez mieux votre force mentale, vous verrez que d'autres attributs de l'esprit viendront plus facilement.

Nous avons un besoin constant de prise de conscience, surtout durant les périodes de détresse. En étant en phase avec le fonctionnement de votre esprit, vous remarquerez que votre conscience devient plus vive. Cette prise de conscience atteindra tous les aspects de votre nouvelle perception. Vos intentions, buts et objectifs deviendront non seulement plus clairs, mais se révéleront pratiques et utiles.

Construire la force mentale AVANT la force physique est le seul choix que nous avons. Pour des raisons évidentes, une crise n’est pas le meilleur moment pour tenter de développer sa force mentale, et la force physique ne suffit pas toujours.

C’est un processus qui prend du temps, de la patience, et une forte détermination. Construire votre force mentale au fil du temps peut vous assurer que vous aurez les bases nécessaires pour appréhender le scénario dans lequel vous vous trouverez. Il y aura sûrement des moments où vous aurez besoin de toute votre force mentale, d'où la nécessité impérieuse de l'entraîner dès à présent par la pratique quotidienne.

Comme dans de nombreux cas, en matière de survie, le cerveau vient avant le muscle. Cela étant dit, il est évident que votre condition physique aura aussi une incidence majeure sur votre comportement en cas de crise.

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2. La force physique

Il faut un esprit fort pour commencer à travailler sur la matière. Un esprit qui ait surmonté les excuses habituelles du corps qui nous incitent à ne rien faire. Lorsque l'esprit sera prêt, vous pourrez commencer à travailler le côté physique des choses, ce qui concerne le corps.

Une fois que vous aurez commencé votre entraînement, vous comprendrez rapidement la raison d'un travail mental préalable. Cela nécessitera une forte psyché, un cœur dur, une volonté supérieure de survivre, ainsi qu'un corps apte et capable afin de répondre aux nombreuses éventualités d'un scénario de chaos.

La forme physique générale comprend une multitude d'aspects. Dans cet article, nous examinons quatre attributs de l’entraînement physique, comment les soutenir, puis où et comment continuer à partir de là. Il y a beaucoup plus que ces 4 aspects, cependant, ceux qui suivent peuvent être considérés comme les principaux :

1. La force

La force est la puissance musculaire nécessaire pour vaincre une certaine résistance.

2. L'endurance

C'est la capacité à produire une certaine quantité de force pendant une période prolongée. Ce n'est pas une activité qu'on va mener une ou deux fois dans la journée, mais quelque chose qu'on va faire pendant, disons, huit heures d'affilée.

3. La résistance

Techniquement, la résistance peut être considérée comme une combinaison de force et d'endurance. La résistance est la capacité à produire la quantité de force nécessaire sur une longue période, voire toute une vie. C'est en quelque sorte le "capital vital" qui nous a été donné à la naissance, et qui est différent pour chaque individu.

4. La mobilité

La mobilité comprend plusieurs choses. Pour simplifier, nous la définirons comme étant la capacité à mouvoir toutes ses articulations de manière sécurisée dans toute leur amplitude de mouvement, en utilisant à la fois la force et la stabilité. En raison de la paresse généralisée dans notre monde moderne, nous avons une mobilité collective qui est absolument terrible. La mobilité est potentiellement l’aspect le plus important de la condition physique et peut rendre la vie quotidienne beaucoup plus facile.

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Durant la Première Guerre, les jeunes recrues venaient pratiquement toutes du monde paysan. Elles étaient entraînées aux travaux d'endurance et leur mobilité étaient exceptionnelles. Grâce à cela, entre autres, elles ont pu endurer des souffrances inconcevables pour des gens de notre époque. Je n'ose même pas imaginer s'il fallait lever de nos jours une armée de conscrits !

Ce sont les quatre points que vous pourriez entreprendre d'améliorer dès à présent. Vous pouvez commencer à élaborer un programme ou diriger vos activités pour renforcer l'ensemble de ces domaines. Au minimum, vous devriez essayer d'entraîner chacun de ces aspects deux fois par semaine. Cela dit, ces séances d’entraînement ne comprennent pas forcément des exploits extravagants de remise en forme musculaire…

wanderer.jpgFaire une longue promenade, des pompes et des squats sans utiliser d'autre poids que celui du corps, étirer ses articulations... tout cela demande un peu d’efforts mais peut produire, après un certain temps, de très bons résultats. Si c'est de votre niveau, allez dans un salle de sport et soulevez des poids et haltères. Tout dépend de votre condition physique actuelle, de votre âge, et de vos capacités vitales.

Une autre chose à noter : lorsque vous entraînez votre corps physique, n'oubliez pas que le but est de devenir un être humain plus utile et plus capable, pas Monsieur Univers. Pour nous survivalistes, le mieux est d’utiliser une méthode naturelle chaque fois que cela est possible.

Des activités comme couper et transporter du bois, ou creuser des trous à la pelle, font naturellement partie de cette méthode. C'est une manière de se mettre en forme tout en effectuant de manière synchrone une activité à la fois productive et pratique. Faites des choses qui nécessitent un effort physique tout en menant des "tâches ménagères" qui doivent être faites de toute façon.

Optez pour des travaux qui aideront à renforcer votre dos et vos jambes. Lorsque vous partez pour une journée de randonnée, prenez un sac un peu plus lourd. Utilisez toutes les méthodes naturelles possibles pour aider votre corps à s’adapter et mieux maîtriser les nouveaux facteurs de stress.

Cela étant dit, votre principale préoccupation, lorsque vous commencez votre entraînement, devrait être de vous concentrer sur votre cœur. C'est le noyau à partir duquel toute action est produite. Autrement dit, cela ne concerne pas uniquement vos abdominaux ou, en termes plus imagés, le fameux "pack de six" dont tout le monde rêve...

Le cœur est en réalité constitué de plusieurs couches et groupes de muscles qui travaillent ensemble. Ces muscles protègent votre colonne lombaire et constituent une structure solide et stable, vous permettant de transférer votre force aux différents niveaux du corps. Ainsi, bien que les muscles abdominaux soient importants pour la force générale, ils ne constituent pas la base du système.

Chaque mouvement que vous faites commence dans votre cœur. Sans un cœur stable, votre corps ne peut tout simplement pas stabiliser autre chose. Le fait est que même si vous êtes armé de bras de la taille d'un canon, sans un cœur puissant, toute force purement musculaire est pratiquement inutile.

Les quatre aspects généraux de la forme physique mentionnés ci-dessus ne peuvent pas être améliorés tant que le cœur n'est pas également renforcé (en fonction de l'exercice, ceci a généralement lieu simultanément ; à moins que, bien sûr, vous n'ayez développé aucun des aspects). À partir d'un cœur entraîné, vous trouverez la force, l'amélioration de l'endurance, l'augmentation de la résistance, et l'amélioration de la mobilité.

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Conclusion

En tant que survivaliste, votre objectif devrait être de vous préparer à devenir suffisamment fort pour sauver votre peau dans des situations périlleuses et être utile à votre entourage. Cela signifie avoir votre esprit et votre corps prêts tous deux à être utilisés.

Ce n'est pas une préparation qui se fait du jour au lendemain, ni une préparation qui peut être achetée ; il faut travailler dur, à l'ancienne (comme tout ce qui a de la valeur). Les points mentionnés dans cet article sont simplement destinés à vous aider dans les premières étapes.

La façon de s'y prendre différera selon les individus et les circonstances. Personne ne vous connaît mieux que vous, alors prenez votre courage à deux mains, et commencez. L'esprit et le corps devraient être la priorité absolue dans la préparation à toute crise, avant les armes et les équipements...

