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samedi, 21 juin 2025

Etats-Unis et Israël: pourrissement cérébral - Entretien avec Alexandre Douguine

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Etats-Unis et Israël: pourrissement cérébral

Entretien avec Alexandre Douguine

Propos recueillis par Tatiana Ladaïeva

Tatiana Ladaïeva : Malheureusement, l'escalade au Proche-Orient se poursuit, et le titre de notre émission reflète plus que jamais la situation dans le monde. Commençons par le plus important : le Moyen-Orient. Cela fait déjà quatre jours que les frappes se poursuivent entre Israël et l'Iran. À l'heure actuelle, on rapporte que la défense aérienne iranienne a abattu plusieurs mini-drones au-dessus du nord-est de l'Iran, et qu'une frappe israélienne a endommagé un hôpital dans l'ouest du pays. Il y a des victimes. Il y a quelques minutes à peine, le président iranien a déclaré que les partisans de la production d'armes nucléaires à Téhéran n'avaient pas leur place dans la politique de la république. Faisons un bilan intermédiaire : quels sont les scénarios possibles pour résoudre ou non ce conflit ? Discutons de ce sujet.

Alexandre Douguine : Oui, je pense que c'est actuellement l'événement le plus important, et il s'agit en effet d'une véritable escalade. Tout d'abord, je tiens à exprimer ma profonde solidarité et ma tristesse face aux pertes subies par l'Iran. Les attaques israéliennes ont détruit le commandement militaire iranien. De nombreux civils ont péri: des physiciens, des scientifiques, des militaires, des chefs militaires ainsi que leurs familles. Nous n'avons pas vraiment insisté là-dessus, mais ils ont tout simplement été anéantis, avec leurs enfants et leurs femmes. Selon les données disponibles ce matin, plus de 70 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été victimes de dommages collatéraux. Or, l'Iran est notre allié, notre ami. Dès le début de l'opération militaire spéciale, il nous a soutenus, tout comme la Corée du Nord. C'est donc un coup très dur pour nous. Ce n'est pas que nous soyons directement impliqués dans cette guerre, mais la sympathie de notre peuple – et, je pense, de l'humanité tout entière – est du côté de l'Iran.

Même en Occident, à en juger par les réseaux sociaux (où il y a plus de liberté que dans les médias mensongers), les gens soutiennent l'Iran. Nous considérons les actions d'Israël au Moyen-Orient – à Gaza, au Liban, en Iran, en Syrie – comme monstrueuses. C'est une manière sanguinaire, cruelle et misanthrope de frapper tout le monde sans distinction, de détruire les dirigeants d'États souverains sans aucune raison. Israël, qui possède l'arme nucléaire, a décidé que l'Iran ne devait pas en avoir et a lancé des frappes préventives, détruisant le commandement militaire d'un pays souverain, frappant des installations nucléaires et tuant des centaines de civils. Cela ne rentre dans aucun cadre, ce ne sont pas des lignes rouges, ce n'est pas la norme, ce n'est pas éthique.

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Actualité du jour : Trump, qui avait d'abord soutenu Israël, a été confronté à une vague de franche hostilité de la part de ses propres partisans MAGA. Tout Internet, du moins les réseaux sociaux libres, regorge de demandes visant à mettre fin à l'aide apportée à Israël. « Ce n'est pas ma guerre » est le slogan le plus populaire. Trump, qui venait de promettre d'aider Israël, a changé instantanément de position : il est désormais en faveur de la paix, exige la suspension des hostilités, se souvient comment il aurait mis fin aux conflits entre l'Égypte et l'Éthiopie, l'Inde et le Pakistan, la Serbie et le Kosovo — tout ce qui peut servir à atténuer l'impression qu'il soutient pleinement Israël. Car aujourd'hui, tout le monde déteste Israël. Être son partisan n'est pas considéré comme éthique.

