lundi, 27 janvier 2025
Alexandre Douguine: MAGA - MEGA - MRGA. L'écouméne chrétien tripolaire
MAGA - MEGA - MRGA. L'écouméne chrétien tripolaire
Alexandre Douguine explore le potentiel d'une alliance tripolaire entre le MAGA, le MEGA et le MRGA pour résister au libéralisme mondialiste.
Alexandre Douguine
L'UE, dirigée par les mondialistes libéraux d'extrême gauche, est clairement hostile aux États-Unis de Trump. Mais le mouvement MEGA ("Make Europe Great Again") relève d'une tendance plus délicate. Reconnaissant envers les États-Unis pour s'être libérés de la dictature mondialiste, le mouvement MEGA ne peut pas être un simple outil obéissant aux Américains. Où est la grandeur ? Certainement pas dans la soumission totale.
MEGA ne peut donc pas être inconditionnellement pro-américain. Lorsque Steve Bannon est venu en Europe en 2017 pour tenter de soutenir le populisme de droite, il a découvert que la droite européenne (la Nouvelle Droite en premier lieu) était bien différente de ce qu'il présumait. Elle est gaulliste, sociale, anticapitaliste et anti-américaine. MEGA partage avec MAGA le rejet de DEI ("Diversity, Equity, Inclusiveness"), du wokisme, du libéralisme, du globalisme. Bien sûr, mais les valeurs traditionnelles de la vieille Europe diffèrent considérablement des valeurs traditionnelles du Nouveau Monde - initialement colonie de culture protestante anglo-saxonne, suffisamment éloignée de l'anglicanisme pour ne pas parler de la distance qui la sépare de l'Europe du Sud catholique.
L'Europe en tant que continent n'est pas une simple prolongation des États-Unis, comme pourrait le croire le MAGA. Le mondialisme libéral de gauche n'est pas la seule source d'hostilité virtuelle à l'Amérique de Trump.
Je propose une triple alliance contre le mondialisme: MAGA + MEGA + MRGA ("Make Russia Great Again", pour l'Empire russe, l'Eurasie). Ces trois univers ont des points communs et en même temps des différences. Mais il y a un ennemi commun - les mondialistes libéraux de gauche, le wokisme, le Swamp, Soros.
Les trois univers ont un ennemi intérieur - les élites libérales de gauche sont le principal obstacle pour Trump, pour le populisme européen et pour la Russie également (l'héritage d'Eltsine). Il est facile de prévoir quelle stratégie ces élites adopteront.
Les élites libérales aux États-Unis, en Europe et en Russie essaieront d'opposer les États-Unis à l'Europe et à la Russie, l'Europe aux États-Unis et à la Russie. La Russie à MAGA et MEGA. Elles joueront sur les différences et les gestes impérialistes maladroits de chaque pôle, inévitables avec la montée du patriotisme post-libéral.
Les États-Unis, l'Europe et la Russie ne sont pas des ennemis absolus les uns des autres. L'élite mondialiste libérale de gauche est l'ennemie absolue des États-Unis, de l'Europe et de la Russie. Et cette élite libérale mondialiste tente d'opposer chacun d'entre nous à l'autre en travaillant de l'intérieur. Divide et impera.
MAGA - MEGA - MRGA. Ecoumène tripolaire chrétien.
Ni unis, ni hostiles, ni divisés. Coexistence dynamique.