15:57 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, survivalism, chaos | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Développer une mentalité de guerrier

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Développer une mentalité de guerrier

Ex: https://survivreauchaos.blogspot.com
 
Je ne sais pas en ce qui vous concerne mais je trouve que la situation dans notre pays se détériore à grande vitesse, en particulier pour ce qui concerne le nombre des "incivilités" de nos aliens, et leur dureté.

Nous assistons de plus en plus souvent à des actes criminels d'une violence inouïe, que le Gouvernement est désormais incapable de contenir et de châtier, quand bien même il en aurait l'intention.

A vrai dire, je pense que nous sommes assis sur une cocotte-minute au bord de l'explosion, et qu'il ne faudra pas attendre très longtemps pour que le couvercle nous saute aux fesses...

Aujourd'hui, chaque manifestation, pour quelque motif que ce soit, nous offre son lot de dégradations, de voitures brûlées, et de vitrines brisées. Les règlements de compte se font désormais à l'arme de guerre et en pleine rue, les agressions de toute nature se multiplient à une vitesse folle, nos filles se font violer à tire-larigot, et comme si cela ne suffisait pas, nous faisons rentrer chaque jour de nouveaux contingents de criminels en puissance !

En fait, tous les motifs sont bons pour passer au délit, même les plus futiles. 1500 voitures brûlées, tel est le triste résultat des "célébrations" de la Saint Sylvestre dans notre beau pays. Un sacré début d'année pour ceux qui triment chaque jour au boulot en échange d'une maigre pitance et qui en plus, perdent en une nuit le moyen de s'y rendre ! Mais il est clair qu'avec leur cinquantaine de véhicules de fonction, tous payés par ceux-là qui, justement, triment chaque jour, nos marionnettes au pouvoir n'ont que faire de telles considérations.

A cela, nous n'y pouvons rien, du moins à notre niveau. Ce que nous pouvons faire, par contre, c'est nous préparer pour les temps difficiles. Pour les prochains combats. Dans notre corps, notre âme, et notre esprit.

C'est le propos de cet article.
"Sur cent hommes, dix ne devraient même pas être là, quatre-vingts sont juste des cibles, neuf sont de vrais combattants, et nous avons de la chance de les avoir, car ce sont eux qui font la bataille. Ah, mais l'un, c'est un guerrier, et lui ramènera les autres."
Cette pensée d'Héraclite, déjà citée lors d'articles précédents, montre bien l'extrême rareté des véritables guerriers sur les théâtres d'opérations, y compris, dans une moindre mesure, parmi les soldats professionnels. Si une telle chose était vraie à son époque, on peut facilement imaginer à quel point elle l'est plus encore aujourd'hui. Quels seraient les pourcentages actuels, après deux générations pizza-canapé-télévision ? Mieux vaut peut-être ne pas chercher à savoir.

Cet article traite donc de la manière de développer une Mentalité de guerrier, de la conserver, et de la mettre en oeuvre dans notre vie. Ceci dans le but de posséder un esprit suffisamment fort pour le jour où les lumières vont s'éteindre, même s'il reste de moins en moins de temps.

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Acquérir une Mentalité de guerrier

Lorsqu'on parle de "mentalité de guerrier", on l'associe presque toujours à l'agressivité et la détermination dans un combat armé. Or une telle mentalité signifie bien plus que cela, de même qu'elle implique un domaine bien plus vaste que celui des seuls affrontements en arme.

Une mentalité du guerrier consiste d'abord dans la capacité à surmonter les défis et l'adversité au quotidien. Elle consiste à posséder, comprendre et utiliser un ensemble de compétences physiques ET psychologiques qui permettent à un être humain d'être efficace, adaptatif et persistant. Une telle mentalité combinera de façon optimale la prise de décision, les techniques psychologiques, ainsi que les compétences physiques et tactiques apprises à l'entraînement et/ou par l'expérience.

Le but d'un guerrier est d'intégrer le psychologique à l'entraînement physique et tactique pour ajouter une dimension souvent négligée, mais nécessaire pour atteindre la performance maximale d'une compétence. C'est pour cela que les forces d'élite travaillent aussi dur. Il ne s'agit pas de "briser" la volonté des nouvelles recrues, comme les gauchistes et autres pacifistes aiment à dire, mais de développer la résistance mentale indispensable au soldat professionnel. Car si vous n'entraînez pas cette dernière activement, vous ne serez pas devenu un guerrier complet, peu importe les aptitudes physiques que vous auriez pu développer par ailleurs.

Vous découvrirez, avec un entraînement adéquat, que vous pouvez acquérir le pouvoir de surmonter n'importe quel obstacle et de changer vos résultats. Ce faisant, vous ferez ressortir l'esprit guerrier qui est en vous.

Si vous vous considérez comme un individu autonome et capable, alors vous devez agir suivant une mentalité de guerrier. Par vos pensées, vos actions, votre entraînement et vos capacités, vous travaillez à devenir une incarnation de la mentalité guerrière. Ce n'est pas quelque chose dont vous devez vous préoccuper seulement si vous exercez une profession martiale. Dans la grande tradition Française de l'autonomie individuelle, nous devrions tous être des individus capables et autonomes. Alors nous serons à même de nous protéger nous-même, ainsi que notre famille et nos enfants.

Ce qui est souvent oublié est le fait que l'acquisition de la mentalité guerrière et des compétences associées ne relève pas seulement de capacités tactiques. En fait, le développement d'un état d'esprit guerrier est un processus de construction du caractère qui débordera du cadre martial, pour bénéficier à tous les domaines de la vie professionnelle et privée.

Dans ce but, nous devrons travailler les qualités suivantes :

• La condition physique et la force
• Des compétences en auto-défense et au combat à main nue
• Des compétence aux armes
• Des compétences en tactique et stratégie
• Du courage physique et moral

Ce qui est souvent négligé, mais essentiel à un véritable état d'esprit guerrier :

• La capacité à résoudre les problèmes et à prendre des décisions
• La performance sous le stress
• La résilience psychologique
• La volonté de gagner
• La capacité de travailler en équipe
• Des qualités de meneur
• La conscience de la situation
• Des compétences en communication

Vous devez activement travailler ces compétences et qualités afin d'investir dans vous-même. Ceux d'entre nous qui les ont développées en rejoignant l'armée ou les FO et en servant ont dû le faire par un travail acharné. Bien entendu, d'autres professions développent aussi de telles qualités, peut-être sous une forme moins directement tactique. Quelles que soient l'activité que vous auriez pu exercer, l'important est de continuer à les travailler. Personne ne peut se reposer sur ses lauriers. Rien de moins qu'un engagement à cela, et vous perdez votre temps.

Si vous souhaitez évoluer vers un état d'esprit guerrier complet, vous devez considérer la manipulation d'armes à feu comme une simple progression vers un entraînement tactique plus complexe. Beaucoup de survivalistes se cantonnent dans une zone qu'ils affectionnent en particulier, ce qui leur est préjudiciable et ne permet pas non plus de développer l'ensemble des compétences et qualités mentionnées ci-dessus. Le but des stages et autres formations à la survie est de "sortir de sa zone de confort" afin de permettre ce processus.

Le principal malentendu parmi ceux qui "tirent" ou "cognent" est qu'ils ne réalisent pas que la capacité d'atteindre une cible est nécessaire mais pas suffisante pour développer l'état d'esprit guerrier et les connaissances tactiques réelles. L'adresse au tir ne confère aucune compétence tactique en soi. Ce qu'il faut vraiment, c'est pouvoir tirer, bouger, et communiquer dans un environnement de combat. Ce sont des mots très simples en apparence, mais ils décrivent parfaitement la complexité de l'entraînement tactique.