Avant, on pouvait avoir des opinions différentes, mais après Gaza et l'attaque contre l'Iran, c'est trop. L'attaque n'a pas été pas provoquée: depuis 15 ans, on nous répète que l'Iran est sur le point de fabriquer une bombe nucléaire, mais rien ne se passe. Pourquoi y croire maintenant? Il n'y a aucune donnée factuelle. Et Trump dit que Netanyahu lui a demandé l'autorisation d'assassiner l'ayatollah, le chef spirituel de l'Iran, et qu'il a refusé. Vous imaginez ? Des terroristes sévissent à l'échelle mondiale, demandant l'autorisation d'éliminer le chef spirituel, comme au Moyen Âge. Seul Trump, dans sa « miséricorde », l'a interdit. Ce n'est pas une escalade, c'est un cauchemar.

Toutes les notions de droit international s'effondrent. Israël est un État dont le peuple a tant souffert au 20ème siècle. Mais aujourd'hui, toute la légitimité, toute la compassion envers les victimes du régime hitlérien – et les victimes ne sont pas seulement les Juifs, mais aussi les Tsiganes, les Slaves et d'autres peuples – sont balayées par les actions du régime sioniste. Les Juifs du monde entier protestent contre Israël. Les rabbins, les politiciens, les analystes disent : « À bas Israël ». Les actions de Netanyahu sont un crachat au visage du peuple juif, elles renversent le sens de leur sacrifice historique.

Tatiana Ladaïeva : Peut-on préciser s'il y a une possibilité de comprendre ce que Netanyahu veut obtenir en s'opposant à l'Iran, à d'autres pays ? Le conflit dans la bande de Gaza dure depuis 23 ans, oui, c'est compréhensible, l'histoire y est longue. Les tensions avec l'Iran durent également depuis plusieurs années, mais la question est la suivante: si personne ne le soutient, ni Trump, qui tente aujourd'hui de prendre ses distances et cherche des solutions, ni, semble-t-il, son propre peuple, qu'est-ce qui le motive ? Je peux supposer qu'il a peur pour lui-même, qu'il ne veut pas perdre le pouvoir, c'est évident. Mais quand même, que cherche-t-il à obtenir ?

Alexandre Douguine : Pour comprendre ce que Netanyahu cherche à obtenir, nous devons abandonner notre vision habituelle de la politique comme une lutte pour des intérêts, des ressources ou pour l'approbation de la société. C'est une illusion née d'une lecture simpliste et superficielle de la réalité. La politique mondiale est mue par d'autres forces : des idées et des convictions profondes. L'État d'Israël n'a pas été créé simplement comme un projet national, mais comme l'incarnation d'un objectif religieux : la venue du Messie.

Pour les Juifs, c'est la pierre angulaire de leur foi. Cependant, les sionistes, apparus il y a plus d'un siècle, ont proposé une idée controversée : si le Messie, le sauveur qu'ils attendent – sans reconnaître le Christ et le christianisme – tarde à venir, alors il faut prendre sa mission en main.

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Le judaïsme orthodoxe interdit catégoriquement le retour en Terre promise et la création d'un État avant la venue du Messie. C'est un principe talmudique, une interdiction absolue. Mais les sionistes ont déclaré : « Nous n'attendrons pas. Nous deviendrons nous-mêmes le Messie ». Ils ont décidé de construire le Grand Israël, ont proclamé Jérusalem capitale et se sont attribué le rôle de messie. C'est là l'essence du sionisme dans sa dimension religieuse. Ben-Gvir, considéré comme un extrémiste, ne fait que donner voix à cette logique: le sionisme n'attend pas l'intervention divine, mais agit ici et maintenant, se substituant au Messie.

Les Juifs sont désormais divisés. Certains ont adopté le sionisme, affirmant: «Nous prenons notre destin en main et faisons ce que le Messie aurait dû faire». D'autres objectent: «Non, il faut attendre. Nous sommes le peuple de l'attente, et la précipitation est une arrogance qui empêche sa venue». J'ai vu des images incroyables: des rabbins à Londres, vêtus de habits hassidiques, brandissant des drapeaux iraniens, appelant à la destruction d'Israël. Ils voient en lui un faux royaume, un simulacre, un précurseur de l'Antéchrist qui éloigne le véritable Messie.