16:28 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, alexandre douguine, maga, mega, mrga | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Qu'est-ce qu'il lui prend, à Douguine, lui qui, d'habitude, est si perpspicace ? S'il a lu la revue Eléments, il se sera aperçu que la "Nouvelle droite" a viré... à droite, cette droite de l'argent qui a pour champions actuels Zemmour, Onfray, Le Pen etc., sans parler des leader d'extrême droite européenne. Être atlantiste et sioniste n'est pas anodin : c'est s'inclure dans l'empire. Le voilà qui parle comme Xavier Moreau, de "l'"extrême gauche oligarchique occidentale" ! Oublions ces distinctions. D'abord, Trump et Biden poursuivent le même dessein, la puissance hégémonique de l'Amérique. Sans doute diffèrent-il sur les moyens pour y parvenir, encore qu'il faudrait voir cela de plus près, car les deux ailes de l'aigle américaine soutiennent de concert la colonisation israélienne, et l'entreprise de destruction de l'Europe occidentale, et il n'est pas sûr que Trump veuille arrêter la guerre en Ukraine, en tout cas à n'importe quel prix. La droite extrême européenne n'est qu'une variable d'ajustement électoratiste de l'oligarchie transnationale, dont l'Amérique est la tête, en Occident. Cette oligarchie a expérimenté le wokisme etc., maintenant, c'est l'islamophobie, le sionisme, la russophobie, l'antiwokisme, le libéralisme sécuritaire dur pour les démunis, voire l'idéologie libertarienne dont elle va raffoler. Nous n'avons rien à attendre de ces partis qui ne demandent qu'à piloter un système qui ne changera pas fondamentalement de logique. Si l'on ne veut pas rompre radicalement avec cette oligarchie, que sert l'extrême droite, maintenant, et bien sûr l'ensemble de la classe politique, nous ne ferons que la soutenir. Peut-être est-il trop tard, ici, pour faire quoi que ce soit. Je ne suis pas certain non plus qu'in fine, si nous creusons profondément le terrain de la civilisation mondialiste actuelle, techniciste, faustienne, prométhéenne, nous ne rencontrions la même nature dans le monde, quel que soit le pays. Il se trouve que Russie et Chine, qui ont échappé à la société de consommation, laquelle nous a tués, se trouvent pour ainsi dire au point qui était le nôtre à la fin des années 50, jusqu'aux années 70, où nous avions encore ingénieurs et industries réelle (mais nous étions déjà pas mal pourris par l'américanisation). Si les évènements s'apaisent, il est imaginable que ces pays entrent dans la zone marécageuse de la consommation, et que leur classe moyenne, qui a déjà bien émergé (et déjà qui ne fait plus d'enfants) entraîne la société dans les mêmes abîmes où nous avons chuté. Selon moi, il n'y a pas de différence fondamentale de nature entre les zones qui se combattent. Ce à quoi nous assistons, ce n'est pas à une remise en cause, par la Russie et la Chine, du néocapitalisme, mais à des heurts tout traditionnels de puissances, qui veulent se détruire, ou, faute de cela, s'emparer d'une part supplémentaire de gâteau (ou ne pas en perdre, comme la Russie avec l'Ukraine). Le sentiment national, ou patriotique, existe encore, en Russie et en Chine, parce que ces pays ne sont pas encore assez avancés (ils ont pris très récemment le train du mondialisme néocapitaliste) dans la voie de la dégénérescence. Dans vingt ou trente ans (une génération), ce sera fait. Quant aux critères, aux marqueurs de civilisation que met en avant Douguine, à propos de la Russie, je ne pense pas que la religion soit si prégnante dans la société russe. Ce que Xavier Moreau, le Frussien etc. me montrent de la patrie de Poutine, c'est la puissance, le progrès technologique, un mode de vie américain, la "sécurité", la consommation branchée, les boîtes de nuits, les femmes sexy etc (et jamais la littérature, l'art...)., comme si on voulait nous convaincre à tout prix que Moscou n'est pas une ville d'arriérés, mais de citoyens bien branchés, "comme chez nous" (mais en mieux). Un rêve de conservateur occidental, parce qu'il y a peu d'immigrés, de gays etc. C'est le même monde qu'ici, en somme, mais rêvé. Ce monde n'est pas le mien. Mon royaume n'est pas de ce monde.
Écrit par : Claude Bourrinet | lundi, 27 janvier 2025
De toute manière que vous alliez à Moscou, Pékin, Nairobi, Santiago, Ryad, la devise est la même :west way of life. L'Occidentalisation du mode de vie sous des couches de vernis différentes mais gardant le même socle de base. Autant les russes raffolent de jeux et d'hamburgers comme partout ailleurs. Je pense que Poutine pense tout doucement à créer un pôle d'influence de l'hémisphère nord en englobant les blancs de ces trois entités dont il définit. C'est mon opinion.
Écrit par : Fred | mardi, 28 janvier 2025
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