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Être un guerrier, maintenant

Si vous voulez gagner la guerre, vous devez être un guerrier. Il en va de même pour les autres domaines, y compris la vie de tous les jours. Nous sommes tous capables d'adopter un état d'esprit guerrier, c'est juste une question d'engagement.

La plupart des gens ne comprennent pas ce que signifie être un guerrier. Ils pensent que c'est le genre de chose que des connards égoïstes diraient d'eux-mêmes, ceux-là mêmes qui ont besoin de justifier la façon misérable dont ils traitent les autres.

Un tel comportement est le contraire d'une mentalité de guerrier. Les véritables guerriers se mettent en danger pour les gens qu'ils servent. Un guerrier est complètement concentré, discipliné et agressif, non par égoïsme, mais au nom des autres.

Chaque général a un président à qui il doit rendre des comptes, et dans votre cas, votre président est votre compagnon d'armes, votre groupe, ou votre famille. Ce sont les gens que vous représenterez lorsque vous irez vous battre, et si vous voulez qu'ils gagnent, vous devez comprendre ces trois lois de la guerre.

Règle 1 : N'agissez que lorsque cela vous est bénéfique

"Si c'est à votre avantage, avancez ; sinon, restez là où vous êtes... Un royaume qui a été détruit une fois ne peut plus jamais renaître ; de même les morts ne peuvent jamais être ramenés à la vie. " - Sun Tzu

Tout acte comporte des risques. Quitter votre emploi pour partir vous installer à la campagne, investir votre argent dans une nouvelle entreprise, voire choisir une nouvelle orientation ou de nouveaux équipements pour être plus autonome : tout cela invite à l'inconnu dans votre vie.

Avant de faire quoi que ce soit, pesez le pour et le contre. Si la balance ne penche pas massivement vers le pour, alors abstenez-vous.

C'est une question de discipline. Prendre un risque parce que vous trouvez quelque chose d'intéressant, et non parce que vous voyez l'avantage que cela vous procure, est un geste indiscipliné. Au fur et à mesure que les obstacles vont surgir - ce qu'ils ne manqueront pas de faire - votre intérêt s'estompera. Vous aurez du mal à maintenir la discipline nécessaire pour continuer, et vous finirez par échouer.

En pesant le pour et le contre, vous savez à quoi ressemble la victoire, et vous êtes prêt à surmonter tout ce qui pourrait vous empêcher de la remporter. C'est une manifestation de l'état d'esprit guerrier.

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Règle 2 : savoir ce qui libère la bête en vous

Nous avons tous des périodes où nous sommes proche de notre vitesse de pointe, où nous pensons avec acuité, où nous agissons rapidement, où nous sommes complètement concentré sur la tâche à accomplir. On peut appeler cela le mode "bête sauvage".

Pour être un guerrier, vous devez trouver ce qui déclenche la "bête" qui est en vous, et l'intégrer à votre routine.

Pour certains, ce sera par le physique. Ils vont se lever tous les matins à 5h00, se plonger dans un bain glacé, et poursuivre par une heure de sport. Tout cela, avant même de partir au travail.

Quand le corps est engagé à ce niveau, on sait qu'il pourra supporter 6 à 8 heures en "mode animal". La poussée d'endorphine va le porter durant toute la journée.

Pour d'autres, ce sera la méditation. Pour vous, ce pourrait être quelque chose de différent. Ce qui est important, c'est que vous trouviez ce qui débloque l'animal qui est en vous, et que vous le systématisiez pour pouvoir opérer au plus haut niveau chaque jour.

Chaque guerrier suit un rituel avant d'aller au combat, et quand vous trouvez le vôtre, vous avez d'autant plus de chances de sortir victorieux.

Règle 3 : s'engager à atteindre son objectif sans honte

Aucune campagne militaire réussie ne commence avec un objectif vague. Aucun général ne dit : "Nous voulons globalement gagner plus de batailles que nous n'en perdons". Il faut avoir une vision claire de la victoire que l'on veut.

La plupart des gens le comprennent intuitivement, mais ils se sentent mal à l'aise à l'idée de s'engager aussi intensément dans la réalisation de leurs objectifs. Ils ont peur de ce que les autres vont dire, d'être étiqueté comme une personne qui "se prend trop au sérieux".

Imaginez un commando qui réduit son intensité au combat parce que quelqu'un lui a dit que c'était "inapproprié"...

Vous devez faire deux choses :

1. Accepter que les personnes qui jugent de votre ambition et de votre orientation puissent ne pas être des acteurs clés dans votre vie.

2. Bloquer les périodes où vous êtes concentré à 100 % sur votre travail.

Pensez-vous que les soldats répondent aux appels Facebook pendant les combats ? Lorsqu'ils sont engagés, ils le sont pleinement. Rien ne les distrait. Vous avez besoin de ce même niveau d'engagement mental.

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On peut appeler cela : "passer en mode clandestin". Tous les membres de votre famille et de votre entourage devraient savoir que lorsque vous agissez en mode clandestin, vous êtes plus ou moins injoignable. Ce que vous faites pendant cette période devrait être le plus important, parce que vous êtes complètement engagé dans le combat.

On pourrait penser que l'on sacrifierait sa vie personnelle en vivant de cette façon, mais c'est en fait le contraire qui est vrai. Parce que vous êtes capable d'opérer à un tel niveau, vous pourrez alors vous consacrer entièrement à votre famille lorsque vous remonterez pour prendre l'air.

Les vendredis soirs en famille, les rendez-vous avec votre femme ou votre compagne, les matchs de football avec les enfants, rien de tout cela ne doit être interrompu par le travail, parce que vous savez qu'il n'y a pas moyen d'être à mi-chemin dans une fusillade.

Vos enjeux sont trop élevés pour être autre chose qu'un guerrier

Être un guerrier revient à prendre les relations au sérieux. Vos relations avec vos clients, vos relations avec vos concurrents, vos relations avec vous-même et vos relations avec votre famille.

Un échec dans l'une de ces relations peut ruiner votre vie. Il ne s'agit pas là d'une hyperbole. Je veux dire littéralement que votre vie entière peut être minée si vous n'accordez pas assez d'importance à l'une de ces relations.

Heureusement, pour adopter un état d'esprit guerrier, il suffit d'avoir un carnet de notes et un peu de courage. Dans les heures qui suivent, vous pourriez mettre sur papier vos objectifs quotidiens, une nouvelle routine pour débloquer la bête qui est en vous, et un calendrier pour organiser votre vie professionnelle et familiale.

Ensuite, la seule chose qui vous sépare de la vie de guerrier est votre engagement.

Alors engagez-vous.

6 stratégies pour développer une mentalité de guerrier

1- Fuir les oiseaux de mauvaise augure. Lorsque nous recevons de mauvaises nouvelles ou que nous traversons une période traumatisante, notre réaction naturelle est d'aller chercher du soutien auprès des autres. Bien que la sensibilisation soit importante, le fait de savoir vers qui nous tourner pour nous soutenir l'est encore plus

Les situations difficiles nous plongent dans notre état le plus vulnérable. Nous avons besoin du soutien de ceux qui peuvent nous élever et nous faire avancer. Dans ces moments, nous avons besoin du soutien de ceux qui sont plus forts que nous.

2- Sortir le plus rapidement possible de la question du "pourquoi moi ?". Il est dans la nature humaine de perdre le contrôle et se sentir victime des circonstances. Lorsque les choses changent radicalement, un processus de deuil est souvent nécessaire pour finalement accepter la nouvelle réalité. Ce processus peut inclure le déni, la colère, le deuil et enfin l'acceptation.