Une telle vision du monde dépasse le cadre d'une politique rationnelle. Israël aspire à régner sur le monde en s'attribuant le rôle du Messie. L'analyse habituelle — intérêts, stratégies, erreurs de calcul — est ici impuissante. Tout s'explique par la métaphysique. Oui, les Juifs ont beaucoup souffert, mais cela ne justifie pas la logique vétérotestamentaire de l'«œil pour œil», selon laquelle un seul coup doit être suivi d'une destruction totale. Les peuples chrétiens, après avoir enduré des souffrances, ont prié pour leurs ennemis, ils ne se sont pas vengés.

L'escalade au Moyen-Orient prend une ampleur eschatologique. Pour les chiites d'Iran, l'Occident et Israël sont l'incarnation du Dajjal, leur Antéchrist. Ils se battent, mais respectent les règles, ne franchissent pas les lignes rouges. Cependant, après avoir perdu à Gaza, au Liban et en Syrie, ils sont obligés de se défendre. Pendant ce temps, les protestants américains et les sionistes chrétiens, l'entourage de Trump, attendent l'invasion du «roi Gog», c'est-à-dire la Russie. Ils nous poussent à soutenir l'Iran pour déclencher une vaste guerre. La Russie condamne Israël, soutient l'Iran, mais le conflit s'étend. Israël affirme avoir détruit un tiers des installations de missiles iraniens, tandis que le Hamas estime que Gaza restera en dehors du conflit. L'ampleur du conflit ne fait pourtant que croître.

En réalité, ils se défendent et, d'ailleurs, ont retiré leurs troupes de Syrie. Cela s'est produit après qu'Abu Mohammad al-Jolani, que beaucoup accusent de travailler pour les intérêts d'Israël, ait mené sa terrible campagne contre Damas, sans parvenir à renverser l'homme politique très raisonnable et modéré qu'est Bachar al-Assad. Les Iraniens se sont comportés de manière étonnamment réservée, malgré leur bellicisme interne, ne franchissant jamais certaines limites. Au contraire, ils ont même discuté avec les Américains de la possibilité de compromis sur l'accord nucléaire. Mais, sans attendre la prochaine réunion, Israël a tout fait capoter par cette terrible frappe — et la guerre a commencé.

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Passons maintenant au Pakistan : il fait des déclarations menaçantes, affirmant que si Israël utilise la bombe nucléaire – et tout le monde sait parfaitement qu'Israël en possède –, le Pakistan ripostera par une frappe nucléaire. Ce qui a pu être évité dans le conflit entre deux puissances nucléaires, le Pakistan et l'Inde, redevient une perspective tout à fait réelle. Nous vivons un moment critique. Les explications du comportement des principaux acteurs de cette incroyable escalade ne rentrent plus dans le cadre habituel.

En Occident, on parle de plus en plus souvent d'une troisième guerre mondiale : des publications et des hashtags tels que « #WW3 » apparaissent. De plus en plus de gens comprennent que la situation est allée si loin que les anciennes approches et les explications classiques ne fonctionnent plus du tout. L'ancien ordre mondial s'est effondré, il n'en reste plus rien. Les institutions internationales sont paralysées, leur autorité est réduite à néant.

Les positions politiques changent quotidiennement, ce qui nous oblige à créer une nouvelle carte politologique, ou plus précisément géopolitique. Nous devons prendre en compte ce qui était auparavant ignoré ou sous-estimé: la composante religieuse et les scénarios eschatologiques. Car c'est précisément au Moyen-Orient que convergent aujourd'hui les conceptions les plus diverses sur la fin du monde. Ces idées sont largement répandues tant parmi les protestants américains que dans les cercles du sionisme chrétien. Beaucoup de ses adeptes, y compris dans l'entourage proche de Trump, élaborent leur propre vision de ce qui se passe ou devrait se passer dans cette région. Ils attendent l'invasion du « roi Gog », le « roi du nord », autrement dit la Russie, qu'ils identifient au Gog biblique. Leur calcul est simple: nous soutiendrons l'Iran et entrerons en guerre avec Israël, ce qui leur donnera un prétexte pour déclencher un conflit à grande échelle contre nous. Il s'agit en fait d'une provocation visant à entraîner la Russie dans une escalade.

Il convient de rappeler que Netanyahu a mené des négociations avec Poutine, puis avec Trump. La Russie, quant à elle, adopte une position claire dans ce conflit: elle soutient l'Iran et condamne les actions d'Israël.