3- Maîtriser la peur. La peur est aussi une réponse naturelle aux nouvelles et aux situations qui changent la vie. Pourtant, nous devrions toujours nous souvenir qu'il ne s'agit que d'une émotion, et rien d'autre. Si nous lui donnons du pouvoir - si l'on entre dans le processus du "que va-t-il arriver si..." - alors nous devenons paralysés. Il n'y a pas de temps pour l'inertie ou l'inaction.

72febf815e2a313f7edb19c5446a2daa--soldati-army-soldier.jpg4- Chercher une nouvelle "tribu". Lorsque les règles et les paramètres de notre vie quotidienne changent, nous devons créer un groupe - ou intégrer une structure existante - de manière à savoir que nous ne sommes pas seuls. Ceci afin de pouvoir prendre des décisions éclairées fondées sur des connaissances et des faits, plutôt que sur l'émotion. Nous avons besoin de gens comme nous.

Nos autres tribus pourraient ne pas comprendre, ou même approuver. Ce n'est pas notre problème. Notre guérison et nos progrès dépendent de l'obtention d'un soutien adéquat.

5- Prendre le contrôle de la situation. Ce n'est peut-être pas la situation que vous auriez choisie, mais c'est VOTRE situation. Choisissez d'en prendre le contrôle. Soit nous contrôlons nos circonstances (même les plus difficiles), soit elles nous contrôlent.

6- Se rappeler qu'une situation ne nous définit pas. Votre situation actuelle n'est qu'un morceau du canevas qu'est votre vie, un épisode passager plus ou moins bref. A une certaine époque, j'ai failli mourir de faim et de soif, littéralement. Une fois l'épreuve passée, je ne suis pas devenu boulimique pour autant. Certaines personnes que je connais luttent contre la dépression ; elles ne sont pas la dépression. Plusieurs de mes relations ont connu un échec commercial ou un divorce. Ils sont plus que leur situation professionnelle ou conjugale.

Nous avons le pouvoir de décider de la façon dont nous coexistons avec notre nouvelle réalité, de la mesure selon laquelle elle nous définit. La vie offre à tous autant que nous sommes un mélange de bon et de mauvais. La manière dont tout cela se manifeste dépend en grande partie de nos perspectives et de notre état d'esprit. Nous ne sommes pas nos luttes. Elles ne sont qu'une partie des personnes extraordinaires que nous sommes.

C'est en intégrant et en développant ces nouvelles habitudes que nous acquérons un état d'esprit guerrier. Il ne s'agit pas seulement de dégainer le plus vite, ou de cogner le plus fort ; il s'agit de développer les qualités à la fois mentales et physiques qui permettront de tirer le meilleur parti de nos compétences et de nos savoir-faire, le jour où notre vie ou celles de nos proches en dépendront...

15:37 Publié dans Militaria | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : militaria, éthique guerrière, éthique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

L’art de ne pas gouverner

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L’art de ne pas gouverner

Par Dominique Muselet

Avril 2020

Ex: https://lesakerfrancophone.fr

« L’affection du peuple est la seule ressource qu’un prince puisse trouver dans l’adversité ». Macron en aurait bien besoin de l’affection de son peuple en ces temps difficiles de pandémie, mais pour la mériter, cette affection, il aurait fallu écouter Machiavel : « Contenter le peuple et ménager les grands, voilà la maxime de ceux qui savent gouverner ». Maxime, dont hélas, Macron n’a appliqué que la seconde moitié. Pourtant, comme le souligne Olivier Pironet, Machiavel insiste bien là-dessus dans les Discours sur la Première décade de Tite-Live : « Pour diriger, il faut choisir un camp, et ce ne peut être que celui du peuple « car ses buts (…) sont plus honnêtes que ceux des grands, les uns voulant opprimer, l’autre ne pas être opprimé ». Il faut d’autant plus choisir le peuple que, dès lors que « seuls les riches et les puissants proposent des lois, favorisant bien moins la liberté que l’accroissement de leur pouvoir, » l’État est miné à sa racine même, corrompu. C’est ainsi que la République romaine se perdit, comme la République florentine. » Et la République macroniste !!!

51j1ymeeZYL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgIl est logique que Machiavel, un esprit libre, soit calomnié par les envieux et les conformistes et qu’il soit admiré par d’autres esprits libres, eux aussi amplement calomniés, tels que Jean-Jacques Rousseau, selon qui Le Prince est le « livre des républicains », et Antonio Gramsci, qui écrit dans ses Notes sur Machiavel, sur la politique et sur Le Prince moderne que « dans la conclusion, Machiavel lui-même se fait peuple, se fond avec le peuple ».

Par un de ces hasards dont la vie est friande, alors que je commençais à écrire cet article, J.L. Mélenchon, interrogé sur la gestion macroniste de la crise sanitaire par Ali Baddou, dans l’émission C l’hebdo, donnait, lui aussi, sa définition de l’art de gouverner : « C’est l’art, en démocratie, de faire consentir des mesures en prouvant qu’elles sont nécessaires. Tout ce qui procède de l’arbitraire, du décret, de la diabolisation est mal vécu ».

Oui, c’est le paradoxe que nous vivons en France en ce moment. Nous avons une Constitution qui octroie un pouvoir quasi absolu à l’exécutif qui ne s’est pas privé d’en user et d’en abuser pour nous imposer des décennies d’austérité « pour rester compétitifs », « pour nous intégrer dans la mondialisation », « pour tenir notre rang », « pour sauver le pays », et « en même temps », nous nous apercevons, effarés, qu’en dépit de toute cette austérité, de tous ces sacrifices, la «  riche » France est privée de tout, totalement démunie et dépendante du reste du monde.

Pourtant, au sortir de la dernière guerre mondiale, grâce principalement à de Gaulle, la France avait retrouvé son indépendance dans tous les domaines : alimentaire, sanitaire, vestimentaire et militaire. Elle s’était même dotée, à la libération, d’un système de protection sociale hors-pair, élaboré par le Conseil National de la Résistance. La Sécurité sociale, obligatoire et universelle, a été créée par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945, sous l’égide de Pierre Laroque et du ministre communiste Croizat. Un système social, au départ géré par les travailleurs, que les présidents successifs, amis du MEDEF, n’ont cessé d’attaquer et d’affaiblir dans le seul et unique but de le privatiser.

Rappelé au pouvoir en 1958, de Gaulle a mis fin à la guerre d’Algérie et décolonisé l’Afrique. Il engage une politique « d’indépendance nationale » pour lutter contre le projet européen de Jean Monnet et l’hégémonie étasunienne (il a développé l’arme atomique et est sorti du commandement intégré de l’OTAN), raison pour laquelle, sans doute, il a été débarqué à l’occasion du référendum de 1969.

Ses successeurs, stipendiés par la finance et/ou les États-Unis, se sont empressés de renoncer progressivement à des pans entiers de la souveraineté de la France au profit des banques, des monopoles privés (ce que Noam Chomsky appelle la « tyrannie privée »), des puissances étrangères (Allemagne, États-Unis) et d’une haute-administration technocratique française et bruxelloise toujours plus pléthorique, corrompue et incompétente.

Pompidou avait comme slogan de campagne aux élections présidentielles de 1969 : « L’ouverture dans la continuité ». Il a en effet ouvert la France à la concurrence internationale (il relance la politique de construction européenne et est favorable à la suppression totale des barrières douanières au sein de la CEE), et aux marchés financiers avec la loi La loi no 73-7 du 3 janvier 1973 sur la Banque de France qui oblige la France à emprunter aux banques privées (et donc à leur payer des intérêts au lieu de se financer gratuitement auprès de la Banque de France).

Retournement de situation remarquable, l’Angleterre, qui est sortie de l’UE et entrée dans la pandémie, et qui a besoin d’argent pour sauver son économie réelle, vient, comme l’explique Philippe Murer, de faire voler en éclat cette règle sacro-sainte du néo-libéralisme en décidant d’emprunter directement à sa Banque centrale.

170px-Giscard1979.jpgLe successeur de Pompidou, Giscard d’Estaing, a initié les premières « réformes sociétales » qui serviront désormais à compenser, sinon dissimuler, la destruction programmée de notre système social (l’abaissement de la majorité civile à 18 ans, la dépénalisation de l’avortement ou l’instauration du divorce par consentement mutuel). Sur le plan politique, il a mené la France dans trois impasses délétères : 1. il a inauguré l’austérité que nous subissons toujours ; 2. il a entamé des guerres néo-coloniales en Afrique pour soutenir ses pions (l’affaire des diamants de Bokassa) ou des intérêts occidentaux, des guerres qui n’ont plus cessé depuis ; 3. et surtout il a ouvert le bal de la déréglementation financière en signant, en 1976, les accords de la Jamaïque, enterrant à jamais le rôle de l’or comme monnaie internationale de réserve. C’est désormais le Far West ! La finance internationale est devenue totalement privée. Non seulement privée mais largement « off-shore », en dehors de tout contrôle des espaces nationaux et des pouvoirs politiques.

Mitterrand est élu en 1981. Il abolit la peine de mort, instaure la 5ième semaine de congés payés et trahit les Français en 1983 avec le « tournant de la rigueur ». Il engage la France dans la guerre du Golfe, la première d’une longue liste de guerres du pétrole au profit des États-Unis et lâche toujours plus la bride à la finance en abrogeant en 1984, la loi de 1945 dite de séparation bancaire qui interdisait aux banques de spéculer avec vos économies.

Chirac le remplace en 1995. Aussitôt élu, il lance une réforme  (comprendre privatiser) des retraites et de la sécurité sociale, mais n’ose pas passer outre à l’opposition du pays (comme l’ont fait ensuite Sarkozy, Hollande et Macron). En 1996, il supprime le service militaire car une armée de métier est plus docile et plus discrète. En 1999, il participe avec les États-Unis à une campagne illégale de bombardements de l’Otan contre la République fédérale de Yougoslavie, un état européen allié mais qui avait le tort d’être « socialiste » et de constituer « un obstacle au triomphe planétaire de l’économie de marché ». L’opération se fait sous couvert de l’« ingérence humanitaire », une notion inventée par le maléfique Dr Koushner pour justifier les guerres d’agression de l’Empire, et qui sera réutilisée en Libye avec autant de succès. La guerre de Yougoslavie a duré 78 jours (la plus longue de l’OTAN) et s’est « nourrie de bobards médiatiques destinés à aligner l’opinion des populations occidentales sur celle des états-majors ».

peter-handke.jpgL’écrivain autrichien Peter Handke sera à peu près le seul à condamner cette agression qui inaugure les guerres de changement de régime, et qui sonne le glas de l’ « Europe de la paix ». En 2001, Chirac accepte de se joindre aux États-Unis et à l’OTAN dans la guerre d’Afghanistan, mais, en 2003, il se révolte et refuse de suivre les États-Unis dans une nouvelle guerre d’Irak, ce qui sauvera l’honneur de ce président somme toute assez belliqueux sous ses dehors bonhomme. De son côté, Jospin est parvenu, en 2000, à faire voter les 35 heures (notez que Macron vient de revenir par ordonnance aux 60 heures !) mais c’est aussi lui qui entame la valse des privatisations. Jospin pourra se glorifier devant l’histoire d’être le dirigeant qui a le plus privatisé. Comme disait mon père, il faut un gouvernement de gauche pour faire passer des mesures de droite. C’est aussi sous Chirac, en 2005, que les Français, obligés de rentrer dans la zone Euro en 1999, commencent à comprendre ce que l’Union Européenne signifie, et refusent le Traité européen. Ce sera le dernier référendum auquel les Français auront droit.

Chirac est sans doute le dernier président français à avoir pris ou laissé prendre quelques décisions indépendantes voire opposées à l’UE et/ou aux États-Unis. Ses successeurs, Sarkozy, Hollande et Macron, qui ne valent même pas la peine d’être étudiés séparément, se soumettent entièrement, lâchement, éhontément, à la quadruple tyrannie du privé, de la technocratie, de l’UE et de l’Empire étasunien. En quelques années, la France perd tout ce qui lui reste de souveraineté. Elle rentre dans le commandement intégré de l’OTAN, ce qui l’oblige à servir de mercenaire à l’Empire en Libye, en Irak, au Yémen, en Palestine, en Afrique, etc. Ces agressions nous reviennent en boomerang sous une forme violente avec le terrorisme et pacifique avec l’arrivée de millions de malheureux qui fuient les guerres que nous leur menons. L’emprise sur l’État de la finance en particulier et du privé en général s’accélère (crises financières, économiques, traités de libre-échange qui sacrifient notre industrie, note agriculture, nos travailleurs), les dettes, le chômage, la précarité, la pauvreté explosent et les libertés diminuent, pendant qu’une minorité de globalistes hors-sol s’enrichissent sans limite.

Nos trois derniers présidents, sont passés maîtres dans l’art de ne pas gouverner. Ayant perdu tous les leviers de l’état au profit de l’UE, des multinationales et de notre grand ami étasunien, s’ils ne peuvent gouverner, ils peuvent encore nuire et ils ne s’en privent pas, à l’instar de ces notables africains chargés par l’administration coloniale de collecter les impôts et que leur population haïssait.

L’application servile et implacable des directives de leurs maîtres

Tout le monde sait maintenant que notre politique intérieure est régie par les GOPE, les Grandes orientations de politique économiques, rédigées par les technocrates non élus de Bruxelles, qui obligent les états à toujours plus d’austérité, de privatisations, de concurrence libre et non faussée, de délocalisations, de destruction des services publics. Pas besoin d’en dire plus, il n’y a qu’à voir la France à l’heure du coronavirus. Bien sûr, cela convient très bien à nos présidents, tous au service du Capital, qui ne pourraient pas appliquer aussi brutalement ces politiques, s’ils ne pouvaient pas s’abriter derrière l’UE.

Et tout le monde sait que notre politique extérieure est décidée par l’Otan, sous commandement étasunien. Cela aussi convient très bien à nos présidents, tous atlantistes, qui ne pourraient pas se livrer à autant de guerres de pillage aux quatre coins du monde, s’ils ne pouvaient pas s’abriter derrière l’Otan, d’autant plus qu’en dehors même de leur immoralité et de leur illégalité, tout comme l’UE, elles  nous coûtent un « pognon de dingue » et rapportent essentiellement aux États-Unis.

voraces-jauvert-5e2e7e99d967c.jpgLe siphonnage des richesses de la nation à des fins privées

Comme ils n’ont plus à gouverner, ils ont beaucoup de temps à consacrer à leur « carrière » (traduire enrichissement personnel). Comme le dénonce Vincent Jauvert dans Les voraces : « Jamais sous la Ve République les élites qui dirigent notre pays n’ont été aussi riches et obnubilées par l’argent. Jamais autant de hauts fonctionnaires n’ont pantouflé à prix d’or dans le privé. Jamais autant de ministres n’ont été multimillionnaires. Jamais autant de responsables politiques et non des moindres sont devenus lobbyistes ou avocats d’affaires. »

Sans compter que le nombre de ces parasites et de leurs abus se multiplie de façon exponentielle car tous ceux qui en ont le pouvoir augmentent les salaires et les primes, créent des milliers de sinécures prébendes, privilèges et avantages, instituent des centaines d’agences gouvernementales-paravent, multiplient les cadeaux fiscaux et les exonérations de toutes sortes, privatisent à tour de bras, pour s’enrichir et enrichir toujours plus leurs clients ou alliés sur notre dos, tout cela avec la bénédiction de l’UE qui elle aussi nous coûte un pognon de dingue. Dans tous les corps d’état que les Français entretiennent en France et à Bruxelles, et l’armée ne fait pas exception, il y a bientôt plus d’officiers que de simples soldats…

Les mensonges, les promesses, les inversions accusatoires

Ces gens ont tellement perdu l’habitude de s’occuper du pays qu’ils sont devenus incapables de régler même les choses les plus simples, comme des commandes de masques. Ils en sont réduits à réquisitionner les masques que les régions commandent !