Pour ceux qui ne suivent pas l'actualité, je précise que l'armée israélienne a récemment annoncé avoir détruit un tiers des installations de missiles iraniens. Dans le même temps, dans la bande de Gaza, les représentants du Hamas affirment que l'escalade entre l'Iran et Israël ne les affectera pas directement. Cependant, il est évident que l'ampleur du conflit ne fera que s'intensifier.

Tatyana Ladaïeva : Et à propos de Trump : il y a littéralement huit minutes, il a déclaré qu'Israël et l'Iran devaient mener leur conflit jusqu'au bout pour parvenir à un accord. Mais, Alexandre Douguine, lorsque tout a commencé, beaucoup affirmaient qu'Israël agissait sur ordre direct de Trump. Ils disaient que c'était lui qui ne voulait aucun accord avec l'Iran et qui avait presque poussé Israël à agir ainsi. Trump ne devrait-il pas maintenant prendre l'initiative et asseoir Israël et l'Iran à la table des négociations afin de trouver une issue à cette situation ?

Alexandre Douguine : Je pense que le rôle de Trump dans ce conflit est très paradoxal. Il n'est guère l'initiateur de ce qui se passe, car les actions d'Israël sous la direction de Netanyahu suivent la ligne du sionisme religieux d'extrême droite. Trump se retrouve plutôt dans la position d'un otage impliqué dans des guerres qu'il n'a pas déclenchées. Il cherche à jouer le rôle de pacificateur, mais reste néanmoins partie prenante au conflit. À mon avis, il est acculé comme un lièvre: ses déclarations ressemblent davantage à des crises de nerfs qu'à une stratégie mûrement réfléchie. Sa position change quotidiennement: il tente de satisfaire des forces contradictoires, mais ce n'est pas sa volonté propre, c'est une réaction à la pression des circonstances.

En parlant de la guerre au Proche-Orient entre Israël et l'Iran, on ne peut ignorer la position des autres États islamiques. Israël fait preuve d'une prudence et d'une persévérance remarquables — à Gaza et en Irak, il y parvient avec brio. Une question légitime se pose : qui contrôle réellement la situation ? L'Amérique, qui utilise Israël comme un instrument de sa politique, ou Israël lui-même, qui manipule l'Amérique et la communauté internationale dans son propre intérêt ? Si auparavant de telles réflexions étaient considérées comme du conspirationnisme, aujourd'hui la question se pose inévitablement.

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Remarquez avec quelle habileté Israël, depuis son invasion terrestre de Gaza, vient à bout de ses adversaires, en s'occupant de chacun d'entre eux individuellement. Après les actions scandaleuses du Hamas, qui ont dépassé toutes les limites imaginables, Israël a répondu par la même monnaie. Son opération contre le Hamas, condamnée par les pays islamiques, a néanmoins contraint les forces régionales à s'abstenir de toute intervention directe.

Après s'être occupé de Gaza – certes pas complètement, mais en recourant à des bombardements intensifs rappelant les pages sombres de la Seconde Guerre mondiale –, Israël s'est tourné vers le Liban et le Hezbollah. Après avoir détruit le leadership de ce dernier, y compris ses fondateurs, il a envahi le territoire d'un État souverain, bombardant sans ménagement des villes pacifiques. La seule véritable résistance est venue des Houthis yéménites, qui ont fait preuve d'un courage exceptionnel, tandis que les autres États se sont contentés de protester et d'observer la situation.

Aujourd'hui, Israël a frappé l'Iran, un pays qui le dépasse largement à tous égards. L'objectif principal du régime sioniste est clair: empêcher la consolidation des États islamiques en tenant à l'écart les Turcs, les Saoudiens et les pays du Golfe Persique. Israël élimine méthodiquement ses adversaires les uns après les autres, tandis que le monde islamique semble être en transe, fasciné par cette volonté de domination rusée, calculatrice, presque satanique. Ce petit État agressif et fanatique s'en prend aux régimes islamiques, qui se contentent d'observer, invoquant leurs divergences internes ou leurs intérêts économiques. Où est donc cette oumma islamique dont on parle tant ? Dans les épreuves réelles, elle fait preuve de passivité et de désunion. Israël a l'intelligence, la volonté et la détermination fanatique de prendre la place du Messie, tandis que les musulmans semblent absorbés par le commerce du pétrole et les appels au droit international.