La crise du Coranavirus met à jour leur inutilité totale et absolue. Ils n’ont rien vu venir, rien anticipé, rien préparé, rien. Ils courent partout comme des poulets sans tête, ils colmatent les brèches qu’ils ont ouvertes, contredisent les ordres qu’ils ont donné, et les rares décisions qu’ils prennent sont mauvaises. La population a compris qu’on ne pouvait rien attendre d’eux et elle se débrouille toute seule. La première fois que j’ai vu ça, c’est au Mexique. Tout y est privatisé, l’état ne fait plus que deux choses, lever des taxes et envoyer la police. Le système D et la solidarité prévalent. Mais pendant que j’étais au Mexique, je n’ai quand même jamais entendu les ministres appeler aux dons pour aider entreprises…

Et quand ni les mensonges, ni la communication, ni les promesses ne marchent plus, ils nous accusent de leur incurie et nous punissent de leur incompétence en nous enfermant ad vitam aeternam et en réprimant sauvagement ceux qui n’obtempèrent pas assez vite…

La répression

L’état d’urgence sanitaire donne les pleins pouvoirs à l’exécutif pour : réprimer les récalcitrants au confinement (ou présumés tels) notamment dans les quartiers populaire (10% des amendes en Seine St Denis), mettre au pas les travailleurs en détruisant le droit du travail et en supprimant les contrôles de l’inspection du travail, faire taire l’opposition et les critiques avec des traditionnels appels à l’unité soutenus par une rhétorique guerrière qui permet de dénoncer comme traîtres les récalcitrants, diminuer les libertés (tracking) et multiplier les ordres contre-ordres et désordres plus ou moins légaux, en toute impunité.

Comme dit le proverbe : pour quelqu’un armé d’un marteau, tout ressemble à des clous.

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L’effacement des traces

La dérégulation, la déresponsabilisation, le laxisme, l’imprévoyance, qui caractérisent la gouvernance actuelle, engendrent catastrophe sur catastrophe, que nos élites n’ont plus le pouvoir, ni le temps, ni l’envie de solutionner. Alors, après avoir s’être beaucoup agité devant les caméras, avoir beaucoup menti et avoir beaucoup promis de se convertir (à l’écologie, au climat, à la planification, au pacifisme, à la séparation des pouvoirs, à l’Europe, à la démondialisation, au respect des lois, à la défense de l’hôpital public, etc.), dès que la pression est un peu retombée, on se dépêche, avec l’aide des médias pour toujours complaisants, de mettre la poussière sous le tapis et d’effacer les traces. Comme l’explique Annie Thébaud-Mony, sociologue de la santé, il n’y a eu aucun suivi médical (ou autre, d’ailleurs) après l’incendie de Notre Dame (plomb), celui de l’usine de Lubrizol, et quantités d’autres scandales sanitaires ou écologiques. Pareil pour les crises financières : après la crise de 2008, tout est reparti comme si de rien n’était. Pareil pour la crise des Gilets jaunes, où sont les milliers de cahiers de doléances qu’on a fait rédiger aux Français?

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Mais laissons le dernier mot à Machiavel:

« L’habituel défaut de l’homme est de ne pas prévoir l’orage par beau temps ». Ne pas gouverner, c’est refuser de prévoir, d’anticiper, de se préparer (la gestion des flux).

« Pour prévoir l’avenir, il faut connaître le passé, car les événements de ce monde ont en tout temps des liens aux temps qui les ont précédés. Créés par les hommes animés des mêmes passions, ces événements doivent nécessairement avoir les mêmes résultats ». Ne pas gouverner, c’est refuser de tirer des leçons du passé ou de ses propres erreurs («Soyez fiers d’être des amateurs»).

« La soif de dominer est celle qui s’éteint la dernière dans le cœur de l’homme ». Ne pas gouverner, c’est accepter la loi du plus fort (la loi du marché, la compétition de tous contre tous).

« L’expérience prouve que jamais les peuples n’ont accru leur richesse et leur puissance sauf sous un gouvernement libre. » Ne pas gouverner, c’est refuser à son peuple la justice et la liberté qu’il est en droit d’attendre de son pays.

« Le parti de la neutralité qu’embrassent le plus souvent les princes irrésolus, qu’effraient les dangers présents, le plus souvent aussi les conduit à leur ruine ». Ne pas gouverner, c’est refuser ou être incapable de choisir, de décider (le « en même temps »).

La crise du Coronavirus, a mis les projecteurs sur l’incurie, l’amateurisme et la corruption de nos dirigeants. Espérons que la population, ne laissera pas, cette fois-ci, les puissants imposer le retour au « business as usual », dans une société de surveillance encore plus répressive, autoritaire et précaire qu’avant, comme certains le craignent. Il est vrai que comme dit Machiavel : « La meilleure forteresse des tyrans, c’est l’inertie des peuples », et aussi, en l’occurrence, les institutions de la Ve République, sans lesquelles la Macronie n’aurait pas tenu jusqu’ici. C’est seulement en descendant dans la rue, tous ensemble que nous arriverons à nous faire entendre. Espérons que personne ne manquera au rendez-vous, cette fois-ci !

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Machiavel, haut-diplomate de la République florentine, a dû s’exiler sur ses terres lorsque les Médicis ont renversée la République en 1512. Pour tenter de rentrer en grâce, il fait parvenir à Laurent II de Médicis, un traité de philosophie politique portant sur le gouvernement des principautés (Le Prince, en français). Comme dit Olivier Pironet : « Il s’agit pour son auteur de réfléchir aux moyens de rétablir la république dans la cité toscane et d’édifier un État suffisamment fort pour « prendre » (unifier) l’Italie et la « délivrer » des puissances étrangères. Le Prince s’adresse à celui qui sera capable de réaliser ce double objectif.» Dans son autre œuvre majeure, les Discours sur la première décade de Tite-Live, publiés en 1531, Machiavel examine, en relisant l’histoire romaine, les principes du régime républicain, et démontre sa supériorité par rapport aux systèmes despotiques ou autoritaires (principati). Selon lui, chaque régime repose sur l’opposition fondamentale entre deux grandes classes, ou « humeurs » (umori) sociales, qui en détermine la forme : le peuple, c’est-à-dire le commun des citoyens, et les grands, ceux qui constituent l’élite sociale, économique et politique. Les seconds, minoritaires, veulent la domination ; le premier, majoritaire, la conteste : « Et de ces deux appétits opposés naît dans les cités un de ces trois effets : ou monarchie, ou liberté, ou licence. » La monarchie, ce principato autoritaire que Machiavel voit également dans l’oligarchie, est incapable de résoudre la question sociale. Il faut donc lui préférer un régime républicain, seul système à même de garantir l’égalité des citoyens, la réalisation du bien public et l’indépendance du pays. Mais cette république, comme le précisent les Discours, ne peut s’appuyer que sur l’institution de la discorde civile entre les élites et la plèbe, autrement dit sur la reconnaissance politique du conflit inhérent à la cité : « Dans toute république, il y a deux umori (…) et toutes les lois favorables à la liberté ne naissent que de leur opposition. » Alors que la grande majorité des penseurs républicains de son époque prônent une oligarchie, le Florentin préconise l’instauration d’une république populaire (stato popolare) fondée sur l’autorité suprême d’une assemblée au sein de laquelle le peuple peut participer, au même titre que les grands, à la direction des affaires de la cité.

Pour Machiavel, il n’y a pas de plus grand bien, que la liberté. Pour lui comme l’explique Cristian Nadeau, pour être autonomes, nous devons vivre dans un État libre, c’est-à-dire un État où la liberté de chacun se mesure à l’aune de la liberté  de tous. La liberté de tous n’est cependant possible qu’à deux conditions: a) personne n’est soumis à qui ce soit; b) l’État n’est soumis à personne sinon à la volonté de ses membres (indépendance de l’État par rapport aux forces extérieures). Ainsi, lorsqu’il s’agit de la liberté de l’État, Machiavel affirme qu’elle doit être défendue à n’importe quel prix, « soit ignominieusement, soit glorieusement », car la défense de la patrie est toujours la défense du bien. Le plus grand danger pour l’intérêt commun est de laisser libre cours à la poursuite des intérêts personnels, ceux des individus ou ceux des groupes sociaux. Pour qu’une république soit libre, elle ne doit appartenir à personne.

Dominique Muselet

Une métaphore filmée sur la surveillance bancaire

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Une métaphore filmée sur la surveillance bancaire

par Georges FELTIN-TRACOL

AUTRE_VALAN_2010_01_L204.jpgIl ne faut pas ne pas prendre au sérieux les grosses productions cinématographiques venues d’outre-Atlantique. En 2003, Jean-Michel Valentin publia chez Autrement Hollywood, le Pentagone et Washington. Les trois acteurs d’une stratégie globale, une excellente enquête sur les liens anciens et profonds qui unissent la finance, l’industrie du spectacle et du divertissement et le complexe militaro-industriel, soit le « cinéma de sécurité nationale ». Avant de devenir le secrétaire du Trésor de Donald Trump, Steven Mnuchin fut producteur de films. Jonathan « Jon » Favreau fut la principale plume de Barack Obama entre 2008 et 2013, année où il se mit à écrire des scénari pour le cinéma. Le président et fondateur d’une des plus grosses sociétés de production, Regency Entreprise, Arnon Milchan, révéla en 2013 avoir été un espion israélien qui, fort de ses réseaux en Afrique du Sud au temps de l’apartheid, se procura de l’uranium pour Tel Aviv.

En 2011 sort en salle le film Time out écrit et réalisé par Andrew Niccol (réalisateur des excellents Bienvenue à Gattaca et Lord of War) avec pour interprètes principaux le chanteur Justin Timberlake, l’actrice Amanda Seyfried et l’Irlandais Cilian Murphy, bien connu sous les traits de Thomas Shelby de la série télévisée Peaky Blinders. Time out (In Time pour titre original) s’intéresse indirectement à l’un des problèmes cruciaux qui ronge la société étatsunienne.

Le déroulement de l’intrigue

Dans un avenir plus ou moins proche, les êtres humains portent sur leur avant-bras gauche un chronomètre de couleur verte qui égrène les jours, les heures, les minutes et les secondes. S’il arrive à zéro, c’est la mort assurée. Incrusté dans la peau, ce compteur horaire entre en fonction à partir de 25 ans avec une année offerte.

Le compteur temporel arrête le vieillissement de l’individu qui garde pour toujours ses traits de jeune adulte s’il parvient à gagner du temps supplémentaire. Sinon il décède un an plus tard ou à tout moment s’il n’a plus rien. La mère du personnage principal, Will Salas (Justin Timberlake), ressemble ainsi à une bimbo aussi jeune que son fils. Le spectateur inattentif pourrait croire qu’il s’agit de sa copine…

Dans ce monde, le temps est vraiment devenu une marchandise. Pièces de monnaie et billets n’existent plus. Le chronomètre (ou compteur temporel) sert à acheter, à vendre, à donner, à recevoir ou à voler un temps précieux. Par exemple, le téléphone portatif étant lui aussi absent (sauf au cours d’une scène avec Cilian Murphy), appeler quelqu’un depuis une cabine publique vaut une minute de la vie de l’appelant. Un trajet en transport en commun coûte jusqu’à deux heures de son existence. Will Salas travaille dans une usine payé au rendement. Il reçoit moins que prévu à la fin de son service journalier parce que les critères de productivité ont changé au cours de la journée.

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Il vit dans le ghetto de Dayton (Ohio) où le compteur de la population misérable n’affiche que des heures, des minutes et des secondes. Y détenir plusieurs jours est perçu comme un luxe appréciable. Y survivre est difficile d’autant que la hausse continuelle des prix, plus ou moins rapide, affecte la vie de tous. Celle-ci demeure néanmoins une proie tentante pour des bandes de malfrats, surnommés « Minutemen », qui dérobent à leurs victimes malchanceuses des unités de temps disponibles. Cette canaille interlope travaille avec l’accord tacite des « gardiens du temps », des policiers qui vérifient si le temps octroyé aux masses laborieuses les maintient dans un état de servage avancé. Ils s’assurent de cette façon de la cohésion de tout l’édifice social.

En effet, non loin de Dayton, mais séparée par plusieurs péages dont la somme totale prélevée équivaut à une année de vie, se trouve la ville de New Greenwich où résident des nantis crédités de plusieurs centaines d’années : ils sont immortels. Mais, comme le disait le philosophe pataphysicien post-inversé Woody Allen, « l’éternité dure longtemps, surtout vers la fin ». Will Salas sauve un soir dans un bar mal famé du ghetto Henry Hamilton, un fringuant gars de 105 ans. Blasé, Hamilton se laisse mourir. Il offre auparavant en guise de remerciement à Salas endormi toutes ses années restantes.

Devenu riche en temps, Will Salas ne parvient pourtant pas à sauver sa mère. Il se rend à New Greenwich, descend dans un hôtel de luxe, choisit une suite somptueuse, s’achète une voiture de collection et va au casino. Joueur de poker audacieux, il y rencontre le milliardaire Philippe Weis, un darwinien social convaincu, et sa fille Sylvia (Amanda Seyfried) pas insensible à son charme. Elle l’invite à une réception dès le lendemain soir. Will Salas la séduit quand arrive le gardien du temps en chef, l’intraitable et incorruptible Raymond Leon (Cilian Murphy), qui l’accuse du meurtre de Henry Hamilton.

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Will Salas prend alors en otage Sylvia, s’enfuit, échappe aux hommes de Leon dans une course-poursuite automobile et regagne Dayton. Sylvia Weis y découvre un autre univers. Scandalisée par ce qu’elle voit, elle succombe au « syndrome de Stockholm », tombe amoureuse de Salas et devient sa complice. Ensemble, ils jouent aux « Robin des bois ». Ils attaquent les succursales de la banque Weis qui abritent les capsules qui gardent du temps et les redistribuent aux plus pauvres. Ce sont les nouveaux Bonnie et Clyde. Après bien des péripéties mouvementées, le film se termine sur leur envie de braquer le plus grand établissement bancaire du pays.