Nous pouvons maintenant revenir à Trump — tous ces sujets sont inextricablement liés.

Tatyana Ladaïeva : Oui, tout est vraiment lié. Permettez-moi de résumer les commentaires qui nous sont activement envoyés. Beaucoup se demandent pourquoi ceux qui sont mécontents de Netanyahu et de la politique d'Israël ne résolvent pas leurs problèmes eux-mêmes, sans entraîner les pays voisins dans le conflit. Nous avons déjà abordé cette question. Certains craignent que le silence des autres États ne conduise à une situation où « on est venu me chercher, et personne n'était là pour me défendre ». D'autres voient dans ce qui se passe une motivation économique liée aux intérêts des États-Unis. Ils disent notamment que l'objectif est de faire grimper les prix du pétrole, ce qui profite à l'industrie pétrolière américaine et peut-être à Trump. Nos auditeurs ont différentes hypothèses, mais il semble que nous ayons abordé cette question sous tous ses angles. En ce qui concerne les États-Unis, cela fait déjà trois jours, si je ne me trompe pas, que des manifestations contre le président Donald Trump et son administration ont lieu. Voyons ce qu'est la campagne nationale « No Kings » (« Pas de rois », si l'on traduit littéralement). Elle est directement liée à ce qui se passe aujourd'hui en Amérique.

Alexandre Douguine : En effet, la situation est extrêmement grave. Avant de parler de Trump, il faut aborder le conflit au Proche-Orient. Israël a avancé un argument auprès de l'opinion publique américaine qui n'a pas encore reçu toute l'attention qu'il mérite chez nous, mais qui fait l'objet de discussions partout aux États-Unis, en particulier dans le contexte des manifestations. Il ne s'agit pas seulement de l'opération « Peuple du Lion » contre l'Iran, mais aussi du « choix de Samson ». L'idée est qu'en cas de défaite, si le « Dôme de fer » ne tient pas, Israël est prêt à faire exploser des installations nucléaires dans le monde entier. Ils ont déjà montré comment leurs agents infiltrent même des pays aux régimes répressifs, comme l'Iran: des frappes chirurgicales ont été menées contre ce pays à partir de son propre territoire par des cellules dormantes. Comment cela est-il possible dans de telles conditions? C'est un mystère. Le «choix de Samson» est une image biblique: périr avec ses ennemis. Si Israël commence à perdre, il activera ses cellules à travers le monde et provoquera un apocalypse nucléaire. C'est une perspective sinistre, qui a déjà atteint les Américains et fait partie des discussions autour des manifestations « No Kings ».

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Les manifestations « No Kings » (« Pas de rois ») sont une mobilisation des opposants à Trump dans le but de le renverser. Les démocrates, les migrants et les groupes extrémistes tels que l'Antifa appellent à la révolution. Il est curieux de constater qu'Antifa, qui déclare lutter contre le fascisme, reste silencieux lorsque le fascisme se manifeste, par exemple en Ukraine. Il ne s'active que pour renverser les dirigeants qui œuvrent pour le bien de leur peuple, les accusant de « fascisme ». Antifa est le noyau dur de « No Kings », construit sur le modèle des révolutions colorées de Soros. Au lieu du BLM, ce sont désormais les « bérets bruns » latino-américains, qui attisent le séparatisme au Texas et en Californie, et les anarchistes, qui considèrent tout pouvoir comme du fascisme, qui sont à l'avant-garde. Ces radicaux sont les plus agressifs : ils sont armés et provoquent la police. Les démocrates soutiennent ce mouvement. Dans le Minnesota, un partisan des démocrates a abattu la sénatrice S. Harb, son mari et le politicien Hoffman: c'est déjà du terrorisme politique. On parle de guerre civile. Dans le même temps, Trump est accusé d'autoritarisme, comme Poutine ou Orbán, ce qui fait de lui la cible de la révolution.

Les manifestations n'ont pas commencé de manière très intense, peut-être à cause des frappes israéliennes sur l'Iran, qui ont détourné l'attention. Mais Trump est acculé. Il n'a pas apporté la paix en Ukraine, il n'a pas cessé de soutenir le régime de Kiev, échouant ainsi dans la mission pour laquelle il avait été élu. Son soutien à Israël, surtout au début, a déçu ses partisans opposés à tout interventionnisme. Sa position active sur l'Iran s'est soldée par un échec. Échec en Ukraine, soutien aux mesures inhumaines d'Israël et révolte interne: les nuages s'amoncellent au-dessus de lui.

Le rôle d'Elon Musk, deuxième personnalité la plus influente de la politique américaine, est intéressant. Au début, il s'est rapproché de Trump, s'est excusé et a prévu une rencontre. Mais après les frappes contre l'Iran, Musk a changé de discours, voyant le soutien à Trump s'effondrer. Son idée d'un parti « Amérique » a attiré 87% des partisans déçus de Trump parmi ses millions d'abonnés. Dans ce contexte, Trump est poussé dans le rôle d'un fauteur de guerre, comme l'était Biden. Derrière lui se trouvent des personnalités telles que Lindsey Graham, inscrit sur la liste des terroristes par Rosfinmonitoring. Les démocrates, y compris Bernie Sanders, organisateur de « No Kings », condamnent soudainement la guerre et Israël, alors que leur parti l'a toujours soutenu. Ils poussent Trump à commettre des erreurs, puis les utilisent contre lui: c'est une tactique diabolique.

Il est difficile de sympathiser avec Trump: ses déclarations sont contradictoires, sa position change tous les jours. Mais il est le président d'un grand pays, pris en étau entre les protestations, les attentes de ses partisans et ses propres erreurs. Cela ressemble à une crise de nerfs. Il lui reste encore trois ans à gouverner, mais son autorité s'effrite et sa destitution a déjà commencé. Les transgenres, les féministes, les militants LGBT, des groupes interdits en Russie, participent aux manifestations.

Tatyana Ladaïeva : Pouvez-vous préciser ce que ces manifestants veulent obtenir ? Veulent-ils que Trump démissionne complètement, qu'il renonce à ses pouvoirs ? Ou s'agit-il peut-être d'une procédure de destitution ? Ou bien exigent-ils simplement que Trump modifie sa politique sur certaines questions clés ?

Alexandre Douguine : Je pense qu'ils sont incapables de réfléchir de manière sensée. Le fait est que sous le règne des démocrates, lorsque les écoles imposaient le changement de sexe, au moment où une personne était capable de participer à des manifestations, sa capacité de réflexion critique était déjà compromise. Une grande partie de la société américaine est dans un état d'hallucination, favorisé par la propagation des drogues et un phénomène connu sous le nom de « brain rot » (pourrissement cérébral), une culture de mèmes absurdes qui captive des millions d'utilisateurs. Plus le contenu est stupide, plus il devient populaire. Ce « brain rot » est l'état dans lequel se trouve une grande partie des Américains. Il est très facile de diriger cette masse, qui ne travaille nulle part, vit des allocations sociales et des drogues, vers des manifestations, même sans expliquer les objectifs. Il s'est avéré que George Soros finance les participants en leur distribuant de l'argent et des biscuits, comme dans les révolutions colorées classiques.

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C'est un coup dur pour Trump: il a gagné, alors qu'il aurait dû perdre; il a proclamé les valeurs traditionnelles, ce qui est inacceptable pour ses adversaires. Maintenant, on tente de le renverser, de le discréditer, en montant tout le monde contre lui, des transgenres aux Latino-Américains. Mais cette masse en décomposition n'a pas de plan constructif, comme dans les autres révolutions colorées. Les démocrates et les mondialistes semblent pousser délibérément les États-Unis vers une guerre civile ou un conflit nucléaire, sans proposer aucune vision positive de l'avenir. L'agression, la violence, la dégénérescence, le sadisme, la perversion sont omniprésents, mais il n'y a pas d'image de l'avenir. Nous avons précipité les choses en discutant de la suppression du terme « escalade » : celle-ci ne fait que s'intensifier, et dans ce chaos naissent les scénarios les plus fous. La Russie doit rester un bastion de bon sens et continuer à avancer vers ses objectifs, mais c'est difficile, car nous faisons partie de ce monde et le « brain rot » nous touche aussi.

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