L’approche conformiste

Ce scénario dystopique avertit le public du risque des manipulations génétiques, des recherches sur l’arrêt de la vieillesse et du désir de rester éternellement jeune. L’humanité de cette époque futuriste a trouvé un bonheur matériel complet, réservé seulement à une minorité. La majorité subit, elle, les conséquences funestes de cette réussite et vit au jour le jour en quête d’un gain de temps plus ou moins grand. Henry Hamilton a révélé à Salas la vérité avant de mourir. L’immortalité accessible à quelques-uns implique la mort pour la majorité. L’éternité pour tous engendrerait des passions bien trop violentes.

Will Salas et Sylvia Weis s’affranchissent des règles sociales et peu leur importe que les autorités mettent leur tête à prix d’abord par une récompense de dix ans, puis de cent ans. Leur popularité, le clientélisme et une corruption massive les rendent invulnérables. Si Salas apprend à Sylvia à tirer au pistolet et à survivre en milieu hostile, elle l’informe des défauts de son monde et les faiblesses des établissements bancaires de son père.

Ils évoluent cependant dans les mêmes normes sociales que leurs adversaires. Ils volent du temps et l’offrent aux plus démunis, mais ils ne changent pas la société. À l’instar des altermondialistes qui œuvrent pour une autre mondialisation, le couple n’a aucune velléité révolutionnaire. La fin du film confirme la sentence de l’ignominieuse Margaret Thatcher pour qui « il n’y a pas d’alternative ». Marginalisés et excités par une vie dorénavant périlleuse, Will Salas et Sylvia Weis qui forment un duo absolu (leurs initiales s’inversent : WS – SW), ne souhaitent pas renverser l’ordre établi. L’industrie du divertissement cinématographique peut fort bien célébrer un certain individualisme, celui des francs-tireurs au grand cœur, sans toutefois scier la branche sur laquelle elle prospère…

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Analogie avec le crédit yankee

Time out présente néanmoins une autre lecture moins conventionnelle. La pandémie du coronavirus n’arrêtera pas l’endettement massif des ménages étatsuniens. Les étudiants qui poursuivent leurs études universitaires souscrivent des emprunts qui les engagent pour les quatre à cinq décennies à venir. Dans une société où il est rare (et mal vu) d’épargner, bénéficier d’un crédit exige des garanties sur la solvabilité et la réputation du demandeur. Celles-ci se rapportent à une notation sociale bancaire, le credit score. Il s’agit d’une note à trois chiffres attribuée à chaque résidant aux États-Unis qui détient un numéro de sécurité sociale (le SSN ou Social Security Number). Cette notation qui évalue automatiquement la gestion budgétaire quotidienne du demandeur, reflète en théorie sa capacité à rembourser les dettes contractées. Plus sa note sera élevée, plus il obtiendra des avantages bancaires. Un credit score bien noté améliore par conséquent toutes les transactions du quotidien (l’obtention d’un taux d’intérêt sur un emprunt très intéressant, une réduction non négligeable sur la prime d’assurance maison ou l’ouverture d’un compte chez un fournisseur d’électricité ou d’une ligne téléphonique mobile sans verser une caution). Son calcul inclut :

– 35 % sur la constance des paiements effectués,

– 30 % à partir du pourcentage de la capacité de crédit utilisé du demandeur (il est mieux noté s’il n’utilise qu’une faible partie des lignes de crédits au lieu de profiter du maximum autorisé par les cartes Gap, Target et Macy’s),

– 15 % qui se déterminent en fonction de l’ancienneté de l’historique de crédit,

– 10 % qui se basent sur le type de crédit obtenu (consommation ou immobilier, voiture, prêt étudiant, prêt hypothécaire revolving, cartes de crédits ou lignes de crédits, etc.),

– 10 % qui reposent sur les recherches faites pour obtenir un crédit en sachant qu’à chaque fois que le demandeur reçoit un crédit, son credit score en est affecté de manière négative.

Trois agences privées, Equifax, Transunion et Experian, s’occupent de sa gestion. Un équivalent existe aussi au Canada sous le nom de « cote de crédit », elle aussi administrée par deux filiales des compagnies étatsuniennes, Equifax Canada et Transunion – Canada. En Amérique du Nord, il est important de s’endetter afin de prouver son existence sociale. Plus une société est endettée, moins sa population sera réactive à l’injustice socio-économique et aux manipulations politiques.

6003067_Ezra_Pound_2-_watercolours_60x40_cm.jpgLe génial Ezra Pound le dénonçait déjà à son époque : l’usure bancaire (ou crédit) y occupe une place beaucoup trop prépondérante. Contrairement à ce que pensent les libertariens ou les miliciens anti-gouvernement fédéral, la vie de centaines de millions d’Étatsuniens ne dépend pas in fine de Washington, mais plutôt de Wall Street. Pensons aux fonds de pension rapaces qui versent par leur prédation (ou pillage légale) internationale la pension mensuelle ou hebdomadaire des retraités étatsuniens.

Changer la monnaie en temps appartient certes au domaine de la science-fiction. On n’aura pas de compteur de temps vert intégré à l’avant-bras demain matin. En revanche, il est remplacé dans la vie réelle par la carte bancaire, l’argent électronique et la puce RFID plus aisément traçables. Les autorités soucieuses d’une transparence totale de leurs citoyens profitent de la moindre crise (terroriste, climatique, sanitaire, économique) pour réduire la circulation des espèces. Recoupé à la géolocalisation du téléphone ainsi qu’à la puce – moucharde, le paiement numérique généralisé élimine toute anonymat possible. Outre la surveillance de masse par algorithmes, diverses institutions collectent de nombreuses données personnelles qu’elles revendront sous peu aux transnationales les plus offrantes.

Au service de la censure

Dans un monde sans argent liquide, la mort subite n’est plus physique comme dans Time out, elle est immédiatement sociale. Comment survivre si la banque clôt votre compte et désactive la carte non seulement pour des dépassements fréquents non autorisés du plafond de dépenses, mais aussi comme cela vient d’arriver à Björn Höcke, député régional de Thuringe, et à son épouse parce que leur engagement à l’AfD déplaît aux banksters d’ING ? La même mésaventure est d’ailleurs arrivée à Marine Le Pen et au futur Rassemblement national quand HSBC (fondée par les Britanniques pour fructifier l’argent provenant du trafic de l’opium au XIXe siècle en Chine) et la Société générale ont fermé son compte personnel et celui de son parti politique. Ces vexations discriminatoires ne sont jamais dénoncées.

La prudence et le pessimisme s’imposent au moment où se développe une censure odieuse, rapide et sauvage sur les réseaux sociaux de la part de Twitter, de YouTube, de Google et de Facebook. Ces monstruosités bâtardes déréférencent des sites dissidents, suppriment des comptes et bannissent les utilisateurs qui osent émettre un avis favorable sur Alain Soral, Renaud Camus, Boris Le Lay ou Génération Identitaire. Ce que les réseaux sociaux pratiquent déjà sans vergogne, banques et assurances l’appliqueront prochainement.

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Loin de renverser les assises du monde moderne occidental, le covid-19 accélère au contraire l’emprise de l’hyper-classe cosmopolite plus que jamais décidée à mâter définitivement les peuples. L’universalisation du paiement par carte ou sans contact améliore le contrôle invisible des populations. Gare alors aux plus récalcitrants ! Ils perdront hors de toute décision judiciaire leur emploi, leur domicile, leur famille, leur réputation s’ils persistent à vouloir défendre les spécificités bio-culturelles de leur communauté.

Film étonnant qui mérite d’être vu et revu, Time out prévient les esprits les plus lucides de l’avertissement suivant. « Prenez le temps de retirer des espèces au mur d’argent et utiliser au quotidien billets et pièces de monnaie pour mieux faire la nique au Système globalitaire. »

Georges Feltin-Tracol

13:32 Publié dans Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, usure, 7ème art, actualité, time out | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook